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No 

Boston 

Médical  Library 

Association, 

19     BOYLSTON     PLACE, 


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7 


BULLETIN  DE  LA  SOCIÉTÉ 


IMPERIALE 


DE  CHIRURGIE 

DE    PARIS 


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SOCIÉTÉ  IMPÉRIALE  DE  CHIRURGIE 


COMPOSITION    DU   BUREAU   PBNDANT   l'aNNKB   1868 


Président MM.  Lbgouëst. 

Vice- Président Ybrneuil. 

Secrétaire  généi'al U.  Tbblat. 

.  Secrétaire  annuel Léon  Labbe. 

Vice-Secrétaire Léon  Lkfort. 

Archiviste Liégeois. 

Trésorier Houbl. 


PARIS.—  IMP.    L.   POUPARr-DAVYL,   RUE  DU  BA    ,    3o. 


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BULLETIN  DE  LA  SOCIÉTÉ 

IMPÉRIALE 

DE   CHIRURGIE 

DE   PARIS 

PENDANT   L'ANNÉE    1868 


2«   SÉRIE 

TOME    NEUVIÈME 


x;..,    -^'■■-■;-.:V 


PARIS 

VICTOR    MASSON    ET    FILS 

PLACE    DE     L'tCOLB     OE    IIÉDECrRK 


1869 


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C\TALOGUEO. 

e:  h.  b. 

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V^        BU]jMT;j;^SlâyS6^ÉTÉ 

.•'^  \  / 

DE  GHÏlrURGIE 

DE  PARIS 

SÉANTE  RUE  DE  L'ABBAYE 


SÉANCE     Dlî     5     FÉVBIBB    1868 
Présidenee  de  H.  LÈGOUEST 

La  séance  est  ouverte  à  trois  heures  et  demie. 

CORRESPONDANCE. 

La  correspondance  comprend  :  ^ 

—  Les  journaux  de  la  semaine  et  du  mois. 

—  Des  lettres  de  remerciement  de  MM.  deGraefe  (de  Berlin),  Pem- 
berton  (de  Birmingham),  Mazzoni  (de  Rome),  et  Sarrazin  (de  Stras- 
bourg). ,  „ 

—  Une  lettre  de  M.  Gullerier,  membre  titulaire,  qui  demande  à  être 
nommé  honoraire. 

—  Une  série  de  douze  brochures,  sur  différents  sujets  de  chirurgie, 
adressées  par  M.  Mazzoni,  correspondant  étranger. 

—  M.  Billroth,  correspondant  étranger,  adresse  à  la  Société  un 
exemplaire  de  la  traduction  française  de  son  livre  :  Éléments  de  patho- 
logie chirtargicale  générale. 

INSTALLAT^N  DU   BUREAU. 

.  M.  Legoubst  monte  au  fauteuil  de  la  présidence,  et  invite  M.  Trélat, 
seerétaire  général,  et  M.  Léon  Labbé,  sectétai^e  annuel,  à  prendre 
leur  place  au  bureau. 

î«  série,  —  tome  ix.  1 


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Lumatioiia  M»  Vmmt^m^mJe  (suite). 

W*  Gf AssAïQfïiM;.  A  r^ccaiitoti  ie  1b  iconmuniciAoïi  |Eiite  par 
M.  A,  G»érîft  daol  r^vant-denaière  léance,  il  a  été  question  d'»n  cas 
de  luxation  que  j'avais  observé  et  auquel  j'ai.donné  le  nom  de  luœaiim 
souS'Scaphoîdierme  dd  raslragalf. 

Le  blessé  avait  fait  une  chute  d*un  cinquième  étage.  L'astragale  du 
côté  gauche  fut  écrasé;  celui  du  pied  droit  avait  rompu  le  ligament 
qui  unit  le  calcanéum  au  scaphoïde  et  était  venu  faire  saillie  à  la 
plante  du  pied,  puis,  le  scaphoïde  entraînant  avec  lui  le  premier 
cunéiforme  et  le  premier  métatarsien,  s'était  plaeé  sur  la  tête  de  l'as- 
tragale. 

11  n'existait  aucune'déviation  du  pied,  ce  qui  s'expliquait  par  l'exis- 
tence des  déplacements  suivants  :  le  iroisième  cunéiforme  était  venu 
se  loger  au-dessous  de  l'astragale,  et  les  deux  métatarsiens  et  une 
partie  du  cuboïde  fracturé  af  aiebt  été  repoussés  en  arrière  et  en  bas. 

M.  Lefort.  Je  pense  que  l'appellation  de  luxation  sous-scaphoï- 
dienne  de  l'astragale,  donnée  par  M.  Chassaignac  au  déplacement 
dont  il  vient  de  nous  «aitretenir,  n'est  pAS  justifiée»  Si  l'oas'en  tient  à 
l'usage. généralement  adopté^  de  considérer  comme  l'os  luxé  eelui  qui 
est  le  plus  éloigné  du  tronc,  on  doU  plutôt  désigner  cette  lésion  sous 
le  nom  de  luxation  du  scaphoïde  et  de»  iroi$  d€mier$  métatarsiens  sur 
l'astragale.  Cette  manière  de  voir  me  parait  d'autant  plus  fondée  que 
l'astragale  a,  daasce  cas,  cooserTéses  rapports  avec  la  mortaise  tibîo- 
f)éronière. 

M»  Chassaignac.  La  règ4e  générale  dans  la  classification  des  luxa- 
tions est  en  effet  de  tenir  pour  Itixée  la  partie  la  plus  élo^née  du 
corps,  mais  j'estime  que,  dans  ce  cas  particulier,  il  doit  y  avoir  déro- 
gation à  cette  règle.  On  dép^t  rnieuK  le  fait,  en  disant  que  Tastra- 
gale  est  luxé;  et  d'ailleurs  oetos  a  subi  un  véritable  déplacement  par 
rapporta  la  mortaise  libio-péroiiière,^iAsi  qu'on  peut  le  constater  sur 
la  pièee  que  j<  mets  sous  vos  jtux. 

PRéSE7rrATI0N|I>E     MALADE. 

AL  MAmoi^  présmite  iiii  eolant  qui  offre  ua  cas  iutéressast  d'am- 
putation cutanés  de  le  j«»be  gmaii^^  à  l'union  da  tiers  supérieur 
avec  le  tiers  inférieur. 


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3— ^ 


COKHONfCàTIOlK. 


De  la  dElstliietioii  des  dlTerses  sensatlonii  taetfles  ft  Tald* 
d'un  œstliésiomélre  ttouTeaa. 

M.  L'BSGSois.  La  sujet  dont  je  me  pr&poss  d^atrêtenir  laSèfeiétéést 
piolet  «fl  sojet  de  ^ysiologie  que  de  dibnrgie,  toettefbis  j'espète 
qu'il  s'y  attadie  on  iniènèt  pratique,  et  c'est  à  ce  litre  gorSefit  qne  je 
désire  appder  sur  lui  rattèntioo.  Petutamt  longtemps  <m  a  pensé  que 
les  éîTerses  sensations  conséenflyes  aui  impressions  sur  ta  pean  s# 
refîaioit  à  une  seule  et  mtoe  maraère-  de  sentir,  laqnefle  pourai  t 
être  modifiée  par  la  nature  ou  le  mode  d'application  dé  Kagmt  impreS'' 
sionnaMe.  Darwin  le  premier,  en  l&iO»  isola  la  sensafion  de  tempe-' 
rature  d^  autres,  se  reposant  snr  Fofysenration  qn'fl.atait  ftàte  d'an 
mâkde  qui  ne  poaymt  pins  perceToir  les^  iÈapressions  ciiaudes  e»^ 
froides,  tandis  que  les  impressions  de  contact,  de  donlevr,  étaient 
appréciées  exactement.  En  î83«.  Beau  fil  une  distinclion  entre  ia  sen- 
.sa:tion  de  doufeur  et  ce41e  de:  contact.  K  avait  été  frappé  de  voir  éken 
•certains  sujets  l'insensilnfité  complète  §la  douleur,  faa[iéis-q«e  la  seiv-^ 
sibillté  de  contact  persrataii.  Mais  Beau*,  n^ayant  jamo^»  constaté 
l'état  îffverse,  c'est-à-dfire  la  disparrfion  de  la  sens^ifité  de  contaeet 
^ef&s  la  eonsenration  de  M  seosâri^ifeé  doutourettse,  B^ff  ne  regarda 
O0S  deux  sensibilités  que  comme  deB:t  degrés  dISêrenfs  d'urne  méttfe 
sensièilité.  En  1890,  Eandrj  publia  dans  les  Afchk^  êe  médeme  un 
tl^aTaU,  dans  lequel  il  cherdia  à  établir  que  les  sensations  de  contact; 
'â»  dottletnr,  de  températore,  sont  neUen^nt  distinctes  les  unes  des 
antres.  Les  observations  cliniques  qui  lui  (mt  suggéré  cette  opinion 
sont  rangées  dans  son  trs^ait  en  cinq  Wégories;.  Dans  la  premiève, 
les  sensations  de  co»laet  sont  aitér^s,  tandis  que  le»  sensnti^vns 
douloureuses  n*onf  subi  aiieune  modification  dluas  les  mêmes  point»  ; 
dans  la  seconde,  ks'  sensations  de  douieur  sont  altérées,  celîes  de 
contact  restant  normales;  dans  fi»  troisième,  teff  seimsations  tactîk»  et 
les  sensation»  dëufonrenses  sont  altérées  en  mâne  tismps  et  ém^  tes; 
mêmes  points  d'une  manS^  différente;  disns  là  qmtrième,  leffsen»ah 
tiott  de  température  ont  été  conservées  intégralement^  qsrete  qttfaient 
été  le  mtode  et  le  degré  d'altérstion  des  sea^âoits  de  eontlsEet  m  ie 
^Milenr  ;  ds»i8  la  cinquième,  les  sensations  àe^  t&mpérafttre  &Êi  é«é 
iperciiKS,  les  antres  sensftlâons  étaât  conservées.  —  Dtans  sose  ouvrs^ 
sur  tes  paralysies,  pobRé  en  #859,  Landry  fait  m»  pas  d^  plus  et 
aEteeC  que  ee»  trom  senssrtîons  sont  desserves?  par  dteshâliHs  nerv^iN 
My  eff  p«r  cenBéqwBnt  onf  uat  siège  distinct  ém»  Im  eenCM» 


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—  4  — 

Vnerveux.  Cette  opinion  a  été  corroborée  depuis  par  les  travaux  de 
MM.  Schiff  et  Brown-Sequart,  qui  ont  démontré,  chez  les  animauc, 
que  certainfes  lésions  pratiquées  sur  la  moelle  pouvaient  faire  dispa- 
raître une  ou  deux  de  ces  sensations  à  l'exclusion  de  Taulre  ou  des 
deux  autres. 

Mais  jusqu'ici  aucune  expérience,  ayant  poqr  but  d'établir  cette 
distinction  entre  les  diverses  sensations  tactiles,  n'a  été  faite  en  agis- 
sant directement  sur  la  peau  et  chez  des  sujets  sains,  c'est-à-dire 
placés  dans  des  conditions  physiologiques^  11  m-a  semblé  que  le 
moyen  découvert  par  Weber  pour  connaître  les  différences  d'intensité 
de  la  sensibilité  au  contact  dans  diverses  régions  du  corps,  pouvait 
être  employé  dans  ce  genre  de  recherches.  Ce  moyen  consiste,  comme 
chacun  le  sait,  à  chercher  avec  un  compas  l'écartement  qu'il  faut  don- 
ner à  ces  deux  pointes  appliquées  sur  la  peau  pour  obtenir  deux 
impressions  distinctes;  il  a  reconnu  ainsi  que  l'écartement  devait  être 
d'autant  moindre  que  la  sensibilité  au  contact  était  plus  développée; 
ainsi  l'écartement  devait  être  moins  considérable  à  la  pointe  de  la 
langue  qu'à  la  pulpe  des  doigts,  à  la  pulpe  des  doigts  qu'à  la  paume 
de  la  main,  à  la  paume  de  la  main  qu'à  l'avant  bras»  à  Favant-bras 
qu'à  l'abdomen,  à  Tabdomen  que  dans  le^dos»  etc. 

L'instrument  que  j'ai  fait  faire  à  M.  Mathieu  est  le  suivant  : 
Il  se  compose  de  deux  prismes  triangulaires  en  métal,  creux,  doot 
deux  côtés  se  réunissent  à  angles  droits;  la  hauteur  de  ces  prisnâes 
est  de  20  centimètres  environ.  Leur  base  présente  une  ouverture  qui 
peut  être  fermée  par  un  couvercle  glissant  horizontalement  autour 
d'un  pivot  placé  près  des  bordsl  Celte  ouverture  est  suffisamment 
grande  pour  qu'on  puisse  facilement  y  faire  passer  de  l'eau,  de  la 
glace  piïée  et  au  besoin  J'extrémité  renflée  d'un  petit  thermomètre. 
Chacun  de  ces  prismes  porte  perpendiculairement  à  un  de  ses  côtés 
une  tige  métallique  longue  de  90  centimètres.  L'une  est  pleine  et 
graduée  en  centimètres  et  en  millimèlrcs,  .l'autre  est  creuse  :  la 
secondé  est  destinée  à  recevoir  la  première,  de  telle  sorte  que  l'on 
peut  ainsi  rapprocher  et  écarter  à  voloaté  les  deux  prismes  l'un  de 
l'autre  et  lire  sur  la  tige  graduée  leur  degré  d'écartemeut.  Enfin  les 
deux  prismes  sont  traversés  de  la  base  au  sommet  par  un  conduit 
creusé  dans  l'épaisseur  de  la  paroi,  et  qui  permet  d'introduire  dan^ 
son  intérieur  une  épingle  de  forme  ordinaire»  mais  calibrée  sur  ce 
conduit  et  plus  longue  que  lui.  L'^ingle  peut  être  tournée  vers  le 
sommet  de  l'instrument  par  sa  pointe  et  par  sa  tète. 
..  Si^  avec  cet  aesthésiomètre  on  cherche  à  connaître  le  degré  d'écarte- 
meut nécessaire  pour  obtenir  une  double  impression)  en  présentant 


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_5  -. 

SBeceesivement  à  une  partie  donnée  de  la  peau  les  deux  pointes  de 
l'épingle,  les  deux  tètes  ou  les.  sommets  des  prismes  débarrassés  des* 
épingles  et  contenant  de  Teau  ehaude,  on  constate  que  eet  écartement 
doit  varier  dans  chacun  de  ces  cas,  et  qu'en  règle  générale,  pour  arri- 
ver à -obtenir  une  double  sensation,  il  faut  un  écartement  plus  consï- 
dérabjp  qu^md  on  expérimente  avec  les  deux  tètes  de  Tépingle  que' 
quand  on  expérimente  avec  les  deux  pointes  ;  plus  considérable  quand 
on  expérimente  avec  les  sommets  des  prismes  dont  la  température  a 
été  élevée  par  Teau  contenue  dans  leur  intérieur  que  dans  les  deux 
autres  cas. 

Mes  expériences  ont  porté  sur  toutes  les  parties  de  la  surface  cuta- 
née, m^is  plus  spécialement  sur  la  peau  de  Favant-bras  et  de  la  main  ; 
je  ne  parlerai  que  de  ces  dernières^  J'ai  d'abord  cherché  à  déterminer 
les  limites  de  ce  que  j'appellerai  les  zones  de  sensibilité  :  les  espaces 
dont  la  limite  correspond  à  l'écartement  qu*il  faut  donner  à  l'instru- 
ment pour  obtenir  une  sensation  unique,  par  j*apport  à  un  point  cen- 
tral. Je  n'emploie,  du  reste,  cette  expression  que  pour  la  facilité  du 
langage,  ne  rattachant  à  elle  aucune  idée  de  distribution  nerveuse. 

  la  face  antérieure  de  la  partie  supérieure  de  Tavant-bras,  j'ai 
fait  partir  d'un  point  vingt  rayons  également  distants  les  uns  de^ 
autres,  et  j'ai  cherché  pour  chaque  rayon  le  degré  d'écartement  néces- 
saire pour  avoir  deux  impressions  :  d'abord  au  contact,  puis  à  la 
douleur,  dfhile  à  la  température;  j'ai  par  conséquent  dû  faire 
soixante  expériences  sur  ces  vingt  rayons.  Puis,  rapportant  sur  le 
papier  les  distances  correspondantes  aux  divers  écarlements,  sur 
vingt  rayons  équidistants  et  tirés  d'un  même  centre,  j'ai  joint  par 
une  ligne  droite  chaque  point  appartenant  à  une  même  sensibilité.' 
y  ai  obtenu  ainsi  les  limites  de  mes  trois  zones.  Il  est  facile  de  voir 
sur  la  figure  que  je.  présente  à  la  Société  que  ces  trois  zones,  dont  les 
les  bords  sont  indiqués  par  des  traits  de  teintes  différentes,  ne  sont 
pas  régulièrement  placées  l'une  par  rapport  à  l'autre;  la  zone  de  sen- 
sibilité à  la  température  est  la  plus  extérieure,  mais  elle  est  traversée 
en  deux  points  par  la  zone  de  la  sensibilitéau  contact,  en  deux  points 
par  la  zone  de  la  sensibilité  à  la  douleur.  La  zone  de  la  sensibilité 
au  contact  est  intermédiaire  aux  deux  autres;  elle  est  traversée  en 
quatre  points  par  la  zone  de. la  sensibilité  douloureuse;  enfin  cette 
dernière  est  la  plus  centrale  :  elle  traverse  et  est  traversée  par  les 
deux  autres  en  plusieurs  endroits.  Dans  mes  expériences  sur  le  reste 
de  Favant-bras,  sur  le  poignet,  la  main  et  les  doigts,  pour  chaque 
point  que  j*ai  étudié,  je  .n'ai  tiré  que  quatre  rayons,  deux  parallèles 
à  l'un  des  membres  et  deux  perpendiculaires,  et  j'ai  circonscrit  mes 


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—  6  — 

z6ties  en  joigûaat  les  points  qui  correspondaient  à  ebaque  seasfbiiHè 
spéciale  par  des  li^es  courbes.  Le  dessin  qae  Je  présente  montre 
d^une  façon  très'-nette  :  i*  Que  les  trois  zones  se  rapetissent  au  for 
et  à  mesure  que  l'on  arrive  vers  Textrémîté  des  doigts  ;  2*  qn'elISiB 
sont  plus  étendues  sur  la  face  postérieure  du  poignet  que  sur  la  face 
antérieure;  sur  la  face  dorsale  de  la  main  que  sur  la  face  palmaire; 
sur  les  parties  latérales  de  la  paume  de  la  main  que  dans  la  partie 
centrale  ;  3»  en6n,  que' ces  zdnes  tendent  à  empiéter  les  unes  sur  les 
autres  d'autant  plus  qu'on  se  rapproi^be  de  la  pulpe  des  doigts,  aussi 
la  zone  de  sensibilité  à  la  température,  qui  est  périphérique  au  poi- 
gnet, à  Favant-bras  et  à  la  partie  supérieure  do  la  main,  devient  cen- 
à  la  face  antérieure  de  tous  les  doigts. 

Je  ne  puis  maintenant  passer  sous  silence  les  difficultés  inhérentes 
à  Tapplication  de  ce  procédé.  Pour  mesurer  le  degré  de  sensibilité 
à  la  douleur,  et  au  contact,  il  n'existe  pas,  à  proprement  parler,  de 
difficulté.  Sur  plus  de  cinquante  individus  sur  lesquels  j'ai  expéri- 
menté, je  n'en  ai  trouvé  qu'un  seul  chez  lequel'il  me  fut  impossible 
de  circonscrire  ces  zones  de  sensibilité;  ce  sujet  ne  pouvait  discerner 
exactement  Tinstant  oh  la  sensation  devenait  double.  Tous  les  autres 
m'ont  indiqué  nettement,  non  pas  toujours  du  premier  coup,  mais 
toujours  après^  quelques  essais,  Fintensité  qui  correspondait  à  la 
duplicité  des  inopressions,  et  chez  tous  i'écartement  ét^  variable 
pour  la  sensibilité  de  contact  et  la  sensibilité  donloureuse^ans  l'im- 
mense  majorité  des  cas,-  I'écartement  était  plus  considérable  pour  la 
première  que  pour  la  seconde.  11  est  bon  cependant,  quand  l'expé- 
rience est  faite  sur  d'autres  personnes  que  sur  soi-même,  d'écarter 
'd'abord  les  deux  prismes  d'une  façon  notable,  de  manière  à  ce  que  le 
sujet  perçoive  bien  nettement  deux  impressions  distinctes.  11  est  alors 
plus  à  même  de  constater  la  limite  de  l'impression. 

Mais  les  recherches  sur  la  sensation  de  température  présentent  plus 
de  difficultés.  Nous  ^vons,  en  eGTet,  que  nous  ne  jugeons  la  tempéra- 
ture des  corps  extérieurs  que  par  rapport  à  la  nôtre;  un  corps  ne 
nous  parait  chaud  ou  froid  que  parce  que  sa  température  est  phis 
basse  ou  plus  élevée  par  rapport  à  celle  de  notre  peau.  Or,  pour 
mesurer,  avec  Tinstrument  dont  nous  nous  servons,  le  développe* 
ment  de  la  sensibilité  à  la  température,  îl  est  nécessaire  que  l'instru- 
ment soit  chauffé  à  un  degré  qui  produit  la  brûlure,  ou  très  voisin  de 
celui-ci;  même  alors,  l'instrument  se  refroidit  vite  et  ne  fournit  plu» 
que  la  notion  de  contact,  de  telle  sorte  que  l'on  est  forcé  de  réchauffer 
Peau  contenue  dans  les  prismes  une  série  de  fols  pour  obtenir  on 
résultat  positif.  Four  gagner  du  temps,  il  nous  a  para  plos  tâmçAe 


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—  7  — 

de  pspéaeni^  à  use  hxû^  Teitr^Ué  des  {»ismes  ayant  de  les  appli- 
quer sur  la  peau;  maiB  alors,  les  brûlures  sont  plus  diffîciles  à  ériter 
*que  préeédeauneut,  vu  qu'cm  m  peui  calculer  ici  la  quaotité  de  calo- 
rique que  Ton  écM[i}maQique  à  riastrumeut.  Ceçt  là  un  iacoûvéDieot 
qui,  toutefois,  affecte  l'expérimeatateur,  mais  non  le  procédé. 

II.  rassort,  eu  effet,  des  aoiabreases. tentatives  de  ee  geure  que  j'ai 
faites,  que  le  degré  d'écar^ment  nécessaire  pour  avoir  une  double 
impression  est  le  même,  que  rinslrunient  soit  cbaufiTé  au  point  de 
procurer  une  sensation  pénible  de  brûlure,  ou  quUl  soit  chauffé  de 
manière  à  procurer  une  »niple  s^usation  de  température»  C'est  Ih 
une  observation  importante,  car  elle  me  paraît  prouver  que  la  sensa- 
tion de  brûlure,  quoique  afiéctant  désagréablement  Téconomie,  comme 
la  sepsation  douloareuse, .  se  rattache  réellement  à  la  sensation  de 
température,  et  est,  en  quelque  sorte,  une  modalité  de  celTe^d. 

Un  procédé  pbis  simple  et  plus  innocent  consiste  à  remplir  les 
prismes  de  glacç  ou  d'un  mélange  réfrigérant  avant  de  les  appliquer 
«ur  la  peau  ;  comme  le  froid  et  le  chaud  sont  pour  Torganisme  un,  seul 
et  même  excitant,  le  résultat  est  le  même,  que  l'on  se  serve  de  l'un 
ou  de  l'auti'e  agent.  s  ' 

Ces  expéri^ces  me  paraissent  corroborer  les  idées  des  auteurs  qui 
admettent  des  sensations  taetUes  esssentiellement  différentes  les  unes 
des  autres,  et  dessei^vies  par>  des  cellules  nerveuses,  distinctes,  au 
point  de  vue  du  rôle  qu'elles  ont  à  remplir  dans  les  ékborations 
sensorielles.  Si,  en  effet,  les  impressions  de  contact,  de  douleur,  de 
température  étaient  perçues  par  les  mêmes  cellules,  on  ne  compren- 
drait pas  qu'il  faille  donner  à  rœslhésiomètre  des  écartennents  tou- 
jours Yariables,>pour  avoir  double  seiisation  de  chacune  de  ce^ 
impressions. 

Arrivons  aux  applications  que  l'on  peut  faire  de  ces  recherches  h  la 
chirurgie  et  à  la  médecine.  Très-souvent  le  chirurgien  se  trouve  en 
^  dc»n«ire  de  constater  la  diminution  de  la  sensibilité  cutanée  chez  des 
sujets  dont  une  partie  du  système  nerveux  central  ou  périphérique 
a  été  atteinte  par  le  traumatisme.  Habituellement  on  se  contente  de 
pincer  la  région  paralysée,  pour  s'assurer  de  l'état  de  la  sensibilité, 
on  de  passer  un  corps  mousse  à  sa  surface,  ou  de  brûler.  Mais  il  est 
bien  évident  (çae  les  renseignements  que  donnent  les  malades  sur 
i'itttmisité  des  sensations  qu'ils  éprouvent  lors  de  cette  exploration  ne 
peuvent  être  i)our  le  chirurgien  que  fort  imparfaits,  et  d'une  bien 
moindre  valeur  que  ceux  que  fournirait  on  instraisaent  gradué,  du 
genre  de  celui  que  je  présente  ici.  Par  ce  moyen,  le&mots:  «  Je  s^s 
l^eu^beaueoup,  assez  ^  moins  que  du  eôié  opposé,  »  seront  aya&ta§eiiae- 


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—  s  — 

ment  remplacés  par  des  chiffres,  qui  pourront  être  comparés  entré  eux 
à  des  époques  différentes  et  qui  pourront  renseigner  sur  le  retour  ou 
la  disparition  graduelle  des  diverses  sensibilités.  Jeii*ai  eu  l'oocadion 
de  faire  une  exploration  de  ce  genre  qu'une  seule  fois,  chez  une 
malade  de  M.'  Richet  qui,  dans  ces  derniers  temps,  a  fait  tant  de 
bruit,  et  cela  à  juste  raison.  Cette  malade  avait  eu  le  nerf  radial 
complètement  coupé  à  la  partie  inférieure  de  Tavant-bras,  et  malgré 
cette  lésion  la  sensibilité  persista,  mais  à  un  moindre  degré,  dans  les 
parties  innervées  par  les  branches  terminales  de  ce  tronc;  la  peau 
qui  correspond  à  la  pulpîe  de  Tindex  seule  était  complètement  insen- 
sible. 
Je  vis  cette  malade  un  mois  environ  après  Vaccident,  et  je  consta- 

-tai,  à  Faide  de  mon  aesthésiomètre,  qu'à  la  faee  externe  de  Fànnu- 
laire,  pour  avoir  une  double  impression,  il  fallait  écarter  les  deux 
prismes  d'une  façon  sensiblement  la  même  qu'à  la  face  externe  de 
l'annulaire,  du  côté  opposé,  c'est-à-dire  du  côté  sain.  Pour  le  médius, 
il  fallait,  au  contraire,  un  écartement  qui  mesurait  toute  l'étendue 
transversale  du  doigt,  pour  obtenir  une  sensation  double  à  la  douleur  : 
elle  restait  unique  au  contact,  et  à  ja  température,  avec  cet  écartement. 
A  la  racine  de  l'index,  la  sensation  double  ne  pouvait  être  obtenue 
ni  en  mettant  en  jeu  la  sensibilité  douloureuse,  ni  la  sensibilité  de 
contact,  ni  celle  de  température.  Au  niveau  de  la  dernière  phalange 
de  ce  dernier  doigt/  la  malade  ne  percevait  qu'une  seule  impression 
dans  tous  les  cas  et  ne  pouvait  la  rapporter  au  lieu  où  elle  était 
faite.  Enfin  à  l'érainence  thénar  il  fallait  un  écartement  plus  consi- 
dérablCj  un  centimètre  environ,  par  rapport  au  côté  opposé,  pour 

.  avoir  l'impression  double  au  contact,  à  la  douleuPf  à  la  température. 
Cette  eiçploration  jsemble  donc  démontrer  que,  chez  cette  femme,  les 
diverses  sensibilités  étaient  d'autant  plus  diminuées  qu'on  s'éloignait 
de  la  face  externe  de  l'annulaire  en  allant  vers  l'index,  c'est-à-dire 
qu'on  s'éloignait  des  branches  terminales  du  nerf  cubital.  Il  est  donc 
probable  que  ia  persistance  de  la  sensibilité  dans  les  parties  qui 
reçoivent  les  rameaux  périphériques  du  nerf  médian,  malgré  la  sec- 
tion de  nerf,  tenait  à  des  anastomoses  de  celui-ci  avec  le  cubital. 

J'ai  revu  la  malade  de  M.  Richet,  trois  semaines  environ  après  la 
première  exploration,  et  j'ai  pu  constater  que  les  zones  de  sensibilité 
avaient  réapparu,  excepté  à  l'extrémité  de  l'index;  elles  présentaient 
toiitefois  une  étendue  plus  considérable  qu'à  l'état  normal. 
'  Mes  rech<erches  sur  des  malades  atteints  d'affections  organiques  des 
centres  nerveux,  ou  de  paralysies  hystériques,  sont  jusqu'ici  trop 

-  ineoroplèteB  et  m'ont  fourni  des  résultats  trop  incertains,  dans  bçn 


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_  9  — 

nombre  de  eas,  pour  pouvohr  y  iasisier  longuement.  L'obstacle  qae 
j'ai  surtout  rencontré  résulte  de  la  difficulté  pour  ces  sujets  de  discerner 
la  duplicité  des  impressions.  Toutefois  il  ressort,  comme  fait  générai, 
de  ces  dernières  expériences,  qu'il  faut  souvent,  sur  ces  sortes  de 
malades,  un  écartement  éaorme  pour  produire  des  sensations  doubles, 
soit  de  contact,  soit  de  douleur,  soit  de  température,  et  que,  dans  un 
certain  nombre  de  cas,  tandis  que  Técartemeni  doit  être  considérable 
pour  produire -la  duplicité  d'une  de  ces  sensations,  il  doit  être  res- 
treint pour  obtenir  la  duplicité  des  deux  autres,  ou  d'une  seule  de 
celles-ci. 

M.  Yerneuil,  à  l'occasion  de  celte  lecture,  demande  que  la  question 
relative  à  la  conservation  et  au  retour  de  la  sensibiliK  dans  certaines 
parties  soit  mise  à  Tordre  du  jour.  Les  cas  assez  fréquents  dans  les- 
quels les  chirurgiens  enlèvent,  avec  la  moitié  du  maxillaire  inférieur, 
le  nerf  dentaire,  ou  le  nerf  sous-orbitaire,  avec  la  partie  antérieure  du 
sinus  maxillaire,  et  à  la  suite  desquels  on  voit  la  sensibilité  reparaître 
dans  des  points  où  ces  nerfs  allaient  se.  distribuer,  pourront  servir  à 
élucider  quelques-unes  des  questions  soulevées  par  la  communication 
de  M.  Liégeois. 

COMMUNICATION  ET  PRÉSENTATION  DE  PIÈGES. 

Observatioii  d'ane  masse  potypeuse  développée  dans  la 
Tessie  d'nne  petite  ^lle  de  ISS  mois.  —  Enlèvement  de  eette 
tnmenr.  -~  Hort  sept  fours  après  l'opération. 

M.  GuERSANT.  Notre  lionorable  confrère  M.  le  docteur  Perrochatd, 
ancien  interne  des  hôpitaux  de  Paris,  exerçant  aujourd'hui  à  Boulogne- 
sur-Mer,  nous  a  adressé  en  décembre  1867  ^ne  petite  fille  de  22  mois, 
chez  laquelle  il  avait  diagnostiqué  une  tumeur  charnue  développée  dans 
la  vessie.  Celte  enfant,  ayan!  Textérieur  d'une  bonne  santé,  ne  fut  pas 
présentée  à  notre  confrère  dans  les  premiers  mois  de  sa  vie;  cependant 
sa  mère  remarquait  qu'elle  faisait  souvent  des  eilorts  pour  uriner  et 
qu'elle  restait  longtemps  sur  le  vase;  comme  elle  ne  souffrait  pas, 
on  y  fit  d'abord  peu  attention.  Elle  eut  une  diarrhée  qui  augmentait  les 
efforts;  on  diminua  cette  diarrhée  par  le  sousrnitrate  de  bismuth.  Plus 
tard,  vers  les  premiers  jours  de  novemlùre,  la  diarrhée  n'augmentait 
pas,  mais  on  remarqua  que  l'enfant  avait- de  fréquentes  envies  d^uriuer 
et  que  la  sortie  des  urines  était  douloureuse. 

L'examen  des  parties  génitales  externes  ne  préteatant  rien  d'anor* 
mal,  M.  Perrochaud  ne  mit  pas  d'abord  en  question  de  sonder  i'enDuit 
V  série,  -•  tome  ix.  2 


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—  io- 
de suite,  d'autant  phis  qu'il  y  aTait  quelquefois  des  améliorations  qui 
firent  différer  le  cathétérisme. 

Enfin,  ce  ne  fut  que  peu  de  jours  avant  le  départ  pour  Paris  que 
Bolre  confrère  se  décida,  rers  le  milieu  de  décembre,  à  sonder  l'en- 
fant. D'abord  il  fit4'examen  seul,  puis  avec  un  de  ses  confrères,  M.  le 
docteur  Duhamel;  ils  ont  constaté  l'un  et  l'autre  qu'en  introduisant 
une  sonde  d'argent,  l'instrument  donnait  la  sensation  d'un  corps  dur 
et  résistant,  mais  que  cette  sensation  n'était  pas  franche  et  pouvait 
bien  être  attribuée  à  la  pré^sence  d'une  production  charnue;  ils  virent 
tous  deux  apparaître  au  méat  urinaire  une  petite  tumeur  rougeâtre  de 
la  grosseur  d'une  aveline. 

/  Depuis,  le  docteur  Perrochaud  a  constaté  plusieurs  fois  que  celte 
tumeur  apparaissait  lorsque  l'enfant  faisait  des  efforts  pour  uriner, 
qu'elle  rentrait  quand  les  efforts  cessaient.  La  tumeur,  touchée  avec  le 
bout  de  la  sonde,  donnait  à  notre  confrère  une  sensation  analogue  à 
celle  qu'il  avait  éprouvée  dans  la  vessie;  en  examinant  le  bas- fond  de 
la  cavité'à  l'aide  du  doigt  introduit  dans  le  rectum,  ce  bas-fond  lui 
parut  plus  épais  que  dans  l'état  normal  ;  alors  il  n'hésita  pas  à  diagnos- 
tiquer une  tumeur  charnue  de  la  vessie,  et  reconnaissant,  dans  ce  cas 
rare,  de  l'analogie  avec  une  pièce  présentée  il  y  a  quelques  années 
à  la  Société  de  chirurgie,  il  se  décida  à  nous  adresser  cette  petite  fiUe. 

A  son  arrivée,  le  i9  décembre  4867,  elle  était  dans  l'état  suivant  : 

L'enfant,  surtout  depuis  les  cathétérismes  pratiqués  dans  les  jours 
précédents,  faisait  k  chaque  instant  des  efforts  pour  uriner,  comme  les 
calculeux'.  Nous  la  sondâmes  et  nous  reconnûmes,  à  Faide  d'une  ^onde 
d'argent,  Tabseuce  de  calcul;  mais,  au  côté  droit  du  col  de  la  vessie, 
.  en  voulant  faire  tourner  la  sonde,  elle  fut  arrêtée;  la  vessie  était 
large,  et  en  retirant  la  sonde  il  sortit,  après  cet  examen,  de  l'urine  san- 
guinolente. Nous  ne  constatâmes  pas,  à  l'aide  du  doigt  dans  le  rectum, 
l'épaisseur  du  bas-fond  de  la  vessie  observée  par  M.  Perrochaud; 
enfin,  nous  vîmes,'la  sonde  étant  retirée,  que  l'enfant,  en  faisant  des 
efforts,  chassait  v^rs  le  méat  urinaire  une  tumeur  charnue. 

Nous  conseillâmes  des  bains  dans  tine  infusion  de  fleurs  de  tilleul 
et  des  onctions  sur  le  bas-ventre  avec  une  pommade  belladonée,  des 
boissons  adoucissantes,  du  lait,  du  bouillon  et  même  du  vin. 

Le  20  décembre,  mêmes  efforts  fréquents  et  douloureux;  les  urines 
étaient  légèrement  sanguinolentes  et  coulaient  involontairement. 
Reconnaissant  toute  la*  gravité  de  ce  cas  et  la  nécessité  d'intervenir 
chirurgicalement,  nous  voulûmes  avoir  l'avis  d'un  confrère. 

Le  lendemain,  f  1  décembre,  nous  ^voyons  la  malade  avec  M.  De-- 
màrquay  et  nous  constatons  ensemble  les  efforts  fréquents  faits  par 


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—  u  — 

'  Teafant  et  la  saillie  d'un  corps  charnu  à  Fonverture  de  l'urèthre  à 
chaque  effort;  ce  n'éiait  pas  un  petit  bourrelet  de  la  muqueuse  avec  uq 
orifice  au  centre,  c'était  une  petite  tumeur  ferme,  arrondie,  rosée  ; 
donc  il  n'y  avait  pas  chute  de  Furèthre.  L'enfant  étant  très-souffrante, 
IrèS'fatiguée  depuis  les  caihétérismes,  nous  ajournâmes  une  nour 
velle  exploration  avec  la  sonde  d'argent.  On  continua  les  bains,  les 
onctions  sûr  le  bas-ventre  et  de  plus  l'introduction  de  suppositoires 
belladones  dans  le  rectum,  répétée  trois  fois  dans  les  deux  heures  (un 
centigramme  d'extrait  de  belladone  par  suppositoire). 

Le  22  et  le  23  décembre,  l'état  est  le  même  ;  l'enfant  a  de  la  fièvre, 
de  l'agitation;  les  efforts  d'expulsion  sont  plus  violents  et  plus  fré- 
quents, rapprochés  dé  cinq  en  cinq  minutes;  la  mère,  qui  ne  quitte  pas 
son  enfant,  les  compare  aux  efforts  de  l'accouchement.  La  saillie  du 
corps  charnu  augmente,  il  paraît  comme  sphacélé  à  sa  surface.:  il  est 
évidemment  poussé  et  de  plus  étranglé.  Ajoutons  que  l'enfant  refuse 
le  bouillon,  le  lait,  le  vin  de  quinquina,  etc.  Nous  faisons  faire  des 
lotions  vineuses,  nous  saupoudrons  de  quinquina  la  partie  malade. 

Le  23  au  soir,  nous  exaàiinons  avec  M.  Demarquay  la  vulve;  il  s'en 
échappe  une  odeur  fétide,  malgré  les  lotions  vineuses  et  les  applica- 
tions de  poudre  de  quinquina;  nous  introduisons  une  sonde  dans  la 
vessie  qui  était  distendue  ;  elle  donne  issue  à  une  urine  trouble  et 
fétide.  Nous  circonscrivons  la  tumeur  à  l'aide  de  Textrémité  de  la 
sonde;  nous  conslatons  qu'elle  est  adhérente  dans  un  point  du  col  de 
la  vessie;  alors  il  fallait  faire  cesser  les  douleuis  vives;  il  fallait  enle- 
ver ce  corps  qui  mettait  obstacle  à  l'issue  de  l'urine,  et  nous  déci- 
dâmes que  le  lendemain  nous  enlèverions  cette  tumeur. 

Nous  ne  nous  abusions  pas  sur  les  difficultés  et  les  accidents  qui 
pouvaient  survenir  pendant  et  après  cette  opération  ;  nous  songions 
même  à  la  récidive,  et  nous  ne  cachâmes  pas  nos  craintes  au  père  de 
l'enfant.  Il  comprit  qu'il  fallait  agir  pour  faire  cesser  les  atroces  dou- 
leurs qui  épuisaient  la  petite  malade.  Melius  anceps  quam  nullum. 
Nous  prescrivons  pour  la  nuit  d*abord  un  nouveau  bain,  puis  la  pom- 
made sur  le  ventre  et  de  plus  plusieurs  cuillerées  à  café  de  sirop  de 
codéine,  quatre  dans  la  nuit. 

Le  lendemain,  mardi,  24  décembre  1867,  l'enfant,  qui  s'était  plaint 
toute  la  nuit,  fut  sondée  de  nouveau;  seulement,  pour  vider  la  vessie 
qui  était  un  peu  distendue,  elle  parut  soulagée. 

Nous  procédâmes  à  l'opération  à  onze  heures  du  matin.  Alors,  soit 
faiblesse,  soit  assoupissement  produit  par  le  sirop  de  codéine,  la  petite 
malade  se  plaignait  moins,  le  pouls  donnait  150  pulsations  par  mi- 
nute; le  ventre  n'était  pas  ballonné;  la  région  hypogastrique  n'étail  pas 


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seasible  a  la  pression.  Aidé  de  M.  Demarquay  et  de  deux  îd ternes, 
M.  Barlemont  et  M.  Blache  fils,  l'enfant  fut  placée  sur  une  table, 
ccMQome  pour  la  taille,  et  maintenue  les  cuisses  écartées. 

Nous  avions  ?ous  la  main  un  serre-nœud  de  Graefe  garni  d'un  fil  de. 
fer,  un  écraseur  de  M.  Ghassaignac,  des  pinces  de  Museux,  des  fils 
doubles  de  soie  et  des  ciseaux.  L'enfant  fut  très-promptement  rendue 
insensible  après  lui  avoir  fait  respirer  un  mélange  à  pai^ties  égales  de 
chloroforme  et  d'éther.  Étant  solidement  maintenue,  nous  appriquâmes 
d'abord  sur  la  tumeur  une  forte  ligature  de  soie;  nous  rengageâmes 
dans  une  anse  de  fil  de  fer  disposée  sur  le  serre-nœud,  et  M.  Demar* 
quay,  ayant  saisi  la  tumeur  avec  des  pinces  de  Museux,  l'attira  légère- 
ment à  lui  ;  nous  conduisîmes  l'anse  métallique  le  plus  près  possible 
de  Fînsertion,  après  avoir  débridé  le  méat  urinaire  d'un  coup  de 
ciseaux.  L'anse  mélallique  fut  graduellement  cl  très-lentement  rétré- 
cie  à  l'aide  du  serre-nœud  qui  effectuât  ainsi  la  section  ;  elle  n'était 
pas  terminée  que  le  fil  de  fer  se  rompit;  nous  prîmes  Técraseur  de 
M.  Chassaignac,  avec  lequel  l'opération  fut  terminée. 

Il  se  fit  peu  d'écoulement  de  sang;  l'enfant  revint  à  elle;  nous  lui 
donnâmes  quelques  petites  cuillerées  de  vin  qu'elle  vomit  peu  après; 
cependant  elle  se  remit.  Une  demi-heure  après  Topération,  nous  vîmes 
entre  les  grandes  lèvres  une  maâse  charnue  qui  était  sortie  par 
Turèthre;  elle  fut  expulsée;  c'était  le  reste  de  la  tumeur;  cette  partie 
^représentait  pour  la  forme  une  espèce  de  fucus  à  divisions  multiples, 
fongueuses,  qu'on  aurait  coupée  à  sa  racine.  C'était  la  partie  extirpée. 
La  partie  enlevée  et  la  partie  expulsée  après  l'opération  pesaient  en- 
semble quinze  grammes;  examinées  par  M.  le  docteur  Cornil,  elles 
donnèrent  le  résultat  suivant  :  le  tissu  était  d'apparence  polypeùse  et 
dé  nature  fibreuse,  fort  riche  en  vaisseaux;  Ijjl  portion  antérieure  en- 
gagée dans  le  canal  était  gangrenée  par  suite  de  la  compression  du  col 
de  la  vessie;  elle  présentait  une  couleur  feuille  morte  et  paraissait 
desséchée;  en  effet,  quoique  la  couche  superficielle  fût  seule  mortifiée, 
la  coupe  ne  présentait  pas  de  sang  dans  cette  partie  ;  dans  le  reste 
de  la  portion  enlevée  jusqu'au  pédicule  qui  avait  été  coupé  oblique- 
sient,  on  retrouvait  l'apparence  congestionnée  et  tremblotante  des 
polypes.  A  l'.examen  microscopique,  fait  trofs  heures  après  Texcision, 
on  remarquait  un  réseau  vasculaire  serré,  à  capillaires  dilatés  et  pleins 
de  sang;  le  tissu  fondamental  était  composé  par  des  éléments  con- 
jonctifs  et  une  quantité  considérable  de  cellules  et  de  noyaux  em- 
bryoplastiques,  les  uns  ronds,  les  autres  ovoïdes,  tous  de  formation 
récente,  indiquant  un  tissu  jeune,  d'une  évolution  et  d'un  accroisse- 
meitt  rapides;  traités  par  Tacide  acétique,  les  fibrilles  de  ce  tissu 


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—  13  — 

conjoDctif  disparaissent  et  ne  laissent  plus  que  des  noyaux  enibryo- 
plastiques  de  formes  diverses  et  sans  nucléoles. 

Nous  vîmes  IVnlant  enTîron  trois  heure»  après  Topération.  On  lui 
avait  donné  un  peu  de  bouillon  froid  qui  avait  passé;  elle  n'avait. pas 
perdu  de  sang;  le  reste  de  la  tumeiH^éUat  expêlsé'  sans  grande  dou- 
leur. On  lui  continua  pour  boisson  du  bouillon. 

La  nuit  qui  suivit,  Tenfant  fut  plus  calme,  mais  elle  était  faible  et- 
abattue;  elle  ne  faisait  plus  d'efforts  d'expulsion^  mais  ella  s'agitait 
de  loin  en  loin  quand  Turine  passait;  elle  mouilla  beaucoup  ses 
couches;  Purine  était  à  peine  teinte  de  sang;  Tenfant  eut  une  éva- 
cuation. 

Le  25  décembre,  lendemain  de  l'opération,  lepouls^qui  était  faible 
et  fréquent,  s'est  un  peu  relevé  (bains  entiers  dans  une  infusion  de 
fleurs  de  tilleul,  lotions  à  la  vulve,  bouillon,  vin  de  quinquina;  l'en- 
faût  en  prend  fort  peu). 

Le  26  décembre,  contin|ialîon  des  plaintes  quand  Tenfant  urine, 
mais  pas  d'efforts  d'expulsion;  cependant  nouvelle  sortie  d'une  petite 
portion  charnue  grosse  comme  un  pois  ;  gonflement  et  rougeur  des 
grandes  lèvres  (bains,  lotions).  . 

Le  27  décembre,  m6îns  de  douleurs,  un  peu  de  sommeil  ;  mais  refus 
de  prendre  du  bouillon,  du  vin.  Le  froid  étant  très-vif,  nous  cessons* 
les  grands  bains  pour  les  remplacer  par  des  bains  de  siège  et  de  fré- 
quentes irrigations  vineuses  entre  les  grandes  lèvres;  en  les  écartant, 
nous  faisons  tenir  entre  elles  des  bourdonnets  de  charpie  pour  absor- 
ber les  liquides  qui  s'écoulent;  on  les  renouvelle  très-souvent. 

Le  28  décembre,  la  fièvre  continue,  130  pulsations  et  plus,  pouls 
faible,  refus  de  boir^,  muguet  en  dedans  des  joues.  Quelques  efforts 
d'expulsion;  issue  de  lambeaux  sphacélés  par  Turèthre.  Collutoire 
au  borax,  irrigations  et  lotions  à  la  vulve  avec.vln  aromatique. 

Le  29  décembre,  pas  de  changement;  il  y  a  des  selles  liquides. 

Le  30  décembre»  l'état  est  stationnalre;  l'enfant  s'affaiblit  de  plus 
en  plus;  elle  a  um  peu-  de  diarrhée;  elle  refuse  tout,  vin  ordinaire, 
vin  de  quinquina,  bouillon,  lait  de  poule;  elle  accepte  à  peine  un  peu 
de  décoction  blanche.     ; 

Le  31  décembre,  elle  a  été  peu  agitée  la  nuit;  elle  a  pris  de  la  dé- 
coction blanche.  Elle  s'éteint  à  sept  heures  du  matin,  sept  jours  révolus 
après  l'opération.  -^  L'autopsie  n'a  pu  être  faîte. 

— A  cinq  heures  moins  un  quart  la  Société  se  forme  en  comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  six  heures  moins  un  quart. 

Le  Secrétaire,  D'  Léon  Labbé. 


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_  14  — 

SéANOB     DU     12     FÉYBIBK     18j6$ 
Présidenee  de  H.  LEGOUEST 

La  séance^  est  ouverte  à  trois  heures  et  demie. 

Le  procès-verbal  de  la  précédente  séance  est  lu  et  adopté. 

CORRESPONDANCE. 

La  correspondance  comprend  :  - 

—  Les  journaux  de  la  semaine. 

—  Le  bulletin  de  YAcadétaie  de  médecme  de  Belgique  \  le  Montpellier 
médical;  la  Revue  médicale  de  Toulome;  le  Sud  médical  de  Marseille;  le 
Journal  de  médeme  et  de  chirurgie  pratique. 

—  Recherches  sur  la  loi  d'accroissement  aes  nouveau-nés^  etc.,  par  le 
docteur  Odier. 

—  Un  tirage  à  part  des  articles  Âssistatsce  et  Associations  par 
M.  Brochin  (Extrait  du  Dictionnaire  encyclopédique  des  sciences  médi- 
-co/e*),  présenté  par  M.  Lefor t. 

—  Le  vingt-huitième  volume  des  Transactions  of  the  Paihological 
Society  ofLondoUy  présenté  par  M.  Giraldès. 

—  Une  lettre  de  M.  le  docteur  Dufour,  médecin-adjoint  h  Tasile 
d'Armentières,  accompagne  Tenvoi  de  pièces  pathologiques  relatives  à 
une  fracture  exlra-capsuJaire  du  col  du  fémur, 

M.  Verneuil  présente,  de  la  part  de  M.  Vanzetli,  de  Padoue,  une 
note  détaillée  sur  cinq  cas  de  résection  du  poignet.  Cet  envoi  est 
accompagné  de  photographies. 

Réseclions  de    r  articulât  Ion    radio  ^carplenne  faites   ft    la 
Clinique  ehirurflpieale  de  Padoue. 

Juin  i862.  Femme  de  36  ans.  —  Carie  de  tous  les  os  du  carpe  et 
des  extrémités  articulaires  du  radius  et'cubîlus  (main  gauche). 

Résection  des  extrémités  articulaires  du  radius  et  du  cubitus,  avec 
extirpation  de  tous  les  os  du  carpe.  Grand  lambeau  dorsal  comprenant 
les  téguments  et  les  tendons  des  extenseurs. 

Cette  femme  a  guéri  et  vit  encore.  Sa  main  a  besoin  d*ètre  soutenue 
par  une  attelle  palmaire.  Les  tendons  extenseurs  ayant  été  compris 
dans  le  lambeau  dorsal,  les  mouvements  des  doigts  sont  en  grande 


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—  15  — 

partie  abolis  :  sa  main,  cependant,  ne  lui  est  pas  sans  qaelqae 
utilité. 

Cette  opérée  se  sert  d'un  appareil  semblable  à  celui  qu'on  trouve 
dessiné  dans  Touvrage^de  M.  Heyfelder  «  sur  les  résections,  »  pour 
les  -cas  où,  après  l'opération ,  la  main  reste  pendante. 


22  mai  1863.  Homme  de  60  ans.  —  Carie  de  Tarliculation  radio - 
carpienne  droite.  .  . 

Résection  de  l'extrémité  articulaire  inférieure  du  radius  et  du  cubitus 
avec  extirpation  de  la  première  rangée  des  os  du  carpe,  —  Incision 
médiane  dorsale  très-longue.  Tous  les  tendons  des  extenseurs,  excepté 
celui  du  radial  et  du  cubital,  ont  été  épargnés.  Les  bords  de  la  plaie 
cutanée  longitudinsje  ont  été  rapprochés  par  des  bandelettes  d'em- 
plâtres agglutinatifs. 

Les  bords  de  la  plaie  s^étant- écartés,  les  tendons  des  extenseurs 
restèrent  à  découvert  et  se  mortifièrent.  La;plaie  se  remplit  de  bour- 
geons charnus,  et,  au  bout  de  quarante  jours,  elle  était  presque  cica- 
trisée. A  cette  époque,  le  malade  voulut  quitter  la  clinique.  Le  pdlgnet 
présentait  déjà  assez  de  fermeté.  Ou  n'a  plus  vu  le  malade. 


23  juin  1863.  Garçon  de  16  ans.  —  Carie  de  l'articulation  radio- 
carpienne.  v 

Résection  de  l'extrémité  inférieure  du  radius  et  du  cubitus;  excision 
de  la  première  rangée  dess)s  du  carpe.  Longue  incision  médiane. 
Tendons  des  extenseurs  des  doigts  soigneusement  épargnés;  plaie 
réunie  exactement  par  des  points  de  suture. 

Guérison  très-heureuse.  L'articulation  du  carpe  est  ferme;  les 
mouvements  des  doigts  sont  assez  étendus,  surtout  dans  la  deuxième 
et  troisième  articulation  des  phalanges.  L'opéré  peut  «e  boutonner  et 
se  servir  de  sa  main.  Le  dessin  a  été  pris  tm  an  après  l'opération. 


21  juillet  1863.  Paysanne  de  29  ans.  —  Carie  de  l'articulation 
radio-carpienne  gauche. 

Résection  de  l'extrémité  inférieure  du  radius  et  du  cubitus;  excision 
de  la  première  rangée  des  os  du  carpe.  Longue  incision  médiane. 
Tendons  des  extenseurs  des  doigts  soigneusement  épargnés;  plaie 
réunie  exactement  par  des  points  de  suture. 

Résultat  excessivement  heureux.  Guérison  complète,  avec  le  poignet 
ferme  et  susceptible  de  quelques  mouvements  de  flexion.  Mouvements 
libres  dans  la  seconde  et  troisième  articulation  des  doigts.  L'opérée 


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—  16  — 

traraille  aux  champs  aree  la  pioche.  Elle  peut  coudre  et  se  boutonoer. 
Le  d'essia  a  été  pris  un  an  après  Topération. 


20  juin  1864.  Pi^sanne  de  23  ans.  ^  Carie  de  Tarticulation  radio- 
carpienne.      .       • 

Résection  de  rextrémit^  articulaire  du  radius  et  ^u'  cubitus.  Ten- 
dons des  muscles  extenseurs  soigneusement  épargnés.  Excision  de  la 
première  rangée  des  os  du  carpe. 

Résultat  excessivement  heureux.  Poignet*  ferme,  susceptible  de 
quelques  mouvements  de  flexion.  L'opérée  peut  coudre,  se  boulonner, 
et  employer  sa  main  très-utilement.  La  photographie  a  été  prise  le 
23  novembre  1867,  trois  ans  et  demi  après  Topération. 

— M".  Vernbuil  a  reçu,  par  l'entremise  de  M.  le  docteur  de  Laurès,  de 
la  part  de  madame  Laborîe,  un  grand  nombre  d*observations  inédites, 
recueillies  à  Tasile  de  Vincennes  par  notre  regretté  collègue  Laborie, 
et  plusieurs  moules  très-parfaits  de  moignons  d*amputés. 

Les  observations  ont  trait  aux  résultats  éloignés  du  traitement  des 
fractures,  ou  d'opérations  diverses  parmi  lesquelles  figurent  en  grand 
nombre  les  amputations,  Turétrotomie,  etc. 

Une  lettre  de  remerciements  sera  adressée  à  madame  Laborie,  et 
une  Commission,  composée  de  MM.  Verneuil,  Despréa  et  Perrin;  sera 
chargée  d'examiner  les  travaux  laissés  par  notre  collègue  et  de  s'oc- 
cuper, s'il  y  a  lieu,  de  leur  publication.^ 

Dans  les  papiers  de  Laborie  se  trouvait  un  travail  de  M.  le  docteur 
Philippe,  relatif  à  la  iaillie  de  Vos  après  les  amputations.  Ce  travail, 
qui  devait  être  l'objet  d'un  rapport  de  la  part  de  notre  collègue»  est 
renvoyé  à  une  nouvelle  commission  composée  de  MM.  Lefort^  Guyon 
et  Després. 

—  M.  Joseph  Mighon  adresse  une  lettre  accompagnant  l'envoi  d'un 
portrait  de  son  père,  lé  docteur  Michon,  l'un  des  membres  fondateurs 
de  la  Société  de  chirurgie. 

Des  remerciem^ts  seront  adressés  à  M.  Joseph  Michon'. 

ÉLECTION  d'un  MEIIBRS  TmiLAIRB. 

L'ordre  du  jour  appelle  l'élection  d'un  naembre  titulaire.  La  Com- 
mission nommée  par  la  Société  a  présenté  les  canditats  dans  TcH^dre 
BQivant  : 


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—  n  — 

• 
1»M.  Guéniot; 

2"*  Ex  œquo  :  H.  Cruveilbier  fils,  M.  Leroy  d'ÉtioUes  ; 
3«M.  MarcSée; 
4<*  M.  Dub^uil.  ^ 

27  membres  prennent  part  au  vote. 
Au  premier  tour  de  scrutin,  obtiennent  : 

MM.  Guéniot 17  voix. 

Leroy  d'ÉtioUes 6    -r- 

Marc  Sée 3    — 

Cruveilbier 1    — 

M.  Guéniot,  ayant  réuni  la  majorité  des  suffrages,  est  proclamé 
membre  titulaire  de  la  Société  de  chirurgie. 

lyoaaNATiON  d'un  membre  honoraire. 

La  Société  est  appelée  à  voter  sur  la  demande  de  M.  Cullerier,  qui 
désire  changer  son  titre  de  membre  titulaire  contre  celui  de  membre 
honoraire, 

M.  Cullerier  est  nommé  membre  honoraire  à  l'unanimité,  moins  un 
bulletin  blanc. 

COMMISSIONS. 

M.  le  Présidentnomme  une  Commission  chargée  d'étudier  les  modi« 
fieations  qu'il  peut  être  utile  d'apporter  dans  la  publication  des  Bul- 
letins de  la  Société.  Cette  Commission  sera  composée  de  MM.  Broca, 
Blot,  Lefort,  Trélat  et  Léon  Labbé. . 

Comité  de  publication  :  MM.  Broca,  Blot,  Lefort. 

Commission  des  congés  :  MM.  Boinet,  Tarnler,  Houel. 

Commission  chargée  de  faire  vn  rapport  sur  l'état  des  archives  de 
Ut  Société.  Cette  Commission,  tirée  au  sort,  est  composée  de  MM.  De- 
sormeaux ^  Després,  Depaul. 

COMMUNICATIONS. 

Régime  des  malades  dans  les  h6pUaux. 

M.  DESPRÉ3.  La  Société  de  chirurgie  a  traité,  depuis  deux  ans,  deux 
questions  importantes,  celle  de  la  construction  des  hôpitaux  et  celle 
des  maternilëè.  Il  en  est  résulté  un  travail  profitable  qui,  s'il  n'a  pas 
éclairé  les  autorités,  a,  du  moins,  été  apprécié  et  estimé  par  le  corps 
médical.  Une  autre  question  me  paraît  utile  à  juger,  celle  du  régime 
2*  série,  —  tome  ix.  3         ' 


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—  18  —       . 

alimentaire  dans  les  hôpitaux,  et  je  choisis  pour  occasion  rétablisse- 
ment d'un  nouveau  régime  dans  nos  servîèëa. 

Ce  régime,  je  me  hâle  de  le  dire,  renferme  des  améliorations  : 
ainsi,  un  peu  d'augmentation  de  certains  aliments,  de  nouf^aux  modes 
de  préparation,  etc.  Je  suis  heureux  de  le  constater  ici»  pour  montrer 
que  je  n*agis  pas  dans  un  espot  d'opposition  systématique,  si  plus 
tard  je  montre  les  côtés  défectueux  de  ce  règlement  nouveau. 

Le  régime  des  convalescents  peut  être  désigné  à  Tavance,  comme 
celui  des  soldats^  des  prisonniers  ou  des  collégiens  ;  mais  le  régime 
des  grands  malades  ne  saurait  l'être;  les  grands  malades  diffèrent 
trop  entre  eux  et  d'un  jour  à  Tautre'.  Je  crois  que,  dans  les  hôpitaux 
pas  plus  qu'en  viUe,  nous  ne  devons  laisser  à  la  ditoétion  de  per- 
sonnes non  instruites  des  choses  de  la  médecine  le  soin  de  choisir 
les  aliments.  Nous  ne  disons  point,  en  ville;  aux  garde- malades  : 
Vous  donnerez  au  blessé  100  grammes  de  paân,  20  centilitres  de  vin 
et  6  décagrammes  de  viande,  9  centilitres  de  pruneaux.  Nous  disons  : 
Vous  donnerez  une  côtelette  ou  deux  œufs  à  la  coque,  une  pomme, 
cuite  et  un  verre  à  bordeaux  devin  généreux,  et  quelquefois  un  verre 
de  bière. 

Dans  les  régimes  des  hôpitaux,  et  le  régime  nouveau  en  particu- 
lier, il  y  a  six  classes  d'alimentation  :  la  diète  au  bouillon,  Jes  potages, 
les  1*%  2%  3«  et  4®  degrés.  N'y  a-t-il  qiJie  six  classes  de  malades?  Théo- 
riquement, cela  n'est  pas,  et  en  pratique,  c'est  inadmissible.  Je  ne 
doute  pas  que  tous  ces  régimes,  observés  absolument,  ne  soient  tout 
à  fait  impraticables,  si  les  religieuses  ne  s'en  tiraient  pas  quelquefois 
sur  l'indication  du  médecin  par  des  virements,  en  retirant  à  un  ma- 
lade pour  donner  à  un  autre. 

Ainsi,  un  malade  à  1  degré,  c'est-à-dire  un  malade  qui  commence 
à  manger,  celui  que  nous  nourrissons  en  ville  avec  des  côtelettes  et 
du  beefsteak,  tel  que  l'anémique  ou  le  grand  blessé,  reçoit  ;  potage 
60  centilitres,  viande  rôtie  120  grammes  (et  par  viande  H^tie,  il  faut 
entendre  du  bœuf,  du  veau  ou  dumouton  cuits  dans  le  four).  Au  lieu 
de  viande,  on  donne  quelquefois  de  la.  volaille  ou  du  poisson  et  des 
œufs,  et  cela  sans  que  le  médecin  y  voie  rien.  Ajoutez  à  cela  ;  pain 
100  à  120  grammes,  vin  18  à  24  centilitres  et  lait  25  centilitres.  Tout 
cela,  divisé  en  trois  repas,  comme  Ta  bien  dît  M.  Trélat,  est  dînette, 
ce  n'est  pas  un  régime.  Il  vaut  mieux  donner  à  un  malade  un  morceau 
de  Tîande  et  dés  bouillons  que  des  petits  morceaux  si  différents*  Je 
n*en  finirais  pas  si  je  voulais  citer  toutes  les  maladies  auxquelles  la 
viande  rôtie  et  le  vin  peuvent  convenir  à  l'inverse  de  cette  a^n^enta* 
tion  administrative;  je  signalerai  seulement  les  graads  UeeBéf»  et  les 


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—  i^  ^ 

femnoes  ea  eondie,  les  opérés,  sans  coiapterl«s  imiividiisciea  s^rices 
d€  médedne 

Pour  ce  qm  esl  des  autres  degrés,  le  deuxième  est  quelquefois  em- 
ployé; le  aaatrièine  €bI  le  régioie  des  coavalesceDtSj  c'est-à-dire  des 
maladtes.qm  oe  k  sont  plus.  Ges  derniers  peuvent  être  soumis  à  un 
régime  déterminé  à  Favaaee.  Cependant,  comme  ce  régime  est  celfli 
des  femmes  eDceiofes,  des  syphilitiques,. et  qu'il  peut  y  avoir  des  né- 
cessités spéciates,  on  devrait  poiiv<»r  quelquefois  le  modifier.  I.es 
dysp^tiques,  les  diabétiques,  les  syphiiiliques  ont  des  variations 
d'appétit  et  des  répugnaoees  telles  que  rétroitesse  d'un  règlemeat  ne 
saurait  les  obliger  à  les  changer.  Un  détail  encore.  Certaines  malades 
arrivent  dans  mon  service  habituées  à  mai^er  2  livres  de  pain  dans 
la  journée:  le  règlement  ne  lear  accorde  que  400  grammes  de  pain,  et 
500  depuis  que  j'ai  réclamé.  On  me  répond  que  dans  le  nouveau  ré- 
gime, les  malades  ont  plos  de  vin  ;  mais  cela  n'empêche  pas  qull^y 
ait  des  indifvidtts  pour  qui  le  vin  ne  remplace  pas  le  pain»    . 

Mais  pourquoi  insister?  Il  sufât  de  poser  la  question  pour  qit'elle 
soit  résolue»  Un  régime  catégorisé,  absolu,,  oottvlent-il  peur  ie&  grands 
maladies?  Pour  ma  pari^  j'affîrme  que  nûà»  et  je  ne.  serai  pas 
contredit. 

Il  me  paarait  JASte  d'étabiit  qa*iL  y  a  deux  etosses  de  malades!  Les 
cohvalescents,  les  gens- qui  n'ont  point  de  maladies  fébriles,  peuvent 
être  soumis  à.  un  régime;  mais  les"  grands  malades  exigoit  chacun 
un  régime  spécial,  dicté  par  le  médedn.  La  viande  rôtie ^  que  tous  les 
pkysiologistes.reconnafsseBt  la  plus  caq)able  de  réparer  le  sang,  doit 
être  la  base  du  régime  des  opérés  et  des  anémiques.  Si  les  malades 
ont  l'habitude  du  lait  ou  d'une  autre  boisson,  on  doit  pouvoir  la  lêor 
dœmer.  Ceux  -qui  croient  à  Pëfûcacité  des  boissons  alcooliques  et  vi- 
neuses^ efficacité  très-réelle  poor  les  malades  habitués  au  vin,  doi- 
vent pouv(Mr  donner  celte  boisson,  même  en  quantité^plus  grande  que 
ae  le  comporté  un  règlâsient. 

Messieurs,  l'administration  se  substitue  au  médecin  dans  les  choses 
iBédteales;  die  ne  peut  y  être  compétente^  et  nous  sortirions  de  notre 
rôle  si  nous  ne  disions  point  qu'il  s'agit  id  de  la  science,  et  que  le  ré- 
gime dans  les  maladies  Sait  partie  du  traitement.  Une  décision  ayant 
pour  effet  de  réglementer  d'une  £ftçôa  absolue  le  régime  des  grands 
malades,  à  supposer  que  ce  régime  soit  possible,  ne  devrait  pas  être 
prise  dans  le  silence  du  cabinet,  pôt-eUe  être  trouvée  bonne  par  deux 
ou  trois  médecins.  Il  faudrait  l'avis  d*un  plus  grand  nombre  d'auto- 
rités scientitques  pour  juger  la  question  du  régime  dans  tons  les  hô- 
pitaux et  hospices.  Qu'une  administration  dans  des  vues  sages  d^éco- 


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V 


—  20  — 

nomie  cherche  à  réglementer  la  nourrltare,  rieo  de  mieux;  mais 
qu'elle  ne  gène  pas  le  traitement  par, des  règles  trop  étroites,  même 
approuvées  par  quelques-uns.  C'est  en  négligeant  les  préceptes  scien- 
tifiques que  nous  sommes  exposés  à  des  accidents  fâcheux,  et  pour  le 
régime,  comme  pour  la  création  de  services  temporaires,  une  action 
accomplie  en  dehors  des  médecins  a  dçs  inconvénienls  pour  ceux  qui 
sont  confiés  à  nos  soins.  Voici  un  exemple  :  L'administration  a  créé, 
à  l'hôpital  de  Lourcine,  un  service  temporaire^  sans  qu'aucun  des 
médecins  de  l'hôpital  ait  été  consulté,  et  sans  songer  qu'il  est  dange- 
reux de  placer  des  malades  atteints  de  maladies  aiguës  dans  un  hôpi- 
tal de  femmes  et  d'enfants  qui  ne  sont  pas  alités.  Aussi,  comme  pour 
nous  rappeler  que  les  enseignements  scientifiques  sont  quelque  <^ose, 
une  varioleuse,  amenée  à  rhôpital  le  14  décembre  1867  et  morte  lel6, 
a  été  le  point  de  départ  d'une  épidémie,  et  en  40  jours  nous  avons 
eu  à  l'hôpital  17  varioles.  Ne  négligeons  donc  point  notre  rôle  de  mé- 
decins, afin  de  pouvoir  dire,  ainsi  que  Moreau  à  Louis  XV,  que  mus 
Moignûns  nos  malades  d'hôpiità  comme  des  rois. 

M.  Lefoet.  Cette  question  doit  être  discutée,  non  devant  la.Société 
de  chirurgie,  mais  devant  la  Société  des  chirurgiens  des  hôpitaux. 

L«xatloH  dt  I»  aepUène  vertèbre  eervl€»le. 

M.  Panas.  X...,  24  ans,  brasseur,  grand,  bien  développé,  d'une  forte 
constitution,  entre  à  Thôpital  le  6  janvier. 

L'accident  a  été  produit  par  l'arbre  de  couche  d'une  machine  à 
vapeur,  élevé  au*dessu8  du  sol  de  tout  au  plus  un  mètre,  et  relié  à  un 
engrenage  par  une  forte  courroie  de  cuir  obliquement  dirigée. 

X...  portait  ce  jour-là  un  fort  gilet  de  laine  flottant  un  peu  sur  le 
devant.  Il  voulait  détacher  la  courroie  mise  en  mouvement  par  l'arbre 
de  couche,  sans  avoir  eu,  auparavant,  la  précaution  d'arrêter  le  mou- 
yeroeut  de  la  machine,  et  ile'approcha  assez  près  de  la  courroie  pour 
que  celle-ci  pût  saisir  son  vêtement.  Il  fut  immédiatement  entraîné 
par  le  mouvement,  et  aux  cris  qu'il  poussa,  un  de  ses  camarades,  qui 
se  trouvait  près  de  là,  accourut  et  arrêta  aussitôt  la  machine.  X...  était 
en  ce  moment  soutet^u  au  niveau  de  Tabdomen  par  l'arbre  de  couche, 
le  bras  droit  s'appuyant  sur  une  des  bandes  de  la  courroie,  et  la  tête 
penchant  vers  le  sol,  sans  qu'on  ait  pu  savoir  d'une  manière  exacte 
si  un  de  ses  bras^ou  ^n  cou  avaient  été  plus  particulièrement  soumis 
à  une  pression  ou  une  triaction  exagérées.        ^ 

Il  était  alors  sans  connaissance ^  mais  cet  état  dura  peu,  et  quand 
arriva  un  médecin,  immédiatement  mandé,  il  était  en  iHX>ie  à  un  état 


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d'excitotion  TÎolente,  poussait  des  cris,  avait  la  face  rouge  et  conges- 
tionnée. Une  saignée  abondante  fut  iàite>  et  peu  de  temps  après  on  le 
traiisporta  à  Fhôintal  (neuf  heures  du  soir). 

Bd  ce- moment,  il  était  encore  agité,  délfauit,  avait  des  mouvements 
désordonnés  dans  les  bras  et  dans  les  jambes,  et  Pinteme  de  garde* 
observa  quelques  contractions  convulsives. 

On  ne  remarqua  alors  aucune  trace  de  violence,  point  d'ecchymose. 
La  face  était  toujours  rouge,  le  pouls  fort  et  plein.  Sînapismes  sur  les 
membres  inférieurs. 

Cet  état  d'excitation  dura  jusqu'à  trois  heures  du  matin,  mais  en 
B'affaiblissant  par  degrés.  En  ce  moment  la  respiration,  qui  jusqu'alors 
avait  été  libre,  s'embarrassa  peu  à  peu,  puis  la  dyspnée  devint  très- 
inteiise,  et  le  malade^  mourut  vers  six  heures  du  matin. 

A  l'autopsie,  faite  deux  jours  après  la  mori,  on  observa  : 

Au  niveau  des  iégtimefUSy  de  fortes  .ecchymoses  sur  le  bras  droit, 
une  deuxième  sur  le  côté  droit  de  la  région  cervicale,  en  occupant  la 
moitié  de  la  circonférence,  comme  si  un  fort  lien  constricteur  avait 
été  appliqué  en  cet  endroit  pendant  la  vie.  Il  y  avait  un  sillon  de 
eonstriction,  la  peau  ayant  un  aspect  parcheminé. 

Los  poumons  sont  fortement  congestionnés  partout,  mais  principale- 
ment en  arrière,  où  leur  tissu,  quoique  crépitant  sous  la  pression 
du  doigt  comme  un  poumon  normal,  est  d*une  couleur  rouge  brun 
foncé  noirâtre. 

Les  plèvres  sont  libres  de  toute  adhérence  entre  elles;  leur  trans- 
pioence  permet  facilement  de  voir  sous  le  feuillet  séreux  des  taches 
d'un  rouge  foncé,  ecchymotiques,  nombreuses,  de  2  à  3  millimètres  de 
diamètre  environ.  . 

Uarhre  respiratoire^  ouvert  dans  toute  sa  longueur,  est  fortement 
congestionné,  et  sous  la  muqueuse,  dans  les  bronches,  la  tra- 
chée, le  larynx  et  même  surrépiglotte,  on  remarque  plusieurs  petites 
ecchymoses  en  tout  semblables  à  celles  des  plèvres. 

A  l'ouverture  du  crâney  veines  et  sinus  dé  la  dure-mère  injectés 
d'un  sang  noir  et  fluide. 

Dans  la  cavité  arachnoïdienne,  une  $ssez  grande  quantité  d'un 
liquide  sanguinolent  rouge  foncé,  plus  abondant  à  la  partie  posté- 1 
rieure,  surtout  à  la  corne  occipitale  droite;  mais  cet  épanchement  n'est 
nulle  part  nettement  limité.  La  pt^-m^e  cérébrale  est  fortement  in- 
jectée. Point  de  liquide  anormal  infiltré  dana  le  tissu  sous-arachno!dien. 

Le  cerveau  est  normal  et  ferme;  la  substance  grise  est  d'une  colora- 
tion légèrement  rosée;  la  coupe  de  la  substance  blanche  présente  un 
piqueté  rouge  assez  abondant  que  le  lavage  fait  disparaître,  et  qui 


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reparatt  aussitôt  en  pressant  légèroneot,  sur  les  côtés,  U  substonoe 
cérébrale. 

Od  rechercha  l'état  de. la  ooloniie  vertébrale;  ei  à  Kincison  4e  la 
eiMiehe  musculaire,  au  niveau  du  cou,  on  remarqua  a^e  énorme  qaan* 
tilé  de  san^  infiltré  dans  le  tissu  musciriaire.  Ce  sang  est  flyide  et 
Doir&trCf  et  en  se  rapprochant  des  vertèbres,  on  voit  qu'il  paraît  venir 
d'une  solution  de  coniinoîfé  que  l'on  remarque  à  la  ciloane  vertébrale. 

A  part  cette  lésion,  d'ailleurs,  les  muscks  sont.loin  d'être  infada; 
ils  présentent  des  déchirures  nombreuses  et  assez  étendues. 

On  enlève  une  partie  de  la  colonne  vertébrale,  comprenant  les  deux 
dernières  cervicales  et  les  trms  premi^nes  dorsales,  et  il  est  alors 
permis  de  constater  que  :. 

Il  y  a  eu  rupture  des  ligaments  jaunes  mnasaàt  la  proémineKie  à.]a 
première  dorsale; 

Rupture  des  ligaments  qui  unissent  l'articulation  que  formeai  les 
apophyses  articulaires  droites  de  ces  mêmes  vertèbres. 

A  la  partie  postérieure,  écartement  de  ces  deux  pièces  osseuses, 
atteignant  1  c^timètre  au  niveau  des  apophyses  artieiilaires  droites, 
tandis  que  l'écarlement  paraît  nul  au  niveau  de  ces  mêmes  vertèbres, 
à  gauche.  ^ 

En  vertu  de  cet  écartement  en  arrière,  les  corps  vertébraux  de  la 
proéminente  et  de  la  première  dorsale  cmt  éprouvé  en  avant  un  léger 
mouvement  de  bascule,  de  manière  à  présenter,  dans  Taxe  de  leur 
direction,  un  angle  largement  obtus  ouvert  en  avant. 

En  même  temps,  la  partie  supérieure  du  corps  de  la  première  doivale 
est  légèrement  écrasée  en  avant,  dans  uncThanteur  de  3  à4  millimètres. 

Les  corps  vertébraux  ayant  été  enlevés,  on  remarque  un  épanebenent 
eonsidéraWe  de  sang  dans  le  canal  rachidien,  marqué  davantage  en  ar- 
rière et  principalement  au  niveau  du  point  où  s*est  produit  la  luxfi^a. 

La  dure-mère  rachîdienne  est  complètement  intacte,  tnclînée  sur  la 
ligne  médiane  en  avant  et  en  arrière,  cîte  permet  de  voir  que  le  cordon 
médullaire  paraît,  au  môme  niveau,  comme  légèrement  étranglé,  et 
présente,  dans  une  hauteur  de  1  centimètre  enviiWn,  une  teintfe  viola- 
cée, ecéhymotique.  En  ce  même  peint,  le  tissu  médurtaire  est  manifes- 
tement ramolli  dans  la  môme  hauteur.' 

XiECTTURB. 

M.  DtPLAT  Jit  une  observation,  accompagnée  de  réflexions,  rrtative 
à  un  cas  de  fractinre  de  la  rotule  avec  plaie  pénéfranie  an  genou. 

Ce  travail  est  renvoyé  a  une  commissît)n  composée  de  Mil.  PerriB, 
Tillaiix,  de  Saint-Gennam. 


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-33  — 


GOMlRJIflGATiON. 


Tr^ls  •péwmâîmmm  de  rémeetUm  tàa  manillaire  iaiéBrlciir  pffnif 
des  tajw^Mirs  fibrenses  et  fibro^ptlasti^ues  de  eet  os. . 

M.  Liégeois  cocam unique  trois  observations  accompagnées  de  des- 
sins de  tumeurs  fîbro- plastiques  développées  dans  le  maxillaire  infé- 
rieur. M.  Liégeois  a  pratiqué  dans  ces  trois  cas.  la  résection  du  maxil- 
laire inférieur,  La  première  opération  a  été  faite  il  y  a  cinq  ans-,  la* 
.  seconde  il  y  a  trois  ans,  et  la  troisième  en.  i 867. 

J'ai  déjà  entretenu,  en  1864,  la  Société  d'une  de  ces  opérations. 
Après  ma  communication,  un  des  membres  prit  la  parole  pour  dire 
qu'il  serait  intéressant  de  savoir  ce  que  deviendrait  la  malade  dojot 
je  présentais  l'observation.  Eu  en  reparlant  aujourd'hui,  je  réponds 
à  cet  appel,  et  comme  l'observation  n'est  point  relatée  dans  nos  bul- 
letins, je  demande  la  permission  de  revenir  sur  les  principaux  détails- 

Première  observatian,  --  Mademoiselle  J....  habitant  Buzy  (Meuse)_j- 
âgée  de  18  ans,  se  présente  à  moi  en  1S63,  atteinte  d'une  tumeur 
considérable  du  maxillaire  inférieur  correspondant  à  la  partie  latérale 
droite  du  corps  de  la  mâchoire  et  à  la  branche  verticale  du  même 
côté.  Cette. jeune  fille  appartenait  à  une  famille  des  plus  pauvres,  et 
avait  joui  jusqu'ici  d'une.santé  parfaite.  Sa  constitution  était,  sinon 
robuste,  au  moins  bonne,  comme  llndiquaient  un  teint  coloré,  des 
ooembres  assez  développés,  l'absence  de  tout  ganglion  hypertrophié, 
une  menstruation  qui  toujours  s'était  faite  régulièrement  depuis  Tâge 
de  13  ans.  Sa  tuo^cur  datait  d'un  an  environ.,  et  avait  grossi  insensible- 
ment jusqu'à  acquérir  le  volume  du  poing.  A  l'exlérieiir,  elle  était 
uniformément  dure,  très-résistante;  quand,  an  contraire,  on  l'explo- 
rait par  la  cavité  buccHile,.elle  se  laissait  déprimer  sans  donner  lieu 
à  aucune  crépitation.  Ni  les  ganglions  sous-maxillaires,  ni  ceux  du 
cou  ne  présentaient  aucune  trace  d'engorgement.  La  mastication 
était  coosidérablement  gênée,  la  salivation  abondante,  rarticulatiou 
de8«0Qs  difâmle.  ^.       • 

Avant  de  me  prononcer  sur  la  nature  de  cette  tumeur,  Je  crus 
devoir  plonger  le  trois-quart  à  travers  la  paroi  interne,  déjpressibîe 
8du«  le  doigt.  Il  «ortît  quelques  gouttes  de  sang,  et  mon  instruno^nt 
pit  ffeaceourir  as^ez  faôileioent  tout  i'ÎAtérieur  d'une  énora^  jp ocbe^ 
Ayant  retiré  la  canule  du  trois  ^uart,  je  trouvai  dans  son  intérieur 
quelques  lambeaux  de  tisBU  longueux  mollasse  qui ,  portés  sous  le 
cimmi»  ^^  nieroscope,  me  permirent  de  reconnaître  une  quantité 


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—  24  ^ 

innombrable  de  noyaux  fibro-plastiques,  quelques  cellules  fibro- 
plastiques  et  des  fibres  de  tissu  cellulaire  en  quantité  relativement 
très-faible  par  rapport  aux  noyaux  fibro-plastiques. 

Dans  le  but  de  conserver  à  la  mâchoire  un  support  osseux,  je  réso^ 
lus  d'abord  d'ouvrir  le  kyste  et  d'enlever  la  production  morbide. 
.  Cette  idée  fut  mise  à  exécution  le  8  septembre  1863  à  Étain  (Meuse). 
Une  incision  fut  pratiquée  dans  la  direction  d'une  ligne  qui  joignait 
le  lobule  de  l'oreille  et  la  commissure  droite  de  la  bouche,  et  sur  le 
milieu  de  la  tumeur  environ,  me  proposant  de  mettre  plus  tard  cette 
incision  à  profit,  dans  le  cas  où  une  opération  plus  radicale  que  celle 
que  je  tentais  serait  nécessaire.  Arrivé  sur  la  tumeur,  je  la  disséquais 
dans  une  certaine  étendue,  puis,  avec  la  gouge  et  le  maillet,  je  faisais 
sauter  la  paroi  osseuse,  qui  pouvait  avoir  6  à  7*  millimètres  d'épais- 
seur; j'arrivai  alors  dans  une; poche  remplie  d'un  tissu  rouge&tre, 
très-vasculaire  et  d'une  mollesse  remarquable.  Â  l'aide  d'une  rugine, 
je  grattais  la  paroi  de  ce  kyste  afin  dQ  le  vider  de  son  contenu,  puis, 
avec  une  forte  serpette,  j'enlevais  la  couche  osseuse  sous-jacente, 
jusqu'à  ce  que  je  fusse  arrivé  sur  des  parties  du  tissu  spongieux  qui 
me  parurent  saines.  Le  kyste  fut  rempli  ensuite  de  charpie  et  la  plaie 
recouverte  par  une  compresse  d'eau  froide. 

Je  quittai  la  malade  à  la  fin  de  septembre,  peu  satisfait,  car  la 
cicatrisation  ne  tendait  nullement  à  se  faire,  et  le  fond  de  la  plaie 
était  rempli  de  bourgeons  charnus  qui  me  parurent  avoir  les  mêmes 
caractères  que  le  tissu  primitif  du  kyste  osseux. 

En  janvier  1864,  le  docteur  Japin,  qui  m'avait  aidé  dans  cette  opé* 
ration,  m'écrivit  que  les  craintes  que  je  lui  avais  émises  n'étaient  que 
trop  vraies,  et  que  la  tumeur  avait  actuellement  un  volume  plus  con- 
sidérable que  quafid  je  l'avais  vue  pour  la  première  fois.  Immédiate- 
ment, je  repris  le  chemin  de  la  Lorraine,  dans  le  but  de  pratfquef  la 
résection.  Cette  opération  fut  faite  le  10  janvier  avec^  l'aide  des  doc- 
teurs Japin,  Parisot,  Thiébaux,^ouan. 

On  fît  respirer  à  la  malade  quelques  gouttes  seulement  de  chloro- 
forme. L'incision  fut  faite  sur  la  cicatrice  de  la  première  opération, 
se  prolongeant,  en  arrière,  jusqu'au  lobule  de  l'oreille,  en  avant,  jus- 
qu'à la  commissure  de  la  bouche;  un  lambeau  supérieur  et  un  lam- 
beau inférieur  furent  disséqués,  le  masséter  fut  détaché  de  la  face 
externe  de  la  branche  verticale  de  la  mâchoire,  après  quoi,  la  pre- 
mière petite  molaire  fut  arrachée  et  le  maxillaire  scié  avec  la  scie  à 
chaîne.  Je  cherchai  ensuite  à  disséquer  le  périoste,  ce  qui  nie  fut 
facile,  car  il  avait  une  épaisseur  d'au  moins  un  millimètre;  cette  dis- 
section porta  le  plus  haut  possible,  jusque  Vers  le  milieu  de  la  branche 


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—  25  — 

Tcrlicale,  Puis  la  partie  supérieure  du  plérygoïdien  interne  fut  coupée 
au  niveau  de  ses  insertions  à  l'os;  le  sommet  du  muscle  temporal  filt 
détaché  de  Tapophyse  coronoïde  avec  des  ciseaux  courbes.  Enfin, 
je  cherchai  à  effectuer  la  torsion  et  l'arrachement  de  Fos,  mais  alors 
le  col  de  la  mâchoire  se  fractura.  En  vain  j'essayai  d'extraire  la  fête 
par  des  trattions  faites  à  l'aide  d'un  davier,  je  dus  aller  disséquer 
les  parties  molles  qui  entourent  le  condyle,  en  prenant  soin  de  diriger 
la  pointe  de  mon  instrument  vers  celui-ci.  Pendant  l'opération,  trois 
ou  quatre  lîgalures  d'artères  durent  être  faites;  la  malade  avait  perdu 
une  assez  grande  quantité  de  sang. 

Qpinze  points  de  sulures  métalliques  réunirent  la  plaie,  qui  fut 
ensuite  recouverte  par  une  compresse  froide. 

Le  lendemain  de  l'opération  je  quittai  la:  malade,  la  confiant  aux 
soins  du  docteur  Japia.  La  réunion  fut  immédiate  dans  toute  l'étendue 
^e  la  plaie,  excepté  dans  le  point  par  où  sortaient  les  ligatures. 

L'examen  de  laUumeur  fît  voir  que  le  kyste  s'étendait  fort  haut 
-dans  la  branche  de  la  mâchoire,  que  le  nerf  dentaire  était  ramolR  et 
détruit  en  plusieurs  points,  que  les  deux  premières  grosses  molaires 
et  la  deuxième  petite  surmontant  la  tumeur  étaient  peu  adhérentes  au 
tissu  gengival  qui  les  entourait,  que  la  portion  spongieuse  contenant 
les  parois  du  kyste  était  fortement  colorée  et  raréfiée.  Enfin,  l'examen 
microscopique  fit  reconnaître  de  nouveau,  dans  les  fongosilés  qui 
remplissaient  l'excavation,  de  nombreux  noyaux  fibro- plastiques, 
quelques  cellules  fibro-plastiques,  quelques  fibres  de  tissu  cellulaire. 

Je  revis  cette  malade  en  septembre  1864  ;  elle  avait  toutes  les  appa- 
rences d'une  bonne  santé;  elle  était  notablement  engraissée;  elle 
s'était  livrée,  avec  toute  l'ardeur  désirable,  aux  travaux  champêtres 
pendant  l'été.  La  cicatrice  était  à  peine  apparente,  si  ce  n'est  danis  le 
point  qui  donnait  passage  aux  deux  ligatures.  La  face  était  à  peine 
déviée.  En  explorant  la  portion  correspondant  au  maxillaire  enlevé^ 
je  constatai  la  présence  d'une  plaque  d'une  dureté  extraordinaire,  se 
continuant  avec  la  partie  du  maxillaire  qui  avait  été  épargnée  dans 
Topération.  Celte  plaque  s'étendait  très-haut;  on  la  sentait  à  l'exté- 
rieur jusque  un  peu  au-dessous  du  lobule  de  Foreille  ;  son  épaisseur, 
paraissait  avoir  4  à  5  millimètres.  Enfin,  malgré  l'absence  du  nerf 
dentaire,  la  sensibilité,  quoique  diminuée,  persistait  au  menton,  à  la 
lèvre  inférieure,  à  la  partie  antérieure  de  la  joae  du  côté  correspon- 
dant à  la  résection. 

A  cette  époque,  la  malade  portait  une  petite  tumeur  ganglionnaire 
dans  la  région  sous-maxillaire  du  volume  d'une  petite  noix;  cette 
tumeur,  en  partie  fluctuante,  fut  ouverte,  il  ne  s'écoula  qu'une  petite 
2«  série.  —  TOME  i^.  4 


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—  26  — 

quantité  de  pus;  elle  élait  remplie  surtout  par  des  végétations  fou- 
gueuses que  la  cautérisation  fréquemment  répétée  avec  le  nitrate 
d'argent  fit  disparaître. 

Depuis  ce  temps,  cette  malade  est  restée  dans  le  même  état;  on 
peut  se  faire  une  idée  dû  résultat  de  cette  opération,  en  examinant 
les  deux  dessins  que  je  présente  à  la  Société  :  l'un  est  le  portrait  de  la 
malade  avant  Topération,  l'autre  le  portrait  après  l'opération  ;  ce  der- 
nier ayant  été  fait  en  septembre  1864. 

Afin  d'être  bien  sûr  de  ce  que  j'avance,  j'ai  demandé  cette  semaine 
même  des  renseignements  sur  cette  malade  au  docteur  Japin.  Sa 
réponse  est  la  suivante  :  Il  n'y  a  pas  la  moindre  apparence  de  récidive, 
la  portion  enlevée  est  remplacée  par  un  tissu  d'une  dureté  osseuse, 
recouvert  d'une  gencive  d'un  blanc  nacré.  La  mastication  se  f^it  du 
côté  opéré  aussi  bien  que  de  l'autre.  La  déglutition  est  normale,  ainsi 
que  la  voix  ;  Tarticul^tion  des  sons,  très-distincte,  est  un  peu  diffé- 
rente de  ce  qu'elle  était  auparavant:  Lorsque  les  mâchoires  sont  rap- 
prochées, la  ligne  de  séparation  des  incisives  médianes  supérieures 
correspond  à  l'intervalle  qui  sépare  l'incisive  gauche  de  la  dent  canine, 
ce  qui  ferait  à  peu  près  un  centimètre  de  déviation.  Quant  à  la  sensi- 
bilité, elle  existe  partout,  seulement  elle  est  obtuse;  il  y  a  une  sorte 
d'engourdissement  de  la  peau,  plus  prononcé  près^de  la  ligne  médiane, 
et  diminuant  à  mesure  qu'on  se  rapproche  de  là  joue. 

Deuxième  observation,  —  Le  43  mars  1865,  mademoiselle  G...,  âgée 
de  29  ans,  entre  à  Saint-Louis.  Je  remplaçais  M.  Yoillemier  comme 
chirurgien  du  bureau  central.  Celte  malade,  d'une  constitution  assez 
cbétive,  a  vécu  dans  la  plus  grande  misère  en'  province,  jusqu'à  il  y  a  ^ 
un  an,  époque  où  elle  vint  à  Paris  et  se  fit  domestique;  elle  porte  une 
tumeur  volumineuse,  de  la  grosseur  d'une  petite  pomme,  dure,  élas- 
tique, adhérente  à  la  face  postérieure  de  la  mâchoire,  faisant  saillie 
dans  la  région  sus-hyoïdienne  et  dans  la  cavité  de  la  bouche,  s'éien- 
dant  en  arrière  jusque  près  de  l'os  hyoïde.  Ce  volume  a  été  atteint, 
nous  assure-t-elle,  en  un  mois.  La  tumeur  est  le  siège  d'élancements 
qui  troublent  le  sommeil  de  la  malade.  Il  y  a  impossibilité  pour  elle 
de  manger  de  la  viande  et  difficulté  d'avaler  des  potages  à  cause  du 
refoulement  de  la  langue  en  haut,  l'articulation  des  sons  est  difficile. 
Les  ganglions  du  cou  et  de  la  région  sous-maxillaire  sont  sains. 

Le  20  mars,  c'est-à-dire  sept  jours  après  son  entrée,  la  tumeur  avait 
augmenté  d'une  façon  appréciable.  Le  21  mars,  je  procède  à  l'opéra- 
tion. On  fait  respirer  à  la  malade  quelques  gouttes  de  chloroforme. 
Une  incision,  comprenant  toute  l'épaisseur  delà  lèvre  inférieure,  est 
faite  à  partir  du  bord  libre  sur  la  ligne  médiane  jusqu'au-dessous  du 


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—  21  — 

meBton.  Du  bord  inférieur  de  eetle  incision,  j*en  fais  partir  deux  au- 
tre^ Tune  à  droite,  l*autre  à  gauche,  parallèlement  à  la  branche  bori- 
zontale  de  la  mâchoire  inférieure  et  prolongée  à  peu  près  jusqu'à 
deux  travers  de  doigt  au-dessous  du  lobule  des  deux  oreilles.  Je  dis- 
.  sèque  ensuite  les  ieux  lambeaux  dans  toute  leur  étendue,  la  partie 
antérieure  de  la  mâchoire  est  alors  mise  à  nu.  A  droite,  j'enlève 
]a  troisième  dent  molaire;  à  gauche,  la  cinquième;  puis^  avec  la  scie 
à  chaîne,  je  scie  de  chaque  côté  la  mâchoire  inférieure  au  niveau  des 
alvéoles  qui  contenaient  ces  dents.  Je  détache  alors  les  muscles  qui 
'  s'insèrent  à  la  portion  du  maxillaire  séparée  par  les  deux  traits  de 
scie;  mais,  avant  de  terminer  Topération,  je  passe  un  fil  dans  le  ^in 
de  la  langue,  de  manière  à  retenir  cet  organe  en  dehors,  s'il  avait  de 
la  tendance  è.  se  porter  en  arrière.  Alors,  avec  mes  doigts,  je  sépare 
la  face  postérieure  delà  tumeur  des  adhérences  cèlluleuses  qui  la 
maintenaient  eh  contact  avec  les  parties  voisines,  et  je  Ténuclée  ainsi 
avec  la  plus  grande  facilité'  et  sans  effusion  de  sang. 

Vingt  points  de  suture  réunirent  la  plaie,  sur  laquelle  je  plaçai 
une  compresse  d'eau  froide. 

La  langue  ne  se  rétracta  pas,  ce  qui  s'explique  par  la  distension 
qu'avaient  due  éprouver  les  muscles  hypoglosses  et  génioglosses,  placés 
des  deux  côtés  de  la  tumeur,  cette  distension  leur  ayant  fait  perdre  une 
partie  de  leur  tonicité.  Le  29  mars,  époque  où  on  enleva  les  dernières 
suturés,  la  réunion  est  complète  presque  partout,  excepté  vers  le 
miireu  de  l'incision  parallèle  à  la  mâchoire;  à  ce  niveau,  la  réunion 
n'est  pas  opérée,  et  lorsque^  la  malade  boit,  le  liquide  s'échappe  en 
partie  par  cette  ouverture.  Le  8  avril ,  elle  est  pjise  d'une  variole 
discrète  qui  guérit  en  quelques  jours.  Le  16  mai,  elle  est  atteinte 
d'une  pneumonie  à  laquelle  elle  succombe.  Mais  à  cette  époque,  elle 
était  complètement  guérie,  et  n'était  retenue  dans  les  salles  que  par 
l'intérêt  que  les  sœurs  et  les  malades  lui  portaient. 

Examen  de  la  tumeur.  La  table  antérieure  du  maxillaire  parait 
saine  dans  presque  toute  son  étendue,  excepté  vers  le  bord  inférieur; 
là,  le  périoste  se  confond  avec  la  tumeur.  Pourtant,  au  niveau  de  la 
quatrième  et  de  la  cinquième  molaire,  cette  face  antérieure  est  inter- 
rofflpue*parun  prolongement  de  la  tumeur,  de  la  grosseur  d'une  noi- 
sette et  arrondie  comme  elle.  Ce  prolongement  semble  être  passé  de 
la  partie  postérieure  vers  l'antérieure,  en  détruisant  l'os  vers  le  bord 
supérieur. 

Le  bord  inférieur  du  maxillaire  est  confondu  avec  la  tumeur;  le 
bord  supérieur  est  surmonté  de  toutes  ses  dents  qui  sont  saines.  Elles 
sont  toutes  déjêtées  en  dehors,  exceptéi  la  deuxième  et  la  troisième 


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—  28  — 

molaires  gauches  qui  sont  déviées  eu  dedans.  Ces  dénis  branlent  toute» 
dans.leurs  alvéoles;  la  lamelle  du' tissu  compact  qui,  à  Fétat  normal^ 
les  recouvre  en  avant,  a  éié  détruite  par  la  compression  et  le  refoule- 
ment des  racines.  A  ce  niveau,  les  racines  ne  sont  plus  recouvertes 
que  par  la  gencive.  Celle-ci  est  mollasse  et  rouge. 

La  face  postérieure  de  la  mâchoire  se  confond  avec  la  tumeiir. 
Celle-ci  mesure  environ  huit  centimètres  en  hauteur  et  quatre  centi- 
mètres dans  son  diamètre  transversal.  Son  épaisseur  est  de  cinq  cen- 
timètres ;  elle  occupe  tout  Tespace  limité  par  deux  lignes  verlical/es  • 
qui  passeraient  à.  gauche  par  la  quatrième  molaire,  à  droite  par  la 
première.  Elle  présente  la  forme  d'un  segment  d'ovoïde,  surmonté 
de  plusieurs  cannelures.  Sa  consistaace  est  ferme,  sa  coloration  légà- 
.rement  rosée. 

Une  coupe  pratiquée  perpendiculairement  sur  la  tumeur  et  sur  Fos 
montre  que  le  corps  du  maxillaire  a  notablement  augmenté  en  épais- 
seur, aux  dépens  surtout  de  sa  partie  postérieure.  11  est  facile  de  voir 
que  celte  augmentation  est  due  à  du  tissu  osseux  de  nouvelle  forma- 
tion, on.distingue  aisément  la  limite  de  la'  portion  surajoutée.  Cette 
dernière  se  confond  avec  un»  tissu  formé  de  faisceaux  grisâtres  dis- 
tincts et  placés  les  uns  àt  côté  des  autres,  ce  qui  donne  à  ce  tissu  un 
aspect  feuilleté.  La  coupe  du  mamelon  antérieur  permet  de  recon-  . 
naître  qu?il  est  constitué  en  grande  partie  par  du  tissu  osseux  recou- 
vert par  une  couche  fibreuse,  assez  mince.  A  Texamen  microscopique, 
on  constate  la  présence  de  fibres  de  tissu  cellulaire  en  quantité  consi- 
dérable, et  dans  les  parties  superficielles  des  corps  fîbro-plastiques 
en  proportion  notable,  par  rapport  aux  fibres  de  tissu  conjonctif. 

3"  Observation.  —  Madame  B...,  âgée  de  26  ans,  est  une  femme 
d'une  constitution  chétive,  petite,  maigre,  sans  couleur,  vivant  au 
sein  de  la  plus  grande  misère.  Elle  se  présenta  à  moi  lor&  d'un  voyage 
à  ÉUain  (Meuse)^  en  4864,  portant  un  énorme  épulis  adhérant  à  la  face 
externe  de  la  mâchoire  dans  la  plus  grande  partie  de  la  moitié  gauche 
de  cet  os,  ainsi  qu'à  la  gencive,  surtout  au  niveau  de  l'alvéole  de  la 
première  grosse  molaire  vide  de  sa  dent. 

Celle  tumeur,  du  volume  d*un  gros  œuf,  fait  faire  à  la  îpue  une  . 
saillie  notable;  elle  est  d'un  rouge  assez  intense,  d'une  consistance 
fibreuse;  elle  ne  gêne  pas  les  fonctions  de  la  langue,  mais  le  rappro- 
chement des  mâchoires  est  rendu  par  elle  difficile.  De  plus,.elle  pro- 
voque une  salivation  abondante.  Les  ganglions  sous-maxillaires  ne 
9ont  point  engorgés. 

Le  25  août,  j'enlève  cette  tumeur.  Après  l'avoir  circonscrite  par 
quelques  incisions  en  arrière,  en  avant  et  en  bas,  je  porte  deux  doigti^ 


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i 


-29  - 

le  la  main  disposés  en  crochet  derrière  éHe  et  Tarrache,  ce  qui  se  fil 
très-facilemen-t  et  très-rapidement.  Après  son  ablation,  je  constatai  que 
celle  tumeur  envoyait  un  prolongement  dans  la  fossette  dentaire  cor- 
respondant à  la  grosse  molaire  absente.  A  Taide  d'une  branche  de 
ciseaux  détachée,  je  dilacéraî  ce  prolongement,  j'en  enlevai  une  partie 
avec  une  pince  à  mors  large,  puis  je  cautérisai  avec  le  crayon  de 
nitrate  d'argent. 

Vu  au  microscope,  le  tissu  de  cette  tumeur  était  constitué  presque 
exclusivement  par  des  fibres  de  tissu  conjonctîf. 

Après  cette  opération,  de  laquelle  la  malade  se  remit  rapidement,  la 
guérison  se  maintint  pendant  une  année;  au  bout  de  ce  temps  apparut 
une  tumeur  dans  Fépaisseur  même  de  la  mâchoire,  ^au-dessus  de 
îangle  gauche.  Cette  tumeur  grossit  de  plus  en  plus,  et  quand  je  revis 
cette  malade  en  septembre  1865,  c'esl-à-dîre  un  an  après  la  pre- 
mière opération,  elle  se  i!)résentait  dans  l'état  suivant  :  Uoe  partie  du 
corps  de  l'os  et  de  la  portion  inférieure  de  la  branche  verticale  parait 
dilatée  en  dehors  comme  en  dedans,  et  fait  à  l'extérieur  une  saillie  qui 
repousse  la  joue,  à  Tintérieur  une  saillie  qui  refoule  la  langue. 

Le  bord  supérieur  de 'cette  tumeur  paraît  formé  par  un  tissu  résis- 
tant, quoique  un  peu  élastique.  Le  bord  inférieur  et  les  parties  laté- 
rales inférieures  ont  une  consistance  osseuse.  Le  bord  supérieur  s'élève 
de  2  centimètres  environ  au-dessus  du  niveau  du  rebord  alvéolaire,  et 
met  ainsi  la  mâchoire  inférieure  dans  Timpossibilîté  de  se  rapprocher 
de  la  supérieure.  La  première  et  la  seconde  petite  molaire  qui  Rmitent 
cette  tumeur  en  dedans  sont  déviées  et  branlantes.  Le  bord  inférieur 
se  trouve  sur  le  même  plan  que  le  bord  inférieur  du  reste  du  corps  de 
Fos.  La  mastication  est  devenue  impossible  ;  la  malade  ne  se  nourrit 
plus  que  de  potage.  La  salivation  est  extrêmement  abondante,  l'arti- 
culation des  sons  difficile.  Les  gangHons  de  la  région  sous-maxillaire 
ne  sont  point  augmentés  de  volume. 

Notre  diagnostic  fut  le  suivant  :  tuÉueur  fifbreuse  développée  dans 
Fépaisseur  de  la  mâchoire  et  dont  le  point  de  départ  a  été  le  périoste 
àlvéolo-dentaire. 

Évidemment  il  n'y  avait  qu'un  seul  parti  à  prendre,  celui  de  faire 
la  résection.  Ge  fut  le  10  janvier  1866  que  je  la  pratiquai.  Une  Inci- 
sion verticale,  coiffprenant  toute  l'épaisseur  de  la  lèvre,  fut  faite  à 
partir  de  1  centimètre  de  la  commissure  gauche.  Cette  incision,  arrivée 
au  niveau  du  rebord  inférieur  de  la  mâchoire,  fut  prolongée  le  long 
'de  ce  rebord,  jusqu'au  niveau  dii  lobule  de  Toreille.  Pour  le  resté  de 
l'opération,  tout  se  fit  comme  pour  la  première;  seulement  je  ne  pus 
conserver  qu'une  très-petite  partie  du  périoste.  Vingt  points  de  suture 


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-30-. 

métallique  furent  posés,  la  réunion  immédiate  s'opéra  dans  toute 
rélendue  de  la  plaie,  et  la  guérison  ne  fut  entravée  que  par  un  érysi- 
pèle  qui  survint,  heureusement  après  que  la  réunion  des  bords  de  la 
plaie  était  assurée. 

La  tumeur  que  je  présente  à  la  Société  a  les  caractères  suivants  :  la 
plus  grande  partie  de  la  portion  gauche  de  la  mâchoire  et  de  la 
branche  verticale  est  transformée  en  un  tissu  blanchâtre,  de  consis- 
tance fibreuse,  présentant  çà  et  là  quelques  points  durs,  dus  à  des 
portions  de  tissu  osseux  dont  la  résorption  n'a  pas  été  effectuée  com- 
plètement. 

Les  parois  de  Tqs  ont  disparu  complètement  dans  la  partie  qui  coi;- 
respond  au  l^rd  supérieur  et  à  la  partie  supérieure  des  faces  laté- 
rales; là,  on  ne  trouve  que  le  tissu  de  nouvelle  formation.  Les  parois 
existent  encore,  mais  notablement  amincies  dans  le  reste  de  la  tumeur, 
et  se  continuent  sans  ligne  de  démarcation  accusée  avec  le  produit 
pathologique.  Le  canal  dentaire,  refoulé  à  la  partie  inférieure  de  la 
tumeur,  paraît  intact  ainsi  que  le  nerf  contenu  dans  son  intérieur 
Des  'parcelles  de  ce  tissu,  observées  au  microscope,  m'ont  permis  de 
reconnaître  qu'il  était  constitué  presque  exclusivement  par  des  fibres 
de  tissu  cellulaire  de  la  matière  amorphe,  et  de  petites  parcelles 
osseuses. 

Les  trois  tumeurs  dont  je  viens  de  parler  me  paraissent  surtout  être 
intéressantes  sous  les  points  de  vue  suivants  : 

1*  Toutes  trois  sont  constituées  par  des  éléments  des  tissus  cellu- 
laires ,  embryonnaires ,  ou  complètement  développés  ;  elles  nous 
montrent,  en  quelque  sorte,  les  trois  degrés  d'^èvolulion  d'une  seule  et 
même  tumeur  fibreuse,  celle-ci  ayant  toujours  pour  point  de  départ 
des  noyaux  embryp-plastiques,  qui  deviennent  corps  fibro-plastiques, 
puis  filaments  de  tissu  cellulaire..  ^ 

2»  Ces  trois  tumeurs  se  sont  développées  dans  les.  trois  départements 
cellulaires  de  la  mâchoire,  si  l'on. peut  ainsi  dire,  dans  lesquels  les 
fibromes  peuvent  prendre  naissance.  La  première,  très-vraisemblable- 
ment, dans  le  canal  dentaire;  la  seconde,  dans  le  périoste  qui  enve- 
loppe l'os;  la  troisième,  dans  le  périoste  alvéolo-dentaire. 

d'^  Ces ^ trois  tumeurs  ont  été  observées  chez  des  sujets  jeunes, 
18  ans,  29  ans,  26  ans;  chez  des  sujets  vivant  dans  la  plus  grande 
misère,  les  deux  seules  causes  que  l'on  puisse  invoquer  pour  leur  ap- 
parition. 

4*  Enfin,  on  peut  être  certain  que  des  deux  malades  survivantes 
la  première  est  à  l'abri  de  toute  récidive,  eu  égard  au  temps  qui  s'est 
écoulé  depuis  l'opération. 


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—  31  - 

M.  Labrbt  fait  observer  que  dans  le  livre  de  Jourdain,  on  trouve 
relatés  des  cas  analogues  au  troisième  fait  rapporté  par  M.  Liégeois. 

M.  A.  FoRGET  Parmi  le  tumeurs  qui  se  développent  da'hs  les  os 
maxillaires,  il  en  est  qui  leur  sont  communes  avec  toutes  les  autres 
parties  du  squelette;  il  en  est  d'autres,  au  contraire,  qui  lenr  sont 
spéciales  et  qui  dépendent  de  conditions  aiiatomiques  et  physiologiques 
qui  ne  se  rencontrent  que  dans  les  mâchoires. 

Cest  au  premier  genre  de  tumeurs  qu'appartient  l'une  de  celles  que 
nous  présente  M.  Liégeois,  et  qui  est  constituée  par  iine  hypergénèse 
du  périoste  citerne. 

L'autre  est  une  tumeur  propre  aux  os  maxillaires  ;  elle  est  de  tout 
point  semblable  à  celle  dont  j'ai  décrit  plusieurs  variétés  dans  ma 
thè^e  inaugurablé  sur  les  kystes  des  mâchoires. 

Procédant  du  développement  anormal  du  périoste  alvéolo-dentaîre, 
le  néoplasme  se  comporte  différemment  suivant  q^uMl  reste  inclus  à 
l'intérieur  de  Tos  îndéGniment,  ou  qu'à  une  époque  plu^  ou  moins 
éloignée  de  son  point  de  départ,  il  se  fait  jour  à  l'intérieur  de  la 
bouche  par  les  alvéoles  privées  de  leurs  dents  par  le  fait  même  de  la 
pression  incessante  et  excentrique  du  produit  morbide. 

Dans  le  premier  cas,' le  corps  de  l'os  prend  la  forme  ovoïde  et  con- 
stitue une  cavité  close  qui  enserre  de  toute  part  le  néoplasme. 

Dans  le  second  cas,  celui-ci  s'est  pédiculisé  ii  l'intérieur  d'une  ou  de 
plusieurs  alvéoles  dilatées,  et  la  portion  du  maxillaire  à  laquelle  if . 
correspond  affecte  une  forme  cylindroïde. 

Ces  tumeurs  fibreuses  adhèrent  très-intimement  à  la  paroi  osseuse 
du  k^ste;  il  y  a  comme  une  sorte  de  fusion  entre  elles  et  lui  au  moyen 
d'un  prolongement  que  j'ai  comparé,  dans  ma  thèse,  à  l'épanouisse- 
ment d'un  fort  tendon  au  point  de  son  insertion.  ^ 

Celte  disposition  différencie  ce  genre  de  tumeurs  de  celles  que  con- 
stituent exclusivement  le^  éléments  hypertrophiés  des  bulbes  dentaires. 
Ces  tumeurs,  dont  j'ai  donné  la  description  en  1860  dans  un. mémoire 
lu  à  la  Société  de  chirurgie  (avec  une  planche}  et  qui  ont  été  récem- 
inent  étudiées  par  M.  Broca,  s'enkystent  à  l'intérieur  des  alvéoles  où^ 
le  plus. souvent,  elles  ne  contractent  que  de  très-faibles  adhérences,  y 
restant  plus  généralement  libres  et  isolées. 

J'ai  eu  l'occasion  de  mettre  sous  les  yeux  de  la  Société  de  chirurgie 
une  fort  belle  planche  reproduisant  le  dessin  ^d'une  tumeur  de  ce 
genre  qui  lui  avait  été  adressée  par  M.  Letenneur  (de  Nantes). 

Les  tumeurs  fibreuses  ou  fibroplastiques  du  premier  ordre  ont  des 
rapports  variables  avec  les  nerfs  et  les  vaisseaux  maxillaires,  suivant 
l'époque  de  leur  développement  à  laquelle  on  les  observe.  Le  plus 


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-  32  - 

généraJement  eUes  n'ont  aucun  rapport  de  CQntact  avec  le  nerf  den- 
taire, le  canal  de  ce  nom  restant  intact  dans  la  base  de  Tos  tant  que 
la  tumeuc^'a  pas  acquis  une  ampliation  considérable.  Sur  deux  ma- 
lades que  j'ai  observés,  par  suite  des  progrès  de  la  maladie  et  de 
ramincissement  du  tissu  osseux,  le  plancher  du  canal  dentaire  avait 
été  détruit  et  le  contact  de  la  tumeur  avec  le  nerf  déterminait  les  plus 
vives  douleurs  à  la  moindre  pression-  C'est  ainsi  qu'indolores  à  Ja 
première  phase  de  leur  existence,  ces  tumeurs  peuvent  être  plus  tard 
très-douloureuses. 

Quant  au  traitement,  il  serait  insuffisant  si  on  se  bornait  à  arracher 
la  tumeur  faisant  saillie  t^-dessus  des  alvéoles  et  à  cautériser  super- 
ficiellement la  portion  restante  de  celle-ci.  C'est  pour  avoir  agi  de  la 
sorte  que  Ton  a  eu  souvent  des  récidives.  Dupuytren  conseilLait 
d'éteindre  plusieurs  xîautères  à  l'intérieur  de  ces  kystes  osseux.  Cette 
précaution  peut  aus?i  être  insuffisante;  le  plus  sûr  en  pareil  cas  est 
d'enlever,  comme  je  l'ai  vu  faire  à  Lisfranc  et  comme  je  l'ai  fait  moi- 
même,  le  plan  osseux  qui  sert  d'implantation  au  néoplasme.  Toute- 
fois, la  nature  homéomorphe  de  celui-ci  et  TintégriLé  de  la  base  de 
l'os  maxillaire  dont  la  continuité  est  conservée,  me  paraissent  devoir 
prescrire  le  plus  souvent  de  conserver  l'os  et  de  réserver  la  résection 
pour  les  cas  extrêmes. 

M.  Demarqcay.  J'ai  suivi  une  malade  qui  avait  été  opérée  pa? 
Blandin^  et  chez  laquelle  on  avait  enlevé  toute  la  portion  d'os  au 
ïiiveau  de  laquelle  la  tumeur  avait  pris  naissance.  La  récidive  eut  lieu 
cependant,  et  cette  fois  il  fallut  pratiquer  la  résection  d'une  moitié  du 
maxillaire.  Dix  ans  après  j'ai  revu  la  malade;  la  guérîson  s'était- 
maintenue  et  les  mouvements  des  muscles  de  la  face  s'étaient  rétablis, 
quoique  pendant  l'opération  le  nerf  facial  eût  été  coupé. 

M.  Liégeois  insiste  sur  pe  fait,  que  dans  le  cas  dont  il  a  donné  la 
relation,  le  point  de  départ  des  tumeurs  paraît  bien  être  le  péridsle 
alYéoJo-deataire.  .    . 


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PRÉSENTATION  d'iNSTRCHSNTS. 


H.  DEMARQrAT  a  fait  construire  par  M.  Gaiaate,  une  série  de 
cathéters  de  différents  volumes,  qui  ont  pour  but  de  faciliter 
Turéthrotomie  externe  sur  .conducteur.  Sur 
chacun  de  ces  cathéters  se  monte,  un  cur- 
seur en  forme  d'olive,  pointu  inférieure- 
ment,  et  sur  lequel  on  a  ménagé  une  canne- 
lure. 

Le  conducteur  étant  introduit  dans  la  vessie, 
le  curseur  fait  facilement  reconnaître  le  rétré- 
cissement e(  s'engage  en  partie  dans  ce  derf 
nier,  ce  qui  permet  de  l'inciser  sur  la  rainure 
du  curseur. 

L'opération  terminée  avec  ce  même  curseur, 
on  explore  le  cmal  comme  avec  une  bougie  à 
boule,  et  on  s'assure  ainsi'  qu'il  n'existe  plus 
de  portion  rétrécie. 

Gela  fait,  il  s'agit,  d'introduire  une  sonde, 
dans  la  vessie;  pour  arriver  à  ce  résultat, 
laissant  le  conducteur  en  place',  on  enlève  le 
curseur,  et  à  l'extrémité  supérieure  du  con- 
ducteur on  adapte  une  simple  ti^  qui,  faisant 
corps  avec  le  cathéter,  penoet  de  faire  glisser 
jusque  dans  la  vessie  une  sonde  percée  à  son 
extrémité.  On  peut  dès  lors  enlever  1^  con- 
ducteur. 

Grâce  à  cet  instrument,  les  deux  difficultés 
que  présente  l'uréthrotomie  sont  vaincues ,  à 
savoir  : 

1»  Reconoaitre  le  siège  et  l'étendue  du 
rétrécissement;  2°  introduire  une  sonde  dans  la   vessie  après  l'opé 
ration. 

La  séance  est  levée  à  cinq  heures  et  demie. 

Le  Secrétaire,  D'  Léon  Labbé. 


2*  série,  —  tome  ix. 


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IPrésldeBae  «e  M.  LE«»I]K9T 


La  sétnce  tst  osverte  "â  trofs  htrares  et  demie. 

Le  procès-'irerlial  de  la  précédente  séance  est  la  et  adopté. 

CORRESPONDANCE. 

La  coirespoDdaiKse  comprend  : 

—  Qosatre  yolumes  (1  à  IV)  de  Meâ,  Ob».  and  Inquities  de  la  Société 
des  médecins  de  Londfes,  et  le  tome  t**  des  Rapports  de  Lùndon  hos-  '■ 
pî^fli,  offerts  à  la  Société  par  M.  Gfraldès.  ' 

—  Le»  journaux  de  la  scroaftre. 

—  Le  Bulletin  de  Thérapeutique.  ^ 
^  Le  Bulletin  dé  la  Çm^ê  de  méêecifie  êe  Marê^Me. 

—  Le  5ttd  médical  de  BarsêlHe. 

-^  La  Gazette  fHédieale  de  Sfrmlfmrg. 

—  Le  troisième  fascievie  lin  tome  ¥1  des  métMtres  da  Sêvaitis 
étrangen,  publiés  par  rAeaéémie  rajale  de  médedne  de  Weèg\(p»e, 

—  Note  mr  les  polypeê  fàrreux  é$  i-iOêrm^  par  M.  Anoeiot,  membre 
correspondant  de  la  Société. 

—  M.  Rouge,  chirurgieii  en^hef  ^eifiôpHaleanlcaial  de  Laosaime, 
adresse  plusieurs  lirochures  : 

Perforadm  du  palais  et  fokihplêsik.  ^  Auf9pUmlies  éwerses  de  la 
face.  —  Quelques  mots  sur  ViKfétiretome  tulente,  *—  ÂnivrHme  popUttè 
guéri  par  la  compression  indirecte  et  iniermitfente,  —  La  cblleetioti 
pour  i867  du  Bulletin  de  ta  9oeiêtévatiÀoite  ée  midêeim. 

—  M.  LE  Président  déclare  vacante  une  place  de  membre  ttto* 
. laire.  .      . 

comnwicATioN. 

Fraetares  arttenlalre»,  véoeetioBS. 

M.  YfiRNEUiL,  à  Toccasion  4e  la  communication  faite  dans  la  der- 
nière séance  par  M.  Duplay,  sur  le  traitement  des  plaies  des  articula* 


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«Qëde  ]^r.m«  plsôê  fénétraile,  mmÊÊfàjsak  éBêntHmetf  ■éb'SmUà' 
culalion  da  coude.  •  './.:•).. 

Le  nommé  X...,  f7  an»,  vigouimi.  Mm  pirtaol,  icçoft^  leiB  août 
t«<7,  wi  Moc  de  fiâermpesiMt,.  mt  ie  o5lé  ttteme  «t  pottérwarf  da 
«oude.  n  en  réralte  uns  ^e  k  lambeM  tagoada  12  à  15  ontif 
teèlres  et  mettant  à  m  la  région  eimne  dm  coude.  U  ezîMaity  éa 
même  temps,  un  d^ilemeot  èltmdn  en  liaat,'  ea  Im»  et  da  cOtkét 
V^iMm.  Les  oiiwmMieiifa  du  eonde  éiiieiit  fadlw,  apo  doaiouwfnx. 

Oa  4liigoo8tl9ua  ttoe  pialê  almple,  «t  oa  mit  en  «âge  yirrigatiea 
•eoafîiHie,  sane  tenter  de  rappMMiier  les  lènei  dola  plaie. 

B  Bemr^iBt  pas  ^aeddeote  pendant  le»  preaieri  jautM,  La  qaa^ 
4v%ne,  en  ebaM^a  uae  raogear  ditiBaefai  oa  i^flenieat <ieldulo  la 
partie  décollée.  Une  eontre-ouyerture  fut  pratiquée  du  «Mé  éa\Mi- 
«rine, et leseatapUMmosauÉMiitaés à finigatioa  coatiniie* il n'aiis- 
^ît  pes  alore  de'sympftaeB  géoénrat. 

Le  %  €epfe»Aife,  duhuitièfM  m  itâhm  joar,  ftinonâ,  ttmo» 
gCMiifenent  pfitegvnoaeux  trè^^oMidémblé,  e^élOQdwt  on  haat  jasqoe 
vers  le  deltoïde,  en  bas  jusqu'au  tiers  moyen  de  ravant-brag^  doa^ 
jeiff  dans  les  noepftemeètsç  Isiateaoirftieada  laaiboaii  ialoraa;  nkp- 
Itétaee;  sofT;  éfiat  général' asMc  alafauail. 

Texplore  dé  aooireaii  la  région,  eH  j^eoattate  aao  tacftare  de  Végih 
^eoaéffe  er  vaeaavertnre  étioifis  de  l'aitioolatNQ  da  «onde  m  aiTOau 
(fe  son  coId  cattvne. 

le  me  déeiie  vmcBédiâfiêaieBt  à  iMira  la  résodieB^  Ifcés  avoir  pria 
J'airis  de  mon  éminent  collègue,  le  docteur  Yanzetti. 

La  plaie  formait  nne>  ifleiséon  aatafoUe  sur  le  boni  «alcrao  de  Har- 
licie.  J'y  jotas  une  IndsMi  perpeoèicalam  paoaaat  aa  nlftau  ée 
d'dléerftae  «t  dépassant  iMfte  apopl^so  an  dtdaas.  Le  bisloari  n^inté- 
resse  CaiHlMM  qu'un  i^meat  menaeé  de  spluMSèle  et  qui^  en  «At, 
se  morISâa  ^a  grande*  parllB^ 

ropérafkm  ftit  titolaftorîeaee  &  emiso  de  taétftaa  «oUditédm 
llgam^ts.  Je  n'enlevai  abselomeni  qae  les  snvûkoes  arlioBlaifaB, 
T^est^à-dlre  l^uméruo  au  nivettii  d'une  Mgtie  réunissaal  le  ecatvo  de 
répicoodyie-  «Ide  l'épitrodilée,  puis  la  capote  radiale  ot  le  eidiitaB 
an  même  airean,  en  respectant  k9  insertions  du  lira(âiiai  antérieur. 

Je  plaoe  ie  bras  dans  ht  demi-flexion,  et  je  laisse  la  |(laie  avticalasre 
iatgement  «avorte.  Pansement  avec  TaloGol  camphré  et  la  liqaeur  de 
<LMNBTaqao. 

Us  aceièents  iiiflaiïnnaioîres  locanx  et  les  sjmptémes  généraax 
tombent  daas  Ifes  trois  jours  suivants.  Au  cinquième  joor,  je  ne  ocai* 


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**—  36  — 

f^ftis.pH»  rieo  pwr  la  vje.i.L'esdbare  tombe  et  met  à  bu  JargemenC 
rextrémité  ifilérieure  de  rhosiéftts;  il  eo  résulte  une  large  plaie  qui 
se  couvre  bientôt  de  belles  granulations. 

.'.  Le  membre  reste  dans.ia  goutlîère  à  angle,  drdt  pendant  un  mois; 
au  bout  de  ce. temps,  je  le  rediresse  pour  rapprocher  les. bords  de  la 
plaie.  A  la  cinquième  semaine,  le  bras  était  si  solide  et  la  coaptation 
si  exacte»  que,  le  malade  pouvait  sortir  lui-même  le  membre  4e  la 
gouttière,  sans  avoir  besoin  de  le  soutenir. 

.  .  Je'  commençai  alors  à  faire  exécuter  des  mouvements,  mais  avec 
modération,  pour  ne  pas  entraver  la  cicatrisation  de  la  plaie., Ces 
mouvements  se  faisaient  dans  retendue  de  30  d^rés  au  moins.  J'en- 
voie alors  le  malade  à  Yincennes,  parce  que  des  érysipèies  régnaient 
dans  les  salles.  Je  lui  recommande  expressément  de  continuer  à  piobi- 
liserson  bras.  ^      . . 

Ce  malade  %st  venu  me  voir  dans  le  mois  de  janvier^  à  peu  près 
complètement  guéri;  mais  le  membre  a  pecdu  de  sa  mobilité.  Il 
«ctaiaie  une  cicatrice. adlérente  au  niveau,  de  l'humérus;  le  membre 
eirt  flécbi  à  an^^  obtus.  Je*  me  propose  de.  le  mobiliser  ultérieu'- 
iment. .  ...  "*     . 

Je  cefnmunique  cette  observation  comme  exemple  de  Tefficacité  de 
la  résection  dans  les^  cas  de  ]^ai^  articulaire,  lorsque  Tarthrite  puru- 
tonte  et  le:.pëlegasoa  de  voisifiage  se  sont  développés. 

Les  phénomènes  Iocmix  et  généraux,  cèdent  très-promptemenl. 
Ce  fait  tend  également  à  prouver  que  Ton  remédie  très-bien  aux  acci- 
pents  en  faisant  ropération  au  moment  même  où  ceux-là  sont  déjà 
développés. 

-  On  peut  donc  attendre  dans  les  cas  de  plaie  articulaire  et  ne  pas 
jeéséquer  d'emblée,  à  moins  de  délabrement  considérable, 

M.:.Gij£am  a'iongtemps  professé  l'opinion  de  M.  Yerneuil  sur  les 
résections;  mais,  depuis,  il  a  modifié  sa  pratique  et  a  obtenu  de  beaux 
succès,  grâce  au  drainage,  dont  il  faut  rapporter  Tbooneur  à  M«  Chas- 
saignae«  Le  drainage  est  un  moyen  puissant  à  mettre  en  usage,  dans 
les  plaies  arti<ïulaires  et  les  abcè»  des  articulations. 

Dernièretoent,  M.  Guérin  a  dû  traiter  unç  grande  collection  puru- 
lente du  genou.  Il  a  pratiqué  le  drainage,  des  lavages  ont  pu  alors 
être  faits  sans  difficulté;  la  suppuration  s'est  écoulée  facilement  ;  il 
n'y  a  pas  eu  de  fétidité,  et  le  malade  est  en  voie  de  guérison. 

M.,  tiuérin  a  encore^  dans  son  service,  un  homme  qui  a  eu  une 
plaie  étendue  du  bras  et  unet  suppuration  de  l'articulation  du  coude 
qui  a  été  vaincue  par  le  drainage.  Sans^  ce- moyen,  il  e^i  fallu  avoir 
recours  à  la  résection  ou  à  l'amputation,  oii  le  malade  eût  succombé. 


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^91  — 

.  .  C0ASSAIGNAC.  Ce  que  vient  de  dire  M.  Guérin  me  di^)eMe  de 
discuter,  avec  M.  Yeroeuil,  couire  ce  qu'il  y  a  de  trop  absolu  daqs 
set  conclusions.  Déjà,  diaprés  les  faits  de  ma  pratique  et  celte  d'autre» 
chirurgiens,  je  rejette  la  résection,  au  moins  de  prime  abord.  11  faut 
essayer,  comme  moyen  de  transition,  le  drainage,  et  ce  moyen  peut 
devenir  définitif. 

M..  Blqt,  Il  y  a  quelques  années»  a  lu  un  travail,  très-favorable 
à  mon  opinion.  11  a  prouvé  qu'après  l'emploi  du  drainage,  dans  des 
cas  de  suppuration  articulaire,  les  mouvements  s*ètaient  complètement 
rétablis. 

Le  point  important,  c'est  d'agir  de  bonne  heure,  d*une  façon  hâtive. 
.  M.  Pbrrin.  Je  voudrais  que  M.  Yerneuii  précisât  son  précepte,  et 
qu'au  lieu  de  dire  :  «  Il  faut  pratiquer  la  résection  au  moment  où 
apparaissent  les  accidents  articulaires,  »  il  dise  plus  radicalement  : 
«  Il  faut  réséquer  dans  tous  les  cas  de  plaies  des  articulations,  car.  il 
est  rare  qu'on  n'ait  pas  d*accidents  articulaires.  » 

Quant  à  mon  opinion  personnelle,  relativement  à  l'opportunité  de 
la  résection,  je  la  réserve  entièrement. 

M.  GuTON.  J'ai  pu  obtenir  dernièrement  un  beau  succès  à  la  suite 
de  l'emploi  du  dramage  dans  un  cas  de  plaie  du  genou.  J'avais  pra- 
tiqué le  redressement  pour  une  arthrite  purulente,  je  fis  ensuite  une 
ponction,  et  il  s'en  suivit  une  amélioration.  Les  accidents  ayapt 
reparu^  M.  Després,  qui  me  remplaçait,  pratiqua  le  drainage  et  le 
malade  guérit  parfaitement. 

,  M.  Tbélat.  M.  Yerneuii  nous  a  présenté  an  malade  atteint  de  plaie 
du  coude  avec  fracture,  chez  lequel  il  a  pratiqué  avec  succès  la 
résection,  et  il  a  bien  fait;  mais  de  là  à  ériger  en  principe  la  résection 
dans  le  eas  de  plaie  articulaire,  il  y  a  une  grande  distance.  Il  faut 
^^iser  quelles  sont  les  articulations  lésées  et  ne  poser  de  préceptes 
que  pour  chaque  articulation  en  particulier. 

Ainsi  la  résection,  favorable  pour  le  coude,  serait  mauvaise  pour  le 
genou  et  ne  devra  être  tentée  qu'exceptionnellement  pour  l'articula- 
tion tibio-tarsienne. 

Le  drainagid  est  un  moyen  très-utile,  auquel  j'ai  fréquemment 
recours,  mais  il  rentre  dans  la  méthode  plus  -générale  des  incisions 
évacuantes. 

M.  DsMABguAT.  M.  Yerneuii  a-t-il  pu  décoller  le  périoste  dans  le 
cas  où  il  a  opéré  sur  un  sujet  sain? 

M.  Ybbnbuil.  Je  n'ai  réséqué  que  les  parties  articulaires;  et  je  ne 
me  siûs  pas  attaqué  aux  parties  recouvertes  de  périoste.  La  question 
de  conservation  du  périoste  n'a  pas  été  posée  dans  ce  cas. 


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-«-«  3BS  -î— • 

'M.  Devarqtat.  le  regrette  que  M.Téfneitfl  tt'kit  pas^f«it  de  tenta- 
âves'  àe  eonsenratkm  du  périoste.  Dans  la  dernière  eooM&oQiealkw 
fellê  par  M.  OMer,  à  la  Sodèté  d«  fâi^rgfe,  ce  dnirargi«n  a  dii  avoir 
en  eears  d*<>bfienralioii  ufi  malaée  «^lez  leqad^  il  ardt  prafiqné,  à  fa 
stdte  éTtra  traotnatisnie,  ht  résection  tf&fo-tarsieime.  If  avait  pa,  ciiez 
ce  malade,  disséquer  le  périoste  et  rétablir  les  surfaces  arffeuiaire^. 
J'ai  tenté  des  résections  de  ee  genre,  et  je  n'ai  pas  été  amssf  heureux 
qne  M.  Ollier.  Je  me  demande  comment,  à  Lyon»  on  obtient  ce  qnf  ne 
peut  être  oMenn  à  Paris,  fedédare  cpie,  pour  mon  compte,  je  n'aî" 
jamais  pu  décoller  le  périoste  d'un  os  sain,  surtout  au  vcdsfnage 
dès  articula^ns,  sans  produire  des  dlélabrements  très-consfdéirables. 

M.  Tbbnhoil.  Je  voudrais  qtf  on  distinguât  Remploi  dti  drainage 
dans  les  abcè»  articnfotres,  de  la  résection  appliquée  aux  cas  de  plaies" 
articulaires  avec  fracture. 

M.  Blot.  h  y  a  dfes  cas  ûh;  malgré-  Ites'  acdéenfii  généraur  les  plus 
graves,  on  obtient  la  guêrison  ^artftrit^  suppnrées  par  de  h^s 
incisions.  I^ai: observa  on  dé  ces  faite  dans  Vu  sertice  de  H.  Nélaton^  à 
la  Clinique.  • 

H  faudrait  indiquerrigoureusemenf  ifens  qnefe  cas  fa  résection  doit 
&re  mise  en  usage,  dans'  qnel  cas  te  drainage  doit  être  utjle.  H  fkut 
teiiîr  compte  de  la  question  du  rélaMissement  des  mouvementsl 

On  peut  se  demander,  dans  le  cas  de  M.  VerneBîî,  sî  c'est  la  résec- 
tion ou  bien  seulement  les  larges  débrîdemettts  qui  Tout  accompagnée; 
vqui  ont  fait  tomber  les  accidents  généraux. 

M.  Larrev.  Tai  recherché  db  tous  cétés,  depuis  deux  ans,  des 
•Observations  complètes  el  probantes  de  ces  soirCes  de  lésions,  surtout 
en  ce  qui  concerne  Farâcniation  dtr  genou*  J'aî  vu  qu'on'  pouvaft 
obfenir  des  succès  trê»-teattendus  dans  un  grand'nond}re  de  eas^.  Ces^ 
sucQ^  commandent  une  certaine'  réserve  dans  Pappticatien  <fe  ift: 
résection  et  de  l'amputation.  Il  faut  d'abord  foire  usage  de  toutes  les 
ressources  dont  nous  pouvons  dispeser. 

fi  finit  bien,  dans  ces  cas,  m  garder  de  confondre  Vexpectation  avec 
la  chirurgie  conservatrice,  La  première  semble  être  oisive,  inactive; 
là  seconde  doit,  par  les  efforts  les  plu»  actifs,  les  plus  énergiques, 
iâcher  d'éviter  les  opérations. 

M.  Lefort.  m.  Yerneuil  nous  a  présenté  un  malade  qui  avait  eu 
une  fhicture  du  coude  avec  plaie  pénétrante.  Au  dhiiène- jour 
de  la  blessure,  deuxième  jour  des  acâdeirts,  il  a  réséqué.  Que  iallliit4l' 
ftm-e? 

La  fracture  n*întéressaît  que  féplcondyle.  Pà!laft-il-fafrealorsdélft 
chirurgie  conservatrice,  faire  des  incisions,  ou  pratiquer  la  tésee*' 


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aussi  largement  rarliculation  qa*au  niyektcém^^ttum*  SI  la  néBMkm 
AWt  dâ  $U^  pisali^ée,  pàk^  <te  l'4tarÀùa,  «a^lvett  eût  .«u|^     / 

Ndtu.8«v#&s  qoe  ka  ampotatiipia,  les  n^eeetioaa  laitea  a^  laoumi  4a 
lafiè?re,  donnent  de  mauvais  résultats;  aussi,  je  crois  qoe,  dans  )0l 
4ûrcoii8taoces  oà  se  trouvât  M«  YerDeui),  11  eût  mieux  valu  ne  foire 
que  des  débridements,  du  drainage  oa  4e  Tirrigation  continue;  mais 
pas  la  résection.  CependaiU«  ce^fait  prouve  qu'on  peut  guérir  les 
malades  dans  ces  conditions.  ,  .         ^ 

M.  Panas.  J'ai  réséqué  un  eoude,  pour  cause  traumaiique.  Il  exis: 
tait  une  fracture  intra-articulaire  multiple,  avec  plaie  de  rarliculation, 
contusion  violente. 

La  résection,  a  porté  sur  les  trois -os.  Je  pensais  mettre  aihsi  mon 
malade  à  l'abri  d'accidents  formidables,  mais  il  a  succombé  à  la 
suite  du  développeme^  d'iu»  pl^egociOQ  étendu  et  de  fusées  purulentes. 

La  résection  avait  été  faite  trois  jours  après  Taccident,  avant  que  la 
réaction  inflammatoire  fût  violente.  J'indique  ce  fait  pour  l'ojpposer 
aux  faits  favorables  cités  par  M.  Verneuil.  § 

M.  Verneuil.  J'entends  parler  ici  des  plaies  articulaires  compli- 
jquées  de  fractures.  Je  demande  ce  que  j'aurais  pu  faire  dans  le  cas 
actuel.  Mon  malade  arrive  avec  un  traumatisme  grave  On  pratique 
rîrrfgation^  Surviennent  les  phénomènes  inflammatoires»  on  fait  des 
ouvertures.  Alors  se  développent  des  accidents  généraux,  graves; 
c^est  à  ce  moment  que  j'explore  de  nouveau  la  plaie  avec  mes  doigts 
et  que  je  constate  la  fracture. 

J'ai  pensé  qu'on  ne  pouvait  pas  mettre  un  drain  entre  les  surfaces 
articulaires  du  coude.  Je  crois  également  qu'on  ne  peut  diviser,  ouvrir 
largement  Tarticulation  du  coude.  Restait  la  résection  :  en  réséquant 
^jBHuIement  Tolécrâne,  fopérafion  n'eût  pas  été  suffisante  pour  ouvrir 
k^^$ment  l'articulation.  J'avais  déjà  obtenu  trois  succès,  à  la  suite 
âe%  résection  des  trois  os;  fat  agi  de  même  dans  >ee  quatrième  eas, 
ctj'kl'yénssi.  \    ! 

E6  I^Sbà!  dans  les  este  de*  fractunfes  graves  du  coude,  Ton.  a  le  plus 
souvent  un  cal  vicieux,  et  une  ankyiese  consécutive;  les  malades 
suppurent  longtemps,  et,  slîs- guérissent,  iftsl  avec  un  eoude  éétes. 
table; 

l^aiis  ces  eireonttanees,  la  rèséctiofi  n'augmente  pas  les  dbances  de 
Mm.  Chez  monmalade,  les  sytnpt(ymes  étaient  fbrmiéaliies,  6t tous 
«MH^édé  après  l'èpéMttieB. 

H.  VW«BT.  Je  Tondnds  sarnwr  ^Êti  était  etaeteasein  fétail  des  «tir«- 
fuecs  «dj^aWsef  que  M*  Vonunil  a:  eatevé^  La  pbàogvoii  ji  gif&ve 


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qu'on  ft  observé  ayaiHl  pour  point  de  départ  l'artiéulationY  Y  avait^il 

dupuf  dansFarticulation?  •  • 

M.  TaéLAT.  Dans  le  cas  partiéulier  dont  il  s'agit,  vu  l*état  des 
choses,  j'es^time  que  M.  Yerneoil  a  bien  agi;  mais  il  né  faudrait  pas 
généraliser. 

M.  Yerneuil.  Les  surfaces  articulaires  étaient  extrêmement  serrées 
et  il  n'y  avait  pas  de  pus  dans  l'articulation. 

M.  Deiiarquat.  m.  Yerneuil  a  surtout  été  entraîné  à  pratiquer  la 
résection  par  l'intensité  des  phénomènes  d'étranglement.  Eh  bien, 
des  incisions,  des  débridements  à  l'air  libre,  à  l'aide  d'un  ténotôme, 
auraient  pu  vaincre  l'étranglement.  Cette  pratique,  qui  était  suivie 
par  Rop,  par  Blandin,  m'a  réussi  dans  un  cas  de  plaie  du  genou. 

PRÉSENTATION  DE  PIEGES. 
Tumears    à  myéloplaxes* 

M.  GuERiN  présente  une  tumeur  à  myélopîaxes.  |1  s'agit  d'une  épu- 
lis,  qui  avait  pris  naissance  dans  le  périoste  alvéolo-dentaire.de  la 
mâchoire  supérieure,  ce  qui  semble  en  contradiction  avec  Topinion 
des  micrographes  et  en  particulier  de  M.  Charles  Robin,  M.  Guérin  a 
enlevé  la  dçnt  et  l'os  qui  entourait  l'implantation  de  la  tumeur  dans 
une  très-grande  étendue,  pour  éviter  la  récidive.  Le  point  d'implan- 
tation était  sur  la  dent;  en  enlevant  celle-ci  de  bonne  heure,  on  aurait 
eu  grande  chance  d'enlever  tout  le  mal. 

M.  GuYON  a  enlevé  tout  récemment  une  épulis  à  myélopîaxes  de  la 
mâchoire  supérieure.  Il  rappelle  la  thèse  de  M.  Nélaton,  neveu,  qui  a 
publié  un  grand  nombre  de  faits  de  cette  nature.  ' 

M.  Lbon  Labiub*  m.  Eugène  Nélaton  a,  depuis  1860,  époque,. à 
laquelle  il  a  soutenu  sa  thèse,  tenu  les  chirurgiens  au  courant  du 
résultat'  définitif  des  opérations  qui  avaient  été  pratiquées  chez  les 
malades  dont  il  a  tracé  l'histoire.  En  1865,  il  a  fait  connaître  l'état  de 
ces  pialades,  et  dernièrement  il  a  fourni  de  nouveaux  renseignements 
sur  ce  sujet.  Les  résultats  qu'il  a  constatés  démontrent  que  les  tumeurs 
à  myélopîaxes  sont  essentiellement  bénignes.  Elles  Ae  récidivent  pas 
lorsqu'on  a  eu  le  soin  de  dépasser  les  limites  du  mal.  -         .. 

M.  L ARRET  a  publié,  il  y  a  bien  des  années,  un  cas  d'épulis,  dans 
lequel  il  a  cautérisé  assez  énérgiquemeut  la  surface  d'implantattoa. 

M.  FoiiGBT  ne  croit  pas  que  l'on  cbonaisse  bien  l'élément  génésrqiift 


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—  il  — 

de  «es  limenrs.iee^i.ttifiÂqsâriit  kt  éifiëteMit  que  Vm  peut 
observa  au  peîot  4e  wo  de  la  réeidive; 

Autrefeiîa»  on  oeotodait  lentes  ces  tumeurs  sous  le  nom  de  sar- 
come. Gepeadant  dès  lors  ouïes  enlevait  largement,  et,  aaas  eom^ttre 
la  natuie  d^  la  maladie,  on  ag^sait  comme  si  ou  la  eoaoaissait« 

PfilêSBMTATION  M  MALADE. 

Stai^bjldiiie  pellnelde  de  to  Cernée. 

M.  Metjsr.  Le  malade  que  j'ai  Thomieiir  de  présenter  à  ^' 
Société  de  chirurgie  a  été  atteint  d'un  staphylôme  de  la^ 
cornée  dont  les  premiers  symptômes  remontent  à  plus  de  sept 
ans.  À  cette  époque,  le  malade ,  s' apercevant  que  sa  vue  M" 
bllssait  de  plus  en  plus,  vint  à  Paris  consulter  notre  regretté 
confrère  M.  Follîn ,  qui,  diaguoeliquaDt  invonédiatanent  le 
kératoconus,  conseilla  le  repos  des  jeux,  Tusage  des  lunettes 
slénopéiques,  et  dît  franchement  au  malade  qu'il  n'y  avait  rien 
à  faire.  Et,  en  effet,  les  moyens  connus  jusqu'alors  tentaient 
toujours  à  neutraliser  autant  que  possible  les  effets  funestes 
que  l'affeclion  de  la  cornée  exerce  sur  la  vision,  ou  à  empêcher 
les  progrès  du  stapjiylôme  sans  attaquer  ce  dernier  même.  On 
avait  bien  proposé  d'exciser  une  portion  de  hfi  cornée  avec  ou 
sans  suture  consécutive,  mais  ces  opéra^ons,  devant  néces- 
sairement mettre  forgane  en  danger^  n*avaîent  jamais  été 
exécutées.  Ce  n'est  qu'en  1866  que  H.  de  Graefe  conseilla  une 
nouvelle  méthode,  se  basant  sûr  l'aplatissement  de  la  cornée 
que  Ton  voit  survenir  après  des  abcès  de  eette  membrane,  et 
publia  en  m^me  temps  un  cas  où  il  avait  obfettQ  un  résultat 
très-encourageant. 

Lorsque  le  malade,  ici  présent,  vint  me  consulter  au  m<^ 
d'octobre  dernier,  la  vision  de  son  œil  avait  tellement  souffert 
qu'il  ne  pouvait  plus  reconnaître  les  penoanes  quil  toodiait 
de  la  main,  et  comme  lés  moyens  optiques  ne  présentaient  plus 
d'e/lScacité,  je  me  décidai  A  l'opération  proposée  par  le  savant 
professeur  de  Berlin.  Le  19  novembre  1867,  j'enlevai,  à  l'aide 
d'une  aiguillé  en  forme  de  curetlè  (fig.  1),  un  petit  morceau 
large  de  3  millimètres  à  peu  près  de  la  surface  de  la  cornée 
an-dessous  du  sommet  du  cône,  sans  pénétrer  dans  la  chambre 
antérieure. 

A  ce  même  endroit,  je  cautérisai  deux  jours  plus  tard,  et  à  partir 
2*  série.  —  tome  ix.  6 


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-48- 

de  ce  moment)  tous  les  deux  ou  trois  jôurs^  très-légèrement  avee  un 
crayon  de  nitrate  d'argent  mitigé.  Ne  voyant  ari^ver  aucune  réaction 

inflammatoire,  j'enlevai,  dix 
jours  après,  un  second  mor- 
ceau de  la  cornée  de  la  même 
grandeur  que  le  premier  et  sans 
periorer  la  membrane  de  Des- 
'  cemet.  Il  se  forma  alors  peu  à 
peu  une  petite  infiltration  que 
j'entretins  à  l'aide  de  fomen- 
tations chaudes  et  de  légères 
cautérisations.  Quand  je  vis  ce 
petit  abcès  artificiel  prêt  à 
amener  une  perforation  spon- 
tanée, je  pratiquai,  le  20  dé- 

FiG.  2.  —  Staphylâme  peUncide  de  la  cornM      ^       ,  ,  ^,         ,      , 

avant  ropémlon.  ccmbre,  la  paracentèse  de  la 

chambre  antérieure,  et  je  ré- 
pétai celte  ponction  à  plusieurs  reprises,  jusqu'au  !•'  janvier  dOîetle 
année.  Â.  partir  de  ce  jour,  je  ne  mis  plus  d'obstacle  à  la  guérison  de 

la  petite  plaie.  La  rétraction  du 
tissu  cicatriciel  provoqua  rapi- 
dement l'aplatissement  du  sta- 
phylôme  qui  avait  complète- 
ment disparu  vers  le  milieu 
de  janvier.  La  cornée  montre 
maintenant,  à  l'endroit  du  sta- 
phylôme  primitif  (fîg.  2),  une 
taie  qui  est  encore  en  voie  de 
régression  (fig.  3)  et  la  cour- 
bure de  la  cornée  est  devenue 
normale  (fig.  4). 
>  Quant  à  la  vision,  le  malade 

FiG.  3.   —  Aspect  de  l'œU,  vu  de  profil,  ^  .  ^     i    ,,  » 

après  l'opération.  ,  qu^  jc  ^oumcts  à  1  examcu  de 

la  Société  de  chirurgie,  lit  au- 
jourd'hui sans  difficulté  une  écriture  fine  (Jaeger;  n«  9)  à  la  distance 
ordinaire,  et  reconnaît  même  les  caractères  les  plus  fins  (Jaeger, 
a*  1).  Pendant  la  durée  du  traitement,  qui  a  été  de  deux  mois  à  peu 
près,  le  malade  portait  un  léger  bandage  sur  l'œil  et  venait  ainsi 
tous  les  jours  chez  moi  pour  se  faire  soigner. 


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—  «  — 


FiG.  4.  —  Le  même  œil,  vu  de  face,  après  l'opération. 
PRÉSENTATION     d'iNSTRUMBNTS. 

Ciseaax  broii^«(omes. 

Cet  iustrument  a  été  construit  d'après  les  données  de  M,  Amédée 
Tardieu,  interne  des  hôpitaux,  par  51.  Galante,  fabricant  d*inslru- 
ments  de  chirurgie. 

Il  est  destiné  à  faire  la  trachéotomief",  tout  spécialeinent  chez  le» 
enfa^nts,  dans  les  cas  (|ifficiles. 

Il  se  compose  de  deux  braBches  de  ciseaux  rapprochées  par  une 
articulation  mobile  :  Tune  des  branches  est  terminée  par  une  pointe  en 
tenaculum  ;  c'est  la  branche  principale. 

L'autre  branche  ressemble  à  une  branche  de  ciseaux  ordinaires,  et 
sa  lame  peut  être  terminée  un  peu  en  ligne  courbe. 

Avec  cet  instrument,  on  fait  la  trachéotomie  de  la  façon  sui- 
vante : 

L'enfant  est  couché  sur  le  dos;  la  face  antérieure  du  cou  est  tendue 
par  la  projection  en  arrière  de  la  tête  tenue  par  un  aide.  Un  autre 
aide  tient  les  mains.  v 

Dans  un  prenner  temps,  le  chirurgien,  se  plaçant  près  de  la  tête  de 
Tenfant,  saisit  la  trachée  entre  le  pouce  et  l'index  de  la  main  gauche. 
Quel  que  soit  l'embonpoint  de  l'enfant,  on  peut  toujours  fixer  solide- 
ment la  trachée. 

Le  chirurgien  prend  alors  de  sa  maia  droite  la  branche  de  ciseaux 
terminée  en  tenaculum,  et  enfonce  la  pointe  de  bas  en  haut  dans  les 
tissus.  Une  sensation  spéciale  le  prévient  qu'il  est  dans  la  trachée. 


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-•M  — 


GMhf^ 


Dans  uu  deuxième  temps,  le  chirurgien  fait  glisser  de  bas  en, haut 

dans  la  trachée  lapointe 
dit  teûaculum,  et  la  fait 
i«4B80ft>#  au  point  où 
il  veut,  au  niveau  dn 
cartilage  par  exemple. 
Il  lui  est  plus  commode 
pour  ce  temps  d'être  à 
droite  de  l'enfant. 

Enfin,  dans  un  troi- 
sième temps,  le  chirur- 
gien articule  la  seconde 
branche  à  la  première 
et  coupe  d*un  seul  coup 
la  peau,  les  tissus  so^s- 
jacents  et  la  trachée. 
Cet  instrument  rend  la 
tetchéotomie    prompte 
et  facile  chez  les  en- 
fants. Moins  que  tout 
autre  procédéil  exposa 
aux  hémoriiiagfes. 
Quant  aux  reproebes  q&'oa  pourrait  lui  faire»  rexpépfmeiifation, 
mieux  que  les  arguments,  en  aura  facilement  raison.  Elle  fera  voir 
en  même  temp»  les  avaotages  réels  ^ur'offre  ce  modeste  instrument^ 
QÂmxpwé  aux  autrei'appardis  emj^yét  pour  la  tracbédiomie. 
La  séance  est  levâe  â  cinq  hecrres  et  (kmole. 

Le  secrétaire  y  D'  Léon  Labbé. 


SÉANCE    DU    26   FÉVEIER    1868 
.  Présidence  de  H.  LEGOVEST 

Le  procès  verbal  de  la  séance  précédente  est  lu  et  adopté. 

.     CORRESPONDANCE. 

La  correspondance  comprend  : 

—  Une  lettre  de  M.  S.  Duplay,  qui  se  porte  candidat  à  la  place  de 
membre  titulaire  actuellement  vacante. 


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—  45  — 

—  Les  journaux  de  la  semaine. 

—  1,"  Union  médicale  de  Provence, 

-^  Le  compte  rendu  des  travaux  de  la  Société  médicale  de  CUr- 
mont-Ferrand, 

—  Un  tirage  à  part  de  l'article  Autoplastie^  pdit  M.  Vemeuil»  extrait 
du  Dictiownaîre  encyclopédique  des  Sciences  médicales. 

—  Observations  de  Trachéotomie  dans  la  dernière  période  du  crotfp» 
par  H.  Calvet,  chirurgien  en  chef  des  hôpitaux  de  Castres. 

—  Une  brochure  sur  la  Vaccine  et  la  manière  de  pratiquer  cetU  opé» 
ration,  par  le  docteur  Martînenq.  v 

—  Un  dictionnaire  de  poche  allemand^  italien  et  français^  soiis  le 
tilre  :  Petit  éUctionnaire  pour  Hinfirmier  volontaire  dés  blesséà  en 
guerre. 

—  Le  tome  XXXII  du  Btdletin  de  f  Académie  impériale  de  médecine, 

—  M.  le  docteur  Lombard  adresse  une  note  manuscrite  relative  à 
là  reproduction  des  os  par  le  périoste.  Cette  note  est  accompagnée 
d^une  clavicule  extraite  à  un  enfant, 

—  M.  Broca  dépose  sur  le  bureau,  de  la  part  de  M.  le  Directeur  d« 
TÂssistance  publique^  les  deux  premiers  volumes  de  la  Staiislique 
médicale  des  hôpitaux  de  Paris  (années  1861  et  1862}., 

H.  LABAEt.  La  statistique  des  hôpitaux  civils  de  Paris  nous  fournît 
déjà  des  documents  et  des  renseignements  très-intéressants:  leur 
importance  et  leur  intérêt  ne  fera  que  s^accroître;  mais  il  serait 
important  de  pouvoir  y  joindre  celle  des  hospices  de  convalescence  de 
Yinceones  et  du  Vésinet.  Cela  serait  d'autant  plus  nécessaire,  que 
beaucoup  d'amputés  vont  terminer  leur  guérison  dans  ces  deux 
établissements,  et  que  c'est  là  surtout  où  Ton  peut  étudier  les  résul- 
tats éloignés  fournis  au  point  de  vue  de  Futilité  des  membres  par 
diverses  amputations. 

Il  serait  d'un  intérêt  considérable  de  posséder,  d'une  manière  aussi 
complète  que  possible,' la  statistique  de  nos  hôpitaux  civils  et  mili- 
laires^u'on  pourrait  ainsi  comparer. 

M.  Broca,  Au  point  de  vue  scientifique,  il  serait  désirable  que  les 
yœox  de  M.  Larrey  puissent  être  remplis;  mais  les  hôpitaux  de  Vin- 
cennes  et  du  Vésinet  dépendent  directement  du  Ministère  de  Tinté- 
rieur;  Tadniinistration  des  hôpitaux  ne  peut  y  intervenir,  et  il  serait 
difficile,  sinon  même  impossible  pour  le  moment,  d'obtenir  à  Vin- 
eennes  et  aa  Vésinet  la  rédaction  d'une  statistique  sur  les  mômes 
bases  et  dans  le  même  cadre  que  celle  de  TÂssistance  publique. 
M.  Larret.  L'a  Société  de  chirurgie  obtiendra  probablement  sous 


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—  46  — 

peu  l'audience  qu'elle  a  demandée  à  S.  Exe.  H.  le  Ministre  de  Tloté- 
'  rieur;  peut-être  alors  pourrait*elie  utilement  appeler  son  attention  sur 
ce  point. 

M.  Marjolin.  Beaucoup  de  nos  malades,  sachant  que  Tasile  de 
Yincennes  est  dans  de  meilleures  conditions  hygiéniques  que  nos  hôpi- 
taux, s'j  rendaient  pour  y  prendre  un  air  plus  salubre  e|  aussi  pour 
s*y  faire  opérer.  M.  Laborie  a  pratiqué,  à  TAsile  impérial,  un  assez 
bon.  nombre  d'opérations  et  avec  beaucoup  de  succès.  Il  serait  à 
désirer  qu'on  pût,  avec  les  registres  de  cet  établissement,  compléter 
les  notes  que  notre  regretté  collègue  a  laissées  sur  ce  sujet.  Gela  doit 
être  possible.  Tous  les  mois,  on  nous  présente  a  signer  une  feuille  sur 
laquelle  se  trouvent  inscrites  les  opérations  que  nous  avons  pratiquées 
pendant  le  mois  précédent.  11  me  paraît  plus  que  probable  qu'on  a  dû 
tenir  note,  à  Yincennes,  des  opérations  faites. 

M.  LÉON  Lefort.  L'administration,  en  entreprenant  l'important 
travail  dont  elle  vient,  par  l'intermédiaire  de  M.  Broca,  de  nous  sou- 
mettre les  premiers  résultats,  est  entrée  dans  une  voie  excellente,  et 
nous  devons  l'aider  de  toutes  nos  forces  à  y  persévérer.  *Je  n'ai  pas  à 
signaler  les  imperfections  de  la  statistique  qui  nous  est  soumise^  je  ne 
voudrais  même  pas  le  faire,  car  il  y  aurait  injustice  à  demander  qu'on 
arrivât  du  premier  coup  à  la  perfection  dans  une  œuvre  aussi  délicate. 
La  statistique  des  hôpitaux  de  Paris  ne  peut  être  bonne* que  si  les  élé- 
ments qu'on  fournit  à  l'administration  sont  absolument  sérieux;  col- 
liger  plusieurs  milliers  de  fiches  statistiques  isolées  est  un  travail  dont 
on  ne  peut  sortir  qu'avec  la  plus  grande  difficulté.  Il  serait  à  désirer 
que  nous  vinssions  en  aide  à  radminislralion  en  lui  remettant  chaque 
année,  sous  forme  de  rapports,  la  statistique,  faite  sur  un  cadre  uni- 
forme, de  nos  services  respectifs. 

M.  Després.  La  statistique  est  faite  à  l'administration  centrale, 
longtemps  après  que  les  malades  ont  quitté  les  hôpitaux;  lors  donc 
que  les  feuilles  individuelles  portent  des  indications  insuffisantes,  il 
est  trop  tard  pour  les  compléter.  Aussi  trpuvons-nous,  dans  les 
tableaux  publiés,  beaucoup  de  désignations  vagues  :  phlegmons,  sans 
autre  spécification  ;  amputation  des  doigts,  sans  qu'on  puisse  savoir 
s'il  y  en  a  un  ou  plusieurs  d'amputés.  Je  soumets  ces  desiderata  à 
M.  Broca,  puisqu'il  es^,  à  l'administration,  It  directeur  de  la  siatis* 
tique. 

Il  serait  désirable  que  la  statistique  fût  faite,  dans  chaque  hôpital, 
au  fur  et  à  me.sure  de  la  sortie  des  malades,  par  un  employé  spécial. 

M.  Yerneuil.  L'administration  a  supprimé,  pour  les  concours  des 
prix  de  l'internat,  une  épreuve  excellente  :  celle  du  mémoire  inédit, 


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—  47  — 

rendis  par  chacun  des  candidats.  Elle  pourrait,  ayecatantage,  rétablir 
cette  épreuve  spus  la  forme  d*uQ  prix  de  statistique  et  récpmpei^ser 
les  internes  qui  fourniraient  les  meilleurs  documents. 
.  M.  GiRALDÈs.  L'administration  est  entrée  dans  une  voie  utile,  mais 
les  lacunes  que  présentent  ses  statistiques  ne  sont  pas  de  son  fait. 
£lle  ne  peut  mettre  en  œuvre  que  les  documents  qui  lui  sont  fournis, 
et  ils  ne  sont  pa$  toujours  rédigés  avec  un  soin  suffisant.  M.  Le  Port 
disait  qu'il  faudrait  faire  la  statistique  générale  au  moyen  de  statis- 
tiques partielles;  je  suis  de  son  avis.  11  y  avait  autrefois,  ^ans  le  ser- 
vice de  Dupuylren,  Tinterne  chargé  du  service  des  observations;  c'est 
une  organisation  à  laquelle  nous  pourrions  avec  avantage  emprunter 
quelques  améliorations  à  l'état  de  choses  actuel. 

M.  Trélat.  Le  tableau  numéro  10  comprend  les  hôpitaux  généraux 
desquels  on  a  éliminé  les  services  de  chirurgie,  les  ^hôpitaux  spé-f 
ciaux,  comme  les  cliniques  et  Saint-Louis:  il  y  a  là  un  desideratum 
qui  ne  tient  qu'à  une  question  de  forme,  mais  qu'il  serait  utile  de 
faire  disparaître,  car  les  services  de  chirurgie  de  ces  hôpitaux  n'ont 
rien  de  spécial  qui  les  distingue  de  ceux  des  autres  établissements  tels 
que  Beanjon,  THôtel-Dieu,  la  Charité,  etc. 

Quant  aux  statistiques  partielles  que  demande  M.  Le  Fort,  elles  me 
paraissent  inférieures  aux  fiches  individuelles,  mais  il  faut  que  ces 
fiches  soient  exactes  et  bien  faites. 

M.  Després  insiste  sur  l'utilité  d'un  employé  spécial  chargé, 
dans  chaque  hôpital,  du  dépouillement  des  feuilles  de  statistique. 

M.  BaocA.  L'organisation  générale  de  la  statistique  a  été  faite  par 
une  commission  dont  je  faisais  partie,  mais  je  ne  suis  en  aucune  façon 
directeur  de  la  statistique.  Je  me  suis  occupé  seulement  du  dépouille- 
ment des  opérations  chirurgicales  ;  je  me  suis  borné,  tout  à  l'heure,  à 
demander  à  meg  collègues  si,  dans  ces  tableaux,  ils  ont  quelques 
modifications  à  conseiller  à  l'administration. 

Comme  le  dit  M.  Després,  il  y  a  inconvénient  à  ce  q^e  le  dépouille- 
ment et  le  classement  soient  faits  si  longtemps  après  qu^  les  malades  , 
ont  quitté  l'hôpital;  mais  ces  retards  ne  vont  pas  tarder  à  disparaître. 
Dans  les  premières  années,  on  manquait  d'habitude,  on  découvrait  à 
chaque  instant,  dans  les  fiches,  des  lacunes  et  des  erreurs,  et  on  a 
attendu,  pour  publier  la  première  année,  que  le  dépouillement  de  la 
seconde  année  fût  achevé.  Aujourd'hui,  on  peut  marcher  plus  vite  et 
mieux,  car  les  feuilles  statistiques  sont  mieux  faites  ;  les  préventions 
qui  régnaient  au  début  sont  effacées  ou  tendent  à  disparaître;  nous 
n'en  sommes  plus  à  l'époque  où  Dupuytren  regardait  comme  une 
injure  personnelle  un  regard  (indiscret,  suivant  lui,)  jeté  sur  les 


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—  '48  -- 

résultats  de  sa  pratique  hospitalière;  tous,  aujourd'hui,  nous  accep- 
tons îa  responsabilité  de  nos  œurres. 

fv$m  demandé  la  suppression  du  relevé  mensuel  des  observations, 
car  ce  relevé  est  presque  toujours  inexact  et  î!  fait  double  emploi  ; 
mais  par  cela  même  que  la  statistique  est  en  retard,  le  relevé  men- 
suel est  indispensable,  car  îl  faut  que,  dans  l'année  même,  Tadminis* 
tration  puisse,  s'il  en  est  besoin,  savoir  quelles  opérations  ont  été  ' 
•pratiquées  dans  les  hôpitaux. 

Contrairement  à  ce  qu'a  dît  M.  Le  Fort,  je  croîs  les  fiches  iudîvi- 
duetles  préférables  à  une  statistique  faite  pour  chaque  service 
annuellement  par  chaque  chef  de  service;  mais  il  faut  que  les  fejuilles 
soient  exactement  Mes.  Quant  à  mol,  je  fats  faire  fen-tête  par  un 
externe,  et  j'en  remplis  les  blancs  moi-même.  Si  nous  faisions  nous- 
mêmes  nos  statistiques,  eHes  ne  concorderaient  pas;  sans  doute  il  n*y 
attrait  pas  d'erreurs  sur  les  chiffres  absolus  des  guéris  ou  des  morts  ; 
mais  les  classifications  différeraient  pour  chaque  service,  îl  n'y  aurait 
aucun  ensemble;  îl  vaut  donc  mieux  que  ce  soit  une  même  personne 
qui  verbaFise  toutes  les  fiches  et  fasse  la  statistique  sous  des  rubriques 
identiques  pour  tous  les  hôpitaux. 

M.  LÉON  Lefort.  Je  né  saurais  me  ranger  de  Favis  de  M.  Broca. 
Une  statistique  exacte  est  bien  plus  facile  à  faire  par  celui  qui  a 
soigné  le  malade  que  par  lin  étranger,  quelque  intelligent  qu'il  puisse 
être.  11  ne  s'agit  pas  de  substituer  nos  statistiques  à  celles  de  l'assis- 
tance  publique  ;  l'administration  doit,  dans  cette  œuvre,  être  secondée 
de  tous  nos  efforts;  continuons  à  lui  fournir  les  fiches  statistiqi^s 
qu'elle' nous  demande,  et  faisons-les  les  plus  exactes  possibles,  c'est 
notre  devoir  et  notre  désir  à*  tous;  mais  je  soutiens  qu'il  serait  utile 
que  chacun  de  nous  fît,  chaque  année,  sa  statistique  partielle,  et 
foutes  ces  statistiques  concorderont  si  nous  suivons  un  cadre  uni- 
forme. Or,  précisément  ce  que  je  demande,  c'est  que  fious  nous  enten- 
dions tous  pour-  discuter  et  accepter  le  même  cadre,  ainsi  que  cela  a 
été  fait  récemment  en  Angleterre  pour  beaucoup  d*hj5pitaux.  L'œuvre 
de  la  commission  a  des  lacunes  et  des  imperfections  que  nous  pour- 
rions faire  disparaître  en  mettant  nos  efforts  en  commun,  aujourd'hui 
que  nous  avons  en  statistique  chirurgicale  l'expérience  qui,  îl  y  a 
quelques  années,  nous  manquait  à  tous.  Depuis  quatre  ans,  je  fais 
moi-même  ma  statistique,  que  je  remets,  à  lu  fin  de  Tannée,  à  l'admi- 
nistration; c'est  un  travail  de  quelques  minutes  chaque  jour^  au 
moment  où  nous  signons  nos  cahiers  de  visité. 


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_  49  — 

PRÉSENTATION  DB  PIÈCES. 

Tunear  liyp^rtr^pMqae  dies  ^lAiides  SBd«rl|^ares. 

M.  DEMARQUAT  présente  une  tumeur  du  volume  d'un  œuf,  qu'il  a 
enlevée  dans  la  région  de  Taine  d'un  homme  4gé  de  55  à  56  ans.  Ce 
malade  avait  été  adressé  dans  le  service  de  M.  Demarquay  comme 
étant  affecté  d'une  tumeur  cancéreuse.  La  première  impression  avait 
été,  en  effet,  que  la  tumeur  qui  était  bosseléç,  irréguîière,  exukérée, 
était  cancéreuse.  Mais  un  examen  plus  attentif  modifia  le  diagnostic, 
et  il  fut  en  effet  facile  de  constater,  après  l'ablation  du  mal,  que  le 
produit  pathologique  était  formé  par  l'hypertrophie  des  glandes 
sudoripares.  G*est  ce  qui  résulte  de  la  note  suivante,  qui  a  été  rédigée 
par  M.  Bouchard,  après  un  examen  attentif  de  la  tumeur  au  microscope. 

La  tumeur  est  coj^stituée  par  une  substance  rougeâtre  un  peu  pul- 
peuse, appliquée  sur  la  face  profonde  du  derme,  dont  elle  pénètre  le 
tissu  par  des  prolongements  coniques  qui  slnsinuent  dans  ses  alvéoles 
et  qui  lui  adhèrent  intimement.  Cette  masse  est  libre  par  la  face  qui 
repose  sur  le  tissu  cellulo-adipeux  sous-cutané. 

Son  tissu  e3t  un  peu  friable  et  assez  difficile  à  dilacérer  à  cause  de 
la  résistance  du  tissu  conjonctif,  qui  semble  le  cloisonner  et  le  diviser 
en  lobules,  à  cause  aussi  de  la  fragilité  de  la  substance  propre. 

Cette  substance  est  constituée  par  des  tubes  de  diamètre  variable 
dépassant  en  général  celui  des  glandes  axillaires.  Us  sont  flexueux,  ^ 
entrecroisés,  pelotonnés. -Leur  membrane,  d'enveloppe  anhiste,  très- 
mince,  très-transparente,  est  doublée  extérieurement  d'un  tissu  con* 
jonctif  peu  abondant  où  prédominent  les  fibres  lamineuses  et  les  cel- 
lules fusiformes,  dont  les  prolongements  sont  très-longs  et  très-grèles. 

L'intérieur  des  tubes  est  rempli  par  des  cellules  étroitement  tassées 
les  unes  sur  les  autres,  ce  qui  donne  à  leur  ensemble  une  disposition 
pavimenteuse.  La  masse  que  constituent  ces  cellules  est  d'un  brun 
rougeâtre  par  trans|)arence  un  peu  opaque,  et  parait  de  distance  ea 
distance,  tachée  d'amas  de  granulations  graisseuses  et  pigmentaires. 
Les  cellules  obtenues  à  l'état  d'isolement  sont  caractérisées  par  un 
noyau  sphérique  ou  légèrement  ovoïde  entouré  d'une  masse  cellu- 
laire très^xactèment  appliquée  sur  le  noyau,  ce  qui,  au  premier 
abofd,  ne  permet  pas  de  la  distinguer  nettement.  Quelques-unes  de 
ces  cellules  sont  franchement  polyédriques;  quelques-unes  enfin,  plus 
anguleuses,  émettent  des  prolongements  assez  grands  qui  s'insinuent  ^ 
entre  d'autres  éléments  semblables. 

M.'  Yernbiiil.  Les  adénomes  sudoripares  sont  fréquents,  et  cela 
2«  série.  —  tome  ix.  .  1 


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.—  50  — 

explique  les  idées  ancie&oes  sur  la  noA-reproduction  et  la  bénignité 
de  certaines  tumeurs  de  la  peau,  dites  cancéreuses.  Les  signes  t^li- 
niques  sont  clairs  quand  la  tumeur  siège  à  la  foce;  dans  certaines 
régioQi»,  eoscune  à  l'aisselle,  ou  les  diagnostique  d*auta.nt,plus  facile- 
ment, qu'on  s'attend  à  les  trouver;  mais  on  éprouve  de  grands 
embarras  quand  la  tuojieur  siège  au  milieu  des  téguments  du  tronc.  - 
J'ai  vu,  sur  le  sternum, *une  de  ces  tumeurs  data];it  de  quatorze  ans. 
Leur  i^arche  est  extrêmement  lente;  elles  sont  indolentes  souvent, 
mÂme.au  toucher;  la  peau  est  intacte  à  une  petite  distance;  il  n'y  a 
pas  d'engorgement  ganglionnaire,  pas  de  développement  paprilaire 
autour  de&  ulcérations^  Les  éplthéliomes  siègent  surtout  aux  environs 
dea  orifices. 

Nous  avons  encore  à  fajre-^lïfetoîjrer^inijue  des  tumeurs  sudori- 
pares  siégeant  sur  les  nj^i^Jf^^  ^   ^'  ^Ô/^ 

Hypertr«Mfe  do.  cartilage.  4*9s«|ÉdAtioii. 

r      JAN  ^.  lam 

U.  Bboca  présente  l(ne  pièce  pathologique  o&antyte&  particularités 
suivantes  :  \  "-. /,^.     " "^^'^"  ^^^'^  .,s^/ 

Elle  provieat  d'un  jeih»Q  llÀi]i^.\de.t^  atteiat^  depuis 

dix  ans,  d'une  tumeur  bianehe-âtH^enetr,' et  auquel  M.  Broc^  a  fait 
Tamputatiou  de  la  cuisse.  En  examinant  l'articulation,  après  l'avoir 
sciée  loogitttdinalement,  on  voit  une  petite  masse  blanche,  cartilagi- 
.  n«i6e,  située  au-dessous  de  la  SKurface  articulaire  du  tibl^,  au  voia^* 
nage  du  pofn^  d'insertion  du  tendon  rotnlien  et  i^jant  une  direction 
parallèle  à  L'axe  da>  tibia.  Sll#.  |Ar4tt  ^tre  due  h  L'hypertrophie  ""de 
Fane  des  deux  lames  cartiia^neuse^  d'ossification  qui.  séparent  la 
diaphys&de  l'èpiphyse  supérieure,  de  Tos.  IP^en  q>u«  cette.  Lame,  soit  la 
produit  d'un  état  pathologique,  sa  stcueturQ  est  eell»  da  capUlage 
normal. 

M.  DBSPnjBd  croit  qti'il  s'agit  d'une  néoplasie  cartilagineuse  et  non 
d'une  simple  hypertrophie»  néoplasie  dont  il  a  déjà  vu  un  ^enpbple,  et 
qui  serait  due  à  l'inflammation. 

M.  Broca  ne  croit  pas  qu'il  s'a^sse  d'une  néoplane,  puisque  la. 
kme  caHàlagineuAQ  nermaii»  esl;  un»,  diipeodanccr  du  cartitoge  épiphy* 
aaire  norawl. 

La  séance  est  levée  à  einq  faeuve»  eli  demie. 

lA  s^créLaire^  D^  Léon  Le  Fort. 


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—  51  — 

SÉANCB  BU  4  VABS  1868 
Présidence   de   H.  LEGOCftST  ' 

Le  procès-verbal  de  la  prècédeate  séance  est  lu  et  adopté. 

La  correspondauce  comprend  : 

—  Des  lettres  de  MM.  Ed.  CrtïTeflhîer  et  Çaulet,  professenr  ligr^ 
au  \al-de-<]irâcé,  qui  se  portent  candidats  à  la  place  vacante  de 
membre  titulaire.  ,  . 

—  Les  jbumaut  de  la  semaine. 

—  Le  BvUetin  de  ihérùpeutîque  ;  les  Archives  générales  de  mêdeeîM ; 
Ja  Gazette  médicale  de  Strnsbùurg.  ' 

—  Le  BUletm  de  la  Société  médicale  de  Keims,  pour  4867. 

—  M.  DoLBEAu  dépose,  de  la  part  de  M.  le  docteur  Langlebert,  un 
livre  inlifUlé  :  Âph&rismes  swr  les  ntaladies  vénériennes. 

— i  M.  Larret  remet,  de  la  part  de  S.  Isnard,  membre  correspon- 
dant, une  brochure  în-4<>  ayant  pour  titre  :  Rapport  é^une  commission 
nommée  par  la  Socîéfé  des  sciences  méâieales  de  la  Moselle  pour 
V examen  d'tme  question  de  responsabilité  médicale^  etc. 

M;îi£Pji£8iDBNT  iMwB  vacante  une  place  de  membre  titulaire. 

DISCUSSION. 

Statistique  ehlrnr^icale  étin  h^fpitaux. 

A  l'occasion  du  procès-verbal,  M.  Cbassaignac  revient  sur  la 
question  de  la  stalistique  chirurgicale  des  hôpitaux. 

M.  CiusflAiGNAG.  Il  y  a  près  de  six  années  (séance  du  2  juin  1862), 
je  vins  déclarer  à  la  Société  de.  chirurgie  que,  jusqu'à  celte  date  de 
1862,  la  statistique  opératoire  des  hôpitaux  de  Paris  était  entachée  de 
très-graves  inexactitudes.* 

"Jusqu'à  ce  jour,  en  effet,  cette  statistique  n'avait  eu  pour  bases  que 

les  pancartes  des  malades  et  les  relevés  mensuels  de  chaque  service. 

Or,  j'avais  acquis  la  certitude  que  ces  bases  n'étaient  point. exactes. 

Elles  étaient  fausses  par  des  motifs  qui,  malheureusement,  étaient 

restés  inconnus  jusqu'à  cette  époque. 

C'est  par  la  confrositation  des  registre^  officiels  de  l'administration 
arec  un  registre  tenu  jour  par  jour  pendant  huit  années  que  j'ai  été 
mis  sur  la  voie  de  l'erreur  que  je  signale  et  dont  voici  la  source  ; 


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-  52  — 

Chaque  fois  qu'âne  opération  est  pratiquée,  cette  opération  doit 
être  inscrite  suf  la  pancarte  du  malade,  et  c*est  cette  pancarte  qui, 
portée  au  bureau  de  Thôpital  par  les  soins  de  la  religieuse  de  chaque 
salle,  devient  la  base  du  relevé  mensuel.  Or,  qu'arrive-t-îl?  Souvent 
la  religieuse,  préoccupée  de  tout  autre  devoir,  omet  de  faire  inscrire 
Topération  sur  la  pancarte,  d'envoyer  celle-ci  au  bureau»  et.  chacun 
de  ces  manquements  eiftraine  la  disparition  des  tracés  de  ce  qui  s*est 
passé.  Quand,  à  la  fin  du  mois,  on  présente  à  la  signature  du  chef  de 
service  la  liste  presque .  toujours  incomplète  des  opérations,  il  signe 
rétat  mensuel,  qui  ne  présente  rien  d'absolument  faux,  en  ce  sens 
qu'<>n  y  aurait  mentionné  des  opérations  Imaginaires  ou  ludique,  au 
sujet  des  opérations  faites,  une  Issue  différente  de  c^ie  qui  a  réelle- 
ment eu  lieu,,  mais  qui  est.  tout  à  fait  inexacte  en  ce  sens  qu'une 
partie  des  opérations  pratiquées  y  est  omise. 

Et  qu'on  ne  croie  pas  que  ces  omissions  ne  portent  que  sur  des 
opérations  de  peu  d'importance.  J*al  constaté  des  lacunes  ayant  pour 
objet  des  amputaMons  de  cuisse,  des  résections  considérables,  des 
ablations  de  tumeurs  volumineuses  du  col,  de  l'aisselle,  du  sein,  etc. 

La  statistique,  faite  dans  ces  conditions,  fourmillait  d'inexacti- 
tudes, et  elle  ne  méritait  pas  la  confiance  qu^  liil  avalent  accordée 
eertains  chirurgiens,  et  entre  autres  Malgaigne. 

Grâce  aux  mesures  prises  par  l'administration,  de  concert  avec  une 
commission  composée  de  médecins  et  de  chirurgiens  des  hôpitaux,  et 
dont  MM.  Broca,  Chdssaignac,^  Depaul  et  Màrjolin  faisaient  partie,  de 
pareilles  erreurs  ne  pourront  plus  avoir  lieu. 

M.  Depaul.  La. statistique  ne  sera  utile  qu'à  la  condition  d'être 
bien  faite.  11  existe  certaines  causes  d'erreurs  qu'il  est  bon  de  citer 
pour  faire  voir  à  quels  singuliers  résultats  conduit  la  statistique, 
quand  elle  n'est  pas  entourée  de  toutes  les  conditions  nécessaires. 

Dans  les*  volumes  qui  viennent  d^étre  publiés  par  raiministratlon, 
j'ai  examiné  les  tableaux  relatifs  aux  accouchements  pratiqués  à  la 
Maternité  et  à  la  Clinique.  Eh  bien!  j'ai  vu  que,  diaprés  ces  tableaux, 
les  femnies  accouchent  plus  rapidement  à  la  Maternité  qu'à  la  Cli- 
nique. Les  primipares  accoucheraient  après  sept  ou  huit  heures  de 
travail  à  la  Maternité,  après  douze  à  quinze  faeures-seulement  à  la 
Clinique.  On  le  voit,  il  existe  là  une  grande  différence.  Ce  qui  peut 
l'expliquer,  c'est  la  manière  de  faire  les  observations.  Or,  jusqu'à  ce 
jour,  les  observations  étaient  mai  faites  à  la  Maternité. 

A  la  Clinique,  lorsque  je  n'ai  pas  soin  de  vérifier  les  feuilles,  on  fait 
également  accoucher  les  primipares  en  sept  ou  huit  heures.  C'est  que, 
dans  ce^  cas,  on  Indique  comme  début  du  travail  une  époque  où  11  est 


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—  M  — 

déjà  à  moitié  aecompli,  c'est-à-^îre  le  momenl  des  grandes  douleurs. 

Pour  que  ces.  sta^tiqdes  aient  de  la  valeur,  il  faut  absolument 
qu'elles  soient  faites  par  les  médeeios. 

H.  Tbblat.  L'observation  de  M.  D^aul  est  fori  juste  ;  mais  il  faut . 
bien  dire.que  la  statistique  et  le  dénombrement  d'observations  ne  sont 
pas  la  même  chose.  Le  reeueiiiemént  et  le  dénombrement  des  obserr 
rations  doivent  èire  faits  par  les  médecins;  quant  à  la  statistique,  on 
peut  Fabandonner  à  des  personnes  compétentes,  quoique  étrangères  à 
la  médecine. 

M.  Le  Fort.  J'insistesur  la  proposition  que  j*ai  faite  dans  la  précédente 
séance.  Je  propose  formellement  à  la  Société  de  cbii^urgîe  de  nommer, 
une  commission  chargée  de  dresser  le  cadre  dans  lequel  on  devra 
ranger  tqus  nos  documents  statistiques* 

La  statistique  de  l'administration. est  faite  à  un  autre  point  die  vue 
que  celle  des  médecins  et  des  chirurgiens. 

M.  Ghassaignac.  Il  faut  bien  savoir  q^i'il  y  a  des  statistiques  que 
ToD  peut  appder  déémtêreêsées,  et  d'autres  qui  ne  le  sont  pas.  Ainsi, 
ùù  a  rapporté  des  succès  extraordinaires  à  la  suite  des  amputations, 
de  rurélhrolomie,  etc.      .  "^ 

Il  existe  des  statistiques  que  j'appelle  enirecottpées.  On  fait  con- 
natire  une  série  heureuse  d'opérations,  et  on  passe  sous  silence  une 
série  malheureuse.  Ces  statistiques  ne  valent  rien. 

Les  seules  qui  doivent  être  acceptées  sont  les  statistiques  miégntles, 
eomme  celles  que  parait  devoir  nous  donner  M.  Koeberlé,  relative- 
ment à  sa  pratique  de  Tovariotomie. 

Que  valent  les  statistiques  faites  avec  les  foits  publiés  çà  et  là  dans 
les  journaux?  Rien,  absolument  rien;  car  souvent  on  ne  publie  que 
les  faits  de^guérison,  quand  il  s'agit  de  cas  exceptionnels;  aussi  peut-on 
arriveV  à  ce  résultat  extraordinaire,  de  constater  la  réussite  presque 
constante  d'opérations  de  la  plus  haute  gravité.  Ainsi,  certaines  sta- 
tistiques ont  fait  de  la  résection  du  genou  une  opération  moins  grave 
que  la  résection  du  poignet  ou  l'amputation  sos-mailéolaire. 

H.  Mariolin.  La  Société  de  chirurgie  ferait  bien  d'appuyer  la  pro- 
position de  M.  Lefort.  Il  est  à  désirer  qu^il  existe  au  sein  de  la  Société 
de  chirurgie  une  commisiion  de  statiitique* 

Tous  nos  hôpitaux  sont  encombrés,  et  c'est  là  certes  une  cause 
d'insuccès  en  médecine  et  en  chirurgie,  et  voilà  cependant  des  choses 
que  ne  nous  dit  jamais  le  compte  moral  de  radministration  de  Tassis- 
tanoe  publique. 

Il  faut  que  la  vérité  soit  connue,  que  l'on  publie  hardiment  les  faits  ' 
qui  dénotent  le  mauvais  état  de  nos  hôpitaux,  et  il  est  fâcheux  que 


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—  S4  — 

iesmédeckifl  aient  consenti,  à  Tôir  diftj^ratire  de  leur»  prooèfl-yerbauf 
les  rérélatioos  qui  ataieiitea  Utn  pendant  troîfi  séanoefi  de  la  Société 
des  médecins  des  hôpitaux,  lors  de  la  diseussioa  air  les  matemliés. 

M.  Lam^gt.  Je  ni*afi9ûde  à  ia  proposition  de  M«  Liefort,  élargie  par 
M.  MarjoHfi.  Je  demande  qu'il  soit  nommé  Qne  commission  qae  Ton 
appdlerait  eommimon  permanenie  deMaiktiqus  ckiruFgictie. 

La  Société  prend  en  considération  cette  préposition,  Pirochidnemâit, 
il  sera  procédé  à  la  n(MaâânatlQa  de  cette  cos^miasiofl. 

COIOIGRiCàTfON. 

Calcul  vésical  enkysté  recouvert  par  des  conefties  nom- 
brenscs  et  épaisses  de  fibrine  et  de  mucus  coagulé,  avec 
mélange  de  nombreux  grainis  de  carbonate  de  Ctaanx  et 
de  cristaux  d'hématoidine*  ^ 

M.  M AAiouN.  Le  fait  dont  j'ai  à  vous  ^tretenir  in*a  semblé  assez 
rare  pour  mi'engager  à.  faire  appel  à  vos  souiFeaîrs,  afin  de  savoir  si, 
parmi  les  nombreux  cas  de  calculs  urinaires  que  chaeiin  de  voi^  a 
pu  observer,  il  s'en  est  trouvé  un  analogue  à  cdui  que  je  sottmels  à 
votre  examen. 

Dans  les  derniers  jours  de  février  1S6S,  un  enfant  de  2  ans,  por- 
tant toutes  les  traces  de  la  douleur  et  de  Tépuisement,  m'était  amené 
à  la  consultaëon  de  l'hôpital  par  sa  mère,  qui  venait  de  le  retirer  de 
nourrice. 

Au  dire  des  parents,  sa  maladie  datait  de  trois  mois;  il  était 
très-altéré,  et  tout  ee  qu'il  prenait  il  le  vomissait;  il  était  tourmenté 
par  des  douleurs  abdominales  très-yives  et  une  gmnde  gène  dans 
rémission  des  urinesv  qui  s'écoulaient  d'babitude  invobntairement. 

L'enfant  était  maigre,  pÀle,  les  yeux  caves,  dans  une  agitati6n  con- 
tinuelle, «poussant  des  plaintes;  le  ventre  était  distendu,  météonsé, 
très-douloureux,  principalement  dans  le  flanc  droit.  Au  niveau  de  la 
région  suspubienne,  la  matité  était  bien  nette,  et  on  sentait  que  la 
vessie  était  pleine,  formant  une  tumeur  bien  distincte.  Les  parents 
assuraient  que  l'enfant  avait  encore  uriné  récemment.  Questionnés 
pour  savoir  si  le  petit  malade  avait  rendu  des  graviers,  ils  me  répon- 
dirent qu'ils  n'en  savaient  rien,  mais  que  l'en&^t  avait  eu  des  abcès 
à  la  vessie,  et  qu'il  avait  rendu  du  pus  dans  ses  urines. 

Avant  de  porter  un  diagnostic,  je  éommençai  par  vidor  la  vessie, 
pour  connaître  quelle  pouvait  être  la  cause  de  cette  rétention  d'urine  ; 
Ic'catbétéiisme  s'opéra  très-facilement,  et  de  suite  une  grande  quan-  * 
/tîté  d'une  urine  troid>le  fut  projetée  au  loin,  par  l'ouverture  de  la 


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_  K  _ 

sonée,  et  entre  }&  sonde  et  rtirèlhre;  la  vessie  se  eontraétùt  éneiii;iqùe* 
ment.  Afant  qa'elfe  fât  complètement  reveaoe  sur  eUe-môme,  j'ex* 
{dotai  avec  soin  sa  ea?ité,  pour  savoir  s'il  n^eiistail  pas  de  catcol  oo 
de  toffleor  et,  eo  même  temps,  j'iiitrodmsis  mon  doigt  àaas  lerectne. 
Bien  que  mon  attention  fât  éreiliée  par  ces  symptômes  présentés  par 
le  petit  malade,  ki  sonde  oe  ne  donna  d'aatre  sensation  que  celle  qai 
aurait  été  le  réealtat  du  ecmtaet  d'une  celoiiae  charnue aaiûante  placée 
vers  la  partie  poetérieiire  et  médiane  de  la  vessie. 

J^abandonnai  donc  l'idée  d^  cakul»  et  je  pensai,  d'après  les  com» 
mémoratifs  donnés  par  ses  parents,  qa^B  y  avait  en  très-probabtemeut 
une  néphrite  compliquée  de  péritonite  et  d'un  abcès  oomomniqttaBt 
avec  les  voies  urinaim.  D'après  ctàà^  j'ecugageai  les  parents  à  faire 
admettre  leur  en&nt  en  médecioe.  \ 

Contre  mon  attente,  je  trouvai  le  leiydemaitt  Le  petit  malade  dana 
BBon  service  ;  l'abondante  évacuation  d^Orine  de  la  v^le  l'avait  un  peu 
soQlagé^  mms  malgré  cela  l'état  général  étaiit  tout  aussi  grave»  et,  dA 
plus,  fenftmt  était  épuisé  par  mè  diarrbée  continae.  Dès  \ot%  va  la 
sitoatmi  désespérée  du  malade,  je  dus  me  bcHmer  à  faire  la  médeciiie 
des  symptômes,  cherchant  autant  que  possible  à  calmer  les  accidûit». 
et  prenant  chaque  jour  le  sain  de  vider  la  vessie.         ^ 

A  plusieurs  reprises,  j'explorai  encore  avec  aoîn  la  vessiot  mais 
jamais  je  B'épnnivsi  eello  sensation  si  caraetértstique  de  la  sonde 
henrtant  contre  un  ealcol.  Les  i^mptômes  graves  persistèrent,  malgré 
tout  ce  que  je  tenr  eqpposais^  et,  sept  jonrs  après  son  entrée,  l'enfant 
soceomba. 

Jusqu^à  l'ouverlure,  je  persistai  dans  mon  diagnostic,  et  rantopaio 
pioofva  que  j'ava»  m  en  grande  partie  raison  ;  les  reins^  pdadipaie- 
ment  le  dvoit,  présenlaieat  toutes  les  altérations  consécutives  à  une 
néphrite;  de  phis  dans  les  bassinets  on  trouvait  quelques  petits 
noyaux  de  grav«lle;  Dans  la  voisii^ige  du  rein  droit  était  une  colkc- 
tioo  purulente^  ancienne,  qui  très-probalrlement  communiquait  avec 
l'oretère  de  ce  côbé;  sùalheareiisement  cette  disseclloo,  faita  trop 
rapiéemeat,  ne  penmt  pas  de  constater  ce  fait,  TiiretèrQ  ayani  é(é 
décMfé.  Il  y  a^ait  des  traces  évidcjntes  de  péritonite,  sans  adhé- 
renées  intestinales.  Quant  à  la  vessie,  elle  était  du  volume  d'une 
petite  orange,  ses  par^na  étaîenk  ti^s^épaisses,  près  d'un  demi  centi- 
mètre au  moins  ;  pas  de  traces  de  colonnes^  la  muqueuse  était  grir 
sfttre,  parsemée  de  petHes  taches  rou^s  comme  ecchymosées.  Mais  le 
pemt  sttr  lequel  je  désire  Gxer  votre  attention,  e*e8t'  qu'elle  contenait 
un  tout  petit  calcul  allongé,  d'un  centimètre  entiron  dans  soft  plias 
grand  diamètre  el  gros  cotame  un  fort  grain  d'orge,  eoèooré  d'une 


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—  56  — 

série  de  couches,  molles,  concentriques,  superposées  exacte menk 
comme  les  couches  d'un  caillot  d'anévrysme.  Celte  masse,  qui  était 
entièrement  libre,  reposait  sur  Fouverture  del*urèihre  qu'elle  fermait 
comme  une  soupape;  elle  était  ovoïde,  ayant  environ  2  centimètres 
dans  son  plus  grand  diamètre  ;  sa  consistance  était  douce  au  toucher, 
un  peu  élastique;  sa  couche  extérieure  était  lisse;  on  conçoit  mainte- 
nant comment  xe  corps,  qui  avait  la  même  consistance  que  la  paroi 
interne  de  la  vessie,  avait  pu  échapper  à  une  observation  attentive, 
mais  qui  était  singulièrement  gênée  par  la  gravité  de  Tétat  du  ma- 
lade. Quelle  est  la  nature  de  ces  couches  d'enveloppes  étrangères  au 
calcul?  est-ce  du  pus*,  de  la  fibrine?  l'analyse  nous  le  dira. 

Pour  le  moment,  je  me  borne  aux  conclusions  suivantes  :  des  faits 
que  j'ai  pu  observer,  je  crois  que,  chez  les  enfants  très-jeunes,  toutes 
les  fois  que  le  calcul  est  très-petit^  il  fau|  tenter  là  litbrotrilie.  Cer- 
tainement cette  dernière  opération  a  aussi  ses  inconvénients,  ses 
dangers,  mais  la  taille  a  aussi  les  siens,  et  malgré  les  très-nombreux 
succès  qu'elle  a  donnés  chez  les  enfants,  il  y  a  peut-être  encore  lieu 
à  discuter  jusqu'à  quel  point  la  iithrotritie  doit  être  abandonnée  dans 
l'enfance.  Tout  récemment,  je  l'ai  pratiquée  chez  trois  enfants,  et  je 
dois  dire  que  lès  résultats  que  j'ai  obtenus  m'engagent  à  ne  pas  trop 
repousser  systématiquement  la  lithotriiie.  . 

L'analyse  microscopique  faite  par  M.  Périer  à  démontré  que  la 
substance  qui  enveloppait  les  calculs  était  composée  par  des  couches 
nombreuses  et  épaisses  de  fibrine,  et  de  mucus  coagulé  avec  un 
mélange  de  nombreux  grains  de  carbonate  de  chaux  et  de  cristaux 
d'hématoîdine. 

M.  GuERSANT.  Je  me  range  à  l'opinon  de  M.  Marjolin.  On  trouve, 
en  effet,  chez  les  enfants  de  très-petits  calculs,  et  alors  il  ne  faut  pas 
pratiquer  l'opération  de  la  taille,  et  dans  des  cas  de  ce  genre,  j'ai 
réussi  plusieurs  fois,  en  employant  de  petits  instruments  de  litho- 
tritie.  '  . 

M.  GijiALDÈs.  Beaucoup  d'enfants  viennent  au  monde  avec  des 
[nerres,  il  n'est  donc  pas  étonnant  que,  chez  les  enfants,  on  trouve  de 
petits  calculs.  Chez  les  enfants  nouveau-nés,  les  tubes  de  Malpighi 
sont  farcis  de  matières  salines  (urate  de  soude),  ainsi  que  l'a  démon- 
tré Martin  d'iéna.  Presque  toutes  les  pierres  qu'on  voit  chez  les 
enfants  sont  des  pierres  congénitales. 

J'admets  volontiers  qu'il  faut  faire  la  lithotriiie  dans  les  cas  ana- 
logues à  celui  dont  M.  Marjolin  nous  a  entretenu  ;  mais  le  plus  sour 
vent  on  n'a  pas  à  intervenir,  parce  que  ce  n'est  généralement  que 
lorsque  les  pierres  sont  plus  grosses,  qu'eltes  donnent  lieu  à  des  acci- 


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—  SI  — 

dents.  Alors,  les  pierres  étant  plus  grosses,  la  question  se  pose  ainsi  : 
Combien  de  séances  de  lithotrllie  seront  nécessaires  ?  Or  il  faut  bien 
se  mppeler  qu'après  la  taille  les  enfants  sont  guéris  au  bout  d'environ 
quatorze  Jours,  tandis  qu'après  k  lilhotritie  on  peut  observer  de$ 
acôdenta  de  cystite  du  col,  voire  même  de  péritonite,  ce  qui  n'arrive 
pas  chez  les  adultes.  D'après  la  statiatique  faite  par  M.  Birkett  à  Gu/s 
Hôpital,  sur  103  enfants  opérés  par  la  taille,  4  seulement  ont  succombé. 
La  litbotrilie,  dans  de  pareilles  circonstances,  ne  donne  pas  d'ausai 
beaux  résultats.  Il  faut  tenir  compte  du  séjour  assez  long  à  Thôpital 
<iue  nécessite  la  lilhotritie,  séjour  peiHant  lequel  les  enfants  peuveat 
^Nrendre  des  aièctions  intercurrentes. 

M.  Mabjoun.  Je  crois  qu'un  certain  nombre  d'enfants,  qui  n'o«t 
que  de  très-petits  calculs,  soutirent  assez  pour  éveiller  la  solitude 
du  chirurgien.  J'ai  vu  deux  enfants  qui  présentaient  les  symptômes 
d'une  pierre  volumineuse,  et  cependant  leur  pierre  était  très-petite. 

La  taille  peut  donner  lieu  à  des  hémorrhagies,  à  des  Cstules  uri- 
naîrcs  consécutives  et  aussi  h  la  péritonite  ;  aussi,  je  pense  qu'il  y  a 
lieu  de  rechercher  si,  avec  dés  instruments  à  lîthotrîtie  bien  faits  et 
appropriés  au  volume  des  organes,  on  n'arriverait  pas  à  de  meilleurs 
résultats. 

Comme  M.  Giraldès,  je  tiens  compte  de  la  nécessité  du  séjour  à 
rhôpUal;mai8,  dans  beaucoup  dç  ca?,  les  séances  de  lithotritie  n'ont 
pas  besoin  d'être  multipliées,  et  assez  souvent  entre  les  séances  on 
peut  permettre  au  patient  de  retourner  chez  ses  parents.  • 

M.  GuERSANT.  J'insiste  sur  la  nécessité  et  la  possibilité  de  faire  la 

*  lithotritie  chez  les  enfants  qui  ont  de  très-petites  pierres  et  qui  sont 

très-jeunes,  chez  les  enfants  de  1  et  2  ans.  Plus  tard,  vers  l'âge  de 

4  ans,  si  la  pierre  est  volumineuse,  je  préfère  avoir  recours  à  la  taille. 

La  taille  est  facile  à  exécuter  chez  un  enfant  de  3  ou  4  ans,  mais  il 
n'en  est  pas  de  même  à  Tâge  dé  6  mois,  1  an,  etc.  • 

Chez  tous  les  jeunes  enfants,  les  calculs  sortent  quelquefois  spon- 
tanément, aussi  je  ne  commence  pas  le  broiement  dès  les  premiers 
jours,  je  passe  d'abord  une  petite  bougie  pour  dilater  le  canal. 
.  N,  Giraldès.  Si  l'on  prend  pour  type  un  enfant  bien  portant,  je 
soutiens  que  la  lilhotritie  est  plus  grave  que  la. taille. 

Si  le  calcul  est  volumineux,  s'il  a,  par  exemple,  3  centimètres, 
on  ne  peut  pas  employer  des  instruments  à  cuiller  assez  grands  pour 
le  briser. 

Chez  les  enfants,  la  vessie  est,  pour  ainsi  dire,  un  organe  périlo- 
néal.  La  péritonite  peut,  il  est  vrai,  être  observée  apr&  la  taille,  mais 
k'en  moîDs  souvent  qu'après  la  lithotritie. 

2«  série.  -%tome  ix.  8 


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^58  — 

J'ai  opéré  trente-neuf  enfanta  (jusqu'à  Tâge  de  15  ans)  de  la  taille, 
et  jeru^ai  pas  observé  un  seul  cas  de  fistale. 

M.  Ghassaignag.  Dans  le  cas  rapporté  par  M.  Varjolin,  l'explora- 
tion avait  bien  fait  reconnaître  Tetistence  d'un  corps  étranger,  niais 
non  d'un  corps  dur.'  En  pareille  occurrence,  peut-être  un  percuteur 
très-fin  aurait-il  pu  rendre  service. 

Je  sais  que  l'on  peut  rencontrer  de  grandes  difficultés  pour  établir 
un  diagnostic  précis.  Gbez  un  malade  que  j'avais  sondé,  j'avais  cons- 
taté la  présence  d'un  calcul,  et  l'opération  avait  éii  décidée.  Au 
moment  de  commencer  l'opérafion,  je  pratique  un  nouvel  examen  et 
ne  trouve  plus  de  calcul,  mais  seulement  un  corps  mou.  Après  avoir 
hésité  un  instant,  je  pratiquai  l'opération,  et  je  trouvai  le  calcul 
recouvert  d'une  couche  de  sang  coagulée  et  très-ferme. 

PRÉSENTATION  DE  MALADE. 

M.  Le  Fort  présente  un  malade  qui  est  atteint  de  grenomUette  satl- 
guine.  La  tuméfaction  ne  s'est  montrée  que  depuis  vingt-quatre 
heures;  c'est  là  un  cas  de  véritable  épanchemént  sanguin  dans  l'é- 
paisseur de  la  glande  sublinguale. 

La  séance  est  levée  à  cinq  heures. 

Le  secrétaite,  D'  Léon  Labbé. 


SÉANCE  DU    11   MARS   1868 
Présidence    de    H.   LE60VEST 

Le  procès-verbal  de  la  précédente  séance  est  lu  et  adopté. 

La  correspondance  comprend  : 

—  Les  journaux  de  la  semaine. 

—  Le  Journal  de  Médecine  et  de  Chirurgie  pratiques. 

—  Le  Journal  de  Médecine  de  fOuest. 

—  La  Revue  médicale  de  Toulmise, 

—  Le  Montpellier  médical. 

—  Le  Sud  méàical. 

^^Du  Bégayement,  considéré  comme  vice  de  prononciation,  par 


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—  59  — 

M.  GhenriD  atné.  Cette  brochure  est  accompagnée  du  rapport  fait 
à  la  Société  d'éducation  de  Lyon  par  MM.  les  docteurs  ^esgraDges, 
FoDteret  et  PaseoU 

LECTURE. 

M.  Paulbt,  professeur  agrégé  au  Yal-de-Grâce,  candidat  au  titre 
de  membre  titulaire,  lit  un  travail  intitulé  :  Études  sur  les  suites 
mmédiates  ou  éloignées  des  lésions  traumatiques  des  nerfs. 

(Commissaires,  MM.  Yerneuil,  Guyon,  Tiliaùx.) 

NOMINATION  DE  COMMISSION. 

L'ordre  du  jour  appelle  la  nomination  de  la  Commission  permanente 
de  statistique  chirurgicale. 
Sont  nommés  :  MM.  Lefort,  Larrey,  Trélat,  Broca,  Tarnier. 

PRÉSENTATION  DE  PIÈCE. 
Caleul  da  eanal  de  l'iurétlire. 

M.  LiÉGEon  présente  un  calcul  de  Turétbre  qui  lui  a  été  remis  par 
M.  Bouché,  médecin  à  Spincourt  (Lorraine). 

Le  calcul  que  je  désire  présenter  à  la  société  est  un  calcul  tecep* 
tionnel,  sous  certains  rapports  du  moins.  Je  le  dois  à  Tobligeance 
d*un  confrère  de  province,  M.  Bouché,  de  Spincourt  (Meuse),  qui  en 
me  le  donnant  tne  remit  l'observation  suivante  :  «  Dans  le  courant 
de  juillet  1857,  me  trouvant  dans  un  village  voisin  de  ma  localité,  je 
fus  prié  d'aller  voir  un  vieillard  de  72  ans,  qui  souffrait  à  la  verge 
depuis  très-longtemps  et  éprouvait,  depuis  quelques  jours  seulement, 
des  douleurs  excessives.  Arrivé  près  du  malade»  je  trouvai  à  la 
partie  inférieure  du  pénis,  derrière  le  scrotum,  une  vaste  ouverture, 
donnant  issue  à  de  Turine  et  à  du  sang.  Palpant  la  verge,  je  reconnut 
l'existence  d'un  corps  dur,  qui  s'échappa  spontanément  par  la  fistule. 
Je  ne  fus  pas  étonné  de  voir  tomber  dans  ma  ^main  un  calcul,  mais 
je  fus  surpris  de  constater  une  facette  lisse  et  régulière  sur  un  de 
ses  côtés.  J'avais  tout  lieu  de  croire,  dès  lors,  que  ce  corps  n'était 
qu'un  fragment  faisant  suite  à  un  autre,  et,  en  effet,  une  pince  à 
pansement  introduite  dans  le  trajet,  ^e  fit  constater  la  présence  d'un 
autre  corps  dur,  que  je  saisis  facilement  et  attirai  au  dehors  sans 
grande  difficulté. 

c  Cette  pierre  possédait  elle-même  deux  facettes,  indice  qu'il  en  res- 
tait au  moins  une  troisième.  Je  ne  tardai  pas  à  sentir  celle-ci  dans 
une  exploration  nouvelle,  mais  je  ne  pus  l'extraire.  Je  fis  prendre  au 
malade  un  grand  bain  de  trois  quarts  d'heure,  ti,  après  quelque  ef- 


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-•  «0  — 

fort,  je  p»  eirtralH^  «n  troisièiiie  f r agmenl ,  ^«s  rohiiniii^x  à  lui 
96111  que  les  tl«a&  mrtres.  Gocmne  celai-ci  ne  possédaft  qu'une  faeeCte, 
je  crus  inutile  de  faire  d'autres  tentatives,  et  mon  malade  fot  iffimé- 
diatement  soulagé.  Le  poids  total  d«  ces  trois  fragments,  pesés  aussi- 
tôt après  leur  extraction,  était  de  94  grammes. 

«  J'interrogeai  alors  le  malade  sur  ses  antécédents,  et  j'appris  que^ 
depuis  quarante  années  au  moins,  il  avait  toujours  souffert  à  la  ra- 
cine de  la  verge,  qu'il  n'avait  jamais  consulté  aucun  médecin,  vu  que 
ses  souflFrances  étaient  supportables  et  ne  l'empêcliaient  pas  d'exercer 
son  métier  de  cultivateur,  L'aét^  de  k  pUie  était  saignant  avant 
l'extraction  des  calculs  et  environné  de  fongosités  ;  depuis  15  ans,, 
elle  donnait  issue  à  de  l'urine.  La  portion  inférieure  de  l'abdomen, 
correspondant  à  la  région  vésicale,  présentait  six  perluîs  extrême- 
ment fins,  pouvant  admettre  tout  au  plus  un  stylet  de  Méjap,  don- 
nant passage  à  une  ^rès-petite  quâAlilé  d'urine,  et  présentant  à  leurs 
orifices  des  fongosités  égalant  le  volume  d'un  pois. 

«  Après  l'opération,  le  soulagement  persista,  mais  les  trajets  fislu- 
letix  ne  subirent  aucun  ehançement.  M«n  malade  sucoMilMt  l'Uter 
suivant,  autant  d'épuisement  que  de  misère.  » 

Gomme  première  particnlarité,  nous  constatons  la  frésenee  d*un 
talcQl  siégeant  dans  la  partie  initiale  de  f  ùrètbre  et  y  ayant  téméé 
éepnifl  peut«êtlre  une  quarantaine  /d'années,  si  l'on  a  égard,  du  moins, 
à  l'origine  des  douleurs  que  ee  malade  éproiffvait.  Ce  ms,  sous  ce 
éemier  rapport,  n'est  point  «nique  dnns  la  science.  Ainsi,  Camper  a 
IPftpporté  robservation  d-un  vieiifiard,  âgé  de  54  ans,  et^i  aTait  élé 
sondé  pour  la  pîerps  AfaNV  qu'il  était  enfant;  la  pierre  4fQi  fut  extraite 
du  eanal  de  l'urè^ive  pesait  1^  grammes,  iisrey  '4'Éli«tle8  père  a 
enlevé  de  rm*thie  un  eakmi  qui  y  séjoiirnai*  depuis  n  ans.  Entn; 
11.  OlKer  a  ùùl  la  même  npéraUen  ponr  une  pierre  qui  s'était  déposée 
ilans  le  eanai  11  y  avait  34  ans. 

Comme  seconde  partkularilé,  nous  voyons  que  le  firagmeni  le  plus 
vokimjneux,  le  dernier  enlevé,  -cdui  qu«,  par  conséquent  était  le  plus 
proche  de  la  vessie,  «st  creusé  dans  toute  son  étendue  d'un  eas^ 
eomplet,  s'ouvrant  aux  deux  extrémités  de  ce  fragment  par  deux  ori- 
fices, très-régulièrement  configurés,  si  ce  n'est  Ji'orifiee  postérieur  qui 
est  surmonté  d'une  saillie  eoniqoe  en  forme  de  luette.  Cecanal  est 
remarquable  par  son  aspect  lisse,  aspect  qui  contraste  avec  l'aspect 
ehagriné  de  la  périphérie;  il  semblerait  que  ses  parois  ont  été,  peur 
ainsi  dire,  limées.  C'est  surtout  la  présence  de  ce  canal,. creusé  dans 
fînlérieur  de  la  pierre,  qui  constitue  un  cas  exceptionnel.  Les  allons, 
les  rigoles,  les  gouttières,  sont  extrêmement  fréquentes,  mais- un  tel 


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^6i  — 

canai  o'a  peut-ètro  j«oiai«  été  reofioalré*  Dans  les  nombreiuies  re- 
dierches  que  j'aî  ùites  i  ce  sujet,  je  n'ai  trpavé  qiie  Ghopart  et,  Boyer 
fui  parbiifieQt  4e  cefte  disposition  comme  étant  po8aiJ;>le,  sans  ta^^ 
pori^r  d'observatiow  à  ra{>iMji  de  ietur'sappoâition. 

Ce  calcul  préseate,  comme  iroisième  j^Ucaliurlté)  une  dÎTision  en 
ifojs  fragmeniB  irréguliers,  maie  s'adaptent  esactement  Tnn'à  Tautre, 
et  d'une  façon  tellement  étroite  que  la  séparation  de  ces  diverses 
pièces  n'est  indiquée  à  Texlérieur  que  par  des.* sillons  parfaitement 
reetilignes.  Ces  trois  pieites  n'ont  pas  épUemeni  le  même  volume,  ni 
la  mémo  forvie,  ni  le  même  poidi;  le  volume  du  calcul  entier  est 
cdui  d'un  œuf  environ;  ;sa  forme  esf,  aussi  celle  d*un  ovoïde,  seule- 
mement  il  est  légèr^nent  aplati  à  sa  face  supérieure;  son  poids  total 
est  aujourd'hui  de  82  gremmes;  il  pesait  94  grammes  après  rextmc- 
tien.  La  dessiccation,  par  conséquent,,  lui  a  fait  perdre  12  grammes. 

Le  fragment  postérieur  arrondi  en  arrière^  représentant  la  grosse 
extrémité  de  l'ûBuf,  possède  en  avant  trois  facettes,  une  concave,  pla- 
cée infériëurement,  et  deux  planes,  situées  aundessus  de  cette  dernière. 
Ces  dernières  s'arrogent  au-dessous  de  l'extrémité  antérieure  du  canal 
intra-caleulaire.  Le  poids  de  ce  fragment  postérieur  ^  de 
45  grammes. 

Le  fragment  moyen  présaite  deux  £aceUe&  réunies  à  angle  a^u;  de 
ces  deux  &tcettes,  Time  est  concave  et  s'adapte  exisbctement  sur  la  i»- 
cette «onve^ile  du  fragmlènt  postérieur,  l'autre  est  concave,  transver- 
salement otmvexe^tt  sens  inveise.  Sa.  forsoye  générale  est  eelle.  d'tm 
croissant,  son  pdids  est  de  43  grammes» 

Le  fragmeoît  antèrmur  présente  une  facette  postévi^re,  alteroatt-  . 
vement  concave  et  eonveie  ccMaame  la  facette  antérieure  du  fragment 
moyen,  mais  dis)po8èe  inversement,  de  telle  sorte  que  cette  disposition 
reprée^nte  celle  que  l'on  reneonire  dans  les  articulations  par  ^nbot- 
tement  rédproqae.  Au-dessus  de  cette  facette,  qui  comprend  presque 
tonte  FépaIsBeur  du  fh*agment,  on  voit  deux  autres  facettes  plus  pe- 
tites, ^anes,  qui  s'adaptent  exactém«[it  à  celles  que  nous  avons  ren- 
eontrées  au-dessus  de  la  cavité  du  fragment  postérieur.  Bnfin; 
reitrémîté  antérieure,  de  ce  fragment  est  pointue  et  sillonnée  supé- 
rieurement par  trois  gouttières,  qui  aboutissent  à  la  partie  antérieure 
du  canal  intra-calculaire. 

Ces  gc^ttières  sont  lisses,  comme  le  canal  lui-même;  elles  repré- 
sentent  sans  aucun  doute  le  trajet  que  suivait  l'urine  pour  gagner  la 
tistule  pèrinéale.  Le  poids  total  de  ce  fi^gment  était  de  25  gi^ammes. 
Il  résulte  donc  de  la  disparition  de  ces  fragments  l'im  par  rapport  à 
ràutre,  que  le  médian,  c'est-à-dire  le  plus  petit,  est  placé  comme  une 


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sorte  de  coin  entre  les  deux  autres,  et  est  recouvert  par.  ceux-ci  au 
niveau  de  son  bord  supérieur  ;  cette  disposition,  du  reste,  est  indi- 
quée à  Textérienr  par  la  présence  de  deux  sillons,  occupant  la  face 
inférieure  du  calcul,  et  se  '  réunissait  sur  les  côtes  à  4  ou  5  milli- 
mètres au-dessous  du  niveau  de  la  face  supérieure. 

Quant  à  la  dureté  du  calcul,  toutes  que  l'on  peut  dire,  c'est  ^que 
les  fragments  résonnent  à  la  façon  des  fragments  de  sil^  quand  on 
les  frappe  l'un  contrS  l'autre;  quant  à  la  couleur,  chaque  fragment 
est  d'un  blanc  grisAtre  à.  l'extérieur,  et  légèrement  jaunâtre  vers  le 
centre,  sans  qu^on  puisse  distinguer  nettement  un  noyau  central;  On 
ne  distingue  non  plus  au  niveau  des  facettes  aucune  striation. 
Enfin,  tandis  que  la  surface  extérieure  est  rugueuse  et  chagrinée  dans 
presque  toute  son  étendue,  les  facettes  possèdent  un  aspect  lisse  re- 
marquaUe,  qui  leur  donne  un  éclat  brillant. 

L^  exemples  decalculs  fragmentés  à  la  façon  de  celui  que  je  pré- 
sente ici  ne  paraissent  pas  être  d'une  rareté  extrême.  M.  Leroyd'ËtioUes 
fils,  dans  son  traité  pratique  de  la  gravelle  et  des  calculs  urinaires, 
en  rapporte  deux  observations  empruntées  à  son  père.  L'un  de  ces 
calculs  a  été  soumis  à  l'examen  de  la  Société  de  chirurgie,  je  n'en 
parle  pas.  L'autre  est  celui  dont  j*ai  déjà  parlé.  11  était  constitué  par 
trois  fragments  juxtaposés;  les  surfaces  par  lesqudles  ceux-cL  se 
touchaient  étaient  polies,  de  couleur  gris-brun.  Leur  sur Hace  exté- 
rieure était  fortement  chagrinée.  Une  gouttière,  lai^  et  profonde, 
existait  sur  l'une  des  faces.  Ce  calcul  était  un  calcul  logé  dans  les 
parties  profondes  de  l'nrèthre.  On  voit  par  ce  peiT  de  mots  que  ces 
fragments  ressemblaient  dans  leurs  caractères  généraux  à  ceux  que 
BOUS  constatons  ici.  Mais  l'exemple  le  plus  curieux,  sans  contredit, 
de  ces  sortes  de  calculs  fragmentés  siégeant  dans  le  canal  uréthral, 
est  celui  qui  est  rapporté  par  M.  Voillemier,  dans  son  traité,  récem- 
ment paru,  des  maladies  des  voies  urinaires.  Dans  cette  observation, 
empruntée  au  professeur  Laudzert  (de  Saint-Pétersbourg),  il  s'agit 
d*un  calcul  composé  de  six  pièces,  et  extrait  du  canal  de  i'urèthre, 
*dans  la  partie  comprise  entre  le  méat  urinaire  et  la  portion  membra- 
neuse, chez  un  sujet  atteint  de  gravelle  depuis  l'âge  dé  21  ans.  Ces 
six  calculs  pesaient  ensemble,  immédiatement  après  leur  extraction, 
deux  onces  et  six  drachmles,  c'est-à-dire  environ  72,98.  Le  dessin 
reproduit  dans  Touvrage  de  M.  Voillemier  montre  que  ces  «aïeuls  ont 
une  forme  très-irrégulière,  à  l'exception  de  l'un  d'eux,  qui  est  parfai- 
tement hémisphérique,  représente  une  véritable  bille  et  est  placé 
entre  le  premier  fragment  conique  et  le  second  ayant  la  forme  d'un 
ménisque  biconvexe;  ces  six  calculs  paraissent  s'adapter  exactement 


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i 


foii  à  l'autre  par  des^  facettes  eoncaves  d'un  c6lé,  oouTezet  de 
Taotre. 

Ici  se  présente  une  question  difficile  à  résoudre  :  Quel  est  le  mode 
d*origine  de  ces -calculs  à  fragments  multiples.  Les  fragments  ré- 
suUent-iIff  de  fractures  qui  se  sont  efifectuées  spontanément  au.  sein 
d'un  calcul  primitiTcment  unique,  ou  bien  ces  fragments  sont-ils  ar- 
rivés^dans  le  canal  deFurèthre  isolément  Tunde  l'autre,  après  quoi  ils 
se  seraient,  par  le  frottement  auquel  ils  auraient  été  soumis,  adapté 
Vun  à  Tautre  par  des  facettés  lisses  et  régulières.  Tout  d'abord  je 
m^étais  rangé  à  la  première  manière  de  voir,  mais  mon  opinion  s'est 
modifiée  à  la  suite  des  recherches  bibliographiques  que  j'ai  faites,  et 
è  la  suite  de  mes  perquisitions  dans  les  deox  plus  belles  collections 
de  calculs  urinaires  qui  existent  à  Paris  ;  j*ai  surtout  mis  à  contribu- 
tion dans  mes  recherches  un  mémoire  des  plus  remarquables  fait  par 
Bruno  Schmidt,  sur  les  fractures  spontanées,  et  dont  je  dois  la  con- 
naissance à  M.  Yemeuil.  Dans  ce  mémoire,  l'auteur  a  recueilli  la 
plupart  des  faits  relatés  sur  ce  sujet.  Ces  faits  appartiennent  surtout 
à  Cb.  Tèxtor,  H.  Meckel,  Heller,  Yulker,  Tbuden,  Gruveilhier,  Cir 
Tiale,  etc.  Or,  dans  tous  ces  faits,  on  ne  rencontre  rien  qui  ressemble 
à  robsenration  que  je  viens  de  présenter;  tous  les  calculs  dont  il  est 
question  présentent  des  caractères  analogues  à  ceux  dont  nous  allons 
parler.  Ni  dans  la  belle  collection  de  M.  Cloquet,  déposée  au  musée 
Pupujrireo,  ni  dans  la  collection  non  moins  remarquable  de  Giviale, 
on  ne  trouve  ncm  plus  parmi  les  fractures  sur  lesquelles  est  placée 
r étiquette  de  fractures  spontanées,  de  particularités  semblables  à 
celles  que  nous  avons  indiquées  dans  notrç  observation,  dans  celle  de 
Leroy  d'ÉtioUes  et  dans  celle  de  M.  Yoillemier.  De  ces  divers 
examens  il  résulte  pour  moi  que  les  calculs  qui  se  fragmentent  spon- 
tanément ou,  pour  être  plus  exact  dans  l'expression,  les  calculs  au 
sein  desquels  s'effectuent  des  fragmentations  en  dehors  de  toute  in- 
troduction d'instruments  dans  les  voies  urinaires^  se  présentent  sous  . 
deux  aspects.  Les  uns,  sans  être  mous,  sont  d'une  friabilité  extrême» 
et  s'écrasent  sous  le  doigt  avec  la  plus  grande  facilité.  Je  présente 
ici  uo  spécimen  de  ces  calculs  qui  appartient  à  M.  Verneuil  :  il  se 
eompose  d'un  nombre  considérable  de  petits  fragments  du  volume 
d'une  tète  d'épingle  à  celui  d'un  pois,  et  ^e  plus  d'une  dizaine  de 
fragmenl^  plus  volumineux,  extrêmement  irréguliers  dans  leur  forme, 
ressemblant  ici  à  des  fragments  de  coquilles»  là  à  des  portions  de 
sphères  ou  d'ellipsoïdes,  ailleurs  se  rattachant  à  des  formes  cubiques, 
polyédriques,  etc.  Ces  derniers  fragments  ont  un  aspect  jaune-brûr 
nâtre,  ne  présentent  aucune  trace  de  striation,  et  tous  sont  suseep- 


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libleft  de  se  réduire  en  ane  poudre  .très-flne«quand  on  les  comprime 
avec  une  force  même  assez  faible  sous  le  doigt.  Je  regrette  que 
M.  Yemeaii  ne  soit  point  aujourd'hui  parfni  nous  ;  il  aurait  pu  nous 
donner  des  détails  précis  sur  l^ortgino  de  ce  calcoL 

La  seconde  catégorie  de  ces  fractures  spontanées  comprend  des 
cal<»ils  d'une  dureté  remarquable,  le  demande  la  permission  de  lire 
eue  note  écrite  de  ma  main,  après  une  visite  faite  à  M.  Giviale,  peu 
de  temps  ayant  &«  mort.  Dans  cette  magnifique  collection  se  trouvenl 
19  cas  de  fractures  spontanées.  Les  fragments  appartenant  à  chacun 
de  ces  cas  sont  en  nombre  extrêmement  varié,  depuis  deux  jusqu'à 
plusieurs  centaines.  Sur  quelques  calculs  volumineux  seulement,  et 
ifont  les  fragments  sont' peu  nombreux,  on  reconnaît  facilement  que 
ces  fragments  doivent  s'adaptçr  exactement  sur  une  perte  de  sub- 
stance que  présente  le  plos  gros.  Tons  ces  calculs  étaient  fixés  sur  de 
petits  morceaux  de  liège,  ce  qui  ne  me  permit  pas  de  chercher  à  les 
adapter.  Les  caractères  principaux  dé  ces  fragments  sont  les  suivants: 
tous  ont  une  couleur  jaune  ou  jaune-brtin;  quelques-uns  res- 
semblent à  des  coquilles  d'ceufs,  d'autres  ont  des  formes  polygonales 
de  toutes  sortes  ;  la  plupart  sont  rugueux  au  nirèau  de  la  fracture, 
lisses  sûr  la  surface  qui  correspondait  à  la  surface  extérieure  du  cal- 
cul primitif.  Quelques-uns  de  ces  fragments  sont  encore  en  rapport 
avec  un  noyau* nettement  déliinité,  deux  entr'aulres  se  présentent 
avec  un  noyau  spbérique  qui  surmonte  une  masse  conique,  ce  qui, 
leur  donne  la  forme  des  anciens  bonnets  d'abbé.  Sur  Tes  9ur faces  des 
fragmfCttts  o«  pfeot  voir,  dans  presque  toutes,  une  disposition  lamel- 
lense  franchement  accusée,. quelques-uns  possèdent  des  stries  qui  vont 
de  la  surface  au  centre. 

Pour  M.  Civiale  (communîcatîon  orale),  tous  ces  calculs  sont  diacide 
uriqoe;  cette  composition  serait  même,  en  quelque  sorte,  une  condi- 
tion de  la  formation  de  la  fracture;  la  disposition  lamelleuse  et  radiée 
•  devrait  être  aussi  ^se  en  très-grande  considération.  Les  calculs  que 
Von  trouve  dans  la  collection  du  musée  Dupuyfren,  ceux  dont  les 
observations  sont  rapporfées  dans  le  mémoire  de  Bruno  Schmîdt, 
présentent  les  particularités  que  je  viens  de  signaler  et  me  paraissent 
confirmer  l'opinion  de  Civiale. 

Si  nous  comparons  maintenant  ces  caractères  avec  ceux  que  pré- 
sente notre  calcul,  nous  ne  trouvons  aucune  ressemblance.  Dans  notre 
calcul,  ou  ne  trouve  point  de  noyau  évident,  la  masse  centrsfle  est 
en  réalité  légèrement  jaunâtre,  mais  elle  est  mêlée  çà  et  là  de  tache» 
blanc-jaunâtre  analogues,  quant  à  la  couleur,  aux  parties  les  plus 
superficieHes.  L'examen  àes  fecettes  de  chaque  fragment  ne  nous 


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—  6B~ 

pemel  point  de  constaler  ai  la  diq^Mition  hunelleuse  ni  la  dispositioa 
racHée.  r 

Pour  admettre)  par  o»séq«ent,  que  ces  fragmoats  soient  le  r.é«» 
foltat  de  fissurations  spontanées,  il  faudrait  admettre  que  les.  calculs 
du  canal  de  l'urètre  se  divisent  i^ontanément,  dans  d'autres  condi- 
ticms  de  structure,  que  les  calculs  de  la  vessie^ 

C'est  là,  la  raisoir  principale  qui  me  fait  croire  que  ces  calculs  ont. 
été  projetés  isolément  dans  le  canal  à  un  certain  moment,  qu-ils  s'j 
sont  arrêtés,  qu'ils  se  sont  placés  les- uns  au  bout  des  autres,  que  leurs 
fecettes  se  sont  adaptées,  s^ec  le  temps  et  les  frottements,  exactement 
Fune  à  Tautre,  qu'enfin  ils  ont  grossi  insensiblement  par  Taddition  de 
«ouches  nouvelles.  C'est  là,  du  reste,  l'opinion  de  Civiale,  de  M,  Mer<* 
cier,  de  M.  Leroy  d-Étiolies  fils,  et  d'uu  certain  nombre  de  mes  col- 
lègues à  qui  j'ai  montré  ce  calcul. 

Je  dois  dire  cependant  que  je  me  trouve  en  désaccord  avec  plu- 
meurs  des  membres  de  cette  société,  et  en  particulier  avec  M.  Voille- 
mier.  M.  Yoillemier,  dans  son  traité,  admet,  à  propos  du  calcul  de 
M.  Laudzert,  que  ces. fragments  multiples  trouvés  dans  le  canal  de 
rnrètre  et  configurés  de  manière  à  s'articuler  exactenàent  entre  eux, 
proviennent  d'une  fragmentation  spontanée.  Les  raisons  sur  les- 
quelles il  s'appuie  sont  les  suivantes  : 

a  Lor|qu'on  scie  ces  calculs,  on  ne  trouve  ordinairement  de  noyau 
que  dans  l'un  d'eux,  ce  qui  fait  pressentir  que  les  autres  calculs  sont 
de  formation  secondaire.  De  plus  le  petit  calcul,  arrêté  dans  le  canal, 
tend  chaque  jour  à  augmenter  de  longueur  par  l'addition  de  nouvelles 
couches  calcaires.  Or,  au  bout  d'un  certain  temps,  il  finit  par  former 
une  tige  rigide  assez  longue,  trop  peu  solide  pour  résister  aux  mou- 
yements  imprimés  à  la  verge,  et  c*est  alors  qu'il  se  rompt.  On  doit 
d'autant  moins  répugner  à  admettre  ce  mécanisme,  que  lui  seul  rend 
compte  de  la  manière  dont  ces  différents  calculs  sont  ajustés.  Tantôt 
ils  se  touchent  par  des  surfaces  légèrement  ondulées,  tantôt  Tun  d'eux 
présente  un  cône  creux  qu'un  autre  calcul  taillé  en  cône  plein  rem- 
plit exactement.  Dans  le  cas  de  M.  Laudzert,  on  voit  un  calcul  rond 
comme  une  bille  enserré  dans  deux  cavités,  dont  sont  creusés  les 
deux  calculs  entre  lesquels  il  est  placé.  Ces  espèces  d'articulations, 
«i  bizarres  au  premier  espect,  s'expliquent  très-bien  quand  on  se  rap« 
pelle  la  disposition  des  couches  calcaires  ajoutées  au  calcul  primitif, 
^t  les  lignes  semi-elliptiques  indiquent  la  succession  des  dépôts;  car 
c'est  dans  la-  direction  de  ces  lignes  et  dans  les  interstices  de  ces 
couches  qu'a  lieu  la  rupture  de  la  masse  calculeuse.  » 

Comme  dans  notre  observation  ces  lignes  'concentriques  n'existent 
V  série,  —  tome  ix.  9 


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~  w-^ 


Mils  p^rl,  cêmmit  «d  ne  peut  coaiMerlft  fnéMnot  «Vtiii  oafiM  Mhbi 
évident,  il  en  résulte  que  nous  ne  pouvons  nous  ranger  à  TopioèèliAt 
H.  VoilteflilH'.  liait Tffil  que  nous  n*avoas  pM  fKtt  desooitpe»  4«Mi  le 
eftkrul:  nou^i^e  po&v^os  pas,  par  CMséquîtttt  êSSuam  cKiae  ftigMi 
alMokie  que  la  striation  n'exîslfr  pas.  J'ai  cru  deivotr  m'abMwÉr  ^ 
eette  mutilation  d*un  caleal  aussi  inaportnnl  que  eelui  que  je  piréMiila 
h  la  Soeiété  ;  la  rareté  de  pareils  dépèt»  me  faU  eia  quelque  sorte  un 
4evoir  ^  le  conserver  inftaet.  J'apprendai  du  resi<e  à  rûtslanl,  p«t 
M.  Ouyon,  que  la  collection  de  Giviale  a  été  léguée  à  l'hôpital  Ned^« 
C'est  pour  m(^  un  plaisir  de  Feiffrir  à  aoM  coUègue,.  akirs  ^argil  du 
serviee  dea  maladies,  urînairea;  un  jour  peut*ôtre  servira^tril  à  Hm-^ 
dder  cette  question  de  la  fragmentation  des  calcuU,  encore  peodanj^ 
aujourd'hui  et  attendant  de  nouTelies,  recherchea*     , 

M.  Trélàt.  Je  ne  partage  pas  TopinioA  de  M.  Liégeoi».  Il  y  a  d^a 
calcula  biliaire»  et  même  vésicaux  qui  croissent  simultanément  ^  cea 
d^uls  présentent  la  forqie  d'un  pdgrèdre  h  plusieurs  côté».  Daia»!^ 
cas  qui  est  soumis  h  notre  examen,  on  se  demande  en  vertu  de  qool 
phénomène  extraordinaire  les*  calculs  auraient  pris  la  forme  hiaqarre 
qfi*ils  présentent.  Ce  sont  là,  bien  évidemment,  les  fragmenta 
d'Bn  calcul,  qui  se  sont  usés  par  le  frottement,  penda&t  un  ternie 
très-long. 

PBJSSENTATION  D*APPAREII<.  * 

M.  LÉON  Lefort  présente,  au  nom  de  M.  Guiliot,  fabricant  d'app«K 
reiis  chirurgicaux,  ime  jambe  artificielle  qui  présente  les  particularitéa 
et  les  avantages  suivants  :  . 

La  ceinture  qui  soutient  le  membre  est  munie  d'une  plaque  et  porte 
une  articulation  mobile  dans  tous  les  sens  et  reproduisant  les  mou- 
vements de  l'arliculation  coxo-fémorale  à  laquelle  elle  correspond. 

Au  niveau  du  genou,  un  verrou  mobile  d'une  disposition  partieiK^ 
lière  permet  d'immobiliser  la  jambe  dans  la  rectitude,  de  lui  donner 
la  flexion  complète,  ou  de  lui  laisser  une  légère  mobilité  qui  facilite 
beaucoup  la  marche  et  la  rend  moins  disgracieuse,  sans  hn  rien  faire 
perdre  de  sa  solidité. 

La  partie  là  plus  importante  de  l'appareil  est  le  mode  de  point 
d'appui  iscbiatique.  La  plaque  courbe  sur  laquelle  repose  l'ischion,  et 
qui  est,  sur  ce  dessin,  reproduite  à  part,  jouit,  au  moyen  d'une  triple 
articulation,  des  mouvements  de  flexion,  quels  qu'ilé  soient,  et  du  mou-^ 
yement  de  rotation;  cette  plaque  est  fermement  appliquée  sur  l'is- 
chion, et  reste  constamment  en  rapport  avec  lui,  quelle  que  soit  la 
position  du  membre. 


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fqoXi  réaKM»  iBiîtiuX  mm,  un  ipeo^rèB  réel  cor  les  ittpf)ak«iife  âOiaiogaai, 
iDa»  le*i«Kili0i  «rtîftèifittts  >ca^ld|édi  éims  tes  cas  'd'Iraipiilatioa  4ft 
Aicaimv  6*  de  ifei|iiBbaiiil  léeiliuB  dlBs  oMiléoiaB,  Je  point  d*at>pm  M 
tfntaw  risefatOD,  ïDajt  t'iselrioli  nepeae  «ir  le  te]N)rd  tn^me  4Û  ekie 
^.«■l)ollelécanB6k  Le  fttîÉl  dlei]^  «ohiaftiQifte  m  «aeut  4<tte  efifc 


^  vmtàtft  ki^iilin^  «d  là  d0i  ^h>fimeditt  (iwn  ^i  amèuetit  âts 
^ètebriiKtofiftVdatid  ^tékiinrî,  «u  tM>MmM,  fOit  ttl0  Hlfi^UMi  eiS- 
pruntée  à  mon  appareil  pour  la  tmtkgUi,  mmfk  f i^MtemSal  n'a  MëH  i^r 
la  peau,  puisque  le  poial  â'^f«fl  «ttt^d^éttti  <fi«:e  «ttr  le  bâMti»  «t  àie- 
bile  sur  le  reste  de  Tappareil.  Nous  avons  vu,  dans  ces  derniers 
temps,  se  produire  avec  grand  brait  uo  détestable  appareil  patronné 
par  les  administrations,  la  jambe  artificielle  de  M.  le  comte  de  Beau* 
fort.  Dans  celui  ci,  la  difficuHé  est  irapprimée;  il  n'y  a  pas  de  point 
d'appui  ischiatique  :  c*est  la  pression  latérale  de  la  jaml^ère  et  du 
cuissard  sur  les  parties  molles  qui  soutient  le  poids  du  corps;  de  là 


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une  tension  conddérable  de  la  peau  ou  des  téguments  vers  le  inoigàon. 
Lorsque  j'ai  pris  possesaon  de  mon  service  à  l'hôpital  Gocbin,  j'y  ai 
trouvé  on  malade  amputé  par  M.  Dolbeau  au-dessus  des  maUéoIes.  H 
lui  avait  été  délivré  un  appareil  de  Beaufort,  avec  lequel  l'opéré  alla 
à  Yincennes.  Là,  il  dut  renoncer  à  s'en  servir,  bien  que  le  moignon 
fût  parfait  sous  tons  les  rapports.  M.  Dolbeau  avait  obtenu  pour  W 
une  jambe  à  charnière  ^u'il  porte  sans  aucune  fatigue.  Ce  malade  nous 
a  dit  s'être  trouvé  à  Yincennes  avec  deux  autres  amputés  qui,  eux 
aussi,  ont  dû  renoncer  à  se  servir  de  Tappareil  de  Beaufort.       « 

M.  TiLLÀUx.  Les  appareils  de  M.  He  Beaufort  sont  excellents.  Lefr 
malades  peuvent  aller  à  la  chasse,  faire  dix  ou  douze  lieues.  Assuré- 
ment, ces  appareils  ne  méritent  pas  une  pareille  réprobation. 

M.  Larret.  Je  crois  que  M.  Lefort  est  trop  sévère  pour  M.  de  Beau- 
fort.  J'ai  vu  plusieurs  de  ces  appareils,  qui  ont  rempli  parfaitement 
les  indications  auxquelles  on  les  destinait. 

H.  GuTON.  J'observe  en  ce  moment  un  malade  amputé  de  la  jambe 
au  tiers  supérieur,  chez  lequel  l'appareil  de  M.  de  Beaufort  est 
employé  avec  avantage.  Je  me  propose,  d'ailleurs,  de  soumettre  ce 
malade  à  l'examen  de  la  Société. 

M.  LÉON  Lefort.  Les  tant  célébrés  appareils  de  M.  de  Beaufort 
sont  loin  de  mériter  les  éloges  que  leur  donne  M.  Tillaux.  Son  bras^ 
artificiel,  dont  le  pouce  seul  est  mobile,  n'a  absolument  rien  de  nou- 
veau. Ce  pouce  se  rapproche  par  un  ressort,  et  il  s'étend  par  {a  ten- 
sion d'une  corde  à  boyau  qui  s'attache  sur  le  bras  de  l'autre  côlé.  Or, 
c'est  là  un  principe  emprunté,  tacitement  il  est  vrai,  aux  appareils  do 
Yan  Peterseo,  Cbarrière,  Béchard,  Mathieu,  etc.,  principe  appliqué 
déjà  au  seizième  siècle.  Le  malade  tant  exhibé  à  l'Ëiposition,  bien 
qu'il  n'eût  subi  d^amputation  qu'au-dessous  du  coude,  n'a  pas  mémo 
pu  tenir  une  livraison  de  la  Revue  des  Beux^Mondes.  L'appareil 
eoûte  peu,  mais  il  ne  'saurait  guère  servir  qu'à  des  gens  de  service 
dans  le?  bureaux  d'administration.  Quant  à  la  jambe  artificielle,  elle 
peut  servir,  .à  la  rigueur,  pour  l'amputation  au  lieu  d'élection,  elle^ 
est  inapplicable  dans  presque  tous  les  autres  cas  et  ne  présent,  pour 
les  malades,  qu'une  sécurité  médiocre. 

La  séance  est  levée  à  cinq  heures  un  quart. 

Le  Secrétaire,  D'  Léon  Labbé. 


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—  €9  — 

SâAKCB  DIT  18  MASS  1868 
Présidenee  d«    H.   I^EGOUEST 

Le  procès-verbal  de  la  précédente  séance  est  lu  et  adi)pté. 

CORRESPONDANCE 

La  correspondance  comprend  : 

—  Les  journaux  de  la  semaine. 

—  Le  Bulleiin  de  thérapeutique, 

-^  La  Goiette  médicale  de  Stroêbourg. 

•-?  Le  Sud  médical  (de  Marseille). 
•  —  Annual  report  oftke  surgeon^  général  Vniied  Staies  army,  1867.  — 
Br.  in-8». 

—  Tereln'aêiUme  del  crano  in  un  epileUiço^  par  le  professeur  Rizitoli. 
Bologne,  i868.  —  Br.  jn-4o. 

—  Des  Chancres  phagédéaiques  du  rectum,  extrait  des  Archives 
générales  de  médecine  par  M.  Després,  membre  titulaire. 

M.  GuYON  présente,  au  nom  de  M.  Letenneur  (de  Nantes),  un|d 
observation  intitulée  :  OdotUâme  radicuMre  cémentaire.  Cette  obser- 
vation avait  déjà  été  envoyée  à  la  Société  sous  le  titre  à'exostose 
éhvrnée;  mais  eue  n'avait  pas  été  publiée. 

Odontôme  radienlalre  eémeittolre. 

La  femme  Y...,  ftgée  de  34  ans,  deineurant  à  la  Chapelle-sur- 
Erdre  (Loire^Infériettre)^  est  entrée  à  THÔtel-Dieu  de  Nantes  le 
8  lévrier  1858,  pour  une  tumeur  de  la  mâchoire  inférieure. 

Cette  femme  nous  raconte  que,  vers  Tâge  de  huit  ans,  elle  éprouva 
des  douleurs  au  cM  gauche  de  la  mâchoire;  Favulsion  d'une  grosse 
molaire  malade  ne  produisit  qu'un  soulagement  incomplet.  Dès  cette 
époque,  le  côté  gauche  de  la  mâchoire  était  plus  volumineux  que  le 
€(Mé  droit,  et  eette  tuioéfaetion  n'a  pas  diminué  après  rextraetion  de 
iadent. 

Les  souvenirs  de  la  malade  paraissent  très-précis  sur  tous  oes 


Les  dioaes  Testèrent  dans  le  même  état  pendant  seize  années,  et, 
k  gonflement  de  la  mâchoire  et  quelques  petites  douleors  qui 


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—  Ifft  — 

n'attiraient  que  faiblement  l'attention  de  la  malade,  tout  semblait 
rentré  dans  l'ordre. 

Après  cette  période  ^e  miM  abi,  ■urvèm^ntée  nouvelles  et  asseï 
Tires  douleurs;  on  employa  des  cataplasmes  émoUients  et  on  eut 
recours  à  rappli&àiidntiâ  QitfeliluetlsaBgsun» 

Les  douleurs  aiguës  se  calmèrent  de  nouveau;  les  choses  reprirent 
leur  allure  habituelle,  et  la  tumeur  n'augmenta  pas  sensiblement. 

Dans  les  derniers  mt)is  ûè  iVSI,  c'est-à-dire  V^ig^Sut  ttiÈ  après 
l'apparition  des  premières  douleurs,  les  accidents  devinrent  plut 
sérieux  :  on  les  attribua  à  une  dent  cariée;  la  malade  se  la  fit  enlever, 
mais  sans  succès  contre  la  douleur  qui,  an  eo^iuftie,  tntgonen^  betiu- 
coup.  Le  gonflement  devint  énorme, -et  plusieurs  ybilM9èê  t'txiVflfent 
successivement  dans  la  bouche  et  resÂfte»!  Mulenx. 

Pendant  cinq  mois,  aucun  événeuietyt  ti^uvtaù  IMS  ÉMhrfni;  lÉdti  la 
malade  était  toujours  incommodée  i^  le  fMUs  ^  ^uftÂt  éim  la 
toucha  «t  par  le  tolâmè  de  la  lâàehoire.  ' 

Vers  cette  époque,  un  ihédicastre  de  campagne  conseilla  l*%i|i|^ltéft>- 
4i«^<d'tin  emplftu«  i^û'on  hnslta  «Ë,pla«e  pendïint  (^Atneè  fbuirir;  pen- 
dant ce  temps,  les  douleurs  furent  intolérables,  «ti^u^AH)  ott  âéM'lS 
"fAk  la  région  makde,  'ètk  r^som^t  ^^u»é  plAïè  l^fonêe  s'était 
produite  et  atlèignait  fa  «ttrfoce  4»seofte.  - 

X  partir  de  ce  moment,  le  pus  s'écoula  au  dehors,'  mais  la  tumeur 
oiAeâsè  augmenta  d^  vohlfnB,  isurtout  àfintèrîeardela  bt)liehe.  Cest 
aîor^  que  la  femme  V...  tint  îédaméir  mes  conselh. 

Je  i;onstatal  un  gonflenrent  coniâidërable  du  m^tllatire  tntifteur 
dont  les  deux  lames  semblaient  étsartées  Vmh  de  Pautire.  La  tometir 
n'était  donc  pas  circonscrite,  «t  «es  limites  ne  pouvaient  être  pré* 
cisées.  ^ 

Un  «tjiet  itatH)duU  ê(m  Ut  £st«ib  p(iié«»àit  w  milieu  4%  tk  t«Meur 
4  tràV^M  un  pertuis  Ae  ït  psiroi  «fltmrn»;  on  tcimmitMit  M«é(^[i«isM>e 
mobile,  rugtt^ut ,  offrant  à  la  fer«iMî»iË  «t  4  ta  ^  mcftloà  Uto  eu«ef(b«s 
^'Me  tnMsse  4t«èlNMliipM;M» 

Uèpéraiion  fui  ptmtiqâféè'ddk  dialilèf»illi>f«i«lè": 

£ti(^i^n  divi^Kflt  là  lèf^B  MéHfJurè  suf  la  Hgfie  lâéiÉâM,  fioti  Nf- 
^a^eniruite  te  btr^â»  la  nMtt4M]usi|U*luipi^<iiit  «Étt^élèr*. 

Le  h^b^au  M  àéMki  étt»  l«s  fdln«siiHiMiidM«u  tB(iy%aiisla 
spatule,  ce  qui  mit  immédiatement  à  nu  toute  la  coque  osseéttê-.  àki 
«no;^  de.  pinlies  itt^isfveft,  ^  Iftfbui^  et  Hu  tntttlM,  f^âttlttvai  Uute 
la  paroi  externe  et  je  pus  extraire  une  masse  osseuse  à  laquelle  triM- 
-Hdt  QUèij^llté  mdiêÈm.  <Geltli  tM»e<oM«iM  tosMttllMit  mm  IMi  à 


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-Tft- 

• 

m^U  fvm  exMrOiQsi  ^U^  MuoJmu  fot  vernis  ea  place  et  màinteou  m 
m»:im  d^lM^êut^j^  eptoi^éiç,.  po¥X  to^iibtexQrtteale,  et  de  filaméMr 
UV^e»»  pour  lu  i^fak^  boid:(oiataIe* 

La  réunion  immédiate  eut  lieu,  et  la  malade  quitta  rbôpiULau 
ImJ^  ^  quivïA  jouca^  çonaenr^nt^ocçtre;  à  la  partie  inféfieuirQ  de  la 
ÎQm  l'ogrifi^c^  da  mtm  aAÔeiw^.  Qalule^  <|ui  laisfiialt  écouler  un  peu  d« 

Je  recommandai  à  la  malade  de  venir  me  revoir,  mais  elle  fit 
«^i¥ke  cette  visjte  ai%  amu  EJLl*  ivaH,  eu  la  constance  de  garder  pen^ 
d^i^t  tout  ce  t^n^i^  une  fistujQ  par  laipieUe  la  salive  s'écoulait  ahoAr 
dMdOM^,  iocoAvéoieaL  ajaquel  elle  obviali  par  un  petit  tampon,  de 
charpie* 

Cette  fistule  était  formée  par  les  parties  molles  de  la  j[0ue  et  par  un 
pont  ofiseuji;^  une  sorte  d'anse  implantée  sdr  le  maxillaire  et  logée 
dans  Vépaisseur  de  la  joue.  La  peau  et  la  muqueuse  buccale  se  rejoi- 
givaie^l  seus  cette  arcade.  Je  décidai  cette  femme  à  se  débarrasser  de 
ao«  infirmité  :  la  fissile  fut  comprise  entre  deux  incisions  ;  Tarcade 
iMU9eu9(Ç,  mise  à  découvert,  fut  détacbée  par  deux  traits  de  sciç  et  I41 
suture  entortillée  réunit  les  parties  moUes;  la  guérison  fut  obtenue 
premptcwaeot,  et  len  traces  de  la  double  opération  sont  àjpeine  aj^ré- 
CMihies. 

Examen  de  la  pièce. 

La  tUD»eur,.  asse^  irrégulière  à  sa  surface  et  ressemblant  assez  bien, 
ommejie  Tai  dit,  h  un  calcul  mural,  présente,  dans  son  plus  grand 
diamètre,  eu  y  comprenant  la  racine  de  la  dent,  3  centimètres  et  demi; 
les  autres  diamètres  sont  de  2  centimètres  et  demi. 

La  dent  adhérente  à  la  tumeur  est  la  première  petite  molaire  par- 
Caitement  conformée;  Tadhérence  a  lieu  par  un  seul  côlé  de  la  racine 
et  par  l'extrémité  de  cette  racine,  qui  se  recourbe  comme  pour  se 
fondre  dans  le  tissu  anormal.  Cependant,  la  blancheur  de  la  racine 
contraste  avec  la  couleur  grisâtre  de  la  tumeur. 

La  couronne  de  la  dent  est  libre  et  n'a  subi  aucune  altération.  Une 
coupe  au  moyen  de  la  scie  démontre  qu'il  s'agit  d'une  tumeur  éburnée 
d'une  extrême  dureté;  l'examen  d'une  lamelle  au  microscope  a  révélé 
une  structure  osseuse.  On  y  voit  quelques  ostéoplastes.  Cetie  exostose, 
qui  n'est  qu'un  épanouissement  du  cément,  a  débuté  au  moment 
de  la  seconde  dentition,  à  l'âge  de  7  ou  8  ans;  elle  ne  s'est  nécrosée 
^ue  vingt-six  ans  après  l'époque  de  l'apparition  des  premiers  abcès. 

U  est.  difficile  de  compreùdre  que  la  vie  puisse  persister  dans  une' 
masse  aussi  compacte  et  dont  les  éléments  sont  condensés  à  ce  point. 


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Boyer  semble  fah>e  allusion  à  des  falld  analogues  lorsque!  dit  (Mlslaef. 
cMrurg.,  t.  III,  p.  484,  édit.  de  Ph.  Boyer)  :  «  t)ne  des  terminaisoi» 
de  Texostos^,  dont  les  auteurs  n'ont  point  parlé  et  qui  a  cependant  été 
observée  surtout  dans  Texostose  dure  et  slalactiforme,  c'est  celle  par 
nécrose.  »  ^        ' 

Sous  le  titre  de  Nécrose  de  la  mâchoire  inférieure^  Desault  (OEuvres 
chirvrg.f  t.  II)  a  publié  un  des  faits  auxquels  Boyer  fait  peut-être 
allusion,  car  il  s'agit  d'un  séquestre  qui  avait  le  volume  d'une  irès^ 
grosse  fioix. 

Depuis  que  les  travaux  de  MM.  A.  Forget,  Robin  et  Broca  ont  jeté 
une  si  grande  lumière  sur  la  nature  et  l'origine  des  tumeurs  qui  se 
rattachent  à  l'évolution  dentaire,  les  faits  ne  manqueront  pas  de  se 
produire  en  grand  nombre,  et  ce  chapitre  de  la  science  ne  laissera 
bientôt  plus  rien  à  désirer. 

Après  avoir  fourni  déjà,  une  observation  et  une  pièce  anatomique 
qui  ont  été  pour  M.  A.  Forgel  l'occasion  de  savantes  et  intéressantes 
recherches  {Étude  kistologique  d'une  tumeur  fibreuse  non  décrite  de  la 
mâchoire  inférieure^  etc.,  avec  planche;  mémoire  lu  à  la  Société  de 
chirurgie  de  Paris,  1861) ,  je  suis  heureux  d'apporter  un  nouveau 
tribut  à  rhistoire  des  odontômes. 

M.  Bboga.  m.  Guyon  a  bien  voulu  mettre  à  ma  disposition  la  pièce 
qui  lui  a  été  envoyée  par  M.  Letenneur,  et  sans  l'endommager  j'ai  fait 
faire  une  préparation  microscopique  (coupe  très-fine)  pai»  M.  Bour- 
gogne. Cette  pièce  ne  renferme  que  du  cément.  Cependant  la  partie 
centrale  parait  ressembler  à  de  i'ivoire;  mais  en  y  regardant  de  près, 
on  voit  qu'il  n'y  a  que  des  corpuscules  osseux.  C'est  bien  là  utf 
exemple  d'odontôme  cémentaire.  Chez  l'homme,  ces  tumeurs  ne 
peuvent  avoir  leur  point  de  départ  qu'au  niveau  des  racines  des 
dents,  et  dans  le  cas  dont  il  s'agit,  la  tumeur  a  pris  naissance  sur  une 
racine  de  la  dent. 

En  général,  les  odontômes  ont  une  forme  arrondie,  mamelonnée, 
mais  chacun  des  petits  mamelons  est  régulier;  ici,  ces  saillies,  au 
contraire ,  sont  rugueuses.  Cette  disposition  s'explique  par  la 
longueur  du  temps  pendant  lequel  la  tumeur  a  été  en  contact 
avec  des  tissus  en  suppuration  (depuis  l'âge  de  S  ans  jusqu'à  Fftge  de 
34  ans).   • 

Statistique  hospitalière. 

M.  Brocà.  Deux  personnes  ont  essayé  de  répondre  aux  vœux  de  la 
Société,  qui  désirerait  poursuivre  dans  les  asiles  de  convales- 
cence la  statistique  commencée  dans  nos  services  des  hôpitaux.  Quoiqu'il 


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-18- 

«'«pfil»  9M  i^  mMqfm  «OW^  daaft  tot  adet^  dspuw  ktagom 
moimiiikx  mm  fv\l  hm  Vi^  Mt  «iwoîr»  IL  le  dodear  Domaail,  et 
«HMori  ik^ee  M^nej,  raimiiMl  tous  lei  docoinaiils  propre»  à  m 
ffmw  1^  iMMwr  fe»  ^yt  soUctea. 

^  n'ai  pas  tt»»  4%  «roiv»  qii#»  îtts^'ik  ce  jiQur,  Amt  rekivéft  aeoi- 
litabl^s aîjHMl  élkt^  à  r«Bile  (}tt  Yèsmet. 

Be  soD  côté,  M.  Ilûsson  a  bien  Yotiht  m'écrire  on»  lettre,  dont  je  van 
ipaua  <wiff>niii<||fteg  la  taaeor. 

V.  HiitsaaA  q«I:  all^  voir  M.  de  Boaredon,  aeorétake  général  da 
lUniatère  âa  Tlotémur^  et  U  a  demandé  que  Ton  voulût  bieo  mettra 
radsiiiuBtrtJtiQn  de  TAsaistanee  publique  ci  naesBre  de  reettriUir  des 
roaaeigxieiiieftte  aur  lea  nmiades  qui  sont  amiiadeB  bôpitaux  poi»  ae 
Maèn  dMA  laa  aaile»  de  coQ^akactnce. 

On  pourra  désormais  annexer  à  la  statistique  d&  TadmîinatvaiiMi 
de  TAssiataiice  publique  U  ataitiatique  des  asiles  de  conyaleflo^nto» 

NOMINATION  DE  COMMISSION. 

L'ordre  du  jour  appelle  la  nomination  d'une  commission  chargée 
d'examiner  les  titres  des  candidats  à  une  place  de  membre  titulaire 
de  la  Société, 

Cette  commission  sera  composée  de  MM.  Panas,  Blot,  Depaul. 

conaniicATioN.* 
Sur  un  ealeal  renda  par  le  périnée. 

M.  Màrjolin  fait  la  communication  suivante  : 

Bans  les  dernières  séances»  puisqu'il  a  été  à  plusieurs  reprises 
question  d'affections  calculeuses,  je  saisis  cette  occasion  pour  vous 
présenter  un  calcul  volumineux  reodu  spontanément  par  le  périnée; 
et  bien  que  les  auteurs  renferment  plusieurs  observations  de  ce 
geare,  je  crois  que  ce  fait  est  d'autant  plus  intéressant,  que  l'enfant 
qui  a  rendu  cette  pierre  a  été  taillé,  il  y  a  neuf  ans,  par  notre  cetl- 
J^ue  M.  Déguise  fils.  Il  n'y  a  dôoc  pas  à  faire  l'objection  que  l'on  a 
si  sottvest  reproduite  à  l'occasion  de  la  lilhotritie,  que  des  fragments 
oubliés  dans  la  vessie  avaient  pu  servir  de  poiat  de  départ  à  la  for- 
matioa  d'Un  nouveau  calcul.  U  y  a  des  exemples  de  récidive  après 
des  tailles  bien  faites,  et,  pour  ma  part,  j'ai  eu  l'occasion  de  voir  une 
personne  qui  succomba  à  un  étranglement  interne. et  qui  avait  été 
opérée  trois  fois  par  Souberbielle  par  le  procédé  du  baut  appareil. 

Le  calcul  que  je  mets  sous  vos  yeux  fui  rendu  par  un  garçon  de 
14  ans  et  demi,  grand,  d'une  assez  bonne  constitution.  Personne  dans 
2«  série,  —  tome  rx.  10 


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.     —94  — 

m,  famille  n'a?ait  été  atteint  d*une  affection  semblabie.  La  pfetnièr^ 
pierre  extraite  par  M.  Déguise  avait  le  yolume  d'iin  œnf  de  pigeon;  la 
guérison  fat  rapide.  Cette  fois,  le  jeune  malade  commença  à  soufil^îr, 
il  y  a  un  an,  dans  le  bas- ventre  et  dans  la  région  périnéale.  Pendant 
plus  de  huit  mds,  il  fut  obligé  de  rester  couché;  enfin,  dans  le  cou- 
rant de  mai  1867,  un  abcès  se  forma,  et  dans  les  derniers  jours  du 
même  mois,  la  pierre  sortit  librement. 

Ce  calcul,  dont  la  pesanteur  spécifique  est  peu  considérable,  est 
Irès-friable  :  son  poids  est  de  38  grammes;  sa  forme  est  celle  d'un 
cylindre  allongé,  irrégulier,  un  peu  noueux,  mesurant  dans  sa  plus 
grande  étendue^lus  de  8  centimètres,  et  dans  son  diamètre  le  moins 
considérable  plus  de  3  centimètres.  L'extrémité,  qui  très-probablement 
répondait  à  l'orifice  vésical,  est  irrégulière  et  comme  modelée  sur  des 
anfractuosités*  . 

A  la  suite  de  l'issue  de  ce  calcul,  il  resta  une  fistule  urinaire  qui  a 
demandé  près  de  quatre  à  cinq  mois  pour  se  fermer;  la  cicatrisa*- 
tion  n'a  été  obtenue  qu'après  des  cautérisations  répétées  avec  le 
nitrate  d'argent. 

RAPPORTS. 

M.  DE  SainT'Gerhain  donne  lecturedes  deux  rapports  suivants  : 

L  —  Rapport  sur  deux  notes  présentées  à  la  Société  de  chirurgie 
par  M.  Dauvé,  médecin-major. 

Les  conclusions  de  ce  rapport  sont  : 

!•  De  remercier  M.  Dauvé  de  son  travail; 

2^  De  déposer  dans  les  archives  les  observations  qu'il  a  commu- 
niquées à  la  Société; 

3**  D'inscrire  le  nom  de  M.  Dauvé  au  nombre  des  candidats  à  la 
place  de  membre  correspondant.   •  • 

IL  —  Rapport  sur  une  note  de  M.  Leroux,  de  Versailles,  relative 
au  traitement  d^  la  syphilis  par  le  bichromate  de  potasse. 

Les  conclusions  de  ce  rapport  sont  : 

l""  De  remercier  M.  Leroux  de  son  intéressante  communication  ; 

2**  De  déposer  son  travail  dans  les  archives; 

Z"  D'inscrire  son  tfom  sur  la  liste  des  candidats  au  titre  de  membre 
correspondant. 

M.  Lefort.  m.  Leroux  redoute  l'apparition  de  la  salivation  après 
l'emploi  du  traitement  mercuriel.  Je  dois  dire  que,  pendant  dix-huit 
mois  passés  à  l'hôpital  du  Midi,  si  j'ai  vu  souvent  la  salivation  mercu- 
rielle  succéder  aux  onctions  pratiquées  dans  les  cas  d'orchite,  je  n'ai. 


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_  re  — 

911  revanche,  jamais  obs^nré  de  salivation  grave  chez  les  ^hilHiqueii 
auxquels  j'administrais  le  mercure  à  l'intérieur. 


GOmroNIGATIONS. 

M.  Dbpaul  eommunique  Tobservation  suivante': 

Héckirimr^  eewlral^  du  périnée  ehez  une  primipare. 

Femme  brune,  assez  bonne  constitution,^  d'un  embonpoint  modéré. 
Conformation  du  bassin  normal. 

Réglée  à  44  ans,  huit  jours  par  mois,  d'une  façon  très-régulière, 
sans  interruption. 

Dernière  apparition  des  règles  inconnue. 

pans  les  premiers  mois  de  la  grossesse,  elle  a  eu  plusieurs  hémor- 
rhagies  modérées,  puis  quelques  nausées  et  quelques  vomîssementSt  ' 

Le  9  décen&bre  1867,  à  trois  heures  du  soir,  cette  femme  est  prieiQ 
des  premières  douleurs  et  est  amenée  à  l'hôpital. 

Rupture  spontanée  des  membranes  à  cinq  heures  du  soir. 

Terminaison  à  cinq  heures  et  demie. 

Sommet  en  0. 1.  G.  A.;  garçon;  poids,  3,050  gr» 

La  malade  était  arrivée  à  la  fin  du  travail  avec  des  douleurs  régu-^ 
lieras  et  très-fortes.  La  tète,  arrivée  à  la  vulve,  resta  pendant  quelque 
temps  entre  les  cuisses  coiffée  par  le  périnée,  qui  faisait  une  saillif 
considérable,  l'occiput  dirigé  en  avant  et  la  vulve  entr'ouverte  le  leàor 
sant  apercevoir,  ^out  à  coup,  sous  l'influence  d'une  douleur  plqs  vive^ 
]0  périnée  s*ouvre  et  le  front  et  la  face  apparaissent.  Une  deuxiènat^ 
douleur,  qui  survient  quelques  juinutes  après,  achève  d'agrandir, 
Touverture,  et  la  tête  entière  passe  par  la  déchirure,  suivie  bientôt  du 
tronc.  La  délivrance  a  été  opérée  par  l'orifice  vulvaire,  la  sage-feoiipe 
en  chef  ayant  ramené  le  cordon  par  la  vulve. 

Le  périnée  offre  une  plaie  béante  infundibuliforme  longue  de  6  ceU'r 
timètres,  large  de  3  centimètres,  circonscrite  par  deux  lèvres  épaispes 
îrrégulières,  contuses;  limitée  en  arrière  par  le  sphincter  anal,  qui 
est  intact;  en  avant,  par  le  repli  membraneux  qui  constitue  la  four? 
chette. 

La  vulve»  petite,  ^rdte,*  régulière,  examinée  immédiatement,  ne 
présaïte  aueune  des  lésions  que  produit  habituellement  un  premier 
aeeeudiement. 

Les  10  et  14,  la  vulve  a  l'étroitesse  et  la  forme  de  cdle  d'une  femme 
qui  n'a  |>ca  eu  d'enfants.  L'anneau  vulvaire  est  intact;  la  plaie  est  un 


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—  T»  — 

peu  véMcw  :  ^le  «ffpe  m  léeer  etiR)«ltmeiit4eB  tonte  «MMés;  IW 

parois  latérales  de  la  pliie  ■oût  tplu8«aptpmG!béMt  tHM  ¥ti^ni«ft. 

Le  soir,  à  six  heures,  elle  est  prise  d'un  petit  frisson.  Pouls  à  96. 
Un  peu  de  chaleur  à  la  peau^  LaL4fm%  «Haque  gauche,  un  peu  sen- 
sible à  une  forte  pression.  Cataplasmes.  ' 

i2  décembre.  —  Peids  à  tifi»  Tinâte  {lat,  mufia,  on  pêaMuille 
à  droite;  la  plaie  un  peu  blafarde,  humide,  béante.  Écoulement 
sanieux  âMie.  ia  ^e  esl  tu»é6ée  et  4eulMffèiiflB  ;  Iw  bsirâS'fti^  ren- 
Tersent  de  plus  en  plus.  Cataplasmes  de  fécule. 

\9  tièeetûfbtie.  -^  La  'attrAice  -dt  la  plafe  «si  grisâtre,  «ttûeu^;  les 
tissus  environnants  sont  souples,  moim  efdémàtiès,  moins  «etisiblé»; 
k  pfOA  à  im;  V'êm fènéral  mdUeuf . 

14  et  45  décembre.  —  La  plaie  commence  à  se  dét^rgë^,  <eft  Mi  vMt 
déjà  quelques  bourgeons  chtfrntts  qui  Be  ^ève^op'pttht  au  -eeiitre  tfeft  t;e 
thNTtt  grisftti^e  ifui  cODiitit^  la  f^le.  État  général  imtfsf^Stnt.  L^ècMi- 
kMMft  lochlal  se  fhit  pt^que  ^  entier  {natr  la  plaie,  ^n^miettt  tmt 
iki  arMBaftfqtte,  mt  portton. 

17  décembre.  —  La  plaie  est  aujourd'hfiâ  côAplèttemèttt  déterg^  et 
rose,  Termellte.  A  trois  tieores,  la  femme  M  prt^è  dHin  frisson  ipû  a 
doré  une  demi-heure.  Poqls  à  iH-  bouche  mauvaige;  langue  an  peu 
chargée;  la  plaie  esl  Utt  peu  doviHufetise;  detix  seUes  nMnate^  pour 
fai  ^lâfère  fbts. 

W  4ècetfibrè.  —  État  général  saiSsikifranft;  «me  çortléh  ;  Un  dfe  BON  ^ 
éêhux  ;  pansemetft  aiFèc  >rtn  aromatique. 

V%  ééeembre.  «^La  plaie  se  rétrécit  en  pett;  ^Qè  «^«fteosseet  liottr^ 
g^Otrfie  bifeù.  Étal  général  patfait.  La  plaie  a  toofeurs  >6  cenâmètreK 
éê  IdAg  6or  S  ceftHmèlres  ée  tftrge;  e^e  boûrg^ntie  Irèft-biêfti,  ^  Bl 
pêÊÛfe  wnesp^MSimai  à  la  «ooâtiissure  «M  ^lé}à  eâ  fêMt  dMriééO.  fkk 
fê^r  et  tKatthêe.  ÈUà  géfiérài  M 'peu  tâoius  bon. 

19  déotab^e.  ^  Même  élal^  toujèufs  4e  la  dfiartMe.  La  ^Me  Mrtè 
belle.  Un  quart  de  portion,  kfec  tiu  arOt&aïlque,  fifleiA,  orauge.  Déttt 
pMigeb,  deux  iNMifltons. 

A  fMîf  de  ^  flioDM»it,  la  ^e  va  toujours  tn  m  rfiMcissaiit-èft 
^  bourgoottuaut,  «t  le864écetid>re,  la  plaie  ttesuHto  *pr6«ênie  les^eMUlo» 
tèitMi^uivaals  %  un  eut^UttOlr  de  S  eenlittètMS  do  long  ut  Aè  Ilirgo, 
percé  d'un  trou  à  son  fond  qui  va  faire  communiquer  le  vagiH  ttveu 
l%Ktéin«r><et  «Miuii  ^^  ^ux  IvoHfe  cl'«M  ilpafaMur  #«u  'oanli- 
nèl»  ipii  se  tuuvtMuit  «n  peu  ptus  du  cHé  du  la  tuhru  uc>ie  fUMU. 
L'orifice  a  une  dimension  qui  laisse  passer  le  doigt  à  flutCimitutt 
Hm  «Me,  verttfliUè,  belle,  Ihdulure*  suppurant  trè8*^|>eB^ 

BmàêsAUM  le  oMls  de  Janvier,  éa  fiaîe  ae  «éMisIt^u  fliut  m  ptùi^ 


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—  w  — 

et  aujourd'hui,  5  férrier,  hk  pteîe  têt  Miaàlt  au  Tdume  d'uâtt  pièce 
lu  w  fraao  taU  «v  plilf,  oS^aat  à  son  «èbire  u*  oà&al  ^roift  qui 
•i^oukid'htti  lainw  à  peitM  passer  une  plu&M.  L'étal  général  reste  m« 
Maîmit,  4i  la  femme,  ifui  est  resiée  esuotiée  jusqu'il  i*%  se  )àrê 
éspws  eeMe  éf)oqoe  suntqne  eela  amftte  ta  quMf  ue  ce  soit  k  cieairi* 
satîon. 


ibpfèi  «TOir  «Kamiiié  ceMe  déekirnre  du  périnée,  j'arais 
^e  des  soins  de  propreté  suffiraient  pour  amener,  ohez  cette 
fHtaBS,  loatte  gnéribom  eemplèle.  Au  bout  de  cimi  semaines,  il  ne  res- 
tait plus  qu'un  pertuis  dans  lequel' on  pourait  introduire  une  petite 
finne*  Cette  fseanie  est  partie  pour  Tasile  du  Vésinet.  11  est  très- 
yniiMMHlialile  ittie^  d'ici  à  quelques  jours,  la  {daie  sera  compléÉemest 
fermée. 

iies  Alite  4e  la  tuiture  de  ediii  que  je  tous  fais  ^nnaitre  sont  raves, 
ei;  il  jr  a  queUica  années^  Capnron  les  niait. 

Ces  ruptures  peuvem  ne  produire  dans  des  pendillons  trèe-^dW^ 
rsBten.  iei^  Il  s'sgisoaît  d'nlie  première  position-  du  sonmet,  sans  tfce 
ée  (ÉbnfonsiatiMi  du  bansin;  nais  le  périnée  était  ua  pua  plus  loiMf 
l|Mëanni'état.lioiiBal  et  eseessitement  souple. 


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CTest  la  peau  qui  s'est  déchirée  la  première. 

Quand  ou  étudie  les  lésions  doot  le  périnée  peut  ètbe  le  siège  eà 
p»eilles  circonstance,  on  voit  que  tantôt  c'est  la  peau  qui  se  déchiré 
la  première,  tantôt  c'est  la  muqueuse.  Quelquefois,  la  peau  seule  es^ 
déchirée  et  la  muqueuse  reste  intacte;  d'autres  fois,  la  muqueuse  est 
déchirée  et  la  peau  saine. 

Ces  cas-là  sont  plus  communs  qu'on  ne  le  croit,  surtout  ceux  dans 
Jesquels  la  muqueuse  seule  est  déchirée.  Chez  les  ifemmes  qui  se 
plaignent  de  douleurs  dans  cette  région  après  l'accouchement,  il  faut 
songer  à  l'existence  de  cette  lésion. 

Dans  d'autres  cas,  la  déchirure  est  complète  :  elle  porte  sur  la 
muqueuse  et  la  peau,  et  Tenfant  peut  passer  par  cette  ouverture  arti- 
ficielle; mais  d'autres  fois,  et  c'est  le  cas  le  plus  commun,  malgré  la 
déchirure  centrale,  l'accouchement  se  fait  néanmoins  par  les  voies 
naturelles.  Dernièrement,  j'ai  observé  un  fait  de  déchirure  eentrale' 
du  périnée;  l'enfant  n'est  pas  sorti  par  cette  ouverture  anormale.  J'ai 
.  'conseillé  de  s'abstenir  de  toute  réunion;  la  guérison  a  eu  lieu.  Les 
livres  de  Moreau,  de  Yelpeau,  renferment  dés  observations  analogues; 
presque  toujours,  on  a  obtenu  une  guérison  complète  sans  avoir  eu 
besoin  de  faire  une  suture.  * 

Mon  but,  en  vous  communiquant  ce  fait,  est  de  faire  connaltÔT 
un  nouvel   exemple  d'une   lésion  rare,   pour  laquelle  la  guéri- 
son a  été  obtenue  sans  opération. 

H.  Blot.  Je  crois  que  les  faits  de  la  nature  de  celui  que  M.  Depaul 
nous  a  cx>mmuniqué  sont  extrêmement  rares,  surtout  si  l'on  tient 
compte  du  mode  de  présentation  (présentation  céphalique)  et  de  posi- 
tion (occipito-iliaque  gauche  antérieure). 

J'ai  vu  des  cas  de  déchirure  centrale  du  périnée,  succédant  à  une 
position  oocipito-postérieure  .qui  ne  s'était  pas  réduite  en  antérieure 
pBLT  le  mouvement  de  rotation. 

Ce  qui  peut  facititer  aussi  ces  dédiintres,  c'est  la  «grande  étendad 
du  périnée  et  la  situation  très  en  avant  de  la  vulve.  >  ' 

Dans  le  cas  actuel,  peut-être  qu'avec  deux  doiglt  placé»  dans  |0 
rectum,  on  aurait  pu  favorisa  le  redressement  de  la  tète  et  empèdier 
la  rupture. 

M.  Dbpàvl.  Le  derm'er  mouvement  s'est  fait  avec  une  lelfe  ra|>i- 
dité,  que  l'attention  a  été  sur^nise.  Le  périnée  était  teHemeol  miâcft, 
qu'il  eût  peut-être  été  difficile  d'éviter  l'acekletit. 

Pendant  un  certain  temps  j'ai  cru,  avec  la  plupart  des  accoackeenî} 
qœ  les  positions  oocipito^postérieuret  étaiwt  presque  la  condHidi 
tliie  quû  fum  pour  la  production  de  eet  accident.  Eh  bienl  cfaMi^ 


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corieose,  les  «baervatîGBS-dbiDS  lesqueltea  dette  position  est  indiqoée 
sont  très-rares. 

Le(s«caaâes  de  cette  déehîraro  peuvent  être  la  longueur  pins  grande 
de  là  symphyse  pubienne  ou  du  périnée,  la  courbure  exagérée  dn 
sacrum.  Autrefois,  j'ai  enseigné  que  pour  que  cette  lésion  pût  se  pro<- 
rduire,  ii  (allait  presque  nécessairement  qu'il  existât  une  position 
oocipito-^poBtérieure.  Je  m'étais  évidemment  trop  avancé!  Je  crois 
que,  pour.remonter  à  rétiologie  de  cet  accident,  il  faut  insister  beau- 
isoup  sur  la  flaccidité  des  parties  molles  du  bassin,  ainsi  que  cela 
s'observe  cbez  les  femmes  qui  ont  eu  beaucoup  d'enfants,  ou  chez 
celles  qui,  d'abord  très-grasses,  sont  devenues  très-maigres.  '  Cer- 
taines femmes  ont  le  périnée  trop  large  pour  l'ouverture  qu'il  doit 
l>oucher,  et  je  crois  que,  daus  le  cas  que  je  viens  de  vous  faire  con- 
naître, la  déchirure  est  due  à  une  disposition  de  ce  genre. 

M.  TiLLAUx  communiquera  note  suivante  : 

Sikr  rajpportnnlté  du  Trépan. 

H.  TiLLAiHL.  Vous  n'avez  sans  doute  pas  oublié  l'importante  diS'p 
easBion  qui  s'est  produite  l'année  passée  au  sein  de  la  Société  sur 
Topération  du  trépan,  à  l'occasion  d'un  înalade  présenté  par  notre 
collègue,  M.  Broca.  Je  n'ai  pas  l'intention  de  provoquer  aujourd'hui 
une  nouvelle  discussion,  mais  bien  de  répondre  à  l'appel  qui  fut  fait 
•alors  par  quelques-uns  de  nos  collègues.  Ce  n'est  pas,  en  effet,  par  la 
théorie  que  nous  arriverons  à  formuler  les  règles  précises  tou- 
chant la  trépanation  du  crâne,  mais  bien  par  l'étude  attentive  des 
faits  cliniques.  Quelques  chirurgiens  éminents  de  notre  époque  ont 
rejeté  absolument  une  opération  admise  sans  conteste  par  tous  nos 
devanciers  des  siècles  passés.  Nous  avons  donc  besoin  de  nous  faire 
une  opinion,  de  voir  de  quel  côté  est  l'exagération^  de  quel  côté 
•est  la  vérité,  et  l'examen  attentif  des  observations  peut  seul  nous 
conduire  à  ce  résultat. 

Je  ne  vous  rappellerai  pas,  Messieurs,  toutes  les  opinions  émises  , 
devant  vous  l'année  passée  ;  je  vous  dirai  seulement  que  l'on  a  rejeté 
avec  raison  le  trépan  préventifs  c'est-à-dii«  une  opération  grave  des- 
tinée à  prévenir  les  accidents  qui  n'existent  pas  encore  et  qui  ne  sur-* 
viendront  peut-être  pas.  Je  ne  veux  pas  non  plus  parler  du  trépan 
eanséculify  qui  a  pour  but  de  porter  remède  à  des  accidents  bien 
définis^  bien  limités,  apparaissant  après  la  guérison  des  désordres 
initiaux.  C'est  cette  trépanatioB  consécutive  ou  tardive  qu'avait  hea* 


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—  »  — 

eBMni  pmliqiiée  M.  Bvoca,  et  pas  un  é»  nm»  m  âoulKftnij 
ait  des  cas  où  elle  soit  formellement  indiquée.  ^ 

La  péb4  léeàleMnt  m  Mtise,  le  paioi  idisear,  âifficikn  do  cette 
faeelHia»  €t&k  ht  ttéftan  primUif^  c'eit-à^dim  affttfué  mu  accufeali 
lorwiHifa. 

Lorsqu'HM  firaetave  ém  crâBe,  atce  on  weam  plaict  est  aocompagadt 
de  phénomènes  tels  que  rés^datioB  féBéraJe,  eoai&,  et&.,  umm 
iomoiea  d'wa  «tu  tnamiae':  il  ne  faut  pas  trépaier;  ce  jBiait  agir 
aimiglément»  j'ajoute  d'une  façon  tout  iifaliouiettflL  IMa  iroieî  è» 
tm  Ttaiiaeiit  disçutaUe»  al  cfasi  ceW  sur  lequel  je  désire  apyider 
iFotre  altefitÂQD  : 

Ua  wakde  présente  une  fracture  da  eràne  avee^idaiai  dis  ftégo^ 
maiits^  il  a  conservé  sa  connaissance  et  répond  aux  questiouft  qwNn 
lui  adresse.  Hais  il  est  atteint  ^une  hémiplégie  campèèto  oa  inaoBr 
plèie  du  côté  opposé  à  la  lésion.  N'est-ce  pas  là,  Messieurs,  le  cas  le 
plus  favorable  à  Tapplication  du  trépan.' primitif?  Fracture  du  caâne 
évidente  dont  on  connaît  le  siège  précis,  avec  paralysie  du  côté 
opposé.  11  n'est  pa»  douteux  que  le  cerve^uft  soit  eomprimé  ou  par  les 
fragments,  ou  par  un  épanchement  de  sang.  Que  doit  faire  le  chirur- 
gien? doil^il  trépaner  dans  oe  cas  où  l'indJcatieii  paralijâ  préolBe? 
Çest  aiiksi  que^  sâhm  nuoi^  il  faut  poser  la  foeatioii,  car  du  memcot 
où  noMsr^etOQ»  te  trépaa  préventtf  comme  io^atiûiineii,  aoua  derans 
k  rejeter  dans  tous  les* cas  où  nous  a'avona  pas  de  raison  sérùun 
d'enlever  la  couronne  osseuse  sur  un  point  dètermiiié  et  limité,  du 
qràne.  Itfaia  cette  prmûère  questioiine  peut  être:  résolue  qii' après 
ceUe-ci  :  « 

Même  dajas  le  cas,  si  favorable  à  Tappllcatioa  du  trépaa,  que  je 
Yiens  de  supposer,  estait  toujours  possible  de  reconnaître  et  TageELâe 
la  compression  c^ébrale  et  le  point  précis  où  s'exerce  cette  coii^esn 
sion?  N'est-il  pas  éYident^  Messieurs,  que  si,  dans  FhypoUièae  où  je 
me  suis  placé»  nous  soDunes  encore  réduits  à  agir  aveug^meni»  le 
tiépau  primitif  est  bien  prés  d'être  condamné?  Cette  grosse  question 
ne  peut  être  résolue  que  par  des  faits;  aussi  n'ai-je  pas  la  prétemàsn 
aujourd'hui  de  la  résoudre»  ni  même  de  la  discuter.  Je  ne  fais  que  la 
poser  et  vous  apporter  deux  observations  qui  pourront  oofitrlbuer  à 
sa  solution.  En  voici  lerésumé  : 

Tronchi  (Henri),  âgé  de  18  ans,  garçon  plombier,  entre  le  27  déh 
cembre  1867  ï  Thôpital  Saint-Antoine,  salle  Saiat*Barnabé,  n^  3Q.    . 

En  travaillant  dans  une  église,  il  est  tombé  sur  le  sol  de  la  hauteur 
environ  d'un  troisième  étage.  A  son  entrée,  le  malade  est  dans  un  état 
'Wisia  de  la  résolution;  il  y  a  de  la^  soAMkoIeace» de^la  torpeur;  cepe&-^ 


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*^   81  — 

éka%  û  ré^nd  aux  questions  qu*on  loi  adresse  et  signale  la  réigian 
lombaire  comme  étant  le  siège  d'une  douleur  assçz  vive.  Le  poub  ^i 
petit  et  lent.  U  n'y  a  d'écoulement  de  sang  ni  par  le  nez,  ni  par 
ToreiHe.  Sur  le  xrène,  vers  le  sonmet  de  la  tète  et  à  2eenti- 
mètres  environ  à  droite  de  la  ligne  médiane,  existe  une  plaie  corftuse 
peu  étendue,  au  fond  de  laquelle  ou  sent  les  os  à  nu  à  l'akiB  du 
stjlet.  Riea  nlndiqtle  l'existence  d'une  fracture. 

Une  coDopresse  froide  est  appliquée  sur  la  ifisAe,  sangsues  derrière 
ks  oreilles  et  émélique  en  lavage* 

Le  malade  reste  à  peu  près  ^ans  le  môme  état  les  jours  suivants;  il 
urine  et  va  à  la  selle  normalement;  la  motilité  et  la  sensibilité  sont 
intactes. 
.  Le  !«'  janvier,  à  la  visite  du  matin,  améliosation  notable  ;  le  malade 
ouvre  les  yeux,  répond  mieux  aux  questions.  Il  souhaite  la  bonîie 
année  à  la  religieuse  de  la  salle.  Quelques  heures  après,  (m  le  trouve 
mort  dans  son  lit,  sans  que  les  voisins  s'en  soient  aperçus. 

L'autopsie  révèle  l'existence  d'une  fracture  fiasuraire  du  crâne  oom* 

mençant  non  pas  an  niveau  de  la  plaie  extérieure,  mais  à  3  centi- 

.  mètres  en  dehors  d'elle.  La  fissure  se  continue  obliquement  sur  le 

pariétal  droit .  et  aboutit  au  trou  occipUal  en  passant  derrière  le 

rocher,  qui  est  intact. 

La  lésion  capitale  est  un  caillot  sanguin  situé  sur  les  côtés  du  cer- 
veau, au  niveau  de  la  fosse  temporale  entre  la  dure* mère  ^et  la  «boite 
crânienne.  Ce  caillot  est  noir,  adhérent  à  la  dure^mère;  il  est  arréndi, 
mesure  environ  4  centimètres  de  diamètre  et  i  centimètie  à  peu  prêt 
d'épaisseur. 

Le  cerveau,  presque  intact,  présente  seulement  au  niveau  de  la 
fracture  quelques  taches  ecchymoUqoes. 

Il  me  paraît  certain.  Messieurs,  que  la  mort  a  été  déterminée  parJa 
fonnation  brusque  de  ce  caillot  dans  la  région  temporale  dipoîle. 
admettons  que  ce  caillot  se  soit  formé  plus  lentement  ou  que  Vh^ 
morrhagie  ait  été  moins  abondante,  le  jeune  homme  aurait  continué  à 
vrWre,  mais  .avec  une  hémiplégie  gauche.  Le  chirurgien  eût  pu  8(A)ger 
alors  àinttfvenir  à  Taide  du  trépan.  N'étatt-^iï  pas  indiqué  de  rappli- 
quer sur  le  point  du  crâne  où  était  la  plaie  extérieure  et  où  avait  dd 
porter  le  choc ?«  Évidemment  oui;  ehi)ien!  l'agent  eompresseiil*^  le 
caillot  s'en  trouvait  à  une  distance  teMe,  qu'il  était  impossible  de  l'at* 
leîiicire.  L'opération  eût  donc  été  nécessairement  inutile.  t 

Le  deuxième  malade,  dont  je  vous  présente  le  crâne,  est  plus 
Instructif  encore  que  le  précédent,  car  ce  qui  n'était  tout  à  Thciire 
ga'oiie  hypothèse  s^est  ici  réalisé.  Nous  avons  vu  l'hémiplégie  at>pa- 
2«  série.  —  TOME  IX.  .  IX 


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—  82  - 

;  lÉtlre  Qt  augmenter  pea  à  peu  sons  nos  jen,  si  bien  qw  fiântf  Hn- 
iBGfioQ  purulente  à  laquelle  a  suocombé  le  malade,  je  n'aurais  pas 
manqué  de  songer  sérieusement  au  trépan,  et  j'eusse  accompli  une 
Irisie  besogne,  ce  dont  je  toos  donnerai  la  preuve. 
Voici  le  résumé  éd  cette  observation  : 

André  B...,  domestique,  âgé  de  27  ans,  est  tombé  en  Toulaot 
descendre  d'un  chemin  de  fer  encore  en  marche.  Il  entre  salle  Saint- 

.  Bamsbé,  à  l'hôpital  SaintrÂntoine,  le  3  février.  11  existe  au-dessus  de 
l'arcade  sourciiière  gauche  une  plaie  aux  téguments,  large  de  a  een- 
timètres  environ.  En  écartant  les  lèvres  de  cette  plaie,  on  constate  de 

.  la  façon  la  |^us  nette  la  firacture  que  je  mets  sous  vos  yeux  et  que  je 
TOUS  décrirai ^lans  un  instant. 

Le  malade  présente  l'état  d'un  homme  profondément  endormi  • 
Il  n'a   pas   prononcé  une  parole  depuis  son.  entrée.  Le  panse- 

.  ment  de  sa  plaie  détermine  une  vive  douleur  due  à  la  présence  d'un 
filet  du  fr(»ïtat  qui  est  touché  par  Tépooge.  Le  malade  résiste  énergi- 

-  qoeraent,  il  exécute  avec  ses  deux  bras  des  mouvements  très- 
tioknls  et  pousse  même  un  fort  juron;  pois,  le  pansement  terminé, 
il  retombe  dans  rassoupissement.  Souvent  il  bâille  et  grince  des  dents. 

Il  j  a  peu  de  chaoganent  les  deux  premiers  jours.  Cependant,  le  5, 
il  répond  à  l'appel  de  son  nom. 

-  Le  6,  il  répond  à  mes  questions,  ouvre  les  yeux  et  boit  volontiers. 
'  Pendant^ce  temps,  le  pouls  battait  52  et  même  4^. 

Le  11  février,  c'est-à-dire  le  huitième  jour  de  l'accident,  je  constate 
;  pqur  la  première  fois  un  afiEsiblissement  de  la  sensibilité  et  ée.la 

motilité  dans  tout  le  côté  droit,  ce  que  le  malade  reconnaît  lui-même. 
:  Il  répond  plus  mal  aax  questions,  laisse  ses  phrases  inachevées  ou  les 

termine  par  une  sorte  de  ricanement  idiot.  L'hémiplégie  augnusnte 
;  les  jours  suivants,  au  point  qu'il  ne  peut  soulever  son  bras  droit  qu'à 
.Tfiide  de  sa  main  gaudie,  et  le  20  février,  le  côté  droit  de  la  face*  se 
-^paralyse  égaleœ«at,  en  même  temps  qn'iirépond  de  plus  en  plus  Aial 
1  aux  questions  qu'on  lui  adresse. 

Le  21,  il  est  pris  d'un  violent  frisson  et  de  déhre.  Le  pouls  est 

-  à  116.  Le  aa,  deux  nouveaux  frissons;  vomissements.  La  face  est  !«r- 
.  reuse,  la  plaie  flétrie.  Il  meurt  le  25. 

.Vous  voyez  la  fracture  :  elle  part  de  la  ligof  médiane  sous  la 
-.forme  d'une  fissure  tran9ver8ale  qui,  arrivée  au  niveau  de  la  fosse 
temporale,  se  dirige  obliquement  en  arrière  et  en  bas  vers  l'angle 
;  aiiténeur  et  inférieur  du  pariétal  gauche  pour  aller  aboutir  à  la  base 
:  du  crâne,  au  niveau  an  trou  ovale.  / 

•     Près  de  la  lignef  médiane^  8«r  le  frontal,  là  oà  eommenœ  la  fhy- 


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---83-. 

ture,  de  la  fissure  IrausYcrsale  partent  deux  fissures  verticales  dît- 
tantes  Fune  de  Tautre  de  3  centimètres  qui  isolent  ainsi  un  fragment 
quadrangulaire  libre  seulement  par  trois  de  ses  côtés.  Ce  fragment 
est  déprimé  de  2  millimètres  environ  lyers  la  boîte  crânienne. 

Tu  par  sa  face  interne^  le  crâne  présente  les  mêmes  détails  que 
cf-dessus,  mais  on  constate  en  plus  que  la  lame  Titrée  du  fragment 
antérieur  a  éclaté.  Il  existe  deux  éclats  inclinés  obliquement  comme 
un  toit,  et  faisant  dans  la  boîte  crânienne  une  saillie  d'enyircfl  6  ou 
7  millimètres. 

La  lésion  sur  laquelle  j'appelle  spécialement  votre  attention,  Mes- 
sieurs, est  la  suivante  :  le  trait  de  la  fracture  a  divisé  Tartère 
méningée  moyenne  au  niveau  de  l'angle  antérieur  et  inférieur  du 
pariétal  gauche.  Il  en  est  résulté  la  formation  d'un  énorme  caillot  qut 
je  vous  présente  et  qui  siège  entre  les  os  du  crâne  et  la  dure- mère.  Go 
caillot,  aussi  large  que  la  paume  de  la  main  d'un  adulte,  a  plusieoni 
centimètres  d^épaisseur.  Il  occupe  toute  la  fosse  temporale  et  se  pro- 
longe même  en  arrière.  Certaines  parties  de  ce  caillot  sont  noires  et 
d'origine  récente,  d'autres  sont  jaiunes,  fibrineuses,  et  remontent  vrai- 
semblabrement  au  début  de  l'accident.  Je  vous  sàgnale  encore  Fadhé- 
renée  intime  du  caillot  à  la  face  externe  de  la  dure-mère.  Vous 
pouvez  constater  que  le  centre  du  caillot  se  trouve  à  10  eenti* 
mètres  au  moins  du  fragment  déoriihé  et  de  la  plaie  extérieure. 

Entre  la  dure-mère  et  le  cerveau,  aucune  trace  d'épancj^ment  de 
sang  ni  de  contusion.  Le  cerveau  est  seulement  très-apiati  dans  toute 
la  partie  correspondante  au  caillot.  La  dure-mère,  l'arachnoïde,  la 
pie-mère  et  là  substance  cérébrale  sont  complètement  intactes  au 
niveau  des  éclats  de  la  lame  vitrée. 

J'ai  à  peine  besoin.  Messieurs,  de  faire  ressortir  Fimportance  de  ee 
fait  au  point  de  vue  de  Fopération  du  trépan.  Voici  un  malade  q«i 
présente  une  fracture  du  crâne  avec  un  fragment  légère«ient  déprimé 
et  une  plaie  aux  téguments.  Il  ne  tarde  pas  à  recouvrer  en  partie  son 
intelligence  et  Fusâge  de  la  parole,  mais  survient  bientôt  un  affaibMs» 
sèment  de  tout  le  côté  du  corps  opposé  à  la  frabture.  L'indication  da 
trépan  primitif  a-t-el!e  jamais  été  plus  précise  que  dans  ce  owrt 
Eh  bienl  les  pièces  en  main,  on  peut  affirmer  que  l'opération  «nett 
fait  qu'ajouter  sa  propre  gravité  à  Celle  de  la  lésion  crânienne, 
puisque  Fhémîplégie  était  due  nati  pas  à  la  dépression  des  fragfMttto 
ni  aux  édats  de  la  lame  vitrée,  maïs  bien  à  la  présence  d'un  caillot 
qui,  par  sa  situation,  son  yolume,  son  étendue,  ses  adhérenoef ,  était 
inaccessible  h  la  trépanation. 


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—  84  -* 

PRÉSENTATION  DE   MALADE. 

Anqiatatioii  de  la  }anrbe  an  lieu  d'éleetlon. 
f  Appareil  prothétique. 

;  M.  GuTON  présente  un  malade  amputé  de  la  jambe  au  lieu  d'élee- 
t^n.  Ce  malade  porte  un  appareil  de  M.  de  Beaufort  depuis  quiozer 
jours;  il  marche  facilement.  Sur  ce  point,  M.  Gujon  réserve  son 
apprécRllion  pour  une  époque  ultérieure. 

M.  Guyon  a  fait  une  amputation  à  lambeau  externe  d'après  le  pro-^ 
cédé  dcr  M.  Sédillot.  Le  résultat  obtenu  est  des  plus  satisfaisants.  C'est 
1^  troisième  fois  que  M.  Guyoo  a  pratiqué  l'amputation  de  la  jambe  en 
taillant  un  lambeau  externe,  et  trois  fois  le  succès  n'a  rien  laissé  à  désirer. 
:  M.  LÉON  Lefort.  L'opération  pratiquée  par  M.  Guyon  lui  a  donné 
un  très-beau  résultat;  le  moignon  est  régulier,  bien  matelassé  de 
ilMdses  musculaires,  et  par  conséquent  dans  d'excellentes  conditions 
pour  l'application  facile  d'un  appareil  prothétique;  cependant  le 
malade  qu'il  nous  présente,  loin  de  nous  montrer  les  avantages  de 
l!appareil  de  M.  de  Beaufort,  nous  en  montre  au  contraire  les  incon-* 
Ténients.  Ainsi,  le  point  d'appui  est  pris  dans  cet  appareil  sur  la  sur- 
face, si^r  les  saillies  de  la  cuisse  et  du  genou  et  non  sur  l'ischion. 
Qu'est-il  arrivé?  Le  malade  a  placé  un  gros  coussin  en  avant  de  la 
crête  tibiale,  il  a  fait  subir  au  manchon  de  cuir  un  mouvement  de 
bascule,  eJt  il  marche  aujourd'hui  en  s'appuyant  surtout  sur  le  genou 
demi-fléchi.  Quelle  solidité  y  a-t-il  dans- ces  deux  attelles  de  bois, 
articulées  par  cette  plaque  de  lôle  grossièrement  rivée?  L'appareil  est 
détestable  et  qui,  plus  est,  dangereux.  On  a  parlé  du  mérite  et  de  la 
nouveauté  de  ce  pied,  dont  la  plante  est  convexe;  d'abord  tous  les 
pieds  articulés  au  niveau  de  l'interligne  du  métatarse  et  des  pha- 
langes deviennent,  dans  la  flexion,  de  véritables  pieds  convexes;  et 
6n  second  lieu,  il  n'y  a  encore  là  rien  dont  M^.de  Beaufort  puisse 
réclamer  l'invention.  Il  y  a  dix  ans  que  M.  Ferdinand,  Martin  a  fait 
des  pieds  à  plante  convexe,  et  il  en  a  donné  le  dessin  dans  son  travail 
sur  la  prothèse  des  membres  inférieurs.  Je  n'ai  rien  dit  jusqu'à  pré- 
sent des  appareils  de  M.  de  Beaufort;  il  m*importait  peu  qu'ils  fissent- 
00  noR  l'admiration  des  gens  du  monde;  mais  aujourd'hui,  il  n'en  est 
plus  de  même  :  une  circulaire  de  l'administration  des  hôpitaux  nous 
aiifiOQce  que  la  jambe  artificielle  de  M.  de  Beaufort  est  la  seule  qui 
iera  fournie  à  nos  amputés,  sauf  circonstances  exceptionnelles; 
11  est  temps  de  protester  dans  l'intérêt  des  malades  et  au  nom  des 
principes  de  la  pratique  chirurgicale  contre  la  faveur  qa!on  «ocorde  à 
tort  à  cet  appareil. 


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.M*  TiLLAux.  Je  se  saurais  aceepter  le  blâme  que  M.  Lefort  jette  sur 
les  appareils  prothétiques  de  M.  de  Beaufort.  Voici  un  malade  qui  se 
«ert,  depuis  quinze  jours  seulement,  de  sa  jambe  artifkielle,  et  qui 
marcbe  aisément.  Elle  n'est  pas  solide,  dit-on.  Je  demande  que  Vex-* 
périence  prononce  sur  cette  question.  Mats  où  l'appréciation  de 
B|«  Lefort  me  paraît  surtout  injuste  et  inacceptable,  c'est  à  propos  do 
1^  mata  artificielle.  Elle  est  incontestablement  supérieure  à  toutes 
«elles  qui  ont  été  faites  jusqu'à  présent  :  c'est,  comme  l'appelle  son 
auteur,  une  main  utile.  JII.  de  Beaufort,  à  force  de  chercher,  est 
arrivé  à  trouver  la  combinaison  la  plus  simple  :  S  a  sacrifié  les 
mouTements  accessoires  pour  le  mouvement  principal,  qui  est  celui  d'op*-' 
position  du  pouce.  Sa  main  artificielle  est  une  véritable  pince  à  deux 
branches,  dont  Tune,  représentée  par  les  quatre  doigts,  est  demi- 
Héchie  et  fixe,  tandis  que  l'autre,  représentée  par  le  pouce,  est  mobile, 
et  s'oppose  librement'à  la  première.  Je  maintiens  que  c'est  là  une 
iflée  très-ingénieuse  et  qui  appartient  en  propre  à  l'auteur.  Il  n'a  pas 
eu  la  prétention  de  faire  des  appareils  de  luie,  mais  bien  des  appareilt 
utiles  et  de  nombreuses  observations  ont  démontre  qu'il  avait  réussi* 

On  objecte  qu'il  n'est  pas  possible  de  lever,  avec  cette  main,  dé 
pesants  fardeaux;  mais  avec  quelle  main  artificielle  le  peut-on  faire? 
!U  y  a,  pQur  cela,  le  crochet  adapté  au  moignon.  Il  ne  faut  demander 
kun  bras  artificiel  que  ce  qu'il  peut  donner,  c'est-à-dire  Tappréhen- 
sion  des  objets  légers  qui  3ervent  à  chaque  instant  dans  les  besoins 
ordinaires  de  la  vie;  or  je  déclare  que,  sous  le  rapport  de  futilité,  de 
la  légèreté  et  de  la  modicité  du  prix,  la  main  artificielle  de  M.  de  Beau- 
fort  l'emporte  sur  toutes Jes  autres.  * 

M.  LÉON  LsFoaT.  Le  bras  artificiel  de  M.  de  Beaufort  a,  sur  la 
jambe  artificielle,  l'avantage  de  rendre  des  services  dans  plusieurs 
circonstances;  lorsqu'il  s'agit,  par  exemple,  de  militaires  pensionnés 
et  reU-aités,  d'employés  ou  de  garçons  de  bureau  de  ministères  ou  de 
grandes  administrations;  mais  pour  nos  ouvriers  qui  doivent  vivre  en 
travaillant,  il.  leur  faut,  avant  tout,  un  membre  solide.  J'ai  fait 
renouveler  au  bureau  central  l'appareil  d'un  malheureux  privé  des 
deux  mains.  Quel  métier  fait  cet  hoij^i"^^^^^  ^^^  avant-bras  fabrî* 
qoés  par  Gbarrière?  li  est  terrassier  de  la  ville  de  Paris.  Nous  avons 
tous  vu  un  homme  conduisant,  avec  le  crochet  qui  terminait  son 
appareil»  les  efaevaux  de  renfort  pour  les  omnibus  remontant  le  boun 
lêrard  de  SébastopoL.  La  main  artificielle  fi^  M.  de  Beaufort  n'a 
d'autre  force  que  celle  du  ressort  qui  agit  sur  le  pouce;  c'est  ua 
af^areîlboo,  je  le  reconnais,  pour  ceux  qui  n'ont  besoin  que  de  peu 
de  force  et  de  travail;  mais  le  principe  du  œouvemeal  u'appartiei^ 


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—  86  — 

pas  datantage  à  M.  de  Beaiufort;  il  appartient  ii  Vas  Petersen  qui,  en 
1845,  présenta  son  bras  artificiel  à  rAcadémie  des  sqences,  et  e» 
principe  a  été,  avant  M.  de  Beaufort,  appliqué  et  étendu  dans  set 
applications  par  MM.  Charrière,  Bécliard,  Mathieu,  etc. 

En  résumé,  pour  ce  qui  concerne  la  jambe  artificielle,  le  seul  boa 
i^areil  pour  nos  malades  pauvres  est  toajoars  le  pilon,  ou,  si  Voa 
veut  conserver  la  mobilité  des  articulations  et  masquer  la  mutilation, 
les  seuls  points  d'appui  solides  sont  le  genou  âéchi  ou  Tischioa. 

M.  LuisET.  Je  me  rallie  à  l'opinion  de  M.  Tillaux.  Si  la  main  arti* 
ficieile  ne  peut  s^iffire  pour  les  mouvements  de  force,  elle  permet  leB» 
•mouvements  délicats.  Je  crob  que  Tidée  généralisée  du  pied  à  base 
convexe  appartient  à  M.  de  Beaufort«  Je'suis  moins  disposé  à  défendra 
Tappareil  de  la  jambe  construit  par  cet  inventeur. 

PRESENTATION  D' APPAREIL. 

M.  FiGBOT,  fabricant  d'appareils  orthopédiques,  soumet  à  reiamea 
de  la  Société  une  jambe  artiOcielie  de  son  invention. 

Cette  jambe  est  très-solide  et  revient  à  un  prix  relativement  peu 

élevé.  Les  montants  sont  en  acier,  la  garniture  du  cuissard  en  peau 

ftMTte,  le  mollet  en  cuir  durci.  On  a  ménagé  un  point  d'appui  an  niveau 

de  risdiion.  Le  pied,  d'une  seule  pièce,  en  bois 

léger  (en  bois  de  tilleul,  par  exemple),  est  ar-* 

ticulé  avec  la  jambe. 

L'articulation  du  genou  a  lieu  à  l'aide  d'un' 
boulon  très-fort  et  rivé,  il  existe  en  avant  un 
potnt  d'arrêt)  afin  que  la  flexion  du  membre  ne 
puisse  être  exagérée.  Le  mollet,  en  cuir  durci, 
descend  jusqu'à  l'articulation  ^u  pied.  Le» 
montants  en  acier  sont  réunie  à  la  partie  info* 
Heure  de  la  jambe  par  deux  traverses  fortement 
rivées.  Quant  au  pied,  il  est  fixé  solidement  à^ 
la  jambe  au  mo^nen  d'un  bouton  qui  le  traversé 
de  part  en  part,  ainsi  que  les  deux  montant» 
^  en  ecier.^ 

Au  niveau  du  pied^  deux  ressorts  en  caeut^^ 
cbouc  placés  l'un  en  avant,  l'autre  en  arrière,  vont  sp  réunir  a«x' 
traverses  de  la  jambe  et  donnent.lieu  i  «a  tnage  eoalbia  lorsque  la 
pied  est  en  moevement,  ce  qui  contribue  à  donner  à  oetei-d  l'aspect 
d'An  pied  naturel. 

jL'asnpvté  que  présente  M.  FIcbot  porte  eetappaveil  dflipm  quelgo^ 
jours»  U  mardhe  ûteâettitnt* 


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—  SI  — 

PRESENTATION  DE  PIECE. 

If.  M ABioLiN  ptésente  la  pièee  suivante  : 

CvaBsrène  «pomaiiée  ûea  extrémités  Inférieures,  elles  im 
esftuK  ée  1M  mois*  aysat  vue  eeainMiaieatleii  ee»|pé»làle 
A  la  tese  #eB  denx  iwiitvleiiles  eu  eœv». 


M.  Mabiolin.  Les  cas  de  gangrène  spontanée  de  ce  genre  ne  sont 
pas  communs  dans  la  science,  ils  appartiennent  à  cette  variété  dite 

*  sèniie  décrîte  aussi  par  Jeanroy  sous  le  nom  de  gangrène  des  gens 
riches;  affection  le  plus  habituellement  due  à  une  gène  dans  la  circa- 
lâtion.  Dans  fouvrage  de  MM.  Rilliet  etBarthez,  édition  de  1853,  il 
if  y  en  a  que  six  cas  de  mentionnés.  Ces  six  enfants  avaient  de  3  à 
i  ans  et  demi,  et  presque  tous  ont  succombé  plus  ou  moins  rapidement. 

Chez  ce  petit  malade,  nous  n'avons  pas  été  témoins  du  début  de 
l'affection  ;  nous  ne  Tavons  vu  que  peu  de'  jours,  et  je  ne  saurais 
mieux  faire  que  donner  Tobservation  telle  qu'elle  a  été  recueillie  avec 
beaucoup  de  soin  par  M.  Chaume,  interne  du  service. 

Les  parents  sont  jeunes  et  ont  un  autre  enfant  qui  se  porte  bien, 
mais  le  père  est  atteint  depuis  trois  ans  d'une  bronchite  chronique;  de 
plus,  leur  logement  e^  insalubre,  et  déjà  un  médecin  leur  a  conseillé 
.  de  le  qiiîtter. 

13  mars  4*8W.  —  L*eirfant  qu'on  nous  présente  est  âgé  de  2  ans, 
petit,  maigre,  chétif  :  il  n'a  pas  été  vacciné.  A  l'âge  de  5  mois,  11"  a 
en  dans  Taissdle  droite  un  petit  abcès  qui  suppure  encore,  il  a  eu 
également  quelques  croûtes  dans  les  cheveux,  aujourd'hui  disparues. 
Malgré  un  bon  appétit,  il  a  toujours  été  maigre  et  maladif;  sa  mère, 
qsî  Ta  nourri,  bous  fait  remarquer  que,  presque  dès  sa  naissance,  il 
fut  pris  d\ine  toux  qtrî  n'a  jamais  cessé. 

tl  y  a  trois  semtrines  environ,  on  remarqua,  sous  l'ongle  du  gros 
'  orteil  gauche,  des  marbrures  vîdiacées  bientôt  suivies  détaches  noires 
qui  se  sont  successivement  étendues  à  tous  les  orteils,  à  ha  face  plan- 
taire, au  bord  externe  du  pied  et  au  talon.  Trois  jours  après,  le  pied 
'  droit  devenait  également  malade,  et  de  ce  côté  la  maladie  a  exacte- 
ment suivi  la  môme  marche;  toujours  les  taches  lioires  étaient  pré- 
'  tédées  de  marbrures  Tiolacées. 

Au|jom*d*hui,  on  volt  :  rougeur  vidlette  des  deux  extrémités  infg- 

lîeares  s^élendant  depriîs  les  orteils  jusqu'au  dessus  des  malléoles,  et 

'  cela  an  même  niveau  des  deux  côtés.  Les  talons  et  les  orteils  sont 

*  noirs,  coainie  cornés  cft  momifiés.  Toutes  ces  parties  sont  froides;  la 
yBù^fRté  «st  nulle  sui*  tes  .parties  noires,  douteuse  sur  les  parties 

"Ttni]^s;*trttTès-vivé  à  hlîntftedelaTdugeuf.  ^^  »' .        -- 


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La  maladie  semble  devoir  s'arrêter  au^d^sus  des  malléoles,  car^ 
depuis  huit  jours,  la  rougeur  ne  monte  plus.  Depuis  cette  époque, 
également,  Tenfant  sembte  être  moins  tnal.  La  mère  assuré  qu^il  a 
moins  de  ûèvré,  qu'il  tousse  moins  et  qu'il  mange  mieux.  > 

En  ce  moment  la  toux  est  continue,  la  peau  chaude,  le  pouia  fré- 
quent, mais  très-petit;  le  pouls  radial  est  à  peine  sensible,  Tartère 
fémorale  elle-même  bat  faiblement,  et  cependant  les  mouvements  du 
cœur  sont  tumultueux  et  ses  bruits  -s'entendent  dans  toute  la  poitrine; 
on  peut  saisir  un  bruit  de  souffle,  mais  il  est  impossible  de  lui  asai% 
gner  un  siège.  • 

Pouls,  130;  température  de  l'aisselle,  38;  du  rectum,  39.  En  arrière 
du  thorax,  submatité.  On  entend  des  râles  sous-crépitants  à  la  base 
des  deux  poumons. 

14  mars.  On  constate  les  mêmes  symptômes.  Cataplasmes  saupou* 
drés  de  quinquina  et  de  charbon. 

Pouls,  140;  75  respirations  par  minute.  Une  raie  de  nitrate  d'argent 
est  faite  sur  les  limites  de  la  rougeur  pour  permettre  de  constater  les 
progrès  de  la  maladie. 

15  mars,  matin.  —  La  raie  est  dépassée  de  1  millimètre;  on  voit 
quelques  pblyctères  qui  paraissent  causées  par  le  cataplasme.  On 
constate  un  peu  de  diarrhée  et  un  commencement  de  cyanose* 

Pouls,  144;  l'espiration,  84.  Les  urines  ne  présentent  ni  sucre,  ni 
albumine. 

Soir.  —  Température  de  l'aisselle,  37;  du  rectum,  39.  L'oppression 
et  la  cyano^  s'accusent  de  plus  en  plus.  L'enfant  meurt  le  soir,  à 
neuf  heures. 

Autopsie,  —  L'enfant  a  70  cenlimètres  de  long;  il  est  très-peu 
développé,  ses  membres  inférieurs  sont  surtout  très-grêles. 

On  ouvre  avec  précaution  la  cavité  thoracique,  et  tout  d'abord  on 
est  frappé  du  volume  considérable  du  cœur.  Il  n'existe  aucune  adb^-* 
rence,  soit  entre  les  plèvres  et  le  poumon,  soit  entre  le  cœur  et  le 
péricarde.  Le  cœur  est  globuleux^  le  sillon  qui  occupe  à  l'état  normal' 
sa  face  antérieure  est  peu  accusé,  et  au  lieu  de  se  diriger  vers  la 
pointe,  il  va  se  terminer  vers  le  milieu  du  bord  droit,  ce  qui  indique 
déjà  que  l'hypertrophie  de  l'organe  porte  principalement  sur  le  veQ<» 
tricule  gauche.  En  effets  ce  ventricule,  ouvert,  offre  des  parois  épaisses 
d'un  centhnètre  environ;  sa  capacité  dépasse  de  trois  ou  quatre  fois 
celle  du  ventricule  droit.  La  valvule  auriculo-ventriculaire  gauche  est 
très-développée  :  les  colonnes  de  premier  et  deuxième  ordres  sont  for» 
tement  accusées,  mais  toute  l'attention  se  porte  but  la  paroi  interne 
de  ce  ventricule,  où  l'on  voit  un  oriûce  de  communication  avec  Je 


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rentricule  droit.  11  est  triangulaire,  long  de  15  millimètres  et  large 
de  8  ;  ses  bords  sont  arrondis  et  ne  présentent  pas  Taspect  réticulé 
que  Ton  voit  sur  tout  le  reete  île  U  surfftc^  kfiterne  du  ventricule 
gauche.  Ils  sont  formés  de  deux  lames  de  substance  muscu- 
laire qui,  au  Iie&  ile  s'appliquer  ej^tctiuneot,  a»  sonl  /croisées  oblique-- 
ment,  de  manière  à  laisser  un  espace  vide. 

Le  ventricule  droit  n'offre  rien  qui  ne  soit  normaI>  si  ce  n'est  Tori- 
fice  de  communication  avec  le  ventrkule  opposé  ;  sa  disposition  est  la 
même. 

Dans  les  deux  ventricules,  Tendocarde  est  blaae,  épaissi,  surtout  au 
Tiyisinage  des  orifices  et  des  valvules. 

Les  oreillettes  ont  leurs  parois  et  leur  volume  ordinaires.  Rien  de 
remarquât^  sur  les  orifices  artériels.  Les  artères  aorte  et  pulmonaire 
suivent  leur  trajet  habituel;  leurs  parois  ne  présentent  aucune  lésion* 
Ou  a  suivi  soigneusement  Taorte  dans  tout  son  trajet,  et  les  arjtères 
du  membre  inférieur,  depuis  la  bifurcation  de  l'aorte  jusqu^aux  par«- 
tles  mortifiées,  sans  trouver  aucune  cause  de  gangrène. 

Les  deux  poumons  sont  entiers,  durs,  peu  aérés.  La  coupe  en  eat 
ronge  foncé;  ils  crépitant  cependant  et  peuve&t  surnager.  Il  y  a  là  une 
congestion  passive,  symptomatique,  d'une  circulation  difficile.  L'aiinre 
«érien  est  intact»  Le  sommet  du  poumon,  le  droit  en  particulier,  offre 
de  petits  tubercules  isolés,  dont  quelques-uns.  sont  remplacés  par  de 
la  matière  puriforme. 

Le  foie,  les  reins,  sont  volumineux  et  fortement  congestionnés. 

Parties  mortifiées.  —  Une  coupe  verticale,  pratiquée  sur  le  pied, 
nous  fait  voir  que  les  téguments  seuls  sont  entièrement  mortifiés* 
-En  effet,  les  cartilages,  les  os,  les  muselés  du  tarse  et  du  métatarse 
sont  à  peu  près  sains.  Mais  il  n'en  est  pas  de  même  des  orteils  : 
je  gros  orteil,  surtout,  est  dur  c^ip^me  de  1^  aorne,  la  peau  ç|  le 
«tissu  cellulaire  sous-eutaoé  sont  durs  et  noirs;  les  cartilages  ^ui 
jféparent  les  deux  phalanges  sont  gris;  l'arti^ation  qu'ils  fonpeot 
/QSt  sèehe..  On  peut  suivre*  d'av^pt  en  arrière,  sur  cette  coupe,  les 
fiEOgrès  de  la  loorUficaiion.  Ainsi,  tandis  que  la  phalange  oi^uéate 
.est  compléteaieiit  n^orttfiée,  la  phalange  métatarsienne  ne  Teit 
4^  dans  sa  partie  antérieure,  imii^  Çim  l9s  ^jBirtilages  de  l'ar- 
jtieulaiion  phalangienoe  mpt  gri^âtr^s  et  ^egs,  c^^x  de  ra]:t,icM* 
.IfttÂoin  méiatarso-ptialaogienne  sont  moins  fomçés  .ert  exiçore  humidey» 
.tt,  plus  en  arrièce,  Je  inrexoier  o^éta^r^îea  est  |i  peine  décolon^. 
Jf'exsmen  biatologiqvie  des  vaîsseapx,  ipuscles»  etc.,  n'a  pM  été  îàiU 
; .  L«t  sé^nc^  est  levîe  h  cinq  hetw^  trois  qv^tfu 

•    Le  secréUrire,  D' Lion  Lawmû. 
a*  sirU.  —  TOME  IX.  12 


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-.  90  -r 

SâANC£  DU  25  MàBS  1868 
PrMldencè    de    U.   L.EGOUEST 

Le  procès-verbal  de  la  précédente  séance  est  lu  et  adopté. 

La  correspondance  comprend  : 

—  Les  journaux  de  la  semaine. 

—  Note  sur  les  polypes  fibreux  de  V utérus.  —  Note  sur  la  môl$ 
hydatoîdCf  par  M.  Ancelet,  membre  correspondant. 

—  Quatre  brochures  :  Sur  un  cas  de  trépanation  du  crâne;  sur  les 
maladies  dominantes  à  Vrbin;  sur  un  cas  d'anévrisme  traité  par  la  Uga-r 
tare;  sur  les  kystes  de  l'ovaire  et  l'ovariotomie,  par  le  docteur  Santo- 
padre,  chirurgien  à  Urbino. 

—  Rapport  sur  l'amputation  de  la  hanche  dans  la  chirurgie  militaire 
par  George  A.  Otis;  Washington,  1867.. 

—  Une  lettre  de  M.  le  docteur  Burcq  relative  à  un  esthésiomètre 
décrit  et  présenté  à  l'Académie  en  1856. 

—  Une  lettre  de  remerciments  de  M.  Mazzoni,  récemmefit  élu. 
membre  correspondant. 

COIIMUNIGATIONS. 

M.  Panas  communique  l'observation  suivante  : 

Fracture  4u  eriUie.  —  Compression  cérébrale.  —  CoatasioM. 
par  contre-coup.  —  Uort  en  douze  heures. 

Homme,  pharmacien,  âgé  de  35  ans.  Le  30  août  1863,  au  soir» 
étant  ivre,  il  tombe  de  sa  hauteur  sur  le  pavé  au  milieu  de  la  chaus- 
sée. Perte  immédiate  de  connaissance.  Il  est  relevé  et  apporté,  à. 
onze  heures  du  soir,  h  l'hôpital,  où  rinterne,  M.  Saurel,  constate 
Fabolition  complète  du  sentiment  et  du  mouvement  volontaire  avec 
résolution  générale,  coma  profond,  respiration  stertoreuse  et  lente, 
pouls  ralenti  à  48,  faible.  Refroidissement  de  tout  le  corps,  écou* 
lement  sanguin  peu  abondant  par  l'oreille  droite.  Potion  avec 
6  grammes  d'acétate  d'ammoniaque.  Au  moment  d'expirer,  la  peau, 
livide  partout,  offre  une  chaleur  brûlante.  Pupilles  largement  dilatées. 
«>  Cornées  insensibles,  battements  du  cœur  accélérés  et  faibles.  Inspira- 
tion toutes  les  deux  minutes.  Bientôt  arrêt  du  cœur,  refroidissement, 
subit  et  mort  à  dix  beur^  du  mAtin* 


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—  91  — 

Autopsie  le  !•'  septembre»  vingt-quatre  heures  après  la  mort.  — 
Téguments  du  crâne  intacts,  pas  d'épanchement  sous-cutané.  On  sde 
la  calotte  crânienne  circulairement  et  on  Tenlèye,  ce  qui  permet  de 
constater  une  fracture  de  Fécaille  temporale  avec  décollement  de  la 
dare-mère  dans  toute  l'étendue  du  plan  latéral  droit  du  crâne.  Tout 
tel  espace  est  rempli  par  uu  caillot  noir,  dense,  ayant  la  forme  d'une 
brioche,  c'est-à-dire  un  côté  convexe  en  rapport  avec  les  os  du  crâne, 
et  un  côté  aplati  reposant  sur  la  dure-mère  décollée.  Extrait  de  sa 
place,  il  pèse  140  grammes.  Toute  la  portion  temporale  de  Thémls- 
^ère  est  tellement  aplatie,  qu'au  lieu  d'être  convexe,  elle  ôiïre  une 
surface  plane  taillée  à  pic  avec  un  bord  ou  circonférence  tranchante, 
'exactement  comme  si  l'on  avait  enlevé  un  segment  du  sphéroïde 
«érébral. 

•  La  source  de  cet  écoulement  est  l'artère  temporale  moyenne, 
qui  est  ouverte.  Le  cerveau  extrait,  et  les  os  débarrassés  de  la  dure- 
mère,  on  constate  à  la  partie  supérieure  de  la  fo^se  temporale,  vers  • 
le  milieu  de  la  suture  écailleuse,  une  fracture  étoilée  avec  quatre  pro- 
longements, un  supérieur  et  un  autre  antérieur  ayant  chacun  de 
3  à  4  centimètres  de  long,  et  deux  fêlures  inférieures..  De  ces  der- 
rières, l'une,  postérieure,  coupe  en  long  la  face  antérieure  du  rocher 
par  son  milieu  et  aboutit  au  trou  déchiré  antérieur;  Tautre,  plu9 
antérieure^  parallèle  à  la  précédente,  sépare  le  rocher  de  la  portion 
écailleuse  du  temporal,  passe  par  le  trou  sphéno-épineux  et  le  trou 
jdécihiré  antérieur,  détache  complètement  la  lame  carrée  que  sur- 
inontent  les  apophyses  clinoïdes  postérieures,  et  aboutit  au  trou 
4échiré  antérieur  du  côté  opposé.  Ajoutons  que  des  esquilles  nom- 
breuses s'étaient  détachées  du  -canal  carotidien,  et  qu'une  ou  deux 
petites  esquilles  étaient  comme  fichées  dans  les  parois  de  Tartère 
tuirotide  interne.  Outre  son  aplatissement,  le  cerveau  ne  présentait 
pas  de  lésions  à  droite,  tandis  qu'à  gauche,  sur  le  point  diam,étrale- 
mént  opposé,  c*est-à-»dire  sur  la  face  inférieure  du  lobe  sphénoïdal 
gauche,  on  constatait  l'existence  d'un  épanchement  sanguin  coagulé, 
Doir,  dans  l'espace  sous-arachnoïdiéii,'  pouvant  peser  4  à  5  grammes» 
«tune  contusion  du  cerveau  caractérisée  par  différents  foyers  apoplec- 
tiques de  la  substance  grise  dans  l'étendue  d'une  pièce  de  cent  sous 
environ,  ne  dépassant  pas  toutefois,  en  profondeur,  la  couche  grise. 
Nulle  autre  lésion  de  la  masse  encéphalique.  Ventricules  parfaitement 
vides.  Aucune  autre  lésion  viscérale. 

Réilexions.  La  compression  cérébrale  par  épanchement  sanguin 
traumatique  a  joué,  comme  on  le  sait,  un  grand  rôle  dans  la  pra- 
tique du  trépan,  alors  qu*on  faisait  un*véritableabu8  decette  opération. 


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&fa1gaigûe,  en  s'élevant  eontre  la  tfépan,  se  fondait  nop^seiilef&^ot 
Èur  Texamen  dés  faits  cliniques,  mais  aussi  sur  des  expériences  tpX 
lui  avaient  appris  que,  pour  tuer  un  animal  par  des  iajectious  succès^ 
*îves  d'eau  dans  le  crâne,  Il  fallait  employer  une  quantité  d'eftu  4elte^ 
que  supposer  qu*utie  ou  deux  cuillerées  de  san^  extrav^sé  à  la  Bur^ 
face  du  cerveau  pouvaient  entraîner  chez  l'homme  la  mort  par  coa^ 
pression,  ce  sérail  une  véritable  absurdité,  et  c'est  pourtant  là  ce  qtd 
a  été  fait  par  tous  les  auteurs  partisans  de  la  théorie  de  la  compretf"' 
filon,  et  surtout  de  l'emploi  du  trépan  en  pareille  occurrence. 

Malgaignc  fait  une  seule  réserve  :  c'est  pour  le  cas  où  l'artèfN 
méningée  moyenne  se  trouve  ouverte,  et  cile  à  l'appui  une  obser-< 
ration  de  J.  Gloquet  ou  la  mort  survient  de  cette  façon.  A  ce  point  4a 
vue,  les  deux  faits  de  M.  Tillaux ,  auxquels  j'ajoute  celui  que  jO 
viens  de  rapporter,  viennent  confirmer  l'exception  établie  par  llaJ- 
galgne. 

Quant  à  la  règle  elle-même,  j'ai  pensé  que  lés  expérien(îes  de  Ma^ 
gatgne  étaient  passibles  de  certaines  objections,  en  même  temps  qu'il 
y  avait  lieu  d'indiquer  certaines  conditions  spéciales  qui  renéeni  Itt 
compression  plus  efficaôe. 

Malgaigne,  eh  injectant  de  l'eau  pure  daùs  le  crâne,  ne  pouvait  pai 
arriver  à  préciser  au  juste  la  quantité  qui  est  nécessaire  pour  amener 
les  signes  de  la  compression,  puisque  ce  liquide  est  repris  eu  fur  *t  à 
mesure  par  l'absorption  avec  une  très-grande  rapidité. 

Voici  quatre  expériences  faites  sur  des  chiens,  où  j'ai  injecté  If0l* 
fois  de  l'huile  (liquide  inabsorbable)  et  une  fbife  du  sang  défib^inê* 
Dans  ce  dernier  cas,  il  a  fallu  employer,  en  effet,  une  plus  granfld 
quantité  de  liquide  pour  provoquer  dès  accidents. 

4"  ûbsétv.  (huile).  DWê'^mèrek 

Éucéphale  pesant  99  grammes;  injec.|^^^   j^   ^^^^.^  ^^ 

tiou  de  5  grammes  d huile;  dure-  }       .       ,     , 

«.-     •  .    *     i /«/.«.  I      dans  la  stapeurt 

mère  mtacte,  V20"* /  ^ 

2«  obsbrv.  {hiâle).  Arachmïde. 

iL 

Capacité eràQMiinâ«b..i.«% 184  \ 

Inject 40  gouttes.  J  ^^"^*  ^^  troisième  jouf, 

—  Une  heureaprèa.    30     -  i     ^^  ^^^*"^s  ^P^^«'  ^f^^ 

-=j—  l      des  traces  de  mémn- 

AatM&èveMvetfte^w.^....,,. ,..  J     ^^*®' 


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-  w- 


3*  ab$aif. 

Ii^ection  de  34  grammes  de  sang  ùe  bœuf  défibriné,  en  deux  reprises 
dans  l'espace  d'une  heure  et  demie;  mort  dans  la  soirée.  La  capa« 
cité  CfàniefiDe  est  évaluée  à  68  grammes  de  sang.  Dure-mèrt 
intacte. 

4*  obs^v^  {huilé)é  PerfûraiUm  de  la  dure^mère.  AracJmoîdi» 

i"*  injection.*.. 40  gouttes.  V  ..,.,,  \ 

^     * QO      —        /  -^^^*^^'^***  '*"  ) 

*^  \r.  i      briles,  fris-  f  Mort  le  troi- 

3*       —  30—1  ?       x      • 

-.  1    1    j       .      «„  1      sons i     sièmejonr. 

V       —    le  lendemam.  25      —        J  \  * 

Ûute-mère  ouverte j 

Conclusions. 

Mvâê  8oa6  arachnoïde.  ^  Ofos.  2  et  4,  mort  lente; 

Huik  sons  les  os.  ^  Obâ.  i,  mort  le  lenden^ain  aYee5  grammes; 

Sang  sous  les  os.  34  sur  68,  »e  i/|  de  la  capacité.     . 

Une  question  plus  importante  que  Ja  nature  du  liquide,  c'est  celld 
èa  lieo  de  l'Injection,  fi  est  en  eâet  évident  que»  lorsqu'on  injecte  du 
liquide,  supposons  du  sang,  dans  la  cavité  arachnoïdienne^  non  sea- 
Juaimii  le  li(|«iide  est  repris  plos  vite  par  absorption,  grâce  à  l'étendue 
de  la  surface  afbsorbante,  mais  que,  de  plus,  exerçant  une  comptes^ 
fMUi  ttoiforme  sur  tout  Tencéphale,  l'organe  n'éprouve  pas  les  trouble» 
^i  dérivent  d'une  forte  compression  exercée  sur  un  point  limité  du 
ectttre  encéphalique^  En  «fitet,  Messî«urs,  dans  les  seuls  cas  où  la  ceni^ 
pf^tftion .  cérébrale^  est  évidente  ^\xt  tout  le  monde  comme  ceux  de 
J.  Gloquet,  de  M.  Tillaux  et  le  mien,  nous  voyons  le  sang  en  grande 
quantité  s'amasser  non  dans  la  cavité  aracbnoïdienne,  mais  entre  les 
os  el  la  dure^ooère  dèioMs,  au  pmnt  d^a^iAtir  rhéniKphère  cérébral 
eorrespondant. 

Les  expérieeoe»  qne  j'ai  faites  prouvent  au^  ce  fàit^  foe  lorsque 
riniectîoa  «si  pratiquée  enti«  Ja  dure-iâàère  et  les  os>  on  détermine 
j^iie  tâl  des  décents,  et  que  la  m«rt  ea4  plus  rapide  tp»  lorsque  ie 
Hqulée  eet.itiecté  dans  le  eaviié  «rachtieSdienae.  * 

Je  ne  prétends  pas,  Messieurs,  avec  le  petit. KonÉve  d'expérieDee 
que  je  vous  apporte,  trancher  en  dernier  ressort  une  question  complexe 
de  pathologie  comme  l'est  celle  de  la  compression  cérébralCt  mais  j'ai 


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-^  H  — 

<cru  faire  chose  utile  en  cherchant  à  compléter  ce  qui  a  été  ài\  par  Mal- 
gaigoe  à  cet  égard,  et  en  montrant  aux  futurs  expérimentateurs  la 
Toie  dans  laquelle  ils  doivent,  je  crois,  persévérer. 

M.  Labbé.  J'ai  actuellement,  dans  mon  service,  un  homme  qui 
offre  un  exemple  très-évident  de  lésion  cérébrale  traumatique  par 
contre-coup.  Cet  individu  a  reçu,  il  y  a  dix-huit  mois  environ,  un 
^oup  très-violent  sur  le  pariétal  du  côté  droit,  il  est  survenu  une 
hémiplégie  du  même  côlé.  Dans  ce  cas,  comme  dans  ceux  que  Ton 
flous  a  cités,  la  contusion  cérébrale  a  vraisemblablement  eu  lieu  dans 
le  point  diamétralement  opposé  à  celui  qui  a  reçu  le  choc. 

Chez  cet  homme,  on  peut  observer  une  des  suites  éloignées  et  assez 
rares  des  lésions  traumatiques  de  Tencéphale,  je  veux  parler  des 
accès  d'épilepsie. 

M.  Tbélat.  Les  lésions  cérébrales  par  contre-coup  ne  sont  pas 
très-rares;  on  peut  môme  dite  qiie  ces  faits  sont  assez  communs. 

M.  Pebrin.  Les  observations  de  M.  Panas  confirment  ce  que  j'ai  dît 
bien  des  fois  en  ce  qui  concerne  le  contre-coup  dans  la  masse  encé- 
phalique. Le  mécanisme  du  contré-coup  dans  la  production  des  lésion^ 
cérébrales  est  aussi  rigoureux  que  celui  des  fractures  par  contre-coup 
telles  qu'on  les  décrivait  au  siècle  dernier. 

M.  Tbélat.  Il  s'agirait  de  prouver  que  les  vraies  fractures  par 
QOnlre-coup  sont  fréquentes. 

M.  Perbin.  En  dehors  des  vues  théoriques,  il  me  parait  certain  qu* 
ces  faits  sont  réels,  cliniquemeot  parlant. 

M.  Chassaignac.  Dans  un  certain  nombre  de  cas  on  croit  à  on 
«ontre-'coup,  et  l'on  commet  une  erreur,  parce  qu'il  y  a  eu  véritable*^ 
ment  deux  coups  donnés  en  môme  temps.  Très-souvent,  il  arrive  quii 
la  tète,  recevant  un  choc  très-violent,  est  en  môme  temps  portée 
<MMiilre  un  plan  résistant  et  reçoit  un  second  coup  d^ns  le  point 
diamétralement  opposé.  C'est  là  un  cas  de  lésion  double  par  choo 
4trect. 

DÉGLABATION  DE  YACAtK^B  b'UNE  PLACE  DE  MEMBRE  TTrULàlRE. 

M.  LE  Président  déclare  vacante  une  place  de  membre  titulaire  et 
rappelle  aux  candidats  à  cette  placer  qu'à  chaque  nouvelle  dédara-^ 
^on  de  vacance,  ils  doivent  faire  un  nolnvei  acte  de  eandîdatnre.  S'ili 
<dégligeaient  de  remplir  cette  formalité,  ils  ne  pourraient  figarer  sur 
la  liste  de  candidature. 


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LBGTURB, 

M.  Bàillt,  candidat  à  la  place  de  membre  titulaire,  lit  un  mémoire^ 
ayant  pour  titre  :  Mémoire  sur  la  rotation  artificielle  du  fœtus  dans  les 
positions  occipito-postérieures, 

L*examen  de  ce  mémoire  est  renvoyé  à  une  commission  composée 
de  MM.  Tacnier,  Depaui,  Guéniot. 

COMMUNICATIONS. 

M.  Panas  communique  rob^ervation  suivante  :  ^  « 

Observation  de  fracture  du  bassin. 

Vous  connaissez  la  double  fracture  verticale  du  bassin  décrite  par 
Malgaigise,  fracture  qui,  ayant  pour  effet  de  permettre  Tascension  dib 
fragment  détaché  et  avec  lui  de  tout  le  membre  inférieur,  a  pu  donner 
parfois  le  change  et  faire  croire  à  Texistence  d'une  luxation  da 
membre  pelvien,  au  détriment  de  la  fracture  du  bassin  qui  restait 
méconnue.^  Ici,  Messieurs,  il  s'agit  de  ce  genre  de  fracture  diagnos- 
tiquée pendant  la  vie  et  avec  cette  particularité  qu'elle  existe  des. 
deux  côtés,  en  sorte  que  nous  avons  affaire  à  une  quadruple  fracture 
Terticale  du  bassin.  Ajoutons  qu'une  cinquième  fracture  séparait  \^ 
quatrième  pièce  du  sacrum  d'avec  la  cinquième;  en  même  temps, 
qu'il  ^y  avait  une  rupture  de  la  vessie,  sur  laquelle  je  reviendrai  après 
avoir  parlé  de  la  fracture. 

Le  sujet  était  un  homme  de  35  ans,  charretier,  qui,  conduisant  sa 
charrette  assis  sur  son  cheval,  se  laissa  choir,  et  la  roue  lui  passa  ea 
travers  sur  le  bassin,  en  décrivant  d'arrière  en  avant  une  demi- 
circonférence  entière  sur  la  moitié  droite  du  bassin.  Cet  homme,  qui 
était  du  reste  à  moitié  ivre,  fut  relevé  et  conduit  de  suite  à  l'hôpital^ 
où  11  expira  trente-six  heures  après  son  entrée,  dans  l'état  suivant  : 
Fades  pâle,  hippocratique;  extrémités  froides;  pouls  accéléré,  \Z0, 
presque  imperceptible.  Plaintes  continuelles,  agitation,  langue  sèche.. 
Ni  selles,  ni  urines.  Larges  ecchymoses  sur  l'abdomen,  le  bassin  et 
les  fesses,  surtout  à  droite.  Ventre  extrêmement  ballonné,  dou^ 
loureui  et  sonore  à  la  percussion  sur  tous  les  points  de  son  étendue.^ 
Vomissements  bilieux.  En  pressant  latéralement  sur  les  deux  crêtes 
iliaques  à  la  fois,  on  perçoit  une  crépitation  évidente  à  droite,  mais 
non  i  gauche.  Du  reste,  aucune  déformation  appréciable  du  pelvis. 
Les  mouvements  de  flexion  et  d'extension  du  membre  inférieur  droit 
provoquent:  aussi  la  crépitation  da  même  c6té.  On  s'assure,  du  reste» 


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ainsi,  que  les  fémurs  sont  'en  place  et  ne  présentent  aucune 
solution  de  continuité  ni  au  corps,  si  au  col.  Le  catbélérisme  n'a 
pas  amené  uue  seule  goutte  d'urine,  et  le  malade  n'a  pas  uriné  pen- 
dant tout  son  séjour  à  ThôpitaL 

Voici  maintenant  ce  qae  nous  a  révélé  l'autopsie. 

A  droite^  il  y  a  deux  fractures  :  une  postérieure  verticale,  coim- 
tnence  à  2  centimètres  de  l'épine  iliaque  postérieure,  se  dirige  ^n  bas 
vers  le  sommet  de  la  grande  échancrure  sciatique  et  aboutit  dans  la 
symphyse  sacro-iliaque  postérieure  qui  se  trouve  ainsi  diasta^e 
dans  son  quart  inférieur.  La  deuxième  fracture  droite  est  antérieure, 
elle  siège  près  de  :1a  symphyse  pubienne,  dif  isanl  \ê  pubis  au 
niveau  de  ces  branches  horizontale  et  descendante  sur  le  Cj5té  interne 
du  trou  ovale. 

il  gauche^  les  deux  fractures  sont  plus  postérieures  qi^'h  érioipte; 
ainsi  la  fracture  pubieune  divise  les  deux  branches  d^  l'os  vers  )e 
côté  externe  du  trou  sous-pubien  et  la  fracture  iliaque  intéresse  ^ 
haut  la  base  du  sacrum  pour  se  diriger  ensuite  au  bas  de  la  sym*» 
pbyse  sacro-iliaque  gauche  et  le  sommet  de  la  grande  échaneriwr^ 
sciatiqUe. 

Une  grande  quantité  de  sang  infiltrait  le  U^su  cellulaire  sauti» 
péritonéal,  surtout  dans  la  fosse  iliaque  droite. 

La  vessie  était  rompue,  et  la  perforation  qui  oQoupdjit  le  haut  de  la 
face  postérieure  ou  périroaéale  de  Forgane  pris  de  soa  eonunet,  avait 
rétendue  d'une  pièce  de  deux  francs.  Dans  ja  vessie,  U  n'y  avait 
ni  urine  ni  sang,  pas  plus  que  dans  la  cavité  péritoaéate,  doQi  leet 
parois  étaient  lisses  et  dépourvues  de  fausses  mjembranes« 

Il  est  certain,  d*après  la  disposition  des  fragments»  q^  n'étaient 
pas  pour  ainsi  dire  déplacés  du  côté  du  bassin,  que  ia  perlV 
ration  vésicale  ne  peut  être  expliquée  par  un  traumatisme  qu'aurait 
produit  un  fragment  osseux. 

Reste  l'hypothèse  de  la  rupture  par  éclatement  du  réservoir  urçaair;» 
en  supposant  la  vessie  pleine  d'urine  et  serrée  de  loutes  parts  par 
suite  de  l'aplatissement  de  l'hypogastre  par  la  roue.  Ce  mécanisme 
Vne  parait  le  plus  probable,  mais,  dans  ce  cas,  il  faut  admettre  que 
Turine  épanchée  dans  le  péritoine  a  dû  se  résorber  pendant  la  vie 
sans  déterminer  la  production  de  fausses  membranes,  ce  qui.Qemsaque 
pas  que  d'étonner  un  peu. 

Pour  ce  qui  est  de  l'anuri^  qui  a  existé  penJdaat  tout  la  tcoops  que 
le  malade  a  survécu^  elle  peut  s'expliquer  par  le  marrais  iétat  e^aér^ftl 
qui  faisait  de  lui  presque  un  cadavre. 

M.  Larret.  Dans  le  cas  observé  par  IC.  PanaSi  n'e^istaiUil  psAim 


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_  91  ^ 

même  temps  que  la  fractore  une  disjonetion,  même  partielle,  des 
symphyses,  soit  sacro-iliaques,  soit  pubiennes? 

M.  Panas,  â  gauche,  il  n'existait  aucune  disjonction  au  niveau  de 
la  symphyse  sacro-iliaque.  A  droite,  la  Mcture  tombait  dans  la 
symphjfse,  et  il  y  avait  disjonction  de  la  partie  inférieure  de  cette 
dernière,  mais  pas  d'écartement. 

M.  Ghassaignac.  m.  Panas  a-t-il  pu  avoir  quelques  détails  sur 
rétat  dans  lequel  était  la  vessie  avant  Taccident?  Dans  la  plu- 
part des  cas,  pour  que  la  rupture  %i  lieu,  il  faut  que  la  vessie  soit 
distendue. 

M.  Panas.  Le  malade  était  ivre  lorsqu'il  a  été  transporté  à  Thô- 
pital,  et  je  pense  que  la  vessie  était  alors  distendue  par  Turine. 
Lorsque  j'ai  ^aminé  ce  blessé,  le  ventre  était  distendu;  j'ai  pra- 
tiqué  le  cathélérlsme ,  et  je  n*ai  pas  fait  sortir  une  seule  goutte 
d'urine. 

M.  Depaiil.  Quelle  est  Texplication  que  propose  M.  Panas  pour 
rendre  compte  de  la  production  de  cette  fracture?  Cet  homme  était 
couché;  une  voiture  lui  a  passé  sur  le  corps,  et  la  ceinture  repré- 
sentée par  le  bassin,  fortement  pressée,  a  éclaté  en  deux  pointa.  C'est 
là  le  seul  mécanisme  auquel  on  puisse  songer,  et  j'ajoute  que  c'est 
d'après  ce  mécanisme  que  se  produisent  habituellement  ces  fracturés. 

M.  Panas.  Je  n'ai  pas  voulu  dire  que  ce  fût  là  un  fait  exceptionnel. 
11  rentre  dans  la  règle;  mais  ces  faits  sont  encore  assez  rares  pour 
qu'il  soit  bon  de  les  décrire. 

M.  Larret.  Des  fractures  du  bassin  qui  sont  communes  et  qu'il  ne 
faut  pas  oublier,  ce  sont  celles  qui  sont  dues  à  des  coups  de  feu. 

PRESENTATION  DE  FIBCG* 

M.  Deuarquay  présente  une  pièce  relative  à  une  blessure  de  l'ar* 
tère  intercostale  et  l'accompagne  àfi  la  note  suivante  : 

Ulesnare  de  l'aiflâre  intereosMe.  Pévierrliagie^   Kërt  (!)< 

Le  3  mars  de  cette  année,  un  jeune  Polonais  âgé  de  ^6  ans  entrait 
dans  mon  service,  pour  se  faire  traiter  d'un  vaste  abcès  situé  sur  la 
partie  latérale  gauche  de  la  poitrine.  L'origine  de  cet  abcès  remonte 
à  1863.  A  cette  époque,  ce  jeune  homme  servait  comme  volotî- 
taire  dans  l'insurrection  polonaise.  Dans  une  rencontre,  il  a  reçu  des 


I  La  pièce  est  déposée  au  musée  Dtipuytn 
2"  5dm.  —  TOME  IX. 


(1)  La  pièce  est  déposée  au  musée  Dnpuytrcn. 

13 


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~  98  — 

coups  de  crosse  de  fusil  dans  la  région  thoracique  gauche»  violeuce 
qui  a  amené  une  fraclure  de  côtes.  Il  fut  Irès-bien  remis  en  apparence 
des  accidents  graves  qu'il  avait  éprouvés  à  la  suite  de  ses  blessures, 
quoiqu'il  ait  conservé  une  déformation  de  la  poitrine  du  côté  gauche 
et  une  gêne  plus  ou  moins  grande  de  la  respiration.  Il  y  a  six  mois, 
sa  santé  s'est  altérée,  et  bientôt  il  vit  paraître  un  abcès  sur  la  partie 
latérale  gauche  delà  poitrine,  au  niveau  de  Tomoplate. 

Lorsque  je  le  vis  pour  la  première  fois,  je  constatai  :  i*"  Tabcès  que 
j'ai  signalé  plus  haut,  ayant  le  voTume  du  poin§^  et  de  forme  allongée 
suivant  le  sens  des  côtes;  2°  une  matité  considérable  dans  le  côté 
gauche  de  la  poitrine,  excepté  en  avant  et  en  haut,  où  il  y  avait  de 
la  sonorité;  S*"  enfin  un  aplatissement  du  côté  inférieur  gauche,  ce 
qui  amenait  une  dépression  thoracique  de  ce  côté  et  par  conséquent 
une  espèce  d'imbrication  des  côtes. 

Le  4  mars,  l'abcès  fut  ouvert  en  deux  points,  et  un  drain  fut  passé 
a  travers  le  foyer  de  l'abcès.  Au  bout  de  quelques  jours,  je  constatai 
que/)a  septième  côte  était  dénudée  dans  retendue  de  2  centimètres 
environ,  et  que  des  esquilles  se  trouvaient  dans  le  point  de  la  dénu- 
dation.  J'agrandis  Tîncision  inférieure  que  j'avais  déjà  pratiquée,  et 
j'étais  en  mesure  d'enlever  les  esquilles  mobiles,  laissant  en  place 
celles  qui  me  paraissaient  adhérentes,  dans  la  crainte  d'ouvrir  la 
cavité  thoracique.  Tout  alla  bien  jusqu'au  13  mars.  Mais  au  pansement 
du  soir,  rinterne  constata  une  plus  grande  quantité  de  liquide  dans  le 
linge  à  pansement,  qui  exhalait  une  mauvaise  odeur. 

Le  lendemain  14,  je  fis  la  même  observation,  et  de  plus  je  cons- 
tatai que  la  poitrine  était  devenue  sonore  dans  toute  son  étendue;  il 
n'y  avait  point  de  doute  :  la  collection  purulente  intra-pleurale  s'était 
vidée  au  dehors.  Un  stylet  introduit  dans  le  foyer  où  existaient 
encore  des  esquilles  pénétra  dans  la  cavité  pleurale.  Pour  prévenir  les 
accidents  d'une  infection  putride,  je  me  mis  en  mesure  d'agrandir 
l'ouverture  de  ce  vaste  foyer,  afin  d'y  pratiquer  des  injections  déter- 
sives.  En  raison  de  Fimbricatioji  des  côtes,  je  compris  tout  de  suite  la 
possibilité  de  la  lésion  de  l'artère  intercostale;  mais  j'espérais  l'éviter 
en  ne  dépassant  point  la  zone  des  tissus  fibreux  indurés  par  une 
longue  inflammation.  La  petite  incision  que  je  pratiquai  et  qui  n'avait 
pas  plus  d'un  centimètre  était  dirigée  en  bas  et  en  dehors.  Il  vint,  à  la 
suite  de  cette  opération,  un  peu  de  sang  artériel  ;  ce  qui  ne  m'empêcha 
pas  de  faire  des  injections  avec  une  solution  de  permanganate  de 
potasse  et  de  teinture  d'iode  étendue  d'eau.  Je  laissai  en  place  des 
esquilles  dans  la  crainte  d'amener  quelque  désordre  en  les  arrachant. 
Une  petite  toupe  de  charpie,  introduite  dans  le  fond  de  la  plaie,  sus- 


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—  99  — 

pendit  la  petite  hémorrhagie  qui  venait  de  la  partie  postérieure  ,de  b 
plaie.  J'étais  eonvaincu  que  je  n'avais  intéressé  qu'une  branche 
minime  de  Tartère  intercostale. 

Le  samedi  soir  et  le  dimanche  t5,  Thémorrhagie  se. reproduisit, 
peu  abondante  en  apparence;  mais  le  malade,  déjà  affaibli,  succomba 
le  dimanche  soir  à  la  suite  d'une  syncope. 

A  Tautopsie,  nous  avons  constaté  :  1»  que  le  poumon  gauche  était 
refoulé  en  haut  et  en  avant;  2*  qu'il  existait  une  grande  cavité  pleu- 
rale tapissée  de  fausses  membranes  granuleuses;  3<*que  cette  plèvre 
et  les  fausses  membranes  qui  la  tapissaient  n'étaient,  point  très- 
épaisses  au  niveau  de  la  nécrose  partielle  de  la  neuvième  côte;  4''  que 
les  esquilles  résultant  de  la  nécrose  de  la  neuvième  côte  occupaient, 
dans  retendue  de  1  à  2  ceutimètres,  toute  la  portion  de  la  côte  ; 
5»  enfin  que  ma  petite  incision,  partant  du  foyer  de  la  nécrose,  avait 
coupé  Tartère  intercostale  dans  le  point  où  elle  est  abritée  par  la 
partie  inférieure  de  la  côte.  Pouvait-on  prévenir  un  pareil  accident? 
Il  est  bien  évident  que  si  Thémorrhagie  s*était  produite  au  moment  de 
l'opération,  je  n'aurais  pas  hésité  à  aller  à  la  recherche  du  bout  pos- 
térieur du  vaisseau,  le  seul  qui  pût  être  intéressé,  et  à  en  pratiquer  la 
ligature;  la  chose  eût  été  difficile  en  raison  de  Teffacement  de  l'espace 
intercostal;  mais,  dans  ce  cas,  on  n'avait  rien  à  craindre  de  côté  de  la 
cavité  pleurale,  puisqu'elle  était  ouverte.  Toutefois,  on  comprend  que, 
en  présence  de  cette  difficulté  opératoire,  l'interne  du  service  ait  pré- 
féré recourir  à  la  compression,  laquelle,  n'ayant  pas  lieu  du  dedans 
au  dehors,  devait  naturellement  favoriser  l'hémorrhagie  dans  la 
cavité  pleurale.  Les  hémorrhagies  par  suite  de  la  lésion  de  l'artère 
intercostale  sont  rares.  A  ce  point  de  vue,  mon  observation  présente 
quelque  intérêt.  Je  la  rapprocherai  d'un  autre  fait. du  même  genre 
observé  par  M.  Thierry.  {Bulletin  de  la  Société  anatomiquet  tome  IH, 
page  451). 

11  s'agit  d'un  homme  qui,  voulant  se  suicider,  se  donna  un  coup  de 
serpette  au-dessous  du  ipamelon  gauche.  Il  en  résulta  une  plaie 
transversale  irrégulière,  d'un  pouce  et  demi,  pa|  laquelle  s'écoulait 
une  petite  quantité  de  sang.  Rien  n'annonçait  une  lésion  du  tissu  pul- 
monaire. On  comprima  la  poitrine.  Deux  heures  après,  le  malade 
était  pâle,  décoloré,  le  pouls  petit  et  fréquent,  respiration  anxieuse, 
matilé  du  côté  gauche  de  la  poitrine.  On  diagnostiqua  une  blessure 
de  l'artère  intercostale  et  un  épanchement  thoracique.  La  mort  et 
l'autopsie  qui  fut  faite  démontrèrent  l'exactitude  du  diagnostic  (|ui 
avait  été  porté. 

M.  Despibs.  Dans  ce  cas,  il  s'agissait  d'une  fistule  thoracique.  On 


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~  100  — 

% 

a  voulu  agfftndiir  la  fittole  atee  16  bfitouri,  et  on  a  eu  un  accident 
très^rave.  Je  erol»  qu'en  pareil  cas  il  Eerait  préférable  d'employer  des 
corps  dilatants. 

M.  LRQôcmsT.  Je  ne  m'associe  pas  à  la  manière  de  ^voir  de 
M.  Després.  II  est  des  cas,  et  ce]ui*ci  était  de  ce  nombre,  dans  lesquels 
il  faut  faire  un  large  débridementî  mais  il  doit  arriver  Irès-raremem 
dé  léser  Tarière  intercostale.  Je  pense  qu*en  pareille  circonstance 
il  serait  préférable  de  faire  un  débridement  suivant  le  sens  des  côtes. 

M.  DESPRiâi.  Dans  le  cas  actuel,  il  était  impossible  de  faire  une 
incllion  suivant  les  règles,  parce  quil  y  avait  une  inflexion  des  côtes 
qui  avait  chaulé  tous  les  rapports.  Les  rapports  étant  changés,  on 
peut  toujours  blesser  l'artère  dans  cette  région.  Jln&iste  sur  Tutilitè 
de  la  dilatation.  11  n'y  a  pas  de  llstule  qui  résiste  h  remploi  de  rc 
moyen  pendant  -vingt-quatre  heures. 

M.  LAKaBY.  Je  suis  porté  à  croire  qu'A  y  a  eu  ou  Une  anomalie,  ou 
une  déYiation  pathologique  qui  a  été  cause  de  Taccid^nt.  La  disposi*^ 
lion  normale  de  Tarière  intercostale  la  met  presque  à  Tabri  des  bles*^ 
sures,  et  dans  les  ouvrages  de  chirurgie.  Ton  trouve  Un  plus  «|rând 
nombre  de  moyens  proposés  pour  remédier  à  ces  hémorrhagies,  qu'il 
n'y  a  d'obsenrations  nettement  avérées  de  cet  accident.  tJti  ancien 
élère  du  YaUderÛràce,  M.  Charles  Martin,  a  soutenu  une  excellente 
thèse  sur  Ibb  lésions  iraumaiiques  des  nrdrês  inténoêtaleê.  Dans  ce 
traTaily  on  peut  trouver  la  plupart  des  documents  relatif^  à  cette 
question. 

M.  DfiHARQUÀY.  Ce  fait  est  très<^tonnant.  il  existait  une  grande 
déformation  de  la  poitrine  et  un  aplatissement  des  Côtes.  J'ât  été 
frappé  de  la  difficulté  qu'il  y  avait  à  doânèr  écoulement  au  liquide 
contenu  dans  la  poitrine»  Je  n'ai  pas  voulu  enlever  les  esquilles, 
de  peur  de  déchirer  l'artère,  et  j^ai  fait  un  très-petit  débridement,  tout 
en  étant  très-préoccupé  de  la  blessure  possible  du  vaisseau. 

La  dilatation  n'était  pas  possible,  en  raison  de  la  déformation  dé  la 
poitrine;  pour  la  pratiquer,  il  eût  fallu  préalablement  faire  Une  réseâ« 
tion  des  deux  extrémités  de  la  côte. 

M.  Panas.  En  lè58,  alors  que  j'étais  interne  dans  le  service  de 
M.  le  professeur  Laugier,  j'ai  observé  up  cas  très-extraordinaire  de 
lésion  traumatique  de  l'artère  intercostale. 

.  Il  s^aglt  d'une  hémorrhagie  mortelle  ayant  succédé  à  la  blessure 
d'une  artère  intercostale  par  suite  d'une  fracture  dé  côte.  Lorsque  le 
malade  fut  apporté  à  Thôpital,  il  respirait  très-difflèilement  et  pré- 
sentait une  pAleur  excessive.  Il  y  avait  de  Temphysème  SouS-cutadé 
et  une  matlté  assefe  étendue.  On  pensa  que  le  malade  atait  uuè  pteu- 


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-  101  -* 

résie,  el  l'on  ordonna  une  saignée.  Le  malade  mourut  au  bout  de  six 
à  sept  jours,  et  à  l'autopsie,  on  trouva  une  artère  intercostale 
déchirée  par  un  fragment  de  côte  et  du  sang  pur  accumulé  en  grande 
abondance  dans  la  plèvre. 

Chez  le  malade  de  31.  Demarquay,  un  morceau  de  la  côte  supé- 
rieure manquait.  Cest  là  que  l'incision  a  porté,  et  l'on  comprend  que 
l'instrument  ait  facilement  atteint  Tarière.  ' 

M.  Chassaignac.  La  blessure  d'une  artère  intercostale  est  une  des 
lésions  les  plus  graves  que  la  chirurgie  puisse  présenter,  et  c'est  là 
ce  qui  explique  combien  sont  nombreux  les  moyens  proposés  pour  y 
remédier.  Sur  le  cadavre,  quand  on  veut  cherchef  à  lier  l'artère»  ou 
peut  à  peine  y  arriver. 

Depuis  quoique  tem))s,  en  Angleterre,  ôh  traite  W  fistules  pleurales 
par  rinfrôduetion  d'un  tube  à  drainage,  et  l'on  obtient  dcâ  résultais 
très-retnarquablés.  L'emploi  du  tube,  substitué  h  l'empyètDe,  cons- 
titue une  boàne  bpératioti.  DaûS  le  eas  actuel,  On  eût  pu  faire  enik-er 
un  tube  par  l'orifice  de  la  fistule,  et  le  faire  sortir  dans  un  point  plus 
ou  moins  éloigné. 

L'opération  de  l'empyème  n'avait  jamais  donné  de  succès  à  Asllôy 
Gooper,  et  Dupuyiren,  sur  eitiquatite«'deut  cas,  avait  eu  cinquante 
et  une  morts. 

M.  DBMAiiQCÀY.  La  dilatatloni  je  l'ai  déjà  dit,  était  Impossible. 
Quant  à  introduffè  Ub  dràlU)  je  ti'y  pouvais  iObger,  pafcé  que 
les  côtes  étaient  imbriquées.  La  seule  chose  à  faire  était  de  donner 
cours,  à  Taide  du  bistouri,  au  liquide  contenu  datis  là  cÂVité  pleurale* 

La  séance  est  levée  à  cinq  heures  et  demie. 

Le  seorélaire,  Di*  Léon  Labbé. 


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-.  102  — 

SÉANCE     DU    P*"    AVBIL    1868 
Présidence  de  M.  LEGOUEST 

Le  procès-yerbal  de  la  précédente  séance  est  lu  et  adopté. 

CORRESPONPANCE. 

• 

La  correspondance  comprend  : 

—  Une  lettre  de  madame  veuve  FoUin,  qui  offre  à  la  Société  le 
microscope  et  un  très-beau  portrait  de  FoUln.  -r-  Le  secrétaire  général 
est  chargé  d'adresser  à  madame  Foliin  les  remercîments  de  la  Société. 

—  Une  lettre  de  M.  Paulet,  qui  se  porte  candidat  à  la  place  de 
membre  titulaire  actuellement  vacante. 

—  Les  journaux  de  la  semaine  :  la  Gazette  médicale  de  Strasbourg  ; 
le  Sud  médical;  le  Bulletin  de  thérapeutique. 

—  Éludes  sur  les  médications  arsenicale  et  antimoniale,  et  sur  les 
maladies  du  cœur,  par  le  docteur  Papiliaud. 

—  Le  deuxième  fascicule  des  Leçons  cliniques  sur  les  maladies  chi- 
rurgicales des  enfants^  par  M.  Giraldès,  oftmbre  titulaire. 

M.  DEMARQUAT  présente  de  la  part  de  M.  Auge,  médecin  à  Pilhi- 
viers,  une  observation  de  rupture  centrale  du  périnée  pendant  Tac- 
couchement.  Celte  observation  vient  à  Tappuides  idées  défendues  par 
M.  DepauK 

Bvptnre  eentrale  du  périnée  pendant  l'aeeenehement,  sortie 
de  i'enrnnt  par  eette  perforation. 

Madame  X...  est  une  femme  forte,  sanguine,  vigoureuse.  Mariée 
depuis  un  an,  elle  est  accouchée,  le  29  septembre  4851,  par  une 
sage-femme,  et  met  au  monde  une  fille  bien  constituée,  d*un  volume 
et  d'un  poids  ordinaires.  Pendant  le  travail,  les  douleurs  avaient  bien 
marché;  elles  étaient  fréquentes  et  aiguës.  Cependant  la  sage-femme 
lui  administre  du  seigle  ergoté  ;  puis  elle  s'endort  auprès  de  sa  malade. 
Une  douleur  subite,  bien  plus  violente  que  les  précédentes,  arrache  un 
.  grand  cri  à  la  patiente.  L'enfant  venait  d'être  expulsé  brusquement.     ' 

L'accouchée  ressentant  une  douleur  au  périnée  et  une  cuisson 
péuible,  qui  persistent  le  lendemain  etlesorlendeniain,  méfait  appeler» 


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—  103  - 

Je  constale,  entre  la  vulve  et  l'anus,  une  large  plaie  verticale,  à  bords 
déchiquetés,  saignants,  se  rapprochant  à  leurs  extrémités,  mais  écar- 
tés au  centre,  et  s'étendant  de  l'une  à  l'autre  commissure,  vulvaire  et 
anale,  sans  les  intéresser.  Une  injection,  poussée  dans  cette  pl^ie, 
reflue  par  le  vagin;  le  doigt,  introduit  dans  le  vagin,  rencontre  sur  la 
paroi  postérieure  de  ce  canal  rorifice  supérieur  de  la  déchirure.  La 
vulve  est  étroite,  et  na  subi  aucune  dilatation  pendant  le  travail  de 
Taccouchement.  L'enfant  était  passé  au  travers  du  plancher  périnéal, 
expulsé  violemment  par  une  contraction  énergique  de  l'utérus. 

Je  m'empressai  de  rassurer  la  malade  sur  les  suites  de  cet  accident; 
eu  effet,  il  suffit  d'injections,  de  pansements  à  plat  et  de  lavages,  pour 
amener  Tocclusion  de  cette  large  plaie.  Cependant  la  guérisonne  fut 
complète  qu'au  bout  de  quatre  mois  et  demi;  et  il  resta  dans  le  vagin, 
sur^a  paroi  postérieure,  une  induration  longitudinale,  formée  par  la 
cicatrice. 

Il  est  certain  que  Tadministration  intempestive  du  seigle  ergoté 
chez  celte  dame,  qui  est  forte,  d'un  tempérament  sanguin,  bien  mus- 
clée, et  dont  les  douleurs  étaient  régulières,  a  été  la  cause  de  la  rup- 
ture du  périnée.  Les  circonstances  analomiques  qui  m'ont  paru  l'avoir 
favorisée,  sont  une  ampleur  anormale  du  périnée,  et  la  direction  par- 
ticulière de  la  vulve,  qui,  chez  elle,  se  trouve  tout  à  fait  portée  en 
avant.  Ce  sont  du  reste  les  dispositions  que  MM.  Depaul  et  Blot 
viennent  de  signaler  à  la  Société  impériale  de  chirurgie. 

Depuis  cet  accident,  madame  X...  a  mis  au  monde  trois  enfants.  Je 
l'ai  accouchée,  et  chaque  fois,  le  travail  de  Taccouchement  a  été  régu- 
lier, et  n'a  même  pas  été  ralenti  par  l'induration  cicatricielle  du 
vagin. 

RAPPORT. 

Rapport  snr  le  mémoire  de  M,  Panlet,  fnlltnlé  :  Étnde  mut 
les  saites  Immédiates  on  éloinrnées  des  lésions  tranma- 
tiqnes  des  nerfs. 

M.  TiLLAtx  lit  le  rapport  suivant  : 

Messieurs,  dans  une  de  vos  dernières  séances,  M.  le  docteur  Paulet  . 
vous  a  lu  un  mémoire  intitulé  :  Étude  sur  les  suites  immédiates  ou 
éloignées  des  lésions  iraumatiques  des  nerfs.  Vous  l'avez  tous  écouté 
avec  un  si  vif  intérêt  que  je  suis  certain  de  vous  être  agréable  en  vous 
entretenant  de  ce  très-intéressant  travail. 

Permettez-moi  de  retracer  rapidement  l'historique  de  la  question  si 


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^  104  -- 

complexe  des  lésions  tfaumaliques  des  nerfs.  Il  me  sera  plus  facile 
ensuite  d'exposer  le  problème  qu*a  posé  devant  vous  M.  Paulet. 

Pendant  une  longue  suite  de  siècles,  on  a  professé  q[ue  la  régéné- 
ration des  nerfs  était  impossible  ;  il  ne  venait  même  pas  à  Tesprlt 
que  le  contraire  pût  exister;  aussi  ne  chercbait-ou  pas  à  résoudre  cette 
question,  et  c'est  le  hasard  seul  qui,  en  1776,  mit  Cruikshank,  le  col- 
laborateur de  John  Hunter,  sur  la  voie  de  la  vérité. 

Faisant  les  expériences  sur  l'action  des  nerfs  intercostaux,  il  re- 
marqua qu'une  substance  analogue  au  tissu  nerveux  réunissait  les 
deux  bouts  d'un  des  nerfs  qu'il  avait  coupé.  Frappé  de  ce  fait,  il  ré- 
péta souvent  ses  expériences  et  put  déposer  dans  le  musée  de  Hunier 
un  pneumo-gastrique  régénéré. 

Si  Cruikshank  avait  donné  la  preuve  lanatomique  de  la  régénéra- 
lion  des  nerfs,  Haîshton  en  fournit  la  preuve  physiologique.  Sui^un 
chien,  il  coupe  un  pneumo-gastrique,  Tanimal  continue  à  vivre;  six 
semaines  après,  il  coupe  le  pneumo-gaslrique  de  l'autre  côté  et  rani- 
mai se  rétablit.  Il  coupe  plus  tard  sur  le  même  chien  deux  pneumo- 
gastriques en  même  temps,  et  l'animal  succombe.  La  démonstration 
était  évidente.  Ce  n'est  cependant  qu'en  1838  que  le  mode  de  regéné- 
ration des  nerfs  fut  définitivement  établi  par  Steinrûeck.  Depuis  cette 
époque,  on  a  pu  suivre  pas  à  pas  la  reproduction  de  tubes  nerveux 
nouveaux  entre  les  deux  bouts  d'un  nerf  divisé. 

Mais  la  question  était  loin  d'être  épuisée.  Un  physiologiste  anglais, 
Waller,  fit  en  1850,  à  l'Académie  des  sciences,  cette  surprenante  ré- 
vélation :  Toutes  les  fois  qu'un  nerf  a  été  coupé,  le  bout  périphérique, 
celui  qui  n'a  plus  de  rapports  avec  son  centre  trophique,  subit  une 
dégénération  complète.  La  substance  médullaire  se  fragmente,  se  dis- 
socie et  ne  tarde  pas  à  se  réduire  en  granulations  d'une  extrême  té- 
nuité; la  membrane  de  Schwann  se  plisse,  se  ratatine  sur  le  cylindre 
ax^  qui  diaparattrait  laimâme  suivant  Walter«  Plus  tard,  ap^rèa  ua 
temps  vartabte,  lorsque  la  oontinuité  des  deuit  boula  est  fétabHe,  un 
travail  réparateur  se  produit,  la  mySline  reparaU  dans  la  gattie  du 
cylindre  axe  et  le  nerf  recouvre  toutes  ses  propriétés  physiolo- 
giques. 

Cette  découverte  inattendue  a  jeté  une  vive  lumière  sur  certains 
faits  cliniques  jusqu'alors  inexplicables.  Pour  n'en  citer  qu'un  exemple, 
M.  Dnchenne  (de  Boulogne)  avait  constaté  ce  fait  en  apparence  para- 
doxal, qu'une  paralysie  traumalique  guérissait  d'autant  mieux  sous 
l'influence  de  l'électricité  qu'un  certain  temps  s'était  écoulé  depuis  le 
moment  de  Taccident.  Il  est  facile  de  comprendre  et  d'expliquer  au- 
jourd'hui Ctt  résultat  singulier. 


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—  105  — 

C'est  là,  Messieurs  qu'en  est  acluellemenl  la  science. 
!•  Lorsqu'un  nerf  a  éprouvé  une  solution  de  continuité  simple  ou 
une  perte  de  substance  peu  étendue,  des  tubes  nerveux  de  formation 
nouvelle,  s'interposant  entre  les  deux  bouts,  les  réunissent; 

2"  Le  bout  périphérique  d'un  nerf  sectionné  subit  nécessairement 
une  dégénération  complète  et  se  régénère  ensuite,  si  l'on  observe  les 
conditions  nécessaires  à  cette  régénération. 

La  physiologie  hous  enseigne  que  le  bout  périphérique  d'un  nerf 
sectionné  a  perdu  toutes  ses  propriétés  conductrices,  et  qu'en  consé- 
quence les  parties  auxquelles  il  se  distribue  sont  privées  et  de  senti- 
ment et  de  mouvemeïit  jusqu'à  ce  que  les  deux  bouts  soient  réunis. 
C'est  ici  qu'intervient  le  travail  don|  j*ai  l'honneur  de  vous  rendre 
compte. 

Vous  vous  rappeler,  Messieurs,  l'observation  lue  par  M.  Laugier  à 
l'Académie  des  sciences  le  13  juin  1864.  M.  Laugier  suturait  les  deux 
bouts  d'un  nerf  médian  divisé  la  veille,  et  dès  le  soir  même  la  sensi- 
bilité avait  reparu  dans  les  points  paralysés.  Ce  résultat  extraordi- 
naire fut  attribuée  à  la  réunion  immédiate,  et^tf.  Laugier  crut  pouvoir 
formuler  les  conclusions  suivantes  :  •  ' 

!•  Après  la  suture  d'un  nerf  coupé,  la  sensibilité  et  les  mouvements 
des  parties  auxquelles  il  se  distribue  peuvent  se  rétablir  d'une  ma- 
nière très-notable  en  un  petit  nombre  d'heures  ; 
2*"  Le^etour  des  fonctions  est  rapidement  progressif; 
3»  Il  est  successif,  c'est-à-dire  que  la  sensation  tactile  etles  mou- 
Tements  sont  obtenus  avant  certaines  sensations,  par  exemple,  celle 
de  douleur  et  de  température. 

M.  Houel  vous  faisait  bientôt  connaître  un  fait  tiré  de  la  pratique 
de  M.  Nélaton,  présentant  avec  le  précédent  une  analogie  marquée; 
malgré  les  raisons  qu'invoque  M.  Paulet,  je  persisté  à  croire  que  l'in- 
terprétation donnée  à  ces  deux  cas  est  passible  d'une  sérieuse  cri- 
tique. S'ils  étaient  les  seuls  qu'eût  rapportés  M.  Paulet,  j'essayerais  , 
de  vous  démontrer  qu'ils  ne  s'éloignent  pas  absolument  de  la  règle 
générale.  Mais,  Messieurs,  admettons  dans  les  deux  faits  précédenis 
un  rétablissement  fonctionnel  d'une  rapidité  extrême,  au  moins  les 
deux  bouts  du  nerf  divisé  avaient-ils  été  mis  et  maintenus  en  contact 
à  Taide  d'une  suture,  en  sorte  que  la  réunion  immédiate  invoquée  par 
MM.  Nélaton  et  Laugier,  aurait  pu  à  la  rigueur  être  obtenue. 

Cette  réunion  immédiate  n'a  jamais  été  rencontrée  dans  les  expé- 
riences, mais  fut-elle  constatée  chez  l'homme,  qu'il  n'y  aurait  là  rien 
de  contraire  aux  lois  connues  de  la  physiologie  et  de  la  pathologie. 
11  n'en  est  plus  de  même  des  autres  faits  contenus  dans  le  travail 
2«  série,  —  tome  ix.  14 


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—  106^ 

de  M.  Paulet.  Toutes  Us  fois  qu'un  nerf  pôriphériquo  ne  communique 
plus  avec  )e«  centres  nerveux,  la  partie  à  laquelle  se  distribue  ce  nerf 
est  frappée  de  paralysie;  cette  paralysie  persiste  indéûnimeut  tant 
que  la  continuité  n'est  pas  rétablie.  C'est  là,  dans  Tétat  actuel  de  la 
science,  une  vérité  qui  paraissait  inattaquable.  Eh  bien  1  les  observa- 
tions de  M*  Paulet  sont  de  nature  à  ébranler  la  foi  la  plus  robuste. 

Permettez-moi  de  vous  rappeler  en  quelques  mots  l'observation  que 
M.  Paulet  a  lue  devant  vous. 

Un  Polonais,  pendant  la  darnière  guerre  contre  )a  Russie,  reçut 
une  balle  dans  le  coude  gaucbe.  Le  nerf  cubital  fut  atteint  et  toutes 
les  parties  auxquelles  il  ae  distribue  furent  privées  de  mouTement  et 
de  sentiment.  Quatre  mois  ap'rès,  apparut  une  névralgie  d'abord  U- 
iiiilée  au  coude  et  bientôt  étendue  à  tout  le  trajet  du  nerf. 

Le  blessé  entra  dans  le  service  de  M*  Paulet  ie  6  octobre  4964, 
quin;&e  mois  et  demi  après  la  blessure.  Pâle,  amaigri,  profondément 
découragé,  le  malade  était  en  proie  à  des  douleurs  excessives  qui  re* 
venaient  par  accès  presque  chaque  nuit. 

Après  avoir  essayé  en  vain  les  calmants  ordinaires,  M.  Paulet  se 
décide  à  pratiquer  la  résection  du  nerf  cubital,  Deux  centisoètres  de 
ce  nerf  furent  enlevés  an  niveau  du  coude,  et  immédiatement  toute 
sensibilité  disparut  sur  son  trajet  ;  le  malade  é^ait  guéri  de  sas  atroces 
douleurs.  Mais  quel  ne  fut  pas  Tétonnement  de  M.  Paulet  quand»  le 
quatrième  jour  de  l'opération,  il  constata  que  la  névralgie  Mait  re« 
venue  au^si  violente  qu'auparavant*  Cet  état  a  persisté  depuis» 

U  est  évident,  Messieurs,  que  ce  fait  extraordinaire  est  en  opposi- 
tion avec  les  données  physiologiques.  La  continuité  du  courant  ner* 
veui  s'est  rétablie  en  quatre  jours  entre  les  branches  terminales  du 
nerf  cubital  et  le  centre  nerveux.  Or,  il  n'est  pas  possible  que  la 
transmission  ait  eu  lieu'par  le  tronc  du.  nerf,  puisque  le  bout  aupé* 
rieur  était  séparé  de  l'inférieur  par  un  intervalle  d'au  moias  deux 
centimètres,  Il  n'y  a  pas  là  moyen  d'invoquer  la  réunion  immédis^e 
'oomme  dans  le  cas  de  MM.  Nétaton,  Laugier,  Paget^ 

Al.  Paulet  rapporte  encore  une  observation  trèa^concluante  due  à 
MM.  Leudet  et  Delabost,  publiée  en  1864.  Il  s'agit  d'un  bomma  «ur 
lequel  on  constata,  trente-sept  ans  après  l'accident»  que  les  deux  bouts 
du  nerf  médian,  divisés  jadis,  n'étaient  pas  réunis  et  cependant  ia 
sensibilité  êl  la  motilité  n'avaient  pas  disparu. 

Pu  reste,  Messieurs,  notre  collègue  M.  Yerneuil  a  déjà  posé  la 
question  devant  vous,  à  propos  de  faits  qui  lui  sont  personnels  et  dont 
vous  n'avez  sans  doule  pas  perdu  le  souvenir.  Le  Mémoire  de 
M.  Paulet  esl  riche  de  faits  analogues. 


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^  101  - 

Voltà  doiid,  dit  Ymimt  en  temînaht  son  trèfi-inâtructif  travail,  dix- 
huit  C&8  d6  névrdtotnie  avè«  fésectioti,  dans  lesquels  les  fohcliôns  ^e 
sont  rétablies  quelquefois  au  bout  d'un  temps  très- court,  d^àutreg  fois 
après  pluiiieurs  Itiots  il  est  vrai,  hlâis  alors  que  là  perte  de  substance 
faite  au  tronc  nerveux  égalait  trois  ou  quatre  pouces,  ce  qui  exclut 
toute  possibilité  de  rèâtaufîltioà  diaprés  les  loin  posées  par  la  physio- 
logie, fittfiti^  dàt)S  ceft»)ils  cas,  la  résection  d'ud  nerf  itnporlant  n*a 
troublé  en  rl^ti  là  sensibilité  ni  le  mouvement  tolontàirë. 

Pàot«il  conclure  de  ces  observatiôris  qiie  les  dohnéês  elassiques  de 
la  physiologie  sont  inexactes?  Que  chaque  irônC  nèrvcux  iî*a  pas  la 
propriété  de  distribue)*  là  mdlilité  et  la  sensibilité  à  certaines  parties 
du  corps  bieii  déterminées?  Non,  sans  doute;  toUt  porte  à  croire  que 
les  faits  de  M.  Paulet  et  ceux  qui  lut  resseuiblent  i\é  Sont  que  des  ex- 
ceptions. Mais  enGn  ces  faits  existent  et  nous  pouvons  en  conséquence 
émettre^  sans  craindre  un  démenti,  la  proposition  suivante  : 

fïnê  p^He  an  i^arpê  peut  eonserter  sa  senHbiUté,  hien  qnti  k  tronc 
%et9tni  qui  è'^  diêtribuê  né  communique  plus  avec  l^encêphalB: 

C'est  à  Mie  ëonclusloti  que  eotiduit  le  mémoire  de  M*  Paulet,  c*est 
là  le  pr6blêt!le  qu'il  a  posé  devant  vous. 

Pfts  pïtÈ  querautéUr,  Messieurs,  je  n'ai  là  prétention  de  le  résoudre* 
L'ed^rtt  éit  toat  de  suite  porté  à  admettre  des  anastomdsèâ  termttiales 
des  tier(^;  ïùt3L\ii  tnàlgrê  t)ue)qués  résultats  obteimâ  dans  ce  sens  par 
M.  le  prôféBséUr  Robin ,  cçii  ftnastomoseâ  sont  encore  à  Tétàt  d'hypOthèiSë 
parefiiéAt  gtàtUit^st  et  d'ailleurs,  fussent-èlles  démontrées  que  Ton  ne 
cofleevrÀit{rtil  pourquoi  la  ëensibillié  tarde  plusieurs  Jours  et  quelque- 
fois i^lMlèiifS  ffidià  ft  se  lâanif^stéi'  de  nouveau. 

Je  fie  tefài  que  vous  rappeler  la  i*emarque  suivante  faite  par 
M.  Dtietidtiiiè  (do  Sûttlogne)  Lei  nerfs  ti^mblent  jouir  d'une  certaine 
«OHdttfltê  ;  il  n'est  paê  raro  do  voir  à  demi  paralysés  des  muscles  ani- 
més par  les  nerfs  tolllns  de  celui  qui  à  subi  une  lésion.  11  suffit  êgà- 
IMiMI  àë  ftiHtitti^r  eet  autre  fait.  C'est  que,  quand  on  ébranle  la  partie 
explorée,  tifi  filet  nerveux  du  voisinage  peut  très-aisédient  percevoir 
la  leniûttiétt  dd  eoâtâOl  où  dé  température,  sensation  (tul  riera  rap« 
iwrtée  à  tort  au  nerf  bleèsé.  Je  ne  crolà  pas  que  ces  observations  suf- 
filent  à  expliquer  leé  faits  i|Ue  vous  à  signaléâ  M.  Paulet* 

J'en  dirai  Autant,  Messieurs,  ûén  expériences  si  ëurieuses  de 
MM.  Philippeaux  et  Vulpian.  Ces  physiologistes  Ont  démontré,  Con^ 
irëireniertl  à  ropfftîôn  de  Waller,  que  la  réunion  deô  deux  bétità  d'un 
iterf  divisé  n'e^i  pàs  toujours  indispensable  à  la  régénération  dû  bout 
iJêrîphértqttè.  Leâ  bèrft  sOni  doués  d*Une  propriété  propre,  là  néufîMé, 
d'un  pouvoir  autogénique  qui  les  fait  àe  régénérer  bien  tfuô  séparés 


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—  108  — 

de  leur  centre  trophique.  Mais  les  nerfs  n'en  sont  pas  moins  impuis- 
sants à  transmettre  les  volitions  ou  les  impressions  au  cerveau  puis-» 
qu'ils  n'y  aboutissent  plus. 

C'est  donc  là  un  sujet  obscur,  difficile,  qui  mérite  d'occuper  cbirur- 
giens  et  physiologistes. 

Que  vous  dirai-je,  Messieurs,. du  Mémoire  dont  j'ai  l'honneur  de 
vous  rendre  compte  ?  Que  c'est  l'œuvre  d'un  homme  très-érudit,  très- 
consciencieux,  observateur  rigoureux  et  intelligent.  M.  Paulet  est  pro- 
fesseur agrégé  au  Yal-de-Grâce  et  connu  de  vous  tous  par  d'impor- 
tantes publications,  je  vous  propose  donc  de  : 

i»  Publier  dans  nos  Mémoires  le  travail  de  M.  Paulet; 

2»  Inscrire  l'auteur  sur  la  liste  des  candidats  au  titre  de  membre 
titulaire  de  notre  société. 

DISCUSSION. 

M.  Liégeois.  Mon  attention  a  été  appelée  sur  des  faits  analogues  à 
ceux  qui  ont  été  rapportés  dans  le  Mémoire  de  M.  Paulet,  lorsque  je 
faisais  des  expériences  sur  les  nerfs  périphériques,  pour  démontrer  la 
dégénérescence  du  bout  inférieur,,  indiquée  par  Wailer.  Sur  un  chien» 
j'avais  coupé  le  nerf  sciatique  très-haut,  au  niveau  de  sa  sortie  du 
bassin.  Après  un  mois,  la  sensibilité  était  rétablie;  je  fis  Tautopsie  de 
l'animal,  et  je  constatai  que  les  deux  bouts  du  sciatique  étaient  écartés 
de  5  à  6  centimètres.  Je  ne  pus  trouver  aucune  trace  d'anastomose^ 
et,  je  le  répète,  la  sensibilité  était  parfaite.  Les  muscles  éleetrisés  se 
conU'actaient  rapidement,  et  l'examen  microscopique  démontra  l'état 
d'idtégrité  complète  du  tissu  musculaire.  Le  tissu  nerveux  était  é^-- 
lement  à  l'état  normal;  j'ai  voulu  répéter .  cette  expérience  dans 
diverses  régions,  et  il  m'a  été  impossible  de  constater  de  nouveau  ce 
fait  exceptionnel.  Danfe  toutes  me$  autres  tentatives,  j'ai  observé  une 
paralysie  complète  et  la  dégénérescence  wallérienne. 

Faut-il  invoquer  dans  ces  cas  l'existence  d'anastomoses?  Panizza» 
le  premier,  avait  appelé  l'attention  sur  le  retour  de  l'influx  nerveux 
par  les  anastomoses.  Il  avait  fait  remarquer,  pour  appuyer  son  dire, 
que  lorsque  l'on  coupait  l'une  ou  même  deux  des  .trois  racines  d'ori- 
gine des  nerfs  du  membre  inférieur  chez  la  grenouille,  le  mouve- 
ment persistait  dans  tout  le  membre;  il  ne  disparaissait  qu'alors  que 
le»  trois  racines  avaient  élé  sectionnées. 

Assurément,  on  est  étonné  en  lisant  les  faits  rapportés  par 
M.  Paulet.  11  n'est  pas  douteux  qu'il  y  ait  des  anastomoses,  mais  il 
faudrait  les  trouver.  Elles  peuvent  être  nombreuses,  et  peut-être  ne 
les  a-t-on  pas  assez  recherchée». 


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—  109  — 

li  existe  certdnes  anastomoses  dont  nous  ne  nous  rendons  pas  bien 
eompte  :  ce  sont  celles  de  la  paume  de  la  main.  À  ce  niveau,  il 
existe  des  filaments  nerveux  qui  se  confondent,  et  Ton  comprend, 
jusqu'à  un  certain  point,  que  les  réseaux  périphériques  transmettent 
la  sensibilité. 

M.  Lbfokt*  Dans  l'observation  qui  est  personnelle  à  M.  Paulet,  l'on 
0008  dit  bien  que  la  névralgie  a  reparu,  malgré  la  résection  du  nerf, 
mais  qu'était  devenue  la  sensibilité? 

M.  TiLUUx.  La  sensibilité  avait  disparu  en  même  temps  que  la 
névralgie;  elle* a  reparu  alors  que  la  névralgie  a  été  de  nouveau 
observée. 

M.  Lefort.  J'ai  observé  dernièrement  une  malade  qui  a  eu,  il  y  a 
deux  ans,  une  fracture  de  la  claivicule.  A  la  suite  de  cet  accident  s'est 
produite  une  paralysie  de  la  motilité  et  de  la  sensibilité  de  tout  le 
membre,  sauf  de  la  partie  qui  est  animée  par  le  nerf  médian.  Lors- 
qu'on voulait,  faire  exécuter  des  mouvements  à  la  malade  (mouve- 
ments volontaires  ou  communiqués),  celle-ci  éprouvait  des  douleurs 
atroces,  et  cependant  il  s'agissait  de  parties  paralysées. 

H.  Démarquât.  J'ai  pratiqué  deux  fois  la  section  du  nerf  sous-orbi- 
taire  pour  remédier  à  des  douleurs  atroces. 

Dans  le  premier  cas,  j'ai  fait  l'opération  par  la  méthode  sous- 
entaoée.  Immédiatement  la  douleur  a  disparu,  et  la  lèvre  supérieure 
est  devenue  insensible;  mais  après  quelques  jours,  la  douleur  et  la 
sensibilité  avaient  reparu. 

La  seconde  fois,  j'ai  découvert  le  nerf  sous-orbitaire  et  j'ai  enlevé 
Qfl  tronçon  de  ce.  nerf;  immédiatement  encore Ja  douleur  a  cessé,  et 
la  sensibilité  de  la  lèvre  supérieure  a  disparu.  Au  bout  de  quinze 
jours,  trois  semaines,  quelques  douleurs  étsûent  revenues;  d*abord  peu 
intenses,  elles  offrirent  bientôt  un  caractère  d'acuilé  aussi  considé- 
rable qu'avant  l'opération.  • 

M.  Legouest.  Les  faits  de  la  nature  de  ceux  que  nous  signale 
M.  Démarquay  ne  sont  pas  très-rares;  M.  Gherini,  de  Milan,  dans  un 
Mémoire  qu'il  a  communiqué  à  la  Société  de  chirurgie,  nous  a  fait 
connaître  un  grand  nombre  d'observations  analogues. 

MM.  Tiilaux  et  Liégeois  paraissent  disposés  à  prendre  les  faits  de 
M.  Panlet  pour  des  exceptions.  Je  pense  qu'ils, ne  sont  pas  aussi  rares 
qu'ils  semblent  le  croire. 

Je  prends  occasion  de  cette  discussion  pour  faire  connaître  un  caa 
intéressant  de  lésion  du  nerf  médian,  que  j'ai  observé  l'année  der* 
nière  dans  ma  pratique  : 

M.  X...,  s'étant  levé  la  nuit  et  voulant  descendre  son  escalier  sans 


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--  ilô  - 

l&mIèM,  it  «M  «htitd  vièlè&tè.  il  n»  prôâUilit  ttHé  ff^ftettire  de 
raTMt^bmg,  uHe  toâUoH  dac6Ude  ftvee  iéibe  dH'èittPèftiHé  inttrieilfë 
de  rMuméruii  L'artère  humémle  et  \é  mtî  médian  furem  rom«< 

On  avait  tamponné  la  plaie  et  résolu  de  faire  l'ampulàtlofl. 

Appelé  ftuprèi  du  blessé,  Je  me  décidais  après  mûr  èxArnsn,  à  «en- 
server  le  membre^  Je  liai  l'artèrs  hUAéral0  iti  dosins  6t  ftu-»Uesseus 
de  la  plaie. 

Le  nerf  médian  flottait  dans  la  plate,  déâhlréi  dOtitiH,  J'ttilnetiçai 
aa  malaée  qu'il  perdrait  Tuiage  4tt  poue^t  de  ritidieiftlîlr)  du  tf)éâlu« 
et  la  partie  externe  de  Tannulaire.  Cependant,  un  mois  apré^  i'HceU 
dent,  en  pouvait  oonstater  le  retour  semplet  de  lA  setiéibllité  dans  ees 
parties.  • 

M.  LEVdiit.  Dans  le  fait  rapporté  pair  M<  LegOMSt»  il  jr  eeu  évl< 
demment  régénération  des  nerfs  après  réunioui  Ce  qui  Ml  extreerdU 
naire^  e'est  le  retour  de  la  sensibililé,  Alors  que  Ift  réunion  n'a  pa 
avoir  lieu. 

M.  Broga.  Lorsqu'on  se  sert  du  mol  eeoifomo^s,  à  propds  de  filets 
nerveuX)  il  faudrait  bien  s'entendre.  Geui  qui  etnplolent  ce  mot 
veulent  sans  doute  parler  d^aceolemeht  de  filets  nerteux,  car  il 
n'existe  pas  d'analtomose  bout  à  bout,  d'anastomose  anelotee  à  délie 
des  vaisseaux  artériels.  Il  est  bdmiSf  en  Ifi^t^  que  1«  cylindre  axe  d'ati 
tube  nerteox  nd  communiqué  jamais  avec  le  cylindre  axe  d'ttfi  Autre 
tube  nerveux.  Cette  hypothèse  de  la  communication  des  tnbes  n»* 
venu,  à  là  inanière  des  vaisseaux  sAttguioS)  serai!  sens  dente  très- 
commode  pour  expliquer  certains  phénomènes  de  retour  de  la  sensi^ 
bllité  et  du  mouvement,  mais  elle  est  en  opposltloti  avéô  tontes  168 
données  actuelles  de  la  solenee. 

M.  LiÉQBoiB.  Je  m'élohne  d'enteddre  M.  BrocA  nier  les  ftnaito* 
moses  par  fusion  dès  tubes  nerveux.  Aujourd'hui,  il  est  élAbli  dAtib 
la  science  que  les  anastotàoses  par  fUsion  exisieât  AusèI  bi§fi  dans  les 
centres  nerveux  que  dans  les  neris  périphériques.  Les  fibres  her** 
teuses  réduites  à  leur  cylindre  axe  se  divisent  et  s'AUAstolhoëeui 
entre  elles.  Cette  disposition  est  la  seule  qUi  puisse  rendre  cUXnpte  de 
la  sensibilité  qui  existe  sur  èfaftquë  pam  de  lA  pèm. 

M.  tihhkvtk  Les  Anastomoses  nerveuses  ne  sont  pas  démèUffées* 
si  elles  existaient,  on  devrait  les  trouver  toUjdUrs.  QuAnd  lès  Ibnc-» 
tiens  nerveuses  ne  se  rétabiisseht  pus  Après  lA  léfiioh  d'un  neff,  faUt-il 
denc  en  eonclure  que  les  anastomoses  u^èiistaient  pas?  Ge  serait 
absurde.  En  o.utre,  s'il  existe  des  anastomoses,  èomu)dnt  se  fHit«>il  què 
le  sourAUt  nertAut  ne  se  rétablisse  pas  iUitUédiatèment,  mais  des 


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-^  111  - 

OQM,  des  semaifitti,  é%B  moM  «près  l'accideott  L*h^pothèS6  dés  anas* 
tomoiM  laiiso  Ui  qiMslien  dans  toute  son  obscurité. 

M<  Bbog4*  Il  ne  peut  être  question  loi  que  des  anastomoses  pro* 
dttltes  par  des  filets  qui  se  détachent  d'un  tronc  pour  aller  s'accoler  à 
DO  autre  et  aller  se  distribuer  avec  lui.  Ces  anastomoses  expliquent 
bisa  des  laits.  Ce  sont  là^  en  quelque  sorte,  des  filets  nerveux  alier» 
nntg  qui  ont  pris  une  fausse  voie  pour  se  rendre  à  leur  lieu 
de  distribution  et  qui,  plus  tard,  rentrent  dans  le  ihemin  normal. 
Solvant  la  disposition  de  ces  filets,  les  résultats  que  Ton  observe 
à  la  suite  de  la  section  du  tronc  principal  peuvent  variera  llnfini. 

C'est  là  la  seule  manière  d'expliquer  rirrégularitè  des  phénomènes 
observés.  C'est  une  anomalie  anstomtque  qui  rend  compte  d'une  ano* 
malie  physiologique. 

Après  eeite  discussion,  les  conclusions  du  rapport  de  M.  Tillaux 
Mmt  mises  aux  voix  et  adoptées. 

I90MINATI0N  DB  COMlilSSION. 

l'ordre  du  jour  appelle  l'iéiection  d*une  commission  destinée  à  exa-* 
miner  les  titres  des  candidats  à  une  place  de  membre  titulaire  de  la 
Société  de  chirurgie. 

Cette  commission  sera  composée  de  MM.  Gueoiôt,  Liégeois,  Dol« 
beau. 

.  ^aBSElÎTATlON  DE  MALAIIB. 
Entent  affecté  de  bec-de-llèvre  double  eompltqiië* 

M.  OsMABOUAv  présente  une  Jeune  fille  de  6  è  6  ans,  afléctée  d'oa 
bec-de-Uèvre  double  dont  l'opération  présente  des  difficultés  très* 
sérieuses,  sur  lesquelles  il  appelle  l'altention  de  ses  collègues. 
1*  L*écartexnent  entre  les  deux  maxillaires  est  considérable  et  de  plus 
ees  deux  derniers  sont  atrophiés  ;  fi"*  l'os  intermaxillaire,  surmonté 
(le  deux  dents,  présente  une  saillie  considérable  et  de  plus  il  est 
fortement  incliné  à  droite,  ce  qui  tient  à  une  fracture  du  vomer  qui  a 
eo  lieu  l'année  dernière  à  la  suite  d'une  chute  de  l'enfant  ;  3«le  lobule 
médian  est  très^petit,  il  est  tout  à  fait  adhérent  à  l'extrémité  du  nés; 
il  est  petit,  ratatiné.  L'enfant  est  d'ailleurs  délicate,  et,  ajoute  M.  De* 
marquay»  quel  que  soit  le  procédé  que  l'on  adopte.  Il  y  a  des  craintes 
sérieuses  à  avoir  quant  à  i'hémorrhagie^  et  voilà  pourquoi  il  demande 
l'avis  de  ses  collègues. 

Suit  te  dis^iASsion  h  laquée  prennent  part  MM.  Broca^  Giraldès, 
Gaersant,  Depaul.  Après  la  discussion,  M«  Demarquay^oote  s  L'iiH 


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- 112  - 

térét  que  présente  cet  enfant  ne  dépend  pas  seulement  du  niai  qu'il 
présente,  mais  bien  plus  encore  de  son  origine.  Il  appartient  à  une 
famille  dont  l'histoire  s^a  faite  par  un  de  mes  anciens  élèves,  M.  le 
docteur  Cyr.  En  attendant,  je  mets  sous  les  yeux  de  mes*  collègues 
Farbre  généalogique  de  cette  famille  fait  par  un  iiiteme  distin- 
gué, M.  Bourdillat.  Le  père  et  la  mère  de  cet  enfant  se  portent 
bien,  ils  ont  eu  trois  enfants,  et  deux  de  ces  enfants  sont  nés  avec  un 
bec-de-lièvre;  le  troisième  n'a  point  de  bec-deHèvre,  mais  il  présente 
le  vice  de  conformaition  de  la  lèvre  ii^férieure  que  j'ai  décrit  en  1843 
{GÊzeUe  médicale  et  article  Beù^e-lièvre  du  DiciioviMisre  de  médecine 
et  de  chirurgie  ffraiiqve).  Ce  vice  de  conformation  consiste  surtout 
dans  une  forme  de  la  lèvre  inférieui'e  et  dans  la  présence  de  deux  petites 
ouvertures  situées  sur  chaque  côté  de  la  b'gne  médiane,  et  dans  les- 
queues  pénètre  facilement  un  stylet,  qui  arrive  ainsi  jusque  sous  la 
muqueuse  labiale  et  vient  faire  saillie  au  niveau  du  frein.  J'ajouterai, 
dit  M.  Demarquay,  que  la  mère  de  cet  enfant  est  née  d'un  père  et 
d'une  mère  bien  portants,  qui  ont  eu  huit  enfants.  Sur  les  huit, 
enfants,  deux  sont  nés  avec  des  becs-de-lièvre,  à  savoir  un  garçon  et 
une  fille.  Celle-ci  est  morte  à  huit  mois.  Le  fils  vit,  s'est  marié,  et  il 
a  eu  deux  enfants  sains.  Sur  les  six  enfants  restant,  deux  ne  sont 
pas  mariés.  Parmi  les  quatre  mariés,  deux  ont  eu  des  enfants  sains  ; 
les  deux  autres,  qui  sont  deux  femmes,,  se  sont  mariées  :  l'une  est  la 
mère  de  l'enfant  que  je  viens  de  vous  présenter,  et  l'autre  en  a  eu 
huit.  Eh  bien,  ces  huit  enfants  joints  aux  trois  (le  sa  sœur  forment 
le  chiffre  de  onze  enfants  qui  tous  sont  nés,  soit  avec  un  bec-de- 
lièvre,  soit  avec  le  vice  de  conformation  de  la  lèvre  inférieure,  sur 
lequel  j'ai  appelé  votre  attention.  Quelquefois,  les  deux  vices  de  con- 
formation sont  réunis  sur  le  même  sujet.  Cet  enfant  est  le  quatrième 
que  je  vois  opérer  de  la  même  fàmUle.  J'ai  poussé,  plus  loin  mes 
investigations,  et  j'ai  appris  que  du  côté  du  grand-père  de  ces  enfants, 
il  y  avait  déjà  des  antécédents  sur  lesquels  je  ne  puis  donner  des  dé- 
tails circonstanciés,  ce  que  fera  mon  jeune  confrère  Gyr.  J'ajouterai 
en  terminant  que  le  vice  de  conformation  que  j'ai  décrit  en  i845,  je 
l'avais  également  trouvé  dans  une  famille  où  le  bec-de-lièvre  est  héré- 
ditaire. Ces  faits  prouvent  évidemment  ce  que  j'ai  cherché  à  démontrer 
en  1845,  et  récemment  dans  mon  article  Bec-de4ièvre ,  qiie  dans  cer- 
taines circonstances  ce  vice  de  conformation  naît  sous  Tinfluoncede 
l'hérédité. 

DISCUSSION. 

M.  BaoGA.  M.  Demarquay  a-t-il  Tinténtion  d'enlever  le  tubercule 
osseux  médian? 


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113  — 

M.  DsmâaoOày.  Noa. 

M.  BnoGA.  J'ai»  i'anoée  derniôre^  conservé  un  tubercttk  osMiis:  asvet 
Tolumineux,  dans  un  cas  de  beoHle«-lièTte  eompliqué^'M  j*ai  obtenu  nn 
*  sttcoès  irès-€«miplet  thés  un  eniaot  de  deux  mois  et  dei&i. 

Dans  le  cas  actuel,  le  volume  des  deniR  nnd  le  micdès  problémft- 
Uque^  car  il  aer«  ^ut^être  iiapofliibte  d'«YiT«r  k  tubercule  osseux. 

Je  ferais  une  teolative  qui  ccAieisterait  à  ettteimr  une  |)orti<m  de  la 
cloison,  et  je  repousserais  le  tubercule  en  arrière. 

Uéût  le  caft  dont  j«  yieu  de  parler,  «prte  avoir  aiast  refoulé  en 
arrière  le  tubercule  oêseiix»  i'ei  avivé  «es  bords  et  j*ai  ftiit  la  suture 
métallique  des  os.  L'os  a  repris.  Il  y  a  quelques  jours,  le  père  de  llen- 
faot» qui esibiédecln)  tt*e  foit  «avoir  qm  le eoudore  étaU  véritable- 
Bient  osseusiÊ^  L'opération  a  été  faile  à  la  fin  d'avrâ  1867* 

Le  seul  imsonvéïiîent  qu'il  y  ait  à  egîr  ainsi,  t'est  qtie  le  tubereuh 
eutatic  fortne  un  seliliie  sous  te  net% 

II.  CtiAssAiGKAG^  ie  eras  <pi'en  teniaiftt  le  co»servalien  4^eetle 
partie  osseuse  qui  me  paraît  mobile,  on  se  <Mést%  des  dlfficuRés.  le 
préférerais  avoir  recours  à  une  pièce  artifi^^le  pcnar  eofiil>ler  la 
lacune  qui  persisterait  derrière  la  lèvre  dans  le  cas  oiiTon  obtiendrait 
une  réunitm  eolide  des  parties  moHes. 

Pour  pouvoir  réunir  dans  ce  cas',  il  faudra  décoller  les  parties 
molles  au  niveau  des  os  maxillaires;  or,  chez  cette  enfant,  il  existe 
une  tache  éreciile  considérable  du  côté^gauche  de  la  face,  aussi  doit-on 
être  préoccupé  de  la  possibilité  d'une  hémorrhagie. 

M.  GiRÂLDS5«  n  existé  là,  comme  dans  tous  les  cas  de  cette  nature  : 
atrophie  des  os  maxillaires  supérieurs  et  hypertrophie  de  Fos  inter* 
maxillaire.  Si  on  laisse  le  tubercule  en  place,  quelque  procédé  que 
l'on  emploie,  on  aura  toujours  une  dilTormito  produite  par  la  saillie 
de  Tos  intermaxillaire,  en  avant  des  maxillaires.  Je  commencerais  par 
exciser  te  tubeitide  eeeeuic,  f»ui$  j'uti^f^ierets  ie  luberCttle  médian 
cutané. 

Je  ne  voudrais  pas  faire  de  décollements,  comme  l'a  indiqué 
Bl.  Chassaignac.  Lorsqu'on  pratique  ces  d'écoHements,  on  èàt  exposé 
à  voir  la  cî^àtrteô  déchirée  par  suite  de  faction  des  muscles. 

M.  OtlsAsXîs't.  Jàî  opéfé  un  ms  de  ce  gewe  avec  succès.  î*àî  enlevé 
Fos  intcrmaxillaire,  et  j'ai  eu  soin  de  réséquer  une  partie  de  la  cloi- 
sott.  Cette'  prêcautton  est  très-importantiè,  parce*  qu'on  peut  alors 
baisser  h  prôîhtè  du  tutt  et  utiliser  le  petit  lobule  cutané  pour  faire  la 

doiSOD. 

M.  GttALufes.  Le  tubercule  médian  'osseux  reste  toujours  mobile,  et 
je  le  répète,  il  y  a  grand  îïiCônvctii^nt  à  lô^ônserveré 

2"  série.  —  tome  ix.  45 


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*     —114  — 

M.  Dbharquay.  Chez  les  malades  opérés  par  Blandlo,  il  D*y  avait 
(>as  eu  de  réunion.  M.  Debrou,  dans  un  cas,  avait  avivé  les  os  et 
n'avait  pas  non  pins  obtenu  de  réunion.  ^ 

J'ai  déjà  opéré  deu^  parents  de  cfit  enfant;  j'ai  enlevé  Tos  iater- 
maxillaire  et  j'ai  bien. réussi. 

J'avais  eu  la  pensée  de  faire  Fopération  eti  deux  temps,  à  cause  de 
la  présence  des  artères  qui  viennent  alimenter  ce  lobule  et  qui  sont 
très-volumineuses. 

M.  Depacl.  Je  me  rangerais  volontiers  à  l'opinion  de  M.  Giraldès 
et  de  ceux  de  nos  collègues  qjii  veulent  que  le  tubercule  osseux  soit  . 
enlevé. 

Je  prie  bien  mes  collègues  de  constater  à  quel  degré  de  déformation 
est  arrivée  la  bouche  de  cette  enfant.  Je  soutiens  que  si  on  l'avait  opérée 
quelques  jours  après  sa  naissance,  l'opération  eût  été  très-simple. 
On  aurait  pu  conserver  le  tubercule  médian.  Aujourd'hui,  la  diffor- 
mité qui  succédera  à  Fopëra^ion  sera  presque  aussi  grande  que  celle 
qui  existe  actuellement. 

La  séance  est  levée  à  dnq  heures  et  demie.   . 

Le  Secréiaire,  D'  Léon  Labbé. 


SÉANCE     DU     8     AVEIL     1868 
Présidence  de  H.  LEGOUEST 

Le  procès-verbal  de  la  précédente  séance  est  lu  et  adopté. 

CORRESPONDANCE. 

La  correspo'bdancc  imprimée  comprend  : 

—  Les  journaux  de  la  semaine  et  les  brochures  suivantes  : 

^-  Extraction  des  dents  sans  souffrance  par  le  protoxyde  d'azote,  paf 
M.  Preterre. 

—  SuUa  espulsione  di  m  calcolo  ifoluminoso  dalla  versica  orinaria 
di  una  donna  di  54  anni,  par  le  professeur  Giàn  Lorenzo  Bolto. 

—  SuUa  doppia  irido  enclesi  nella  cura  del  Keralocono,  par  le  pro- 
fesseur Gian  Lorenzo  Botto,  et  une  lettre  imprimée  adressée  à 
M.  Botlo  par  le  professeur  Floriano,  de  Parme. 


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~  115  — 

La  correspondance  manuscrite  se  compose  : 
D'une  lettre  de  M.  Girard,  interne  à  l'hospice  Saint-André,  de 
^Bordeaux,  demandant  Tacceptation  d*un  pli  cacheté.  Le  dépôt  est 
accepté. 

—  M.  Yerneuil  présente  de  la  part  de  M.  le  docteur  Hurel,  des 
Andelys  (Eure),  le  complément  d'une  observation  communiquée  autre- 
fois à  la  Soôiété  par  notre  regrettable  confrère  Laborie,dans  la  séance 
du  29  août  1866. 

Il  s'agissait  d'une  fumeur  du  testicule,  que  M.  Yerneuil  avait  refusé 
d'opérer,  croyant  avoir  affaire  à  un  sarcocèle  incurable,  ffl.  Laborie 
fit  l'opération,  et,  d'après  Teiamen  microscopique,  pensa  qu'il  ne 
s'agissait  pas  d'un  cancer,  mais  bien  de  tubercules. 

M.  Yerneuil  demanda  que  le  malade  fût  suivi  :  il  l'a  été  en  effet. 
Opéré  au  mois  de  juillet  1866  et  sorti  guéri  en  apparence,  il  rentra  à 
l'asile  le  i4  décembre  et  mourut  le  27  février  i867,  avec  des  masses 
cancéreuses  dans  le  foie. 

—  M.  Yernbuil  offre  à  la  Société  de  chirurgie,  de  la  part  de  M.  Giam- 
batistâ  Borelli,  un  volume  intitulé  :  Raccolta  di  ossepvazioni  clinicO' 
palkologice,  vo}.  Il,  4854-1867. 

Ce  volume  traite  des  matières  les  plus  variées  :  il  renferme,  entre 
autres,  la  série  des  mémoires  manuscrits  présentés  à  la  Société  de 
chirurgie  en  décembre  1867,  par  M.  Yerneuil,  sur  la  Tailk  médiane; 
.  la  DUalation  de  Vurèthre  ;  VExlractio^  des  calculs  chez  la  femme,  sans 
opération  sanglante;  YAmputation  de  la  jambe  ;  la  Section  sous-cutanée 
du  muscle  carré  pronateur  ;  la  Cure  radicale  des  hernies  ;  VExlraclion 
des  polypex  naso -pharyngiens  et  les  Moyens  propres  à  dominer  la  mor- 
talité après  les  grandes  opérations  chirurgicales. . 

On  y  trouve  une  observation  intéressante  de  ténotomie  sous-cutanée 
de  Vanneau  inguinal,  pour  la  cure  radicale  de  la  hernie  du  même  nom. 

Les  faits  contenus  dans  ce  second  volume  soutienneot  dignement  la 
réputation  que  s'est  faite  M.  Borelli  comme  chirurgien  habile  et 
instruit;  ils  témoignent  également  de  Tingéiiosité  de  son  esprit. 

—  M.  Yerneuil  communique,  de  la  part  de  M.  Louis  Thomas  (de 
Tours),  une  observation  intitulée:  Fracture  du  tibia  chez  un  sujet 
syphilitique.  —  Apparition  de  tumeurs  gommeuses  auiopr  de  la  fracture. 
—  Traitement  ioduré.  —  Guérison. 

->  M.  Legouest  communique  une  observation  de  luxation  du  ten^ 
don  du  biceps  brachial^  adressée  par  M.  Fleury  (de  Clermonl),  membre 
correspondant. 


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—  116  ~ 

Oëplaeemeiil  du  tenaoïi  do  la  loBn^ae  jf^rtion  du  Meeps  bm- 
ebial  provoiivé  par  uiio  extension  brusque  du  bra&^ 

Par  M.  Flbury,  chirurgien  en  chef  de  r Hôtel-Dieu  de  Clerm&nf. 

Un  officier,  âgé  de  cinquante-huit  ans,  grand  et  forlemenl  constitué» 
montait  un  cheval  omhrageux  qui  eut  peur  et  8*en)porta. 

La  Lrîde  se  casse  et,  dans  un  bond  que  fait  l'animal,  la  fausse  rône 
est  portée  sur  sa  tête, 

M.  X,..  allonge  fortement  le  bras  et  parvient  à  la  saisir;  il  peut 
ainsi  maîtriser  son  cheval  el  l'arrêter. 

L'engourdissement  qu'il  éprouve  dans  tout  le  membre  le  force  bien- 
tôt à  mettre  pied  à  teri*e.  U  veut  regagner  son  domicile  à  pied,  mais 
les  douleurs  qu'il  ressent  sont  tellement  vives  qu'il  est  forcé  de  mon-  , 
1er  en  voilure  pour  rentrer  chez  lui. 

Je  trouve  le  malade  au  lit  \  Aa.  pâleur  de  son  visage  indique  une 
souffrance  cxlrême.  Les  douleurs,  me  dit-il,  ne  sont  cependant  pas 
très-vives,  mais  elles  lui  portent  au  cœur  et  lui  font  craindre  à  chaque 
i  nstant  une  syncope. 

Dans  les  mouvements  qu'il  exécute  pour  changer  de  position,  la 
main  gauche  soutient  le  coude,  et  ce  n'est  qu'avec  la  plus  grande   - 
peine  qu'il  parvient  à  s'asseoir  sur  le  bord  de  son  matelaa. 

La  pression  exercée  sur  le  membre  est  peu  douloureuse  ;  la  saillie 
de  l'épaule,  la  position  du  bras,  la  facilité  avec  laquelle  on  le  rap- 
proche du  tronc,  ne  me  laissent  aucun  doute  sur  l'état  de  l'articula- 
tion ;  il  u'y  a  pas  de  luxation. 

J'imprime  à  l'extrémité  inférieure  du  bras  un  mouvement  de  rota- 
tion qui  se  transmet  avec  facilité  à  la  main  qui  appuie  sur  le  deltoïde. 
L'élévation  et  rabaissement.de  l'humérus  peuvent  être  exécutés  sans 
douleur;  cet  os  n'est  donc  pas  brisée  mais  un  craquement  se  fait  en- 
*  tendre  autour  de  l'articulation,  il  est  sec,  rude  et  analogue  à  la  crépi- 
talion  que  l'on  perçoit  lorsque  l'on  frotte  deux  surfaces  osseuses. 

Je  crus  à  une  fracture  en  un  point  quelconque,  mais  en  soulevant  le 
bras  pour  mettre  le  deltoïde  dans  le  relâchement,  le  malade  éprouve 
un  soulagement  instantané  ;  toute  trace  de  crépitation  a  disparu,  les 
mouvements  s'exécutent  sans  douleur,  l'avant-bras  qui  était  fléchi 
sur  le  bras  peut  être  allongé;  la  guérison  paraît  complète 

Un  changement  aussi  prorapt  ne  se  manifeste,  en  général>,  qu'après 
la  réduction  d'une  luxation.  Dans  une  fracture,  si  on  met  les  deux 
fragments  en  contact,  la  douleur  diminue  mais  ne  disparaît  pas  aussi 
complètement.  Évidemment  un  organe  a  repris  sa  place,  je  suppose 


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-.  117  —  . 

que  ce  ne  peut  èlre  que  le  teadoa  d{i  la  longue  portion  du  bicep», 
sorti  de  sa  gaine  ostéo-fibreuse  dans  le  mouvement  exagéré  d'eïten* 
sion  qu'a  fait  le  blessé  pour  saisir  la  t>rida  de  son  cbeyal.  La  douleur 
est  en  effet  localisée  maintenant  à  la  partie  supérieure  et  antérieure 
du  bras. 

Je  conseille  Tapplicalion  de  compresses  imbibées  d*un  liquide  réso- 
lulir  et  rimmobilité  du  membre.  , 

Le  lendemain  Tamélioration  persistait,  les  mouvements  avaient  re- 
pris toute  leur  étendue. 

Que  serait-11  arrivé  si  le  tendon  n'eût  pas  repris  sa  place  t  Encore 
quelques  heures,  et  du  gonflement  serait  survenu,  les  douleurs  au- 
raient augmenté,  les  mouvements  seraient  devenus  plus  difficiles  et 
on  eût  pu  s'arrêter  à  Tidéc  d'une  fracture  de  Tomoplalc  puisque  la 
clavicule  et  l'humérus  avaient  conservé  leur  Intégrité. 

Probablement,  à  là  longue,  le  tendon  du  biceps  se  serait  creusé  une 
nouvelle  cavité  et  les  mouvements  auraient  fini  par  s'exécuter  ;  mais 
au  bout  de  combien  de  temps?  Peut-être  même  les  mouvements  ne  se 
seraient-ils  jamais  rétablis  complètement  si  le  tendon  eût  adhéré  à 
l*humérus.  Les  auteurs  que  j*ai  consultés  parlent  bien  de  la  rupture 
du  biceps,  mais  ils  ne  disent  rien  de  son  déplacement. 

M.  Lbgouest,  à  la  prière  de  M.  Fleury,  invile  ses  collègues  à  rap- 
porter les  faits  analogues  quMls  auraient  observés.  Pour  lui,  sans 
affirmer  rexisieuce  de  la  luxatiou  du  tendon  de  la  longue  portion  du 
biceps  dans  le  cas  précédent,  il  est  porté  à  Tadmetlre.  Il  a  vu,  en 
effet,  dans  le  cours  de  sa  pratique,  quelques  luxations  des  tendons  : 
notamment  une  luxation  du  tendon  de  Tun  des  péroniers  sur  la  mal- 
léole externe,  et  une  luxation  de  Textenseur  propre  de  Tindicateur  en 
dedans  de  la  tôle  du  deuxième  métacarpien. 

Dans  le  premier ^as,  la  luxation  consécutive  à  une  entorse  du  pied 
se  produisait  et  se  réduisait  à  volonté,  en  donnant  lieu  à  un  craque- 
ment très-manifeste.  Dans  le  second,  survenu  à  la  suite  d'une  cou- 
pure, la  luxation  permanente  dans  Textension  du  doigt  se  réduisait 
spontanément  dans  la  flexion. 

M.  Gloquet.  Ces  accidents  sont  rares.  J'ai  connu  un  individu  qui 
pouvait,  à  volonté,  produire  la  luxation  en  dedans  ou  en  dehors  du 
tendon  du  biceps. 

M.  CHASSAicnsAc.  11  est  assez  difficile  d'admettre  un  déplacement  de 
la  longue  portion  du  biceps  sans  déplacement*  de  la  tète  de  l'humé- 
rus. Ce  tendon  n*est  jamais  luxé  que  lorsqu'il  y  a  en  même  temps  une 
luxation  de  l'os. 


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—  118  — 

GOUlUNrCATION. 

M.  TiLLAUx  commumqae  l'observation  suivante  : 


Plaio  non  pénétrante  du  coaurt  plaie  des  daiix  poantens* 
—  Séjour  d*nne  tige  métalll^ne  Imis»^  ^  ^^  eentSmétres, 
1n*Ce  te  9  BriBinétres,  peadant  treize  mois  dans  la  cavité 
thoraeiqne. 

Les  observations  de  plaie  du  cœur  et  surtout  de  plaie  non  péné- 
trante avec  séjour  prolongé  du  corps  vulnéfant  sont  assez  rares  pour 
que  j'aie  cru  devoir  communiquer  le  fait  suivant;  il  n'est  pas  le  moin? 
intéressant  de  ceux  qui  sont  consignés  dans  les  annales  de  la  science, 
et  soulève  d'ailleurs  un  point  de  pratique  d'un  haut  intérêt  sur  lequel 
j'appellerai  dans  un  instant  votre  attention. 

Ëe  6  février  1861,  je  trouvais  dans  mon  service  à  Bicêtre  ([iiflr- 
merie  de  la  division  des  aliénés)  le  nommé  R...,  âgée  de  55  ans,  entré 
le  i4  septembre  1866,  avec  un  certificat  portant  le  diagnostic  ;  Para- 
lysie générale.  Depuis  son  entrée  il  avait  une  fois  attenté  à  ses  jours 
en  pratiquant  une  incision  peu  profonde  dans  la  région  sus-hyoï- 
dienne. 

Ssl  face  pâle  portait  l'empreinte  d'une  anxiété  extrême.  Il  était  cou- 
ché sur  le  côté  droit,  les  deux  cuisses  fortement  fléchies  sur  le  bassin, 
le  tronc  courbé  en  avant  de  façon  à  mettre  les  muscles  des  parois  tho- 
raciques  et  abdominales  dans  le  plus  complet  relâchement  possible.  Il 
respire  avec  difficulté  et  se  plaint  vaguement  de  souffrir  dans  le  poi- 
Jrine. 

L'examen  du  thorax  me  permit  de  constater  une  plaie  extrêmement 
peftile,  Ou  plutôt  une  piqûre  située  à  5  centimètres  au-dessous  du  ma- 
melon gauche.  A  2  centimètres  eu  dehors  et.  un  peu  au-dessus  de  cette 
piqûre  existait  un  soulèvement. énergique  de  la  peau,  isochrone  aui^ 
pulsations  artérielles;  le  doigt  appliqué  en  cet  endroit  percevait  mani- 
festement le  choc  d'un  corps  étranger,  arrondi,  repoussé  brusque- 
ment en  dehors  à  chaque  contraction  du  cœur.  Emphysème  de  la 
paroi  thoracique  gauche  et  large  ecchymose  dans  le  point  corres- 
pondant. 

Le  malade,  ,qui  était  à  ce  moment  en  pleine  possession  de  sa  raison, 
raconta  que  la  nuit  "précédente,  voulant  se  donner  la  mort,  il  s'était 
introduit  dans  la  poitrine  une  longue  tige  de  fer.^  Il  s*était  pour  cela 
placé  dans  la  position  où  nous  le  trouvions,  c'est-à-dire  couché  sur  le 
côté  droit,  les  cuisses  et  le  tronc  fléchis.  Après  avoir  reconnu  le  point 
où  le  cœur  battait,  il  y  avait  appliqué  une  tige  de  fer  qu'il  maintenait 


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—  119  — 

rectiligne  de  la  main  gauche  ea  pressant  avec  la  main  droite.  Ren- 
contrant une  résistance  assez  vive  pour  traverser  ta  peau,  il  s'ét»t 
saisi  de  sa  tabatière  et  avait  pressé  vigoureusement  avec  le  couvercle 
sur  le  corps  étranger.  L'empreinte  était,  en  effet,  marquée  sur  la  taba- 
tière. La  résistance  de  la  peau,  une  fois  vaincue,  le  malade  n'avait 
ressenti,  dit-il,  aucune  douleur  en  enfonçant  la  tige  tout  entière. 

Quant  aux  symptômes,  voici,  Messieurs,  ce  que  je  dictais  le  jdur 
même  à  l'interne  du  service  : 

L'abdomen  est  souple,  non  douloureux  à  la  pression,  excepté  au 
voisinage  du  rebord  des  fausses  côtes;  dans  toute  l'étendue  qu'occupe 
l'emphysème,  la  moindre  pression  réveille  les  plaintes  du  malade, 
lesquelles  indiquent  plutôt  une  grande  anxiété  qu'une  douleur  très- 
aiguë.  Aussi  la  percussion  du  thorax  est-elle  impossible,  le  malade 
s'agitant  et  criant  au  moindre  contact. 

La  respiration  est  faible  à  gauche,  ce  quL  est  dû  à  la  douleur  qu'é- 
prouve le  malade  à  chaque  inspiration. 

Les  brviis  du  cosur  sont  réguliers  et  normaux^  On  constate  que  les 
soulèvements  isochrones  de  la  peau  par  la  tige  de  fer  coïncident  avec 
le  premier  bruit,,  c'est-à-dire  avec  la  systole  ventriculaîre.  Ces  soulè- 
vements sont  très-énergiques  et  très-nets  ;  le  corps  étranger  semble 
porté,  à  chaque  contraction  du  ventricule,  directement  en  avant  et  en 
dehors,  sans  o&cillation  latérale,  ni  mouvement  d'abaissement  ou  d'é- 
lévation; comme  si  son  extrémité  profonde  reposait  directement  sur 
un  gros  vaisseau^  ces  mouvements  ne  paraissent  pas  modifiés  par  ceux 
de  la  cage  thoracique  qui,  d'ailleurs,  sont  plus  faibles  à'  gauche  qu'à 
droite. 

Ajoutons  que  non-seulement  on  ne  constate  la  présence  d'aucun 
liquide  ou  épanchement  dans  le  péricarde,  mais  que  si  l'on  excepte 
l'empbysème,  qui  indique  une  plaie  du  poumon,  il  ne  semblerait  y 
avoir  de  lésion  d'aucun  organe  essentiel.  En  effet,  rien  dans  le  péri- 
toine et  les  organes  abdominaux  ;  aucun  signe  d'hémorrhagie  prove- 
nant du  foie,  pi  de  la  rate,  ni  de  Testomac;  pas  de  syncope,  pas  de 
vomissements,  pas  de  selles  sanglantes,  pas  de  toux,  ni  d'hémoptysie; 
enfin  le  poulSj  bien  que  peu  développé,  est  régulier^  et  la  température 
de  la  peau  n'est  nullement  élevée. 

^  Aussi  ne  reste-t-il  à  admettre  que  le  contact  de  l'extrémité  pro- 
fonde du  corps  étranger  avec  une  grosse  artère  ou  sa  pénétration  à 
travers  les  parois  du  cœur. 

Quelle  conduite  fa|lait-il  tenir  dans  ce  cas?  Je  fus,  je  vous  l'avoue, 
Messieurs,  fort  embarrassé.  Il  était  si  facile,  à  Taide  d'une  petite  inci- 
sion, d'extraire  le  corps  étranger  que  j'avais  une  grande  tendance  à 


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-iso- 
le ftiire.  Mais  et  œ  corps  étranger  traversait  le  comU",  ^mme  je  le 
^tiaaîB,  i4  âiisaii  étHemme&t  Taffice  d*uQ  bouchoD,  puisqu'il  n'y 
«Tait  d'hémorrbagie  ni  dans  le  Ihorax  ni  dans  le  péricarde.  N*iUis->e 
pA8  ekposé  à  déteriainer»  par  rextracUon,  une  hémorrliagie  fou- 
droyante et  à  voir  le  nuUade  mourir  dans  mes  maint  Y  Et  d*uti  âuU^e 
côté  qu'allait  devenir  cette  tige  de  fisr  dans  le  thorax  ? 

il  tt*y  avait  pas  d'aeddent  f  ffinaineni  à  redouter,  je  pensif  ttue  Tex- 
traction  immédiate  présentait  plus  de  dang^re  i|ua  l'expeetation  et 
j'attendis  au  lendemain. 

Le  Is  J'appris  qae  le  tuaiade  avnlt  éprouvé  plaaieorto  erises  horri- 
blement douio«fettses  avee  imminence  de  syneope;  il  me  eolticitalt 
lui>-m«me  vivement  pour  TextroK^on.  Je  la  tentai.  Mais  les  eiioses 
Avaient  déjà  èien  changé^  au  lieu  de  former  sous  la  peau  un  relief 
d'au  moins  un  centimètre  à  chaque  systole  du  omur  comme  la  veSHe, 
la  tige  do  1^  était  à  peine  appréciable  au  dotgt^  ^le  avait  ^leminé  à 
travers  les  tissus.  Je  fis  néanmoins  sur  le  thorax  une  petite  ineisloii 
et  je  me  mis  à  la  feehto^he  du  corps  étranger,  mais  à  peine  i'eu^-je 
touché  avec  lu  pointe  du  bistouri  que  le  malade  i^^uva  une  aniiété 
eatréme  et  «ut  une  i^ncope.  le  le  trouvai  d'aiileurs  si  protodémetit 
Oilué  que  je  cfOs  devoir  m'arrèter. 

Le  %  février^  remphysème  et  Tecchymoee  diminuent  Ïm  bruits  du 
tcèw  semblent  toujours  normaux.  Le  malade  soulA^  et  «e  plaint  beau* 
ooup»  Pas  de  &èvt«>m  toux,  ni  expeetorallon  d'aueune  sorte.  Le  corps 
étranger  s'Wt  enfoncé  peu  à  peu  t  on  le  wai  h  peine  battre  sous  le 
doigU 

Le  9,  il  a  complètement  disparu»  tout  soulèvement  de  la  paroi  tho* 
rael^aeesiè^ 

Le  1(H  après  une  nuit  tranquille,  le  malade  est  prie  de  toux  et  re- 
jette avec  eflfsrt  quelques  crachats  m^^o^puruleats  auxquels  sont 
ttt^ées  queues  stries  de  sang  noirâtre»  Fièvre^  104  pulsations* 

Le  il,  rt^xpeetoratîon  a  pris  un  caractère  ft^uehement  pneumo> 
bique;  eepeudant  à  i'ausculiatfon,  ou  ne  perçoit  que  des  raies  brou* 
chiques  à  gauche^  sonorité  dans  toute  l'étendue  du  poumon» 

Le  même  état  continue  les  Jours  suivants,  l'emphysème  disparaît, 
la  douleur  persiste,  le  malade  soufi&e  h  diaque  fok  qu'il  fait  un  mou- 
vemobu  II  OQètinue  à  rendre  d«  erachate  pnetmouiqueS)  dans  les^ 
queib  la  prc|K)rthm  de  sang  au^menie» 

Le  15,  l'application  du  sphygmographe  au  poule  de  l'urtère  radiale 
toBue  des  trMeés  dont  l'un  indique  un  pouls  régulier^  muls  faible  et 
diéprittië,  et  dont  iee  autre*  tl&montfent  vM  granÀrile  fitêgu^yrité  de  la 


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r 


—  121  ^ 

Le  20,  le  malade  signale  une  do.uIeur  vive  siégeant  vers  la  huitième 
vertèbre  dorsale.  Cette  douleur  augmente  par  la  pression  et  le  mou- 
vement. 

L'oppression  est  plus  grande  surtout  dans  le  décubitus  dorsal. 
Crachats  sanglants,  d'un  rouge  très-vif,  en  plus  grande  abondance. 
L'auscultation  ne  dénote  encore  aucun  signes  de  pneumonie. 

Quelques  troubles  apparaissent  du  côté  du  coeur,  le  malade  est 
sujet  à  des  palpitations  et  à  de  grandes  irrégularités  dans  les  batte- 
ments. Cependant  on  ne  constate  aucun  signe. de  péricardite. 

La  douleur  dorsale  persiste,  quoique  moins  fixe  qu'au  début.  Même 
état  du  poumon  à/rauscultation.  Les  crachats  n'ont  pas  changé  de 
caractère. 

Sur  ces  entrefaites  eut  lieu  une  nouvelle  tentative  de  suicide. 

Le  i5  mars,  le  malade  se  fait  à  la  région  sous-hyoïdienne  avec  une 
lame  de  fer,  fragment  d'un  cerceau  qui  soutient  ses  couvertures,  une 
plaie  de  4  à  5  centimètres,  transversale,  située  entre  l'os  hyoïde  et  le 
cartilage  thyroïde,  dont  on  voit  à  découvert  tout  le  bord  supérieur.  Le 
travail  de  cicatrisation  suivit  un  cours  normal  et  cette  plaie  n'amena 
aucune  complication  digne  d^être  signalée. 

Le  26,  l'état  général  semble  subir  une  nouvelle  aggravation.  Le 
malade  a  de  la  fièvre,  la  respiration  est  plus  difficile,  une  douleur 
très-vive,  siégeant  à  la  partie  postérieure  et  inférieure  du  côte  droit, 
semble  avoir  remplacé  la  douleur  dorsale.  Cette  douleur  est  très-net- 
tement limitée  et  s*exagère  à  la  pression  du  doigt.  Le  malade  la  com- 
pare à  un  point  de  côté.  La  toux  n'a  pas  augmenté,  mais  elle  est  plus 
pénible.  L'auscultation,  au  point  douloureux,  ne  dénote  aucun  signe 
depaeumonie  :  le  murmure  respiratoire  a  moins  d'intensité  au  niveau 
du  siège. de  la  douleur  que  dans  le  reste  du  poumon;  quelques  râles 
bronchiques.  Les  crachats  sont  muco-purulents,  sanglants. 

Cette  douleur  à  droite  persiste  d'une  façon  fixe  pendant  quinze 
jours  environ.  Aucun  signe  spécial  n'est  traduit  par  l'auscultation,  les 
crachats  conservent  leurs  mêmes  caractères. 

A  partir  de  ce  moment,  l'observaUon  quotidienne  du  malade  ne 
pré8ente  plus  un  bien  grand  intérêt.  Les  accidents  généraux  dimi- 
nuent peu  à  peu,  l'appétit  revient,  le  malade  peut  se  lever  dans  les 
premiers  jours  de  mai.  Depuis  celt^ époque  les  forces  sont  revenues, 
le  malade  se  promène. 

Au  12  août,  l'auscultation  fait  percevoir  des  râles  bronchiques  dans 

toute  l'étendue  des  deux  poumons;  il  n'y  a  matité  en  aucun  point  de 

la  cage  thoracique.  Les  crachats,  de  moins  en  moins  abondants,  ont 

cependant  gardé,  depuis  le  1"  avril,  les  caractères  observés  dès  le 

2«  série.  —  tome  ix.  -  16 


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€@  temps  ^tt  ièifips  sofTièbniH^i  des  hémoptysiès  lèg^it)». 

Toute  douleur  fixe  dans  la  poitrine  a  complètement  disparu.  O&pçtt- 
iàartileMiléâè  ^e  j^lafhi  tie  dôU)e\]r«  Vagues,  erratiques,  é^)Bê  le  dos 
«b  déftti  bs  «6(11^  en  mêâle  leMpâ  que  Ût  fatigue  ^t  t)^  lâi^ifutiiê  oon- 
tinuelles  dèné  fêè  lôèiâbrè».  Du  réftte,  Tétât  génét^l  est  «âtiâfàîsStnt. 

Dé{»tais  le  ttioîê  d'âoûl  jtiîqu'ûu  mofà  d'octebï^,  èpéquè  à  lait«e!le 
j'ai  quitté  Bitêtï^.  Téial  tiû  Wàlâdiè  ne  préèéftt^i  Hîèft  à  nOl^.  Il 
mange,  dbrt,  éé  ph)iftène.  ftifen  h*est  tlè'nàture  à  ï^ifé  feôùpÇbtiuer 
IM^d^ftt  ^tiH  à  éj^liTé. 

(%  qui  8^t  ^0%é  dcpùi»  fiàôn  dépAtH  M*esi  ainsi  i^iàtè  par 
M.  Langlé,  interne  de  M.  Sée. 

En  jânYi«^  ti868,  le  ft^làâe  présente  uùfè  apparence  èe  sàhté  à^sez 
«alisfeiflanté  et  toii^sé  p^u,  K^rache  de  tetnp^ en  I^Mps  ufi  ft\\ûé ^ang, 
tt«  se  plâiftl  d%  Wen. 

A  rauSïîUli^tiôft,  m  entend  iih  bi^dil  de  «>uifBe  èft^geaint  datis  t^ôutè 
rétié»du%  m  m^Y,  \A^\è  ayam  Kon  hiàiiMUtâ  dlbtèl^Ué  Û  lu  bé'ètti 

L'auscultation  du  poumoîi  dû  feôlé  gàtrche  hé  dofittft  ïieh;  du  t&Mîé 
dvoit  «Il  «iWi^,  t)n  tnieni  dh  brtsit  de  sôttUâe.  Ltè  nsalaide  dît  àVoir 
qiîeîqu^fi^  de^  dûufèui^s  de  eè  côlé  du  Ibôràîc. 

lù  février,  il  eSl  ^l^s  sôufifrâht,  toattgte  peu,  \6ws^  ^i  tfafché  de 
itftp»  en  teiftpis  du  sang  et  dtt  ped  d^  p\ji%.  îl  p^ireît  *'à1feAHr  igt*- 
ddellèttiéhti 

L^  bigii^s  pysiq^és  ^ti«  nêtts  âvôdï  m^n  m  jèflt^  ëé  %dtit  ^b 

Mm,  La  toùi  est  lûù}ôui%  fNèd  «d^M^!%biè,  1M«I  le  %élà^  %  (tes 
tl^àiihémèhlë  de  ^éJh^  et  dé  fMI»  ^f  ^  fèpîl«llîlt.  H  «»l  td'^dliàilîes  }ottï'3 
où  il  perd  ufté  àissez  è*^dé  ^làtilé  dé  %âYï|^.  »éS  m«Kfftétr«é&  ^!i^^ 
îsent  considévableiôent.  Là  péàti  est  4'dtt  blâwô  jàutiâttie. 

Ë^^  le  20  tears  il  à  d^  ^ynéoj^éis,  qui  iâié  ^i^ià  jusrqu'ad  UWèii^ 
où  il  meurt  à  8  heures  du  teàVTn. 

J'éliai^tuHéuîr,  vous  lé  éottiiï^tièfed*^^  àiséiaént,  meSsiédrti,  dé  pt^ïi' 
qdéf  rautopsiô.  Àdèêl  je  reme«ié.!aid.  Sée  et  Vègttni  dià  S-adlTê  ée 
m'aVoîf  pértnîs  de  eotbi^tér  éeltfe  îtitét-essanlè  obserViatioVi. 

L%uto^  faite  !é  25  Inaï^  n^s  mi^ntfé  té^  ^àrtiéCkkfftéâ.tlJri- 
vantes  : 

Cidàtifee  linéaire  aux  téguiôênis  àô«etttî«étrëà  âti'^désfS(Wîft  dd  toa- 
fâe!ttn  fauc^i 

Adhériètoete  Intfeè  du  bord  ^htét'ie\iir  dt!  ^tftWon  ptfcbè  a  Mi  pli!^ 


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AdhèrMieci  inlimo  cte  ooUt  mèi&e  partie  du  poumon  an  péHoardQ. 

Adhérowie  in  pMmxà^  k  la  t^rraoa  «itonM  du  oœur  dana  toulo 
soQ  étendue. 

Sar  un  |ioUit  qat  earreapmid  prielvément  à  l-ealrée  da  ta  tiga  de  far, 
axiata  qd  véritable  eordon  fibi^eux  ralianl  la  pôriearda  au  acaur.  Ca 
aardan  raprésaaia  évidamment  le  trajet  qu'a  aatvi  to  eorpt  étrange^ 
en  s'eufonçant  à  travers  les  organes. 

La  afl»ur,  vu  an  plaoa,  na  préaanta  aueune  trace  da  earf«  éirangar  à 
radiât  an  lOQobar, 

J'anlève  alora  anaambla  lai  deux  poumon»  et  le  ocaur.  Le  loba  infô* 
riaor  dn  poumon  droit  adbèra  d'une  façon  ti  Intima  au  tborax  quHI  aa 
décbire  et  qu'une  partta  raata  fixée  aux  aûtai« .        ^ 

G*est  cette  pièce,  Messieurs,  que  j'ai  rhonneur  de  mellre-sous  vos 
yeux. 

Vous  pouvez  constater  que  la  paroi  postérieure  du  ventricule  gauche 
daiia  toute  ion  étendue  et  que  tout^le  lobe  inlérîaur  du  pouason  droit 
sont  traveriét  d'avant  en  arrière  et  de  gauche  à  droite  par  une  tige  de 
fer  longue  de  5  centimètraa  et  large  d^environ  ft  mlllimètrea.  Cette 
tiga  a  pénéupé  dans  la  bofd  gauobe  du  eiaor  vers  la  partie  moyenne 
et  est  sortie  près  du  tiiion  médian  postérieur,  da  aorta  que  le  i^entri» 
cula  droit  et  les  deux  orailiatlea  na  aont  nullamant  intérassés.  La  tige 
n*A  nulle  part  pénétré  dans  la  cavité  ventrioulaiMi  bien  qu'elle  soit 
baaueoup  plus  rapprochée  de  ia  surface  Interne  que  de  Texterna.  Une 
sorte  da  pont  organisé  probablement  aux  dépens  du  périoarda  relie  la 
eœur  au  poumon  droit. 

Ce  tissu  du  cœur  n'a  pas  subi  de  modification  au  contant  du  oorps 
étrangar*  11  ne  préaante  pas  traea  d'inOammatlon  \  la  trajat^  dans  eet 
^organe  n'eat  taptaaé  par  aucune  aéo^mambrane.  Dans  la  poumon,  au 
eoatrali^,  la  tige  de  far  est  entourée  dans  toute  sa  longueur  par  une 
membrane  qui  l'isole  du  pareoobyme  pulmonalra  hépatisé. 
'  Quant  aux  rapports  avec  les  autres  organes;  la  tige  avait  laissé 
Faorte  à  gauelie  et  avait  passé  antre  la  eolonoe  vertébrale  et  Tosso- 
pbage  plaeé  en  avant  d'elle. 

Je  puis  donO|  Messieurs,  réiumar  ainsi  octta  remarquable  observa* 
tion  1 

Tige  de  fer  traversant  la  poitrine  diagonatement  d'avant  en  arrière 
et  de  gauche  à  droite,  du  cinquième  espace  intercostal  gauche  au  ni- 
veau du  mamelon,  li  la  huitième  côte,  droite  au  niveau  de  son  angle. 

Après  s'être  enfoncée  spontanément  h  travers  Tespace  Intercostal, 
le  bord  antérieur  du  poumon  gauche',  le  péricarde  et  le  bord  gauche 
du  cœur  qui  se  sont  cicatrisés  à  mesure  qu'elle  cheminait,  cptte  tige 


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—  124  — 

s'est  fixée  dans  la  paroi  postérieure  du  vei^rieule  gaudie  et  dans  le 
lobe  inférieur  do  pounson  droit  où  elle  a  séjourné  pendant  13  mois  et 
48  jours. 

Le  cœur  à  très^lùen  supporté  physiquement  et  physiologiquement 
la  présence  du  corps  étranger;  le  poumon  au  contraire  s'est  enflammé, 
a  fourni  des  hémoptysies,  qui  ont  peu  à  peu  affaibli  le  malade  et 
amené  la  mort. 

Cette  observation  vient  à  Fappui  de  celles  qui  ont  démontré  Terreur 
admise  par  toute  Tantiquité  et  le  moyen  âge,  à  savoir  qu'unie!  plaie  du 
cœur  était  fatalement  et  promptement  mortelle,  et  cette  autre  erreur 
professée  par  Sénac,  que  toute  plaie  du  cœur  tuait  sinon  par  Thé- 
morrhagie,  au  moins  par  Tinflammation  qu'elle  délertainait. 

DISCUSSION. 

M.  Dolbbàv.  Ou  ne  peut  appeler  le  corps  étranger,  que  nous  pré- 
sente M.  Tillaux,  une  tige  de  fer  :  c'est  une  aiguille.  Dans  Ja  thèse  de 
Jamain,  sont  rapportés  plusieurs  faits  analogues. 

Je  pense  que  l'on  aurait  dû  extraire  le  corps  étranger,  car  il  y  avait 
tout  lieu  de  supposer  qu'il  était  dans  les  parois  du  cœur. 

M.  DfiSPaÉs.  11  y  a  huit  jours,  on  a  présen'.é  à  la  Société  anato* 
mique  un  cœur  recueilli  sur  une  vieille  femme  de  la  Salpètrière.  La 
paroi  antérieure  du  cœpr  et  Tun  des  ventricules  étaient  traversés  par 
une  grosse  aiguille  à  repriser.  La  malade  n'avait  jamais  ressenti 
de  symptômes  susceptibles  de  faire  soupçonner  la  présence  de  ce 
corps  étranger. 

M.  Ghassaignàc.  On  ne  peut  formuler  une  opinion  générale  sur 
la  conduite  à  tenir  dans  les  cas  du  genre  de  celui  qui  nous  est  pré- 
senté par  M.  Tillaux.  Cependant,  dans  un  cas  semblable,  je  serais 
porté  à  me  rallier  à  ropiniôn  des  chirurgiens  qui  veulent  qu'on  enlève 
le  corps  étranger. 

Autrefois,  j'ai  fait  de  nombreuses  expériences  sur  les  chiens,  pour 
étudier  les  plaies  du  cœur.  Pour  produire  ces  plaies,  je  me  servais 
d'une  sonde  cannelée  aiguisée.  Une  partie  des  animaux  périssait 
rapidement  ;  les  autres  se  rétablissaient.  Quand  les  animaux  péris- 
saient rapidement,  ce  n'était  pas  parce  que  l'instrument  avait^  pénétré 
dans  l'intérieur  des  ventricules,  mais  parce  qu'il  y  avait  eu  une 
piqûre,  quelquefois  très-pelite,  qui  avait  intéressé  Taorte. 

Dans  le  cas  très-iutéressant  qui  vient  de  nous  être  présenté,  je 
crois  que  l'on  aurait  évité  les'  accidents  si  l'on  avait  retiré  la  lige 
métallique. 


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.  11.  Cloqust.  Ce  qu'il  faut  remarquer  dans  ce  fait,  c'eat  falMMKoe  de 
tout  phénomène  inflammatoire.  Les  corps  métalliques  ont  peu  la  pro- 
priété de  déterminer  l'Inflammation  dans  les  tissus  où  ils  sont  placés. 
Lorsque  j'étais  chirurgien  de  l'hôpital  Saint-Louis,  j'ai  fait  des  piil- 
liers  d'acupunctures  et  je  n*ai  jamais  observé  d'accidents.  Je  laissais 
les  aiguilles  en  place  pendant  douze  et  quinze  jours. 

J'ai  pu  observer,  dans  le  cours  de  ces  expériences,  un  phéndmèoe 
très-singulier  :  il  se  produisait,  dans  tous  les  cas  d'acupuncture  sur 
le  vivant,  une  oxydation,  d'aspect  variable  d'ailleurs,  du  corps  métal- 
lique. Après  la  mort,  ayant  placé  les  membi^es  dans  un  bain  à 
37  degrés,  je  n'ai  jamais' observé Toxydation  de  l'aiguille  que  j'enfon- 
çais dans  les  tissus  et  que  je  laissais  en  place  pendant  deux  et  trois 
j<^rs. 

La  présence  des  corps  métalliques  est  parfaitement  supportée  par 
presque  tous  les  tissus.  Des  aiguilles  assez  volumineuses  peuvent  être 
enfoncées  dans  les  vaisseaux  sans  déterminer  d'hémorrhagle;  elles  ne 
font  qu'écarter  les  tissus. 

M.  LiÉGBOis.  Les  corps  métalliques  ne  sont  pas,  pour  les  muscles, 
des  excitants  directs,  même  pour  les  muscles  à  type  rythmique.  Quel- 
quefois, on  voit  des  spasmes  survenir  à  la  suite  de  l'irritation  d'un 
muscle  à  l'aide  d'un  corps  métallique,  mais  c'est  en  vertu  d'une  action 
réflexe.  Dans  les  expériences  sur  le  cœur,  lorsqu'on  enfonce  une 
aiguille  dans  l'épaisseur  de  cet  organe  pour  étudier  ses  battements, 
ceux-ci  ne  sont  ni  interrompus^  ni  irréguliers. 

M.  TiLLAux.  Je  reconnais  volontiers  que  le  malade  aurait  pu  vivre, 
si  la  tige  métallique  qui  traversait  le  cœur  avait  été  enlevée;  mais  je 
n'avais  aucune  notion  précise  sur  le  volume  et  la  longueur  de  ce  corps, 
étranger,  parce  que  son  extrémité  externe  était  cachée  dans  l'épais- 
seur des  tissus. 

M.  Droga.  On.  trouve  dans  les  Bulktm  de  la  Sociélé  anaiomique 
une  observation  analogue,  mais  plus  remarquable  encore  que  celle-ci. 
Ce  lait  joue  un  rôle  important  dans  l'histoire  des  embolies. 

JUa  individu  entra  dans  le  service  de  M.  Laugier,  pour  se  faire 
Iraiterd'une  gangrènç  scnile.  Au  bout  de  six  mois  le  malade  mourut, 
et  à  l'autopsie  on  trouva  une  grande  aiguille  à  matelas  qui  traversait 
le  ventricule  gauche,  tout  près  de  l'oriflce  auriculo-ventriculaire.  Elle 
était  là  depuis  un  temps  plus  long  que  six  mois,  mais  que  l'on  ne 
pouvait  déterminer.  La  gangrène  qui  avait  emporté  le  malade  était  la 
conséquence  du  déplacement  de  caillots  qui  se  formaient  autour  de 
l'aîgaille.  M.  Pierre)  aujourd'hui  chirurgien  à  Autun,  présenta  la 
pièce  à  la  Société  anatomique  et  fit  voir  que  Tob  pouvait  mettre  en 


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-  186  ^ 

rapport  les  deux  boott  d^un  eaBtot  fraeloré  (fua  des  boots  tié* 
géant  dans  le  ecaur,  Fautre  bout  dans  Tartère  du  membre  gangrené). 

Je  ne  puis  oomplétenient  aeeepter  les  idées  de  M.  Cloquet  rela«* 
tires  à  Pmnocuité  des  corps  métattiques.  On  introduit  généralemenl, 
sans  produire  d*aeefdents,  des  aiguiÙes  à  acupuncture  dans  des  ané* 
vrismçs;  cependant  on  peut,  dans  ces  cas,  yolr  survenir  des  bémor-» 
rhagies.  On  les  observe  bien  plus  fréquemmeni  encore  à  la  suite  de  la 
galvanO'punoture.  Bn  1837,  un  ebirurgien  Introduisit  dans  une 
tumeur  anévrismale  énorme  ein€[Ban(e  aiguilles  à  aeupuneture;  quand 
on  les  relira,  il  j  eut  cinquante  bémo^bagies. 

Les  faits  de  ce  genre  prouvent  qu'il  ne  faut  pas  être  aussi  ei|^icîte 
que  M.  Cloquet. 

M.  Cloquet  a  dit  que  les  corps  métalliques  présentaient  une  iancU 
cuite  particulière.  Cela  est  vrai,  mais  les  autres  eorps  étrangers  peuvent 
aussi  être  très^innocents.  J*a{  vu  sortir  de  la  cuisse  d'un  de  mes  eama^ 
rades  de  collège  une  écfaarde  de  bois  d'au  moins  4  eenlimèlres  de 
long.  Comment  avait-elle  été  introduite  dans  l'épaisseur  des  tissus? 
Le  patient  ne  pouvait  donner  sur  ce  point  aucun  renseignement.  Un 
petit  bouton  apparut  sur  la  cuisse,  fut  incisé,  et  à  Palde  d^une  pinca, . 
on  put  extraire  le  corps  étranger. 

M,  Cloquet,  Je  répondrai  à  H.  Broca  que  rintroductton  d'aiguilks 
dans  les  tissus  est  trés-dilTérente,  suivant  que  Ton  a  aifitire  à  des  par«^ 
ties  saines  ou  malades.  Dans  le  oas  de  galvano-puncture,  les  condi* 
lions  sont  encore  singulièrement  modifiées  par  suite  de  l'intervention 
d'un  courant  électrique. 

M.  Lbfost.  J'ai  lu,  dans  un  journal  anglais,  que  l'on  avait  proposé 
Tacupuncture  pour  guérir  les  anévrismes  de  la  crosse  de  l'aorte.  Dans 
deux  cas,  on  a  introduit  douze  à  quinxe  aiguilles.  La  mort  est  sur* 
venue  rapidement.  Il  «n'y  avait  pas  eu  d'hémorrbagie,  mais  il  s'était 
formé,  autour  des  aiguilles,  des  caillots  qui  s'étaient  déplacés  avec  une 
très-grande  facilité. 

A  quatre  heures  trois  quarts,  la  Société  se  forme  en  comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  cinq  heures  et  demie. 

Lé  SméMn,  jy  LnoN  Lamé* 


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^  isrt  - 

SÉANCE     Dtî    15    AVU^L     1868 
Préaideiice  de  H.  LE«OlJEST 


Le  procès-verbal  de  la  précédente  séance  est  lu  et  adopté. 

M.  kiedftft,  ^  f oômit)û  t!ti  prôcè^-v^î'bal,  ftiit  |yart  de  ttuelques 
observations  qui  lui  sont  personnelles  èl  relatives  à  la  migration  des 
corps  mélaliiqnes  dans  les  tissus.  Il  y  a  plusieurs  années,  il  fut  appelé 
par  une  arliete  bîeâ  connue,  qui  avait  liïie  aiguille  siVuèé  profondé- 
loenl  dans  le  6eiti.  On  avail  diagnostiqué  une  tumeur  du  sein,  cl  oti 
kèsilall  entre  un  cancer  et  une  tumeur  adènotde.  M.  Hicord  examina 
la  malade  avec  soin,  reconnut  la  présence  d'une  aiguille,  ^t  en  pra- 
tiqua fexlraètion.  Dès  lors,  fèxsudal  cdnftidèrable  qui  À^èlalt  formé 
autour  du  corps  étranger  et  qui  avait  tïonné  le  change  sur  ^existence 
tfuûe  tumeur,  disparut  rapidetnenl. 

Chez  un  parent  d'un  directeur  dé  fbôphal  dû  Mtdl,  tt.  tLitord 
oWvâ  ùné  liimeuf  laissez  volumineuse  du  triangle  de  starpa,  due 
ëgaletfient  à  ut)ë  ètsUdàtiOû  de  lymphe  plastique  autour  d'une  aiguille 
qui  avait  pénétré  àthi  t^tté  l'ê'gloti.  L^algulllè  enlevée,  te  malade 
guérit  en  quelques  jours. 

k  «or^^dodanoe  ^!<^sMr«iid  : 

*-  Les  j«mraa»x  de  la  «emaine  :  Je  HwmtÀ  ie  tnédecmè  4t  4e  ehi* 
nrgie  italiques  ;  la  Gazette  médic^de  de  Strmheurfj  ;  la  nevm  méàictie 

^  Um  »qH  mr  h%  Vemeê  4u  rectum  el  ia  fikffêioi'êgie  pûihelogiiue 
in  kiimrk9Sié6$s  ^  l«  q^atrikie  feeci^uk  du  M€md  é^eférMUms 
cUrtr^fejfeldi)  pat*  U%  DubrueiU  prosecteur  à  la  facultés 

^  M  k  êfikNtThée  0ém»e  des  femmei  encemiee,  par  Mi  Boiiei««- 
eoÉft; 

^  ikie  kitH^  «UT  un  Non^d  knet^o^^mèUre^  par  Û^  Fr^  Rtoell, 

—  Le  tome  iV  (2«  série)  des  B^UeHm  et  màimreê  4^  iê  ^êtiété 
•mMedeêk^^ètéKOcdeP^ris, 
•^4e4e«xièi»Bla8ei^te<t.  {\)4^Mémiinê etlmMim^kt imM 


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—  128  — 

—  M.  Iç. comte  de  Beaufort  adresse  à  la  Société  trois  brochures  sur 
la  prothèse  des  membres,  et  accompagae  cet  envoi  d'une  lettre  expli- 
cative sur  Tusage  de  ses  appareils,  po^ur  répondre  aux  objections  qui 
lui  ont  été  faites  par  M.  Lefort. 


COMHUNICATION. 

Luxation  oa  dlslimetioii  de  toutes  les  artieulations 
du  bassin. 

M.  DoLBfiAU.  Messieurs,  je  n'ai  pas  cru  qu'il  me  fût  permis  de 
laisser  dans  Toubli  un  fait  rare  que  j*ai  eu  l'occasion  d'observer  dans 
mon  service  à  l'hôpital  Beaujon.  Je  sais  combien  vos  moments  sont 
précieux,  je  n'en  abuserai  pas. 

Il  y  a  bien  peu  de  temps,  notre  collègue,  M.  Panas,  mentionnait 
iei  une  observation  de  quadruple  fracture  verticale  des  03  du  bassin. 
A  cette  occasion,  M.  Larrey  rappelait  que,  dans  les  fractures  du  bas- 
.  sin,  il  est  rare  que  les  symphyses  du  pelvis  ne  soient  pas  plus  ou 
moins  disjointes.  Pour  ma  part,  j'ai  observé  quatre  fois  les  fractures 
doubles  verticales  du  bassin,  et  j'ai  remarqué  trois  fois  que  la  frac- 
ture postérieure  intéressait  l'articulation  sacro-iliaque. 

La  fracture  double  verticale  du  bassin  est  une  lésion  bien  positive  ; 
elle  se  produit  suivant  un  mécanisme  toujours  le  même,  elle  donne  lieu 
à  des  symptômes  qui,  réunis  aux  commémoratifs,  autorisent  le  plus 
souvent  à  porter  un  diagnostic.  La  première  fois  que  j'ai  observé  la 
fracture  double  verticale  du  bassin,  j'ai'  méconnu  une  partie  dé  la 
lésion;  mais  dans  les  trois  autres  circonstances,  j'ai  pu  vérifiefr  mon 
diagnostic,  qui  avait  été  très-eomplet. 

Je  me  croyais  désormais  à  l'abri  dé  l'erreur,  et  voilà  que,  dans  une 

'  des  semaines  qui  viennent  de  passer,  j'ai  confondu  la  fracture  double 

verticale  dii  bassin  avec  la  luxation  complète  ou  double  de  l'os  ilia(}aë. 

Un  blessé  çst  amené  dans  mon  service  :  une  lourde  voitarc  a  pesé 
fortement  sur  la  partie  postérieure  de  la  ceinture  peltienne^  le  blessé 
étant  à  plat-ventre.  Ces  renseignements  devaient  faire  songer  à  la 
possibilité  d'une  fracfure  double  verticale;  les  symptômes  venaient 
corroborer  cette  hypothèse.  Voici,  en  quelques  mots,  Texpofeé  des 
symptômes  présentés  par  le  blessé  :     . 

Décubitus  dorsal,  face  anxieuse,  respiration  fréquente,  pouls  fili-- 
forme  à  150;  ecchymose  en  avant  du  bassin;  rotation  externe  du 
membre  abdominal  droit,  ascension  de  ce  membre;  raecourcissement 


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¥'- 


-.  129  — 

afpareut  Douleur  au  niveau  du  pubis' et  marbrure  vers  rarticulalion 
sacro-iliaque.  Absence  d'urine. 

Convaincu  du  diagnostic  et  sans  fatiguer  en  rien  ce  pauvre  homme, 
je  diagDOstiquai  une  fracture  double  verticale  du  bassin,  à  droite, 
avec  rupture  de  la  vessie.  Sa  mort,  disais-je,  viendrait  bientôt  con- 
firmer une  lésion  que  j'indiquais,  engageant  les  élèves  à  faire  profit, 
pour  leur  instruction,  de  cette  blessure  qui,  par  sa  nature,  est  presque 
au-dessus  des  ressources  de  Tart. 

Quarante-huit  heures  après  l'accident,  la  mort. arrivait. 

L'autopsie  nous  a  révélé  des  lésions  rares,  une  luxation  de  tous  les 
os  du  bassin,  une  disjonction  de  toutes  ces  symphyses,  qui  sont  si 
bien  faites  pour  la  résistance.  C'est  là  un  fait  rare  dont  je  ne  connais 
qu'un  seul  exemple  mentionné  par  M.  Thouvenet  dans  les  bulletins 
de  la  Société  anatomique  pour  1849.  Pour  le  dire  en  passant,  ces 
deux  observations  sont  tellement  identiques,  que  la  mienne  parait 
copiée  sur  son  aînée.  J'aurais  probablement  laissé  passer  cette  rareté 
si  je  n'avais  trouvé,  dans  la  circonstance,  un  enseignement  utile  pour 
la  clinique.  Je  m'explique  : 

  la  suite  d'un  accident  grave  dans  lequel  le  bassin  a  subi  une  vio- 
lente pression  d'arrière  en  avant,. il  n'y  a  qu'une  lésion  qui  puisse 
permettre  le  raccourcissement  apparent,  l'ascension  du  membre  pel- 
vien sans  luxation  coxo-fémorale.  Cette  lésion,  c'est  une  fracture 
double  verticale,  fracture  qui  rend  libre  un  fragment  moyen  du  bas- 
sin, lequel  fragment  comprend  l'articulation  de  la  bQudie.  Cette  rela- 
tion entre  les  symptômes  et  la  lésion  a  été  notée  par  les  divers  obser- 
vateurs. J'ai  pu  la  vérifier  trois  fois  moi-même,  comme  je  vous  le 
disais  il  n'y  a  qu'un  instant. 

Cependant,  il  est  évident  qu'une  lu;xation  complète  en  avant  et  en 
arrière  de  l'os  iliaque  devait  permettre,  tout  comme  là  frac- 
ture double  verticale,  une  ascension  du  membre  abdominal,  un  rac- 
courcissement apparent.  Ce  que  la  théorie  aurait  pu  indiquer,  je  l'ai 
observé  il  y  a  quelques  jours  ;  j'ai  pris  pour  une  fracture  ce  qui  n'était 
qu'une  luxation. 

A  l'avenir,  je  préciserai  davantage  le  siège  exact  des  points  dou- 
loureux, je  rechercherai  la  mobilité  anormale  et  je  ne  laisserai  plus 
échapper,  du  moins  j'en  ai  la  conviction,  une  luxation  de  l'os  coxal, 
malgré  la  rareté  extrême  de  la  lésion. 

Dans  ces  blessures  gravés  du  bassin,  la  vessie  présente  presque 
toujours  une  solution  de  continuité  pour  ses  parois.  Cette  rupture  a 
été  expliquée,  mais  je  crois  que  la  théorie  qui  a  été  donnée  ne  suffît 
pas  à  rendre  compte  de  tous  lés  faits. 

2*  «^ric. —TOME  IX.  17 


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-  130  - 

Dans  robsenraiioD  que  je  viens  de  rapporter,  la  rupture  de  la  vestie 
s'est  opérée  dans  Tétat  de  presque  vacuité  de  Torgaoe,  puisque  le 
blessé  avait  uriné  une  heure  avant  raccident  et  que,  dans  Tinier- 
valle,  il  n'avait  point  absorbé  une  grande  quantité  de  boissons. 

Dans  les  cas  de  rupture  de  la  vessie,  on  a  parlé  d'infiltration  uri- 
neuse.  d'épancfaement  d'urine  dans  le  péritoine.  Je  n'ai  pas  observé 
ces  phénomènes,  et  si  j'en  crois  mon  expérience,  Tirruption  de  Turine 
serait  peu  à  redouter,  sauf  les  cas  de  distension  du  réservoir  au 
moment  de  Taccident;  en  général,  les  blessés  sont  dans  un  état  de 
perturbation  si  grande  que,  chez  eux,  la  sécrétion  rénale  parait  sup- 
primée {ffesque  complètement. 

U  y  a  là  un  point  sur  lequel  il  serait  désirable  de  voir  se  fixer  Tat- 
leution  des  observateurs. 

En  terminant,  j'ai  l'honneur  de  déposer  sur  le  bureau  l'observation 
démon  malade,  telle  quelle  a  été  recueillie  par  un  des  externes, 
M.  Raillard.  La  pièce  anatomique  vous  sera  présentée  dans  une  pro- 
chaine séance. 

Lvxatlon  traumatiqae  de  tous  les  os  du  basshi. 

'    G...,  François,  28  ans,  charretier,  entre  le  3  avril  1868  à  l'hôpital 
Beaojon,  salle  Saint*Denis,  47,  service  de  M.  Dolbeau. 

Cet  bomm9  est  vigoureux,  parfaitement  musclé.  Renversé  par  son 
cheval  à  trois  heures  et  demie  de  Taprès-midi,  en  conduisant  une  voi- 
ture chargée  de  pierres,  il  est  tombé  à  plat  venti*e  et  la  roue  lui  a 
pAssé  sur  la  faœ  postérieure  du  corps,  en  travers  de  gauche  à  droite 
et.de  haut  en  bas,  suivant  une  ligne  passant  le  coude  gauche  et  l'ar- 
ticulation coxofémorale  droite. 

Où' l'amène  à  l'hôpital  à  quatre  heures  et  demie;  il  n'est  point  en 
état  d'ivresse.  Il  dit  avoir  pissé  entiron  une  heure  avant  l'accident. 
A  la  visite  du  soir,  l'interne  du  service  le  sonde  et  |ie  retire  de  la 
vessie  que  quelques  gouttes  d'urine  teinte  de  sang.  Une  injection  d*eau 
tiède  pousrée  graduellement  et  avec  précaution  est  rejetée  aVec  force 
en  même  temps  que  quelques  caillots. 

Le  4  a«  matin,  voici  dans  quel  état  se  trouve  le  malade  : 

Au-dessus  et  dans  la  direction  de  la  branche  horizontale  du  pubis 
droit,  on  remarque  une  ecchymose  bleu&tre.  La  hanche  droite  est 
également  recouverte  d'une'large  ecchymose  et  est  le  siège  d*un  gon- 
flement qui  s'étend  à  toute  la  partie  antérieure  et  inférieure  droite  de 
l'abdomen,  sur  le  pubis  droit  et  au  tiers  supérieur  de  la  face  anté^ 
ri^ure  de»la  cuisse  droite.  En  arrière  il  y  a  une  eechymose  vers  le  bas 
des  reins. 


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-*  131  -  • 

.  Bq  tous  ceft  points,  on  détermine  par  la  presiion  une  douleur  assez 
vive  qui  a  foq  maximum  sur  la  branche  horizontale  du  pubis  droit  et 
au  niveau  de  la  symphyse  sacro-iliaque  droitOe 

Le  membre  inférieur  droit  semble  notablement  raccourci,  mais  la 
mensuration  comparative  montre  que  la  longueur  du  membre  de 
Tépine  iliaque  antérieure  et  supérieure,  au  sommet  de  la  malléole 
externe,  estlamême  des  deux  côtés.  Seulement  les  deux  épfnes  iliaques 
ne  se  trouvent  pas  sur  le  même  plan  horizontal. 

L'épine  iliaque  antérieure  droite  est  élevée  de  deux  centimètres  au- 
dessus  de  répine  iliaque  antérieure  gauche.  Le  pied  est  tourné  en 
dehors,  et  tout  le  membre  pelvien  est  dans  la  rotation  en  dehors.  Le 
malade  peut  fléchir  légèrement  la  jambe  sur  la  cuisse  et  la  cuisse  sur 
le  bassin. 

Le  coude  gauche  offre  une  petite  plaie  eontusèâv^  gonflement  très» 
'douloureux  autour  de  Tarticulation.  Le  malade  iletit  son  membre 
dans  une  demi-flexion.  *  • 

L'exploration  de  cette  région  faite  avec  soin  n'y  démontre  aucune 
lésion  osseuse,  aucun  déplacement  des  surfaces  articulaires. 

Le  malade  n'a  pas  uriné  depuis  qu'on  Ta  sondé,  la  veille  au  soir; 
on  retiré  de  la  vessie,  par  un  nouveau  cathéthérisme,  quelques  gouttes 
d'urine  claire.  La  sonde  pénètre  facilement,  mais  la  vessie  est  très- 
rétractée  et  douloureuse. 

Il  y  a  eu  un  vomissement  jaunâtre  et  spumeux  le  matin. 

Langue  sèc^e;  soif  vive;  pouls  petit,  flliforme;  i44  pulsations; 
dyspnée  assez  forte;  40  respirations;  céphalalgie  légère.  En  présenee 
des  signes  suivants  :  1*  raccourcissement  apparent  du  membre  droit; 
2»  rotation  externe;  3"*  douleur  vive  en  avant  et  en  arrière  de  la  cein- 
ture osseuse  pelvienne;  4^  eéchymose  ;  5<>  absence  d'urine  et  sang  dans 
la  vessie,  M.  Dolbeau  diagnostique  une  double  fracture  verticale  du 
bassin  à  droite  avec  rupture  de  la  vessie  et  anurie. 

Pansement  à  l'eau  froide  sur  la  plaie  du  coude 

Cataplasme  sur  le  ventre.  Opium,  040  cent.  Repos  absohi.  Alimen- 
tation liquide. 

6  avril.  ^  Le  malade  a  uriné  seul  à  deux  reprises  dans  la  journée 
du  4,  et  une  fois  dans  la  nuit  qui  a  suivi.  Il  évalue  la  quantité  d'urine 
rendue  chaque  fois  à  deux  cuillerées  à  bouche. 

La  sonde  fait  sortir  de  la  vessie  la  même  quantité  d'urine  que  la 
•veille. 

Cette  urine  est  toujours  claire.  Le  ventre  est  un  peu  plus  tendu 
et  plus  douloureux,  surtout  au  niveau  du  pubis  droit,  où  la  pression 
légère  d'un  doigt  ne  peut  être  supportée. 


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-  132  — 

Le  malade  a  vomi  plusieurs  fois  depuicf  la  veille;  il  a  rendu  ainsi 
des  matières  bilieuses  ou  peu  vertes. 

La  dyspnée  a  un  peu  augmente;  le  pouls  est  toujours  petit  et  aussi 
fréquent. 

Mort  à  trois  heures  du  soir. 

Autopsie  faite  le  8  avril. 

A  Touveirture  de  l'abdomen,  on  trouve  les  muscles  de  la  paroi 
infiltrés  de  sang. 

Sous  le  péritoine  de  la  fosse  iliaque  interne,  des  deux  côtés,  on  voit 
un  épanchemçnt  considérable  de  sang.  L'infiltration  sanguine  sous- 
péritonéale  remonte  jusques  et  y  compris  la  région  rénale  droite;  elle 
est  surtout  abondante  vers  la  face  interne  du  rein  droit. 

La  fosse  iliaque  interne  droite  offre  une  teinte  bleuâtre  et  est  plus 
saillante  que  celle  du  côté  opposé. 

On  remarque  dans  la  gaine  du  muscle  psoas,  de  chaque  côté,  un 
épanchemeq^  de  sang  qui  remonte  Me  long  du  carré  des  lombes. 

Le  fibro-cartilage  de  la  symphyse  pubienne  est  complètement  déta- 
ché de  Fps  à  droite,  et  il  est  évident  qu'il  y  a  disjonction  sans  fracture 
de  la  symphyse  des  pubis. 

Le  bord  supérieur  du  pubis  droit  s*élève  de  deux  centimètres  au- 
dessus  du  bord  supérieur  dti  pubis  gauche.  La  symphyse  restée  atta- 
chée à  cette  dernière  offre,  avec  la  surface  articulaire  droite  corres- 
pondante, un  écartement  de  deux  à  trois  centimètres. 

En  arrière  on  constate  une  disjonction  complète  de  la  symphyse 
sacro-iliaqae  droite;  tous  les  ligaments  sont  rompus,  môme  le  grand 
ligament  sacro-sciatique.  11  faut  cependant  indiquer  que  vers  la  partie 
inférieure  de  rarticulalion  luxée  on  constate  que  Toa  iliaque  a  subi  une 
petite  fracture,  et  qu'un  fragment  de  4  centimètres  de  long  sur  2* 
d'épaisseur  est  resté  adhérent  au  sacrum.  Cette  fracture  est  du  reste 
insignifiante  par  rapport  à  la  disjonction;  il  n'y  a  pas  d'esquilles. 

A  gauche,  Je  cartilage  symphyséen  est  resté  adhérent  à  l'os;  du 
même  côté  et  en  arrière,  les  deux  surfaces  articulaires  du  sacrum  et  de 
l'os  coxal  ne  sont  plus  en  rapport  que  par  leur  bord  postérieur.  Il  y  a 
luxation  ou  plutôt  disjonction;  les  deux  surfaces  articulaires  forment 
un  aqgie  trèâ-ouvert  en  avant. 

Les  ligaments  de  la  symphyse  sacro-iliaque  gauche  sont  tous  rompus 
en  avant;  en  arrière,  ils  sont  conservés  en  partie.  Pas  la  moiâPh^ 
esquille. 

Le  grand  ligament  sacro-sciatique  est  conservé  de  ce  côlé. 

L'artication  du  sacrum  avec  le  lucoccyx  est  égatoent  i^pdifiée;  les 
ligaments  antérieurs  sont  rompus:  le  coccyx  est  trjès^reporté  en  ar- 


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-  133  — 

rière,  l'articalation  étaat  iargement  ou¥<»rte.  Il  est  évident  que  le 
sacrum  a  été  fortement  enfoncé  en  avant  vers  le  centre  de  Teicavation. 

L*examen  des  viseères  donne  le  résultat  suivant  : 

Les  reins  et  les  uretères  sont  intacts.  La  moitié  de  la  face  posté«> 
rieure  du  gros  intestin  est  le  siège  d'une  ecchymose  violacée  sous» 
péritonéale. 

Au-deyant  de  la  Yessie,  derrière  le  pubis,  se  trouve  une  poche 
remplie  d*un  liquide  trouble,  rouss&tre.  Cette  poche  peut  avoir  le 
volume  d'un  œuf  de  pigeon;  elle  communique  avec  la  vessie  par  un 
trou  de  la  largeur  d'un  gros  pois  et  qui  est  situé  à  la  face  antérieure 
de  la  vessie.  Point  d'ecchymose  de  la  vessie.  Celle-ci  est  très-petite; 
elle  C4>ntient  quelques  gouttes  d'un  liquide  brun.  Pas  de  sang  dans  la 
cavité  des  voies  urinaires.  L'urèthre  est  intact. 

Pas  de  traces  de  péritonite.  Pas  d'infiltration  urineuse.  11  est  évident, 
car  les  reins  sont  petits,  que  la  grande  perturbation  éprouvft  par  le 
blessé  a  suspendu  chez  lui  la  sécrétion  de  l'urine, 

DISCUSSION. 

M.  LEfORT.  Aux  cas  indiqués  par  M.  Dolbeau,  on  peut  en  ajouter 
un,  dû  à  M.  Murville,  et  inséré  dans  les  Bulletins  de  l'Académie  de 
médecine.  Dans  ce'  fait,  le  bassin  fut  repoussé  en  avant,  pendant  un 
effort  violent  que  fît  le  blessé  pour  se  porter  en  arrière.  Le  malade 
guérit.  * 

M.  Larrbt.  La  communication  de  M.  Dolbeau,  précédée  de  celle 
de  M.  Panas  et  antérieurement  de  celle  de  M.  Dubreuil,  l'offre  que 
j'avais  faite  à  la  Société  de  lui  présenter  un  bassin  démontrant,  à  la 
fois,  la  coïncidence  des  lésions  mécaniques  de  la  continuité  et  de  la 
coBtîguité  des  os,  la  rareté  enfin  des  cas  observés,  ou  du  moins  dé- 
crits, tels  sont  les  motifs  qui  m'engagent  à  placer  aujourd'hui ,  sous 
les  yeux  de  mes  collègues,  une  pièce  anatomique  digne,  peut-être,  de 
leur  attention. 

Ce  bassin,  que  j'ai  montré  autrefois  à  l'Académie  de  médecine,  est 
celui  d'un  jeune  soldat  qui,  en  novembre  1849,  rentrant  à  sa  caserne, 
dans  un  état  d'ivresse,  était  tombé  sur  la  route  et  avait  été  écrasé 
par  la  roue  d'une  voiture  de  moellons. 

Transporté  aussitôt  à  l'hôpital  du  Gros-Caillou,  dont  j'étais  alors 
chirurgien  en  chef,  il  se  trouvait  hors  d'état  de  fournir  le  moindre 
renseignement  sur  les  causes  et  les  effets  de  cet  accident  grave. 

Placé  dans  le  décubitus  dorsal,  avec  knmobilité  du  tronc,  le  blessé 
oflï*ait  une  tension  considérable  des  régions  sacro-iliaques,  de  chaque 


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-  134  -- 

e6té,.ingaino*cfttrato  droite  et  périnée-icrotftle,  produite  par  une  in- 
(iliratioD  sanguine,  masquant  tout  à  fait  les  faillies  osseuses.  Nulle 
déformation  apparente  du  bassin,  nulle  crépitation  appréciable,  nulle 
mobilité  même,  ni  aucune  déviation  des  membres  inférieurs,  ne  nous 
annonçait  de  déplacement.  Mais  la  nature  de  Faecident,  son  méca*- 
nisme  probable,  l'étendue  et  les  rapports  de  FinGltration  de  sang» 
rintensité,  enfin,  de  la  douleur  provoquée  par  la  pression  la  plus  ié- 
gère  du  côté  des  os  iliaques  et  surtout  vers  la  symphyse  pubienne, 
qui  paraissait  plus  moUe  ou  dépressible  que  dure  ou  désistante;  toutes 
ces  circonstances  me  portaient  à  établir,  par  induction,  le  diagnostic 
de  lésions  profondes  et  complexes  du  bassin,  sans  me  permettre  de 
presser  les  fraetores  ou  les  luxations  présumables.  L'eccbyiftose  pro- 
fonde du  périnée,  ainsi' que  Fécoulemenl  de  quelques  gouttelettes  de 
sang  par  rurétbre,  indiquaient  aussi  une  rupture  de  ce  canal,  sftion 
de  la  Vfesie. 

Dans  le  doute,  d'ailleurs,  il  ne  faut  pas  toujours  s'abstenir,  et  je 
commençai  par  introduire  une  sonde  à  demeure  dans  la  vessie,  qui 
donna  Issue  à  une  certaine  quantité  d'urine  mêlée  de  sang,  ce  qui  me 
fit  supposer  qu'elle  n'avait  pas  été  lésée.  De  larges  et  profondes  sca- 
^rifications  de  la  région  péHnée-scrptale,  des  apfilications  émoUientes 
sur  le  bas  ventre  et  sur  les  hanches,  une  potion  purgative  et  un  large 
bandage  contentif,  pour  immobiliser^  autant  que  possible,  le  bassin, 
telle  fut  notre  prescription. 

Mais  le  blessé,  indocile  ou  peul-ètre  encore  sous  rinfluenee  de 
l'ivresse,  enleva  la  sonde  le  troisième  jour,  et  s'agita  tellement  que« 
pour  la  réintroduire  et  la  maintenir  en  place,  on  dut  lui  mettre  une 
camisole  de  force.  La  fièvre  traum^tique  devint  intense,  et  quoique 
cette  réaction  fât  combattue  énergiquement,  le  malheureux  succomba 
le  septième  jour  de  l'accident,  avec  des  symptômes  de  péritonite. 

L'autopsie  nous  révéla  les  lésions  graves  du  bassin,  dont  voiel  las 
earaclères  anatomiques  bien  marqués  :  1*  une  disjonction  complèle 
de  la  symphyse  pubienne  forme  un  vide  ou  un  écartement  de  6  oeiK 
timètres,  bien  mesuré  au  moment  même  et  depuis  maintenu  en  place 
par  l'interposition  d'une  planchette  d'égale  largeur.  Le  cartilage  io- 
terpubien  se  trouvait  déjà  détruit  par  du  pus  qui  remplissait  l'espace 
libre;  2*"  une  disjonction  symétrique  des  deux  symphyse»  facro-ilia- 
quBs,  avec  écartement  antérieur  plus  prononcé  à  gauche  qu'à  droite, 
mesure  2  centimètres  d'un  côté  et  1  1/2  de  l'autre;  d9  la  dernière 
vertèbre  lombaire  semble  avoir  éprouvé  une  légère  déviation  latérale; 
le  sacrum^  d'ailleurs,  n'a  pas  été  fracturé.  Mais  les  deux  os  Iliaquea 
ofi'reDt  desmptures  à  peu  près  symétriques  :  le  rebord  cotyloïdlau 


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-  135  — 

aatérîMir  meurtri  de  chaque  o6té,  une  fracture  complète  à  gauche» 
incomplète  à  droite,  pénétrant  l'a'ne  et  l'autre  dans  la  cavité  cotjf* 
loïde.  Les  ligaments  postérieurs  avaient  résisté,  mais  ils  ont  été  dé- 
truits par  la  macération. 

J'ai  iléposé  au  musée  du  Val-de*Grâce  la  pièce  anatomique  que  je 
présente  à  la  Société,  et  qui  nie  semblé  offrir  le  type  des  lésions  mé- 
canique» du  bassin,  comme  fracturés  et  luxations  simultanées  par 
écrasement. 

M.  HuGuiER.  Le  malade  de  M.  Dolbeau  est  mort  quarante-huit  heures 
après  Taccident.  Quelle  a  été  la  cause  du  décès?  La  lésion  osseuse  ne 
me  parait  pas  pouvoir  donner  une  raison  sufGsante  de  cette  mort 
rapide. 

M.  Dolbeau.  Nous  n'avons  rien  trouvé  dans  les  organes  internes. 
li  n'y  avait  pas  d'hémorrhagie,  pas  de  blessure  du  péritoine.  Le  blessé 
se  présenta  à  nous  dans  un  état  de  malaise  général  très*mai:qué,  de 
trè8«grande  anxiété. 

Je  répondrai  à  M.  Lefort  que  dans  le  fait  de  M.  Murville,  il  s'agit 
d'une  luxation  du  sacrum  et  non  d'une  luxation  de  l'os  iliaque. 

M.  HuGCiER.  Il  y  a,  dans  les  cas  de  ce  genre,  une  particularité  cli- 
nique qui  a  besoin  d'être  étudiée.  Nous  voyons  tous  les  jours  des  lu- 
dividps  qui  ont  des  lésions  très-étendues  et  qui  ne  meurent  pas.  Chez 
d'autres,  comme  dans  le  fait  actuel,  la  mort  survient  à  la  suite  de 
simplee  luxations,  et  il  est  bien  difficile  de  se  rendre  compte  de  cette 
terminaison  fatale. 

M.  Panas.  Dans  le  cas  que  J*ai  observé,  les  choses  se  sont  passées 
exactement  comme  chez  le  blessé  de  M.  Dolbeau.  Je  n'ai  pu  trouver 
une  cause  prochaine  de  la  mort.  A  partir  du  moment  oà  cet  homme 
entra  à  l'hôpital,  on  potvait  lé  cdnsidérer  comme  Ain  cadavre.  Le» 
douleurs  étaient  vives.  Il  '  ir'y  eut  >  pab  sécrétion  d'une  cuillerée 
d'urine  jusqu'au  moment  dé  la  mortl 

M.  Larrbt.  Chez  le  bldesé  soumis  à  mon  observation,  nous  avons 
trouvé  une  péritonite;  Là -vessie  n'avait  pas  été  rompue. 

M.  YBiNsmL.  Ces  malades  n'étaient-tis  pas  des  ivrognes?  J'«  vu 
des  ivrognes  succomber  rapidement,  souvent  dans  les  48  hmires,  à  la 
suite  de  lésions  traumatiques  graves.  A  l'autopsie,  on  ne  trouvait  au* 
cune  lésion  susceptible  de  rendre  compte  de  la  mort. 

ÉLECTION  d'un  MEMBRE  TITULAIRE. 

L'ordre  du  Jour  appelle  la  nomination  d'un  membre  tltulâira. 
La  liste  de  présentation  est  ainsi  composée  \ 


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—  136  - 

/  En  première  ligne,  ex  œquo,  MM.  Marc  Sée,  Gruyoiihier  fils;  en 
deuxième  ligne,  MM.  Duplay,  Paulet,  Dubrueil. 
.  Sur  30  TOtants,  obtiennent  : 

MM.  Gruveiibier  fils 23  voix. 

Marc  Sée ' 6    — 

Duplay 1    — 

Bulletin  blanc. 1    —  * 

DÉCLARATION  DE  VACANCE  d'uNB  PLACE  DE  MEMBRE  TITULAIRE. 

M.  LE  Président  déclure  vacante  une  place  de  membre  titulaire. 

LECTURE. 

M.  PÉTREQuiN  (de  Lyon),  membre  correspondant,  fait  une  lecture 
ayant  pour  titre  ; 

Mémoire  sur  la  doctrine  des  effets  croisés  dans  le»  lésions  traumali" 
ques  du  crdne,  d* après  Hippocrate  et  les  médecins  de  Vantiquité. 

La  Société  vote  l'impression  de  ce  travail  dans  ses  Mémoires. 

COMMUNICATION. 
Injections  iodo-tnnniqnes  dans  les  veines. 

M.  Panas.  Je  suis  peu  partisan  du  traitement  curatif  des  varices, 
attendu  qu'aucun  des  moyens  proposés  ne  remplit  réellement  ce  but 
et  que  tous  exposent  plus  ou  moins  à  des  accidents  graves  et  à  la  mort 
par  infection  purulente.   ^ 

Ayant  pour  principe  invariable  thérapeutique  de  ne  jamais  juger 
un  moyen  sans  l'avoir  expérimenté,  j'ai  cru  devoir  étudier  les  efiets 
d'un  nouveau  liquide  à  injecter  dans  les  veines,  employé  avec  succès 
à  Lyon,  la  liqueur  iodo-tannique.  Les  résultats  dont  je  vais  avoir  Tbon- 
neur  d'entretenir  la  Société  de  chirurgie  sont  loin  de  changer  ma  ma- 
nière de  voir  sur  les  injections  coagulantes  dans  les  veines.  Je  tiens 
d'autant  plus  à  les  communiquer,  qu'ils  sont  en  contradiction  avec 
ceux  obtenus  à  Lyon,  et  qui  sont  exposés  dans  la  thèse  inaugurale 
d'un  des  élèves  de  cette  école,  M.  Petrus  Rouby,  n""  226,  année  i867. 

La  liqueur  iodo-tannîque  s'obtient  en  faisant  une  dissolution  de 
5  parties  d'iode  et  de  45  parties  de  tannin  dans  1,000  parties  d'eau  que 
l'on  réduit  ensuite  à  iOO  à  l'aide  d'une  évaporation  modérée.  Le 
liquide  ainsi  obtenu  est  d'une  couleur  brune,  foncée,  d'une  odeur 
sui  generis  et  d'une  consistance  sirupeuse.  Mêlé  avec  du  sang^  ce 
liquide  produit  un  coagulum  chimique,  peu  consistant  conoparative- 


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—  131  - 

ment  à  cçiai  du  perehlorure  de  fer,  et  qui  a  la  propriété  de  le  redis* 
floudredans  mi  liquide  alcalin,  eomtne  le  sang;  aussi  troufe«t-on  les 
élémcnls  constitutifs  de  cette  liqueur  (tannin  et  iodc)  dans  les  urines, 
peu  de  temps  après  l'injection. 

Le  premier  sujet  de  mon  observation  est  une  femme,  de  54  ans, 
alieinte  de  varices  aux  deux  jambes,  surtout  à  la  droite,  quf  est  eo 
même  temps  le  siège  d*une  exulcératioo  superûdelle,  large  coconiê  une 
pièce  de  2  francs.  On  observe  sur  le  côté  interne  de  la  jambe  plusieurs 
troncs  fluxueux  et  en  particulier  celui  de  la  ruphioe  interne,  sur  le 
trajet  de  laquelle  se  trouve  le  petit  ulcère.  Il  y  a  quelques  Jours»  une 
iiémorrhagie  abondante  s'est  faite  par  suite  de  la  rupture  de  cette 
Nciiic,  et  c'est  cet  accident  qui  amène  la  malade  à  l'hôpilal. 

Lcjour  décidé  pour  l'opération,  on  applique  un  lien  compresseur 
sar  la  racine  du  mollet  à  Teffetde  faire  saillir  les  veines,  puis,  àralde 
d'une  seringue  Pravoz,  je  pratique  une  injection  de  liqueur  lodo- 
tanoique  dans  le  tronc  même  de  la  ruphine,  à  trois  ou  quatre  travées 
de  doigt  auHlessus  de  la  malléole,  et  deux  centimètres  loin  du  bord 
lopérleur  de  Tulcère. 

La  douleur,  qui  immédiatement  n'a  pas  été  très-vive,  est  allée  en 
augmentant  vers  le  soir,  au  point  de  rendre  le  sommeil  impossible 
jusqu'à  minuit  passé.  Le  lendemain,  je  trouve  le  membre  chaud,  et 
un  cordon  rouge  s'étend  depuis  le  pied  jusqu'à  la  racine  du  mollet;  le 
pouls  est  accéléré,  et  il  y  a,  avec  cela,  tout  le  cortège  habituel  d'un 
mouvement  fébrile  modéré.  Nulle  part  on  ne  sent  de  caillot  veineux 
solide. 

On  prescrit  à  la  malade  de  garder  le  litj  et  l'on  couvre  le  membre 
arec  un  cataplasme  émollient. 

Vers  le  quatrième  jour  de  Topération,  le  cordon  de  la  ruphine  devient 
manifestement  induré,  et  divers  rameaax  collatéraux  sont  pris  de 
pblébite  à  leur  tour. 

Continuation  du  mouvement  fébrile.  On  prescrit  de  Thuile  dericUi, 
^es  frictions  mercurielles  belladonées  sur  le  membre,  et  Ton  continue 
les  cataplasmes. 

Le  huitième  jour,  on  constate  des  traînées  d'engéoleuclte,  r«Dgor« 
gemejit  des  ganglions  de  Taine  et  un  empêchement  œdémateux  de  tout 
le  mollet.  La  nuit  a  été  mauvaise,  et  il  y  a  des  signés  d'embarras 
gastrique. 

Ipéca.  Le  reste  comme  précédemment.  A  partir  de  ce  moment, 

Tétat  de  la  malade  est  allé  en  s'aggravant.  Le  mollet  devient  le  siège 

d'une  suppuration  diffuse  qui  suit  surtout  le  trajet  de  la  saphène  in-* 

leme,  puis  se  montre  au  dos  du  pt:'d  et  au  côté  externe  du  mollet. 

2»  série,  —  tome  IX.  iB  * 


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—  138  — 

Piusieurs  abcès  sont  ouverts  à  la  lancette;  la  peau  se  détruit  sur 
plusieurs  points^  et  des  lambeaux  de  tissu  cdlulalre  sphacélé  sont 
extraits  au  fur  et  à  mesure  qu'ils  se  délacbeiit.  Parmi  ceux-là,  il  en 
est  un  constitué  par  ce  que  je  vous  présente  ici,  et  qui  n'est  autre  que 
le  tronc  spbacélé  de  la  veifte  sapbène  dans  retendue  de  dix  cenli- 
mètres  environ. 

Gomme  vous  pouvez  le  constater  ici,  la  membrane  interne  de  la 
veine  est  dépolie  et  parsemée  de  petits  caillots  adhérents;  vers  lebaut, 
il  y  a  un  caillot  brun&lre  chimique  qui  oblitère  complètement  le  ca- 
libre du  vaisseau  dans  Fétendue  de  un  centimètre. 

Ainsi,  Messieurs,  le  résultat  de  l'injection  a  été  non-seulement  un 
phlegmon  diffus  et  une  périphlébite  suppurée,  mais  en  outre  une  gan- 
grène de  la  veine  qui  s'est  éliminée.  Avec  de  pareils  résultats,  je  suis 
d'avis  qu'il  faut  tenir  en  suspension  la  prétendue  innocuité  des  injec- 
tions iodo-tanniques  dans  les  veines. 

Chez  un  autre  malade  où  j'avais  pratiqué  cette  injection  (il  s'agissait 
ici  d*un  homme  adulte,  fort,  charretier  de  profession),  quoique  plus 
limités,  les  accidents  phlegmoneux  sjppuratifsont  été  les  mêmes,  sauf 
^le  sphacèle  de  la  veine  qui  n'a  pas  eu  lieu. 

Ainsi,  nous  voyons  la  suppuration  être  la  règle,  et  pourtant  je  n'ai 
omis  aucune  des  précautions  qui  étaient  indiquées  pour  éviter  cet 
accident  à  la  suilie  de  l'injection.  « 

Repos  absolu  au  lit;  ne  permettant  même  pas  au  malade  de  se  lever 
pour  satisfaire  à  ses  besoins  naturels  ;  et  cela  pendant  tout  le  temps 
du  traitement. 

Position  élevée  du  membre,  cataplasmes,  frictions  mercurielles,. 
laxatifs  légers,  en  un  mot,  .tous  les  moyens  antiphlogistiques  indi- 
qués eu  pareil  cas  pour  modérer  l'inflammation  phlébitique. 

Dans  les  deux  cas,  je  n'avais  pratiqué  qu'une  seule  iojectioa  de 
15  gouttes  chacune.  ' 

11  est  vrai  de  dire  que  mes  malades  ont  échappé  à  Finfection  puru- 
ente  et  à  la  mort,  mais  je  pense  que  des  accidents  phlegmoneux  de 
cette  gravité  méritaient  d'être  signalés,  ne  fût-ce  que  comme  un  contre- 
poids aux  résultats  toujours  heureux  annoncés  par  nos  confrères  de 
'  Lyon. 

Un  point  qui  ressort  de  mes  observations,  d'accord  en  cela  avec 
celles  relatées  par  M.  Rouby,  c'est  que  la  liqueur  iodo-tannique  agit 
moins  comme  un  agent  coagulant  chimique  que  comme  un  liquide 
irritant,  produisant  une  phlébite  étendue.  Aussi  observe-t-on  ce  fait, 
digne  de  remarque,  que  le  caillot  n'est  manifeste  que  le  troisième  jour 
de  l'opération  (caillot  consécutif  à  la  phlébite  suscitée  par  l'agent,  chi- 


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^  139  —  • 

miqtté)/  ei  qu'il  disparait  plus  tard,  au  moins  en  grande  partie,. au  Heu 
de  persister,  comme  cela  arrive  pour  le  perchlorure  de  fer. 

PEBSBNTATION  DB  PIÈGE. 

FAusse  membrane  provenant  d'une  hémntoeéle  de  In 
tnnl^ne  vaglnnle. 

M.  Panas.  La  deuxième  communication  dont  j'ai  Thonneur  de  vous 
entretenir  est  relative  aux  opérations  que  Ton  peut  entreprendre  con« 
tre  rhématocèle  de  la  tunique  vaginale.    • 

Vous  eonnaisaez  tous  la  décortieation  de  la  tunique  Tagînale,  et  un 
certain  nombre  de  succès  obtenus  par  cette  méûiode.  Ce  que  Ton 
connaît  moins,  ce  sont  les  insuccès  auxquels  elle  'expose,  et  c*est  une 
chose  sur  laquelle  il  faut  d'autant  plus  insister  qu'on  ne  l'a  pas  assez 
répété. 

Étant  à  l'hôpital  du  Midi,  je  fis,  en  i864,  une  décortieation  suivant 
les  règles  chez  un  homme  venu  exprès  du  fond  de  la  Bourgogne 
ponr  se  faire  opérer  dans  les  meilleures  conditions  de  santé.  L'opé- 
ration faite  parmoi,  en  présence  et  avec  le  concours  de  notre  trë's- 
regretté  collègue  Folltn,  eut  pour  résultat  la  mort  du  malade,  par 
phlegmon  gangreneux,  survenue  cinq  jours  après  l'opération.  Ce  fait 
m'ajant  très-péniblement  impressionné,  je  me  mis  en  quête  de  faits 
"semblables  observés  de  nos. collègues  dont  l'expérience  était  plus 
grande  que  la  mienne,  et  tous  ont  été  en  mesure  de  déclarer  la  dé- 
cortieation une  opération  souvent  grave  et  même  mortelle.  Je  pois 
ici,  sans  indiscrétion,  je  crois,  citer  M.  le  professeur  Denonviliiers, 
qui,  avec  la  loyauté  scientifique  qu'on  lui  connaît,  m'a  dit  avoir  perdu 
deux  malades,  déclarant  que  jamais  il  ne  voudrait  plus  se  risquer  à 
exécuter  cette  opération. 

Je  sais,  messieurs,  que  l'on  peut  vous  citer  des  exemples  heureux, 
mais  les  cas  de  mort  fussent-ils  encore  plus  rares,  que  je  n'hésiterais 
pas  à  abandonner  la  décortieation  pour  quelque  chose  de  moins  grave, 
si  nous  pouvons  obtenir  ainsi  la  guérison. 

Pour  arriver  au  résultat  désiré,  il  suffit  que,  par  un  moyen  ou  par 
un  autre,  on  débarrasse  la  tunique  vaginale  de  la  néomembrane, 
souvent  épaisse,  qui  la  double  en  cas  d'hématocèle  ou.d'|)ydrocèle 
ancienne.  Ce  que  la  décortieation  fait  d'un  seul  coup,  mais  avec  dan- 
ger de  mort,  la  suppuration  de  la  cavité  séreuse  le  produit  un  peu 
phis  à  la  longue,  mais  aussi  avec  plus  de  sécurité  pour,  le  malade. 
C'est  pourquoi  nous«pensons  que  l'incision  simple  de  la  tunique  vagi- 
nale, suivie  de  suppuration  à  l'air  libre  ou  en  bourrant  légèren^nt  la 


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^140  — 

poehe  de  elwple,  eonititue  le  tneilieur  él  le  plue  eimple  des  traite^ 
mente  en  pareile  cas. 

Chez  un  malade  que  j'ai  encore  dans  mes  salles  à  l'hôpital  Sainl- 
Ântoine  (il  s'agissait  d'un  garçon  de  19  ans,  et  qui  portait  son  béma- 
locèle  depuis  six  ans),  j'ai  tep,u  cette  conduite,  et  le  malade  se  trouve 
aujourd'hui  radicalement  guéri.  Un  phénomène  fort  remarquable 
s*cst  montré  ici,  c'est  q^u'à  un  moment  donné,  trente  jours  après  Téta- 
Ulsfement  de  la  suppuration  du  sac,  toute  la  Déomembrane  s'est  dé- 
tachée d'ttoe  seule  pièce.  Void  cette  poche  qui* offre  une  paroi  extefoe 
blanchâtre  et  lisse,  c*est  celle  qui  était  en  rapport  A?ec  la  séreuse,  et 
une  faee  interne  rpugoeuse,  tapissées  de  caillots  Abriaeux  comme  les 
parois  d'un  vieil  anévrysme  artériel.  C'est  là  une  cirooDStaBce  iieu" 
reuse  qui  abrège  le  traitement,  et,  tout  exceptionnelle  qu'elle  est« 
vient  en  faveur  du  traitement  des  hématocôles.et  des  vieilles  hjr4ro*« 
cèles,  avec  épaississe/nent  considérable  des  parois  de  la  tunique  va- 
ginale par  les  incisions  simi^es  suivies  de  suppuration,  au  lleu.de 
l'opération  toujours  dangereuse  de  la  décorlieation. 

Le  but  de  cette  communication  n'est  pas  de  fixer  définitivement 
l'opinion  sur  la  décortication,  mais  de  faire  appel  à  de  plus  expert* 
mentes  que  moi,  en  vue  de  nous  aider  à  résoudre  cette  question.  hn« 
portante  de  pratique  chirurgicale.  .   . 

M.  Desprbs.  Depuis  quelques  années,  on  a  remis  à  l'iufdre  do  Jour 
la  question  de  ïk  déeortication  de  la  tunique  vaginale,  je  tiens  à  dire 
que  la  déeortication  n'est  pas  ce  qu'elle  éUiit  autrefois;  M.  GosseUa 
lui-même  a  modifié  sa  méthode  de  traitement  des  hématoeèles.  Il  se 
contente  aujourd'hui  de  faire  une  incision  aveo  excision  de  la  tunique 
vaginale,  en  vue  de  provoquer  une  inflammation  suppurative  et  par 
suite  l'oblitération  de  la  cavité. 

M.  LÉON  Làbsé.  Je  ne  sais  sur  quel  fondonent  s'appuie  M.  Dee-^ 
près  pour  affirmer  que  M.  Gosselin  a  abandonné  son  procédé  de  dé- 
cortication  de  la  tunique  vaginale*  Tout  récemment  encore,  il.  Go8<- 
selin  a  emplojé  avec  sueoèSi  dans  un  cas  d'bématooèle  double,  sa 
méthode  telle  qu'il  l'a  décrite  dans  son  premier  mémoire. 

PXÉSBNTATION  DB  lULAIHB. 

€•01^ lie  §en  de  Ift  fnee.  Reataupatlon  par  rantûplastle 
et  la  pvatlièae. 

11.  TaiLAT  présente  un  malade  qui  a  subi  plusieurs  opérations  de 
proUiène  et  d'anaplastie  pour  la  restauration  d'un  eonp  de  feu  de  la 


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-  141  ~ 

M.  TPéiftt.  îm  résflôuroes  combinées  des  inélèock»  réparàtriMà 
NodMt  chaque  Joar  de  précieux  services  dans  la  pratique  de  notre 
art;  et  lea  guerres  de  Grimée  et  d'Italie  nous  ont  permis  plus  d'une 
fois  de  juger  de  leurs  bienlatts. 

J'ai  eu  récemment  roocasionde  restaurer,  par  une  série  d'opérations 
et  d'appareils  protliétiques,  la  làee  d'un  blessé  qui  m'était  adressé  de 
province  par  un  de  me»  eicellents  amis,  M.  le  docteur  Dutard,  et 
quoique  la  régularité  primitive  des  formes  n'ait  point  été  entièrement 
rétablie,  les  fonctions  sont  actuellement  presque  normales,  et  la  forme 
singulièrement  améliorée. 

L'accident  (coup  de  fusil  tiré  sous  le  me.ntûn)^  avait  eu  lieu  le 
27  janvier  4867,  et  avait  produit  dans  le  squelette  et  les  parties  molles 
de  la  face  un  délabrement  considérable.  La  bouche  tout  entière  et  la 
fosse  nasale  gauche  formaient  un  énorme  hiatus  bordé  de  lambeaux 
noirs  et  déchiquetés.  Pendant  les  premiers  temps,  l'alimentation  pré- 
senta des  difficultés  considérables  ;  enfin,  grâce  à  des  pansements  con- 
venables et  à  l'air  des  champs,  la  guérison  fut  achevée  au  ]>out  de 
trois  mois.  Les  plaies  étaient  cdors  cicatrisées,  mais  la  parole  était  des 
plus  confuses,  la  mastication  absolument  impossible,  la  déglutition 
elle-même  difficile*  Pour  se  nourrir,  le  malheureux  blessé  en  était 
réduit  à  plonger  sa  face  dans  une  Jaite  contenant  un  aliment  liquide, 
lait,  vin  ou  bouillon,  et  à  humer  le  breuvage. 

C'est  dans  ces  conditions  qu'il  me  fut  adressé  et  que  Je  le  reçus  dans 
mon  service  de  Saint^Antoine,  le  2  novemI)re  1867.  J...  L...  est  âgé 
de  37  ans,  vigoureux  et  de  taitle  moyenne.  Sur  le  côté  gauche  de  la 
face  on  constate  :  en  bas  et  à  deux  centimètres  de  la  ligne  médiane 
du  menton  une  cicatrice  verticale  profondément  déprimée,  qui  rejoint 
le  bord  labial  près  de  la  commissure.  Ce  point  de  la  lètre,  ainsi  que 
la  commissure,  sont  constitués  par  un  tissu  cicatriciel  épais  et  résis- 
tant. Une  autre  cicatrice  verticale,  assez  souple,  gagne  le  sillon  de 
laiie  du  nez  qui  est  fortement  attirée  par  la  ligne  cicatricielle  ;  enfin 
le  sillon  (fii  sépare  le  nez  de  la  joue  est  le  siège  d'une  longue  fistule 
qui  a  près  de  4  oentimétres  sur  1  de  large*  Au  fond  de  cette  fistule  on 
voit  à  nu  la  muqueuse  des  fosses  nasales.  ^ 

Le  maxillaire  inférieur  a  perdu  six  dents,  les  incisives  une  canine 
et  une  petite  molaire,  et  les  deux  fragments  qui  le  constituent  sont 
restés  largement  écartés  et  mobiles  l'un  sur  l'autre.  A  travers  leur 
écartement,  la  langue  adhère,  près  de  sa  pointe,  à  la  cicatrice  de  la 
lèvre  inférieHrCi  De  plus  les  fragments,  n'étant  pas  soutenus,  sont 
ramenés  en  dedans  et  augmentent  la  dififormité  extérieure. 

Toute  la  portion  gauche  de  la  voûte  palatine  et  du  bord  alvéO*> 


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-^  142  — 

laire  correspondant  est  détruite.  La  bouche  et  la  fosse  nasale  Com- 
muniquent largement.  La  lèvre  ne  forme  qu'un  pont  jeté  au-dessus  de 
ce  cloaque.  La  portion  conservée  du  bord  alvéolaire,  qui  confine  à  la 
perte  de  substance  et  qui  porte  trois  incisives,  n'est  réunie  que  par 
un  col  fibreux  et  reste  mobile  sur  le  maxillaire.  Cependant,  le  voile 
du  palais  est  conservé  dans  son  intégrité. 
La  figure  suivante  donne  une  idée  des  lésions. 


Bien  que  ces  désordres,  dont  je  donne  une  description  som- 
maire, ne  fussent  pas  au-dessus  des  ressources  de  Tart,  ils  étaient 
cependant  assez  nombreux  et  étendus  pour  nécessiter  '  une  série 
méthodique  d'actes  opératoires. 


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—  143  — 

Je  oompieoçai;  par  fermer  la  fistule  nasale  et  agrandir  Fouverture 
de  la  bouche,  bridée  par  la  cicatrice  commissurale.  Cette  opération» 
pratiquée  le  16  novembre,  fut  facile  et  eut  les  suites  les  pÂus  heu« 
reuses.  Je  réunis  les  boi;ds  de  la  fistule,  après  les  avoir  avivés  et 


FlG.  1. 


FiG.  2, 


y^.  3. 


décollés,  et  pour  la  bouche,  je  me  bornai  à  fendre  la  commissure  ei  à 
suturer  la  muqueuse  de  la  joue  avec  la  peau  correspondante. 

Lé  12  décembre,  je  décollai  la  face  interne  de  la  lèvre  inféileure 
des  adhérences  anormales  qu'elle  avait  contractées  avec  les  fragments 
du  maxillaire,  et  pour  obtenir  la  persistance  de  ce  décollement,  je 


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-  144  - 

recMiumB  toute  la  turfaee  sanglante  par  aa  petit  lambeau  oMiqueux 
empranté  à  la  partie  saine  de  la  lèvre. 

Lensdademe  suivit  à  rfa6pital  Saint-Louis,  et  je  le  livrai  alors, 
avee  une  bouche  qui  pouvait  s'ouvrir  et  une  |èvre  inférieure  mobile,-! 
M.  Dejardin,  dentiste  habile  qui  voulut  bieo  me  prêter  son  concours 
pour  cette  restauration  complexe. 

Le  16  janvier,  une  variole  contractée  dans  les  salles,  où  elle  règne 
pour  ainsi  dire  à  Fétat  endémique,  vint  interrompre  tout  traitement. 

Dès  la  fin  de  mars^M.Dejardin  put  reprendre  son  travail  et  substituer 
des  appareils  définitifs  à  ceux  qui  avaient  été  précédemment  appliqués 
elqui  avaient  pour  but  d'accoutumer  les  parties  au  contact,  et,  sur- 
tout pour  la  mâchoire  fftféffeore,  à  produire  Técartement  convenable 
des  deux  fragments. 

A  la  fin  de  mars  la  prothèse  était  terminée  et  deux  pièces  séparées, 
une  pour  chaque  mâchoire,  corrigeaient  d'une  manière  très-conve- 
nable les  pertes  de  substance  des  os  et  l'absence  des  dents. 

La  figure  2  représente  la  pièce  de  la  mâchoire  inférieure  ;  les  figures 
3  et  4  la  pièce  de  la  mâchoire  supérieure  vue  sur  ses  deux  faces. 

Le  29  mars  j'exécutai  la  dernière  opération  plastique  destinée  à  re- 
lever et  à  soutenir  l'extrémité  gauche  de  la  lèvre  inférieure  qui  était 
encochée  et  tombante  à  ce  niveau ,  et  qui  laissait  parfois  écouler  la 
salive. 

Je  taillai,  à  la  partie  inférieure  de  la  joue,  un  Jambeau  rectangu- 
laire à  base  inférieure,  et  dont  l'axe  longitudinal  était  dirigé  en  haut 
et  en  dehors.  Je  détachai  le  bord  muqueux  déjà  lèvre  de  sa  partie 
cutanée  ;  je  détruisis  une  petite  portion  triangulaire  formée  de  tissu 
inodulaire,  puis  amenant  le  lambeau  disséqué  au-dessous  de  la  lèvre 
par  une  inclinaison  d'un  ^uart  de  circonférence,  de  telle  sorte  que 
Taxe  se  dirigeant  en  dedans  au  lieu  de  se  diriger  eu  dehors,  je  réunis 
le  bord  supérieur  du  lambeau  avec  le  bord  muqueux  de  la  lèvre,  de 
telle  sorte  que  ce  bord  était  à  la  fois  soulevé,  reporté,  et  légèrement 
attiré  en  dehors.  Quelques  points  de  suture  (métallique),  placés  sur 
les  côtés  du  lambeau,  lui  assurèrent  une  parfaite  immobilité. 

La  guérison  de  cette  dernière  opération  était  complète  au  bout  de 
dix  jours,  et  aujourd'hui  (16  avril  1868), Topéré  quitte  l'hôpital. 

Ainsi  que  je  l'ai  dit  plus  haut,  l'amélioration  est  grande  sous  tous 
les  rapports.  La  forme  n'a  plus  rien  de  choquant;  la  préhension  des 
aliments  est  devenue  facile  à  l'aide  des  procîèdés  habituds,  euilter  et 
fourchette* 

La  mastication  n^est  pas  encore  très-facile,  le  malade  ne  portant 
ses  nouveaux  appareils  que  depuis  très-peu  de  temps;  mais  les  pro* 


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--  ] 45  ^ 

grès  qu'il  fait  permettent  d'espérer  qu'il  arrivera  à  mâcher  des 
aliments  résistants.  Enfin  la  parole  a  complètement  changé  de  carac- 
tère. Toutes  les  lettres  sont  régulièremeet  prononcées,  sauf  le  C,  qni 
ressemble  un  peu  au  GH,  et  le  P,  qui  tire  sur  TF;  malgré  ces  deux 
incorrections  légères,  le  langage  est  parfaitement  inlelligible,  surtout 
depuis  la  dernière  opération^  qui  a  mobilisé  et  assoupli  la  lèvre  infé- 
rieure. 
La  séance  est  levée  à  cinq  heures  et  demie. 

Le  secrétaire^  Q>  •  Léon  Labbé. 


SÉANOB     DU     22    AVRIL      1868 
Présidence  de  M.  LEGOUEST 

Le  procès-verbal  dé  la  précédente  séance  «st  lu  et  adopté. 

gORBESPONDANGË. 

La  correspondance  comprend  : 

—  Les  journaux  de  ta  semaine.  .  • 

—  Le  Bulletin  de  thérapeutique, 

—  Le&  fascicules  1  et  2  dy  tome  II  (3*  série)  du  BuUetin  de  l'Aca- 
démie rqyale  de  médecine  de  Belgique. 

—  M.  Giràldès  offre  à  la  Société  plusieurs  ouvrages  :  Maladies  de  la 
peaUy  dé  F.  Hebra;  traduction  anglaise  éditée  par  la  Sydenham 
Society.  ^Glaucoma  and  its  cure  by  Irideclomy, hySœXherg  Wells.— 
A  Sketch  ofPrindples  and  Praciice  cf  subcutaneous  Surgery,  by.  Wil- 
liam Âdams.  —  Dissertatio  inaugurdis  exhibons  hodiernam  aneurys^ 
maiwn  doctrinam,  par  H.  Van  Leuven.  1843. 

A  Toccasion  du  procès-verbal  :  • 

M.  DemarOuat.  La  communication  de  M.  Panas  relative  à  l'opéra^ 
tion  de  l'hématocèle  de  la  tunique  vaginale,  m'a  vivement  intéressé. 
J'avais  été  séduit  par  les  indications  fournies  dans  le  travail  de 
M.  Gosselin,  et  f  avais  adopté  sa  pratique  de  la  décortication.  J'ai 
obtenu  d'abord  de  très-beaux  succès,  mais  depuis,  j'ai  perdu  deux 
malades  à  la  suite  de  cette  opération.  J'ai  alors  incisé  la  tunique  vaginale 
et, fait  un  pans^neot  avec  un  digestif,  et  j/ai  encore  eu  des  accidents. 
2«  série. -^  tome  ix.  19 


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'^  146  —         ^ 

Dans  ptasieure  ca8  où  je  n'ai  pu  reconnaître  la  fausse  membrane» 
tout  a  fiUppuré,  et  les  malades  ont  guéri. 

En  somme,  j'ai  obtenu  de  meilleurs  résuliats  depuis  que  je  n'ai  plus 
pratiqué  la  décortication,  et  aujourd'hui,  je  préfère  revenir  au  procédé 
ancien. 

M.  GiRALDÈs.  La  décortication  m'a  donné  de  bons  résultats;  j'ai  eu 
occasion  de  la  pratiquer  chez  trois  individus  affectés  d'hématooète 
vaginale,  et  tous  les  trois  oni  guéri  sans  accidents. 

M.  Ghassaignag.  L'opération  de  la  décortication  m'a  toujours  paru 
.une  opération  d'une  difficulté  très-gfsnde. 

L'opération  de  la  décortication  me  paraît  èlre  une  espèce  de  castra- 
tion sans  ablation  du  testicule. 

A  l'hôpital  Lariboisière,  j'ai  observé  plusieurs  cas  d'hématocèle. 
Pour  guérir  les  malades,  je  pratiquais  le  drainage  et  je  faisais  ensuite 
injecter  de  la  teinture  d'iode  dans  la  tunique  vaginale;  j'ai  ainsi 
obtenu  des  succès  très-satisfaisants. 

M.  Després.  Dans  la  dernière  séaace»  j'ai  affinné  certains  faits 
relatifs  à  la  pratique  de  M.  Gosselin,  et  M.  Labbé  les  a  niés.  J'ai  fait 
des  recherches  qui  m'autorisent  à  affirmer  de  nouveau  que  M.  Go$- 
selin  a  modifié  son  procédé. 

Il  y  a  plusieurs  années,  à  la  Société  de  chirurgie,  il  y  a  eu  ici  une 
discussion  sur  ce  sujet,  et  il  a  été  convena  que  l'ott  ne  dev<Û^  P9B, 
qu'on  ne  pouvait  pas  enlever  la  fausse  membrane  qui  recouvrait  le 
testicule. 

L*anatom1e  pathologique  de  ce  qu'on  appelle  rhémaUMèle  de  la 
tunique  vaginale,  a  fait  aujourd'hui  des  progrès,  eto«  peut  dire  qu'il 
y  a  deux  espèces  de  lésions  auxquelles  la  décortication  a  été  «ppli-^ 
quée  :  une  hématocèle  et  une  inflammation  dironique  de  la  tunique  ' 
vaginale.  Dans  le  premier  cas,  il  y  a  des  caiiioU  sanguins  et  des 
fausses  membranes  inflammatoires;  dans  le  seotod.eas,  c*eet  va 
épaississement  de  la  tunique  vaginale.  L'opératiim,  alors,  ceosiete  à 
racler  la  tunique  vaginale  ou  à  enlever  cette  tunique  vaginale  épaiiele. 
Or,  du  moment  que  Ton  n'enlève  pas  la  tunique  vaginale  du  lesfticule 
même,  l'opération  reste,  dans  le  second  cas,  une  incision  avec  excl- 
usion, avec  cette  différence  que  la  peau  est  conservée. 

comnmicATioff. 
Fondation  de  prix  par  madame  Latiorie. 

H.  Yernevil  annonce  h  la  Société  de  chirurgie  qu'âne  letlK  lui  a 
été  adressée  par  II.  le  docteur  de  Laurès,  ami  et  exécateur  leetanen*» 


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-147  - 

taire  de  notre  regretté  cofîègue  ^borie,  potir  faire  connattro  à  là 
Société  de  chirurgie  une  disposition  des  pîu«  libérales,  donf  la^euve 
de  notre  confrère  a  pris  IMnitîative.' 

Madame  Laborie,  dans  sa  générosité,  voulant  honorer  la  mémoire 
de  son  mari,  désire  fonder  un  prix  annuel  de  1,200  franco  pour  per- 
pétuer son  nom  dans  la  science. 

Dès  à  présent,  le  capital  de  cette  renie  annuelle  est  mis  à  la  dispo- 
sition de  la  Société  de  chirurgie.  Celle-ci  arrêtera  un  programme  de 
prix  et  le  soumettra  à  l'approbation  de  la  donatrice. 

Une  lettre  de  remerclmentô  sera  écrite  à  madame  Laborie,  et  nne 
démarche  sera  faite  auprès  d'elle  pour  lui  témoigner  toute  la  recon  - 
naissance  de  la  Société  de  chirurgie. 

LECTURE. 

Umw  l'AppUemlloià  de  1»  sature  osseBM  mm  (ralleincjit  «ki 
lice-de«lièTre  double  eompliqué  de  saillie  de  Tes  Intev 
niexillaièe»  mwee  deux  obserTations. 

M.  Broca.  Dans  la  discussion  qui  a  eu  lieu  récemment  à  l'occasion 
du  cas  de  bec-dè-lièvre  compliqué  présenté  par  M.  Demarquay,  j'ai 
mentionné  une  opération  que  j'ai  faite  l'année  dernière  dans  un  cas 
analogue,  et  où  la  conservation  du  tubercule  ossçux  a  parfaitement 
réussi,  le  viens  donner  à  la  Société  quelques  détails  de  plus  sur  cette 
observation,  qui  est  peut-être  unique  jusqu'ici,  et  qui  démontre  la 
possibilité  d'un  fait  nié  par  la  pluparl^des  chirm^^s. 

On  s'accordii  généralement  à  dire  auj<Hid^hciî  êfiie  le  tubercule 
incisif  formé  par  la  présence  des  deux  or  intermaxHIaires,  doit  être 
enlevé,  sUivatit  la  méthode  de  Franco,  toutes  les  fois  qu'il  fait,  en 
avant  des  os  maxillaires  et  au-dessous  du  nez,  une  Saillie  notable,  Ce 
n'est  qtt^à  regret  que  les  chirurgiens  se  sont  décidés  à  faire  ce  sacrtflce, 
«t  à  produire  sur  l'arcade  dentaire  une  mutilation  irréparable.  Mais, 
d-tttte  part,  la  salUie  de  Tos  incisif  s'opposie  absolument  à  fa  présence 
ûtB  parties  molles.  Il  faut  donc  faire  disparaître  cet  obstacle;  et,  d'une 
antre  part,  les  procédés  suivis  pour  refouler  le  tubercule  osseux  en 
arrière  n'orit  donné,  jusqu'ici,  que  des  résultats  défectueux.  Ces  pro- 
cédés «ont  au  nombre  de  trois  :  la  compression  graduelle,  la  fracture 
de  la  cloison  des  fosses  nasales,  et  l'excision  en  V  de  cette  cloison. 

La  compression,  employée  par  Desault,  n'est  appffcable  qu'aux  cas 
où  la  saillie  du  tubercule  osseux  est  ifès-peu  considérable,  et  elle 
échoue  d'ailteurs  presque  toujours,  parce  que  la  cloison  des  fbssei^ 
nasales,  beaueMif)  plus  épaisse  et  beaucoup  plus  solide  qu'à  ï'Mkt 


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—  148  — 

normal,  oppose  ordinakoment  aux  moyens  de  comprpssioa.une  résijs- 
taoce  presque  invincibie.  Ënûn  il  est  douteux  que  le  tubercule,  u^ie 
fois  refoulé,  puisse  se  consolider,  entre  les  os  maxillaires,  à  un  degfé 
suffisant  pour  servir  à  la  mastication. 

Bicbat  nous  dit  bien,  en  parlant  de  la  petite  opérée  de  Desault,  que 
les  aliments  ne  revenaient  plus  par  les  narines  et  que  le  vice  de  pro* 
nonciation  était  corrigé,  mais  il  ne  parle  pas  de  Pétat  de  la  mastica- 
tion, de  sorte  qu'il  est  permis  de  mettre  ea  doute  la  solidité  de  Tes 
intermaxillaire. 

La  fracture  de  la  cloison  des  fosses  nasales,  opérée  une  fois  de 
vive  force  par  GensoUl,  a  permis  à  ce  chirurgien  de  réduire  le  tuber- 
cule osseux  et  de  réunir  les  chairs  avec  succès.  Mais  le  sujet  était  âgé 
de  1 3  ans  ;  or,  il  est  bien  rare  que  les  becs-de-lièvre  doubles  et  com- 
pliqués d'une  forte  saillie  de  l'os  iqcisif  soient  opérés  aussi  tard. 
L'opération  se  pratique  presque  toujours  chez  de*  très -jeunes  enfants, 
et,  à  cet  Age,  la  cloison  ne  se  laisserait  pas  aisément  fr^turer,  ear 
elle  est  encore  en  grande  partie  cartilagineuse,  et  elle  joint,  à  une 
très«-grande  épaisseur,  un  certain  degré  de  souplesse.  Il  ne  serait  pas 
impossible,  sans  doute,  de  vaincre  sa  résistance  et  de  la  rompre,  en 
employant  une  force  suffisante;  mais  on  ne  peut  savoir  où  s'opérerait  la 
fracture,  qui  pourrait,  à  travers  la  lame  perpendiculaire  de  Tethmoïde, 
se  prolonger  jusqu'à  la  base  duerâne.  Puis,  la  fracture  une  fois  pro- 
duite, la  réduction  ne  pourrait  se  faire  qu'à  la  faveur  d'un  chevauche- 
ment qui  doublerait  l'épaisseur  de  la  cloison  et  rétrécirait  considéra-  . 
blement  les  fosses  nasales.  Ces  difficultés  ont  fait  reculer  les 
chirurgiens,  et  le  fait  de  Geusoul,  qualifié  par  Malgaiene  de  «  tenta- 
tive hasardeuse  » ,  est  resté  unique  jusqu'ici. 

Le  procédé  de  Biandin  est  iocomparablement  meilleur  :  il  consiste 
à  pratiquer  dans  la  cloison,  avec  des  cisailles,  une  perte  de  substâ,nce 
limitée  par  deux  incisions  qui,  partant  l'une  et  l'autre  du  bord  inférieur 
de  la  cloison,  se  réunissent  en  haut  en  forme  de  Y  renversé.  Le  tuber-  ^ 
cule^sseux  médian,'  devenu  mobile,  peut  alors  être  aisément  refoulé  en 
arrière,  et  la  réduction  est  obtenue  sans  produire  le  chevauchenricnt 
de  la  cloison,  Técartement  des  branches  du  Y  ayant  été  calculé,  de 
telle  sorte  que  ces  deux  J^ranches  sont  amenées  au  contact  lorsque  le 
tubercule  est  réduit.  On  procède  alors  à  l'avivement  et  à  la  céunion 
des  parties  molles. 

Ce  procédé  a  donné  lieu  à  plusieurs  objections.  En  premier  lieu,  la 
section  de  la  cloison  est  presque  toujours  suivie  d'une  hémorrbagie 
difficile  à  arrêter.  11  y  a  dans  cette  cloison,  qui  est  très-hypertrophiée, 
une  et  quelquefois  deux  artères  qui  fournissent  du  sang  en  abondance 


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-^149  — 

etqiâ,  renferâséesidaiia  aaeaaial  osseux  ou  cartilagiamis,  ne  peavent 
être  lié^.  M.  Goécard» -qo!  «  appUqaé  plusieiirs  fois  le  proeédé  de 
Biandin,  a  obvié  à  cet  Joo<>Ayéttieat  aumoyai  de  la  caûtéHsailion 
actuelle  pratiquée  avec  un  cautère  eu  bec  d'oiseau,  ta  oiéihode 
galvaao-caustique  permet.  aujourd*biiH  4e  faire  très^^faeil^ment  celte 
eajilérisatioQ.  Je.  me  sers,  pour  cela,  du  petit  eautèire  pointu  et 
recourbé  que  M.  Mkldeldorpf  a  fait  construire  pour  cautériser  le  canal 
nasal.  Avec  cet  instrument,  on  limite  la  cautérisation  à  l'orifice  même 
de  Tartère,  et  la  petite  eschare  tombe  assez  promptement  pour 
ne  pas  retarder  la'cicâtrisation  de  la.  cloison.  La  première  objection 
est  donc  résolue. 

Un  autre  embarras  résulte  quelquefois  du  volume  trop  considérallle 
du  tubercule  osseux  médian,  qui  peut  se  trouver  trop  large  pour  péné- 
trer dans  récartement  de  Tarçade  alvéolaire.  Mais  on  peut  toujours  y 
remédier  en  excisant' une  partie  du  tubercule. 

Mais  il  reste  une  troisième  objection  qui,  jusqu'ici,  a  paru  décisive. 
Le  tubercule  osseux  n'est  fixé,  que  par  laeloison,  qui  se  consolide  sans 
doute  en  se  cicatrisant,  et  qui  probableim^^nt  même  se  réunit,  au  naoins 
en  partie,  par  un  cal  osseux,  mais  qui  ne  donne  qu'un  point  d'appui 
insuffisant  au  tubercule  incisif  suspendu  au-dessous  d'elle.. Ce  tuber- 
cule, dont  les  bor^s  sont  libres  d'adhérences,  reste  toujours  plus  ou 
moins  mobile  entre  les  deux  maxillaires;  les  dents  qui  s'y  implantent 
ne  ^peuvent  servir  à  la  mastication,  et  le  bénéfice  du  procédé  de 
Blandin  devient,  par  conséquent,  illusoire.  C'est  ce  qui  résulte  de 
toutes  les  enquêtes  qui  ont  été  faites  sur  les  suites  de  cette  opération  ; 
la  question  a  été  agitée  plusieurs  fois. dans  les  discussions  de  la 
Société  de  chirurgie,  et  tous  ceux  de  nos  collègue^  qui  ont  pris  la 
parole  se  sont  accordés  à  dire  qu'il  n'existe  pas  un  seulc/^tOÙ  les 
résultats  définitifs  du  prpcédé  de  Blandin  aient  été  satiafaisants. 

L'aviyement  des  bords. du  tubercule  et  de  la  fente  maxillaire, - 
emplc^é,  en  1843,  par  M.  Debrou  comme  complément  du  pro- 
cédé do  Blandin,  ne  suffit  même  pas  à  fixer  l'os  incisif.  La  cicatrice 
puréiuent  fibreuse,  que  Ton  obtient  ainsi,  n'a  pas  la  solidité  nécessaire 
pour  résister  à  la  pression  de  la  mastication,  et  le  tubercule  conserve 
todjottre'unè  certaine  mobilité. 

Dans  le  seul  cas,  à  moi  Connu,  où  ce  procédé  ait  été  appliqué,  le 
résultat  immédiat  parut  d'abord  favorable;  le  tubercule  semblait 
solide,  mais  ce  n'était  qu'une  apparence.  M.  Demarqu^y,  écrivant 
Fannée  dernière  un  article  de  dictionnaire  sur  le  bec-de-lièvre, 
a  demandé  à  M*  Debrou  des  nouvelles  de  son  opéré,  qui  est  encore 


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—  130  — 

Le  tubercule  s'est  dérlè  en  arrière,  et  Y  me  M  indtlfes  qn'S  sut»** 
porte  est  dirigée  vers  la  langue,  qui  n'en  est  eependattt  pas  gênée; 
mais,  il  n'est  nuliement  soudé  aux  os  maxillaires,  et  on  peut  Hnoliner 
en  àrant  et  en  arrière  (1). 

L'objeolion  tirée  de  la  moMIfté  du  tubereule  osseux,  ffol  reste 
inutile  et  même  gênant  après  la  guérlsendu  bee-âe^lièvre  propresseni 
dit«  est  évidemment  applicable  aux  proeédés  de  Desault  etdeGenFe»! 
aussi  bien  qu*à  celui  de  Blandin. 

Lesehirurgiens  sont  donc  revenus  aujourd'hui  au  principe  qui  avait 
prévalu  depuis  Franco  Jusqu'à  Desault,  et  qui  cbnstile  à  pratiquer 
Texcision  totale  du  tubercule  incisif.  Il  est  certain  qu'en  aglssam 
ainsi,  on  simpltiie  beaucoup  ropération;  mais  les  quatre  dents  léci- 
sives  sont  à  jamais  perdues;  et  de  plus,  ainsi  que  Desault  Tavalt  déjà 
remarqué,  la  cicatrice  labiale,  tMillant  les  chairs  de  la  joue,  amène 
peu  à  peu  le  rapprochement  des  os  maxillaires^  qui,  quelquefois 
même,  arrivent  à  se  toucher  sur  la  ligne  médiane.  L'areade  dentaire 
supérieure,  devenue  beaucoup  plus  courte  que  l'inTérieurf^,  ne  cofneMe 
plus  avec  elle,  ce  qui  produit  à  la  fin  une  difformité  fâcheuse  et  uoe 
gêne  notable  de  la  mastication. 

C'est  ce  qui  m'a  décidé  à  faire  de  nouvelles  tentatives  pour  con* 
serrer  le  tubercule  osseux.  La  seule  objection  sérieuse  tirée  de  la 
mobilité. et  de  rinutilité  de  ce  tubercule  ne  m'a  pas  paru  satis 
réplique.  J'ai  pensé  qu*un  avivement  latéral,  portant  sur  le  tiseti 
osseux  et  suivi  d'une  suture  appliquée  sur  les'  os  eux-mêmes,  avait 
toutes  chances  d'amener  un  travail  de  consolidation  parfaite,  un^ 
réunion  par  un  cal  osseux.  J'ai  mis  deux  fols  cette  idée  en  pratiqua», 
et  je  viens  soumettre  h  la  Société  les  résultats  que  j'ai  obtenus. 

Mon  premier  fait  est  sans  nalenr  au  point  de  vue  de  la  querstion  de 
la  soudure  osseuse,  puisque  l'enfant  n'a  pas  vécu.  Mais  il  est  lntérefl«> 
sant  en  ce  sens  qu'il  nous  offre  un  exemple  ^tmé  vi^éié  rare  ût  fa«e- 
de-.lièvre  compliqué. 

Il  y  a  deux  ans  environ,  pendant  que  fêtais  chirurgien  de  l'hôpital 


(1)  Voir  Tobservation  de  M.  Dêbrou  <lans  le  BulMin  êê  théftifeutifue, 
1844,  t.  XXYII,  p.  441,  et  rarticle  Bec-de  Lièybk  de  M.  Demaïqnay,  dana 
le  Noureau  Dictionnaire  de  médecine  et  de  chirurgie^  1806,  t.  ïv,  p.  710. 
On  Ut  dans  cet  article,  d'après  une  note  rédigée  par  M.  DebMtt  t  ■  L»  toa- 
dure  0B«eu9e^'a  donc  paa  eu  lieu,  malgré  le  eoin'qni  avait  élé  pria  dans 
Topération  de  ne  pas  aviver'  seulement  la  mnt^ueuse,  maia  d'entaacrles  bonis 
osseux  de  Tos  inter maxillaire.  »  —  Mais  on  lit  dans  le  Bulletin  éê  thérapeu- 
tique^ loc.  cit.  :  c  Le  lendemain,  M.  Debjou  commença  par  aviser,  ^vec  ttn 


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—  151  — 

Saui^AiitoiM,  nos  eoUègne  et  funi  M.  AteiilBld,  ebârgé  du  terti» 
des  nourrices,  me  présenta  un  enfant  âge  de  i 3  jours  et  atteiot  d« 
bae-de-iiètre  double»  avec  saillie  du  tubercule  incisif,  tubercule  sus- 
pendu au-dessous  du  nez,  faisant,  en  avant  des  os  maxillaires,  une 
sailie  ttédlane  d'environ  1  centimètre  seulement;  mais  la  doison  qui 
le  supportait  était  assex  épaisse  et  assez  résistante  pour  opposer  un 
obstiîcle  absolu  à  la  réduction,  il  n*y  avait,  d'ailleurs,  aucua  écarte^ 
sent  des  os  maxillaires,  et  c'est  ce  qui  constitue  la  rareté  du  (kit.  Le 
telle  du  palais  était  normal,  ainsi  que  la  voûte  palaiioe.  La  compii- 
estîoii  dû  bec-de*lièvre  était  exclusivement  limitée  aux  os  inter- 
naxfUab'es,  qui  s'étaient  sondés  sur  la  ligne  médiane  et  qui,  sur  les 
sMés»  ne  s'étaient  pas  unis  aux  os -maxillaires. 

La  féhle-du  squelette  n'avait  donc  pas,  comme  d'habitode»  la  forme 
d'ua  y,  mais  seulement  la  forme  d'un  iT  dont  le  sommet  oorrespondalt 
au  trou  palatin  antérieur,  et  dont  Tôuvertore,  correspondant  au  tro« 
aMoiaire,  avait  un  peu  plus  d'un  eentimètre  de  large.  Le  tubercule; 
comme  d'habitude,  était  notablement  hjrpwiropbié,  et  sa  largeur  était 
plus  grande  que  celle  de  la  fente  de  Tarcade  alvéolaire. 

l'ai  Tbabitude,' lorsque  rien  ne  s'y  oppose,  d'opérer  le  plus  M  pos- 
«ble  le  bec-de^lièvre  simple  ou  compliqué,  fût-ce  même  le  Jour  de  la 
aaieeanoe;  mais  cet  enfant  était  si  chétif,  il  était  dans  un  tel  état  de 
maigreur  et  de  faiblesse,  qu'il  paraissait  n'avoir  que  quelques  jours  à 
vivre.  Je  jugeai  donc  inoppcNrtun  de  l'opérer  immédiatement.  Toute- 
km,  eomine  la  mère  semblait  très*impat1ente  de  faire tkire l'opération, 
je  lui  promis  de  la  pratiquer  dès  que  l'enfant  irait  un  peu  mieux,  et 
je  rajoumai  à  quinzaine.  M.  Axenfeld  partagea  mon  opinion,  mais 
treb  jours  après,  il  vint  m'annoncer  ({U'il  avait  découvert  la  vraie 
cause  du. dépérissement  de  renfant.  Il  résultait,  des  propos  tenus  par 
la  mère,  qu'elle  était  biet^  résolue  à  ne  pas  élever  ce  petit  monstre  et 
à  le  laisser  mourir  de  faim;  mais  qu'elle  était  prête  cependant  à 
prendre  soin  de  lui  et  à  lui  rendre  sa  tendresse  si  la  chirurgie  pouvait 
loi  rendre  une  figure  humaine.  En  présence  d*une  pareille  situation, . 
toute  hésilalion  devait  disparaître,  et  quoique  l'enfant  eAt  encore 
I       BotaUenaenl  dépéri  depuis  trds  jourft,  je  me  décidai,  pour  ainsi  dire 


Ustcmri,  les  bords  de  la  ptrtis  Taoy^m»  an  la  lésioti.  Aussitôt  «près,  il 
détadba,  à  rude  d'une  pin^  à  oroohet  et  da  biftoori,  on  lambeau  de.  la 
muqueuse  sur  cbacun  des  points  correspondants  du  tubercule  osseux  inter* 
BsaziUaire  et  de  là  partie  de  Vos  maxillaire  avec  laquelle  il  devait  se  trouver 
en  rapport  après  réparation.  Il  ne  resta  plus  qu^à  rafralcbir  avec  les 
dsewui,  les  parties  latéialsi  de  la  lèvre,  et  k  &ûe  la  véuniou  par  sutare.  » 


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—  152  — 

tft  eatremis,  à  idi  procufer,  par  l'opération*  la  seule  chaace  dtf  é^ï 
qui  pût  lui  rester.    . 

Je  pratiquai  doue  cette  opération  en  présence  de  M.  Axenfeld  :  j'at- 
taquai d'abord  la  cloison,  suivant  le  procédé  de  Blandin  ;  dès  que  l6 
segment  en  Y  fut  «nleyé^  je  cautérisai,  avec  le  cautère  aigu  de  Mid- 
deldorpf,  la  petite  artère  de  la  cloison;  puis  j'avivai,  avec  un  fort 
scalpel,  le  tissu  osseux  des  deux  bords  du  tubercule  incisif  et  des  deux 
bords  de  la  fente  de  Tarcade  alvéolaire;  enfin,  avec  un  poinçon,  je. 
perforai  obliquement,  de  chaque  côté,  les  deux  bords  correspondants 
des  pièces  osseuses,  et,  poussant  un  fil  d'argent  dans  chaque  trajet, 
je  fis  sur  lés  os  deux  points  de  suture,  l'un  à  droiie,  l'autre  à  gauche. 
Le  tubercule  incisif  reprit  ainsi  exactement  sa  place,  et  lorsqu'il  fut 
bien  fixé,  je  fis,  à  l'aide  de  plusieurs  fils  d'argent,  la  réunion  des  deux 
moitiés  de  la  lésion,  préalablement,  décollées  parla  dissection.  Le  tuber-r 
'cule  labial  médian  fut  employé  à  former  la  sous-cloison,  mais  comme 
il  était  fort  court,  je  ne  pus  fixer  son  sommet  dans  la  partie  supé- 
rieure de  la  suture  labiale  sans  exercer  un  tiraillement  assez  fort  sur 
la  pointe  du  nez. 

L*enfant  avait  perdu  fort  peu'  de  sang  pendant  l'opération;  le  len- 
demain, l'état  local  était  excellent;  la  difformité  était  parfailemeal 
corrigée;  il  n'y  avait  pas  de  gonflement.  L'état  général  ne  paraissait 
pas  s'être  aggravé.  La  mère,  qui  semblait  fort  satisfaite,  et  qni,  dans, 
le  fait,  avait  pris  grand  soin  de  son  enfant  depuis  l'opération,  déclara 
qu'elle  ne  pouvait  rester  plus"  longtemps  à  l'h^pilal  et  fit  signer  sa 
sortie,  en  promettant  de  venir  tous  les  matins  nous  montrer  notre 
petit  opéré.  Elle  revint  effectivement  le  lendemain  :  les  parties  étaient 
encore  dans  le  meilleur  état,  mais  l'enfant  était  toujours  aussi  faible, 
et  il  succomba  probablement  dians  la  journée,  car:  la  mère  ne  reviat 
plus  à  l'hôpital. 

Celte  terminaison  n'était  que  trop  prévue,  et,  si  je  n'axais  pas  eu  la 
main  forcée,  je  n'aurais  pas  pratiqué  une  opération  dans  des  condi- 
.tions  aussi  défavorables,  mais  celte  première  tentative  m'avait,  du 
moins,  appris. que  la  suture  osseuse  était' facile  à  appliquer,  qu'elle 
compliquait  peu  l'opération,  et  qti'en  fixant  le  tubercule  indsif  sur  le 
plan  de  l'arcade  alvéolaire,  elle  favorisait  le  rapprochement  des  par- 
ties molles  et  la  formation  de  la  sous-cloison  du  nez  au  moyen 
du  tubercule  labial  médian.  Je  jugeai  donc  qu'il  n'y  a^vait  pas  lieu  de 
renoncer  à  ce  procédé,  et  je  me  promis  de  l'appliquer  de  nouveau  à 
roccasion. 

Je  me  demandai  toulefois  s'il  était  opportun,  en  pareil  cas,  de  faire 
en  une  seule  séance  une  opération  qui  se  compose  de  deux  parties 


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—  153  — 

très-dislipctee,  et  évidemmeot  séparables  :  la  réduction  et  la  réunion 
des  08,  Tavivemeat  et  la  réunion  deB  parties  molles.  Blandin  avait  l'ha* 
bitade  de  pratiquer  dans  une  première  séance  Texcision  triangulaire 
de  la  cloison  et  la  réduction  du  tubercule;  il  appliquait  ensuite  sur  la 
lèvrA  un  bandage  compressif,  qui  maintenait  le  tubercule  dans  sa 
nouvelle  position;  et  au  bout  d'une  ou  plusieurs  semaines,  il  avivait 
et  réunissait  les  cbairs.  Dans  le  cas  de  M.  Débrou,  la  cloison  fut 
'etdsée  le  premier  jour  ;  i'avivement  du  tubercule  et  ta  réunion  de  la 
lèvre  furent  fa^s  le  lendemain.  Cette  séparation  des  deux  temps  de 
Topération  a  l'avantage  de  ne  pas  fatiguer  l'enfant  par  une  séance 
trop  longue;  et  lorsque  Tlntervalle  est  de  plusieurs  jours,  le  petit 
opéré  a  le  temps  de  réparer  la  perte  de  sang^  ord^naireméDt  assez  con* 
sidérahle,  qui  duit  rexcisîoa  du  vom^.  Mais  oo  peut,  comme  je  l'ai 
déjà  dit,  réprimer  immédiatement  avec  le  cautère  électrique  l'hémor^ 
rhagie  de  la  cloison.  Maintenant,  on  peut  se  demander  si  uq  jeune 
eafant  sera  moins  fatigué,  moins  épuisé,  par  deux  opérations  par- 
tielles que  par  une  opération  plus  longue,  mais  unique.  Je  pense  c(ue, 
SOQS  ce  rapport,  l'avantage  est  du  côté  de  l'opération  unique.  Ce  n'est 
donc  point  là  ce  qui  me  ferait  hésiter.  Mais  11  y  a  un  argumeat  sériettx 
à  invoquer  en  faveur  de  la  pratique  de  Blandin.  On  se  propose  tou'* 
jours  de  former  la  sous-cloison  au  moyen  du  tubercule  labial  mé- 
dian. Or,  lorsque  la  saillie  de  Tinter-maxillaire  est  très-considérable, 
le  tubercule  labial  est  trop  court  pour  pouvoir  être  amené,  sans  beau* 
coup  de  tiraillements,  jusqu'au  niveau  du  bord  supérieur  de  la  suture 
de  la  lèvre.  C'est  en  vain  que,  pour  le  rendre  plus  élastique,  on  ie 
dissèque,  de  bas  en  haut,  dans  une  étendue  de  quelques  millimètres; 
loreque  la  suture  e^  terminée,  on  voit  que  le  tubercule  labial,  devenu 
horizontal  ^t  transformé  en  sous-cloison,  attire  fortement,  en  bas 
et  en  arrière,  la  pointe  du  nez,  que  Félastielté  des  eaKilages  nausaux 
tend,  au  contraire,  à  relever.  La  suture  se  trouve  donc  aux  prises 
avec  cette  élasiieité,  dont  Faction,  faible  sans  doute,  mais  continue, 
oppose  un  obstacle  très-grand  au  succès  de  la  réunion  dé  la  sous- 
cloison.  Celle-ci  se  sépare  presque  toujours  de  .la  lèvre  proprement 
dite,  et,  soik  sommet  forme,  au  dessous  du  nez  et  au-devant  de  là 
lèvre  réunie,  un  petit  tubercule  disgracieux,  qu'il  est  ensuite  néces- 
saire d'exciser.  11  est  clair  que  ropération  en  deux  temps  atténnerait 
beaucoup  l'inconvénient  qui  résulte  de  la  trop  grande  brièveté  du  tu- 
bercule labial.  Le  tubercule  osseux,  une  fois  refoulé  en  arrière  et  fixé 
solidement  par  la  suture  osseuse,  attirerait  fortement,  en  bas  et  en 
arrière,  le  tubercule  charnu  médian  qui  s^ifisère  sur  lui,  et  le  retour 
élastique  des  cartilages  du  nez,  ne  pouvant  triompher  de  la  résistance 
2°  série.  -^  tome  ix  .  20 


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—  154  — • 

des  6Is  mélalUques  qui  traversent  les  os,  amènerait  très-probable-  . 
ment,  au  bout  de  quelques  semaines,  rallongement  du  tubercule 
cbarnu  qui  doit  former  la  sous-cloisôn.  Cet  allongement  favoriserait 
beaucoup  le  succès  de  la  seconde  partie  de  Topération. 

Telle  était  la  question  que  je  m'étaia  posée,  et  que  je  n'avais  pas 
encore  résoltfe,  lorsqu'un  confrère  de  la  province,  M,  le  docteur  M..., 
vint  à  Paris,  au  mois  d'avril  1867,  pour  tiae  prier  d'opérer  son  fil», 
âgé  de  2  mois  et  demi,  et  atteint  d'un  bec  de  lièvre  double,  compli-* 
que  de  saillie  du  tubercule  incisif.  Je  lui  fis  part  de  çies  hésitations, 
et  il  les  comprit  parfaitement,  j'inclinais  à  faire  toute  l'opération 
en  une  seule  séance,  tout  en  reconnaissant  qu'une  opération  en  deux 
temps  pouvait  ofi'rir  quelques  avantages.  Réflexion  faite,  il  donna  la 
préférence  à  l'opération  en  un  seul  temps,  et,  dès  lors,  je  n'hésitai 
plus.  . 

L'enfant  était  atteint  d'une  gueule  de  loup  aussi  complète  qiie  pos- 
sible. Le  voile  du  palais,  la  voûte  palatine,  étaient  divisés  dans  toate 
leur  longueur.  Le  tubercule  inter* maxillaire  faisait,  en  avant  des  os 
maxillaires,  une  saillie  de  15  millimètres,  et  était  suspendu  au  bout 
du  nez.  Sa  direction  était. très-oblique;  sa  forme  était  presque  globu- 
leuse^ et  son  diamètre  transversal,  long  de  i5  millimètres,  l'emportait 
de  plusieurs  millimètres  sur  la  largeur  de  la  fente  de  l'arcade  alvéo- 
laire. La  cloison  était  très  épaisse  et  très-solide;  le  tubercule  labial 
médian,  beaucoup  moins  large  et  surtout  beaucoup  moins  long  que  le 
tubercule  osseux ,  laissait  des  deux  côtés  apercevoir  la  muqueuse. 
Enfin,  les  deux  bords  latéraux  de  la  lèvre  étaient  très-écartés;  et  il 
était  clair  que,  pour  les  amener  au  contact,  sur  Ifi  ligne  médiane,  il 
faudrait  recourir  à  une  véritable  autoplastie.  L'éruption  des  dents  in- 
cisives n'était  pas  encore  commencée. 
L'opération  fut  pratiquée  le  28  avril  1867. 
Je  pratiquai  d'abord  sur  la  sous-cJoisou,  aussi  en  arrière  que  pos- 
sible,  à  l'aide  d'une  cisaille  recourbée  sur  le  plat,  l'excision  triangu- 
laire de  Blandin.  Le  segment  que  j'enlevai  avait  8  millimètres  de 
base;  son  sommet  s'élevait  en  haut  jusqu'au  voisinage  du  dos  du  nez. 
Deux  jets  de  sang,  fournis  par  lej»  artérioles  de  la  cloison,,  furent  ré- 
primés aussitôt  avec  le  cautère  pointu  de^Aliddeldorpf.  Le  tubercule 
osseux,  devenu  bien  mobile,  pou^vait  aisément  être  refoulé  en  arrière; 
mais  il  ne  pouvait  pénétrer  dans  la  fente  maxillaire ,  moins  large  que 
lui.  Je  procédai  alors  à  l'avivement  des  os,  h  l'aide  d'un  bistouri  à 
périoste,  emportant  sur  chacun  des  quatre  bords  osseux  une  sorte  de 
copeau,  formé  par  une  couche  de  muqueuse  et  par  une  couche  d'os. 
La  fente  se  trouvait  ainsi  élargie,  mais,  quoique  le  tubercule  fût  en 


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--  155  — 

même  temps  rétréci,  il  était  encore  trop  large  pour  pénétrer  dana  la 

fente  ;  de  sorte  qae  je  fus  obligé  d'en  enlever  encore  une  tranche. 

Celte  nouvelle  excision  osseuse!  pratiquée  sur  le  bord  gauche  du  tu-. 

hercule,  mit  à  nu  le  follicule  de  Tincisive  latérale.  Le  tubercule  ainsi 
réduit  put  être  introduit  dans  la  fente;  il  ne  s'agissait  plus  que  de  Y  y 
assujettir. 

  cet  effet,  je  m'armai  d'un  poinçon  en  forme  d'alêne,  et  Je  pratiquai 
sur  chacun  des  quatre  bords  osseux  une  perforation  oblique,  qui  com- 
mençait, sur  la  face  antérieure,  à  trois  millimètres  du  bord,  aboutis- 
sant, en  arrière,  à  la  limite  postérieure  de  rarivement  du  tissu  osseux. 
Chaque  fois,  après  avoir  retiré  le  poinçon,  je  poussais  aussitôt  à  sa 
place  un  fil  d'argent  qui  parcourait  le  trajet  à  la  manière  de  la  soie 
de  sanglier  du  fil  des  cordonniers.  Lorsque  les  quatre  fils  furent  pla- 
cés, je  les  mariai  deux  à  deux  par  torsion,  et,  attirant  ainsi  l'un  par 
l'autre,'  j'obtins  de  chaque  côté  une  anse  unique  qui  traversait  à  la 
fois  le  tubercule  et  l'os  maxillaire  adjacent.  Je  reproduisis  alors  la 
réduction  du  tubercule  osseux,  et  lorsqu'il  fut  bien  en  place,  je  termi- 
nai la  suture  en  tordant  ensend)le  les  deux  anses  de  chaque  fil  d'ar- 
gent.. Le  petit  tourillon  de  tojrsion  fut  aplati  et  couché  sur  la  face 
antérieure  des  maxillaires,  afin  que  son  extrémité  ne  vint  pas  blesser 
la  lèvre. 

Tel  fut  le  premier  temps  de  l'opération. 
.  Je  décrirai  moins  minutieusement  le  second  temps  de  l'opération. 
Je  libérai  d'abord  de  bas  en  haut,  dans  une  étendue  de  trois  à  quatre 
millimètres,  le  sommet  du  tubercule,  labial, "afin  de  pouvoir  relever  un 
peu  la  pointe  du  nez,  que  la  réduction  du  tubercule  osseux  avait  for- 
tement abaissée.  Puis  je  procédai  à  Tavivement  des  deux  bords  la- 
biaux suivant  un  procédé  que  j'ai  déjà  fait  connMlre  à  la  Société,  il 
y  a  quelques  années  (voyez  Bulletin  de  la  Société  de  chirurgie) ^  et 
qui  n'est  qu'un  dérivé  du  procédé  bien  connu  de  M.  Mirault  (d'An- 
gers). Du  côlé  droit,  je  poussai  l'avivement  presque  au-des- 
sous du  bord  libre.  Du  côlé  gauche,  je  n'avivai  que  la  moitié  supé- 
rieure de  la  fente  labiale,  et  au-dessous  de  cet  avivement  je  prati- 
quai de  dédans  en  dehors  une  incision  à  peu  près  horizontale,  mais 
cependant  curviligne,  à  concavité  supérieure,  qui  se  termine  à  sept 
millimètres  environ  au-dessus  de  la  bouche.  Je  produisis  ainsi,  sur  la 
moilié  gauche  de  la  lèvre,  un  petit  lambeau  courbe,  dont  le  bord  iu- 
férieur  interne  devait  devenir  horizontal  pour  constituer  le  bord  libre 
de  la  nouvelle  lèvre;  et  dont  le  bord  supérieur  ou  saignant,  mince  en 
dedans,  épais  en  dehors,  devait  venir  s'appliquer  sur  le  bord  inférieur 
déjà  avivé  de  la  moitié  droite  de  la  lèvre.  Mais  les  deux  moitiés  de  la 


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._  156  — 

lèvte  éiattt  be&ucoup  ti*op  courtes  pour  pèttYoîi-  être  amenée»  en'<^- 
taet,  il  fallut  donc  les  détacher  des  os,  ainsi  que  la  partie  adjacente 
des  deux  joues  ;  et  en  même  temps,  pour  pouvoir  reformer  les  na- 
rines, je  libérai  les  ailes  du  nez,  en  déViant  de  bas  en  haut,  dans  la 
moifié  environ  de  leur  hauteur,  les  insertions  sUr  le  bord  antérieur 
des  apophyses  masloïdes.  Je  pus  ainsi  obtenir,  sans  trop  de  tiraille^ 
mentit  là  réunion  des  deut  moitiés  de  la  lèvre.  Je  les  fixai  avec  six 
pointsr  de  suture  au  fil  d*argent,  dont  quatre  appliqués  sur  te  corps  de 
la  lèvre  donnèrent  une  suture  verticale  et  médiane,  tandis  que  les 
deux  autres  furent  appliqués  sur  le  sommet  et  sur  la  base  du  lam-* 
b'eau  horizontal.  Enfin,  le  s^om'met  du  tubercule  labial,  transformé  en 
sous-cloison,  fut  fixé  sur  la  partie  supérieure  de  la  suture  médiane 
par  un  septième  fil  qui  traversait  à  la  fois  ce  tubercule  et  les  deux 
moitiés  de  la  lèvre;  mais  je  reconnus  alors  que  la  sons-cloison  trop 
couste  tiraillait  fortement  la  pointe  du  nez,  et  il  me  parut  pHbable 
que  ce  dernier  point  de  suture  ne  tiendrait  pas. 

Les  suites  de  l'opération  furent  assez  sérieuses  pendant  les  trois 
premiers  jours.  L'inflammation  locale  fut  très  -modérée,  et  le  gonfle-, 
ment  presque  nul;  mais  Tenfànt  eut  beaucoup  de  fièvre  :  le  peu  de 
lait  qu'on  lui  donnait  était  promptement  vomi,  et  pour  éviter  les  ef- 
forts des  vomissements,  je  dus  tenir  le  petit  opéré  à  la  diète,  ce  qui 
naturellement  Taffaiblit  beaucoup.  Au  bout  de  trois  jours  on  lui  renr 
dit  son  lait;  11  le  supporta  bien;  la  fièvre  se  calma  et  les  forces  se  re- 
levèrent peu  "à  peu.     •     ^  * 

Le  quatrième  jour,  je  constatai  que  la  sous-cloison  s'était  coupée 
sur  le -fil  et  s'était  séparée  de  la  lèvre.*  Le  fil  supérieur,  devenu  ina> 
tile,  fut  enlevé.  Le  lambeau  horizontal  était  au  contraire  parfaitement 
réuni;  j'enlevai  les  deux  fils  qui.le  fixaient,  ne  laissant  en  place  que 
les  quatre  fils  de  la  suture  médiane.  Ceux-ci  furent  enfin  retirés  le 
huitième  jour;  ils  avaient  bien  tenu,  à  l'exception  du  supérieur  qui 
avait  coupé  les  chairs  La  lèvre  était  bien  réunie  dans  toute  sa  hau- 
teur, excepté  tout  en  haut,  où  il  restait  au-dessous  et  en  arrière  de  la 
sous-cloison  un  trou  de  la  largeur  d'un  pois.  Pour  favoriser  la 
réunion  de  cette  ouverture  et  la  soustraire  au  tiraillement  latéral, 
j'appliquai,  à  l'aide  de  bandelettes  de  sparadrap,  le  bandage  unis- 
sant du  bec-de-lièvre.  L'ouverture  se  rétrécit  rapidement,  se  remplit 
de  bourgeons  charnus. 

Lé  treizième  jour  elle  était  presque  entièrement  cicatrisée,  et  j'enle- 
vai le  bandage  unissant. 

HestaientiM  deux  points  de  suture  osseux.  Ils  n'avaient  produit 
aucun  accidenr,  et  j'aurais  voulu  les  laisser  en  place  quelque  temps 


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encore;  tnafs  les  parents  de  TeAfant  avaient  bâte  de  qoHter  Parti,  et 
le  15  mai,  voyant  que  le  tubercule  paraissait  déjà  très-sofide,  je  me 
décidai  à  enlever  les  deux  fils  d'argent.  La  guérison  était  parfaite,  si 
ce  n'est  que  le  sommet  de  la  sous-cloison  cicatrisé  isolément  faisait 
au-dessous  et  en  avant  de  la  cicatrice  labiale  an  petit  tubercule  ar- 
rondi. 

La  bouche  était  très-petite.  La  lèvre  inférieure,  beaucoup  plus 
longue  que  la  supérieure,  faisait  en  avant  une  s^iillie  très-considé* 
rable;  mais  on  sait  que  cette  difformité,  inévitable  pendant  les  pre- 
miers temps,  s'efface  ensuite  peu  à  peu. 

^  Je  n'ai  plus  revu  depuis  lors  mon  petit  opéré;  mais,  le  père  m'a 
doniié  plusieurs  fois  de  ses  nouvelles.  J'extrais  les  passages  suivants 
de  ses  dernières  lettres. 

4  janvier  1868..;  a  L'enfant  a  aujourd'hui  près  de  11  mois.  Sa  santé 
est  très-bonne;  malgré  la  division  palatine,  il  avale  sans  la  moindre 
diltlculté  des  panades  et  des  potages  au  vermicelle.  Sa  voix  n'est  que 
très-légèrement  nasonnée  quand  il  dit  :  papa  et  maman.  La  réunion 
Oiseuse  est  empiète.  Il  n'y  a  pas  encore  de  dents  à  la  mâchoire  supé- 
rieure. L'oriUce  buccal  se  refait  tous  les  jours.  Les  narines  sont  encore 
un  peu  trop  étroites,  et  la  respiration  est  gênée  lorsque  la  bouche  est 
fermée.  » 

S2  mars  18Ô8...  «  J'ai  examiné  avec  le  plus  grand  soin  l'état  de  la 
mAchoIre  supérieure  de  notre  petit  opéré.  Les  faces  antérieures  et 
postérieures  de  cette  oiâchoire  ne  sont  marquées  d'aucun  sillon  au 
niveau  des  sutures  de  l'os  maxillaire  avec  les  deux  os  sous-maxillaires. 
Seul,  le  bord  libre  offr^  deux  petites  dépressions  aux  points  qui  cor- 
respondent à  la-  réunion.  J'ai  essayé,  h  différentes  reprises,  d'imprimer 
des  mouvements  antéro-poslérieurs  à  cet  os  maxillaire.  Il  m'a  été  im- 
possible d*éprouver  Ici  moindre  sensation  de  déplacement.  L'enfant 
serre  très-fort  entre  les  mâchoires  les  corps  les  plus  durs,  aussi  bien  au 
^  niveau  du  tubercule  que  partout  ailleurs.  Il  s'agit  bien  réellement 
d'une  soudufe  osseuse.  Il  n*y  a  pas  encore  jde  dents  à  la  mâchoire 
supérieure.  La  lèvre  supérieure  est  plus  épaisse  que  l'inférieure. 
Celle-ci  déborde  de  moins  en  moins,  et  si  ce  n'était  le  petit  tubercule 
médian  qui  lui  pend  au-dessous  du  nez,  l'enfant  ne  semblerait  pas 
avolr'eû  cette  affreuse  difformité  que  vous  avez  si  bien  corrigée.  Il 
marche  seul  maintenant...  » 

La  petite  difformité  que  signale  ici  M.  le  docteur  M...,  et  que  j'avais 
déjà  constatée  l'année  dernière,  pourra  être  aisément  corrigée,  soit 
par  une  petite  opération  plastique,  dans  laquelle  le  tubercule  charnu 
serait  employé  h  faire  une  sous-cloison,  soit  par  l'excision  pure  et 


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—  158  — 

simple  de  toule  la  partie  saillante.  L'opération,  en  tous  cas^  sera  très-* 
simple  et  très-légère.  11  était  à  peu  près  inévitable  que  le  tubercule, 
dont  la  longueur  était  très-insuffisanle,  ue  se  réunît  pas  à  la  lèvre;  et 
je  me  demande  maintenant,  comme  je  me  le  demandais  avant  Topé- 
ration,  s'il  n'y  aurait  pas  avantage,  dans  les  cas  de  ce  genre,  à  exé- 
cuter séparément,  à  quelques  semaines  ou  à  quelques  mois  d'inter- 
valle, la  réduction  des  tubercules  et  la  réunion  de  la  lèvre.  J'ai  Heu 
de  croire,  en  effet,  qu'à  la  suite  de  la  réduction  du  tubercule  osseux, 
le  tubercule  charnu  médian  s'allongerait  d'une  manière  notable.  Je 
ferai  peut-être  un  jour  cette  tentative.  Mais  je  reconnais  que  cette 
proposition  est  fort  discutable;  et  il  faut  tenir  compte,  d'ailleurs^  de 
l'impatience  des  familles,  qui  ont  bÂte  de  voir  disparaître  le  plus  tôt 
possible  la  difformité  extérieure,  et  qui,  probablement,  délireraient 
toujours  que  l'opération  soit  faite  en  une  seule  séance. 

On  vient  de  voir  que  l'éruption  des  dents  incisives  supérieures  est 
grandement  en  retard  chez  mon  petit  opéré.  Les  incisives  médianes 
auraient  dû  paraître  depuis  plusieurs  mois;  les  latérales,  même  de« 
vraient  être  déjà  sorties,  car  il  est  rare  qu'elles  soient  ainsi  incluses 
dans  la  mâchoire  chez  les  enfants  de  cet  âgé  (15  mois).  L'incisive  la- 
térale gauche  ne  paraîtra  probablement  jamais,  puisque  son  follicule 
a  été  mis  à  nu  pendant  Topération  ;  quoique  ce  follicule  ait  été  laissé 
en  place,  il  y  a  tout  lieu  de  croire  que  le  cal  osseux  a  fait  éruption 
dans  l'alvéole,  et  fait  atrophier  la  bulbe  avant  que  la  racine  fût  for. 
mée;  mais  j'espère  que  le  développement  des  incisives  permanentes 
ne  sera  pas  empêché.  J'ai  eu  soin,  en  effet,  de  passer  les  tils  d'ar- 
gent* à  travers  la  partie  la  plus  inférieure  des  os,  en  m' éloignant  le 
plus  possible  du  bord  supérieur  de  l'arcade  alvéolaire,  où  se  foiment 
les  follicules  des  dents  permanentes. 

Le  relard,  déjà  considérable,  qu'a  subi  l'éruption  des  incisives  su- 
périeures médianes  peut  être  indépendant  de  l'opération.  Ce  retard 
s'observe  quelquefois  chez  les  enfants  qui  ne  sont  pas  opérés;  il  est, 
d'ailleurs,  loin  d'être  constant,  quelquefois  même  les  dents  du  tuber- 
cule incisif  sortent  plusieurs  mois  avant  les  incisives  inférieures.  On 
ne  peut  savoir  quelle  est  celle  de  ces  éventualités  qui  se  serait  pré- 
sentée chez  mon  petit  opéré,  mais  il  me  paraît  probable  que, , toutes 
choses  égales  d'ailleurs,  la  réduction  du  tubercule  est  de  nature  à  ar- 
rêter, pendant  quelque  temps,  le  travail  odontogénique.  La  section  de 
la  cloison  des  fosses  nasales  prive  le  tubercule  osseux  de  ses  arières 
nourricières.  Les  anastomoses  capillaires  qui  existent  entre  le  plan 
antérieur  de  la  cloison  et  le  lobule  du  nez,  suffisent  toujours  à  entre- 
tenir la  vie  dans  l'os  inter- maxillaire,  et  bientôt  de  nouvelles  eommu- 


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_  159  — 

.  nicalioûs  vâsculatres  8'effectuent  à  travers  les  deux  cicatrices  osseuses 
de  l'arcade  alvéolaire;  îoais  il  s'écoule  sans  doute  quelque  temps 
avant  que  la  circulation  ait  recouvré  toute  son  énergie»  et  il  n'en  faut 
pas  davantage  pour  expliquer  le  retard  des  (ihénomènes  de  l'éniption. 
Quant  aux  dents  incisives  permanentes,  dont  l'importance  est  bien 
supérieure  à  celle  des  dents  de  lait,  il  y  a  lieu  de.  croire  que  leur  dé- 
Teloppement  ne  sera  pa&  entravé  par  les  eondilions  nouvelles  que 
l'opération  a  créées,  ici  encore  il  ne  faut,  toutefois,  pas  oublier  que 
l'existence  même  du  bec*de-lièvre  compfiqué,  abstraction  faite  de 
toute  opération  réparatrice,  suffît  souvent  pour  faire  avorter  une  ou 
plusieurs  des  dents  incisives  temporaires  ou  permanentes.  Ainsi,  j'ai 
disséqué  une  fois  un  tubercule  incisif,  que  j'avais  excisé  chez  une  pe- 
tite fille  de  deux  ans.  Ce  tubercule  était  surmonté  de  deux  grosses 
incisives  médianes;  mais  je  ehercbai  vaiaement  les  follicules  des 
incisives  latérales.  Dans  un  autre  cas,  où  le  bec-de-liévre  était  moins 
compliqué  et  où  il  n'y  avait  sur  rarcade  ^alvéolaire  qu'une  seule 
fente^  située  à  gauche,  j'ai  constaté  que  la  mâchoire  supérieure  n'avait 
que  trois  incisives ,  quoique  Penfant  fût  déjà  ftgée  de  5  ans.  Enfin, 
j'ai  vu  un  adulte  qui  avait  été  opéré,  dans  sa  jeunesse,  d'un  bec-de^ 
lièvre  sifople,  et  qui  n'avait  non  plus  que  trois  incisives  supérieures, 
quoiqu'il  n'eût  perdu  aucune  dent,  et  que  la  rangée  dentaire  fût  con- 
tinue. Ce  dernier  fait  prouve  que  les  conditions  qui  font  naitre  le  bec- 
de-lièvre  pç uvenl  mettre  obstacle  non-seulement  au  développement 
des  dents  de  lait,  mais  encore  à  celui  des  dents  permanentes.  Il  est 
bien  clair  que  l'ostéoplastie  ne  peut  modifier  en  rien  ces  défectuo^tés 
originelles,  et  qu'il  y  a'toujours  quelque  chance  pour  que  l'éruption 
des  dents  définitives  soit  incomplète.  Mais,  c'est  un  détail  d*une  im- 
portance tout  à  fait  secondaire. 

En  résumé,  je  pense  que  la  méthode  qui  consiste  à  conserver  le 
tubercule  osseux,  dans  le  cas  de  be^-de-iièvre  double,  compliqué  de 
la  saillie  de  ce  tubercule,  a  été  trop  facilement  abandonnée  par  les 
chirurgiens.  Sans  prétendre  que  la  conservation  de  ce  tubercule  soit 
toujours  possible,  je  viens  de  prouver  qu'il  y  a  5es  cas  où  elle  peut 
réussir  d'une  manière  complète,  à  la  faveur  de  l'avivement  du  tissu 
osseux  et  de  la  suture  osseuse. 

Quelques  mots,  en  terminant,  sur  les  contre-indications.  Lorsque 
le  tubercule  osseux  fait  une  saillie  excessive,  qu'il  est  situé  directe- 
ment sur  le  prolongement  du  bout  du  nez,  et  que  le  tubercule  labial 
médian  est  très-court,  la  réduction,  sans  être  impossible,  serait  fort 
difficile,  et  il  faudrait  quelquefois,  pour  l'obtenir,  effacer  presque  en- 
tièrement le  nez.  Dans  un  cas  de  ce  genre,  je  commencerais  par 


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-  160  - 

exeifier  la  cloUon,  et,  d'après  le  résultat  que  donnereU  le  refoulemeet 
4u  tubereale,  je  tne  décideraie  à  le  conserve^  ou  à  Tenlever. 

Une  seconde  eoQtre-iQdicaftion  résulterait  de  la  trop  grande  exiguilé 
du  tubercule  osseux.  Il  est  clair,  en  effet,  que  s'il  était  plus  étroit  que 
la  fente  de  l'arcade  alvéolaire,  il  ne  pourrit  y  être  fine  par  la  suture 
osseuse.  Il  n'est  pas  nécessaire,  sans  doute,  que  le  contact  des  sur- 
faces osseuses  avivées  soit  absolu  des  deux  côtés;  quand  même  il 
resterait  à  droite  ou  à  gauche  un  léger  écartement,  d*un  ou  deux  mil" 
Itmètres  par  exemple,  les  phénomènes  de  la  cicatrisation,  ou  même 
de  la  dcatrisatton  osiseuse,  pourraient  enoore  s'eifectmer.  Mais  si  la  dis- 
proportion était  pins  grande,  il  y  aurait  lieu  d'hésiter.  Pourrait<-an  se 
borner  à  n'aviver  le  tubercule  que  sur  un  de  ses  bords,  à  ne  suturer 
que  ce  bord,  et  la  soudure  osseuse  obtenue  d'un  seul  c^  aurait*  elle 
HiM  solidité  suffisante?  C'est  une  question  qu^  je  ne  DDie  peroaettrai 
pas  de  résoudre.  Si,  comme  je  l'espère,  Ja  méthode  conservatrice  re- 
prend  quelque  faveur  dans  la  pratique,  l'expérienoe  ultérieure  pourra 
nous  conduire  peu  à  peu  à  étendre  l'application  de  cette  méthode  à 
des  cas  qui  nous  semblent  aujourd'hui  défavorables.  Mais  ce  ne  sont 
pas  ees  cas  extrêmes  qui  me  préoccupent  icf.  Ik  sont  d'ailleurs  excep- 
tionueis.  Mon  but  «st  sei^ment  de  montrer  qu'il  y  a  des  cas  nom-» 
breuoc  où  il  est  indiqué  de  conserver  l'os  inter*  maxillaire  au  lieu  de 
l'exciser,  comme  on  le  fait  généralement 

DISCUSSION. 

Uk  GtRAtnÀs.  Desault  attribuait  à  l'opération  ce  qui  était  le 
résultat' d'un  vice  de  conformation  congénitale. 

Je  remercie  M.  Broea  de  nous  avoir  fait  connaître  son  <d)servation, 
mais  je  pense  que  son  procédé  ne  pourra  être  applicable  à  la  généra- 
lité des  cas.  Ce  procédé,  assurément,  est  bon  à  noter»  mais  il  ne  sm*a 
pas  utile  quand  Tarcade  denlaire  sera  atrophiée  et  fos  incisif  tràsr- 
développé.  J'ajoute  qu'il  est  très-exeeptionnel  de  rencontrer  des  tuber- 
cules incisifs  réductibles. 

Mi  Broga.  Je  suis  étonné  que  M.  Criraldès  n'ait  pas  renc<Mitré  de 
tubercules  réductibles. 

J'ai  ajouté,  à  l'opération  de  Blandiu,  l'avivement  des  bords  osseux 
et  la  suture  osseuse.  ^ 

Le  procédé  de  Blandin  a  été  employé  par  on  grand  nombre  de  chi<>' 
rurgiens,  mais  à  ce  procédé  on  faisait  l'objection  suivante  : 

«  Que  ra  devenir  le  tubercule  osseux  qui  va  être  mobile?  » 

Par  mon  procédé,  je  réponds  à  cette  ofajeetion. 

Desault  a  dit  que,  lorsqu'on  ne  mettait  pas  le  tubercule  entre  i«s 


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-  lei  - 

deux  maxillaires,  ceux-ci  se  rapprocbaîent,  et  le  défaut  de  parallé- 
lisme des  deux  arcades  alvéolaires  augmentait.  L'argument  de 
Desault  conserve  toute  sa  valeur,  et  il  faut  obvier  au  rapprochement 
des  deux  os. 

Chez  un  très-jeune  enfant,  on  ne  peut  pas  réussir  quand  le  tuber- 
cute  fait  une  saillie  de  15  millimètres. 

M.  DEMARQUAT.  J'ai  écouté  avec  grand  plaisir  là  lecture  de 
M.  Broca.  Ce  chirurgien  a  évidemment  complété  le  procédé  de 
Blaiidin. 

M.  GiRALDÈs.  L'objection  principale  que  l'on  doit  faire  au  pro- 
cédé de  M.  Broca  est  la  suivante  :  Les  arcades  alvéolaires  étant  atro- 
phiées, et  cela,  arrivant  dix-huit  fois  sur  vingt,  le  tuberciile,  alors 
qu'il  sera  réduit,  dépassera  les  arcades  alvéolaires  de  presque  toute 
sa  hauteur.  En  somme,  le  procédé  de  M.  Broca  lest  un  procédé  excep- 
tionnel applicable  seulement  à  des  cas  exceptionnels. 

M.  Bhoga.  Ce  qui  est  exceptionnel,  c'est  que  le  procédé  ne  soit  pas 
applicable. 

PBÉSENTAtlONS  DE  MALADES. 

Enehondrdme  &  marche  rapide.  —  Béseetian  partielle 
des  deux  maxillaires  supérieures.. 

M.  TiLLAux  présente  un  jeune  homme,  âg^de  29  ans,  exerçant  à 
Paris  la  profession  de  sergent  de  ville,  auquel  il  a  pratiqué,  le 
6  février  dernier,  une  résection  partielle  des^eux  maxillaires  supé- 
rieurs, 

La  guérison  est  aujourd'hui  complète,  et  grâce  à  une  pièce  artifi- 
cielle très-habilement  faite  par  un  jeune  dentiste,  M.  Lanfray,  la  dif- 
formité est  à  peine  appréciable. 

Le  malade  portait  à  la  mâchoire  supérieure  une  tumeur  du  volume 
d'un  œuf  de  poule,  qui  n'avait  commencé  à  apparaître  que  trois  mois 
auparavant  ;  elle  occupait  l'espace  compris  entre  la  canine  droite  et 
la  deuxième  petite  molaire  gauche  d'une  part;  le  grand  angle  de  l'œil 
et  l'os  malaire  d'autre  pari;  en  arrière,  elle  s'arrêtait* à  la  partie 
moyenne  de  la  voûte  palatine.  La  tumeur  a  été  mise  à  nu  par  une 
incision  latérale  interne  partant  du  grand  angle  de  l'œil  gauche  et 
descendant  verticalement  jusqu'à  la  lèvre  supérieure,  qui  a  été  divisée. 
.Les  os  ont  été  facilement  sectionnés  avec  la  pince  de  Liston  et' 
quelques  coups  de  ciseau.  M.  Tillaux  appelle  spécialement  Tattenlion 
de  la  Société  sur  la  texture  de  ce  néoplasme.  L'examen  qu'il  en  a  fait, 
confirmé  par  celui  de  MM.  Ranvier  et  Laboulbène,  a  montré  que 
2<  série.  —  TOME  ix.  21 


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—  162  ~ 

c*était  du  cartilage  à  différents  états  de  développement.  Or,  l*enchon- 
drôme  a  pour  caractère  clinique  liabituel  de  âe  développer  lentement; 
celui-ci  n'a  mis  que  trois  mois  à  acquérir  le  volume  d'un  œuf  de 
poule;  il  s'est  comporté  comme  les  tumeurs  que  nous  considérons  or- 
dinairement comme  de  mauvaise  nature.  C'est  à  ce  titre  exceptionnel 
seulement  que  le  fait  a  paru  digne  à  M.  Tillaux  d'être  rapporté  à  la 
Société  de  chirurgie. 

M.  Trelàt.  L'on  doit  appeler  l'attention  sur  le  développement 
rapide  de  cette  tumeur,  qui  était  un  enchondrôme  pur. 

Je  viens  d'observer,  chez  une  jeune  femme  de  29  ans,  un  enchon- 
drôme à  marche  très-rapide.  La  tumeur,  qui  occupait  d'abord  la  partie 
latérale  droite  du  cou,  s'est  développée  en  moins  de  six  mois.  Ses 
limites,  au  moment  de  l'opération,  étaient  la  plèvre,  le  pharjnx,  les 
gros  vaisseaux  du  cou  et;,les  apophyses  épineuses  des  vertèbres  cer- 
vicales. 

Après  avis  de  MM.  Guérin  et  Verneuil,  l'opération  a  été  résolue. 
L'opération  a  été  faite;  il  n'y  a  pas  eu  de  complication  immédiate; 
mais  bientôt  s'est  développée  une  pleurésie  purulente.  En  outre,  chez 
cette  malade,  on  a  observé  des  phénomènes  dus  évidemment  à  la  con- 
tusion de  la  portion  cervicale  du  grand  sympathique. 

La  tumeur,  examinée  au  microscope,  a  été  classée  parmi  les 
enchondrômes  muqueux.    • 
• 

Afreetfon  singallére  des  arcades  alTéolo-dentaires. 

M..  LÉON  Labbé  présente  un  malade  atteint  d'une  affçction  singulière 
des  arcades  alvéolo-dentaires,  et  caractérisée  principalement  par  la 
destruction  lente  et  successive  des  rebords  alvéolo-dentaires. 

Le  nommé  A...,  âgé  de  42  ans,  est  entré  dans  les  salles  de  l'hôpital 
des  Cliniques,  le  10  mars  1868,  pour  une  perforation  de  la  voûte  du 
palais. 

Il  raconte  qu'il  est  né  de  parents  bien  portants.  Son.  père  est  mort 
à  l'âge  de  62  ans,  d'une  attaque  d'apoplexie.  Sa  mère  est  morte  à 
42  ans,  d'une  plaie  de  la  jambe,  pour  laquelle  on  lui  avait  proposé 
l'amputation,  mais  de  nature  mal  déûnie.  Il  s'est  très-bien  porté  dans 
sa  jeunesse,  n'a  jamais  eu  de  gourmes,  ni  aucune  autre  manifestation 
de  la  scrofule.  11  habitait  avec  ses  parents  un  logement  sain,  se  nour- 
rissait bien,  se  trouvait,  en  somme,  dans  d'excellentes  conditions  hy- 
giéniques. 11  a  commencé,  à  14  ans,  à  apprendre  le  métier  de  graveur 
sur  pierres.  Sa  vue  était  parfaite,  et  ce  métier  l'exiffe.  11  ne  louchai| 


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—  163  ^ 

pas  du  tout*  Â  20  ans,  il  a  contracté  un  chancre  de  la  verge,  induré, 
unique,  qui  a  séparé  en  deux  la  partie  inférieure  du  prépuce.  Il  a  fait 
an  traitement  local  :  cautérisation  par  le  nitrate  d'argent;  application 
de  vin  aromatique.  Il  s'est  formé  deux  grosseurs  dans  Taine,  que  des 
sangsues  ont  fait  disparaître.  Trois  mois  après,  il  a  eu  des  plaques 
muqueuses,  dont  on  voit  encore  la  cicatrice  un  peu  au-dessous  de  la 
.commissure  droite  des  lèvres,  et  quelques  semaines  après,  des  taches 
se  sont  montrées  sur.  la  poitrine  et  le  ventre.  Irti'en  a  pas  eu  au  cou, 
ni  à  la  face.  M.  Ricord,  que  le  malade  alla  consulter,  ordonna  des 
pilules  de  proloiodure  de  mercure  et  le  sirop  de  Cuisinier.  Ce  traite- 
ment a  été  suivi  pendant  trois  ou  quatre  mois ,  mais  assez  irréguliè- 
.  rement.  Le  malade  n*avait  net  changé  à  son  régime,  faisait  d'assez 
fréquentes  libations  et  fumait  pour  8  sous  de  tabac  par  jour.  S* aper- 
cevant enfin  qu'il  né  guérissait  pas  et  qu'il  était  toujours  plus  malade 
après  une  nouvelle  débauche,  il  entra  à  Thôpilal  de  là  Pitié  (service 
de  M.  Clément).  11  y  resta  sept  semaines ,  pendant  lesquelles  il  fut 
soumis  à  un  traitement  dépuratif,  et  prit  des  bains  alcalins.  Il  en  sortit 
à  peu  près  guéri.  Sa  santé  se  rétablit,  en  effet,  d'une  façon  complète, 
si  bien  quMl  se  maria  quelques  années  après,  à  l'âge  de  25  ans.  Il  n'a 
eu  de  son  mariage  que  deux  enfants,  un  garçon  de  16  ans  et  une  fille 
de  12.  Ils  sont,  dit-il,  très-frais  et  d'une  santé  excellente.  ^ 

Après  son  mariage,. il  a  continué  son  métier  de  graveur  sur  pierres. 
C'est  un  travail  minutieux,  qui  exige  une  grande  attention.  Il  travail- 
lait beaucoup  et  passait  une  partie  de  ses  nuits  à  rétabli.  Il  avait  la 
vue  très-nette.  Il  se  portait  bien.  Pourtant  il  avait  de  temps  en  temps 
des  adénites  dans  le  creux  axillaire,  à  droite  plutôt  qu'à  gauche.  Son 
travail,  pelon  lui,  en  était  cause.  11  suait  beaucoup,  et  souvent,  dit-il, 
il  était  pris  d'une  sueur  subite,  qui  venait  presque  sans  motif  et  dis- 
paraissait très-rapldement^laissant  après  elle  un  sentiment  de  froid. 
Sa  vie  était  parfaitement  régulière. 

Ily  aS  ou9  ans,  il  a  été  pris  tout  d'un  coup,  un  jour  qu'il  travail- 
lait comme  d'ordinaire,  d'éblouissements.  Sa  vue  s'est  subitement 
troublée.  Les  objets  ne  lui  apparaissaient  plus  qu'à  travers  un  brouil- 
l.iià  si  épais  qu'il  n'aurait  pas  pu  se  conduire.  Il  prit  une  purgation 
dont^l'effet  fut  nul,  et  le  lendemain  alla  consulter  M.  Desmarres. 
Celui-ci  prescrivit  des  applications  successives  de  ventouses  à  cha- 
que tempe  et  ordonna  des  pilules.  Un  mieux  marqué  arriva  bientôt; 
puis  une  petite  grosseur  se  forma  dans  l'angle  internede  l'œil  droit, 
qui  fut  ouverte  par  M.  Desmarres,  et  d'où  sortit  du  pus  avec  du  sang. 
Un  collyre  fut  ordonné,  et  bientôt  le  malade  se  trouva  délivré  de 
tout  ce  qu'il  avait  eu  du  côté  des  yeux.  Il  a  continué  son  métier  de 


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—  164  - 

la  sorte  pendant  environ  trois  ans.  Il  était  allé  habiter  Pontoise.  II 
avait  là  un  logement  humide. 

Au  bout  de  ces  trois  ans,  il  revint  à  Paris,  Il  habitait  à  Vauglrard 
avec  toute  sa  famille  un  logement  assez  malsain.  Il  se  portait  bien  et 
travaillait  parfaitement  au  moment  de  son  retour.  Cela  ne  dura  que 
six  semaines.  Sa  vue  redevint  trouble,  non  pas  comme  la  première 
fois,  car  il  pouvait  travailler  encore,  mais  d'une  façon  notable  pour- 
tant. Il  revint  vers  ^  Desmarres,  qui  ordonna  des  pilules  et  de  la 
tisane  de  chicorée,  et  pratiqua  une  saignée  au  bras.  Les  troubles  de 
la  vue  ne  firent  qu'augmenter.  L'œil  gauche  se  prit  tout  à  fait,  et  il 
paraît  avoir  été  à  ce  moment  le  siège  d'une  inflammation  générale. 
Les  paupières  étaient  très-rougeis,  dit  le  malade;  le  jour  ne  pouvait 
être  supporté,  etc.  Plus  tard,  l'œil  droit  fut  pris  à  son  tour.  Après 
avoir  fait  prendre  assez  longtemps  les  pilules  qu'il  avait  précédem- 
ment ordonnées,  puis  d'autres  pilules,  M.  Desmarres  ordonna  de  Tio- 
dure  de  potassium.  Le  malade  a  pris  de  Tiodure  de  potassium  pen- 
dant fort  longtemps,  près  de  deux  ans  et  demi.  Les  troubles  de  la 
vue  qu'il  avait  présentes  avaient  depuis  longtemps  disparu.  L'oeil 
gauche  était  tout  à  fait  normal;  l'œil  droit  était  très -bas  aussi;  mais 
la  paupière  supérieure  commençait  à  tomber  au-devant  (le  l'œil.  Le 
malade  se  croyait  bien  rétabli.  Il  abandonna  enfin  tout  traitement. 

C'est  peu  de  temps  après  (il  y  a  environ  trois  ans  de  cela  aujour- 
d'hui), que  les  phénomènes  observés  du  côté  de  la  bouche  commen- 
cèrent à  se  manifester.  Les  dents  tout  d'abord  s'ébranlèrent,  celles  rtt  . 
devant  les  premières.  Elles  n'étaient  ni  gâtées,  ni  douloureuses.  Seu- 
lement elles  se  détachaient  les  unes  après  les  autres.  Le  malade 
n'avait  qu'à  tirer  très-légèrement,  et  elles  cédaient.  Quand,  elles 
étaient  ainsi  enlevées  de. l'alvéole,  il  ne  s'écoulait  que  très-peu.  de 
sang,  ou  même  il  ne  s'en  écoulait  point  du  tout,  Les  gencives  se  re- 
fermaient assez  bien  après  la  chute  des  dAts.  Il  y  eut  une  exception 
pour  les  grosses  molaires  du  côté  gauche.  Quand  elles  tombèrent,  il 
s'écoula  une  quantité  de  sang  abondante,  et  la  gencive  ne  se  re- 
ferma point.  Le  malade  sentait,  en  y  passant  la  langue,  une  cavité 
assez  considérable.  Une  hémorrhagie  considérable  se  fit,  huit  jours 
après,  par  cette  ouverture;  le  malade  prétend  avoir  perdu,  à  ce  mo- 
ment, deux  litres  de  sang.  On  l'arrêta  par  le  perchlorure  de  fer.  Elle 
se  reproduisit  15  j^urs  après,  et  de  nouveau  un  mois  a^rès.  Depuis 
lors,  il  ne  s'en  est  pas  fait  de  nouvelle. 

En  même  temps  que  se  produisaient  ces  phénomènes,  la  paupière 
supérieure  tombait  sur  l'œil  droit,  de  plus  en  plus.  C'est  le  seul  trou- 
ble oculaire  dont  le  malade  se  soit  aperçu.  Le  malade  est  resté  chez 


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-  m  — 

lui  depuis  cette  époque.  Il  a'a  suivi  aucun  trallement.  Gamme  la 
perle  de  substance  qu'il  constatait  après  la  chute  des  molaires  du 
côté  gauche  s'est  fort  agrandie,  que  la  voûte  palatine  est  en  partie 
détruite,  et  qu'il  en  résulte  des  troubles  fonctionnels  fort  gênants  pour 
Je  malade  et  toujours  croi^ssants  d'ailleurs,  il  se  décide  à  entrer  à 
l'hôpital  des  Cliniques,  le  10  mars  4868,  dans  le  service  de  M.  Jar- 
javay,  remplacé  par  M .  Labbé. 

Depuis  qu'il  est  à  l'hôpital',  ce  malade  n'a  présenté  à  notre  obser- 
vation aucun  phénomène  nouveau.  L'état  actuel  est  à  peu  ^rès  celui 
qu'il  présentait  au  moment  de  son  entrée.  Pourtant,  la  destruction 
des  os  continué.  Elle  se  fait  seulement  avec  une  extrême  lenteur.  Ce 
n'est  guère  que  du  côlà  de  l'alvéole  droite  que  nous  avons  pu  con- 
stater ce  fait.  Nous  l'avons  fait  d'une  façon  positive. 

État  actuel  —  Examen  de  la  cavité  buccale. 

Il  n'existe  plus  dans  la  bouche  que  trois  dents,  qui  *se  trouvent 
placées  du  côté  gauche  sur  la  mâchoire  inférieure.  On  voit  à  la  mâ- 
choire supérieure  du  côté  gauche,  une  vaste  perte  de  substance, 
beaucoup  plus  longue  que  large,  occupant  tout  le  bord  alvéolaire,  qui 
a  complétemçnt  disparu,  jusqu'à  l'apophyse  ptérygoïde;  elle  s'étend 
en  dedans  et  en  avant  jusqu'à  quelques  millimètres  de  la  partie  mé- 
diane de  la  voûte  palatine.  En  arrière,  la  perforation  va  en  diminuant 
de  largeur.  La  cavité  nasale  du  côté  gauche  est  visible  dans  toute  son 
étendue.  Le  vomer,  les  cornets  inférieur  et  moyen,  la  cavité  du  sinus 
maxillaire,  sont  à  découvert.  Un  stylet  introduit  par  cette  large  ou- 
verture, dans  Ja  crfvité  nasale,  peut  y  être  porté  dans  tous  les  sens. 
Le  doigt  peut  y  être  porté  lui-même.  On  constate  aisément  ainsi  la 
deslruction  complète  du  rebord  alvéolaire.  La  partie,  externe  de  la 
cavité  buccale  est  formée  uniquement  ici  par  les  tissus  de  la  joue.  Le 
voile  du  palais  est  intact. 

Du  côté  droit,  le  bord  alvéolaire  est  en  train  de  disparaître  insen- 
siblement comme  il  l'a  fait  du  côté  gauche.  Il  y  a  là  un'commence- 
n^ent  de  perforation  qui,  selon  le  malade,  a  commencé  quinze  jours 
avant  son  entrée  à  l'hôpital. 

Le  fond  de  la  gorge,  la  muqueuse  de  la  bouche,  sont  parfaitement 
sains. 

En  raison  de  ces  altérations  de  la  voûte  palatine,  la  mastication  est 
impossible.  Le  malade  a  soin  de  hacher  ses  aliments,  et  il  les  avale 
sans  les  mâcher.  Le  moindre  mouvement  de  toux  les  fait  passer  par 
le  nez.  La  parole  est  sourde,  uasonnée  ^u  dernier  point.  Il  faut  écouter 
le  malade  attentivement  pour  le  comprendre. 

Les  fonctions  digestlves  se  font  très-bien. 


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—  166  — 

Les  fonctions  de  Tappareil  pnlmonaire  sont  bien  remplies. 

La  rerge  présente  seulement  la  trace  da  chancre  que  le  malade  a 
eontracté  il  y  a  22  ans. 

Il  faut  noter  des  particularités  très-remarquables  du  côté  du  sys- 
tème nerveux,  de  Tappareil  locomoteur  et  du  sens  de  la  vision. 

Le  malade  est  faible.  11  se  ptaiat  d'éprouver  dans  les  membres  in- 
férieurs; depuis  plusieurs  mois,  des  douleurs  subites ,  fulgurantes, 
rapides  el  groupés  par  paroxysmes ,  qui  reviennent  d'une  façon  irré- 
gulière de  temps  en  temps,  tous  les  quinze  jours  ou  tous  les  mois  par 
exemple,  et  qui  sont  assez  vives  pour  l'empêcher  de  dormir  et  lui 
arracher  des  cris.  Elles  se  font  sentir  surtout  .quand  le  malade  est  au 
repos,  et  particulièrement  la  nuit. 

La  sensibilité  de  la  face  est  à  peu  près  normale.  Un  peu  d'anal- 
gésie peut-^lre.  La  sensibilité  de  la  muqueuse  buccale  a  disparu  dans 
un  très-grand  nombre  de  points. 

OEil  droit. 

La  paupière  supérieure  est  complètement  abaissée,  et  depuis  un  an, 
elle  ne  peut  être  relevée.  Le  releveur  de  la  paupière  est  paralysé  ;  le 
releveur  de  la  pupille  l'est  aussi;  quand  on  relève  la  paupière  et  qu'on 
fait  suivre  un  objet  des  yeux  par  le  malade,  on  constate  de  la  diplopie 
quand  cet  objet  est  porté  en  haut. 

Diplopie  de  même  quand  Tobjet  est  placé  à  gauche,  et  paralysie  du 
droit  interne.  La  dfplopie  est  très-sensible  quand  l'objet  est  placé 
très -peu  à  gauche,  presque  sur  la  ligne  médiane;  quand  on  l'éloigné 
davantage,  la  seconde  image  devient  très-confuse,  et  la  diplopie 
semble  disparue. 

Un  peu  de  diplopie  en  bas.  Paralysie  du  droit  inférieur,  sensible 
surtout  quand  la  paupière  inférieure  est  écartée. 

Pas  de  diplopie  en  dehors. 

En  résumé,  paralysie  de  la  troisième  paire.  Les  pupilles  n'offrent 
pas  d'inégalité  marquée. 

Le  malade  peut  lire  de  l'œil  droit  (avec  ses' lunettes  de  presbyte) 
quand  on  relève  la  paupière. 

OEil  gauche. 

Il  présente  une  chuté  de  la  paupière  supérieure  incomplète.  Le  ma- 
lade est  obligé  de  relever  toujours  la  tête  pour  mieux  voir,  à  raison 
do  celte  chute  de  la  paupière.  L'œil  est  parfaitement  mobile  dans  tous 
les  sens. 

La  marche,  la  station  debout  et  assis  s'ont  normales,  à  part  un  peu 
do  faiblesse  qui.se  fait  sentir  dans  la  marche. 

Quand  les  yeux  sont  fermés  tous  deux,  la  marche  est  un  peu  va- 


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—  16T  — 

cillante.  On  ne  peut  pas  dire  pourtant  que  les  pieds  frappent  le  sol 
d'une  façon  notable.  Le  soi  est  bien  senti  d'ailleurs;  la  plante  des 
pieds  n'a  rien  perdu  de  sa  sensibilité.  Quand  l'œii  gauche  est  fermé, 
que  l'œir droit  est  seul  ouvert  (autant  que  la  paupière  qui  tombe  le 
permet)  la  miarche  est  singulièrement  modifiée.  Le  malade  se  sent 
porté  à  tomber  sur  le  côté  droit  ou  à  tourner  de  ce  côté  (je  l'ai  con* 
staté  hier  pour  la  première  fois). 
La  séance  est  levée  à  cinq  heures  et  demie. 

Le  Secrétaire  :  D^  Léon  Labbé. 


SâANOB    DU    29    AVRIL    1868 
Présldenee  de  M.  LEOOVEST 

Le  procès-verbal  de  la  précédente  séance  est  lu  et  adopté. 

correspondance.  * 

La  correspondance  comprend  : 

—  Les  journaux  de  la  semaine. 

—  L'Union  médicale  de  la  Provence^  le  BuUetin  de  l*Â$sodati<m 
fuidicale  du  Loir-et-Cher. 

—  Méditations  de  philosophie  médicale  et  de  cliniqae  sur  quelques 
wdadies  de  poitrine,  par  le  docteur  Lhuillier;  br.  in-8'», 

—  Du  Service  médical  des  pauvres,  par  le  docteur  Gyoux;  1868; 
in-8». 

— >  Études  statistiques  sur  les  résultats  de  la  chirurgie  conservatrice 
emparés  à  ceux  des  résections  et  des  amputations,  par  le  docteur 
E.  Spiilmann,  médecin-major.  In-8o  extrait  des  Archives  générales  de 
médecine. 

RAPPORT. 

M.  DoLBEAU  fait  un  rapport  verbal  sur  une  observation  de  fracture 
ammintaive  de  la  rotule  avec  plaie  intra-articulaire,  suivie  de  guérison, 
adressée  à  la  Société  de  chirurgie  par  H.  Baizeau,  médecin  de  l'hôpital 
militaire  du  Dey,  à  Alger. 

Depuis  longtemps,  dit  M.  Dolbeau,  la  question  du  traitement  de 


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f  arthrite  pamlente  traamatîque  est  pendante  devant  la  Société  de  chi- 
mrgie.  Pour  remédier  à  celle  grave  complication  des  plaies  des  artica- 
lations,  on  a'  proposé  divers  procédés  :  les  incisions,  la  résection  des 
sarfaces  articulaires,  le  drainage,  etc. 

M.  Baizeau  envoie  à  la  Société  une  observation  favorable  à  ce  der- 
nier mode  de  traiiement. 

Au  début,  ce  chirurgien  eut  recours  aux  débridements,  aux  injec- 
tions alcoolisées,  et  finalement  au  drainage,  qui  paraît  devoir,  dans 
ce  cas,  avoir  tous  les  honneurs  de  la  guérison. 

M.  Dolbeau  propose  :  i°  de  publier,  dans  les  BuUetins,  l'obser- 
vation de  iM.  Baizeau;  2®  d'adresser  à  ce  chirurgien  une  lettre  de 
remercîments. 

Ces  conclusions  sont  mises  aux  voix  et  adoptées. 

M.  Larret.  Avant  d'en  venir  à  l'eipploi  du  drainage,  M.  Baizeau 
avait  eu  recours  à,  toutes  les  ressources  de  la  chirurgie  conservatrice, 
aux  incisions,  aux  contre- ouvertures,  etc.  '  . 

M.  DoLBEAV.  Non-seulement  les  tubes  à  drainage  ont  permis  au  pus 
de  s'écouler  facilement,  mais  de  plus,  à  leur  aide,  on  a.  pu  avoir 
recours  avec  efficacité  aux  injections  et  aux  lavages  répétés. 

•     Fraetnre  cominlniitlTe  de  la  rotule  avec  plaie  intra- 
articulaire.  —  Guérison. 

Par  M.  Baizeau. 

L...,  Joseph,  zouave  au  2«  régiment,  âgé  de  23  ans,  d'une  constitu- 
tion robuste,  était  ivre  lorsque,  dans  la  soirée  du  45  mai  1862,  il 
tomba  du  fort  Mers-el-Kebir,  élevé  environ  de  18  mètres,  sur  des 
rochers.  11  ne  peut  donner  aucun  détail  sur  son  accident.  Il  se  réveilla 
à  deux  heures  du  matin,  voulut  se  relever,  mais  en  s'appuyant  sur 
la  jambe  droite,  il  éprouva  une  douleur  excessive  et  s'affaissa  sur  lui- 
même.  Ses  cris  ayant  élé  entendus  par  un  factionnaire,  on  vint  à  son 
secours  et  il  fut  porté,  à  sa  caserne  et  de  là  dirigé  sur  l'hôpital  mili- 
taire d'Oran,  distant  de?  kilomètres  du  port  de  Mers-el-Rebir. 

A  son  arrivée,  il.  est  tout  endolori  et  présente,  plusieurs  contusions 
légères  sur  divers  points,  mais  il  se  plaint  surtout  d'une  vive  douleur 
au  genou  droit  qui  est  énonnément  gonflé.  En  avant  est  une  petite 
plaie  à  bords  coutus  et  ecchymoses  de  la  largeur  d'une  pièce  de 
20  centimes,  pénétrant  jusqu'au  tissu  cellulaire  sous-cutané.  La  ca- 
vité arliculaire,  fortement  distendue,  est  pleine  de  liquide,  de  sang 
mêlé  de  sérosité.  En  pressant  sur  la  rotule,  on  constate  que  cet  os  est 
raclure  transversalement;  mais  le  gonflement  est  tel  qu'on  ne  sent 


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pas  bien  les  fragments.  Cet  accident  n*a  eu  jusqu'ici  qu'un  faible  re- 
tentissement sur  rétat  général,  le  pouls  est  à  gO  pulsations,  FiTresse 
est  entièreinent  dissipée. 

On  place  et  on  immobilise  le  membre  blessé  dans  une  gouttière 
formant  un  plan  incliné  du  talon  vers  la  cuisse.  25  sangsues  sont  ap- 
pliquées sur  le  genou  et  remplacées  par  des  cataplasmes  laudanisés. 
'  La  plaie  est  protégée  par  un  linge  troué  couvert  d'une  couche  épaisse 
de  cérat. 

La  nuit  est  mauvaise  et  agitée^  et  le  lendemain  le  malade  n'accuse 
aucun  soulagement.  Le  genou  a  une  teinte  bleufttre  qui  s'étend  vers 
la  cuisse.  Le  gonflement  est  le  même  et  la  sensibilité  est  tout  aussi 
grande.  Le  pouls  s'est  élevé  à  92  pulsations;  la  peau  est  chaude,  la 
soifTive,  la  fatigue  générale  plus  marquée  que  la  veille.  Une  nouvelle 
application  de  20  sangsues  est  prescrite  ;  même  pansement,  diète. 

Le  17,  légère  détente,  le  genou  est  moins  douloureux,  quoique  tou- 
jours très-volumineux  ;  fièvre  moindre,  langue  saturale,  inappétence, 
constipation  qui  nécessite  la  prise  de  45  grammes  d'huile  de  ricin. 

Le  19,  le  gonflement  a  diminué  suffisamment  pour  qu'on  puisse 
eiaminer  la  fracture.  L'écartement  entre  les  fragments  est  de  trois 
travers  de  doigt.  Le  supérieur  attiré  en  haut  est  unique  et  représente 
le  tiers  de  la  rotule,  l'inférieur  est  divisé  en  plusieurs  morceaux  iné- 
gaux maintenus  en  contact  par  le  périoste.  La  sensibilité  du  genou  et 
la  distension  de  la  synoviale  sont  trop  grandes  pour  qu'on  essaie  de 
les  rapprocher.  On  continue  les  cataplasmes  arrosés  d'eau  blanche. 

L'amélioration  est  progressive.  11  n'y  a  plus  de  mouvement  fébrile, 
les  nuits  sont  bonnes,  la  soufl'rance  nulle,  l'appétit  reparaît  et  quelques 
aliments  sont  pris  avec  plaisir.  Le  genou  est  moins  tendu  et  moins 
gros,  toutefois  il  renferme  toujours  du  liquide.  Tout  allait  pour  le 
mieux  lorsque,  dans  la  nuit  du  21,  la  plaie  donne  issue  à  une  assez 
grande  quantité  de  sang  provenant  de  l'articulation  et  qui  imbibe  les 
pièces  de  pansement.  Le  lendemain,  je  trouve  le  genou  notablement 
diminué  de  volume;  cependant,  par  des  pressions  exercées  sur  ses 
parties  latérales,  je  ifais  encore  sortir  plusieurs  cuillerées  de  liquide 
sanguinolent,  et  avec  un  stylet  introduit  dans  la  plaie,  je  pénètre 
entre  les  surfaces  articulaires. 

Il  était  bien  difficile  d'éviter  la  suppuration;  je  cherche  pourtant  à 
mettre  Tintérieur  de  rarticulatiOn  à  Tabri  du  contact  de  l'air  enenve- 
loppant  la  partie  antérieure  du  genou  d'une  cuirasse  de  diachylon 
recouverte  de  linge  cératé  et  en  y  ajoutant  une  légère  compression. 
Le  pansement  est  bien  supporté  et  les  liquides  de  la  synoviale  s'écoulent 
tacUement  au  dehors;  mais  le  troisième  jour  je  m'aperçois  de  la  pré- 
2*  série.  —  tomb  ix.  22 


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^  Î16  - 

tence  du  pus,  et  dès  lors  je  comprends  la  nécessité  de  livrer  passade 
à  la  sécrétion  articulaire.  J'élargis  la  plaie  du  genou  et  je  pratique  de 
chaque  côté,  au  point  le  plus  décliné  de  l'interligne  articulaire,  une 
incision  par  laquelle  je  fais  passer  un  tube  à  drainage  qui  vient  sortir 
par  la  plaie  rotulienne.  J'ai  ainsi  deux  drains  qui  traversent  Tarticu- 
lation  d'avant  en  arrière,  par  lesquels  le  pus  sort  avec  facilité  et  qui 
permettent  de  laver  la  cavité  articulaire  trois  et  quatre  fois  par  jour 
avec  une  décoction  de  quinquina.  L'organisme  ne  paraît  pas  souffrir 
de  cette  grave  lésion,  le  malade  se.nourrit  bien,  il  mange  deux  por- 
tions, boit  du  vin  de  Bordeaux  et  de  .quinquina. 

Dans  les  premiers  jours  de  juin,  j'extrais  deux  esquilles  détachées 
du  fragment  inférieur  de  la  rotule  et  je  reconnais  en  même  temps  que 
les  surfaces  articulaires  du  tibia  et  du  fémur  sont  dépouillées  de  leur 
cartilage. 

Vers  le  i  0,  il  survient  quelques  frissons  suivis  d'accès  de  fièvre  assez 
violents  qui  se  renouvellent  pendant  trois  jours  et  font  craindre  une 
infection  purulente.  Ils  cèdent  au  sulfate  de  quinine,  et  le  16  je  dé- 
couvre à  la  fesse  gauche  un  abcès  volumineux  qui  s'est  formé  à  l'insu 
du  malade  et  qui  se  rattache  évidemment  à  ce  mouvement  fébrile.  Je 
l'incise  et  il  s'en  écoule  un  pus  épais  et  phlegmoneux.  Sous  la  même 
influence  la  suppuration  du  genou  a  augmenté  et  est  devenue  sahieuse 
et  plus  odorante.  Des  injections  sont  faites  dans  ces  deux  foyers  puru- 
lents, celui  de  la  fesse  marche  assez  vite  vers  la  cicatrisation;  le 
changement  est  moins  rapide  du  côté  du  genou. 

Le  19,  une  nouvelle  esquille  est  enlevée  à  la  partie  inférieure  de 
la  plaie.  Le  pus  va  en  diminuant,  et  au  milieu  du  mois  de  juillet  des 
bourgeons  charnus  couvrent  les  surfaces  articulaires  fémoro-libiales. 
La  plaie  prérotulienne  se  retient,  la  peau  se  déprime  entre  les  frag- 
ments. Les  drains  sont  retirés  le  15  juillet;  on  continue  néanmoins  les 
injections  par  les  orifices  restés  libres. 

Au  bout  de  sept  à  huit  jours,  du  gonflement  se  manifeste  sous  le 
tendon  rotulien,  et  bientôt  il  se  forme  une  collection  purulente  au- 
dessus  du  genou,  à  la  partie 'interne  de  la  cuisse.  Malgré  l'ouverture 
de  cet  abcès,  l'euflammation  et  la  tuméfaction  augmentent  et  gagnent 
la  région  externe  du  membre  où  apparaît  un  nouveau  foyer  purulent 
qui  est  immédiatement  ouvert.  Un  drain  passant  sous  la  couche  mus- 
culaire établit  une  communication  entre  ces  deux  incisions.  Ce  là  le 
pus  s'infiltre  sous  le  creux  poplité  et  exige  une  troisième  incision.  En 
sondant  les  différentes  plaies,  je  découvre  que  tout  ce  travail  inflam- 
matoire est  dû  à  la  nécrose  du  fragment  supérieur  de  laroluie.  J'en 
fais  l'extraction,  et  à  partir  de  ce  moment,  la  fièvre  et  les  autres 


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troubles  généraux  qui  avaient  reparu  se  dUsipeDt,  ]a  suf^uraiion 
diminue  rapidement.  Le  tube  de  caoutchouc  est  enlevé  le  23  août,  et 
dans  la  première  quinzaine  de  septembre  la  cicatrisation  de  toutes  les 
plaies  est  complète.  Le  genou,  doublé  de  tissus  indurés  après  être 
resté  longtemps  volumineux,  reprend  peu  à  peu  une  forme  plus  régu- 
lière. 

L...  ne  quitte  l'hôpital  qu'au  mois  de  décembre;  alors  il  marche 
facilement  avec  un  bâton  et  fait  des  promenades  prolongées  sans 
fatigue.  Sa  jambe  est  dans 'l'extension,' l'articulation  du  genou  est 
presque  ankylosée,  la  mobilité  en  est  très-bornée.  La  région  rotu- 
lienue  est  aplatie  et  plus  large  que  dans  l'état  normal,  déprimée  trans- 
versalement au  niveau  de  la  rotule  ;  un  peu  au-dessus  est  une  cica- 
trice solide  adhérente  longue  de  5  centimètres;  de  chaque  côté  du 
tendon  rotulien  se  voient  deux  autres  cicatrices  enfoncées  correspond 
dant  aux  ouvertures  des  drains.  A  la  place  du  fragment  supérieur  de 
la  rotule  qui  a  été  extrait  on  sent  distinctement  un  os  de  nouvelle 
formation,  triangulaire,  à  bords  arrondis  et  à  sommet  supérieur, 
mousse  et  dont  le  volume  est  à  peu  près  celui  du  fragment  enlevé. 
La  partie  inférieure  de  la  rotule  est  élargie  et  a  acquis  un  volume 
exagéré. 

J'ai  revu  ce  militaire  un  an  après  sa  sortie  de  mon  service.  Le 
membre  blessé  avait  repris  toute  sa  force  et  son  embonpoint;  la 
marche  était  seulement  gênée  par  l'ankylose  du  genou. 

En  résumant  cette  observation,  on  voit  que  la  fracture  a  été  pro- 
duite par  un  choc  direct  de  la  rotule  sur  uii  corps  aigu,  une  pointe  de 
rocher  probablement  qui  a  dilacéré  la  peau  et  con tondu  les.  tissus 
sous-cutanés  sans  pénétrer  toutefois  dans  l'articulation.  Ce  n'est  que 
quelques  jours  plus  tard»  par  le  fait  de  l'élimination  ou  du  ramollisse- 
pîent  des  parties  conluses,  que  la  sjnoviale,a  été  ouverte.  Dès  lors, 
JL...  a  été  exposé  à  tous  les  dangers  des  plaies  pénétrantes  des 
jgrandes  articulations;. cependant,  à  part  les  premiers  moments  de 
souffrance,  les  quelques  jours  de  fièvre  qui  ont  précédé  la  formation 
He  l'abcès  de  la  fesse  et  la  période  inflammatoire  déterminée  par  la 
nécrose  du  fragment  supérieur  de  la  rotule,  il  n'a  éprouvé  aucun 
accident  sérieux.  Malgré  une  suppuration  abondante  et  de  longue 
durée,  ses  forces  se  sont  maintenues  et  sa  guérison  a  été  menée  à 
bonne  fin. 

Voilà  donc  un.  fait  qui  plaide  en  faveur  de  la  chirurgie  consefva- 
trice.  Mais  il  ne  faut  pas  se  faire  illusion  ;  de  telles  lésions  sont 
longues  à  guérir,  et  ce  n'est  le  plus  ordinairement  qu'après  avoir  tra- 
yérsé  bien  des  prages  et  bien  des  périls  que  le  malade  obtient  une 


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cure  radicale.  Pour  arriver  à  ce  résultat,  Findication  à  remplir  avant 
tout  est  de  faciliter  le  cours  du  pus  au  dehors,  de  multiplier  les  in- 
jections, de  débarrasser  la  synoviale  de^  liquides  irritants  qui,  en 
l'altérant,  menacent  d'infecter  l'organisme.  En  pareille  occasion,  il 
est  incontestable  que  le  drainage  a  des  avantages  réels,  rion-eeulement 
on  n'a  plus  besoin  de  larges  débridements,  mais  les  liquides  trouvent 
une  issue  plus  facile  par  des  tubes  toujours  béants  qui  traversent  les 
articulations  que  par  des  pljiies  dont  les  bords  se  rapprochent  et  qui 
tendent  peu.à  peu  à  se  fermer. 

Quant  aux  injections,  on  peut  les  varier  :  j'emploie  indifféremment 
au  début  les  solutions  chlorurées  ou  phéniquées  ou  la  décoction  de 
quinquina.  Plus  tard  je  les  remplace  par  les  injectmns  iodées  ou  par 
la  teinture  d'aloès.  Les  premières  sont  désinfectantes,  les  secondes 
modifient  les  surfaces  malades.  Chez  un  soldat  piémontais  qui  avait 
eu  à  la  bataille  de  Palestro  la  rotule  brisée  par  une  balle  qui  s'était 
fait  jour  dans  Farticulation,  M.  le  docteur  Earghi  plongea  et  aban- 
.donna  dans  la  cavité  articulaire  un  crayon  de  nitrate  d'argent  fondu.. 
J'ai  été  étonné  du  peu  de  réaction  locale  produite  par  cette  cautérisa- 
tion énergique  et  renouvelée  plusieurs  jours  de  suite.  Obligé  de  partir 
pour  Novarre,  je  ne  sais  ce  qu'est  devenu  ce  blessé.  Le  but  du  chi- 
rurgien de  Vercelli  était-il  de  détruire  la  synoviale,  espérait-il  être 
plus  à  l'abri  de  l'infection  putride  ou  purulente?  Ce  qui  est  positif, 
c'est  que  les  surfaces  suppurantes  étaient  tout  aussi  étendues  et  la 
suppuration  non  moins  abondante;  mais  enfin  n'y  avait-il  pas  à 
craindre  que  le  caustique  n'étendît  trop  loin  son  action  et  ne  facilitât 
le  passage  du  pus  ^ans  le  creux  poplité. 

J'ai  observé  d'autres  blessures  pénétrantes  du  genou  qui  ont  eu  une 
terminaison  également  favorable.  Je  n'ai  malheureusement  pas  re- 
cueilli ces  faits.  Mais  j'ai  encore  présent  à  la  mémoire  un  soldat  auquel 
j'ai  donné  des  soins  en  Italie.  Il  avait  eu  le  genou  ouvert  par  une 
balle  qui  avait  glissé  sous  la  rotule.  Les  accidents  inflammatoires 
furent  intenses,  la  suppuration  abondante.  Vers  la  sixième  semaine, 
elle  se  tarit  et  les  plaies  se  cicatrisèrent,  laissant  une  roideur  assez 
grande  dans  le  genou. 

11  y  a  quelques  jours,  un  officier  de  zouaves  s'est  présenté  à  l'hôpi- 
tal militaire  d*Âlger  pour  être  réformé.  Il  portait  au  genou  gauche 
une  double  cicatrice,  l'une  en  bas  et  en  dehors  de  la  rotule,  l'autre 
en  dedans  et  plus  élevée,  résultant  toutes  deux  d'une  blessure  par 
arme  à  feu,  reçue  pendant  la  campagne  de  1859.  La  balle  avait  dû 
nécessairement  ouvrir  Tarticulation,  et  cet  officier  nous  a  confirmé 
dans  cette  opinion.  Il  a  été  longtemps  dans  les  hôpitaux  d'Itche  et  n'a 


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—  1*73  — 

obtenu  sa  guérison  qu'à  la  suite  de  souffrances  prolongées.  Le  genou 
n'ofifre  aujourd'hui  ni  déformation  ni  gonflement,  et  ne  se  fléchit  que 
très-légèrement.  La  marche  est  facile,  néanmoins  les  longues  courses 
sont  fatigantes,  et  cet  officier  a  dû  renoùcer  à  la  carrière  militaire. 

On  pourrait  certainement  multiplier  ces  exemples  de  guérison,  mais 
il  restera  encore  à  établir  daiis  quel  rapport  ils  sont  avec  les  insuccès. 

COMUUNIGATION. 
Lipome  de  la  m&in,  simulant  un  kyste  syMOirial. 

M.  Trelàt.  Gomme  les  erreurs  sont  au  moins  aussi  profitables  que 
les  succès  pour  celui  qui  les  commet,  je  n'ai  pas  voulu  rester 
seul  à  en  tirer  bénéfice,  et  je  vous  prie  d'accepter  la  courte  commu- 
nication que  voici. 

Il  y  a  quinze  jours,  je  reçus  chez  moi  un  malade  âgé  de  58  ans,  et 
bien  portant  du  reste,  qiii  me  montra  la  paume  de  sa  main  gauche 
occupée  par  une  tumeur  :  celle-ci  s'était  développée  lentement,  sans 
grande  douleur,  causant  seulement,  de  temps  à  autre,  de  la  gêne  et 
un  peu  d'engourdissement  dans  les  mouvements.  La  peau,  nor- 
male dans  sa  couleur  et  sa  consistance,  était  soulevée  eil  bosselures 
arrondies,  saillantes  dans  les  éminences  thénar  et  hypothenar,  et 
surtout  au  niveau  de  cette  dernière.  La.  tumeur  était  absolument 
limitée  à  la  paume  de  la  main;  la  partie  inférieure  de  l'avant-bras 
n'offrait  aucune  trace  de  gonflement.    - 

Quand  on  pressait  l'un  des  deux  lobes  de  la  grosseur,  on  faisait 
refluer  son  contenu  vers  l'autre  lobe.  La  fluctuation  se  produisait  avec 
une  incontestable  netteté.  Le  liquide  semblait  se  déplacer  avec  la  plus 
grande  facilité,  et  quoiqu'on  ne  sentît  pas  de  grains  hordéiformes, 
on  obtenait  néanmoins  une  sorte  de  frôlement  rugueux  et  prolongé 
en  poussant  alternativement  la  masse  vers  l'un  ou  l'autre  de  ses  côtés. 

En  tenant  compte  de  cet  ensemble  de  signes  et  surtout  de  l'évi- 
dence de  la  fluctuation,  je  diagnostiquai  un  kyste  synovial  de  la  paume 
de  la  main,  et  je  pris  jour  avec  le  malade  pour  lui  pratiquer  une 
ponction  suivie  d'injection  iodée. 

Lundi  dernier,  j'enfonçai  un  trocart  dans  la  tumeur,  au  niveau  de 
la  saillie  interne  (hypothenar),  qui  était  la  plus  considérable,  et,  à 
ma  grande  surprise,  rien  ne  sortit  par  la  canule.  Je  la  fis  manœuvrer 
avec  facilité  dans  l'intérieur  de  la  prétendue  cavité;  j'introduisis  un 
stylet  dans  son  calibre.  Rien  n'y  fit;  je  n'obtins  pas  une  goutte  de 
liquide.  J'avais  une  telle  foi  dans  un  diagnostic  auquel  j'avais  donné 
toute  mon  attention,  que  je  ne  fus  pas  convaincu.  Je  supposai  que  le 


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—  174  - 

liquide  était  trop  épais,  ou  bien  que  renveloppe  kystique  formait 
opercule  à  l'orifice  de  la  canule. 

Je  me  procurai  donc  un  Irocart  plus  volumineux  et  bien  effilé,  et  le 
matin  même,  je  renouvelai  la  ponction.  Cette  nouvelle  tentative  eut 
exactement  le  même  résultat  que  la  première.  Évidemment,  je  m'étais 
trompé,  ou  mieux,  j'avais  été  trompé  par  une  symptomatologie  insi^ 
dieuse.  Je  retirai  brusquement  le  trocart,  et  je  réunis  les  deux  oriûces 
de  ponction  par  une  incision  de  3  centimètres  parallèle  à  l'axe  de  la 
main.  Aussitôt  une  m*assS  graisseuse  fit  bernie  à  travers  les  lèvres  de 
la  plaie,  et  des  tractions  légères  me  permirent  d'extraire,  par  cette 
ouverture  peu  considérable,  la  tumeur  que  je  mets  sous  lé^  yeux  de 
mes  collègues. 

C'est  un  lipome  bilobé,  limité  de  tous  côtés  par  une  enveloppe  ceU 
luleuse  qui  a  facilité  son  énucléation.  La  graisse  qui  le  constitue  est 
fine,  délicate  et  peu  résistante.  Cette  masse  graisseuse  reposait  sur 
les  tendons  fléchisseurs  et  était  déprimée  à  son  centre  par  l'aponé- 
vrose palmaire.  La  pression  de  l'aponévrose  et  la  finesse  de  la  graisse 
me  semblent  expliquer  la  fluctuation  perçue  dans  la  tumeur,  et  je 
crois  que  le  frôlement  rugueux  était  dû  au  déplacement  de  lobules 
profonds  sur  les  tendons  fléchisseurs. 

Cette  explication  me  paraît  d'autant  plus  plausible,  qu'au  moment 
où  j'extrayais  la  tumeur  et  où  je  faisais  passer  son  lobe  externe  sous 
l'arcade  aponévrotique  et  sûr  les  tendons,  j'éprouvai  la  même  sensa- 
tion de  frottement  saccadé.      ^  '    . 

Je  maintiens,  en  tout  cas,  que  cette  sensation  ne  ressemblait  que  trèf^- 
imparfiiitement  à  celles  que  donnent  le  déplacement,  la  collision  et  le 
passage,  à  travers  une  étroite  ouverture,  des  graini  riziformes/qu'on 
trouve  dans  les  kystes  synoviaux. 

Aussi,  à  l'avenir,  si  j'avais  à  diagnostiquer  une  tumeur  fluctuanle 
occupant  le  même  siège  et  que  la  crépitation  hordéiforme  ne  fût  pas 
nettement  perçue,  je  garderais  une  prudente  réserve.  Si,  de  plus,  la 
tumeur  était  rigoureusement  bornée  à  la  paume  de  la  main,  sans 
qu'il  fût  possible  de  la  faire  refluer  sous  le  ligament  annulaire  du  poi- 
gnet, me  souvenant  de  mon  observation  et  de  la  malade  que  nous  a 
présentée  M.  Boinet  il  y  a  deux  ans,  malade  chez  laquelle  tous  les 
membres  présents  diagnostiquèrent  un  kyste  alors  qu'il  s'agissait  d'un 
lipome,  je  ne  voudrais  établir  lé  diagnostic  qu'après  avoir  fait  une 
ponction  exploratrice.  C'est,  en  effet,  le  seul  moyen  de  trancher  le 
débat  entre  nos  sens,  qui  disent  :  tumeur  fluctuante,  et  par  consé- 
quent liquide;  et  la  réalité,  qui  dit:  tumeur  graisseuse  fluctuante,  mais 
non  liquide. 


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m- 


DISCUSSION. 


M.  Ghassaignag.  Il  y  a  longtemps  que  des  faits,  consignés  dans  nos 
Bulletins,  prouvent  que,  dans  beaucoup  de  cas,  on  croit  percevoir  la 
sensation  véritable  de  là  fluctuation,  alors  cependant  qu'il  n'y  a  pas 
de  liquide  dans  les  points  soumis  à  Texploration.  Il  ne  faut  donc  pas 
dire  que  la  fluctuation  est  un  signe  pathognomonique  de  la  présence 
d'un  liquide. 

Dans  le  cas  de^lipôme,  c'est  lorsque  celui-ci  siège  dans  une  région 
où  il  est  fortement  bridé,  que  Ton  perçoit  la  sensation  de  fluctuation. 

On  conçoit  assez  facilement  que,  dans  certains  lipomes,  on  puisse 
obserrer  un  certain  bruissement.  Il  sufât  que,  dans  le  voisinage, 
quelques  gaînes  tendineuses  soient  légèrement  enflammées. 

Je  saisis  celte  occasion  pour  dire  que,  dans  les  cas  de  kystes  syno- 
viaux, ce  n'est  pas  le  froissement  des  grains  riziformes  les  uns  contre  . 
les  autres  qui  donne  naissance  au  bruissement  que  l'on  perçoit  alors, 
mais  bien  le  passage  de  ces  grains  à  travers  une  ouverture  étroite. 
J'ai  pu  m'assurer  de  ce  fait  en  pratiquant  une  autopsie,  dont  j'ai 
autrefois  donné  la  relation  devant  là  Société. 

,  Un  individu  avait  un  kyste  synovial  dans  lequel  on  pratiqua  une 
injection  iodée;  la  guérisbn  s'en  suivit.  L'année,  suivante,  il  mourut  à 
l'Hôtel-Dieu  à  la  suite  d'une  maladie  du  cœur.  Je  retrouvai,  dans  une 
des  portions  du  kyste,  des  grains  riziformes;  ceux-ci  ne  passaient 
plus  par  une  ouverture  étroite,  et  la  sensation  spéciale  de  froissement 
n'avait  plus  lieu. 

M.  TiLLAux.  J'ai  vu  chez  M.  Gosselin,  en  1859,  un  malade  qui  pré- 
sentait de  l'analogie  avec  celui  de  M.  Trélat.  Au  niveau  d'un  des  ten- 
dons fléchisseurs  de  la  main,  il  existait  une  tuireur  molle,  fluctuante, 
non  accompagnée  de  froissement.  On  pensa  à  un  kyste,  c'était  un 
.lipome. 

M.  BoiNGT.  L'opinion  de  M.  Chassaignac  est  trop  absolue.  La  même 
sensation  que  l'on  constate  dans  le  cas  de  kyste  synovial,  peut  être 
perçue  lorsqu'il  existe  un  lipome;  on  ne  peut  plus  cependant  invoquer 
le  passage  d'un  corps  étranger  par  une  ouverture  étroite.  Il  faut  donc 
chercher  une  autre  explication. 

Dernièrement,  j'ai  opéré  un  lipome  situé  sur  le  dos  de  la  main. 
La  crépitation  m'avait  fait  croire  à  l'existence  d'un  kyste.  La  fluctua- 
lion  me  paraissait  évidente.  Je  pratiquai  une  ponction  sans  résultat. 

M.  Ghassaignag.  Je  ne  dis  pas  qu'il  ne  peut  y  avoir  de  bruit  sem- 
blable à  celui  dont  il  s'agit  que  dans  les  cas  de  grains  riziformes, 

• 


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—  ne  — 

mais  j'explique  le  mécanisme  d'après  lequel  il  se  produit  lorsqu'il 
existe  des  grains  riziformes. 

Je  crois  que  la  sensation  éprouvée  par  M.  Boinet  et  moi,  pendant 
Texploration  de  quelques  lipomes,  doit  être  attribuée  à  ce  que  ces 
tumeurs  sont  extrêmement  mobiles;  en  conséquen|;e,  la  surface  de 
ces  tumeurs  est  facilement  déplaçable  sur  les  parties  sous-jacentes; 
or,  cotnme  elles  sont  lobées,  on  comprend  que  ces  déplacements 
donnent  lieu  à  une  crépitation,  surtout  s'ils  ont  lieu  au  niveau  d'une 
série  de  tendons  ou  dé  petites  brides  fibreuses. 

M.  Després.  Je  partage  l'avis  de  M.  Trélat  et  de^M.'Chassaignac; 
mais  je  ferai  remarquer  que  M.  Morel-Lavallée  a  présenté  de  nom- 
breux exemples  de  lipomes  crépitants.  Il  a  prétendu  que  la  crépitation 
était  due  aux  frottements  des  grains  du  lipome  les  uns  contre  les 
autres. 

Relativement  au  fait  de  M.  Boinet,  je  dirai  que  les  kystes  syno- 
viaux sont  généralement  très-tendus,  et  que  la  fluctuation  y  est  beau- 
'  coup  moins  perceptible  que  dans  les  lipomes. 

M.  Larret.  Je  ferai  observer  à  M.  Després  que  toutes  ces  observa- 
tions ont  été  très-complétèment  consignées  dans  la  tbèse  de  concours 
de  notre  regretté  collègue  Mipbon. 

COMMUNICATION.     . 

M.  GuÉNioT  communique  la  note  suivante  : 

Slni^tier  phénomène  de  dentition,  on  élimination  spon- 
tanée des  denx  Inelslves  moyennes  supérieures  ehez  on 
nonvean-né. 

Le  10  avril  dernier,  un  enfant  de  9  jours,  bien  conformé,  d'un 
développement  ordinaire  et  du  sexe  masculin,  fut  apporté  dans  mon 
service,  à  l'hospice  des  Enfants-Âssîstés,  avec  les  symptômes  suivants: 

La  lèvre  supérieure,  tuméfiée,  rouge  et  douloureuse  dans  ses  deux 
tiers  moyens,  était  le  siège  d^une  inflammation  pbiegmoneuse  qui 
avait  manifestement  pour  point  de  départ  une  lésion  de  la  gencive. 
Celle-ci,  en  effet,  dans  le  point  correspondant  à  la  première  intisive 
gauche,  était  en  partie  mortifiée,  et  des  détritus  gangreneux,  noi- 
râtres, intéressaient  la  muqueuse  gingivale  dans  une  étendue  de 
15  millimètres,  à  partir  du  filet  labial.  Le  bulbe  de  l'incisive  médiane, 
mis  à  nu  par  la  chute  de  la  dent,  qui  avait  eu  lieu  dès  la  veille,  fai- 
sait une  saillie  volumineuse  dans  cette  plaie  sanieuse  et  irrégulière. 
Il  était  plus  gros  qu'une  lentille,  d'un  rouge-brun  foncé,  turgide,  lin- 
guiforme  et  modérément  sensible.  Rien  de  semblable  n'existait  du  côté 


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—  m  —     # 

droit,  et  tout  le  reste  du  bord  gingival  soit  supérieur,  soit  inférieur, 
se  trouvait  dans  des  conditions  normales. 

Quelle  pouvait  être  la  cause  d'un  phénomène  aussi  singulier? 
Était-ce  la  gangrène  qui  avait  produit  la  dénudation  de  la  dent,  puis 
déterminé  sa  chute;  ou  bien,  au  contraire,  n'était-ce  pas  un  tra-. 
vail  tout  à  fait  anormal  d'élimination  de  cette  incisive,  qui  avait  pro- 
voqué la  mortification  de  la  muqueuse?  Malgré  la  pénurie  des  rensei- 
gnements, il  me  comblait  peu  probable  que  Tenfant  eût  subi,  dans  la 
région  malade,  quelque  traumatisme  propre  à  expliquer  Fexislence  de 
la  gangrène.  D'ailleurs,  celte  étiologie  ne  pouvait  rendre  compte  de 
tous  les  symptômes  constatés.  Ainsi,  la  gangrène  était  trop  super- 
ficielle pour  avoir  pu  atteindre  une  dent  qui  se  serait  trouvée  profon- 
dément cachée  dans  la  gouttière  alvéolaire;  de  plus,  le  bulbe  dentaire 
faisait  une  telle  saillie  sur  le  bord  de  la  gencive  mortifiée,  qu'il  était 
évident  qu'un  travail  d'élimination  avait  dû  favoriser  sa  propulsion. 
Le  petit  malade,  né  à  l'hôpital  des  Cliniques  d'une  mère  qui  mourut 
de  péritonite  le  quatrième  jour  de  ses  couches,  avait  toute  la  surface 
du  corps  en  pleine  desquamation  épidermique;  ses  glandes  mam- 
maires, un  peu  tuméfiées,  fournissaient  à  la  pression  quelques  goutte- 
lettes de  lait;  l'ombilic  n'était  pas  encore  complètement  cicatrisé,  et 
les  parties  génitales  étaient  le  siège  d'un  érythème  qui  s* étendait 
jusqu'au  milieu  des  cuisses.  Quoique  paraissant  avoir  souffert  dans  sa 
nutrition,  l'enfant  n'était  ni  inquiet,  ni  difficile,  et,  à  défaut  de  nour- 
rice, il  prenait  volontiers  le  biberon.  Dans  ces  conditions,  il  me  parut 
que  la  chute  de  l'incisive  était  vraisemblablement  la  conséquence 
d'une  inflammation  du  bulbe  dentaire,  et  que  la  gangrène  de  la  gen- 
cive était  le  résultat,  plutôt  que  la  cause,  d'un  tel  phénomène. 

Cette  interprétation,  toutefois,  restait  jusque  là  contestable;  mais 
elle  reçut  bientôt  une  évidente  confirmation. 

En  effet,  dès  le  lendemain,  11  avril,  je  pus  assister  à  l'évolution 
d'un  même  travail  d'élimination  portant  sur  la  dent  voisine,  c'est-à- 
dire  sur  IMncisive  moyenne  droite  supérieure.  La  gencive  correspon- 
dante faisait  une  saillie  anormale  et  formait  une  tumeur  grosse 
comme  un  pois,  qui  repoussait  à  gauche  le  filet  labial. 

Le  12,  cette  tumeur  avait  un  peu  augmenté  de  volume,  la  gencive 
était  rouge,  enflammée  et  déjà  percée  en  un  point  par  l'angle  interne 
du  bord  de  la  dent.  Enfin,  le  13  au  matin,  celle-ci  tomba  d'elle-même 
après  avoir  traversé  la  gencive,  laissant  à  nu  un  bulbe  volumineux, 
brunâtre,  exactement  semblable  à  celui  de  la  première  dent  expulsée,  . 
et,  comme  lui,  modérément  sensible.  Il  était  saillant  sur  la  gencive  et 
se  trouvait,  en  quelque  sorte,  étranglé  à  sa  racine  par  l'ouverture  de 
S'Jàie.  -—  TOMBA.  *  S3 


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^       —178- 

cette  dernière.  Il  offrait  ainsi  une  frappante  analogie  avec  les  pre- 
•  miers  rudiments  d'une  plante,  lorsque  celle-ci  vient  de  rompre  les 
enveloppes  de  sa  graine  et  qu'elle  commence  à  s'épanouir  au  dehors. 
Le  point  précis  de  la  petite  plâje  gingivale  ne  correspondait  pas  au 
milieu  de  Tépaisseur  du  bord  alvéolaire,  mais  bien  à  l'angle  antérieur 
de  ce  bord  qui,  chez  le  nouvéau-né,  est  mince  et  comme  tranchant. 
Dès  le  14,  c'est-à-dire  vingt-quatre  heures  après  la  chute  de  la  dent, 
le  bulbe,  si  volumineux  la  veille,  avait  complètement  disparu,  et 
l'ouverture  de  la  gencive  ressemblait  à  une  très-pedte  fente  linéaire. 
11  ne  s'était  produit,  cette  fois,  aucune  mortification,  à  l'exception  de 
celle  du  bulbe  qui,  sans  doute,  se  détruisit  ainsi  par  -  gangrène. 
Je  ne  découvris  non  plus,  à  aucun  moment,  des  traces  de  suppu- 
ration. 

Quant  à  la  plaie  gangreneuse  résultant  de  Télimination  de  la  pre- 
mière dent  ou  incisive  gauche,  quoique  compliquée  et  beaucoup  plus 
étendue  ({ue  la  précédente,  elle  se  comporta  néanmoins  avec  une 
grande  simplicité. 

Trente-six  heures  après  la  chute  de  la  deut,  le  bulbe  avait  disparu 
sans  laisser  de  vestiges;  des  cataplasmes  de  fécule-,  appliqués  sur  la 
lèvre,  enlevèrent  promplemeot  l'inûammation  dont  elle  était  le  siège, 
et  la  plaie  gingivale  se  détergea  avec  rapidité,  mais  seulement  après 
que  l'incisive  droite,  fut  tombée. 

Bref,  le  16  avril,  la  guérison  me  parut  assez  avancée  pour  que 
l'enfant  pût  être  abandonné  aux  seuls  soins  d'une  nourrice,  et  je 
signai  son  départ  pour  la  campagne. 

Les  deux  dents  expulsées,  ainsi  qu'on  peut  le  voir,  sont  rigoureu- 
sement configurées  sur  un  même  type.  Elles  sont  symétriquement 
semblables,  et  elles  ne  diffèrent  nullement  des  dents  de  nouveau-né 
encore  cachées  dans  la  profondeur  de  1  alvéole.  Complètement 
dépourvues  de  racine,  elles  sont  réduites  à  la  couronne,  qui  est  large- 
ment excavée.  Elles  représentent  ainsi  deux  coques  solides  composées 
d'ivoire  et  revêtues,  dans  leur  moitié  libre,  d'une  mince  couche 
d'émail  (chapeaux  de  denline). 

J'ignore  si  des  faits  semblables  au  précédent  se  trouvent  déjà  con- 
signés dans  la  science;  la  chose  est  assurément  probable.  Mais  si  l'on 
excepte  les  cinq  cas  publiés  par  M.  le  docteur  Thore,  dans  la  Gazette 
médicale  de  Paris ^  année  1859,  qui  s'en  rapprochent  sous  beaucoup 
de  rapports,  les  observations  doivent  en  être  d'une  extrême  rareté, 
car  ^es  auteurs  spéciaux  que  j'ai  consultés  n'en  renferment  pas  même 
d'analogues.  Mon  collègue  de  l'hôpital,  M.  Parrot,  à  qui  j'ai  fait  voir 
le  petit  malade,  ne  connaît  aucun  cas  de  ce  genre,  et  M.  le  docteur 


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^  M9  — 

Magitot,  malgré  ses  études  sur  la  matière,  n'en  connaît  pas  non  plus 
qui  lui  soient  comparables.  Des  cinq  faits  brièvement  relatés  par 
H.  Thore,  quatre  consistent  dans  une  élimination  de  dents  incisives, 
chez  des  enfants  âgés  d*un  mois  ou  de  six  semaines,  qui  tous  ont  suc- 
combé à  des  affections  viscérales.  L'autopsie  permit  de  constater  Tab- 
sence  de  tout  bulbe  dentaire  dans  les  alvéoles  malades.  Chez  le  cin- 
quième enfant,  âgé  seulement  de  15  jours,  deux  incisives  supérieures 
furent  expulsées  avec  leur  bulbe  à  la  suite  d'une  sorte  d'abcès  alvéo- 
laire qui,  pendant  très-longtemps,  fournit  une  suppuration  à  travers 
la  narine  gauche.  On  voit  que,  dans  les  quatre  premiers  cas,  une 
maladie  viscérale  compliquée  d'affection  buccale,  et,  dans  le  cin- 
quième, une  lésion  locale  grave,  peuvent  expliquer  assez  bien  l'in- 
flammation du  bulbe,  la  chute  de  la  dent  et  les  désordres  plusieurs 
fois  constatés  de  l'os  maxillaire.  ♦ 

Chez  mon  petit  malade,  il  n*en  tïst  plus  ainsi.  La  lésion  était  isolée, 
indépendante  de  toute  affection  viscérale  et,  une  fois  les  deux  dents 
éliminées,  les  plaies  ont  marché  rapidement  vers  la  cicatrisation. 
L'évolution  complète  du  travail  d'expulsion,  bien  constatée  pour  la 
seconde  dent,  ne  permet  guère  dé  douter  qu'il  s'agisse  là  d'une  véri- 
•  table  élimination  des  deux  incisives  moyennes  supérieures,  élimina- 
tion spontanée  ayant  la  plus  grande  ressemblance  avec  celle  d'un 
corps  étranger  accidentellement  introduit  dans  les  tissus.  Le  gonfle- 
ment et  rjnflammation  du  bulbe  paraissent  avoir  été  les  agents  immé- 
diats de  cette  expulsion.  Quant  ô  la  cause  de  l'inflammation  du  bulbe, 
je  suis  porté  à  penser  qu'elle  résulte  d'une  hétérotopie,  ou  situation 
anormale  du  germe  en  dehors  de  la  gouttière  alvéolaire.  En  effet,  le 
bulbe  dentaire,  coiffé  de  son  chapeau  de  dentine,  n'a  point  fait  érup- 
tion sur  l'épaisseur  du  bord  gingival,  mais  bien  sur  l'angle  antérieur 
de  ce  bord;  de  plus,  la  petite  tumeur  formée  par  la. propulsion  de  la 
dent,  avant  le  percement  de  la  gencive,  se  remarquait  sur  la  face 
antérieure  ou  labiale  de  la  inuqueuse  alvéolaire,  et  non  sur  la 
muqueuse  gingivale  proprement  dite.  Superficiellement  placé  au-dessous 
de  la  muqueuse  antimaxillaire  et  en  dehors  de  la  gouttière  alvéo- 
laire, le  bulbe  de  chacune  des  incisives  aurait  donc,  d'après  cette 
1  jpothèse,  subi  une  forte  hyperhémie  ou  même  une  réelle  inflamma- 
tion  pendant  la  période  où  s'effectuent,  chez  le  uouveau-né,  la  mue^ 
épidermique  et  la  fluxion  lactigène  des  mamelles. 

DISCUSSION* 

M.  Blot.  Il  ne  faut  pas  intituler  cette  note  :  Travail  singulier  de 
dentition;  il  faut  dire  tout  simplement  :  Périostite  alvéolo-dentaire. 


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—  180  - 

De  la  lecture  de  M.  Guénîot,  il  résulte  pour  moi  que,  dans  ce  cas,  il 
y  a  eu  un  travail  pathologique.  11  ne  s'agit  nullement  là  d'un  fait  phy- 
siologique sortant  seulement  un  peu  de  la  voie  ordinaire. 

Sur  20,000  enfants  nouveau-nés,  je  n'ai  jamais  vu  de  dents.  On  m'en 
a  montré  souvent,  mais,  je  le  répète,  je  n'en  ai  jamais  vu.  Sans  nier 
d'une  façon  absolue  ces  cas  d'éruption  précoce  des  dents,  je  les  crois 
excessivement  rares,  et  je  pense  qu'il  faut  mettre  des  points  d'inter- 
rogation devant  les  faits  assez  nombreux  cités  to^t  à  l'heure  par 
M.  Guéniot. 

Dans  son  observation,  M.  Guéniot  eût  dû  nous  parler  de  l'état 
général  de  l'enfant.  • 

M.  Guéniot.  Je  ne  tiens  pas  au  titre  de  mon  observation  ;  mais  je 
n'en  avais  pas  trouvé  de  meilleur. 

Relativement  aux  faits  d'éruption  prématurée  des  dents  chez  les 
nouveau-nés«  je  ne  suis  pas  plus  &\é  que  M.  Blot  sur  leur  réalité.  Je 
suis  cependant  tenté  d'y  ajouter  foi.  Dans  les  bulletins  de  la  Société 
de  biologie,  on  trouve  une  observation  d'un  enfant  de  trois  semaines 
ayant  deux  dents  bien  marquées  ;  or,  il  ne  me  répugne  pas  de  croire 
que  ces  dents  étaient  visibles  au  moment  de  la  naissance. 

M.  Blot  n'a  jamais  vu  un  fait  de  ce  genre,  sur  20,000  enfants^ 
environ  soumis  à  son  observation  ;  mais  cela  ne  prouve  pas  grand 
chose,  car  ces  faits  sont  tellement  exceptionnels,  que  leur  rareté  peut 
être  comparée  à  celle  des  grossesses  de  cinq  enfants. 

L'état  général  de  l'enfant  a  été  constamment  bon,  quoiqu'il  ait 
souffert  d'un  défaut  d'alimentation  pendant  quelques  jours  ;  sa  mère 
étant  morte  à  la  Clinique  d'une  péritonite,  l'allaitement  a  été  sus- 
pendu pendant  quatre  à  cinq  jours. 

Ce  fait  difiere  de  ceux  rapportés  par  M.  Thore,  en  ce  que,  sur  cinq 
enfants,  quatre  avaient  succombé  par  suite  de  lésions  viscérales  pré- 
existantes et  même  d'une  lésion  locale;  ici,  rien  de  semblable  n'a  eu 
lieu;  la  gencive  se  rompt,  la  dent  pousse,  meurt,  tombe;  la  gencive 
se  referme,  et  l'enfant  continue  à  se  bien  porter. 

M.  Blot.  11  me  semble  que  vous  avez  dit  qu'il  y  avait  eu  de  la  tumé- 
faction et  de  la  rougeur  au  niveau  de  la  dent. 

M.  Guéniot.  Sur  la  face  labiale  de  la  gencive,  on  a  observé  une 
petite  tumeur,  puis,  le  lendemain,  de  la  rougeur  et  de  la  tumé- 
*faction. 

M.  FoRGET.  Dans  le  fait  de  M.  Guéniot,  il  faut  voir  un  arrêt  de 
développement  ayant  donné  lieu  à  une  lésion  morbide  simple  et  non 
un  phénomène  physiologique.  Il  ne  s'agit  pas  là  d'un  cas  de  dentition 
prémafurée. 


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-  X81  - 

Je  considère  cette  lésion  comme  le  premier  degré  d'une  lésion  que 
j'ai  décrite  dans  mon  mémoire  sur  les  anomalies  dentaires,  et  dans 
laquelle  Tos  incisif  est  détaché  en  totalité  des  deux  maxillaires  avec, 
deux  étages  de  dents. 

M.  Chassaignac.  Si  Ion  veut  établir  ïe  véritable  caractère  de  ces 
expulsions  osseuses  prématurées,  avant  tout  il  faut  voir  si,  pour 
expliquer  ces  faits,  on  ne  trouve  pas  autre  chose  qu'un  phénomène  de 
dentition  physiologique. 

Dans  le  fait  de  M.  Forgot,  il  y  a  eu  de  la  périostite;  dans  celui  de 
E.  Guéniot,  de  la  gangrène  de  la  gencive.  C'est  là  le  point  de  départ  : 
dans  les  deux  cas,  il  y  a  eu  maladie  première.  Ces  Messieurs  ne 
peuvent  pas  établir  que  c'est  dans  le  germe  qu'a  eu  lieu  l'impulsion 
première  du  phénomène  pathologique. 

BI.  FoRGET.  Je  ne  suis  pas  éloigné  de  voir  là  un  fait  d'ensemble; 
lorsque,  dans  un  os  incisif,  on  voit  se  dévebpper  hâtivement  des 
bulbes  dentaires,  on  peut  penser  que  ce  développement  prématuré 
est  le  point  de  départ  du  fait  secondaire,  l'ébranlement -de  l'os. 

M.  GuÉNiOT.  Le  fait  de  M.  Forge t  est  bien  évidemment  anormal. 
M.  Chassaignac  se  demande  si  c'est  le  bulbe  qui  primitivement  a  été 
atteint,  ou  bien,  au  contraire,  si  c'est  la  gangrène  de  la  gencive  qui  a 
provoqué  la  chute  de  la  dent,  l'expulsion  du  bulbe. 

J'élimine  cette  dernière  interprétation,  parce  que  la  gangrène 
était  trop  superficielle  pour  avoir  gagné  l'intérieur  de  l'alvéole, 
et,  de  plus,  parce  que  le  bulbe  était  saillant  dès  le  débuts  ce  qui 
tenait  probablement  à  un  travail  qui  se  passait  profondément  der- 
rière lui. 

Le  lendemain  de  la  chute  de  la  première  dent,  j'ai  assisté  à  l'expul- 
sion de  la  dent  voisine.  Il  n'existait  pas  de  gangrène  de  la  gencive  à 
son  niveau,  mais  peut-être  l'inflammation,  partant  de  la  gencive  voi- 
sine, s'était-elle  propagée. 

PRÉSENTATIONS  DE  PIECES. 

Corps  étrangers  de  l'oreille. 

M.  Lefort.  Je  mets  sous  vos  yeux  u^corps  étranger  que  j'ai  retiré 
avec  beaucoup  de  peine  de  l'oreille  d'un  enfant  de  4  ans. 

Des  tentatives  d'extraction  avaient  été  faites  en  ville  par  plusieurs 
médecins. 

Les  parents  croyaient  qu'il  s'agissait  d*un  œil  de  poupée  en  émail. 
J*explorai  l'oreille,  et  je  constatai  qu'avec  les  pinces  de  trousse,  je  ne 
pouvais  approcher  du  corps  étranger. 


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—  182  - 

Après  des  tentatires  très-courtes  et  infructueuses,  je  pris  la  réso- 
lution, me  fondant  sur  le  renseignement  donné  par  les  parents,  de 
recourir  au  procédé  suivant  :  j'introduisis  un  spéculum  de  l'oreille  et 
me  servis  d'un  foret,  avec  l'intenlion  de  faire  éclater  l'œil  d'émail. 
Malgré  mes  efforts,  l'instrument  ne  mordait  pas  sur  le  corps  étranger, 
et  je  croyais  toujours  avoir  affaire  à  un  œil  d'émail. 

Je  constatai  alors  que  je  pouvais  introduire  une  petite  curette  sur 
l'un  des  côtés  du  corps  étranger. 

J'introduisis  alors  un  morceau  de  laminaria  digitaia  pour  dilater  le 
conduit  auditif.  J'eus  soin  d'employer  une  .tige  d'un  calibre  inférieur 
à  celui  du  conduit  de  l'oreille;  la  dilatation  arriva  rapidement,  et  l'en- 
fant eut  quelques  vomissements. 

Je  pus  alors  arriver  plus  facilement  sur  le  corps  étranger  :  je  pou- 
vais le  saisir,  mais  il  m'était  encore  impossible  de  l'extraire. 

Je  pensai  alors  c^ufr  j'avais  affaire  à  quelque  objet  présentant  deux 
diamètres  différents,  que  le  diamètre  le  plus  considérable  ne  se  trou- 
vait pas  dans  l'axe  du  conduit;  avec  deux  stylets,  j'ai  fait  tourner  le 
corps,  et  je  l'ai  alors  extrait  facilement.  C'était  urfe  petite  tête  de 
poupée  en  porcelaine. 

M.  Marjolin.  J'ai  précisément  sur  moi  un  corps  étranger  que  j'ai 
extrait  de  l'oreille  d'un  jeune  enfant  ces  jours  derniers  :  il  s'agit  d'un 
morceau  de  strass  coloré.  * 

Quand  les  corps  étrangers  sont  très-friables,  rien  de  plus  facile  que 
d'en  avoir  raison;  mais  lorsqu'ils  sont  durs  et  lisses,  on  peut  se 
trouver  en  présence  de  véritables  difficultés.  Les  tentatives  d'extrac- 
tion avec  les  pinces  ne  donnent  pas  habituellement  de  résultat  satis- 
faisant, et  peuvent  provoquer  des  désordres  très-graves. 

On  peut  essayer  avec  avantage  de  passer,  derrière  le  corps  étran- 
ger, une  anse  de  fil  métallique  ou  de  corde  à  boyau;  mais  le  moyen 
ke  plus  efficace  consiste  à  faire  des  injections  à  l'aide  d'une  forte 
seringue  ou  d'un  irrigateur. 

M.  GuERSANT.  Je  rejette  toujours  l'emploi  des  instruments  qui 
peuvent  devenir  la  source  de  çravfes  blessures.  Je  me  contente  des 
injections,  mais  des  injections  à  courant  très-fort. 

M.  Debiarqdat.  La  supposition  de  la  présence  d'un  corps  étranger 
dans  l'oreille  peut  donner  lieu  à  des  manœuvres  chirurgicales  très- 
graves.  J'ai  donné  dernièrement  des  soins  à  un  monsieur  qui,  se  trou- 
vant dans  une  de  nos  grandes  villes  de  province,  crut  s'être  introduit 
dans  l'oreille  un  corps  étranger,  le  boilt  d'un  porte-plume.  On  fit 
appeler  plusieurs  chirurgiens;  des  tentatives*  réitérées  d'extraction 
furent  pratiquées;  le  tympan  fut  perforé,  et  cependant  il  n'y  avait 


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~  183  — 

alors  et  il  n'y  avait  jamais  eu  de  corps  étranger  dans  le  conduit  auditif 
externe. 

M.  BoiNBT.  Je  partage  l'opinion  de  MM.  Marjoiin  et  Guersant  sur 
Tefficacité  des  injections  à  fort  courant. 

M.  Lefort.  J'approuve  remploi  des  injections  et  j'y  ai  volontiers 
recours.  Dans  le  cas  actuel,  il  s'agissait  d'un  corps  étranger  qui  avait 
été  enfoncé  par  suite  de  manœuvres  exécutées,  et  autour  duquel  il 
était  impossible  de  passer  le  stylet  le  plus  fin.  Dans  ce  cas,  les  injec- 
tions n'auraient  pu  donner  aucun  résultat. 

r 
Calculs  de  la  vessie. 

M.  Dbmarquàt  présente  une  série  de  calculs  enlevés  sur  deux 
malades,  offrant  les  particularités  suivantes  : 

Le  premier  malade,  âgé  de  53  à  54  ans,  souffrait  de  la  pierre 
depuis  dix  ans.  A  Texamen,  on  constatait  qu'il  existait  un  volumineux 
calcul  viscéral.  La  taille  sus-pubienae  fut  pratiquée  sans  l'aide  de  la 
sonde  à  dard,  qui  aurait  pu  intéresser  le  péritoine.  La  pierre  elle- 
même  a  servi  de  conducteur  :  son  poids  est  de  172  grammes.  Le 
malade  n'a  éprouvé  aucun  accident  périlonéa);  il  est  mort  de  sup- 
pression d'urine. 

A  l'autopsie,  on  a  constaté  une  double  néphrite  purulente  et  une 
pyélo-néphrite. 

Le  second  malade,  71  ans,  a  été  opéré  par  la  taille  bilatérale,  à  cause 
du  volume  de  la  prostate  et  du  nombre  des  calculs,  qui  étaient  de 
51  grammes.  Un  des  calculs  avait  pour  noyau  une  plume  d'oie.  Ce 
malade,  qui  était  affecté  de  rétention  d'urine  ivant  l'opération,  n'a 
point  recouvré  la  faculté  d'uriner  d'une  manière  normale.  Il  urine 
par  regorgement,  ce  qu'il  ne  faisait  point  avant,  et  cela  toutes  les 
heures. 

La  séance  est  levée  à  cinq  heures  et  demie. 

Le  Secrétaire  :  D'  Léon  Labbb. 


SÂANCB    DU    6  KAI  1868 
Présidence    de   M.    LEGOUEST 

Le  procès-verbal  de  la  précédente  séance  est  lu  et  adopté. 


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—  184- 


GOBRESPONDANCE. 


La  correspondance  comprend  :  ' 

Une  lettre  de  madame  Laljprie  conçue  en  ces  termes  : 

«  A  M.  le  Président  de  la  Société  impériale  de  chirurgie. 

«  Monsieur  le  Président, 

tTai  recours  à  votre  bienveillante  intervention  pour  prier  la  So- 
ciété impériale  de  chirurgie  de  vouloir  bien  instituer  un  prix  qui  por- 
tera le  nom  de  mon  mari  (prix  Edouard  Laborie). 

«  J'affecte  à  cette  fondation  une  rente  annuelle  de  1,200  francs,  et  il 
me  serait  agréable  qu'il  n'y  eût  point  d'exclusion  parmi  les  con- 
currents. 

a  Je  joins  ci-incluse  la  somme  destinée  au  prix  de  la  première  an- 
née. Les  formalités  d'usage  seront  remplies  en  temps  voirlu  pour  per- 
pétuer un  souvenir  qui  m'est  si  cher. 

«  Veuillez,  monsieur  le  Président,  agréer  l'assurance  de  ma  par- 
'  faite  considération. 

«  M.  Laborie.  » 

L'original  de  la  lettre  de  madame  Laborie  sera  déposé  dans  les  ar- 
chives de  la  Société. 

M.  le  Président  remet  à  M.  le  trésorier  le  mandat  de  1,200  francs 
envoyé  par  madame  Laborie. 

La  correspondance  comprend  en  outre  : 

Les  journaux  de  la  semaine  :.  Le  Bulletin  de  thérapeutique.  —  Les 
Archives  générales  de  médecine.  —  La  Gazette  médicale  de  Strasbourg. 
—  Le  Journal  de  médecine  de  VOuest.  —  Le  Bulletin  des  irwêux  de  la 
Société  impériale  de  médecine  de  Marseille.  —  Traitement  de  Vangine 

diphthérique,  par  M.  Antonio  Barborec;  Lisbonne,  in-8<^,  1868. 

• 

M. "le  Président  annonce  que  M.  le  docteur  Azam,  de  Bordeaux,  et 
M.  le  docteur  Notta,  de  Lisieux,  membres  correspondants,  assistent  à 
la  séance. 

DISCUSSION     A     PROPOS     DU    PROCÈS-VERBAL. 
Sur  les  Dentitions  prématurées. 

M.  GiRALDÈs.  Quelques  membres  de  la  Société  semblent  considérer 
comme  très-extraordinaires  les  faits  de  dentition  précoce.  Je  ne  veai 


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—  185  — 

pas  rappeler  les  faits  historiques,  mais  les  faits  modernes  sont  assez 
nombreux.  Billard  avait  observé  plusieurs  fois  celte  disposition  ;  j'ai 
pu,  moi-même,  faire  souvent  cette  observation  à  l'hôpital  des  Enfants 
assistés  et  à  la  consultation  de  l'hôpital  des  Enfants  malades. 

M.  Guéniot  aurait  pu  trouver,  dans  le  bulletin  de  la  Société  de 
biologie,  une  note  de  moi,  dans  laquelle  sont  rapportés  beaucoup  de 
ces  faits. 

M.  Guéniot.  L'objet  de  ma  communication  ne  portait  pas  sur  le 
fait  de  la  dentition  prématurée,  mais  sur  Télimination  très-rapide,  en 
24  heures,  des  dents. 

M.  Guéniot  a  reçu  de  M.  Ernest  Besnier,  médecin  des  hôpitaux,  une 
lettre  dans  laquelle  celui-ci  dit  avoir  observé,  il  y  a  p^u  de  temps,  un 
enfant  venu  au  monde  avec  deux  dents  incisives  t-ès- complète- 
ment développées.  Les  matrones,  lorsqu'elles  observent  des  faits  sem- 
blables, dit  M.  Besnier,  ont  Thabitude  de  pratiquer  l'extraction  des 
dents  le  lendemain  de  la  naissance.  Dans  le  cas  observé  par  M.  Bes- 
nier, les  personnes  qui  entouraient  Tenfant  lui  firent  presque  un  re- 
proche de  n'avoir  pas  suivi  celte  pratique» 

ExtraetloH  des  corps  étrangers  de  l'oreille. 

m.  GiRALDÈs.  L'usage  des  douches,  dans  le  cas  de  corps  étrangers 
de  Toreille,  est  admis  par  la  généralité  des  chirurgiens,  et  il  n'est  pas 
justifiable  d'aller  chercher  ces  corps  avec  des  instruments  et  surtout 
avec  les  pinces,  qui  causent  tant  de  désordres. 

M.  Lbfort.  Les  douches  ne  donnent  pas  des  résultats  aussi  mer- 
veilleux que  M.  Giraldès  veut  bien  le  dire.  Je  n'ai  agi  comme  je  l'ai 
fait  que  parce  qu'il  était  impossible  de  procéder  autrement.  On  m'a 
ramené  Tenfant  à  l'hôpital,  il  va  bien. 

M.  Blot.  Le  moyen  sur  lequel  M.  Giraldès  insiste  n'est  pas  aussi 
inoffensif  qu'il  le  croit.  J'ai  vu  Ménière  enlever  ainsi  un  bouchon  cé- 
rumineux.  La  douche  très-forte  que  l'on  employa,  amena  une  suppu- 
ration de  l'oreille;  la  surdité  devint  d'abord  plus  considérable  et  plus 
tard  incurable.  Je  ne  puis  dire  si  le  tympan  fut  détruit  par  la  douche, 
mais  en  tout  cas  il  le  fut  par  la  suppuration. 

Je  conclus  qu'il  ne  faut  pas  manier  les  douches  sans  une  certaine 
précaution. 

M.  Chassaignàg.  On  ne  doit  renoncer  aux  douches  qu'après  les 
avoir  essayées  très-sérieusement.  Je  ne  crois  pas  que  l'accident  si* 
gnalé  par  M.  Blot  puisse  être  attribué  à  la  douche,  à  moins  que  le 
tympan  ne  fût  préalablement  malade  et  friable. 

^  iéri^.  —  TOME  IX.  S4 


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—  186  — 

• 

M.  GiRALDÈs.  Dans  les  cas  d'accumulation  de  cérumea ,  il  y  a  dila** 
tation  du  conduit  auditif,  le  tympan  est  dépouillé  de  son  épithélium  et 
un  peu  ramolli.  Si  Ton  pratique  alors  une  injection,  on  se  trouve 
dans  des  conditions  bien  différentes  de  celles  qui  se  présentent  lors- 
qu'un corps  étranger  est  introduit  dans  Toreille  complètement 
saine. 

J'ajouterai  que  l'usage  des  instruments  métalliques  peut  donner 
lieu  à  des  erreurs.  On  peut  prendre  pour  un  corps  étranger  une  por- 
tion d'os  dénudé. 

M.  Blot.  Je  n'ai  pas  voulu  être  aussi  affirmatif  que  paraissent  le 
croire  mes  collègues.  Je  n'ai  pas  dit  que  c'était  la  douche  qui  avait 
perforé  le  tympan. 

M.  GuERSANT.  Dans  les  cas  très-nombreux  où  j*ai  employé  les  irri- 
gations, je  n'attachais  pas  beaucoup  d'importance  à  employer  une 
force  très-grande;  mais  je  tenais  à  répéter  les  séances  d'irrigation.    . 

LECTURE. 

M.  NoTTA,  de  Lisieux,  membre  correspondant,  lit  un  travail 
intitulé  : 

Réflexiona  anr  deux  èas  de  movt  à  la  suite  d*faiJeetloiiB 
de  liqneur  de  Villate 

Deux  cas  de  mort  à  la  suite  d'injection  de  liqueur  de  Yillate,  par 
M.  Heine  {Extraits  de  Wirchow  archiv.,  48  novembre  1867)/ ont  été 
publiés  dans  la  Gazette  hebdomadaire,  numéro  du  14  février  dernier. 
Ces  deux  cas,  d'après  M.  Heine,  ajoutés  à  celui  que  M.  Legouest  a 
signalé  à  la  Société  de  chirurgie  en  1866,  portent  à  trois  le  nombre 
des  morts  attribuées  à  l'usage  de  ce  médicament.  Ces  faits  seraient 
de  nature  à  jeter  une  certaine  défaveur  sur  cette  médication,  s'ils 
étaient  accompagnés  de  détails  précis,  indiquant  qu'aucune  des  règles 
que  j'ai  posées  pour  l'emploi  de  ces  injections  n'a  été  omiu^ort 
heureusement  il  n'en  est  rien,  et,  ainsi  que  j*espère  le  démoaM^es 
ob.^ervations  publiées  dans  la  Gazette  hebdomadaire  ne  prouvempas 
que  la  liqueur  de  Yillate  soit  responsable  de  ces  funestes  résultats. 

De  ces  trois  faits,  j'en  écarterai  deux  qui,  en  définitive,  n'en  sont 
qu'un  seul,  car  celui  de  M.  Legouest,  qui  n'avait  pas  été  observé  par 
cet  émiuent  chirurgien,  n'est  autre  que  celui  de  M.  Hergott,  dont  il 
avait  eu  connaissance  indirectement  lorsqu'il  le  signala  à  la  Société 
de  chirurgie. 


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Dans  ce  fait  de  M.  Hergott,  observé  en  1863,  et  cité  dans  le  travail 
dé  M.  Heine,  il  s'agissait  d'un  petit  garçon  de  10  ans,  atteint  de  fis- 
tules dans  la  région  trochanlérienne.  On  fit  une  injection  d'une  très- 
petite  quantité  de  liqueur  de  Villate.  Douleur  très-vive.  Un  vomisse- 
ment, refroidissement,  et  mort  le  soir  même  de  l'injection. 

L'analyse  du  sang  et  du  foie  et  l'autopsie  ne  donnèrent  que  des 
résultats  négatifs.  Est-ce  à  Cduse  de  ces  résultais  négatifs  que  l'on 
attribue  la  mort  du  malade  à  la  liqueur  de  Villate?  Qu'entend-on, 
d'ailleurs,  par  les  résultats  négatifs  de  l'autopsie?  Mais  si  je  posais 
toutes  les  questions  que  suggère  un  fait  présenté  de  celte  façon,  que 
prouverais-je,  sinon  que  cette  observatron  manque  de  tous  les  élé- 
ments nécessaires  pour  avoir  quelque  valeur,  à  moiqs  que  le  posl  hoc^ 
propfer  hoc  ne  devienne  une  preuve  scientifique.  Aussi  ne  m'y 
arréteraî-je  pas  plus  longtemps  et  aborderai-je  immédiatement  le  seul 
fait  important,  qui  est  celui  observé  par  M.  Heine. 

Dans  celle  observation  (1),  «  il  s'agissait  d'une  jeune  fille  de 
12  ans,  chez  laquelle,  à  la  suite  d'une  résection  des  os  du  tarse, 
existaient  des  trajets  fistuleux  fongueux  qui  n'avaient  aucune  ten- 
dance à  la  guérison.  On  pratiqua  une  injection  de  liqueur  de  Villate, 
la  moitié  d'une  petite  seringue  à  injection  environ  fut  injectée  sous  une 
pression  assez  forte.  La  malade  accusa  aussitôt  une  vive  douleur,  et, 
pendant  l'injection^  une  assez  grande  quantité  de  sang  s'écoula  de  la 
plaie.  Quelques  minutes  plus  tard,  la  malade  était  d'une  pâleur  cada- 
vérique, plombée  ;  un  frisson  violent  avec  claquement  de  dents,  le 
refroidissement  des  extrémités  s'étaient  brusquement  établis;  le  pouls 
était  petit,  accéléré;  la  plaie  avait  une  teinte  brunâtre;  la  tempéra- 
ture qui,  le  matin,  était  de  38  degrés,  s'abaissa  peu  à  peu,  vers  le 
soir,  jusqu'à  34«,2.  Le  pouls  s'affaiblit,  et  le  soir,  il  était  à  140  pul- 
sations. Le  frisson,  qui  dura  plusieurs  heures,  fut  suivi,  dans  la  nuit, 
d'une  période  de  chaleur,  puis  de  sueurs  ;  peu  à  peu  la  malade  devint 
somnolente,  elle  eut  une  évacuation  diarrhéique,  elle  s'affaiblit  de 
plus  en  plus  et  mourut  à  minuit,  le  jour  même  de  l'injection. 

t  A  l'autopsie  nous  noterons,  parmi  les  particularités,  la  couleur 
rofoge  rerise  ou  carminée  du  sang,  l'œdème  des  poumons  et  l'hyper- 
cMilc  bronchique;  enfin,  dans  une  préparation  du  sang  fluide  contenu 
dans  le  ventriciule  droit,  on  trouva,  au  microscope,  un  cristal  rhom- 
boédrique  de  sulfate  de  cuivre.  » 

M.  Heine  n'hésite  pas  à  rapporter  la  mort,  dans  ce  cas,  à  une 


(1)  Je  oite  textuellement. 


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—  188  — 

intoxication  brusque  par  rentrée  de  la  liqueur  de  Yillate  dans  les 
vaisseaux.  Nous  partageons  son  opinion.  Il  est  évident  qu'une  veine  a 
été  ouverte,  et  que  Tinjection  de  liqueur  de  Yillate  pure  a  pénétré 
dans  le  torrent  de  la  circulation;  le  cristal  de  sulfate  de  cuivre  trouvé 
sur  le  champ  du  microscope  dans  une  préparation  de  sang  fluide  con- 
tenu dans  le  ventricule  droit,  et  les  autres  détails  de  l'observation, 
paraissent  ne  laisser  aucun  doute  à  cet  égard.  Mais  je  le  demande,  de 
bonne  foi,  peut-on  attribuer,  dans  ce  cas  particulier,  la  mort  de  la 
malade  à  l'action  toxique  de  la  liqueur  de  Yillata?  Que  Ton  eût  injecté 
dans  la  veine  de  la  teinture  d'iode  ou  une  solution  de  nitrate  d'argent» 
on  eût  obtenu  le  même  résultat  et  personne  n'en  eût  été  surpris. 
Eh  bienl  la  liqueur  de  Yillate,  comme  l'iode,  comme  le  nitrate  d'ar- 
gent, doit  être  injectée  dans  les  trajets  ûstuleux  et  non  dans  les  veines, 
et  alors  elle  n'est  pas  toxique.  Ce  n'est  donc  pas  elle  qu'il  faut  rendre 
responsable  de  la  mort  de  la  malade,  mais  bien  la  manière  dont  on 
l'a  employée.  Et  ici,  qu'il  me  soit  permis  de  dire  à  ce  propos,  malgré 
les  nombreux  desiderata  que  l'on  trouve  à  chaque  pas  dans  celte 
observation,  que  la  plupart  des  règles  que  nous  avons  tracées  pour 
l'emploi  de  ce  médicament  n'ont  point  été  observées. 

D'abord,  on  ne  nous  dit  pas  combien  il  y  avait  de  temps  que  la 
résection  des  os  du  tarse  avait  été  faite,  lorsque  Tinjection  fut  pra- 
tiquée. Or,  nous  avons  recommandé  de  n'employer  la  liqueur  de  Yil- 
late que  dans  les  affections  anciennes,  et  même  plus  la  maladie  est 
chronique,  plus  les  résultats  obtenus  sont  remarquables.  Dans  les 
affections  d'origine  récente,  elle  peut  présenter  des  inconvénients,  mais 
jamais  elle  n'a  occasionné  la  mort. 

Avait-on,  ainsi  que  je  l'ai  conseillé,  dilaté  les  trajets  ûstuleux  pour 
prévenir  la  rétention  de  la  liqueur  de  Yillate?  Âvait-on  essayé 
préalablement  des  injections  de  teinture  d'iode  ou  de  vin  aromatique 
pour  s'assurer  de  quelle  manière  elles  se  comportaient  et  pour  se 
rendre  compte  de 'la  quantité  de  liquide  qui  pouvait  rester  dans  les 
clapiers?  Enfin,  a-t-on  commencé  par  tâter  la  susceptibilité  de  la 
malade  en  faisant  une  injection  de  celte  liqueur,  étendue  d'eau?  Rkn 
de  tout  cela  n'a  été  fait,  ou  du  moins  on  ne  le  mentionne  pas  dans 
l'observation. 

Si  j'insiste  sur  ces  questions  de  détail,  c*est  plutôt  pour  montrer 
le  peu  de  valeur  de  cette  observation  que  pour  expliquer  la  mort, 
qui  Test  suffisamment  par  l'injection  de  la  liqueur  dans  une  veine. 

Maintenant,  M.  Heine  ne  nous  dit  rien  de  la  composition  de  la 
liqueur  dont  il  s'est  servi  :  cela  a  pourtant  son  importance.  Cepen- 
dant, par  la  lecture  des  réflexions  qui  suivent  son  observation ,  je 


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—  189  — 

serais  porté  à  croire  que  la  liqueur,  qu'il  a  employée  n'est  point 
eiactement  celle  qfie  nous  avons  préconisée.  Ainsi,  il  parle  de  préd" 
pité  brunâtre.  La  liqueur  de  Villate,  faite  suivant  la  formule  de  Yil- 
late  (1),  donne  un  précipité  blanc  de  sulfate  de  plomb,  précipité  blanc 
qui  prend  une  teinte  s^  à  cause  de  la  coloration  vert-foncée  du 
liquide  dans  leqyel  il  est  en  su«pension,  mais  qui  n*est  aucunement 
brunâtre,  comme  le  dit  M.  Heine. 

M.  Heine  a  trouvé  au  microscope,  dans  une  préparation  de  sang 
fluide  pris  dans  le  ventricule  droit,  un  cristal  rhomboédrique  de  sul- 
fate de  cuivre.  Je  ne  h  conteste  pas  ;  mais  alors,  quelle  était  la  pro- 
portion de  sulfate  de  cuivré  dans  sa  liqueur?  Celle  dont  nous  avons 
donné  la  formule  contient  0,065  milligr.  de  sulfate  dé  cuivre  par 
gramme,  en  supposant  que  Tacétate  de  plomb  soit  sans  action  sur  ce 
sel.  Mais, l'acétate  de  plomb,- décomposant  au  moins  un  tiers  du  sèl  de 
euivre,  il  en  résulte  qu'un  gramme  de  liqueur  de  Yillate  contient  au 
plus  0,04  centig.  de  sulfate  de  cuivre.  En  admettant,  dans  le  fait  de 
M.  Heine,  que  l'on  ait  injecté  dans  les  veines  5  grammes  de  liqueur 
de  Yiliate,  ce  .qui  est  le  poids  du  liquide  contenu  dans  la  moitié  d'une 
petite  secingue  à  injection,  il  n'aurait  pénétré  dans  le  système  circu- 
latoire que  0,20  centig.  de  sulfate  de  cuivre  dissous.  Or,  peut-on 
^  admettre  que  ces  0,20  centig.  de  sel  de  cuivre  dissous  et  mêlés  à  la 
masse  totale  du  sang  de  sa  malade  pendant  douze  heures,  saturent 
ce  liquide  à  un  point  tel  qu'il  dépose  un  cristal  microscopique,  il  est 
vrai,  mais  enfin  reconnaissable?  Il  me  semble  qu'une  pareille  hypo- 
thèse  est  inadmissible,  et  que 'l'on  se  trouve  forcé  d'en  conclure  ou 
que  M.  Heine  a  iujecté  une  liqueur  de  Yillate  autrement  saturée  de 
sulfate  de  cuivre  que  la  nôtre,  ou  qu'il  a  pris  pour  un  cristal  de  ce 
sel  ce  qui  n'en  était  pas. 

Plus  loin,  M.  Heine  parle  d'acide  acétique,  et  il  attribue  la  mort  à 
Taction  de  cet  acide.  Mais,  et  j'ai  beaucoup  insisté  sur  ce  point 
{Réponse  à  quellfues  objections  à  l* emploi  de  la  liqueur  de  ViUate,  etc., 
l'ifnian  médicale,  22  et  24  novembre  1866),  ce  n'est  pas  de  l'acide 
acétÎ4g[ue  qui  doit  entrer  dans  la  composition  de  la  liqueur  de  Yillate, 
•éa  yinaigre  de  vin.  Le  vinaigre  de  vin  blanc  est  bien  de  l'acide 


(1)  Voici  cette  formule  : 

Sous-acétate  de  plomb  liquide. ,. 30  p^. 

Sulfate  de  cuivre  crist )  .« 

Sulfate  de  zinc  crist ,  (  ^' 

Vinaigre  de  vin  blano : . .  ...  200  gr. 


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—  190  — 

acétique,  mais  beaucoup  moins  corrosif  que  Tacide  acétique  des  phar- 
maciens, et  ii  y  a,  au  point  de  vue  physiologi(jlie,  une  différence 
capitale  entre  la  liqueur  de  Yillate  préparée  avec  Tun  ou  l'autre  de 
ces  acides.  Celle  préparée  avec  l'acide  acétique  cause  des  douleurs 
tellement  insupportables  chez  Thomme,  qu'elle  peut  causer  des  acci- 
dents, et  que  j'ai  dû  y  renoncer.  Le  vinaigre  de  Tin  blanc  est  beaucoup 
mieux  toléré  par  les  malades. 

Par  tous  ces  motifs  que  nous  venons  d'énumérer,  nous  sommes 
autorisé  à  nous  demander  quelle  était  la  composition  de  la  liqueur 
employée  par  M.  Heine. 

Nous  avons,  comme  M.  Heine,  cherché  à  nous  rendre  compte  du 
degré  de  danger  que  pouvait  présenter  la  liqueur  de  Yillate  lors- 
qu'elle pénétrait  dans  l'économie  soit  par  absorption,  à  la  suite  d'une 
injection  sous-cutanée,  soit  brusquement  dans  le  système  circulatoire 
à  la  suite  d'une  injection  dans  une  veine;  et  prenant  pour  base  Tob- 
servation  de  M.  Heine,  nous  avons  pensé  que  si  le  liquide  contenu 
dans  la  moitié  d'une  petite  seringue  à  injection,  dont  le  poids  est  de 
5  grammes,  avait  pu  déterminer  la  mort  chez  un  enfaat  de  iî  ans, 
donX  nous  eslimeroos  le  poids  approximativement  à  25  kilogrammes, 
dix  à  douze  gouttes,  ou  0,«H0  centigr.,  devraient  empoisonner  un  lapin 
pesant  2  kilog.  1/2. 

Ex'périence  L  —  Le  11  avril  (1),  nous  avons  pris  deux  lapms 
pesant  chacun  5  livres,  et  nous  avons  injecté,  sous  la  peau  du  dos  de 
ces  deux  animaux,  avec  la  seringue  de  Pravaz,  10  gouttes  de  liqueur 
de  Yillate  pure.  Chez  l'un,  nous  avoAs  injecté  la  liqueur  verte  faite 
avec  le  vinaigre;  chez  l'autre,  la  liqueur  bleue  faite  avec  l'acide  acé- 
tique. Ce  dernier  a  paru  plus  incommodé  que  le  premier.  Pendant 
deux  heures,  ces  animaux  n'ont  pas  mangé.  L'extrémité  du  nez  se 
contractait;  les  flancs  battaient  avec  précipitation,  puis,  peu  à  peu, 
ces  accidents  se  sont  calmés,  et,  le  lendemain,  ils  paraissaient  très- 
bien  portants.  '^ 

Eocpérience  IL  —  Le  14  avril,  sur  les  deux  mêmes  lapins,  je  mets 
à  nu  la  veine  crurale  et  j'injecte  doucement,  avec  la  seringue  de  Pra- 
vaz,  dans  cette  veine,  20  gouttes  de  liqueur  verte  à  Fun  et  10  gouttes 
de  liqueur  bleue  à  l'autre. 

Après  l'opération,  ils  paraissent  éprouver  quelques  instants 
d'anxiété.  Battements  précipités   des  flancs,  particulièrement  chez 


(1)  M.  Corbière,  vétérinaire  trta-distingiié,  m*a  prêté  ion  oonoours  pour 
pei  divertei  «zpéri« 


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eeltii  chez  Ie<fael  j'avais  injecté  la  liqueur  bleue.  Deux  heures  après, 
ils  mangent  et  ne  paraissent  plus  incommodés. 

Expérience  in.  —  Sur  un  des  deux  lapins  qui  ont  servi  aux  expé- 
riences précédentes,  le  17  avril,  j'injecte  sous  la  peau  du  dos 
20  gouttes  de  liqueur  verte.  Mêmes  phénomènes  que  précédemment. 
Les  jours  suivants,  il  estl)îen  portant. 

Expérience  IV.  —  Le^  20  avril,  sur  chacun  de  mes  deux  mêmes 
lapins,  .j'injecte  sous  la  peau  40  gouttes  de  liqueur  de  Villale.  Pour 
cela,  je  pratique  une  piqûre  sur  chaque  flaqc,  et  par  Chaque  piqûre, 
j'injecte  20  gouttes.  A  l'un  de  ces  animaux,  j'injecte  de  la  liqueur 
bleue;  Jk  l'autre,  de  la  liqueur  verte.  Ils  ne  sont  pas  plus  incommodés 
que  dans  les  expériences  précédentes.  Au  bout  de  deux  heures,  ils 
mangent  la  nourriture  qu'on  leur  apporte,  et  le  lendemain  et  les  jours 
suivants,  ils  paraissent  bien  portants.  * 

Expérience  F.  —  Le  17  avril,  à  deux  heures  de  Taprès-midi,  sur  un 
chien  d'assez  forte  taille  pesant  15  livres,  nous  mettons  à  nu  la  veine 
crurale  droite,  et  nous  injectons  avec  les  plus  grandes  précautions, 
sans  qu'une  •  seule  bulle  d'air  pénètre  dans  la  veine,  1  gramme  de 
liqueur  de  Villate  verte. 

La  plaie  est  réunie  par  une  suture;  l'animal  est  inquiet,  souffrant, 
ses  flancs  battent  avec  violence;  la  respiraiion  est  profonde.  Cet  état 
dure  une  heure  environ,  puis  peu  à  peu  il  se  remet,  et  le  soir,  à 
sept  heures,  il  mange  de  la  viande,  et  la  nuit,  il  mange  une  soupe 
au  lait  qu'on  a  placée  auprès  d&Iui.  Les  jours  suivants,  il  parait  ne 
pas  se  ressentir  de  cette  injection. 

Expérience  VL  —  Le  20  avril,  sur  le  môme  chien,  nous  mettons  à 
nu  la  veine  humérale,  et  nous  y  injectons  6  grammes  de  liqueur  de 
Yillate  verte.  Immédiatement  la  respiration  devient  profonde,  préci- 
pitée. 11  y  a  du  hoquet,  deux  vomissements;  il  rend  ses  urines,  puis 
des  matières  fécales,  et  il  meurt  sans  convulsions  tétaniques,  un 
quart  d'heure  après  l'injection. 

Le  lendemain  matin,  nous  pratiquons  l'autopsie  :  raideur  cadavé- 
rique prononcée;  les  poumons  ne  sont  point  œdématiés.  A  la  coupe, 
il  ne-s'écoule  pas  de  liquide  séro -sanguinolent.  Ils  sont  souples,  cré- 
pitants et  manifestement  emphysémateux  dans  toute  leur  étendue. 
A  peine  présentent-ils  quelques  traces  de  congestion  à  leur  partie 
inférieure.  Le  cœur  et  les  gros  vaisseaux  renferment  un  sang  noir, 
non  coagulé,  ayant  la  consistance  d'un  sirop  épais,  mais  ne  présentant 
nullement  la  coloration  de  laque  carminée  signalée  par  M.  Heine 
Le  ventricule  droit  est  médiocrement  distendu  par  ce  sang.  Quant  an 
Sauche,  il  est  contracté  et  n'en  eontient  qu'une  très^petite  quantité. 


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—  192  - 

Des  expériences  qui  précèdent,  il  résulte  que  la  liqueur  de  Villate 
injectée  sous  la  peau  des  lapins  ne  détermine  aucun  accident  à  des 
doses  même  fort  élevées  eu  égard  au  volume  'de  Tanimal.  Ainsi,  ils 
ont  pu  supporter  40  gouttes  ou  2  grammes  de  cette  liqueur  sans  être 
incommodés,  alors  que  déjà  ils  avaient  servi,  les  jours  précédents,  à 
de  nombreuses  expériences  du  même  genre  qui  auraient  dû  affaiblir 
notablement  leur  résistance  vitale,  si  la  liqueur  de  Villate  était  aussi 
toxique  que  le  feraient  supposer  les  expériences  de  M.  Heine. . 

L'injection  de  liqueur  de  Villate  à  la  dose  de  50  centigrammes  à 
1  gramme  dans  les  veinés  des  lapins  et  d'un  chien  n'a  point  amené 
de  troubles  durables  dans  la  santé  de  ces  animaux. 

Ces  expériences  nous  démontrent  l'extrême  tolérance  avec  laquelle 
l'économie  paraît  supporter  c-ette  injection.  Il  est  vrai  qu'une  dose  de 
6  grammes  a  déterminé  la  mort  du  chien  :  mais  quel  est  le  médicament 
même  le  plus  innocent  qui,  injecté  dans  une  veine  huniérale  à  cette 
dose,  ne  déterminerait  pas  la  mort? 

Nous  pouvons  donc  conclure  que,  contrairement  aux  expériences  et 
aiix  assertions  de  M.  Heine,  la  liqueur  de  Villate  peut,  sans  inconvé- 
nient, être  injectée  en  petite  quantité,  dans  le  sang,  chez  les  animaux. 

En  résumé,  je  crois  avoir  établi  que  la  mort,  dans  le  fait  de 
M.  Heine,  est  due  à  Tinjection  de  la  liqueur  de  Villate  dans  les  veines 
de  sa  malade;  que  son  observation  est,  du  reste,  fort  incomplète  et 
que,  d'après  ses  propres  expressions,  il  a  dû  employer  une  injection 
dont  la  composition  diffère  de  celle  que  nous  préconisons;  d'où  il  suit 
que,  jusqu'à  présent,  aucun  fait  ne  prouve  qne  la  liqueur  de  Villate 
employée  d'après  les  règles  que  nous  avons  indiquées,  ait  déterminé 
la  mort. 

Si  un  cas  malheureux  se  présentait,  nous  demandons  qu'il  soit 
publié  dans  tous  ses  détails,  afin  que  chacun  puisse  juger  si  la  faute 
en  est  au  médicament  ou  à  la  manière  dont  il  a  été  employé,  et  si 
j'insiste  sur  ce  point,  c'est  que  j'ai,  par  devers  moi,  des  faits 
que  je  me  propose  de  publier  plus  tard,  dans  lesquels  j'au- 
rais dû  perdre  mes  malades,  si  la  liqueur  de  Villate  était  aussi  toxique 
que  l'on  veut  bien  le  dire  :  c'est  qu'il  est  vraiment  étonnant  que  la 
liqueur  de  Villate  ait  été  employée  pendant  des  années,  dans  le  ser- 
vice de  M.  Velpeau,  pour  le  traitement  des  fistules  rebelles  succédant 
aux  abcès  du  sein,  et  qu'elle  soit  journellement  mise  en  usage  par 
M.  Nélaton  dans  les  affections  les  plus  diverses,  sans  que  ces  habiles 
chirurgiens  aient  eu  aucun  accident  à  déplorer.  Aussi  suis-je  heureux 
de  pouvoir  m'appuyer  sur  l'exemple  et  Tautorité  de  ces  illustres 
maîtres  pour  mettre  en  garde  sur  les  cas  de  mort  publiés  jusqu'à  ce 


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—  193  — 

jour,  et  pour  appeler  sur  eux  une  enquête  sévère  et  détaillée  qui  per- 
mette de  se  prononcer  sur  leur  valeur. 

COMITÉ  SBGRBT. 

La  Société  se  forme  en  comité  secret  pour  entendre  un  rapport  sur 
les  titres  des  candidats  à  la  place  de  membre  titulaire. 
La  séance  est  levée  à  cinq  heures. 

Le  Secrétaire^  D^  Léon  Labbé. 


SÉANCB    DU   13  MAI   1868 
Présldenee   de  M.   LEGOUEST 

Le  procès-verbal  de  la  précédente  séance  est  lu  et  adopté, 

GORRESPONDANCB. 

La  correspondance  comprend  : 
<—  Les  journaux  de  la  semaine. 

—  Rapports  sur  \q  Mal  de  Saint-Lazare^  ou  Élephaniiam  des  Grecs; 
—  sur  la  Gazette  médicale  de  Mexico,  extraits  des  archives  de  la  Com- 
mission scientifique  du  Mexique,  par  M.  Larrey. 

—  Étude  sur  les  Hôpitaux  de  Romey  thèse  inaugurale,  par 
M.  Et.  J.  SchaeufTele. 

Traitement  da  bee-de-Uèvre* 

  Toccasion  du  procès-verbal,  M.  Broca  croit  devoir  donner 
quelques  explications  sur  une  lettre  adressée  au  rédacteur  de  la 
Gazette  des  Hôpitaux^  par  M.  le  professeur  Sédiliot,  de  Strasbourg. 

Cette  lettre,  dit-il,  a  été  motivée  par  la  publication  de  ma  note  sur 
Vapplicaiim  de  la  suture  osseuse  au  traitement  du  bec-de-  lièvre  corn' 
pliqué.  Elle  aurait  sans  doute  été  adressée  à  notre  président,  si  notre 
éminent  collègue,  M.  Sédillot  avait  su  que  mon  travail  avait  été  Inà 
]a  Société.  La  mention  de  ce  fait  n'ayant  pas  été  donnée  (et  je  le 
regrette)  par  la  Gaulle  des  Hôpitaux^  il  était  naturel  de  croire  que 

2«  série.  —  TOMR  ix.  Î5 


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-  W4  — 

Fartiele  avait  été  oomanisiqué  directeioeiit  au  rédacteur.  M.  Sédillot« 
trompé  par  les  apparences,  a  d(Hic  adressé  au  journal  sa  reetiôcation^ 
et  il  Fa  fait,  d'ailleurs,  dans  des  termes  si  courtois,  que  je  dois,  avant 
tout,  le  remercier  de  sa  bienveillance. 

gi  j'avais  écrit  un  travail  ex  'professe  sur  le  point  de  chirurgie  que 
j'ai  traité,  je  me  serais  fait  un  devoir  de  citer  l'opinion  de  tous  les 
chirurgiens  dont  les  écrits  font  autorité,  et,  parmi  eux,  je  nie  serais 
bien  gardé  d'oublier  M.  Sédillot;  mais  la  note  que  je  lisais  à  la  Société 
de  chirurgie  a'était  que  la  suite  d'une  discussion  commencée  dans  une 
précédente  séance.  A  l'occasion  d'un  cas  de  bec-de-lièvre  double  et 
très-compliqué  présenté  par  M.  Demarquay,  j'avais  émis  Topinion 
qu'on  pouvait  tenter  de  conserver  le  tubercule  incisif,  et  je  m'étais^ 
trouvé  seul  de  mon  avis. 

Il  en  eût  été  sans  doute  autrement  il  y  a  vingt-cinq  ans,  époque  oii 
mon  maître,  Biandin,  venait  d'instituer  le  procédé  d'excision  triangu- 
laire de  la  cloison,  qui  permet  de  réduire  aisément  le  tubercule 
osseux.  Ce  procédé  fut  alors  accueilli  avec  faveur  par  les  chirurgiens  ; 
mais  lorsqu'on  eut  vu  que  le  tubercule  restait  mobile,  qu'il  était 
inutile  et  gênant,  on  revint  peu  à  peu  à  la  méthode  de  Franco,  si  bien, 
je  le  répète,  que  l'idée  d'appliquer  le  procédé  de  Biandin  à  la  petite 
malade  de  M.  Demarquay  fut  écartée  par  tous  mes  collègues.  Lors- 
qu'une opinion  reçoit  un  pareil  accueil  à  la  Société  de  chirurgie,  on 
peut  dire,  devant  cette  Société^  qu'elle  est  généralement  abandonnée; 
mais  je  n'ai  pas  dit,  pour  cela,  qu'elle  fût  repoussée  par  tous  les  chi- 
rvrçiens.  J'ai  annoncé,  au  contraire,  dès  les  premières  lignes  de  ma 
note,  que  j'allais,  à  l'aide  d'une  observation  clinique,  «  démontrer  la 
possibilité  d'un  fait  nié  par  la  plupart Jles  chirurgiens.  »  C'est  après 
cette  phrase  que  j'ai  ajouté  :  «  On  s'accorde  généralement  à  dire 
aujourd'hui  que  le  tubercule  incisif  doit  être  enlevé....  »  Le  mot  géné- 
ralement^ faisant  immédiatement  suite  aux  mots  :  la  plupart  des  chi- 
rurgiens, exprime  évidemment  la  même  idée.  En  deux  autres  passages, 
j'ai  encore  parlé  des  chirurgienSf  mais  nulle  part  M.  Sédillot  n'a  pu 
lire  dans  ma  note  que  j'aie,  suivant  l'expression  qu'il  me  prête,  «  cité 
l'opinion  de  tons  les  chirurgiens,  »  et  mérité  par  là  d'être  spirituelle- 
ment comparé  à  madame  de  Sévigné,  qui  crut  voir  un  jour  «  toute  la 
France  »  dans  la  chapelle  du  château  de  Versailles. 

L'éminent  professeur  de  Strasbourg  n'est  donc  pas  fondé  à  croire  ' 
que  j'aie  négligé  de  lire  son  important  Traité  de  médecine  opératoire; 
mais  il  a  raison  de  vouloir  bien  me  compter  parmi  les  partisans  de 
l'École  de  Strasbourg.  Je  fais  tous  mes  efforts  pour  profiter  des  beapx 
travaux  de  cette  École.  Dans  le  cas  particulier  du  bec-de-lièvre,  toute- 


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—  195  ^ 

fois,  je  dois,  avant  tout,  me  ranger  au  nombre  des  disciples  de 
Blandio,  dont  j'ai  cherché  à  compléter  le  procédé  en  y  ajoutant  l'avi- 
yemeot  et  la  suture  du  tubercule  osseux,  procédé  que  j'ai,  pour  ainsi 
dire,  vu  naître  sous  mes  yeux,  car  j'étais  attaché  au  service  de  ce  pro- 
fesseur en  1843,  époque  où  il  l'inventa. 

ÉLECTION  d'un  MEMBRE  TITULAIRE.  ' 

L'ordre  du  jour  appeïîe  Id^  nommation  d'un  membre  titulaire. 
La  Commission  chargée  de  Texamen  des  titres  des  candidats  aralt 
placé  : 
En  première  ligne,  M.  Marc  Sée; 
En  deuxième  ligne,  M.  Dopïay  ; 
En  troisième  ligne,  M.  Paulet. 
Sur  26- votante,  obtiennent  : 
M.  Marc  Sée,  i^  voix; 
M.  Paulet,  5  voix  ; 
M.  Duplay,  2  reix. 

NOMINATION    DE    COMMISSION. 

Nomination  d'une  Commission  pour  l'examen  de»  titres  des  candi- 
dats à  la  place  de  membre  titulaire. 

Cette  Commission  sera  composée  de  MM.  de  Saint-Germain,  Guyon 
et  Tillaux. 

CQVMUNIGAnON. 
Sur  la  rapidité  de  développement  de  certains  enchondrômes. 

-«-  M.  Trslat.  m.  TiitaQx ,  dans  une  communication  récente  sur 
im  cas  dTen^ondrôme  de  la  mâchoire  supérieure,  a  appelé  votre 
atleition  sur  la  très-çrande  rapidèté  avee  laquelle  cette  tucaeur  s'était 
développée. 

Je  Tiens  d'avoir  l'occasion  d' observa*  éeus.  faits  de  développemoart 
rapide  de  renchondrôme.  Dams  le  premier  cas,  il  s'agissmt  d'une  jeune 
iemme,  dont  j'ai  déjà  parlé  ici,  et  chez  laqneiie  une  énorme  tumeut 
de  la  partie  latérale  du  cou  mit  environ  dix-huit  mois  à  atteindre  son 
ir«luiiie.  Cette  tomeor  était  un  encboncbrôme  pur. 

Ce  m»tiD  même  j'ai  enlevé,  snt-  une  femne,  une  trnneor  de  la 
région  parotidienne,  qui  s'était  développée  en  trois  ans.  J'avais  n^ 
une  certaine  réserve  dans  mon  diagnostic  et  posé  la  cpiestion  de 
l'esLisIcDCs  possible  d'one  simple  hypertrophie. 


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—  196  — 

L'opération  qui»  d'ailleurs,  n'a  présenté  aucune  difficulté,  une  foit 
terminée,  j'ai  pu  voir  que  la  tumeur  présentait  exactement  les  mêmes 
caractères  que  celle  dont  je  viens  de  parler.  Je  parle  des  carac- 
tères observables  à  l'œil  nu,  car  l'examen  microscopique  n'a  pat 
encore  été  fait. 

«  En  présence  de  pareils  faits,  jie  pense  que  la  question  de  la  rapi- 
dité ou  de  la  lenteur  du  développement  des  tumeurs  cartilagineuses 
demande  à  être  soumise  à  une  révision  sérieuse. 

Déjà,  au  point  de  vue  de  l'anatomie  pathologique,  on  a  de  la  ten» 
dance  à  admettre  des  variétés  dans  le  groupe  des  tumeurs  qui  ren* 
ferment  des  éléments  cartilagineux. 

Je  voudrais  savoir  si  les  faits  tels  que  celui  de  H.  Tillaux  et  les 
miens  sont  exceptionnels,  ou  bien,  au  contraire,  s'ils  sont  plus  com- 
muns qu'on  ne  Ta  cru  jusqu'à  ce  jour. 

M.  Després.  Les  faits  analogues  à  ceux  dont  nous  ont  entretenu 
MM.  Tillaux  et  Tréiat  ne  sont  pas  rares  pour  les  enchondrômes  vis- 
céraux. Les  bulletins  de  la  Société  de  chirurgie  renferment  des  faits 
d'enchondrôme  testiculaire  à  marche  rapide.  Dans  ces  cas,  on  a 
constaté  les  caractères  qui  sont  attribués  par  Wirchow  à  l'enchon- 
drôme  muqueux. 

On  trouve  aussi,  dans  les  Bulletins  de  la  Société  anatomique  et  de 
la  Société  de  chirurgie,  des  observations  de  tumeurs  qui  se  sont 
développées,  comme  le  fait  le  cancer,  et  qui  renfermaient  des  élémefits 
cartilagineux,  mais  pas  lés  éléments  du  cartilage  normal.  On  a,  en 
outre,  rencontré  dans  ces  tumeurs  des  éléments  fibro-plastiques. 

11  faudrait  se  demander  si,  dans  les  ca»  de  MM.  Tillaux  et  Tréiat, 
il  n'existait  pas  des  éléments  fibro-plastiques. 

M.  Tillaux.  Je  ne  crois  pas  à  la  ressemblance  des  tumeurs  du  tes- 
ticule, dont  a  parlé  M.  Després,  avec  celles  de  M.  Tréiat  et  la  mienne. 
Dans  le  cas  que  j'ai  obserré,  il  n'y  avait  pas  une  foule  d'éléments 
anatomiques,  mais  bien  du  cartilage  pur  et  rien  autre  chose.  J*avais 
diagnostiqué  une  tumeur  fîbro -plastique,  à  cause  de  la  rapidité  dû 
développement  de  la  produeti(m  morbide.  Rien,  dans  l'examen  anato- 
mique, fait  par  MM.  Laboulbène,  Ranvier,  Quinqaud  et  moi,  n'a 
permis  de  justifier  ce  diagnostic.  Il  n'y  avait  pas  de  traces  d'élémentà 
fibro-plastiques.  > 

Ces  tumeurs  sont  peu  fréquentes,  et  à  l'œil  nu  môme,  ne  peuvent 
être  confondues  avec  des  tumeun  fibreuses,  car  leur  aspect  est  tout  à 
fait  celui  du  cartilage. 

M.  Després.  Je  ne  discute  pas  les  faits  de  MM.  Tillaux  et  Tréiat  ; 
mais  je  dis  qu'il  y  a  une  quantité  très-considérable  de  tumeurs  qui 


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—  19T  — 

renfenneat,  dans  leur  intérieur,  du  cartilage  et  autre  chose  que  du 
cartilage. 

Dans  toutes  les  tumeurs  classées  parmi  les  enchondrômes,  il  n'y  a 
pas  exclusivement  de  la  substance  fondamentale  et  des  cellules  de 
cartilage.  Il  existe  aussi  du  fibro-cartilage,  et  Ton  trouve  au  milieu 
des  fibres  des  cellules  embryonnaires  de  cartilage.  Je  crois  que  toutes. 
les  tumeurs  qui  ont  été  observées  jusqu'à  ce  jour,  et  qui  marchaient 
très-vite,  ne  renfermaient  que  des  éléments  de  ce  genre  et  non  pas 
les  éléments  normaux  du  cartilage. 

M.  Ghassaignag.  Relativement  à  cette  grande  variabilité  de  durée 
des  enchondrômes,  il  est  bien  évident  qu'aujourd'hui  les  faits  sont 
mieux  observés  qu'autrefois.  Jadis^  on  a  considéré  ces  tumeurs  sous 
un  autre  jour;  ainsi,  l'on  a  rangé  beaucoup  d'enchondrômes  parmi 
les  tumeurs  colloïdes.  Ceci  explique  les  difiërences  attribuées  à  l'évo- 
lution de  ces  tumeurs. 

Dans  toutes  ces  tumeurs,  il  faut  tenir  compte  de  plusieurs  condi-^ 
Uons  :  i^  de  la  présence  du  tissu  cartilagineux;  2<'  de  la  présence  de 
tissus  secondaires  propres  à  la  région;  3»  de  l'état  général  du  sujet 
qui  peut  accélérer  la  marche  de  la  production  morbide,  la  composition 
anatomique  restant  la  même. 

M.  GiRALDÈs.  M.  Trélat  veut  qu'on  soumette  à  une  révision  com- 
plète l'histoire  des  enchondrômes.  Pour  réviser  cette  question,  il  fau- 
drait soumettre  tous  les  faits  à  un  mode  d'investigation  identique» 
l'examen  microscopique.  Or,  à  ce  point  de  vue,  la  plupart  des  faits 
anciens  doivent  être  mis  de  côté;  ainsi,  toutes  ces  tumeurs  indiquées 
par  M.  Després  n'ont  pas  été  examinées  iivec  un  soin  convenable,  et 
ron  ne  peut  en  tenir  compte. 

M.  Dksprés.  Les  observations  auxquelles  j'ai  fait  allusion  sont  des 
faits  très-sérieux,  tels  que  ceux  qui  appartiennent  à  M.  Lhonneur,  à 
H.  Dauvé,  ceux  rapportés  dans  la  thèse  d'un  élève  de  FËcole  de 
Lyon,  M.  Conche,  etc. 

M.  Trélat.  M.  Després  a  pris  la  parole  deux  foiç,  d'abord  pour 
s'occuper  de  nos  observations;  mais  les  faits  rapportés.par  M.  Tillaux 
et  par  moi  ne  doivent  pas  donner  lieu  à  discussion,  car  il  s'agit  d'en- 
chondrômes purs. 

Que  certaines  tumeurs  mixtes  marchent  avec  rapidité,  cela  est  pos- 
sible, mais  cela  n'a  rien  à  voir  avec  nos  faits. 

En  second  lieu,  M.  Després  .a  trac4un  historique  fort  approximatif 
de  la  doctrine  de  Wirchow,  en  ce  qui  concerne  les  enchondrômes. 
Dans  la  description  donnée  par  M.. Després,  je  ne  vois  absolument 
rien  qui  prouve  qu'il  ne  s'agit  pas  là  d'enchondrôme.  Ce  qu'il  y  a  d'im- 


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—  198  — 

portant  dans  les  faits  que  je  yiens  de  signaler,  c'est  qo'assuréoient  ih 
sont  exceptionnels  et  noal  connus  encore. 

M.  Ghassaignac.  Pour  bien  conaprendre  et  interpréter  la  marehe 
lente  de  certaines  tumeurs,  il  faut  bien  avoir  présente  à  l'esprit  rêve-* 
IvlioB  de  quelques  infiansnnttions  chroniques,  dans  la  compositiotf 
desquelles  ou  Toit,  à  un  certain  momeKt,  interrenir  des  éléments 
nouveaux,  Féléoient  cancéreux,  par  exemple.  Dans  un  cas  de  ce 
g«Kre,  on  ne  pevt  dire  que  Ton  a  eu  affaire  à  une  tumeur  cancéreuse 
pure  à  marche  lente. 

Un  individu;  biâi  portant  d'ailleurs,  a  une  tumeur;  puis  son  état 
général  se  modifie,  et  il  devient  cancéreux.  Bh  bien  !  dans  ce  cas,  ce 
H'est  pas  sur  le  terrain  de  la  composition  anatomique  de  la  tumeur 
qu'il  faut  se  placer  pour  juger  la  question,  mais  sur  celui  de  Tétai 
général  du  sujet. 

M.  FoRGET.  Sans  vouloir  rien  enlever  aux  observations  de  tf.Ghas-^ 
saignac,  je.  veux  seulement  faire  remarquer  qœ  cette  question  de 
dégénèresoence  des  tumeurs  par  suibstitutîott  de  tissu  a  déjà  été 
agitée,  ii  j  a  une  qninaaine  d'années,  devant  la  Société  de  chi- 
rurgie. 

PRÉSENTATION  DE  HUliWE. 

M.  GuERSANT  présente  un  jeune  enfant  qui  n'a  qu'un  os  à  Tavant- 
bras,  et  à  la  main  un  seul  doigt.  Les  avaat-bras  sont  fléchis  sur  les 
bras  et  dirigés  en  arrière. 

La  séance  est  levée  à  cinq  heures. 

Le  secrétaire,  D'  Léon  Laiwé. 


SÉANCE  DU  20  HAÏ   1868 
.PvésÂdeiuse   de  K*  LECÏOUEST 

Le  procès-verbal  de  la  précédente  séance  est  lu  et  adopté. 

GOREŒSPONDANGE* 

La  correspondance  comprend  : 

-^  Les  jouvnaux  de  la  semaine. 

—  L%  Bulletin  de  théraptntàque^YeclaL  table  des  tomes  LXIàLXXii 

(IWi  à  1867). 


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—  199  — 

—  UJâwrmlëe  wédeme  et  de  chirurgie  pratiques. 

—  La  Gazette  médicale  de  Strasbourg. 

—  Le  Monipdtier  médical, 

—  La  Revue  médicale  de  Toulouse, 

—  Le  Bulletin  médical  du  nord  de  la  France. 

—  Nouvel  appareil  à  irrigation  médiate,  par  M.  Rinaldi,  ancien  chi- 
rurgien militaire. 

—  Trois  vûliunes  de  Mémoires  de  chirurgie^  par  M.  Larrey,  offerts  à 
la  Société  par  l'auteur. 

—  Traité  des  divisions  congénitales  ou  acqvÀseSy  de  la  voûte  du  palais 
d  de  sen  milCy  par  A.  Prelerre.  In-8°  avec  97  figures. 

—  Une  lettre  de  notaire  notifiant  le  décès  de  M.  Ange  Duval, 
membre  correspondant  de  la  Société. 

A  l'occasion  du  procès-verbal  : 

Enehondrome.  —  M.  Trélat  dépose  sur  le  bureau  l'une  -des 
deux  observations  qu'il  a  citées  dans  la  dernière  séance;  Taulre  ob- 
servation a  été  publiée  par  la  Gazette  des  Hôpitaux,  qui  en  a  reçu  le 
manuscrit. 

Obs.  —  Eugénie  R...,  40  ans,  blanchisseuse. 

Entrée  salle  Sainte- Marthe,  n«  49,  le  20  avril  1868. 

La  santé  habituelle  a  toujours  été  et  est  encore  Ixmne. 

C'est  à  trois  ans  environ  que  cette  femme  fait  remonter  le  début  de 
la  tumeur  qu'elle  porte  à  la  région  parotidienne.  Au  commencement, 
dit-elle,  c'était  comme  une  lentille  placée  sous  la  peau,  [mobile  et 
incolore. 

Lentement,  par  une  marche  qui  semble  avoir  été  régulièrement 
progressive,  cette  tumeur  a  i>ris  le  développement  où  nous  la  voyons 
arrivée;  mais,  sauf  quelques  élancements  que  la  malade  y  ressentait 
surtout  à  l'époque  des  règles,  aucune  douleur  vive  ne  s'y  montrait, 

Aciuellement,  à  la  région  parotidienne  gauche,  existe  une  tumeur 
arrondie  qui,  revêtue  des  téguments,  dessine  une  bosselure  grosse 
comme  un  œuf  de  poule.  Sa  situation  est  telle,  que  la  partie  supé- 
rieure de  son  contour  atteint  la  partie  la  plus  élevée  de  la  région, 
tandis  que  son  bord  inférieur  est  distant  de  2  eentimètres  environ  de 
TaBgle  maxillaire.  En  avant,  elle  déborde  sor  le  bord  postérieur  de  la 
branche  montante  en  arrière,  elle  soulève  notabiement  le  lobule  de 
ïoreille.  Sa  consistance  est  ii  peu  près  uniforme,  rénitente,  en  aucun 
point  fluctuante,  mais  un  peu  plus  molle  au  sommet. 


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—  200  — 

Nulle  part  le  doigt  n'y  perçoit  la  sensation  caractéristicpie  d'une 
enyeloppe  osseuse  dépressible. 

Eile  semble  formée  de  trois  lobes  :  un  supérieur,  un  inférieur  et  un 
antérieur  moins  développé. 

La  pression  n'y  provoque  aucune  douleur. 

La  tumeur  gêne  peu,  et  seulement  depuis  ces  derniers  temps,  les 
mouvements  de  la  mâchoire. 

La  peau,  qui  est  saine  sur  la  tumeur,  est  sans  aucune  adhérence 
avec  elle.  Vient-on  à  explorer  la  mobilité  de  la  tumeur  elle-même, 
celle-ci,  au  contraire,  n'est  que  partielle  et  limitée. 

En  présence  d'une  tumeur  qui  n'offre  guère  d'autres  caractères  que 
ceux  qui  sont  communs  à  cette  classe  d'affections  à  marche  lente,  sans 
douleur,  sans  adhérence  de  la  peau,  le  diagnostic  devait  osciller  entre 
deux  variétés  de  tumeurs  bénignes,  presque  également  fréquentes  en 
ce  point  :  l'adénome  parotidien,  ou  l'enchondrôme.  Et  il  faut  ajouter 
que  le  diagnostic  différentiel^  poussé  à  un  plus  haut  degré  de  préci- 
sion, était,  dans  le  cas  actuel,  matériellement  impossible. 

L'opération  fut  pratiquée  le  13  mai.  Incision  verticale  comprenant 
toute  la  peau.  Incision  horizontale  de  2  centimètres  partant  de  l'angle 
supérieur  de  la  première  incision.  En  écartant  le  lambeau  ainsi  cir- 
conscrit, on  détruit  les  quelques  filaments  celluleux  qui  unissent  la 
peau  à  la  tumeur.  L'énucléation  se  continue  facilement.  Les  trac* 
tiens  faites  sur  la  tumeur,  au  moyen  d'une  crique,  en  déterminent  la 
rupture.  Les  fragments  qui  s'en  échappent  sont  visiblement  des  frag- 
ments d'enchondrôme  mou.  Quand  M.  Trélat  a  enlevé  toute  la  masse 
cartilagineuse  qui  a  le  volume  d'une  grosse  noix,  on  voitj  de  la  façon 
la  plus  nette,  la  face  profonde  du  kyste  qui  contenait  la  masse  cartila- 
gineuse. La  dissection  du  kyste  s'achève  sans  difficulté,  mais  provoque 
un  notable  écoulement  sanguin. 

Pansement  sec,  légèrement  compressif. 

14  mai.  —  Mouvement  fébrile  très-léger;  peu  de  douleur  au  niveau 
de  la  plaie.  Même  pansement. 

15  mai.  —  L'incision  transversale  est  en  voie  de  réunion. 

16-17  mai.  —  La  plaie  suppure  à  peine  et  est  recouverte  d'une 
couche  grisâtre  pseudo-membraneuse.  Pansement  avec  l'eau -de-vie 
camphrée. 

18  mai.  —  La  plaie  suppure  et  commence  à  bourgeonner. 

Aujourd'hui^  20  mai,  la  plaie  est  en  voie  de  cicatrisation  rapide. 

L'examen  histologique  de  la  tumeur  a  été  fait  par  H.  Ranvier. 

La  tumeur  est  un  enchmdrôme  à  ceUvks  ramifiées^  en  voie  de  dégé' 
nérescence  muqueuse. 


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-^201  — 

Les  éléments  cellulaires  sont  de  deux  ordres  :  1°  quelques  rares 
cellules  cartilagineuses  ordinaires  entourées  de  leur  capsule,  et  dissé- 
minées au  milieu  des  autres;  2»*  des  cellules  ramifiées  (0,012  à  0,018) 
offrant  de  deux  à  six  prolongements  qui  vont  s'anastomoser  avec  les 
prolongements  des  cellules  v.oisines. 

La  substance  fondamentale,  amorphe  en  certains  points,  fibreuse 
dans  d'autres,  présente  un  très-grand  nombre  de  fibres  élastiques. 
Les  points  où  ces  fibres  élastiques  offrent  cette  grande  longueur, 
contiennent  beaucoup  de  cellules  et  peu  de  substance  intercellulaire, 
dételle  sorte  qu'on  dirait  que  ces  fibres  élastiques  proviennent  direc- 
tement des  cellules  allongées  par  leur  tassement. 

Les  parties  qui  ont  subi  la  dégénérescence  muqueuse  se  rencontrent 
dans  UB  assez  grand  nombre  de  points.  On  voit  des  cavités  de  formes 
et  de  dimensions  variables  renfermant  de  la  substance  muqueuse,  des 
fibres  élastiques  et  un  petit  nombre  de  cellules,  qui  sont  devenues 
granulo-graisseuses. 

— M.  GiRALOBS.  Je  tiens  àfaite  remarquer,  afin  qu'il  n'y  ait  pas  double 
emploi,  que  l'enfant  présenté  par  M .  Guersant  dans  la  dernière  séance 
est  le  même  que  celui  dont  il  est  question  dans  une  de  mes  leçons 
«iialques  publiées  récemment. 

—  M.  Chassaignac.  Je  pense  que  la  note  adressée  en  réponse  par 
Bf.  Broca  à  la  lettre  de  M.  Sédiltot  n'exprime  .pa.s  la  véritable  manière 
de  voir  de  la  Société  de  chirurgie,  relativement  à  l'opportunité  de  la 
canservation  du  tubercule  osseux  médian,  dans  le  cas  de  bec- de-lièvre 
compliqué.  Je  n'ai  pas  voulu,  il  est  vrai,  que  Ton  conservât  le  tuber- 
cule osseux  chez  l'enfant  présenté  par  M.  Demarquay;  mais  il  s'agit 
là  d'un  cas  particulier  et  don  pas  de  l'application  d'un  principe  gé- 
néral.  Or,  c'est  sous  ce  dernier  jour  que  notre  manière  de  voir  est 
présentée  dans  la  note  de  M.  Broca. 

M.  Depaul.  Je  m'associe  complètement  à  la  réclamation  de  M.  Chas- 
saignac. Dans  la  discussion  qui  a  eu  lieu  ici,  je  n'ai  voulu  parler  que 
du  cas  présent. 

M.  Guersant.  Ainsi  que  mes  collègues,  j'admets  que  dans  un  grand 
nombre  de  cas,  il  faut  conserver  le  tubercule  osseux  médian. 

—  Sur  l'invitation  de  M.  le  Président,  M.  Marc  Sée,  nommé  membre 
Utnlaire,  prend  place  parmi  ses  collègues. 

!•  série,  —  TOME  ix.  26 


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—  202  — 

COMMUNICATIONS. 

M.  TiLLÀCx  fait  la  communication  suivante  : 

Luxation  spontanée  de  la  alxiëme  vertèbre  cervicale  snr 
la  septième. 

Le  nommé  M...,  âgé  de  quarante-huit  ans,  ébéniste,  partit  le  lundi 
4  mai  de i  nier  passer  la  journée  au  camp  de  Saint-'Maur  avec  plusieurs 
amis;  Tuu  d'eux  lui  donna  un  croc-en-jambe  qui  le  fît  tomber  sur 
rherbe  ;  mais  la  chute  fut  si  légère  que  le  malade  se  releva  immédia- 
tement^ n'éprouva  aucune  douleur  et  perdit  même  complètement  le 
souvenir  de  cette  chute,  puisqu'on  dut  plus  tard  la  lui  rappeler.  II 
était  deux  heures  après  midi.  Pendant  quatre  heures  encore.  M... 
continua  à  courir  et  à  jouer  avec  ses  amis.  Tout  à  coup,  vers  six 
heures,  il  s'affaissa  en  s'écriant  :  «  Soutenez-moi,  je  ne  puis  plus  me 
porter.  »  Les  assistants  ccurent  d'abord  à  une  plaisanterie,  mais  ce 
n'était  que  trop  vrai.  Il  fut  transporté  de  suite  au  villafee  voisin,  où  un 
médecin  constata  une  paraplégie  absolue,  et  le  même  soir,  à  onze 
heures,  il  entrait  à  l'hôpital  Saint* Antoine.  L'interne  de  garde  ne 
constatant,  ni  dans  l'état  local,  ni  dans  les  antécédents,  rien  qui  indi- 
quât un  traumatisme,  plaça  le  malade  dans  le  service  djB  M.  le  doc- 
teur Millard,  médecin  de  l'hôpital.  Je  suis  heureux  de  remercier  cet 
excellent  collègue  de  in'avoir  permis  de  vous  communiquer  ce  fait. 

Le  5,  à  la  visite  du  matin,  M.  le  docteur  Millard  constate  une  para- 
plégie complète.  La  paralysie  remonte  jusqu'au  troisième  espace  in- 
tercostal. Les  membres  supérieurs  eux-mêmes  ont  perdu  de  leur  sen- 
sibilité tout  en  conservant  la  mobilité.  Il  n'y  a  pas  trace  d'action 
réflexe  dans  les  membres  inférieurs.  Le  malade,  qui  est  fort  intelli- 
gent, rend  parfaitement  compte  de  son  état  et  ne  sait  à  quelle  cause 
rattacher  les  phénomènes  qu'il  éprouve. 

En  examinant  la  région  dorsale,  on  constate  une  saillie  très-pro- 
noncée de  l'apophyse  épineuse  de  la  septième  vertèbre  cervicale.  La 
tête  tout  entière  est  portée  en  avant  ;  mais  le  malade,  interrogé  à  cet 
égard,  déclare  qu'il  se  tient  très-mal  à  l'ordinaire  et  qu'il  marche  tou- 
jours la  tête  penchée  dans  ce  sens  ;  11  ne  lui  semble  pas  qu'elle  soit 
plus  penchée  que  d'habitude  ;  cependant  il  éprouve  du  soulagement 
lorsque  l'on  redresse  légèrement  sa  tête. 

L'action  de  la  moelle  était  totalement  anéantie  à  partir  de  la  région 
cervicale;  mais  à  quelle  cause  directe  rattacher  cette  paraplégie? 
M.  Millard  était  fort  embarrassé,  et  je  ne  le  fus  pas  moins  que  lui  en 


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—  203  — 

.  examinant  le  malade;  car,  comment  admettre  une  fracture  ou  une 
luxation  de  la  colonne  vertébrale  avec  les  commémoratifs  qui  sont 
relatés  plus  haut  :  traumatisme  insignifiant  et  produit  quatre  heures 
avant  le  début  des  accidents,  nulles  traces  de  maladie  antérieure  ; 
santé  habituelle  excellente. 

Les  symptômes  de  la  paraplégie  persistèrent  les  jours  suivants,  et 
le  malade  mourut  le  8  mai,  quatre  jours  après  son  entrée. 

L'autopsie  nous  a  révélé  les  particularités  suivantes,  que  vous  pou- 
vez constater  sur  la  pièce  que  j'ai  Thonneur  de  mettre  sous  vos 
yeux. 

Les  muscles  des  goutlièrcs  vertébrales  étaient  infiltrés  de  sang.  Une 
fois  ces  muscles  enlevés,  il  fut  facile  de  constater  que  la  colonne  ver- 
tébrale était  complètement  séparée  en  deux  tronçons  au  niveau  de  la 
septième  cervicale;  nous  crûmes  d'abord  à  une  fracture.  Un  examen 
plus  attentif  démontre  que  les  surfaces  osseuses  étaient  intactes,  qu'il 
existait  une  luxation  complète  entre  la  sixième  et  la  septième  cervi- 
cale. Les  cinq  premières  vertèbres  ont  conservé  leurs  rapports  avec  la 
sixième.  La  capsule  qui  réunit  les  surfaces  articulaires  est  déchirée, 
ainsi  que  le  ligament  inter-épineux.  Le  disque  inter-vertébral  est 
rompu  d'avant  en  arrière  et  de  haut  en  bas,  en  sorte  qu'une  portion 
de  ce  disque  adhère  en  avant  à  la  face  supérieure  de  la  septième,  et 
l'autre  portion  à  la  face  inférieure  et  en  arrière  seulement  de  la 
sixième.  Les  surfaces  osseuses  ne  sont  pas  érodées  et  présentent  seu- 
lement une  légère  vascularisation  ;  mais  la  lésion  capitale  porte  sur 
la  septième  cervicale.  Au  lieu  de  représenter  une  surface  rectangu- 
laire dans  le  sens  antéro-poslérieur,  la  coupe  de  cette  vertèbre  donne 
la  forme  exacte  d'un  coin  dont  la  base  est  en  arrière  et  le  sommet  en 
avant.  La  face  postérieure  de  la  vertèbre  mesure  en  hauteur  15  milli-* 
mètres,  tandis  que  la  face  antérieure  n'en  mesure  que  7.  La  face  supé- 
rieure représente  donc  un  plan  incliné  de  haut  en  bas  et  d'arrière  en 
avant.  On  ne  constate  aucune  trace  de  suppuration  ancienne  ou  ré- 
cente, ni  dans  les  corps  vertébraux,  ni  dans  le  voisinage.  Du  reste, 
les  renseignements  fournis  par  le  malade,  ceux  donnés  aujourd'hui 
encore  par  sa  veuve  ne  dénotent  aucune  maladie  antérieure,  aucune 
douleur  dans  la  région  du  cou. 

La  moelle,  examinée  trop  tard  pour  que  les  recherches  histologi- 
ques  soient  possibles,  était  fortement  comprimée  et  réduite  en  une 
pulpe  presque  liquide  au  niveau  de  la  luxation. 

En  résumé,  depuis  une  époque  qu'on  ne  peut  préciser,  il  s'était 
produit  sur  la  septième  vertèbre  cervicale  un  travail  de  résorption 
et  non  pas  usure,  car  le  disque  inter-vertébral  n'était  nullement  dé- 


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—  204  — 

trait  ;  Y0ti8  le  voyez  encore  intimesnent  adhérent  à  la  partie  de  la 
Ténèbre  qui  a  perdu  de  sa  hauteur  :  les  deux  vertèbres  ue  frottaient 
dojoc  pas  1  une  contre  T  autre. 

:  Depuis  longtemps  déjà  la  sixième  vertèbre  cervicale  et  la  tète  avee 
elle  s'étaient  inclinées  sur  le  plan  oblique,  en  bas  et  en  avast,  que 
kur  offrait  la  face  supérieure  de  la  septième,  d'où  cette  attitude  vi- 
cieuse que  le  malade  rapportait  à  sa  profession.  Puis,  tout  à  coup, 
sous  rinâuence  |H*obable  d'une  cause  véritabiement  insigniûante, 
puisque  le  malade  n*a  éprouvé  4e6  accidents  que  quatre  heures  apcè» 
sa  chute,  une  luxation  complète  en  avant  s'est  produite,  et  a  déter- 
miné la  mort. 

C'est  la  marche  et  le  mécanisme,  à  coup  sûr  fort  insolites,  de  cette 
luxation,  qui  nous  ont  engagé,  M.  le  docteur  Miliard  et  moi,  à  vof» 
en  relater  les  détails. 

M.  Despbès.  Le  fait  remarquable  à  quelques  égards  que  M.  Tiliaux 
vient  de  nous  faire  connaître,  me  semble  pouvoir  trouver  une  expli"- 
cation  assez  simple.  11  s'agit  là  d'un  mal  de  Pott,  du  genre  de  celui 
qui  a  été  étudié  par  M.  Nichet.  Le  point  de  départ  de  la  maladie  a 
été  la  bourse  séreuse  du  fibro-cartilage  ;  aujourd'hui,  tout  autour  de 
l'os,  on  voit  des  traces  d'inflammation.  Dans  un  pareil  état,  on  com- 
{»*eud  qu'un  effort  léger  ait  pu  prodube  une  luxation  spontanée. 

M.  LAftREY.  Je  pense  également  que  dans  ise  fait  on  peut  suivre 
très-bien  les  deux  périodes  du  mal  vertèlKal  ;  dans  la  première  exis* 
tait  l'ostéite  vertébrale,  dans  la  seconde  est  parvenue  la  paraplégie, 
oaraclère  essentiellement  décrit  par  Pott  daus  ses  deux  mémoires. 

M.  TiLLAux.  11  est  bien  évident  qu'il  y  a  eu  une  inflammation  de 
l'os;*  mais  ce  qu'il  y  a  de  singulier  dans  le  cas  actuel,  c'est  que  cette 
tumeur  blanche  ait  passé  complètement  inaperçue,  et  que  tout  à  coup 
elle  ait  causé  une  luxation  spontanée, 

M»  Dësprès.  Je  me  méfie  des  faits  extraordinaires  et  c'est  pour 
cda  que  j'ai  pris  la  parole.  Je  le  répète,  il  s'agit  là  de  la  forme  de 
mal  de  Poit  étudié  par  1VI.  Nichet,  mal  de  Polt  ayant  son  point  de  dé- 
pan  dans  le  ménisque  inter-^tteulaire  ;  or,  l'on  sait  que  l'os  s'use 
'  dans  ce  cas.  Si  on  avait  pu  interroger  le  malade  sur  ses  antécédents 
de  jeunesse,  on  eût  découvert  quelques  traces  de  symptômes  d'ar- 
thrite vertébrale. 

M.  TiLLAui.  Cette  interrogation  a  eu  lieu  et  n'a  donné  que  des 
résultats  négatifs. 

M.  Panas.  J'ai  examiné  le  malade  de  M.  Tiliaux  peu  de  temps  après 
l'aceideni.  Cet  individu  affirmait  que  c'est  trois  heures  après  avoir 
joué  avec  aes  camarades  «pi'il  avait  été  ârappé  de  paralysie. 


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—  205  — 

On  a  pensé  alors  qu'il  y  avait  une  lésion  aneîeime,  et  l'on  a  posé  le 
diagnostic  :  fracture,  suite  évidente  de  lésion  ancienne. 

Pour  moi,  il  à  existé  une  maladie  du  ménisque  intep-articulaire. 
n  y  avait  un  ramollissement  du  disque  intervertébral  ;  par  suite  de  cet 
état,  le  cou  du  malade  était  dans  une  position  vicieuse,  et  cette  près* 
sion  de  longue  date  a  amené  une  usure  du  corps  vertébral  en  avant. 
En  même  temps  que  cela  existait,  le  ramoUîssement  continuait  à  sa 
faire,  et  c'est  à  la  suite  d'un  mouvement  de  flexion  de  la  tête  en  avant 
que  la  rupture  a  eu  lieu. 


Luxation  du  poignet. 

M.  GoTON,  j*ai  rhonneur  de  présenter  à  la  Société  de  chirurgie  le 
moule  en  plâtre  d'une  luxation  fraumalique  du  poignet,  que  je  viens 
d'obsfrver  à  l'hôpital  des  Cliniques. 

Toici  les  détails  relatifs  à  l'observation  de  ee  fait  intéressant. 

Le  15  mai  1868,  pendant  la  visite,  on  conduit  à  la  clinique  le 
nommé  P.. .  Hippolyte,  tailleur  de  pierres,  âgé  de  30  ans.  L*accident 
subi  par  le  malade  était  tout  récent;  blessé  dans  le  chantier  de  la 
Sorbonne,  P. . .  avait  été  immédiatement  conduit  à  Thôpital.  Aussi 
arons-nous  pu  l'examin»  avant  tout  gonflement,  et  nous  rendre 
compte,  dès  Tabord,  de  l'exacte  configuration  de  la  région  malade. 

Au  premier  coup  d'oeii,  il  paraissait  impossible  de  ne  pas  songer  à 
on  déplacement  du  poignet  en  arrière  ;  Ton  voyait  distinclemenf  sur  la 
face  dorsale  du  poignet  une  saillie  régoHère  rappelant  exactement  la 
forme  du  carpe.  Du  côté  de  la  main  cette  saillie  fait  suite  à  sa  face 
dorsale,  du  côté  de  l'avant-bras,  existe  un  relief  nettement  accusé,  et 
d'autant  plus  distinct  que  la  peau  forme  deux  plis  transversaux  très- 
accusés  dans  le  sillon  qui  marque  la  ligne  de  démarcation  inférieure. 
Ce  point  est  distant  de  plus  de  quatre  centimètres  de  la  ligne  de 
flexion  de  la  face  antérieure  du  poignet. 

En  avant,  la  saillie  que  l'on  observe  est  beaucoup  moins  régulière 
et  paraît  plus  volumineuse  ;  elle  descend  à  cinq  millimètres  de  la  ligne 
de  flexion  du  poignet,  dont  elle  u'esl  séparée  que  par  un  pli  épais  de 
la  peau.  Au  toucher,  cette  saillie  antérieure  est  très-irrégulière,  le  re- 
bord osseux  le  plus  en  relief  est  si  abrupt  que  l'on  se  prend  à  se  de- 
mander s'il  ne  s'agit  pas  de  l'extrémité  d'un  fragment  fracturé.  Mais 
il  est  bientôt  facile  de  reconnaître  le  bord  antérieur  de  l'extrémité  in" 
fèrteure  du  radius  et  l'apophyse  otyloïde  notablement  portée  en  avant  ; 
]a  position  de  l'apophyse  cubitale  montre  que  cet  os  est  moins  sensi- 


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—  206  — 

blement  porté  en  avant.  Il  n'est  d'ailleurs  en  aucone  façon  porté  ea 
dehors. 

Comparées  Tune  à  Pautre,  ces  deux  saillies  sont  donc  fort  dissem- 
blables et  diffèrent  à  la  fois  par  leur  forme  et  leur  position.  L'une,  la 
dorsale,  remonte  vers  l'avant-bras  et  s'éloigne  de  quatre  centimètres 
du  pli  de  flexion,  l'autre,  la  palmaire,  s'en  rapproche  jusqu'à  cinq 
millimètres. 

L'une  et  l'autre  refoulent  les  tendons,  mais  nous  n'avoos  pas  ob- 
servé, comme  cela  a  été  vu  par  M.  Yoillemier,  que  la  peau  fût  sou^ 
levée  par  les  tendons  extenseurs  écartés  du  corps  du  radius.  Ainsi  que 
nous  l'avons  dit,  la  peau  formait  au-dessus  de  la  saillie  dorsale  deux 
plis  transversaux. 

La  main  n'offrait  aucune  déviation,  elle  était  restée  dans  l'axe  de 
Tavant-bras,  les  doigts  étaient  modérément  fléchis. 

Le  malade  souffrait  cruellement,  était  anxieux,  mais  racontait  nette« 
ment  ce  qui  lui  était  arrivé.  Il  taillait  une  pierre  énorme  ;  voulant  la 
changer  de  position,  il  lui  imprima  de  la  main  droite  un  mouvement 
de  bascule,  tandis  que  de  la  main  gauche  il  l'empêchait  de  glisser 
trop  rapidement.  Bientôt  il  sentit  que  sous  Finfluence  du  poids  consi- 
dérable qu'elle  soutenait,  la  main  gauche  se  ployait  outre  mesure;  il 
voulut  la  dégager,  mais  le  coude  fut  arrêté  par  une  autre  pierre  pla- 
cée derrière  lui,  et  la  première  continua  à  presser  de  tout  son  poids 
sur  la  paume  de  la  main  gauche,  alors  que  le  coude  fournissait  ua 
point  d'appui  fixe  ;  à  ce  moment,  le  malade  n'a  ni  entendu  ni  senti  de 
craquement,  mais  il  a  éprouvé  une  douleur  violente.  Bientôt  dégagé 
par  ses  camarades,  il  fut  conduit  à  l'hôpital. 

Nous  nous  empressâmes  de  faire  mouler  le  membre  malade;  lors* 
qu'une  heure  après  son  entrée  P...  fut  conduit  à  l'amphithéâtre,  le 
gonflement  de  l'avant-bras  était  déjà  très-prononcé.  La  saillie  qUe  l'oQ 
remarque  au-dessus  du  carpe  déplacé  est  bien  accusée  par  le  moulage, 
e(  nuit  môme  à  sa  physionomie;  cette  saillie  molle  était  évidemment 
due  au  gonflement  de  la  gaine  des  radiaux  externes  qui  se  produit  si 
habituellement  dans  les  fractures  ou  entorses  de  l'extrémité  inférieure 
du,  membre  thoracique.  . 

Le  malade  fut  chloroformé  jusqu'à  résolution  musculaire.  Toute  in- 
vestigation devenait  alors  facile,  et  nous  croyons  dfevoir  déclarer  que, 
sous  le  bénéGce  de  toute  absence  de  douleur  et  d'inconvénient  pour 
le  malade,  nous  ne  craignîmes  pas  d'explorer  les  extrémités  déplacées 
avec  tout  le  soin,  toute  la  rigueur  possiblos. 

Il  fut  alors  évident  :  1»  que  nous  avions  bien  affaire  aux  surfaces 
articulaires  déplacées;  2o  que  l'extrémité  inférieure  du  radius  n'était 


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—  20T  — 

le  siège  d'aucune  solution  de  continuité;  —  sur  ce  point  en  particulier 
notre  examen  fut  aussi  complet  que  possible  ;  —  S""  que  les  apophyses 
du  radius  et  du  cubitus  n'étaient  pas  fracturées  ;  k^  que  l'articulation 
radio-cubitale  inférieure  avait,  elle  aussi,  subi  des  déchirures  liga- 
menteuses, car  il  était  possible  de  faire  jouer  Tune  sur  Fautre  les  extré- 
mités osseuses. 

La  réduction  fut  facile;  elle  s'opéra  sans  craquement;  le  membre 
fut  placé  entre  deux  attelles  modérément  serrées  qui  embrassaient  la 
main  et  l'avant-bras.  Mais  dès  le  soir  il  fallut  renoncer  à  toute  con- 
tention. Le  gonflement  était  devenu  considérable,  et  le  lendemain  ma- 
tin nous  trouvions  de  nombreuses  phyctènes  séro-sanguines.  Dès  lors 
nous  avons  abandonné  tout  appareil,  et  le  membre  enveloppé  de  cata- 
plasmes fut  déposé  dans  une  gouttière.  Aujourd'hui,  le  gonflement 
a  bien  diminué,  et  voici  ce  qui  était  constaté  ce  matin  même. 

Malgré  l'absence  de  moyens  contentifs,  le  •déplacement  ne  s^est 
pas  reproduit;  à  aucun  degré  la  pression  sur  l'extrémité  inférieure  du 
radius  n'est  douloureuse,  à  plusieurs  reprises  nous  l'avons  vivement 
pratiquée  au  lieu  d'élection  sans  que  le  malade  se  plaignit.  Aucune 
douleur  n'est  provoquée  lorsque  l'on  presse  les  apophyses  styloïdes , 
mais  la  pression  de  l'articulation,  au  niveau  de  la  face  dorsale  du  poi- 
gnet, est  très-sensible  et,  à  ce  niveau,  le  carpe  fait  une  saillie  encore 
appréciable. 

Nous  pouvions,  grâce  au  moulage,  comparer  le  membre  à  lui-même 
avant  et  après  réduction.  Vous  voyez  très-nettement  sur  le  plâtre  la 
pointe  de  l'olécrâne;  nous  avons  mesuré  de  ce  point  à  la  saillie  du 
troisième  métacarpien.  Le  membre  actuel,  c*est-à-dire  après  réduc- 
tion, est  de  2  centimètres  plus  long.  Nous  avons  aussi  comparé  l'a* 
Tant-bras  gauche  à  l'avant-bras  droit.  Les  apophyses  styloïdes  ofl'rent 
la  même  position,  c'est-à-dire  qu'à  droite  et  à  gauche  l'apophyse  du 
radius  descend  plus  bas  que  celle  du  cubitus.  Enfin  le  radius  droit  et 
le  radius  gauche  sont  de  là  même  longueur. 

Vous  le  voyez,  ce  que  nous  observons  aujourd*hui  vient  confirmer 
ce  que  nous  avions  noté  le  jour  de  Taccident,  et  nous  pensons  avoir 
le  droit  de  maintenir  le  diagnostic  de  la  luxation  sans  nous  en  référer 
à  une  autopsie  qui,  fort  heureusement,  n'est  pas  en  cause. 

Nous  dirons  avec  Malgaigne  :  «  Avec  tous  ces  signes  on  est  en  droit 
d'affirmer  la  luxation  du  poignet,  simple  ou  avec  de  petites  fractures 
insignifiantes.  »  C'est  là,  en  effet,  le  seul  point  du  diagnostic  qui  soit 
fort  difficile  sinon  Impossible  à  résoudre.  La  luxation  n'est  pas  simple 
d'aiileurs'^  puisque  nous  avons  tout  au  njoins  reconnu  le  diastasis  de 
Tarticulation  radio-cubitale  inférieure.  Mais  ce  n'est  pas  le  plus  ou 


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XQOiQs  de  simplicité  de  la  luxation  qui  était  en  question  ;  c'était  le  fait 
de  la  luxation  elle-même  et  l'absence  de  toute  fracture  de  Texlrémité 
inférieure  du  radius.  Nous  espérons  que  la  Société  de  chirurgie  pen- 
sera que  les  conditions  particulièrement  favorables,  fournies  par  le 
traumatisme  si  récent  et  par  Texamen  sous  le  chloroforme,  joiptes  à 
l'ensemble  des  renseignements  énumérés,  sont  de  nature  à  faire  ac- 
cepter le  diagnostic  que  uous  croyons  pouvoir  défendre. 

Opération  d'ablation  d'un  yolype  naso-pharyni^ien. 

M.  Verneuïl  communique,  au  nom  de  M.  Louis  Thomas,  de  Tours, 
une  observation  de  polype  naso-pharyngien,  récemment  opéré  par 
lui. 

Pour  endormir  le  malade,  M.  Thomas  a  mis  en  pratique  le  pré- 
cepte préconisé  dernièrement  devant  l'Académie  de  Médecine,  par 
M.  Verneuil,  et  qui'  consiste  à  faire  préalablement  le  tamponnement 
de  la  fosse  nasale. 

Ce  travail  est  renvoyé  à  une  commission  composée  de  MM.  Guérin, 
Labbé  et  Verneuil. 

PRÉSENTATION  DE  MALAPE  ET  DE  PIÈCE. 

Fibrome  calcifié  du  sinus  maxillaire  g^auehe  simulant  une 
exostose  nécrosée.  -—  Ablation  du  maxillaire.  —  Guéri- 
son. 

M.  Demabquay  présente  une  tumeur  singulière,  développée  dans  le 
sinus  maxillaire  dont  elle  a  peu  à  peu  distendu  la  cavité,  en  amincis- 
sant ses  parois. 

Cette  tumeur  est  formée  de  deux  parties  :  Tune  extérieure,  de  na- 
ture fibreuse  :  l'autre  centrale,  d'apparence  osseuse,  constituée  par 
une  série  de  séquestres  libres  dans  une  cavité,  dont  la  couche  fibreuse 
forme  les  parois.  Ces  productions  calcaires  sont  mortifiées,  grisâtres, 
inégales  et  très- friables  ;  elles  exhalent  l'odeur  des  os  nécrosés.  Elles 
sont  en  assez  grand  nombre^  pressées  les  unes  contre  les  autres; 
il  en  existe  cependant  une  plus  volumineuse,  longue  de  3  centimètres 
et  demi,  dont  le  poids  égale  10  grammes,  et  la  densité  1,609. 

L'examen  microscopique,  pratiqué  par  M.  Bouchard,  y  a  démontré 
l'absence  d'ostéoplastes.  L'analyse  chimique  faite  par  MM.  Naquet 
et  Lamouroux  a  montré  que  cette  concrétion  était  formée  de  carbo- 
nate de  chaux,  de  phosphate  de  chaux  et  de  magnésie,  et  enfin  d'une 
substance  organique  peu  abondante,  ne  rappelant  nullement,  par  ses 
propriétés,  la  trame  organique  des  os.  Les  sels  ne  sont  non  plus  nul- 


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—  209 


lement  dans  le  rapport  qa'ils  présentent  dans  le  tissu  osseux.  En  effet, 
la  proportion  du  phosphate  au  carbonate  y  est  comme  10  est  à  i, 
tandis  que  dans  les  os  elle  est  comme  7  est  à  1 . 

La  couche  la  plus  extérieure  de  la  tumeur,  qui  paraît  former  la 
lésion  principale  et  dont  la  partie  centrale  doit  représenter  le  dernier 
terme  de  développement,  est  dure,  fibreuse,  d'un  blanc  grisâtre  et  à 
peine  adhérente  à  la  lame  osseuse  qui  Tentoure. 

L'examen  microscopique  a  montré  qu'elle  était  formée  de  tissu  fi- 
breux contenant,  entre  ses  mailles,  des  grains  calcaires  de  même  na- 
ture que  la  concrétion  centrale.  Cette  couche  est  loin  de  présenter 
partout  la  même  épaisseur.  Réduite  à  quelques  millimètres  en  bas  et 
en  dehors,  elle  s'épaissit  considérablement  en  haut  el  surtout  en  de- 
dans, où  elle  envoie  un  prolongement  qui  a  rejeté  le  nez  à  droite  et 
détruit  Todorat.  Excepté  au  niveau  de  Fouverture  du  sinus  qui  est 
conservée,  cette  masse  fibreuse  est  partout  recouverte  d'une  mince 
lame  de  tissu  osseux  qui,  en  certains  points,  ne  dépasse  pas  Tépais- 
seur  d'une  feuille  de  papier. 

Cette  tumeur  a  été  enlevée  sur  un  homme  de  trente-trois  ans,  chez 
qui  elle  avait  mis  dix-huit  années  à  se  développer.  Malgré  son  volume 
considérable,  elle  n'avait  entraîné  aucun  désordre  grave  dans  l'état 
général,  et  elle  était  restée  à  peu  près  indolente.  On  n'y  percevait  au- 
cune crépitation.  Sur  la  joue  et  dans  la  bouche,  il  existait  plusieurs 
trajets  fistuleux  conduisant  dans  la  cavité  centrale  où  étaient  conte- 
nus les  séquestres,  et,  en  introduisant  un  stylet,  on  sentait  manifes* 
tement  une  surface  dure  et  mobile. 

Après  l'ablation  du  maxillaire,  le  malade  a  parfaitement  guéri,  et 
aujourd'hui  grâce  à  un  obturateur,  il  parle  avec  facilité. 

Cette  tumeur  a  été  considérée,  par  M.  Ranvier,  comme  nn  fibrome 
calcifié  dont  la  partie  centrale  s'est  nécrosée  par  l'exagération  de  Té- 
lément  calcaire  sur  la  partie  organique. 

M.  Bouchard  croit  plutôt  à  une  altération  spéciale  non  encore  dé-** 
Cfite  de  la  fibro -muqueuse  des  tissus,  dont  les  éléments  auraient 
subi  une  hypergénèse  considérable,  en  même  temps  que  l'incrustatioa 
calcaire. 

(Pour  plus  amples  détails,  consulter  la  Gaxelte  médtcole du  30  mai.) 

—  A  cinq  heures  un  quart  la  Société  se  forme  en  comité  secret. 
La  séance  est  levée  à  cinq  heures  trois  quarts. 

Le  secrétaire,  D'  Léon  Labbé. 


%•  série.  —  TOME  IX.  27 


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—  210  — 

SÉANOK  BU  2*7  MAI  18tô 
Présidence     de    m.    f^lEB0tJEST 

Le  procèfr-verbal  de  la  précédeate  séance  est.  la  et  adopté. 

CORRESPONDANCE, 

La  correspondaiice  compread  : 
Les  journaux  de  la  semaine. 

—  VDnUm  mé^cale  de  la  Prcvence, 

—  Le  Bulletin  de  la  Société  des  Sciences  nMieakt  du  Grûndr-Mebé^ 
êe  Luxembourg. 

'—  Le  Bulleim  de  la  Société  deméèeeme  de  Bestmçmu 

—  Observation  de  polype  lipomaieux  d^  la  cvmej  pas  le  docteur 
O.  Mai  Tan  Mons. 

—  Sur  le  diagnogtic  différentiel  de  la  CyifhMey  pftr  le  docteur 
»*  W.  Berend. 

—  Bulletin  de  V Académie  roytde  de  médeeme  deBelgi^.  3*  fiérie, 
i.  H,  n«  3. 

-*  Mémoire»  des  concours  et  des  savants  étrangers^  pubUéa  ^r 
F  Académie  re^iAe  de  médecine  de  Belgique.  4'  fasciçale  du  tome  YL 

—  Des  nouveaux  procédés  opératoires  de  la  caioïoêUy  paraUèie  et 
eriiiquef  par  L.  Wecker. 

—  Une  lettre  de  M.  le  Ministre  de  TlnstruetioA  publi<|ue,  annonçant 
ik  la  Société  quMl  lui  a  alloué,  à  titre  d'encouragement,  une  somme  de 
600  francs. 

*  M.  le  Président  annonce  la  mort  de  M.  le  docteur  Loir»  membre 
correspondant. 

—  A  i»ropos  du  proeès-yerbal  : 


(Tenim^TatteM  An  tubereule  oaseax  médU»  âmnn  le  emm 
de  bee-de-lièirre  compliqué. 

M.  Broca.  Je  vois  avec  plaisir  que  le  dissentiment  n'est  paa  aussi 
grand  que  je  le  croyais  entre  mes  collègues  et  moi,  relatirement  à  la 
conservation  du  tubercule  osseux  médian  dans  le  cas  de  bec-de-lièvre 
compliqué. 


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-211  — 

Lots  de  ncltre  première  discussion,  j'avais  |mrlé  non  pas  d'un  cas 
particulier,  mais  au  point  de  Yue  général.  Or,  les  collègues  qui  ont 
réclamé  dans  la  dernière  séance  n'ayaient  pas  pris  la  parole  ce 
jour  là.  Quant  à  MM.  Giraldès  et  Demarquaj,  ils  paraissaient  you- 
îoir  rejeter  en  principe  la  conservation  du  tubercule  osseux. 

J'ai  reçu  une  lettre  de  M.  le  docteur  Ribell,  de  Toulouse,  m'annon-^ 
çant  qu'il  venait  de  faire,  il  y  a  huit  jours  environ,  Tapplication  de  la 
suture  osseuse  à  un  cas  analogue  au  mien.  Son  malade  va  bien,  mail 
cette  observation  n'aura  de  valeur  que  dans  quelques  mois,  lorsqu^on 
aura  la  preuve  que  la  soudure  osseuse  est  bien  réelle. 

DISCUSSION. 
Luxation  du.  poignet. 

M.  BoiNET.  M.  Guyon,  dans  la  dernière  séance,  a  rappelé  un  cas 
de  luxation  en  avant  du  poignet  que  j'avais  autrefois  montré  à 
M.Nélaton  et  dont  celui-ci  avait  parlé  dans  son  livre  de  patiiologie. 
Ce  fait  a  été  présenté  à  TAcadémie  par  M.  Gerdy.  J'avais  trouvé  cette 
luxation,  à  ramphilhéâtre,  sur  le  cadavre  d'une  vieille  femme.  Le 
poignet  était  tellement  déformé,  que  le  carpe  faisait  saillie  en  avant 
et  les  os  de  Tavant-bras  sur  le  dos  de  la  main.  Je  disséquai  la  région, 
e*  je  trouvai  dans  cette  articulation,  dont  les  mouvements  étaient  par- 
faits, du  côté  de  l'apophyse  slyloïde  du  radius,  une  lésion  ancienne 
qui  paraissait  être  la  trace  d'une  fracture.  Ainsi,  dans  ce  cas,  il  y 
avait  eu  une  lésion  des  os  et  non  une  luxation  pure. 

Sur  le  cadavre,  j'ai  essayé  de  produire  des  -luxations  du  poignet; 
dans  tous  les  cas,  le  déplacement  était  accompagné  de  fractures  des 
os  voisins. 

Je  crois  que  les  luxations  pures  sont  tout  à  fait  rares,  sinon 
impossibles.  Les  faits  dans  lesquels  l'autopsie  a  été  pratiquée  font 
défaut. 

M.  Desormbàux.  Autrefois,  j'étais  de  l'avis  de  M.  Boinet;  mais 
il  y  a  trois  ans,  j'ai  observé  un  cas  de  luxation  en  arrière,  qui  n'a 
pas  laissé  de  doute  dans  mon  esprit,  quoique  je  n'aie  pas  pratiqué 
l'autopsie. 

Dans  ce  cas,  j'ai  diagnostiqué  une  luxation,  parce  que  le  carpe  fai  - 
sait  en  arrière  une  saillie,  située  plus  bas  que  celle  qui  existe  dans  la 
fracture  du  radius.  De  plus,  les  apophyses  styloïdes  du  radius  et  du 
cubitus  faisaient  saillie  en  avant.  La  saillie  du  carpe,  en  arrière,  était 
masquée  par  le  faisceau  des  tendons  extenseurs,  mais  en  repous- 
sant ceux-ci  sur  la  ligne  médiane,  on  pouvait  sentir  les  saillies  laté* 


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—  212  — 

raies  du  carpe.  En  ayant,  se  trouvait  le  faisceau  des  tendons  fléchis- 
seurs; en  le  refoulant  sur  la  ligne  médiane,  on  trouvait  facilement  les 
saillies  des  apophyses  styloïdes. 

La  réduction  a  été  faite  sans  difficulté.  Pour  réduire,  j'ai  exercé 
une  traclion,  la  main  étant  dans  une  légère  flexion;  puis  j'ai  redressé 
celle-ci  lorsque  les  surfaces  articulaires  ont  été  rentrées  dans  leur 
cavité.  On  ne  put  alors  faire  mouvoir  les  fragments,  comme  cela  se 
passe  après  la  réduction  d'une  fracture  de  l'extrémité  inférieure  du 
radius. 

Le  plâtre  que  nous  a  présenté  M.  Guyon  m'a  fait  croire  bien  plutôt 
à  l'existence  d'une  fracture  du  radius  qu'à  celle  d'une  luxation  en 
arrière  du  carpe. 

M.  .Larret.  Les  luxations  pures  du  poignet  existent  bien  réelle- 
ment, et  l'on  peut  rappeler  le  fait  de  M.  Padieu,  dans  lequel  la  lésion 
fut  vérifiée  par  l'autopsie.  Il  n'existait  aucune  fracture.  En  1851, 
M.  Paret,  médecin  militaire,  a  soutenu  sur  ce  sujet  une  bonne  thèse, 
dans  laquelle  sont  reproduits  les  principaux  faits  connus. 

M.  GuY9N.  J'ai  dit  que  je  présentais  un  moule  de  luxation  en 
arrière  du  poignet,  sans  fracture  de  Textrémité  inférieure  du  radius; 
mais  je  n'ai  pas  entendu  parler  de  la  fracture  des  rebords  articu- 
laires. 

M.  Marc  Sée.  Je  ne  voudrais  pas  que  le  fait  présenté  par  M.  Guyon 
prît  rang  dans  la  science  sans  contestation. 

M.  Guyon  a  dit  que,  dans  la  fracture  du  radius,  il  y  avait  toujours 
déjettement  en  dehors  du  fragment  inférieur  et  de  la  main.  Ce  signe 
est,  en  eff^et,  donné  .par  les  auteurs,  mais  cela  n'est  pas  toujours 
exact.  Souvent  il  existe  seulement  une  inclinaison  du  fragment  infé- 
rieur en  arrière,  d'où  la  nécessité  de  reconnaître  deux  variétés  de  ces 
fractures  ;  fracture  avec  inclinaison  en  arrière  et  en  dehors  ;  fracture 
avec  inclinaison  en  arrière  seulement.  J'ai  pu  constater  l'existence  de 
ces  deux  variétés  chez  un  couvreur  qui  avait  fait  une  chute  d'un  lieu 
élevé  sur  les  deux  poignets.  Du  côté  où  il  y  avait  une  simple  incli- 
naison en  arrière,  la  déformation  était  en  tout  semblable  à  celle  que 
nous  observons  sur  le  moule  que  nous  a  présenté  M.  Guyon. 

M.  Chassaignag.  Au  point  où  en  est  cette  question,  on  ne  peut 
avoir  une  solution  satisfaisante  que  les  pièces  anatomiques  en  main. 
Mais  nous  ne  devons  pas  oublier  que  si  la  luxation  du  poignet  était 
admise  trop  facilement  autrefois,  il  s'est  produit  sur  ce  point  une 
réaction  que  l'on  pourrait  regarder  comme  exagérée  depuis  que 
Dupuytren  a  formulé  l'opinion  de  l'existence  presque  constante  de  la 
iracture,  à  la  suite  des  traumatismes  de  ce  genre. 


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—  213  — 

U.  GuTOM.  J*ai  fait  TOir  qu'il  y  arait  une  déformation  énorme  en 
arrière,  et  je  crois  que  lorsque  ce  déplacement  est  aussi  marqué,  Il 
existe  une  déviation  en  dehors,  dans  le  cas  de  fracture. 

La  réduction  a  été  opérée,  et  le  déplacement  ne  s'est  pas  reproduit. 
Le  membre,  douze  jours  après  la  réduction,  est  bien  conformé. 

H.  Labbé  Je  ne  saurais  accorder,  comme  le  fait  M.  Desormeaux, 
une  importance  bien  grande,  pour  établir  le  diagnostic  différen- 
tiel entre  la  fracture  et  la  luxation,  à  la  facilité  plus  ou  moins  grande 
que  Ton  aurait  à  faire  encore  mouvoir  les  fragments,  lorsque  la 
réduction  a  été  opérée.  Ce  signe  peut  avoir  une  valeur  assez  grande, 
quand  il  s'agit  de  comparer  une  luxation  du  coude  à  une  fracture  de 
l'extrémité  inférieure  de  l'humérus,  mais  il  est  bien  moius  important 
dans  le  cas  actuel. 

M.  DesoRMEAUX.  Je  ne  suis  pas  complètement  d'accord  avec 
M.  Labbé.  Je  n'ai,  en  tout  cas,  indiqué  la  possibilité  de  reproduire  le 
déplacement  que  comme  un  sigoe  secondaire.  Ce  qui  m'a  paru  le 
plus .  important,  c'est  d'avoir  pu  mettre  mon  doigt  dans  les  cavités 
articulaires  du*  radius  et  du  cubitus.  Voilà  le  sigiie  qui  m'a  para 
pathognomonique.  i  * 

COMMUNICATION. 

Corps  fibreux  de  la  matriee  expulsé  après  le  travail 
de   l'aeeoaehemeat.    • 

M.  Depacl,  au  nom  de  M.  le  docteur  Fallu,  fait  la  communication 
suivante  : 

M.  le  docteur  Faliu  fut  appelé  à  donner  des  soins  à  une  dame,  âgée 
de  30  ans,  habitant  la  rue  Saint-Honoré.  Cette  personne  était  habi- 
tuellement bien  réglée;  quoique  un  peu  lymphatique,  elle  jouissait 
d'une  assez  bonne  santé. 

Celte  dame  a  déjà  eu  trois  grossesses  et  est  accouchée  à  terme.  Les 
grossesses  ont  été  pénibles;  il  existait,  pendant  leur  durée,  des  varices 
très- développées. 

Les  dernières  règles  sont  venues  du  10  au  15  juillet  1867.  Trois 
mois  avant  ce  quatrième  accouchement,  on  a  observé  de  l'anasarque 
et  de  l'ascite,  lesquels  ont  disparu,  un  mois  avant  l'accouchement,  à 
la  suite  d'évacuations  d'urine  extraordinairement  abondantes. 

Le  15  avril  1867,  cette  dame  fut  prise  de  quelques  douleurs  et 
perdit  des  glaires. 

Le  16,  *à  onze  heures  du  soir,  le  véritable  travail  commença;  les 
membranes  étaient  intactes,  elles  furent  rompues.  Quelques  instants 


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-  214  — 

après,  tette  tlatne  aecoueha  spontanément  âTune  fille  peu  Tohimînense, 
mais  bien  portante. 

La  déliYrance  fat  facile,  et  lorsqu'elle  fut  terminée,  M.  FaTiu  intro- 
duisit la  main  dans  Tutéros  pour  extraire  des  caillots  ;  il  trouva  alors 
un  corps  dur,  lisse,  glissant,  qu'il  ne  put  saisir. 

L'absence  de  tout  accident  engagea  à  temporiser. 

Les  jours  suirants,  la  malade  éprouTa  quelques  malaises  et  expulsa 
quelques  petits  caillots.  Le  toucher  fut  pratiqué  tous  les  jours^  et  on 
constata  que  ie  col  reprenait  sa  forme  habitueile. 

Les  lochies  étaient  fétides;  il  existait  un  peu  de  douleur  dans  la 
fosse  iliaque  droite.  Pouls  à  80. 

Le  20  avril,  quatre  jours  après  l'accouchement,  sans  qu'il  y  eût  eu 
de  douleur  vive  ni  d'hémorrhagie ,  une  tumeur  volumineuse  fut 
expulsée. 

Cette  tumeur  était  complètement  sessile  et  entière;  elle  était  entou- 
rée d'une  couche  mince  de  tissu  cellulaire,  lâche,  plus  dense  dans 
quelques  endroits.  Quelques  sillons,  sans  direction  régulière,  creu- 
saient sa  surface. 

Cette  tumeur,*  grosse  comme  le  poing,  était  rougeâtre,  un  peu 
aplatie  sur  ses  deux  plus  grandes  faces,  plus  longue  que  large.  Les 
deux  extrémités  sont  légèrement  arrondies  et  inégales  entre  elles  * 
ce  serait  donc  par  la  forme  une  espèce  de  cône  tronqué  et  aplati. 

La  surface  en  est  lisse  et  la  masse  lourde,  dure  et  élastique.  Une 
incision  pratiquée  sur  la  tumeur,  laissa  écouler  une  petite  quantité  de 
liquide  transparent,  d'un  rouge  clair  et  sans  onctuosité  appréciable. 

La  tumeur  a  été  présentée  à  M.  Depaul,  un  certain  temps  après  son 
expulsion,  alors  que  ses  caractères  extérieurs  étaient  déjà  notable- 
ment modifiés. 

M.  Depaul  se  demanda  s'il  ne  s'agissait  pas  là  d'un  cas  de  mons- 
truosité fœtale.  En  effet,  quelques-uns  de  ces  produits  sont  tellement 
modifiés,  qu'avec  Geoffroy  Saint-Hilaîre  on  peut  résumer  ainsi  leur 
organisation  :  «  un  sac  de  peau  renfermant  très-peu  de  choses  ;  quel- 
quefois un  peu  de  cartilage,  etc.  »  Ce  sont  des  monstres  qui  ont  été 
décrits  sous  le  nom  à'Anidiens.  Dans  le  cas  actuel  il  n'y  avait  pas  de 
poils  sur  la  tumeur,  pas  de  cordon  ;  on  ne  trouvait,  à  Tintérieur,  ni 
tissu  osseux,  ni  tissu  cartilagineux  ;  je  pensai  qu'il  n'y  avait  que  l'exa- 
men microscopique  qui  pût  trancher  la  question.  Cet  examen  a  été  fait 
par  M.  Robin,  qui  a  rédigé  la  note  suivante  : 

«  Le  produit  morbide  que  m'a  fait  remettre  M.  le  professeyr  Depaul, 
est  un  corps  fibreux  type,  multilobulé,  composé  en  grande  partie  de 
fibres  musculaires  de  la  vie  végétative,  avec  cloisons  de  tissu  lamî*" 


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—  215  — 

Deux  entre  chaque  lobe.  Atcc  les  fibres  musculaires  se  trcm- 
ve&t  associées»  comme  k  l'ordinaire,  dans  chaque  lobe,  des  fibres  de 
tissu  cellulaire  ou  lamineux,  et  uœ  eertaioe  quantité  de  matière 
amorphe.   Ce  produit  est  donc  d'origine  utérine  et  non  d'origine 


H.  Robin  a  reconnu  qu'il  s'agissait  d'un  corps  fibreux,  et  s'est 
trouvé  ainsi  d'aocord  avec  M.  le  docteur  Fallu,  qui  avait,  dès  le  dé- 
but, émis  cette  opinion. 

Cependant^  dans  ce  cas,  il  y  a  quelques  raisons  d'y  regarder  de  {urès, 
car  les  monstruosités  du  genre  de  celles  dont  Je  parlais  sont  connues 
depuis  peu  de  temps.  On  les  observe  surtout  dans  la  race  bovine. 

J'en  ai  observé  un  chez  la  femme.  La  tumeur  était  recouverte  de 
peau  et  de  quelques  poils.  11  existait  une  sorte  d'ombilic,  et,  dans  aon 
intérieur,  on  trouva  quelques  fragments  osseux  et  cartilagineux. 

Je  ferai  remarquer  que  ces  faits  de  corps  fibreux»  faisant  saillie 
dans  la  matrice,  ne  sont  pas  excessivement  rares  ;  seulement»  dans 
le  plus  grand  nombre  de  cas,  ils  sont  placés  de  telle  façon  qu'ils  y 
restent. 

Ici,  au  contraire,  il  s'est  passé  un  phénomène  très- facile  à  com- 
prendre I  Ce  corps  fibreux,  développé  dans  la  paroi  de  la  matrice,  a 
pris  de  l'accroissement  pendant  la  grossesse,  et  il  s'est  éliminé  tout 
seul,  ou  plus  probablement  son  élimination  a  été  favorisée  par  les 
manœuvres  que  notre  confrère  a  pratiquées  dans  le  but  de  le  saisir 
et  de  l'extraire.  ' 

Je  rappellerai  les  observations  relatives  a  des  faits  de  cette  nature, 
et  appartenant  au  docteur  Oldham  (1844,  Guys  Hospiital,  Reports  et 
Journal  de  Chirurgie  y  1844);  à  MM.  Moore  et  RamsboLham  (dans  ce 
cas  il  s'agissait  d'une  femme  de  30  ans,  accouchée  depuis  trois  se* 
maines);  à  M.  Crisp,  à  M.  Guyot.  à  M.  Churchill,  à  M.  Eadford.  Je 
rappellerai,  enfin,  le  fait  consigné  par  Mr  Dauyau,  dans  Journal  dû 
Chirurgie  de  1846.  Il  s'agissait  d'un  corps  fibreux,  inséré  sur  )e  col; 
sept  heures  après  l'accouchement,  M.  Danyau  en  fit  la  section  et  la 
malade  guérit. 

Dans  un  cas  observé  par  M.  Merrimann,  le  polype  fut  lié  pendant  la 
grossesse,  la  guérison  eut  lieu  et  Taccouchement  se  fit  un  mois  après. 

M.  Târnier,  Ainsi  que  vient  de  le  dire  M.  ûepaul,  ces  faits  là  ne 
sont  pas  très- rares.  Plusieurs  exemples  sont  relatés  dans  les  ouvrages 
classiques,  et  notre  collègue,  M.  Guyon,  dans  sa  thèse  d'agrégation, 
leur  a  consacré  quelques  pages. 

J'ai  observé  deux  cas  semblables  à  celui  dont  M.  Dépaul  vient  d^ 
QQus  entret^ir.  Dans  l'un  des  cas,  on  m'appela  pour  une  hémorrba* 


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—  216  — 

gie  et  j^constatai  la  présence  de  plusieurs  corps  fibreux.  Je  ne  cher- 
chai pas  à  les  énucléer,  et  quatre  ou  cinq  jours  plus  tard,  le  médecin 
de  la  malade  me  fit  savoir  que  deux  de  ces  tumeurs  avaient  été  ex- 
pulsées. 

Chez  une  autre  femme,  j'observai  une  tumeur  fibreuse  très-grosse, 
qui  pouvait  faire  craindre  pour  la  régularité  de  Taccouchement.  Quel- 
ques jours  après  l'accouchement  la  tumeur  fibreuse  fut  rendue  spon- 
tanément. 

Ces  tumeurs  peuvent  donner  lieu  à  des  résultats  fâcheux.  Elles 
peuvent  produire  des  hémorrhagies,  si  le  placenta  est  inséré  à  leur 
voisinage,  parce  qu'elles  empêchent  l'utérus  de  se  rétracter  convena- 
blement. J'ai  eu  un  cas  de  mort  par  hémorrhagie,  dans  ces  conditions. 

Pour  corroborer  l'opinion  de  M.  Depaul,  je  dirai  que  j'ai  eu  aussi 
l'occasion  d'observer  un  anide  à  la  suite  d'une  grossesse  gémellaire. 
Celui-ci  pendait  par  un  petit  cordon  au  placenta. 

M.  Trélat.  J'ai  observé  un  fait  qui  a  quelque  analogie  avec  ceux 
dont  nous  a  entretenu  M.  Depaul. 

•  Chez  une  femme,  il  existait  un  corps  fibreux  qui  avait,  été  constaté 
pendant  la  grossesse  et  pendant  l'accouchement.  L'accouchement  fut 
facile  et  la  malade  sortit  guérie  de  l'hôpital. 

Quinze  jours  après  sa  sortie,  elle  rentrait,  et  à  travers  le  col  qui 
s'était  réouvert  on  sentait  le  corps  fibreux  allongé,  ramolli.  J'avais 
l'intention  d'opérer,  mais  le  corps  fibreux  se  détacha  spontanément, 
et  trois  jours  après  sa  chute  le  col  était  complètement  rétracté. 

M.  GuÉNioT.  Dans  l'une  des  prochaines  séances,  je  relaterai  ici  un 
cas  analogue,  pour  lequel  l'opération  césarienne  était  décidée,  et  ce- 
pendant l'accouchement  s'est  terminé  facilement. 

Je  ne  crois  pas  que  les  corps  fibreux  se  ramollissent  autant  qu'on 
Ta  dit,  pendant  la  grossesse.  Les  corps  fibreux  sous-péritoneaux  di» 
minuent  très-rarement  de  consistance  sous  l'influence  de  la  grossesse, 
de  même  que  ceux  qui  étant  inclus  dans  le  tissu  utérin  s'en  trouvent 
cependant  isolés  par  une  sorte  de  bourse  séreuse. 

Les  seuls  corps  fibreux  qui  se  ramollissent  alors  sont  ceux  qui  font 
saillie  dans  la  cavité  utérine. 

M.  Depaul.  Je  crois  qu'au  point  de  vue  des  accouchements,  il  faut 
établir  des  distinctions  entre  les  corps  fibreux.  Ceux  qui  sont  isolés  du 
tissu  utérin  ne  se  ramollissent  pas  comme  ceux  qui  sont  dans  Tépais- 
seur  de  ce  tissu. 

La  tumeur  que  j'ai  présentée  ici  était  sans  nul  doute  séparée  de  la 
face  interne  de  Ja  matrice  par  une  couche  très-mince  de  tissu  utérin. 
Les  manœuvres  faites  par  notre  confrère  auront  facilité  la  division  de 


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—  217  — 

celle  couche  protectrice  et  facilité  son  énucléation  ultérieure.  La  ma- 
trice, en  se  rétractant,  a  une  tendance  à  faire  éclater  la  couclie  peu 
épaisôe  qui  recouvre  la  tumeur. 

Quelquefois  on  observe  des  tumeurs  pédiculées  du  côté  de  la  cavité 
utérine,  mais  tel  n'était  pas  le  cas  chez  notre  malade. 

Le  ramollissement  dés  tumeurs  fibreuses  peut  être  observé,  mais  il 
4i*existe  pas  toujours,  et  dans  un  cas  j'ai  été  obligé  de  pratiquer  Topé- 
ration  césarienne,  par  suite  de  la  présence  d'une  tumeur  fibreuse 
très-dure. 

M.  Tarnier.  n  est  certain  qu'il  y  a  des  tumeurs  fibreuses  qui  ne  se 
ramollissent  pas,  mais  d'autres  se  ramollissent  de  manière  à  simuler 
l'existence  d'un  corps  liquide.  Dans  un  cas  de  ce  genre,  un  médecin 
croyait  à  l'existence  d'un  kyste,  tellement  le  corps  fibreux  était  ra- 
molli. 

PRÉsBinrATioir  db  pièce. 

EnckondroMie  pur  de  1»  parotUk». 

M.  GinroN.  La  nommée  X...,  âgée  de  17  ans  et  demi,  est  entrée  à 
'  l'hôpital  des  Cliniques  le  8  mai  1868.  Cette  jeune  fille  porte  à  la  région 
postérieure  de  la  face,  du  côté  gauche,  une  tumeur  du  volume  du  poing. 
Elle  avait  10  ans  quand  elle  s'aperçut  qu'elle  avait  derrière  l'oreille 
une  petite  tumeur  de  la  grosseur  d'un  pois,  dure,  et  qu'elle  pouvait 
presser  sans  déterminer  aucune  douleur.  Pendant  les  quatre  ans  qui 
suivirent,  elle  se  développa  assez  rapidement  pour  atteindre,  à  peu  de 
chose  près,  le  volume  qu'elle  nous  présente  aujourd'hui.  A  14  ans  cette 
jeune  fîlie  fut  réglée.  Dans  l'année  qui  suivit  l'apparition  des  règles, 
la  tumeur  qui,  jusque-là,  n'avait  pas  été  douloureuse,  devint,  à  inter- 
valles assez  éloignés,  le  siège  d'élancements  qui  se  faisaient  surtout 
sentir  au  moment  des  époques.  Aujourd'hui  la  tumeur  mesure  24  cen- 
timètres de  circonférence.  Elle  est  assez  arrondie,  ou  plutôt  un  peu 
ovale,  à  petite  extrémité  tournée  en  haut.  Son  diamètre  transversal 
est  de  13  centimètres.  Son  diamètre  antéro>postérieur  est  de  12  cen- 
timètres en  bas,  tandis  qu'à  la  partie  supérieure  il  n'atteint  que 
10  centimètres.  Elle  est  assez  régulièrement  limitée  en  avant  par  le 
bord  antérieur  du  masséter,  en  arrière  par  le  bord  postérieur  du 
sterno-cleîdo-mastoïdien.  En  haut  elle  soulève  le  lobule  du  pavillon 
de  roreille  et  s'arrête  au  niveau  de  la  paroi  inférieure  du  conduit  au- 
ditif  externe;  en  bas,  elle  dépasse  de  trois  centimètres  l'os  ma^laire 
inférieur.  La  tumeur  est  dure,  bosselée,  surtout  à  la  partie  postérieure 
^t  inférieure.  Elle  ne  présente  de  fluctuation  dans  aucun  point  de  soa 
2«  série.  —  TOME  IX.  28 


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—  218  — 

étendue.  La  peau  qui  la  recouvre  n'offre  pas  de  changement  de  colo- 
ration, elle  esl  mobile,  non  amincie,  si  ce  n'est  au  niveau  des  bosse- 
lures, où  elle  est  un  peu  rouge  et  luisante.  On  peut  imprimer  à  la  tu- 
meur des  mouvements  assez  étendus  et  en  tous  sens.  Si  Ton  fait 
ouvrir  la  bouche  à  la  malade,  on  voit  une  saillie  assez  considérable 
qui  soulève  les  piliers  du  voile  du  palais.  Si  Ton  abaisse  la  langue  et 
qu'on  tire  la  tumeur  en  dehors,  on  voit  que  les  piliers  du  voile  du  pa- 
lais sont  entraînés. 

On  sent  très-bien  les  battements  de  la  temporale  au-dessus  de  la 
tumeur.  On  ne  retrouve  pas  Tartère  faciale  en  avant,  mais  on  la  re- 
trouve facilement  en  bas.  La  veine  jugulaire  externe  répond  à  sa  par- 
tie supérieure  et  inférieure.  Aucun  phénomène  n'indique  la  compres- 
sion du  nerf  facial.  Il  n'y  a  pas  de  déviation  de  la  bouche  quand  on 
fait  souffler  la  malade.  Si,  au  moyen  de  l'électricité,  on  cherche  à  dé- 
terminer si  le  facial  occupe  la  superficie  de  la  tumeur,  on  obtient  un 
résultat  négatif.  Le  muscle  sterno-mastoïdien  est  mobile  sous  elle.  Au- 
cun trouble  dans  l'œil  gauche,  aucune  altération  de  la  voix.  L'audition 
s'opère  normalement,  c'est  à  peine  si  la  malade  a  quelquefois  des 
bourdonnements  d'oreille. 

Le  25  mai  on  pratiqua  l'ablation  de  la  tumeur.  La  malade  est  chlo- 
roformée. Une  incision  partant  de  l'apophyse  zygomatique  en  avant 
est  conduite  à  deux  centimètres  au-dessous  du  lobule.  Une  seconde 
incision  est  faite  du  bord  inférieur  de  l'apophyse  mastoïde  à  l'extré- 
mité de  la  première  ;  de  leur  point  de  réunion  on  abaisse  une  incision 
verticale  jusqu'au  dessous  des  limites  inférieures  de  la  tumeur.  Tous 
les  tissus  qui  recouvrent  celle-ci  sont  divisés  de  façon  à  disséquer  sur 
la  tumeur  elle-même.  Aucun  vaisseau  important  n'egt  lésé.  On  n'a  à 
faire  que  deux  ligatures  sur  des  artérioles  situées  au-dessous  du  lo- 
bule. La  tumeur  se  laisse  facilement  énucléer  par  la  spatule  et  le 
manche  du  bistouri.  Elle  ne  présentait  avec  les  parties  environnantes 
que  des  adhérences  celluleuses  très-lâches. 

On  réunit  la  partie  supérieure  de  l'incision  par  plusieurs  points  de 
suture.  On  a  laissé  environ  deux  centimètres  non  réunis  à  la  partie 
inférieure. 

Dans  la  journée  aucune  hémorrhagîe  n'a  eu  lieu.  Le  soir,  la  malade 
avait  de  la  fièvre.  Le  thermomètre  placé  sous  l'aisselle  marquait  38<»,8. 
Lcpoulsétait  à  120. 

Pendant  les  jours  suivants,  l'état  fébrile  persiste.  La  suppuration 
de  la  plaie  est  de  bonne  nature.*  On  renouvelle  chaque  soir  et  chaque- 
matin  le  pansement  avec  le  linge  cératé.  La  température  reste  jusqu'au 
29  à  380,4  le  soir.  Le  29,  on  enlève  les  fils,  que  Ton  retire  secs,  et 


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'   —  219  — 

sans  qu'ils  aient  déterminé  autour  d'eux  de  suppuration.  Le  30  mai,  ou 
s'aperçoit,  en  faisant  le  pansement  du  matin,  que  les  bords  de  l'incision 
sont,  à  la  partie  inférieure,  au  niveau  où  Ton  n'avait  pas  fait  de  su- 
ture, un  peu  grisâtres.  On  abandonne  le  pansement  du  linge  cératé 
et  on  le  remplace  par  la  charpie  imbibée  d'alcool.  L'état  fébrile  va  du 
reste  en  diminuant.  Le  thermomètre  ne  marque  plus  le  soir  que  38® 
et  le  pouls  ne  s'élève  pas  au-delà  de  104  pulsations. 

Le  31.  La  malade  souffre  un  peu  au  niveau  de  la  plaie  et  dans 
l'épaule  du  côté  malade.  L'enduit  grisâtre  qui  recouvrait  les  bords  de 
Tincision  a  disparu  et  a  laissé  une  surface  saignant  assez  facilement. 
On  substitue  à  l'alcool  un  cataplasme  recouvert  de  taffetas  gommé.  La 
température,  qui  les  matins  précédents  ne  s'élevait  pas  au-dessus  de 
37^6,  est  ce  matin  de  38o,4,  et  le  pouls  donne  112  pulsations. 

Le  soir,  les  douleurs  ont  disparu.  L'état  fébrile  s'est  apaisé,  et  le 
thermomètre  ne  monte  plus  qu'à  37o,3. 

Pendant  les  jours  qui  suivent,  la  malade  continue  à  aller  de  mieux 
en  mieux,  la  température  suit  une  marche  décroissante,  la  plaie  four- 
nit une  suppuration  peu  abondante  et  de  bonne  nature.  Et  ati^ourd*hu{^ 
3  juin,  le  thermomètre  ne  marque  que  37°  et  le  pouls  ne  donne  que 
88  pulsations.  La  plaie  est  en  bonne  voie  de  cicatrisation.  Les  fils  à 
ligature  ne  sont  pas  encore  tombés. 

Examen  de  la  tumeur,  —  La  tumeur  se  présente  sous  la  forme 
d'un  gros  tubercule  sphéroïde,  mesurant  dans  son  grand  diamètre 
7  centimètres,  et  dans  sa  largeur  la  plus  grande,  6  cent.  5,  et  en  épais- 
seur, 5  cent.  A  la  surface,  'qui  est  lisse  et  résistante,  se  voient  des 
saillies  arrondies  hémisphériques,  d'un  volume  variable  entre  celui 
d'un  pois  et  d'une  grosse  noisette..  Ces  saillies  proéminent  sous  forme 
de  demi-sphères  et  déterminent  la  forme  sphéroïdale  de  la  tumeur. 

Elles  correspondent  aux  saillies  senties  sous  la  peau  et  sont  peu 
prononcées,  aplaties  même  vers  les  faces  profondes  de  la  tumeur. 

La  face  externe  de  la  tumeur  est  lisse,  nettement  circonscrite,  et  se 
présente  comme  une  sorte  de  coque  résistante  et  dure  comme  du  car- 
tilage, et  en  bien  des  points  comme  du  tissu  osseux. 

On  ne  trouve  pas  à  la  surface  de  tractus  de  tissu  cellulaire  bien  ap- 
préciable ;  à  peine  en  quelques  points  pourrait-on  séparer  de  fines 
lames  de  ce  tissu  restées  adhérentes  à  la  surface. 

La  tumeur  est  résistante  à  la  coupe,  surtout  lorsqu'on  incise  la  pé- 
riphérie. Une  coupe  longitudinale  montre  l'aspect  général  de  cette  tu- 
meur. On  voit  deux  surfaces  qui,  par  leur  translucidité,  leur  colora- 
tion bleuâtre,  à  reflets  grisâtres,  rappellent  Taspect  de  la  porcelaine 
fine.  En  quelques  points,  à  la  périphérie,  la  tumeur  est  légèrement 


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rosée.  Enfin,  à  un  examen  plus  minutieux,  il  semble  que  la  tumeur 
soit  composée  par  une  série  de  petites  tumeurs  dont  la  coupe  apparaît 
sur  la  coupe  générale  comme  des  cercles  finement  tracés  et  qui  sem- 
blent un  peu  plus  mats  que  les  parties  voisines.  Il  n'y  a  pas  d'écou- 
lement de  suc  ;  mais  à  la  pression  on  peut  faire  suinter  quelques 
gouttes  d'un  liquide  transparent,  un  peu  visqueux.  A  la  palpation,  à 
la  pression,  la  tumeur  présente  une  dureté,  une  résistance  cartilagi- 
neuse ;  elle  est  élastique,  se  laisse  très-difficilement  déprimer  et  pré- 
sente une  dureté  plus  prononcée  dans  les  points  durs  périphériques. 

Ajoutons  que  chaque  moitié  de  la  tumeur  est  translucide  et  laisse 
passer  la  lumière  ;  sur  deux  ou  trois  des  bosselures,  la  consistance 
est  moindre  et  plutôt  fibro-carlilagineuse,  et  même  mollasse,  en  même 
temps  qu'à  la  section,  il  s'écoule  un  liquide  visqueux  et  colloïde. 

Sur  des  coupes  plus  fines  on  retrouve  les  caractères  de  translu- 
cidité, d'élasticité,  de  résistance  qui,  à  l'œil,  me  permettaient  de  con- 
sidérer la  tumeur  comme  un  enchondrôme  vrai. 

L'examen  au  microscope  a  montré  des  variations  dans  la  compo- 
sition de  la  tumeur,  suivant  les  parties  considérées.  Dans  le  centre, 
on  retrouve,  dans  un  grand  nombre  de  points,  la  structure  d'un  cai> 
tilage  vrai,  c'est-à-dire  substance  fondamentale  présentant  de  la  trans- 
lucidité, résistante  à  la  pression,  finement  granulée  en  certains  points, 
légèrement  striée  en  d'autres,  et  entourant  un  grand  nombre  de  choa- 
droplastes.  Ces  chondroplastes  rappellent  surtout  par  leur  forme  et 
leur  disposition  les  chondroplastes  de  la  périphérie  des  cartilages  arti- 
culaires chez  les  fœtus  à  terme,  c'est-à-dire  qu'ils  sont  en  général 
allongés  ou  triangulaires,  ou  en  forme  de  marteau,  renfermant  une 
e  de  cartilage,  quelquefois  deux,  rarement  trois,  souvent  avec  un 
a,  souvent  renfermant  des  granulations  graisseuses.  On  trouve 
itre  une  grande  quantité  de  chondroplastes  tout  à  fait  analogues 
IX  des  cartilages  articulaires   vrais  ,  c'est-à-dire  arrondis   ou 
les,  renfermant  deux,  trois  et  même  quatre  cellules  de  cartilages 
^au,  ou  avec  granulations.  Ces  éléments  du  cartilage  se  rencon- 
dans  les  diverses  parties  de  la  tumeur  ;  mais  avec  eux  on  trouve 
périphérie  de  ces  masses  arrondies  et  difficiles  à  distinguer  les 
des  autres  qui  constituent  la  tumeur,  des  éléments  un  peu  diffé- 
.  En  efi'et,  à  la  périphérie  de  ces  îlots,  la  substance  fondamentale 
[it  hyaline,  élastique,  les  chondroplastes  sont  plus  allongés  et  pré- 
nt  des  espaces  anastomosés,  étoiles,  renfermant  une  ou  plusieurs 
es,  et  qui  représentent  une  des  périodes  d'évolution  des  chon- 
astes,  telles  qu'on  en  observe  dans  les  fîbro-cartilages  inter-articu- 
3,  ou  plutôt  dans  les  cartilages  de  certains  poissons;  et  enfin,  dans 


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—  221  — 

les  parties  les  plus  périphériques,  la  substance  fondamentale  elle- 
Hième  prend  un  aspect  strié  ;  mais  là  encore^  à  côté  de  cavités  étoilées 
anastomosées,  on  retrouve  des  chondroplastes  véritables. 

Les  portions  dures  de  la  périphérie  montrent  de  fines  lamelles  os- 
seuses dans  lesquelles  on  voit  nettement  une  grande  quantité  d'ostéo- 
plastes. 

En  résumé,  l'abondance  de  lîssu  cartilagineux  vrai,  à  côté  de  lissu 
cartilagineux  en  voie  de  formation,  l'enveloppe  lisse,  la  forme  et  la 
délimitation  nette  de  la  tumeur  permettent  de  la  considérer  comme  un 
enchondrôme  vrai,  bien  que  dans  certaines  parties  on  ne  retrouve  que 
du  lissu  se  rapprochant  des  fibro  cartilages  inter-arliculaires. 

Une  portion  du  tissu,  qui  a  été  incisée  avant  d'arriver  sur  la 
tumeur  et  qui  adhérait  à  l'enveloppe  fibreuse,  au  milieu  de  laquelle 
la  tumeur  était  comme  encapsulée,  a  été  examinée  au  microscope.  Il 
a  été  facile  d*y  retrouver  les  acini  de  la  parotide,  mais  un  grand 
nombre  d'entre  eux  étaient  atrophiés,  comprimés  et  remplis  de  gra- 
nulations graisseuses,  ou  môme  comblés  par  une  grosse  gouttelette  de 
graisse  fluide.  Dans  un  certain  nombre  d' acini  on  retrouvait  nettement 
répithélium  polygonal,  à  angles  arrondis  à  la  périphérie,  et  sphérique 
vers  le  centre  des  acini,  à  peu  près  comme  on  le  trouve  à  l'état  nor- 
mal, L'enchondrôme  s'était  donc  développé  dans  la  parotide  même. 

PRÉSENTATION  DE   PIÈCES  DE   PANSEMENT. 

M.  Demarquay  présente  de  la  part  d'un  industriel  de  Roubaix  des 
échantillons  de  tissus  de  charpie. 
La  séance  est  levée  à  5  heures  et  demie. 

Le  Secrétaire,  D'  Léon  Labbé. 


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—  222  — 

s4a.ncb  du  3  JUIN  1868 
Présidence    de   M.  L.EGOUEST 

Le  procès- verbal  de  la  précédente  séance  est  lu  et  adopté. 

CORRESPONDANCE . 

La  correspondance  comprend  : 

—  Les  journaux  de  la  semaine. 

—  Le  Bulletin  de  thérapeuiiqve,  — -  Les  Archives  générales  de  méde- 
cine^ numéro  de  juin. 

—  La  Gazette  médicale  de  Strasbourg.  —  Le  Sud  médical. 

—  A  report  ou  Amputations  ot  the  Hip- Joint  in  military  surgery. 
Circular  n^^  7.  —  Envoyé  par  M.  Barnes,  chirurgien  général  de  l'armée 
américaine.  —  Avec  de  nombreuses  figures  et  planches. 

—  De  rasthénopie,  par  le  docteur  A.-L.  Roulet. 

—  M.  le  doyen  de  la  Faculté  de  Strasbourg  adresse  à  la  Société  les 
Thèses  qui  ont  été  passées  devant  cette  Faculté^  de  mars  à  décembre  1867. 
Avec  deux  tables  chronologiques. 

—  Une  lettre  de  M.  Paulet,  qui  se  porte  candidat  à  la  place  de 
membre  titulaire  vacante  dans  la  Société. 

DISCUSSION. 
Luxations  du  poignet. 

—  M.  Marjolin.  Je  n'aurais  pas  pris  la  parole  dans  cette  discus- 
sion sans  rappel,  en  quelque  sorte  direct,  qui  m'a  été  fait  par  notre 
collègue  M.  Guyon,  attendu  que  je  suis  d'avance  bien  convaincu  que, 
malgré  des  faits  bien  observés,  beaucoup  de  chirurgiens  ne  veulent 
pas  admettre  qu'il  puisse  y  avoir  de  luxation  du  poignet  sans  fracture. 

En  cela,  ils  vont  bien  plus  loin  que  Dupuytren,  qui,  au  lieu  de  nier 
cette  possibilité,  s'était  borné  à  insister  sur  la  fréquence  des  erreurs 
de  diagnostic  et  à  dire  quMl  n'en  avait  jamais  observé,  et  que  tous  ces 
prétendus  faits  de  luxation  du  poignet  qui  lui  avaient  été  présentés 
n'étaient  autres  que  des  fractures  de  l'extrémité  inférieure  du  radius. 

Maintenant,  dire  que,  pour  être  certain  de  l'existence  d'une  véri- 
table luxation  du  poignet,  il  faille  l'autopsie,  et  ne  tenir  compte  de 
cette  preuve  qu'à  la  condition  que  les  tissus  n'aient  pas  été  modifiés 
par  la  suppuration,  c'est,  je  crois,  se  montrer  par  trop  exigeant. 


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—  223  — 

Je  ne  tiens  pas,  du  reste,  à  changer  des  convictions  qui,  un  jour  ou 
l'autre,  peuvent  être  modifiées  par  un  fait  sans  réplique;  je  crois  seu- 
lement que  ces  luxations  du  poignet  sans  fracture  sont  possibles,  mais 
qu*elles  sont  d'une  excessive  rareté. 

Quant  aux  faits  que  j'ai  observés,  les  voici;  il  y  en  a  quatre  ;  deux 
avec,  autopsie,  le  premier  sans  fracture,  le  second  compliqué  de  frac- 
ture; les  deux  autres,  de  date  plus  récente,  et  dont,  fort  heureusement 
pour  ces  malades,  le  diagnostic  n'est  pas  entouré  de  toutes  les  preuves 
exigées,  c'est-à-dire  l'autopsie,  m'ont  paru  sans  fracture. 

Dans  le  premier  cas,  il  s'agissait  d'un  garçon  de  bains  qui,  dans  une 
chute,  avait  eu  le  poignet  meurtri  par  la  roue  de  sa  voiture.  Ici  donc, 
il  pouvait  y  avoir  deux  causes  réunies  :  la  chute  et  la  contusion 
directe.  La  luxation  avait  été  bien  reconnue  par  MM.  Laugier  et  mon 
père,  et  facilement  réduite.  A  la  suite  de  cet  accident,  il  survint  ua 
phlegmon  de  la  main  et  de  l' avant-bras  ;  le  malade  mourut,  et  à  l'au- 
topsie, on  trouva,  à  la  vérité,  une  altération  des  ligaments,  augmentée 
par  la  suppuration,  mais  les  os  de  l'avant-bras  étaient  intacts. 

Dans  le  second  cas,  où  il  y  a  eu  autopsie,  il  y  avait,  outre  la  luxa- 
tion en  avant  du  poignet,  une  fracture  de  Textrémité  inférieure  du 
radius.  C'est  en  1837  que  j'eus  occasion  d'observer  ce  fait,  étant 
interne  chez  M.  Martin  Selon  :  le  malade  était  un  homme  âgé,  qui 
avait  été  amené  pour  une  congestion  cérébrale,  à  laquelle  il  succomba. 
Son  fils  nous  raconta  que,  plusieurs  mois  auparavant,  il  était  tombé 
dans  un  escalier,  et  que  tout  le  poids  du  corps  avait  porté  sur  les 
mains.  Le  traitement  consécutif  avait  été  à  peu  près  nul,  et  le  blessé 
avait  continué  à  se  servir  tant  bien  que  mal  de  sa  vain.  Au  premier 
examen,  malgré  la  difformité  excessive  de  la  main  et  du  poignet,  il 
était  facile  de  reconnaître  tous  les  signes  de  la  luxation  du  poignet  en 
avant  ;  mais  à  l'autopsie,  il  fut  évident  que,  s'il  existait  une  luxation, 
il  existait  aussi  une  fracture  de  la  partie  antérieure  du  radius,  et  que» 
tout  au  pourtour  du  fragment,  il  s'était  produit  des  végétations 
osseuses,  ce  qui  cx)ntribuait  à  augmenter  la  difformité  du  poignet. 

Les  deux  autres  cas  que  j'ai  observés  plus  récemment  n'ont  pas  eu, 
je  le  répète,  la  preuve  exigée,  c'est-à-dire  l'autopsie;  mais  je  crois 
qu'il  n'y  a  pas  eu  de  fracture. 

Le  premier  des  deux  malades  chez  lequel  j'ai  observé  la  luxation 
était  un  jeune  ouvrier  peintre  qui,  en  tombant  d'une  échelle,  eut  la 
main  et  l'avant-bras  pris  entre  deux  échelons;  la  luxation  se  réduisait 
facilement  et  se  reproduisait  de  même;  aussi,  je  dus  traiter  le  malade 
comme  s'il  s'agissait  d'une  fracture  :  malheureusement,  je  ne  pus  pas 
faire  mouler  Tavant-bras. 


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—  224  — 

Dans  le  dernier  cas,  dont  je  vous  présente  le  moule,  l'accident  est 
arrivé  chez  un  garçon  de  12  ans  et  demi,  assez  grand,  employé  chez 
un  apprèteur  d'étoffes.  En  courant  le  matin  sur  le  quai,  son  pied  avait 
été  pris  dans  un  trou,  et  tout  le  poids  du  corps  avait  porté,  dans  la 
chute,  sur  la  paume  de  la  main  droite. 

L'accident  était  arrivé  à  sept  heures  du  matin.  A  neuf  heures,  le 
blessé  était  amené  à  l'hApital,  et  comme  à  ce  moment  il  n'y  avait  pas 
encore  de  gonflement,  on  pouvait  parfaitement  sentir  à  la  face  dor- 
sale et  inférieure  de  l'avant-bras,  la  rangée  des  os  du  carpe,  tandis 
que  l'extrémité  des  os  de  l'avant-bras  était  très-saillante  en  avant,  ce 
qui  permettait  de  sentir  très-nettement  presque  toute  la  surface  arti- 
culaire du  radius.  A  ce  moment,  les  doigts  étaient  légèrement  fléchis, 
et  il  n'y  avait  pas  la  moindre  inclinaison  latérale  de  la  main  sur  le 
côté  radial.  On  pouvait  imprimer  quelques  mouvements  de  latéralité 
à  la  main  ou  d*avant  en  arrière;  quant  à  l'extension  des  doigts,  elle 
était  difficile. 

Avant  la  réduction,  la  mensuration  donnait  le  résultat  suivant  : 
des  deux  côtés,  du  sommet  de  l'olécrâne  à  l'extrémité  inférieure  du 
cubitus,  0,22. 

Du  sommet  de  la  convexité  de  la  rangée  des  os  du  carpe  à  l'extré* 
mité  supérieure  du  radius  du  côté  malade,  0,18;  du  côté  sain,  0,21. 

En  l'absence  de  toute  mobilité  et  de  toute  crépitation,  tout  du  long 
du  radius  et  du  cubitus,  et  avec  les  différences  de  longueur  signalées, 
je  ne  pouvais  admettre  que  deux  hypothèses  :  ou  un  arrachement 
épiphysaire,  ou  une  luxation. 

Pour  ce  qui  est  de  l'arrachement  des  épiphyses^  comme  il  est 
excessivement  rare  d*une  part,  et  que,  lorsque  cette  lésion  existe,  il 
y  a,  outre  la  crépitation  causée  par  la  séparation  des  parties  osseuses, 
presque  toujours  des  lésions  graves  des  parties  molles  et  difficulté  de 
la  réduction,  comme  dans  les i^ractures  par  enclavement;  faban- 
donrtai  entièrement  cette  idée  et  j'adoptai  celle  d'une  luxation  du  poi- 
gnet en  arrière. 

Je  prévois  bien  toutes  les  objections  qui  me  seront  faites  à  Tinspec- 
tion  de  ce  moule,  qui  ne  put  être  fait  que  douze  heures  après  l'acci- 
dent, alors  qu'il  existait  déjà  un  gonflement  plus  marqué  que  le 
matin;  on  me  dira  que  c'est  exactement  la  même  configuration  gua 
dans  les  fractures  de  l'extrémité  inférieure  du  radius;  je  n'en  discon- 
viens pas,  et  je  me  contente  de  répondre  que  si  chacun  avait  pu,  au 
moment  même  de  l'accident,  se  rendre  compte  de  l'état  des  par- 
ties par  un  examen  attentif,  mon  opinion  aurait  plus  de  partisans. 

Les  retards  que  me  firent  éprouver  les  mouleurs  m'empêchèrent  de 


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I 


—  225  — 

procéder  de  suite  à  la  réduction  :  elle  fut  opérée  le  lendemain  matin, 
vingt-quatre  heures  après  Faceident^  en  présence  des  internes  dePhô- 
pital.  La  réduction  fut  très-facile.  Le  bras  et  Tavant-bras  étant  fixés, 
il  me  suffit,  pendant  qu'un  aide  tirait  sur  la  main,  de  repousser  un 
peu  en  avant  le  carpe  pendant  que  je  relevais  Textrémité  inférieure  de 
Tos  de  Tavant-bras  ;  à  ce  moment,  j'éprouvais  non  pas  la  sensation 
d'une  crépitation  de  fracture,  mais  une  sensation  analogue  à  celle 
que  Ton  perçoit  dans  toute  luxation  réduite,  avec  cette  difiérence 
qu'elle  était  moins  forte. 

Dès  ce  moment,  non- seulement  la  déformation  du  poignet  avait 
entièrement  disparu,  mais  en  recommençant  les  mêmes  mensurations 
faites  avant  la  réduction,  je  trouvai  des  deux  côtés,  à  un  demi-centi- 
mètre près,  exactement  la  même  mesure.  ^ 

Afin  de  prévenir  le  retour  de  la  luxation  et  d'immobiliser  l'articu- 
lation dont  les  ligaments  avaient  dû  être  fortement  distendus,  je 
plaçai  par-dessous  le  cataplasme  froid  qui  entourait  l'^vant-bras  une 
attelle,  et  je  continuai  ce  pansement  quelques  jours  pour  éviter  les 
accidents  inflammatoires. 

Maintenant,  je  n'ajouterai  qu'un  mot  :  je  crois  que,  lors  de  la  pré- 
sentation du  moule  faite  par  M.  Guyon,  M.  Sée  a  dit  que,  dans  les 
fractures  de  l'extrémité  inférieure  du  radius,  la  main  n'est  pas  habi- 
tuellement inclinée  du  côté  radial;  ce  déplacement  peut,  à  la  vérité, 
ne  pas  se  rencontrer  toujours,  mais  il  est  si  fréquent,  que  c*est  pour 
y  remédier  que  Dupuytren,  Blandin  et  M.  Laugier  ont  imaginé  des 
attelles  très-utiles  pour  combattre  cette  position  vicieuse. 

M.  Ghassâignàg.  Je  mets  sous  vos  yeux  une  pièce  fort  importante 
relativement  à  la  question  des  luxations  du  poignet.  Hier,  on  m'a 
amené  un  enfant  chez  lequel  le  radius  et  le  cubitus  avaient  fait  issue 
à  travers  la  peau;  la  réduction  a  été  impossible,  et  j'ai  dû  pratiquer 
la  résection  des  deux  extrémités  articulaires.  Tout  le  monde  croyait 
avec  moi  à  l'existence  d'une  luxation,  car  l'on  voyait  les  surfaces  à 
nu.  Lorsque  j'ai  examiné  minutieusement  la  pièce  anatomo*patholo- 
giqae,  j'ai  trouvé  le  cartilage  intact  au  niveau  du  cubitus;  mais  au 
niveau  du  radius,  il  existait  un  décollement  épipbysaire.  Une  couche 
très-mince  de  la  surface  inférieure  du  radius  était  restée  accollée  au 
carpe. 

L'on  voit,  par  cet  exemple,  combien  il  est  difficile  d'affirmer  que 
l'on  a  sous  les  yeux  une  luxation  pure  du  poignet. 

M.  FoRGBT.  On  peut  considérer  le  fait  très-curieux  présenté  par 
H.  Ghassaignac,  comme  un  pas  fait  vers  la  démonstration  de  la  réalité 
de  la  luxation. 

ff  série.  —  TOME  IX.  ^^ 


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~    226  — 

La  pièce  de  M.  Chassaîgnac  est  une  pièce  à  part,  très-rare.  En 
rexaminant,  il  ne  me  paraît  pas  difficile  de  comprendre  Texistence 
de  la  véritable  luxation.  Entre  celle-cî  et  le  fait  actuel,  îl  n'y  a  que 
répaisseur  d'un  cartilage. 

M.  BoiNET.  Le  fait  de  M.  Laugîer  rappelé  par  M.  Marjolin  ne  doil 
pas  être  considéré  comme  un  fait  de  luxation  pure.  Dans  ce  cas,  en 
eflB^,  îl  y  avait  des  abcès  dans  le  voisinage  de  Farticulation;  les  liga- 
ments n'étaient  pas  intacts,  fis  étaient  usés.  Ce  n'est  pas  là  évidem- 
ment un  fait  probant. 

Dans  le  deuxième  fait  rappelé  par  notre  confrère,  il  existait  des 
lésions  osseuses.  Quant  au  quatrième  fait,  celui  dont  on  nous  a  mis 
le  moule  sous  les  yeux,  il  me  paraît  très-favorable  au  diagnostic  d'une 
fracture  des  deux  os  de  l'avani-bras.  M.  Gnyon  nous  dît  qu'une 
preuve  évidente  de  la  luxation  réside  dans  la  guérison  rapide  du 
malade.  Ce  malade  serait  sorti  guéri  au  bout  de  dix  jours.  Eh  bien  î 
d^autres  observateurs,  Keisser,  par  exemple,  virent  au  contraire  la 
preuve  de  l'existence  d'une  luxation  dans  la  persistance,  après  vfngt 
jours  et  plus,  d'une  mobilité  anormale. 

le  me  résume  en  disant  que  la  démonstration  des  luxatfons  pures 
du  poignet  ne  me  paraît  pas  encore  donnée. 

M.  Trélat.  Le  moule  qui  notis  a  éfé  présenté  par  M.  Karjolîn 
témoigne  de  l'existence  probable  d'un©  fracture  de  ï"extrémîté  infé- 
rieure du  cubitus  et,  à  coup  sâr,  de  celle  d'une  fracture  de  l'extrémité 
h^férieure  du  radius. 

Au  niveau  de  la  partie  antérieure  de  favanf-bras,  il  existe  une 
sa^lKe  correspondant  assurément  à  une  saillie  du  radfcrs,  mais  non  à 
soa  bord  articulaire. 

GOlQfUNICÀTiOSU 

Okêermtim  de  frenomUeUe  Êtguë,  —  M.  Georges  Bovcsia», 
interne  à  l'hôpital  Necker,  communiqiie  ime  obserralioii  de  gi«DOatf- 
lette  aignè.  (Gomimsaaire  :  M.  Pofgei). 

I 

PBBSENTAXiON  BA  KÈGB  AVEC.  OBSBATATiOll* 

M.  Paulet,  professeur  agrégé  au  Tal-de-Grâce,  présente  une  pièce 
anatomique  et  remet  une  observation  intitulée  : 

Exostose  du  corps  et  de  la  branche  descendante  du  pubis*  —  Opéra^ 
tion.  —  Guérison.  —  Mort  accidentelle  du  malade  trois  ans  et  demi 
après  Vopéraiion.  —  Fracture  incomplète  du  bassin  et  récidive  dô 
Texostose, 

Commissaires  :  MM.  de  Saint-Germain,  Dolbeau,  Tillaux. 


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—  227  — 

M.  Ghas8aigi«âc.  m.  Paulet  a  dit  que  l'on  était  resté  dans  rincer- 
titude  pour  savoir  si  la  tumeur  pénéU'ait  dans  le  bassio.  Le  toucher 
par  le  rectum  eût  pu  éclairer  sur  ce  point. 

Jtf.  Paulet.  Le  toucher  par  le  rectum  a  été  pratiqué  et  n'a  pat 
donné  de  résultat  positif. 

PRÉSENTATION  D'INSTRUMENT. 

M.  le  docteur  Marun,  médecin-major,  présente  à  la  Société  un 
instrument  qu'il  a  fait  construire  chez  M.  Galante,  fabricant  d'instru- 
ments de  chirurgie. 

'Avec  cet  instrument^  il  se  propose  de  sectionner  la  luette  rapi- 
dement, et  avec  une  parfaite  sécurité.  Contrairement  à  ce  qui  a  lieu 
dans  l'amygdalotome,  la  lame  agit  d'avant  en  arrière,  et  la  fourchette 
d'arrière  en  avant.  Cette  modification  a  pour 
effet  d'<^viter  la  propulsion  de  la  luette  vers 
le  pharynx,  comme  cela  arriverait  si  on 
faisait  usage  d'une  fourchette  agissant  d'avant 
en  arrière. 

Cet  instrument  se  compose  : 

!•  De  deux  liges  d'acier  accolées  l'une  à 
l'autre  par  un  pivot,  et  terminées,  à  Tune  de 
leurs  extrémités,  par  une  lunette  de  fora»e 
ovoïde,  dans  laquelle  s'introduit  l'ovule  qu'on 
veut  exeiser; 

2»  D'une  lame  b^  a,  tranchant  convexe 
agissant  d'avant  en  arrière,  au  moyen  de 
l'anneau  c; 

30  D'une  fourchette  à  dents  recourbées, 
avec  laquelle  on  embroche  l'ovule  av«nt  la 
section,  en  opérant  une  traction  sur  les 
anneaux  c,  c. 

Cet  instrument  fonctionne  de  la  même 
maaièfe  4|uô  l'amygdaloèonie,  c'est^àniire  à 
l'aide  d'une  seule  main;  il  est  constrnit  de 
telle  £aç(Mi,  que  la  lame  b  ne  ipeut  agir  <que 
lorsque  la  fourchette  a  préalablement  embro- 
ché l'ovule,  afin  d'empêcher  oelle-ci  de 
tomber  dans  le  larynx. 

La  fig.  1  représente  rinstrument  à  i*état  de  repos. 

La  fig.  3  le  représente  fonctionnant. 

Pour  armer  Finstrument^  on  introduit  le  pouce  dans  le  |;rand 


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—  228  — 

anneau  c,  Fannulaire  et  le  médius  dans  les  deux  anneaux  Cj  c,  et  par 
un  mouvement  du  pouce  en  arrière,  la  lunette  se  trouve  dégagée. 
La  fourchette  étant  repoussée  en  avant,  la  lame  en  arrière,  on  porte 
l'instrument  sur  la  luette,  et  par  un  mouvement  en  sens  inverse, 
l'opération  se  trouve  terminée. 
La  séance  est  levée  à  cinq  heures. 

Le  Secrétaire  :  D'  Léon  Labbé. 


SÉANOB      DU      10     JUIN     1868  ^ 

Présidence  de  BI.LEGOUEST 

Le  procès  verbal  de  la  séance  précédente  est  lu  et  adopté. 

CORRESPONDANCE. 

La  correspondance  comprend  : 
Les  journaux  de  la  semaine. 

—  VArt  dentaire.  —  La  Revue  médicale  de  Touhuse.  —  Le  Mont- 
pellier médical. 

— -  M.  Bouvier,  membre  honoiiaire,  adresse  un  exemplaire  du  tra- 
vail qu'il  a  communiqué  à  TAcadémie  de  médecine,  sous  ce  titre  : 
De  V  École  de  Santé  et  de  Pinel. 

—  M.  le  docteur  J.-C.  Loureiro  envoie  deux  brochures  :  Relation 
du  congrès  périodique  international  d'ophthalmologie  tenu  à  Paris  en  4  867 
(en  portugais).  —  Influence  du  tabac  à  fumer  sur  les  maladies  des  feux. 

—  M.  Guéniot  présente,  de  la  part  de  M.  le  docteur  Cousin,  un  vo- 
lume intitulé  :  Études  otiatriques,  Traitement  des  maladies  de  l^tireille. 

—  M.  Lefort  dépose  sur  le  bureau,  au  nom  de  M.  Lejeal,  chirur- 
gien en  chef  de  THôtel-Dieu  de  Yalenciennes,  un  volume  de  Mélangés 
de  chirurgie, 

—  M.  le  professeur  Gross,  du  Collège  médical  de  Jefferspn  à  Phila- 
delphie, adresse  :  Memoir  of  Valentine  Mott  (Notice  sur  la  vie  et  les 
travaux  de  V.  Mott).  —  Quatre  cas  d*ankylose  osseuse  angulaire  du 
genou  traités  par  la  perforation  tnlra-articulaire  sous-'CUianée  et  la 
rupture. 


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229  — 


COMMUNICATION. 


Dm  eovps  abrenx  et  des  polypes  de  Tnléras  eonsldérés  pen- 
dant Ift  grossesse  et  après  raeeenehement. 

M.  FoRGET  lit  le  travail  suivant  : 

La  communication  qui  a  été  faite  dans  notre  avant-dernière  séance 
par  M.  Depaul,  d'une  observation  de  M.  le  docteur  Faliu  qui  met  en 
évidence  la  coexistence  d'une  grossesse  arrivée  à  terme  et  d'un  corps 
fibreux  spontanément  expulsé  quatre  jours  après  l'accouchement,  cette 
communication  soulève  un  point  de  chirurgie  obstétricale  auquel  se 
rattachent  en  pratique  des  questions  importantes  d'une  solution  sou- 
vent difficile. 

C'est  à  ce  litre  que  le  sujet  dont  il  s'agit  m'a  paru  mériter  de  fixer 
quelques  instants  votre  allenlion.  Mais  tout  d'abord,  pour  expliquer 
mon  intervention  eri  cette  matière,  je  rappellerai  que  dès  1846,  après 
avoir  eu  l'occasion,  pendant  mon  prosectorat  à  la  clinique  du  profes- 
seur Lisfranc,  d'observer  un  irès-grand  nombre  de  fibromes  de  l'uté- 
rus, j'avais  remarqué  depuis  longtemps  qu'il  existait  une  lacune  dans 
ThisloÂre  générale  de  ces  tumeurs,  presque  exclusivement  considérées 
par  les  aaleurs  dans  les  conditions  physiologiques  ordinaires  de  la 
matrice,  c'est-à-dire  dans  l'état  de  vacuité  de  ce  viscère. 

J'avais  dès  lors  pensé  à  ajouter  à  la  pathologie  utérine  un.  chapitre 
nouveau  qui  comprit  une  vue  d'ensemble  des  tumeurs  fibreuses  com- 
pliquant la  grossesse,  et  dans  ce  but,  j'ai  publié,  dans  le  numéro 
d'avril  1846  du  Bulletin  général  de  thérapeutique  dont  j'étais  alors 
collaborateur ,  un  travail  qui  a  pour  titre  :  Recherches  sur  les  corps 
fiàreux  et  les  polypes  de  Vutérus  considérés  pendant  la  grossesse  et 
après  V accouchement. 

Je  sais.  Messieurs,  avec  quelle  discrétion  et  quelle  retenue  il  con- 
vient toujours  de  mettre  en  jeu  sa  personnalité  et  ses  propres  œuvres, 
et  si  je  me  suis  décidé  à  prendre  la  parole  dans  le  cas  actuel,  c'est 
parce  que,  à  en  juger  par  le  silence  de  mes  collègues  à  l'endroit  de 
mon  travail,  il  m'a  semblé  qu'ils  ne  le  connaissaient  pas;  et  parce  que 
d^autre  part,  je  crois,  ne  serait-ce  qu'à  titre  de  renseignement,  qu'il 
peut  être  avantageusement  consulté. 

Quelles  sont  donc  les  questions  que  soulève  la  présence  des  pro- 
.doctioDS  fibreuses  compliquant 'l'état  de  grossesse?...  Tel  est  le  pro- 
blème qu'il  m'a  paru  convenable  de  me  poser  tout  d'abord. 

Ces  questions  sont  complexes  :  les  unes  relatives  à  Tinfluence  réci- 
proque de  ces  néoplasmes  sur  la  grossesse,  et  de  celle-d  sur  ceux-là; 


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les  autres  au  rôle  que  ces  fibromes  peuvent  jouer  comme  cause  de 
dystocie  au  moment  de  raecoocbecneiii,  fft  d'accidents  ultérieurs  soit 
prijnitiis  sfni  jcoiMépuAlls  ;  «d&a  ua  inottiène  yoMittiiiHÂ  «*7  r%ààmke  kk^ 
timement  est  re\»â£  à  U  e^ndittle  que  éaii  teair  le  cyracgien^  et  à 
Topportunité  de  son  intervention  immédiate  ou  tardive  dans  un  sem- 
blable cas  pathologique. 

Pour  répandre  aux  diyiu:«es  questions  4e  oe  ^ogramoe,  U  m'a  paru 
nécessaire  de  se  placer  en  présence  iks  variétés  aaatomiquey  et  de» 
différences  de  fovms,  de  volume  et  da  nombre»  avec  lesquelles  <2es  te-* 
xoeurs  ^e  sont  prodjiute«  dauA  ie  diamp  de  l'observation. 

Or,  l'expérience  a  démontré  qu'on  peut  les  rencontrer  soustroisétata 
difttincls  pendant  la  grossesse  ; 

1"  Enveloppées  par  le  tissu  utérin,  enkystées  pour  ainsi  dire  daQ«  • 
Bon  épaisseur,  ces  tumeurs  constituent  les  corps  fibreux  interstitiels; 

2''  £n  connexité  avec  l'utérus  d'une  façon  médiate,  au  moyen  du 
jpéritoine  qui  les  revêt  de  toutes  parts,  et  leur  forme  une  sorte  de 
pédicule  mem|)raneux  à  la  surface  de  cet  organe  ;  ces  tumeurs,  pres- 
que toujours  indépendantes  du  tissu  utérin  sous  cette  forme  particu- 
lière, peuvent  élre  considérées  comme  une  sorte  de  polypes  sous-pé- 
ritonéaux; 

3*"  En  eonnexllé  immédiate  et  directe  avec  la  matrice,  par  un  pédi- 
cule de  longueur  variable,  continu  au  tissu  utérin  lui-même;  le 
néoplasme  n'^st  autre  alors  que  le  polype  proprement  dit. 

Il  convient  encore  d'ajouter  que  le  fibrome  peut  être  solitaire  ou 
multiple  ; 

Qu'il  occupe  tantôt,  et  c'est  le  cas  le  plus  fréquent,  le  fond  de  l'a- 
térun,  tantôt  un  des  points  raj^rocbés  de  la  zone  cervico-utérine  ; 

Qu'enfin  il  peut  être  vaginal  ou  utéro-vaginal. 

Je  m'occuperai  des  corps  fibreux.' 

Corps  flbreax.  —  Lorsqu'un  corps  fibreux  préexiste  à  la  grossesse, 
l'efiet  le  plus  constant  de  celle-ci  c'est  d'en  accroître  la  vitalité,  d'en 
augmenter  le  volume,  et  d'en  bâter  le  progrès  ultérieur  après  l'accou- 
chement. Yoici  deux  exemples  qui  le  prouvent. 

Observations.  —  Une  dame,  chez  laquelle  j'avais  constaté  après 
plusieurs  autres  chirurgiens  consultés  par  elle,  la  présence  d'une  tu- 
meur volumineuse,  arrondie,  dure,  accessible  au  toucher  par  le  rectum» 
occupant  la  paroi  postérieure  de  l'utérus,  et  considérée  par  tous,  comme 
étant  de  nature  fibreuse,  devint  trois  fois  enceinte  ;  la  groseesse  suivit 
sa  phase  réguliôremeut  ;  le  dernier  accoudieiaent  a  été  laborieux  et 
fut  suivi  d'une  hémorrfaagie  inquiétante.  Après  chaque  aceouebemeot, 
la  tumeur  fibreuse  augmenta  de  volume,  depuis  le  deniar  sortoixt^ 


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—  Kl  — 

eue  prie  vu  aeGrememe&t  ooUèle;  te  vealre  rtila  dévetdfpé,  la 
■arÀe  étfnnt  ^èw^ât,  et  cette  ésme  éiaM  oMigé»  ée  garder  presque 
ooDpléliiQiiiC  1»  pmifioi»  horizonlate  tmr  cme  clsMse  langue.  €e(te  m^ 
tMte,  qui  esl  BMrte  iepiiisph»ie««  années  et  que  j'ai  SBfvie  êepm  s> 
<teroiêre  eoiN^r  <l  succombé  dans  ua  état  dTaBémieiH^foDde,  arec  les 
jambes  infiitrées  el  une  ftydropine  abdorakiaie.  La  sainte  eoBsîdèrabte 
èieorpsfilH'evx  dans  Fexcayatiofi  pelTienne,  exerçait  siHPfe  reetmn  ime 
presskm  telle  que  les  garde-rc^es  étaient  extrtoement  pénibles;  plcr- 
sieofs  fMs  je  me  trouvai  dans  la  néeessllé  #obTîer  à  la  rétention  des 
matière»  fécales  en  allant  les  extraire  an-dessus  de  l'obstacle  à  lear 
puBage. 

Une  autre  femme,  âgée  de  40  ans,  réclama  mes  soins  pour  une  hy- 
dropisie  ascîte  qui,  dans  Fespace  de  deux  années^  rendit  nécessaire 
huit  fois  ropération  de  ta  paracentèse.  L'afiaissemenL  des  parois 
abdominales  après  Tévacuation  du  liquide»  permettait  d'arriver  sur  la 
paroi  de  Tutérus  qui  présentait  un  développement  tel  que  cet  organe 
diépassait  rombilic.  Cotte  élévation  apparente  était  due  à  plusieurs 
tumeurs  fibreuses,  dont  une  avait  un  volume  énorme.  Cette  tumeur,, 
qui  faisait  corps  avec  Tutérus,  l'entraînait  dans  tous  Les  mouvements 
qu^onlui  imprimait. 

La  malade  s'aperçut  de  la  présence  de  ce  fibrome  à  la  suite  d'une 
grossesse,  survenue  six  ans  auparavant;  jusque-là  elle  s'était  bien 
portée.  L'accouchement,  qui  eut  lieu  à  terme,  fut  suivi  d'une  métror- 
rhagie  grave,  qui  se  prolongea  à  des  degrés  divers  pendant  plusieurs 
semaines.  Le  ventre,  depuis  cette  époque,  resta  volumineux,  et  les 
règles  parurent  chaque  mois  sous  forme  de  perte.  L'existence  des  tu- 
meurs fibreuses,  qui  fut  alors  constatée,  permit  d'en  suivre  l'évolution 
qui  eut  lieu  avec  une  grande  rapidité.  Celte  malade,  dont  la  santé 
n'avait  pas  souffert  jusqu'à  sa  dernière  grossesse,  quitta  Paris  après 
quatre  ans,  pendant  lesquels  je  lui  donnai  des  soins.  Elle  était  dans 
un  état  déplorable  ;  elle  a  succombé  depuis  aux  suites  de  son  affection. 

La  rascalarîsation  des  corps  et  des  polypes  fibreux  mtra-atérins  pen- 
dant la  grossesse  est  un  fait  généralement  admis.  Il  s'explique  par 
Pexoès  d«  raouvemenf  mitrîtif  dont  fntérus  est  le  siège  pendant  la 
gestation,  et  «nqnel  participent  nécessairement  les  produits  anatomo- 
pathologiques  qui  lui  sont  annexés.  Ces  conditions  physiologiques  dans 
lesquefies  se  trouve  l'atértis  gravide,  rendent  en  entre  raison  de  Tac- 
creîsseniefit  de  ces  produits  pendant  la  grossesse,  et  leor  progrès  rapide 
i^ès  Faceottcttement. 

L'examenr  anatomtqve  de  qirelqfnes-fms  de  ces  corps  fibreux  m'a 


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—  232  — 

paru  démontrer  que  la  vascularisatioa  qu'elles  doiYent  au  développe- 
meot  de  la  circulation  utérine,  ne  change  pas  toujours  sensiblement  la 
composition  intime  de  leur  tissu;  un  peu  plus  mou,  plus~ humide, 
quelquefois  assez  friable,  il  ne  présente  pas  en  général  dans  son 
épaisseur  une  organisation  yasculaire  suffisante  à  rendre  raison  des 
hémorrhagies  consécutives  à  Taccouchement.  C'est  dans  leur  enveloppe 
corticale»  formée  par  le  tissu  utérin  lui-même,  que  la  vascularisatioa 
est  apparente;  c'est  dans  le  prolongement  du  tissu  musculaire  qui  fixe 
et  relie  ces  fibromes  à  la  matrice  que  j'ai  eu  occasion  d'observer 
l'existence  de  vaisseaux  d'un  certain  calibre ,  pouvant  expliquer  les 
pertes  sanguines  abondantes  qui  suivent  la  sortie  du  fœtus  et  la  déli- 
vrance. 

Il  y  a  longtemps  que  Lisfranc  a  appelé  l'attention  sur  cette  particu- 
larité anatomique  de  la  constitution  des  tumeurs  fibreuses,  et  notam- 
ment des  polypes.  Il  fit  observer  qu'à  l'époque  des  règles,  on  voit 
couler  de  la  surface  de  certains  polypes  des  gouttelettes  de  safig,  et 
que,  pour  peu  que  cet  écoulement  qui  se  fait  en  nappe  devienne  trop 
abondant,  il  lui  a  suffi  souvent,  dans  ces  cas,  <fe  cautériser  la  surface 
du  corps  étranger  pour  le  faire  cesser.  Or  il  est  facile  de  comprendre 
ou'une  semblable  disposition,  à  la  suile  de  la  grossesse,  se  trouve 
singulièrement  exagérée,  et  que  les  contractions  delà  matrice,  s'exer- 
çant  sur  un  corps  fibreux  volumineux  qui  s'oppose  au  retrait  du  tissu 
utérin  sur  lui-même  dans  les  points  qu'il  occupe,  aient  pour  effet  de 
produire  une  hémorrhagie  grave.  C'est  dans  cette  catégorie  de  faits 
que  se  placent  ceux  que  Chaussier  a  mis  sous  les  yeux  de  la  Société 
de  médecine  de  Paris,  et  qui  sont  cités  par  Desormeaux  et  P.  Dubois 
dans  l'article  Dystode  du  «  Dictionnaire  de  médecine,  ou  Répertoire 
général  des  sciences. médicales  ».  Chaussier  les  avait  recueillis  sur 
des  femmes  mortes  à  la  Maternité  à  la  suite  d'accouchements  labo- 
rieux ,  chez  lesquelles  des  corps  fibreux  multiples  occupaient  toute 
rétendue  d'une  des  parois  de  l'utérus.  La  mort  avait  été  produite  par 
des  hémorrhagies  qu'on  n'avait  pu  arrêter. 

J'ai  rapporté  moi-même  un  cas  analogue  qui  se  trouve  mentionné 
dans  le  Journal  de  médecine  de  Bordeaux^  nM2,  décembre  1844.  Le 
docteur  Brulatour,  à  qui  on  le  doit,  dit  avoir  assisté  à  l'autopsie  d'une 
femme  dont  Tulérus  contenait  quinze  corps  fibreux  interstitiels.  La 
mort  eut  également  lieu  par  hémorrhagie. 

En  supposant  les  cas  les  plus  favorables,  celui  de  l'existence  d'un 
seul  corps  fibreux  éliminé  spontanément  par  les  contractions  de  l'uté- 
rus» à  la  suite  de  l'accouchement,  ainsi  que  cela  eu  lieu  pour  la 
malade  de  II.  le  docteur  Fallu,  dont  M.  Depaul  a  entretenu  la  Société 


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éechhwgîe,  on  se  U^wns  tovj«nivdM9  des  emé^dD»  qai  ftml  que 
IfbéiBorpfcagie  est  encofe  fort  à  evaiadtre. 

Uétimmation  d'un  tct  fibrome:,  e»  eiét,  b0  peut  «"«fléetuer  q«e  |Hnr 
we  Téritable  éBodéadon  qui  1«^  dégage  d«  ^épaisseur  dis*  la  ^roi  i^ 
«lie  oo  il  est  îdcIus;  or,  cette  0f>ératioi»  aaitweife  ne  se  eeoçe^  p«Bi« 
sn»  qu'elle  prodiirâe,  es»»  le  Unu  ntéritt,  wv  yfèritMe  tnMfraatîsnie 
dttà  la  lésion  des  fibres  BnieeuHuves  rompocar,  qiuî,  peinrlivi^r  passage 
au  corps  enkysté,  ont  dû  subir  une  déchirure  partielle  plus  ou  mam 
étCDdi»,  ffoà  est  «ne  cause  d'hémorrbagie. 

i  est,  dans  Ifhistoire  de»  fibrèaa^s  Btévkis,  un  point  eMOve  obeev, 
^pioiquo  depiM»  longtemps)  eontreversé  ;  e'est  cxM  qu»  a  trait  à  Y^m- 
ftoiiBatîon  de  ces  proiitoetfen»  morbides  et  à  1»  soppwatios  qui  mt 
sffait  Is  eoaaéquvBcev 

Bayle  «imettant  quve  les  poî^pes  pouvaient  s'enfianmer.  Lisfrine 
afïïrme  aroir  vu  plusieurs  exemples  d'abcès  développés  dans  leur 
^eâsevr.  Le  néme  joiMmal  de  lordeatnc  que  je  viens  de  eiter  ren- 
kraie  xm  fait  qui  met  en  èvîdenee  ee  tiravaH  palhotogîqoe  survens  à 
I»  suite  d'an  aceonehemenl. 

Le  doetesr  Bennelefae  a  mis  sone  les  yenx  àe  la  Sociélé  de  médecine 
de  Bordeaux  Tutérus  d'une  femme  décédée  à  la  Maternité,  quarante» 
tail  heures  après»  ma  acceucbenseni  des  pins  dMficîles  qui  avait  néées- 
mtà  la  versien  à  1»  snite  é'im  rravaît  qui  dnrail  depuis  f^as  de  six 
jours.  Cette  matrice  énorme  présentait  trois  tnmeurs  fièreuses  de 
vokHoe  in^i  ài  «s  parties  supérienres  et  latérales.  L'indsion  de  la 
lamoir  lar  ^^os^  éievéed»a»a  liea  k  m  éconkiiieiii  de  pus  sanùror, 
mélsmgé'  d'iroe  espèee  d^  détrilus  ibrmé  pair  le  tissu  utérin,  dans 
répaisseur  duquel  la  tumeur  s'était  développée  :  Fauftiear  dit  qn*'û  n'a 
troové  aneane  trace  de  phlébite  «terme  et  que,  pour  lui,  )a  mort  a 
élé  eausée  par  une  métrite  aigué  compliquée  d'cm  uAeère  développé 
Mlidaîrementf  dans  ^épaisseur  d'un  des  corps  ibrevsdont  rexistence, 
pendant  la  grossesse,  n'avait  pas  été  reconnue. 

Ri  pariant  de  la  vaseularité  des  prodnction»  fibreuses  de  îa  matrice 
§Ët  sfHte  <fe  la  gestatfon,  j'ai  foit  remarquer  pfécédemment,  el  kt 
fumeor  piésentée  par  H.  Depairl  dans  la  séance  (itemfère  en  est  la 
prenre,  que  le  ttssu  ftbreux  lui-même  n'est  pas  sensiblement  modMM 
dieins  son  aspect,  sa  consistance  et  sa  composftîon,  et  que  c^esf  iwsn 
h  tissu  utérin,  qui  embrasse  la  périphérie,  que  réside  la  ëmvte  de 
ffaémorrfaagie.  Il  y  a  des  exceptions  à  ee  fort  anatomique,  comme  le 
démontre  celui  qui  suit. 

ê^enmtim.  — -  Fai  été,  peikdant  pknietirs  aimées,  sppdé  à  donner 
#»floins  ë  nne  datne  qni,  hi:^  jours  après  m>  aeeowârâment  praliqné 
2*  série.  —  TOME  IX.  ÎO 


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—  234  — 

par  Hutin,  et  à  la  suite  duquel  le  placenta  avait  été  extrait  entier,  sans 
aucune  déchirure,  présenta  des  pertes  abondantes.  Lisfranc  fut 
appelé.  Le  toucher  vaginal  lui  permit  de  constater  l'existence  d'un 
polype  formant,  au-dessous  du  col,  une  légère  saillie  arrondie.  La 
tumeur  remontait  dans  Tutérus  à  une  hauteur  qu'il  ne  fut  pas  facile 
de  préciser.  Une  h'gature  fut  portée,  à  grand'  peine,  à  une  profon- 
deur qui  fit  croire  à  Lisfranc  qu'il  était  arrivé  jusqu'au  fond  de  l'uté- 
rus. 

L'hémorrhagie  cessa,  et  le  polype,  dont  le  lien  constricteur  fat 
resserré  chaque  jour,  s'engagea  dans  le  vagin  à  la  fin  du  quatrième 
jour,  après  des  efforts  d'expulsion  très-douloureux,  comme  si,  dit  la 
malade,  un  nouvel  accouchement  avait  eu  lieu.  Ce  polype,  de  consis- 
tance molle,  d'un  tissu  rouge-brun,  très-friable  par  endroits,  offrait 
dans  son  épaisseur  des  tractus  vasculaires  sous  forme  de  linéaments 
et  de  vacuoles  des  plus  apparents. 

Lisfranc,  dans  ses  leçons,  insistait  particulièrement  sur  cette 
variété  de  polypes  fibreux  dont  la  structure  particulière  rend  raison 
des  aptitudes  hémorrhagiques  qui  leur  sont  propres  et  qui,  comme 
complication  de  la  grossesse ,  les  rendent  on  ne  peut  plus  redou- 
tables. 

Au  nombres  des  accidents  imputés  à  la  présence  des  tumeurs 
fibreuses  compliquant  la  grossesse,  on  a  cité  Tavortement,  la  rupture 
et  l'inversion  de  la  matrice. 

A  en  juger  par  les  observations  nombreuses  qui  prouvent  que, 
nonobstant  la  préexistence  d'un  corps  fibreux  à  la  grossesse,  celle-ci 
peut  suivre  son  cours  régulier  jusqu'à  terme,  l'avortement  provoqué 
par  le  corps  étranger  serait  une  exception. 

On  peut  en  dire  autant  de  la  rupture  des  parois  utérines  qui,  dans 
les  cas  de  corps  fibreux  multiples  que  j'ai  cités,  n'ont  pas  plus  déter- 
miné ce  grave  accident  qu'ils  n'ont  enrayé  l'évolution  normale  de  la 


Si  la  rupture  de  l'utérus  est  en  effet  à  redouter,  c'est  bien  sans 
contredit  lorsque  toute  une  paroi  de  l'utérus  est  envahie  par  ces 
fibromes ,  comme  cela  existait  dans  les  exemples  rapportés  par 
Ghaussier  et  dans  celui  que  j'ai  emprunté  au  Journal  de  médecine  de 
Bordeaux,  L'ampliation  de  la  cavité  utérine,  ne  pouvant  alors  s'effec- 
tuer que  par  la  dilatation  extrême  de  la  portion  des  parois  de  l'organe 
restée  saine,  celle  qui  est  le  siège  de  ces  tumeurs  ne  pouvant  s'y 
prêter  que  dans  une  limite  tout  à  fait  restreinte. 

Il  serait  intéressant,  à  cet  égard,  d'entendre  ceux  de  nos  collègues 
que  des  études  spéciales  ont  mis  à  même  d'acquérir,  en  cette  matière^ 


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—  236  — 

une  expérience  personnelle.  Sur  ces  deui  points  de  paUioiogie  obsté- 
tricale, leur  opinion  aurait  une  grande  autorité.  Il  en  serv^  4®  même 
pour  celui  qui  a  trait  à  rinyersioo  de  la  matrice. 

Quel  est  le  degré  de  fréquence  de  ce  déplacement  à  la  suite  de  l'ac- 
couchement? Pour  moi,  je  n'en  connais  aucun  cas  dans  lequel  il  ait 
été  manifestement  produit  par  Fissue  spontanée  d'un  corps  fibreux, 
due  aux  seules  contractions  de  Tutérus.  Peut-être,  cependant,  faut-il 
faire  une  exception  pour  celui  que  Lisfranc  a  cité  dans  sa  clinique 
chirurgicale. 

Il  s'agit  d'une  malade  qui,  après  avoir  rendu  avec  de  très-vives 
douleurs,  par  le  vagin,  ce  qu'elle  appelait  un  morceau  de  chair,  pro- 
duit d'une  grossesse  qu'elle  croyait  exister  depuis  trois  mois,  resta 
souffrante  pendant  cinq  ans.  Elle  avait  une  leucorrhée  abondante  et 
tenace,  et  ressentait  dans  le  bassin  et  dans  la  région  lombaire  des 
tiraillements  et  un  sentiment  de  pesanteur.  Cette  femme  aya||t  suc- 
combé à  une  phlegmasie  viscérale,  on  constata  chez  elle,  à  l'autopsie, 
un  renversement  de  l'utérus  qui  s'arrêtait  à  la  partie  de  cet  organe, 
qui  forme  le  museau  de  tanche. 

Si  l'inversion  utérine  est  rare  dans  le  cas  de  corps  fibreux  intersti- 
liels,  elle  Test  moins  dans  celui  des  polypes  intsa-utérins  compliquant 
la  grossesse. 

Les  tractions  exercées  sur  Tutérus  distendu,  ramolli  et  éminemment 
contractile,  par  le  pédicule  de  la  tumeur  et  par  le  poids  de  celle-ci, 
rendent  raison  de  la  facilité  plus  grande  de  la  matrice  à  s'invaginer 
à  la  suite  de  l'accouchement.  Tous  les  auteurs  s'accordent  générale- 
ment à  cet  égard. 

C'est  même  cette  tendance  au  renversement  des  parois  utérines  dans 
les  conditions  spéciales  dont  ii  s'agit  qui  a  prescrit  au  chirurgien 
d'éviter  toute  traction  un  peu  forte  Sur  le  polype,  en  vue  de  l'attirer 
dans  le  vagin,  cette  manœuvre  ayant  pour  eflèt  d'exposer  à  produire 
Finversion  par  ellermème  d'abord,  ensuite  en  sollicitant  les  contrac- 
tions énergiques  des  plans  vasculaires  de  la  matrice.  C'est  pour  cela 
que,  lorsque  la  ligature  de  la  tumeur  est  rendue  urgente  par  l'abon- 
dance de  l'hémorrhagie,  en  pareil  cas,  ii  est  rigoureusement  prescrit 
delà  pratiquer  sur  place,  c'est-à-dire  de  la  porter  sur  le  pédicule  du 
polype  à  la  hauteur  où  il  est  situé  dans  la  cavité  utérine. 

De  l'exposé  succinct  des  faits  que  j'ai  cités  et  qui  se  rapportent  la 
plupart  aux  corps  fibreux  de  Tutérus,  il  ressort,  ce  me  semble,  pour 
le  praticien,  une  question  de  déontologie  qu'il  serait  opportun  de  ré- 
soudre: c'est  la  conduite  à  tenir  envers  une  femme  chez  laquelle 
l'existence  d'un  fibrome  utérin  est  constatée,  et  qui  s'adresse  à 


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—  238  — 

rJMfflameâe  k'sii,  p«ur  «avoir  4e  iw  si  ^Ue  jpottt^  ifiasjMOMiéoîeMl, 
Qon&racte  ittanaee  dt  cwrir^eschaaeeS'âkuifi^roBraMA. 

Quelle  sera  la  réponie<éttJaQÔd6Ciin.eiii>p0«6itte  cirabiutance? 

Les  corps  fibareax  ae  iont  fês  «n  olMtoolie  4  !a  féo9tt<iatk»Q^  ùh  oont 
nusemeât  iiae  eause  d'avartema&t  ;  Ja  igrassesse  peut  être  menée  ^tis- 
q«*À  terme;  cdia^fii  démontré;  ixam  ce  qui  ne  Test  pm  moins,  c'eaft 
que  le  dantger  f>Mtr  k  femne  cdumefice  ,k  ^eneoir  aérieiis  m  wnm&Bâ 
^  l';ai)ooudieiBeot,^énéral6ixNBatlâl»ûrleus;,et|Mi«imnt'èto^ 
hémorrhagie  dont  la  gravité  ne  peut  jamais  être  prévue  à  Tavanee  fet. 
q»i  Bouriwnt  a  éilé  proœpteraeot  m<n*teUe. 

dette  di^wlène  ooamdéraAion  me  ^paraU  de  naitune  à  tranolmr  la>i|iiBfi. 
tîoa,  si  siikrtoift  «ou  y  «ifoute  la  pe^bibté  4e  la  cui^tiwe  *de  d'>niténB 
aémise  pftr  iiuelquee  Aii.ieiH'a  dneant  le  oouiw  de  la  eroaseese,  et  i^ior- 
ihienoe  f&ebeuse  4e  «teUe-ei  mr  ie  déveloii^peiDeAt  ullérieuir  ei  ra^cb 
des  eor^  ôhfHMiK,  et  iQMiBéfiiemBJteiBt  »ur  î'étidt  4e  isaniké  des  femnaa 
qm  «Q  ^aont  atjb^te».  AjoiMâna  <;ik€OPe  ^He  de  4se  qtie,  par  .le  toiHdier^ 
on.  n'a  -pu  condaleir  da  pjîésieiiee  ^«le  d'un  seul  ^eoips  ifibneM»;,  il  ne  fau- 
drait pas  en  inférer  qu'il  n'en  existe  auoufi  autre,  car  l'anaiofute  (pâ* 
tholagîque  appirend  que  «es  itéof^lafimes  «ont  frétummneait  amUiptes. 
11  y  a  doue,  à  imm  a^ia,  les  meitifs  ies  pi«s  sérieux  fpour  dissuader, 
en  pareil  cas,  une  femme  de  s'engager  par  les  liens  du  mariage  et  de 
s'«Kpoaer  aux  aventures  d'une  grossesse. 

€e  n'est  d'ailleurs  qu'avBc  to«ifte  réserve  que  Je  aoe  -proftonce  sur  Uiiifr 
questiotn  de  cette  nature  que  je  a(Miwete  à  if  at^tpnéciation  >de  ceux  de- 
mes  collègues,  que  leurs  «travaux  en  ol»slél2iqi)e  4reo4eiit  plus  CK^mpé- 
tents  pour  les  juger  en  dernier  ressort. 

WaAjptm.  ^  Si  deseocirps  fi)»eux  <que  j'ai  eu  phis  c^éciftlemeet  en 
vue  jttfiqu'ici,  j'arrive  aux  poilyp^  iiroprei&e&tdÂte»  les  faits  qui  leur 
so&t  relatifs  m'oost  apprn^  qu!iis  fem^&^U  eomv)e  oampUcation  4e  hx 
gveesesse  et  de  raccoucfaeme0>t,  se  ^seuter  eous  ptoieure  aspects. 

i3ine|kremîère  div^iion  à  étobtir  esiticeUe  des  folies  celiuloae-vafi- 
cukûres  et  des  polypes  fiibreux. 

Belypes  «eliaiMi*»imae«lait««.  -^  DsAs  un  oas  do0t  j'ai  été  té- 
moin et  qui  est  rapporté  da-ns  la  CUnipte  de  Lisfrane,  toflaelll,  p.  B?^ 
cette  variété  de  polypes  qui>  par  leiur  siège  à  l'intérieur  de  rulerus, 
sont  d'un  diagnestîe  impossible^  a  iprevoqué  l'avortemeoft^  etii  la  isuiie 
de  oelul<ei  des  hémoritegies  successives  et  a^KmdaaKtos. 

OsssftTATfON.  •*-  Une  dame,  âgée  de  2^  aos«  mère  de  quaitre  jo^ 
fftBts,  fut atiimnte  dH»e  méflropériloniie  à  «on  deraier  aecouohenia»t. 
Bile  devinl  ienceînte  pour  la  ehiquième  fois,  lorsque  l'utérus  étaii  ea«- 
coreseasHilemeait  bypertse^^.  PeDdant  ^qualn  nais,  cette  dskOttee 


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—  «99  — 

résîgaa  à  gaoder  le  rep&B.  A  «ette  époque,  elle  fit  un  Yoyag«  à  te  aujite 
duquel  eUe  fut  ^ice  de  douleurs  utérines,  et  l'avortemeat  «ul  Uaii  : 
]iieDl6t  après  des  pertes  «beniAutes,  rebelles,  se  dédaraieat;  au  Um- 
cber  OQ  constata  ^ue  Ja  jaaattrice^tait  toméfiée  et  doulouj'euse^  Fiab 
combattit  cette  phlogmasie  parades  inoyeas  AatiphlogisUques  :  pendafift 
deux  mo»  la  métrorrbagle  cessa,  «lais  elle  reparat  aycc  ialensité.  La 
malade  vit  ses  forces  s'épuiser,  elle  auceomba. 

A  Tautopsie,  oa  découvrit  dans  la  cavité  de  Tutérus,  dont  les  parois 
avaient  doublé  d^'épaisseor,  six  poJj^pes  celluloso-vasculaires  ou  mu- 
queux,  dont  le  plus  petit  avait  le  voltume d'une  lentillt%  et  le  pbjsgros 
celui  d'une  patite  noisette. 

Ces  excFOissaaees  poly^uses  doat  rexistenoe  était  en  dehors  de 
toute  prévision,  Aont  tr^ès-iAsidieuses  :  eUes  sont  iormées  par  un  tissu 
rouge,  mou,  4'apj>aFence  érectile  lisa^squ'il  est  vu  à  la  surface  d'une 
loupe  fraîche  «et  jkeite;  flottante  et  enxelief  à  la  surface  utérine  a\^ 
laquelle  ils  se  coatâonent^  ces  petits  .polypes  sont  émiuûmmeiLt  vas- 
culaires.  J'ai  eu  occasion  d'iea  Qbserv>er,  Tiitér-us  «étant  à  Téta.!  de  va- 
cuité, ils  ont,  dans  eeoas,  «léterininé Jaiaaorttpar  bémorrbagkc succes- 
sive, cbez.une  malade  que  j'ai  ^observée  pendant  mon  internat  à  rb6- 
pital  delà /Pitié,  et  dont  j'ai  moi-même  fait  r.autopsie.  Leur  siège  était 
le  même  que  dans  le  cas  précédent,  c'e6t-<à-dire  qu'ils  occupaient  ia 
Siartie  la  plus  élevée  de  la  cavité  utérine.  Ils  étaient  au  nombre  de 
huit;  quelques  uns  avalent  Taspect  des  franges  de  la  membrane  mu- 
queuse, plusieurs,  oelui4ej)etitsc<Hps<divaiFefi,  etieur  structure  iden- 
tique était  celle  des  mêmes  .polypes  naeationnés  dans  l'observation 
ci-dessus  relatée. 

Polypes  flbiWHK.  — LeS'Oonditians  dans  lesqueilssx}âspoly|iâs  ont 
été  observés  pendant -et  après  TacoouchemejQt,  soat  tEès^diveraes,,et 
les  accidents  qu'ils  ont  déterjuinés  varient  également  suivant  la.naUire 
iaème  de  ces  couditionB. 

Ainsi,  sans  entrer  dans  les  à^tails  des  observations  que  j!ai  repro- 
duites au  nombre  de  douze,  dans  mon  mémoire  publié  en  1866,  je  me 
liarnerai  à  en  donner  les  princiipaux  traits. 

Ces  polypes,  de  diverse  grosseur,  quelquefois  lrès-vo)umî&eux«  sié- 
geant soit  à  la  «vulve,  soit  dans  le  vagin,  soit  dans  l'utérus,  peuvent 
ne  ipas  s'opposer  à  la  grossesse,  et  même  n'apporter  qu'un  léger 
obstacle  à  l'accouchement. 

Observation  L  —  AacBUchement  à  terme,  oornpliqué  de  i' apparition 
(Sun  polype  «/értti  à  la  vulve  avant  la  sortie  du  fœiu$.  —  On  trouve 
4an8  Levret  une  observation  d'une  lemne  chez  laquelle  une  tumeur 
svaifciéilé  (épuisée  de  la  vulve  pendant  ia  pai4urltian  avant  la  sortie 


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—  238  - 

d'un  fœlus  à  terme.  L'accoucheur  de  cette  femme  reconnut  un  po- 
lype de  la  grosseur  de  la  tête  d'un  enfant  noureau-né,  et  dont  le  pé- 
dicule, large  d'un  travers  de  doigt,  était  implanté  au  côté  droit  du 
col  de  la  matrice.  Il  n'y  avait  pas  de  perles  considérables  après  la  dé- 
livrance, nonobstant,  Guiot  lia  le  pédicule;  puis  il  plaça  la  femme  de 
manière  que  la  tumeur,  fut  soutenue,  et  qu'elle  n'exerçât  aucun  tirail- 
lement douloureux.  Dès  le  lendemain,  des  douleurs  vives  aux  lombes 
et  à  raine  droite  obligèrent  à  exciser  la  tumeur  au-dessous  de  la  liga- 
ture qui  se  détacha  le  troisième  jour.  La  femme  n'éprouva  aucun  acci- 
dent, elle  allaita  son  enfant  et  fut  bientôt  rétablie. 

Observation  II.  —  Polype  volumineux  occupant  la  vulve;  grossesse 
terminée  heureusement,  —  Le  même  observateur,  Levret,  cite  un  second 
exemple  d'une  femme  qui  portait  un  polype  d'un  volume  considérable, 
dont  la  base  pendait  entre  ses  cuisses,  et  qui,  par  son  pédicule,  était 
fixée  au  col  utérin.  Cette  tumeur  avait  paru  depuis  seize  ans  à  la 
suite  d'une  couche  fort  heureuse;  elle  rentrait  facilement  lorsqu'on  la 
réduisait  dans  le  vagin.  De  nouveau  devenue  enceinte  une  seconde 
fois,  le  polype  rentra  progressivement  par  l'effet  de  l'élévation  suc- 
cessive de  l'utérus,  et  cessa  de  paraître  pendant  la  grossesse.  La 
femme  accoucha  heureusement  à  terme  d'un  enfant  bien  vivant;  mais 
dès  qu'elle  fut  rétablie,  la  tumeur  sortit  de  nouveau  à  la  vulve.  Cette 
femme  continua  à  faire  remonter  sa  tumeur  qui,  un  jour,  sortit  et  ne 
put  pas  être  réduite.  L'étranglement  du  polype  à  la  vulve  exigea  une 
opération  qui  fut  pratiquée  par  Rondon,  chirurgien  de  l'Hôtel-Dieu, 
au  moyen  delà  ligature.  La  tumeur  se  détacha  le  quatrième  jour,  et 
la  malade  ne  tarda  pas  à  être  guérie. 

Observation  m.  -^  Polype  énorme  compUquantla  grossesse, -^Double 
insertion  au  col  de  Vutérus  et  au  vagin,  —  Cinq  accouchements  d'en- 
fants  à  terme  mort-nés,  —  Je  rapprocherai  du  fait  précédent  une 
observation  analogue  du  docteur  Pordham.  —  C'est  celle  ;d'une  femme 
de  35  ans  en  travail  depuis  six  jours.  Par  le  toucher  on  constate  dans 
le  vagin  une  tumeur  volumineuse,  implantée  sur  la  partie  postérieure 
du  col  utérin.  —  Cette  femme,  depuis  dix  ans,  avait  eu  quatre  en- 
fants mort-nés.  A  chaque  accouchement  une  tumeur  sortait  de  la 
vulve,  poussée  par  le  fœtus.  Cette  fois  encore  la  parturition,  malgré 
cet  obstacle,  s'opéra  tout  naturellement  ;  mais  l'enfant  était  mort, 
comme  les  quatre  autres  qui  l'avaient  précédé. 

Le  docteur  Clough,  appelé  en  consultation,  constata  la  continuité 
des  efforts  expulsifs  après  la  délivrance,  et  reconnut  une  doublé  in- 
sertion du  polype  au  col  de  l'utérus  et  à  la  paroi  postérieure  du  va- 
gin. L'application  de  cette  ligature  fut  très-laborieuse  :  la  femme,  fort 


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épuisée  déjà,  s'affaiblit  rapidemeut  et  succomba  le  lendemain  de  l'o- 
pération, sans  avoir  présenté  ni  douleurs,  ni  vomissements,  ni  aucun 
autre  signe  de  métropéritonile.  Il  n'est  pas  question  de  l'autopsie. 

.  Observation  IV.  —  Un  troisième  fait,  puisé  à  la  même  source  (Mé- 
dical and  Physical  joumalf  1811  and  1812),  nous  montre  encore  us 
polype  sortant  de  la  vulve  au  moment  de  V accouchement,  et  cela  à  la 
suite  de  trois  grossesses  successives,  en  même  temps  qu*il  fait  voir  le 
danger  d^vne  ligature  pratiquée  immédiatement  après  r accouchement. 

Voici  ce  fait,  qu'en  raison  de  l'enseignement  pratique  qu'il  renferme 
j'ai  jugé  à  propos  de  reproduire  intégralement. 

Une  femme,  mère  de  plusieurs  enfants,  accoucha  d'une  fille  à  terme 
après  une  parturition  douloureuse.  Pendant  le  travail,  une  tumeur 
consistante  et  charnue^  poussée  par  la  tète  de  l'enfant,  était  sortie 
avant  elle;  à  deux  couches  précédentes  ce  même  phénomène  avait  eu 
lieu.  Le  volume  de  la  tumeur  était  seulement  moins  considérable, 
aussi  n'y  avait-on  pas  fait  grande  attention,  chaque  fois  celle-ci  étant 
rentrée  dans  le  vagin.  Cette  dernière  fois  elle  resta  hors  de  la  vulve; 
elle  avait  la  grosseur  de  la  tète  d'un  enfant  nouveau-né.  Dès  le  len- 
demain une  ligature  fut  placée  autour  de  son  pédicule  ;  vers  le  soir 
du  même  jour,  agitation  et  insomnie.  Le  lendemain,  nouvelle  liga- 
ture^ la  première  s'étant  relâchée  :  presque  immédiatement,  douleur 
si  vive  et  anxiété  telles  que,  vers  le  soir,  on  fut  contraint  d'enlever  le 
fil  constricteur.  Les  accidents  convulsifs  déterminés  par  cette  opéra- 
tion durèrent  plusieurs  jours;  malgré  Tusage  des  narcotiques,  le  pouls 
monta  à  120  pulsations,  la  voix  était  éteinte.  La  malade  cependant 
se  rétablit  et  ou  crut,  neuf  semaines  après  l'accouchement,  le  moment 
venu  d'appliquer  une  nouvelle  ligaturef^qui  ne  tarda  pas  à  reproduire 
les  mêmes  accidents  qui  avaient  eu  lieu  une  première  fois.  La  tumeur 
était  recouverte,  dans  toute  sa  surface,  d'une  escharre  qui  était  le 
point  de  départ  d'un  écoulement  fort  abondant.  L'état  de  la  malade 
s'étant  beaucoup  amélioré  par  les  soins  appropriés  et  un  régime  ana- 
leptique, on  pratiqua  de  nouveau  la  ligature  du  polype  dont  le  pédi- 
cule était  devenu  moins  gros  et  plus  facile  à  atteindre  ;  il  s'était  passé 
alors  quatre  mois  depuis  l'accouchement  ;  cette  fois  la  ligature,  d'abord 
douloureuse,  fut  bientôt  mieux  supportée,  et  au  bout  de  quelques 
jours  la  tumeur  se  détacha»  et  la  malade  recouvra  une  santé  parfaite. 

Les  polypes  fibreux  restés  dans  l'utérus  s'y  comportent  de  la  même 
manière  que  les  corps  fibreux  ;  comme  eux  ils  constituent  par  leur 
présence  un  obstacle  au  retrait  de  l'utérus  sur  lui-même;  outre  que 
par  la  vascularisation  dont  ils  sont  doués  quelquefois  à  un  haut 
degré,  Us  peuvent,  de  plus,  devenir  par  eux-mêmes  une  source  d'hé- 


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morrbagîes  graves  et  surtoat  mortelles.  J'en  ai  dté  troi9  exemples  qa» 
j^ai  empruntés  Y  un  »a  docteur  Cbnrefaill,  un  autre  au  dectefir  Rad- 
ford,  de  Manchester,  et  un  troisième  an  docteur  Grisp;  la  mort  eut 
Ifen  au  bout  de  huit  à  dix  heures  dans  le  premier  cas*;  eife  se  produi- 
sît par  épuisement  quinze  jours  après  Faccouebement  ^bns  le  second  ; 
chez  la  madade  du  docteur  Crisp,  à  rbémorrbagre  s'ajouta,  coEmne 
une  cause  de  mort  après  raccouchcment,  la  persistance  des  contrac- 
tions énergîcpies  de  Tutérns  et  la  répétition  des  douleurs  pendant 
Texpulsion  d'un  polype  quî  était  Irès-Yolumineur,  à  ce  point  qu'on 
l'avait  pris  pour  un  second  enfant,  et  qu'engagé  à  la  vuhrë  il  rendait 
!e  catbétéHsme  difficile. 

Des  faits  qui  précèdent,  il  me  semble  que  Fou  peut  tirer  les  cou- 
dusrons  suivantes  : 

!•  Les  fibromes  les  plus  variés  de  forme,  de  volume  et  de  siège  ne 
sont  pas  un  obstacle  à  la  conception  ; 

2»  Les  polypes  compliquant  la  grossesse,  même  quand  ils  sont  volu- 
mineux, ne  s'opposent  pas  généralement  à  Févolution  de  celle-ci  et 
peuvent  ne  mettre  que  faiblement  obstacle  à  l'accouchement; 

39  Les  polypes  peuvent  occuper  le  vagin»  ou  être  contenus  daaa 
l'utérus  au  moment  de  l'accouchement; 

40  Les  polypes  qui  occupent  le  conduit  vulvaire  eonstituenf  un 
danger  pour  la  vie  de  Fenfant;  les  polypes,  intra-utérins,  après  Fac- 
cauchement,  sont  au  contraire  un  danger  pour  la  mère,  en  raison  de 
Fhémorrbagie  qu'ils  déterminât; 

5<»  Les  polypes  iatrarutérins  sont  i^lus  focilement  éliminés  que  les 
mtps  fibreux  en  même  temps»qae  le  produit  de  la  conception  :  leur 
forme,  qui  les  rend  iodépeadants  du  tissu  utérin,  et  le  peu  d'épais- 
seur de  leur  pédicule,  rendent  raison  de  cette  difGsrenee; 

6*  Le  renversement  de  Falérus»  après  la  grossesse,  «œ^iqué  d'uB 
eorpa  on  tf  un  polype  fiJNreuk,  peut  être  le  résistai  des  contractions 
olénaes,  et  aussi  des  manœuTres  irratkmoelles  exercées  sur  k  eorps 
étranger; 

7*  La  question  d'opportunité  de  Fopération,  un  corps  fibreui  ou  ua 
polype  se  montrant  à  la  suite  de  l'accouchement  dans  de«  condilioi» 
accessibles  à  Faction  instnnnentale,  coostitoe  un  problème  diverse- 
ment résolu  ; 

8"  Si  la  matrîos  se  ferme  ef  revient  sur  le  corps  inclus  dans  sa 
cavité,  sans  donner  lieu  à  une  hémerritagie  sérieuse,  il  est  sage  do 
s'abstenir  de  toute  tentative,  et  d'attendre  que  les  conditiess  spéciales 
daas  lesquelles  se  troure  l*taténis^  après  Faccoudiement  aiefrt  eessè. 


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—  241  — 

'On  agirait  de  même  dans  le  cas  d'un  polype  intra-vaginal  fibreux  qu 
donne  lieu  ; 

9*  Une  hèmorrbagie  qui  compromet  les  jours  de  la  mère,  ou  qui  est  un 
obstaele  an  passage  du  fœtus  pour  qui  il  constitue  un  danger,  réclame 
impérieusement  Tintenrentioii  du  chirurgien  et  s'oppose  à  toute  tem- 
porisation; 

iO*"  Quant  à  l'indication  chirurgicale,  elle  varie  suivant  les  cas< 

M.  Târnier.  Je  crois  qu'il  serait  opportun  d'attendre  la  communi- 
cation que  M.  Guéniot  nous  a  annoncée  pour  commencer  la  discus- 
sion. Cela  était  convenu  entre  les  membres  de  la  Société,  lorsque 
N.  Depaul  a  fait  sa  communication. 

COMMUNICATION. 

Traitement  de  la  Syphilis. 

.  M.  Després.  L'an  dernier,  je  vous  ai  communiqué,  à  l'occasion  de 
notre  discussion  sur  le  traitement  de  la  syphilis,  la  statistique  des 
faits  de  voùù  service.  Vous  vous  rappelez  encore  Torage  que,  même 
an  dehorsrquelques-uns  de  nos  discours  ont  provoqué.  Je  ne  me  suis 
point  effrayé  de  ce  concert  d'oppositions,  parce  que  je  suis  persuadé 
que  les  faits  finissent  toujours  par  avoir  le  dernier  mot;  aussi,  je 
iriens  retracer  devant  vous  les  résultats  de  quinze  nouveaux  mois 
d'expérience  pendant  lesquels  j'ai  recueilli  tous  les  faits  de  mon  ser^ 
vice.  Je  ne  dirai  point  à  l'avance  ce  que  je  conclus  de  mes  obser^ 
Talions;  >e  laisserai  à  mes  collègues  le  soin  de  juger  pas  à  pas  si  mes 
propositions  de  Tannée  dernière  ont  été  démenties  par  des  faits  nou- 
Teaux. 

Seulement,  je  tiens  à  faire  uoe  remarque  :  on  m'a  dit  que>  lors  de 
notre  derkiière  discussion^  j'avais  pris  à  l'improviste  les  partisans  du 
mercure»  et  qu'ils  n'avaient  pas  d'observations  prêtes.  Mais  voici  déjjt 
un  an  passé  depuis  ma  première  statistique,  et,  en  un  an,  on  voit  bien 
dts  choses.  Je  puis,  certes,  penser  que  mes  collègues  puiseront  dans 
l'expérience  d'une  année.  Alors  je  vois  les  oppositions  que  jo  puis 
encore  rencontrer  diminuées  au  moins  de  ce  reproche»  que  j'aurais 
mrpris  ceux  qui  ont  f(M  dains  les  préparations  mercurielles* 

Établissons,  Messieurs,  d'abord  un  premier  point  :  comme  l'annévs 
dernière,  j'ai  reçu  un  grand  nombre  de  mAladea  ayant  été  déjà  traités 
de  leur  syphilis,  inutilement,  par  les  préparations  de  mercure. 

J'ai  reçu»  du  34  février  1867  au  20  juin  1868, 353  malades  atteintes 
de  diancrea  suivis  d'aceîdents  généraux^  d'accidents  secondaires  ou 
tertiaires,  toutes  malades  franchement  syphilitiques. 

2*  série.  —  tomb  ix.  31 


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—  242  - 

Sur  ee  nombre  : 

81  .ivaient  été  déjà  traitées  une  ou  plusieurs  fois  par  le  mercure, 
soit  dans  les  hôpitaux,  soit  en  ville.  Proportion,  22,5  p.  iOO. 

36  avaient  été  traitées  dans  mon  service  par  la  médication  tonique, 
les  bains  salés  et  sulfureux,  et  le  traitement  local.  Ne  craignant  pas 
de  charger  contre  moi  ce  chiffre,  j'ai  compté  les  malades  qui,  sorties 
malgré  moi,  n'avaient  subi  que  quelques  jours  de  traitement,  celles 
qui,  sorties  de  la  sorte,  sont  rentrées  deux  et  trois  fois;  ces  malades 
chai  f:ent  presque  de  moitié  mon  chiffre  36.  Parmi  ces  malades,  il  en 
est  qui  avaient  été  autrefois  traitées  par  le  mercure.  Proportion, 
iOp.  dOO. 

8  malades,  traitées  déjà  une  fois  sans  mercure  par  le  bichromate  de 
potasse,  riodure  de  potassium  d'emblée  ou  les  sudorifiques,  sont 
entrées  dans  mon  service  pendant  le  même  temps.  Proportion,2  p.  iOO. 

Si,  maintenant,  je  ne  prends  que  les  malades  traitées  au  moins 
deux  mois,  j'arrive  aux  mèmeis  proportions. 

18  malades,  traitées  chez  moi  pendant  plus  de  deux  mois,  pen- 
èMffe  un  temps  que  j'ai  jugé  suffisant.  Proportion,  5  p.  100. 

38  malades  traitées  par  le  mercure  pendant  plus  de-dedx  mois; 
li  malades  ayant  subi  deux  et  trois  traitements  mércuriels.  Propor- 
tion, H  p.  iOO. 

J'ai  fait  plus  :  il  y  a,  à  l'hôpital  de  Lourcine,  un  service  voisin  du 
mien  où  il  y  a  eu  des  syphilitiques  ;  je  ne  parle  pas  du  service  de 
médecine  que  l'administration  avait  transformé  en  un  service  de 
maladies  générales.  Ce  service  a  été  successivement  occupé  par 
MM.  Panas,  Liégeois  et  Péan,  Il  renferme  quatre-vingt-neuf  lits,  deux 
lits  de  plus  que  mon  service,  et  il  n'a  reçu  que  334  malades  pendant 
que  le  mien  en  recevait  359.  J'ai  comparé  les  malades  qui  rentraient 
dans  mon  service  en  sortant  du  service  voisin  et  qui  ont  pris  le  tnû- 
tement  mercuriel  classique,  avec  les  malades  qui  avaient  été  déjà 
traitées  chez  moi  par  les  toniques,  les  bains  et  le  traitement  local. 
'  J'ai  eu  36  malades  rentrées  après  un  séjour  dans  mon  service;  sur 
ce  nombre,  18  avaient  été  traitées  plus  de  deux  mois. 

J'ai  eu  33  malades  traitées  antérieurement,  dans  le  service  voisin 
du  mien,  par  les  préparations  mercurielles  :  proto-iodure  de  mer- 
cure, frictions  mercurielles  ou  injections  de  sublimé. 

Sur  ce  nombre,  18  avaient  pris  du  mercure  pendant  plus  de  deux 
mois. 

De  cette  comparaison,  il  ressort  qu'il  y  a  eu  égalité  absolue  entre 
le  résultat  du  traitement  mercuriel  et  du  traitement  sans  mercure,  et 
je  n'en  demande  pas  davantage. 


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—  343  -^ 

Il  est  certainement  rentré  quelques-unes  de  mes  malades  dans 
l'autre  senrice,  mais  il  y  est  rentré  aussi  des  malades  du  même  ser- 
yice,  et  si  Ton  deyait  compter  les  premières,  il  faudrait  aussi  compte' 
les  secondes. 

Mais  il  n'est  pas  rentré  beaucoup  de  mes  malades  dans  le  serviœ 
voisin  ;  mes  malades  sont  assez  fidèles.  Malgré  la  sévérité  que  l'on 
m'a  presque  reprochée  ici,  ces  malades  conservent,  à  l'égard  du  ser-» 
vice,  un  peu  de  cette  fidélité  canine  qu'a  célébrée  Buffon,  et  que  les 
pauvres  ont  toujours  pour  ceux  qui  s'occupent  d'eux  sérieusement. 
Je  ne  veux,  pour  preuve  de  ce  que  j'avance,  qu'un  seul  fait  : 

Depuis  que  je  suis  à  Lourcine,  j'ai  vu  presque  toutes  celles  de  mes 
malades,  qui  ont  été  atteintes  de  récidive,  revenir  dans  mon  service. 
Sur  605  malades  qui.  ont  passé  dans  mes  salles,  7  seulement  ont  été, 
dans  les  grands  hôpitaux,  se  faire  traiter  de  récidive  de  leur  syphilis. 

J'ai  pris  des  informations  scrupuleuses,  et  je  n'ai  pas  entendu  parler 
d'autres  malades;  il  peut  y  en  avoir  eu  cependant  quelques-unes  de 
plus  que  le  chiffre  sept^  mais  leur  nombre  ne  peut  être  élevé.  Je  ne 
compte  pas  les  malades  sorties  enceintes  et  qui  sont  allées  accoucher 
dans  des  hôpitaux  spéciaux.  Je  ne  compte  pas  celles  de  mes  malades 
qui  sont  entrées  dans  le  service  voisin  du  mien,  faute  de  lits  chez  moi. 

Que  dirai-je  encore  de  plus  concluant  que  ces  chiffres?  Est-il  assez 
prouvé  que  le  mercure  n'empêche  pas  les  récidives  des  poussées  syphi- 
litiques? 

Je  pourrais,  toutefois,  vous  rappeler  que  la  Société  de  médecine  de 
Bordeaux,  qui,  elle  aussi,  a  étudié  le  mode  d'action  des  mercuriaux 
dans  la  syphilis,  a  entendu  notre  confrère,  M.  Venot,  déclarer,  chifiîres 
en  main,  le  résultat  d'expériences  entièrement  conformes  aux  miennes* 
Ce  médecin,  en  effet,  tirait,  de  quarante-cinq  observations  bien  sui- 
vies, que  les  récidives  étaient  en  proportions  égales  chez  les  syphili- 
tiques, qu'on  les  traitât  ou  non  par  le  mercure.  Ceux  de  nos  collègues 
qui  voudront  se  rendre  compte  de  ces  faits  en  trouveront  dans  le 
numéro  de  juin  de  cette  année  des  Archives  de  médecine. 

L'état  des  malades  rentrant,  après  avoir  été  traitées  dans  mon  ser- 
vice, ne  diffère  pas  sensiblement  de  l'état  des  malades  traitées  déjà 
par  le  mercure,  en  ville  ou  dans  les  hôpitaux. 

Parmi  mes  malades  vierges  de  mercure  : 

14  qui  avaient  leur  mal  depuis  six  mois,  avaient  :  12  des  plaques 
muqueuses,  1  une  iritis,  1  une  syphilide  tuberculeuse  précoce. 

7,  qui  avaient  leur  mal  depuis  un  an,  avaient  :  4,  des  plaques  mu- 
queuses, dont  une  avec  une  syphilide  papuleuse;  1,  une  syphilide 
papuleuse;  i ,  une  gomme  ulcérée  du  voile  du  palais. 


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—  246  — 

De  tout  ce  qui  précède,  il  résulte  que,  chez  mes  malades  qui  ont  eu 
des  récidives  même  d'accidents  tertiaires,  le  mal  ne  montait  pas  à  plus 
de  deux  ans.  Celle  de  mes  malades  qui  a  eu  l'an  dernier  des  gommes 
ou  plutôt  un  érythème  noueux,  est  actuellement  bien  guérie.  C'est  la 
fille  B...  Sophie  dont  je  vous  ai  parié  l'année  dernière,  et  que  j'ai 
revue  cette  année. 

Qu'on  ne  me  dise  pas  que  je  dois  attendre  pour  juger;  j'ai  eu  des 
malades  dont  la  syphilis  n'était  pas  plus  âgée  que  celte  de  la  fille  B... 
qui  avaient  des  exostoses,  des  gommes,  de  Tecthyma  et  des  syphilides 
tuberculeuses,  ou  tubercule  crustacées,  quoiqu'elles  eussent  été  trai- 
tées pendant  deux  et  trois  ans  par  le  mercure. 

Si  le  mercure  était  capable  d*agir  sur  les  syphilis  graves  et  d'empê- 
cher les  accidents  graves,  je  devrais  avoir  beaucoup  de  mes  malades 
dans  cet  état,  contre  un  très-petit  nombre  de  malades  semblables 
auxquels  avaient  été  administrées  les  préparations  mercurielies. 

Les  accidents  de  la  syphilis  sont-ils  amendés  vérilabiement  par  le 
mercure?  Pour  toute  réponse,  je  dirai  ce  que  l'on  obtient  sans 
mercure. 

Les  chancres  traités  par  la  cautérisation  et  les  cataplasmes  mettent 
trois  à  cinq  semaines  à  guérir,  suivant  qu'on  les  traite  au  début,  ou 
un  peu  plus  tard. 

Les  plaques  muqueuses  simples  non  végétantes  mettent  en  moyenne 
huit  à  dix  jours  à  guérir,  par  les  cautérisations  et  les  lotions  avec 
l'eau  blanche,  ou  par  une  solution  légèrement  caustique  ou  astringente 
et  le  repos. 

Les  plaques  muqueuses  de  la  gorge  et  de  la  bouche  mettent  le 
même  temps  à  guérir;  seulement  chez  les  malades  qui  ont  de  mau- 
vaises dents  ou  des  follicules  des  amygdales  ulcérés  il  y  a  des  réci- 
dives journalières,  surtout  en  hiver;  et  il  y  a  des  plaques  muqueuses 
de  la  gorge  chez  les  syphilitiques  là  où  chez  les  gens  sains  il  n'y 
aurait  qu'un  léger  mal  de  gorge,  au  momdre  refroidissement. 

Les  plaques  muqueuses  végétantes  de  la  vulve  ou  de  la  gorge  sont 
plus  longues  à  guérir,  Je  suis  obligé  de  les  cautériser  plusieurs  fois 
avec  la  solution  saturée  de  chlorure  de  zinc.  Ces  plaques  durent 
quelquefois  jusqu'à  trois  ou  quatre  semaines,  à  moins  qu'elles  ne  se 
recouvrent  d'épithélium  et  ne  se  transforment  en  végétations,  ce  qui 
m'oblige  à  venir  aux  cautérisations  avec  l'acide  nitrique  fumant  et 
même  à  l'excision. 

Je  ne  crois  pas,  j'affirme  même  qu'il  n'y  a  pas  de  traitement  mer- 
curiel  qui  arrive  au  même  résultat  sans  traitement  local.  S'il  devait 
m'ètre  opposé  des  statistiques  à  cet  égard,  je  demanderai  toutes  les 


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—  un  — 

observations  d'un  service,  car  les  plaques  muqueuses  des  malades 
qui,  après  trois  et  quatre  semaines  de  mercure,  ne  seraient  pas  guéries 
et  ne  seraient  pas  comptées,  parce  que  les  malades  seraient  sorties  de 
l'hôpital  avant  guérison,  sont  justement  celles  qui  sont  rebelles  même 
au  traitement  mercuriel,  celles  qu'il  faudrait  compter. 

J'ai  eu  dans  mon  service  26  syphilides  cutanées,  généralisées  : 
syphilides  papuleuses,  confluentes,  miliaires,  tuberculeuses,  précoces, 
tuberculeuses,  serpigineuses,  telles  qu'on  les  observe  à  Saint-Louis. 
Ces  malades  sont  restées  dans  le  service  cinq,  six  et  même  dix-huit 
mois.  Cinq  malades  sont  parties  non  guéries  pour  se  traiter  chez  elles. 

Ces  naalades  que  j'ai  observées  ont  guéri  : 

6  en  six  et  sept  mois;  7  en  quatre  mois;  11  en  deux  et  trois  mois; 

2  en  un  mois.  4  des  13  dernières  malades  avaient  des  récidives  : 

3  après  un  traitement  mercuriel  antérieur;  1  après  avoir  été  traitée 
chez  moi. 

Les  malades  suivaient  un  régime  tonique  (fer  et  quinquina),  et 
comme  traitement  local  prenaient  des  bains  salés  et  sulfureux.  Leurs 
plaques  cutanées  étaient  badigeonnées  avec  la  teinture  d'iode  ou 
l'huile  de  Cade  pure. 

Entendons-nous,  Messieurs,  sur  le  sens  du  mot  guéri.  Par  guéri,  il 
ne  faut  pas  comprendre  que  le  mal  a  pâli.  Il  faut  qu'il  soit  bien  dit 
que  la  syphilide  est  guérie  seulement  quand  les  boutons  ou  les  plaques 
n'offrent  plus  de  desquammation  et  sont  réduites  à  des  macules  sem- 
blables aux  macules  qui  suivent  la  période  de  desquammation  de 
l'éruption  varioleuse. 

Si  la  pâleur  de  l'éruption  était  prise  pour  la  guérison,  je  réduirais 
à  un  mois  ou  six  semaines  la  durée  de  mes  syphilides;  mais,  je 
le  répète,  cette  manière  d'envisager  la  guérison  me  paraîtrait  défec- 
tueuse. 

Certes,  j'ai  vu  des  syphilides  papuleuses  guérir  en  moins  d'un  mois, 
mais  c'étaient  des  roséoles  papuleuses,  et  non  point  de  ces  syphilides 
tuberculeuses  qui  sont  de  véritables  plaques  muqueuses  de  la  peau, 
ou  de  ces  syphilides  tuberculeuses  caractérisées  par  des  boutons  acu- 
minées  qui  offrent  la  rougeur  et  la  consistance  de  petites  keloïdes. 

Chez  14  de  mes  malades,  j'ai  vu  naître  la  syphiiide  après  des 
malaises,  des  douleurs  rhumatoïdes  et  une  fièvre  rémittente  prodro- 
mique,  banalement  appelée  fièvre  syphilitique.  Cinq  malades  sont 
sorties  avant  guérison  complète.  Chez  9  j'ai  vu  l'évolution  complète 
du  mal: 

1  a  mis  sept  mois  à  guérir;  5  ont  mis  six  mois  ;  2  ont  mis  cinq  mois  ; 
1  a  mis  huit  semaines. 


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—  248  — 

Chez  tontes  mes  malades,  la  fièvre  tombait  aussitôt  après  la  sortie 
de  l'éruption,  et  la  santé  se  rétablissait  à  vue  d'oeil. 

J'ai  pu  suivre  une  de  mes  malades  que  ses  affaires  avaient  empêfchée 
de  rester  chez  moi,  et  j'ai  vu  que,  même  non  traitée,  les  éruptions 
guérissent  néanmoins  à  pen  près  dans  le  même  temps. 

C...  arrivée  dans  mon  service  avec  une  stomatite  mercurielte,  qui 
avait  suivi  hiMt  jours  d'usage  de  deux  piluks  de  proto-iodure  par 
jour,  a  eu  soûs  mes  yeux  une  poussée  de  papules  disséminées  qui  a 
duré  un  mois.  Une  seconde  poussée,  avec  des  ulcérations,  existait 
lorsque  la  fille  C...  est  sortie  pour  soigner  son  enfant  malade,  et  j*ai 
appris  qu'elle  était  allée,  trois  mois  après,  à  Vhôpital  Saint-Antoine 
avec  une  troisième  poussée  très-légère,  et  cette  fois  de  syphilide 
squammeuse  peu  étendue,  qui  a  guéri  en  peu  de  temps  :  ce  qui  fait 
que  la  syphilide  a  duré  six  mois. 

Voici  les  durées  comparatives  des  éruptions  syphilitiques  traitées 
par  le  mercure  et  traitées  par  les  toniques  el  les  traitements  locaux. 

A...,  32  ans,  entre  dans  le  service  le  27  août  1866  avec  une  syphi- 
lide pustulo-luberculeuse  précoce,  qui  était  apparue  aux  lieu  et  place 
de  la  roséole;  elle  était  traitée  en  ville  depuis  le  début  du  mal  par  de 
la  liqueur  de  Van-Swieten,  une  cuillerée  à  bouche  tous  les  jours,  pen- 
dant six  mois.  Malgré  ce  traitement  néanmoins,  la  malade  conservait, 
sur  la  petite  lèvre  du  côté  droit,  une  induration  chancreuse  qui  per- 
sistait depuis  six  mois;  ses  papules  étaient  encore  en  voie  de  des- 
quammation  et  une  vaginite  existait  encore  depuis  le  début  de  sa 
syphilis. 

Au  bout  de  deux  mois  de  traitement  dans  mon  service,  la  syphilide 
était  éteinte  et  la  malade  est  restée  dans  mon  service  jusqu'au  mois 
de  mars  4867  pour  obtenir  la  guérison  de  sa  vaginite  rebelle.  La 
syphilide  avait  duré  huit  mois. 

F...  Malhilde,  2i  ans,  entrée  le  2!  mars  dans  le  service  de  M.  Lié- 
geois avec  des  plaques  muqueuses,  et  une  syphilide  papuleuse  coq- 
fluente  est  traitée  pendant  six  mois,  du  12.  avril  1867  au  l*'  septembre 
de  la  même  année,  par  deux  pilules  de  prolo-iodupe  chaque  jour, 
pendant  quatre  mois,  et  qui  étaient  régulièrement  prises.  La  malade. 
entre  dans  mon  service  le  7  septembre  avec  sa  syphilide  papuleuse 
pâlie  et  des  plaques  muqueuses  de  la  gorge;  le  15  septembre  la  syphi- 
lide papuleuse  ressortait  et  était  guérie  le  2  noyembre.  La  malade 
prenait  des  bains  salés  et  sulfureux,  du  rôtt  et  des  toniqaeft.  La 
syphilide  avait  duré  sept  mois  et  demi. 

Voyons  maintenant  mes  malades  traitées  sans  mercure. 

M...  (Anna),  ^8  ans,  29,  Saint-Bruno,  traitée  dans  iBon  aerviee  de- 


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-   249  — 

puis  le  mois  de  novembre  1866,  pour  un  chancre  phagédénique  de  la 
vulve,  lequel  avait  été  traité  en  ville  pendant  trois  mois  par  des  pi« 
Iules  de  proto-iodure.  Le  28  février  1867,  la  malade  est  prise  après 
fièvre  prodromique  d'une  syphilide  miliaire  confluente  à  poussées  suc- 
cessives, qui  a  duré  jusqu'au  mois  de  septembre  1867  (sept  mois).  Elle 
a  eu  trois  iritis  :  une,  traitée  par  le  calomel  à  dose  fractionnée  et  les 
vésicatoires  aux  tempes  ;  une  par  les  seuls  purgatifs  et  les  sinapismes 
aux  cuisses  et  les  vésicatoires;  une  par  les  ponctions  de  la  cornée; 
toutes  trois  ont  eu  une  durée  égale,  sauf  la  dernière,  qui  était  com- 
pliquée d'un  abcès  de  l'iris  et  qui  a  mis  trois  semaines  à  guérir.  La 
malade  est  restée  dans  mon  service,  pour  attendre  la  guérison  de  son 
chancre,  jusqu'au  30  mai  dernier,  et  n'a  eu,  depuis  sa  syphilide  et  ses 
iritis,  aucun  accident  sous  mes  yeux,  et  sa  vue  était  bien  conservée. 

C...  39  ans,  32,  Saint-Âlexis,  entrée  avec  un  chancre  parcheminé 
de  la  grande  lèvre  gauche  et  sous  l'imminence  d'une  syphilide,  a  eu 
sous  mes  yeux,  le  6  juin  1866,  un  mois  après  son  entrée  à  l'hôpital, 
une  syphilide  miliaire  qui  a  duré  jusqu'à  la  fin  de  novembre,  et  a 
présenté  cette  particularité  que  le  13  juillet  il  y  a  eu  une  seconde 
poussée  localisée  au  bras  droit  et  à  une  moitié  du  tronc.  Le  mal  a 
guéri  en  cinq  mois  et  demi.  Ici  le  mal  est  apparu  plus  tôt  que  chez  la 
fille  M...,  et  il  a  duré  moins  longtemps. 

G...  (Désirée),  34  ans,  se  disant  malade  depuis  six  semaines,  est 
entrée  le  6  juin  1867  avec  des  plaques  muqueuses  des  lèvres,  du  cuir 
chevelu  et  des  grandes  lèvres,  et  une  syphilide  papulo-squammeuse 
confluente,  ainsi  que  des  ulcérations  du  cuir  chevelu  ;  elle  est  sortie 
guérie  du  service  le  21  décembre,  ce  qui  fait  six  mois  de  durée  pour 
la  syphilide. 

Enfin  des  syphilides  tuberculeuse,  serpigineuse  isolée  que  j'ai  vues 
chez  une  malade  G...,  24,  Saint-Âlexis,  traitée  par  les  badigeonnages 
avec  la  teinture  d'iode,  ont  guéri  en  deux  mois. 

Toutes  ces  malades  étaient  soumises  au  régime  tonique,  aux  bains 
salés  et  sulfureux  ;  leurs  plaques  ou  leurs  ulcères  étaient  cautérisés  ou 
peints  avec  de  la  teinture  d'iode  ou  couverts  de  pommade  à  l'huile  de 
Gade;  en  un  mot,  des  bains  et  des  traitements  locaux  secondaient 
le  traitement  tonique. 

J'ai  remarqué,  Messieurs,  qu'une  seule  des  malades  que  j'ai  vue 
atteintes  de  syphilides  paptdeuses  ou  tuberculeuses  confluentes  était  re- 
venue malade;  encore  la  syphilide  était-elle  disséminée  au  début.  Les 
autres  ont  paru  bien  guéries,  surtout  lorsqu'elles  n'avaient  pas  pris  de 
mercure. 

Ceux  qui  ont  fréquenté  l'hôpital  Saint-Louis  savent  que  la  grande 
2«  série.  —  tome  IX.  32 


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—  25a — 

majorité  des  accidents  tertfatrcs  que  ron  rencontre,  surriennent  che» 
des  malades  dans  les  antécédents  desquels  on  ne  retrouve  point  de  ce& 
sjphiHdes  papuleuses,  confluentes^  Il  y  en  a  cependant,  je  tous  en  ai 
cité  l'année  dernière,  que  j'avais  empruntés  à  la  thèse  de  M.  Dubuc,  el 
vous  vous  rappelez  qae  le  mercure  avait  été  mis  en  usage. 

Ceci  me  confirme  dans  cet(e  opinion  que  le  virus  syphilitique  s'éli- 
mine par  la  peau  comme  par  le  virus  varioleux,  soas  forme  d'éruptioj* 
généralisée,  et  qu'il  ne  convient  pas  plas  de  donner  un  médicament 
pour  faire  pâlir  l'éruption,  pas  plus  qu'il  ne  convient  de  donner  de» 
purgatifs  pour  faire  pâlir  l'éruption  des  boutons  varioleux. 

J'ai  observé  trois  fois  des  gommes;  vous  allez  voir  ce  qu'elles  ont 
duré. 

P...,  48.  ans,  avait  une  gomme  ramollie  du  dos  du  nez,  grosse 
comme  un  gros  pois,  depuis  trois  semaines.  Ce  mal  avait  été  traité  en 
ville  tout  à  fait  au  début  par  la  liqueur  de  Van  Swieten;  une  cuillerée 
à  bouche  tous  les  jours  pendant  trois  semaines,  parce  que  aucun  trai- 
tement antérieur  n'avait  été  fait.  J'ai  xîautérisé  la  gomme,  et  en  un 
mois  de  temps  elle  a  été  guérie  ;  ce  qui  fait  une  durée  de  huit  se- 
maines. Seulement,  comme  pour  faciliter  la  comparaison,  une  autre- 
gomme  s'est  formée  à  côté  de  la  première,  et  avait  le  même  volume  • 
je  l'ai  incisée  et  cautérisée,  et  elfe  a  guéri  en  dix-sept  jours. 

La  veuve  K...,  femnae  L...,  ^2  ans,  est  entrée  à  l'hôpital  avec  une 
perforation  du  voile  du  palais,  au-dessus  de  Famygdale  droite  causée 
par  une  gomme  ulcérée  depuis  un  mois»  La  malade  avait  eu,  un  an 
auparavant,  des  plaques  muqueuses  pour  lesquelles  elle  ne  s'était  pas 
traité  et  qui  s'étaient  guéries  seules.  Le  21  mai  1867,  au  momcal 
où  la  malade  est  entrée,  la  gomme  devenait  phagédénique.  J'ai  cauté- 
risé la  gomme  avec  le  chlorure  de  zinc  en  solution,  et  j'ai  donné 
0,5^  c.  d'iodure  de  potassium  par  jour  et  du  sirop  d'iodure  de  fer- 
Ife  inal  était  arrêté  le  13  juillet,  quand  le  mari  de  la  malade  est  venu 
la  chercher.  Le  27  juillet,  la  malade  est  rentrée;  le  mal  avait  recom- 
mencé à  s'étendre;  j'ai  cautérisé  de  nouveau,  et  la  malade  est  sortie 
guérie  le  31  août  1867.  Il  restait  une  petite  perforation  du  voile  du 
palais  cicatrisée  et  qui  ne  gênait  ni  la  parole  ni  la  déglutition  des 
liquides.  J'ai  revu  cette  malade  depuis  à  la  consultatioe,  et  la  guérison 
s^était  bien  maintenue.  Total,  Messieurs,  trois  mois  de  traitement  pour 
guérir  une  gomme  ulcérée  phagédénique  du  voile  du  palais. 

La  fille  T...,  91  ans,  est  entrée  le  21  décembre  i8«7  dans  mon 
service,  avec  une  gomme  ulcérée  de  la  jambe  droite,  longue  et 
large  comme  la  main  et  franchement  phagédénique,  plus  ntnb 
gomme  ramollie  se  détachant  au  edté  interne  du  geiHXi.  Le  sirop  d'io- 


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—  251  ^ 

•dure  4e  fer,  Phuile  de  foie  de  morue  et  Tiodiire  de  potassium,  plus  les 
toniqtaes  oiat  été  administrés*  (Cette  malade  est  une  scrofuleuse  qui  à 
déjà  éié  deux  fois  dans  mon  service  ;  j'ai  domié  son  observation  dans 
mon  preamer  discours  de  Tannée  dernière);  les  plaies  ont  été  cauté- 
risées avec  la  solution  saturée  de  chlorure  de  zinc  et  pansées  avec  un 
Ikiige  «nduit  de  p(»umade  à  l'onguent  de  la  mère.  La  cicatrisation  de 
ce  vaste  ulcère  et  de  la  gomme  ont  demandé  quatre  mois  pour  s'a- 
chever; fveulemeat  de  temps  en  iemps^  quand  la  malade  se  levait^  la 
cicatrice  s'ulcérait  et  j'étais  obligé  de  revenir  à  de  nouvelles  cautérisa- 
tions. La  malade,  qui  avait  eu  la  gale  en  entrant  à  Tbôpital,  se  grat- 
tait quelquefois,  et  quelques-un»  des  boutons  qu'elle  écorcbait  étaient 
-devenus  phagédéniques  et  avaient  dû  être  cautérisés.  Ils  avaien<t  de- 
mandé sept  à  huit  joui^  pour  être  guéris.  A  côté  de  la  grande  cica- 
trice, une  gomme,  grosse  comme  une  noisette,  s'est  formée.  Dès  que 
la  peaa  a  été  un  peu  rouge,  j'ai  incisé  et  cautérisé,  et  la  gomme  a 
guéri  en'vingt-dnq  jours.  Dans  les  premiers  jours  de  mai,  le  prin- 
temps a  rendu  la  malade  indocile;  elle  a  voulu  marcher  et  partir, 
-quoiqu'elle  eût  encore  une  petite  ulcération,  grande  comme  une  pièce 
de  20  centimes  auprès  de  la  cicatrice  de  la  dernière  gomme.  La  ma- 
lade est  sortie  a^ant  néanmoins  de  l'embonpoint  et  de  la  fraîcheur. 

Cette  malade  est  la  seule  de  mes  605  malades  que  j'ai  vue  revenir 
avec  une  gomme.  C'est  d'ailleurs  une  scrofuleuse,  chez  qui  tous  les 
accidents  ont  été  graves,  phagédénisme  avec  les  accidents  primitifs, 
phagédénisme  avec  les  accidents  secondaires,  phagédénisme  avec  les 
accidents  tertiaires. 

Certes,  malgré  le  bon  état  général  de  la  malade,  ce  n'est  pas  un 
bel  exemple.  Mais,  Messieurs,  combien  trouvée -vous  de  malades  sem- 
blables et  de  beaucoup  plus  détériorées  qui  ont  pris  du  mercure? 
Témoin  la  lîlie  M...,  que  je  vous  ai  signalée  l'année  dermère  et  qui 
avait  des  gommes  et  des  exostoses,  malgré  deux  années  de  traitement 
mercuriel.  Rappelez-vous  aussi  une  de  ces  malades  qui  ne  guérissaient 
pas,  que  j'ai  trouvée  dans  les  observations  de  l'hôpital  Saint-Louis, 
empruntées  à  notr«<!ollè^tte.M.  Lallier.  Une  malade,  qui  a  des  ulcères 
du  voile  du. palais,  à  laquelle  on  donne  pendant  quarante  jours  du 
sirop  de  bi-iodure  ioduré,  et  qui  sort  non  guérie  pour  rentrer  chez 
M.  Lallier,  et  qui,  après  deux  mois  de  traitement  par  le  mercure  et 
l'iodure  de  potassium,  sort  avec  ses  ulcérations  agrandies  après  deux 
mois  de  séjour  à  l'hôpital. 

Les  iritis  et  la  syphilis  des  femmes  grosses  sont-elles  influencées 
favorablement  par  le  mercure?  Telle  est  la  dernière  question  que  je 
vais  étudier  devant  vous. 


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—  262  — 

Dans  mon  service,  j'ai  eu  douze  iritis  et  choroïdites  dont  plusieurs 
chez  la  même  malade.  Avant  la  discussion  de  Tannée  dernière,  j'ai 
donné  le  calomel  à  dose  fractionné,  en  même  temps  que  j'employais 
le  collyre  mydriatique  et  les  vésicatoires  aux  tempes  :  troiâ  iritis  ainsi 
traitées  ont  duré  douze  à  quinze  jours. 

Depuis  dix-iiuit  mois,  persuadé  que  le  calomel  à  dose  fractionnée 
n'agit  que  comme  dérivatif  buccal ,  j'ai  traité  sans  mercure  par  le 
collyre  mydriatique,  les  vésicatoires  aux  tempes  et  les  dérivatifs  in- 
testinaux, six  iritis  qui  ont  duré  douze  à  quinze  jours.  Unede  mes 
malades,  M...  (Anna),  a  eu  une  menace  d'abcès  de  l'iris,  pour  lequel 
j'ai  fait  deux  ponctions  de  la  cornée;  le  mal  a  guéri  en  trois  semaines, 
et  la  vision  parfaite  a  été  conservée  malgré  une  synéchie  peu  étendue. 
Des  iritis  se  sont  transformées  en  choroïdites  chroniques  chez  trois 
malades.  Deux  fois  chez  des  malades  qui  avaient  pris  100  pilules  de 
proto-iodure  ou  qui  avaient  subi  deux  mois  de  frictions  mercurielies 
30  frictions  environ.  Ces  deux  choroïdites  ont  résisté  aux  révulsifs. 
Chez  une  malade  il  y  avait  des  accès  de  doulenrs  glaucomateuses, 
pour  lesquels  le  calomel  à  dose  fractionnée  a  été  employé  sans  succès 
et  qui  ont  été  arrêtés  par  trois  ponctions  successives  de  la  cornée  des- 
tinées à  évacuer  l'humeur  aqueuse;  chez  cette  malade,  il  y  avait  des 
synéchies  qui  existaient  depuis  le  moment  où  l'on  avait  employé  en 
ville  les  préparations  mercurielies;  chez  l'autre  malade  la  vue  est  de- 
meurée faible,  il  reste  une  choroïdite  pigmentaire. 

Chez  une  de  mes  malades,  une  choroïdite  a  suivi  une  iritis.  Cette 
malade  est  atteinte  de  lésions  valvulaires  du  cœur  consécutives;  un 
ancien  rhumatisme  articulaire  aigu  ;  la  vision  est  affaiblie,  mais  il  n*y 
a  pas  de  douleurs  ni  de  congestion  oculaires. 

Je  remettrai,  à  la  prochaine  séance,  si  M.  le  Président  veut  bien 
me  réserver  mon  tour  de  parole,  ce  qui  a  trait  à  la  syphilis  de  femmes 


La  séance  est  levée  à  cinq  heures  et  demie. 

Le  Secrétaire,  D'  Léon  Labbë. 


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—  253  — 

SÂANOB  DU   17  JUIN   1868 
I 

Présidence   de    IH.   LEGOCEST 

Le  procès- verbal  de  la  précédente  séance  est  lu  et  adopté. 

CORRESPONDANCE. 

La  correspondance  comprend  : 

—  Les  journaux  de  la  semaine.  —  Le  Bulletin  général  de  ihérapeu- 
tifm.  —  Le  Journal  de  médecine  et  de  chirurgie  pratiques.  —  La 
Gazette  médicale  de  Strasbourg. 

—  Le  Bulletin  de  la  Société  de  médecine  pratiqite  de  Paris  pour  1867. 

—  Le  premier  fascicule  du  tome  II  du  Traité  théorique  et  pratique 
des  maladies  des  yeux,  de  M.  L.  Wecker. 

—  Report  on  the  military  and  surgical  Field  Hospital  Equipement  at 
the  unixfersal  Exhibition  at  Paris^  by  Th.  Longmoore,  inspecteur  gé- 
néral et  professeur  de  chirurgie  militaire.  —  In-4*.  Londres,  1868. 

COMMUNICATION. 
Traitement  de  la  syphilis. 

M.  Després.  Je  termine  aujourd'hui»  Messieurs,  ma  statistique. 

J'ai  vu,  pendant  ces  quinze  derniers  mois,  33  faits  de  syphilis  chez 
des  femmes  enceintes.  Je  ne  parlerai  pas  de  la  syphilis  des  enfants; 
je  n'ai  pas  besoin  de  fournir  à  cet  égard  de  nouvelles  preuves  à  l'appui 
de  cette  proposition  que  le  mercure  n'atténue  pas  la  syphilis.  Vous 
TOUS  rappelez  ce  que  je  vous  ai  dit  Tannée  dernière  des  faits  de  sy- 
philis observés  dans  le  Morbihan  et  que  M.  Depaul  a  publiés. 

Sur  mes  33  malades,  8  avaient  été  traitées  par  le  mercure, 
25  avaient  été  traitées,  soit  en  ville,  soit  dans  mon  service  sans  mer- 
cure, et  plusieurs  de  ces  malades  n'avaient  fait  aucun  traitement. 

Les  8  malades  traitées  par  le  mercure  se  sont  comportées  de  la 
sorte  : 

1  malade,  accouchée  au  dehors,  est  la  seule  qui  ait  amené  à  terme 
un  enfant  qui  ait  vécu.  Il  y  a  un  an,  la  malade,  atteinte  de  chancre, 
avait  été  traitée  à  Cologne  par  des  pilules  de  mercure,  pendant  quatre 
semaines.  La  malade  est  accouchée  hors  de  l'hôpital,  à  terme,  d'un 


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^254  — 

enfant  n'ayant  rien,  à  qui  une  nourrice  a  été  donnée  et  qui  est  mort 
syphilitique  vers  la  sixième  semaine. 

2  malades  qui  avaient  pris,  une  trois  mois,  l'autre  un  mois,  des  pi- 
lules de  proto-iodure,  ont  avorté  dans  le  quatrième  mois. 

1  malade,  qui  avait  pris,  quinze  jours,  deux  pilules  deproto-iodure 
par  jour,  accouche  avant  terme  d'un  enfant  qui  est  mort  au  bout  de 
dix  jours  avec  des  boutons  sur  lé  corps.  Cette  femme  avait  gagné  la 
syphilis  pendant  sa  grossesse. 

1  malade,  qui  avait  pris  pendant  quinze  jours  deux  pilules  de  proto- 
iodure  par  jour,  et  du  sirop  de  Cuisinier  pendant  quinze  autres  jours, 
accouche  avant  terme  d'un  enfant  mort  et  macéré. 

1  accouche  à  terme  d'un  enfant  mort  et  ayant  un  placenta  rempli 
d'hénftatomes.  Le  placenta  a  été  très-difficilement  arraché.  Cette  ma- 
lade avait  pris  pendant  trois  mois  des  pilules  de  proto-iodure. 

2  malades  qui  avaient  pris,  l'une  doiize  jours,  l'iuitre  «il  8emaine9, 
.  des  pilules,  sont  sorties  enceintes  ile  mon  service  sur  leur  demande. 

25  malades  n'avaientt  pas  pris  de  mercure  :  voici  cei  qui  est  arrivé 
de  leur  syphilis  et  de  leur  grossesse. . 

4.  ao&t  accouchées  à  terme  d'un  eafanX  vivant,  et  soni  sorties  de 
l'hôpital  avec  leur  enfant  sain.  Une  malade»  à  ma  connaissance,  a 
perdu  son  enfant  du  muguet,  une  autre  l'a  perdu  après  qu'il  eut  eu 
quelques  boutons  sur  le  corps  à  trois  mois. 

3  ont  avorté  à  six  semaines,  cinq^viois  et  six  mois  et  demi;  deux 
étaient  en  train  d'avorter  quand  elles  sont  entrées  dans  mon  service 
(je  les  compte  néanmoins  contre  moi). 

2  sont  accouchées  à  sept  mois  passés  d'un  enfant  mort. 

6  sont  accouchées  un  peu  avant  terme  d'un  enfant  qui  a  vécu  uû, 
neuf  ou  trente  jours.  Une  de  ces  malades  est  la  fille  T...,  dont  je  vous 
ai  parlé  l'année  dernière,  je  vous  avais  dit  que  j'essayerais  d'amener 
son  enfant  à  terme;  j'ai  réussi,  mais  l'enfant  était  chétif,  il  y  avait  eu 
une  hydropisie  de  Tamnios.  La  mère  était  d'ailleurs  mauvaise  npj^r- 
rice. 

L'enfant  est  mort  d'inanition  après  avoir  présenté  du  sclérème  et 
-  des  convulsions. 

Dix  malades  sont  sorties  enceintes.  Cinq  n'étaient  pas  encore  gué- 
ries de  leurs  plaques  muqueuses,  les  autres  étaient  à  peine  guéries,  et 
je  ne  les  trouvais  pas  assez  remontées.  Une  malade  est  accouchée  à 
la  «Clinique  chez  M.  Depaul  et  est  sortie  avec  son  enfant  sain. 

Si  aou4  comparons,  Messieurs,  nous  arrivons  à  des  résultats  tout  à 
lait  désavantageux  pour  le  traiiementmercuriel  : 

Par  le  mercure,  2^  p.  iOO  d'avortemeiUs  ; 


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—  255  — 

Sans  mercure,  en  comptant  tous  les  cas  maunrais  à  hkmi  désavan- 
tage, 4S  p.  1^  seulement; 

ÀTee  le  mereare  an  seul  enfant  amené  yiyant  et  yîable,  12  p.  iOO. 

Sans  mercure,  quatre  enfants  rivants  et  viables,  soit  24  p.  100. 

Vous  voyez  Tinégalité.  Je  n'en  demandais  pas  tant;  Tégalité suffit  à 
démoDtrer  que  le  mercure  est  inutile  contrôla  syphilis  des  femmes 


Qu'on  ne  m'objecte  pas  que  le  mercure  n'a  pas  été  bien  donné,  qu'il 
n'en  a  pas  été  donné  assez,  que  les  malades  n'ont  pas  été  bien  suivies. 

Vous  avez  vu  une  malade  qui,  avec  quatre  semaines  de  mercure 
pris  au  début  de  la  grossesse,  accouche  d'un  enfant  vivant.  Vous  en 
foyez  une  autre  qui  avfMrte  après  un  mois  de  l'usage  des  pilules  de 
proto-iodure.  Si  quatre  semaines  de  mercure  ont  eu  de  l'effet  dans  le 
premier  cas,  pourquoi  un  mois,  trois  mois,  six  semaines  de  mercure 
n'ont-ils  rien  produit  dans  les  autres  cas?  S'il  faut  louer  dans  le  [ure- 
mier  cas  les  préparations  mereurielles,  il  faut  les  aeenser  d'être  im- 
puissantes dans  le  second  cas. 

Le  mercure  d'ailleurs,  administré  par  les  mains  les  ip\as  habiles, 
échoue  journellement,  et  je  n'ai  qu'à  consulter  les  antécédents  des 
malades  qui  viennent  dans  mon  service  pour  en  avoir  la  preuve. 

On  peut  voir  encore  aujourd'hui  dans  mes  salles  une  malade  à  qui 
M.  Guiérin  a  sagement  donné  le  niercure  suivant  les  principes  qu'il 
vous  a  exposés  l'année  dernière. 

La  nommée  G...  (Coralk),  âgée  de  18  ans,  est  entrée  salle  Saint- 
AlexiSy  n^  13,  avec  un  assez  bon  aspect  et  présentant  une  récidive  de 
plaques  muqneosea  onfloentes  de  la  vulve. 

Il  y  a  un  an,  la  malade  était  enceiute  de  cinq  mois  quand  elle 
fl^aperçut  qu'elle  avait  du  mal  aux  parties  génitales.  Elle  est  imtràe 
à  rhôpital  SaînI-Louis  dans  le  service  de  M.  Guértn»  où  elle  a  pris 
pendant  six  semailles  tous  les  jours  une  pilute  de  proto^iodure  pour 
des  plaques  muqueuses.  Bile  est  sortie  de  l'bftpital  guérie.  EUe  a 
pris,  d'après  le  oooseil  du  chirui^ea,  pendant  deux  mois  eaeore, 
tous  les  jours  une  pilule  de  proto-iodiire.  Au  neuvième  mois  de  sa 
grossesse,  la  malade,  prise  de  douleurs,  est  allée  acooueher  à  Ffeôpi- 
tal  SainloLoiiis»  dan»  la  salle-d'aeeeudiements  de  cet  établissement, 
et  a  mis  au  monde  un  enfant  mwrt  et  maicérè»  dent  la  mort,  au  dire 
dn  médeein  da  sernee,  m'a  dM  la  malade,  reoEMMitait'à  huit  ou  neuf 
jouf  s.  Six  aernaioes  après  sa  couche»  la  malade  «ml  une  récidive  de 
plaques  muqueuses,  pour  laquelle  éUe  est  ettUrée  danamoft  service. 

Ainsi,  M.  Guérûa  a  administré  le  mercuie  avee  [wiràeiice»  et  vous 
iicyn  le  fésnltat. 


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—  256  — 

Uq  autre  fait  encore  ; 

Une  de  mes  malades,  la  fille  G...,  qui  a  avorté  chez  moi,  après  avoir 
pris  cent-vingt  pilules  de  proto-iodure  en  trois  mois,  sort  à  peine  re- 
levée de  couches.  Trois  mois  après,  elle  a  une  récidive  de  plaques  mu- 
queuses, et  entre  à  l'hôpital  Saint-Louis  dans  le  service  de  M.  Gui- 
bout,  qui  administre  pen<lant  deux  mois  des  pilules  de  proto-iodure 
tous  les  jours.  La  malade  sort  guérie  comme  elle  était  sortie  guérie 
de  ses  plaques  muqueuses  après  avoir  avorté.  Trois  mois  après,  la  ma- 
lade avait  de  nouveau  des  plaques  muqueuses,  pour  lesquelles  elle  est 
restée  trois  semaines  chez  M.  Guibout,  qui  a  administré  des  toniques. 
Deux  mois  après  la  malade  avorte  à  six  mois  et  elle  avait  encore  des 
plaques  muqueuses  au  moment  où  elle  est  arrivée  pour  accoucher  à 
l'hôpital  de  Lariboisière,  salle  Sainte-Marthe,  n**  6  bis. 

Vous  le  voyez,  Messieurs,  le  mercure  est  administré  aussitôt  après 
Tavortement.  On  ne  pouvait  pas  le  donner  plus  tôt  pour  prévenir  un 
second  avortement.  Qu'en  est-il  résulté?  Un  second  avortément.  En 
présence  de  pareils  faits  peut-on  hésiter?  Remarquez  que  ce  ne  sont 
point  là  des  observations  de  choix,  des  cas  isolés,  c'est  tout  ce  qui  a 
passé  dans  un  grand  service  pendant  quinze  mois.  A  cet  égard,  vous 
le  comprenez,  pas  plus  que  pour  le  reste,  mes  convictions  n^ont  pu 
être  changées. 

Encore  un  dernier  mot  pour  ce  .qui  a  trait  à  la  syphilis  des  femmes 
enceintes. 

Chez  ces  malades,  les  plaques  muqueuses  durent  quelquefois  plus 
Dngtemps  que  chez  les  autres  malades^  surtout  lorsque  les  femmes 
sont  grasses  et  marchent  beaucoup.  C'est  principalement  chez  les  ma- 
lades qui  ont  de  rœdème  de  la  vulve  qu'on  observe  ces  phénomènes. 
La  gène  de  la  circulation  entrave  laguérison  des  plaques  muqueuses; 
et  cela  est  si  vrai,  que  quand  les  malades  avortent  ou  accouchent, 
pendant  les  dix  ou  douze  jours  qu'elles  gardent  le  lit,  les  plaques 
disparaissent  rapidement.  Aussi  ai-je  pris  l'habitude  de  tenir  au  lit, 
en  même  temps  que  je  les  cautérisais,  les  malades  enceintes  atteintes 
d'œdème  des  grandes  lèvres  et  de  plaques  muqueuses  rebelles. 

Je  conclus  maintenant,  Messieurs. 

Les  chancres  indurés  ou  parcheminés  guérissent  en  deux  ou  cinq 
semaines  par  les  cautérisations  et  les  cataplasmes. 

Les  plaques  muqueuses  guérissent  par  tous  les  traitements,  pourvu 
qu*its  ne  détériorent  pas  les  malades,  mais  le  repos  et  les  cautérisa- 
tions guérissent  plus  vite  que  tout  autre  moyen. 

Les  syphilides  cutanées,  miliaires  précoces,  papuleuses  et  tuber- 
cule-ulcéreuses guérissent  en  trois  mois  au  moins  ou  six  mois  au 


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-267  — 

plas,  quand  elles  sont  confluentes;  en  un  mois  quand  elles  sont  dissé- 
minées, sans  que  la  santé  générale  s'altère,  pendant  qu'on  fait  suÎTre 
aux  malades  un  bon  régime  et  qu'on  leur  fait  prendre  des  bains.  Par 
guéries  j'entends  que  les  éruptions  soient  réduites  à  Tétat  de  macules 
semblables  aux  macules  de  la  variole  dans  les  trois  mois  qui  suivent 
l'éruption.  Les  sypbilides  tuberculeuses  serpigineuses,  sans  ulcéra- 
tions profondes,  guérissent  en  deux  mois  ou  deux  mois  et  demi  par 
l'application  de  teinture  d'iode  sur  les  plaques  tuberculeuses,  ou  par 
rapplication  de  pommade  à  l'huile  de  cade  ou  d'huile  de  cade  pure. 

Les  gommes  ne  résistent  pas  à  des  traitements  locaux  bien  dirigés 
ti  à  de  l'iodure  dé  potassium  ou  du  sirop  d'iodure  de  fer  et  de  l'huile 
de  foie  de  morue,  chez  les  scrofuleux.  Elles  ont  la  durée  habituelle 
des  abcès  froids,  à  moins  que  l'ouverture  de  la  gomme  ne  devienne 
phagédénîque  et  qu'on  ne  la  cautérise  pas. 

Les  iritis  guérissent  en  douze  ou  quinze  jours  par  un  collyre  my- 
driatique  assez  fort,  20  centigrammes  d'atropine  pour  40  grammes 
d'eau  distillée,  les  vésicatoires  aux  tempes,  les  sinapismes  aux  cuisses, 
principalement  chez  les  femmes,  les  pédUuves  sihapisés  et  les  dériva- 
tifs sur  le  tube  digestif.  Le  calomel  à  dose  fractionnée,  le  proto-iodure 
à  haute  dose  ne  fpnt  ni  mieux  ni  plus  vite;  on  substitue  seulement, 
au  dommage  des  dents,  la  dérivation  buccale  à  la  dérivation  intesti- 
nale. SU  y  a  hypopion  menaçant  ou  menace  d'abcès  de  l'iris  chez 
.  des  malades  dont  le  début  de  l'iritis  a  été  négligé,  les  ponctions  de  la 
cornée  hâtent  la  guérîson.  Mais  je  ne  puis  m'empècher  de  dire  que 
quand,  de  guerre  lasse,  après  un  certain  temps  de  traitement  par  les 
révulsifs,  on  donne  du  proto-iodure,  il  ne  faut  pas  prendre  le  temps 
où  on  donne  ce  médicament  pour  une  période  d'état  de  l'iritis,  mais 
bien  la  considérer  comme  la  période  de  résolution,  qui,  dans  les  iritis 
légères,  dure  sept  jours,  et  quinze  jours  dans  les  iritis  graves.  Je  te- 
nais à  prévenir  mes  collègues  sur  ce  point,  pour  éviter  encore  des 
méprises. 

Les  femmes  qui  gagnent  hx  syphilis  au  début  de  la  grossesse  avor- 
tent ou  accouchent  avant  terme  presque  fatalement,  comme  toutes  les 
malades  atteintes  de  maladies  graves  à  cette  période  de  leur  gros- 
sesse. On  peut  amener  les  enfants  à  terme  :  c'est  ce  que  j'ai  fait  pour 
une 'malade  dont  je  vous  ai  parlé  Tannée  dernière,  mais  je  n'ai  pu 
faire  vivre  l'enfant,  parce  que  la  mère  était  une  mauvaise  nourrice. 
Les  femmes  qui  gagnent  la  syphilis  pendant  leur  grossesse  amènent 
leur  enfant  à  terme,  mais  il  arrive  de  deux  choses  l'une  :  ou  bien  que 
l'enfant  meurt  d'inanition,  sa  mère  étant  une  mauvaise  nourrice,  ou 
bien  que  la  mère  donne  la  syphilis  à  l'enfanti  s'il  ne  l'avait  pas  déjà. 
t*  série.  —  TOME  ix.  33 


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-!»8- 

Les  femmes  cessent  d'ârorfer  qmtià  \sl  périx^e  d^s  ^laqtms 
muqueuses  est  passée,  c'est-à-drre  quaurf  h  syphilfe,  après  pïosidtirs 
pérîodes  expulsives,  arrive  â  sa  fin. 

Lorsqu'on  enTÎsage,  sans  partt  pris,  les  faits,  on  voit  que  fe  Iraîfe- 
ment  mercuriel  ne  change  rien  à  la  marche  ni  à  la  durée  des  acci- 
dents, que,  s'ÎI  fait  quelque  chose,  c'est  prolonger  la  période  des 
plaques  muqueuses,  Téconomie  cessant  de  se  réparer  pendant  qu'on 
administre  le  mercure. 

Toîci  un  exemple  des  plus  remarquables  qui  justifie  cette  proposition . 

La  femme  J...,  25  ans,  domestique,  traitée,  il  y  .a  trots  ahsr,  à  l'hô- 
pital Saint-Louîs,  pour  des  plaques  moqueuses,  prend,  pendant  sîx 
mois,  deux  pilules  de  prolo-îodure  par  jour;:  un  an  après,  eflû  entre 
â  ThêpitaT  de  Lourcine  pour  une  réci(ffve  de  plaques  muqueuses; 
M.  Panas  lui  administre  encore  des  pilules  de  proto-iodore  pendant 
trois  mois.  A  peine  sortie,  la  malade  rentre  à  l'hôpital  de  la  Pttté  où, 
pendant  six  semaines,  îî  lui  est  adminiâlré,  pour  ses  pfttques 
muqueuses,  sîx  semaines  de  pilufes  que  je  croîs  être  des  ]^iHcs  de 
snhHmé,  car  la  malade  dit  avoir  eu,  à  ce  moment,  de  grands  maux 
d'estomac  et  une  salivation  assez  grave. 

Cette  malade  est  entrée  dans  mon  servibe  le2t  févrrfer  1868",  eHe 
avait  quelques  plaques  muqueuses^  à  fa  vutte;  mais  ce  rfétaît  point  là 
ce  qui  existait  de  plus  grave  :  la  makdie  avait  dé  la  dyspepsie  et  une 
gastralgie,  des  douleurs  névralgiques  nmîtfpîes,  de  l'anèmîe  et  un- 
tremblement  mercuriel  léger. 

JTai  prescrit  un  régime  tonique,  des  bains  salés  et  sulforeur,  de 
riodure  de  potassium  à  la  dose  de  0,5»  par  jour,  des  amers  et  du  vin 
dé  quinquina,  de  l'huile  dé  fofe  de  morue.  Ad  bout  d'un  uroîs,  la 
malade  était  à  peu  près  dans  le  même  état,  sauf  qo^elle  avaît  un  peu 
plus  d'appétit. 

Le  *4  avril,  elfe  est  prise  d*tme  stomatîte  ayant  tous  les  caractères 
de  la  stomatite  mercurielle  :  c'était  une  stomatite  mercuriale  expul- 
sîve,  comme  on  en  constate  aujourd'hui,  et  Mf.  Sée  l'a  rappelé  à  son 
cours,  chez  les  individus  atteints  de  cachexie  mercurielle  longtemps 
même  après  qu'ils  ne  manient  phis  de  merctfre'. 

Quelques  jours  après,  h  malade  se  trouvait  mîetix,  et  Je  remàrqttais 
qtt*il  était  sorti,  sur  la  tempe  et  ïe  cou,  du  côté  fauche,  une  éruption 
assez  discrète  de  syphiîîde  papuleuse.  Le  tremblement  disparaissait, 
et  l'état  général  de  la  malade  devenait  très-senâblcment  meilleur  à 
tel  point  que,  quinze  jours  après,  la  malade  demandaft  îi  quitter  i*hô- 
pital.  Je  la  laissai  partir,  en  lui  reeemmandant  Tusage  des  tonitiues 
et  des  bains  sttKoreui.  Pendant  les  éefftie»  ïemps  de  «da  sêfour 


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—  259  — 

daos  mes  salleft)  la  malade  avait  repris  des  couleurs  et  de  Ymbon" 
point. 

EnfiD,  Messieurs,  la  syphilis  étant  une  maladie  infectieuse^  analogue 
à  la  morve,  la  variole  et  Tinfection  purulente,  se  gagnant  comme  elles 
par  une  inoculation,  n'a,  pas  fHas  que  OM  autres  maladies,  de  contre- 
poison spécifique.  Comme  Tinfection  purulente  et  la  morve,  elle  ne 
paraît  pas  après  un  accident  local  unique  obligé.  La  syphilis  entre 
tantôt  avec  un  dianer^  tantôt  par  unje  érosion  cbancreuse  ou  par  une 
éoorchur^  ^i  n'^st  suivie  d'aucun  acddeni  local  inflammatoire,  ^ 
par  une  lyivjpl^aQgite  vulvaire  autour  d'une  écorchuse  inoculée.  De 
cette  compacaison  il  ressort  assez  que,  malgré  des  manifestations 
différentefi,  le  mal  est  analogue  dans  les  trois  cas;  et  si  las  deux  pre- 
mières maladies  aont  point  de  contre-poison  spécifique,  il  n'e»  est 
pas  un  pouf  la  syphilis*  Tout  je  iraitement  physiologique  de  €e  mal 
consiste  à  traiter  scrupuleusement  les  accidents  locaux,  à  ej:ktretânir  les 
fonetions  de  la  peau^  organe  habituel  de  l'élimination  du  sangeon*. 
taminé,  et  à  soutenir  la  nutrition  par  un  traitement  tonique  et  répa- 
rateur. 

Est-ce  à  dire  qu*on  préviendra  aiusi  toujours  et  sûrement  les  acci- 
dents, .gnaves?  Nen„.  Messieurs.  II  est  des  malades  chez  lesquels  la 
syphilis  .se.  i^lanie  sm*  un  terrain  déjà  mauvais  :  ici  ehez  un  tubercu- 
leux, là  sut  un  rhumatisant,  ailleurs  chez  un  scroluleux^;  ajoutez  {e 
miséraJjrle  qui^  d^uis^  longtemps^  a  une  nourriture  insuffisante.  Les 
toiuques  sont  encore  ici,  cependant,  .ce  qu'il  y  a  de  mieux  indiqué  ; 
mais  seront-ils  su|Û6ants?  Jusqu'ici,  j'ai  lieu  de  croire  qu'unis  à  de 
bans  traitements  locaux,  ils  réussissent  à  atiéujuer  les^ccideots  mêoie 
graves.  Mais  je  dois  faire  encore  isne  réserve  :  il  faut  que  ce  traite- 
ment soit  secondé  par  le  repos  et  la  .tranquillité. 

Une  dernière  remarque  encore,  et  j'ai  fini.  La  ^j^jliiJjis  qui  atteint 
les  adolescents  est  moins  grave  que  celle  qui  frappe  les  individus 
âgés.  J*ai  suivi  des  malades  qui  avaient  gagné  la  syphilis  à  l'âge  de 
16,  17  et  18  ans,  De|mis  deux  ans  je  les  vois,  elles  n'avaient  eu  au- 
cun accident  autre  que  des  plaques  muqueuses  et  une  syphilide  papu- 
leuse  légère;  la  durée  de  leur  mal  n'avait  pas  dépassé  quinze  semaines, 
et  depuis,  elles  ont  toutes  les  apparences  de  la  sauté.  Une,  en  un  an,  a 
eu  des  plaques  muqueuses,  des  syphilides  et  quelques  petites  gommes 
douteuses.  Depuis  les  derniers  accijdent&,  arrivés  il  y  a  seize  mois,  elle 
n'a  rien  eu  et  rien  donné,  et  eUe  a  toutes  ies  apparences  de  la  santé. 
Chez  les  vieilles  femmes,  au  contraire,  les  maux  sont  plus  rebelles. 
Ah  !  c'est. que  l'^n  ne  se  répare  pas  à  quarante  ans  comme  à  vingt.  A 
cet  âge,  en  effet,  la  nutrition  ^'effectue  avec  une  rapidité  merveilleuse» 


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et  je  serais  tenté  de  dire  à  ceux  qui  auront  la  mauvaise  fortune  de 
ga^er  la  syphilis  :  Si  vous  attrapez  la  vérole,  au  moins  que  ce  ne  soit 
pas  après  vingt-cinq  ans. 

GOlOfUNIGATION. 
Sfar   la    plllmietioii   et    le   triehiasis    des  Toles    orinaires. 

M.  Brogà.  J'ai  été  consulté,  il  y  a  environ  quinze  jours,  par  un  ma- 
lade de  Roanne,  âgé  de  61.  ans  et  atteint,  depuis  trois  ans  et  demi, 
d'une  affection  des  voies  urinaires.  Au  début,  il  constata  d'abord  Tissue, 
par  le  méat  urinaire,  d'une  matière  qu'il  prit  pour  du  liquide  séminal; 
mais  son  médecin  reconnut  bientôt  qu'il  s'agissait  surtout  d'une  affec- 
tion de  la  vessie,  caractérisée  par  «  des  envies  fréquentes  d'uriner,  des 
mictions  douloureuses  et  des  urines  qui  renfermaient  du  sable  fin,  des 
mucosités  filantes  et  des  poils.  »  (Note  du  docteur  Tàuchet,  de  Roanne.) 
Un  Toyage  à  Contrexéville  fut  suivi  d'une  amélioration  passagère.  Plus 
tard ,  le  malade ,  craignant  d'être  atteint  de  la  pierre,  alla  consulter 
M.  Valette,  de  Lyon,  qui  le  sonda  et  ne  trouva  aucun  calcul. 

Les  mêmes  accidents,  avec  diverses  alternatives,  ont  persisté 
jusqu'à  ce  jour.  Au  mois  de  février  dernier,  la  défécation  était  devenue 
douloureuse.  M.  Tauchet  constata  l'existence  d'une  tuméfaction  uni- 
forme de  la  prostate.  ' 

Le  malade,  après  m'avoir  fourni  les  renseignements  qui  précèdent 
et  quelques  autres  peu  importants,  m'a  montré  quelques  fragments  de 
poils  qu'il  a  rendus  avec  ses  urines.  Dans  la  même  boîte,  se  trou- 
vaient de  petits  fragments  d'une  matière  calculeuse  qu'il  avait 
recueillis,  à  diverses  reprises,  au  fond  de  son  vase.  Plusieurs  méde- 
cins de  Paris  avaient  déjà  vu  cette  espèce  de  sable  et  n'avaient  mani- 
festé aucune  surprise,  sachant  que  l'existence  des  dépôts  sablonneux 
est  habituelle  dans  les  cas  depilimiction.  Mais,  m  examinant  de  plus 
près  le  contenu  de  la  boîte,  j'y  trouvai,  au  milieu  des  grains  calculeux 
proprement  dits,  deux  petites  lamelles  dures,  sèches,  minces,  reco- 
quiliées  et  semblables  aux  débris  de  la  coquille  d'un  tout  petit 
mollusque.  Je  jugeai  que  ce  devait  être  des  fragments  de  lamelles 
osseuses. 

Interrogés  avec  soin,  le  malade  et  sa  femme  me  racontèrent  alors 
qu'à  plusieurs  reprises,  des  lamelles  semblables  et  même  plus  grandes 
avaient  été  rendues  avec  les  urines.  Ils  avaient  cru  que  c'était  une 
forme  particulière  de  gravelle.  Lorsque  je  leur  demandai  s'ils  n'avaient 
jamais  vu  de  fragments  plus  volumineux  que  Ton  pût  comparer  à  des 
morceaux  d'os,  ils  répondirent  négativement  et  parurent  étonnés  de 


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ma  question.  Ils  n'ayaient  jamais  va,  dirent-ils,  que  des  fragmenta 
très-petits,  à  Fexception  d'une  pierre  du  yolume  d'un  petit  pois, 
laquelle  était  très-dure.  Cette  pierre  avait  des  contours  irréguliers, 
mais  arrondis  ;  elle  était  polie,  veinée  de  blanc  et  de  gris  très-clair,  et 
ressemblait  à  un  morceau  de  marbre  poli.  Supposant  qu'il  s'agissait 
d'une  dent  rudimenlaire,.  J'insistai  beaucoup  pourvoir  ce  fragment, 
que  le  malade  croyait  avoir  apporté  avec  lui;  mais  il  ne  put  retrouver 
la  petite  boite  dans  laquelle  il  le  conservait. 

Malgré  ce  contre-temps,  je  crus  pouvoir  diagnostiquer  un  cas  de 
pilimiclion  provenant  de  l'ouverture  d'un  kyste  fœtal  de  la  vessie. 
Pour  compléter  mon  examen,  je  voulus  introduire  dans  Turèthre  une 
sonde  d'argent.  Le  malade  s'y  opposa,  parce  qu'il  avait  trop  souffert, 
disait-il,  dans  les  cathétérismes  auxquels  il  avait  été  précédemment 
soumis,  mais  il  me  confia  du  moins  la  boite  où  il  conservait 
les  corps  qu'il  avait  rendus  avec  ses  urines,  et  je  pus  ainsi  exa- 
miner ces  corps  au  microscope. 

J'ai  fait  cet  examen  à  l'hôpital,  en  présence  de  mes  élèves,  à  qui 
j'avais  d'abord  exposé  mon  diagnostic.  L'un  des  fragments  de  lamelles 
recourbées,  dont  j'ai  parlé  plus  haut,  fut  placé  sur  le  porte-objet  :  U 
clail  assez  mince  pour  être  transparent;  lorsqu'il  fut  humecté,  il  se 
laissa  redresser  aisément  par  la  pression  de  la  plaque  supérieure,  et 
nous  pûmes  constater  alors  qu'il  s'agissait  réellement  d'un  fragment 
de  squelette. 

J'ai  conservé  cette  préparation,  qui  est  actuellement  déposée  sur  le 
porte-objet  du  microscope  de  la  Société.  Chacun  de  vous  peut  l'exa- 
miner. Ce  n'est  pas  du  tissu  osseux  véritable,  mais  bien  une  lamelle 
de  cartilage  dont  la  gangue  est  incrustée  d'une  grande  quantité  de 
granulations  calcaires.  Les  cellules  de  cartilage  présentent  l'aspect  le 
plus  caractéristique  :  elles  sont  très-nombreuses,  très-rapprochées  et 
présentent  les  caractères  que  l'on  rencontre  dans  les  cartilages 
embryonnaires.  Ce  cartilage  embryonnaire  s'est  incrusté  de  sels  cal- 
caires, mais  n*a  pas  subi  une  ossification  régulière;  en  devenant 
ferme,  dur,  cassant  et  opaque  comme  une  lamelle  d'os,  il  a  conservé 
ses  éléments  microscopiques,  de  sorte  qu'il  n'existe  pas  d'ostéoplaste 
dans  le  fragment  soumis  à  votre  examen.  Dans  les  points  les  moins 
transparents,  là  ot  les  dépôts  calcaires  sont  le  plus  abondants,  les 
cavités  du  cartilage  sont  déformées,  ratatinées;  mais,  en  les  étudiant 
avec  soin,  on  voit  que  ce  ne  sont  pas  de  véritables  ostéoplastes. 

Il  sufût,  d'ailleurs,  qu'un  fragment  de  cartilage  embryonnaire  ait 
été  rendu  avec  les  urines,  pour  que  nous  soyons  autorisés  à  dire  que 
la  pilimiclion  est  due  à  la  communication  établie  entre  les  voies  url- 


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naires  et  un  kyste  f<Btal.  Le  fait  deviendrait  plus  intéressant,  mais  le 
dit^nostic  ne  serait  pas  plus  certain  si  le  malade  retrouvait  le  petit 
cm^s  dentiforme  que  je  considère,  sans  Favoir  vu,  comme  étant  .pro- 
babtement  une  dent  rudimentaire,  et  si  Texamen  microscopique  j 
démontrait  Texistence  des  tissus  dentaires. 

Je  n^ai  pas  besoin  d'ajouter  que  j'ai  également  examiné  au  micros- 
cope Fun  des  poils  contenus  dans  la  boîte,  et  Constaté  que  c'est  un  poil 
bien  caractérisé,  un  poil  humain.  Si  Ton  m^objectait  que  le  malade  a  . 
pu,  comme  plusieurs  autres  dont  on  connaît  l'histoire,  introduire  d?s 
poils  dans  son  urine  pour  s'amuser  à  tromper  les  médecins,  je  répon- 
drais qu'il  s'agit  Ici  d'un  homme  âgé  et  sévère,  incapable  de  super- 
cherie, et  que,  d'ailleurs,  les  débris  de  squelette  que  j'ai  trouvés  dans 
sa  boîte,  à  son  grand  étonnement,  suffisent  parfaitement  pour  établir 
le  diagnostic. 

Ce  cas  dififere  de  ceux  qui  sont  connus  jusqu'ici  par  plusieurs  parti- 
cularités intéressantes  :  d'abord,  l'âge  où  les  accidents  ont  débuté 
(57  ans)  ;  —  ces  accidents  se  montrent,  «n  général,  beaucoup  plus 
tôt;  deux  fois  seulement  ils  ont  commencé  à  51  et  52  ans,  jamais  plus 
tard;  —  puis  l'expulsion,  à  l'extérieur,  de  divers  fragments  de  sque- 
lette et  probablement  d'une  dent.  Delpech  a  extrait  une  fois,  de  la 
vessie  d'une  jeune  femme,  après  avoir  dilaté  l'urèthre,  un  corps  groa 
comme  un  œuf  de  poule,  où  l'on  trouva  des  poils  implantés  sur  un 
lambeau  de  peau,  et  un  petit  os  irrégulier  dans  lequel  était  fixée  une 
petite  dent.  Mais,  jusqu'ici,  les  malades  n'avaient  expulsé  spontané- 
ment que  des  poils.  Enfin,  le  point  le  plus  saillant  de  mon  obser- 
vation, celui  qui  en  fait  la  principale  importance,  c'est  que  le 
sujet  est  un  hommes  et  que  cependant  la  piiimiction  provient  d'un 
kyste  fœtal. 

Pour  montrer  Timporlance  de  ce  fait,  je  résumerai  l'histoire  de  la- 
question  de  la  piiimiction.  On  trouve  dans  la  science  un  assez  grand 
nombre  d'observations  qui  s'y  rapportent,  mais  le  seul  travail  d'en- 
semble est  celui  que  Eayer  a  publié^  en  1850,  dans  les  Mémoires  de  la 
Société  de  biologie* 

Il  a  ccu  devoir  admettre,  condme  ses  prédécesseurs,  deux  sortes  de 
cas  se  rattachant,  les  uns  à. la  pUimiction  proprement  dite,  les  autres 
au  Irichiam  simple  ou  essentiel  des  voies  urinaires.  Le  trichiasis  est 
constitué  par  des  poils  nés  sur  la  muqueuse  urinaire  ;  la  piiimiction 
est  symptômatique  d'un  kyste  fœtal  ouvert  dans  la  vessie. 

En  admettant  celte'  distinction.  Rayer  ^e  s'est  pas  dissimulé  qu  il  y 
avait  lieu  de  se  mettre  en, garde  contre  diverses  causes  d'erreur.  Des 
poils  peuvent  être  introduits  dans  la  vessie  à  travers  l'urèthre,  et 


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simuler  un  trieliîasis.  Âîosî,  CivîaTe  a  signalé  Fintroduction  invoioa- 
Uire  de  poils  détacliés  du  pubis,  égarés  sur  te  méat  uriDaire,  et 
poussés  par  une  sonde  jusque  dans  la  vessie»  surtout  cliez  les  malades 
gui  se  sondent  eux-mêmes.  Dans  un  Cas  cité  par  M.  Paget,  et  où 
fouraque  persistant  faisait  largement  communiquer  Ta  vessie  avec 
l'extérieur,  on  trouva,  au  centre  d'un  calcul  vésical^  un  poil  unique 
qm  était  probablement  tombé  dans  la  vessie  à  travers  cette  ouverture. 

D*autres  Fois,  ce  sont  des  femmes  aux  goûts  bizarres,  qui  se  sont 
introduit  des  mèches  de  poils  dans  la  vessie.  Tel  fut  le  cas  célèbre  qui 
donna  lieu,  au  dernier  siècle,  à  une  correspondance  entre  HansSloane 
et  Leuwenhoeck.  Une  dame,  d'un  âge  respectable,  rendit  une  touife 
de  poils  qui  fut  envoyée  à  Leuwenhoeck.  Celui-ci  constata,  au  micros- 
cope, que  ce  n'était  pas  des  poils,  mais  de  la  laine,  et  qu'au  milieu 
de  cette  touïfe  de  laine,  il  y  avait  de  tout  petits  fragments  de  bois  et 
de  paille,  toutes  choses  qui  ne  peuvent  s'engendrer  dans  Fînrérieàr 
du  corps.  Un  autre  cas,  plus  piquant,  a  été  publié  par  M.  Cruveîthrer. 

tJn  chirurgien  anglais  montra,  le  23  juillet  1814,  à  la  clinique  de 
m,  Dupuylren,  un  calcul  qui  avait  p«ir  noyau  une  longue  mèche  de 
cheveux,  et  qui  avail  été  relire,  à  Londres,  de  la  vessie  d'une  dam€. 
tomme  la  couleur  de'  la  mèche  dîflféraît  de  celle  des  cheveux  de  la 
malade,  que  celle-ci  était,  d'ailleurs,  aune  dame  de  qualité,  de  mœurs 
pures,  »  et  qu'elle  assurait,  en  outre,  ne  s'être  jamais  rien  introduit 
dans  la  vessie,  le  chirurgien  était  persuadé  que  la  mèche  ^'était  formée 
dans  cet  organe;  mais  il  fut  reconnu,  plus  tard,  que  les  cheveux 
étalent  liés  par  un  fil,  ce  qui  n'a  pas  besoin  de  commentaires. 

Rayer  signala,  en  oulre^  une  cause  d'erreur  d'un  ordre  tout  diffé- 
rent :  il  cria  des  cas  où  des  fitaments  filiformes  avaient  été  rendus  par 
l'nrètbre  et  où  il  avait  été  reconnu,  grâce  à  un  examen  plus  attentif, 
et  surtout  à  Taide  du  microscope,  que  ces  filaments  étaient  constitués 
par  des  mucosités  incrustées  de  sels  calcaires,  sans  aucune  trace  de 
pofls. 

Éliminant  ainsi  bon  nombre  dé  cas  de  trichiasis  des  voies  uri- 
naires,  il  ne  poussa  pourtant  pas  le  scepticisme  jusqu'à  nier  Fexis- 
tence  de  ce  trichiasis.  11  admit  donc,  comme  deux  espèces  parfaitement 
distinctes,  le  trichiasis  et  la  pîlîmiction,  et  s'efforça  de  chercher  des 
faits  propres  à  établir  la  réalité  de  ces  deux  afibctions. 

Four  la  pilimiction,  la  démonstration  fut  facile  :  il  y  avait  en  effet, 
dans  la  science,  sans  parler  de  plusieurs  cas  qui  n'étaient  que  pro- 
bables, ctnq  observations  bien  positives  :  trois  avaient  été  complétées 
par  Tauropsie  :  c'étaient  celles  de  de  la  Rivière,  d'Hamelin  et  de 
Phifîpps.  Dans  ces  trois  cas,  après  avoir  constaté  Fexistence  de  la 


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—  264  — 

pilimiction  pendaat  la  vie,  on  avait  trouvé,  à  Tautopsie,  des  kystes 
fœtaux  très-évidents,  ouverts  spontanément  dans  la  vessie. 

Deux  autres  faits,  quoique  non  suivis  d'autopsie»  n'étaient  pas  moius 
concluants  :  c'était  d'abord  celui  de  Delpech,  que  j'ai  déjà  indi- 
qué. La  masse  que  ce  chirurgien  enleva  de  la  vessie  à  travers 
Turèthre  dilaté  renfermait,  comme  on  Fa  vu,  des  poils,  de  la  peau, 
un  os  et  une  dent  qui  provenaient  manifestement  d'un  kyste  fœtal. 
L'autre  cas  était  emprunté  à  la  pratique  de  notre  collègue,  M.  Larrey. 
Une  femme  de  33  ans  vit  persister,  après  sa  troisième  grossesse,  une 
tumeur  du  volume  d'un  œuf  de  poule,  qui  occupait  la  fosse  iliaque 
gauche,.  Cette  tumeur  devint  plus  tard  le  siège  d'une  inflammation 
douloureuse,  puis  elle  suppura  et  s'ouvrit  à  la  fois  à  l'extérieur,  vers 
la  partie  gauche  de  l'hypogastre,  et  à  l'intérieur,  dans  la  vessie.  Des 
poils  et  de  la  matière  grasse  furent  rejelés  à  la  fois  par  l'urètbre  et 
par  les  fistules  hypogastriques.  Ayant  constaté,  avec  la  sonde, 
l'existence  d'un  volumineux  concrétus  calculeux  dans  la  vessie, 
M.  Larrey  élargit  d'abord,  par  une  incision^  la  fistule  extérieure, 
pénétra  dans  une  cavité  kystiqjie,  où  il  trouva  une  mèche  de  cheveux, 
puis  découvrit  profondément  une  ouverture  qui  communiquait  avec 
la  ^ssie,  débrida  cette  ouverture  et  parvint  ainsi  dans  la  vessie,  d'où 
il  retira  un  volumineux  calcul  formé  autour  d'un  amas  de  poils.  La 
malade  guérit  comme  celle  de  Delpech,  mais  ces  deux  faits  sont  aussi 
concluants  que  des  autopsies. 

L'existence  de  la  pilimiction  symptomutique  de  kystes  fœtaux 
ouverts  dans  la  vessie  étant  ainsi  démontrée  par  des  faits  anatomiques 
ii^contestables,  Rayer  s'occupa  de  réunir  des  faits  relatifs  au  trichlasis 
simple;  mais  ici,  les  observations  anatomiques  lui  firent  presque 
entièrement  défaut.  Pour  toute  preuve  il  ne  trouva,  dans  la  science, 
qu'une  phrase  de  Bichat  qui,  parlant  des  poils  des  membranes 
muqueuses,  avait  dit  :  «  On  en  a  vu  dans  la  vessie,  l'estomac,  les 
intestins.  Divers  auteurs  en  citent  des  exemples.  J'en  ai  trouvé  sur 
des  calculs  des  reins»  »  Cette  assertion  sommaire  est  d'autant  plus 
loin  de  constituer  une  preuve,  qu'on  connaît  aujourd'hui  les  faux 
poils  ou  filaments  filiformes  des  voies  urinaires,  et  que  Bichat  ne 
donne  aucun  détail  propre  à  montrer  quHl  ait  échappé  à  cette  cause 
d'erreur. 

Rayer  avait  le  sens  trop  droit  pour  édifier,  sur  une  base  aussi  fra- 
gile, la  théorie  du  trichiasis  urinaire  essentiel.  11  reconnaissait  que, 
dans  tous  les  cas  oii  la  cause  de  la  présence  des  poils  dans  l'urine 
avait  pu  être  anatomiquement  constatée,  on  avait  trouvé  qu'il  s'agis- 
sait de  kystes  fœtaux,  et  il  faisait  bon  marché  de  l'assertion  sans 


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—  Î85^— 

{Nreuves  de  BicbAL  H  élait  naUuel,  d^aiprèft  eéU^  de  se  demander  «i  les 
«as  où  la  ^érisflMï  des  malades,  où  l'iaterdieUon  de  rsutopsie  a¥ait 
empêché  de  décauTrir  rorigiae  des  (M>Ua  urioaire»,  n'éiMeuX  pas  <le 
même  nature  que  ceux  où  Texisieoee  d'un  kyste  fodtal  avait  «t6  oaas- 
t^tée.  Pourqum  dooe  coiUiana-t-ilà  admettre  résolàmeot  la  séaiité  du 
Uicbiasis  sim^,  et  pourquoi  ma  travail  a-t-U  cootriiMié  à  dissifuer  les 
^dûuies  coaças  dijà  |tfir  plusieurs  de  sea  prédécesseors?  Ceai  se  nat- 
taehe  à  uue  question  d*a&  tout  autre  ordre,  q^aeje&'ai  pas  rinteotion 
die  traiter  ici*  Toiigiae  des  l^ystes  fœtau^L.  C'est  un  fait  biea  coiuiu 
que  4;ea  kystes  saot  très-commuas  daos  i'x^aire,  et  ou  est  asses  g^é- 
«alemeot  disposé  à  les  considérer  comme  des  produits  de  conception 
orarique.  Pour  ma  part,  ayant  eu  pkisieurs  fois  roccasion  de  trouver 
dans  l'ovaire  de  petites  filles  encore  éloignées  de  l'âge  de  la  pulterté, 
des  kystes  fœtaux  en  tout  pareils  à  ceux  qui,  après  la  puberté,  sont 
considérés  comme  des  prodnfts  de  conception,  je  suis  convaincu  que 
la  plupart  de  ces  kyste^  dat^ent  de  la  v|e  c^ryonnaire,  soit  qu'on 
Teuille  les  rattacher  à  la  théorie  de  l'inclusion  fœtale,  ou  que,  sui- 
vant uR<e  opijBÔea  qot  «ne  semble  iNiea  ploiB  prol)able,  oa  les  attribue 
'âm^leaieii^  i  um  bélérotopie,  «oaséeutife  à  la  eoootitutioa  défec- 
tueuse é'Wi  ê^ffiD»  UM^ue;  «t  ce  fui  défose  sortoirteostre  l'hypo- 
tkè»ù  d'une  groasesee  o^vaHqiiâ,  c'est  que  L'en  a  trouvé. chez  l'homme, 
•4esa  tto  grand  netebce  de  régioBS  dii  eorpa,  y  omprise  la  région 
abdominale,  des  kystes  fœtaiix  UmiI  à  fait  semblâUss  à  osiis  de  l'oiraire. 

liais  Rayer  était  é»  ceni  qui  oonsidéiakDt  les  kyirtes  iiosiaux  ova- 
rfjf«««,  emkmà  dos  produits  <k  cofitefitroQ.  11  ^éèait  donc  diâfiosô  à 
<enf ipe  que!  la  pîlimtctioa  symptooia^iid.  des  kystes  fœtaux  ne  pou- 
.  TMt  seipréaeBier  ^ae^dtoi^s  Itisuies  d^à  pubères.  Or,  ii  se  trou'mit 
.fséieisémeat  ^pae  les  eiaq  cas  où  la  cause  de  cette  pilimlctiMi.  symp* 
toaiati^vw  avait  été  anateaûquemaat  démontrée,  étasieat  relatif  à  des 
Iswittes  pubères  oa  «aariées.  Cette  cipeoiistance  paraissait  décisive, 
.et  si  la  pitimietioo  «QfmptOBMtique  était  toulpuirs  [due  à  un  produit  de 
«Moeption  ovanque»  H  lillmt  bien  trouver  u^e  auire  explicatioo  pour 
JeS'.eaa  où  les  poils  urbaaires  avaient  été  rendu»  par  des  sujeis  du  sexe 
joaifiaMn  ou  par  des  filles  eneore  impubères. 

Ce  fut  ^nsi  qm  Rayer  ôit  conduit  à  maiate«ir»  eomme  uneespèce 
^ùm  différente  de  la  pilimioiioB^  1«  tricbiesia  easaitid  des  voies  urî- 
4iairea,  auquel  M  rattache  presque  tQ«a  laa  faits  diuiques  sans 
aistofeie.  U  aurait  peut-éUre  dû»  plus  de  réserve  éaus  l'iiui^rpté* . 
.  taliqfo  de  ees  faits,  sfilavait  su  que  k  pÂHmietian  véritable,  lapëimic- 
tion  fœtale,  peut  etister  chez  rbammeattÉsi  bien  <|ue  ebea  la  ftmme. 

L'ebse^atiAu  ^ps  je  viens  di^  vctts  eMmmauqaer  tke  donc  son 
2»  série.  —  tomb  ix.  34 


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^  I 


—  266  — 

importance  du  sexe  du  malade  sur  lequel  je  Tai  recueillie.  Je  ne  me 
crois  pas  autorisé,  pour  cela,  à  nier  Texistence  du  trichiasis  essen- 
tiel. Il  est  démontré  que  des  poils  peuvent  se  former  accidentellement, 
sur  plusieurs  points  de  la  muqueuse  digestive,  non-seulement  chez 
les  herbivores  et  chez  le  chien,  mais  encore  chez  Fhomme.  11  n'y  a 
donc  aucune  raison  pour  nier  à  priori  la  possibilité  d'une  production 
de  poils  par  la  muqueuse  urinaire.  Mais,  en  fait,  les  preuves  directes 
de  cette  possibilité  nous  font  défaut  jusqu'ici.  On  n'en  avait  qu'une 
preuve  indirecte,  tirée  de  la  présence  deâ  poils  dans  Turine  des 
individus  du  sexe  masculin,  et  le  fait  que  j'apporte  6te  toute  valeur 
à  cette  preuve.  Je  crois  donc  pouvoir  conclure,  de  mon  observation, 
que  l'existence  du  trichiasis  essentiel  des  voies  urinaires  n'est  pas 
.encore  démontrée. 

COMMUNICATION. 

Luxation  eoxo-fémorale. 

M.  TiLLÀUx.  Les  luxations  coxo-fêmorales  sont  assez  rares,  l'occa- 
sion d'en  faire  la  dissection  se  présente  assez  peu  souvent  pour  que 
j'aie  pensé  qu'il  y  avait  quelque  intérêt  à  vous  communiquer  le  fait 
.  suivant.  Ce  fait,  du  reste,  n'est  pas  simple,  et  me  parait  de  nature  à 
soulever  plusieurs  questions  importantes  de  pratique  chirurgicale  que 
je  désire  soumettre  à  votre  appréciation. 

£n  voici  d'abord  la  relation  :  J.  Nicolas,  âgé  de  29  ans,  cocher  à 
Paris,  subit  au  mois  de  novembre  1867  un  traumatisme  sur  lequel  Je 
n'ai  pu  avoir  des  détails.  Je  ne  saurais  non  plus  préciser  la  date.  Il  fut 
traité  pour  une  contusion  de  la  hanche  gauche  d'abord  par  les  catar 
plasmes,  puis  par  les  vésîcatoires  volants.  Après  plusieurs  semaines, 
il  put  se  lever  et  marché,  mais  très-péniblement  et  avec  une  claudi- 
cation énorme.  Le  13  mai  1868,  c'est-à-dire  cinq  mois  au  moins  après 
l'accident,  il  eut  l'idée  de  venir  consulter,  à  l'hôpital  de  la  Pitié,  et  le 
même  jour  il  entrait  dans  le  service  de  M.  Broca.  Notre  collègue  n'eut 
pas  de  peine  à  reconnaître  une  luxation  coxo-fémorale  en  arrière  : 
il  propose  au  malade  une  tentative  de  réduction  qui  fut  acceptée. 
M.  Broca  se  servit  de  l'appareil  de  M.  Mathieu,  et  fit  sur  le  membre 
inférieur  une  traction  de  240  kilogrammes.  Il  obUnt  un  allongement 
considérable  du  niembre,  mais  la  réduction  ne  put  être  effectuée,  et 
la  tête  du  fémur  reprit  sa  place.  Aucun  accident  ne  survint  à  la  suite 
de  cette  opération,  et  le  malade  sortit,  sur  sa  demande,  de  l'hôpital» 
le  21  mai,  c'est-à-dire  huit  jours  après  son  entrée. 

Qu'a  fait  le  malade  après  sa  sortie  de  l'hôpital?  A-t-il  travaillé? 


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—  îô?  — 

S'est-il  fatigué?  C'est  probable,  mais  je  n'ai  pu  avoir  de  renseigne- 
ments  à  cet  égard.  Toujours  est-il  qu'il  se  présentait  quinze  jours 
plus  tard,  le  5  juin,  à  Thôpital  Saint- Antoine,  où  il  fut  admis  dans  le 
serrice  de  M.  le  docteur  Lorain.  Notre  collègue  constata  un  empâte- 
ment considérable  de  la  hanche  gauche  et  une  péritonite  caractérisée 
par  du  ballonnement,  une  douleur  abdominale  intense,  des  vomisse- 
ments incoercibles,  etc.  Le  malade  succombait  le  lendemain  de  son 
entrée  6  juin. 

M.  Lorain,  que  je  remercie  vivement,  a  bien  voulu  me  confier  l'au- 
topsie de  son  malade,  et  j'ai  Thonneur  de  mettre  sous  vos  yeux  la 
pièce  pathologique. 

La  mensuration  pratiquée  sur  le  cadavre  donne  9  centimètres  de 
raccourcissement.  La  rotation  en  dedans  n'est  pas  très-prononcée,  mai«. 
il  est  possible  de  l'exagérer,  tandis  que  toute  rotation  en  dehors  est 
impossible.  La  tôte  du  fémur  fait  en  arrière  une  saillie  mobile  très- 
appréciable  à  la  vue  et  au  toucher.  Le  grand  fessier,  disséqué,  est  nota- 
blement atrophié.  Au-dessous  de  lui  se  trouve  immédiatement  la  tète 
du  fémur  et  sa  nouvelle  capsule.  La  tète  baigne  dans  le  pus  qui  rem- 
plit la  capsule,  le  muscle  moyen  fessier  est  infiltré  du  même  liquide, 
et  la  fosse  iliaque  externe  en  est  remplie.  Le  pus  occupe  également 
l'ancienne  cavité-  Le  muscle  obturateur  externe,  le  trou  sous-pubien 
et  le  muscle  obturateur  interne  présentent  le  même  aspect,  c'est-à- 
dire  qu'ils  sont  en  contact  de  toute  part  avec  le  hquide  purulent.  En 
ouvrant  l'abdomen,  on  constate  une  péritonite  généralisée;  mais  beau- 
coup plus  intense  dans  le  petit  bassin  par  où  elle  doit  avoir  débuté.  La 
marche  a  donc  été  la  suivante  :  inflammation  de  la  nouvelle  articula- 
tion, extension  à  l'ancienne,  puis  à  rd)turateur  externe,  à  l'interne, 
et  enfin  au  péritoine. 

Situation  de  la  tête  du  fémur.  —  La  tète  du  fémur  siège  au-dessus  et 
en  arrière  de  la  cavité  cotyloïde,  au-dessous  de  l'échancrure  sciatique 
au  niveau  de  l'épiae  sciatique.  C'est  donc  une  luxation  du  fémur  en  ar- 
rière, variété  ischiatique  de  Malgaigne,  ilîo-ischiatique  de  M.  Nélaton, 
sacro-sciatique  de  Gerdy.  Une  dépression  très -légère  existe  sur  l'os 
iliaque  dans  le  point  correspondant  à  la  pression  de  la  tète.  Cette  tète 
n'a  subi  aucune  altération,  elle  a  conservé' son  volume  et  sa  forme,  et 
est  recouverte  complètement  de  cartilage. 

La  nouvelle  capsule  s'est  formée  aux  dépens  des  muscles  du  voisi- 
nage et  principalement  du  grand  fessier.  On  y  trouve  du  tissu  fibreux 
de  formation  nouvelle,  et  de  plus  toute  la  partie  antérieure  de  l'an- 
cienne capsule.  Par  suite  du  mouvement  de  rotation  de  la  tète,  en 
dehors  et  en  arrière,  cette  portion  de  capsule,  normalement  oblique  en 


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baa^  dât  deveaue  (msnevsale  et  cooalitiwflnftliBider  eKtPliiun»ntiié?r 
sisttutte.  Ua  £ait  romaiNiiicdile,.  e'est  FeastciMâ  au  mitioa  de-latooiif^ 
suk,  danfrifi! .point*  oonm^poiidanâ  à  Jfextràmilèd&.la  tèfte^  d'bnefBosCaâ- 
de  ODpule  osseiftse  purêoiwi  à  Boa  «eatae,  «rondtaî  det^^oeailiDètre»  d«r 
dianèlPT «Aviron,  et  ^'emboitaiit  etaeteoieDtiajree  le«(HMBB6t:dek.téle: 
féoiorajâi.  Cette  eapaule  oaaeuse  est-^Ue  de  formatleai  nouvelle  t^Otfe 
bien  est-elle  une  porttoa*  du  £o&d  det  UbeavUé.  colyiotde;  déftaohée*  «il 
moment  de  la  luxation?  Je  penche  pour  cette  dernière.-  opiaicm;. 
maia  c'est  un  pomt  dôiieatp,aur,lequ^  j'appeUe  rattastioa.de  oMStcol^ 
lègues. 

Vancieme  cavité  cotyloide  est  presque  complètement  elritaréei  par 
les^débci»  de  la  cagpsttle  primitm  et  pas  lea  pnnkiits  fiJtaaettJt  de  far<- 
matuMi  nouvel. 

Les  rapportft-de  ia  tète  avec  les  muaclee  sent  tea  ralvante^:.  ^te  mt 
imanéiliatemeikt  neoeuvente  par  k  geand  fesaier,.  au*dessuti  d'eUe.ae. 
troii¥ent  le  mojfen*  f6«fiieit«,)e  p^amidah  Tobirtirateui»  rateroa^  et;lee- 
jumeaux;  au-4sasensd-elle^  robturateur  eKtame  et  le.  carré  crufal;: 
ce- qui  signifie.quiaut moment  delà  laxatiefi^  aprèa  a^oir  b«iaé  la^  ea|>-'- 
suleca  arriènsj.la  tète  siest  éobappéeentee  le  HMifiele  obturateur  ïa^ 
terne  en  h»it.et  le  carré  «rural  en'ba& 

QiMAt  aux  nouveaux  rapports  du  grand  trochanter  a^ec  ks  sailliee' 
osseuses  du  bassin,  la  situation  aeule  de  la  tête  du  fémur  les  fait  suf- 
fiskimment  presses^tir  âan8quej>insia(a. 

Quelg  ont  été  les  obstacles  à  la  réduction  tentée  par  M«.Bro(aa?  Je 
pease,  messieurs,  qu'on  ne  saumit  oonaerrer  de  dente  à  cet  égard. 
J'ai  enlevé  tous  les  mnades  en  Ae  cooeerif^aot  qiM  la  eapsuie,  et  ilm*a 
été  impossible  d'obtenir  le  moûidte  semblant  de  néduetioA  avee  uae. 
forte  traction.  C'est  cette  portion  de  l'ancienne  capetile  signalée  plus, 
haut  fermanl< une énomne bfide transversale^ lendueda l'épiae iliaque 
anAéro4nférieure  au  grand  troobanter^  qui  ooastituait  simoni  l'uniqiie, 
.du  moins  l'essentiel  ob»taicle  à  la  réduetion^.et  la  j^reuve,  c'est  qu'il 
m'a  suffi  d'en  détacher  -une  portion  à;  son  insertioA  fémosale  pour  ob-^ 
tettîr  de  suite  le  dégagement  de  la  tète. 

Si  les  tractions  pratiquées  sur  le  membre  avaient  pu  détruire  ees- 
obstacles,  la  réduction  eûtrclle  été  possible?  On  aurait  certainement 
réussi,  ainsi  que  je  vous  le  montre,  à  mettre  en  regatd  la  tête  fémo^ 
râla  de  la  cavité  cotyloikie^  maia  il  me  parait  réSiUker.  de  i'eiiamen  de 
lavpièoe,  que  la  coaptation  œ  pouvait  se  faire  puiaque  le.  cetj^  eai 
presque  entiènement  eembié. 

Permettea-moi,  masMeuirs,  en.  terminant^  dfadreaser  k  la«  soeiétér 
deuxqoe&tioaa': 


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-  26e<  - 

1*  Jusqu'à  quelle  époque  est-on  autorisé  à  tenter  la  réduction  d'une 
ancienne  luxation  en  général,  celle  de  la  hanche  en  particulier? 

2*'  Quelle  est  la  limite  de  traction  que  le  chirurgien  ne  doit  pas  dé- 
passer sans  danger  pour  le  malade? 

La  séance  est  levée. 

Le  ucrétawe,  D' Làiûi»  Lashs. 


siiAKGB  £»a  2é  i^m  1868 
lie  procès-verbal  de  la  précédente  séance  est  lu  et  adopté. 

GORRBSPONDANeE. 

(La  correspondance  de  ce  jour  ayant  été  ftrdw  à  V imprimerie, 
manque  au  bulletin.) 

M.  Ciniselli,  de  Crémone,  adresse  à  la  Société  la  lettre  suivante  : 

AnéTrysme  de  Ta  carotide  prîmitiire 

.  «  C'est  par  la  publication  du  faull^in  de  la  Société  d«  chjruri^  que 
je  vient  d'apprendre  la  conrle  diseussioo  tooehaat  moa  ol^sarvation 
de  raAévrfsme  de  la  carotide  guéri  «par  iaeocnpfessioo  directe,  pré- 
sentée de  ma  part  par  le.vénérable  et  regf«tté  M.  YeÂpeau..  C'est  à 
ce  propos  que  j'adresse  ataintenaflt  quelques  mots  à  l'honorable 
Sooiiéié. 

«  L'observation  y  eomme  i'a  dit  AL  YelpeiM»  est  des  plus  intéfes* 
atDtêft,  et  il  est  bien  naturel  que.  la  guérÎAOO  inespérée  ait  Cajt  douter 
le  savant  professeur,  de  la  blessure  de  la  car&Ude^  et  pense*  qu'il 
s'agissait  de  la  blessure  de  l'une  de  ses  bramehes.  Ce  doute^  partagé 
par  M.  Le  Fort,  l'a  été,  pecU-èUe,  par  beaucoup  d'autres  ;  je  l'avais 
ooBçu  moi-même  en  présence  de  la  maladie  qui  m'occupait. 

«  En  effets  les  symptôoaes  objectifs  ne  m'assuraient  pas  quelle  était 
l'artère  blessée,  et  j*ai  maniteté  mes  doutes  aux  collègues  que  j'avais 
réuniâ  eft  consultation^  m'appuyant  sur  la  position  de  la  tumeur,  qui 
déposait  plut  pour  la  blessure  delà  thyroïdienne  supérieure  ou  de  ifar« 
tère  linguale  à  leur  origine^  que  de  1a  oaf  otide.  La  compression  de 


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—  270  — 

Tartère  au-dessous  de  la  tumeur  ne  pouvait  apporter  plus  de  précision 
au  diagnostic,  comme  elle  n'aurait  pu  exclure  absolument  le  doute  de 
M.  Le  Fort,  que  Tanéyrjsme  eût  été  de  rai;tère  vertébrale. 

«  C'a  été  la  régression  de  la  maladie  et  sa  guérisoii  même,  qui  nous 
ont  éclairé  sur  son  véritable  siège.  Lorsque  )a  tumeur  a  été  réduite  à 
la  grosseur  d'une  noisette,  et  puis  à  celle  d'un  petit  noyau  endurci, 
on  apercevait  bien  qu'elle  tirait  son  origine  de  la  carotide  primitive  à 
sa  partie  supérieure.  La  même  chose  a  été  constatée  avec  plus  d'évi- 
dence onze  mois  après  la  guérison  obtenue,  lorsque,  la  tumeur  étant 
complètement  disparue,  il  ne  restait  plus  qu'une  petite  nodosité  iné- 
gale, aplatie,  siégeant  à  la  partie  supérieure  de  la  carotide  primitive. 

fl(  Le  sujet  dont  il  est  question,  dans  le  cours  de  sa  maladie  et  après 
la  guérison,  a  occupé  l'attention  des  chirurgiens  les  plus  distingués  et 
compétents  de  Côme  et  de  Crémone. 

«  J'espère  que  la  Société,  qui  contribue  avec  tant  de  succès  au  pro- 
grès de  la  pratique  chirurgicale,  voudra  bien  accueillir  les  renseigne- 
ments que  j'ai  l'honneur  de  soumettre  à  son  appréciation.  » 

Crémone,  10  juin  1868. 

DISCUSSION. 

Luxations  de  la  hanche. 

M.  Broga.  Le  malade  de  M.  Tillaux  ne  présentait  aucune  ecchy- 
mose ;  il  voulut  sortir  dès  le  deuxième  jour,  je  ne  pus  le  retenir  que 
jusqu'au  cinquième,  et  probablement  il  se  livra  au  travail,  ce  qui 
paraît  avoir  amené  la  péritonite  dont  il  est  mort. 

La  pièce  présente  une  particularité  remarquable;  la  capsule  est 
doublée  d'une  cupule  osseuse  que  M.  Tillaux  tend  à  regarder  comme 
le  fond  de  la  cavité  cotyloïde  détaché  par  une  fracture.  Or;  le  malade 
a  vécu  cinq  mois,  et  ce  temps  est  plus  que  suffisant  pour  permettre 
la  diminution  de  la  cavité  cotyloïde,  par  conséquent  on  ne  peut  s'ap- 
puyer sur  cette  rétraction. 

L'os  nouveau  est  étendu  comme  surface  et  non  comme  épaisseur; 
l'épaisseur  seule  exige  du  temps;  l'étendue  en  surface  ne  laisse  rien 
préjuger  comme  temps,  car  le  travail  d'ossification  peut  débuter,  non 
par  un  seul  point,  mais  par  toute  la  largeur  de  la  capsule 

Quelle  est  la  variété  à  laquelle  appartient  cette  luxation?  Gerdy  est 
celui  qui  a  le  mieux  classé  les  luxations  en  arrière.  Dans  ses  trois 
variétés  se  trouve  la  luxation  sacro-sciatique,  que  MM.  Malgaigne  et 


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—  271  — 

,  Nélaton  ont  élîmîoée.  C'est  à  cette  variété  que  nous  avons  à  faire,  elf  si 
je  ne  la  diagnostiquai  pas  tout  d'abord,  je  la  diagnostiquai  pendant  la 
réduction. 

M.  Tillaux  a  soulevé  plusieurs  questions.  Jusqu'à  quelle  époque 
peut-on  faire  la  réduction?  Je  suis  convaincu  que  la  luxation  sacro- 
sciatique  doit  devenir  promptement  irréductible,  peut-être,  comme 
le  dit  Bialgaigne,  après  quinze  jours,  et  je  crois  qu'après  cette  époque 
il  faut  s'abstenir,  et  je  me  serais  abstenu  si  le  diagnostic  avait  été  fait 
avant  et  non  pendant  les  tentatives. 

M.  Tillaux  demande  aussi  jusqu'à  quel  degré  de  traction  on  peut 
aller.  Je  suis  allé  jusqu'à  240  kilogrammes,  limite  que  je  ne  crois  pas 
qu'il  faille  jamais  dépasser.  Ai-je  eu  tort  d'aller  jusque-là?  Je  ne  le 
crois  pas,  le  malade  n'ayant  éprouvé  les  jours  suivants  aucun  acci- 
dent, et  pour  ainsi  dire  aucune  douleur. 

M.  Chassaignag.  Je  pense  que  cinq  mois  sont  suffisants  pour  amener 
le  rétrécissement  de  la  cavité  cotyloïde,  à  moins  qu'il  n'y  ait  eu  lésion 
de  l'os  lors  de  la  luxation.  Je  repousse  les  extensions  longitudinales  et 
crois  qu'il  ne  faut  employer  que  les  mouvements  de  rotation. 

Quant  à  retendue  de  la  force  employée,  s'il  est  utile  de  la  mesurer 
pour  ne  pas  aller  trop  loin,  cette  mensuration  ne  sert  à  rien  dans 
chaque  cas  particulier,  car  telle  force  de  80  kilogrammes  pourra 
amener  des  accidents,  alors  que  dans  la  généralité  des  cas  on  peut 
aller  jusqu'à  240. 

M.  Tillaux.  Je  crois  que  la  production  osseuse  est  de  date  an- 
cienne et  a  été  arrachée  de  la  cavité  cotyloïde  lors  de  la  luxation. 
L'examen  de  la  pièce  montre  un  grand  nombre  d*ostéoplastes  parfai- 
tement formés,  et  les  os  de  nouvelle  formation  ne  les  présentent  ni  avec 
cette  quantité,  ni  avec  cette  perfection  de  forme. 

Je  désire  surtout  attirer  l'attention  sur  la  classification  des  luxations 
de  la  hanche.  M.  Broca  dit  que  toutes  les  fois  que  la  tète  sort  au-des- 
sous de  l'obturateur  interne  et  du  pyramidal,  elle  est  bridée  par  ces 
deux  muscles  et  retenue  en  bas,  et  ne  peut  devenir  iliaque.  J'ai 
cherché  sur  le  cadavre  par  quel  interstice  musculaire  sort  la  tête  du 
fémur  ;  dans  toutes  mes  expériences,  la  tète  est  sortie  au-dessous  du 
;  pyramidal,  et  je  ne  crois  pas  qu'elle  puisse  jamais  sortir  au-dessus  de 
.  ces  musdes.  (M.  Tillaux  fait  sa  démonstration  sur  une  pièce  récem- 
ment préparée.) 

De  plus,  ce  qui  limite  l'ascension  de  la  tête,  ce  ne  sont  pas  les  mus- 
cles, c'est  la  capsule,  et  si  dans  la  luxation  iliaque  la  réduction  est 
plus  facile,  c'est  que  la  production  de  cette  luxation  exige  la  déchirure 
plus  complète  de  la  capsule. 


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M.  Broca.  La  lamelle  osseuse  est,  comme  le  ditV.  Tillaux,  com- 
posée de  corpuscules  osseux  disposés  de  telle  sorte  qu'elle  paraft  èt>e 
de  formation  plus  ancienne  que  ne  permet  de  la  soupçonner  M.  Tfl- 
laux.  Mais  comment  expliquer  te  mécanisme  de  rarrachement  du  fond 
de  la  cavité  cotyîoïde  et,  si  le  fond  de  la  capstkle  a  été  arraché,  com- 
ment expliquer  que  la  cavité  qui  devait  être  élargie  est  au  contraire 
rétrécie? 

Quant  à  ce  qu'a  dît  M.  Chassaîgnac,  je  ne  puis  répondre  que  ceci  : 
nous  n*allons  pas  jusqu'à  240  kilogrammes  sans  regarder  ce  qu'il  en 
advient  du  côté  de  la  îuxa^on,  maïs  nous  nous  servons  du  dyna- 
momètre pour  être  certain  de  ne  pas  dépasser  les  Ifmltes  de  la  pru- 
dence. 

La  Hmitaiion  du  déplacement  peut  bîen  être  causée  par  les  liga- 
ments dans  Jes  luxations  récentes,  mai§  il  n'en  est  plus  de  même  dans 
les  luxations  anciennes,  et  nous  savdils  que  la  tête  du  fémur  remonte 
ou  peut  remonter  vers  la  crête  iliaque,  lorsque  le  malade  se  livre  à  la 
marche. 

M.  TiLLAUX.  M.  Broca  nous  a  d?t  que,  suivant  le  point  par  lequel 
sort  la  tôle,  on  a  telle  ou  telle  variété  :  iliaque  si  la  tête  sort  au-des- 
sus de  l'obturateur  interne,  ischiatiquè  si  c'est  au-dessous.  Toujours 
dans  la  flexion  la  (èle  sgrt  sous  Tobturaleur  Interne,  et  elle  remonte 
plus  ou  moins,  suivant  Kntégrîtê  plus  ,ou  tnoîns  grande  de  la  cap- 
sule. 

M.  Broca.  Dans  ses  expériences,  M.  Tillaux  n'ai  pas  obtenu  la  va- 
riété sur  laquelle  nous  discutons,  puisque  dans  ses  cas  le  muscle  ob- 
turateur était  déchiré,  tandis  qu'il  ne  fêtait  pas  dans  le  cas  de  Gerdy, 
dans  le  mien  et  dans  îa  luxation  que  nous  avons  sous  îès  yeux. 

Je  viens  d'examiner  la  pièce,  je  ne  croîs  pa»  <i*ae  cesôîl  le  fond 
de  la  cavité  cotyîoïde  qui  constitue  la  plaque  otseose  que  Von  re- 
marque. 

M.  ItoPRifcg.  Une  partie  do  rebord  de  îfe  «avîté  colyîoMc  a  été  dé- 
tachée, et  sur  cet  os  on  retrouve  une  plaque  ossease  de  nouvelle  for- 
mation, une  végétation  du  tissu  osseux  arraché  ;  ée  pltis  le  fond  de  la 
cavité  cotyîoïde  est  recouvert  de  cartilage,  ce  qui  n'aurait  pas  Bcu  isfil 
avait  été  enlevé;  car  le  cartilage,  on  le  sait,  ne  ëe  re];»x>dmt  pas  sortes 
surfaces  articulaires  qui  en  ont  été  privées.  Â  Fexamen  mîeroseeplqtLe 
que  je  viens  de  répéter,  j'ai  vu  que  le  cartilage  du  fond  de  là  cavHé 
cotyîoïde  était  normal,  l'os  contient  des  ostéopl^astes  et  des  cantlicales, 
mats  dans  la  partie  la  plus  minée  il  y  a  des  cellules  qui  reuSertneot 
de  la  graisse,  ce  qui  est  le  propre  des  ossifications  de  nouvetle  forma- 
tion. 


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—  273  — 

M.  Chassaignag  ne  croît  pas  que  l'obturateur  interne  puisse  rete- 
nir le  fémur  et  gêner  son  ascension  puisqu'il  s'insère  sur  cet  os  et 
qu'il  est  par  conséquent  mobile  avec  lui. 

PRÉSEMTATION. 

M.  Depaul  présente  un  enfant  né  il  y  a  trois  jours,  dans  son  ser- 
vice, et  qui  porte  deux  dents  incisives  médianes  inférieures. 

ÉLECTION. 

M.  Duplay 16  voix. 

M.  Paulet 9    — 

Bulletin  blanc 1    — 

M.  Duplay  est  nommé  membre  titulaire  de  la  Société. 
La  séance  est  levée  à  six  heures  moins  le  quart. 

Lt  Secrétaire^  D'  Léon  Labbé. 


SÉANOB     DU     1"    JUILLET    1868 
Présidence  de  H.  LEGOUEST 

Le  procès-verbal  de  la  précédente  séance  est  lu  et  adopté. 

correspondance. 

La  correspondance  comprend  : 

—  Les  journaux  de  la  semaine.  —  Le  Bulletin  de  thérapeutique,  r- 
La  Gazette  médicale  de  Strasbourg.-^  Wnion  médicale  de  la  Provence, 

—  M.  le  docteur  G.  Pouliot  adresse  à  la  Société,  pour  le  concours 
du  prix  Duval,  deux  exemplaires  de  sa  thèse  inaugurale,  intitulée  : 
Ponction  vésicale  hypogastrique. 

'  2«  série.  —  tome  ix.  35 


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—  274 


GOimmiGÂTION. 


Luxations  de  la  hanche  {suite). 


M.  TiLLAUX,  Je  TOUS  demande  la  permission,  Messleors,  <le  com<- 
pléler  aujourd'hui  ce  que  j'ai  dit  dans  la  dernière  séance  relativement 
au  mécanisme  de  la  production  èes  luxations  iliaque  et  ischiatique. 

M.  Broca  nous  a  dit  :  Lorsque  la  tête  du  fémur  passe  au-dessous  du 
muscle  obturateur  interne,  elle  eâl  bridée  par  ce  muscle,  qui  constitue 
une  véritable  sangle,  et  la  luxation  est  sacro-sciatique  ;  lorsqu'elle 
passe  au-dessus  de  l'obturateur  interne,  la  luxation  est  alors  iliaque. 

Malgaigne  est  un  des  premiers,  sinon  le  premier,  qui  ait  établi  sa 
classification  d'après  l'interstice  musculaire  à  travers  lequel  s'engage  la 
tête  du  fémur.  Je  cite  ce  passage,  dont  je  vais  faire  la  base  de  mon  argu- 
mentation :  «  Dans  la  luxation  ischiatique^  dit-il,  la  tête  s'échappe 
toujours  au-dessous  de  l'obturateur  interne,  qui  occupe  la  petite  échan- 
crure  scialique,  et  des  jumeaux,  qui  sont  en  quelque  sorte  ses  satel- 
lites. Tantôt  elle  déchire  seulement  le  carré  qui  est  au-dessous,  tantôt 
seulement  les  jlimeaux,  tantôt  les  jumeaux  et  le  carré  à  la  fois,  To^- 
turateur  interne  restant  comme  ttyi«  tarrière  pour  empêcher  la  tête  de 
remonter;  et  enfin  dans  le  cas  de  Wormald,  si  l'obturateur  était  rompu, 
ce  qui  restait  des  jumeaux  en  faisait  l'office.  Sans  doute,  cette  barrière 
peut  être  franchie,  et  alors  la  luxation  devient  iliaque  ;  mais  quand 
elle  est  primitivement  îMaque,  c'est-à-dire  quand  hi  t^  est  au-dessus 
du  muscle  obturateur  interne,  je  doute  qu'elle  puisse  redescendre  au 
niveau  de  l'épine  seiaitkitte,  à  moins  qu'elle  n'y  soit  ramenée  par  les 
manœuvres  du  chirurgien.  En  un  mot,  la  tête  sortant  par-dessous 
l'obturateur  interne  est  toujours  luxée  sur  l'ischion,  et  peut  consé- 
cutivement remonter  sur  l'îlium;  la  tète  sortant  par-dessus  donne 
toujours  une  luxation  iliaque.  » 

Rien  n'est  donc  plus  clair.  Messieurs,  ^ue  la  théorie  actuellement 
régnante  sur  la  luxation  coxo-fémorale  en  arrière  : 

1<»  Ce  sont  les  muscles  qui  s'opposenA  à  l'éiéf akkm  dfi  ia  tète  du  fé- 
mur; 

fi*  Lorsqueia  tète  fiknoitftle  passe  att-desaw  de  l'otausmear  interae, 
la  laxaiioft  est  tooîmm  îlîaquje;  si  dk  passe  aiHdesBoiK,  elle  est 
itebiatiqtje; 

3*  La  luxation  ischiatique  n'est  qu'An  4i€isrà  de  te.luxalJoailiâifQe, 
et  ces  deux  espèces  se  transforment  facileneati'aïae  en  J'aulve. 


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—  215  — 

Je  crois  pouvoir  vous  démontrer.  Messieurs,  que  ces  trois  proposi- 
tions sotit  inexactes,  c*e8t-à-dir8  que  : 

1®  Ce  ne  sont  pars  les  mascle»  cpiî  s'opposent  à  rasccnsfco  die  te 
tête  du  fémur; 

2*  Ihs  ne  sauraient  par  «mséqTient  en  aneane  feço»  inflaeneer  Veth 
pèce  iJte  luxation  ; 

J»  Les  itixattons  ifiaque  et  isctiîaticfae  recofiBafrssent  une  cause  tout 
autre  que  la  résistance  de  Tobturateur  interne  ou  des  jumeowx;  elles 
constituent  deu'x  espèces  très-distineles  Fui^e  de  Tautre,  telleiiieDif  dis- 
tinctes qu'il  est  impossîWe  de  jamais  transformer  F  une  en  t'attire. 

Il  est  très-facile  de^  prouver  que  les-  muscies  pdvî^rochantérfeurs 
ifont  qu'une  influence  mtUe  sur  îa  migration  de  lia  tète  fémoraïi. 
Yoici  une  pièce  sur  laquelle  j'ai  produit  une  luxation  îscitîatiqae  avec 
conserratrbu  des  muscïes  :  je  coupe  successivement  Koèlu râleur  in- 
terne, les  jumeaux,  le  pyramidal,  lé  moyen  fessier,  h  petit  fessier^  le 
carré  crural,  l'obturatear  externe,  et  vous  po«ve2. constater  que  toutes 
ces  sections  ne  permettent  pas  de  faire  avancer  la  tête  âe  4  milli- 
mètre. —  Le  véritable  obstacle  n'est  donc  pas  là,  îl  est  dans  la  cap- 
sule. Que  ïes  muscles  sur  le  vivant  ajoutent  Ichp  résistance  à  ceilede 
la  capsule,  je  le  veux  bien,  mais  il  me  paraît  é^^ide«t,  d'après  «ette 
expérience,  que  le  r^  des  muscles  est  tellement  minime,  qu'ion  doit 
le  négliger  dans  la  détermination  de  Fespèce  de  kxatîon. 

Si  la  capsule  est  l'^mique  obstacle  à  la  m-igration  de  la  têle,  c^est 
donc  elle  qui  doit  nous  fournir  la  raison  du  sîége  différent  qu'occupe 
sur  l'os  iliaque  la  tête  déplacée.  En  effet,  vous  pouvez  aisément  le 
constater  sur  les  pièces  que  voici  : 

La  luxation  coxo-fémorale  en  arrière  se  jM'oduit  toufours  daws  bu 
mouvement  de  rotatfon  en  dedans  et  d'adduction  combinée  avec  une 
flexion  plus  ou  moins  grande,  soit  de  la  cuisse  sur  le  bassin,  soit  du 
tassin  sur  la  caisse.  Dans  cette  situation,  la  tète  du  fémur  presse  sur 
la  capsule  en  bas  et  en  arrière,  et  la  brise.  Ainsi  donc,  déchirure  de 
la  capsule  en  bas  et  en  arrière,  conservation  de  la  capsule  en  avant  et 
en  haut,  tel  est  le  premier  résultat.  Je  le. produis  devant  vous  sur 
cette  pièce.  Qu'en  résuHe-t-il?  La  tète  du  fémur,  échappée  de  la  ca- 
vité colyloïde,  repose  sur  ïe  rebord  cotyloMfen,  vis-à-vis  Féchanerure 
îîschiatique  ;  la  luxation  est  incomplète  et  ischiatfque.  Ce  réstrftat  ca- 
davérique est  exactement  teM  que  je  retrouve  dans  Mal^aigne.  Cet 
atifeuT  cite  trois  autopsies  de  luxatrons  ischtatiques  incomplètes  où 
Fêtât  de  la  capsuîe  est  mentionné.  Cas  de  Bidard  r  câpsqlè  rompue 
en  bas  dans  une  étendue  de  7  centimètres  ;  deuxième-  cas  d'à  même 
chirurgien  :  moitié  postérîeuro  de  Ba  capsule-  rompue  dhns  l'étend'ue 


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—  276  — 

de  8  centimètres.  Cas  de  Robert  :  capsule  largement  ouverte  en  bas  et 
en  arrière.  On  peut  donc  formuler  la  règle  suivante  : 

Toute  luxation  coxo-fémorale  en  arrière  commence  toujours  par 
une  déchirure  de  la  capsule,  soit  directement  eu  arrière,  soit  en  bas 
et  en  arrière  (selon  le  degré  de  flexion  du  fémur  au  moment  de  Facci- 
dent)  ;  la  luxation  est  alors  toujours. incomplète,  et  de  plus,  toujours 
ischiatique. 

La  luxation  reste  incomplète  aussi  longtemps  que  les  parties  anté- 
rieure ou  supérieure  de  la  capsule  sont  intactes. 

Sur  cette  pièce  oti  je  Tiens  de  produire  une  luxation  incomplète  ,  je 
puis  obtenir  une  luxation  complète ,  soit  iliaque,  soit  ischiatique,  sui- 
yant  ma  volonté.  , 

Pour  transformer  une  luxation  incomplète  en  luxation  complète ,  il 
faut  diviser  la  partie  supérieure  de  la  capsule,  c'est-à-dire  que  toute 
la  capsule,  sauf  la  partie  antérieure,  est  divisée. 

Sur  cette  autre  pièce,  où  j'ai  également  produit  une  luxation  in- 
complète, comme  dans  le  cas  précédent,  j'obtiens  uue  luxation  ischia- 
tique, en  divisant  la  partie  antérieure  delà  capsule,  en  sorte  que  toute 
la  capsule,  sauf  la  partie  supérieure,  a  été  divisée. 

Voici  donc.  Messieurs,  deux  pièces  sur  lesquelles  une  même  lésion 
initiale  a  produit  la  même  luxation  incomplète.  Ces  deux  luxations 
incomplètes,  je  les  transforme  en  deux  luxations  complètes,  d'un  type 
tout  différent,  suivant  le  point  de  la  capsule  que  je  respecte. 

Je  conclus  légitimement  de  cette  expérience  : 

lo  Uue  luxation  iliaque  complète  n'existe  qu'à  condition  de  l'inté- 
grité de  la  capsule  en  avant  ; 

2<»  Une  luxation  ischiatique  complète  n'existe  qu'à  condition  de 
l'intégrité  de  la  capsule  en  haut. 

Une  conséquence  forcée  de  ce  qui  précède,  c'est  l'impossibilité  de 
transformer  une  luxation  iliaque  en  luxation  ischiatique  et  récipro- 
quement. Les  pièces  que  voici  vous  en  fournissent  d'ailleurs  la  preuve 
matérielle.  La  transformation  ne  peut  être  faite  qu'à  condition  de  dé- 
chirer ce  qui  reste  de  capsule,  et  dans  ce  cas,  la  tète  devenant  flot- 
tante, il  n'y  a  plus  de  classiflcation  possible. 

Appliquant,Me  ssieurs,  ce  qui  précède  à  nos  classifications  classi- 
ques, je  dis  qu'il  n'y  a  bien  réellement  que  deux  grandes  espèces  de 
luxations  coxo-fémorales  en  arrière  :  l'une  iliaque,  bien  nommée 
aussi  en  haut,  dans  laquelle  la  tête  du  fémur  repose  sur  Tilium,  dans 
des  points  variables  sans  doute,  suivant  la  quantité  de  capsule  qui 
reste  intacte,  mais  sans  jamais  pouvoir  arriver  sur  l'ischion  ;  l'autre, 
ischiatique,  dans  laquelle  la  tête  fémorale  repose  sûr  des  points  va- 


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—  2n  — 

riables  de  Tischion,  suivant  ce  qui  reste  de  capsule^  mais  sans  jamais 
arriver  sur  Tilium. 

n  est  difficile  de  reconnaître  des  degrés  dans  la  luxation  iliaque; 
la  tète  sera  tantôt  plus  en  avant,  tantôt  plus  en  haut,  et  nous  trou- 
vons ici  la  sus-cotyloïdienne  de  Malgaigne. 

La  luxation  ischialique,  au  contraire,  sans  changer  de  type,  c'est- 
à-dire  la  tête  fêmorale  regardant  en  arrière  et  reposant  sur  Tischion, 
présente  trois  degrés  très-accusés  et  faciles  à  reproduire  sur  le  ca- 
davre. 

Suivant  que  Ton  divise  tout  ou  partie  du  faisceau  antérieur  de  la 
capsule,  et  à  mesure  qu'on  le  divise,  vous  voyez  la  tôle  se  mettre 
successivement  en  rapport  avec  Tischion,  Tépine  sciatique  et  Téchan- 
crure  ischiatique.  G*est  bien  évidemment  cette  dernière  variété  que 
Gerdy  a  décrite  comme  luxation  sacro-sciatique.  C'est  donc  à  tort  que 
IM.  Nélaton  Ta  réunie  à  la4uxation  sciatique;  elle  n'est  que  le  degré  le 
plus  prononcé  de  la  luxation  ischiatique. 

Des  di^rses  expériences  que  j'ai  faites,  je  crois  pouvoir  tirer  les 
conclusions  suivantes  : 

1^  Dans  la  rotation  de  la  cuisse  en  dedans  et  l'extension  avec  flexion 
légère,  la  tète  du  fémur  répond  au  bord  supérieur  et  à  la  face  pro- 
fonde de  l'obturateur  interne.  Si  la  flexion  est  très-prononcée,  elle  ré- 
pond au  bord  supérieur  du  carré  crural  ; 

2o  L'interstice  musculaire,  à  travers  lequel  s'engage  l'extrémité 
luxée,  n'a  qu'une  influence  très-secondaire  sur  la  situation  ultérieure  ; 

30  La  capsule  est  l'agent  qui  limite  à  peu  près  exclusivement  la  mi- 
gration de  la  tète  fémorale  dans  la  luxation  en  arrière; 

4*"  La  rupture  de  la  capsule,  en  arrière  seulement,  ou  bien  en 
arrière  et  en  bas,  donne  toujours  lieu  à  une  luxation  incomplète 
ischiatique; 

5""  La  rupture  de  la  capsule,  en  arrière,  en  bas  et  en  avant  (la 
partie  supérieure  seule  étant  intacte) ,  donne  toujours  lieu  à  une  luxa- 
tion ischiatique  ; 

6<*  La  rupture  de  la  capsule,  en  arrière,  en  bas  et  en  haut  (\sl  partie 
antérieure  ou  ligament  de  Bertin  étant  seule  intacte),  donne  toujours 
lieu  à  une  luxation  iliaque; 

l"*  Ces  deux  types  de  luxation,  ischiatique  et  iliaque,  sont  tellement 
distincts  qu'ils  ne  peuvent  être  transformés  l'un  en  l'autre  que  par  la 
rupture  complète  de  la  capsule.  ^ 


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-  SÏÏ8  - 


DISCUSSION 


Itf.  Després.  Je  désire  contrôler  les  expériences  de  M".  Tîllaux.  La 
luxation  iliaque  qu*a  produite  notre  collègue,  sur  sa  pièce,  n^est  pas 
véritablement  une  luxation  iliaque.  Quant  à  la  luxation  ischiatique, 
impossible  à  produire  suivant  lui,  si  la  partie  antérieure  de  la  capsulé 
est  conservée»  je  ne  partage  pas  son  avis,  et  je  vois  sur  la  pièce  qu'il 
nous  présente  que  la  tête  du  fémur  peut  occuper  le  point  désigné  par 
touB  les  auteurs  pour  la  luxation  ischiatique  incomplète. 

Je  ne  crois  pas  que  ces  expériences,  faites  sur  les  articulations 
compléiement  isolées  des  muscles,  puissent  juger  le  mécanisme  des 
luxations. 

M.  Lefort.  La  luxation  que  nous  montre  M.  Tillaux,  comme  luxar 
tion  iliaque,  n'est  pas  du  tout  une  luxation  iliaque.  Les  trois  saillies, 
gTAud  Irochanter,  .épine  iliaque  antérieure  et  sommet  de  rijchion,  ne 
sont  pas  sur  la  même  ligne;  le  grand  trochanter  est  très  en  avant  des 
deux  autres. 

C'est  là  une  luxation  expérimentale,  mais  non  une  luxation  comme 
la  Clinique  nous  en  montre. 

M.  Tillaux.  Je  ne  comprends  en  vérité  pas  Fobieclion  de  Mî^T.  Le- 
fort et  Després.  Gomment,  ce  n'est  pas  là  une  luxation,  iliaque  ?  Mafs 
qu'est-ce  que  c'esA  donc? 

Il  y  a  évidemment  une  luxation^,  puisque  Ta  tête  ne  repose  plus  dans 
sa  cavité.  La  tête  repose  par  toute  son  étendue  sur  l'os  iliaque.  C'est 
donc  bien  une  luxation  iliaque.  M.  Lefort  m'objecte  que  la  tête  n'est 
pas  très-élevée  dans  la  fosse  iliaque.  C'est  évident;  parce  que  je  n'ai 
divisé  de  capsule  que  ce  qu'il  en  faut  pour  produire  la  luxation 
mais  il  ne  dépend  que  de  moi  de  faire  élever  la  tête,  ce  qu'elle 
fera  à  mesure  que  je  diviserai  des  portions  de  la  capsule  restante. 
M.  Després  trouve  que  la  tête  est  trop  en  avant,  qu'elle  repose  sur 
l'os  immédiatement  au-dessous,  de  la  cavité  cotyloïde,  et  que  ce  n'est 
par  conséquent  pas  une  luxation  iliaque.  Il  oublie  donc  la  variété  à 
laquelle  Malgaigne  a  donné  le  nom  de  sus  cotjloïdienne.  M.  Desprês 
^outQ  qu'il  peut,  sur  la  pièce,  transformer  la  luxation  iliaque  com- 
plète en  luxation  ischiatique.  Oui  c'est  vrai,  mais'  en  luxation  ischia- 
tique incomplète  ;  or,  c'^est  précisément  par  la  démonstration  de  ce 
fait  que  j'ai  commencé  ma  communication,  c'est-à-dire  que  l'intégrité 
de  la  capsule  en  avant  ne  permettait  jamais  que  d'obtenir  une  luxa- 
tion ischiatique  incomplète  ;  mais  ce  que  je  déclare  impossible,  c'est 


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la  transformation  sur  ces  pièces  d'une  luxation  iliaque  complète  en 
luxation  îschiatique  complète  et  réciproquement. 

M.  Després.  Je  maintiens  que  les  positions  indiquées  par  M.  Tillaux 
ne  correspondent  pas  à  des  faits  patliologiques.  Je  me  rappelle  à  cette 
occasion  un  fait  que  j'ai  publié  dans  la  Gazette  des  Hôpitaux ^  en  1864. 
JII.  Dolbeau  avait  à  réduire  une  luxation  de  la  hanche,  luxation  ûia- 
qiie  bien  franche  et  qui  avait  résisté  déjà  à  des  tentatives  de  réduc- 
tion. Le  malade  soumis  au  chloroforme,  M.  Dolbeau  exerça  des  trac- 
tions, puis,  pratiquant  la^  rotation  unie  à  Tadduction  et  tirant  brus- 
quement^ il  i^'obtint  pas  de  réduction,  mais  transforma  la  luxation 
iliaque  en  luxation  ilio-pubienne.  Puis,  par  suite  de  mouvements 
.4'adduclion  et  d'abduction,  la  tête  fut  ramenée  dans  la  fosse  iliaque, 
après  avoir  passé  par  les  positions  qui  constituent  la  luxation  ova- 
laire,  la  luxation  ischiatique,  et  la  luxation  ilio-ischiatique.  ËnGn,  le 
malade  étant  tombé  dans  la  résolution  complète,  un  dernier  effort 
détermina  la  rentrée  de  la  tète  dans  la  cavité  coljloïde.  Comme  la 
luxation. ne  s'est  pas  reproduite,  comme  la  guérison  a  été  obtenue  en 
peu  de  temps,  il  est  clair  qu'il  n'y  avait  pas  rupture  complète  de  la 
capsule,  et  que  la  persistance  du  ligament  de  Bertin,  c'est-à-dire 
d'une  bride  fibreuse,  même  à  la  partie  antérieure  de  la  capsule,  n'em- 
pêche la  production  d'auoune  des  luxations  connues  de  la  hanche. 

M.  BftOCA.  Les  expériences  que  fait  M.  Tillaux  sont  très-impor- 
lantes,  mais  je  crois  qu'il  a  une  trop  grande  tendance  à  faire  asseoir 
réditice  des  luxations  sur  des  expériences  pratiquées  sur  le  cadavre. 
Malgai^e  s'est  4éjà  plaint,  à  |uste  raison,  de  ce  que  l'on  tenait  pas 
euffisajiUBcnt  compte  4e  tous  les  éléments  dans  l'étude  de  ces  ques- 
iiooB. 

.  Jtf.  TUiaux,  sur  une  articulation  disséquée,  dont  la  capsule  seule 
<st  conservéïe,  coi^pe  un  peu  plus  ou  un  peu  moins  de  capsule  et  fait 
¥<Hr  que  l'on  ne  peut  mettre  la  tète  partout.  Mais  c'est  un  homme  qui 
3e  fait  une  luxation  et  non  un  squelette  disséqué,;  or,  chez  l'homme 
vivant,  il  existe  des  forces  autres  que  les  ligaments.  Certainement, 
pour  que  la  luxation  se  produise,  il  faut  que  les  ligaments  soient 
rompus,  mais  cela  Jie  suffit  pas. 

Quelle  direction  prendra  la  tète?  Oui,  la  résistance  des  ligaments 
jouera  un  jrûle  important,  et  c*est  là  l'idée  fondamentale  de  toutes  les 
jBecherches  d6  Kalgaigne  sur  les  luxations  ;  mais  indépendamment 
4eft ligaments,  il  y  aies  muscles,  qui  agissent  d'al}ord  comme  obsta- 
cles dans  certaines  attitudes. 

A  moinS'de  se  mettre  à  Taise,  comme  m.  Tillaux,  qui  a  tout  coupé, 
il  y  a  un  certain  nombre  de  luxations  qu'on  ne  peut  produire  sur  le 


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—  280  — 

cadavre  ;  aussi,  c'est  pour  cela  que  des  notions  exactes  d^anatomie 
pathologique  nous  font  défaut  dans  cette  question. 

Si  Ton  ne  tenait  compte  que  des  déchirures  de  la  capsule,  les  va- 
riétés de  luxation  seraient  indéfinies,  mais  il  faut  savoir  grouper  ces 
variétés,  pour  les  dénommer,  autour  de  quelques  élémeiits  importants 
qui  entourent  l'articulation. 

Les  expériences  de  M.  Tiilaux  ont  été  entreprises  à  la  suite  d'une 
présentation  qui  m*avait  permis  de  faire  remarquer  le  rôle  que  les 
muscles  petivent  jouer  par  rapport  à  la  limitation  du  déplacement. 
Eh  bien  I  M.  Tiilaux  croit-il  que  la  résistance  des  muscles  soit  insi- 
gnifiante pour  la  réduction?  Sur  la  pièce  qui  a  été  présentée  par 
M.  Tiilaux,  pour  réduire  la  luxation,  on  était  obligé  d'élever  considé- 
rablement le  corps  du  fémur,  puis  de  faire  ensuite  un  mouvement  de 
rotation  et  d'abaissement  et  l'on  passait  alors  par-dessous  la  sangle 
musculaire. 

Dans  les  luxations  iliaques,  la  réduction  a  pu  être  obtenue  après 
des  mois,  et  même  plus  d'une  année.  Pour  les  luxations  ischîatiques, 
il  n'y  a  pas  d'exemple  de  réduction  après  le  quatorzième  jour. 

Il  y  a  une  très-grande  dififérence,  au  point  de  vue  de  la  réduction, 
entre  les  cas  où  l'os  appuie  sur  l'os,  et  ceux  dans  lesquels  cela 
n'existe  pas. 

En  résumé,  je  pense  qu'en  matière  de  luxation,  la  véritable  mé- 
thode consisté  à  tenir  compte  de  tous  les  genres  de  recherches.  J'estime 
les  recherches  de  M.  Tiilaux,  mais  je  les  croirais  dangereuses  si  elles 
étaient  prises  pour  base  de  l'histoire  des  luxations. 

M.  TiLLAux.  Je  ferai  remarquera  M.  Broca  qu'ii  se  méprend  sur  l'objet 
de  ma  communication  et  de  mes  expériences.  Je  n'ai  pas  le  moins  du 
monde  en  vue  d'étudier  ni  d'indiquer  le  rôle  des  muscles  ou  des  liga- 
ments dans  la  production  des  luxations  en  général.  Je  me  suis  borné  à 
rechercher  le  rôle  que  joue  la  capsule  dans  la  production  et  la  déli- 
mitation des  diverses  espèces  de  luxations  coxo-fétnorales  en  arrière. 
Je  n'ai  rien  généralisé.  Gomment  aurais-je  pu  comparer,  en  effet,  la 
faible  résistance  de  la  capsule  du  coude,  je  suppose,  avec  la  capsule 
coxo-fémorale,  qui  mesure  presque  1  centimètre  d'épaisseur  en  avant? 
M.  Broca  me  demande  si  je  ne  pense  pas  que  les  muscles,  formant 
une  boutonnière  ou  une  sangle  autour  de  la  tête  du  fémur,  ne  soient 
un  puissant  obstacle  à  la  réduction  ;  mais,  sans  aucun  doute,  et  je 
n'ai  jamais  contesté  cela,  je  n'ai  pas  même  touché  à  cette  question. 
Je  n'ai  parlé  que  du  mécanisme  de  la  production  des  luxations  iliaque 
et  ischialique.  Ce  que  j'ai  dit,  c'est  que  quand  une  puissance  agit  assez 
violemment  sur  l'articulation  coxo-fémorale  pour  briser  la  capsule  et 


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—  ^1  — 

ofaisser  la  tète  hors  de  sa  cavité,  ce  oe  sont  pas  les  muscles  qoi 
lV)p^seat  à  Tascensioa  de  la  tête  et  déterminent  ainsi  la  variété  de 
)«iatM>n,  ^ue  c'«st  Ja  capsule»  et  que  l'espèce  de  luxation  varie  avec 
la  quantité  et  la  portion  de  capsule  déchirée. 

M.  fiiX)CA  ajeute  que  ;MaJfa^e  avait  beaucoup  insi&té  sur  le  rôle 
fie  jouela  <$ap6ttle  4an«  le  ^eas  dont  je  partes  Je  regrette  que  notre 
collègue  ne  soit  pas  arrivé  au  commencement  de  la  séance,  car  j'ai 
préciséitteal;  donné  lecture  d'un  passage  du  livre  de  Malgaigne,  pas- 
8S^  ^i  ne  peroiet  aucun  doute  sur  son  opinion.  Pour  lui,  les  deux 
kxaUans  iliaqiae  ^  isehiatique  n'ont  d'autre  ligne  de  démarcation 
i|uela  situation  de  la  We  du  fémur  au-dessus  ou  au-dessous  de  Tobtu^ 
râleur  interne  et  des  jumeaux  ;  et  c'est  là  ce  que  je  conteste. 

Je  «uis  très^heureux  que  M,  Després  ait  raconté  le  fait  précédent, 
v<éritabl6ii»enl  très-ourieux,  et  qui  m'avait  beaucoup  préoccupé  aussi, 
car  M.  Després  a  oublié  sans  doute  que  j'aidais  notre  collègue 
M.  Dolbeau  dans  cette  dif&cile  réduction.  Or,  précisément,  ces  jours 
derniers,  j'ai  étudié  le  mécanisme  suivant  lequel  a  pu  se  produire 
cette  migration  singulière  de  la  tète  et  j'avoue  que  rien  n'est  plus  fa- 
Hiiie  à  60iQ^preii!dre>  ie  maiade  de  M.  Dolbeau  avait  une  luxation  isehia- 
tique supérieure;  les  deux  luxations  ovalaire  et  isehiatique  se  pro- 
^îseirt  par  un  saécaaîsme  à  peu  près  semblable,  qui  ne  diffère  que 
par  le  sens  dans  lequel  se  fait  la  rotation^  .Dansies  deux  cas,  il  j  a 
d'abord  une  flexion  extrême  de  la  cuisse  ;  la  cuisse  étant  ainsi  fléchie, 
si  le  naembre  est  porté  dans  la  rotation  en  dedans,  la  luxation  est 
isehiatique;  si  la  rotation  s'efiTectue  en  dehors,  la  luxation  est  ovalaire. 
Gomme  la  luxation  isehiatique  complète  s'accompagne  toujours  de  la 
déchirure  de  la  partie  antérieure  de  la  capsule,  et  que  c'est  là  une 
jMBdttioa  très-4'avorable  à  la  production  de  la  luxation  ovalaire.  rien 
'de,pliiB  laiflè  que  de  tiraneformer  l^une  en  l'autre^  en  exécutant  un  mou- 
vement de  rotation,  ainsi  que  je  fais  sur  cette  pièce. 

:}L  <2BAfl8AiaNAC.  Je  orois  que  la  voie  dans  laquelle  s'est  engagée 
M.  Tillaux  est  très-bonne;  mais  il  y  a  une  part  de  vérité  et  une  part 
d'erreur. 

M.  Tiliwx  tombe  da&s  Terreur  lorsqu'il  dit  :  «  On  n'a  pas  pu 
lédttire  une  luxatieii  par  les  tractions  les  plus  fortes,  donc  c'est  le 
IjgaiDeiit  qui  résiste.  »  Ôerles^  cela  pourrait  être  vrai  si  on  faisait  l'ai- 
loDgement,  mais  ne i' est  flus  si'on  arecours  à  la  rotation.  Il  est  par- 
iMtonent  déioo&tfé  aiyourd'hui  que  les  ijgai&ents  ne  «'opposent  pas  à 
la  réduction. 

Ht  THiUua.  le  réipondMÎ  un  «oui  moi  à  M.  Chass^gnac  Je  n'ai 
(|^^ît  que  les  li^asBeots  toseot  le  i^incipal  obstacle  à  la  réduction 

2«l^t«.  —  TOMB  II.  36 


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—  282  — 

des  luxations,  puisque  je  ne  me  suis  pas  du  tout  occupé  de  cette 
question,  je  n'ai  parlé,  ou  voulu  parler,  que  du  mécanisme  de  la 
production  des  luxations  iliaque  et  ischiatique  et  non  pas  de  leur 
réduction. 

M.  Brocà.  Chez  mon  malade,  il  n'y  a  assurément  que  des  tractions 
violenics  sur  les  muscles  qui  aient  pu  produire  des  désordres  pardis 
à  ceux  qui  se  sont  développés. 

M.  FoROBT.  M.  Tillaux  n'a  pas  dit  ce  que  M.  Ghassaignac  paraît 
avoir  entendu.  M.  Ghassaignac  paraissait  même  d'accord  avec  M.  Til- 
laux dans  la  précédente  séance»  car  M.  Broca  disant  que  c'était  le 
muscle  obturateur  interne  qui  empêchait  la  tète  de  monter,  MM.  Ghas- 
saignac et  Tillaux  combattirent  son  opinion. 

M.  Tillaux  a  dit  que  le  grand  obstacle  à  la  luxation  iliaque  ou  à  la 
transformation  de  la  luxation  ischiatique  en  iliaque  résidait  dans  l'in- 
tégrité du  ligament  de  Bertin. 

LECTURE. 

M.  GmAUD-TsuLON  lit  un  travail  intitulé  :  NauMile  étude  mt  ie 
mécanisme  de  Vaoeommodation. 

Ce  travail  est  renvoyé  à  l'examen  d*une  commission  composée  de 
MM.  Perrin,  Liégeois,  Marc  Sée. 

PRESENTATION    DE     PIÈCE. 

Corps  tibreax  da  eol  de  l'otéms. 

M.  Marjolin,  au  nom  de  M.  Prestat,  de  Pontoise,  membre  corres- 
pondant, présente  un  corps  fibreux  du  col  de  l'utérus  et  remet  la  note 
suivante  : 

La  tumeur  que  je  vous  adresse  a  été  enlevée  lundi,  22  juin,  dans  les 
circonstances  suivantes  : 

Une  femme  de  quarante-trois  ans,  d'une  bonne  constitution,  sans 
dérangement  dans  ses  règles,  avait  remarqué  depuis  trois  mois  que 
lorsque  l'écoulement  menstruel  commençait,  il  était  très-abondant  et 
"sous  forme  de  perle  pendant  quatre  ou  cinq  heures.  Il  y  a  un  mois, 
les  règles  furent  immédiatement  suivies  d'un  flux  sanguin  presque 
continu,  qui  finit  par  aflaiblir  la  malade  et  la  déterminer  à  me  con- 
sulter. 

L'examen  me  montre  Texistence  d'une  tumeur,  de  la  grosseur  d'une 
pomme  d'api,  insérée  sur  la  partie  postérieure  de  la  cavité  du  col  et 


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-_283  — 

qui  p«ndait  dans  le  vagio.  Cette  tumeur,  très-mobile,  tenait  au  col 
par  une  large  pédicule.  Elle  était  d'une  consistance  très-ferme,  qui 
me  fit  penser  qu'elle  était  de  nature  fibreuse. 

La  position  de  la  tumeur  me  permit  de  la  saisir  facilement  avec 
l'anse  d'un  fil  de  fer  fixé  sur  la  vis  de  rappel  d'un  petit  écraseur.  La 
oonstriction  était  bien  avancée,  lorsque  le  fil  de  fer  se  rompit  ;  je  le 
remplaçai  par  une  cordelette  en  fil  de  fer  ;  mais  cette  fois,  l'anneau 
dans  lequel  passait  cette  cordelette  se  rompit  à  son  tour,  et  je  dus  avec 
les  ciseaux  courbes  inciser  le  pédicule. 

Sauf  ces  ennuis,  provenant  de  la  mauvaise  confection  de  l'instru- 
ment, l'opération  fut  heureuse.  Â  peine  s'écoula-t-il  une  ou  deux 
cuillerées  de  sang  par  la  vulve. 

Les  suites  premières  de  l'opération  sont  très-heureuses  :  la  malade 
n'a  ressenti  qu'une  grande  sensibilité  dans  le  ventre,  pas  de  fièvre, 
aucune  coinplication.  J'espère  que  dans  quelques  jours  elle  sera  com- 
]^étement  remise. 

M.  Chassaiqnag.  Si  l'on  se  rappelait  qu'un  écraseur  ne  doit  être 
employé  qu'après  avoir  été  éprouvé,  on  ne  s'exposerait  pas  à  le  voir 
se  rompre  pendant  la  section  de  parties  vivantes. 

M.  DsPAVL.  Je  ferai  remarquer  combien  sont  fréquents  les 
corps  fibreux  de  la  matrice  prenant  naissance  à  la  jonction  du  corps 
et  du  col. 

Dans  un  cas  de  ce  genre,  l'idée  d'employer  l'écraseur  ne  me  serait 
pas  venue;  il  faut  attirer  le  col  à  la  vulve  pour  opérer  à  ciel  ouvert 
et  faire  l'excision  à  l'aide  d'un  petit  bistouri  approprié.  Ces  petits 
corps  sont  très-faciles  à  enlever;  leur  ablation  ne  donne  pas  lieu  à 
des  hémorrhagies  ni  généralement  à  aucun  accident  sérieux.  Dans  un 
cas,  cependant,  j'ai  vu  une  malade  succomber  à  la  suite  de  Tinfection 
purulente. 

Chez  quelques  malades,  ces  corps  fibreux  sont  multiples  :  ils  se 
développent  successivement.  J'ai  déjà  opéré  plusieurs  fois  une  dame 
placée  dans  ces  conditions. 

M.  Cbassaignac.  Je  considère  que  la  pratique  d'abaisser  l'utérus  à 
la  vulve  expose  à  de  graves  dangers;  je  n'ai  recours  à  cette  manœuvre 
que  contraint  et  forcé,  car  elle  peut  être  le  point  de  départ  de  phleg- 
mons péri-utérins,  de  péritonites. 

M.  FoRGBT.  Comme  M.  Depaul,  je  suis  peu  préoccupé  des  hémor- 
rhagies ;  j'ai  vu  Lisfranc  pratiquer  un  grand  nombre  de  fois  cette 
opération,  je  l'ai  pratiquée  moi-même  assez  souvent;  les  suites  ont 
presque  toujours  été  très-simples.  Ces  petits  polypes,  lorsqu'on  les 
opère,  sont  souvent  en  voie  d'émergence  du  col  et  entourés  par  la 


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-  384  — 

substance  utérine.  Je  ne  cemprendrais  pas  «pie  l'ècrMeiir  pâidlr» 
appliqué  à  cette  période  de  leur  développement 

Quoique  je  redoute  peu  les  tractione  utérine»,  je  doisi  dire  cependant 
qu^e&tre  les  mains  de  Liefifanc,  elles  m'ont  paru  avc^rdonné  lieu  à 
quelques  aeeidents.  Moinn^iiie,  j'^i  observé  deux  cas  de  péritonite  que 
je  crois  devoir  rattacher  à  ces  tractions. 

M.  Depaul.  m:  Gbassaignac  esagère  iWlité  de  femf^i  de  Téera* 
seur  pour  l'ablation  de  ces  tumeurs. 

Quant  à  rabaissement  de  T utérus,  c'est  une  exceHente  chose,  mais 
iP  faut  s'entendre.  Dans  la  pratique  de  Lisfranc,  il  s'agissait  sourent 
de  matrices  malades  et  très-difBciles  à  abaisser.  Mais  lorsque  ta 
matrice  est  saine,  on  peut,  sans  inconvénient,  abaisser  l'utérus,  mais 
à  la  condition  d'opérer  doucement,  progressivement. 

Extirper  un  polype  ou  un  corps  fibreux  en  laissant  le  col  au  (ooà 
du  vagin,  ou  bien  à  ciel  ouvert,  c'est  tout  d^érent.  I>ans  un  cas,  il  y 
a  une  opération  simple;  dans  l'autre,  l'opération  es^  difficile  àcen- 
dufre  à  sa  fin. 

La  séance  est  levée  à  cinq  heures  trois  quarts. 

Le  secrétmrey  T>^  Léon  Labob. 


SÉANOB      DU     8     JUILLET     18  68 

l>v4i«MeM»  a«  H.  LEG OUEST 

LeprocècHVQibal de  la.pi^écédente  séance  est  lu  et  adopté. 

CORRESPONDANCE. 

La  correspondance  comprend  : 

—  Les  journaux  de  la  semaine.  —  Le  numéro  de  juillet  des  Jfchwes 
générales  de  médecine,  —  La  nevueméâicale  de  Toulou8(*y  juia 486ô.«^ 
Le  Montpellier  médical,  juillet.  —  Le  Swdmédical  âe  HÊOTseUie. 

—  M.  le  docteur  Rouge,  chirurgien  es  chef  de  Thèpilal  cantonal  ée 


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LauauHiQ,  adresse  à  U  Société  les  six  prenÂera  Buméros  du  Bulleiin 
é^h  Soffiéié  médicale  dû  la.  Suisse  rmnande,  doat  il  dirige  la  publiear 
tiaft.  €e  reoueii  ceofecme  boià  ttombr»  de  isât»  chirurgicaux  iutéiTcwr 
«auto. 

--^  M,  Féré(^,  médecin  de»  hôpitaux  de  Paris,  envoie  un  teavaii 
inlitalé  :  De  Vioéoforme^  emploi  arnitm  iofiqm  peur  cicatriser  le$ 
pLms  ei  tÀcère^mm  ceneéretix. 

*>  M.  le  docteur  Siru^-Pirondi,  chirurgien  des  hôpitaux  de  Ster- 
seille,  envoie  une  brochure  :  Observations  de  chirurgie  usuelle,  o»  ae 
trouve  indiqué  l'emploi  (1853)  des  injections  d'eau  dans  l'oreilla  pour 
i^estraettoo  des<corps  étrangers. 

-—  M.  la  docteur  Georges  Bouchard  envoie,  pour  le  concours  do  prix 
Duval,  deux  exemplaires,  de  sa  thèse  :  Des  fractures  de  la  rotule  ûcmr 
plàqnées  d'ouverture  de  Vaniiculaiidm  Hbio-fémorale  et  de  leur  traitement. 

•^  M.  Giraidès  dépiose  suc  le  bureau,  au  nom  de  >L  Holmes  (de 
Londres),,  un  volume  intitulé  :  The  surgical  TrealiÊieut  oftke  Diurnes 
ofJufancy  and  Childhood. 

M.  Dbpaitl  communique  l'observation  suivante  qui  lui  a  élè  adressée 
par  M.  le  professeur  Stolz  (de  Strasbourg). 

Perforation  centrale  dn  périnée  dans  raccouchement. 

Haas  sa  séance  du  iS  mars  dernier,  vous  avez;  communiqué  a  la 
Société  impériale  de  chirurgie  une  observaiion  de  ruptitre  centrai  du 
jtépirUe  fendml  le  travail  de  l'êUffouchemenL  Cette  observation  a  cer- 
Uainemeot,  un  graad  iatérét,  1*  car  la  rareté  de  pareilles  déchirures, 
^.est  telkt  qu'elle  a  éié.' niéo^  par  certains  accoudieurs,  qui  avaient 
ef^endaul  une  longue  pratiqiiie  ;  2  parce  q^e  k  £œtus  a.  réellement 
traversé  llouiverture  accidentelle;  3°  qu'il  n'existait  aucune  des  pré- 
^^ositionaqueToa  dit  osdinairemeot  favoriser  celte  singulière  rup- 
tuire;  i<>  en&a  parée  que  la  pQ&ùtLoA  du  crâne  était  la  plus  commune, 
ocille  daos  laquelle  la  tête  pénèitre  le  plus  facilemeat  dans  la  vulve. 

Quoique  Ton  conoaisjse;  aujourd'hui  un  assez  grand  nombre  d'ob- 
servations autheatique&  de  ruf^ture  centrale  du  périnée  avec  passage 
diL  fcetus  entier  par  cette  voie  artificielie,  il  est  cependant  encore  des 
accoucheurs  très-répandus,  placés  même  à  la  télé  d'établissements  de 
loatÊKDité,  quiii^'en  ont  pas- vu  d'exemple;  seulement  ils  sont  moins 
înorédMlesque. ne  l'était  Gapuron,, q^ disait, qu'U  verrait  le  fait,  qu'il 
n'en  croiraii  pa^  ses  y^ux. 


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—  286  — 

Il  y  a  quarante  ans  que  je  me  livre  à  Tétude  et  à  la  pratique  des 
accoucbëînents,  je  suis  depuis  plus  de  trente  ans  à  la  tète  d'un  senrice 
spécial  (qui  n'est  sans  doute  pas  à  comparer  aux  services  de  Mater* 
nité  de  Vienne  et  de  Paris  pour  le  nombre  des  accouchements  qui  s*y 
terminent),  et  pour  la  première  et  unique  fois,  il  y  a  bientôt  quatre 
ans,  j'ai  eu  l'occasion  de  faire  une  pareille  observation  à  la  Maternité 
dont  je  suis  le  directeur  médical.  Cette  observation  présente  un  assez 
grand  nombre  de  particularités  pour  mériter  d'être  .connue  dans  ses 
détails. 

Le  15  mai  1864,- se  présenta  à  la  Maternité  de  Strasbourg,  pour  y 
faire  ses  couches,  la  nommée  Eh...,  Marie-Rosalie,  âgée  de  27  ans, 
primipare,  de  taille  moyenne,  assez  bien  constituée,  sanguine-lym- 
phatique. Elle  comptait  encore  six  semaines. 

Soumise  plusieurs  fois  à  une  exploration  soigneuse  pendant  son 
séjour  à  rhôpilal,  on  ne  remarqua  jamais  rien  de  particulier  dans  sa 
conformation,  notamment  dans  celle  du  bassin,  ni  dans  celle  des  or- 
ganes de  la  génération.  La  santé  ne  laissa  rien  à  désirer. 

Le  28  juin,  vers  onze  heures  du  soir,  Marie  Eh...  sentit  les  pre- 
mières douleurs  de  l'enfantement;  le  sommeil  de  la  nuit  en  fut  troublé. 
Le  lendemain,  29,  au  matin,  on  trouva,  en  touchant  par  le  vagin,  le 
col  effacé,  l'orifice  entrouvert,  et  la  tête  profondément  engagée  dans  le 
bassin.  Â  l'auscultation  on  percevait  les  battements  redoublés  au  côté 
gauche  du  ventre,  ce  qui  fit  diagnostiquer  une  première  position,  du 
crâne.  Â  trois  heures  de  l'après-midi,  les  membranes  se  rompirent, 
et,  après  un  écoulement  peu  abondant  d'eau,  on  constata  effective- 
ment une  position  occipito-antérieure  gauche.  Â  six  heures  la  tète 
occupait  l'excavation  et  devenait  visible  à  la  vulve  pendant  les  con- 
tractions. A  sept  heures,  le  périnée  était  fortement  distendu,  la 
fente  vulvaire  dirigée  en  avs^nt  et  en  haut,  l'occiput  semblait  y  péné- 
trer; à  chaque  nouvelle  douleur  on  croyait  que  la  tête  allait  compléter 
son  mouvement  d'extension  et  franchir,  mais  la  douleur  cessant,  elle 
se  retirait  encore.  A  sept  heures  un  quart,  une  contraction  plus  forte 
la  poussa  contre  l'obstacle.  Le  périnée  était  soutenu  par  une  élève 
sage-femme  :  tout  à  coup  sa  main  est  repoussée  par  la  tête  qui  fait 
éclater  le  plancher  périnéal,  la  vulve  qui  aurait  dû  lui  dotmer  pas- 
sage remonte  vers  le  pubis  et  se  ferma.  Les  épaules  et  le  reste  du 
corps  furent  chassés  avec  une  telle  rapidité  qu'on  n'eut  que  le  temps 
de  recevoir  le  fœtus  et  de  le  relever. 

Dès  que  l'enfant  fut  séparé  de  sa  mère  par  la  division  du  cordon 
ombilical,  on  examina  l'ouverture  qu'il  venait  de  pratiquer  et  de 
franchir.  La  portion  du  cordon  insérée  au  placenta  pendait  par  cette 


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—  ien  — 

ouverture,  dont  les  bords  étaient  affaissés  sur  eux-mêmes  et  sai- 
gnants. 

Ne  voulant  pas  faire  la  délivrance  par  cette  voie  contre  nature,  on 
introduisit  le  doigt  indicateur  dans  la  vulve  et  on  monta  assez  haut 
dans  le  vagin  pour  pouvoir  accrocher  le  cordon,  le  faire  rentrer  dans 
le  vagin,  et  de  là  le  faire  passer  par  la  voie  naturelle. 

Pendant  que  Ton  attendait  de  nouvelles  contractions  de  la  matrice 
qui  devaient  décoller  le  placenta  et  permettre  rextraction  de  l'arrière- 
faix,  on  débarrassa  la  plaie  périnéale  du  sang  qui  Tencombrait  au 
moyen  d'une  éponge,  et  on  constata  :  l*"  que  la  rupture  avait  5  centi- 
mètres de  longueur  dans  la  direction  verticale;  2<'  que  son  angle  supé- 
rieur se  dirigeait  un  peu  latéralement  vers  la  grande  lèvre  droite; 
3^  qu'lnférieurement  elle  s'étendait  des  deux  côtés,  immédiatement 
en  avant  de  Tanus,  formant  deux  angles  latéraux  de  %  centimètres 
de  longueur;  4*  que  les  bords  étaient  irréguliers,  frangés  au  milieu  et 
infiltrés  de  sang  ;  5**  qu'à  la  partie  supérieure  existait  un  bourrelet 
saillant,  noirâtre,  paraissant  formé  de  tissu  cellulaire  refoulé  de  l'in* 
térieur.  Non-seulement  la  fourchette  était  intacte;  mais  2  centimètres 
de  longueur  du  raphé  qui  aboutit  à  la  fourchette  étaient  parfaitement 
visibles.  Le  sphincter  anal  interne  était  à  découvert  et  nullement 
entamé.  Le  doigt  introduit  par  la  plaie  et  placé  en  supination  sortait 
par  la  vulve  et  constatait  l'épaisseur  du  pont  antérieur  du  périnée  qui 
subsistait.  Le  constricteur  du  vagin  était  déchiré  en  arrière,  ainsi  que 
le  tiers  inférieur  du  vagin  lui-même  et  la  paroi  recto-vaginale  cor- 
respondante. 

On  procéda  ensuite  à  la  délivrance  par  la  voie  naturelle;  mais  une 
notable  quantité  de  sang  caillé  et  liquide  traversa  encore  la  plaie  pé- 
rinéale après  oette  opération. 

L'enfant,  du  sexe  féminin,  avait  donné  aussitôt  signe  de  vie.  11  était 
fort,  long  de  49  centimètres  et  pesait  3,370  grammes. 

Les  premiers  jours  des  couches  se  passèrent  sans  incident.  La  plaie 
périnéale,  d'un  aspect  livide,  laissait  suinter  une  sérosité  sanguino- 
lente, une  partie  des  lochies  la  traversait  également;  le  gonflement 
des  lèvres  de  la  plaie  forçait  une  autre  partie  à  refluer  par  la  vulve. 
Le  décubitus  latéral  favorisait  ré<5oulement  par  les  voies  naturelles. 
On  se  borna  à  des  fomentations  de  vin  aromatique.  L'accouchée  mit 
son  enfant  au  sein  et  put  le  nourrir. 

Le  troisième  jour,  la  surface  des  lambeaux  de  la  plaie  présentait 
un  aspect  grisâtre  et  exhalait  une  odeur  gangreneuse  :  une  suppura- 
tion séreuse,  passablement  abondante,  s'était  établie.  On  la  saupou- 
dra de  poudre  de  quinquina.  Le  quatrième  jour,  la  plaie  avait  meilleur 


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aspect,  la  snpptiration  avait  dimioué.  A  faiïît  heures  et  demiedunurtiA 
Taccouchée  eut  subitement  une  crise  de  suffocation  sui\ie  d'un  frnsdft 
intense.  La  réactfon  tïe  se  Ht  pas  tvep  longtemps  alMindre;  «Ile  fut 
bitorisée  par  des  infusions  théifonsfeB  chaudes;  le  pouls  était  très» 
ttccMéré.  Une  bonne  transpiration  «aima  la  fièvrs.  Gepemlaiit  le  kitt^ 
demain,  cinquième  jour,  il  y  avait  etioore  86  pulsaiicms.  La  s«|)|iar** 
tîon  de  la  plaie  devhrt  phis  nerm^aie  ;  les  jours  suivants  des  bourinfiens 
gangreneux  furent  excisés,  ta  surface  des  lèvres  ise  colora  «q  roage 
et  commença  &  bourgeonner.  L'accouchée  avait  de  Tappétil,  elle  cm- 
Hnuait  d'allaiter  son  enfant 

**  Le  douzième  Jour,  ThiatsEs  formé  par  la  déchirure  périnéale  toôu- 
men^t  à  se  rétrécir,  ses  bords,  encore  un  peu  frangés.,  tendaient  à 
s'égaliser  et  à  bourgeonner.  Le  vingt-cfînquièiiie»  la  plaie  étant  â*ufi 
aspect  rosé,  mais  suppurait  encore  abondamsaent^  la  suppuration 
était  ftcre  et  corrodait  la  peau  de  la  faee  Interne  des  ct^sses.  L'aeoon* 
chée  n'avait  plus  pu  être  maintenue  au  Ut  depuis'le^ii^Bzième  jonr, 
-elle  circulait  dens  les  salles  pendaspt  une  grande  partie  de  la  jooraée. 

Le  trentième,  elle  trouva  à  se  i^acer  en  ville,  en  foaiité  de  noar*» 
rice. 

En  l'examinant  une  dernière  fois,  avant  sa  swDie  de  l'établi^ne^ 
went,  on  reconnut  que  la  plaie  se  rétrécissait  es  pins  en  plus.  «On 
tionna  à  la  femme  l'espoir  d'une  guéridon  spontanée^  isaâs  >on  iiisiM 
«après  d'elle  pour  que  de  «emps  en  temps  elle  se  présentât  à  la  viaile, 
ee  qu'elle  promit.  Miûheureusenient  elle  n'en  fit  rien,  «t  on  perdit 
même  bientôt  ses  traces. 

€e  ne  fut  qu'À  la  fin  de  l'été  1865,  phts  dHia  an  après  r^ociëent, 
qu'on  la  découvrit  de  nouveau.  Elle  était  alam  «arvaate'an  villa.  An 
mois  d'août,  elle  vint  à  la  Maternité  consuHiï' povr  nn  ùbmiwmmm 
4b  màrice. 

  l'inspection  des  pnrties  génitales,  on  omsiata  qoe  Vouvsnurefé- 
tifiâale  existait  encore,  qu^elle  avait  la  fonme  d'un  ^ou  vood,  doM  le 
bord  «à  cercle  était  pnifaitenient  cicatnsé^  Dans  *mie  «»SPveiUM)  m 
trouva -engagé  un  corps  moMIe,  une  espèoede  iyoudH>n,iqtte  l'on  m- 
<ïonnut  bientôt  n*atre  autre  chose  qffefemil'iif^ffii.  En  eièt,  à  la  wa, 
«n  dliMÀngua  le  museau  de  '^nt^,  «ft  par  le  tomiher  à  «rafars  la 
"wlve,  on  conettata  un  abaissenient  ou  pltffdit  unie  descenla  de  la  ma^ 
trîce.  Cet  organe  était  descendu  perpendic^lalreBient  à  r«^eéi  «oifs, 
^1e  éol,  an  Ihu  de  9ôrftr  pirr  I»  vd^e,  ^mH  m§9§é  dBm  H^^meNvre 
p#rliri$ff ff .  Ne  pouvant  rien  ««utreprendre  i  la  veille  >An  vaeanana,  on 
isongéffia  la  consullanle,  en  lui  dimiM  de  revenir  «niiiolS'devioi^ifai^ 
lum,  mais  on  ne  la  revit  pins. 


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r 


C^tte  abservatioa  offfie  an.  exempla/mcoot^table  de  rqpture  cçjq,; 
traie  du  périoée  et^  de  passage  4u  fœtus  entier  par  cette  o^yertuI^ç 
accideu telle,  hà  déchirure  de  ia  peau  s'éteadait  ea  haut  du  c6té  d^ 
la  grande  lèvre  droite^  m  has,  elle  présentait  deux  angles  latéraux 
dans  la  direction  des  muscles  trau&verses  du  périnée.  Elle  n'avait  pa^ 
préciséme^it  la  forme  d  un  Y  renversé,  mais  plutôt. celle  d'un  triangle^ 

Les  tissus  sous-jacf  nls  à  la  peau  et  {ormant  le  pUnçher  péiiné^l 
étaient  lacérés,  infiltrés  de  sang.  Une  portion  du  ti^su  cellulaire  du 
triangle  périnéal  ét^it  poussée  dans  la  plaie.  £a  haut,  le  point  qui  sé^ 
parait  l'ouverture  vulyaire  de  la  déchirure  périnéale  avait  uqe  largeur 
de  près  de  deux  lraver%  de  doigt$,  et  en  has,  le  rectum  est  resté 
intact.  . 

Le  tissu  cellulaire,'  infiltré  de  ^ang»  qui  faisait  saillie  dans  la  plaies 
s'eat  gaugrené.  Uu  instant,  au  cinquième  jour,  il  ^  a  eu  quelques 
s^ympiômes  de  résorption  pulrido;  mais  la  suppuration  s'est  heuroMT 
sèment  établie,  et  dès  ce  moment,  tous  les  accidents  ont  cessé. 

La  plaie  ne  s'e^t  point  fermée,  comme  on  devait  l'espérer;  peut-être 
parce  que  laigai>grèpe  avait  détruit  une  partie  notable  des  tissufi  kité- 
ressés.  L'indociliié  de  l'accouchée  y  a  probablement  contribué  aussi  : 
si  elle  était  restée  couchée  sur  le  côté,  si  elle  ne  s'élait  levée  que  du 
vingiième  an  trentième  jour^  si  elle  n'avait  pas  trop  marché  surtout, 
il  est  possible  que  la  guérisôn  aurait  ep  lieu.  Ces  oondilioBs.n'exisUtât 
pa^,  les  bords  se  sont  cicatrisés  sépa^énient,  et  il  est  resté  u^^  ouver- 
ture ronde,  qui  communique  avec,i«)  vagin,  puisqu'on  a  trouvé  à  la 
dernière  exploration,  faite  un  an  après  raçtident,  le  col  de  Tutérus 
engagé  dans  ce  trou.  Pour  ce  motif  seul,  il  serait  nécessaire  de  fermer 
l'ouverture  périoéale,^  après  avoir  relevé  la  matrice  par  un  mqyen 
mécaDique  quelconque. 

NOHI^TION  DE  COMMISSION. 

On  procède  pat  ta  voie  du  scrutin  à  la  nomination  d'une  Commii^- 
mission  chargée  d'examiner  les  titres  des  candidats  à  la  place  de 
membre  titulaire. 

MM.  Tarnier,  Dolbeau  et  Marc  Sée  sont  élus  membres  de  cette 
Commission. 

ÇiOMMVl^IGATlON. 
Eiùt&atioiis  de  la'hànebe.  (Salie.) 

M.  TiLLAUx.  Si  je  prends  encore  aujourd'hui  la  parole  sur  les  luxa- 
tions coxo-fémorales,  c'est  qu  à  l'appui  des  considérations  théori<{ues 
2*  iérie,  —  tomb  ix.  37 


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—  «90  — 

que  j'ai  développées  devant  v6ûJ3,  je  puis  invoquer  le  témoignage 
d'une  pièce  pathologique  que  j'ai  eu  la  bonne  fortune  de  rencontrer. 
Un  vieillard  de  64  ans  vint  mourir  il  y  a  quinze  jours  dans  le  service 
de  mon  collègue  et  ami  M.  le  docteur  Labouibène,  dans  la  salle  Saint- 
Louis  à  l'hôpital  Saint-Antoine.  Il  fut  transporté  à  Tamphithéâtre  des 
hôpitaux  où  l'un  des  prosecteurs,  M.  le  docteur  Nicaisé,  constata  là 
lésion  que  j'ai  l'honneur  de  vous  présenter. 

Cest  bien  là  une  luxation  iliaque;  les  empreintes  qu'a  laissées  sur 
t'os  la  tète  du  fémur  ne  permettent  point  de  doute  à  cet  égard.  £h 
bien,  je  vous  prie  de  constater  que  toute  la  capsule  a  été  déchirée 
sauf  la  partie  antérieure,  c'est-à-dire  le  faticeau  qui  part  de  l'épine 
iliaque  antérieure  et  inférieure,  connu  sous  le  nom  de  ligament  de 
Berlin.  C'est  donc  une  confirmation  de  la  théorie  que  je  vous  ai  expo- 
sée, à  savoir  que  la  condition  anatomique  de  la  luxation  Uiaque  était 
Vintégrité  du  faisceau  antérieur  de  la  capstde.  Ce  faisceau  extrême* 
ment  résistant  permet  à  la  tète  du  fémur  de  se  porter  librement  ea 
haut  dans  la  fosse  iliaque,  mais,  vu  la  brièveté  de  ce  faisceau,  il 
est  matériellement  impossible  que  la  tête  puisse  se  porter  directement 
en  arrière  sur  l'ischion. 

Celle  pièce  est  intéressante  à  un  autre  point  de  vue  : 

1«  La  tète  du  fémur  est  presque  détruite;  elle  possèdte  à  peiné  le 
tiers  de  son  volume  normal,  elle  est  érodée  et  irrégulière. 

2^  La  fosse  iliaque  externe  présente  une  dépression  considérable, 
régulière,  rappelant  la  forme  d*une  tète  du  fémur  normal.  A  celle 
dépression  correspond  sur  la  face  interne  une  saillie  identique.  L'os 
iliaque  à  ce  niveau  est  très-aminci. 

S**  La  nouvelle  cavité  est  cloisonnée  de  toutes  parts  par  des  brides 
fibreuses  ;  mais  ce  qu'il  y  a  de  plus  remarquable,  c'est  la  présente 
d'une  multitude  de  petites  tumeurs  arrondies,  olivaires,  de  volume 
variable,  les  unes  grosses  comme  une  tète  d'épingle,  les  autres  comme 
un  haricot,  la  plupart  pédiculées,  développées  à  la  surface  de  la  nou- 
velle synoviale. 

4^  La  plupart  des  muscles  qui  entourent  l'articulation  sont  passés  à 
l'état  graisseux. 

5*"  La  tète  du  fémur  est  sortie  entre  le  pyramidal  et  l'obturatecir 
interne. 

6»  Les  deux  humérus  présentent  une  lésion  analogue  à  celle  du 
fémur,  c'est-à-dire  que  la-  tète  est  irrégulière,  diminuée  de  volume  ; 
que  le  cartilage  est  détruit  par  places,  et  la  surface  osseuse  éburnée 
dans  le  mèine  point. 

En  examinant  cette  pièce  sur  le  cadavre,  et  sans  renseignements. 


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—  291  — 

j'ai  d'abord  beaucoup  hésité  à  porter  un  diagnostic.  Était-ce  une 
luxation  pathologique  datapt  de  Fenfance  et  consécutive  à  «ne 
coxalgie? 

Était-ce  une  luxation  traumatiquc  ancienneavec  arthrite  consécutive? 

Les  renseignements,  qu'avait  obtenus  du  malade  pendant  sa  vie 
U.  Quinquaud,  interne  de  M.  Laboulbène,  me  paraissent  de  nature  à 
éclairer  vivement  la  question. 

Ce  malade  a  déclaré  qu'il  y  a  huit  ans,  il  était  tombé  d'une  échelle 
et  avait  été  transporté  à  l'hôpital  où  il  avait  séjourné  deux  mois.  Il 
n'avait  jamais,  a-t-il  dit,  hoiW  jusqtfalbrs,  et  c'est  seulement  depuis 
cet  accident  qu'il  avait  conservé  une  claudication  très-marquée.  Je  dois 
dire  que  les  registres  de  la  Pitié  où  le  malade  a  dit  avoir  été  soigné, 
ne  portent  pas  mention  de  son  nom  vers  celte  époque  ;  mais  on  peut 
admettre  aisément  qu'il  se  soit  trompé  d'hôpital. 

De  plus,  au  pourtçur  de  l'articulation  de  la  hattchei,  la. peau  n'a 
cons(»rvé  aucune  trace  d'abcès  ou  de  trajets  fistuleux  andehs. 

Je  cofielus  donc  de  ce  qui  précède  : 

La  pièce  que  je  vous  présente  est  une  luxation  traumatifue 
ancienne.  Elle  est  iliaque  et  s'accompagne  de  la  conservation  du 
faisceau  antérieur  de  la  capsule.  Elle  présente  en  plus  les  lésions 
propres  à  l'arthrite  sèche,  survenues  consécutivement  à  la  luxation. 

M.  Després.  Je  crois  qu'il  s'agit  là  d'une  luxation  conj^énilale.  Je 
donnerai  mes  raisons  dans  la  prochaine  séance,  empêché  que  je  suis 
de  prendre  la  parole  aujourd'hui  par  mon  état  de  souffrance. 

M.  BaoGA.  M.  TiUaux  a  accepté  bien  facilement  les  renseignements 
qui  lui  ont  été  donnés.  En  réalité  ce  malade  n'est  pas  entré  à  la  Pitié. 

Je  n'irai  pas  jusqu'où  va  M.  Després,  car  il  me  serait  impossible 
cl'affirmer  qu'il  s'agit  là  d'une  luxation  congénitale.  Mais  assurément 
le  développement  du  fémur  n^est  pas  celui  que  l'on  observerait  s'il 
fl^agissait  d'une  luxation  arrivée  il  y  a  huit  ans  seulement  chez  ce 
vieiHard  mort  à  64  ans. 

J'appelle  en  outre  l'attention  sur  là  saillie  que  forme  à  l'intérieur 
du  bassin  la  fosse  iliaque  interne.  D'une  manière  générale,  ce  sont  les 
luxations  congénitales  ou  les  taxations  spontanées  survenues  de  très- 
bonne  heure  qui  donnent  naissance  à  eelte  déformation.  On  ne  la 
trouve  pas  habituellement  à  la  suite  des  luxations  de  l'adulte. 

Je  suis  disposé  à  conclure  tout  au  moins  à  la  contempor^néité  de 
eette  luxation  avec  la  jeunesse  de  cet  individu,  sinon  à  lacongénialitév 

M.  LsroaT.  Je  me  range  complètement  à  l'avis  de  M.  Eroca. 

H.  TtLLAUx.  Je  crois  devoir  maintenir  ma  conclusion  de  luxation 
traoaatique.  Je  ne  croift  pas  à  une  luxaiioa  produite  pendant  la:  jeit^ 


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—  29Î  — 

nesse,  parce  c(ue  la  dépression  de  l'os  îlîaqne  est  trop  grande  pour 
avoir  correspondu  primitivement  à  une  tête  de  fémur  aussi  petite  que 
celle  que  nous  avons  actuellement  sous  les  yeux.  Je  crois  que  la  lésion 
que  nous  observons  sur  la  tête  du  fémur  a  été  consécutive  à  la  luxa- 
lion...  Les  renseignements  ont  été  suffisamment  exacts.  Cet  homme 
a  déclaré  d'une  façon  très-positive  qu'il  était  parfaitement  bien  portaat 
il  y  a  huit  ans. 

COMMUMICATION 


S«r  les  eorps  fibreux  utérins  qui  eompliqaeal  Ja  grossesise 
et  l'aeeoaehenacnt. 


M.  GuENiot.  L'observation  et  les  remarques  que  je  viens  communi- 
quer à  la  Société  sont  relatives  à  un  cas  de  pratique  desplus  graves^ 
des  plus  embarrassants,  et  j'ose  dire  des  plus  redoutables  qoe  le  chi- 
nurgien  puisse  rencontrer.  Une  solutioq  aussi  heureuse  qu'inattendue, 
dans  des  circonstances  exceptionnellement  défavorables,  me  semble 
donner  à  ee  fait  un  intérêt,  tout  particulier.  Auf^si,  voqs  demande- 
rai^je  la  f^ertnission  d'en  exposer,  avec  quelque  détail,  les  particule- 
rites  les  plue  importantes. 

Observation.  —  Accouchement  heureux  par  les  voiei  natureUés 
dans  m  cas  d'obstruction  presque  complète  du  petit  bassin.  ^  Le  5  mars 
dernier,  je  fas  prié  de  donner  mes  soins  à  madame  C...,  alors  enceinte 
de  près  de  sept  mds  et  affectée  de  corps  fibreux  de  la  matrice*  Cette 
dame  âgée  de  40  ans,  d'une  constitution  délicate,  très-aamfgrie  et 
irès-'Soufifrante  de  son  état  de  grossesse,  ne  quittait  plus  son  apparte- 
ment depuis  quatre  mois.  Épuisée  de  longue  date  par  des  p^t<>8 
sanguines  abondantes,  puis  miuée  par  des  acoès  fébriieé  ^jaotîéiens, 
par  des  vomissements  et  une  difficulté  considérable  des  excvétions 
intestinale  et  urinaire,  etc.,  elle  semblait  menacée  de  ne  pouvoir 
atteindre  sans  accident  £atal  le  terme  de  la  grossesse. 

Des  régies  dès  l'origine  prolongées,  trôs*abondantès  et  qui,  dans 
ces  dernières  années,  avaient  atteint  chaque  mois  seize  à  dix-sept 
jours  de  durée;  l'expulsion  habituelle,  à  ces  mêmes  époques,  de  caillots 
sanguins  qui  donnaient  au  flux  menstruel  un  caractère  franchement 
hédiorrbagique  ;  une  première  grossesse  (la  seule  qui  eût  précédé  la 
grossesse  actuelle),  laquelle  se  termina,  il  y  a  dix-huit  ans,  par  la 
eaimance  facile  d'une  fille  qui  mourut  à  l'âge  de  cinq  ans  et  demi;  le 
début  et  l'acorpissemeat  suoeessif  de  plusieurs  corps  fibreux  utérins. 


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—  293  — 

dont  le  premier  fut  ooDstaté  il  y  a  trois  ans;  une  atteinte  de  péritonite 
frme  en  novembre  1866,  péritonite  que  le  regrettable  professeur  Jar- 
javay  jugea  être  la  conséquence  d'une  bématocèle  péri-utérine;  enfin, 
après  un  traitement  prolongé  de  ce  dernier  accident,  Teiristence  d'une 
légère  amélioration  dans  Tétat  général  ;  de  môme  que  la  diminution 
dans  TabonHance  du  flux  de  la  dernière  époque  menstruelle,  époque 
qui  ne  dura  que  huit  jours  au  lieu  de  dix-sept  (du  4  au  12  août 
4867);  telles  sont  les  principales  circonstances  antécédentes  qu'il  con- 
vient de  mentionner. 

Par  Texamen  direct  de  la  malade,  je  constatai  que  son  abdomen 
était  très-proéminent  et  plus  développé  que  ne  le  conaporte  une  gros- 
sesse ordinaire  de  sept  mois;  d'où  une  grande  gêne  des  mouvements 
et  de  la  respiration.  La  matrice  elle-même  était  volumineuse,  inclinée 
en  avant.  Plusieurs  petites  tumeurs  fibreuses,  mobiles  et  dures  se 
reconnaissaient,  à  la  palpation,  dans  l'épaisseur  ou  à  la  surface  de 
ses  parois.  Ces  dernières,  généralement  souples  et  indolores  à  la  pres- 
sion, permettaietit  de  distingiiBSr  assez  nettement  quelques  parties 
fœtales:  Il  me  fut,  toutefois,  alors  impossible  de  préciser  la  situation 
exacte  de  Fenfant. 

A  l'aide  du  loucher,  je  trouvai  une  tumeur  volumineuse,  irrégu- 
lièrement arrondie,  d'une  dureté  élastique,  qui  remplissait  presque 
entièrement  Texcavation  pelvienne.  De  tous  côtés,  le  doigt  rencontrait 
cette  tumeur  qui  repoussait  en  avant  le  col  utérin  et  aplatissait  le  rec- 
tum en  arrière.  Un  intervalle  de  3  centimètres  à  peine  semblait  la 
séparer  des  pubis,  et  c'est  en  ce  point  que  le  col  utérin  très-élevé, 
déformé,  aplati,  se  trouvait  refoulé  contre  la  vessie.  A  sa  partie  infé- 
Tîeure,  la  tunneur  correspondait  au  coccyx;  mais  ses  limites  supé- 
rieures, même  parle  toucher  rectal,  échappaient  à  toute  investigation. 
Sa  situation  en  arrière  et  au-dessous  du  segment  inférieur  de  la 
matrice  explique  comment  le  palper  hypogastrique  ne  me  fournit  éga- 
lement aucune  donnée  à  cet  égard.  Les  pressions  exercées  avec  le 
doigt  à  sa  surface  étaient  douloureuses  et  ne  produisaient  aucun 
déplacement  de  sa  masse.    . 

Il  s'agissait  donc  d'une  tumeur  dure,  volumineuse  et  fixe,  implantée 
sur  la  face  postérieure  de  la  matrice,  probablemetit  vers  la  jonction 
du  corps  et  du  col,  et  anticipant  sur  ce  dernier,  tumeur  située  au- 
dessous  du  péritoine,  refoulant  en  bas  la  muqiieuse  vaginale  et  rem- 
•  plissant  à  peu  près  toute  l'étendue  du  petit  bas.sin.  Cette  tumeur,  à 
n'en  pas  douter,  était  bien  celle  dont  h  professe^ir  Jarjavay  avait, 
pins  d'un  an  auparavant,  constaté  l'existence  et  qu'il  avait  repré-- 
sentée  avec  quelque  exagération  à>  la  malade^  <^n^^®  ^  ayant  le 


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—  294  — 

volume  d'une  tète  d*e&fant  et  la  dureté  du  martïre.  »  ÉTÎdemipe&t, 
c'était  là  une  tumeur  fibreuse  de  Tutérus  qui,  à  moins  de  circonstaflces 
très-exceptionnelles,  mettrait  un  obstacle  absolu  au  passage  de  Feu- 
fant  par  les  voies  naturelles.  L^  seules  éventualités,  en  effet,  qui 
pussent  faire  éviter  l'opération  césarienne  étaient  les  suivantes  : 

io  La  mort  prématurée  du  feBtus,  suivie  d*une  macération  prolongée 
de  ses  parties  dans  le  liquide  aumiotique,  pouvait  provoquer  dans  ces 
derDières  un  ramollissement  tel  qu'elles  devinssent  assez  réductibles 
pour  traverser,  à  la  manière  d'un  linge  mouillé,  un  canal  même  extrè^ 
mement  étroit. 

2*  Quoique  la  grossesse  fût  déjà  fort  avancée  et  que  la  tumeur  fàî 

restée  jusque-là  très-consistante,  celle-ci  cependant  pouvait  encwe, 

avant  l'échéance  des  neuf  mois,  se  ramollir  assez  pour  permettre  une 

réduction  notable  de  son  volume  et,  en  conséquence,  une  augmenta* 

'  tion  proportionnelle  dans  le  calibre  du  canal  rétréci. 

3<*  Enfin,  malgré  son  volume,  sa  fixité  probable  et  «on  espèce  d'en- 
clavement dans  le  petit  bassin,  la  tumeur  pouvait  à  la  rigueur  se 
déplacer  et  remonter  au-dessus  du  détroit  supérieur,  de  manière  à 
rendre  libre  le  canal  pelvien 

Mais  si  de  tels  faits  étaient  possibles,  leur  réalisation  me  paraissait 
si  problématique,  ou  plutôt  si  improbable  qu'il  eût  été  dérsûsonnable 
de  fonder  sur  elle  un  espoir  sérieux.  En  face  d'une  situation  m. 
périlleuse  pour  madame  G...,  je  me  hâtai  de  provoquer  une  consulta- 
tion, et,  le  11  mars,  MM.  Depaul  et  Tamier  voulurent  bien,  après  un 
examen  minutieux  de  la  malade»  m'éclairer  de  leurs  avis.  Il  parut  à 
M.  Depaul  que  l'espace  laissé  libre  entre  la  tumeur  et  les  pubis  était 
peut-être  plus  étroit  encore  que  je  ne  Tai  indiqué  ci-dessus.  M.  Tar- 
nier  exprima  un  certain  espoir  dans  le  ramollissaneut  proebain  de  la 
tumeur.  Bref,  à  part  ces  nuances  d'opinions,  l'état  des  choses  était 
si  nettement  dessiné  que  nous  fûmes  unanimes  pionr  admettre  : 
i'*  qu'il  convenait  de  laisser  la  grossesse  continuer  son  cours  jusqu'à 
terme;  2**  qu'il  serait  toutefois  nécessaire,  à  huit  mois  révidus,  d'ex- 
plorer de  nouveau  avec  soin  la  tumeur,  à  l'effet  de  s'assurer  «i  elle 
n'avait  pas  subi,  soit  dans  sa  consistance,  soit  dans  soti  siège,  quelque 
changement  qui  ()ôt  faire  sérieusement  espérer  un  accouchement  par 
les  voies  naturelles;  3"*  enfin,  qu'en  l'abâence  de  ces  noodificalions 
(toute  réserve  faite,  bien  entendu,  pour  celles  qui  pourraient  encore 
se  produire  dans  le  eours  du  neuvième  mois),  la  section  césarienne . 
était  la,  seule  ressource  qui  restât  pour  délivrer  madame  G...  et,  en 
conséquence,  que  cette  opération  devrait  être,  en  principe,  complète- 
ment décidée  pour  l'éj^oque  du  travail» 


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^906  — 

Le  i4  avril,  c'est-à-dire  à  huit  moig  de  grossesse,  jlei^plariii  de 
noyyeau  minutieusement  et  la  tumeur  et  la  matrice.  Cette  dernière 
était  noti^lement  augmentée  de  Yolume.  Les  petits  fibromes  durs  et 
saillants  de  son  corps  se  distinguaient  aisément,  même  à  roei),  à  tra-* 
vers  la  paroi  abdominale.  Le  liquide  amniotique  paraissait  être  un 
peu  plus  abondant  qu'à  Tordinaire.  L'enfant,  dès  lors,  était  assez 
mobile;  sa  tète  correspondait  à  rbypocondre  gauche  de  la  mère,  son 
extrémité  pelvienne  à  la  fosse  iliaque  droite  et  son  dos  était  dirigé 
vers  rhypocondre  droit.  Le  maximum  des  bruits  du  cœur  s'entendait 
à  droite  ei  au-dessus  de  l'ombilic  La  souplesse  des  parois  utérines 
me  permit  de  déterminer  très-nettement  cette  situation  des  parties 
fœtales. 

Quant  à  la  tumeur  intra-pelvienne,  elle  présentait  exactement  les 
mêmes  caractères  que  précédemment;  eÛe  n'avait,  en  particu- 
lier, subi  aucune  modification  notable  soit  dans  son  siège,  soit  dans 
sa  consistance.  Toute  réserve  faite  pour  le  cas  d'un  déplacement  ulté- 
rieur de  sa  masse  (déplacement  dont  la  possibilité  était  admise,  mais 
dont  la  réalisation  était  à  peu  près  inespérée),  l'opération  césarienne 
fut  donc  définitivement  résolue  pour  le  temps  du  travail. 

L*état  de  santé  de  madame  G...,  déjà  si  alarmant  le  5  mars,  lors 
de  ma  première  visite,  ne  fit  qu*empirer  peu  à  peu  avec  le  cours  de  la 
grossesse.  G^t  à  peine  si,  grâce  à  l'emploi  très-circonspect  de  cer- 
tains médicaments  (calmants,  laxatifs,  eaux  minérales,  toniques,  etc.), 
la  malade  put  obtenir,  avec  quelques  périodes  de  mieux-être  passa-» 
ger,  un  faible  ralentissement  dans  les  progrès  de  l'anémie,  de  l'amai- 
grissement, des  accès  fébriles,  de  la  déperdition  des  forces,  etc.  Ces 
divers  symptômes  finirent,  en  effet,  par  atteindre  leur  degré  le  plus  ' 
extrême.  Une  teinte  jaunâtre  de  la  peau,  une  toux  fatigante  et  l'in- 
somnie qui  en  est  la  conséquence,  vinrent  encore,  sur  la  fin  de  la 
grossesse,  augmenter  la  gravité  du  pronostic.  Un  courage  excep- 
tionnel soutenu  par  de  vifs  sentiments  religieux  et  un  ardent  désir  de 
progéniture,  un  esprit  résolu  et  une  docilité  parfaite  à  suivre  mes 
conseils,  constituaient  en  réalité,  chez  madame  C...,  les  seules  res- 
sourees  qui  permissent  peut-être  de  ne  pas  absolument  désespérer  de 
sa  situation. 

C'est  dans  ces  conditions  que,  le  17  mai  dernier,  après  deux  ou 
trois  jours  de  malaise,  d'insomnie  et  de  fatigue  plus  grande  encore 
que  de  coutume,  la  malade  fut  prise  des  premières  douleurs  de  l'ac- 
couchement, vers  sis  heures  du  matin,  A  huit  heures,  les  membranes 
se  rompirent  brusquement  et  donnèrent  lieu  à  un  écoulement  abon- 
dant de  liquide  amniotique.  De  là,  suspension  presque  complète  du 


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travail  et  SÊntiment  d6  bien-être  chez  la  patiente,  dont  Tabdonlea 
avait  perdu  sa  tension  douloureuse. 

  neuf  heures,  je  constatai  que  la  tumeur  avait  $ubi  un  déplacement 
trèB-sensible  :  elle  était  tnoins  accessible  au  doigt  et  se  trouvait 
refoulée  à  droite  et  en  arrière  de  manière  à  laisser,  derrière  h  pubis 
gaudie,  un  espace  libre  d'environ  6  centimètres.  L'orifice  utérin  avait 
acquis  la  largeur  d'une  pièce  de  cinq  francs,  et  la  mollesse  de  ses 
bords  indiquait  que  sa  dilatation  avait  été  plus  grande.  Quant  à  l'en* 
fant,  dont  j'avais  encore,  une  dizaine  de  jours  auparavant,  reconnu  la 
tête  dans  i'hypocondre  gauche  et  l'extrémité  p^vienûe  dans  la  fosse 
iliaque  droite,  il  se  présentait  manifestement  en  première  position  du 
sommet.  L'exploration  des  sutures  et  fontanelle,  jointe  à  d'autres 
signes,  ne  me  laissa  aucun  doute  à  cet  égard,  il  avait  donc,  depuis 
peu,  effectué  spontanément  une  mutation  complète.  Les  choses  étant 
ainsi,  je  recommandai  à  madame  €...  de  garder  la  position  couchée^ 
afin  d'éviter  une  trop  grande  déperdition  de  liquide  amniotique,  puis 
de  s'incliner  fortement  lors  des  contractions,  sur  le  côté  gauche,  à 
l'effet  de  favoriser,  par  la  déclivité  du  fond  de  la  matrice,  Tascension 
déjà  commencée  de  la  tumeur  pelvienne. 

Vers  deux  heure»  de  l'après-midi,  le  travail  reprit  son  cours  régu- 
lier; les  contractions  étaient  bonnes,  et  Tétai  générai  de  la  malade 
relativement  satisfaisant.  La  tumeur  continua  de  s'élever  peu  à  peu 
vers  l'abdomen  en  déterminant,  à  chaque  contraction,  une  vive  dou- 
leur ou  sorte  de  déchirement  dans  la  région  iliaque  droite.  Je  pensai 
que  ce  phénomène  'était  dû  soit  à  la  rupture  de  quelques  adhérences, 
soit  au  frottement  exercé  par  la  tumeur  dans  son  mouvement  ascen- 
sionnel, et  je  ne  m'en  préoccupai  pas  autrement,  i^a  tête  fœtale, 
retenue  au-dessus  et  en  arrière  du  pubis  gauche,  n'attendait  évidem- 
ment, pour  pénétrer  dans  le  petit  bassin,  que  la  disparition  d% 
l'obstacle.  Aussi,  vers  dix  heures  du  soir,  dès  que  la  tumeur  fut 
remontée  au-dessus  du  détroit  supérieur,  le  sommet  prit  sa  place  et 
descendit  dans  l'excavation  pelvienne  en  première  position.  A  partir 
de  ce  moment,  l'accouchement  suivit  une  marche  ordinaire,  et  à 
deux  heures  du  mattn^  pour  éviter  à  la  patiente  une  prolongation 
fâcheuse  du  travail,  j'appliquai  le  forceps  sur  la  tête,  arrivée  au 
détroit  inférieur.  L'enfant  fut  extrait  en  parfait  état  de  santé  :  il  était 
volumineux,  du  sexe  mascuUn  et  pesait  plus  de  7  livres  (3  kilogr. 
&50  gr).  Quelques  vomissements  glaireux,  un.  sentiment  d'extrême 
faiblesse  chez  la  malade  et  une  difficulté  particulière  dans  l'amincis- 
sement du  bord  antérieur  de  l'orifice  utérin,  telles  sont  les  seules 
autres  parliculaiités  du  travail  qui  méritent  d'être  signalées.  Sa  durée 


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-m- 

totale,  AbstraptioD  fai^  de?,  six  heures  de  suspension,  fut  d'environ 
quatorze  heures. 

Immédiatement  après  rextraction  de  l'enfant,  madame  G...  éprouva 
une  sorte,  d'anéantissement  général  et  de  feu  tniérievr  qui,  joints  à 
une  distension  gazeuse  subite  des  régions  supérieures  de  l'abdomen, 
me  causèrent  la  plus  grande  inquiétude.  Ces  phénomènes  furent  heu- 
reusement de  courte  durée.  L'utérus,  quoique  bien  rétracté,  ne  décolla 
le  placenta  que  tardivement,  et  je  dus  attendre  plus  d'une  demi-heure^ 
avant  d'opérer  la  délivrance  qui,  d'ailleurs,  n'offrit  pas  d'autre  irré- 
gularité. 

Prescription  pendant  les  premiers  jours.  —  Quelques  cuillerées  de 
bouillon  froid,  répétées  de  temps  en  temps  selon  les  désirs  de  la 
majade;  20  centigrammes  d'extrait  de  jusquiame  en  deux  pilules 
(parfois  trois  de  ces  pilules  par  jour);  petits  fragments  de  gîace  à 
fondre  dans  la  bouche;  boire  très-peu.  Onctions  avec  ong.  nap.  bell. 
sut*  le  ventre  et  cataplasmes  recouvrant  toute  l'étendue  de  l'abdomen, 
immobilité  la  plus  complète;  éviter  scrupuleusement  tout  contact  froid 
extérieur;  obscurité  et  silence  absolu.  Gathétérisme  trois  fois  dans 
les  vingt-quatre  heures. 

Le  20  mai,  troisième  jour  de  l'accouchement,  les  seins  commencent 

à  se  congestionner  et,  le  lendemain,  la  fluxion  laiteuse  est  des  plus 

'complètes,  état  des   forces   plus  satisfaisant;    sommeil;   bien-être 

relatif.  Bourrelet  hémorrhoïdal  enflammé,  douloureux;  vulve  lïiodé- 

rément  tuméfiée;  lochies  constamment  normales. 

Le  22,  alors  que  les  seins  tendent  à  filerdrè  leur  tension  doulou- 
reuse, des  tranchées  utérines  violentes  se  manifestent.  Jusque  là, 
aucune  menace  sérieuse  de  péritonite,  le  ventre  étant  sensible  plutôt 
que  douloureux,  et  le  pouls  oscillant  entre  88  et  lOO  à  la  minute; 
mais  rapparitîon  de  ce  nouveau  travail  de  l'utérus,  qui  semblé  vou- 
loir se  débarrasser  des  tumeurs,  provoque  chez  la  malade  de  l'agita- 
tion, de  l'insomnie,  un  peu  de  fièvre  et  un  gonflement  abdominal  du 
plus  fâcheux  augure.  Pendant  vingt-quatre  heures,  ces  tranchées 
résistent  à  l'emploi  des  opiacés,  et  elles  ne  cèdent  enfin  qu'à  Tadmi- 
nistràtion  de  doses  de  plus  en  plus  fortes.  Le  calme  reparaît  alors,  et 
tous  les  symptômes  s'amendent  de  telle  sorte  que,  le  25,  tout  danger 
prochain  semble  avoir  disparu. 

Le  26,  pouls  à  64,  hémorshoïdes  affaissées;  col  utérin  reformé. 
Pour  la  première  fois- depuis  raccoucbemianl,  lèî  tumeur  commence  à 
être  accessible  au  doigt  et  parsdt  vouloir  opérer  son  mouvement  de 
descente.  A  aucun  moment,  elle  n'a  pu  être  nettement  distinguée  par 
la  palpation  de  la  région  bypogastrique.  li  est  vrai  que  celle-ci, 
2«  série,  ^  tomb  ix.  38 


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—  298  — 

constamment  sensible  à  la  pression,  n'a  été  explorée  qu'avec  la  plus 
grande  circonspection.  L'utérus,  tout  irrégulier  de  forme  et  très- volu- 
mineux dans  les  premiers  jours,  s'est  rétracté  peu  à  peu,  et  son  fond, 
incliné  du  côté  gauche,  n'est  plus  éloigné  du  pubis  que  de  six' travers 
de  doigt.     ,    . 

Les  jours  suivants,  l'état  général  ne  cesse  de  s'améliorer  progressi- 
vement; le  sommeil,  l'appétit,  le  bien-être  se  prononcent  de  plus  en 
plus.  La  tumeur  seule,  en  reprenant  graduellement  sa  situation 
ancienne  dans  le  petit  bassin,  provoque  des  tiraillements  et  une  cer- 
taine inquiétude  dans  le  bas-ventre,  des  fourmillements  et  des  crampes 
dans  les  membres  inférieurs,  de  la  douleur  à  la  miction  et  des  pesan- 
teurs incommodes  sur  le  rectum.  Mais  à  partir  du  3  juin,  complète- 
ment réinstallée  dans  l'excavation  pelvienne,  elle  ne  suscite  plus 
d'avitre  malaise  que  celui  qu'elle  déterminait  avant  la  grossesse  et  qui 
résulte  de  certaines  pressions  inévitables  sur  les  organes  pelviens.   , 

Enfin,  le  20  juin,  madame  C...,  complètement  rétablie,  a  repris  un 
peu  d'embonpoint  et  se .  trouve  sensiblement  dans  le  même  état 
qu'avant  sa  grossesse.  Quant  à  la  matrice  et  à  la  tumeur,  voici  dans 
quelles  conditions  elles  se  présentent  aujourd'hui.  La  tumeur,  grosse 
comme  une  tète  de  fœtus  à  terme,  remplit  presque  complètement  le 
petit  bassin  et  se  perçoit,  à  la  palpation,  au-dessus  du  détroit  supé- 
rieur qu'elle  déborde  faiblement.  Elle  est  indolore  à  la  pression,  d'une 
fermeté  élastique  et  ne  se  laisse  pas  déplacer  par  la  pression  du  doigt; 
son  immobilité  paraît  être  complète.  La  matrice  se  trouve  refoulée  en 
avant  et  à  gauche;  son  corps  occupe  la  fosse  iliaque  correspondante 
et  s'élève  à  5  centimètres  au-dessus  du  pubis.  Quelques  inégalités, 
représentant  les  petits  fibromes  constatés  pendant  la  grossesse,  se 
remarquent  à  sa  surface  ;  mais  elles  sont  beaucoup  moins  saillantes 
et  moins  faciles  à  distinguer  que  pendant  l'état  de  réplétion  de  l'uté- 
rus. Le  museau  de  tanche,  situé  derrière  le  pubis  gauche,  est  gro3, 
court  et  inégal;  une  sorte  de  scissure  très- étroite  et  peu  profonde  le 
sépare  de  la  tumeur  qui  l'enveloppe  dans  presque  toute  sa  périphérie. 
D'après  ces  rapportSyil  semble  très-probable  que  la  tumeur  s'implante 
largement  sur  la  portion  supérieure  du  col,  en  arrière  et  à  droite, 
ainsi  que  Texamen  pratiqué  pendant  la  grossesse  l'avait  déjà  fait  sup- 
poser. ^ 

P.-5.  —  Hier,  7  juillet,  j'ai  revu  madame  G...  Sa  santé  s'afiermil 
de  plus  eu  plus,  et  sou  état  parait  être  même  plus  satisfaisant  qu'avant 
la  grossesse.  Le  retour  des  règles  a  eu  lieu  du  25  juin  au  2  juillet, 
sans  douleur  ni  expulsion  de  caillot^.  La  tumeur  conserve  les  mêmes 
caractères  que  le  20  juin. 


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—  299  — 

—Je  ne  m'arrêterai  pas,  Messieurs,  sur  tous  les  points  de  cette  obser- 
vation qui  pourraient  présenter  quelque  intérêt.  Ainsi,  je  ne  dirai  rien 
des  accès  fébriles  quotidiens  dont  la  grossesse  a  été  accompagnée,  ni 
du  long  intervalle  de  dix-huit  ans  qui  a  séparé  les  deut  gestations  de 
madame  C...,  ni  du  changement  de  présentation  opéré  spontanément 
par  le  fœlus,  etc.,  etc.  Mais  |permetlez-moî '  dMnsister  sur  les  cir- 
constances qui,  à  mes  yeux,  offrent  surtout  de  f  importance  au  point 
de  vue  pratique. 

lo  Le  fait  principal  qui,  tout  d'abord,  frappe  Tesprit  dans  la  rela- 
tion précédente,  c'est  assurément  la  guérison  pu,  si  l'on  veut,  le  réta- 
blissement assez  prompt  de  la  malade  après  l'accouchement.  En  effet, 
même  en  l'absence  de  toute  opération  sanglante  propre  à  extraire 
l'enfant,  l'élat  de  souffrance  et  d'épuisement  constaté  chez  madame  C... 
pendant  sa  grossesse,  les  fatigues  inévitables  du  travail,  les  dangers 
d'hémorrhagie  et  surtout  de  péritonite  ne  permettaient  guère  d'espérer 
un  aussi  heureux  résultat.  J'ai  indiqué  plus  haut  quel  fut  le  traite- 
ment institué  en  vue  de  concourir  à  ce  but;  c'est  sur  ce  point  que  je 
désire  fixer  un  instant  voire  attention. 

Malgré  l'état  de  prostration  que  présenta  madame  C...  après  la 
délivrance,  je  m'abstins  de  lui  administrer  des  stimulants,  soit  vin, 
soit  liqueur  ou  cordiaux  sous  une  forme  quelconque.  Consfdérant  que 
l'estomac,  très- susceptible,  fatigué  et  troublé  dans  ses  fonctions  depuis 
plusieurs  mois,  supporterait  mal  de  tels  remèdes,  je  ne  voulus  point 
tenter  d'en  utiliser  l'action.  Bon  nombre  de  praticiens,  en  mon  lieu  et 
place,  eussent  clé  sans  doute  d'un  autre  avis.  Mais  il  m*a  paru  que  le 
vin  généreux  ou  l'eau-de-vie  dont  on  use  aujourd'hui  si  volontiers  en 
pareil  cas,  augmentait  souvent  et  le  malaise  et  la  dépression  dés 
forces  en  provoquant  de  la  pesanteur  d'estomac,  des  aigreurs  et  des 
vomissements.  Sans  doute,  ces  liquides  administrés  avec  une  sorte  de 
parcimonie,  à  la  dose  de  quelques  cuillerées  à  café  par  exemple , 
peuvent  rendre  de  réels  services  s'ils  sont  bien  supportés,  et  je  ne 
voudrais  pas,  en  toute  occasion,  me  priver  d'une  aussi  précieuse  res- 
source. Ce  que  je  veux  dire  ici,  c'est  qu'à  mon  sens  on  est,  de  nos 
jours,  trop  disposé  à  en  exagérer  les  avantages  et  par  conséquent  à  en 
faire  un  emploi  abusif.  Dans  Te  cas  de  madame  C...,  loin  de  tomber 
dans  un  excès  de  ce  genre,  je  me  bornai  à  prescrire  de  la  glace,  de 
l'extrait  de  jusquiame  et  quelques  cuillerées  à  café  de  bouillon  froid, 
toutes  choses  qui,  répétées  à  intervalles  convenables,  furent  bien 
tolérées  par  l'estomac,  provoquèrent  du  sommeil  et  permirent  ainsi 
aux  loi-ces  de  se  relever.  Les  demi- tasses  de  bouillon,  les  potages 
clairs  et  l'eau  faiblement  rougie  ne  furent  conseillés  qu'à  partir 


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—  300  — 

du  troisième  jour.  Si  je  rpentionne  ces  détails  oiinutieux  c'est  que, 
contrairement  aux  idées  régnantes,  je  n'eus  qu'à  m'applaudir, 
sous  tous  les  rapports,  des  résultats  de  cette  parcimonieuse  alimen- 
tation. 

Une  autre  précaution  que  je  ne  puis  non  plus  passer  sous  silence 
(car  dans  ma  conviclion  elle  a  puissamment  concouru  à  faire  éviter 
toute  complication  de  péritonite),  consiste  dans  l'immobilité  presque 
absolue  à  laquelle  la  malade  fut  soumise.  Persuadé  que  rien  n'est 
plus  propre  à  favoriser  la  production  des  accidents  inflammatoires 
que  les  mouvements  de  la  paroi  abdominale,  des  intestins,  de  la 
matrice,  des  muscles  psoas-iliaques,  etc.,  je  mis  un  soin  scrupuleux  k 
prévenir  tout  mouvement  de  celte  sorte,  du  moins  tout  mouvement 
prolongé  ou  brusque.  Gomme  madame  C...  n'ingérait  que  du  bouillon 
et  des  boissons  glacées  en  très- faible  quantité,  et  que  chaque  jour  elle 
prenait  25  à  30  centigrammes  d'extrait  de  jusquiamé,  l'inlestin  se 
maintint  au  repos  et  ne  provoqua  «lucune  évacuation.  Toute  espèce  de 
lavement  fut  proscrit  jusqu'au  huitième  jour,  afin  d'éviter  la  disten- 
sion ou  le  djéplacement  du  gros  intestin.  Les  injections  vaginales  et 
voAm^  les  lotions  vulvaires  furent  pareillement  négligées  à  cause  des 
mouvemepls  que  leur  administration  nécessite.  Enfin,  pour  le  même 
motif,  je  pratiquai  chaque  jour  trois  fois  le  cathétérisme  de  la  vessie, 
jDaGS  explorations  du  vagin  ou  de  l'abdomen  furent  des  plus  réservées 
et  les  changements  de  linge  toujours  accomplis  avec  une  attention 
scrupuleuse.  Bref  1  de  cette  manière  de  faire  en  apparence  systéma- 
tique, il  m'a  paru  résulter  les  plus  grands  avantages,  et  c'est  pour- 
quoi j'ai  cru  devoir  en  dire  ici  quelques  mots. 

2*  Le  déplacement  ascensionnel  de  la  tumeur  pendant  le  travail,  de 
môme  que  sa  descente  dans  le  petit  bassin  après  l'accouchement, 
constitue  un  autre  fait  d'une  grande  importance  clinique  qu'il  con- 
vient d'étudier  dans  ses  causes  et  dans  son  mécanisme.  Qu'un  tel 
phénomène  se  produise  lorsque  la  tumeur  est  pédiculée  et  de  médiocre 
volume,  rien  de  surprenant  puisque  là  science  possède  déjà  plusieurs 
faits  curieux  de  ce  genre.  J'ai  relaté  moi-même  dans  un  autre  travail 
(^Gazette  des  hôpitaua.  1864)  un  cas  semblable,  que  M.  Depaul  et  mo! 
avions  observé  à  la  clinique  d'accouchements.  Mais  lorsque,  comme 
chez  madame  C...,  la  tumeur  présente  un  volume  énorme  et  se  trouve 
pour  ainsi  dire  enclavée  dans  le  petit  bassin  ;  lorsque,  presque  cer- 
tainement sessile,  elle  s'implante  par  une  large  base  à. la  matrice  et 
que,  par  suite  d'une  péritonite  antérieure,  elle  a  pu  contracter  des 
adhérences  avec  les  organes  voisins,  le  fait  de  son  élévation  sponta- 
née au-dessus  du  détroit  abdominal  devient,  au  contraire,  un  phëno- 


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—  3Ô1  — 

mène  singulier  dont,  à  première  idée,  on  soupçonnerait  à  peine   la 
possibilité. 

Comment  donc  cette  ascension  s'est-elle  effectuée? 

La  tumeur,  ai-je  dit,  ^mane  selon  toute  probabilité  de  la  partie  su- 
.périeure,  droite  et  postérieure  du  col  utérin  auquel  elle  adhère  par  une 
large  surface.  Or,  s'il  en  est  ainsi,  l'effacement  du  col  dans  les  der- 
niers jojurs  de  la  grossesse  a  dû  lui  communiquer  déjà  un  certain 
ébranlement;  car,  sous  Tinfluence  des  contractions  indolores  dé  la 
matrice,  le  col  utérin  s*étant  rapetissé  peu  à  peu  jusqu'à  se  trans- 
former en  un  simple  orifice,  n*a  pu  opérer  ce  changement  sans  rétré- 
cir et  tirailler  les  attaches  de  la  tumeur.  Mais  ce  sont  surtout  les 
contractions  énergiques  de  l'utérus  qui,  en.  augmentant  graduelle- 
ment, dans  le  cours  du  travail,  la  dilatation  de  Torifice,  ont  néces- 
sairement exercé  des  tractions  puissantes  sur  le  fibrome.  Celui-ci, 
implanté  sûr  le  bord  même  de  cet  orifice  et  sollicité  par  les  contrac- 
tions du  corps  de  la  matrice,  a  été  finalement  entraîné  au-dessus  du 
détroit  abdominal  en  rompant  les  adhérences  péritonéales  quîl  avait 
pu  accidentellement  contracter. 

Comme  causes  adjuvantes  de  ce  mouvement  ascensionnel,  je  signa- 
lerai sans  y  insister,  parce  qu'il  est  aisé  d'en  comprendre  Taction  : 
1«  récoulement  d'une  grande  quantité  de  liquide  amniotique,  lequel, 
en  produisant  une  déplétion  partielle  de  la  matrice,  provoqua  le 
retrait  des  parois  utérines,  et,  par  conséquent,  à  un  faible  degré,  Télé- 
Valîon  du  segment  inférieur  de  l'organe;  2»  l'attitude  particulière  que 
je  fis  prendre  à  la  malade  pendant  les  contractions,  attitude  qui,  en 
inclinant  le  fond  de  la  matrice  fortement  à  gauche  et  en  avant,  ten- 
dait à  faire  basculer  la  tumeur  qui  occupait  un  point  diainéfralément 
opposé;  30  enfin,  la  présence  d'une  extrémité  de  Tovoïde  fœtal  au 
détroit  supérieur,  extrémité  qui,  pressée  fortement  dé  haut  en  bas 
par  les  contractions  utérines,  s'insinua  peu  à  peu  dans  Tespace  libre 
du  canal  pelvien,  en  même  temps  que  le  fibrome  était  sollicité  dans 
un  send  inverse  par  les  mômes  contractions. 
'  Telle  est,  à  mon  avis,  l'explication  la  plus  plausible  du  phénomène 
dont  îl  s'agit.  En  l'admettant  comme  fondée,  on  voit  que  l'implanta- 
tion sur  le  col  de  la  matrice  d'un  fibrome  sessile  et  gous-pêritonéal, 
loin  d'être  désavantageuse,  paraît  au  contraire  être  plus  favorable 
que  si  elle  existait  sur  la  partie  inférieure  du  dorps  de  cet  organe. 
Dans  le  premier  cas,  en  effet,  l'obstruction  du  petit  bassin  tend  à 
disparaître  par  le  triple  fait  des  contractions  utérines,  de  la  dilatation 
progressive  de  l'orifice  et,  finalement,  de  l'ascension  de  la  tumeur 
au-dessiiB  du  détroit  supérieur,  taAdls  que,  dans  te  second,  eUe  est 


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—  302  — 

sujette  à  persister  en  raison  même  du  point  d'implantation  qui  sous- 
trait la  tumeur  à  Tinfluence  de  ces  causes  de  déplacement. 

3*  Quand  le  canal  pelvien  est  obstrué  par  une  tumeur  utérine,  il 
est  constant  que  la  fréquence  relative  des  diverses  présentations  du 
fœtus  est  considérablement  modifiée.  L'extrémité  pelvienne  ou  le 
tronc  de  Tenfant  s'offre  alors  beaucoup  plus  souvent  au  détroit  supé- 
rieur que  dans  les  cas  de  bonne  conformation.  S'agit-il  d'un  cas  de  ce 
genre?  L'accoucheur  doit  nécessairement  subir  celte  situation  et,  à 
moins  d'une  grande  facilité  à  opérer  la  version  céphalîque,  il  ne  peut 
tenter  Textraction  de  l'enfant  par  les  voies  naturelles  qu'en  agissant 
sur  les  pieds  ou  sur  le  siège.  Mais  lorsque  c'est,  au  contraire,  la  tête 
qui  se  présente,  ne  serait-il  pas  avantageux  de  pratiquer  la  version 
pelvienne,  afin  de  favoriser  ainsi  le  déplacement  de  la  tumeur  soit 
a\ec  la  main  qui  opère,  soit  en  engageant  dans  l'espace  libre  du  bas- 
sin, des  parties  fœtales  progressivement  plus  volumineuses  (jambes, 
cuisses,  partie  inférieure  du  tronc,  etc.)?  C'est  là.  Messieurs,  une 
question  importante  de  pratique  à  résoudre.  J'espère  que  les  exemples 
qui  seront  produits  dans  la  discussion  par  plusieurs  de  nos  collègues, 
serviront  à  jeter  sur  elle  quelque  lumière.  Pour  moi,  quoique  je  sois 
peu  disposé  à  adopter  une  telle  pratique  comme  règle  générale,  je  me 
bâte  d'ajouter  que  jusqu'ici  les  faits  parvenus  à  ma  connaissance  sont 
encore  trop  peu  nombreux  pour  m'autorisera  formuler  nettement  une 
opinion.  L'observation  que  je  viens  de  relater  prouve  du  moins  que 
la  présentation  du  sommet  peut  être  favorable  et  comporter  une 
issue  heureuse  de  l'accouchement 

4"  Pour  terminer  cette  communication.  Messieurs,  permettez-moi 
d'aborder  un  point,  à  mon  avis  très- litigieux,  de  l'histoire  des 
fibromes  utérins j  je  veux  parler  de  la  vascularisation,  de  l'hyper- 
trophie et  du  ramollissement  de  ces  produits  morbides  sous  Vinfluence 
de  la  gestation*  Vous  le  savez,  il  est  généralement  admis  de  nos  jours 
que  la  grossesse  a  pour  effet  ordinaire  de  provoquer  c<^s  diverses 
modifications  dans  les  corps  fibreux  de  la  matrice.  Dernièrement, 
MM.  Depaul,  Tarnier  et  Forget  reproduisaient  ici  même  cette  opinion 
en  l'appuyant  de  leur  autorité*  Moi-même,  dans  plusieurs  publica- 
tions, j'ai  adopté  cette  croyance.  Mais,  je  dois  le  dire,  depuis  lors  plu- 
sieurs observations  personnelles  et  l'examen  plus  sévère  des  fonde- 
ments de  la  doctrine  ont  sensiblement  modifié  mes  idées  sur  ce 
point.  Loin  de  considérer  ces  faits  comme  incontestables,  et  surlout 
comme  constituant  des  phénomènes  commt^ns  de  la  grossesse,  j'esu'noe 
au  contraire  que  leur  réalité  aurait  besoin  encore  d'un  complément 
de  démonstration  et  que  leur  prétendue  fréquence,  en  tout  cas,  n'est 


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—  303  — 

rien  moins  que  scientifiquement  établie.  Afin  d^êviler  toute  confusion, 
je  le  répète,  j*enlends  parler  ici  de  ces  phénomènes  en  tant  que 
dépendants  de  la  gestation  et  provoqués  par  elle. 

Sans  doute,  en  considérant  combien  la  vitalité  de  1* utérus  s'accroît 
pendant  la  grossesse,  combien  ses  vaisseaux,  ses  fibres  et  tous  ses 
éléments  s'hypertrophient  sous  celte  influence,  il  est  naturel  de  penser 
que  les  fibromes  de  cet  organe,  dont  la  constitution  anatomique  res- 
semble tant  à  la  sienne,  participent  plus  ou  moins  à  ce  mouvement 
nutritif  et  subissent,  dès  lors,  des  changements  analogues  dans  leur 
tissu.  C'est  là,  il  faut  en  convenir,  une  présomption  des  plus  fortes  en 
faveur  de  la  doctrine  que  je  discute,  et  qui  n'a  pas  peu  contribué  à 
Tacçréditer.  Mais,  Messieurs,  de  simples  présomptions,  si  fortes 
soient-elles,  ne  peuvent  évidemment,  dans  l'espèce,  légitimer  une 
affirmation.  Il  faut,  pour  cela,  plus  que  des  raisons  à  priori;  il  faut 
des  faits,  et  des  faits  significatifs.  Voyons  donc  qudle  est  la  valeur  de 
ceux  qui  ont  été  produits  en  faveur  de  la  cause. 

Mais  auparavant,  permetlez-moi  encore  de  faire  remarquer  que,  si 
les  circonstances  de  siège  et  de  structure  des  fibromes  utérins  portent 
à  penser  que  la  grossesse  exerce  sur  eux  une  réelle  influence,  il  est 
d'autres  particularités  de  ces  tumeurs  qui  tendent,  au  contraire,  à 
éloigner  de  cette  idée:  telles  sont  ;  1°  l'existence  d'une  couche  cellu- 
leuse  périphérique  qui  isole,  en  quelque  sorte,  le  néoplasme  du  tis&u 
environnant;  2'  l'absence  constante  de  vrai  pédicule  et  de  lien  vascu- 
laire  artériel  propres  à  établir,  entre  la  tumeur  et  l'organe,  une  cer- 
taine continuité.  Aussi,  dans  ces  conditions,  le  fibrome  semble-t-il 
avoir  une  vie  propre,  beaucoup  plus  indépendante  et  individuelle  que 
celle  de  la  matrice  elle-même.  Celle-ci,  en  effet,  se  trouve  presque 
toujours  profondément  influencée  par  la  présence  du  corps  fibreux, 
tandis  que  ce  dernier  ne  paraît  l'être  que  fort  rarement  par  les  modi- 
fications utérines  dues  à  la  grossesse.  C'est  du  moins  ce  que  j'espère 
démontrer  dans  le  cours  de  cette  discussion. 

La  grossesse  provoque-t-eUe  réellement^  dans  les  fibromes  utérinSy 
un  grand  accroissement  des  vaisseaux  sanguinsty  vne  augmentation 
rapide  de  volume  et  un  ramollissement  très-notable  de  tissu  ?  £/,  si  cette 
influence  de  la  gestation  existe,  constitue-t-elle  un  fait  ordinaire  ow,.  au. 
contraire^  un  fait  exceplionnet?  Pour  le  docteur  Ashwel  qui,  l'un  des 
premiers,  a  écrit  sur  ce  sujet  {Ga%.  méd  de  Paris^  1837),  la  solution 
de  ces  questions  ne  serait  pas  douteuse.  «  Les  tumeurs,  dit-il,  se 
ramollissent  vers  les  derniers  mois  de  la  gestation,  l'accroissement  de 
leur  vascularité  conduit'  nécessairement  à  Tinflammation;  une  suppu- 
ration de  mauvais  caractère  se  déclare  et  la  mort  arrive  après  i'ac- 


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-  50^,  - 

couchement.  C'est  là^  je  crois,  ajoute-t-il,  Thistoire  pathologique 
abrégée  de  ces  sortes  de  tumeurs.  »  Mais  pour  appuyer  cette  manière 
de  voir,  quelles  sont  les  preuves  invoquées  par  Fauteur  anglais? 
Quelques  faits,  la  plupart  écourtés  et  d'une  signification,  à  mou  avis, 
fort  douteuse.  Ainsi,  pour  ne  parler  que  des  deux  plus  explicites,  on 
trouve  dans  l'un,  à  Tautopsie,  «  deux  ou  trois  tubercules  d'une  dureté 
cartilagineuse;  deux  autres,  du  volume  d'une  grosse  noix,,  sont  enve- 
loppés d'un  kyste  et  ramollis  dans  Leur  intérieur.  »  D^ns, l'autre 
observation,  on  lit  :  «  Le  tissu  de  la  tumeur  était  peu  vascularisé  ;  à 
sa  face  postérieure,  elle  était  ramollie  et  fissurée,  son  intérieur  offrait 
de  la  matière  purulente  de  mauvaise  nature.  »  Voilà  donc,  au  sujet  de 
la  vascularisalion,  une  simple  et  unique  mention,  et  encore  s*agit-il 
d'une  mention  restrictive  plutôt  que  confirmative;  relativement  à 
l'augmentation  de  volume,  il  n'existe  nulle  indication;  et,  sur  le  fait 
du  ramollissement,  deux  autopsies  seulement  semblent  à  peu  près  pro- 
bantes. Toutefois,  si  l'on  veut  bien  remarquer  que,  dans  Tune,  des 
tubercules  d*une  dureté  cartilagineuse  coexistaient  avec  des  tubercules 
ramollis,  et  d'autre  part  que,  dans  les  deux  obsen'ations,  aucun, 
examen  tendant  à  constater  Tétat  des  tumeurs  avant  la  grossesse  ne 
paraît  avoir  été  pratiqué,  on  sera  nécessairement  conduit  à  restreindre 
la  valeur  de  ces  deux  autopsies  au  sujet  de  la  part  réelle  qui  revient 
à  la  gestation  dans  l'altération  des  tumeurs. 

On  sait,  en  effet,  que  les  fibromes  de  la  matrice  peuvent  se  vascu- 
.  lariser,  s'accroître  rapidement  et  se  ramollir  en  dehors  de  tout  état 
de  grossesse.  Ces  modifications  de  leur  tissu  constituent  même  un  fait 
assez  ordinaire  dans  leur  évolution  naturelle.  Dès  lors,  comment 
affirmer,  le  plus  souvent,  que  les  altérations  trouvées  à  l'autopsie 
dépendent  de  la  gestation,  surtout  si  les  tumeurs  sont  de  date  ancienne 
ou  si,  dans  leur  voisinage,  on  en  trouve  d'autres  qui  offrent  une 
dureté  cartilagineuse?  Comment  comprendre  que  la  grossesse  exerce 
une  action  si  puissante  sur  les  unes  sans  modifier  la  marche  des 
autres  ? 

Qu'on  lise  l'observation  de  M.  Huguier.(BtfZ/.  de  la  Soc,  de  chirurg.y 
1857,  p.  94),  celle  du  docteur  Barnetche,  dont  nous  a  parlé  M.  Forget, 
celle  de  M.  Biot,  publiée  dans  la  thèse  d'agrégation  de  M.  Tarnier,  etc., 
et  Ton  se  convaincra  aisément  que  la  suppuration  ou  le  ramollisse- 
ment central  des  tumeurs  peut  aussi  bien  être  rapporté  à  l'évolution 
naturelle  des  fibromes  qu'à  l'influence  particulière  de  la  grossesse. 
Quant  à  la  tumeur  molle  et  fluctuante,  dont  Cazeaux  a  entretenu  la 
Société  à  la  suite  de  la  communication  de  M.  Huguier  (Bu//,  de  la  Soc, 
de  chirurg.,  1857),  elle  ne  peut  être  ici  mise  en  causé,  puisqu'il  s'agis- 


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—  306  — 

sait  non  point  d'un  corps  fibreux,  mais  bien  d'une  véritable  hyper* 
trophie  du  tissu  utérin.  Il  importe,  d'ailleurs,  dans  cette  question,  de 
tenir  un  grand  compte  du  temps  qui,  parfois,  a  est  écoulé  [entre  l'ac- 
couchement  et  Ja  mort  de  la  femme  ;  car  si  la  grossesse,  en  elle-même, 
n'exerce  sur  la  marche  des  fibromes  qu'une  influence  douteuse,  il  peut 
n'en  être  pas  de  même  des  contusions  produites  dans  le  cours  du  tra- 
vail, de  même  que  des  opérations  nécessitées  par  l'extraction  du  fœtus 
et  des  accidents  inflammatoires  qui,  trop  souvent  alors,  se  manifestent 
dans  le  temps  des  couches. 

En  ce  qui  concerne  Taccroissement  rapide  des  tumeurs,  même 
incertitude  que  pour  le  fait  de  leur  ramollissement.  On  a  cité  des  cas, 
il  est  vrai,  dans  lesquels  des  fibromes  de  petit  volume  avaient  sensi- 
blement grossi  dans  le  cours  de  la  gestation.  Mais  comment  a-t-on  pu 
apprécier  les  vraies  dimensions  de  ces  tumeurs  ?  Évidemment,  ce  n'est 
que  par  le  toucher  vagino-rectal  ou  par  le  palper  abdooodnal.  Or,  avec 
le  premier  moyen,  qui  ne  comprend  que  le  développement  progressif 
de  la  matrice,  son  poids  croissant  et  les  pressions  qu'elle  exerce  sur 
les  viscères  voisins  ne  puissent  rendre  la  tumeur  plus  explorable,  plus 
accessible  au  doigt  et,  par  conséquent,  plus  volumineuse  eu  apparence 
qu'elle  ne  semblait  l'être  en  l'absence  de  ces  conditions?  Lorsqu'on 
explore  les  fibromes  à  travers  la  paroi  abdominale,  semblable  illusion 
peut  aussi  se  produire.  Sur  la  fin  de  la  grossesse,  en  effet,  il  arrive 
que  la  pression  excentrique  de  l'œuf  expulse,  en  quelque  sorte,  de  la 
paroi  utérine,  les  itumeurs  qui  y  sont  incluses.  Celles-ci,  dès  lors, 
devenant  plus  superficielles,  plus  extérieures,  si  je  puis  ainsi  dire, 
paraissent  plus  volumineuses  qu'elles  n'étaient  auparavant,  bien 
qu'elles  n'aient  pas  changé  de  dimensions.  Il  arrive  même  que  des 
fibromes  méconnus  jusque  là  révèlent  ainsi  leur  existence.  Cette  pres- 
sion excentrique  de  l'œuf  et  ses  effets  sur  le  déplacement  des  corps 
fibreux  sont  si  réels  que,  dans  un  cas  (voir  Gaz.  des  Hôp.y  1864, 
p.  240),  nous  constatâmes,  M.  Depaul  et  moi,  chez  une  femme  près 
d'accoucher,  une  large  plaque  dure  qui  occupait  une  grande  partie  de 
la  paroi  antérieure  de  la  matrice.  Cette  espèce  de  gâteau  aplati,  qui 
dissimulait,  pour  ainsi  dire,  l'œuf  derrière  lui,  était  constitué  par  un 
gros  corps  fibreux  que  nous  trouvâmes  parfaitement  sphérique  après 
l'accouchement,  c'est-à-dire  quand  la  cavité  utérine  fut  évacuée.  La 
forme  aplatie  qu'il  offrait  sur  la  fin  de  la  grossesse  était  due  aux  deux 
pressions  en  sens  inverse  de  Tœuf  et  de  la  paroi  abdominale  anté- 
rieur. 

Chez  madame  C...,  dont  j'ai  donné  l'histoire,  les  petites  tumeurs 
qui  occupent  le  corps  de  la  matrice  et  qui.  pendant  la  gestation, 

a»  «Aie.  —  TOMl  IX.  39 


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—  *0«  — 

paraissaient  grosses  comme  des  amandes,  se  reconnaissaient  à  peine, 
quelques  jours  après  raccouchement,  sous  la  forme  de  légères  inéga- 
lités à  la  surface  de  Tutérus.  Or,  pour  moi,  je  n'hésite  pas  à  penser 
que  ce  changement  est  bien  plutôt  le  résultat  d'une  réintégration  des 
tumeurs  dans  Tépaisseur  de  la  paroi  utérine,  que  celui  d'une  atrophie 
consécutive  à  la  gestation. 

Quant  au  premier  fait  que  nous  a  sommairement  relaté  M.  Forget 
dans  sa  communication,  il  me  semble  démontrer  aussi  que  la  grossesse 
n'a  eu,  sur  le  développement  du  fibrome,  qu'une  influence  très-faible 
c«  nulle.  En  effet,  notre  collègue  nous  apprend  qu'une  dame  affectée 
d'une  tumeur  volumineuse  de  l'utérus  devint  successivement  trois 
fois  enceinte,  conduisit  à  terme  ses  trois  grossesses  et  n'eut  de  labo- 
rieux que  le  dernier  accouchement.  Pour  que  les  choses  se  soient 
ainsi  passées,  il  faut  bien  que  l'accroissement  ôë  volume  de  la  tumeur 
se  soit  opéré  avec  lenteur.  Car,  bien  que  M.  Forget  n'ait  pas  indiqué 
le  laps  de  temps  pendant  lequel  ces  trois  grossesses  suivirent  leur 
cours,  ee  n'est  pas  exagérer  en  le  supposant  d'au  moins  trois  anpées. 
Si  donc  la  tumeur  a  grossi  dans  cet  intervalle,  il  n*y  a  rien  là  que  de 
très-conforme  à  révolaticm  habituelle  des  fibromes,  et  je  ne  puis  voir 
dans  ce  cas  un  exemf^e  décisif  de  l'action  de  la  grossesse  sur  la  célé- 
rité de  dévelof^ment  de  ces  sortes  de  tumeurs. 

Que  si,  maintenant,  nous  opposons  à  ces  faits  douteux  le  grand 
nombre  de  ceux  dans  lesquels  la  grossesse  paraît  n'avoir  exercé  aucune 
action  sur  l'évolution  des  fibromes  ;  si,  par  exemple,  nous  rappelons 
le  cas  de  M.  Fallu,  présenté  dernièrement  à  la  Société  par  M.  Depaul, 
de  même  que  celui  dont  je  viens  de  donner  la  relation;  si  nous  invo- 
quons les  faits  de  même  genre  qui  se  trouvent  publiés  dans  la  Gazette 
dtn  Hôpitaux,  4862,  p.  61,  et  1864,  p.  197,  un  autre  présenté,  en 
mars  dernier,  à  la  Société  anatomique  par  M.  Lelong,  etc.,  et  tous 
ceux  dans  lesquels,  à  côté  de  corps  fibreux  plus  ou  moins  altérés,  on 
a  rencontré  de  ces  mêmes  tumeurs  à  l'état  de  dureté  cartilagineuse, 
nous  serons  évidemment  portés  à  conclure  : 

l""  Que  \ai  réalité  des  modifications  imprimées  à  certains  fibromes 
utérins  par  la  gestation,  quoique  très-vraisemblable,  manque  cepen- 
dant encore  d'une  rigoureuse  démonstration  ; 

2"*  Que  l'influence  dont  il  s'agit  étant  supposée  incontestable»  on  ne 
saurait  du  moins  la  considérer  jusqu'ici  que  comme  un  fait  purement 
exceptionnel. 


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—  807  — 

PRÉSENTATION  DE  PIÈGES. 

Tmnear  «areomateiide  enkysté»,  développée  «u  nlveaa  de  Im 
eomnUssiire  du  premier  et  du  deuxième  orteil. 

M.  Marjolin.  La  tumeur  que  j'ai  Thonneur  de  soumettre  à  votre 
^  eiamen  a  été  enlevée  il  y  a  quelques  jours  chez  un  malade  d'une  cin- 
quantaine d'années.  Il  y  avait  cinq  à  six  ans  que,  sans  cause  connue, 
sans  avoir  reçu  de  contusion  sur  le  pied  et  sans  avoir  été  blessé  par 
une  chaussure,  il  avait  vu  survenir  au  niveau  de  la  commissure  du 
premier  et  du  deuxième  orteil  une  petite  tumeur  molle,  indolente, 
sans  changement  de  couleur  à  la  peau,  sans  développement  insolite 
des  veines.  Aucun  changement  appréciable  n'avait  eu  lieu  au  début, 
mais,  depuis  deux  ans,  le  volume  de  la  tumeur  avait  notablement  aug- 
menté; elle  avait  la  grosseur  de  la  moitié  d'une  noix,  s'étendait  en 
arrière  entre  les  deux  premiers  métatarsiens,  sans  plonger  dans  leur 
intervalle,  et  était  devenue  très-douloureuse  dans  la  marche.  Le  ma- 
lade pouvait  encore  porter  des  chaussures,  mais  il  en  souffrait. 

La  peau,  dans  ces  derniers  temps,  était  devenue  rouge,  un  peu  adhé- 
rente. Bien  que  l'examen  de  la  tumeur  fût  très- douloureux  au  tou- 
cher, je  dus,  avant  de  prendre  un  parti,  examiner  si  elle  était  mobile 
ou  adhérente  aux  tissus  voisins,  et  chercher  à  déterminer  sa  nature. 
S'agissait-il  d'un  kyste,  d'un  lipome  ou  d'une  tumeur  sarcomateuse? 
Telle  était  la  question.  Après  avoir  constaté  sa  mobilité,  l'absence  de 
toute  fluctuation,  je  pensai  qu'en  présence  des  douleurs  ressenties  par 
ce  mal  ade,  nous  devions  avoir  affaire  à  une  tumeur  sarcomateuse,  et 
j'incliaai  d'autant  plus  vers  celte  opinion  que  je  me  rappelai  un  cas 
presque  semblable  que  j'avais  vu  dans  le  service  de  Blandin  et  démon 
père  à  l'hôpital  Beaujon.  En  conséquence,  j'engageai  le  malade  à  se 
faire  opérer  le  plus  tôt  possible.  Je  pratiquai  l'extraction  de  la  tumeur 
assisté  de  M.  Chaume,  interne  de  mon  service.  Après  avoir,  par 
l'anesthésie  éthérée  locale,  diminué  la  sensibilité  de  la  peau,  je  fis 
une  incision  elliptique,  et  la  tumeur  put  être  très-facilement  énuclée. 
Elle  ressemblait  assez,  comme  vous  le  voyez,  à  une  prostate;  sa  cou- 
leur était  d'un  rouge  violet;  la  membrane, d'enveloppe  était  assez  ré- 
sistante. L'opération  fut  aussi  simple  que  possible.  En  examinant  à 
l'oeil  nu  sa  coupe,  elle  présentait  tout  à  fait  Taspecl  des  tumeurs  fon- 
gueuses sarcomateuses,  ce  qui  est  toujours  à  considérer  au  point  de 
vue  du  pronostic. 

L'examen  de  la  pièce  a  été  fait  depuis  par  M.  le  doeteur  Corail,  et 
Toici  ce  qu'il  m'a  écrit  à  ce  sujet  : 


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~-  308  — 

«  La  petite  tumeur  que  vous  nous  avez  envoyée  présente  par  le  ra- 
clage des  petits  éléments  fîbro-plastiques  et  de  grosses  cellules-mères 
à  prolongements  irréguliers,  semblables  aux  éléments  décrits  par 
M.  Robin  sous  le  nom  de  myéloplaxes.  Sur  une  coupe  on  trouve 
d'énormes  noyaux  à  parois  très-minces,  remplis  de  sang,  et  un 
tissu  composé  des  éléments  précédents  dans  une  substance  fondamen- 
tale et  Gbrillaire. 

K  En  résumé,  c'est  un  sarcome  :  comme  gravité  il  faut  craindre  une 
récidive  sur  place  et  se  regarder  comme  très-heureux  si  raffection  ne 
repullule  pas.  » 

La  séance  est  levée  à  cinq  heures  et  demie. 

Le  Secrétaires  D^  Léon  Labbé. 


SÉANCE    DU    15    JUILLET    1868 
Présidence  de  H.  LEGOVEST 

Le  procès-verbal  de  la  précédente  séance  est  lu  et  adopté. 

CORRESPONDANCE   - 

La  correspondance  comprend  : 

—  Les  journaux  de  la  semaine. 

—  UArl  dentaire, 

—  Le  Journal  de  Médecine  et  de  Chirurgie  pratique», 

—  Le  Stfd  médical  (de  Marseille). 

—  H.  Duplay  offre  à  la  Société  le  premier  fascicule  du  tomelll  du 
Traité  élémentaire  de  pathologie  externe^  commencé  par  M.  FoUin.  La 
Société  remercie  Tauteur. 

DISCUSSION. 

liaxatlens  de   la  hanehe. 

M.  Després.  La  pièce  présentée  par  M.  Tillaux  me  paraît  être  une 
luxation  cougéniale.  Je  me  fonde  sur  plusieurs  caractères  de  cette 
luxation.  D'abord,  je  n'ai  point  trouvé  dans  le  traclus  fibreux,  donné 


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—  309  — 

comme  un  vestige  de  la  capsule,  uq  débris  de  capsule.  Autant  que 
mes  souvenirs  me  le  rappellent,  ce  tractus  fibreux  renfermait  du 
muscle  et  ne  s'insérait  pas  sur  l'épine  iliaque  antérieure  et  inférieure. 
Il  y  a  une  capsule  nouvelle  complète,  et  il  n'y  a  pas  d'arthrite  sèche 
dans  la  cavité  nouvelle,  comme  cela  a  lieu  dans  les  luxations  an- 
ciennes. J'ai  remarqué  aussi  sur  cette  pièce  la  déformation  triangulaire 
de  la  cavité  cotyloïde,  l'élévation  du  pubis,  ce  qui  constitue  deux 
caractères  de  la  luxation  congéniale.  M.  Anger  a,  dans  son  Iconogra» 
phie  des  maladies  chirurgicales,  représenté  la  pièce  d'une  luxation 
très-ancienoe.  La  cavité  cotyloïde  était  remplie  de  graisse;  la  nouvelle 
cavité  était  aussi  remplie  de  graisse,  et  il  y  avait  de  l'arthrite  sèche. 
Je  regrette  que  la  pièce  ne  soit  pas  ici,  j'aurais  sans  doute  mieux 
expliqué  ma  pensée;  mais  autant  que  cela  peut  être  affirmé  quand  les 
antécédents  font  défaut,  je  crois  que  M.  Tillaux  nous  a  présenté  une 
luxation  congéniale. 


PROPOSITION  RELATIVE  AUX  VACANCES. 

Une  proposition  relative  à  la  question  des  vacances,  et  appuyée  par 
plusieurs  membres,  est  déposée  sur  le  bureau. 

Une  discussion  s'engage  alors  entre  plusieurs  membres  :  MM.  Broca, 
Trélat,  Dolbeau,  Marjolin,  Chassaiguac. 

M.  Broca  fait  observer  que- les  vacances  ont  été  décidées  Tannée 
dernière,  et  qu1l  n*y  a  pas  lieu  de  revenir  sur  ce  sujet.  M.  Dolbeau 
rappelle  que  la  Société  n'a  pas  été  convoquée  régulièrement,  que  ses 
délibérations  ont  eu  lieu  à  un  moment  oii  elle  n'était  pas  en  nombre, 
et  que,  par  conséquent,  cette  (piestion  doit  être  soumise  de  nouveau 
à  la  discussion. 

Après  quelques  paroles  encore  échangées  à  ce  sujet,  la  Socîélé, 
consultée,  décide  que  cette  question  sera  mise  à  l'ordre  du  jour  de  la 
prochaine  séance  et  traitée  en  séance  publique. 

PRÉSENTATION  d' INSTRUMENT. 

M.  Blot  présente,  de  la  part  de  M.  le  ^octeur  Morales  :  !•  un  for- 
ceps auquel  celui-ci  a  fait  subir  une  modi6cation  qui  consiste  à  avoir 
coudé  l'instrument  au  niveau  de  sa  partie  articulée;  2''  un  porte-lacs 
particulier. 

M.  Tarnibr.  Je  trouve  peu  utile  de  chercher  à  créer  des  instru- 
ments pour  faciliter  le  glissement  du  lacs.  Avec  la  main  seule,  on 


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—  810  ~ 

peut  porter  le  lacs  sur  le  pied  jusque  dans  l'utérus.  J*ai  exéeuté  plu-^ 
meurs  fols  cette  mane&uyre  très-facilement.  Je  fais  an-nœud  coulant 
arec  le  lacs,  et  je  porte  celui-ci  sur  mes  doigts  jusque  sur  la  partie  à 
saisir. 

M.  Blot.  Dans  Tapplication  du  lacs,  la  difficulté  ne  consiste  pas  à 
introduire  celui-ci  autour  du  pied,  mais,  le  plus  souvent,  à  le  serrer. 
Peut-être,  dans  ce  dernier  temps  de  la  manœuvre,  Tinstrument  de 
M.  Morales  pourrait  rendre  service. 

M.  Dbpavl.  Je  pense  que  le  besoin  de  la  modification  apportée  au  for* 
ceps  par  notre  confrère  ne  se  faisait  pas  sentir. 

Quant  à  ce  qui  a  trait  au  lacs,  je  suis  un  peu  de  Tavls  de  M.  Blot 
contre  M.  Tarnier.  Cela  n'est  pas  facile  de  faire  passer  le  nœud  coup- 
lant de  sur  ses  doigts  sur  la  partie  qu'on  veut  saisir.  Le  lacs  est 
encore  plus  difficile  à  placer  sur  la  main,  et  j'ai  vu  M.  Dubois  ê'j 
reprendre  à  six  fois. 

Dans  un  voyage  que  j'ai  fait  en  Belgique,  j'ai  vu  un  porte-cordon 
construit  sur  les  indications  de  M.  Hyernaux.  Il  consiste  en  une 
espèce  de  petite  fourche  qui  supporte  le  lacs  et  parait  quelquefois  pou- 
voir rendre  service. 

En  résumé,  tous  ces  instruments  peuvent  être  utiles  dans  quelques 
cas  exceptionnels,  mais  le  plus  ordinairement,  la  main  suffit. 

DISCUSSION. 

Corps  fibreux   4e  l'atém». 

M.  GuTON.  J'ai  été  étonné  en  entendant  les  conclusions  du  travail 
lu  par  M.  Guéniot  dans  la  dernière  séance.  Il  m'a  paru  que  notre  con- 
frère tombait  dans  l'exagération  en  voulant  nier  les  modifications 
dont  les  corps  fibreux  peuvent  être  le  siège  pendant  la  grossesse. 

Je  veux  vous  entretenir  d'un  fait  que  j'ai  observé  tout  récemment 
et  qui  ne  s'accorde  pas  du  tout  avec  la  manière  de  voir  de  M.  Guéniot. 

U  s'agit  d'une  femme  qui  porte  un  corps  fibreux  depuis  quelques 
mois  seulement,  suivant  elle,  mais  très-probablement  depuis  beau- 
coup plus  longtemps.  Il  s'agit  d'un  corps  fibreux  interstitiel,  l'utérus 
est  en  rétroversion  et  le  col  çst  porté  en  avant,  derrière  les  pubîs. 

Cette  femme  venait  à  l'hôpital  pour  y  être  soignée  d'une  rétention 
d'urine.  Lorsque  je  pratiquai  le  toucher,  je  pensai  d'abord  à  «ne 
grossesse;  mais  celte  femme  m'affirma  qu'elle  était  très-bien  réglée  et 
que  les  règles  viendraient  sans  doute  le  lendemain. 

Les  règles  vinrent  en  effet. 


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r 


Lorsque  la  période  menstnielle  fut  passée,  je  constatai  que  la 
tameur  était  beaucoup  plus  dure  et  avait  diminué  de  volume.  Au 
débat,  il  était  impossible  de  pratiquer  la  réduction  de  latâmeur, 
tandis  que  cela  devint  très-focile,  tme  fois  Fépoque  menstruelle 
passée. 

Il  est  bien  évident  qu'à  chaque  période  des  règles,  cette  tumeur 
devenait  plus  volumineuse  et  donnait  naissance  à  une  rétention 
d'urine. 

En  rapprochant  ces  faits,  je  crois  pouvoir  conclure  que,  même  pen- 
dant la  période  menstruelle,  un- corps  fibreux  peut  être  modifié;  mais 
assurément,  pendant  la  grossesse,  des  modifications  analogues 
peuvent  avoir  lieu,  et  parmi  les  faits  de  cette  nature,  celui  cité  par 
M.  Danyau  est  un  des  plus  complets.  Ce  corps  fibreux  avait  pris 
un  développement  considérable  pendant  les  premiers  mois  de  la  gros- 
sesse. 

La  séance  est  levée  à  quatre  heures  trois  quarts. 

Le  iscrékÀref  D*^  Léon  Laibb. 


s£aNOE    du    %%    JUILLET    1868 
PrësicleMe  d«  M.  L.EeOUEST 

CORRESPOND  AMGB 

la  correspondance  comprend  : 

—  Les  journaux  de  la  semaine.  —  Le  BMelm  de  thérapeutique.  — 
La  Gazette  médicale  de  Strasbourg.  -<-  Le  Journal  de  médeme  de 
fOueet. 

• 

A  la  suite  d'une  discussion  sur  la  proposition  de  suspendre  les 
■éances  pendant  la  durée  des  vacances,  discussion  à  laquelle  prennent 
part  MM.  Marjolin^Ghassaignac,  Trélat,  Yerneuil,  Depaul,  Giraldès  et 
Leiati,  la  Sodété  décide  ^u'ona  GoBiiniBBioQ  set  a  noBimée  fnur  faire 
BB  rapport  sur  <ett*que«tm. 


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—  312  — 


LECTURE. 


M.  Baillt  lit  un  mémoire  sur  un  cas  de  corps  fibreux  de  i'utérus 
accompagné  de  rétroversion  momenlanée  de  la  matrice  pendant  les 
règles. 

La  séance  est  levée  à  six  heures  et  demie. 

Le  secrétaire^  D'  Léon  Labbb. 


SÉANCE     DU     29     JUILLET    1868 
Présidenee  de  III.  L.ESOIIEST 

Le  prooès-verbal  de  Ja  précédente  séance  est  lu  et  adopté. 

RAPPORT. 

M.  SÉE  donne  lecture  d'un  rapport  sur  un  mémoire  de  M.  Giraud- 
Teulon,  sur  l'accommodation  de  l'œil.  Le  mémoire  et  le  rapport  sont 
renvoyés  aux  archives. 

JBLBCTION. 

La  Société  nomme  une  Commission  chargée  d'étudier  la  question 
du  congé  annuel.  Après  plusieurs  tQurs.de  scrutin^  sont  nommés  à  la 
majorité  absolue  : 

MM.  Guérin,  Broca,  Tréiat,  Legouest,  Yerneuil. 

PRÉSENTATION  DE  PIEGE. 

M.  Yerneuil  présente  une  pièce  pathologique  provenant  d*un  ma- 
lade âgé  de  5  à  6  ans,  atteint  de  décollement  épiphysaire  de  l'extrémité 
inférieure  du  fémur,  pour  lequel  il  pratiqua  l'amputation  de  la  cuisse. 

.  DISCUSSION. 

Sar  les  eorps  fibreux  de  l'utérns  eomme  obstaele 
â  raeeouehement» 

M.  DsPAUL.  Dans  une  de  vos  dernières  séances,  M.  Guéniot  vous  a 
communiqué  une  très*intéressante  observation  relative  à  un  fibrome 


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^  3lg  — 

utérin  saillant  du  côté  de  la  cavité  péritonéale,  en  grande  partie  en- 
gagé dans  Texcavation  pelvienne,  et  qui,  par  son  volume,  avait  fait 
crainidre  les  plus  graves  complications  pour  le  moment  de  raccouche- 
ment.  Vous  n'avez  pas  oublié  comment  les  efforts  naturels  suffirent  à 
dissiper  des  craintes  pourtant  bien  légitimes,  et  comment  la  malade 
accoucha,  sans  grande  difficulté,  d'un  enfant  vivant  et  parfaitement 
viable. 

Je  vienç  aujourd'hui  vous  demander  la  permission  de  vous  sou- 
mettre une  observation  qui  a  la  plus  grande  analogie  avec  la  précé- 
dente, et  qui  a  eu  une  terminaison  non  moins  heureuse. 

L'étude  et  l'interprétation  de  ces  deux  faits,  leur  comparaison  avec 
quelques  autres  que  possède  la  science,  ou  avec  ceux  que  j'ai  pu  déjà 
recueillir  dans  ma  pratique,  me  permettront,  j'espère,  d'apporter 
quelque  lumière  dans  une  question  d'obstétrique  encore  obscure  et 
qui  est  digne,  sous  tous  les  rapports,  de  fixer  l'attention  des  chi- 
rurgiens. 

Voici  d'abord  cette  observation  : 

Fibrùmeg  utérins  péritonéaux  muUipleSy  compliquant  une  première 
grossesse,  l'un  d'jBux  obstruant  presque  cemplétement  V excavation,  — 
ÂccQuchemenl  spontané  et  heureux  pour  la  mère  et  pour  Venfant,  -— 

Madame  L»..,  femme  d'un  peintre  distingué,  âgée  de  36  ans,  mariée 
depuis  six  ans  environ,  avait  toujours  eu  une  excellente  santé,  et  à 
part  quelques  irritations  intestinales,  on  pouvait  la  considérer  comme 
une  femme  forte  et  robuste. 

Sa  mère  avait  eu  huit  grossesses,  dont  trois  doubles.  Quant  à  elle, 
elle  fut  réglée  à  l'âge  de  13  ans  sans  aucune  difficulté,  et  depuis  cette 
époque  la  menstruation  suivit  une  marche  régulière.  L'écoulement 
sanguin  ne  durait  que  trois  ou  quatre  jours  chaque  mois  et  était  peu 
abondant  et  ne  donnait  d'ailleurs  lieu  à  aucune  douleur  abdomi- 
nale ou  utérine. 

Les  cinq  premières  années  de  son  mariage  se  passèrent  sans  qu'elle 
devint  enceinte.  Je  dois  dire  cependant  que  cela  dépendait  probable- 
ment, non  pas  d'un  état  utérin  qui  aurait  rendu  la  conception  difficile, 
mais  bien  de  dispositions  particulières  prises  par  le  mari,  qui  préfé- 
rait se  réserver  pour  plus  tard  les  douceurs  de  la  paternité.  Je  me  suis 
cru  autorisé  à  commettre  cette  petite  indiscrétion  pour  qu'on  ne  se 
livrât  pas  à  des  interprétations  erronées. 

La  dernière  apparition  des  règles  avait  eu  lieu  le  30  août  1867. 
Déjà  vers  la  fia  du  mois  de  septembre  elle  éprouvait  du  malaise  et  des 

t"  série.  —  TOU  UL.  40 


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besoins  fréquents  d'uriner,  surtout  la  nuit.  Dans  le  milieu  du  mois 
d'octobre,  des  troubles  dans  les  fonctions  digestives  commencèrent  à 
se  manifester.  Dégoût  pour  les  aliments,  dyspepsie,  etc.  A  la  fin  de 
ce  mois,  un  vomissement  eut  lieu  le  matin,  à  jeun.  Au  commencement 
de  novembre,  madame  L...  étant  alors  à  la  campagne  (en Bourgogne), 
reconnut  qu'elle  avait  une  tumeur  dans  le  ventre.  Un  médecin  de  la 
localité  fut  consulté  et  ne  lui  cacha  pas  que  le  cas  lui  paraissait  très- 
embarrassant.  Toutefois  il  émit  Topinion  qif  il  y  avait  probablement 
une  grossesse  compliquée  d'une  maladie. 

De  retour  à  Paris,  elle  demanda,  le  25  novembre,  les  conseils  de 
M.  le  docteur  Lorain,  qui  était  depuis  longtemps  le  médecin  et  Tarai 
de  la  famille.  Celui-ci  reconnut  la  présence  de  tumeurs  fibreuses  dans 
Tabdomen  et  le  bassin,  et  il  conseilla  d'aller  consulter  M.  Nélaton, 
qui,  de  son  côté,  constata  les  tumeurs  et  soupçonna  la  grossesse,  sans 
toutefois  pouvoir  en  obtenir  la  preuve  certaine.  Aussi  il  recommanda 
de  ne  rien  faire  pour  le  moment  et  d'attendre  qu'on  fût  fixé  sous  ce 
dernier  rapport. 

Du  12  au  44  janvier,  madame  L...  sentit  les  premiers  mouvements 
de  son  enfant,  et  le  25  février  M.  Lorain  entendit  très-nettement  les 
battements  du  cœur  fœtal.  Le  doute  n'étantplus  possible  et  notre  con- 
frère comprenant  toute  la  gravité  de  la  situation,  voulut  bien  réclamier 
mes  conseils. 

Le  14  mars  de  cette  année,  il  accompagna  madame  L...  chez  moi, 
et  tous  deux  me  donnèrent  les  renseignements  que  je  viens  de  relater. 
J'ai  déjà  dit  que  la  dernière  époque  des  règles  remontait  au 
30  août  1867;  mais  j'appris  en  outre  qu'il  y  avait  des  raisons  toutes 
particulières  pour  admettre  que  la  conception  avait  eu  lieu  le  8  sep- 
tembre. Je  pus  donc  établir  qu'au  moment  de  mon  premier  examen  la 
grossesse  était  arrivée  à  six  mois  et  une  semaine. 

Il  me  fut  d'abord  facile  de  m' assurer  de  sa  réalité.  Une  ligne  brun 
foncé,  s'élargissant  au  niveau  de  l'ombilic,  existait  sur  le  trajet  de 
ligne  blanche.  Le  ventre,  sur  lequel  je  reviendrai  bientôt,  était  nota- 
blement développé,  mais  avait  une  forme  insolite.  Les  seins,  fermes 
et  volumineux,  offraient  des  aréoles  et  des  mamelons  colorés  en 
brun  foncé.  Les  tubercules  papillaires  étaient  plus  gros  que  d'habitude. 
Enfin,  pour  épargner  des  détails  inutiles,  je  dirai  que  par  l'ausculta- 
tion j'entendis  les  battements  du  cœur  fœtal  un  peu  au-dessous  de 
l'ombilic  et  le  bruit  de  souffle  utérin  dans  la  région  latérale  gauche. 

A  la  simple  inspection,  la  conformation  de  l'abdomen  offrait  quelque 
chose  d'inaccoutumé.  En  avant  et  un  peu  à  gauche,  à  deux  doigts  de 
l'ombilic,  on  voyait  se  dessiner  une  bosselure  arrondie  que  la  palpa- 


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—  315  — 

tion  nie  montra  bienlôt  être  mobile  et  que  je  pus  alternativement 
incliner  à  droite  et  à  gauche  en  la  faisant  glisser  entre  l'utérus  et  les 
parois  abdominales.  Celle  bosselure,  assez  régulièrement  arrondie, 
avait  le  volume  d'une  mandarine  et  tenait  par  un  pédicule  à  gauche 
de  la  paroi  antérieure  de  la  matrice.  Sa  consistance  assez  ferme  don- 
nait la  sensation  des  corps  fibreux  ordinaires.  Dans  une  région  un  peu 
plus  élevée  et  à  peu  près  sur  la  ligne  médiane,  je  découvris  un  autre 
iBbrôme  ayant  environ  la  grosseur  de  l'extrémité  du  pouce,  arrondi  à 
son  sommet,  faisant  une  saillie  d'à  peu  près  2  centimètres,  plus  dur 
que  le  précédent,  enchâssé  par  une  large  base  dans  le  tissu  utérin  et 
complètement  immobile.  Entre  ces  deux  tumeurs  et  dans  toute  la  région 
latérale  gauche,  les  parois  de  la  matrice  présentaient  leur  souplesse 
ordinaire.  Mais  à  droite  et  en  bas,  au-dessus  de  la  branche  horizon- 
tale du  pubis  de  ce  côté,  je  sentis,  s'élevant  jusqu'à  deux  doigts  de 
l'ombilic,  une  masse  épaisse  s'étendant  vers  la  fosse  iliaque  droite  et 
tenant  à  la  partie  correspondante  de  l'utérus,  dont  elle  était  manifeste- 
ment une  émanation.  On  ne  pouvait  lui  communiquer  aucun  mouve- 
ment spécial,  et  elle  ne  subissait  d'autres  déplacements  que  ceux  qu'on 
imprimait  à  l'utérus  tout  entier.  Il  était  évident  qu'il  tenait  au  tissu 
utérin  par  une  large  basé.  Sa  consistance,  ferme.  Tétait  cependant  un 
peu  moins  que  celle  des  deux  fibromes  précédemment  décrits.  Tout 
indiquait  d'ailleurs  que  cette  masse  plongeait  dans  la  cavité  pelvienne 
avec  une  partie  du  segment  inférieur  de  la  matrice. 

Le  toucher  vaginal  me  permit  de  constater  en  effet  que  les  deux 
tiers  de  l'excavation  étaient  occupés  par  une  prolongation  de  cette 
tumeur  qui,  par  sa  partie  inférieure,  descendait  presque  jusqu'à  la 
branche  ischio-pubienne  droite,  en  rapport  par  sa  surface  externe 
avec  la  région  latérale  droite  du  bassin  et  empiétant  même  un  peu  en 
arrière  sur  le  côté  opposé.  Comme  elle  était  un  peu  plus  épaisse  à  sa 
partie  supérieure,  il  en  résultait  que  l'obstruction  du  bassin  allait  en 
augmentant  de  bas  en  haut.  Cette  portion  pelvienne  de  la  tumeur  me 
parut  un  peu  plus  souple  que  la  partie  qui  dépassait  le  pubis.  Elle 
était  complètement  immobile,  et  les  efforts  que  je  fis  pour  la  soulever 
restèrent  infructueux.  Le  col  de  la  matrice,  très-élevé,  fut  difficile- 
ment atteint.  Il  était  fortement  rejeté  à  gauche  et  en  arrière  et  eomme 
accolé  à  la  paroi  correspondante  du  bassin.  Peu  long  et  déjà  ramolli, 
il  semblait  sortir  de  la  masse  fibreuse  avec  laquelle  il  était  très-inti- 
mement uni  par  toute  sa  région  gauche.  Aucune  partie  fœtale  n'était 
accessible. 

Arrivé  à  ce  point  de  mon  examen,  je  me  crus  suffisamment  rensei- 
gné pour  établir  mon  diagnostic.  Il  était  évident  que  j'avais  sous  les 


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yeux  une  femme  grosse  (fnn  peu  plus  de  six  mois  avec  un  utérus  à 
la  surface  externe  duquel  proéminaient  plusieurs  corps  fibreux.  J'ai  à 
peine  besoin  de  dire  que  toutes  mes  préoccupations  se  portèrent  sur 
celui  que  j'ai  décrit  en  dernier  lieu  et  qui  obstruait  déjà  ie  bassin 
dans  de  si  grandes  proportions.  Je  n'eus  pas  de  grands  efforts  à  faire 
pour  communiquer  mes  inquiétudes  à  M.  Lorain,  qui  avait  déjà  com- 
pris toute  la  gravité  de  la  situation. 

A  partir  de  ce  moment,  il  fut  décidé  que  je  prendrais  la  direction 
de  la  malade,  et  comme  j'étais  très -désireux  d'étudier  avec  grand 
soin  ce  fait  intéressant,  je  demandai  à  la  voir  tous  les  quinze  jours. 
C'est  ce  qui  eut  lieu,  en  effet,  à  partir  du  14  mars.  Madame  L...,  qui 
comprenait  très-bien  sa  position  exceptionnelle,  vint  régulièrement 
cbez  moi,  et  à  chacune  de  ses  visites  je  recommençais  un  examen 
complet.  Il  devint  très-évident  que  les  trois  fibromes  s'accroissaient 
dans  une  proportion  notable  et  que  celui  qui  s'engageait  dans  te  bassin 
j  occupait  une  place  de  plus  en  plus  grande.  Chaque  fois  je  trouvais 
un  peu  diminué  l'espace  qui  existait  à  gauche  et  en  arrière,  et  le  col 
devenait  plus  difficile  à  atteindre.  Je  pus  noter  en  même  temps  que  la 
consistance  de  la  masse  pelvienne  diminuait.  Pareille  modification  se 
produisait  pour  la  tumeur  pédiculée.  La  petite  tumeur  à  base  large 
resta  beaucoup  plus  dure. 

Après  deux  mois  d'observation,  ne  voyant  aucune  modification 
favorable  se  manifester  qui  permît  d'espérer  une  terminaison  heu- 
reuse, je  résolus,  dans  l'intérêt  de  la  malade  et  aussi  poli^  mettre  ma 
responsabilité  à  couvert,  de  provoquer  une  consultation.  La  famille 
m' ayant  laissé  toute  latitude,  je  priai  MM.  Nélaton,  Loraln,  Tarnier 
et  Guéniot  de  vouloir  bien  se  joindre  à  moi,  et  le  20  mai  nous  nous 
rendîmes  chez  madame  L... 

Après  avoir  exposé  à  mes  confrères  ce  que  j'avais  constaté  à  ma 
première  visité,  qui  remontait  alors  à  deux  mois  et  une  semaine,  après 
leur  avoir  fait  part  de  mes  observations  nouvelles  dans  mes  examens 
successifs,  chacun  d'eux  se  livra  à  une  investigation  longue  et  minu- 
tieuse, de  laquelle  il  résulta  une  opinion  unanime  au  point  de  vue  de 
l'état  analomique,  qui  fut  la  confirmation  de  ce  que  j'ai  précédem- 
ment indiqué  sous  ce  rapport. 

Tous  mes  confrères  furent  frappés  de  la  place  considérable  que  le 
fibrome  inférieur  occupait  dans  la  cavité  pelvienne  ;  ils  constatèrent 
son  immobilité,  l'élévation  du  col  et  son  refoulement  à  gauche  et  en 
arrière. 

Quant  aux  deux  autres  tumeurs  ,  on  les  examina  ;  mais  elles 
éiaient  trop  élevées  au-dessus  du  détroit  abdominal  pour  faire  craindre 


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—  m  — 

quelques  difficultés  au  point  de  rue  des  phénomènes  mécaniques  de 
la  parturition. 

Une  longue  discussion  s*engagea  ensuite  sur  les  éyentualités  pos- 
sibles et  sur  ce  que  je  pourrais  être  appelé  à  faire  au  moment  de  Tac- 
couchement.  Je  ne  crois  pas  nécessaire  de  reproduire  ici  les  différenleg 
opinions  qui  furent  émises.  Je  me  contente  de  dire  que  tout  le  monde 
fut  d'accord  sur  les  résolutions  suivantes  :  !•  laisser  la  grossesse 
arriver  à  son  terme  ;  2o  faire  une  large  part,  au  moment  de  Taccou- 
chement,  aux  efforts  naturel?  ;  3**  les  aider  par  tous  les  moyens  pos- 
sibles, pour  désobstruer  le  bassin  ;  4<>  se  tenir  prêt  pour  l'opération 
césarienne,  dans  le  cas  où  la  tumeur  ne  se  déplacerait  pas. 

Les  consultants  étant  nombreux  et  chacun  ayant  cru  devoir  exami- 
ner avec  détail,  notre  réunion,  qui  dura  longtemps,  fut  un  peu  fatigante 
pour  madame  L...  A  partir  de  ce  moment,  elle  éprouva  de  temps  en 
temps  quelques  petites  douleurs  dans  la  région  utérine  ;  mais,  pendant 
sept  à  huit  jours,  elles  restèrent  assez  faibles  et  assez  éloignées,  et 
elle  ne  crut  pas  devoir  me  prévenir. 

Le  28  mai,  à  deux  heures  et  demie  du  matin,  des  contractions  uté- 
rines plus  rapprochées  et  plus  douloureuses  se  déclarèrent.  Ne  se  re- 
produisant d'abord  que  tous  les  quarts  d'heure,  elles  se  rapprochèrent 
insensiblement  et  ne  furent  bientôt  plus  séparées  que  par  des  inter- 
valles de  quatre  à  cinq  minutes. 

A  huit  heures  et  demie  du  matin,  les  membranes  s'ouvrirent  spon- 
tanément, et  il  s'écoula  une  assez  grande  quantité  de  liquide  amnio- 
tique. On  partit  alors  pour  me  prévenir,  et  comme  je  n'étais  pas  chez 
moi,  on  courut  successivement  chez  MM.  Lorain,  Guéniot  et  Tarnier, 
et  c'est  ce  dernier  qu'on  put  enfin  rencontrer.  Il  était  environ  dix 
heures  et  demie  quand  il  arriva  :  le  toucher  lui  permit  de  constater 
qu'on  pied  avait  franchi  l'orifice  et  était  profondément  engagé  dans  le 
vagin.  Il  reconnut  en  outre  que  la  tumeur  s'était  sensiblement  dépla- 
cée et  qu'elle  laissait  à  gauche  du  bassin  un  espace  plus  considérable. 

J'arrivai  moi-même  trois  quarts  d'heure  après  et  je  pris  la  direction 
de  l'accouchement.  Le  pied  droit,  ayant  une  teinte  violacée,  petit  et 
appartenant  évidemment  à  un  enfant  d'un  volume  moyen,  se  voyait 
entre  les  grandes  lèvres.  Le  cœur  fœtal  battait  régulièrement.  Les 
contractions  utérines  revenaient  toutes  les  trois  ou  quatre  minutes  et 
étaient  énergiques.  Le  doigt  introduit  dans  le  vagin  trouva  l'orifice 
encore  élevé  et  traversé  par  le  membre  inférieur,  dont  le  pied  se 
voyait  à  l'extérieur.  L'autre  membre  était  resté  fléchi  et  le  second  pied 
était  encore  au  niveau  du  dt  tioit  supérieur.  Le  cordon  ombilical  ne 
faisait  pas  procidence;  quant  à  Torifice,  il  était  déjà  notablement  di- 


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laté.  Le  diamètre  de  son  ouverture  me  parut  être  d'environ  4  à  5  cen- 
timètres; mais  ce  qui  me  frappa  surtout,  ce  turent  les  moditications 
importantes  qui  s'étaient  produites  dans  les  rapports  de  la  tumeur 
avec  l'excavation  pelvienne.  Celle-ci  qui,  naguère,  était  obstruée  dans 
plus  des  trois  quarts  de  son  étendue  à  la  région  supérieure,  me 
parut  débarrassée  du  fibrome  dans  plus  de  la  moitié  de  sa  capacité,  et 
c'est  naturellement  du  côté  gauche  que  la  place  s'était  faite. 

Ce  résultat  n'était  pas  dû  à  l'aplatissement  de  la  tumeur,  mais 
celle-ci  avait  évidemment  exécuté  un  mouvement  ascensionnel,  et  on 
la  trouvait  beaucoup  plus  volumineuse  à  droite  de  Tabdomen.  Je  com- 
pris que  la  malade  était  sauvée  et  que  j'allais  voir  se  compléter,  par 
les  seuls  efforts  naturels,  ce  qui  était  déjà  si  largement  commencé.  Je 
D*ai  pas  besoin  de  dire  avec  quel  intérêt  je  suivis  les  différentes  phases 
de  ce  travail.  Je  vis  se  produire  une  dilatation  de  plus  en  plus  grande. 
La  tumeur  remonta  progressivement  vers  l'abdomen,  et  bientôt  ce  qui 
restait  encore  dans  la  partie  supérieure  de  l'excavation  devint  assez 
mobile  pour  qu'il  me  fût  facile  de  l'en  éloigner  complètement  avec  Te 
doigt. 

Vers  midi  et  quart,  la  dilatation  était  à  peu  près  complète,  et  l'ex- 
trémité pelvienne  un  peu  plus  engagée.  Voulant  augmenter  l'énergie 
des  contractions  utérines  qui  s'affaiblissaient  depuis  quelque  temps,  je 
fis  prendre  2  grammes  de  seigle  ergoté  en  quatre  doses.  L'action  du 
médicament  ne  tarda  pas  à  se  faire  sentir,  et  je  plaçai  alors  la  malade 
en  travers,  sur  le  bord  d'un  lit  suffisamment  élevé  pour  être  en 
mesure  de  seconder  le  passage  de  l'enfant  Au  moment  d'une  contrac- 
tion, le  doigt  indicateur  de  la  main  droite  me  servit  à  remonter 
au-dessus  du  détroit  supérieur  ce  qui  restait  encore  de  la  tumeur,  et 
au  même  instant,  saisissant  avec  la  main  gauche  le  membre  inférieur 
déjà  sorti,  j'engageai  définitivement  le  pelvis  jusqu'au  détroit  infé- 
rieur. Après  avoir  veillé  à  la  sortie  des  hanches  et  m'êlre  assuré  de 
rétat  du  cordon,  je  dus  intervenir  pour  le  dégagement  des  bras,  qui 
s'étaient  relevés  La  manœuvre  ne  fut  pas  longue,  mais  de  plus 
grandes  difficultés  m'attendaient  pour  l'extraction  de  la  tête.  J'avais 
eu  soin  de  diriger  l'occiput  en  avant,  et  cependant,  pour  l'entraîner» 
il  me  fallut  porter  deux  doigts  de  la  main  gauche  sur  la  nuque,  intro- 
duire deux  doigts  de  la  main  droite  dans  la  bouche  et  tirer  assez  fort 
pendant  plusieurs  minutes.  Je  dois  dire,  toutefois,  que  la  difficulté  ne 
dépendit  pas  de  la  tumeur,  mais  bien  du  plancher  du  bassin^  qui  était 
épais  et  résistant. 

Lu  cordon  fut  coupé  et  lié  immédiatement.  L'enfant  était  pâle,  ané- 
mique et  dans  un  état  de  mort  apparente  aussi  complet  que  possible. 


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Ses  membres  étaient  flasqaes;  il  ne  fit  aucune  inspiration,  et  l'examen 
du  cœur  ne  me  permit  pas  de  constater  la  plus  légère  pulsation.  Je  le 
portai  sur  une  table,  et  là,  après  avoir  débarrassé  la  bouche  de 
mucosités  abondantes  et  avoir  sans  succès,  pendant  quelques  minutes, 
employé  les  moyens  ordinaires,  j'eus  recours  à  l'insufflation  pulmo- 
naire. Le  premier  résultat  obtenu  fut  de  faire  battre  le  cœur,  et  bientôt 
se  produisirent  quelques  petites  inspirations  spontanées.  Après  vingt 
ou  vingt-cinq  minutes  de  soins,  l'enfant  était  complètement  ranimé  et 
poussait  des  cris  rassurants. 

Je  revins  alors  à  la  nière,  et  trouvant  le  placenta  dans  le  vagin,  j*en 
fis  l'extraction  à  l'aide  de  quelques  tractions  sur  le  cordon.  Il  ne 
s'écoula  qu'une  très-petite  quantité  de  sang,  moins  que  chez  la  plu- 
part des  femmes.  L'état  général  était  excellent,  le  pouls  parfaitement 
calme,  et  madame  L...  fut  remise  dans  son  lit,  très-heureuse  d'en  être 
quitte  à  si  bon  compte.  Avant  de  m'en  aller,  je  voulus  savoir  ce 
qu'étaient  devenues  les  tumeurs,  et  je  fis  un  examen  par  le  ventre  et 
par  le  vagin  :  l'excavation  était  complètement  débarrassée .  Le  col 
seul,  épais  et  peu  long,  en  occupait  le  centre  et  était  très-élevé. 

A  travers  les  parois  abdominales,  on  sentait  une  grosse  masse 
inégale  dépassant  de  quatre  travers  de  doigt  la  cicatrice  ombilicale 
et  s'étendant  d'une  fosse  iliaque  à  l'autre.  A  droite,  on  distinguait  le 
fibrome  inférieur,  formant  une  grande  partie  de  la  tumeur  et  remon- 
tant jusqu'au  dessus  de  l'ombilic. 

Plus  à  gauche  que  pendant  la  grossesse,  la  tumeur  fibreuse  pédî- 
culée  et  plus  mobile  ;  au  milieu  est  à  peu  près  au  niveau  de  l'ombilic, 
le  petit  fibrome  à  base  large,  toujours  plus  dur  que  les  deux  autres. 

Les  deux  premiers  jours  se  passèrent  dans  un  état  parfait.  Lochies 
sanguines  très-modérées,  sans  caillots  et  sans  fétidité.  La  mlaade  urine 
sans  difficulté.  Les  nuits  sont  excellentes  ;  pouls  à  80.  Pour  boisson, 
infusion  de  fleurs  de  tilleul  et  sirop  d^  cerises  étendu  d'eau.  Comme 
aliments,  du  bouillon  et  des  potages. 

Le  31  mai,  même  état  général  excellent.  Il  survient  seulement  de 
violentes  tranchées  utérines  qui  sont  combattues  avec  avantage  par 
des  onctions  sur  l'abdomen  avec  une  pommade  belladonée  et  l'admi- 
nistration de  petits  lavements  laudanisés.  Pouls  à  80;  même  régime. 

!•'  juin.  —  Les  coliques  sont  revenues  pendant  la  nuit  et  ont  été 
très-violentes.  L'état  général  est  d'ailleurs  toujours  satisfaisant.  On 
revient  à  Tusage  de  la  pommade  belladonée  et  des  lavements  laudar 
nisés,  et  le  calme  ne  tarde  pas  à  reparaître. 

2  juin.  ~  Déjà,  depuis  la  veille,  la  montée  du  lait  a  commencé  à 
le  faire.  Je  trouve  les  seins  fermes  et  un  peu  sensibles  au  toucher;  le 


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—  886  — 

pouls  bat  toujours  80  fois  :par  minute.  Madame  k.v*  se  plaiat  de  nott->^ 
yeau  de  traDcbées,  qui  sont  encore  calmées  par  les  mêmes  mojrens. 
Les  lochies  sont  encore  sanguinolentes,  mais  en  petite  quantité.  L 
col,  très-élevé,  se  trouve  dans  la  direction  de  l'axe  du  détroit  supé- 
rieur; la  tumeur  ne  s'est  pas  réengagée.  Le  fond  de  la  matrice  s'élèye 
de  trois  doigts  au-dessus  de  l'ombilic. 

Le  3  juin,  madame  L...  est  purgée  avec  30  grammes  d'huile  de 
riciu  et  du  bouillou  aux  herbes.  Plusieurs  garde-robes  sont  obtenues 
et  l'état  est  toujours  excellent. 

Le  4  et  le  5  juin,  rien  de  particulier  à  noter.  On  donne  quelques 
aliments  solides  qui  sont  très-bien  su{^ortés. 

Le  6  juin^  le  fond  de  l'utérus  s'est  encore  abaissé  :  il  ne  dépasse 
plus  que  de  deux  doigts  la  cicatrice  ombilicale.  Le  fibrome  inférieur 
(iiminue  un  peu  de  volume  ;  il  eo»  est  de  même  de  celui  qui  est  pédicule 
et  toujours  mobile.  Depuis  quelques  jours»  on  le  trouve  presque 
constamment  au-dessous  de  la  région  épigastrique,  à  peu  près  sur  la 
ligne  médiane. 

Le  7  juin^  le  fond  de  l'utérus  ne  dépasse  plus  que  d'un  doigt  Yom  - 
bilic.  U  est  vrai  que  le  segment  iafériettr,  moins  Tolumineux,  est  un 
peu  descendu  dans  l'excavation,  entraînant  le  fibrome  qui  remplit  à 
peu  près  la  moitié  de  la  régie»  supérieure  de  cette  cavité.  Il  s'écoule 
toujours  un  peu  de  sang. 

À  partir  de  ce  moment,  j'ai  tu  madame  L...  presque  tous  les  jours 
et  je  l'ai  complètement  examinée  un  grand  nombre  de  fois.  Pour  ne 
pas  augmenter  les  proportions  de  cette  observation,  déjà  très- 
longue,  je  me  contenterai  de  résumer  très-brièvement  les  principale 
remarques  que  j'ai  faites  et  surtout  celles  qui  se  rapportent  au  retrait 
de  Tulérus  et  des  tumeurs. 

La  masse  totale  représentée  par  Tutérus  et  les  fibromes  qui  en 
constituent  maintenant  la  plus  grande  partie,  s'élève  encore,  jusque 
vers  le  15  juin,  un  peu  au-dessus  de  l'ombilic.  Dès  cette  époque,  elle 
diminue  insensiblement  chaque  jour,  et  il  est  facile  de  reconnaître 
que  c'est  aux  dépens  du  tissu  utériu  que  la  diminution  s*opère.  Le 
corps  fibreux  pédicule,  qui  était  resté  pendant  plusieurs  jours 
au-dessus  de  l'ombilic,  se  porte  petit  à  petit  à  gauche  et  se  cache  de 
plus  en  plus  dans  la  fosse  iliaque  de  ce  côté.  Le  co/'ps  fibreux  prin- 
cipal entoure  la  partie  inférieure  de  l'utérus  dans  plus  de  la  moitié 
de  sa  circonférence.  La  partie  inférieure  reste  définitivement  engagée 
dans  l'excavation,  tandis  que,  par  la  partie  supérieure,  il  continue  à 
•'élever  à  plusieurs  travers  de  doigt  au-dessus  du  pubis.  Quant  au 
petit  fibrome^  il  oocupe  toujours  la  partie  médiane;  il  parait  se  déta- 


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—  321  — 

cher  du  fond  de  la  matrice  et  reste  longtemps  voisin  de  Tombilic.  Un 
écoulement  sanguin  très-peu  abondant  dès  le  début  a  continué,  en 
diminuant,  mais  presque  sans  interruption,  pendant  quatre  semaines. 
Durant  tout  ce  temps,  j'ai  tenu  madame  L...  couchée  dans  son  lit,  et 
c'est  seulement  lorsqu'elle  n'a  plus  rien  perdu  que  je  Tai  autorisée 
d'abord  à  se  placer  sur  un  canapé,  puis  à  faire  quelques  pas  dans  sa 
chambre  et  enfin  bientôt  à  sortir  et  à  reprendre  sa  vie  ordinaire.  Je 
dois  dire  que  tout  cela  a  pu  être  fait  sans  aucun  inconvénient;  j'ai  pris 
la  précaution  de  lui  faire  porter  une  ceinture  élastique  pour  soutenir 
la  région  inférieure  du  ventre,  et  je  continuerai  à  la  voir  de  temps 
en  temps  pour  étudier  jusqu'à  la  fin  ce  qui  se  passera  du  côté  des 
tumeurs. 

Ma  dernière  visite  est  du  9  juillet,  et  voici  ce  que  j*ai  noté  : 

Le  fond  de  l'utérus*  est  à  un  travers  de  doigt  au-dessous  de  Tom- 
bilic.  Ce  qui  me  démontre  que  c'est  bien  lui  que  je  touche,  c'est  que 
je  retrouve  implanté,  sur  sa  partie  la  plus  élevée,  le  petit  fibrome 
immobile  dont  j'ai  déjà  si  souvent  parlé.  Le  fibrome  du  côté  droit 
s'élève  encore  presque  aussi  haut  que  le  fond  de  la  matrice.  Par 
en  bas,  il  plonge  toujours  dans  l'excavation  dont  il  remplit  encore 
une  notable  partie.  Le  col,  peu  saillant,  est  incliné  à  gauche  et  en 
arrière  et  parait  se  détacher  comme  une  saillie  sculptée  dans  la  masse 
fibreuse,  qui  le  dépasse  un  peu  à  droite.  Le  fibrome  pédicule  est  couché 
dans  la  fosse  iliaque  gauche,  danslaquelle  il  jouit  d'une  grande  mobilité. 

Quant  au  volume  de  ces  tumeurs,  il  me  paraît  incontestable  qu'il  a 
déjà  très-sensiblement  diminué.  C'est  surtout  pour  celle  qui  est  pédi- 
culée  que  cela  me  parait  évident.  La  droite  conserve  encore  un  dia- 
mètre vertical  considérable,  mais  il  ne  me  parait  pas  douteux  que 
transversalement,  et  d'avant  en  arrière,  elle  ait  déjà  perdu  sensible- 
ment de  ses  dimensions. 

Sous  le  rapport  de  la  consistance,  je  crois  pouvoir  affirmer  égale- 
ment qu'elle  devient  chaque  jour  plus  considérable.  Au  reste,  un  mois 
et  douze  jours  se  sont  à  peine  écoulés  depuis  l'accouchement,  et  l'ob- 
servation de  faits  ahafogues  m'a  démontré  qu'il  fallait  un  temps  plus 
long  pour  bien  apprécier  les  changements  complets  qui  peuvent  se 
produire  dans  les  fibromes  utérins.  Il  sera  donc  intéressant  de  suivre 
encore  pendant  longtemps  madame  L...,  et  je  me  ferai  un  devoir  de 
soumettre  à  la  Société  mes  nouvelles  constatations. 

J'ajoute  en  terminant  que  l'enfant,  qui  est  du  sexe  masculin,  ne 
pesait  que  2  kilos  500  grammes  au  moment  de  la  naissance.  Il  a  été 
confié  à  une  bonne  nourrice,  et  aujourd'hui  (9  juillet),  il  se  développe 
à  merveille  et  pèse  déjà  3  kilos  635  grammes. 

2«  sérU.  —  TOME  IX.  41 


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-  328  ^. 

p,-5.  -^  J'ai  YU  madame  L...,  poar  la  dernière  fois,  le  25  juillet. 
La  difflinulioQ  des  tumeurs  continue,  d'une  manière  très-notable,  du 
câié  de  Tabdomen  et  du  côté  de  Texcavation  pelvienne. 

J'ai  appris  hier,  S8,  qu'elle  avait  ses  règles  depuis  la  veille.  Je  ne 
manquerai  pas  de  l'examiner  dans  quelques  jours,  et  à  la  manière 
dont  les  choses  se  sont  passées  depuis  deux  ou  trois  semaines,  je  ne 
doute  pas  qu'il  ne  me  soit  donné  de  constater  une  nouvelle  diminu- 
tion dans  le  volume  des  fibromes. 

Je  ne  manquerai  pas  de  tenir  la  Société  au  courant  des  résultats 
que  je  constaterai. 

La  séance  est  levée. 

Le  Secrétaire^  D>^  Lbom  Labbjâ. 


BÉANOB  DU  6  AOUT  18Q8 
VrésMenee  de  M.  LEaOUEST 

Le  procès-verbal  de  la  précédente  séance  est  lu  et  adopté. 

CORRBSPONDANGI. 

La  correspondance  comprend  : 

—  Les  journaux  de  la  semaine. 

—  La  Gazette  médicale  de  Strasbourg, 
«-  Le  Bulletin  de  thérapeutique. 

—  Les  Archives  générales  de  médecine^  numéro  d'août. 

—  La  Revue  médicale  de  Toulouse, 

—  Le  Sud  médical, 

-—  H.  Liégeois  dépose  sur  le  bureau,  de  la  part  de  M.  Byasson, 
pharmacien  en  chef  de  l'hôpital  du  Midi  :  Essai  sur  la  relation  qui 
existe  à  Vétat  physiologique  entre  l'activité  cérébrale  et  la  composition 
des  urines;  de  la  part  de  M.  le  docteur  Guillaume,  Tarticle  Bégaie- 
ment, extrait  du  Dictionnaire  encyclopédique  des  sciences  médicales, 

—  M.  Samuel  Gross,  professeur  de  chirurgie  à  Jefferson-Médical- 
Collège,  à  Philadelphie^  adresse  à  la  Société  deux  ouvrages  impor- 
tants ;  A  praclical  Treaiise  on  the  diseases,  injuries  and  malformations 
oftheurinary  bladder,  the  prostate  gland  and  the  urethra.  Philadel- 
phie, i85S,  1   vol.  in-8<».  —  A  System  o/  surgery.  Philadelphie 


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-  S23  - 

1866,  %  Yolumes  in-8«  aveô  nombreuses  figures  intercalées  dans  le 
texte. 

—  Lettre  de  M.  Broca,  annonçant  la  mort  de  M.  Hiddeldorpf, 
membre  correspondant)  à  Breslau. 

A  quatre  heures  et  demie,  la  Société  se  forme  en  comité  secret 
et  décide  qu'elle  prendra  des  vacances  du  15  août  au  !«'  octobre. 
Reprise  de  la  séance  publique, 

COMMUNICATIONS. 
NouTeau  procédé  pour  l'ablation  des  amygdales* 

M.  Broga  fait  part  à  la  Société  d'un  nouveau  procédé  pour  Tabla- 
tion  des  amygdales,  applicable  surtout  dans  les  cas  où  les  amygdales 
sont  enfoncées  et  concaves. 

C'est  une  combinaison  du  procédé  ordinaire  et  de  celui  de  Fah^ 
nestoek.  Une  érigne  étant  introduite  dans  l'anneau  de  l'instrument  de 
Fahnestoek,  l'amygdale  est  saisie,  attirée  en  dehors  et  coupée  avec  la 
guillotine. 

M.  DoLBBAU)  sans  réclamer  la  priorité,  dit  qu'il  s'est  servi  du  même 
procédé.  Il  conseille  de  donner  la  préférence,  d'une  manière  générale, 
à  l'instrument  de  Fahnestoek,  le  procédé  ordinaire,  avec  Térigne  et  le 
bistouri  pouvant  donner  lieu,  en  des  mains  inhabiles,  aux  plus  graves 
accidents.  Il  cite  à  l'appui  le  fait  d*un  enfant  chez  lequel  un  médecin 
pratiquait  l'ablation  des  amygdales  par  le  procédé  ordinaire,  et  qui, 
ayant  fermé  convulsivement  la  bouche,  eut  la  langue  profondément 
coupée  par  le  bistouri.  Il  en  résulta  une  hémorrhagie  des  plus  graves 
dont  l'enfant  ne  guérit  que  par  la  ligature  en  masse  dt  la  langue,  et 
en  conservant  ses  amygdales. 

M.  GuERSANT  se  prononce  pour  l'amygdalotomie  par  l'instrument 
de  Fabnestoek. 

M.  Tarnibr  signale  la  diftelté  que  l'on  éprouve  quelquefois  à  sou- 
lever l'amygdale,  lorsque  la  glande  est  ramollie.  " 

M.  GiRALDBs.  Bn  général,  chez  les  enfants,  les  amygdales  sont  pro- 
éminentes :  elles  se  développent  souvent  en  bas;  mais  il  est  toujours 
possible,  en  explorant  préalablement  l'arrière-gorge,  de  détermine 
leur  situation  et  leur  volume  et  de  se  servir  de  l'instrument  de  Fah- 
nestoek. 

DISCUSSION. 

PUivèmes  ••us-péritonéaux  de  l'otéras  (suite). 

M.  Dëpavl  continue  une  communication  relative  à  ce  sujet. 

Il  examine  d'abord  l'influence  que  ces  fibromes  peuvent  exercer  sur 


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—  324  — 

la  santé  des  femmes  au  point  de  vue  de  la  grossesse.  D'après  son 
observalion,  ces  fibromes  sous-péritonéaux  s'opposent  rarement  à  la 
fécondation  et  ne  déterminent  pas  de  troubles  de  la  menstruation, 
contrairement  à  ce  que  l'on  observe  pour  les  fibromes  qui  font  saillie 
du  côté  de  la  cavité  utérine.  Cependant  cette  opinion  ne  doit  pas  être 
donnée  comme  absolue  ;  certaines  de  ces  tumeurs  peuvent  donner  lieu 
à  des  phénomènes  inflammatoires,  à  des  métrîtes.  Dans  un  cas  cité 
par  M.  Depaul  dans  la  dernière  séance,  une  tumeur  sous-péritonéale 
s'est  développée  dans  le  pçtit  bassin  et  a  déterminé  des  accidents  tels 
que  l'avortement  a  dû  être  provoqué. 

En  réponse  à  l'assertion  de  M.  Guéniot,  qui  ne  croit  pas  à  l'aug- 
mentation des  corps  fibreux  ni  à  leurs  modifications  de  consistance 
pendant  la  grossesse,  M.  Depaul  rappelle  les  observations  lues  par 
MM.  Guyon  et  Bailly.  De  plus,  M.  Depaul  a  vu  par  lui-môme  des 
faits  qui  ne  laissent  aucun  doute  sur  Taugmentation  de  volume  des 
fibromes,  soit  à  l'époque  des  règles,  soit  pendant  la  grossesse. 

Outre  l'observation  qu'il  a  lue  dans  la  dernière  séance  et  qui  ne 
doit  laisser  aucun  doute  sur  l'augmentation  de  volume  des  fibromes 
pendant  la  grossesse,  M.  Depaul  rapporte  les  deux  faits  suivants  : 

Une  dame  de  42  ans,  mariée  depuis  vingt' deux  ans,  sans  enfants, 
a  été  vue  par  M.  Depaul,  conjointement  avec  M.  Lasègue,  au  début 
d'une  grossesse  qui  paraissait  encore  douteuse.  Sur  la  face  anté- 
rieure de  l'utérus,  existait  un  petit  fibrome  du  volume  de  l'extrémité 
du  pouce.  Au  bout  d'un  mois,  l'utérus  se  développe  et  la  grossesse 
devient  évidente.  La  malade  fut  examinée  tous  les  quinze  jours  par 
M.  Depaul,  qui  constata  que  le  fibrome,  en  même  temps  qu'il  s'éle- 
vait avec  l'utérus,  grossissait  de  jour  en  jour.  Au  moment  de  Tac- 
couchement,  il  avait  atteint  le.. volume  d'une  orange;  puis  après  l'ac- 
couchement, il  reprît  graduellement  le  volume  qu'il  avait  au 
commencement  de  la  grossesse. 

Dans  le  second  fait,  il  s'agit  d'une  feifeme  de  31  ans,  enceinte  pour 
la  première  fois.  Examinée  à  quatre  mois  et  demi,  on  lui  trouva,  à  la 
paroi  antérieure  de  l'utérus,  un  fibrome  pédicule,  un  peu  plus  volu- 
mineux que  celui  de  l'observation  précédente.  Le  même  phénomène 
s'est  produit  :  la  tumeur  a  grossi  graduellement,  et  en  trois  mois, 
elle  a  acquis  le  volume  du  poing.  Quatre  mois  et  demi  après 
l'accouchement,  cette  même  tumeur  était  réduite  au  volume  d'une  noix. 

M.  Depaul  remet  à  la  séance  suivante  la  suite  de  son  argumen- 
tation et  conclut,  d'après  les  faits  précédents,  que  les  fibromes  sous- 
péritonéaux  augmentent  de  volume  pendant  la  grossesse  pour 
reprendre  leurs  dimensions  premières  après  l'accouchement. 


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—  325  — 

PRÉSENTATION  d'INSTRUMENT. 
Irrigatenr  vési«al. 

M.  Legouest  met  sous  les  yeux  de  la  Société  de  chirurgie  un 
irrigaieur  vésicd  (voy.  fig.)»  construit  par  MM.  Robert  et  Collin,  sur 
les  indications  de  M.  le  docteur  Amussat  fils, 
pour  expulser  de  la  vessie  les  détritus  lithides, 
après  l'opération  de  la  taille  périnéale,  lorsque  le 
chirurgien  s'est  trouvé  dans  Tobligatlon  de  frag- 
menter le  calcul,  à  cause  de  ses  trop  grandes  di- 
mensions. 

Cet  Instrument,  dontlt  mécanisme  est  le  même 
que  celui  du  lithotome  double  de  Dupuytren,  se 
compose  d'un  tube  d'argent  T,  terminé  par  une 
boule  de  même  métal  A,  munie  de  deux  fentes  à 
échancrures,  destinées  à  donner  passage  au  li- 
quide. 

Le  tube  d'argent  est  maintenu  dans  une  gout- 
tière d'acier  G,  entourée  d'un  manche  M,  afin 
d'offrir  la  résistance  nécessaire  pour  l'écartement 
des  tissus. 

Trois  tiges  d'acier,  B,  B'  et  B",  destinées  à 
écarter  les  tissuâ,  sont  articulées  en  K,  de  ma- 
nière à  pouvoir  s'écarter  à  volonté  du  tube  T. 

Un  bras  de  levier,  D,  sert  à  rapprocher  ou  à 
écarter  les  tiges  d'acier  B,  B'  et  B". 

L^extrémité  0  du  tube  d'argent  s'engage  dans 
la  canule  d'une  seringue  ordinaire,  munie  d'un 
robinet  à  double  effet,  qui  permet  d'aspirer  le 
liquide  à  l'aide  d'un  tube  en  caoutchouc  pour  la 
remplir,  et  lorsqu'il  a  subi  un  quart  de  rotation, 
d'injecter  avec  force  le  liquide  dans  la  vessie,  en 
le  faisant  passer  par  le  tube  d'argent  T  de  Tirri- 
gateur. 

Pour  introduire  l'instrument  dans  la  vessie,  on 
rapproche  les  tiges  d'acier  du  tube  d'argent.  Pour  nettoyer  la  vessie» 
on  les  écarte. 

La  séance  est  levée  à  cinq  heures  trois  quarts. 

Le  secrétaiTCy  L'  Léon  Larrb. 


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-^  326  - 

8éA.NGl  DU  12  AOUT  1868 

VréBldenee   âa  M.  LEGOUEST 

Le  i^roeèa-terbal  d«  la  précédente  séance  est  lu  et  adopté. 

GOERESPONDANGB.. 

La  borrespondance  comprend  :  * 

—  Loi  journaux  de  la  semaine; 

—  Le  Montpdlier  médical  ; 

—  La  Journal  de  Médecine  et  de  Chirurgie; 

—  Le  Journal  de  Médecine  de  i*Oaest. 

—  Une  note  adressée  par  le  docteur  Sirus  Pirondi,  membre  corres- 
pondant, sur  une  tumeur  du  sein.  M.  Després  a  examiné  cette  tumeur 
et  remis  une  note  ci^jointe. 

M.  DesprbS.  L'examen  microscopique  de  la  tumeur  de  la  mamelle 
envoyée  par  M.  Sirus  Pirondi  permet  d'affirmer  qu'il  s'agit  d'un  adé- 
nome mammaire  renfermant  des  kystes.  On  trouve  des  culs>de-sac 
glandulaires  remplis  d'épithélium  nucléaire  normal.  C'est  là  un 
exemple  de  ces  gros  adénomes  kystiques  que  l'on  a  appelés,  en  Allé* 
magne,  adéno-sarcomes  ou  cysto-sarcomes,  et  qui  ont  été  bien  étudiés 
à  la  Société  anatomique. 

—  M.  GiRALDÈs  communique  dé  la  part  de  M.  Stahl  un  nouveau 
mode  d'appareil  plâtré  et  dépose  une  note  relative  à  ce  sujet. 

—  M.  GWTON  communique  une  observation  de  fracture  du  pubis 
par  contraction  musculaire ,  transmise  par  M.  Letenneur. 

Fraeiwe  du  pnbls  par  contvaetlon  nascalaire. 

Rose-Julie  P...,  âgée  de  13  ans,  est  une  forte  femme  aux  allures 
masculines,  faisant  le  métier  de  portefaix  et  ayant  longtemps  porté 
des  habits  d'homme  pour  travailler  avec  plus  de  facilité. 

Pendant  les  premiers  jours  d'avril  1868,  elle  était  occupée  avec  son 
mari,  âgé  de  63  ans,  à  bord  d'un  bateau  chargé  de  pierres.  Il  s'agis- 
sait de  déposer  ces*  pierres  sur  le  quai',  auquel  le  bateau  était  fixé; 


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—  wi  — 

or,  pour  épargaer  de  la  fatigue  à  soa  mari,  la  feoume  P.*«  9e  char- 
geait des  pierres  les  plus  lourdes,  dont  le  poids  moyen  était  de 
150  livres. 

C'est  en  se  livrant  à  ce  travail  qu'elle  éprouva  raccident  pour 
lequel  elle  est  venue  se  faire  soigner  à  THôtel-Dieu  de  Nantes. 

Voici  comment  elle  raconte  ce  qui  lui  est  arrivé  : 

Elle  venait  de  prendre  au  fond  du  bateau  une  de  ces  grosses  pierres 
qu'elle  souleva  avec  peine  jusqu'au  niveau  du  pubis,  sur  lequel  ellç  ' 
l'appuya.  Le  corps  était  penché  en  avant,  et  pour  placer  la  pierre  sur 
le  quai,  il  fallait  l'élever  encore  de  30  i,  40  centimètres.  La  femme  P..., 
dont  les  bras  étaient  impuissants  pour  cette  lourde  tâche,  réunit 
toutes  ses  forces,  se  redressa  et  poussa  la  pierre  sur  le  bord  à  l'aida 
de  soa  yentre.  La  pierre  arriva  au  but,  mais  la  pauvre  femme  sentit 
une  vive  douleur  dans  l'aine  gauche,  sans  craquement.  Elle  comparu 
cette  douleur  à  une  déchirure.  Malgré  cela,  elle  termina  sa  journée, 
mais  sans  s'attaquer  à  d'aussi  lourds  fardeaux. 

Le  lendemain  elle  transporta,  tout  le  jour,  des  pierres  dans  ud0 
brouette. 

Le  surlendemain,  elle  fit  à  pied  un  trajet  de  7  à  8  kilomètres. 
A  mesure  qu'elle  avan^it,  la  douleur  de  l'aine  gauche  augmentait  et 
elle  éprouvait  une  sensation  étrange  qui  lui  faisait  dire  que  son  corps 
«'ouvrait  comme  si  elle  aCisouchait.  Arriyée  au  terme  de  sa  course, 
elle  tomba  de  fatigue  et  se  sentit  incapable  de  faire  un  pas  de  pluji« 
On  fut  obligé  de  la  ramener  à  Nantes,  couchée  dans  un  bateau  ;  ella 
garda  le  lit  pendant  quatre  jours,  après  quoi  elle  se  fit  trans- 
portera l'hôpital,  où  elle  fut  placée  dans  un  service  de  médecine» 
comme  atteinte  de  paraplégie.  Les  circonstances  dans  lesquelles  la 
maladie  s'était  produite  et  l'impossibilité  de  remuer  les  membres 
inférieurs  donnaient  à  ce  diagnostic  toutes  les  apparences  de  la 
vérité.  Cependant  la  sensibilité  était  intacte  sur  tous  les  points; 
mais,  d'un  autre  côté,  le  troisième  jour  de  son  entrée  h,  l'hôpital,  il  y 
eut  une  rétention  d'urine  qui  nécessita  l'emploi  de  la  sonde.  C'est  alors 
que,  pendant  des  recherches  répétées  faites  dans  le  but  de  justiâer  et 
de  préciser  le  diagnostic,  on  entendit  une  crépitation  osseuse  qui  avait 
lieu  lorsque  la  malade  était  placée  sur  le  côté.  Il  fut  facile  de  recon- 
naître l'existence  d'une  fracture  du  bassin,  et  la  malade  fut  dirigé^  sur 
le  service  de  clinique  chirurgicale,  où  nous  la  vtmes  pour  1a  première 
fois  le  4  mai. 

La  malade  est  couchée  sur  le  dos.  Aucune  déformation  n'existe  à 
première  vue  dans  le  bassin.  Les  quelques  eccbymoaes  qu'on  pbçi^rve 
^  la  région  sus-pubienne  sont  le  résultat  évident  d'uo^  appUcatipii  4^ 


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—  328  — 

sangsues  faite  quelques  jours  aupararant.  Il  n'y  a  pas  de  douleur,  si 
ce  n'est  dans  les  mouvements  spontanés  ou  communiqués. 

Les  membres  inférieurs  paraissent  frappés  d'impuissance.  Si  on  dit 
à  la  malade  de  lever  les  pieds,  elle  déclare  que  c'est  impossible;  si  on 
insiste,  les  genoux  se  fléchissent  et  les  pieds  glissent  sur  le  lit,  comme 
on  Fobserve  dans  les  fractures  du  col  du  fémur. 

Quand  le  genou  est  fléchi,  la  malade  fait  quelques  mouvemenU 
d'adduction  et  d'abduction,  mais  non  sans  exciler  de  la  douleur  vers 
le  côté  gauche  du  pubis. 

En  soulevant  l'un  après  l'autre  les  membres  inférieurs  et  en  leur 
imprimant  des  mouvements,  il  est  facile  de  s'assurer  que  les  articu- 
lations coxo-fémorales  sont  intactes. 

En  explorant  le  pubis  on  trouve,  du  côté  gauche,  sur  le  corps  de 
l'os,  une  saillie  placée  à  quelques  millimètres  en  dehors  de  l'épine  et 
se  prolongeant  en  bas.  Cette  saillie  est  formée  par  le  fragment  InterDe 
du  pubis  fracturé  ;  le  fragment  externe  est  un  peu  abaissé  et 
enfoncé,  et  la  pression  du  doigt  dans  ce  point  détermine  une  douleur 
assez  vive. 

Du  côté  droit,  on  ne  trouve  rien  d'analogue,  mais  la  malade  y  res- 
sent une  douleur  qui  suit  la  direction  du  tendon  du  psoas  iliaque 
jusqu'à  son  insertion. 

Le  doigt,  introduit  dans  le  vagin,  permet  de  constater  une  fracture 
avec  un  léger  déplacement  de  la  branche  descendante  du  pubis 
gauche.  Le  côté  droit  de  l'arcade  est  intact. 

Enfin,  en  faisant  coucher  la  malade  sur  le  côté  droit,  nous  sentons 
et  nous  entendons  à  distance  une  crépitation  très -marquée  dont  le 
siège  correspond  aux  points  où  existe  la  déformation. 

Cette  crépitation,  que  la  malade  produit  à  volonté,  ne  peut  être 
provoquée  par  les  efforts  que  nous  faisons  sur  les  os  iliaques,  soit 
pour  les  écarter,  soit  pour  les  rapprocher. 

La  colonne  vertébrale  n'offre  aucun  point  douloureux.  Il  en  est  de 
même  des  symphyses  sacro-iliaqoes,  sur  lesquelles  la  pression  peut 
être  faite  sans  déterminer  aucune  douleur.' La  malade,  interrogée 
à  diverses  reprises,  répond  toujours  qu'elle  n'a  jamais  souffert  ea 
arrière. 

Depuis  le  jour  où  on  a  dû  sonder  la  malade,  la  miction  a  tou- 
jours été  facile;  les  efforts  de  défécation  ne  causent  de  la  douleur  vers 
le  pubis  que  lorsqu'ils  sont  très-énergiques. 

Le  6  mai,  je  fais  appliquer  autour  des  hanches  une  ceinture  de 
gymnase  qui  comprime  fortement  le  bassin;  à  l'instant  même,  la 
malade  peut  élever  les  jambes  sans  douleur. 


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—  32»  — 

Lorfiqu'on  desserre  la  ceinture,  l'impuissance  des  membres  infé- 
rieurs reparaît  immédiatement. 

Je  recommande  de  maintenir  la  ceinture  modérément  serrée,  afin 
d'immobiliser  les  fragmenis  et  de  faciliter  la  consolidation,  mais  sans 
causer  trop  de  gêne. 

Je  note  en  passant,  pendant  les  jours  suivants,  quelques  accès  de 

fièvre  intermittente  combattus  avec  succès  par  le  sulfate  de  quinine. 

La  malade  nous  annonce  qu'elle  ne  peut  se  bien  porter  qu'à  la  con-* 

ditîon  de  vivre  au  grand  air,  et  qu'elle  n'aura  pas  ses  règles  tant 

qu'elle  restera  couchée.  Cette  prédiction  s'est  en  effet  réalisée. 

Au  boni  de  vingt  jours,  la  crépitation  disparut.  Dès  cette  époque, 
la  malade  me  demande  avec  instance  la  permission  de  s^  lever  : 
je  la  lui  accorde  en  lui  recommandant  de  faire  peu  de  mouvements. 
Le  26  mai,  survint  de  la  fièvre  accompagnée  de  nausées  et  de. 
vomissements.  Le  lendemain»  nous  constatons  un  érysipèle  à  la  fdce. 
Sous  l'influence  de  cette  maladie,  il  y  a  eu  un  grand  amaigrissement 
et  lorsque  l'éruption  cutanée  disparut,  il  y  eut  de  nouveaux  vomisse- 
ments suivis  d'une  diarrhée  qui  résista  pendant  plusieurs  jours  au 
laudanum  et  au  sous-nitrate  de  bismuth,  et  qui  me  parut  dépendre 
de  la  propagation  de  l'éryiiipèle  à  la  muqueuse  du  tube  digestif. 

La  malade  était  entièrement  guérie  le  2  juillet  et  demanda  son  ' 
exeat.  ^ 

I     La  marche  est  facile;  l'abduction  de  la  cuisse  gauche  est  seule  un 

peu  gênée. 
i     Au  moment  où  cette  femme  quitte  Thôpital,  nous  l'examinons  une 
'  dernière  fois,  et  grâce  à  la  maigreur  eausée  par  son  érysipèle,  on 
I  peut  constater  facilement  la  déformation  du  pubis.  La  consolidation 
^  parait  complète,  mais  il  existe  entre  les  deux  fragments  une  différence 
[  de  niveau  d'un  demi-centimètre  au  moins.  L'épine  du  pubis  se  trou- 
vant placée  plus  haut  et  plus  en  avant  que  du  côté  opposé,  il  en 
résulte  que  le  ligament  de  Fallope  est  aussi  beaucoup  plus  saillant  et 
que  l'arcade  qu'il  forme  est  plus  marquée. 
1     Je  ne  connais  point,  dans  la  science,  de  fait  analogue  h  celui  que  je 
|.  viens  de  raconter.  Il  s'agit  bien,  en  effet,  d'une  fracture  du  pubis  par 
:  eontraction  musculaire. 

La  constitution  athlétique  de  la  malade,  son  âge,  ses  travaux  habi- 
tuels et  sa  bonne  santé  éloignent  toute  idée  de  diathèse,  toute  idée  de 
friabilité  des  os, 
I      n  n'y  a  point  eu  de  choc  sur  le  pubis,  mais  un  effort  extrêmement 

énergique  pour  soulever  le  fardeau  qui  reposait  sur  cet  os. 
)     Il  est  facile,  du  reste,  de  se  rendre  compte  du  méoanisme  de 

I   .  %•  lirU.  —  TOMB  IX.  42 


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cette  fracture  en  se  plaçant  dans  les  conditions  où  se  trouyait  la 
femme  P... 

Le  tronc  était  demi-fléchi  sur  les  cuisses,  la  pierre  reposant  sur  le 
pubis  ne  pouvant  B*élever  et  s'avancer  sur  le  quai  que  poussée  par  la 
bassin  auquel  ce  double  mouvement  derait  être  imprimé. 

Il  fallait,  pour  cela,  que  le  membre  inférieur  gauche  supportât  tout 
le  poids  du  corps  et  que  la  tète  du  fémur  de  ce  côté  devint  le  pivot 
autour  duquel  devait  se  faire  le  redressement  du  tronc  et  la  rota- 
tion du  bassin  en  avant. 

Or,  il  est  probable  que,  dans  ce  mouvement  brusque  et  énergique, 
l'os  iliaque  gauche,  bridé  par  le  psoas-iiîaqae,  n'a  pas  obéi  à  l'Im- 
pulsion qui  élait  donnée  à  la  partie  droite  du  bassin  et  que  l'articu- 
lation coxo-fémorale,  immobilisée  par  le  maintien  de  l'équilibre  du 
corps,  n'a  pas  permis  le  double  mouvement  d'extension  et  de  rotation 
du  tronc.  Entre  cette  résistance  du  côté  gauche  et  l'impulsion  donnée 
au  côté  droit  du  bassin,  le  pubis  a  supporté  un  effort  trop  considérable 
et  s'est  rompu. 

A  ce  moment  l'effort  s'est  arrêté,  et  le  périoste  n'a  pas  été  déchiré.^ 
Ce  n'est  que  sous  l'influence  de  mouvements  intempestifs  que  le  dépla- 
cement s'est  produit  et  qu'enfin  le  bassin  n'a  plus  donné  aux  membres 
inférieurs  un  point  d'appui  suffisant. 

M.  BaocA  offre  à  la  Société  une  thèse  de  M.  Hamy  sur  Vos  inter^ 
maxillaire. 

DISGirSSION  SUE  LES  FIBBÔMBS  SOUS-PÉRITONÉAUX) 

M.  DvAVL.  Outre  l'augmentation  de  volume,  la  grossesse  produit 
encore  le  ramollissement  des  corps  fibreux. 

M.  Depaul  a  pu  le  constater  jour  par  jour.  Ce  ramollissement  a 
lieu  surtout  aux  parties  périphériques,  tandis  que  les  parties  cen- 
trales des  fibromes  conservent  toute  leur  dureté. 

Il  est  curieux  d'observer  les  changements  de  situation  qu'éprouvent 
les  corps  fibreux  durant  la  grossesse.  Cela  s'explique  non-seulement 
par  le  développement  physiologique  de  l'utérus,  mais  encore  par 
l'inégalité  de  ce  développement  qui,  par  le  fait  de  Texistence  des 
fibromes,  est  irrégulier. 

L'aplatissement  des  corps  fibreux  de  l'utérus  pendant  la  grossesse 
existe- 141  réellement,  comme  l'admet  M.  Guéniot? 

M.  Depaul  ne  le  pense  pas.  Il  accorde  que  certains  fibromes  pédi- 
cules peuvent  s'aplatir  légèrement;  mais  dans  les  cas  où  les  tumeurs 


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—  331  — 

sont  à  large  base»  raplatissement  est  plutôt  apparent  que  réel, 
c'est-à-dire  que  la  base  d'implantation  s'accrott  en  même  temps  que 
la  matrice. 

M.  Depaul  examine  le  mécanisme  suivant  lequel  les  tumeurs 
fibreuses  se  déplacent  pendant  le  travail  de  Taccoucbement.  Ce 
mécanisme,  exposé  par  M.  Guéniot,  est  comparable  à  celui  qui 
ramène  en  avant  le  col  utérin,  lorsque  celui-ci  se  trouve  dirigé  en 
arrière,  ainsi  que  cela  a  lieu  le  plus  souvent  à  la  fin  de  la  grossesse. 

Le  déplacement  des  corps  fibreux  et  la  désobstruction  du  bassin 
sont  produits  par  la  contraction  et  le  raccourcissement  des  fibres  lon- 
gitudinales de  la  matrice.  Ce  mécanisme  est  vrai  pour  les  tumeurs 
fibreuses  à  large  base,  mais  il  cesse  de  Tètre  pour  les  fibromes  pédi- 
cules, qui  restent  enclavés  dans  le  bassin.  M.  Depaul  cite  un  fait 
observé  par  lui  lorsqu'il  était  chef  de  clinique  de  M,  Dubois.  Un 
fibrome  de  Tutérus  rendit  Taccouchement  impossible,  et  la  malade 
mourut  sans  que  la  désobstruction  du  bassin  ait  pu  s'opérer. 

Quelle  est  l'influence  du  retrait  de  la  matrice  après  l'accouche- 
ment, sur  les  fibromes  sous-péritonéaux?  S'ils  sont  pédicules,  à  part 
les  changements  de  situation,  ils  n'éprouvent  pas  d'autres  modifica- 
tions. Quant  aux  tumeurs  à  large  base,  le  retrait  de  la  matrice  tend  à 
les  pédiculiser. 

M.  Depaul  examine  ensuite  les  modifications  que  présentent  les 
corps  fibreux  péritonéaux.  D'après  son  expérience  personnelle,  il  ne 
pense  pas  que  l'on  doive  songer  à  arrêter  le  développement  de  ces 
tumeurs  par  les  médications  internes  ou  externes. 

La  question  de  l'accouchement  prématuré  artificiel  doit  être 
posée  dans  certains  cas,  mais  on  ne  peut  en  discuter  ici  toutes  les  indi- 
cations. 

Lorsque  des  accidents  se  développent  pendant  le  travail,  l'applica- 
tion du  forceps,  la  version,  la  crâniotomie,  l'opération  césarienne  ont 
pu,  dans  différents  cas,  être  employées  avec  des  chances  diverses. 

M.  Depaul  a  pratiqué  dans  un  cas  l'opération  césarienne,  mais  il 
donne  la  préférence  à  la  crâniotomie.  Contrairement  à  M.  Tarnier,  il 
pense  que  la  version  sera  le  plus  souvent  impossible,  par  suite  de  la 
présence  de  la  tumeur. 

M.  Depaul  termine  en  lisant  les  conclusions  suivantes  : 

Ctmclufions  : 

!•  Les  fibromes  ulérnis  péritonéaux  ne  sont  pas  rares; 

2<>  Us  peuvent  être  pédicules,  interstitiels  ou  à  large  base; 

3«  Les  premiers  n'apportent  pas  de  troubles  notables  dans  les  phé- 


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-m- 

nomènef  de  la  tnenstruation  ;  ils  ne  s'opposent  pas  à  la  fécondatloti 
et  ils  n'empêchent  pas  habituellement  la  grossesse  de  parcourir  toutes 
ses  périodes; 

4«  Les  seconds,  quand  ils  sont  peu  yolumineut)  sont  presque  aussi 
inofifensifs  au  triple  point  de  vue  que  je  viens  d'indiquer;  maïs  quand 
ils  sont  considérables  et  qu'ils  ont  une  large  base,  ils  peuvent  trou* 
bler  le  développement  normal  de  Futérus  et  provoquer  l'expulsion 
prématurée  du  produit  de  la  Conception  ; 

6*  L'influence  de  la  grossesse  sur  les  fibromes  utérins  pérltonéaux 
ne  saurait  être  contestée.  Il  est  démontré  par  les  faits  les  plus  posi(i6 
qu'ils  s'accroissent  pi'esque  toujours  et  dans  des  proportions  souvent 
très-considérables  pendant  la  durée  de  la  gestation; 

6"  En  même  temps  qu'ils  augmentent  de  volume,  on  remàrctne 
généralement  que  leur  consistance  diminue  un  peu,  surtout  dann  les 
couches  les  plus  extérieures; 

70  Ces  deux  phénomènes,  augmentation  de  volume  et  ramollisse- 
ment, sont  plus  marqués  pour  les  fibromes  intepstitiels  et  à  large  base 
que  pour  ceux  qui  sont  nettement  pédicules  ; 

8*  Les  fibromes  interstitiels  qui  se  développent  un  peu  du  côté  du 
péritoine  s'accroissent  aussi  par  leur  base,  de  telle  sorte  qu'ils 
paraissent  comme  aplatis  ; 

9*  Cette  disposition  n'est  pas  le  résultat  exclusif  de  la  compression 
que  les  corps  fibreux  subissent  entre  les  parois  abdominales  et  l'uté- 
rus; elle  se  rattache  surtout  au  développement  progressif  du  tissu 
utérin,  qui  étalOsCt  entraîne  le  lîssu  du  fibrome,  qui  s' hypertrophie 
lui-même; 

10<>  Les  fibromes  utérins  pérltonéaux  à  large  base  peuvent  Irriter 
r utérus,  donner  même  lieu  à  la  métrite  et  faire  courir  de  véri- 
tables dangers  à  une  femme  enceinte  (toutefois,  ce  résultat  s'observe 
rarement); 

11»  Ceux  de  ces  corps  qui,  par  leur  situation,  sont  exposés  à  se 
développer  du  côté  de  l'excavation  pelvienne,  peuvent  donner  lieu  à 
la  compression  de  la  vessie  et  du  rectum,  au  déplacement  de  la 
matrice  et,  dans  quelques  cas  graves,  faire  naître  les  phénomènes  de 
l'étranglement  interne; 

12*  Les  accidents  deviennent  alors  si  graves  et  si  pressants,  qu'il 
ne  reste  plus  de  ressource  pour  soustraire  la  femme  à  une  mort  immi- 
nente que  dans  la  provocation  de  l'avortement; 

13*»  Les  cas  où  Us  troublent  aussi  profondément  la  marche  de  la 
grossesse  sont  heureusement  fort  rares,  et  alors,  môme  quand  ils 
obstruent  presque  complètement  l'excavation  du  bassin,  pourvu  qu'ils 


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-  333  — 

partent  du  col  ou  de  la  partie  inférieure  du  corps,  pourvu  que»  par 
une  large  base,  ils  tiennent  à  une  portion  notable  de  la  circonférence 
utérine,  tout  espoir  n'est  pas  perdu.  Les  forces  qui  président  à  la  dila- 
tation du  col,  les  changements  qai  se  passent  dans  la  Ibroie  de 
Futérus  après  la  rupture  des  membranes  peuvent,  par  un  mécanisme 
facile  à  comprendre,  éloigner  progressivement  la  tumeur,  désobstruer 
le  bassin  et  ouvrir  un  passage  facile  à  Tenfant  ;  { 

14»  Si  les  deux  faits  que  M.  Ouénîot  et  moi  avons  fait  connaître  à 
la  Société  permettent  d'entrevoir  la  possibilité  d'aune  terminaison 
aussi  heureuse,  il  ne  faut  pas  oublier  que  la  science  en  possède  beau- 
coup d'autres  dans  lesquels  la  nature  a  été  impuissante  et  pour 
lesquels  il  a  fallu  intervenir  tantôt  par  le  forceps,  tantôt  par  Tem- 
bryotomie,  tantôt  môme  par  Topérâtion  césarienne; 

45*  Certains  fibromes  utérins  pérltonéaux  constituent  une  des  plus 
graves  complications  de  la  grossesse  et  soulèvent  les  questions  les 
plus  embarrassantes  de  Tobstétrique.  La  science  est  loin  d*ètre  faite 
Btir  ce  point  important,  qui  est  digne  de  toutes  les  méditations  des 
chirurgiens. 

âLfiOnoN  d'un  ItBMBRB  tItULiLtaB* 

Nombre  des  votants,  S3. 

Au  premier  tour  de  scrutin,  M.  Pauiet  obtient  13  voix; 

M.  Giraud-Teulon,  10  voix; 

M.  Bailiy,  1  voix. 

En  ooàséquence^  M.  Pauiet  est  élu  membre  titulaire. 

PRâSKNTATION  U'mSTaUHBlfr. 

M.  Depaul  présente  un  pelvimètre  construit  par  M.  Mathieu. 

Cet  instrument  représente  à  la  fois  un  compas  d'épaisseur  et  un 
compas  d'écartement,  en  retournant  les  branches  de  Tinstrunlènt. 
C'est  donc  un  pelvimètre  de  Baudelocque  et  un  compas  destiné  à 
mesurer  intérieurement  le  détroit  inférieur. 

M.  Blot  n'attache  pas  une  grande  importance  à  l'emploi  de  cet 
instrument. 

On  peut  se  Servir  de  tout  instrument  et  plus  facilement  encore  des 
doigts  écartés  pour  mesurer  le  détroit  inférieur.  Quant  à  ce  pelvimètre, 
il  n'a  rien  de  nouveau» 


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.—  334  ' 


PRESENTATION  DE  MALADE. 


M.  GmroN  présente  un  malade  à  qui  il  a  pratiqué  une  ampu- 
tation sus-malléolaire  en  modifiant  le  procédé  de  Laborie. 

Ampulation  sas-malléolulre  par  an  procédé  noaveaa. 

Le  13  juin  1868,  est  entré  à  l'hôpital  des  Cliniques  le  nommé  X..., 
âgé  de  31  ans,  homme  de  peine.  Ce  malade,  couché  au  numéro  28, 
est  atteint  d'une  carie  des  os  du  pied  droit.  Né  de  parents  bien  por- 
tants, il  a  toujours  joui  lui-même  d*une  santé  parfaite  jusqu'à  Fâge 
de  vingt-six  ans;  jamais  il  n'a  eu  pendant  son  enfance  de  manifes- 
tation scrofuleuse;  il  porte,  il  est  vrai,  sous  la  mâchoire  du  côté 
gauche,  des  traces  d'abcès  ganglionnaires,  mais  qui  ne  remontent 
qu'à  peu  d'années.  Il  n'a  jamais  eu  la  syphilis. 

Ce  n'est  qu'en  1863,  peu  de  mois  après  avoir  quitté  le  service  mili- 
taire, que  sans  cause  extérieure,  il  a  vu  se  former  à  la  partie  supé- 
rieure et  interne  de  l'avant -bras  gauche,  immédiatement  au-dessous 
de  l'articulation  du  coude,  une  petite  tumeur  indolore.  Au  bout  de 
quatre  à  cinq  mois  elle  s'abcéda,  resta  fistuleuse  pendant  un  temps  à 
peu  près  égal,  donna  issue  à  une  portion  d'os  nécrosé  et  se  cicatrisa 
proroptement. 

Deux  mois  à  peine  après  la  guérison  de  ce  premier  accident,  vers  le 
mois  de  septembre  1864,  ce  malade  voyait  se  former  sur  la  face  dor- 
sale du  pied  droit  une  bosselure  analogue. 

Elle  survint,  elle  aussi,  sans  cause  apparente,  sans  qu'il  eût  reçu 
de  coups  ou  qu'il  se  fût  fatigué  plus  que  de  coutume.  Au  bout  de  peu 
de  mois,  cette  tumeur  devint  fistuleuse,  comme  la  première,  donna 
issue  à  une  toute  petite  esquille  et  se  cicatrisa.  Mais  le  gonflement 
périphérique  persista  et  de  nouvelles  bosselures  ne  tardèrent  pas  à  se 
développer  et  à  suivre  la  même  marche. 

Tous  ces  accidents  purent  se  produire  sans  que  le  malade  inter- 
rompit son  travail.  Ce  n'est  que  le  26  janvier  1868  que,  tant  par  le 
gonflement  excessif  du  pied  devenu  douloureux  que  par  r^pmsement 
dû  à  une  abondante  suppuration,  il  fut  forcé  de  garder  le  repos. 

Depuis  ce  jour,  l'état  local  n'a  cessé  de  s'aggraver  et  l'affaiblis- 
sement de  faire  dés  progrès,  et  le  jour  de  son  entrée,  il  présente  l'état 
suivant  : 

Le  gonflement  est  très-considérable  :  il  remonte  à  un  ou  deux  tra** 
▼ers  de  doigt  au-dessus  de  l'extrémité  inférieure  de  la  jambe  et 
s'étend  jusqu'aux  articulations  métatarso-phalanglennes. 


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—  335  — 

Le  coude-pied  mesure  6  centimètres  de  plus  en  circonféreoce  que 
celui  du  côté  opposé.  La  peau  est  luisante,  tendue  et  présente  plusieurs 
traces  de  cicatrices  sur  la  face  dorsale  et  le  bord  externe.  C'est  sur- 
tout sur  le  bord  interne  que  Ton  voit  des  orifices  fistuleux.  Le  doigt 
appliqué  sur  la  peau  y  laisse  une  dépression  profonde. 

Les  orifices  fistuleux  laissent  écouler,  en  assez  grande  abondance, 
un  pus  séro-sanguinolent;  si  Ton  introduit  un  stylet  par  ces  orifices, 
on  peut  s'assurer  que  la  peau  est  décollée  tout  autour  d'eux  et  qu'ils 
conduisent  sur  des  surfaces  osseuses  dénudées  et  ramollies. 
*  La  lésion  semble  avoir  surtout  pour  siège  les  os  de  la  deuxième 
rangée.  On  ne  saurait  affirmer  si  les  os  de  la  première  rangée  et  en 
particulier  le  calcanéum  sont  malades.  L'articulation  tibio- tarsienne 
permet  des  mouvements  assez  étendus.  Les  mouvements  de  latéralité 
sont  seuls  douloureux  et  presque  impossibles.  La  malléole  interne  est 
très-augmentée  de  volume  et  douloureuse  à  la  pression.  Rien  d'appré- 
ciable au  niveau  de  la  malléole  externe. 

Le  malade  souffre  constamment,  mais  ses  douleurs  sont  accrues 
par  les  tentatives  de  mouvement  et  par  la  pression,  surtout  au  niveau 
des  orifices  fistuleux.  Les  ganglions  de  la  racine  du  membre  sont 
engorgés. 

.  L'état  général  est  très-peu  satisfaisant  ;  le  malade  est  très-amaigri 
et  a,  chaque  soir,  une  fièvre  assez  vive.  Le  thermomètre,  placé  sous 
l'aisselle,  monte  jusqu'à  Z^'^yS,  et  le  pouls  donne  de  100  à  110  pulsa- 
tions à  la  minute. 

L'examen  de  la  poitrine  fait  découvrir  une  malité  assez  légère  dans 
la  fosse  sus-épineuse  du  côté  droit  et  de  la  faiblesse  du  bruit  respira- 
toire à  ce  niveau.  Pas  de  craquements;  rien  du  côté  gauche.  Le  malade 
ne  tousse  pas. 

Le  19  juin,  M.  Guyon,  après  avoir  discuté  dans  une  leçon  clinique 
l'opportunité  d'une  opération  et  comparé  les  chances  probables  d'une 
désarticulation  partielle  ou  totale  du  pied  avec  celles  de  l'amputation 
Bus-malléolaire,  adopte  cette  dernière  opération,  qu'il  pratique  par  un 
nouveau  procédé. 

Un  examen  immédiat  du  pied  avait  montré  que,  comme  on  le  crai- 
gnait, les  lésions  osseuses  étaient  fort  étendues  et  remontaient 
au-dessus  de  l'articulation  tibio-tarsienne. 

Après  une  dissection  plus  minutieuse,  dans  laquelle  les  os  furent 
divisés  dans  le  sens  antéro-postérieur,  on  put  s'assurer  que  les  os  de 
la  deuxième  rangée  étaient  complètement  cariés;  le  scaphoïde,  entre 
autres,  n'était  plus  qu'une  caverne  revêtue  d'une  mince  couche  de 
tissu  osseux.  Les  articulations  de  ces  os  entre  eux  avec  ceux  de  la 


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—  386  — 

première  rangée  et  avee  les  mélatarsieaa  étaient  détruites;  la  tète  de 
ees  derniers  était  elle-même  malade.  De  plus,  le  calcanéum,  Tastra- 
gale  et  l'extrémité  inférieure  du  tibia,  tout  en  étant  le  siège  de  lésions 
moins  araneées,  étaient  très-friables,  très^raréôés,  graisseux,  et  per- 
mettaient la  pénétration  facile  d'un  stjlet  dans  leur  tissu.  Les  liga- 
ments de  Tarticulation  tibio-tarsienne  étaient  distendus  et  ramollis; la 
malléole  externe  était  saine 

Quant  au  malade,  il  supporta  très^bien  Fopération.  11  ne  s'écoula 
qu'une  très^etite  quantité  de  sang.  La  réaotion  fébrile  commença  dès 
le  soir  même  et  fut  assez  intense  :  le  thermomètre  placé  sous  Fais- 
selle marquait  a9%6. 

Le  lendemain,  SO  juin,  le  pansement  et  le  lavage  alcoolique  furent 
renouvelés.  On  trouva  la  charpie  qui  recouvrait  la  plaie  imbibée  d« 
sang  et  d'un  peu  de  pus  :  la  plaie  était  très-belle. 

Aucun  aoeident  ne  survint  jusqu'au  83,  jour  où  l'on  enleva  les 
sutures  métalliques.  Gomme  aux  pansements  précédents,  la  partie 
médiane  était  en  très-bon  état;  deux  points  de  suture  avaient  donné 
une  réunion,  mais  les  angles  étaient  recouverts  d'un  enduit  grisâtre, 
pultacé,  un  peu  adhérent.  D'autre  part,  la  suppuration  était  plus 
abondante  et  plus  fluide.  La  fièvre  n'avait  pas  augmenté;  aucune 
ligature  n'était  tombée;  le  moignon  était  un  peu  douloureux* 
Pansement  avec  charpie  imbibée  de  jus  de  citron  sur  les  angles.  Cata- 
plasmes. 

Le  24,  la  rougeur  et  le  gonflement  étaient  moindres,  mais  l'enduit 
persistait  encore.  Même  pansement. 

La  fièvre  traumatique  cessa  à  partir  du  S5.  Le  thermomètre  ne 
s'éleva  plus  le  soir  au-dessus  de  37%6,  et  le  27,  l'enduit  pul- 
tacé,  qui  était  venu  enrayer  la  cicatrisation,  avait  entièrement  dis- 
paru, en  même  temps  que  le  moignon  cessait  d'être  douloureux  et  que 
la  suppuration  prenait  un  meilleur  aspect. 

Le  dernier  fil  à  ligature  tomba  le  29. 

En  même  temps  que  la  plaie  marchait  vers  une  prompte  ciesp 
trisation ,  l'état  générai  s'améliorait ,  l'appétit  ^du  malade  était 
meilleur. 

Le  11  juillet,  le  malade  eut  une  fièvre  asses  intense  (38*  le  matiD« 
39,4  le  soir). 

Pendant  la  journée  et  la  nuit  du  11  au  12 ,  il  souffrit  beaucoup  du 
moignon  qui,  le  lendemain,  fut  trouvé  rouge  et  chaud  surtout  ea 
dehors. 

Le  13,  le  pansement  eontenait  une  grande  quantité  de  pus,  et, 
malgré  cela,  la  douleur  et  la  fièvre  continuaient. 


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Le  14,  la  fluctuation  devint  manifeste  au  niveau  de  là  gaîne  des 
péroniers.  Une  incision  fut  pratiquée  et  donna  issue  à  du  pus,  et 
le  16,  toute  manifestation  fébrile  avait  disparu. 

On  s'opposa^  pendant  quelques  jours,  à  la  réunion  des  angles  et 
l'on  continua  le  cataplasme. 

Le  24  juillet,  toute  trace  d'inflammation  ayant  cessé,  on  remplace 
le  cataplasme  par  un  pansement  simple  à  la  glycérine. 

Le  30,  le  malade  peut  commencer  à  se  lever. 

Le  2  août,  la  cicatrisation  était  complète,  et  depuis  ce  jour,  il  peut 
laisser  son  moignon  sans  aucun  pansement. 

Aujourd'hui,  la  cicatrice  du  moignon  se  trouve  sur  la  face  anté- 
rieure du  membre,  à  5  centimètres  au-dessus  du  plan  inférieur.  La 
peau  du  talon,  épaisse  et  souple,  forme  le  point  d'appui  du  membre; 
il  est  possible  d'appuyer  assez  fortement  sur  elle  sans  que  le  malade 
accuse  la  moindre  douleur. 

Le  lambeau  n'est  tiraillé  dans  aucun  point  de  son  étendue;  l'angle 
fnterne  est  très-suffisant,  et  il  reste  même  à  l'angle  externe  une  quan- 
tité de  peau  telle,  qu'elle  a  provoqué  à  ce  niveau  la  formation  d'un 
pli  cutané  assez  profond. 

Le  membre  présente  un  raccourcissement  total  de  15  centimètres, 
dont  4  centimètres  seulement  pour  les  parties  situées  au-dessus  des 
malléoles.  11  s'agit  donc  bien  d'une  amputation  sus-maliéolaire.  Ce 
fait,  la  manière  dont  le  lambeau  est  taillé,  la  conservation  de  tout  le 
tendon  d'Àchilie  et  de  sa  gaîne,  diflérentient  nettement  ce  procédé  de 
celui  proposé  par  Laborie.  Cependant,  c'est  après  avoir  vu  les  très- 
beaux  résultats  obtenus  par  ce  chirurgien  et  reconnu  avec  lui  l'avan- 
tage de  la  suppression  du  lambeau  antérieur  que  M.  Guyon  a  été 
conduit  au  procédé  dont  il  montre  aujourd'hui  le  résultat  à  la  Société 
de  chirurgie. 

Procédé  opératoire.  —  Ce  procédé  a  essentiellement  pour  but  de 
supprimer  complètement  le  lambeau  antérieur  dont  M.  Guyon  a  eu 
l'occasion  de  constater  la  défectuosité,  de  prendre  à  la  partie  posté- 
rieure du  membre  le  plus  possible  de  parties  molles,  enfin  de  rester 
cependant  dans  les  limites  de  Taraputation  sus-malléolaire.  Pour  cela, 
le  chirurgien  fait  choix  d'un  procédé  elliptique  à  peu  près  semblable 
à  celui  dont  on  fait  usage  pour  le  poignet. 

Une  incision  à  concavité  inférieure  est  commencée  sur  la  face  anté- 
rieure de  la  jambe,  à  trois  travers  de  doigt  de  l'extrémité  de  la 
malléole  interne.  Cette  incision  descend  sur  le  côté  interne  du  membre 
et  gagne  l'axe  de  la  malléole;  elle  est  continuée  en  obliquant  légère- 
ment jusqu'à  la  limite  la  plus  inférieure  du  talon;  là,  elle  devient 
2^  série.  —  tome  ix.  ,  43 


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338 

transversale,  passe  à  la  limite  de  la  peau  du  talon  et  de  la  peau  de  la 
plante  du  pied,  est  conduite  au  côté  externe  des  membres;  elle 
remonte  alors  pour  gagner  obliquement  le  sommet  de  la  malléole, 
puis  la  demi-courbe  à  concavité  inférieure  primitivement  tracée  sur 
la  face  antérieure  de  la  jambe.  Dans  cette  vaste  ellipse  se  trouve  cii^- 
conscrit  un  lambeau  comprenant  une  partie  des  téguments  des  parties 
latérales  de  la  jambe  et  toutes  celles  de  sa  partie  postérieure,  y  com- 
pris celles  du  talon,  moins  sa  portion  plantaire.  Ce  lambeau  est  dis- 
séqué en  commençant  par  le  talon,  et  l'opérateur  prend  grand  soin  de 
détacher,  en  le  décortiquant,  le  tendon  d* Achille  de  ses  insertions  cal- 
canéennes;  puis,  après  avoir  coupé  latéralement  les  tendons  qui  se 
présentent,  il  relève  le  lambeau  jusqu'à  la  limite  supérieure  de  Tel- 
lipse  en  le  détachant  des  os  de  la  jambe  avec  une  rugine.  L'amputa- 
tion est  alors  achevée  en  coupant  par  transfission  les  muscles  de  la 
région  antérieure  et  en  sciant  les  os  à  l'ordinaire. 

Le  lambeau,  ainsi  constitué,  contient  dans  son  épaisseur  tout  le 
.tendon  d'Achille,  dont  la  gaîne  n'est  pas  ouverte,  et  les  tendons  dés 
muscles  de  la  région  postérieure,  dont  les  gaines  sont  intactes,  jus- 
qu'au point  de  section  inférieure  ;  l'artère  tibiale  postérieure  y  est 
également  comprise  dans  sa  gaine;  elle  fut  liée  à  l'extrémité  infé* 
rieure  et  interne  du  lambeau. 

Il  fut  très -facile  de  ramener  le  lambeau  en  avant  et  de  l'adapter 
très -exactement;  cependant  M.  Guyon  se  contenta  de  le  fixer  par 
trois  points  de  suture  métallique  placés  ï  son  extrémité  supérieure  et 
médiane  et  de  laisser  les  angles  largement  béants.  Pour  bien  soutenir 
ce  lambeau  large  et  épais,  l'attelle  en  liège  du  professeur  Laugier  fut 
très-utile;  une  longue  et  large  attelle  fortement  matelassée  de  ouate 
fut  placée  à  la  partie  postérieure  du  membre,  dont  elle  dépassait  le 
moignon  de  plusieurs  travers  de  doigt. 

VACANCES  DE  LA  SOCIÉTÉ  DE  CHIRURGIE. 

M.  Legouest  annonce  que  la  Société  de  chirurgie  se  met  en 
vacances  du  15  août  au  6  octobre. 

La  séance  est  levée  à  cinq  heures  trois  quarts. 

Le  Secrétaire  :  D'  Léon  Labbb. 


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—  339  — 

séANOE     DU    7    OOTOBBE    1868 
FrésideBee  de  H.  IHEBNBUIL 

Le  procès-verbal  de  la  précédente  séance  est  lu  et  adopté. 
M.  le  président  invite  M.  le  docteur  Paulet,  nommé  membre  titulaire 
dans  la  séance  du  12  août,  à  prendre  place  parmi  ses  collègues. 

GORRESPONDilNGB 

La  correspondance  comprend  : 

Les  journaux  reçus  depuis  le  15  août  :  Gazette  hebdomadaire^ 
Union  médicale  ^  Gazette  des  Hôpitaux.  —  Archives  générales  de  méde^ 
cihe.  —  Bulletin  de  thérapeutique.  —  Journal  de  médecine  et  de  chirur- 
gie  pratiques.  —  VArt  dentaire.  —  La  Gazette  médicale  de  Strasbourg» 
—  U Union  médicale  de  la  Provence.  —  Le  Montpellier  médical.  —  Le 
Sud  médical.  —  La  Revue  médicale  de  Toulouse.  —  Le  Journal  de  mé- 
decine de  l'Ouest. 

—  Les  Mémoires  et  Comptes  rendus  de  la  Société  des  sciences  médi^ 
cales  de  Lyon.  —  Le  Bulletin  de  la  Société  de  médecine  d^ Angers.  •—  Le 
Compte  rmdu  de  la  Société  de  médecine^  chirurgie  et  pharmacie  de 
Toulouse,  —  Société  médicale  de  Reims. 

—  Trois  registres  manuscrits  rédigés  par  Laborie.  L'un  contient  les 
Rapports  sur  V asile  de  Vincennes  pendant  les  années  1858  à  1865.  Les 
deux  autres  sont  des  Recueils  d'observations  prises  pendant  les  années 
1865  et  1866. 

—  M.  le  docteur  Deleslre  fait  don  à  la  Société  de  six  registres 
manuscrits  contenant  les  Cours  de  chirurgie  professés  par  Marjolin 
père  pendantles  années  1814  à  1816. 

—  La  Statistique  médicale  de  Varmée  pour  Tannée  1866. 

—  Le  chirurgien  général  de  Tarmée  des  États-Unis  adresse  à  la 
Société  la  circulaire  n*"  1,  intitulée  :  Report  on  épidémie  choiera  and 
yellow  fever  in  the  army  of  the  Uniled  States  during  the  year  1867.  — 
Washington  1868. 

—  Le  tome  premier  des  Transactions  of  the  clinical  Society  of 
London.  —  1868. 

—  Six  nouvelles  opérations  de  fistules  vésico-vagindles  par  la  mé- 
thode américaine,  toutes  suivies  de  guérisoUf  par  le  professeur  Courty 
(de  Montpellier). 


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—  340  — 

—  Contribution  à  l'élude  de  la  chehplastie,  par  Ph.  Gyoux  (de  Bor- 
deaux). 

—  Résultats  des  recherches  faites  à  Christiania  sur  l'effet  du  virus 
syphilitique  appliqué  au  corps  humain^  par  Joh-Heiberg,  chirurgien  gé- 
nérai de  l*armée  norvégienne. 

—  La  Médecine  et  V Hygiène  à  l'exposition  du  Havre,  par  Aug.  Du- 
rand. 

—  De  l'Hôpifal  civil  d'Alger,  étude  sur  sa  reconstruction,  par  les 
docteurs  A.  Gerny  et  Ed.  Bruch. 

—  MM.  les  docteurs  L.  Camille  Machenaud  et  Marc  Girard  adressent 
leurs  thèses  inaugurales  pour  le  concours  du  prix  Duval.  — La  pre- 
mière thèse  est  intitulée  :  Étude  sur  la  ligature  de  l'artère  fémorale;  la 
seconde  :  De  la  Kélotomie  sans  réduction. 

COimUNIGATION. 

Rhinoplasttie.  —  M.  Mirault,  d'Âûgers. 

Large  onTertnre»aceidentelle  eommanlqnant  avec  l'intérieur 
des  fosses  nasales.  Rhinoplastie  par  la  m6lhode  indienne 
modifiée.  Restauration  eompléte  de  la  difformité. 

Anne  D...,  de  Marillais  (Maine-et-Loire),  âgée  de  21  ans,  portait, 
à  la  partie  supérieure  et  moyenne  du  nez,  une  tumeur  sur  laquelle 
un  empirique  appliqua  un  caustique  arsenical.  A  la  chute  de  l'es- 
charre,  on  vit  s'établir  une  large  communication  avec  rinlérieur  des 
fosses  nasales.  La  solution  de  continuité  du  nez  mesure  un  peu  plus 
que  la  longueur  des  os  nasaux.  En  effet,  elle  commence  immédiate- 
ment au-dessous  de  leur  articulation  avec  le  coronal  et  s'étend,  en 
bas,  jusqu'à  la  portion  fibro-cartilagineuse  de  cet  organe,  sur  laquelle 
elle  anticipe  de  quelques  lignes.  Transversalement,  elle  occupe  le  dos 
et  le  côté  droit  du  nez,  jusqu'au  bord  correspondant  de  l'apophyse 
montante  de  l'os  maxillaire.  Celte  perforatiou  ovalaire,  divisée  inéga- 
lement en  deux  parties  par  la  cloison  des  fosses  nasales,  est  entourée 
par  une  cicatrice  plus  large  en  haut  et  en  bas  que  sur  les  côtés  et  ré- 
sulte de  la  destruction  de  tout  l'os  nasal  droit,  du  bord  interne  du 
même  os,  du  côté  gauche,  d'une  très-petite  partie  du  bord  antérieur 
des  cartilages  triangulaires  et  des  parties  molles  qui  les  recouvrent. 
Vu  de  profil,  le  nez  présente,  dans  sa  moitié  supérieure,  une  excava- 
fon  curviligne  qui,  par  rapport  au  plan  tangent  du  dos  du  nez,  a  plus 
de  six  lignes  de  profondeur.  Cet  état  constitue  une  difformité  des  plus 
choquantes.  L'amour-propre  de  la  jeune  fille  en  est  si  péniblement 


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~  341  ~ 

affecté  qu'elle  n'hésite  pas  à  se  soumettre  à  Topération  restauratrice 
que  je  lui  propose. 

Deux  indications  se  présentaient  :  !<>  obturer  Vouyerture  acciden- 
telle; 2**  faire  disparaître,  en  même  temps,  la  différence  de  niveau  des 
parties  supérieure  et  inférieure  du  nez,  c'est-à-dire  l'excavation  du 
dos  de  cet  organe.  A  ces  depx  conditions  seulement,  on  pouvait  ré- 
tablir la  conformation  naturelle  des  parties.  Voici  comment  j'y  pro- 
cédai, le  25  janvier  1835,  avec  l'assistance  des  docteurs  Négrier  et 
Adolphe  Laclièse,  professeurs  à  l'École  de  médecine  d'Angers, 

Je  circonscrivis  d'abord  la  perforation  par  deux  incisions  courbes 
qui  partaient  de  la  racine  du  nez  et  s'étendaient  à  peu  de  distance  de 
la  pointe  de  son  lobe,  où  elles  se  réunissaient  angulairement.  Dans  ce 
premier  temps  de  l'opération,  j'avais  avivé  les  bords  de  l'ouverture 
accidentelle  en  emportant  le  tissu  cicatriciel  qui  le  couvrait  et  j'avais 
mis  à  nu,  en  partie,  les  cartilages  triangulaires.  Ensuite,  je  réséquai, 
sur  la  hauteur  de  quatre  lignes,  le  bord  antérieur  de  ces  mêmes  carti- 
lages. Enfin,  pour  combler  Ja  perte  de  substance  qui  se  trouvait 
agrandie  par  l'avivement  de  son  pourtour,» j'eus  recours  à  la  rhino- 
plastie. 

D'abord,  je  pris,  sur  la  partie  moyenne  inférieure  du  front,  un 
lambeau  lancéolé,  c'est-à-dire  de  la  même  forme  que  l'ouverture  acci- 
dentelle, mais  de  dimensions  un  peu  plus  grandes,  à  cause  du  retrait 
des  tissus.  Après  l'avoir  détaché  du  coronal,  ce  lambeau  ne  tenait 
plus  aux  téguments  de  la  racine  du  nez  que  par  un  pédicule  de  trois 
lignes  de  largeur  environ.  Je  le  renversai  de  haut  en  bas,  et  le  tor- 
dant sur  lui-même  à  son  point  d'adhérence,  je  l'appliquai,  par  sa  face 
crufntée,  sur  la  perforation  qui  s'en  trouva  exactement  recouverte. 
Quatorze  points  de  suture  entortillée  réunirent  leurs  bords  affrontés. 
Je  terminai  en  réunissant  entre  eux,  par  trois  autres  points  de  suture, 
les  bords  de  la  plaie  du  front. 

Quelques  heures  après  l'opération,  le  lambeau  frontal  était  froid, 
livide  et  insensible  aux  attouchements.  Dans  la  journée,  du  sang  noir 
suinta,  assez  abondamment,  sur  toute  retendue  des  bords  de  la  réu- 
nion. Lotions  avec  du  vin  chaud.  La  malade  dormit  bien  la  nuit  sui- 
vante. 

Le  lendemain,  26,  la  chaleur  commence  à  revenir  dans  le  lambeau. 
Le  pouls  est  un  peu  accéléré  ;  pansement  simple  ;  régime  léger. 

Le  27,  la  sensibilité  du  lambeau  est  manifeste,  il  a  repris  sa  couleur 
et  sa  température  normales.  La  réunion  des  plaies  du  nez  et  du  front 
s'est  faite  dans  toute  leur  éteudue.  J'ôte  treize  épingles,  savoir  :  onze 
au  nez  et  deux  au  front. 


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—  342  - 

Le  28,  le  pédicule  du  lambeau  est  un  peu  rouge  et  gonflé.  En  le 
pressant  légèrement  avec  le  bout  du  doigt,  je  fais  sortir  un  peu  de 
pus  de  dessous  lui.  J'enlève  les  quatre  dernières  épingles  et  je  sou- 
tiens les  bords  des  plaies  avec  des  bandelettes  de  taffetas  gommé. 

Le  31,  cette  légère  sécrétion  purulente  avait  cessé.  Le  pédicule  du 
lambeau,  saillant  le  premier  jour,  par  suite  de  la  torsion  qu'il  a 
subie,  s'est  affaissé  notablement  et  ne  fait  plus  qu'une  faible  saillie. 
Compression  sur  ce  même  pédicule  à  l'aide  des  bandelettes  agglutina- 
tives. 

{•'  février  et  jours  suivants,  les  lèvres  de  la  plaie  se  sont  séparées 
à  la  hauteur  du  pédicule  et  dans  l'étendue  de  quelques  lignes.  Ce 
petit  accident,  que  j'attribue  à  un  peu  de  pus  qui  s'est  formé  sous  la 
peau,  n'eut  pas  de  suites;  en  effet,  le  10  février,  seizième  jour,  la  ci- 
catrisation des  plaies  était  achevée  et  là  restauration  du  nez  si  com- 
plète qu'on  n'aurait  pu  soupçonner  la  difformité  repoussante  dont 
Anne  D...  avait  été  délivrée.  Le  portrait  n'  2  représente  la  jeune  fille 
telle  qu'elle  était  le  soixante -neuvième  jour  après  son  opération. 

Cet  exemple  de  rhinopl&slie  rentrerait  dans  les  cas  ordinaires  et  ne 
mériterait  pas  peut-être  de  fixer  l'attention  de  la  Société  de  chirur- 
gie, s'il  ne  présentait  pas  quelque  chose  de  particulier,  qui  ajoute  à 
son  intérêt  :  c'est  la  résection  de  la  portion  fibro-cartilagineuse  du 
nez,  pratiquée  dans  le  but  de  rétablir  le  niveau  qui  avait  cessé  d'exis- 
ter entre  les  parties  supérieure  et  inférieure  du  nez.  En  effet,  tandis 
que  la  première  s'est  trouvée  exhaussée  par  Texcès  d'épaisseur  du 
lambeau  frontal,  la  seconde  a  été  abaissée  par  la  perte  de  substance 
qu'on  a  fait  subir  au  fibro- cartilage.  C'est  ainsi  que  l'excavation  a  élé 
comblée  et  que  le  nez  a  pu  recouvrer,  non-seulement  une  forme  ré- 
gulière, mais,  chose  singulière,  une  forme  plus  gracieuse  que  dans 
son  état  naturel. 

Hypertrophie  diffuse  de  la  glande  mammaire. 
Amputation  dn  sein, 

M.  Marjolin.  Dans  les  premiers  jours  du  mois  d'avril  de  celte 
année,  on  m'amena  une  jeune  fille  de  quinze  ans  et. demi,  de  petite 
taille,  non  réglée,  présentant  l'aspect  d'une  bonne  constitution,  bien 
que  son  père  et  sa  mère  aient  succombé  à  un  affection  de  poitrine. 
Depuis  quelque  temps,  les  personnes  qui  en  étaient  chargées  avaient 
cru  s'apercevoir  que  le  sein  droit  avait  pris  un  développement  anor- 
mal. Lorsque  cette  jeune  personne  me  fut  présentée,  je  fus  frappé  du 
volume  extraordinaire  que  les  seins,  surtout  le  droit,  avaient  pris; 


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—  343  - 

jamais  il  n'y  avait  eu  de  douleur.  Il  serait  difficile  de  dire^  même 
approximativement,  quel  volume  avait  atteint  la  glande  mammaire,  mais 
après  un  examen  attentif,  je  pensai  qu'il  s'agissait  de  Taffection  assez 
rare  décrite  par  A.  Gooper  et  Yelpeau,  et  désignée  par  ce  dernier  au- 
teur sous  le  nom  d'hypertrophie  diffuse  de  la  mamelle.  Â  cette  époque, 
le  sein  droit  était  déjà  un  peu  pendant  sur  la  poitrine,  les  veines  peu 
développées,  la  configuration  du  mamelon  était  normale;  nulle  part 
on  ne  sentait  d'induration  partielle»  la  consistance  générale  du  sein 
était  plutôt  molle,  la  pression  ne  déterminait  aucune  douleur. 

Le  développement  du  sein  avait  marché  très-rapidement,  et  d'après 
cela  je  fis  part  de  mes  craintes  sur  la  terminaison  de  l'affection  et 
j'annonçai  de  suite  que  si  malgré  l'influence  d'un  traitement  interne 
et  externe  le  volume  du  sein  continuait  à  s*accroître,  il  faudrait  re- 
courir tôt  ou  tard  à  une  opération. 

J'avais  vu  la  jeune  fille  opérée  et  présentée,  il  y  a  plusieurs  années, 
par  M.  Manec  à  TAcadémie,  et  bien  que  le  volume  actuel  des  deux 
seins  de  ma  malade  fût  bien  loin  d'égaler  celui  de  cette  jeune  fille,  je 
pensai  qu'il  n'y  avait  pas  de  temps  à  perdre,  et  de  suite  je  lui  fis 
prendre  à  l'intérieur  des  préparations  iodées,  des  onctions  avec  la 
pommade  d'iodure  de  potassium  furent  faites  sur  les  deux  seins,  et  je 
comprimai  de  mon  mieux  tout  le  thorax  avec  une  bande  de  flanelle. 

Ce  traitement,  suivi  avec  beaucoup  de  soin  jusqu'au  mois  de  juin, 
n'amena  aucun  résultat,  et  même  le  volume  du  sein  gauche  commença 
à  croître  assez  rapidement.  Depuis,  des  deux  côtés,  et  surtout  à 
droite,  le  poids  des  seins  augmentant,  il  se  forma  une  sorte  de  pédi- 
cule à  la  base  de  la  tumeur.  A  cette  époque,  un  nouveau  changement 
s'était  opéré,  le  système  veineux  avait  pris  plus  de  développement  et 
le  mamelon  s'était  complètement  effacé,  on  ne  le  distinguait  que  par 
une  tache  brunâtre,  sans  aucune  dépression  ni  suintement  d'aucune 
espèce.  Du  côté  droit,  la  circonférence  du  sein,  au  niveau  du  pédi- 
cule, donnait  0,44,  et  la  saillie  totale  du  sein  0,26;  à  gauche,  la  cir- 
conférence du  pédicule  était  de  0,35. 

Voyant  que  malgré  un  traitement  régulier  il  n'y  avait  aucune  amé- 
lioration, j'engageai  la  malade  à  aller  prendre  des  bains -de  mer,  sans 
discontinuer  à  Tintérieur  les  préparations  iodées  et  f  usage  de  l'eau  de 
mer.  Elle  prit  des  bains  pendant  six  semaines  et  à  son  retour  je 
constatai  que  si  le  volume  du  sein  gauche  était  resté  stationnaire, 
celui  du  sein  droit  s'était  considérablement  accru;  ainsi,  la  circonfé- 
rence du  sein  droit,  au  niveau  du  pédicule,  était  de  0,47  et  fk  circon- 
férence, un  peu  au-dessus,  c'est-à-dire  à  la  base  véritable  de  la  glande 
mammaire,  était  de  0,53.  De  plus,  sur  deux  points,  la  peau  s'était 


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—  344  — 

excoriée  comme  si  on  avait  appliqué  un  petit  vésicatoire  d'un  centi- 
mètre de  diamètre. 

J'engageai  la  malade  à  revenir  promptement,  car  l'opération  deve- 
nait de  plus  en  plus  indiquée.  Quinze  jours  environs  s'écoulèrent,  et 
pendant  cette  courte  période,  au  niveau  où  la  peau  était  excoriée,  une 
partie  de  la  glande  mammaire  avait  fait  hernie  et  formait  un  cham- 
pignon mou,  douloureux,  ne  donnant  aucun  écoulement  de  sang  ou 
de  sanie.  Je  pressai  la  malade  de  se  laisser  opérer  et  l'ablation  du  sein 
fut  pratiquée  le  6  octobre. 

Il  n'y  avait  jamais  eu  d'engorgement  ganglionnaire  dans  l'aisselle. 

Le  sein  que  je  soumets  à  votre  examen  présente  partout,  même  au 
niveau  de  la  portion  herniée  et  ulcérée,  l'aspect  d'une  glande  mam- 
maire hypertrophiée. 

Le  poids  de  la  tumeur  était  de  4  kilog.  510  gr.  Depuis  l'époque  de 
l'opération,  il  n'est  survenu  aucun  accident,  la  malade  se  sent  soula- 
gée de  n'avoir  plus  à  porter  cette  énorme  et  gênante  difformité,  la 
plaie  a  un  très>bon  aspect  et  tout  semble  présager  une  prompte  gué  • 
rison. 

L'examen  de  la  tumeur,  fait  par  M.  Saison,  interne  très-instruit  et 
habitué  aux  recherches  micrographiques,  semble  prouver  qu'il  s'agit 
dans  ce  cas  d'une  véritable  hypertrophie  du  tissu  de  la  glande  mam- 
maire. 

LECTURE. 

Fracture  de  l'os  frontal  arec  enfoneemeiit.  •-  Trépanation. 

M.  HoRTELOup  fils  lit  un  travail  sur  ce  sujet. 
Le  travail  de  M.  Horteloup  est  renvoyé  à  une  Commission  compo- 
sée de  MM.  Liégeois,  Marc  Sée  et  Lefort. 

PRÉSENTATION  d'iNSTRUMENT. 

M.  LÉON  Labbé  présente,  au  nom  de  M.  le  docteur  Laforgue,  ua 
instrument  que  celui-ci  désigne  sous  le  nom  de  pulviphore. 

Cet  instrument  aurait  Tavantage,  suivant  Fauteur,  de  permettre  aux 
femmes  de  porter  des  poudres  médicamenteuses  sur  le  col  de  l'utérus 
et  dans  le  cul-de-sac  utero- vaginal,  et  de  se  panser  elles-mêmes  dans 
les  cas  où  le  chirurgien  ne  pourrait  le  faire. 

M.  Després  fait  observer  que  le  tampon  d'alun  peut  être  appliqué 
par  les  malades  elles-mêmes. 

La  sétnce  est  levée  à  cinq  heures. 

Le  Secrétaire  :  D'  Léon  Lâbbé. 


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—  345  — 

SÉANOB     DU     14    OCTOBBB     1868 
Frésidenee  de  H.  LEGOUEST 

Le  procès-verbal  de  la  précédente  séance  est  lu  et  adopté. 

CORRESPOND  AMGB 

La  correspondance  comprend  : 

Les  jouroaux  de  la  semaine.  —  Le  Journal  de  médecine  et  de  chi- 
rurgie pratiques, 

—  De  la  Résorption  éleciriquey  par  M.  Scoutetten. 

—  Nouvelles  recherches  sur  la  constitution  et  le  diagnostic  de  la  pus- 
tule maligne.  —  De  V administration  des  médicaments  par  la  muqueuse 
des  fosses  nasales.  —  Noie  sur  V efficacité  de  l'inhalation  de  poudres 
narcotiques  par  les  fosses  nasaleSy  etc. ,  par  le  docteur  Raimbert,  mé- 
decin des  hôpitaux  de  Châteaudun. 

—  Cenni  biografici  di  alcuni  illustri  chirurghi  de  corrente  secolo^ 
del  Ces.  Fumagalli,  premier  chirurgien  de  Thôpital  de  Milan. 

—  Du  catarrhe  utérin  et  de  son  traitement  par  les  injections  intra- 
utérines,  par  le  docteur  Gantillon. 

—  Fracture  du  calcanéum  par  écrasement;  autopsie,  par  le  docteur 
Sonrier. 

—  Mémoire  sur  la  ponction  du  péricarde  envisagée  au  point  de  vue 
chirurgical^  par  le  docteur  Baizeau. 

—  Rénovation  des  principes  fondés  par  nos  grands  chifurgiens  d* ar- 
mées y  consacrés  et  x^omplétés  par  la  découverte  et  V emploi  d'agents  tout 
modernes;  application  avec  un  succès  absolu  et  hors  de  toute  prévision 
au  traumatisme  et  surtout  au  traumatisme  compliqué j  par  M.  Astic, 
médecin  principal. 

—  M.  Larrey  offre  à  la  Société  vingt  thèses  inaugurales  relatives  à 
des  sujets  de  chirurgie. 

—  M.  Broca  dépose  sur  le  bureau,  de  la  part  de  M.  Sédillot,  de 
Strasbourg,  deux  volumes  intitulés:  Contributions  à  la  chirurgie.  Cette 
importante  publication  renferme  la  majeure  partie  des  recherches  et 
mémoires  isolés  publiés  par  M.  Sédillot  pendant  sa  longue  carrière 
scientifique.  Ces  mémoires  sont  reliés  entre  eux  par  des  introductions 
générales. 

S*  série.  —  tome  ix.  44 


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—  346  — 

M.  LE  Président  fait  connaître  à  la  Société  que  madame  Laborie  lui 
a  remis  l'acte  de  donation,  en  vertu  duquel  elle  a  constitué  à  la  Société 
de  chirurgie  une  rente  annuelle  de  douze  cents  francs. 

M.  le  Président  est  chargé  d'adresser  à  madame  Laborie  les  remer- 
ciments  de  la  Société. 

M.  Legouest  rappelle  à  la  Société  de  chirurgie  que  dans  ki  séance 
du  29  novembre  1865,  à  propos  d'une  communication  de  M.  Alphonse 
Guérin,  il  Ta  entretenue  d'un  procédé  opératoire  relatif  à  la  cure  des 
polypes  naso-pharyngiens.  M.  Legouest,  se  fondant  sur  ce  fait  que  les 
polypes  naso-pharyngiens  sont  une  aflFection  de  l'adolescence,  propo- 
sait de  leur  appliquer  les  extirpations  successives  sans  opération 
préalable. 

A  cette  époque,  M.  Legouest  entretint  la  Société  d'un  jeune  ma- 
lade qui  était  traité  d'après  ces  principes.  Il  y  a  eu,  le  30  août,  trois 
ans  moins  un  mois  que  ce  jeune  homme  a  été  opéré  pour  la  dernière 
fois  et  le  polype  n'a  pas  repullulé.  Dans  une  lettre  datée  du  30  août, 
ce  malade  a  fait  connaître  à  M.  Legouest  l'état  de  sa  santé,  qui  serait 
parfaitement  satisfaisante,  si  ce  n'était  l'apparition  de  temps  en  temps 
de  quelques  petites  hémorrhagies  et  de  quelques  rougeurs  du  côté  de 
l'œil.  Ce  malade  réclame  une  restauration  du  nez. 

M.  DoLBEAU.  J'ai  écouté  avec  beaucoup  d'intérêt  la  communication 
de  M.  Legouest,  mais  je  dois  faire  remarquer  que  l'observation  qui 
avait  été  donnée  par  M.  Legouest  était  incomplète. 

M.  Legouest.  L'observation  avait  été  complétée  depuis  dans  le 
BulJstin  de  la  Société, 

RAPPORTS  VERBAUX. 

M.  GiRALDÈs  fait  un  rapport  verbal  sur  un  travail  de  M.  Galret, 
chirurgien  de  l'hôpital  de  Castres,  relatif  à  un  procédé  de  trachéoto- 
mie. 

En  résumé,  dit  M.  Giraldès,  M.  Calvet  propose  un  procédé  dans 
lequel  on  fixerait  la  trachée  avec  le  doigt  médius  et  l'indicateur,  et 
Ton  abandonnerait  l'usage  du  dilatateur  trachéal. 

M.  le  rapporteur  fait  remarquer  que  depuis  longtemps  l'on  a  pro- 
posé de  fixer  la  trachée  entre  l'index  et  le  médius. 

Quant  à  l'abandon  du  dilatateur,  il  ne  lui  paraît  pas  pouvoir  être 
admis.  M.  le  rapporteur  ne  voit  là  qu'un  très-mauvais  conseil  qu'il 
faudrait  bien  se  garder  de  suivre. 

M.  Giraldès  termine  son  rapport  par  les  conclusions  suivantes  : 

1*  Adresser  des  remercîments  à  l'auteur. 

2*  Déposer  son  manuscrit  aux  Archives. 


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—  34T  — 

M.  DoLBEÀU.  Je  viens  faire  un  rapport  sur  un  travail  adressé,  il  y 
a  déjà  longtemps,  à  la  Société,  par  M.  Chennevier,  professeur  de  cli- 
nique et  chirurgien  de  l'hôpital  de  Besançon. 

Le  travail  de  notre  confrère  avait  été  renvoyé  à  une  Commission 
composée  de  MM.  Follin,  Foucher  et  Dolbeau;  M.  FoUin  avait  été 
nommé  rapporteur  de  cette  Commission.  Notre  regretté  collègue  étant 
mort,  le  travail  de  M.  Ghennevier  n'avait  pas  été  Tobjet  d'un  rapport, 
et  aujourd'hui  je  viens  remplir  une  mission  qui  ne  m'avait  pas  été 
tout  d'abord  confiée. 

L'observation  de  M.  Ghennevier  est  intitulée  :  Luxation  spontanée  du 
cristallin.  Le  malade  était  un  homme  âgé  que  ce  chirurgien  a  pu  ob- 
server pendant  deux  années  consécutives.  La  luxation  a  eu  lieu  des 
deux  côtés.  Dans  les  deux  cas,  M.  Ghennevier  a  pratiqué  l'extraction 
du  cristallin  ;  les  deux  fois  il  y  a  eu  fonte  purulente  de  l'œil  et  le  ma- 
lade est  devenu  aveugle. 

Ce  fait  est  intéressant,  surtout  parce  que  l'observateur  a  pu  suivre 
les  phases  successives  de  la  maladie. 

L'observation  est  très-bien  prise,  seulement  elle  se  termine  par  une 
proposition  basée  sur  des  hypothèses.  M.  Ghennevier  pense  qu'il  fau  t 
admettre  deux  catégories  de  luxation  du  cristallin  :  i*'  la  luxation  de 
l'appareil  cristailinien  tout  entier,  capsule  et  cristallin  ;  2°  la  luxatiom 
du  cristallin,  la  capsule  conservant  ses  rapports  normaux. 

M.  Ghennevier  dit  avoir  observé,  chet  son  malade,  une  luxation  du 
cristallin  non  accompagné  de  sa  capsule.  Il  admet  pour  expliquer  ce 
fait  que  la  capsule  peut  devenir,  dans  certains  cas,  le  siège  d'une 
ulcération  lisse ,  égale,  et  ne  se  manifestant  par  aucun  phénomène 
exiérieur  appréciable. 

Cette  hypothèse  demande  une  démonstration. 

M.  Dolbeau  termine  son  rapport  par  les  conclusions  suivantes  : 

i^  Publier  dans  le  Bulleiin  de  la  Société  de  chirurgie  l'observation 
de  M.  Ghennevier. 

2*  Inscrire  M.  Ghennevier  sur  la  liste  des  candidats  au  titre  de 
membre  correspondant. 

Obserratlon  de  ioxation  spontanée  dn  erlstalUn 

Par  M.  Ghennevier. 

Baptiste  0...,  âgé  de  60  ans,  plâtrier,  tempérament  nerveux-san-* 
guin,  constitution  robuste,  dont  les  parents  sont  morts  dans  un  âge 
avancé  en  ayant  conservé  la  vue,  n'a  aucun  antécédent  syphilitique  ni 
rhumatismal.  Il  n'a  jamais  fait  de  maladies  sérieuses  et  n'a  pas  en- 
tendu dire  qu'il  en  ait  eu  dans  son  enfance.  Il  a  les  yeux  bruns,  n'en 


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—  348  — 

a  jamais  souffert  et  a  toujours  eu  une  excellente  vue.  Il  ne  se  rappelle 
avoir  fait  aucune  chute  grave >  ni  avoir  reçu  aucun  coup  sur  la  tête  ou 
sur  r<Bil. 

Pendant  le  mois  de  juillet  4861,  il  a  travaillé  sur  un  toit  à  la  cam- 
pagne, à  l'ardeur  du  soleil,  puis  est  revenu  de  cette  campagne,  dis- 
tante de  20  kilomètres,  par  un  soleil  ardent  et  sur  une  route  dont  la 
blancheur  lui  avait  fortement  impressionné  les  yeux.  C*est  à  cette 
époque  qu'il  croit  pouvoir  faire  remonter  sa  maladie,  et,  en  bien 
cherchant,  c'est  la  seule  cause  à  laquelle  il  peut  Tattribuer. 

Cette  maladie  a  consisté  dans  une  gêne  légère  qu'il  éprouvait  de 
temps  à  autre  à  l'œil  gauche,  gêne  accompagnée  du  passage  de  mou- 
ches noires  devant  cet  œil.  11  s'est  peu  préoccupé  de  ces  phénomènes 
et  a  continué  à  exercer  sa  profession  jusqu'au  15  janvier  1862,  jour 
où  cette  gêne  est  devenue  tout  à  coup  continuelle  et  douloureuse.  Il 
entre  à  l'hôpital  le  16. 

A  l'examen  ordinaire,  je  ne  trouve  pas  de  signes  objectifs  dans  les 
yeux.  Ils  ont  le  volume  et  la  consistance  normales.  Il  n'y  a  ni  rou- 
geur, ni  opacité.  Pas  de  tremblement  de  l'iris  et  les  pupilles  se  con- 
tractent également  sous  l'influence  de  la  lumière.  Les  milieux  ont  leur 
coloration  normale.  Après  dilatation  de  la  pupille,  nous  examinons 
l'œil  gauche  à  Tophtalmoscope.  On  aperçoit  le  fond  de  l'œil  avec  sa 
teinte  normale,  mais  immédiatement  derrière  le  segment  inférieur  de 
l'iris,  à  la  partie  inférieure  de  la  chambre  postérieure,  on  voit  facile- 
ment un  arc  de  cercle  noirâtre  que  je  fais  examiner  rapidement  aux 
élèves,  sans  me  rendre  d'abord  bien  compte  de  ce  que  ce  pouvait  être, 
ma  première  impression  tendant  à  considérer  cette  tache  noirâtre 
comme  le  caillot  résultant  d'un  épanchement  sanguin.  Ces  examens 
successifs  et  prolongés  fatiguant  beaucoup  son  œil,  je  remis  le  diag- 
nostic et  je  fis  sortir  0  ..  de  la  chambre  obscure  pour  continuer  sur 
d'autres  malades.  Une  demi  heure  après  environ,  il  nous  fit  appeler 
dans  la  salle,  parce  qu'en  se  baissant  il  avait  éprouvé  un  bouleverse- 
ment dans  Tœil  et  qu'il  n'y  voyait  plus.  La  chambre  antérieure  toute 
entière  est  occupée  par  le  cristallin,  et  cet  arc  de  cercle  que  nous  ve- 
nions de  voir  à  l'ophtbalmoscope,  et  sur  la  nature  duquel  l'éclairage 
oblique  nous  aurait  probablement  mieux  renseigné,  était  le  bord  de  la 
lentille  abaissée  et  dont  le  passage  dans  la  chambre  antérieure,  faci- 
lité par  la  dilatation  de  la  pupille,  s'était  effectué  dans  un  mouvement 
de  la  tête  en  avant  et  en  bas.  Le  malade  est  couché,  la  tête  renversée. 

Dans  la  nuit  du  16  au  17,  le  cristallin  repasse  dans  la  chambre 
postérieure,  et  comme  à  partir  de  ce  moment  0...  ne  souffre  plus,  il 
veut  sortir  le  23. 


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—  349  — 

Il.revient  à  la  salle  le  !•'  février,  c'est-à-dire  huit  jours  après.  En 
se  baissant,  il  avait  éprouvé  le  même  bouleversement,  selon  son 
expression^  et  il  souffre  encore  davantage.  Le  cristallin  est  enclavé 
horizontalement  dans  l'ouverture  pupillaire,  laquelle  représente  un 
ovale  aux  extrémités  de  laquelle  la  grande  et  la  petite  circonférence 
se  confondent.  Le  malade  souffre  beaucoup  et  a  des  vomissements  ; 
collyre  au  sulfate  d'atropine.  Le  cristallin  passe  dans  la  chambre  an- 
térieure pendant  la  nuit,  et  le  matin  à  la  visite,  comme  les  souffrances 
coDtinuent,  quoique  moins  vives,  je  pratique  la  kératotomie  infé- 
rieure. Je  ne  peux  empêcher  le  couteau  de  pénétrer  dans  le  cristallin 
et  je  suis  obligé  de  Texlraire  fragmenté  avec  la  curette.  Les  fragments 
sont  transparents  et  sans  traces  de  points  opaques.  Malgré  un  traite- 
ment énergique,  il  survient  une  inflammation  vive  et  comme  résultats  : 
opacité  de  la  moitié  inférieure  de  la  cornée,  synéchîe  antérieure  et 
perte  de  la  vision  pour  cet  œil. 

Lors  de  la  sortie,  au  mois  de  mars,  nous  examinons  rœil  droit  qui 
est  tout  à  fait  sain.  Le  malade  eu  voit  très-nettement  et  n'en  souffre 
en  aucune  façon.  Nous  l'engageons  à  venir  au  moindre  changement 
qui  y  surviendrait. 

Le  30  janvier  1863,  c'est-à-dire  un  an  après,  0...,  qui  avait  exercé 
sa  profession  dans  cet  intervalle,  vient  nous  dire  qu'il  éprouve  dans 
l'œil  droit  les  mêmes  symptômes  qu'il  avait  ressentis  dans  le  gauche, 
c'est-à-dire  une  gêne  légèrement  douloureuse,  avec  apparition  de 
mouches  noires,  quand  il  a  fatigué.  Nous  le  faisons  rester  à  l'hôpital 
pour  mieux  le  suivre.  L'examen  ordinaire  ae  fournil  aucun  signe  ob- 
jectif. Après  dilatation  delà  pupille,  on  peut  distinguer  à  l'œil  nu  une 
ligne  noirâtre  d'une  étendue  de  un  à  deux  millimètres,  située  à  la 
partie  supérieure  et  un  peu  interne  du  bord  du  cristallin.  A  l'examen 
direct  avec  la  loupe  et  à  Téclairage  oblique,  on  distingue  plus  nette- 
ment cette  ligne  qui  est  constituée  par  le  bord  libre  du  cristallin  déta- 
ché, non  incliné,  ni  tremblotant.  Par  cet  éclairage,  on  peut  constater 
que  le  segment  antérieur  est  normal  ;  cornée  transparente,  humeur 
aqueuse  et  son  enveloppe  sans  exsudats,  iris  sain  et  non  tremblant, 
aucune  vascularisation  ni  dépôt  sur  la  capsule,  les  trois  images 
peuvent  être  perçues.  On  distingue  à  l'ophthalmoscope  le  fond  de  l'œil 
qui  est  sain.  Je  regrette  de  n'avoir  pas  cherché  à  constater  s'il  y  avait 
astigmatisme,  mais  comme  nous  nous  étions  assuré  de  l'acuité  et  de  la 
netteté  de  la  vision,  je  crois  qu'il  n'existait  pas. 

Nous  conservons  le  malade  jusqu'au  12  mai  et  nous  l'examinons  à 
trois  ou  quatre  reprises.  A  chaque  examen,  on  peut  constater  une 
légère  augmentation  dans  le  déchatonement  du  bord  du  cristallin. 


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—  350  — 

déchâtonement  qui,  à  l'époque  de  la  sortie,  paraît  être  un  peu  moins 
du  sixième  de  la  circonféreDce. 

Il  reprend  ses  travaux  pendant  le  second  semestre  de  1863,  pendant 
Tannée  1864  et  le  premier  semestre  de  1865.11  vient  de  temps  en  temps 
à  la  consultation,  où,  après  dilatation  de  la  pupille,  on  voit  à  ces  exa- 
mens successifs  que  la  ligne  noire,  représentée  par  le  bord  du  cristal- 
lin, va  en  augmentant,  de  telle  sorte  qu'au  commencement  de  1865 
elle  occupe  plus  du  tiers  de  la  circonférence  et  que  la  chute  peut  être 
regardée  comme  imminente,  quoiqu'il  n'y  ait  pas  de  ballottement 
appréciable  du  cristallin. 

En  effet,  le  22  août,  0...  vient  le  matin  à  Thôpital,  racontant  que  la 
veille  au  soir  il  a  ressenti  une  vive  douleur  dans  l'œil  et  que  la  vision 
a  été  immédiatement  troublée.  Il  distingue  les  objets  volumineux, 
mais  confusément,  et  les  douleurs  vont  s'augmentant  et  s'irradiant 
autour  de  l'orbite.  M.  Vedrènfts,  médecin  major,  qui  a  suivi  le  cas  de 
luxation  spontanée  du  cristallin  chez  l'enfant  de  troupe  présenté  par 
M.  Larrey  à  la  Société  de  cbirurgie,  veut  bien  examiner  le  malade 
avec  nous. 

Le  cristallin  occupe  la  chambre  antérieure,  refoulant  l'iris  dont  il 
déforme  l'ouverture.  A  l'éclairage  oblique  et  à  l'ophthalmoscope,  nous 
constatons  la  transparence  des  milieux.  L'extraction  immédiate  est 
décidée,  mais  le  malade  refuse  nettement,  attribuant  à  cette  opération 
la  perle  de  son  œil  gauche.  Je  fais  coucher  le  malade,  la  tête  renver- 
sée, je  prescris  le  collyre  à  l'atropine,  l'application  sur  l'oeil  de  com- 
presse trempées  dans  une  solution  froide  de  belladone,  afin  de  dilater 
la  pupille  et  favoriser  le  passage  du  cristallin  dans  la  chambre  pos- 
térieure. Je  recommande  à  l'interne  de  service  de  surveiller  le  ma- 
lade et  aussitôt  le  passage  du  cristallin  de  rendre  l'œil  h  la  lumière  et 
d'introduire  sous  la  paupière  du  papier  à  la  fève  de  Calabar  pour 
contracter  la  pupille  et  maintenir  ta  lentille  dans  l'humeur  vitrée  Le 
passage  ne  se  fait  pas,  l'œil  rougit,  les  douleurs  sont  atroces.  Sai- 
gnées, sangsues,  révulsifs,  rien  n'arrête  rinflammation.  Le  quatrième 
jour,  le  malade  demande  l'extraction,  que  uous  pratiquons  en  désespoir 
de  cause  par  la  kcratotomie  supérieure.  Ce  procédé,  que  nous  recom- 
mandons dans  ce  cas,  nous  permet  une  manœuvre  plus  facile,  parce 
que  la  partie  supérieure  est  moins  remplie  par  la  lentille,  et  nous 
obtenons  le  cristallin  entier,  sans  sa  capsule,  un  peu  diminué  de  vo- 
lume, plutôt  dur  que  mou,  d'un  jaune  ambré  comme  il  est  d'ordinaire 
à  60  ans,  et  tout  à  fait  transparent.  Malgré  un  traitement  actif,  la 
suppuration,  comme  il  était  facile  de  le  prévoir,  a  vidé  l'œil  et  main- 
tenant le  malade  est  aveugle. 


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—  351  — 

En  résumé,  un  homme. d'une  soixantaine  d'années,  robuste,  sans 
antécédents  morbides  ni  héréditaires,  ayant  toujours  eu  une  excellente 
vue,  est  atteint,  sans  autre  cause  appréciable  que  Tex position  pen- 
dant quelques  heures  à  la  lumière  solaire  vive,  de  solution  de  conti- 
nuité de  la  capsule,  suivie  de  luxation  spontanée  du  cristallin  gauche. 
La  luxation  serait  survenue  sept  mois  après  la  cause  présumée  et  sans 
que  cet  œil  présentât  aucun  autre  signe  de  maladie.  Puis,  un  an 
après,  sans  cause  appréciable  cette  fois,  les  mêmes  phénomènes  se 
présentent  à  ToBil  droit.  La  solution  de  continuité  spontanée,  gra- 
duelle, de  la  partie  antérieure  et  supérieure  de  la  capsule  peut  être 
suivie  pas  à  pas  ;  elle  met  plus  de  deux  ans  à  détruire  la  moitié  envi- 
ron de  la  circonférence  de  la  capsule,  de  telle  'sorte  que  le  cristallin 
n'étant  plus  retenu  à  sa  partie  supérieure  bascule  en  avant  et  tombe 
dans  la  chambre  antérieure  primitivement  ou  consécutivement. 

Quelle  est  la  nature  des  lésions  qui  provoquent  ces  luxations  spon- 
tanées du  cristallin?  Parmi  les  cas  observés  et  dont  le  résumé  a  été 
donné  par  M.  Fischer,  dans  les  Archives  de  médecine,  on  voit  que 
pour  le  plus  grand  nombre  c'est  l'appareil  cristallinien  entier  qui  s'est 
détaché;  et  ces  casseraient  encore  assez  communs,  puisque  M.  Recor- 
dan,  de  Lausanne,  m*a  écrit  en  avoir  observé  déjà  quatre  ou  cinq  de 
cette  espèce..  D'autre  fois  c'est  la  capsule  qui  se  déchire  et  le  cristallin 
seul  qui  s'échappe. 

Pour  les  cas  de  la  première  espèce,  c'est-à-dire  de  luxation  sponta- 
née de  tout  l'appareil  cristallinien,  il  faut  que  la  zone  soit  primitive- 
ment atteinte,  qu'elle  se  déchire  préalablement  et  laisse  la  capsule 
sans  soutien,  car  pour  tous  ceux  qui  ont  essayé  de  séparer  la  capsule 
de  la  zone,  cette  opération  a  été  reconnue  impossible  sans  que  la 
capsule  se  déchire  d'abord. 

Pour  les  cas  de  la  seconde  espèce,  comme  celui  que  je  viens  de  rap- 
porter, il  y  a  solution  de  continuité  spontanée  de  la  capsule,  puis  lu- 
xation de  la  lentille  seule.  Dans  notre  observation,  il  n'y  a  pas  eu 
traumatisme,  l'œil  a  été  reconnu  parfaitement  sain  par  tous  les 
moyens  d'investigation  actuels.  Gomment  expliquer  cette  solution  de 
continuité  spontanée  de  la  capsule  ?  L'hypothèse  que  je  crois  la  plus 
admissible  consisterait  à  considérer  cette  affection  comme  une  ulcéra- 
tion de  la  capsule,  ulcération  analogue  aux  ulcères  transparents  de  la 
cornée,  sans  vascularisalion  et  sans  dépôts  plastiques,  ulcères  qui, 
dans  une  membrane  aussi  mince,  seraient  suivis  de  perforation. 

Comme  conséquence,  il  faudrait  admettre  deux  variétés  de  luxation 
spontanée  du  cristallin  : 

i*>  Luxation  spontanée  de  l'appareil  cristallinien  entier. 


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—  352  — 

2*  Luxation  spontanée  du  cristallin  seul. 

La  première  variété  tiendrait  à  une  lésion  anatomique  de  la  zone; 
la  seconde  à  uae  lésion  de  la  capsule. 

COMMirNIGATION. 

Coxalgie  aveo  suppuration.  Réseetioi»  de        hanche.  Mort. 

M.  Verneuil.  Il  y  a  environ  deux  ans,  un  jeune  homme  un  peu 
pâle,  un  peu  lymphatique,  âgé  de  23  ans,  vint  me  trouver  pour  être 
soigné  d'une  coxalgie  à  son  début.  Je  le  soumis  au  repos  et  j'immobi- 
lisai son  membre  d'abord  à  Taîde  d'une  gouttière,  ensuite  avec  un 
appareil  inamovible.  Vers  le  milieu  de  l'année  1867,  je  le  considérai 
à  peu  près  comme  guéri.  La  déviation  était  peu  notable.  Les  deux 
membres  avaient  pu  être  placés  dans  une  position  symétrique,  dans  un 
parallélisme  à  peu  près  complet. 

Quelques  mois  après,  au  commencement  de  l'année  présente,  ce 
jeune  homme  est  rentré  dans  mon  service.  Il  souffrait  beaucoup,  mais 
il  n'y  avait  pas  de  signes  de  collection  purulente.  Lorsqu'on  pressait 
sur  le  grand  trochanter,  sur  la  plante  des  pieds,  on  déterminait  des 
douleurs  très-vives;  j'en  conclus  que  les  os  étaient  malades.  J'appli- 
quai alors  un  attelle  en  T  en  fil  de  fer  et  un  bandag.e  ouaté.  Les 
douleurs  furent  calmées;  mais  bientôt  après,  nous  dûmes  renoncer 
à  l'emploi  de  cet  appareil  et  avoir  recours  à  la  gouttière  Bonnet. 

Dans  le  courant  du  printemps,  je  constatai  l'existence  de  plusieurs 
collections  purulentes.  L'emploi  de  vésicatoires,  de  badigeonnages  avec 
la  teinture  d'iode,  du  drainage,  des  injections  iodées,  amena  une  amé- 
lioration notable. 

A  cette  époque,  je  constatai  un  racourcissement  réel,  accusé  par 
Tascension  du  grand  trochanter,  la  cuisse  étant  toujours  restée  dans 
l'extension  sur  le  bassin. 

Le  malade  maigrissait  et  était  dans  un  état  peu  satisfaisant  lorsque 
je  quittai  le  service,  le  20  août  dernier. 

Un  mois  après,  lorsque  je  repris  le  service,  je  trouvai  le  malade 
dans  un  état  plus  grave.  11  y  avait  de  l'œdème  des  membres  inférieurs 
et  les  forces  déclinaient  d'une  manière  visible. 

L'examen  des  viscères,  pratiqué  avec  soin,  fut  satisfaisant.  Les 
poumons  étaient  sains.  Il  existait  une  diarrhée  peu  prononcée. 

Je  résolus  alors  de  pratiquer  la  résection  de  la  partie  supérieure  du 
fémur. 

La  région  était  à  ce  moment  Irès-déformée  et  je  constatai  l'existence 
dans  la  fosse  iliaque  d'une  tuméfaction  diffuse,  que  je  rattachai  à 


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—  353  — 

Texistence  d*uii  engorgement  ganglionnaire  ou  d'un  abcès  dans  la 
bourse  séreuse  du  psoas. 

Je  pratiquai  la  résection.  La  cuisse  étant  dans  la  flexion  et  dans 
Fadduction,  je  sciai  Tos  avec  la  scie  ordinaire.  J'avais  essayé  Teraploi 
de  la  scie  à  chaîne,  mais  l'introduction  de  Taiguille  conductrice  avait 
été  difficile.  La  fin  de  l'opération  fut  rendue  un  peu  laborieuse  parce 
que  je  n'avais  pas  de  tire-fond, 
'     La  cavité  cotyloïde  était  malade,  dénudée,  remplie  en  partie  de  fon* 
gosités.  La  tète  était  subluxée.  J'employai  la  cautérisation  avec  ua 
•  cautère  en  roseau,  afin  de  modifier  les  foogosités. 
Pendant  Topération,  je  n'ai  eu  à  lier  qu'une  artériole. 
Je  plaçai  le  membre  dans  une  gouttière  de  Bonnet,  à  laquelle  on 
avait  pratiqué  une  fenêtre  sur  le  côté.  Je  pus  continuer  les  injections 
à  l'aide  du  tube  à  drainage,  placé  en  avant,  qui  avait  été  laissé  en 
place;  et  je  ne  tentai  pas  de  rapprocher  les  surfaceé. 

Le  foyer  ét'^it  vaste,  inégal,  mais  il  n'existait  pas  de  fusées  s'éten- 
dant  au  loin  entre  les  niuscles  de  la  cuisse. 

Le  soir  et  le  lendemain  de  l'opération,  le  malade  alla  bien  ;  mais  le 
surlendemain,  on  constata  l'existence  de  douleurs  dans  le  trajet  de  la 
cuisse,  et  tout  le  membre,  qui  était  déjà  œdémateux,  devint  le  siège 
d*une  rougeur  érythémateuse. 

Le  quatrième  jour,  le  malade  succomba.  On  n'avait  pas  observé  de 
frissons. 

L'autopsie  démontra  qu'il  existait,  depuis  le  pli  de  l'aine  jusqu'à» 
bas  du  pied,  un  phlegmoi)  diffus  sous-cutané  qui  avait  été  marqué 
par  l'œdème  considérable  du  membre. 

En  outre,  on  put  voir  que  la  tuméfaction  siégeant  au  niveau  de  la 
fosse  iliaque  était  due  à  un  abcès  de  la  bourse  séreuse  du  psoas- 
ilîaque. 

La  veine  fémorale  était  dans  un  état  d'intégrité  parfaite;  elle  ne  ren- 
fermait pas  de  caillot.  Le  péritoine  était  sain,  ainsi  que  la  plupart  des 
viscères.  Les  reins  étaient  anémiques  et  le  foie  présentait  une  dégé- 
nérescence graisseuse  et  amyloïde  très-manifeste. 

J'estime  que  j'ai  trop  tardé  à  pratiquer  cette  opération.  Je  crois 
que  j'aurais  pu  réussir  si  j'étais  intervenu  au  mois  d'août. 
Je  veux  appeler  l'attention  de  la  Société  sur  deux  points. 
J'avais  toujours  cru  que  lorsque  de  bonne  heure  on  mettait  le 
membre  dans  une  bonne  situation,  parallèle  au  membre  sain,  la  tète 
du  fémur  ne  pouvait  sortir  de  la  cavité  cotyloïde.  Mais  il  manquait 
des  autopsies;  j'ai  pu  constater  que  le  raccourcissement  réel  que  l'on 
2«  série.  —  tome  ix.  45 


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-^  354  — 

observe  dans  ces  cas  est  dû  à  une  sorte  d'éculement  de  la  partie  supé- 
rieure de  la  cavité  cotyloïde. 

Quant  au  foie,  il  présentait  une  lésion  que  Ton  pouvait  s'attendre 
à  rencontrer,  car  Ton  sait  que  chez  presque  tous  les  sujets  qui  oat  de 
longues  suppurations,  le  foie  subit  la  dégénérescence  graisseuse  ou 
amyloïde. 

Le  tissu  des  os  était  sensiblement  sain  à  un  centimètre  des  surfaces 
articulaires.  Il  existait  de  Tostéite  condensante  au  voisinage  de  la  lé- 
sion. 

On  trouvait  au  fond  de  la  cavité  cotyloïde  un  gros  bourrelet  formé 
par  des  fongosités  développées  au  niveau  du  paquet  jaune  de  cette 
cavité.  Le  bord  du  colyte  était  éculé  en  haut,  de  telle  sorte  que  la  tête 
pouvait  glisser  facilement  dans  la  fosse  iliaque. 

La  capsule  était  très  épaissie  à  la  partie  antérieure,  et,  en  cas  de 
guérison,  elle  aurait  parfaitement  maintenu  les  parties. 

DISCUSSION. 

M.  Chassaignac.  m.  Verneuil  a-t-il  scié  Tos  avant  de  pratiquer  la 
désarticulation  ? 

M.  Verneuil.  Oui,  parce  que  je  craignais  d'être  obligé  de  faire  ua 
mouvement  trop  violent  pour  faire  sortir  la  tête  fémorale. 

M.  Chassaignac.  Le  pus  qui  était  dans  le  lissu  cellulaire  sous- 
cutané  de  la  cuisse  était-il  concret,  ou  bien  était-ce  du  pus  liquide? 

M.  Verneuil.  Il  était  assez  liquide. 

M.  BoiNET.  Je  crois  que  le  raccourcissement  du  membre  à  la  suite 
de  la  réduction,  même  avec  le  parallélisme  dans  la  gouttière  de  Bon- 
net, s'observe  toute  les  fois  qu'il  y  a  maladie  de  la  cavité  et  abcès  par 
congestion.  J'ajoute  que  dans  cette  circonstance  jamais  la  guérison  ne 
s'obtient  sans  raccourcissement. 

J'ai  gardé  le  souvenir  d'un  malade  que  j'ai  vu  avec  M.  Verneuil,  et 
chez  lequel  il  existait,  dans  ces  conditions,  un  raccourcissement  de  7  à  8 
centimètres.  Chez  un  autre  enfant,  qui  depuis  quatre  mois  était  placé 
dans  la  gouttière  Bonnet,  le  parallélisme  des  membres  était  parfait,  et 
cependant  on  pouvait  constater  un  raccourcissement  de  plusieurs  cen- 
timètres. 

M.  Chassaignac.  A  l'occasion  de  la  manière  dont  M.  Verneuil  a 
procédé  dans  son  opération,  je  voulais  faire  remarquer  l'utilité  du 
précepte  que  j'ai  donné  de  faire  la  section  de  l'os  avant  la  désarti- 
culation. Pour  saisir  la  portion  articulaire  de  Tos,  je  me  sers  d'un 
davier  à  résection  au  lieu  d'un  tire-fond. 


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—  355  — 

M.  Tr^lat.  La  question  que  soulève  en  ce  moment  M.  Ghassaignac 
a  été  discutée  plusieurs  fois  devant  la  Société  de  chirurgie.  Je  consi- 
dère comme  mauvais  en  général  le  précepte  donné  par  M.  Ghassai- 
gnac. En  faisant  la  section  de  l'os  avant  la  désarticulation,  on  peut  la 
pratiquer  dans  un  endroit  mal  déterminé  relativement  à  la  lésion  de 
l'os. 

M.  Ghassaignac.  L'objection  que  me  fait  M.  Trélat  avait  été  for- 
mulée bien  avant  lui  et  particulièrement  par  M.  Robert.  Je  lui  répon- 
drai que  la  section  préalable  de  l'os  ne  force  pas  de  limiter  son  action 
au  point  où  l'on  a  fait  porter  la  scie.  On  peut,  s'il  en  est  besoin,  en- 
lever une  portion  plus  considérable  de  l'os  ;  mais  en  tout  cas,  celte 
manière  d'agir  facilite  singulièrement  Fopération. 

J'admets,  comme  un  principe  opératoire  des  plus  importants,  qu'il 
ne  faut  faire  de  délabrements  que  ce  qui  est  indispensable.  Or,  si 
l'on  pratique  une  incision  unique  aux  parties  molles  et  que  l'on  veuille 
joindre  la  désarticulation  préalable  à  cette  incision,  on  produit  néces- 
sairement des  délabrements  profonds  très-considérables. 

M.  Verneuïl.  Je  n'ai  suivi  exclusivement  ni  le  précepte  de  ceux  qui 
veulent  ménager  les  tissus,  ni  celui  de  ceux  qui  les  ouvrent  largenlent. 
J'ai  commencé  par  ouvrir  la  capsule  et  par  détruire  tous  les 
liens  possibles,  puis  j'ai  scié  l'os,  et  enfin  j'ai  enlevé  le  col.  M.  Ghas- 
saignac scie  l'os  avant  d'ouvrir  l'articulation,  voilà  son  principe  clas- 
sique. On  lui  a  objecté  qu'on  s'exposait  à  enlever  les  portions  d'os 
sans  connaître  nettement  l'état  des  surfaces  arliôulaires. 

M.  Trélat.  La  discussion  est  simplifiée  far  les  paroles  prononcées 
par  M.  Ghassaignac.  Du  moment  où  il  ne  s'agit  plus  que  d'un  artifice 
de  médecine  opératoire  qui  doit  simplifier  l'opération,  mon  objection 
tombe. , 

Mais  j'ajoute,  qu'en  principe,  au  point  de  vue  de  la  pathologie,  il 
vaut  mieux  désarticuler  d'abord  et  sectionner  ensuite. 

M.  Ghassaignac.  L'objection  de  M.  Trélat  n'a  pas  plus  de  valeur 
au  point  de  vue  tbérapeutique  qu'à  celui  de  la  médecine  opératoire.  . 
Ce  qui  est  capital,  c'est  de  ne  pas  produire  de  grands  traumatismes, 
de  traumatismes  inutiles. 

Dans  le  cas  de  M.  Yerneuil,  ce  ligament  très-fort  qui  eût  été  ca- 
pable de  soutenir  le  membre  eût  rendu  très  difficile  la  luxation  de  la 
tête,  avant  la  section  de  la  diaphyse  de  l'os. 

M.  TrélàT.  Malgré  ce  qu'a  dit  M.  Ghassaignac,  je  ne  me  fais  pas 
fort  de  faire  le  diagnostic  de  la  limite  exacte  de  la  lésion  d'une  tète 
osseuse. 
Personne  ne  fait  plus  ces  grandes  incisions  que  M.  Ghassaignac 


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—  356  ^ 

reproche  *ux  chirurgiens,  et  l'oiji  ne  peut  prétendre  que  Ton  fait 
d'énormes  incisions  parce  que  l'on  pratique  la  désarticulation  aidant 
la  section.  Pour  la  'résection  du  coude  en  particulier,  il  y  aura  tou- 
jours avantage  à  désarticuler  avant  de  sectionner.    * 

M*  Panas.  M.  Verneuil  a  appelé  notre  attention  sur  le  raccourcisse- 
ment que  FoQ  peut  observer  malgré  le  parallélisme  des  deux  mem- 
bres. 

Il  peut  y  avoir  deux  causes  de  ce  raccourcissement  : 

4°  L'atrophie  de  Tos,  c'est  ce  qui  explique  le  cas  de  M.  Boinet; 
2®  la  pseudo-luxation ,  c'est-à-dire  l'élévation  de  la  tête  du  fémur  dans 
sa  propre  cavité  :  c'est  le  cas  de  M.  Verneuil,  dans  lequel  on  a  vu  que 
la  cavité  était  agrandie. 

}^  crois  avec  Bonnet  qu'en  plaçant  le  membre  dans  le  parallélisme, 
on.  s'oppose  à  la  production  des  véritables  luxations,  de  celle  dans 
laquelle  la  tête  sort  à  travers  la  capsule.  Mais  ce  qui  est  alors  encore 
possible,  c'est  la  pseudo-luxation.  ^ 

M.Châssâignac.  M.Trélat  nous  a  montré  qu'il  ignore  complètement 
l'histoire  des  résections.  A  l'époque  où  j'ai  présenté  ajon  travail  sur 
les  résections,  ces  opérations  se  faisaient  toutes  par  les  méthodes  dé- 
labrantes. 

Je.  réclame  la  propriété  de  cette  idée  doctrinale  que  pour  faire  les 
résections  utilement,  il  faut  renoncer  aux  méthodes  anciennes  et 
j'ajoute  que  je  crois  qu'il  existe  encore  des  chirurgiens  qui  tiennent  à 
pratiquer  de  larges  incisions  pour  arriver  sur  les  surfaces  osseuses. 

M.  BoiNÉT.  Le  raccourcissement  de  6  ou  7  centimètres  qui  existait 
cheji  l'un  de  nos  malades,  variait  suivant  qu'on  examinait  celui-ci 
debout  ou  couché.  Ce  raccourcissement  est  dû  à  la  fois  au  déplace- 
mçnt  de  la  tête,  à  l'atrophié  de  l'os  et  à  la  situation  du  membre.  Le 
raccourcissement  était  moins  considérable  quand  le  malade  était  cou- 
ché.. 

M.  Marjoltn-  Le  fait  de  M.  Verneuil  est  très-intéressant  au  point 
de  vue  des  résections. 

Le  raccourcissement  avec  parallélisme  du  membre,  malgré  l'emploi 
de.l'çippfjr^U  de  Bonnet,  se  montre  quelquefois.  C'est  surtout  dans  la 
CQxit^,  quand  les  surfaces  articulaires  sont  altérées  dans  leur  forme, 
que  l'on  peut  observer  ce  déplacement  de  la  tête  fémorale. 

JJans  ces  cas,  il  ne  faut  pas  trop  chercher  à  égaliser  les  membres, 
car  en  trop  insistant  dans  cette  direction  on  pourrait,  on  le  comprend, 
contrarier  le  travail  de  la  nature.  Dans  tous  les  cas,  les  malades  res- 
teront bQÎteux.    , 

L'état  gras  du  foie  est  une  affection  organique  consécutive  à  toutes 


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—  SôT  — 

les  lésions  accompagnées  de  supjiurations  (rès-longues,  et  ne  pourraft  ' 
constituer  une  contre-indication  à  ?a  résection. 

BT." Panas.  M.  Bdinèl  avait  parlé  d'un  raccourcisseihent  de  7  centi- 
mètres observé  chez  un  de  ses  malades,  sans  spécifier  quMl  y  avait  à 
la  fois  raccourcissémëiit  réel  et  ppparent.  ' 

PRÉSENTATION  DE  MALADE. 

Tnmenrs  miiUiples  de  ta  face. 

If.  Panas.  J'ai  Thonneur  de  présenter  ici  une  malade  atteinte  de  tu- 
meurs multiples  de  la  face,  à  l'effet  d'avoir  Topinioi  de  ceux  d'entre 
vous  qui  ont  eu  à  observer  des  cas  analogues  à  cea>i-ci. 

Le  siège,  en  partie  ganglionnaire  (sauf  la  tumeur  de  l'orbite  et  de 
la  narine  gauche),  porte  à  penser  qu'il  s'agit  d'un. cas  d'adénie,  d'au- 
tant plus  que  la  conservation  de  la  sa  ilé  générale,  le  défaut  d'ulcéra- 
tion des  tumeurs  et  la  sécrétion  laiteuse  de  la  mamelle  gauche  surve- 
nue chez  une  vieille  femme,  corroborent  en  partie  celte  manière  de 
voir.  Toutefois,  j'hésite  encore  entre  ce  diagnostic  et  celui  de  tumeurs 
fibro-plastiques  et  c'est  pourquoi  j'ai  cru  devoir  demander  votre  avis. 
Dans  cette  dernière  hypothèse,  il  resterait  encore  à  expliquer  la  mul- 
tiplicité et  la  symétrie  de  toutes  ces  tumeurs,  outre  que  le  développe- 
ment d'une  lésion  maligne  débutant  par  les  ganglions  est  par  lui- 
même  un  fait  assez  exceptionnel,  et  comme  tel  méritait  encore  de 
TOUS  être  présenté. 

Du  reste,  voici  l'observation  détaillée  de  cette  malade. 

Lk  nomimée'Amable  B...,  âgée  de  b2  ans,  est  entrée  à  l'HôteUDièu' 
ie  7  septembre,  salle  Saint-Charles,  lit  n*»  i2. 

Cette  femme,  journalière  de  son  état,  dit  n'avoir  jamais  fait  de  ma- 
ladie, avoir  eu  quatre  enfants  et  le  dernier  à  28  ans.  La  ménopause 
8*est  montrée  chez  elle  à  l'âge  de  40  ans  et  ne  s'est  c  >mpliquée  d'aucun 
accîâerit.  Cependant,  la  malade  aurait  souffert  quelque  temps  après 
d'anémie  avec  pâleur  et  palpitations  ayant  persisté  pendant  un  an. 

Il  y  a  à  peu  près  deux  ans  et  demi  que  la  malade  vil  apparaître 
une  tumeur  du  volume  d'une  noisette  sur  la  région  miixillaire  gauche, 
à  l'endroit  du  ganglion  facial.  Aujourd'hui,  cette  môme  tumeur  a  le 
volume  d'une  orange.  La  peau  qui  la  recouvre  est  amincie,  lui  adhère 
intimement  et  offre  une  coloration  violacée  disparaissant  à  la  pression 
du  doigt.  Dans  l'épaisseur  du'  derme,  on  voit  des  varicosïtés.  La  ooh*- 
«istance  de  la  masse  est  lardacée;  celle-ci  est  en  partie  mobile  sur  le 


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maxillaire  qui  présente  toutefois  des  osléophytes  à  la  base  de  la  tu- 
meur. 

Du  même  côté,  le  gauglion  préauriculaire  est  pris  et  offre  le  volume 
d'une  petite  noix. 

La  malade  fait  remonter  à  deux  mois  l'apparition  de  cette  dernière 
tumeur  indolente  et  non  adhérente  à  la  peau. 

Du  côlé  droit,  on  trouve  le  ganglion  maxillo-facial  pris  de  la  même 
façon  que  celui  du  côté  gauche  et  la  peau  présente  la  même  adhérence 
et  les  mêmes  modifications  ;  toutefois,  la  consistance  en  est  ui^  peu 
plus  dure. 

On  voit  aussi  du  même  côlé  un  gros  ganglion  sous-maxillaire  du 
volume  d'un  œuf,  qui  n'ofifre  pas  de  liaison  avec  la  peau,  mais  qui  est 
adhérent  profondément.  Enfin,  un  ganglion  sous-mentonier  du  vo- 
lumie  d'une  petite  noisette  existe  à  gauche. 

La  chaîne  ganglionnaire  post- mastoïdienne  est  prise  des  deux  côtés 
jusqu'à  la  clavicule. 

Dans  la  région  sous-claviculaire  et  axillaire,  on  ne  trouve  pas  de 
ganglions.  Pas  de  ganglion  épitrochléen,  ni  de  ganglions  inguinaux. 

Les  ganglions  iliaques  et  mésentériques  ne  paraissent  pas  être  ma- 
lades. 

Une  tumeur  de  môme  nature  que  celle  de  la  joue  a  envahi  depuis 
six  mois  l'orbite  gauche  et  occupe  toute,  la  paupière  inférieure.  Le 
repli  semi-lunaire  est  complètement  dédoublé  ;  les  voies  lacrymalea 
sont  probablement  envahies,  et  de  là  la  tumeur  se  propage  dans  la 
fosse  nasale  gauche,  où  elle  fit  son  apparition  il  y  a  quatre  mois» 
Comme  conséquence,  on  observe  un  certain  degré  d'exorbitis,  une 
abduction  avec  élévation  du  globe  oculaire,  qui  est  porté  en  haut  et 
en  dehors,  et  de  plus  un  élargissement  de  la  pupille  qui  est  moins 
mobile  que  celle  du  côté  opposé. 

Il  y  a  dlplopie  verticale  et  horizontale  à  la  fois.  La  diplopie  est  du 
reste  croisée  et  la  vue  uè  paraît  pas  considérablement  affaiblie. 

L'inspiration  et  l'expiration  sont  impossibles  par  la  fosse  nasale 
gauche  qui  est  totalement  bouchée.  Le  sinus  maxillaire  et  la  voûta 
sont  exempts  de  toute  lésion.  , 

il  n*y  a  aucun  changement  du  côté  de  la  santé  générale;  rien  non 
plus  du  côté  du  cœur  et  des  vaisseaux.  La  respiration  est  régulière 
des  deux  côtés,  ce  qui  indique  que  les  ganglions  bronchiques  ne  sont 
pas  pris. 

La  rate,  ainsi  que  le  foie,  sont  en  bon  état. 

Depuis  sept  à  huit  mois^  la  malade  s'est  aperçue  d'un  écoulement 
séreux,  qui  persiste  encore  aujourd'hui,  par  la  mamelle  droite.  Du 


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—  359  — 

reste,  la  glande  mammaire  de  ce  côté  offre  une  petite  augmentation 
de  vteiame  et  de  consistance. 

L'analyse  chimique  des  urines  n'a  fait  trouver  aucune  trace  d'albu- 
mine ni  de  sucre. 

La  séance  est  levée  à  cinq  heures  trois  quarts. 

Le  Secrétaire^  D'  Léon  Labbé* 


SÉANCE      DU    21     OCTOBRE     1868 
Présidence    de   M.   LEGOVEST 

.Le  procès-verbal  de  la  précédente  séance  est  lu  et  adopté. 
M.  le  Président  annonce  que  M.  de  Graêfe,  de  Berlin,  membre  as- 
socié, assiste  à  la  séance. 

CORRESPONDANCE. 

La  correspondance  comprend  : 

Les  journaux  de  la  semaine.  —  Le  Bulletin  de  tkérapeutique,  — 
La  Gazette  médicale  de  Strasbourg. 

—  Blessure  de  la  joue.  Fistule  consécutive  du  canal  de  Sténon,  Opé- 
ration d'après  un  nouveau  procédé;  guérison,  par  le  docteur  Higguet 
(de  Liège).  Brochure  in-S*». 

—  Delta  elettropunltèra  nella  cura  degli  aneurismi  delV  aorta  iora~ 
dca,  par  le  docteur  Luigi  Ciniselli.  Brochure  in-S**. 

—  Monografia  délia  arteria  vertébrale^  par  le  docteur  Agostino  Bar- 
bieri  (de  Milan),  ln-4''  avec  planches. 

—  Le  professeur  Glniselli  (de  Crémone)  adresse  à  la  Société  l'im- 
portante observation  qui  suit  ; 

AnéTrisme  de  l'aorte  ascendante  traité 
par  la  galTano-pancture. 

Antoine  R...,  âgé  de  46  ans,  de  bonne  constitution,  n'a  eu  d'autre 
maladie  qu'une  arthrite  avec  endocardite  en  f  863.  Guéri  en  apparence 
de  cette  maladie,  il  changea  son  métier  de  postillon  en  celui  moins 
fatigant  de  voiturier.  En  1866,  il  commença  à  éprouver  des  douleurs 


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-^360  — 

avec  pulsation  dans  le  côté  dçoit  de  la  poitrine,  outre  une  sensation 
pénible  de  lassitude  et  de  gêne  dans  Texercice  de  son  métier,  A  ces 
symptômes,  qui  se  prononçaient  toujours  plus,  s'ajouta,  au  com- 
mencement de  cette  année,  de  la  dyspnée  et  des  lipothymies,  les  pul- 
sations devinrent  sensibles  au  toucher  à  travers  les  parois  de  la 
poilrinej  qui  s'élevèrent  en  forme  de  tumeur  ;  enfin,  l'insomnie,  la 
position  horizontale  devenue  pénible,  Tintolérance  au  travail,  ont  dé^ 
cidé  le  m'alade  à  entrer  dans  cet  hôpital  major,  le  24  juillet  de  cette 
année. 

Le  sujet  étant  debout,  on  voyait,  à  droite  du  sternum,  une  tumeur 
arrondie,  élevée  d'un  centimètre  à  un  centimètre  et  demi  sur  les  pa- 
rois de  la  poitrine,  s'étendant  à  six  centimètres  dans  le  sens  trans- 
versal, moins  dans  le  vertical,  dont  la  pulsation  était  visible.  Elle 
était  formée  par  une  courbure  limitée  à  la  troisième  et  quatrième  côtes 
et  au  troisième  espace  intercostal,  presque  doublé  d'étendue. 

Les  deux  côes  ne  présentaient  aucune  autre  altération  appréciable; 
on  apercevait  à  travers  elles  la  pulsation,  surtout  à  travers  la  troi- 
sième qui  était  plus  courbée  que  l'autre.  Au  milieu  de  l'espaee  intei^ 
costal,  la  pulsation  était  assez  forte.  Dans  la  position  horizontale  du 
sujet,  la  tumeur  éiait  moins  élevée,  l'espace  intercostal  moins  étendu 
et  la  pulsation  moins  forte;  celle-ci  était  accompagnée  par  un  bruit 
doux  de  soufflet.  La  pulsation  était  aussi  profondément  sensible  au 
toucher  dans  le  second  espace  intercostal,  mais  pas  dans  le  quatrième. 
Du  reste,  on  ne  remarquait  aucun  autre  trouble  dans  la  circulation 
et  dans  la  respiration,  à  l'exception  de  ceux  qui  résultaient  de  la 
compression  exercée  sur  le  poumon  droit  par  la  tumeur  anévrismale, 
qui  s'étendait  bien  peu  au  delà  des  limites  qu'on  remarquait  à  l'exté- 
rieur. En  effet,  les  pulsations  obscures  qu'on  apercevait  du  côté  du 
dos,  le  défaut  d'altération  dans  la  voix  et  dans  la  circulation  des  ju- 
gulaires, devaient  faire  penser  à  un  développement  limité  de  Tané- 
vrisme  à  rinlérieur. 

Pour  l'ensemble  de  ces  symptômes,  il  a  été  jugé  qu'on  avait  à  faire 
à  un  anévrisme  de  la  partie  latérale  de  l'aorte  ascendante.  On  se 
décida  à  le  traiter  par  la  galvano-puncture,  après  que  j'eus  donné  à 
mes  collègues  l'assurance  d'éviter  les  accidents  dangereux,  propres  à 
cette  opération ,  tels  que  l'inflammation  phlegmoneuse  et  les  es- 
char  res. 

L'opération  a  été  pratiquée  le  30  juillet,  en  présence  de  presque 
tout  le  corps  médical  de  l'hôpital.  —  Trois  aiguilles  d'acier,  luisant 
de  l'épaisseur  d'un  millimètre,  ont  été  enfoncées  dans  le  troisième 
espace  intercostal  ;  la  première  à  la  distance  d'un  centimètre  et  demi 


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—  361  — 

•du  sternum,  les  autres  à  Textérieur  et  à  là  distance  de  deux  centimètres 
Tune  de  Fautre  ;  elles  étaient  secouées  violemment  par  la  pulsation 
de  Tanévrisme.  Le  courant  électrique  provenait  d'une  pile  à  colonne 
de  trente  couples  carrés,  ayant  dix  centimètres  de  côté,  animée  par 
une  solution  saturée  de  sel  marin.  —  C'est  l'appareil  par  lequel  on  a 
obtenu  le  plus  de  succès  et  le  moins  d'accidents,  surtout.de  ceux  qui 
se  rapportent  à  l'inflammation  phlegmoneuse.  —  Pour  éviter  les  es- 
charres  causées  par  l'action  chimique  du  courant,  qui  forment  Tacci- 
dent  le  plus  redoutable  de  la  galvano-puncture,  j'ai  commencé  l'opé- 
ration en  appliquant  le  réophore  positif  sur  une  des  aiguilles  et  le 
négatif  près  de  la  tumeur,  sur  la  peau,  au  moyen  d'un  plumasseau 
imbibée  d'eau  salée.  Ensuite,  j'ai  transporté  le  réophore  positif  sur  une 
autre  aiguille  et  le  négatif  sur  l'aiguille  déjà  soumise  à  l'action  du 
pôle  positif,  et  ainsi  de  suite;  de  sorte  que  chacune  des  aiguilles  a  été 
mise  en  communication  avec  les  deux  pôles.  —  L'oxydation  des 
aiguilles  par  l'action  du  pôle  positif  et  Toxygénation  du  sang,  qui  se 
manifeste  par  un  petit  cercle  noir  autour  de  la  piqûre,  procure  un 
isolement  sufflsant  pour  une  durée  limitée  du  courant;  ce  qu'on  a 
cherché  en  vain  par  les  couches  isolantes.  Cela  est  démontré  par  des 
observations  assez  connues  et  par  des  expériences  et  des  faits  cli- 
niques rapportés  dans  mes  Études  sur  la  galvano-puncture  dans  leirai- 
iement  des  anévrismes  (1856)  et  sur  l'action  chimique  de  l'électricité 
sur  les  tissus  vivants  (1862),  et  dans  le  Résumé  des  études,  Ecc.  Ga- 
zette médicale  1866.  —  Les  changements  de  contact  des  réophores 
avec  les  aiguilles  étaient  combinés  de  manière  à  épargner  les  secousses 
au- malade. 

Jusqu'à  ce  point,  je  me  suis  tenu  rigoureusement  aux  règles  que 
Texpérience  et  les  observations  nous  ont  appris  à  suivre;  mais  ici  une 
crainte,  qui  m'a  été  inspirée  par  les  collègues  présents,  m'en  a  fait 
écarter.  L'expérience  a  démontré  que  pour  profiter  de  l'isolement  des 
aiguilles,  fait  par  l'oxydation,  en  employant  un  appareil  de  teûsion 
suffisante  pour  procurer  la  coagulation  du  sang,  il  faut  que  la  durée 
du  courant  sur  chacune  des  aiguilles  ne  dépasse  pas  cinq  minutes.  Il 
est  aussi  prudent,  pour  ne  pas  provoquer  une  réaction  ultérieure  trop 
forte,  que  ropération  ne  soit  pas  prolongée  au  delà  dune  demi  heure. 
Or,  on  m'a  suggéré  qu'un  caillot  électrique  pouvait  se  détacher  et 
être  transporté,  exposant  le  malade  aux  eflets  de  Tembolie.  Cette 
considération  m'a  fait  prolonger  les  applications  sur  chacune  des  ai- 
guilles au  delà  du  temps  susdit,  et  jusqu'à  dix  minutes  sur  les  deux 
aiguilles  plus  près  du  sternum,  dans  le  but  de  procurer  une  adhérence 
lus  solide  entre  les  caillots  électriques  et  les  parois  du  sac  anévrismal, 
2*^  série.  —  tome  ix.  46 


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—  362  — 

Celte  pratique,  par  laquelle  nous  avons  cru  nous  mettre  à  Fabri  de» 
accidents  de  Tembolie,  ne  manqua  pas  d'occasionner  les  cautérisations 
élbctro- chimiques  au  niveau  des  deux  piqûres;  mais  comme  elles 
étaient  superficielles,  elles  n'ont  pas  eu  de  conséquences  graves.  L'ac- 
tion totale  du  courant  a  été  portée  jusqu'à  quarante  minutes.  La. 
peau  qui  couvrait  la  tumeur  était  rouge  et  tuméfiée. 

L'extraction  des  aiguilles,  faite  immédiatement,  a  été  pénible  à 
cause  de  l'adhérence  qu'elles  avaient  coutraciée  avec  les  tissus  tra- 
versés, par  suite  de  leur  oxydation.  Malgré  la  précaution  de  déprimer 
la  peau  pendant  l'extraction  des  aiguilles,  nous  n'avons  pas  empêché 
que  du  sang  se  répandit  dans  le  tissu  cellulaire.  Il  n'y  eut  pas  de  sor- 
tie de  gaz.  L'hémorrhagie  de  sang  vermeil,  peu  importante,  s'arrêta 
promptement  par  suite  de  l'application  d'une  compresse  imbibée  d'eau 
saturnine  et  d'une  vessie  remplie  de  glace.  De  l'eau  à  la  glace  a  été 
donnée  pour  boiseon. 

Les  sensations  de  brûlure  qui  avaient  accompagné  l'opération  ces- 
sèrent peu  après;  les  pulsations  de  la  tumeur  se  réduisirent  à  l'état 
ordinaire,  de  manière  que  le  malade  rentra  dans  le  calme. 

En  examinant  les  aiguilles  et  leur  oxydation,  on  a  pu  reconnaître 
que  celle  qui  était  placée  près  du  sternum  avait  pénétré  à  un  centi- 
mètre et  demi  dans  la  cavité  de  l'anévrisme,  ayant  traversé  des  tissus 
solides  de  l'épaisseur  de  deux  centimètres,  ce  que  l'on  reconnaît  à  la 
plus  profonde  oxydation  ;  celle  qui  occupait  la  partie  moyenne  péné- 
tra à  trois  centimètres  et  demi  dans  la  cavité  de  l'anévrisme,  ayant 
traversé  des  tissus  de  l'épaisseur  d'un  seul  centimètre;  l'aiguille  en- 
foncée à  l'extérieur  pénétra  'à  deux  centimètres  et  demi  dans  le  sac 
anévribmal,  ayant  traversé  les  tissus  dans  l'épaisseur  de  deux  centi- 
mètres. 

L'opération  n'a  pas  été  suivie  de  réaction  générale;  la  réaction*  lo- 
cale, caractérisée  par  la  tuméfaction  et  la  rougeur  de  la  peau,  ae 
dissipa  sous  l'application  de  la  glace  continuée  pendant  les  deux  pre- 
miers jours  el  de  l'eau  saturnine  continuée  encore  pour  quelques 
jours.  L'épanchement  sanguin  el  toute  réaction  locale  étant  dissipés 
six  jours  après  l'opération,  on  trouva  la  tumeur  abaissée  et  presque 
au  niveau  des  parois  du  thorax.  La  troisième  côte  seulement  conser- 
vait la  courbure  acquise;  la  pulsation  à  travers  elle  était  faible  et 
obscure.  Dans  le  troisième  espace  intercostal,  elle  était  aussi  faible  et 
plus  profonde  qu'elle  ne  l'était  auparavant;  elle  était  aussi  à  peine 
perceptible  à  travers  la  quatrième  côte.  Mais  ce  qui  nous  persuadait 
mieux  que  tout  que  nous  avions  obtenu  une  notable  amélioration  de 
la  maladie,  c'est  que  le  malade  nous  assurait  qu'il  n'éprouvait  plus^ 


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—  363  — 

aucune  gène  dans  la  respiration  et  qu'il  pouvait  garder  la  position 
horizontale  sur  le  dos  et  sur  les  côtés,  se  trouvant  cependant  mieux 
flur  le  côté  droit.  Il  avait  recouvré  le  sommeil  et  le  bien-être,  qu'il 
ne  goûtait  plus  depuis  deux  mois. 

Malgré  cet  état  satisfaisant,  on  obligea  le  malade  à  garder  le  lit 
pendant  trois  semaines,  en  lui  donnant  de  la  digitale  pour  modérer 
les  mouvements  de  la  circulation,  et  en  môme  temps  une  diète  bien 
nourrissanle  à  Taide  de  la  viande,  dans  le  but  de  procurer  au  sangles 
éléments  plastiques  nécessaires  à  la  formation  d'un  caillot  capable  de 
remplir  toute  la  cavité  du  sac  anévrismal. 

En  examinant  le  sujet  debout,  après  le  temps  susdit,  on  apercevait 
la  tumeur  un  peu  plus  élevée,  la  pulsation  était  visible  et  moins  pro- 
fonde dans  le  troisième  espace  intercostal  ;  le  bruit  de  soufflet  était 
presque  comme  avant  l'amélioration.  L'état  d'amélioration  ce  conti- 
nuant, lé  malade,  satisfait  et  espérant  la  guérison  complète,  quitta 
l'hôpital  le  il  septembre,  quarante -trois  jours  après  l'opération. 

26  septembre  (58  jours  après  l'opération).  —  Le  sujet  s'étant  pré- 
senté, on  constata  la  courbure  de  la  troisième  côie  abaissée  et  réduite 
presque  à  l'état  normal  ;  la  tumeur  étant  en  conséquence  disparue, 
on  ne  remarquait  qu'une  tuméfaction,  sur  laquelle  l'œil  n'apercevait 
plus  de  pulsations;  celles-ci  cependant  étaient  encore  sensibles  au 
toucher  au  niveau  de  la  troisième  côte  et  de  l'espace  intercostal,  mais 
plus  profondément  qu'autrefois;  le  bruit  de  soufflet  beaucoup  plus 
obscur,  se  confondant. avec  le  bruit  vésiculaire.  —  Le  sujet  continue 
à  mener  une  vie  commode,  en  se  tenant  au  régime  nourrissant;  il  ne 
se  plaint  que  de  douleurs  générales,  mais  plus  particulièrement  dans 
les  membres,  par  suite  de  l'aflfsction  arthritique  qui  ne  l'a  jamais  quitté. 

4  octobre  (66  jours  après  Topération).  —  Le  sujet  a  gagné  de  là 
force  et  de  l'embonpoint.  Examiné  peu  après  avoir  fait  une  prome- 
nade de  trois  kilomètres,  il  ne  se  plaint  d'aucune  sensation  pénible, 
d*aucune  gène  dans  la  respiration.  La  pulsation  est  encore  sensible  au 
toucher  dans  le  troisième  espace  intercostal,  mais  plus  profonde  ;  le 
bruit  de  soufflet  a  presque  disparu  ;  le  bruit  vésiculaire  à  travers  de 
la  tumeur  est  plus  clair.  Tous  ces  changements  font  concevoir  l'idée 
que  le  sac  anévrismal  est  presque  rempli  de  caillots,  et  que  la  pulsa^- 
tion  ne  doit  pas  tant  être  attribuée  au  mouvement  d'expansion  et  de 
rétrécissement  de  l'anévrisme,  qu'à  l'impulsion  que  la  tumeur  doit 
recevoir  de  l'aorte,  sur  laquelle  elle  a  son  siège. 

12  octobre  (74  jours  après  l'opération).  —  Le  sujet  se  trouvant  tou- 
jours, bien,  ennuyé  de  la  vie  oisive,  reprend  l'exercice  de  son  mé- 
tier. 


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Tumeurs  multiples  de  la  faea. 

DISCUSSION. 

A  propos  du  procès- verbal  : 

M.  DoLBEAU.  J*ai  examiné  pendant  la  dernière  séance  la  malade  qui 
ft  élé  présentée  par  M.  Panas.  Je  crois  qu'il  s'agit  là  d'un  cas  d'adénie. 

En  1865,  à  l'hôpital  des  Cliniques,  j'ai  observé  un  homme  de  65 
ans  qui  venait  réclamer  les  soins  du  chirurgien  pour  une  petite  tu- 
meur siégeant  au  niveau  de  la  paupière  inférieure  gauche  et  produi- 
sant de  l'épiphora.  11  existait  en  outre  plusieurs  masses  sous-maxillaires 
et  jugales,  dures,  recouvertes  par  la  peau  saine  et  mobile  et  qui  ne 
causaient  aucune  gène. 

Il  y  avait  ea  outre  trois  petites  tumeurs  dans  la  paupière  supérieure 
gauche,  plus  deux  tumeurs  dans  les  paupières  du  côté  droit.  On  cons- 
tait  l'engagement  d'un  ganglion  sous-maxillaire  médian  et  de  plu- 
sieurs ganglions  des  régions  inguinales. 

Il  existait  une  gène  très-grande  de  la  respiration,  et  l'examen  de  la 
cavité  buccale  permettait  de  constater  l'hypertrophie  des  glandes  de 
la  voûte  palatine,  du  voile  du  palais  et  de  la  région  de  l'isthme  du 
gosier.  L'isthme  était  tellement  obturé  que  quelques  mois  avant  un 
médecin  avait  enlevé  la  partie  la  plus  saillante  des  tumeurs  siégeant 
dans  ce  point,  pour  permettre  au  malade  de  respirer. 

Je  pensai  qu'il  s'agissait  là  d'un  cas  d'adénie,  compliqué  d'une  hy- 
pertrophie glandulaire  multiple  (glandes  sudorlpares  des  paupières, 
glandes  palatines,  buccales,  etc.). 

Ni  la  rate  ni  le  foie  n'étaient  engorgés. 

Uexamen  du  sang  avait  été  fait  par  M.  Robin,  et  celui-ci  avait 
trouvé  une  quantité  anormale  de  leucocythes. 

Le  malade  eut  le  choléra  ;  il  atteignit  un  degré  extrême  d'amai- 
grissement. Trois  semaines  après  le  début  du  choléra,  pendant  la  pé- 
riode de  convalescence,  on  constata  que  toutes  les  tumeurs  avaient 
disparu. 

M.  Chassaignag.  Je  désire  citer  un  fait  qui  a  la  plus  grande  ana- 
logie avec  celui  que  vient  de  nous  faire  connaître  M.  Dolbeau. 

Chez  un  malade  présentant  tous  les  symptômes  de  la  leucocythémie, 
il  existait  des  engorgements  ganglionnaires  multiples.  On  en  consta- 
tait même  dans  des  endroits  où  on  ne  soupçonne  pas  habituellement 
leur  présence,  notamment  dans  les  régions  des  omoplates. 

M.  Verneuil.  J'ai  aussi  examiné  le  malade  de  M.  Panas  et  je  serai» 
très-embarrassé  de  rattacher  son  affection  à  une  maladie  quelconque 
Actuellement  dénommée.  Je  ne  crois  pas  qu'on  puisse  admettre  qifil 


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—  365  — 

«'agit  là  d'une  adénie.  Il  m'est  impossible  d'admettre  Texistenee  de 
ganglions  lymphatiques  dans  la  cavité  de  Forbite,  au  milieu  des  joues. 
Il  manque  des  signes  importants  de  Tadénie,  Tengorgement  des  aines 
et  des  aisselles. 

M,  Dolbeau  a  rapproché  du  fait  de  M.  Panas  un  fait  qui  est  très- 
analogue,  mais  qui,  selon  moi,  ne  peut  pas  non  plus  être  rapporté  à 
Tadénie.  Il  nous  a  dit,  en  effet,  que  Ton  observait  non-seulement  Ten- 
gorgement  des  ganglions,  mais  aussi  celui  des  glandes  sudoripares. 
Je  ne  sache  pas  que  l'on  ait  jamais  noté  dans  l'adénie  l'engorgement 
des  glandes  à  conduit  excréteur. 

Dans  les  trois  cas  d'adénie  que  j'ai  eu  occasion  d'observer,  les  gan- 
glions lymphatiques  étaient  pris  partout  symétriquement,  mais  dans 
aucun  d'eux  la  peau  n'était  intéressée  comme  chez  le  malade  de 
M.  Panas. 

M.  Després.  M.  Verneuil  a  développé  une  partie  des  arguments  sur 
lesquels  j'avais  voulu  moi-même  insister.  Comme  lui,  je  ne  crois  pas 
qu'il  s'agisse  d'adénie. 

On  parle  de  l'adénie,  sous  la  foi  de  M.  Trousseau,  comme  d'une 
maladie  spéciale.  Mais  je  ne  vois  pas  que  cette  opinion  soit  justifiée. 
Pour  mon  compte,  je  connais  les  engorgements  ganglionnaires  mul- 
tiples et  voilà  tout,  et  je  ne  pense  pas  qu'il  faille  admettre  le  mot  vague 
d'adénie. 

Dans  les  tumeurs  de  la  malade  de  M.  Panas,  j'observe  plusieurs 
caractères  des  tumeurs  malignes  :  d'abord,  l'adhérence  de  la  peau  aux 
tumeurs,  et  l'adhérence  de  celles-là  aux  parties  profondes.  Je  serais 
porté  à  penser  qu'il  s'agit  là  de  tumeurs  fibro-plasliques  multiples. 

Autrefois  M.  Broca  a  présenté  un  vieillard  atteint  de  tumeurs  fi- 
breuses multiples,  dont  le  cas  offrait  quelque  analogie  avec  celui-ci. 
Je  rapprocherais  encore  de  ce  fait  celui  communiqué  dernièrement  à 
la  Société  médicale  des  hôpitaux  sous  le  titre  de  Tumeurs  cancéreuses 
de  la  peau. 

M.  Marc  Sbe.  Je  veux  répondre  aux  objections  de  M.  Verneuil.  J'ai 
observé  deux  faits  d'adénie,  et,  dans  ces  cas,  il  n'y  avait  d'engorge- 
ment que  dans  les  régions  où  se  trouvent  normalement  des  ganglions 
lymphatiques.  Je  ne  crois  pas  cependant  pour  cela  qu'il  ne  faille  pas 
rapporter  le  cas  cité  par  M.  Dolbeau  à  l'adénie.  Il  existe  en  effet,  dans 
toutes  les  régions  indiquées  par  M.  Dolbeau  comme  étan^  le  siège  de 
tumeurs,  un  tissu  dit  cytogène,  composé  de  cellules  analogues  aux 
cellules  des  ganglions  lymphatiques. 

Ce  tissu  a  le  même  rôle  [que  les  ganglions  lymphatiques,  et  Ton  a 


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■constaté  qu'il  pouvait  être  le  siège  des  mêmes  altérations  que  le» 
ganglions  lymphatiques. 

M.  DoLBEAU.  Je  ferai  remarquer  que  chez  mou  malade  l'analyse  da 
sang  a  été  faite  par  M.  Robin.  Il  y  avait  prédominance  de  globules 
blancs;  on  avait  donc  affaire  à  un  leucémique.  En  outre,  on  observait 
des  ganglions  inguinaux  très-développés  et  ua  ganglion  sous-men- 
tODûier. 

M.  Verneuil.  Pour  moi.  l'adénie  est  une  affection  déflnie  et  qui  n'a 
aucune  analogie  avec  la  scrofule. 

'  J'accepterais  volontiers  l'argument  conciliateur  de  M.  Sée,  qui  nous 
fait  connaître  l'engorgement  d'un  tissu,  analogue  à  celui  des  ganglions 
lymphatiques.  Mais  je  ferai  remarquer  que  chez  les  jeunes  enfants  on 
trouv  3  des  milliers  de  ganglions,  et  cependant  on  n'en  observe  pas 
sous  les  muqueuses. 

M.  Dolbeau  a  dit  que  son  malade  était  leucémique;  mais  il  pouvait 
être  leucémique  au  même  titre  qu'un  autre  serait  albuminurique. 
L'excès  des  globules  blancs  du  sang  se  rencontre  dans  un  grand 
nombre  de  maladies  et  ne  peut  servir  à  caractériser  une  maladie  par- 
ticulière ;  cet  excès  ne  constitue  qu'un  symptôme.  Ce  malade  était 
leucémique,  comme  le  sont  beaucoup  de  malades  chez  lesquels  se  dé- 
veloppent des  néoplasmes  multiples. 

M.  DEMARQUAT.  J'ai  eu  occasion  de  voir  des  malades  atteints  d'adé- 
nie.  Tous  ces  malades  avaient  un  certain  âge  et  l'on  ne  pouvait 
rapporter  leur  affection  à  la  scrofule.  L'une  de  ces  malades  était  très- 
débîlitée;  elle  mourut  bientôt.  Son  sang  fut  examiné  :  il  ne  renfermait 
pas  de  globules  blancs  en  excès.  Il  faut  ea  conclure  que  dans  ces 
cas  la  présence  des  globules  blancs  en  excès  n'a  qu'une  importance 
secondaire. 

M:  Després.  Je  suis  tout  à  fait  l'adversaire  de  la  théorie  de  Tadé- 
niè.  Dé  deux  choses  l'une,  ou  c'est  une  maladie  générale,  ou  c'est  une 
maladie  locale.  Si  c'est  une  maladie  générale,  pourquoi  tou§  les  gan- 
glions ne  deviennent-ils  pas  malades  en  même  temps?  Ou  c'est  une 
maladie  locale,  et  alors  ce  n'est  plus  qu'une  simple  hypertrophie  dès 
ganglions.        ^  ^ 

J'ai  souvenir  d'une  malade  de  M.Richard  qui  présentait  une  hyper- 
trophie ganglionnaire  multiple;  celle-ci  avait  succédé  à  une  ancienne 
ûdéiiile,  qui  elle-même  était  la  conséquence  d'une  affection-  de  la 
péàu. 

M.  Liégeois.  Si  M.  Després  avait  été  à  même,  d'observé  ctirtaka» 
eas  de  leucocythémie,  il  ne  serait  pas  aussi  opposé  à  la  théorierde^ 
l'adénie.  Chez  ce^  malades,  on  trouve  des  engorgements  gangiicMi»- 


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—  367  — 

naires  extrèmemeni  nombreux,  et,  dans  le  sang,  on  trouve  les  glo- 
bules blancs  dans  la  proportion  de  10  à  16  p.  100,  au  lieu  de  1 
p.  400. 

M.  LÉON  Labbb.  Malgré  Topinion  de  M.  Després,  il  est  impossible  de 
ne  pas  admettre  Texistence  de  Tadénie.  On  en  observe  certains  cas 
tellement  caractérisés  que  les  nier  serait  nier  l'évidence.  J'ai  eu,  il  y  a 
quelques  années,  l'occasion  de  voir,  avec  M.  Tardieu,  l'un  de  mes  an- 
ciens professeurs  du  lycée,  qui  était  atteint  de  celte  affection.  Chez 
lui,  toutes  les  glandes  lymphatiques  du  corps  étaient  augmentées  de 
Yolume,  on  pouvait  les  compter  par  centaines.  Dans  aucun  point  la 
peau  n'était  adhérente  à  ces  glandes.  Le  malade  s'éteignit  peu  à  peu; 
il  était  pâle  et  amaigri.  L'analyse  du  sang  n'avait  pas  été  faite. 

M.  Marc  Sée.  Les  tumeurs  du  malade  de  M.  Dolbeau  se  sont  déve- 
loppées toutes  en  même  temps  et  ont  disparu  toutes  en  même  temps  ; 
donc,  il  est  probable  qu'elles  s'étaient  développées  dans  un  tissu  ana- 
logue et  sous  l'influence  de  la  môme  cause.  On  doit  remarquer  que 
c'est  une  affection  grave  de  l'intestin  qui  a  déterminé  la  disparition  de. 
toutes  ces  tumeurs;  à  ce  point  de  vue,  il  est  intéressant  de  faire  re* 
marquer  que  l'intestin  renferme  en  assez  grande  abondance  un  tissu 
analogue  à  celui  qui  constitue  les  ganglions  lymphatiques. 

M.  Després.  J'accepterai  la  théorie  de  l'adénie  lorsqu'on  me  dira 
que  chez  un  malade  tous  les  ganglions  étaient  affectés. 

LÉON  Labbé.  J'ai  précisément  ditquedans  le  cas  que  j'avais  observé 
tous  les  ganglions  étaient  augmentés  de  volume. 

M.  Panas.  Chez  ma  malade,  le  foie  et  la  rate  ne  sont  pas  augmen- 
tés  de  volume.  L'analyse  du  sang  sera  faite. 

La  glande  mammaire  semble  ressentir  l'influence  de  la  même  cause 
morbide,  ce  qui  serait  difflciie  h  expliquer  s'il  s'agissait  de  tumeurs 
fibro-plastiques.  Il  existe  un  écoulement  muqueux  par  le  sein. 

Sauf  pour  ce  qui  est  des  tumeurs  de  l'orbite  et  du  nez,  on  peut  tout 
expliquer  par  Tengorgement  ganglionnaire. 

Ce  cas  assurément  s'éloigne  des  cas  d'adénie  type,  parce  que  toua 
les  ganglions  ne  sont  pas  pris  et  parce  que  d'autres  tissus  glandulaires 
sont  affectés. 

Je  dois  dire  que  la  malade  est  soumise  au  traitement  par  l'iodure 
de.  potassium  et  l'huile  de  foie  de  morue  mélangés  et  qu'il  m'a  paru 
que  le  volume  des  tumeurs  était  moindre  depuis  trois  jours. 

M.  Broca.  Il  me  semble  difficile,  lorsque  nous  voyons  des  tumeurs 
multiples  dans  une  région  comme  celle-ci,  de  ne  pas  reconnaître 
la  marche  d'une  maladie  maligne.  Je  pense  qu'il  s'agit,  dans  ce  cas, 
de  tumeurs  fibro-plastiques.  Mais  la  marche  de  la  maladie  semble 


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renversée;  les  ganglions  lymphatiques  se  seraient  engorgés  d*abord, 
puis  la  tumeur  de  Torbite  se  serait  montrée. 

M.  Panas  nous  dit  qu'il  existe  en  outre  une  tumeur  de  la  mamelle; 
mais  c'est  là  une  raison  à  invoquer  contre  l'existence  de  l'adénie. 

Voici,  je  pense,  comment  on  peut  interpréter  l'histoire  de  cette  ma- 
lade. 

On  nous  a  dit  qu'elle  avait  eu  au  niveau  de  la  région  maxillaire 
supérieure,  près  de  la  ligne  médiane,  une  tumeur  qui  a  été  enlevée  et 
à  laquelle  on  a  donné  le  nom  d^épulis.  Eh  bien  I  la  tumeur  primitive 
a  été  enlçvée  et  des  tumeurs  secondaires  ont  apparu  au  niveau  des 
ganglions.  Quoi  de  plus  normal  que  celte  marche?  S'il  n'existait  pas 
une  tumeur  dans  l'orbite,  cette  discussion  n'aurait  pas  eu  de  raison 
d'être. 

Je  crois  que  la  tumeur  qui  fait  saillie  dans  l'orbile  vient  du  sinus 
maxillaire  et  qu'elle  n'est  que  la  continuation  de  la  tumeur  qui  a  été 
enlevée. 

En  réponse  à  une  allusion  que  M.  Després  a  faite  à  l'un  de  mes 
malades,  je  dirai  que  celui-ci  avait  i082  tumeurs  qui  n'étaient  pas 
des  fibromes  mais  des  lipomes  avec  interposition  d'une  certaine  quan- 
tité de  tissu  fibreux.  Il  est  vrai  qu'au  moment  de  la  mort  du  malade, 
le  tissu  fibreux  dominait  dans  les  tumeurs,  mais  toute  la  partie  grais- 
seuse de  celle-ci  avait  disparu.  Ce  malade  était  mort  de  faim,  et  il  y 
avait  eu  une  véritable  autophagie.  Mais  l'on  retrouvait  encore  des  vé- 
sicules graisseuses  dans  toutes  ces  tumeurs  ;  elles  existaient  aussi  en 
plus  grande  abondance  qu'à  l'élat  normal  dans  la  gaîne  de  la  caro- 
tide, etc.,  etc. 

M.  Panas.  Au  point  de  vue  de  la  simplicité  du  diagnostic,  je  serais 
très-heureux  que  les  choses  se  soient  passées  comme  vient  de  l'indi- 
quer M.  Broca.  Il  y  a  bien  eu,  il  est  vrai,  une  tumeur  du  maxillaire 
enlevée  il  y  u  vingt  ans;  mais  depuis  deux  ans  seulement^  après  dix- 
huit  ans  d'intervalle,  l'atîection  actuelle  s'est  montrée. 

Quant  à  la  mamelle,  elle  ne  présente  pas  d'engorgemenl,  elle  est 
seulement  le  siège  d'une  sécrétion  anormale. 

Ce  ne  sont  pas  seulement  des  ganglions  en  rapport  avec  le  siège  de 
la  tumeur  primitive,  qui  sont  malades,  mais  aussi  les  ganglions  du 
côté  opposé,  ce  qui  fait  penser  que  les  glanglions  sont  pris  primitive- 
ment. 

M.  Chassaignac.  J'avoue  n'avoir  jamais  vu  de  cancer  bilatéral;  mais 
chez  la  malade  de  M.  Panas,  il  me  semble  qu'il  n'y  a  pas  d'interrup- 
tion entre  les  ganglions  engorgés  à  droite  et  à  gauche. 


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CO^JjlfJMICATïOff. 

OvAriotomie. 

M.  L1É0E91S.  —  Madame  T.*, ,  Agé^  de  54  ans,  est  une  femme  mai- 
gre, de  coa^titution  moyepne,  d'un  tempérament  nerveux»  parlant  beauh 
coup  et  avec  volubilité;  eU^  n'^  poioj;  eu  im»  sa  jeunessfi  d'aSeetions 
9érieusps.  Ses  règles  ont  apparu  ^  13  ans,  U)ujûur$  elles  se  sont  faites 
régulièrement,  presque  sans  douleur,  jusqu'à  l'âge  de  42  0ms,  époque 
qqi  correspond  h  leur  disparition.  A  ^1  ans,  elle  a  eu  une  grossesse; 
ses  couches,  quoique  ayaat  été  un  peu  longues,  se  sont  terminées  sans 
accidents.  En  18^7,  ^  la  ^uite  de  douleurs  très- vives  dans  les  reins, 
elle  rendit,  lors  i'um  miqtion,  une  petite  pierre  du  volume  d'un  bari^ 
cot.  Depi}is  lors,  à  des  intervalles  variables,  cinq  fois  des  douleurs 
semblables  çtyi;  premières  r^p^rurent,  et  chaque  fois  ces  douleurs  se 
tiçrminèreat  après  l'expulsion  d^  un  ou  deux  petits  ealculs.  Ces  cal* 
culs,  qui  m'ont  été  remis  par  \9l  malade,  étaient  composés  de  phos- 
phate de  magpé$ie  et  d'acide  urique. 

Il  y  a  7  ans  environ  que  je  vis  madame  T...  pour  la  première  foie, 
appelé  par  elle  pour  la  soulager  dans  une  de  «es  crises.  Explorant 
alors  la  partie  inférieuf e  de  Tabdomen,  je  trouvai  dans  Texcavation 
pelvienne  une  petite  tumeur  grosse  environ  comme  un  œuf  de  poule, 
mobile,  indolente,  peu  dure  à  la  pression,  liais  je  n'arrêtai  pas  davan- 
«  iage  mon  attention  sur  cette  tumeur,  la  concentrant  sur  Tétat  des  or- 
ganes urinaires.  Le  cathétérisme  ne  me  fit  découvrir  aucun  calcul,  le 
constatai  seulemei^t  <|U6  l'urine  était  trouble,  et  que  ce  trouble  recon- 
naissait pour  cause  la  présence  du  pus.  À  quelques  jours  de  là,  j'étais 
appelé  de  nouveau;  une  petite  pierre  s'était  échappée  de  Turètfare; 
maie  l'urine  restait  purulente,  de  plus  la  n^alaiie  accusait  une  douleuir 
assez  vive  du  c6té  du  col  de  la  vessie  et  de  fréquentes  envies  d'uriner. 
Elle  avait,  en  un  mot,  une  cystite. 

Dans  les  six  années  qui  suivirent  cette  dernière  visite,  ]e  revis  cette 
malade  dans  mon  cabinet  six  ou  sept  fois  environ  :  elle  venait  me 
consulter  pour  cette  deruière  affection.  Chaque  fois,  je  pus  constater 
que  la  tumeur  que  j'avais  découverte  dans  le  petit  bassin  prenait  de 
plus  en  plus  de  développement.  J'avais  été  un  an  environ  sans  revoir 
cette  femme,  quand  le  1*'  août  de  cette  année,  elle  se  présenta  chez  moi, 
me  disant,  dès  son  entrée,  qu'elle  venait  me  prier  de  la  débarrasser 
de  la  tumeur  qu'elle  portait  dans  le  ventre,  en  lui  pratiquant  Topera* 
tion  de  l'ovariotomie  (m). 
J'examinai  alors  avec  le  plus  grand  soin  cette  malade,  et  je  cens-» 
V  térie,  —  tome  ix.  47 


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—  3^o  — 

tatai  les  symptômes  suivants  :  l'abdomen  est  notablement  distendu; 
riotervalle  qui  sépare  l'appendice  xyphoïde  de  Tombilic  est  de  22  cen- 
timètres; celui  qui  sépare  Tombilic  du  pubis,  de  22  centimètres;  la 
circonférence  du  ventre,  au  niveau  de  l'ombilic,  mesure  93  centimètres; 
la  pression  exercée  avec  la  main  sur  tous  les  points  de  la  paroi  abdo- 
minale ne  provoque  aucune  douleur,  elle  détermine  une  sorte  de  cré- 
pitation fixe,  analogue  à  celle  que  Ton  perçoit  quand  on  froisse  de  la 
fécule.  Cette  crépitation  est  surtout  bien  accusée  sur  le  milieu  et  sur 
les  côtés  de  la  paroi  antérieure.  Quand  on  cbercbe  à  délimiter  la 
tumeur,  il  est  facile  de  reconnaître  qu'elle  occupe  la  plus  grande  partie 
de  la  cavité  abdominale  ;  qu'en  bas,  elle  plonge  dans  l'excavation  pel- 
vienne; qu'en  baut,  elle  s*étend  jusqu'à  la  portion  moyenne  de  la 
région  épigastrique.  A  la  percussion,  cette  tumeur  est  molle  dans 
toute  son  étendue;  supérieurement  et  à  droite^  la  matité  se  confond 
avec  celle  du  foie.  En  arrière  et  sur  les  côtés  de  la  colonne  lombaire, 
la  sonorité  est  des  plus  manifestes,  ainsi  qu*à  la  partie  supérieure  de 
répigastre  et  de  l'hypocondre  gauche.  A  la  palpatign,  on  reconnaît 
que  la  tumeur  se  compose  de  deux  parties,  Tune,  qui  comprend  sa 
presque  totalité,  est  fluctuante  dans  toute  son  étendue;  l'autre,  qui 
surmonte  cette  première  partie  en  haut  et  à  droite,  a  le  volume  d'une 
tète  de  foetus  environ,  paraît  plus  longue  que  large,  est  bosselée,  non 
fluctuante.  Par  le  toucher  vaginal,  on  constate  que  l'utérus  est  élevé 
et  difficile  à  déplacer;  il  est  impossible  d'atteindre  avec  le  doigt  l'ex- 
trémité inférieure  de  la  tumeur.  Par  le  toucher  rectal,  on  n'arrive  pas 
non  plus  sur  celle-ci.  Enfin,  le  calhétérisme  de  la  vessie  fait  recon- 
naître une  sensibilité  assez  vive  du  col;  l'urine  qui  s'échappe  de  la 
sonde  est  légèrement  opaque. 

Interrogée  sur  les  troubles  fonctionnels  qu'elle  éprouvait,  madame 
T...  nous  affirme  d'abord  qu'elle  n'a  jamais  ressenti  de  douleurs  spon- 
tanées ou  provoquées  au  pourtour  de  sa  tumeur.  Elle  accuse  seule- 
ment une  certaine  gène  de  la  respiration,  la  perte  de  l'appétit,  une 
lenteur  assez  grande  des  digestions,  une  disposition  extrême  à  la  fa- 
tigue, des  douleurs  du  côté  de  la  vessie,  des  envies  fréquentes 
d'uriner. 

Après  cet  examen,  il  était  de  toute  évidence  que  la  tumeur  que 
portait  celte  femme  était  un  kyste  ovarique.  Mais  à  quel  parti  devions- 
nous  nous  arrêter?  Fallait-il  céder  à  la  prière  de  la  malade  et  prati- 
quer l'opération  de  l'ovariotomie  ou  seulement  lui  proposer  la  ponc- 
tion ?  11  me  paraissait  bien  certain  que  le  kyste  se  trouvait  dans  les 
conditions  les  meilleures  pour  être  enlevé.  L'absence  absolue  de  dou- 
leurs depuis  son  apparition,  permettait  en  effet  de  supposer  qu'il  était 


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exempt  d'adhérences.  AjouiODs  que  le  frottement  péritonéal  nous  sem- 
blait un  indice  à  peu  près  certain  qu'il  y  avait  un  glissement  facile 
entre  la  paroi  abdominale  antérieure  et  la  tumeur.  Mais,  d*autre  part, 
cette  femme  était  âgée,  condition  toujours  défavorable  pour  la  réussite 
de  Tovariotomie;  les  troubles  fonctionnels  provoqués  parla  tumeur 
n'étaient  point  arrivés  à  un  degré  tel  qu'on  dût  recourir  à  un  moyen 
extrême;  la  ponction,  qui  pouvait  encore  être  reculée,  nous  paraissait, 
du  reste,  un  moyen  capable  de  prolonger  l'existence  de  cette  femme 
un  certain  nombre  d'années;  enfin,  la  malade  était  atteinte  d'une 
cystite  chronique,  cl  je  devais  penser  que  c'était  là  une  complication 
d*une  certaine  gravité  pour  le  succès  de  l'ovariotomie.  Mon  premier 
sentiment  fut  donc  que  je  devais  refuser  à  madame  T...  l'opération 
qu'elle  réclamait  de  moi.  Mais,  après  que  je  lui  eus  expliqué  les  motifs 
de  cette  détermination,  celle-ci  m'adressa  les  supplications  les  plus 
vives  pour  ne  pas  la  laisser  dans  l'état  où  elle  se  trouvait;  elle  savait 
bien,  disait-elle,  qu'elle  ne  pouvait  pas  vivre  longtemps  dans  cette 
position,  elle  savait  que  la  ponction  ne  la  guérirait  pas  de  ses  souf- 
frances, elle  ne  voulait  point  supporter  plus  longtemps  une  existence 
qui  lui  était  à  charge,  etc.  En  vain,  je  cherchais  à  la  convaincre  que 
ses  souffrances  étaient  moins  dues  à  la  présence  de  sa  tumeur  qu'à 
l'état  de  ses  voies  urinaires.  Mes  paroles  furent  vaines  :  ses  instances 
ne  devinrent  que  plus  pressantes. 

J'avoue  alors  qu'une  telle  ténacité  et  un  tel  courage  ébranlèrent  ma 
détermination.  Toutefois,  je  ne  voulus  rien  promettre  sans  avoir 
l'assentiment  d'un  confrère. 

A  quelques  jours  de  là,  M.  le  professeur  Gosselin  avait  la  bonté  de 
vouloir  bien  examiner  cette  malade.  Gomme  moi,  il  éloigna  d'abord 
toute  idée  d'opération;  mais  cédant  aussi  au  vif  désir  que  cette  femme 
avait  d'être  débarrassée  de  sa  tumeur,  il  décida  la  question  affirmative- 
ment. 

Nous  convînmes  alors  avec  la  malade  que  l'opération  serait  faite 
non  à  Paris,  mais  à  Êtain  (Meuse),  et  qu'elle  passerait  dans  cette  lo* 
calité  une  quinzaine  de  jours  avant  d'être  opérée. 

A  son  arrivée  le  5  août,  madame  T...  est  prise  de  maux  de  reins  vio- 
lents qui  lui  font  soupçonner  la  présence  de  nouveaux  calculs;  mais 
dans  la  crainte  que  ce  ne  soit  là  pour  moi  une  contre-indication  à 
l'opération,  elle  m'en  parle  à  peine.  ' 

L'opération  fut  pratiquée  le  22  août,  en  présence  des  do.ctaurs 
Parisot^  Japin  et  Bachelier  (d'Étain),  Douan  (de  Dopipierfe),  Lecou- 
vreox  (de  Saint-Hilaire),  Decroc  (de  Gbatillon),  Michaux  et  Marchai 
(de  Metz).  La  malade  fut  profondément  endormie,  après  quoi,  j'in- 


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—  312  - 

ci0a),  eouehê  par  eonché,  la  patcn  abdominaltt  au  utiveau  de  la  ligfAe 
bladohe,  depuis  rombillc  Jusqu'à  lOeentimètresau-dessutf» 

Cette  incision  ne  donna  lieu  à  aueune  hétttorrhagie.  Dèd  que  le  péri- 
toine fut  ouvert,  une  petite  quantité  de  sérosité  traosparente  s'échappa 
par  la  plaie  et  le  kjste  apparut  immédiatement  avec  ùd  aspect  lisse  et 
gris^bleufttre.  La  section  de  la  paroi  abdominale  étant  complet^,  J'in- 
troduisis ma  main  entre  cette  paroi  et  le  kyste,  dans  le  but  de  m'as- 
surer  s'il  existait  des  adhérences.  Ha  main  parcourut  facilement  toute 
la  surface  de  la  tumeur,  sans  être  arrêtée  par  atKiun  obstacle.  Je 
constatai  en  même  temps  que  le  kyste  était  uniformément  tnou  dans 
toute  son  étendue,  excepté  à  la  partie  supérieure  et  droite,  où  il  me 
sembla  plus  dur  et  bosselé.  La  main  retirée,  deui  aides,  placés  Pun  à 
droite,  Fautre  k  gaticbe  de  la  malade^  comprimèrent  exactement  la 
paroi  abdominale,  sur  tout  le  pourtour  de  Fincision,  en  Ayant  soin 
d'entrebâiller  celle-^ci  autant  que  possible  et  de  favoriser  ainsi,  en 
quelque  sorte,  la  hernie  d'une  portion  du  kyste.  Le  trois-quart  fut 
alors  plongé  dans  la  tumeur.  Celui  dont  nous  tioos  servîmes  est  celui 
de  MM.  Robert  et  Colin.  On  sait  que  le  perfectionnement  principal  ap- 
pointé par  ces  messieurs  à  Cet  instrument  consiste  dans  la  présence  en 
dehors  de  la  cabUle  de  laines  tranchantes  disposées  en  spirale  et  qtte 
l'on  fait  pénétrer  par  un  motivenlent  de  rotation  dans  l'intérieur  du 
kyste,  et  dans  la  présence  d'un  disque  mobile  à  btl^d  mousse  placé  au- 
dessus  de  la  spirale,  disque  que  l'Oû  peut  rapprocher  à  volonté  des 
dernières  lames  de  Celle-ci,  de  telle  fagi^n  que  la  paroi  du  kyste  se 
trouve  ainsi  tout  autour  de  la  plaie  faite  par  lé  troîs-quart,  serrée  exae- 
tement  entre  deux  rondelle^  tbétalliqués.  Le  liquide  dès  lors  ne  peut 
pltls  s'écouler  au  dehors,  en  pdi^arit  entré  la  canule  et  leë  bords  de  la 
plaie.  Le  trois-quart  étant  fixé  et  !a  nialade  étant  placée  datis  le  décUbitus 
latéral,  la  pointe  est  retirée  de  la  èanule  et  il  s'échappe  dé  tel!e-ci  un 
liquide  légèrement  visqueux,  opaque,  brun-jaunàtre  et  peu  odorant. 
Au  fur  et  à  mesiire  que  le  liquide  s'écoule,  une  légère  traction  est 
eiercée  sur  le  kyste  par  l'intermédiaire  dU  trOiS^quàrt,  en  même  temps 
que  deux  aides  compriment  uniformément  et  progressivement  la  paroi 
abdbtniilàîè,  Si  bien  que  la  tumeurvièfntfttnof  insensiblement,  jusqu'à 
l'instant  oîi  lé  pédicule  lui-même  se  présente  à  rextérieur^ 

Lé  clamp  de  M.  Mathieu  (chaîne  d'un  écrasetir  linéaire)  eèt  adssitôt 
placé  sur  le  pédicule,  qui  possède  une  épaisseur  notable,  et  cèluiH:i 
est  éôikpé  A\)  delà  dtl  l$e6  tod^tHcteùr.  Je  tft'asèurti  alorS,  apfèftavoii 
ed  sèfai  de  làVër  itta  ttiaift  dans  î'eétti  chaûdè  eC  préalàbMfikénl  ftisHI- 
léè,  si  lès  drgAdéë  génitAot  fAtèrnés  né  plré«éntatéHt  pait  ^ffëlÇie  alté- 
ration à  laquelle  on  ddt  s'adréH^r.  L'dtaita  gànehé,  ht  trdiîipe  du 


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même  côté,  l'utéruii^  me  parafent  eomplétemem  gain».  Le  cuMe^éac 
utéi'O^reetai  eontetiait  à  peiné  deux  oulUeféed  deséroBité,  qu«f  délix  tùtipn 
.d'épooge  enlevèrent  fâfcilemeù t.  Pendant  cette  exploration,  favats  eu 
Boin  de  faire  retenir  exaetement  l'intestin  dans  la  partie  supérieure  de 
l'abdomen,  par  une  pression  anléro<^postérieure  exercée  sur  la  partie 
moyenne  de  la  paroi,  au  niveau  de  Fettrémité  supérieure  de  l'inoi- 

SiOQ. 

Je  me  bâtai  alors  de  fermer  la  plaie^  Je  fixai  d'abord  le  pédlcale  à  la 
partie  inférieure  de  celle-^èi^  à  l'aide  d'une  lon^e  ai^illé  téftfllnée  en 
fer  de  lanct  à  une  de  ses  extrémités  ;  cette  aiguille  traversait  en  même 
temps  que  le  pédicule  la  paroi  abdominale  des  dedx  côtés  de  l'incision, 
et  k  1  centimètre  environ  des  bords.  Quelqucm  anses  de  fils  furent  jetées 
autour  de  rai^ille  et  sous  le  ciamp,  comme  dans  la  suture  entor- 
tillée. Puis,  je  plaçai  cîn^  sutures  lAétalHques  profondes,  qui  traver* 
saient  le  péritoine  à  1  centimètre  des  bords*  Les  deux  iulures  les. plus 
inférieures  furent  disposées  de  telle  fa^n  ctu'eileé  entouraient  à  elles 
deux  presque  toute  la  clfoonférence  du  pédicule;  trois  sutures  métal^ 
liques  superficielles,  n'embrassant  que  les  lèvres  de  l'incision,  fVil^nt 
placées  entre  lès  sutures  profondes,  aucun  pansement  n^est  (ait  à  la 
plaie. 

La  malade,  que  l*on  avait  laissé  se  téteiller  lors  de  l'application 
des  dernièi^  sutures,  est  alors  enveloppée  de  flanelle,  puis  elle  est 
transportée  dans  son  lit  et  entourée  de  cruchon§  d*eftu  dhaudè,  Quoique 
cependant  sa  température  ne  paraisse  pas  avoir  sdbi  grande  modifica- 
tion. 

Douze  minutes  s'étaient  écoulées  à  partir  dé  l'instant  où  Tincision 
delà  pardi  abdominale  avait  é(é  faite  jusqu'à  celui  àt  le  pédicule  avait 
été  sectionné.  Le  temps  de  mettre  lès  ligatures  demanda  treize  mi- 
nutes. L'opération  avait  duré  eu  tout  vingt-cinq  mlûutes. 

Deuj[  pilules  d'eltraît  tbébaîqoe  de  1  centigramme  chacune  lui  sont 
prescrites,  à  prendre  à  six  heures  d'intervalle,  et  comme  boisson  une 
infusion  de  tilleul  et  de  fleurs  d'orahger.  Le  soir,  la  malade  ne  se 
plaint  d'aucun  malaise,  le  pouls  est  à  90,  la  température  est  botiiie. 
Pans  la  journée,  l'uriûe  A  été  évacuée  quatre  fois  avec  la  sonde* 

23  août.  La  malade  a  dormi  une  partie  de  la  nuit.  Vers  cinq  heures 
du  matin,  elle  a  été  plaise  d'envies  d'uriner,  qui  àë  sont  renouvelées 
une  dizaine  de  fois,  à  une  heure  d'iutervalle.  Elle  a  satisfait  éette  envie 
cinq  ou  six  fois  sans  l'aide  du  catbétérisme,  en  faisant  placer  éoUs 
die  une  aséiette  creuî^e.  Chaque  fois,  elle  rendait  seulement  ufié  petite 
quantité  â^tfHne.  Dansiàf  suite,  du  reste,  le  besoin  d'uriner  revenant 
iréquenmient,  la  cathétdHSiV^  tfà  pldS  m  pfatiifiié. 


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—  374  — 

Le  maiin,  elle  s'étonne  beaucoup  de  ne  ressentir  dans  le  ventre  au- 
cune douleur  ;  le  pouls  est  resté  à  90.  L'étatgénéral  est  des  meilleurs. 

Prescription  :  Quelques  cuillerées  de  bouillon;  pour  la  nuit,  deux, 
pilules  d'extrait  thébaïque  de  1  centigramme  chaque. 

24  août.  La  malade  a  peu  dormi;  ses  enyies  d'uriner  la  réveillant  à 
chaque  instant;  elle  a  souffert,  de  plus,  assez  fortement  du  côté  de 
la  vessie.  Elle  a  uriné,  tant  dans  la  nuit  que  dans  le  jour,  quinze 
fois,  ne  pouvant  se  retenir.  Le  pouls  est  à  80;  le  ventre  n'est  point 
douloureux;  le  faciès  est  excellent.  La  malade  est  très-gaie. 

La  portion  du  pédicule  compris  dans  le  elamp  est  gangrenée  ; 
celui-ci  est  enlevé.  La  surface  gangrenée  est  touchée  avec  du  per* 
chlorure  de  fer.  Une  compresse  d'eau  est  mise  sur  la  plaie  et  renou- 
velée chaque  deux  heures.  Dans  le  jour,  bouillon,  eau  rougie;  pour  la 
nuit,  deux  pilules  d'opium  de  1  centigramme. 

25. août.  La  nuit  s'est  bien  passée;  les  douleurs  de  la  vessie  ont  été 
moins  fortes  que  celles  de  la  nuit  précédente.  L'urine  de  la  veille  re- 
cueillie dans  un  verre  laisse  déposer  une  couche  épaisse  de  pus.  Pen- 
dant le  jour,  des  douleurs  de  reins  très-violentes  se  font  ressentir;  ces 
douleurs  sont  presque  oontinues,  avec  exacerbation  de  temps  à  autre. 
La  malade  ne  s'en  effraye  nullement;  elle  m'avertit  qu'elles  res- 
semblent exactement  à  celles  qu'elle  a  eues  autrefois,  quand  une  pierre 
était  prèle  à  s'échapper.  La  pression  faite  avec  la  main,  sur  la  paroi 
abdominale,  ne  détermine,  du  reste,  aucune  souffrance.  Les  trois 
sutures  superficielles  sont  enlevées.  L'opérée  ne  prend  que  quelques 
cuillerées  de  vin  sucré  ;  le  soir,  je  lui  prescris  une  pilule  de  5  centi- 
grammes d'extrait  thébaïque. 

26  août.  Les  douleurs  de  reins  ont  persisté  pendant  la  nuit,  moins 
vives  cependant,  mais  assez  pour  causer  une  insomnie  à  peu  près 
complète.  Le  ventre  reste  souple,  non  balloné,  indolore.  Le  faciès  est 
un  peu  altéré,  résultat  de  la  perte  de  sommeil  et  des  douleurs  qu'elle 
a  éprouvées. 

Dans  la  journée,  potage  au  vermicelle,  vin.  Le  soir,  deux  pilules 
d'opium  de  5  centigrammes. 

Le  27  août,  la  nuit  a  été  bonne;  les  douleurs  rénales  ont  cessé.  Les 
cinq  sutures  profondes  sont  coupées,  mais  non  enlevées.  Les  fils  qui 
fixent  la  longue  aiguille  sont  détachés  et  grand  est  notre  étonnement 
de  trouver  alors  cette  aiguille  à  nu,  au-devant  de  la  surface  interne  du 
pédicule,  enfoncée  d'un  centimètre  au  moius^ 

La  réunion  immédiate  s'est  effectuée  dans  toute  l'étendue  de  la 
plaie.  L'extrémité  interne  du  pédicule  présente  seule  une  surface  à  vif, 
que  Ton  recouvre  d'une  compresse  d'eau  froide. 


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—  3^5  — 

29  et  30  août.  Journées  et  nuits  bonnes.  La  malade  est  alimentée 
de  plus  en  plus.  Le  pMicule  est  enfoncé  plus  profondément  que  la 
Yeilie;  les  fils  métalliques  des  sutures  profondes,  coupés  et  laissés  en 
place  le  27  sont  retirés  de  la  paroi  abdominale  le  30. 

Le  30  août,  douleurs  de  reins  bien  vives  pendant  la  nuit.  L'urine 
est  fortement  chargée  de  pus.  La  veille,  la  malade,  qui  n'avait  point 
eu  encore,  depuis  Topéralion,  aucune  garde-robe ,  avait  pris  deux 
Terres  de  limonade  de  Rogé. 

£lle  a,  dans  la  journée,  trois  selles  assez  abondantes. 

Le  pédicule  est  enfoncé  d'un  centimètre  et  demi.  Un  petit  morceau 
d'épongé  sèche  est  placé  dans  l'espèce  d'infundibulum  qui  résulte  de 
la  rétraction  de  celui-ci  et  est  changée  toutes  les  deux  heures. 

l*** septembre.  Douleurs  vives  en  urinant,  cuisson  dans  toute  reten- 
due de  i'urètbre.  La  surface  extérieure  du  pédicule  n*est  plus  visible; 
elle  est  masquée  par  la  pean  qui  entoure  les  bords  de  l'excavation  et 
qui  s'est  rapprochée  du  centre. 

Le  malade  se  lève  deux  heures  et  se  promène  dans  sa  chambre 
quelques  minutes,  malgré  ma  défense.     * 

A  partir  de  cette  époque,  chaque  jour  madame  T...  est  restée  levée 
et  a  marché  un  temps  de  plus  en  plus  long. 

Le  10  septembre,  elle  faisait  une  promenade  assez  grande  sans  qu'il 
en  résultât  le  moindre  inconvénient.  La  surface  extérieure  du  pédicule 
se  cicatrisa  bientôt.  Enfin,  les  forces  de  la  malade  qui  avaient  un  peu 
diminué  sous  l'influence  du  repos  au  lit  et  de  la  diète,  n'ont  pas  tardé 
à  revenir.  Seulement  ses  douleurs  de  reins  ne  l'ont  presque  pas 
quittée  jusqu'au  6  octobre,  époque  où  elle  rendit  trois  ciilculs,  moins 
gros  qu'une  lentille  et  composés  d'acide  urique .  Mais  sa  cystite  a  per- 
sisté, et  actuellement  madame  T...,  de  retour  à  Paris  depuis  trois  se- 
mainés  environ  est  en  traitement  pour  cette  affection. 

Examen  anatomique  du  kyste.  —  Après  l'opératiqn,  la  tumeur  vidée 
de  la  plus  grande  partie  de  son  contenu,  se  présentait  avec  un  aspect 
gris-bleuâtre.  De  nombreuses  veines  rampaient  à  la  surface,  les  plus 
volumineuses  avaient  le  volume  d*uue  forte  plume  d'oie.  La  tumeur  se 
compose  de  deux  parties  principales  :  l'une  celle  qui  a  été  ponctionnée 
est  formée  par  une  poche  très-spacieuse,  à  parois  épaisses,  assez  ré- 
sistantes. Sa  surface  externe  est  longée  à  droite  et  sur  le  côté  (en 
supposant  la  tumeur  en  place  dans  l'abdomen),  par  un  long  cordon 
qui  n'est  autre  que  la  trompe  droite  de  la  matrice,  laquelle  ayant 
suivi  le  kyste  dans  son  développement  ti  acquis  une  longueur  consi- 
dérable. La  trompe  est  reliée  au  kyste  par  un  repli  séreux,  et  le  pa- 
villon dont  les  franges  sont  encore  très-manifestes,  est  maintenu  en 


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—  316  ^ 

rapport  avec  lai  par  une  sortç  49  ligament  qui  représente  évidemment 
le  ligaipenttubo-ovarien. 

L'extrémité  externe  4e  la  trompa  qui  a  été  coupée  par  le  clamp, 
correspond  à  une  portion  du  kyste,  oioine  lie^e  que  les  autres,  bordée 
delambeauf  mewbraniformes,  lesquels  aoot  les  v^tigfm  des  liens 
séreux  qui  reliaient  la  tumeur  ^nji  ligaments  larges.  £n  dedans  du 
point  où  le  pavillon  est  fixé  à  la  poche,  on  aperçoit  une  sorte  de  plaque 
de  rétendue  d'une  pièce  de  cinq  francs  environ,  se  confondant  iasen* 
siblement  avec  les  parties  voisines  et  composée  de  ipamelons  aplatis 
séparés  le9  uns  des  autres  par  des  dépressions  ass^s^  distinctes,  dis- 
position qui  reproduit  jusqu'à  un  certain  point  1^  surface  extérieure 
de  l'ovaire  che^  une  femme  d'ua  certain  âg^, 

Sur  la  face  antérieure  4t}  l^y^te,  on  remarque  une  série  de  petites 
saillies,  dures,  manifestement  fibreui^s,  ayant  uii  vol^iee  qui  varia 
depuis  celui  d'une  noisette  jusqWil  celui  d'un  grain  4e  obeoevls. 

C'est  à  la  présence  de  ces  saillies  qu'étail^  évidemment  due  la  sensa^ 
tion  4e  crépitation  observée  chez  notr^  m^lsde  ayant  ropératinn,dans 
la  partie  extérieure  de  l'abdomen,  car  eUes  sentes  rendaient  irrégu- 
liére  la  face  extérieure  du  kyete;  on  ne  trouvait  nulle  part  trace  de 
fausses  membranes. 

La  face  interne  du  kyste  est  oomplétement  Ijsse  dans  certains  en- 
droits; dans  d'autres,  elle  présente  un  aspeet  papiiliferme;  déplus, 
elle  est  surmontée  qk  et  \k  de  petits  kystes  n^uUilooulaires  du  volume 
d'une  noisette  à  celui  d'une  nç»x.  Ces  kystes  sont  au  nombre  d'une 
dizaine. 

L'autre  partie  de  la  tumeur  se  présente  sous  forme  d'une  poche  li- 
quide qui  surmonte  la  première.  Sa  paroi  est  relativement  minée  par 
rapport  à  la  paroi  de  celle-ci;  elle  est  divisée  à  l'intérieur  par  des 
cloisons  incomplj^te^f  et  contient,  dans  l'épaisseur  de  son  enveloppe  pé- 
riphérique, d'autres  kystes  su  nombre  de  dix  à  quinze,  qui  font 
saillie  autant  au  dehors  qu'en  dedans,  ce  qui  lui  donne  un  aspect 
bosselé  dans  toute  son  étendue. 

La  cloison  qui  sépare  cette  seconde  poche  de  la  première,  contient 
dans  son  intérieur,  une  masse  fibreuse  du  volume  d'une  amande,  et 
creusée  d'un  nombre  considérable  de  vaenoles. 

Le  liquide  de  la  grande  poche  était,  comme  nous  l'avons  vu,  brun- 
jaunàtre,  d'une  viscosité  moyenne.  Ce  liquide  centenu  dans  la  partie 
centrale  de  la  petite  poche,  était  transparent,  avail  la  viscosité  de  l'ai* 
bumine;  en^n,  le  liquide  contenu  dans  les  petits  kystes  des  parois 
était  transparent  et  avait  la  consistance  d'une  solution  de  gomme  coa< 
centrée. 


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Le  poids  total  du  kyste  et  de  son  contenu  était  de  TÎngt  livres. 
Réfiexiom.  —  Dans  cette  observation,  deux  points  me  paraissent 
tout  d'abord  digues  d'attention  :  Tun  relatif  à  la  cause  du  bruit  de 
frottement  perçu  sur  toute  retendue  de  la  paroi  abdominale,  quand 
on  palpait  celle-ci  ;  l'autre  relatif  à  la  fixation  du  pédicule. 

Un  certain  nombre  d'auteurs  pensent  que  cette  sorte  de  crépitation 
obtenue  par  la  main  qui  comprime  l'abdomen  est  un  signe  d'adhé- 
rences existant  entre  le  kyste  et  la  paroi  du  ventre.  J'ai  dit  dans  le 
courant  de  l'observation  qu'au  contraire  elle  me  paraissait  un  signe 
d'absence  d'adhérences;  et,  en  effets  si  celles-ci  existaient,  la  paroi 
ne  pourrait  point  glisser  sur  le  kyste,  quand  on  cherche  à  la  mouvoir  : 
dès  lors,  tout  bruit  de  frottement  deviendrait  impossible.  Comme  je 
l'avais  prévu,  la  tumeur  était  libre;  mais  elle  était  hérissée  dans  toute 
sa  partie  antérieure  de  saillies  dures,  fibreuses.  Il  est  bien  évident 
que  c*était  le  glissement  de  la  paroi  abdominale  contre  ces  saillies  qui 
était  la  causé  du  bruit  en  question. 

Pour  ce  qui  concerne  la  fixation  du  pédicule,  j'ai  pris,  comme  on  a  pu 
le  voir,  les  plus  grandes  précautions.  Le  clamp  étant  placé,  j'ai  trans- 
percé la  paroi  et  le  pédicule  par  une  longue  aiguille,  qui  fut  main* 
tenue  en  place  par  des  anses  de  fils  disposées  en  huit  de  chiffres,  après 
quoi,  j'ai  disposé  mes  sulures  profondes  de  façon  à  ce  qu'elles  compri- 
massent circulairemént  le  pédicule  avec  une  certaine  force. 

Toutes  ces  précautions,  dont  quelques-unes  peuvent  paraître  super- 
flues, ne  sont  cependant  pasà  regretter  ;  car,  malgré  ces  moyens,  le  pédi- 
cule s'est  rétracté  avec  une  telle  force,  qu'il  s^est  coupé  sur  la  tige  de 
l'aiguille,  en  s'enfonçant  à  plus  d'un  centimètre.  0r,  mon  clamp  ayant 
dû  être  enlevé  au  commencement  du  troisième  jour,  parce  qu'il  avait 
gangrené  les  parties  qu'il  étreignait,  je  me  dem^inde  ce  qui  serait  ad- 
venu si  je  u'avais  pas  cherché  à  contrebalancer  par  des  moyens  mul- 
tiples les  effets  de  cette  rétraction.  La  disposition  de  mes  sutures  pro- 
fondes a  sans  doute  eu  sous  ce  rapport  une  certaine  influence,  car 
formant  chacune  un  demi-cercle  tout  autour  du  pédicule,  elles  de- 
vaient tendre  à  devenir  rectilignes  quand  on  tordait  leur  bout  libre, 
et  devaient,  par  conséquent,  embrasser  étroitement  la  circonférence 
du  pédicule. 

Hais  l'observation  que  je  viens  de  rapporter  me  parait  surtout  inté- 
ressante, en  ce  qu'elle  montre  jusqu'à  quel  point  l'ovariotomie  peut 
être  innocente,  malgré  certaines  conditions,  en  apparence  des  plus 
défavorables.  Madame  T.. .  avait  54  ans;  or,  d'après  la  statistique  de 
M.  Rœberlé,  au-dessus  de  50  ans,  la  mortalité  est  très-considérable  : 
cinq  morts  sur  sept  opérés.  Ce  résultat  avait  donc  tout  lieu  de 
2«  iérie,  —  tomk  ix.  4S 


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—  m  — 

m'effrs^yçr,  ausei  çtait-il  une  deç  raisons  priiipipales  p<)ur  r^fu&er  à 
xpa  malade  Topératiou  qu'elle  iefx^a^i^ii  si  ardemment.  Outrj)  ^sf^lle 
circonstance  défavorable,  il  en  existait  une  autre  qui  n'était  pas  pl«ui 
rassurante.  Depuis  çix  ans,  elle  rendait  par  Furèthre  une  c^taipa 
quantité  de  pus,  avait  de  fréquentes  envies  d'uriner,  éprouvait  dçs 
douleurs  plus  ou  moins  viyes  du  cdté  du  col  de  la  vei^sie;  pe^.  symp- 
tômes qui,  bien  certainement,  devaient  être  rapportés  à  une  cyisUMî 
chronique,  ne  6rent  que  croître  après  l'opération.  Q^  plus,  )e  Uasard 
voulut  que  cçtte  femme  fût  prise  pour  la  si|:|èi;i}fi  foi9  d6  coUquas 
néphrétiques  peu  de  temps  avant  ('opération,  wUques  qui  dvr^Qt' 
pendant  tout  le  temps  de  sa  guérispui  et  au  d^là»  jusqu'.^  ça  qu'elle 
eût  rendu  les  oalii^s  qui  les  provoquaient. 

Assurément  ces  accidents  du  côté  de»  vpiçs  uriuaires  étaient  U^e 
complication  Catcheuse,  bien  propre  è  m'ipspirer  de  viy^  çr^iute»; 
surtout  quand  jç  vis  ^ette  femme  sç  trpuyer  dans  la  n^ces^ité  de  /coa* 
tracter  vingt  fois  par  jour  sa  jparoi  ^bdomin^le,  avec  çffort  n^^inOi  pour 
essayer  de  reudre  quelques  gouttas  d'urine, 

Mal^é  ces  conditions  défavorable^,  les  suites  d6  t' opération  Qpt  été 
des  plua  beureu9^;  pette  femme  p'a  pa^  éprouvé  la  moindre  mpdiû* 
Cation  dans  sa  température,  dans  l*état  de  sa  circulation  ;  son  pouls, 
exploré  plusieurs  foi^  par  jour,  u'a  jamais  oscillé  au  del^  m  en  deçà 
de  80  à  90  puliuitious;  fait  remarquable,  elle  u'a  pas  éprçuYé  la  piuis 
petite  douleur  qui  fût  imputable  ^  ('ppération.  Je  m^  suis  quelquefois 
piqué,  diiimt-elle  sept  à  huit  joura  aj»rès  l'opéjratipii,  je  ressentais  alors 
la  piqûre,  pu  m'a  ouvert  le  ventre  et  je  n'pp  ai  pas  cpu^clepce,  La 
plaie  s'est  réunie  par  première  intention,  saus  qu'aucup  paiisemeat 
ait  été  (ait  au  début  :  une  compresse  d'eau  frpide  ayant  été  mise  sur 
la  plaie  seulemept  au  troipi^è  jour.  Snfiu  cette  f^mmo  a  pu  fte  lever 
et  se  promener  daps  sa  ^haml^rP)  dix  jours  senlemeut  après  l'opéra^ 
tipn. 

$ami  aueun  doute,  cet  heureux  et  r^r;  résultat  doit  être  attribué  ea 
premier  lieu  à  Tiibsence  de  epmplicatipna  inhérentes  à  rppération.  Nous 
avipus  à  faire,  ^  effet,  h,  un  kyste  dont  le  vfAume  en  réalité  n'était 
pas  tr^-cpnsidérabte,  et  qui  n'^vmt  eueore,  par  sa  préaençe,  compro' 
mis  d'une  façon  notable  aucune  fonction,  à  un  kyste  exempt  de  toute 
adhérence*  L'ouverture  faite  à  la  paroi  abdomia^  ne  fut  que  peu 
étendue  (iO  ceutimètres}.  L^  malade  ne  perdit  pas  certes  iO  grammes 
de  sang;  pai»  un  atome  du  Uquldo  visqueux  4u  kf^  ne  p&nétra  dans 
la  c«vité  périto^éale;  la  tumeur  put  être  retirée  hom  de  rahdemen 
P(Mr  vm  llmpid  traction  exercée  avec  le  tr^siquart,  sans  qu'il  fût 
HiklUKrim  d'introduire  dans  son  intérieur  m  la  miin,  ni  aucun  in^ru-^ 


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m  — 

ment;  il  n'y  a  eu  aucune  toilette  du  péritoine  à  faire.  L'intestin  n'a 
pas  subi  un  seul  instant  le  contact  de  l'air.  EnGn,  l'opération  n'a 
duré  que  TingUdeux  minutas.  L'on  ne.  peut  évidemment  se  tfotVer 
dans  de  ttieilleures  conditions  pour  ki  réussite  de  l'aYariotamiet 

Il  est  une  autre  condition  dont  nous  devons  tenir  aùsrt  grand 
compte»  e^eët  celle  du  milieu  dans  iequd  la  malade  a  été  opérée. 
Malgré  quelques  sudéés  obtenus  h  Paris,  je  n'ai  pas  cru  devoir  tenter 
cette  opération  là  où  les  revers  sont  si  nombreux.  Aussi,  J'ai  engagé 
ma  mi^ade  à  se  rendre  dans  une  petite  ville  de  Lorraine^  où  ehaqué 
année,  à  l'époque  des  vaeanoes,  je  pratique  un  oertain  Nombre  d'6pén^ 
tîoDB.  Les  résultats  que  j'ai  obtenus  dans  cette  localité  depuis  dix  ans, 
pendant  uti  mois  environ  que  j'y  passe.  Ont  été  peur  mol,  je  dois  M 
dlre^Un  puiisantencailragementpour  oser  entrepreDdrecette€fiératio& 

Si  j'en  parle  ici,  c^est  uniquement  afin  qu'ils  me  servent  d'excuse  aux 
yeux  de  ceux  qui  m'aoeuseraient  de  hardiesse  ou  de  témérité  dans  la 
circouetance  présente;  J^eetime  à  une  centaine  le  nombre  dei  opéra** 
tiens  pfutiquées  dans  ma  petite  ville.  Parmi  ces  opératiorid,  je  compte 
FablAtiuti  d'un  kyste  prolifère  de  la  face,  deux  stapbyloraphles,  deuM 
câtaraéteè,  tréis  ablations  de  lipomes  ériormes,  quatre  amputatiens 
du  sein  pour  U6e  tumeur  adénoifde  et  pour  trois  cancers;  tme  uréthro* 
fOmfe,  lïne  castration  pour  un  sârcocèle  cancéreux,  une  amputation  dé 
éui^se  peut  une  tumeur  blanche  fongueuie  du  genou,  une  amputation 
d'âvattt-bras  pont  ub  caiii  dé*  traumatisme,  l'extirpation  d'une  tumeur 
fibreuse  de  la  main,  d'une  tumeur  épithéliale  du  mollet,  d'Ufié  tumeur 
épithéHale  dés  Hivi^es  aveé  éheiloplastie,  la  gUérisonde  deux  tumeors 
éreéiiles  litii»  un  même  enfant  de  tfois  mois  :  l'une  traitée  par  le  pèf'* 
chlorure  dé  fef  et  ràtifl*e  par  la  vaccination  ;  une  opération  de  fistule 
à  l'anus  avec  Vastes  décollementë. 

Bh  tout,  auf  ttûe  centaine  d'opérations,  vingt-quatre  au  moins  qui, 
dans  les  hôpitaux  de  Paris,  peuvent  être  suivies  de  mort  ou  d'acciééntâ 
sérient.  Of,  dans  <^â  viOgt-(j(iatre  eae,  à  plus  forte  ratéon  dans  les 
autres,  tels  que  opérations  d'hydrocèié,  ablations  de  loupes,  réduc-i 
tioAs  de  luxations  récentes  ou  andenne^^  etc.,  presque  toujours  iiino- 
centes  en  tout  lieu,  non^séulement,  je  n'ai  pas  eu  une  seule  mort  ft 
déplorer,  mais  à  peine  si  je  compte  deux  accidents  légers,  une  pha^^ 
ryngite  à  la  suite  d'une  staphylorapbie,  un  él^sipèlé  pou  ïotenëe  à  Id 
âalte  d'une  résection  de  là'  m&choire  inférieure. 

On  <!ompt<éndi<a  done  qu'en  fiieode  «eë  tésolfais,  il  m'était  permis 
d'espérer  que  l'influence  du  milieu  salubre  daa^  lêq^i  ma  malade 
devait  être  opérée,  contrebalancerait  avantageusement  les  conditions 
organiques,  défavorables,  que  celle-ci  présentait. 


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—  380  — 

PRÉSENTATION  D*APPAREaS  PROTHÉTIQUES. 

M.  TiLLAux  présente  à  la  Société  des  appareils  prothétiques  pour  le 
membre  supérieur  au  nom  de  M.  Gripouiilot,  médecin  à  Montiouis 
(Indre-et-Loire),  et  fait  à  ce  sujet  la  communication  suivante  : 

Les  appareils  prothétiques  du  membre  supérieur  sont  destinés  à 
remplir  deux  buts  bien  différents.  Il  s'agit  tantôt,  en  effet,  de  per- 
mettre à  Tamputé  de  saisir  des  objets  ne  pesant  pas  plus  de  1  à  2 
kilogrammes  au  maximum;  on  peut  appeler  ces  appareils  appareUt 
de  préhension.  Un  immense  progrès  a  été,  suivant  moi,  réalisé  sous 
ce  rapport  par  M.  de  Beaufort,  dont  vous  connaissez  tous  ringéoieux 
bras  artificiel.  Le  système  d'opposition  du  pouce  avec  les  autres  doigts 
est  de  nature  à  permettre  la  préhension  des  objets  les  plus  délicats. 
Mais  s'il  s'agit  de  soulever  un  lourd  fardeau,  de  manœuvrer  un  iostru^ 
ment  aratoire,  d'autres  appareils  sont  nécessaires,  ce  sont  les  appa- 
reUi  de  forée.  Ce  sont  des  appareils  de  ce  gem*e  que  je  vous  présente 
au  nom  de  M.  Gripouillot.  —  Est*ce  à  dire  que  l'idée  soit  neuve,  que 
le  principe  appliqué  soit  nouveau?  Non,  messieurs;  depuis  bien  long- 
ten^ps  on  emploie  le  crochet  et  la  douille  adaptés  au  bout  du  brassard^ 
et  vous  pouvez  vérifier  sur  des  appareils  que  j'ai  pris  au  hasard  dans 
la  maison  Robert  et  CoAin  la  vérité  de  cette  assertion.  Toutefois  les 
appareils  de  M.  Gripouillot  diffèrent  sur  certains  points  de  ceux  qu'on 
a  fobriqués  avant  lui.  Ils  ont  d'abord  le  mérite  de  coûter  un  prix 
moins  élevé. 

Un  autre  avantage,  et  c'est  le  principal  à  mon  avis,  consiste  dans 
le  mode  d'adaptation  du  crochet  au  brassard.  Dans  les  appareils  ordi- 
naires, ce  crochet  se  visse,  et  par  conséquent  reste  immobile  dans  sa 
position,  là  au  contraire,  par  un  mécanisme  des  plus  simples,  le 
crochet  peut  être  mobilisé  et  fixé  dans  quelque  position  que  désire  le 
travailleur. 

De  plus,  M.  Gripouillot  a  eu  l'heureuse  idée  de  réunir  en  une  seule 
pièce  le  crochet  double  et  la  douille. 

M.  Gripouillot  a  fnssayé  nombre  de  fois  ses  appareils  sur  des  am- 
putés du  bras  ou  de  l'avant-bras  et  n'a  eu  qu'à  s'en  louer.  Vous 
voyez  sur  une  série  de  photographies  que  l'auteur  a  jointes  à  son 
envoi  les  différentes  position»  du  travailleur. 

En  résumé,  messieurs,  je  considère  que  M.  Gripouillot  a  accompli 
un  progrès  important  dans  les  appareils  prothétiques,  dits  de  forée, 
du  membre  supérieur. 


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—  381  — 

PRÉSENTATIONS  DE  PIEGES. 

Hydfttldes  rendoB  par  l'iirèthre,  venant  dn  rein  gnnehe. 

M.  DEMARQUAT  présente  une  grande  quantité  d'bydatides  rendus 
par  un  homme  de  29  ans.  Cet  homme  raconte  qu'il  y  a  deux  ans,  à  la 
suite  de  douleurs  assez  vives  dans  la  région  rénale  gauche,  il  a  rendu 
un  certain  nombre  dliydatides.  L'année  dernière,  il  dit  qu'après  avoir 
souffert  pendant  un  mois  dans  la  même  région,  il  rendit  encore  un 
certain  nombre  d'bydatides.  Cette  année,  à  la  même  époque,  il  devint 
très-souffrant,  sa  santé  s'altéra  profondément,  et,  après  trois  mors  de 
souffrance,  il  a  encore  rendu,  à  plusieurs  reprises,  une  grande  quan- 
tité d'bydatides.  La  vessie  s'est  enflammée  et  les  urines  actuellement 
contiennent  une  certaine  quantité  de  pus.  Maintenant  cet  homme,  dit 
M.  Demarquay,  est  aussi  bien  que  possible,  quoique  amaigri;  il  eon« 
serve  encore  dans  la  région  du  rein  gauche  un  point  douloureux.  Il 
est  important  de  suivre  ce  malade.  Les  hydatides,  dit  M.  Demarquay, 
ont  été  observés  par  plusieurs  cbirurgims  ;  on  en  trouve  des  obser- 
vations dans  Cfaopart,  dans  Roger.  M.  Davaine  a  résumé  ces  observa- 
tions dans  son  ouvrage  sur  les  entozoaires. 

Tvmenr  ndénolde  da  sein. 

M.  LÉON  Lbfort  montre  à  la  Société  une  tumeur  du  sein  enlevée 
par  lui  ii  y  a  quelques  jours  à  une  femme  de  39  ans.  La  tumeur 
avait  débuté  quatre  années  auparavant  et  avait  pris  surtout  du  déve- 
loppement depuis  deux  ans.  Son  ablation  ne  présenta  pas  de  notables 
difficultés.  Son  poids  est  de  2  kilogrammes  870  grammes.  La  tumeur 
ouverte  par  le  centre  se  montre  divisée  en  plusieurs  lobes,  au  milieu 
desquels  se  remarquent  des  kystes  de  volume  divers.  L'examen  mi- 
croscopique vérifie  le  diagnostic  porté  ;  on  découvre  des  cnls-de-sac 
glandulaires  notablement  hypertrophiés,  mais  aucun  des  éléments  que 
l'on  rencontre  dans  les  tumeurs  de  mauvaise  nature. 

M.  DEMARQUAT.  J'ai  enlevé  autrefois  une  tumeur  à  peu  près  aussi 
volumineuse  que  celle-là.  L'observation  a  été  publiée  dans  la  Gazette 
médieaU. 

La  séance  est  levée  à  cinq  heures  trois  quarts. 

U  ucrétaire,  D*  Léon  Larbb. 


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—  382  -. 

S«ANCB     fit!    28    ÔCTÔfitlft     1868 
Présidenee  de  )H.  LEGOUEST 

Le  procès-yerbal  de  la  précédante  séanca  est  lu  et  adapté. 

CORRESPONDANGG. 

La  cotreipondance  eompreiul  : 
Les  journaus.  de  la  iemaiae. 

—  Re^émnto  diUa  dMca  chifmrgiéa  di  Nap»H,  par  le  profésReur 
Carlo  Galoxti. 

-«  ObiervêHans  ppvr  servir  à  VkistoirB  de$  carpi  éirsugerê  dis  ¥ei$i 
aériemesy  par  M.  BourdiUat,  intofine  dea  hôpitaux. 

-^  M.  Girakdès  offre  à  la  âmété  le  quatrième  fa$eicid$de  les  leçûn$ 
elmqfêes  mtr  lêtinBhdieê  ohin&gUalei  ééë  enfants,  La*  Société  remêN 
de  l'auteur. 

—  M,  Ladureau  adresse  un  travail  intitulé  : 

Quelques  mots  sur  fhygromàprétotutien  et  ses  rapports  avec  â! autres 
lésions  iraumaiiques  du  geiieu. 

Hématùcèle  prératulienne  avec  écrasement  de  Ut  partie  infêrieute  de 
larMuk\sivmlaxUu».hygrama. 

Fracture  transversale  de  la. rotule  avec  pMe  pénétrmtk  de  l'ariieu^ 
kuion^  mettant  aemplétement  d  découvert  les  eurfaeee  ariiculaireSé  Ampu^ 
tation  de  la  cuisset  Guérison. 

Ce  travail  est  renvoyé  à  l'eiamien  de  M.  Lahbéyrffpperteurdel 
précédente  envois  de  M^  Ladareau4 

— -  M»  Sims-^Plroodi^  de  Mara^lle»  adrefiae  à.la  Société  robservmtion 
d'un  kyste  multilooulaire  du  sei». 

GOmiUNICATION. 

M.  YoN  Graefe,  membre  associé  étranger,  soumet  à  la  Soetétè  : 
l<>  Un  dessin  qui  représeote  ctne  irrégolarité  c^géfiluks  du  dfistaUin, 
si  Ton  veut,  une  espèce  de  coloboma.  Il  n'y  a  pas  de  luxation  du 
cristallin,  qui  d'ailleitfS  ëSl  piirfaitement  transparent,  mais  il  s'agit 
exclusivement  d'une  échancrure  au  bord  inférieur,  laquelle  donne  à 
la  lentille  une  forme  semblable  à  un  rein. 
V  Un  dessin  qui  représente  le  cas  fort  exceptionnel^  où,  après  une 


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-•  383  — 

blessvire  de  h  cornée,  un  cil  digsigé  du  bord  palpébral  s'est  enfoncé 
dans  le  parenchyme  dç  la  cor^^ç  içt  a  été  retenu  dans  la  profondeur 
de  la  membrane,  tout  couvert  d'un  épUhélium  et  d'une  QO.ucha  cor- 
néeiine  de  nouvellQ  formation. 

3*"  Un  dessin  qui  s>e  rapporte  à  une  blessure  de  l'œil  par  un  grain  de 
plomb,  l^e  grain  de  plomb  était  entré  pr^s  du  bord  e^itérieuir  de  la 
cornée,  avait  traversé  l'oeil  dans  la  direction  de  l'axe  du  nerf  optique, 
s*était  justement  enloncé  dans  la  pupille  optique  et  avait  pri«  son  cbt»- 
min  le  long  du  nerf,  dans  l'épaisseur  duquel  il  s'était  eqfîn  arrêté  à 
une  distance  de  huit  npûUimétr^  environ  derrière  la  sclérotique.  On 
aperçoit  au  niveau  de  ce  point  uu  gonflement  variqueux  dû  nerf  caus^ 
par  le  corps  étranger.  La  gaine  extérieure  du  nerf  avj^it  été  distendue 
naturelleinent,  ipais  ne  montrait  aucune  rupture.  Le  inalade  avait 
prés^té  une  espace  très-particulière  da  phénomènes  optiques  subjectifs. 

40  Un  dessin  qui  montre  un  kyste  séreiu  dans  \^  chi^o^bre  anté- 
rieure. Ce  kyste  s'était  formé  quatre  années  aprè9  uue  blessure  per* 
forante,  qui,  d'ailleurs,  Q'avaif  déterminé  aucun  jpcçident  spéeiai. 
Toutefois,  le  kyste  avait  pris  naissance  exactement  à  la  place  <Ie  la 
cicatrice.  Le  çap  est  surtout  curiçu;^  par  la  qirconsti^noe  que  le  kyste 
s'était  développé  progressivement  pendant  trois  mois  et  ^vait  déjà 
motivé  la  proposition  d'une  opérjitiDn,  lorsqu'il  comn^enç»  à  diminuer 
en  volume  et  disparut  par  une  rétrogradation  continue  df^ns  le  cou* 
rant  d'à  peu  près  six  mois. 

50  Un  cas  de  «  melanom  prçM^QmeaHs  pendula  »  ou  f  polype  mé- 
laneux  de  Tœil  ».  Il  s'agit  d'une  forme  de  la  ipélanose  e?(térieure  de 
TcBil  très-curieuse  par  sa  physionomie.  Tout  çn  couvrant  la  eornée, 
elle  n'offre  aucune  adhérence  avec  la  surface  de  celle-ci  ;  elle  prend 
ses  racines  exclusivement  au  niveau  d'une  petite  tache  pigmentée 
préexistante  sur  le  blanc  de  l'cçil.  Le  pigment  dans  ces  taches  réside 
dans  la  conjonctive,  et  existe  seulement  dans  les  couches  pivofonded 
de  l'épithélium  ;  le  stroma  conjonctivat  çtait  libre.  Les  polypes  méf 
laneux  ont  la  texture  alvéolaire  des  vrais  cancers  et  en  partagent  la 
inarche  clinique.  Us  ^oni  fort  intéressants  pour  la  doctrine  des  tumeurs 
parcequ'on  (rouve  disséminés  dans  leur  voisinage  de  petits  pointai 
brunâtres,  qui  représentant  les  preçnièr^  phases  de  la  maladie*  et 
dont  l'analyse  prête  beaucoup  aux  études  pathogéoétiques, 

6*  Une  forme  de  glaucome  chronique  ayant  son  point  de  départ  sur 
la  cornée.  M.  Yon  Graëfe  expose  en  peu  de  mots  sa  manière  de  voir 
sur  le  glaucome  chronique  :  la  maladie,  tout  en  étant  généralement 
due  à  une  pression  trop  forte  des  liquides  intra^-oculaires,  qui  amène 
l'excavation  de  la  papille,  peut  avoir  des  points  de  départ  très-diffé- 


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—  384  — 

rents.  Il  n'y  a  presque  pas  de  partie  de  Fœil  qui  ne  puisse  devenir  la 
cause  d'une  irritation  des  nerfs  sécréteurs  et  amener  ainsi  l'exagéra- 
tion de  la  pression  intra-oculaire. 

La  forme  dont  il  s'agit  ici  a  une  marche  excessivement  lente-  Il  se 
forme  sur  la  cornée  des  opacités  transversales  d'un  mat  tout  à  fait 
particulier.  Ce  dessin  les  montre  dans  la  période  de  début  et  de  dé- 
veloppement, et  l'on  a,  pendant  un  temps  assez  étendu,  uniquement 
devant  soi  une  maladie  de  la  cornée,  qui.explique  aussi  tous  les  dé- 
sordres fonctionnels,  etc. 

Plus  tard,  cependant,  avec  tine  régularité  qui  parait  sans  exception, 
les  yeux  deviennent  durs  et  les  symptômes  d'un  glaucome  consécutif 
se  développent  lentement. 

M.  Ghassaignac.  Le  Icyste  de  la  cfaambre  antérieure  était-il  entre  la 
membrane  de  Descemet  et  la  cornée  elle-même?  Lorsque  la  résolution 
du  kyste  a  eu  lieu,  y  a-t-il  eu  effusion  du  contenu  du  kyste  dans  le 
liquide  de  la  chambre  antérieure? 

M.  YoN  Graefb.  Le  kyste  était  situé  entre  la  membrane  de  Desce- 
met et  la  cornée. 

Le  liquide  du  kyste  ne  8*est  pas  mélangé  dans  celui  de  la  chambre 
antérieure. 

M.  DEMARQUAT.  A  propos  de  la  mélanose  de  l'œil,  je  demanderai  à 
M.  Von  Graëfe  s'il  a  eu  occasion  d'observer  des  cas  analogues  à  celui 
que  je  vais  faire  connaître. 

Un  jeune  homme  se  présente  à  moi,  il  y  a  quelques  années,  avec 
une  petite  tumeur  mélanique  occupant  un  point  de  la  circonférence  de 
la  cornée  et  grosse  comme  une  lentille.  La  tumeur  fut  enlevée;  quel- 
ques mois  après,  une  tumeur  analogue  se  reproduisit,  à  plusieurs 
reprises,  et  fut  toujours  enlevée  avec  soin.  Mais  bientôt  les  ganglions 
parotidiens  se  prirent,  des  tumeurs  mélaniques  apparurent.  J'enlevai 
encore  ces  tumeurs.  Mon  malade  fut  bien  encore  pendant  quelque 
temps,  mais  bientôt  il  survint  des  accidents  cérébraux  et  le  malade 
mourut. 

M.  Von  Graefb.  Il  est  assez  rare  d'observer  des  rechutes  dans  les 
ganglions  lorsqu'il  s'agit  de  tumeur  mélaniques  de  l'œil. 

M.  Mahjolin.  J'ai  observé  en  1846  un  exemple  bien  net  de  généra- 
lisation chez  un  malade  qui  avait  été  opéré  plusieurs  fois  par  un  ocu- 
liste pour  une  tumeur  mélanique  de  la  conjonctive. 


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—  3^5  — 

DISCUSSION. 

C«xal§(ie.  Réseetion  de  la  hanehe. 

A  propos  du  procès-verbal,  M.  Yerneuil  demande  la  parole  sur  ce 
sujet. 

M,  YsaNEuiL.  Je  vais  laisser  de  côté  les  luxations  complètes  qui 
arrivent  après  des.liydarthroses  aiguës  ou  après. des  désordres  très- 
considérables  de  l'articulation.  Je  ne  veux  parler  ici  que  de  ces  sub- 
luxations  que  Ton  peut  observer  dans  toutes  les  articulations. 

J'avais  dit  ceci  :  «  Je  croyais,  pendant  un  certain  temps,  que  lors- 
qu'on plaçait  les  membres  dans  la  rectitude  et  le  parallélisme,  on 
était  à  l'abri  de  la  luxation.  » 

Les  pièces  des  musées  sur  lesquelles  on  constate  un  véritable  écu- 
lement  de  la  cavité  cotyloïde  ont  presque  toujours  été  recueillies  sur 
des  sujets  dont  le  membre  était  dans  une  attitude  vicieuse. 

Lorsque  l'on  place  une  articulation  dans  l'extension  complète,  on 
pourrait  croire,  à  priori,  que  la  tète  est  dans  l'impossibilité  de  se 
subluxer. 

Mais  j'ai  vu  des  enfants  qui,  au  moment  de  rapplication  de  la 
gouttière,  après  le  redressement,  paraissaient  guéris.  Les  membres 
étaient  alors  parallèles,  et  cependant,  au  bout  de  quelque  temps,  on 
constatait  un  raccourcissement  considérable,  qui  n'était  dû  ni  à  la  dé- 
viation du  bassin,  ni  à  l'attitude  vicieuse  du  bassin,  ni  à  l'atrophie  du 
membre,  mais  bien  évidemment  à  l'ascension  dé  celui-ci,  ce  que  dé- 
montrait très- nettement  l'ascension  du  grand  trochanter. 

J'ai  vu  aussi  un  grand  nombre  d*enfants  qui  sont  guéris  et  qui  ont 
du  raccourcissement  sans  avoir  jamais  eu  d'abcès.  11  y  a  eu  évidem- 
ment destruction  d'une  partie  de  la  cavité. 

Si,  malgré  que  l'on  ait  obéi  aux  indications  posées  par  Bonnet,  la 
subluxation  peut  encore  se  produire,  il  faut  en  conclure  que  l'on  n'a 
pas  encore  fait  tout  ce  que  l'on  pouvait  faire.  II  doit  exister  un  agent 
actif  contre  lequel  on  n'a  pas  suffisamment  agi;  cet  agent  réside  dans 
les  muscles  fessiers  qui  sont  plus  ou  moins  enflaounés  dans  toutes  les 
coxalgies.  Ces  muscles  agissent  lentement,  attirent  le  fémur  en  haut 
et  déterminent  l'éculement  de  la  cavité  cotyloïde.  De  tout  ceci,  il  faut 
conclure  que  l'on  doit  non-seulement  redresser  le  membre,  mais  de 
plus  avoir  recours  à  l'exlensioii  continue,  ainsi  qu'on  peut  la  faire 
avec  les  appareils  américains  présentés  par  M.  Le  Fort. 

Je  pense  qu'il  faudrait  revenir  à  lu  pratique  de  Bonnet,  qui  recouvrait 
le  pied  en  entier.  Dans  les  cas  récents,  on  devra  prendre  le  pied  dans 
V  série.  —  tome  ix.  49 


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—  386  — 

l'appareil  ;  l'ascension  du  fémur,  sous  Tinfluence  des  muscles  fessiers, 
est  empêchée,  le  dos  du  pied  venant  arc-bouter  contre  l'appareil 
dextriné. 

Les  guérisons  complètes  sont  rares,  cependant  elles  peuvent  être 
observées.  J'ai  gardé  le  souvenir  d'une  malade  que  j*avais  traitée  à 
l'Hôtel-Dieu,  avec  M.  Panas.  Elle  revint  me  voir  à  Lariboisière  ;  elle 
était  complètement  guérie;  tous  les  mouvements  étaient  rétablis. 

On  voit  un  certain  nombre  de  guérisons  accompagnées  de  raccour- 
cissement. Les  causes  de  raccourcissement  sont  multiples  :  i<»  le 
membre  est  redressé,  mais  le  bassin  est  toujours  plus  élevé,  sans  que 
l'on  puisse  se  rendre  bien  compte  de  la  raison  à  laquelle  est  due  cette 
situation  ;  2»  le  raccourcissement  est  dû  à  la  persistance  d'une  atti- 
tude vicieuse;  Z^  à  l'atrophie  du  membre;  4°  à  la  subluxation. 

On  a  peine  à  remédier  au  raccourcissement  par  Tatrophie. 

Quant  au  raccourcissement  par  ascension  du  bassin,  je  ne  connais 
pas  de  moyens  qui  permettent  de  lutter  contre  lui.  On  a  bien  proposé 
des  appareils  destinés  à  faife  basculer  le  bassin  d'une  façon  perma- 
nente, mais  ils  sont  tous  mauvais. 

Quant  au  raccourcissement  dû  aux  altitudes  vicieuses,  il  est  quel- 
quefois possible  d'y  remédier  à  l'aide  du  redressement,  quand  les 
phénomènes  aigus  sont  calmés. 

Enfin,  je  tenais  à  signaler  le  raccourcissement  portant  seulement 
sur  la  longueur  du  piedi  On  peut,  en  effet,  observer  une  espèce 
d'arrêt  de  d^eloppément  du  pied  et  un  raccourcissement  de 
celui-ci. 

M.  Broc  A.  J'ai  eu  occasion  de  constater  le  raccourcissement  du 
pied,  le  jour  même  où  les  premiers  phénomènes  notables  de  là  coxal- 
gie s'éta;îent  montrés.  De  Cfe  fait,  comme  de  plusieurs  aiitres,  il  est 
résulté  pour  moi  la  conviction  que  la  coxalgie  se  montre  souvent 
sur  des  membres  mal  développés,  déjà  malades,  atrophiés,  et  par 
conséquent  disposés  à  subir  Tinfluence  de  la  maladie. 

J'ai  vu'  hier  une  jeune  fille  de  dix-huit  ans  que  je  soigne  depuis 
deux  ans.  Il  y  a  deux  ans,  il  existait  un  affaiblissement  du  membre, 
mais  Ton  ne  pouvait  rien  constater  au  niveau  de  l'articulation.  Le 
membre  droit  était  plus  froid,  un  peu  bouffi,  beaucoup  plus  faible.  Il 
n'y  avait  pas  de  raccourcissement  par  déformation  des  os  en  longueur, 
donc  pas  de  claudication. 

Ces  phénomènes  ont  duré  deux  ans,  et  c'est  seulement  il  y  a  quel- 
ques semaines  qu'un  médecin  qui  examinait  la  malade  crut  développer 
de  la  douleur  au  niveau  de  la  tête  du  fémur.  Hier,  j'ai  vu  cette  jeune 
fille  et  j'ai  constaté  qu'il  existait  de  la  douleur  dans  l'articulation 


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—  387  — 

coxo-fémorale,  un  certain  degré  de  relâchement  de  la  capsule  qui 
permettait  de  faire  saillir  la  tête  un  peu  plus  facilement.  J'assiste 
évidemment  à  un  début  de  coxalgie. 

En  résumé,  je  pense  que  la  coxalgie  a  plus  de  prise  sur  les  membres 
mal  constitués  que  sur  ceux  qui  se  trouvent  dans  les  conditions  oppo- 
sées. 

M.  L ARRET.  L'observation  générale  que  vient  de  faire  M.  Broca  a 
été  vérifiée  plusieurs  fols  par  moi,  à  ud  autre  point  dé  vue.  La  coxal- 
gie est  assez  fréquente  dans  Tarmée,  et  j'ai  pu  constater  qu'elle  se 
développait  de  préférence  chez  les  sujets  un  peu  faibles,  lymphatiques 
ou  exposés  aux  fatigues  des  marches  forcées,  etc.,  et  particulière- 
ment chez  ceux  qui,  n'éprouvant  que  les  douleurs  initiales  de  la 
coxalgie,  n'ont  pas  réclamé  à  temps  les  soins  nécessaires  ou  ont  été 
considérés  comme  simulant  cette  affection. 

Un  raccourcissement  très-considérable  peut  être  dû  à  la  perfora- 
tion du  fond  de  la  cavité  colyloïde.  Mon  père  avait  appelé  l'attention 
sur  ce  point,  ainsi  que  sur  l'évasion  de  la  cavité. 

M.  YfiRNEuiL.  J'admets  ces  faits,  bien  entendu;  mais,  dans  la  dis- 
cussion, j'ai  laissé  de  côlé  les  désorganisations  complètes  de  Tarticu- 
lation. 

M.  Marjolin.  Le  fait  de  la  prédisposition  à  la  coxalgie  des  sujets 
qui  ont  un  membre  dans  des  conditions  mauvaises  de  développement 
n'est  pas  démontré. 

Je  n'ai  rien  vu,  jusqu'à  présent,  qui  prouve  que  la  coxalgie  se  ma- 
nifeste avec  une  certaine  prédisposition  sur  des  membres  qui  ont 
souffert  depuis  longtemps  ou  qui  sont  mal  conformés. 

Le  fait  qui  vient  d'être  raconté  par  M.  Broca  est  très-intéressant  au 
point  de  vue  de  l'arrêt  de  développement  du  pied.  Sous  ce  rapport,  il 
mérite  toute  notre  attention. 

M.  Blot.  m.  Verneuil  nous  a  dit  qu'autrefois  il  n'accordait  pas  une 
grande  valeur  à  l'extension  continue ,  mais  qu'aujourd'hui  il  serait 
disposé  à  lui  en  accorder  davantage.  Je  ne  crois  pas;  pour  mon 
compte,  que  la  pression  de  la  tête  du  fémur  sur  la  cavité  cotyloïde 
soit  aussi  considérable  et  aussi  importante  que  paraît  le  croire  notre 
collègue. 

J'arrive  à  la  question  de  la  prédisposition  à  la  coxalgie  par  suite  de 
Talrophie,  du  manque  de  développement  des  membres.  Eh  bien!  à  ce 
point  de  vue,  je  dirai  que  j'ai  eu  occasion  d'examiner  un  très-grand 
nombre  de  femmes  qui  avaient  eu  des  convulsions  pendant  leur  enfance 
et  qui  avaient  un  des  membres  plus  court  et  atrophié  ;  chez  elles,  je 
n'ai  jamais  observé  de  coxalgie. 


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—  388  —      " 

M.  GiRALDÈs.  La  question  du  raccourcissement  ou  de  la  différence 
de  longueur  des  membres  chez  les  femmes  n'est  pas  nouvelle.  Camper 
Ta  traitée  dans  une  thèse  soutenue  à  Gronningen.  11  a  été  constaté 
que  chez  les  femmes  il  y  a  des  différences  de  longueur  qui  peuvent 
aller  jusqu'à  deux  et  trois  pouces. 

Relativement  à  l'influence  de  la  paralysie  atrophique  sur  le  dévelop- 
pement de  la  coxalgie,  j'y  crois  peu.  Je  ne  veux  pas  dire  que  le  fait 
annoncé  par  M.  Broca  ne  puisse  être  observé,  mais  je  n'ai  jamais  rien 
vu  de  semblable  pour  mon  compte.  Pour  soutenir  que  la  coxalgie  se 
développe  plus  facilement  sur  les  membres  atrophiés,  il  faudrait  avoir 
à  sa  disposition  un  grand  nombre  d'observations  probantes. 

Les  appareils  américains  dont  on  nous  a  parlé  n'ont  aucune  valeur, 
et  aujourd'hui  les  chirurgiens  américains  eux-mêmes  les  abandonnent 
et  ont  recours  à  la  gouttière  de  Bonnet. 

PRÉSENTATION  DE  MALADE. 

M.  LÉON  Le  Fort  présente  un  malade  qui  offre  une  affection  assez 
rare.  Au  pli  du  bras  existe  une  tumeur  pulsatile,  douée  de  mouve- 
ments d'expansion  très-marqués,  placée  sur  le  trajet  de  l'artère 
humérale  et  présentant  tctus  les  caractères  d'un  anévrisme  artériel, 
sauf  toutefois  le  bruit  de  souffle  dont  on  constate  l'absence.  Cepen- 
dant, en  poussant  plus  loin  l'examen,  on  voit  qu'il  s'agit  d'une  dila- 
tation de  l'artère  humérale  débutant  au  haut  du  bras  et  se  prolongeant 
jusqu'au  pli  du  coude  et  atteignant  son  summum  au  pli  du  coude. 

La  séance  est  levée  à  cinq  heures  et  demie. 

Le  secrélairet  D'  Léon  Labbé. 


SEANCE     DU    4    NOVEMBBB    1868 
Présidenee  de  H.  LEGOUEST 

Le  procès-verbal  de  la  précédente  séance  est  lu  et  adopté. 

M.  le  président  annonce  que  M.  Coste,  membre  correspondant  à 
Marseille,  assiste  à  la  séance. 

CORRESPONDANCE. 

La  correspondance  comprend  : 

~  Les  journaux  de  la  semaine  :  —  la  Gazette  médicale  de  Stras- 


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—  389  — 

bourg  ;  le  Bulletin  de  ihérapeulique  ;  les  Archives  générales  de  médecine. 

—  Le  Bulletin  de  la  Société  de  médecine  de  Paris ^  année  4867. 

—  M.  Larrev  fait  don  à  la  Société  des  OEuvres  de  maître  François 
Thévenin^  chirurgien  ordinaire  du  Roy.  lo-folio.  Paris,  1658. 

—  M.  le  docteur  Rouge,  chirurgien  cantonal  de  Lausanne,  adresse 
une  demande  de  candidature  au  titre  de  membre  correspondant 
étranger,  un  travail  sur  un  cas  d'anénrysme  de  la  carotide  primitive 
droite  guéri  par  la  compression  et  un  exposé  de  ses  titres.  Renvoyé  à 
une  commission  composée  de  MM.  Després,  Saint->Germain,  Paulel. 

—  De  la  division  complète  des  os  longs  par  les  instruments  tranchants, 
par  M.  le  docteur  Louis  Thomas  (de  Tours).  Gomm.  MM.  Guyon, 
Paulet,  Després. 

—  Ostéite  et  nécrose  consécutive  du  cakanéum.  Extirpation  sous- 
périostée  de  Vos.  Guérison.  Par  le  docteur  Lejeal  (de  Valenciennes) . 
Gomm.  MM.  Tillaux,  Saint-Germain,  Le  Fort. 

—  Fracture  et  luxation  de  la  septième  vertèbre  dorsale,  avec  fracture 
de  son  apophyse  épineuse.  Mort  au  bout  de  cinquante-quatre  jours.  Par 
M.  Castex,  médecin  majora  l'hôpital  de  Tiemcen.  Gomm.  MM.  Panas, 
Sée,  Guéniot. 

—  M.  Yerneuil  présente,  de  la  part  de  M.  le  docteur  Fredet ,  de 
Glermont-Ferrand,  un  travail  intitulé  :  Quelques  considérations  sur 
les  fractures  traumatiques  du  larynx  et  leur  traitement. 

M.  Fredet,  dit  M.  Yerneuil,  ayant  observé  un  cas  de  triple  fracture 
du  cartilage  cricoïde,  produite  par  la  pression  des  doigts  et  terminée 
par  la  mort  subite  à  Toccasion  d*un  mouvement  brusque,  a  réuni  un 
certain  nombre  de  faits  de  fractures  du  larynx  et  a  composé  un  mé- 
moire fort  intéressant  sur  ce  sujet  peu  connu. 

La  pièce  recueillie  par  M.  Fredet  est  montrée  à  la  Société  par 
H,  Yerneuil. 

M.  DEMARQUAT  II  y  a  quclqucs  aunécs,  j'ai  eu  l'occasion  d'observer 
un  homme  qui  avait  été  étranglé  avec  une  corde.  Le  larynx  avait  été. 
brisé,  et  le  malade  guérit;  mais  il  avait  conservé  une  grande  gêne 
dans  la  respiration.  Plus  tard,  il  fut  pris  de  suffocations,  et  il  vint  à 
Paris.  Je  lui  pratiquai  la  trachéotomie;  il  dut  conserver  la  canule,  et 
il  ne  tarda  pas  à  succomber  par  suite  du  développement  d'une  laryn- 
gite chronique. 


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—  390  — 

DISCUSSION. 
Coxalgie.  Résection  de  lahanehe(Suîte). 

M.  Mabjolin.  Bien  qu'à  plusieurs  reprises  la  Société  de  chirurgie  se 
soit  occupée  de  la  coxalgie,  nousi  devons  être  très  heureux  devoir 
aujourd'hui  M.  Yemeuil  aborder  de  nouvçiau  un  des  points  les  plus 
difficiles  de  la  question,  celui  de  l'opportunité  de  la  résection  coxo- 
fémorale;  et  pour  ma  part,  je  lui  serai  très- reconnaissant,  si  dans  le 
cours  de  cette  discussion  on  arrive  à  préciser  nettement  les  indications 
et  contre-indications  d'une  opération  véritablement  utile  dans  un  ce^ 
tain  nombre  de  cas.         . 

Pourquoi  est-elle  si  rarement;  pratiquée  en  France,  alors  qu'elle  est 
si  répandue  à  l'étranger?  Telle  est  la  première  question  posée  par 
M.  Gosselin  dans  son  rapport  sur  l'intéressant  mémoire  de  M.  Le  Fort, 
et  c'est  aussi  la  réflexion  que  ne  manqueront  pas  de  faire  toutes  les 
personnes  appelées  à  lire  les  divers  travaux  publiés  sur  ce  sujet. 
Certes,  ce  n'est  pas  la  crainte  d*aborder  une  opération  d'une  exécution 
eu  difficile  qui  a  pu  arrêter  les  chirurgiens  français,  il  a  fallu  des 
raisons  plus  sérieuses,  des  raisons  tirées  de  la  pratique,  et  bien  que 
M.  Gosselin  les  ait  en  partie  parfaitement  exposées,  je  demande  à  re- 
venir un  peu  sur  ce  point  de  la  question. 

Quelque  fréquente  que  soit  la  coxalgie  dans  l'enfance,  on  la  ren- 
contre bien  moins  souvent  dans  la  classe  aisée  que  dans  la  classe 
pauvre,  et  à  moins  qu'elle  ne  dépende  d'un  principe  héréditaire  es- 
sentiellement scrofuleux,  .il  est  bien  rare  que,  dans  le  premier  cas, 
elle  se  termine  d'une  manière  fâcheuse,  parce  que,  dès  le  début, 
Tafifection  est  combattue  par  un  traitement  préventif.  Aussi  peut-on 
dire  d'une  manière  générale  que  presque  toujours  ces  malades 
échappent  aux  accidents  qui  nécessiteraient  une  opératio^^ 

Dans  la  pratique  hospitalière,  les  faits  ne  se  présentent  plus  de  la 
même  manière  ;  trop  souvent  lorsque  les  malades  nous  arrivent,  ily,a 
fort  longtemps  que  Taffection  s'est  déclarée,  trop  souvent  encore  elle 
n'a  pas  été  régulièrement  soignée;  de  plus,  comme  entre  la  date  d'ins- 
cription et  la  date  d'entrée,  le  plus  habituellement  il  s'écoule  une  pé- 
riode de  plusieurs  mois,  pendant  ce  temps,  le  mal  a  fait  de  tels  pro- 
grès que  nous  devons  nous  regarder  comme  très-heureux  lorsqu'ils  ne 
sont  pas  voués  à  une  mort  certaine. 

A  ce  moment,  l'opération  nous  offrirait-elle  encore  quelques  chances 
de  succès,  eh  bien,  je  n'hésite  pas  à  le  dire,  dans  un  certain  nombre 


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—  391  — 

de  cas,  ii  serait  déjà  trop  tard,  parce  que  les  malades  sont  dans  un 
tel  état  d'épuisement  qu'ils  ne  pourraient  s'en  relever,  restant  surtout 
exposés  à  tous  les  dangers  d'une  suppuration  prolongée  dans  des  salies 
qui  ne  présentent  pas  toutes  les  conditions  d'hygiène  désirables;  sur 
ce  point,  je  crois  que  nous  sommes  tous  d'accord  et  quMl  est  inutile 
d'insister. 

Ce  fait  est  tellement  vrai,  que  si  Ton  veut  comparer  entre  eux  les 
résultats  définitifs  des  arthrites  suppurées  des  membres  supérieurs 
avec  celles  des  membres  inférieurs,  on  verra  qu*à  égalité  de  lésion,  il 
est  bien  rare  que  l'on  soit  obligé  de  recourir  aux  amputations  pour 
les  tumeurs  blanches  des  premiers,'  tandis  que  trop  souvent  on  y  est 
contraint  pour  les  arthrites  des  membres  pelviens. 

D'oti  vient  cette  différence,  c'est  que,  dans  le  dernier  cas,  les  malades 
sont  obligés  de  rester  toujours  dans  les  salles,  tandis  que,  dans  le  se- 
cond, tout  en  suivant  un  traitement  général  et  local ,  ils  jouissent  de 
la  possibilité  d'aller  au  grand  air,  ils  peuvent  faire  de  l'exercice  et  de 
cette  façon  leur  santé  s'altère  moins. 

Il  y  a  deux  ans,  j'en  ai  eu  un  exemple  frappant  sur  une  jeune  fille 
entrée  dans  mon  service  pour  une  arthrite  suppurée  d'un  poignet  et 
d'un  coude.  Celte  enfant'  était  dans  ud  état  désespéré  et  dans  l'im- 
possibilité lu  plus  absolue  de  se  servir  de  ses  deux  bras.  Ne  pouvant 
réellement  penser  à  une  double  amputation,  j'insistai  sur  tous  les 
moyens  thérapeutiques  usités  en  pareil  cas;  et  sitôt  que  je  vis  l'amé- 
lioration en  bonne  voie,  je  fis  partir  l'enfant  pour  Berck;  elle  y  est 
restée  dix-huit  mois;  au  bout  de  ce  temps ^  elle  est  revenue  parfaite^ 
ment  guérie,  se  servant  très-adroitement  de  ses  deux  mains.  Si  des 
lésions  bien  moins  graves  avaient  eu  lieu  à  la  hanche,  il  est  bien 
douteux  que  nous  eussions  eu  un  résultat  aussi  satisfaisant  ;  parce 
qu'il  nous  eût  été  impossible  de  placer  la  malade  dans  des  conditions 
hygiéniques  aussi  favorables.       . 

Ce  n'est  pas  que  dans  quelques  coxalgies  suppurées  les  malades  ne 
puissent  prendre  de  l'exercice  ;  mais  c'est  une  exception ,  et  le  plus 
habituellement  comme  le  repos  est  indispensable,  on  tourne  forcément 
dans  un  cercle  vicieux. 

Maintenant,  si  nous  envisageons  la  question  à  un  autre  point.de 
vue,  nous  voyons  que  les  contre-indications  à  la  résection  coxo-fémo- 
rale  sont  bien  plus  nombreuses  et  surtout  bien  plus  précises  que  les 
indications,  qui  dans  l'état  actuel  de  la  science  sont  loin  d'être  nette- 
ment posées.  Il  n'en  est  pas  de  même  lorsqu'il  s'agit  de  toute  autre 
articulation,  dont  l'examen  plus  facile  permet  de  mieux  appréêier 
l'état. 


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—  392  — 

Les  contre-indications  tiennent  tantôt  à  la  cause,  tantôt  à  rétatde 
simplicité  ou  de  complication  de  Taffeclion,  et  en  dernier  lieu  à  la 
difficuUé  ou  pour  mieux  dire  à  l'impossibilité  de  connatlre  toute 
rétendue  de  la  lésion. 

Ainsi  il  est  évident  qu'il  existe  au  point  de  vue  du  pronostic  une 
grande  différence  entre  une  coxite  aiguë  traumatique,  survenue  chez 
un  sujet  fort  et  pouvant  se  terminer  d'une  manière  favorable  par  la 
séparation  spontanée  ou  provoquée  d'un  séquestre,  et  une  carie  scro- 
fuleuse  compliquée  d'abcès  ossifluents  et  de  suppuration  des  parties 
molles  environnantes. 

Malgré  toute  la  gravité  d'une  ostéo-périostite,  il  me  semble  qu'il  y 
a  encore  plus  de  chances  de  réussite  pour  le  chirurgien  que  lorsqu'il  a 
affaire  à  un  individu  constamment  menacé  d'une  nouvelle  manifes- 
tation scrofuleuse,et  dont  tous  les  frères  et  sœurs  ont  succombé  à  des 
affections  analogues. 

C'est  très-p4*obablement  parce  que  j'ai  rencontré  un  cas  de  véritable 
ostéite  épiphysaire  que  j'ai  eu  un  succès  complet  en  pratiquant  l'ex- 
traction de  la  tête  du  fémur.  Chez  cette  enfant,  il  y  avait  eu  des  acci- 
dents très-graves  :  la  suppuration  avait  été  très-abondante,  et  pen- 
dant longtemps  j'avais  craint  une  triste  terminaison,  lorsque  sous 
l'influence  de  soins  continués  avec  persévérance  l'état  général  et  local 
s'améliora.  Un  jour,  en  examinant  un  trajet  fistuleux  qui  persistait,  je 
sentis  nettement  que  la  tète  du  fémur  était  mobile;  je  débridai  sur  ce 
point,  et  l'extraction  de  la  tète  s'opéra  sans  difficulté.  La  plaie  se  cica- 
trisa rapidement  et  l'enfant  guérit,  à  la  vérité  avec  un  raccourcisse- 
meut  assez  grand,  mais  conservant  presque  toute  l'intégrité  de  ses 
mouvements. 

Chez  un  autre  enfant,  an  contraire,  que  quelques-uns  de  vous  ont 
pu  examiner  à  Berck,  si  la  réseciion  de  la  tète  et  du  col  n'a  pas  eu 
UD  résultat  aussi  satisfaisant,  c'est  que  la  constitution  du  malade 
laissait  beaucoup  à  désirer,  et  que  du  côté  de  ses  parents  les  antécé- 
dents étaient  mauvais. 

11  y  a  maintenant  peut-être  trois  ans  qu'il  a  été  opéré,  et  non-seule- 
ment il  existe  encore  plusieurs  trajets  fistuleux,  mais  une  communi- 
cation s'est  établie  entre  le  foyer  principal. 

Cette  considération  de  l'hérédité  de  la  scrofule  dans  les  familles 
sera  toujours  pour  nous  une  cause  d'hésitation  pour  opérer,  et  vous 
comprendrez  encore  mieux  notre  conduite  en  pareil  cas  lorsque  vous 
saurez  que  très-souvent  nous  avons  en  même  temps  dans  nos  salles  le 
frère  et  la  sœur  atteints  d'affections  scrofuleuses  du  tissu  osseux.  En 
pareil  cas,  je  crois  qu'il  est  d'autant  plus  sage  de  s'en  tenir  à  une 


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—  393  — 

thérapeutique  médicale,  aidée  de  tous  les  moyens  locaux  que  la  chi- 
rurgie possède,  que  de  recourir  à  une  opération  grave  qui  ne  met  pas 
à  rabi*i  de  la  récidive  sar  un  autre  point.  Malheureusement,  nous 
avons  vu  depuis  notre  pratique  à  Sainte-Eugénie  trop  de  faits  de  ce 
genre  pour  ne  pas  les  signaler. 

Je  viens  de  vous  parler  des  contre-indications  dépendant  de  causes 
médicales,  il  en  est  d'une  autre  espèce  que  je  ne  puis  passer  sous 
silence  :  c'est  l'état  simple  ou  complexe  de  la  lésion.  Par  état  simple, 
je  crois  qu'il  faut  comprendre  toute  altération  des  os,  bornée  à  la  tête 
du  fémur  ou  à  la  cavité  cotyloïde  sans  pénétration  dans  le  bassin.  Au 
premier  a1}ord,  on  est  tenté  de  croire  que,  toutes  les  fois  qu'il  y  a  eu 
une  coxalgie  suppurée,  la  tête  du  fémur  et  la  cavité  colyloïde  sont 
toutes  deux  altérées,  cela  est  le  plus  habituel,  sans  être  constant.  Il 
serait  pourtant  bien  intéressant  de  savoir  à  l'avance  où  siège  l'altéra- 
tion de  l'os  et  si  la  cavité  cotyloïde  est  intacte;  car  cela  importe  pour 
*ie  pronostic  et  peut-être  aussi  pour  la  décision  à  prendre.  Si  l'absence 
de  trajets  fistuleux  au  pli  de  l'aine  est  comme  le  pensent  MM.  Ericksen 
et  Le  Fort  un  indice  de  l'intégrité  de  la  cavité  cotyloïde,  ce  serait  un 
signe  précieux  ;  malheureusement  tous  les  faits  ne  confirment  pas  cette 
opinion  et  à  l'appui  de  ce  que  j'avance,  je  citerai  deux  cas  observés 
tout  récemment  dans  mon  service,  dans  lesquels  il  n'existait  aucune 
ouverture  fistuleuse  au  pli  de  l'aine  et  cependant  les  deux  cavités 
cotyloïdes  étaient  non-seulement  détruites  par  la  carie,  mais  per- 
forées. 

Deux  mois  environ  avant  la  mort  de  l'un  de  ces  enfants,  âgé  de 
4  ans  et  demi,  j'avais  demandé  à  la  famille,  qui  me  l'avait  refusée, 
l'autorisation  de  pratiquer  la  résection.  A  cette  époque,  )e  pensais 
qu'il  y  avait  d'autant  plus  de  chances  de  succès,  qu'au  début  l'afiec- 
tion  avait  eu  une  marche  raj)ide.  A  l'autopsie,  outre  les  lésions  men- 
tionnées plus  haut,  je  trouvai  un  seul  tubercule  à  la  partie  moyenne 
du  lobe  inférieur  du  poumon  droit,  et  une  hypertrophie  graisseuse  du 
foie. 

Peut-être  m'objectera-t-on  que  si  j'avais  pu  pratiquer  la  résection 
au  moment  où  j'en  avais  demandé  l'autorisation,  l'enfant  eût  été 
sauvé,  c'est  possible;  mais  qui  pourrait  aussi  m'assurer  qu'à  ce  mo- 
ment même  la  cavité  cotyloïde  n'était  pas  perforée? 

Jusqu'à  présent,  je  n'ai  parlé  que  des  cas  simples  ;  iQaîs  il  me  reste 
à  dire  quelques  mots  des  cas  compliqués,  c'est-à-dire  de  ceux  dans 
lesquels  la  carie  a  envahi  des  surfaces  osseuses  voisines,  comme  les 
vertèbres  sacrées  et  l'articulation  sacro-iliaque.  Malheureusement  ces 
cas  se  présentent  assez  souvent,  et  il  est  bien  difficile  de  les  pressentir. 
a«  série.  —  tom»  ix.  50 


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—  394  — 

EufîD,  il  est  une  autre  complication,  qui  peut  survenir  au  moment  le 
plus  imprévu,  et  c'^sl  par  ce  fait  que  je  termine. 

Il  y  a  quelques  mois,  on  amena  dans  mon  service  un  jeune  garçon 
présentant  tous  les  signes  d'une  coxalgie  du  côté  droit;  il  y  avait 
très-peu  de  temps  que  TafiTection  s'était  manifestée  à  la  suite  d'une 
chute. 

Sous  l'influence  du  repos  et  des  bains,  l'amélioration  se  manifesta 
promptement,  ^t  lors  de  son  départ  en  convalescence  pour  Laroche- 
Guyon,  toute  trace  de  claudication  avait  disparu. 

Ramené  au  bout  de  quelques  mois,  la  claudication  existait  de  nou- 
veau, avec  un  abcès  en  voie  de  formation  au  niveau  du  grand  tro- 
chanter  droit.  Plus  tard,  la  collection  purulente  ayant  été  largement 
ouverte,  je  pratiquai  l'extraction  de  plusieurs  séquestres  provenant 
du  col;  à  dater  de  ce  jour,  la  santé  devint  meilleure,  et  je  |croyais  que 
ce  petit  malade  allait  guérir,  lorsqu'un  nouvel  abcès,  très-volumineux, 
symplômatique  d'une  coxalgie,  se  manifesta  du  côté  opposé.  Cette 
nouvelle  complication  acheva  d'épuiser  l'enfant,  qui  succomba  au  bout 
d'un  temps  assez  long.  Cette  fois  encore,  bien  qu'il  n'y  eût  aucune 
ouverture  fistuleuse  au  pli  de  l'aine,  les  deux  tètes  du  fémur  et  les 
deux  cavités  cotyloïdes  étaient  en  grande  partie  détruites  par  la  carie 
et  la  surface  interne  du  bassia  également  altérée  ;  les  poumons  étaient 
parfaitement  sains,  et  le  foie  avait  subi  la  dégénérescence  grais- 
seuse. 

En  présence  de  faits  semblables,  bien  que  très-porté  à  accepter  la 
résection  coxo-fémorale  comme  une  précieuse  ressource,  je  crois 
qu'elle  n'est  applicable  que  dans  un  nombre  de  cas  très-limités  et  que, 
dans  l'état  actuel  de  la  science,  nous  sommes  bien  loin  de  posséder 
tous  les» signes  qui  indiquent  son  application. 

M.  DEMARQUAT.  Jc  vcux  parler  dans  le  même  sens  que  M.  Marjolin. 
Depuis  dix  ans,  je  cherche  l'occasion  de  pratiquer  la  résection  de  la 
tête  du  fémur,  et  je  ne  l'ai  pas  encore  rencontrée.  J'ai  toujours  reculé 
devant  cette  opération,  parce  'que  les  enfants  que  j'observais  étaient 
scrofuleux  ou  n'appartenaient  pas  à  des  familles  bien  saines. 

Je  crois  qne  le  traumatisme  de  la  résection,  sur  un  enfant  scrofu- 
leux, épuisé,  doit  amener  sûrement  la  mort. 

Dernièrement,  je  voulais,  chez  un  enfant,  pratiquer  la  résection  de 
la  hanche  ;  j'ai  temporisé,  et  dans  finlervalle,  il  est  survenu  une  mé- 
ningite tuberculeuse,  qui  a  emporté  le  malade. 

J'ai  vu  ce  que  les  Anglais  font  en  fait  de  résection  de  la  hanche,  et 
je  ne  suis  pas  revenu  convaincu  par  leurs  résultats.  Avec  la  gout- 
tière Bonnet  on  obtient  des  améliorations  très-grandes. 


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—  395  — 

Relativement  à  la  remarque  de  M.  Broca  sur  Tarrôt  de  développe- 
ment du  pied,  je  dirai  que  j'ai  observé  des  faits  analogues,  mais  je 
lésai  interprétés  d'une  manière  différente.  Je  crois  que  la  coxalgie  est 
une  maladie  essentiellement  chronique,  et  que  au  moment  où  le  rac- 
courcissement est  observé,  Taffection  remonte  déjà  à  un  temps  très- 
éloigné. 

M.  Verneuil  nous  a  dit  qu'il  avait  eu  occasion  de  voir  des  individus 
complètement  guéris  de  la  coxalgie;  je  dois  déclarer  ici  que  je  n'ai  pas 
été  aussi  heureux  que  notre  collègue.  Â  la  suite  d'une  coxalgie,  je 
n'ai  jamais  vu  reparaître  l'intégrité  fonctionnelle  complète  du  membre, 
et  je  n'ai  jamais  vu  celui-ci  présenter  son  volume  normal. 

Dans  la  coxalgie,  il  est  tellement  difficile  ou  même  impossible  de 
rétablir  les  mouvements,  que  j'ai  complètement  abandonné  toute  ten- 
tative faite  dans  cette  direction,  craignant,  ce  qui  arrive  souvent,  les 
rechutes  les  plus  graves. 

M.  Le  Fort.  Je  veux  seulement  répondre  un  mot  à  M.  Marjolin.  11 
attribue  à  M.  Ericksen  et  à  moi  une  idée  que  nous n^avons pas  émise. 
J'ai  simplement  dit  qu'il  y  avait  de  grandes  chances  que  l'acétabulum 
soit  malade,  lorsqu'il  y  avait  des  fistules  au  périnée. 

M.  GiRALDÈs.  Je  ne  veux  pas  entrer  dans  la  discussion  relative 
à  la  résection  de  la  hanche.  Je  veux  dire  seulement  que  c'est  là  une 
opération  à  conserver. 

M.  Verneuil  a  été  frappé  de  ce  fait  que  des  enfants  coxalgiques 
traités  avec  soin,  placés  dans  la  rectitude  parfaite,  pouvaient  présenter 
un  raccourcissement  assez  grand,  lorsqu'ils  étaient  guéris,  et  il  indique 
comme  cause  principale  de  ce  raccourcissement,  la  déformation, 
l'éculement  de  la  cavité  cotyloïde,  qui  est  due  elle-même  à  la  rétrac- 
tion ,  suite  d'inOammation  des  fessiers. 

Le  fait  du  raccourcissement  après  un  bon  traitement,  un  bon  re- 
dressement, après  que  les  membres  ont  été  mis  dans  le  parallélisme, 
est  tout  à  fait  bien  établi;  on  l'observe  même  dans  le  plus  grand 
nombre  de  cas. 

Mv  Verneuil  attribue  ce  raccourcissement  à  l'élargissement  très- 
grand  de  la  cavité  cotyloïde;  ceci  est  encore^ vrai;  mais  je  me*sépare 
de  mon  collègue  lorsque  je  lui  vois  rattacher  ce  raccourcissement  'à  la 
rétraction  des  muscles  fessiers. 

Les  muscles  feièsiers  dans  cos  cas  sont  atrophiés  ;  mais  les  muscles 
fléchisseurs  et  adducteurs  (psoas-iliaque,  pectine,  adducteurs)  sont 
ceux  qui  agissent  pour  agrandir  la  cavité  cotyloïde. 

Ce  raccourcissement  a  lieu,  quelques  précautions  que  l'on  prenne, 
même  lorsqu'bn  emploie  notre  meilleur  appareil,  l'appareil  Bonnet. 


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—  396  — 

Si  ron  vient  de  réduire  un  membre,  siège  d'une  coxalgie^  et  que  Ton 
ait  obtenu  ie  résultat  le  plus  satisfaisant  possible,  l'on  p^ut  être  cerr 
tain  qu'au  bout  de  huit  jours  la  position  sera  déjà  notablement  mo- 
difiée. .       (.,. 

Gela  s'observe  surtout  lorsqu'on  emploie  les  appareils  inamovibles 
avec  la  dextrine.  Ces  appareils  inamovibles  sont  détestables. 

M.  Verneuil  s'est  demandé  si  l'on  ne  devait  pas  revenir.à  Ja  pratique 
des  chirurgiens  américains,  à  Textension  continue.  Examinons  ce  point 
de  la  question.  .,:;.. 

M.  Sayre  avait  constaté  que  la  pression  sur  lemenibre,/8|ége  d-une 
coxalgie,  donnait  naissance  à  une  douleur  vive,  tandis  qu«Jia  traction 
causait  du  soulagement,  et  il  en  avait  conclu  qu'il  fallait  traiter  la 
coxalgie  à  Taide  de  l'extension  continue. 

Je  ferai  d'abord  remarquer  que  l'extension  continue,  comme  moyen 
de  traitement  de  la  coxalgie,  avait  été  indiquée  par  Brodie  et  Bonnet, 
avant  de  l'être  par  les  chirurgiens  américalas. 

La  traction  du  membre  produit-elle  quelque  chose  de  réel?  Oui,  si 
Ton  en  croitplusieurs  chirurgiens  américains  très-autorisés,  MM.  Cosme, 
Sayre,  Davis,  qui  ont  tous  fait  construire  des  appareils  pour  répondre 
à  celle  indication. 

Ëhbien,  si  Ton  vient  à  examiner  attentivement  tous  leurs  appareils, 
l'on  voit  que  ceux-ci  agissent  en  immobilisant  la  cuisse  à  sa  partie 
supérieure,  et  non  en  produisant  une  traction  qui  éloignerait  Tune  de 
Tautre  les  surfaces  articulaires  malades. .  ^   . 

Le  meilleur  appareil  de  tous  est  la  gouttière  de  Bonnet;  mais  il  faut 
que  chaque  malade  ait  une  gouttière  faite  e^cprès  pour  lui.  .  , 

M.  Verneuil.  Je  ne  suis  pas  de  l'avis 4e  M.  Demarquay  relativement 
à  la  résection.  Dans  certaines  circonstances,  parce  que  sur  dix  tenta- 
tives on  a  échoué  neuf  fois,  ce  n'est  pas  une  raison  pour  ne  pa&  tenter 
de  nouveau  la  même  opération.  Pour  mon  compte,  je  suis  encore  tout 
disposé  à  pratiquer  la  résection  de  la  hanche. 

Assurément  la  guérison  radicale  de  la  coxalgie  est  rare,  mais  elle 
est  possible.  J!ai  cité  le  cas  d'une  malade  que  j'avais  traitée  avec 
M*  Panas;  chez  elle  la  gujérispn  a  été  bien  complète  ;  mais  assurément 
on  ne  peut  espérer  guérir  radicalement  des  coxalgies  déjà  très^ 
avancées.  . 

M.  Giraldès  pense  que  l'ascension  de  la  tèle  fémoralese  produit  sous 
rinfluence  des  muscles  adducteurs  dç  la  cuisse.  J'avais^  pensé  que  ce 
déplacement  était  dû  à  la  rétraction  des  muscles  fessiers,,  et  je. me 
fondais  sur  ce  fait  que  lorsque  après  un  redressement  du  mambra  on 
met  le  doigt  sur  les  muscles  adducteurs,  on  ne  les  trouve  pas  tendus. 


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—  3Vt  — 

Il  est  bien  vrai,  comme  Ta  dit  M.  Giraldès,  que  les  muscles  fessiers 
sont  atrophiés,  mais  en  môme  temps  ils  sont  indurés  et  rétractés. 

Ce  point  de  physiologie  pathologique  ne  pourrait  être  tranché  que 
parles  autopsies. 

Je  n'ai  pas  voulu  faire  Thistorique  de  Textension  ;  mais  ce  que  je 
veux  voir  appliquer  au  traitement  de  la  coxalgie,  ce  n'est  pas  Texten- 
sion  à  l'aide  des  poids  placés  à  l'extrémité  du  membre,  comme  on 
l'employait  autrefois,  mais  l'extension  à  l'aide  d'un  appareil  qui  per- 
mette aux  enfants  de  marcher,  et  il  faut  bien  le  dire,  cet  appareil  est 
encore  à  trouver. 

M.  Marjolin.  Je  suis  un  peu  étonné  de  voir  que  M.  Verneuil,  qui 
nous  a  donné  des  observations  si  intéressantes  sur  quelques  compli- 
cations lûédicales,  si  fâcheuses  en  chirurgie,  ne  partage  pas  plus  com- 
plètement notre  réserve  lorsqu'il  s'agit  de  pratiquer  de  graves  opéra- 
tions sur  des  individus  tellement  entachés  du  vice  scrofuleux,  qu'ils 
sont  en  quelque  sorte,  malgré  tous  les  soins  possibles,  fatalement 
voués  à  des  récidives  du  même  genre.  Sans  condamner  d'une  manière 
trop  exclusive  la  locomotion  dans  la  coxalgie,  je  crois  qu'il  ne  faut 
remployer  qu'avec  une  extrême  réserve  et  avec  la  plus  grande  sur- 
veillance, crainte  de  provoquer  des  exacerbations  chez  des  individus 
qui  sembaient  guéris.  J'ai  exposé  tout  à  l'heure  à  quelles  causes  il 
fallait  attribuer  la  différence  des  guérisons  dans  les  arthrites  des 
membres  supérieurs  et  des  membres  inférieurs;  aussi  je  n'y  reviendrai 
pas.  Je  dirai  seulement  que  ce  repos  absolu,  soit  dans  la  gouttière  de 
Bonnet  ou  tout  autre  appareil  établi  sur  ces  mêmes  principes,  ne  pré- 
dispose pas,  comme  on  Ta  dit,  aux  méningites  tuberculeuses.  Cette 
affection,  si  commune  chez  les  enfants  scrofuleux,  peut  aus&i  se  ma- 
nifester chez  des  adultes  atteints  d'arthrites  suppurées.  Si  j'ai  bonne 
mémoire,  je  crois  que  des  faits  analogues  ont  été  observés  par 
M.  Legouest.  Enfin,  je  terminerai,  et  j'insiste  sur  ce  point,  il  est  des 
cas  où,  malgré  l'appareil  de  Bonnet  employé  de  bonne  heure,  on  ne 
peut  remédier  au  raccourcissement  du  membre  ;  mais  comme  dans  ces 
cas  il  y  a  eu  destruction  ou  déformation  du  bord  supérieur  de  la  ca- 
vité cotyloïde  ou  de  la  tête  du  fémur,  il  faut  bien  se  garder  de  gêner  le 
travail  de  cicatrisation  de  la  nature  par  des  tractions  intempestives;  il 
faut  se  contenter  de  laisser  le  membre  en  repos  dans  la  gouttière;  de 
cette  manière,  on  a  au  moins  la  chance  de  remédier  à  des  déplace- 
ments par  trop  difformes,  et  on  prévient  la  flexion  de  la  cuisse  sur  le 
bassin.  Quant  à  dire  qu'il  n'y  a  pas  de  guérison  réelle  dans  une 
coxalgie  grave  confirmée,  je  crois  que  c'est  se  montrer  par  trop  diffi- 
cile. Quelques-uns  d'entre  vous  se  souviennent  peut-être  d'avoir  vu 


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-  398  — 

ici  une  jeune  fille  dont  Tobservation  est,  je  crois,  dans  la  thèse  de 
M.  Gibert;  elle  avait  eu  à  la  suite  d'une  fièvre  typhoïde  une  véritable 
luxation  de  la  hanche;  la  luxation  fut  réduite,  et  lorsque,  au  bout  de 
quelques  mois,  Tenfant  vous  fut  présentée,  ses  mouvements  étaient  si 
réguliers,  que  personne  ne  put  dire  de  quel  côté  la  coxalgie  avait  eu 
lieu.  Qu'il  soit  resté  peut-être  un  peu  d'atrophie  du  membre,  c'est 
possible;  mais  je  crois  que  c'est  bien  là  une  véritable  guérison. 

M.  Deuabquât.  J'ai  été  très-heureux  d'entendre  M.  Giraldès  faire 
l'historique  de  l'extension.  Je  crois  comme  lui  que  la  saillie  du  grand 
trochanter  et  la  tendance  à  la  luxation  sont  dues  à  la  rétraction  des 
muscles  adducteurs.  Il  y  avait  un  appareil  qui  avait  été  fait  pour  re- 
médier à  cette  tendance,  c'était  l'appareil  de  JMartin. 

M.  GiRALDES.  Je  n'ai  pas  cité  l'appareil  de  Martin,  parce  que  à  mon 
avis  c'est  le  plus  détestable  des  appareils. 

M.  GuEBSANT.  Je  n'ai  jamais  vu  dans  ma  vie  que  deux  cas  de  gué- 
rison complète  de  la  coxalgie;  les  deux  guérisons  ont  été  obtenues  à 
l'aide  de  l'appareil  de  Martin. 

M.  GiRALDÉs.  Il  y  a  deux  appareils  Martin.  Le  premier  est  un  ap- 
pareil de  contention;  l'autre  est  un  appareil  à  double  flexion,  que  je 
considère  comme  très-mauvais. 


RAPPORT   VERBAL. 

M.  LÉON  Labbé  fait  un  rapport  verbal  sur  un  travail  de  M.  Ladu- 
reau,  médecin  de  Thôpital  militaire  de  Cambrai. 

Ce  travail  était  relatif  à  trois  cas  d'hygroma  prérotulien,  à  un  cas 
d'hématooèle  prérotulienne,  et  à  un  fait  de  fracture  compliquée  de  la 
rotule,  avec  large  plaie  pénétrante  de  l'articulation. 

La  conclusion  du  rapporteur  est  la  suivante  :  Déposer  le  travail  de 
M.  Ladureau  aux  archives. 


r'.lj       CMS-  M  .   .       *i   /.       ..w.     ri  -  '"  '"  "■  •'  '    '•    »•       "'         -•       •»-•  '*■*       '.' 


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—  399  — 

PRÉSENTATION  d'iNSTRUMENT. 

M.  LÉON  Labbé  présente,  de  la  part  de  M.  Lûer,  fabricant  d'instru- 


ments de  chii 
presseur  des 

Le  caractè 
presseur  rési( 
élastiqm. 

Selon  Taut 
la  plupart  de 
tiguent  le  mi 
pression  unif( 
et  la  souplesi 
prêter  au  eh; 
malade  et  co 
france.  par  u 
diminution  d( 
culaire  nécess 
position. 

Les  lames  < 
deux  branche 
lotte  en  caou 
sur  l'artère,  U 
qui  supporte 
et  qui  lui  pen 
ment  les  posi 
par  rapport  à 
stiluent  un  en 
contraire  à  cei 

Selon  que  le  compresseur  nouveau  devra  s'appliquer  à  Tartère  du 
bras,  de  la  jambe,  du  bas-ventre  ou  du  cou,  etc.,  les  branches  seront 
plus  ou  moins  grandes,  plus  ou  moins  écartées. 


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-  400  — 

L'instrument  compresseur,  représenté  dans  la  planche  ci -contre^ 
affecte,  ainsi  qu'on  le  voit,  la  forme   d'une  large  pince  à  deux 


*^ 


branches,  dont  le  degré  d'écartement  ou  de  pression  peut  être  rendu 
fixe  au  moyen  d'une  agrafe  à  crémaillère  G. 

Quant  aux  mors  de  la  pince,  ils  sont  remplacés  par  les  dispositions 
suivantes  :  l'un  D  se  termine  par  une  plaque  en  cuivre  doublée  de 
cuir  à  la  façon  d'un  coussinet,  qui  est  destinée  par  sa  large  iurface  à 


offrir  une  base  à  la  contre^pression  au  point  d'appui  sur  la  face  pos- 
térieure du  membre. 
L'autre  branche  A,  partie  intéressante  et  spéciale  de  l'instrument, 


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—  401  - 

porte  une  pelotte  B  en  caoutchouc.  Cette  pelotte,  hémisphérique  par 
sa  face  interne,  est  aplatie  en  dehors;  ses  dimensions  varient  suivant 
le  volume  des  parties  sur  lesquelles  elle  doit  reposer. 

Cette  pelotte,  souple  et  élastique,  est  fixée  à  Textrémilé  d*une  vis, 
portée  elle-même  sur  la  branche  correspondante  de  la  pince.  La  vis 
est  ajustée  sur  la  branche  par  une  articulation  à  volute,  de  manière 
à  pouvoir  se  mouvoir  dans  tous  les  sens  et  être  ensuite  assujettie  dans 
une  position  donnée. 

Toutes  les  pièces  de  Tappareil  peuvent  se  démonter,  de  manière  à 
offrir  un  très-faible  volume. 

M.  Labbé  a  eu  Toccasion  d'expérimenter  cet  appareil,  et  les  résul- 
tats qu'il  a  obtenus  lui  ont  paru  satisfaisants. 

M.  GiRALDÈs.  Je  me  suis  servi  du  compresseur  de  M.  Lûer  pour 
comprimer  Tartère  fémorale,  dans  un  cas  d'amputation  de  la  cuisse. 
La  compression  exercée  à  Taide  de  cet  instrument  n'a  rien  laissé  à 
désirer. 

PilÉSENTATION  DE  PIÈCE. 

H.  TiLLAux  présente  une  pièce  à* hypertrophie  générale  de  l*utérus, 
coïncidant  avec  la  présence  d'un  petit  corps  fibreux  dans  le  col. 

Des  détails  relatifs  à  cette  pièce  intéresante  seront  donnés  dans  une 
des  prochaines  séances. 

La  séance  est  levée  à  cinq  heures  et  demie. 

Le  9ecrétaire,  D'  Léon  Labbé. 


SÉANOB  DU  11  NOVEMBBB  1868 
Présldmee  d«  M.  LEGOUEST 

Le  procès-verbal  de  la  précédente  séance  est  lu  et  adopté. 

CORRESPONDANCE. 

La  correspondance  comprend  : 

Les  journaux  de  la  semaine. 

—  Le  Journal  àeméàecme  et  de  chirurgie  pratiques. 

S*  série.  —  tomb  ix.  5t 


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—  402  — 

—  La  Revue  médicale  de  ToiUûUse, 

—  Le  Montpellier  médical. 

—  Le  BuUetin  de  la  Société  médico-chirurgicale  de  PariSf  pour  IS67. 

—  M.  Desprës  offre  à  la  Société  ud  exemplaire  de  80d  Traité  du 
diagnostic  des  tumeur$.  Remercîments. 

DISCUSSION. 

Coxalgie.  —  Résection  de  la  hanehe. 

M.  Le  Fort.  M.  Marjolin  a  bien  voulu  citer  mon  travail  sur  la 
résection  de  la  hanche,  et  je  l'en  remercie.  Je  dois  dire  ici  que  je  suis 
beaucoup  moins  partisan  de  la  résection  de  la  hanche  que  de  celle  du 
genou. 

La  résection  de  la  hanche  dans  la  coxalgie  est  un  moyen  extrême, 
auquel  on  ne  doit  avoir  recours  que  lorsque  tous  les  autres  moyens 
ont  été  employés. 

J'ai  été  très-satisfait  de  voir  M.  Yerneuil  soutenir  l'utilité  de  l'exten- 
sion du  membre  dans  le  cas  d-éculement  de  la  cavité  cotyloïde,  et  je 
suis  persuadé  que  les  faits  justifieront  cette  manière  de  voir. 

La  discussion  a  porté  aussi  sur  l'utilité  de  l'extension  dans  la 
coxalgie,  à  la  période  de  début  ou  peu  avancée.  M.  Giraldès  a  attaqué 
cette  méthode  et  critiqué  les  appareils  que  l'on  a  proposé  pour  agir 
dans  cette  direction.  Mais,  comme  l'a  très  bien  établi  M.  Yerneuil,  il 
s'agit  de  faire  l'exteusion,  tout  en  perofêttant  au  malada  démarcher. 

Pour  mon  compte  Je  suis  tout  à  fait  opposé  à  l'emploi  systématique 
de  la  gouttière  Bonnet,  et  je  considère  que  dans  beaucoup  de  cas  son 
emploi  peut  être  la  source  de  complications  qui  entraînent  la  mort  du 
malade. 

Je  concède  à  M.  Giraldès  que  les  appareils  américains  sont  tout  à 
fait  insuffisants.  Lorsque  je  les  présentai  à  la  Société  de  chirurgie,  je 
le  fis  parce  que  je  considérais  que  l'extension,  dans  le  traitement  de  la 
coxalgie,  était  véritablement  indiquée.  J'ai  ensuite  expérimenté  ces 
appareils  et  je  leur  ai  trouvé  tous  les  désavantages  signalés  par  M.  Giral- 
dès. Voici  pourquoi  j'ai  imaginé  un  appareil  dans  lequel  j'ai  essayé  de 
prendre  un  point  d'appui  plus  favorable,  en  rendant  mobile  la  plaque 
sur  laquelle  repose  l'ischion.  En  procédant  ainsi,  on  peut  porter  la 
pression  beaucoup  plus  loin. 

J'ai  eu  l'occasion  d'appliquer  plusieurs  fois  cet  appareil ,  et  j'ai 
obtenu  des  résultats  réellement  satisfaisants  ;  aussi  je  persiste  à  croire 
que  la  méthode  d'extension  est  bonne. 

M/Ghassaignac,  Dans  la  dernière  séance,  il  a  été  question  de  Tap- 


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—  403  — 

pareil  de  Martin,  qui  avait  été  présenté  à  la  Société  de  chirurgie,  avant 
de  l'être  à  T Académie  des  sciences. 

Cet  appareil  paraissait  répondre  idéalement  à  toutes  les  indications 
(mobilité,  large  surface  d'appui).  J'avais  vu  Martin  l'employer  avec 
succès  chez  un  homme  de  mon  service,  qui  avait  un  violent  trauma- 
tisme de  la  cuisse,  et  lorsque  la  Société  de  chirurgie  désigna  une 
commission  chargée  de  suivre  les  expériences  de  Martin,  je  fus  adjoint 
à  mes  collègues  Robert  et  M.  Larrey.  Martin  appliqua  son  appareil  sur 
un  de  mes  malades  atteint  de  coxalgie  ;  et  sans  qu'aucun  de  nous  ait 
pu  s'en  douter,  nous  arrivâmes  un  jour  à  constater  une  eschare  au 
niveau  du  mollet.  Les  expériences  ne  furent  pas  poursuivies,  et  il  n'y 
eut  pas  de  rapport  présenté  à  la  Société. 

Ce  que  désirent  aujourd'hui  tous  les  chirurgiens,  c'est  de  posséder 
un  appareil  qui,  tout  en  assurant  l'immobilité  4e  la  jointure,  permette 
un  certain  déplacement  de  l'individu,  déplacement,  utile  au  point  de 
vue  de  la  santé  générale. 

Cette  considération  m'a  toujours  fait  repousser  Tusaga  de  la  goût-* 
tière  Bonnet,  et  j'ai  eu  recours  à  un  moyen  d'immobilisation  qui  m'a 
rendu  de  grands  services»  c'est  l'extension  et  l'immobilisation  à  l'aide 
des  moules  brisés.  Je  pense  que  les  appareils  construits  d'après  ces 
principes  sont  supérieurs  à  tous  les  autres. 

Dans  quelques  cas,  il  est  vrai,  l'appareil  de  Martin  a  paru  réussir 
d'une  façon  très-satisfaisante;  Otai»,  ûAm  ces  cas,  il  s'agissait  d'abcès 
*  de  la  régioa  <l^  grand  trocbanter  et  no^  de  coxalgies.  '         < 

Martin  était  allé  jusqu'à  erotrefu'à  l'aidd  de  «m  appareil  il  pouvait 
réintégrer  la  tôte  fémorale  dans  la  eavité  cotyloïde, 

Je  pense  qu'avant  de  se  décider  à  faire  la  résection,  il  faut  bien  sa- 
voir dans  quel  état  se  trouve  Yxis  iliaque. 

M.  GiXÀLDÈs.  Si  notre  collègue  avaid  vu  un  enfant  traité  de  coxalgie 
dans  un  appareil  Bonnet  bien  fait,  il  ne  dirait  pas  ce  qu'il  dit.  Les  en- 
fants ne  s'étiolent  pas  parce  qu'ils  sont  dans  Tappareil  Bonnet;  lorsque 
cela  a^rive>  c'est  qu'il  y  a  des  lésions  organiques  du  côté  des  pou- 
mon^, du  foie,  et  assurément  ce  n'est  pas  parce  qu'on  laissera  mar- 
cher les  enfants  que  l'on  obtiendra  la  guérlson.  J'ai  observé  de  nom- 
breux exemples  de  guérisons  obtenues  à  l'aide  de  la  gouttière  Bonnet. 
C'est  Tappareil  Bonnet  qui  incommode  le  moins  les  malades* 

Certainement,  dans  nos  hôpitaux,  il  est  difficile  de  faire. construire 
des  gouttières  de  Bonnet  pour  nos  maladeé;  mais  on  peut  les  rem- 
placer par  des  appareils  analogue^s,  par  exemple  par  les  appareils 
qu'emploie  M.  Marjolin,  par  ceux  dont  se  sert  M.  Guersant,  par  des 


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—  404  — 

moules  en  gutta-percha,  par  des  moules  en  plÀtre  comme  ceux  de 
M.  Ghassaignac. 

Les  chirurgiens  américains,  eux-mêmes,  formulent  en  tète  du  traite- 
ment de  la  coxalgie  la  nécessité  du  repos  et  de  la  bonne  position,  et 
pour  répondre  à  ces  indications,  ils  ont  fait  construire  des  appareils 
divers,  tels  que  des  moules  en  fil  de  fer,  etc.,  etc. 

Ce  qu'a  dit  M.  Le  Fort  au  sujet  de  ces  appareils  est  affaire  d'inspi- 
ration et  non  d'observation  clinique. 

Il  y  a  eu  deux  périodes  dans  remploi  des  appareils  américains  :  ce 
n'est  que  dans  la  seconde  période  que  M.  Sayre  a  voulu  appliquer  le 
traitement  qui  consiste  à  faire  l'extension,  tout  en  laissant  marcher  le 
malade.  Mais  qu'arrive- t-il  dans  ce  cas?  L'enfant  marche  sur  l'autre 
membre,  de  sorte  que  lorsque  la  guérison  est  obtenue,  on  observe  une 
déformation  considérable,  quelquefois  tellement  marquée,  que  pour  y 
remédier,  l'on  se  trouve  dans  la  nécessité  de  pratiquer  des  opérations. 

M.  Le  Fort.  Il  est  possible  que  je  n'aie  pas  vu  autant  de  coxalgies 
que  M.  Giraldès;  cependant,  j'ai  employé  )*appareil  Bonnet,  un  assez 
grand  nombre  de  fois,  pour  avoir  le  droit  de  le  juger. 

J'ai  employé  Fappareil  inamovible  embrassant  le  bassin  et  le 
membre  inférieur,  à  l'exemple  de  M.  Verneuil.  Je  déclare  que  c'est  là 
un  excellent  appareil. 

COMMUNICATION. 

Oirariotoiiiie. 

M.  BoiNET.  Dans  une  de  nos  dernières  séances,  notre  collègue, 
M.  Liégeois,  vous  a  communiqué  une  opération  d'ovariotomie  qu'il  a 
faite  avec  succès;  je  me  proposais  de  prendre  la  parole  sur  ce  fait, 
mais  les  travaux  à  l'ordre  du  jour  ne  l'ont  pas  permis.  Avant  d'exposer 
les  quelques  réflexions  que  cette  observation  m'avait  suggérées,  per- 
mettez-moi ^e  profiter  de  cette  occasion  pour  présenter  à  la  Société 
une  malade  à  laquelle  j'ai  pratiqué  l'ovariotomie,  il  y  a  aujourd'hui  un 
mois.  Je  désire  montrer  que  le  succès  de  l'ovariotomie  est  encore  pos- 
sible, même  dans  les  cas  qui  paraissent  les  plus  désespérés,  et  alors 
que  la  maladie  offre  des  complications  graves  et  multipliées.  Toici 
l'observation  de  ma  malade. 

Kyste  mnltiloculaire  de  l'ovaire  g^ache,  du  poids  d^  19 
&  18  Ifiiog^rammes,  eompliqué  d'a&'cite,  d'une  hernie  ombi- 
ileale  voinminénse  et  d'an  prolapsus  complet  de  rutéms. 
Ovariotomie.  Guérison. 

Mademoiselle  G...,  d'Issoudun,  âgée  de  47  ans,  lingère,  a  toujours 


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-  405  — 

été  bien  réglée  jusqu'à  46  ans,  époque  où  la  menstruation  a  cessé. 
Cette  femme,  d'une  bonne  constitation,  a  toujours  joui  d'une  bonne 
santé,  si  ee  n'est  que  depuis  I*àge  de  10  ans,  elle  a  toujours  éprouTé  des 
envies  fréquentes  d'uriner.  Il  y  a  environ  quatre  ans,  elle  a  remarqué 
que  son  ventre  prenait  du  développement,  en  même  temps  que  sa 
santé  s'altérait;  l'augmentation  du  ventre. fut  si  rapide,  qu'au  bout  de 
six  mois,  il  était  aussi  développé  que  dans  une  grossesse  à  terme.  Les 
jambes  étaient  légë'emènt  infiltrées.  Soumise  à  divers  traitements  diu- 
rétiques, il  n'en  résulta  aucune  amélioration,  et  la  maladie  faisant 
toujours  des  progrès,  sa  santé  générale  s'affaiblissant  déplus  en  plus, 
i'amaigrisseopent  augmentant,  elle  vint  à  Paris,  en  i865,  réclamer  des 
soins.  Reçue  à  l'hôpital  Saint-Louis,  dans  le  service  de  M.  Yoillemier, 
elle  y  subit  une  ponction,  le  7  septembre  1865,  qui  donna  issue  à  6 
ou  7  litres  de  liquide.  On  reconnut  dans  le  ventre,  au  dire  de  la  ma« 
lade,  Texistence  de  deux  tumeurs  solides.  De  l'hôpital  Saint-Louis, 
elle  fut  envoyée  en  convalescence  à  l'hospice  du  Vésinet,  pour  y  refaire 
sa  santé,  et  vingt  et  un  jours  après,  elle  retourna  dans  son  pays,  après 
avoir  vu  M.  Voillemier,  qui  constata  le  retour  du  liquide  dans  la  poche 
qu'il  avait  ponctionnée.  Lé  ventre  prit  un  acermssement  progressif  et 
devint  si  volumineux,  que  la  malade  était  obligée  de  rester  assise  ou 
couchée.  Bientôt,  elle  ne  put  se  livrer  à  aucune  occupation;  sa  posi- 
tion devint  de  plus  en  plus  misérable;  sa  santé  s'altéra  de  jour  en 
jour,  et  elle  maigrit  beaucoup  :  il  ne  lui  restait  aucun  espoir  de  salut. 
Dans  cet  état  désespéré,  M.  le  docteur  Jugand,  d'Issoudun,  lui  proposa 
de  faire  l'ovariotomîe;  mais  elle  préféra  revenir  à  Paris,  pour  y  subir 
cette  opération.  £lle  me  fut  adressée  psur  le  docteur  Gachet,  d'Issoudun, 
le  6  juillet  1868. 

A  son  arrivée  à  Paris,  elle  est  dans  un  état  déplorable,  faible, 
maigre  et  les  traits  profondément  altérés;  la  respiration  est  gênée,  les 
digestions  péniblea^  l'appétit  nul;  le  ventre,  au  niveau  de  l'ombilic, 
qui  est  le  s^ge  d'une  hernie  ombilicale  volumineuse,  mesure  1  m.  42  c., 
et  de  l'appendice  xyphoïde  au  pubis,  .45  centimètres  ;  la  hernie  om* 
bilicale,  rendue  sailiante  par  du  liquide  ascitique  et  parles  anses  in- 
testinalest  est  très-volumineuse;  ses  parois  sont  très-amincieset  étalées 
sur  le  ventre  :  elle  mesure  46  centimètre^  de  circonférence;  la  paroi 
inférieure  du  ventre  et  les  membres  inférieurs  sont  infiltrés.  La  per- 
QUSision  et  Texamen  du  ventre  font  reconnaître  une  grande  quantité 
de  liquide  ascitique  ;  et  si  on  fait  placer  la  malade  dans  différentes 
positions,  on  reconnaît  trois  tumeurs  très-distinctes  :  deux  supérieures, 
solides,  très-résistantes  à  la  pression,  et  offrant  au  palper  tous  les 
signes  des  tumeurs  fibreuses»  et  une  troisième  médiiuie  et  Inférieure, 


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—  406  — 

dtMinant  tous  les  signes  d'oM  ?aate  poche,  reîifermantdo  li«nûde-  Lee 
parois  du  ventre,  dont  le  développement  esl  extraordhi^ire,  sont 
tellement  distendues,  et  par  les  tuneurs  et  par  le  liquide  de  Fascite, 
qu-il  est  impossible  de  i^econnaltre  si  des  adhérences  existent;  de  plus, 
cette  malade  est  atteinte  d'un  prolapsus  complet  de  l'utérus  qui  pend 
entre  les  cuisses.  Je  porte  le  diagnostic  suivant  :  kyste  multiloculaire 
d'un  ovaire,  ayant  une  vaste  poche  fluctuante,  accompagnée  de  deux 
tumeurs  solides  trèchdures,  avec  complication  d'une  ascite,  d'une 
exomphale  et  d'Ane  chute  complète  de  l'utérus,  avec  excoriations 
saignantes  sur  les  parois  renversées  du  vagin  et  sur  le  col  de  l'utérus. 
Ge  prolapsus  complet  de  Tutérus  remontait  à  cmq  mois;  mais  depuis 
plus  d'une  année,  la  malade  avait  remarqué  que  sa  matrice  était  très- 
basse,  et  que  sQp  col  apparaissait  entre  les  grandes  lèvres;  il  y  avait 
parfois  des  écoulements  sanguinolents. 

Pans  le  btft  de  mieux  connaitre  la  nature  des  tuneurs  solides  du 
ventre,  qui  avaient  toutes  les  apparences  de  tumeurs  fibreuses,  et  pour 
m'assurer  s'il  existait  des  adhérences,  je  oonseiUai  à  la  malade  ^ne 
ponctioa,  pour  enlever  le  liquide  aseitique;  mais  comme  elle  voulait 
retourner  dans  son  pays,  sans  plus  attendre,  je  lui  recommandai  de  faire 
pratiquer  cette  ponction  par  son  médecin,  afin  qu'on  pût  mieux  établir' 
le  diagnostic,  et  savdr  si  rovariotomie  était  praticable.  Cette  ma- 
lade retourna  à  Issoudun  et  la  ponction  ne  (ut  pas  faite.  Mais  un 
nouveau  phénomène  se  produiat  :  récoulement  quotidien,  d'un  verre 
et  demi  environ,  d'un  liquide  légèrement  gluant  pai»  le  col  utérin , 
dimifiua  un  peu  le  volumedu  ventre  et  apprit  que  le  kyste  était  tubo- 
ovarique»  Comme  Tétaide  la  malade  devenait  de  plus  en  plus  mau- 
vais, malgré  cet  écoulement;  que  la  maigreur  augmentait;  que  les 
forces  diminuaient,  0t&,,  elle  revint  à  Paris,  le  i^  octobre  1868,  bien 
décidée  à  se  faire  pratiquer  Tovariotomie. 

^  Un  nouvel  examen,  fait  avec  soin ,  me  confirma  dans  mon  premier  dia* 
gnostic  ?  une  asdte  c<»tsidérable,  avec  hernie  ombHieale  volumineuse, 
une  vaste  poche  kystique  et  deux  grosses  tumeurs^  dores,  résistantes; 
qui  s'élevaient  fqsqu-au  foie  et  soees  le  diaphragme,  et  dont  là  consis- 
tance rappelait  des  tumeurs  aréolafres,  dévéloppéés-dans  l'épaisseur 
des  parois  du  kyste,  et  enfin  une  chute  complète  de  l'utérus  qui  pen- 
dait entre  lesoaissb»  et  était  le  siège  d'exoorialâons  profondes.  La  seule 
chance  de  salut  pour  cette  pauvre  fille  était  dans  l^ ovarlotomie  ;  mais 
les  complications  nombteusesqui  accompagnaient  ce  kyste,  Texislence 
probable  d'adhéreûces  du  cèté  du  foie  et  du  diaphragme,  dans  une 
maladieÈ  dont  le  débiit  remontait  à  plus  de  quatre  ans,  rhnpossibilké 
d«  reconnattre  ees  adhérences  et  ecHes  qui  pouvaient  Atre  plus  pro- 


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fondes,  tou^  cèU  me  paraissait  autant  de  contre-indications  que  je 
n'osais  affronter.  Cependant,  l'état  de  cette  malade  était  si  graye,  que 
je  regardai  comioe  une  obligation  une  opération  que  je  ne  pratiquai 
qu-avec  une  certaine  répugnance  ;  et  le  11  oot<Are  1868,  cédant  aux 
instances  pressantes  de  la  malade,  je  fis  cette  ovariotomie,  rueOudinot, 
n""  4,  en  présence  de  MM.  Brochin,  Firmin,  Moyet,  Robert  et  de  plusieurs 
internes  des  hôpitaux. 

Une  incision  fut  pratiquée  sur  la  ligne  blanche  jusqu'au  péritoine, 
entre  le  pubis  et  la  hernie  ombilicale,  la  malade  étant  chloroformée; 
le  péritoine,  poussé  par  le  liquide  ascitique,  vint  faire  hernie  entre  les 
lèvres  de  l'incision»  qui  avait  environ  12  centimètres  de  longueur,  et 
fut  ponctionné  avec  le  trocart  de  Sp.  Wells.  Il  s'écoula  4  à  5  litres  (le 
liquide  séreux,  verdÂtre,  provenant  de  la  cavité  péritonéale.  Plusieurs 
vaisseaux  furent  saisis  avec  mes  serre-fines  à  mors  plats,  et  aucun 
écoulement  de  sang  ne  se  fit  dans  la  cavité  du  péritoine.  Celui-ci 
ayant  été  divisé  dans  toute  l'étendue  de  l'incision  avec  des  dseaux,  la 
main  gs^iche,  doucement  introduite  dans  le  ventre,  entre  les  parois 
abdominales  et  le  kyste,  constata  qu'il  existait  deux  tumeurs  volumi^ 
neuses,  inégales,  solides,  résistantes,  et  une  vaste  poche  remplie  de 
liiquide.  L'une  des  tumeurs,  cdle  de  droite,  s'élevait  jusqu'au  foie  et 
au  diaphragme  qu'elle  soulevait,  et  était  séparée  de  celle  de  gauche, 
qui  s'élevait  moins  haut,  par  un  enfoncement  considérable,  la  tumeur 
droite  pressait  tellement  le  diaphragme  et  le  foie,  que  je  ne  pus  passer 
la  main  entre  ces  organes  :  ce  qui  me  fit  supposer  que  des  adhérences 
existaient  dans  ce  point  et  probablement  dans  les  parties  profondes, 
ce  qui  heureusement  n'avait  pas  lieu,  ainsi  que  je  le  reconnus  en  con- 
tinuant l'opération.  Ces  tumeurs  étant  trop  volumineuses  pour  être 
extraites  par  l'incision  que  j'avais  pratiquée  d'abord,  je  la  prolongeai 
par  en  haut,  en  contournant  à  gauche  la  hernie  ombilicale,  et  lui 
donnai  une  étendue  de  27  centimètres.  Par  ce  moyen,  le  kyste  devint 
plus  apparent,  et  la  poche  fluctuante  fut  ponctionnée;  l'évacuation 
de  7  ou  8  litres  de  liquide  séreux,  verdÀtre,  permit  aux  deux  tumeurs 
solides,  placées  au-dessus  de  la  poche  de  s'abaisser,  et  alors,  seule- 
ment, je  pus  reconnaître  que  ces  tumeurs  n'avaient  aucune  adhérence, 
ni  avec  le  foie,  ni  avec  le  diaphragme,  ni  avecuo  autre  organe.  Après 
avoir  pris  la  précaution  de  fermer  par  une  ligature  l'ouverture  faite 
à  la  poche  kystique  par  le  trocart,  dans  le  but  de  prévenir  tout  épanche- 
meat  dans  la  cavité  péritonéale,  j'introduisis  la  main  gauche  sous  le 
kyste  et,  le  soulevant  doucement,  je  le  fis  sortir  du  ventre,  entre  les 
lèvres  de  la  plaie;  un  aide  le  saisit  aussitôt  entre  ses  deux  mains  et 
le  tint  suspendu  au-dessus  du  ventre*  Je  eonitatai  avec  plaisir  que 


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tout  ce  qui  composait  le  kyste,  tumeurs  et  poche,  n'était  adhérent  que 
par  un  pédicule  très-large,  très-épais  et  assez  long.  Toute  cette  ma- 
nœuvre avait  été  assez  prompte  et  assez  facile.  Le  pédicule,  qui  ren- 
fermait des  vaisseaux  volumineux,  fut  placé  dans  le  clamp,  fortement 
serré,  et  coupé  ensuite  avec  des  ciseaux,  au-dessus  du  damp,  à  la 
base  du  kyste  ;  par  mesure  de  précaution,  et  à  cause  du  volume  des 
vaisseaux  du  pédicule,  une  forte  ligature  en  fil  de  soie  fut  placée  sur 
le  pédicule,  au-dessous  du  damp,  sur  lequel  on  cautérisa  le  pédicule 
avec  le  fer  rouge.  GrÀce  aux  serre-fines  appliquées  sur  les  points 
saignants  de  Tincision  abdominale,  pas  une  goutte  de  sang  ne  tomba 
dans  le  péritoine;  sa  toilette  fut  facile  à  faire  et  se  borna  à  absorber 
avec  des  éponges  un  peu  de  liquide  ascitique  qui  restait  encore  dans  le 
petit  bassin,  et  à  6ter,  ce  qui  ne  laissa  pas  de  me  donner  de  Tinquié- 
tude  pour  le  résultat  de  cette  opération,  plusieurs  membranes  de  la 
grosseur  du  doigt,  d'une  longueur  de  10  à  12  centimètres,  d'un  blanc 
mat,  nacré;  elles  étaient  libres  et  flottantes  dans  le  liquide  ascitique. 
De  plus,  la  surface  du  péritoine  offrait  les  traces  d'une  péritonite  an- 
cienne, était  d'un  rouge  violacé,  et  tous  les  vaisseaux  épiploïques 
étaient  gorgés  de  sang  noir. 

Avec  une  longue  aiguille,  qui  traversait  en  même  temps  les  parois 
abdominales  et  le  pédicule,  celui-ci  fut  fixé  dans  l'angle  inférieur  de 
la  plaie.  Le  clamp  ayant  été  enlevé»  deux  épingles  traversant  .les 
parois  abdominales,  y  compris  le  péritoine,  furent  placées,  l'une  au- 
devant,  Tautre  au-dessous  du  pédicule,  afin  de  mieux  le  maintenir  et 
de  le  comprimer  dans  la  suture  entortillée.  La  plaie  fut  fermée  par  une 
suture  profonde,  faite  avec  neuf  fils  d'argent  passés  avec  une  grande 
promptitude  et  une  grande  facilité  à  travers  les  parois  abdominales  et 
le  péritoine,  à  l'aide  d'une  aiguille  à  chas,  assez  semblable  à  une 
aiguille  d'emballeur  ou  à  une  alêne  de  cordonnier,  dont  je  me  sers 
habituellement  pour  faire  cette  suture  :  7  épingles  suffirent  pour  la 
suture  superficidle  ou  entortillée. 

Une  sonde  évacuatrice  fut  placée  au-devant  du  pédicule  et  enfoncée 
jusqu'au  fond  du  petit  bassin,  pour  retirer,  à  l'aide  d'une  pompe,  le 
liquide  qui  pouvait  s'épancher;  il  en  sortit  à  peine  5  ou  6  grammes , 
pendant  deux  heures  que  cette  sonde  resta  encore  en  place,  elle  ne 
laissa  couler  aucun  liquide  :  aussi  fut-elle  retirée.  L'opération  avait 
duré  quarante-dnq  minutes. 

Avant  de  fermer  l'abdomen^  j'avais  cherché  à  réduire  l'utérus  et  j'y 
étais  parvenu  très-facilement  ;  l'indicateur  de  la  main  gauche  étant  placé 
dans  le  petit  bassin,  pour  suivre  et  diriger  l'impulsion  que  j'impri- 
mais à  l'utérus,  en  le  refoulant  doucement  et  progressivement  dans  le 


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-  409  — 

vagin  avec  la  main  droite,  je  parvins  à  le  remettre  en  place,  et  deux 
petites  éponges  furent  introduites  dans  le  vagin,  pour  s'opposer  à  une 
nouvelle  chute. 

La  malade,  nettoyée,  changée  de  linge  et  de  flanelle,  fut  portée  dans 
un  lit  bien  chaud.  On  lui  donna  quelques  cuillerées  de  madère,  de 
bouillon  froid  et  d'une  potion  calmante.  Le  reste  de  la  journée  se 
passa  bien;  point  de  fièvre,  point  de  douleurs  dans  le  ventre  ;  som- 
meil de  quelques  heures. 

Malgré  les  complications  que  j'ai  signalées  plus  haut,  les  suites  de 
cette  opération  furent  des  plus  heureuses;  à  peine  de  la  fièvre  pendant 
les  deux  premiers  jours,  point  de  douleurs  dans  le  ventre,  qui  est 
resté  plat,  non  douloureux  à  la  pression.  Alimentation  légère  et  prise 
avec  plaisir.  Les  urines  ont  coulé  naturellement  et  le  cathétérisme  n'a 
pas  été  pratiqué  une  seule  fois  ;  une  éponge,  placée  dans  un  sac  de 
taffetas  gommé,  est  mise  entre  les  cuisses  de  la  malade  et  reçoit  les 
urines.  L'éponge  est  changée  à  chaque  émission.  Les  fils  et  les 
épingles  des  sutures  furent  enleyés  à  partir  du  cinquième  jour,  et 
le  huitième»  tout  était  enlevé,  et  remplacé  par  des  bandelettes  fixées 
avec  le  coUodion. 

Il  me  paraît  inutile  d'entrer  dans  de  plus  longs  détails  sur  la  marche 
de  cette  opération,  qui,  comme  vous  le  voyez,  a  eu  un  très-bon  résul- 
tat, puisqu'elle  a  débarrassé  cette  pauvre  femme,  qui  était  sur  le  point 
de  mourir,  de  quatre  maladies  très-graves  :  1"  d'un  kyste  multilocu- 
laire  énorme;  2°  d'une  hernie  ombilicale;  3»  d'un  prolapsus  complet 
de  l'utérus  :  et  i^  enfin  d'une  ascite  considérable,  qui  depuis  longtemps 
déjà  avait  amené  l'infiltration  des  membres  inférieurs.  Il  y  a  aujour- 
d'hui trente  jours  que  cette  malade  a  été  opérée  et  son  état  est  si  sa- 
tisfaisant, qu'elle  va  repartir  pour  son  pays. 

La  masse  totale  da  kyste,  contenant  et  contenu,  était  de  17  à  18  ki- 
logrammes environ;  les  parties  solides,  tumeurs  et  poche  du  kyste, 
pesaient  8  kilogrammes  et  demie.  Les  tumeurs  étaient  aréolaires,  ren- 
fermant dans  leur  intérieur  une  infinité  de  petites  loges,  commu- 
niquant les  unes  avec  les  autres,  et  remplies  d'une  matière  blan- 
châtre, épaisse,  gélatineuse,  purulente  dans  quelques-unes.  Les  plus 
grandes  n'auraient  pu  loger  une  noix.  De  grosses  veines,  des  brides 
épaisses  et  résistantes,  sillonnaient  la  surface  de  ces  tumeurs  dans 
tous  les  sens;  leur  surface  externe  était  lisse  et  nous  offrait  des  bos- 
selures irrégulières. 

La  hernie  ombilicale,  dont  il  reste  quelques  vestiges,  est  complète^ 
ment  réduite,  et  if  ne  reste  plus  au  niveau  de  Tombilic  qu'une  très* 
petite  partie  du  sac,  qui  diminue  chaque  jour  et  qui  probablement 
2*  série.  —  TOMB  IZ.  52 


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—  410  — 

finira  par  disparaître  complètement,  si  on  s'oppose,  par  un  l>andage, 
à  rintroduction  des  intestins  dans  Tanneau  ombilical. 

Déjà  trois  fois,  j'ai  rencontré  des  kystes  de  l'ovaire  compliqués  de 
hernie  ombilicale  et  d'ascite,  et  j'ai  remarqué  que  dans  ces  cas,  les 
parties  herniées  se  réduisaient  facilement,  et  qu'on  pouvait  les  re- 
tirer de  l'anneau  ombilical  en  les  attirant  dans  le  yentre  avec  les  doigts 
introduits  par  l'incision  abdominale; 

Cette  remarque  ne  pourrait-elle  pas  trouver  son  applicatioa  dans 
Topération  de  la  hernie  ombilicale  étranglée,  et  nous  engager  à 
opérer  celte  espèce  de  hernie,  en  faisant  sur  la  ligne  blanche, 
à  quelques  centimètres  au-dessous  de  l'ombilic,  une  incision  par 
laquelle,  on  pourrait,  en  y  introduisant  un  ou  deux  doigts,  aller 
retirer  les  intestins  et  l'épiploon  engagés  dans  l'anneau  ombilical  et 
étranglés  par  lui,  plutôt  que  d'inciser  directement  cet  anneau  et 
sur  des  parties  irritées  et  plus  ou  moins  enflammées,  comme  nous  le 
faisons  habituellement,  parties  au  milieu  desquelles  on  a  souvent  de 
la  peine  à  se  guider.  On  serait  d'autant  plus  autorisé  à  essayer 
ce  procédé,  que  les  résultats  parles  procédés  que  nous  employons  or- 
dinairement sont  généralement  mauvais.  S'il  existait  des  adhérences, 
on  pourrait  tout  aussi  bien  les  détruire  et  y  remédier  par  le  procédé 
que  nous  indiquons  que  par  les  autres,  et  si  un  épanchement  sanguin 
ou  autre  se  produisait,  on  pourrait  y  remédier  plus  facilement  et  fixer 
plus  sûrement  les  bouts  de  l'intestin,  s'il  y  avait  gangrène. 

On  a  cru  pendant  longtemps,  et  beaucoup  de  chirurgiens  partagent 
encore  cette  opinion,  que  le  contact  de  l'air  sur  le  péritoine,  que  toutes 
les  lésions  traumatiques,  les  plaies,  les  incisions,  les  piqûres,  etc., 
sont  des  circonstances  tellement  graves  et  tellement  redoutables,  qu'on 
doit  s'abstenir  de  toute  opération  sur  cette  séreuse,  à  moins  d'y  être 
absolument  forcé.  Les  nombreuses  opérations  d'ovariotomie  pratiquées 
avec  succès  depuis  quelques  années,  sont  venues  donner  le  démenti 
le  plus  formel  à  cette  manière  de  voir,  et  démontrer  combien  toutes 
ces  craintes  sont  exagérées,  ot  que  tous  les  accidents  qu'on  attribuait 
à  la  lésion  du  péritoine,  soit  par  incision,  plaie  ou  piqûre,  ne  sont  pas 
dues  à  la  lésion  proprement  dite  de  cette  séreuse,  mais  à  des  causes 
qu'il  faut  chercher  ailleurs.  D'après  nos  observations,  les  accidents 
qui  suivent  la  lésion  du  péritoine  sont  (|ps  à  l'épanchement  dans  le  pé- 
ritoine du  sang  ou  d'un  liquide  quelconque. 

En  effet,  un  épanchement  dans  l'abdomen,  quelque  minime  qu*il 
soit,  à  la  suite  d*une  lésion  du  péritoine,  subit  presque  toujours  une 
altération  putride,  une  décomposition  qui  amène  les  accidents  de  la 
péritonite,  ou  de  la  résorption  purulente,  et  il  est  bien  démontré  au- 


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--  411  — 

jourd'bui,  par  des  observations  déjà  nombreuses,  que  si,  à  la  suite 
d'une  blessure  du  péritoine,  il  ne  se  fait  aucun  épanchement  dans 
Fabdomen,  ou  bien  que  si  cet  épanchement  ayant  lieu  on  a  pu  le  faire 
disparaître  sur-le-champ,  il  n'en  résultera  rien  de  fâcheux  ;  Faîr  et  les 
liquides  épanchés  dans  la  cavité  abdominale  n'y  deviennent  dange- 
reux que  lorsqu'ils  restent  renfermés  dans  cette  cavité  et  qu'ils  y  sé- 
journent; ainsi,  dans  les  ovariotomies,  le  moindre  caillot,  la  moindre 
quantité  de  liquide  d'un  kyste  laissés  dans  le  ventre  donnent  pres- 
que toujours  naissance  à  une  péritonite  mortelle;  c'est  donc  avec 
raison  que  dans  l'ovariotomie  ou  recommande  de  faire  avec  un 
soin  minutieux  la  toilette  du  péritoine»  afin  de  se  mettre  en  garde 
contre  le  moindre  suintement  de  sang,  avant  de  clore  l'ouverture  ab- 
dominale. La  pratique  de  tous  les  ovariotomistes  a  montré  que  le 
succès  de  l'ovariotomie  a  presque  toujours  lieu,  toutes  les  fois  qu'il 
n'y  a  aucun  épanchement,  soit  de  sang,  soit  d'un  liquide  quelconque 
dans  la  cavité  abdominale.  Ce  qui  prouve  bien  que  ce  n'est  pas  la  lé- 
sion, proprement  dite,  du  péritoine  qui  est  la  cause  des  accidents  pé- 
ritonéaux,  à  la  suite  des  opérations  pratiquées  sur  cette  séreuse,  mais 
bien  les  épanchements  qui  peuvent  être  la  suite  de  ces  opérations, 
d'où  cette  conséquence  pratique  très-importante,  qu'on  doit  toujours 
dans  les  plaies  abdominales  oi!i  le  péritoine  est  intéressé,  s'empresser 
de  les  élargir,  si  on  soupçonne  le  moindre  épanchement,  dans  le  but 
d'arrêter  cet  épanchement  s'il  continue,  ou  de  le  tarir  et  de  le  faire 
disparaître  complètement,  s'il  y  a  lieu. 

Étant  donc  établi,  que  les  lésions  du  péritoine  sont  beaucoup  moins 
à  craindre  qu'on  ne  le  croyait  et  qu'on  ne  le  croit  encore  aujourd'hui, 
ne  devrait-on  pas  dans  1^  cas  d'étranglement  interne,  d'iléus,  d'inva- 
gination intestinale  ou  d'une  obstruction  au  passage  des  matières 
fécales,  alors  que  le  siège  de  l'étranglement  ne  peut  être  déterminé,  ne 
devrait-on  pas  ouvrir  largement  la  cavité  abdominale,  comme  dans 
l'ovariotomie,  et  aller  à  la  recherche  de  l'étranglement,  peut-être  au- 
rait-on la  chance  de  sauver  des  malades,  alors  qu'ils  sont  fatalement 
voués  à  la  mort. 

Ceux  qui  ne  veulent  pas  admettre  que  le  péritoine  puisse  supporter 
sans  accident  des  lésions,  prétendent  que  cette  membrane  ne  s*enflamme 
pas  dans  l'opération  de  l'ovariotomie,  parce  que  probablement  elle 
est  dans  des  conditions  nouvelles,  qui  lui  permettent  de  supporter,  sans 
accident,  des  opérations  qu'elle  ne  supporterait  pas  dans  son  état  nor- 
mal... Quelles  sont  ces  conditions  nourelles?  Personne  ne  les  connaît, 
mais  on  les  invoque  pour  trouver  une  explication  à  la  tolérance  que 
montre  le  péritoine  dans  l'opération  de  l'ovariotomie.  La  présence  d'un 


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-  412  — 

kyste  de  ToYaire  dans  le  yentre,  boh  long  contact  avec  le  péritoine,  le 
développemeDtlent  et  insensible  de  la  tumeur  oyarique,  seraient  les 
causes  de  cette  nouvelle  propriété  du  péritoine  à  ne  pas  s'enibtinmer  aussi 
facilement.  Avant  d'admettre  cette  opinion,  qui  ne  repose  que  sur  une 
hypothèse,  il  faudrait  démontrer  que  le  péritoine  des  malades  affectées 
de  tumeurs  ovariques  ou  de  toute  autre  tumeur,  n'est  plus  dans  les 
mêmes  conditions  anatomiqufss  et  physiologiques  que  le  péritoine  de 
ceux  qui  n'oot  pas  de  tumeurs  dans  le  ventre  ;  personne,  que  je  saqbo, 
n'a  encore  fait  cette  démonstration,  et  s'il  en  était  ainsi,  on  pourrait 
se  demander  pourquoi,  dans  l'opération  césarienne,  la  mêmeopératUxi 
faite  sur  un  péritoine  dans  les  mêmes  conditions  physiologiques  ou 
pathologiques  nç;  réussit  pas,  à  Paris,  par  exemple,  tandis  qu'elle 
réussit  aesez  souvent  en  province  :  est-ce  que  la  distensiop  su))ie  par 
le  péritoine,  est-ce  que  les  modifications  nouvelles  qu'il  a  pu  éprouver 
pendant  le  développement  de  la  tumeur  utérine  ne  sont  pas  les  mêmes 
à  Paris  que  dans  la  province?  Je  crois  donc  qu'il  faut  cbercl^er  aUleurs 
la  cause  des  accidents  graves  qui  se  manifestent  à  la  suite  des  opéra- 
tions .pratiquées  sur  le  péritoine,  et  que  cette  cause  a  sa  source  dans 
les  épanchementspéritonéaux  surtout,  quelle  que  soit  leur  nature,  el 
cela  est  si  vrai  que  dans  les  cas  où  il  n'y  a  aucun  épanchemept  dans 
le  péritoine,  soit  pendant,  soit  après  l'opération,  les  accidents  sont 
plus  rares,  malgré  la  lésion  du  péritoine,  qu'il  ait  été  coupé  ou  dé- 
chiré. On  doit  aussi  tenir  grand  compte  des  milieux  dans  lesquels  ou 
opère,  et  de  la  constitution  des  malades. 

Le  point  capital  dans  l'opération  de  l'ovariotomie  est  donc  d'empê- 
cher tout  épanchement  sanguin  ou  autre  dans  la  cavité  abdominale  ; 
dans  ce  but,  on  recommande  de  lier  immédiatement  tous  les  vaisseaux 
sanguins  ouverts,  et  de  supprimer  tout  écoulement  ou  tout  suintement 
sanguinolent,  qu'il  provienne  de  l'incision  faite  à  la  paroi  abdominale, 
de  l'épiploon  ou  des  déchirures  des  adhérences.  Mais  cette  ligature 
des  vaisseaux  ou  des  parties  qui  laissent  écouler  du  sang,  demande 
quelquefois  bieA  du  temps,  allonge  l'opération  qu'on  est  obligé  d'inter-^ 
rompre  à  plusieurs  reprises  ;  de  plus,  on  a  l'inconvénient  de  laisser 
des  ligatures  dans  le  ventre  et  entre  les  lèvres  de  la  plaie,  dans  l'es- 
poir de  parer  à  tous  les  inconvénients  et  de  hâter  l'opération.  J|e  fais 
usage  pour  arrêter  l'écoulement  du  sang,  quelle  que  soit  sa  source, 
de  serres- fines  que  j'ai  fait  modifier  et  approprier  au  but  que  je  voulais 
atteindre.  Ces  serres-fines,  que  j'ai  Tbonneur  de  vous  présenter,  sont 
à  mors  plats  et  munies  d'un  fil  d'argent  qui  aide  à  les  reconnaître  et 
à  les  retrouver,  lorsqu'on  fait  la  toilette  du  péritoine  et  qu'on  suture 
la  paroi  abdomiuiale.  Ces  serres-fines  sont  d'une  applioation. prompte 


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—  413  — 

et  facile;  elles  exer^ept,  p^odaf^i  qu'on  contiaue  ropérutiOD,  une 
compression  assez  forte  pour  s'opposer  à  récoulement  du  sang,  qu'il 
sorte  en  nappe  ou  pas  jets  ;  d'ailleurs,  il  arrive  presque  toujours 
qu'après  reBlèvement  de  ces  serres-fiiies,  le  sang  ne  coule  plus,  et  la 
pressiqn  momentanco  exercéj^  pqr  ces  instruments,  qui  agissent  en 
iDàchant  les  tissus,  suffit  pour  arrêter  définitivement  Técoulement  d^ 
sang,  et  dispense  d^  ligatures,  ce  qui,  je  le  répète,  me  parait  être  un 
grand  avantage,*  pii^ue  Topération  est. faite  plus  rapidement,  et 
qu'ençuite  il  ne  i^ste  auG^ncorpç  étranger  dans  la  piivité  p^ritonéale, 
ni  entre  les  lèvres  de  la  p)aie. 

M.  Liégeois,  en  déerivant  le  procédé  opératoire  qu'il  a  suivi,  nous 
a  fait  remarquer,  en  y  attacHant  uoa  certaine  importan^se,  qu'il  avsiit 
eu  la  précaution  de  traverser  les  parois  abdominales  aiec  des  fils  qui, 
placés  immédiatement  aivrdessus  et  au-4es6oas  du  pédicule  qu'ilu 
contournaient^  avaient  l'avantage  de  comprimer  le  pédicule,  de  le 
maintenir  plus- «ûreçQ^t  dans  l'angle  inférieur  de  la  plaie,  et  au  be- 
soin de  s'oi^ser  à  l'hémorrhagie.  Cette  manière  de  faire  nous  paraît 
en  effet  boi^ie  à  suivre,  et  se  rapproche  beaucoup  du  procédé  que 
nous  suivons  habitueUemeot,  qui  consiste,  pour  maintenir  solidement 
le  pédicule  daas  l'angle  inférieur  de  la  plaie,  ^  le  traverser  en  même 
temps  qu'^  tr.^vi^rse  .les  parois  abdominales  avec  une  longue  aiguille 
ou  épingles  flexibles^,  et 'à  placer  immédiatement  au-dessus  et  au- 
dessous  du  pédicule  deux  épingles  qui,  comj^rises  ainpi.que  l'^guiUe 
du  pédicule  dans  la  suturç  eatortilléeiComprioKïntet  fixent  le  pédicule 
dans  raogle  inférieur  de  la  plai^;  ce  procédé  est  surtout  utile,  lorsque 
le  pédicule  est  court  et  épais.  Tyler  Sinith  ve^t,  lorsque  le  pédicule 
est  court  et  largement  implanté,  qu'on  l'abandonne  dans  la  cavité 
abdominale  après  l'avoir  lié  fortementet  avoir  coupé  les  fils  au  ras  du 
nœud,ou  simplenient  qu'on  se  contente  dç  lier  les  vaisseaux  du  pédicule. 
Ce  procédé  serait  en  effet  très^avantageux,  dans  ce  sens  qu'il  per- 
mettrait d'abandonner  If  pédicule  dans  le  ventre,  et  de  réunir  l'inci* 
siOQ  abdominale  .p;^r  preçaière  intention,  mais  il  nous  parait  avoir 
plusieurs  inconvéniients  graves,  c'est  :  !<>  de  laisser  dans  le  ventre  des 
Ûgatures  qui  agissent:  comme  corps  étrangers  et  exposent  à  la  périto^. 
nite  ou  à  des  suppurations;  â^»  c'est  d'exposer  i  des  hém^rhagies 
abdominales  consécutives,  dans  le  cas  ou  les  ligatures  viendraient  à 
s*écfaapper  avant  l'oblitérati^  des  vaisseaux  ;  d'ailleurs  M.  Spsencer» 
Wells,  qui  a  mis  plusieurs, foi^  ce  procédé  en  pratique,  a  observé  que 
les  symptômes  de  péritonUe  ont  été  plu»  violents  que  lorsqu'on  se  sert 
du  clamp»  eL  sur  cinq  malçMles  obez  lesquelles  il  a  mis  ce  procédé  en 
usage,  trois^ont  pi<y tes  de  i)4ritQnite.géfiéra^^^ 


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Les  ligatures  laissées  dans  l'abdomen  doirent  donc  être  aban- 
données. 

.  La  méthode  de  Glay  (de  Binningham),  qui  consiste  à  appliquer  le 
damp  et  à  cautériser  le  pédicule  serait  meilleure,  et  a  donné  lieu  à 
de  beaux  succès  dans  les  mains  de  Brown.  Cette  méthode  parait  en 
effet  très^rationnelle,  puisque  Tusage  du  clamp  laissé  en  place  pendant 
dix  à  douze  heures,  en  mâchant  les  tissus,  en  les  écrasant,  permet 
Foblitération  des  vaisseaux,  comme  ferait  la  ligature,  et  que  la  cauté- 
risation avec  le  fer  rouge,  pratiquée  au-dessus  du  clamp,  vient  en  aide 
pour  oblitérer  les  vaisseaux  et  s'opposer  à  Thémorrhagie. 

Une  méthode  que  Ton  a  appliquée  assez  rarement,  et  à  laquelle  on 
semble  vouloir  accorder  quelque  faveur,  est  la  section  lente  et  graduée 
du  pédicule,  à  l'aide  de  Técraseur  linéaire  de  M.  Ghassaîgnac  ;  assuré- 
ment,  cette  méthode  serait  la  meilleure  si  on  pouvait  l'appliquer  sans 
crainte;  avec  elle  on  pourrait  se  passer  de  toute  espèce  de  ligature, 
et  ce  serait  se  placer  dans  les  meilleures  conditions  pour  le  succès  de 
rovariotomie,  si  l'on  pouvait,  comme  nous  l'avons  fait  et  comme  Ta 
proposé  après  nous  Braxton  Hicks,  comprimer  le  pédicule  avec  un 
clamp  dentelé,  resserrer,  mâcher,  écraser  les  tissus  assez  complète- 
ment et  assez  solidement  pour  empêcher  toute  hémorrhagie  ;  alors  le 
pédicule  pourrait  être  abandonné  sans  danger  dans  la  cavité  abdomi- 
nale. Il  serait  prudent  d'ajouter  à  ce  procédé  la  cautérisation  du  pédi- 
cule. Malheureusement,  les  vaisseaux  du  pédicule  sont  quelquefois  m 
volumineux,  que  ces  procédés,  soit  parl'écraseur  linéaire,  seit  par  les 
damps  dentelés,  écraseurs  ou  mâcheurs,  ne  mettraient  pas  à  l'abri  de 
l'hémorrhagie,  et  qu'on  fera  mieux,  par  prudence,  de  placer  préalable- 
ment une  ligature  6u  un  clamp  qui,  en  serrant  le  pédicule,  s'oppose  à 
toute  hémorrhagie  primitive  et  consécutive. 

Ordinairement,  pour  faire  l'occlusion  de  l'incision  abdominale,  on 
se  sert,  pour  passer  les  ligatures  métalliques  de  la  suture  profonde, 
d'aiguilles  tubulées,  qui  ne  laissent  pas  que  d'avoir  des  inconvénients 
dans  certains  cas;  d'abord  il  faut  autant  d'aiguilles  qu*on  veut  faire 
de  points  de  suture;  elles  sont  parfois  difBciles  à  enfiler,  et,  une  fois 
qu'elles  ont  traversé  les  parois  abdominales,  il  devient  quelquefois 
difficile  4e  saisir  le  fil  d'argent  avec  des  pinces  et  de  le  faire  sortir  de 
l'aiguille.  D'autres  fois,  si  on  veut  le  pousser  pour  le  saisir  plus  facile- 
ment, il  se  plie  à  l'entrée  de  l'aiguille,  et  on  est  obligé  de  le  retirer 
pour  le  remplacer  par  un  autre;  d'autres  fois,  s'il  déborde  trop  Tou- 
verture  de  Taiguille  à  sa  sortie,  il  se  recourbe  et  s'oppose  au  passage 
de  l'aiguille  à  travers  les  parois  abdominales.  Bnûn,  si  les  parois  abdo- 
minales sont  très-épaisses,  comme  il  arrive  dans  quelques  cas,  ees 


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aiguilles  tubulées,  qui  sont  presque  droites  et  peu  résistantes,  plient  et 
se  courbent  lorsqu'on  veut  traverser  la  paroi  du  côté  opposé,  alors  on 
est  obligé  de  retirer  Paigaille  et  de  la  remplacer  par  une  autre. 

Tous  ces  inconvénients  apportent  des  longueurs  dans  Topération  et 
des  ennuis  pour  le  chirurgien. 

Voulant  obvier  è  tous  ces  inconvénients  et  abréger,  autant  que  pos- 
sible, la  durée  de  Topération,  j'ai  fait  faire,  en  1860,  des  aiguilles  par- 
ticulières, qui  ont  la  forme  d'une  aiguille  d'emballeur  ou  d'une  alêne, 
sans  manche,  de  cordonnier.  Une  ou  deux  de  ces  aiguilles,  armées  d'un 
long  ûl  d'argent,  suffisent  pour  faire  la  suture  de  Vincision  la  plus 
longue  de  la  paroi  abdominale;  elles  sont  très-résistantes  et  pénètrent 
avec  une  grande  facilité  dans  les  parois  abdominales,  quelle  que  soit  leur 
épaisseur;  le  talon  de  ces  aiguilles  est  percé  d'un  chas,  large  et  facile 
à  enfiler,  et  il  offre,  au-dessus  et  au-dessous,  une  cannelure  assez  pro- 
fonde pour  loger  complètement  le  fil  d'argent  qui,  de  cette  façon,  ne 
grossit  pas  le  talon  de  l'aiguille  et  n'apporte  aucun  obstacle  à  son  pas- 
sage, au  moment  où  il  traverse  les  tissus.  Avec  une  seule  aiguille,  on 
peut  faire  sept  ou  huit  sutures  sans  être  obligé  de  l'enfiler  à  chaque 
suture.  Avec  ces  aiguilles,  la  suture  profonde  est  faite  avec  une 
promptitude  et  une  sûreté  remarquables. 

Enfin  notre  collègue,  M  Le  Fort  a  demandé  à  M.  Liégeois,  pourquoi 
il  avait  pratiqué  cette  ovariotomie.  La  réponse  était  bien  simple,  c'est 
que  si  cette  opération  n'avait  pas  été  faite,  la  malade  aurait  succombé 
dans  un  délai  assez  rapproché,  si  Ton  doit  en  juger  par  l'examen  du 
kyste;  le  liquide  qu'il  contenait  était  filant,  coloré;  il  existait  à  la  sur- 
face interne  du  kyste  un  grand  nombre  de  productions  ou  végétations 
de  grosseur  différente,  depuis  celle  d'un  haricot  jusqu'à  celle  d'un  petit 
œuf  de  poule,  et  tout  kyste,  dans  ces  conditions,  devient  promptement 
multiloculaire,  et  amène  fatalement  la  mort  dans  un  délai  assez  court. 
Que  si  le  kyste  de  la  malade  de  M.  Liégeois,  avec  le  développement 
rapide  qu'il  avait  suivi  dans  les  derniers  temps,  avait  été  abandonné 
à  lui-même,  la  femme  n'eût  pas  tardé  à  succomber,  tandis  qu'aujour- 
d'hui, si  aucune  autre  maladie  ne  vient  compromettre  son  existence, 
elle  peut  vivre  de  longues  années.  M.  Liégeois  a  donc  agi  sagement  en 
proposant  l'ovariotomie  et  en  la  faisant. 

Nous  terminerons  ces  quelques  réflexions  que  nous  venons  de  faire 
sur  l'ovariotomie  en  faisant  observer  que  les  succès  se  multiplient  à 
Paris,  et  que  la  pratique  des  chirurgiens  de  la  capitale  ne  le  cède  en 
rien  à  celle  des  chirurgiens  qui  opèrent  en  province  ou  à  l'étranger. 
Pour  ce  qui  nous  concerne,  nous  avons  jusqu'à  ce  jour  pratiqué  dix- 
huit  fois  l'ovariotomie,  et  nous  avons  obtenu  onze  succès,  c'est-à-dire 


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plus  de  61  sur  ICO.  Mais  si  nous  tenons  compte  de  nos  dernières 
opérations,  notre  proportion  est  plus  grande.  Ainsi  nos  sept  premières 
opérations  nous  ont  donné  quatre  succès,  c'est-à-dire  environ 
60  p.  100,  et  nos  onze  dernières  opérations  ont  fourni  sept  succès, 
c'est-à-dire  environ  66  p.  100,  autrement  dit  deux  succès  sur  trois 
opérations.  Je  suis  convaincu  qu'on  arrivera  à  guérir  trois  malades 
sur  quatre.  Nos  trois  dernières  opérations  sont  trois  succès. 

M.  Després.  L'opération  que  M.  Boinet  vient  de  proposer,  qui  con- 
siste à  ouvrir  la  paroi  abdominale,  à  faire  la  gastrotomie  pour  dégager 
rintestin  étranglé  au  niveau  d'un  anneau,  a  déjà  été  proposée  en 
France,  il  y  a  plus  d'un  siècle,  par  Pigray,  pour  la  hernie  crurale,  en 
particulier.  L'opération  a  été  pratiquée  deux  fois.  On  a  ouvert  le 
ventre  au-dessus  de  la  hernie.  Les  résultats  de  l'opération  y  ont  fait 
renoncer. 

M.  Liégeois.  M.  Boinet  a  insisté  sur  la  rétraction  du  pédicule.  J'ai 
été  frappé  de  celte  rétraction  chez  la  malade  dont  j'ai  rapporté  l'obser- 
vation devant  la  Société. 

Je  crois  que  cette  rétraction  est  très-importante  et  qu'il  faut  en  tenir 
un  très-grand  compte  dans  Topération  de  l'ovariotomie.  Il  faut  placer 
une  forte  ligature  au  niveau  du  pédicule,  et  traverser  celui-ci  à  sa 
base  avec  une  aiguille  de  fort  calibre.  Je  ne  suis  pas  d'avis  que  l'ou- 
verture du  ventre  soit  aussi  simple  que  veut  bien  le  dire  M.  Boinet; 
je  pense  qu'il  faut  faire  tous  ses  efforts  pour  empêcher  l'intestin  de 
sortir. 

M.  Boinet.  Je  n'ai  pas  voulu  parler  des  opérations  dont  M.  Després 
vient  de  nous  entretenir;  je  ne  me  suis  préoccupé  que  de  la  hernie 
ombilicale,  pendant  Fovariotomie. 

L'intestin  sort  quelquefois,  malgré  toutes  les  précautions  que  l'on 
peut  prendre. 

Quant  au  pédicule,  il  n'est  pas  toujours  possible  de  le  traverser 
avec  une  aiguille.  La  réduction  du  pédicule  après  la  cautérisation  est 
employée  par  T^ler  Smith  ;  mais  Spencer- Wells,  qui  a  eu  recours  cinq 
fois  à  ce  procédé,  n'a  pas  obtenu  de  résultats  favorables. 

Si  je  devais  réduire  le  pédicule  dans  le  ventre,  je  combinerais  l'écra- 
sement linéaire  avec  la  cautérisation. 

M.  LÉON  Labbé.  Je  crois  que  M.  Liégeois  s'exagère  le  degré  de  ten- 
dance qu'a  le  pédicule  à  rentrer  dans  le  ventre.  Le  plus  souvent,  après 
quarante-huit  heures,  des  adhérences  assez  solides  sont  établies  entre 
le  pédicule  et  les  surfaces  du  péritoine  pariétal  qui  ont  été  mises  en 
contact  avec  lui.  En  tout  cas,  lorsque  le  clamp,  de  quelque  forme 
qu'il  soit ,  qui  a  étrelnt  le  pédicule,  est  enlevé.  Ton  voit  celui-ci  se 


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rétracter  immédiatement,  et  il  existe  entre  la  surface  du  pédicule  et  la 
paroi  abdominale, ^une  différence  de  nireau  que  les  bourgeons  charnus 
ne  lardent  pas  à  combler.  .    '       ^       . 

Il  est  bon  de  faire  tous  ses  efforts  pour  empêcher  ^intestin  de  sortir 
du  yentre;  mais  quelquefois  toutes  les  précautions  sont  inutiles.  Plu- 
sieurs observations  personnelles  me  portent  à  croire  que  dans  les  cas 
oùrintestin  sort,  malgré  tous  les  efforts  de  contention  auquel  on  peut 
avoir  recours,  le  pronostic  est  relativement  plus  grave  que  dans  les 
circonstances  opposées.  Dans  ces  conditions,  il  n'est  pas  rare  d'ob- 
server rapidement  une  distention  gazeuse  considérable  de  rintesttn. 
Quant  à  ce  qui  est  relatif  aux  dimensions  à  donner  à  i'ouyerture  abdo- 
minale, j'estime  que  toutes  les  fois  qu'il  existe  des  adhérences,  il  faut 
pratiquer  une  large  ouverture  pour  faciliter  les  manœuvres  et  éviter 
de  brusques  déchirures. 

Al.  Liégeois.  Je  n'ai  pas  voulu  dire  que  le  contact  de  Tair  avec  la 
séreuse  périlonéale  fût  capable  de  tuer  les  malades;  mais  je  pense  que 
l'ou  se  place  dans  d'heureuses  conditions  en  évitant  ce  contact. 

PUÉSENTÀTION  DE  PIÈCES. 

M.  Panas  fait  les  deux  communications  suivantes  : 
Ossification  irido-piipUlaire. 

Chacun  connaît  les  productions  osseuses  pathologiques  de  la  cho- 
roïde, de  la  rétine  et  du  corps  vitré,  tandis  qu'il  est  infiniment  plus 
rare  de  voir  l'iris  devenir  le  siège  de  cette  altération. 

11  vient  d' entrer  dans  mon  service  un  homme  de  36  ans,  ancieu 
militaire,  et  qui,  par  suite  de  refroidissement,  eut  uoe  double  ophthaU 
mie  grave,  qui  a  aboli  complètement  la  vue.  11  y  a  un  an  de  cela. 
Aujourd'hui,  nous  constatons  ce  qui  suit  : 

Les  deux  yeux  sont  petits,  atrophiés,  présentant  cette  forme  carrée 
qui  caractérise  cet  état. 

Les  deux  cornées  opalescentes  semblent  être  appliquées  directe- 
ment sur  le  diaphragme  irien,  tellement  la  chambre  antérieure  se 
trouve  réduite  dans  ses  dimensions,  par  suite  de  l'aplatissement  des 
deux  cornées.  Le  globe  a  perdu  de  sa  consistance  et  offre  une  fluctua- 
tion manifeste,  preuve  que  le  corps  vitré  estdiffluent.  A  la  place  de  la 
pupille  et  de  l'iris,  on  voit  une  cloison  imperforée,  d'une  couleur  gris- 
jaunâtre,  avec  des  taches  pigmentaires,  et  çà  et  là  de  fines  arborisa- 
tions vasculaires,  qui  semblent  provenir  des  vaisseaux  sclérotieaux. 
t*  série.  —  T.  IX.  53 


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La  surface  de  cette  cloison  n'est  point  lisse,  mais  elle  offre  un  réseau 
de  fibres  entre-croisées,  qui  lui  donnent  Faspect  aponévrotique. 

Le  malade  a  la  perception  de  la  lumière  diffuse,  et  remarque  la  pré- 
sence d'une  lumière  placée  devant  ses  yeux ,  pourvu  que  celle-ci  ne 
soit  pas  distante  de  plus  d'un  mètre. 

Nous  avons  constaté  pareillement  la  présence  des  quatre  posphènes 
principaux  ;  ce  qui  indique  que  la  rétine  a  conservé  sa  sensibilité,  au 
moins  en  partie. 

En  présence  d'un  pareil  état  de  choses,  nous  avons  pensé  que  Tiri- 
diotomie,  en  supposant  qu'elle  pût  réussir  dans  d'aussi  mauvaises 
conditions,  devait  améliorer  le  triste  état  du  malade,  et  c'est  ce  qui 
nous  engagea  à  entreprendre  cette  opération,  en  l'exécu'ant  sur  l'œil 
gauche,  qui  nous  parut  moins  atrophié  que  le  droit. 

Pour  les  raisons  connues  de  tous  et  dans  le  cas  particulier,  à  cause 
de  la  liquéfaction  du  corps  vitré,  j'ai  décidé  de  faire  la  kératotomie 
supérieure.  Une  fois  la  chambre  antérieure  ouverte  et  l'humeur 
aqueuse  écoulée,  je  voulus  saisir  l'iris  pour  en  extraire  un  lambeau; 
mais  quel  fut  mon  étonnement,  lorsque  je  me  trouvai  en  présence  d'un 
tissu  dense,  qu'aucun  instrument  ne  pouvait  entamer.  Diverses  pinces 
à  iridiotomie,  une  pince  à  dents  de  souris,  des  ciseaux  droits  et 
courbes,  le  crochet  à  iridiotomie,  une  aiguille  à  cataracte  furent  suc- 
cessivement essayés,  sans  parvenir  à  arracher  une  portion  de  l'iris.  Ce 
n'est  qu'avec  de  forts  ciseaux  courbes  que  j'ai  pu  faire  sauter  une 
toute  petite  parcelle,  grosse  comme  un  grain  de  semouille,  d'une 
substance  blanche  et  dure  que  je  jugeai,  à  l'œil  nu,  devoir  être  de  l'os 
véritable. 

L'examen  microscopique,  en  nous  montrant  dans  la  préparation 
des  ostéoplastes  en  grand  nombre,  ainsi  que  le  dessin  que  je  vous 
présente  ici  en  fait  foi,  confirma  notre  prévision.  Rien  ne  pouvait,  du 
reste,  nous  faire  soupçonner,  avant  l'opération,  cette  ossification  de 
l'iris,  qui  rendait  l' iridiotomie,  parle  procédé  ordinaire,  absolument 
impraticable. 

M.  de  Graéfe  pense  qu'en  pareil  cas  le  procédé  de  Wenzel,  qui  con- 
siste à  sectionner  à  la  fois  la  cornée  et  la  circonférence  de  l'iris,  permet 
de  saisir  celle-ci  en  plein  et  d'en  faire  directement  l'excision.  Le  petit 
touteau  à  cataracte  dont  il  se  sert  pour  la  kératotomie  linéaire  modi- 
fiée, est  l'instrument  que  notre  savant  collègue  m'engageait  d'employer 
pour  exécuter  ce  temps  de  l'opération;  et  c'est  ce  que  je  me  propose 
de  tenter  prochainement,  en  tenant  la  Société  au  courant  du  résultat 
défînitf. 

Malgré  les  manœuvres  opératoires  multipliées,  qui  me  faisaient 


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craindre  le  développement  d'un  phlegmon  dans  cet  œil,  il  n*est  rien 
survenu  de  fâcheux,  et  c'est  à  peine  si  le  malade  à  souffert  pendant 
trois  à  quatre  jours.  Cette  immunité  des  yeux  atrophiés  pour  le 
phlegmon  traumatique,  est  un  fait  assez  fréquent  et  qui  a  été  mis  au 
jour  pour  la  première  fois  par  Weniel.  On  conçoit  de  suite  combien  ce 
fait  devra  encourager  l'opérateur,  et  de  quel  poids  il  doit  être  dans  la 
balance,  lorsqu'on  sait  juger  les  Indications  et  les  contre-indica- 
tions d^une  opération  dans  des  cas  aussi  désespérés  que  celui  de  notre 
malade. 

Cette  observation  nous  a  paru  intéressante  à  trois  points  de  vue  : 

En  tant  qu'exemple  d'une  ossification  irrécusable,  siégeant  dans  le 
plan  irien  de  l'œil,  ce  qui  est  peu  commun  ; 

A  cause  de  l'Impossibilité  de  diagnostiquer  à  l'avenir  une  ossifica- 
tion irienne,  et  des  embarras  que  l'on  se  crée  en  suivant  pour  l'opéra- 
tion les  préceptes  de  l'iridiotomie  classique  ; 

Enfin,  comme  mettant  au  grand  jour  l'inocuité  relative  des  opéra- 
tions, mêmes  graves ,  sur  des  yeux  atrophiés  depuis  longtemps  par 
la  maladie. 

Sftreème  ossifiant  de  la  mâchoire  Infférieare. 

Malgré  les  progrès  incontestables  de  l'anatomie  pathologique,  il 
reste  encore  beaucoup  à  faire  au  sujet  des  altérations  intimes  dont  le 
tissu  osseux  peut  être  le  siège.  A  ce  titre,  je  crois  que  la  pièce  que 
je  vais  vous  montrer  ne  manquera  pas  d'un  certain  intérêt. 

Un  jeune  homuiC  de  18  ans,  tisserand  de  profession,  e  i d'une  bonne 
constitution,  bien  que  maigre  et  pâle,  vint  dans  mon  service  pour  se 
faire  opérer  d'une  tumeur  qu'il  portait  à  la  mâchoire  inférieure  depuis 
dix-huit  mois  environ. 

Cette  tumeur,  née  vis-à-vis  des  premières  molah-es  gauches^  a  gagné 
de  proche  en  proche,  et  aujourd'hui  elle  occupe  la  presque  totalité  du 
corps  de  la  mâchoire,  s'éteudanlea  bas  et  du  côté  de  la  bouche  jusque 
près  de  l'os  hyoïde.  Son  volume  est  égal  à  celui  du  poing.  La  consis- 
tance en  est  uniformément  dure,  sauf  sur  le  point  correspondant  à 
la  canine  gauche  et  vers  le  fond  du  sillon  labio-gengival,où  là  masse 
se  laisse  refouler,  en  produisant  un  bruit  particulier^  comme  si  des 
trabécules  osseuses  se  brisaient  sous  le  doigt.  La  peau  et  la  muqueuse 
glissent  librement  sur  la  tumeur.  Nulle  part,  on  ne  perçoit  des  batte* 
ments  ou  du  souffle,  et  la  pression  ne  provoque  aucune  douleur.  Pas 
de  ganglions  engorgés  et  pas  de  douleurs  spontanées. 

Du  côté  de  l'hérédité,  on  n'a  rien  à  signaler  de  saillant. 


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Les  dents  étant  au  complet  sur  la  mâchoire  inférieure,  nous  ne  pou- 
vions nous,  arrèter.longtemps  à  Tidée  d'un  odontonïe. 
.    Une  exostose  ou  une  hjpérostose  ne  pouvaient  pas  non  plus  être 
admises,  vu  la  croissance  rapide  delà  tumeur. 
, .  Dès  lors,  on  n'avait  à  se  prononcer  qu'entre  une  production  carci- 
aomateuSjÇ,  un  myé|oplaxe  ou  une  tumeur  fibro-osseuse. 

L'absence  de  tout  engorgement  ganglionnaire,  la  conservation  de  la 
santé  générale,  la  solidité  des  dents,  bien  qu^elles  fussent  toutes  im- 
plantées par  leur  racine  dans  la  production  morbide,  et  le  défaut  de 
toute  douleur,  nous  ont,  engagé  à  éliminer  de  notre  diagnostic  une 
tumeur  maligne,  pour  nous  rattacher  complètement  à  Tidée  d*un 
ostéofibrome. 

A  l'aide  d*une  incision  en  fer  à  cheval,  suivant  le  bord  de  l'os,  et  de 
deux  traits  de  scie  verticaux,  nous  avons  pu,  après  dissection,  enle- 
ver le  paxillaire  et  avec  lui  la  tumeur  qui  en  faisait  partie  intégrante. 
Voici,  messieurs,  une  coupe  de  cette  tumeur. 

On  y  voit  une  surface  aréolaire,  d'un  rouge  foncé,  formée  de  Irabé- 
cules  osseuses,  entre-croisées  et  séparées  entre  elles  par  une  pulpe  ou 
moelle  rouge.  Oti  àïraît  là"  section  d'if#  c6rp*  éefvertèkres.  A  la  sur- 
face de  la  tumeur,  le  tissu  osseux  est  réduit  en  une  coque  extrême- 
ment mince,  que  le  scalper  entame  avec  là  plus  grande  facilité. 

Sans  posséder  de  gros  vaisseaux,  cette  tumeur  était  très-vasculaire  ; 
aussi,  chaque  coup  de'bistburi  qui  entamait  celle-ci  au  moment  de  la 
dissection  des  parties  molles,  faisait  sourdre  une  grande  quantité  de 
sang  en  nappe. 

À  l'aspect  de  cette  tumeur,  j'ai  déclaré,  en  me  fondant  sur  ce  que 
nous  savons  au  sujet  des  tumeurs  à  myéloplaxes,  surtout  d'après  la 
thèse  remarquable  de  M.  Eugène  Nélaton,  que  nous  avions  à  faire  à 
nne  tunaeur  de  celte  nature.  Né  voulant  pas  meHer  toutefois  aux  ap- 
parences, j'ai  confîé  l'examen  microscopique  de  la  tumeur  à  MM.  Gornil 
et  Ranyier,  dont  chacun  reconnaît  la  compétence,  en  ce  qui  regarde 
surtout  les  altérations  propres  au  tissu  osseux.  -  ' 

La  réponse  de  ces  messieurs  a  été  que,  malgré  la  coloration  d'un 
rouge  sombre  dé  la  tumeur  et  ta  présence  d'une  moelle  rappelant,  à  s'y 
méprendre,  la  coloration  splénîque,  ce  n'était  point  à  un  myér 
ioplaxe  que  l'on  avait  à  faire,  mais  bien  à  ce  que  ces  messieurs  ap- 
pellent un  sarcome  ossifiant.  Voici,  du  reste,  quelques  mots  d'explica- 
tion sur  la  structure  intime  de  la  tumeur. 

On  sait,,  aujourd'hui,  que  là  moelle  des  os  est  le  point' de  départ 
d'une  foule  de  lésions  qui  peuvent'' affecter  le  ôystème  os^seUr.  Parmi 
ces  lésions,  il  y  en  a  d'un  genre  tout  particulier,  consistant  dans  le  déve- 


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-421- 

lop^mçDt  anormal  d'élémeDis  embryopîâktrques  dané  lât  lAèelle.  C'est 
là  la  tumeur  dite  myéloïde  des  os 'ou  sarcome  myélbîde,  qnU  swirant 
que  tel  ou  tel  élément  prédomine,  prend  le  nom  de  tumeur  à  myMo- 
plaxe  (prédominance  des  myéloplaxes) ,  et  celui' de  sarcome  ossifiant, 
lorsque,.. outre  les  éléments  embryoplastiques,  des  travées  osseuses 
tendent  à  s'y  former.  Une  particularité  digne  de  remarque,  c'est  que 
les  capillaires  nombreux  qui  sillonnent  habituellement  ces  tumeurs  ont 
des  parois  très-minces,  sont  variqueux  et  irréguliers  sur  plusieurs 
points  de  leur  continuité;  c'est-à-dire  qu'ils  offrent  les  caractères 
propres  aux  vaisseaux  capillaires  embryonnaires.  Cette  disposition  des 
capillaires  expliqué  la  vaseoiaritè  de  ces  tumeurs  eè  aussi  les  kystes 
sanguins  qui  se  forment  souvent  dans  leur  intérieur,  à  mesure  que  la 
tnmeur  se  ramollît.  Le  prétendu  "ànévrisme  des  os  n'est  souvent  que 
l'exagération  de  cet  état. 

La  tumeur  qfie  j'ai  l'honneur  de  présenter  à  la  Société  est  donc 
constituée  principalement  par  des  cellules  embryoplastiques,  dont  un 
certain  nombre  se  sont  transformées  déjà  en  cellules  fibroplastiques, 
en  myéloplaxes  peu  nonbreux,  en  fibrilles  de  tissu  laraineux  et  aussi 
en  trabécules  de  tissu  osseux. 

C'est  une  chose  très-remarquable  qne  la  p^oâuclîofi  d'uni  tissu  os- 
seux nouveau,  au  milieu  des  éléments  ëmbi^yo^Iasiiquesv  C'est  là  tout 
.  à  fait  ce  qui  se  passe  dans  l'intérieur  flès  boui^gfeorts  eharn'us  prove- 
nant d'une  surface  d'os  dénudé  bu  enflammé,  avec  Cette  différence 
toutefois  que  ce  travail,  lorsqu'il  s'agit  d'une  tumeur,  n'abonlit  jjmiais 
et  se  continue,  pour  ainsi  dire,  en  pure  perte. 

En  résumé,  cette  ôbberràtiôn  nous  paraît  intéressante  à  deux  points 
de  vue. 

^  Premièrement,  elle  prouve  quil  ne  faut  pas  se  fteip  à^rexamen  à  l'œil 
nu  pour  se  prononcer  sur  la  iialnte  tnyéiOplaxîque  d'une  tumeur,  comme 
le  veut  Eugène  Nélatoi\.  Ici,  malgré  l'apparence  sp^énique  der  la  tu- 
mpur,  prétendue  caracléirisiique,  \{  s'agissait  d'une  tumeur  ^mbryo- 
plastique  contenant  à  peine  quelques  rares  myélojJlaxes. 

Deuxièipement,  elle  montre  qu'il  s'agît  dans  ce  <5a9  ►d'une  tumeur 
dont  la  structure  est  d'autant  plii's' reïûarquable,  qu'elle  nous  fait  as- 
sister au  développement  de  certaines  tumeurs  dites  'fongueuses  ou 
anévrismatiques  des  os,  qui  ont  beaucoup  embarrassé  les  chirurgiens 
à  une  certaine  époque,  et  sur  la  nature  desquelles  des  doutes  planent 
..  encore  dans  la  science. 

M.  L1É6B018.  La  tumeur  de  M.  Panas  m'a  rappelé  une  tumeur  que 
j'ai  présentée  à  la  Société  de  chirurgie,  il  y  à  cîriq  ans.  L'aspect  de 
cette  tumeur  était  tel  que  l'on  devait  songer  à  uiiè  turtieur  àmyélo» 


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—  422  — 

plaxes,  et  cependant  elle  était  uniquement  constituée  par  des  noyaux 
embrjopiastiques.  Cette  tumeur  siégeait  sur  un  jeune  sujet  (17  ans), 
et  elle  n'avait  mis  qu*une  année  à  se  développer. 

La  séance  est  levée  à  six  heures  un  quart. 

li  Secrétaircy  D'  Léon  Lktni, 


SÉAKCB     DU     18     NOVEMBBB     1868 
Présidence  de  M.  LEfiOUEST 

Le  procès- verbal  de  la  précédente  séance  est  lu  et  adopté. 

CORRESPONDANCE. 

La  correspondance  comprend  : 

—  Les  journaux  de  la  semaine. 

—  La  Galette  médicaie  de  Strasbourg. 

—  Le  Bulletin  de  thérapeutique, 

—  Étude  comparative  des  statistiques  médicales  des  hôpitaux  de  Rome 
et  de  Paris,  par  le  docteur  Vacher.  Paris,  1868. 

—  M.  le  bibliothécaire  de  l'Académie  adresse  à  la  Société  la  deuxième 
partie  du  tome  XXVIÏI  des  Mémoires  de  VAcadémie  de  médecine, 

—  Contributions  à  l*  histoire  des  fractures  et  lujcations  du  racbis. 
Thèse  inaugurale,  novembre  1868,  par  le  doctonv  T..-D    Douillet. 

—  Des  divers  modes  de  pansements  par  occlusion.  Thèse  inaugtirale, 
novembre  1868,  par  le  docteur  N.  Gavrilesco. 

—  Trois  brochures,  sur  les  Plaies  d'armes  à  feu^  adressées  par  le 
docteur  Giovanni  Melchiori,  à  l'appui  de  sa  candidature  au  titre  de 
membre  correspondant  étranger. 

—  Le  Mexique  au  point  de  vue  médico-chirurgical  (2*  volume),  par 
le  docteur  Léon  Coindet,  médecin  principal.  M.  Larrey  rappelle  que 
M.  Coindet  est  candidat  au  titre  de  membre  correspondant. 

M.  Legoubst  présente,  au  nom  de  MM.  Robert  et  Gollin,  fabricants 
d'instruments  de  chirurgie,  une  pince  destinée  à  eniever  les  polypes 
laryngiens.  Cette  pince  a  été  construite  d'après  les  indications  données 
par  M.  Cusco, 


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—  4îl3  - 

COMMUNICATION. 

Hypertrophie   générale  de  Isoleras.  Corps  flbreax  engagé 
dans  le  col.  TentatiTe  d'extraction. 

M.  TiLLAUx.  Par  suite  des  fonctions  qui  lui  sont  dévolues,  Tutérus 
est,  de  tous  les  organes  de  l'économie,  le  plus  exposé  aux  variations 
de  volume,  de  forme,  de  rapports  ;  la  grossesse,  la  menstruation,  les 
rapprochements  sexuels  Tentreliennent  dans  un  état  presque  constant 
de  congestion  et  d'irritation.  Aussi  les  lésions  dont  il  est  affecté  sont- 
elles  très-fréquentes.  L'hypertrophie,  en  dehors  de  la  grossesse,  bien 
entendu,  constitue  Tune  de  ces  lésions. 

L'hypertrophie  utérine  peut  être  générale  ou  partielle,  c'est-à-dire 
porter  sur  tous  les  éléments  à  la  fois  de  la  matrice  ou  sur  Tun  seule- 
ment de  ces  éléments  ;  ainsi  que  l'hypertrophie  partielle  de  la  mu- 
queuse peut  engendrer  les  granulations,  les  kystes,  les  polypes  mu- 
queux,  etc.  ;  mais  ce  sont  là  des  états  pathologiques  bien  déterminés 
auxquels  ne  convient  réellement  pas  le  mot  hypertrophie.  Les 
expressions  a  générale  et  pariklle  »  doivent  plus  justement  s'appli- 
quer, non  à  l'hypertrophie  de  l'un  des  éléments  analomiques  de 
l'utérus,  mais  à  la  portion  de  la  matrice  dont  le  volume  s'est  accru. 
C'est  ainsi  qu'il  existe  une  hypertrophie  partielle  du  corps,  une  hyper- 
trophie partielle  du  col,  ou  bien  une  hypertrophie  générale  de  la  ma- 
In'ce. 

Cette  hypertrophie  du  col  a  encore  reçu  le  nom  d'allongement 
hypertrophique,  et  a  été,  sinon  découvert,  au  moins  très-bien  étudié 
par  M.  Huguier.  Il  porte  sur  l'une  ou  l'autre  portion  du  col,  sus  ou 
Bous-vaginale,  le  corps  gardant  les  proportions  normales.  Je  ne  m'en 
occuperai  pas  ici. 

Uhypertrophie  générale  de  la  matrice  est  plus  rare.  M.  Gourly,  dans 
son  excellent  ouvrage,  donne  une  bonne  idée  de  cet  état  pathologique, 
lorsqu'il  dit  :  u  La  matrice  se  présente  sous  son  aspect  ordinaire,  mais 
plus  Yolumineuf^e  ;  on  diiait  une  matrice  appartenant  à  une  femme  de 
dimensions  colossales.  » 

Pour  M.  Courty,  l'hypertrophie  est  toujours  un  état  acquis,  résultant 
d'un  acte  morbide,  d'une  exagération  de  la  nutrition  normale,  et  non 
d'une  disposition  native. 

L'hypertrophie  utérine  peut  donc  provenir  d'un  excès  de  développe- 
ment congénital.  C'est  cet  état  que  Kiwish  appelle  hyperlrophie  primu 
tive.  Laissant  de  côté  cette  variété,  qui  constitue  plutôt  un  fait  térato- 
logique,  nous  pensons,  avec  M.  Courty,  que  l'hypertrophie  de  l'utérus 
doit  être  divisée  en  essentielle  et  eu  symptomatique. 


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-  424  — 

La  première  espèce,  ou  hypertrophie  essentielle^  reconnaît,  sans 
doute  pour  cause  les  congestions  répétées  de  Tutérus;  mais  il  faut 
bien  Jnvoq^r  une  dispostioQ,  sp^çiaiç  d^  r.org;^ne^  puisque  cet  état 
est  rare,  eu  égard >à  la. fréquence  des  congestions. 

Un^  autre  cause,  est  le  défaut  d'évolution  rétrograde  que  la  matrice 
subit  d'ordinaire  à  k  suite  de  Faccouchement,  état  décrit  par  Simpson, 
qui  le  considère  comme  assez  fréquent. 

L'utérus,  ajant  subi  pendant  la  grossesse  une  hypertrophie  géné- 
rale de  tous  les  éléments  anatomiques,  conserve  un  volume  anormal 
aprè^  raccoi^chement ,  par  suite  d'u^  arrêt  de  l'absorption  de  ces 
éléments  nouveaux,  qui,  de  transitoires,  deviennent  ainsi  définitifs. 

L'hypertrophie  symptomatique  est  intimement  liée  à  la  présence  dans 
l'utérus  d'autres  états  morbides,  tels  que  polypes,  corps  fibreux. 

Ces  quelques  considérations  vont  permettre  de  mieux  saisir  les  par- 
ticularités du  fait  suivant. 

Le  5  mars  d$68,  la  nommée  J...  (Catherine),  âgée  de  47  ans,  se 
présentait  à  la  consultation  de  l'hôpit^il  Saint-Antoine  pour  se  faire 
soigner  de  pactes  utérines  qu*elle  éprouvait  dep^is  quelques  jours. 

Le  toucher,  pratiqué  immédiatement,  me  permit  de  constater  une 
dilatation  du  col,  de  la  dimension  d'une  pièce  de  1  franc,  et  la  pré- 
sence d'une  production  mori)ide  remplissant  entièrement  cet  orifice.  Je 
crus  à  un  commencement  d'expulsion  spontanée  d'un  corps  Çbreux,  et 
reçus  cette  malade  dans  la  salle  Sainte-Madeleine,  u^  10.  Le  lendemain, 
malin,  je  constatai  ce  qui  suit  : 

L'état  général  est  peu  satisfaisant;  car,  depuis  plusieurs  jours,  les 
pertes  utérines  sont  continues.  La  teinte  de  la  peau  est  jaune,  presque 
cachectique,  et  les  forces  épuisées.  L'attention  est  particulièrement 
attirée  sur  l'iétat  de  la  cavité  abdominale.  Les  parois  très-minces  de 
cette  cavité  permettent  de  sentir  aisément  une  tumeur  occupant  tout 
l'hypogastre,  la  région  ombilicale,  une  partie  de  l'épigastre  et  se  pro- 
longeant latéralement  dans  les  fosses  iliaques.  Le  ventre  rappelle  celui 
d'une  femme  enceinte  de  sept  mois  environ.  Cette  tumeur  est  très- 
dure,  parfaitement  lisse  sur  toute  son  étendue  et  d'une  mobilité 
extrême  dans  la  cavité  abdominale,  où  elle  est  en  quelque  sorte  flot- 
tante. A  l'aide  du  toucher,  on  constate  la  dilatation  du  col  dont  j'ai 
déjà  parlé,  ainsi  que  la  production  qui  le  remplit.  L'utérus  n'est  pas 
abaissé. 

C'est  bien  cet  organe  qui  remplit  la  cavité  abdominale  ;  car  le  plus 
petit  mouvement  provoqué  par  le  palper  hypogastrique  est  transmis 
au  col.  Ces  explorations  ne  sont  nullement  douloureuses.  La  malade 


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-  425  - 

perdant  aboudamment,  je  ne  crus  pas  devoir  compléter  le  diagnostic  à 
l'aide  du  cathétérisme  utérin. 

J'appris  que  le  début  remontait  à  une  quinzaine  d'années  environ, 
et  que  depuis  cette  époque  apparaissaient  les  pertes  périodiques»  plus 
ou  moins  abondantes,  qui  avaient  contraint,  à  plusieurs  reprises,  la 
malade  à  un  repos  absolu.  Cependant,  la  perte  actuelle  dépassait,  en 
quantité,  les  pertes  précédentes.  Un  renseignement,  sur  lequel  j'ap- 
pelle spécialement  l'attention,  nous  étonna  au  plus  haut  point.  La  tu- 
meur,  d'après  la  malade,  fort  intelligente»  du  reste,  est  soumise  à  des 
variations  périodiques  dans  son  volume.  Elle  arrive  au  degré  où  on  la 
voit  aujourd'hui,  puis  elle  diminue,  descend  peu  à  peu,  arrive  au 
pubis,  pour  devenir  à  peine  appréciable  à  la  vue  et  au  toucher.  Dans 
les  premières  années,  il  ne  restait  même  absolument  aucune  Irace  de 
gonflement.  J'avoue  qu'en  considérant  la  dureté  excessive  de  l'utérus, 
je  ne  crus  pas  à  ce  récit,  et  pour  m'assurer  de  sa  véracité,  je  traçai 
tous  les  jours  une  ligne  exacte  de  démarcation  sur  la  paroi  abdomi- 
nale avec  un  crayon  de>nitrate  d'argent.  Il  fallut  bien  les  jours  sui- 
vants convenir  que  la  malade  avait  raison;  car  les  courbes  devinrent 
de  plus  en  plus  concentriques,  et  nous  pûmes  finalement  constater 
une  diminution  d'à  peu  près  les  deux  tiers.  Pendant  ce  temps,  les 
perles  continuaient,  et  la  malade,  devenant  de  plus  en  plus  anémique, 
exécutait  à  peine  quelques  mouvements  dans  son  Ht.  Enfin,  après  dix 
jours  environ  de  séjo.  r  à  rhôpital,  le  sang  cessa  de  couler,  et  la  ma- 
lade nous  annonça  que  nous  allions  voir  sa  tumeur  augmenter  de  nou- 
veau, en  même  temps  que  sa  santé  générale  s'améliorerait  sensible- 
ment. C'est  ce  qui  arriva  en  effet  rapidement;  car  l'utérus  mit,  pour 
reprendre  son  volume  primitif,  une  durée  bien  moindre  que  celle  qu'il 
avait  mise  à  décroître.  Bref,  l'examen  attentif  et  prolongé  de  cette 
malade  nous  conduisit  à  cette  certitude  :  tous  les  mois,  à  l'époque  des 
règles,  survenaient  dés  perles  plus  ou  moins  abondantes,  accom- 
pagnées de  malaise  général,  d'affaiblissement  extrême,  et  pendant  ce 
temps  la  tumeur  abdominale  diminuait.  Les  perles  disparues,  la  santé 
redevenait  satisfaisante,  et  la  tumeur  augmentait. 

Plus  d'un  mois  après  l'entrée  de  la  malade  à  l'hôpital,  le  loucher 
vaginal  donnait  le  même  résultat  qu'au  début.  La  dilatation  du  coi 
n'avait  pas  varié,  non  plus  que  la  partie  qui  y  était  engagée.  Du  reste, 
il  n'y  avait  jamais  eu  de  douleurs  expulsives. 

Mon  diagnostic  avait  été  :  corps  fibreux  de  l'utérus.  Il  me  manquait 
toutefois  la  notion  importante  fournie  par  le  cathétérisme  utérin,  que 
je  n'osais  pratiquer  durant  les  pertes  et  que  la  malade  aurait  liiiTicil  - 
ment  accepté  pen  iant  sa  période  de  bien-être. 

2»  série,—  tombix.  5/j 


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•   ■*■     '426    -^  ',.:•.,.,. 

Saaa  e^pliquar  les  oscillations  si  singulières  de  la  tumeur,  différeatës 
hypothèses  furent  émises.  Suivant  les  uns,  le  sang  s'épanchait  dans 
les  cavités  kystiques  et  se  déversait  au  dehors.  Suivant  d'autres,  le 
sang  s'épanchait  peu  à  peu  entre  la  paroi  utérine  et  ja  tunleur  elie- 
mémç.  Mais  ces  hypothèses  ne  pouvaient  pas  être  exactes.  Puisque,  en* 
effet,  Is'amélioratiopi  de  la  santé  coïncidait  avec  l'augmentation  de  la 
tumeur,  c^est  que  le  sang  ne  sortait  pas  des  vaisseaux,  sans  quoi  la 
malade  aurait  éprouvé  les  symptômes  d'une  hémorragie  interne.  Lés 
variations  de  la  tumeur  dépendaient  évidemment  de  phénomènes  con- 
gestifs.  Mais  où  se  faisait  celte  congestion?  dans  le  corps  fibreux  saus 
doute.  De  ces  différentes  hypothèses,  aucune  n'était  vraie. 

Mon  collègue  M.  Laboulbène,  auquel  je  ûspart  de  ce  cas  remarquable, 
voulut  bien  prendre  la  malade  dans  son  service ,  afin  d*étudier  par 
Itti-^Qième  les  phénomènes  que  j'ai  signalés.  11  la  garda  plusieurs  mois 
dans  ses  salles,  et  constata  aussi  les  variations  périodiques  de  la 
tumeur. 

Cependant,  la  malade  s'affaiblissait  de  plus  en  plus ,  la  période  ré- 
paratrice diminuant  à  l'avantage  de  la  période  des  pertes.  Elle  de- 
mandait instamment  une  opération  quelconque,  qui  la  débarrassât,  et 
M.  Laboulbène  réclamait  également  l'intervention  de  la  chirurgie. 
J'avoue  que  l'obscurité  du  diagnostic  éloignait  de  moi  la  pensée  d'agir 
activement. 

La  malade  étant  rentrée  dans  mon  service  le  22  septembre,  j'at- 
tendis la  bojme  période,  et  le  13  octobre,  je  pratiquai,  pour  la  première 
fois,  le  cath^térisme  utérin,  assisté  de  M.  Laboulbène.  Une  sonde  en 
gomme  élastique,  munie  d'un  mandrin,  aisément  introduite  entre  la 
lèvre  du  col  et  la  tumeur  qui  y  était  incluse,  fut  portée  à  une  profon- 
deur de  10  à  12  centimètres  environ  dans  la  cavité  utérine  et  put  dé- 
crire une  demi-circonférence  autour  du  prolongement  cervical.  Nous  en 
conclûmes  que  si  le  corps  fibreux  était  adhérent  sur  certains  points, 
il  était  au  moins  libre  sur  une  grande  partie  de  sa  surface;  conclusiou 
aussi  peu  exacte  que  le  diagnostic  lui-même.  Je  signalerai  dans  un 
instant  la  cause  d'erreur. 

L*extirpation  par  le  vagin  était  irréalisable,  dans  l'hypothèse  d'un 
corps  fibreux  ordinaire.  Gomment,  en  effet,  faire  sortir  par  les  voies 
naturelles  une  tumeur  dure,  remontant,  à  trois  travers  de  doigts,  au- 
dessus  de  rombiiic  ?  L'extirpation  par  la  cavité  abdominale  n'était 
pas  plus  rationnelle,  puisque  la  tumeur  ne  proéminail  pas  vers  le  pé- 
ritoine, mais  au  contraire  était  engagée  dans  le  col  utérin. 

Une  seule  hypothèse  pouvait  autoriser  l'intervention  chirurgicale, 
c'est  la  suivante  :  puisque  la  tumeur  subissait  des  oscillations  con- 


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—  427  — 

sidérables  dans  son  volume,  puisque,  selon  moi,  ces  oscillations  étaient 

,.  dues  à  lajcongestion  du  corps  fibreux,  ou  du  moins  du  corps  inclus  , 

.  c'est  que  ce  corps  n'était  pas,'en  réalité,  aussi  dur  qu'il  le  parafssait 

au  palper  abdominal.  Peut-être  même  n'était-ce  pas  un  corps  fibreux, 

mais  bien  une  de  ces  tumeurs  molles,  Vasculaires,  grisâtres,  de  nature, 

épithélio-glandulaîres,  analogues  à  celles  dont  j'avais  y»  deux  fois 

..  M.  le  professeur  Gosselin  faire  Textirpation.  Dans  cette  bypotbèse,  la 

product,ion  morbide,  quoique  très-volumineuse,  fortement  saisie  avec 

de^.érignes,  pourrait  sortir  par  le  col  et  le  vagin,  comtae  à  travers 

une  filière.     ,  ? 

C'est  dans  Tespoir  de  rencontrer  une  disposition  semblable,  que  je 
me  décidai  à  Popération,  pratiquée  en  présence  de  mes  collègues  de 
rhôpiral  Saint-Antoine,  MM.  Axenfeld,  Labouîbène  et  Millard.' 

L'effacement  complet  du  col  etracc'ollement  de  ses  lèvres  avec  la  tu- 
meur en  rendant  la  dilatation  impossible,  je  fis  quà;tre  petits  débride- 
ments  sur  son  pourtour.  L'étroitesse  et  la  profondeur  du  Vagih''ren- 
daient  les  manœuvres  assez  laborieuses ,  et  j'eus  quelque  peine  à 
.  fîxev  30}ideinent  une  pince  de  museux  sur  la  tumeur.  Les  tractions, 
aidées  d'une  forte  pression  sur  Fabdoiiicn,  ne  firent  pas  descétîdre 
l'utérus  d'un  millimètre.  Le  tissu  se  déchirait.  Je  pus,  néanmoins,  îm- 
planter,  l'une  au-dessus  de  l'autre,  trois  pinces  de  museux  et  faire 
une  traction  énergique;  un  morceau  de  la  tumeur  se  détacha,  et  ce  fut 
tout.  Je  renonçai  à  poursuivre,  et  la  malade  fut  reportée  dans  son  lit. 
Suites  immédiates  simples.  Journée  et  nuit  qui  suivirent,  très-bonnes. 
Ni  douleur  ni  hémorrhagie.  Cependant  la  malade,  arrivée  à  la  période 
extrême  de  l'anémie,  s'éteignit  le  troisième  jour,  sans  avoir  éprouvé 
d'accidents.  '  "     ' 

Autopsie.  Quelques  anses  intestinales  présentaient  l'aspeèt  poisseux 
de  la  péritonite  au  début.  Aucun  épanchement  dans  le  petit  bassin. 

J'enlevai  la  tumeur  en  totalité  avec  le  vagin. 

Les  dimensions  étaient  les  suivante^  :  ;     '  ' 

Diamètre  vertical,  20  centimètres. 
.     Diamètre  transversal,  18  centimètres. 
. .  Diamètre  anléro-postérieur,  10  centimètres. 

Son  poids  était  dé  2  kilogrammes.  Son  volume  total  représentait 
environ  celui  d'une  tête  déjeune  garçon  de  8  à  10  ans. 

La  surface  extérieure,  de  couleur  gris-blanchâtre,  était  parfaitement 
lisse,  sauf  en  deux  endroits,  oii  se  trouvaient  des  corps  fibreux  :  l'un 
pédicule,  du  volume  d'une  noix;  l'autre  sessile,  du  volume  d'une  noi- 
sette. Elle  n'avait  contracté  d'adhérence  qu'à  sa  partie  supérieure,  avec 
le  grand  épiploon. 


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—  428  — 

Une  coupe  verticale,  pratiquée  sur  toute  la  hauteur  de  la  face  anté- 
rieure, nous  permit  de  constater,  à  notre  grand  étonnement,  que 
cette  masse  n'était  autre  chose  que  Tutérus  hypertrophié. 

De  corps  fibreux,  il  n*y  en  avait  point,  ou  du  moins  le  premier 
examen  avec  M.  Laboulbène  ne  nous  en  fit  pas  découvrir.  La  portion 
engagée  dans  le  col  paraissait  être  une  dépendance  de  la  paroi  laté- 
rale droite  de  Tutérus,  une  prolongation  du  tissu  utérin  lui-même. 
Mais  en  examinant  plus  tard  en  détail,  et  surtout  en  faisant  une 
coupe  sur  cette  espèce  de  champignon  engagé  dans  le  col,  il  fut  aisé 
de  constater  la  présence  d'un  véritable  corps  fibreux,  ayant  le  volume 
et  la  forme  d'un  œuf  de  poule  à  grosse  extrémité  dirigée  en  haut  et 
recouverte  par  les  fibres  de  l'utérus,  à  petite  extrémité  engagée  dans 
le  col.  La  coupe  permit  encore  de  voir  qu'il  li'avait,  par  sa  grosse 
extrémité,  aucune  connexion  avec  le  tissu  de  l'utérus  dont  il  était  sé- 
paré par  une  surface  séreuse. 

La  pièce  présentait  donc  deux  étals  morbides  distincts  :  un  utérus 
énormément  hypertrophié  et  un  petit  corps  fibreux  engagé  dans  le 
col. 

Nous  trouvâmes,  au  premier  coup  d'œil,  en  examinant  la  coupe  de 
la  paroi  utérine,  l'explication  du  phénomène  qui  nous  avait  tant 
intrigués  ;  je  veux  parler  des  variations  périodiques  dans  le  volume 
de  la  tumeur.  Le  tissu  de  l'utérus  était  traversé  par  des  canaux  multi- 
pliés à  l'infini,  dont  quelques-unes  avaient  bien  un  centimètre  de  dia< 
mètre;  c'était  un  véritable  tissu  spongieux. 

En  même  temps  que  les  parois  utérines  étaient  hypertrophiées ,  la 
cavité  était  agrandie;  c'était  donc  une  hypertrophie  excentrique. 

Les  dimensions  étaient  les  suivantes  ; 

Épaisseur  de  la  paroi  antérieure,  5  centimètres. 

Épaisseur  de  la  paroi  latérale,  7  centimètres. 

Épaisseur  du  fond  de  l'utérus,  8  centimètres. 

Hauteur  de  la  cavité  utérine,  12  centimètres. 

Cet  agrandissement  de  la  cavité  utérine,  joint  à  la  présence  d'un 
corps  fibreux  dans  le  col,  explique,  je  pense,  la  notion  inexacte  que 
nous  avait  fournie  le  cathétérisme. 

J'ai  fait  à  l'amphithéâtre  des  hôpitaux,  avec  M.  Ducoudray,  un  cer- 
tain nombre  de  préparations  microscopiques,  qui  nous  ont  démontré 
que  le  tissu  de  cet  utérus  était  entièrement  composé  de  fibres  muscu- 
laires lisses.  Le  corps  fibreux  contenait  quelques  fibres  musculaires 
de  même  nature;  mais  uu  beaucoup  plus  grand  nombre  d'éléments 
fibro-plastiques. 

Cette  observation  me  parait  offrir  un  grand  intérêt,  à  divers  points 


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—  429  — 

de  vue.  J'ai  dit  en  commençant  que  Thypertrophie  générale  deTutérui 
se  divisait  en  essentielle  et  en  symptomalique.  À  laquelle  des  deux  es* 
pèces  avons-nous  affaire  ici?  Si  Ton  se  lient  à  la  définition  que  j'en  ai 
donnée,  il  n'est  pas  douteux  qu'on  doive  classer  ce  fait  parmi  les 
hypertrophies  symptomatiques,  puisqu'il  existe  un  corps  fibreux  dans 
la  cavité  utérine.  Toutefois,  en  examinant  la  pièce,  en  considérant  ce 
petit  corps  fibreux  et  cet  énorme  utérus,  on  est  étonné  que  le  premier 
ait  pu  provoquer  le  développement  du  second  ;  je  n'en  suis  pas,  pour 
mon  compte,  parfaitement  convaincu,  et  je  pense  que  d'autres  obser- 
vations seraient  nécessaires  pour  faire  admettre  autre  chose  qu'une 
coïncidence.  Cette  hypertrophie  syraptomatique  se  concevrait  plus  aisé- 
ment si  Tutérus  avait  tenté  de  vains  efforts,  pendant  de  longues  années, 
pour  chasser  ce  corps  étranger;  mais  j'ai  déjà  dit  que  la  malade 
n'avait  jamais  éprouvé  de  douleurs  expulsives. 
.  L'hypothèse  d'une  hypertrophie  par  arrêt  d'évolution  rétrograde, 
telle  que  l'a  décrite  Simpson,  ne  pouvait  pas  être  émise,  car  la  ma- 
lade n*avait  jamais  eu  d'enfant. 

Nous  nous  sommes  trouvés  en  présence  d'un  symptôme  fort  insolite, 
l'augmentation  et  la  diminution  périodiques  de  la  tumeur.  Les  auteurs 
qui  traitent  de  l'hypertrophie  utérine  n'ont  pas  noté  ce  signe.  11  serait 
d'une  haute  utilité  de  savoir  s'il  est  constant  dans  les  cas  de  ce 
genre,  puisqu'il  donnerait  au  diagnostic  une  grande  précision.  Les 
fibromes  étant  très-peu  vasculaires  et  par  conséquent  incapables  de 
produire  ces  variations  de  volume,  on  pourrait  peut-être,  lorsqu'il  y 
a  coïncidence  d'une  hypertrophie  et  d'un  corps  fibreux,  reconnaître 
ce  qui  revient  à  Tunet  à  l'autre  de  ces  états  morbides,  par  la  différence 
de  volume  de  la  tumeur,  avant  et  après  la  période  de  congestion. 

La  thérapeutique  chirurgicale  tirerait,  certes,  un  grand  bénéfice  de 
la  notion  plus  rigoureuse  du  diagnostic. 


DISCUSSION 

M.  Despbés.  J'ai  observé  à  l'hôpital  de  Lourcine  deux  malades  qui 
ont  présenté  les  mêmes  phénomènes  que  M.  Tiilaux  a  remarqués  chez 
la  sienne.  J'avais  d'abord  pensé  à  l'existence  de  corps  fibreux,  qui 
avaient  diminué  considérablement  de  volume,  comme  dans  le  cas 
signalé  par  M.  Béhier  à  la  Société  de  médecine  des  hôpitaux.  J'aban- 
donnai bientôt  cette  manière  de  voir,  et  je  pus  me  convaincre  qu'il 
s'agissait  de  rétention  du  sang  dans  l'utérus,  par  suite  de  la  déviation 
de  cet  organe. 


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—  430  — 

Uoede  mes  malades,  après  une  époque  prolongée,  vit  disparaître  la 
tumeur  ;  on  né  sentait  plus  rien  au  niveau  de  i'hypogastre. 

Deux  mois  après,  il  était  de  nouveau  faèile  de  sentir  une  tumeur 
grosse  comme  le  poing;  puis  un  mois  plus  tard,  tout  avait  de  nouveau 
disparu,  et  la  malade  quittait  Thôpital,  ayant  un  utérus  parfaitement 
normal. 

,    Dans  le  deuxième  cas,  il  existait  une  antéflexion  de  Tulérus.  L'utérus 
^vait  doublé  de  volume,  les  souffrances  étaient  très-vives.  Au  bout  de 
.  deux  jours,  le  sang,  en  partie  coagulé;  sortit  tout  d*un  coup.  Et  tout 
rentra  dans  Tordre. 

.  En  me  rappelant  les  travaux  de  M.  Puech,  et  en  comparant  le  fait 
de  M.  Tillaux  avec  ceux  qui  ont  été  cités  par  ce  médecin,  je  pense  qu'il 
s'agit  là  d'un  cas  d'hypertrophie  de  Tutérus,  développée  par  suite  de 
l'écoulement  incomplet  des  règles.  L'écoulement  était  rendu  difficile, 
à  cause  de  Texistence  d'un  corps  fibreux  au  niveau  de  l'union  du  coi 
avec  le  corps. 

A  chaque  époque,  l'utérus  était  obligé  de  se  contracter  violemment 
..pourchasser  le  sang;  de  là  est  venue  l'hypertrophie  dé  ses  fibres.  Plus 
t^rd  est  arrivée  une  période  où  l'écoulement  sanguin  a  été  très-abon- 
.  dant  ;  car  cet  écoulement  était  constitué  par  le  sang  des  règles  accu- 
mulé dan^  l'utérus,  et  par  le  sang  qui  s'écoulait  sous  l'influence  d'un 
corps  fibreux  développé  dans  l'épaisseur  de  la  paroi  utérine. 

M.  GuÉNioT.  Dans  l'observation  de  M.  Tillaux,  il  y  a  deux  faits  im- 
portants à  noter  :  1*  l'hypertrophie  du  tissu  utérin;  2"  les  modifica- 
tions alternatives  survenant  dans  le  volume  de  l'utérus. 

Il  faut  d'abord  remarquer  que  cette  hypertrophie  est  très-considé- 
rable. L'utérus  pesait  2,000  grammes,  et  dans  la  moyenne  des  cas 
d'hypertrophie,  il  ne  dépasse  pas  800  a  1,000  grainnjes. 

Relativement  à  la  cause  productrice  de  l'hypertrophie,  je  dois  faire 
observer  qu'il  existe  une  disproportion  très-grande  entre  cette  hyper- 
trophie et  le  volume  du  corps  fibreux,  de  sorte  que  je  ne  pense  pas 
qu'on  puisse  rattacher  l'hypertrophie  à  la  présence  du  corps  fiibreux. 
11  me  paraît  légitime  d'admettre  là  une  cause  que,  il  faut  bien  l'avouer, 
nous  ne  pouvons  encore  précisei^.  ' 

.  M.  Després  pense  que  les  efforts  de  contraction  de  la  matrice  à 
l'époque  de  la  période  menstruelle  suffii'aient  pour  expliquer  ce  dé- 
veloppement anormal.  Je  ne  pense  pas  qu'on  puisse  invoquw  une 
pareille  raison,  car  les  règles  coulaient  et  la  tumeur  fibreuse  n'obs- 
truait pas  le  canal  cervical. 

Le  second  point,  celui  qui  est  relatif  aux  modifications  alternatives 


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-  431  - 

qui  survenaient .xlûûâ  le  YOlume  de  l'utérus,  à  l'époque  de  la'mens- 
truation,  est  très-intéressant,  à  propos  de  la  question  d'influencè'que ' 
'  peut  avoir  la  présence  du  corps  fibreux  sur  la  grossesse. 

MM.  Guyon  et  fiailly  ont  fait  connsdtre  à  la'Sôciéié  des  cas  ana- 
logues. 

Les  femmes  qu'ils  avaient  observées  présentaient  une  augmentation 
de  l'utérus  à  chaque  période  menstruelle.  La  matrice  renfermait  un 
petit  corps  fibreux.  Lorsque  la  période  menstruelle  était  terminée, 
la  matrice  diminuait  notablement  de  volume. 

M.  Guy  on  a  interprété  ces  changements  de  volume  de  la,  manière 
suivante.  11  a  cru  à  l'augmentation  du  corps  fibreux  sous  rinfiuence  de 
la  menstruation. 

J'ai  cru  pouvoir  répondre  à  M.  Guyon  que  ces  faits  ne  devaient  pas 
être  interprétés  de  cette  façon.  Je  pense  que  l'on  doit  rapporter  l'aug- 
mentation de  volume  au  tissu  utérin  lui-même  qui,  peut-être  déjà, 
avait  acquis  un  certain  degré  de  développement  par  suite  de  Texîs- 
d'un  corps  fibreux. 

Je  crois  que  les  faits  de  MM.  Guyon  et  Bailly  doivant  être  inter- 
prétés de  cette  façon,  et  le  fait  de  M.  Tillaux  me  paraît  donner,  à  cette 
manière  de  voir,  une  confirmation  pleine  et  entière.  Il  est^évident  que, 
dans  ce  dernier  cas,  le  changement  de  volume  était  bien  dû  au  tissu 
utérin. 

Je  ne  pense  donc  pas  qu'on  soit  autorisé  à  admettre  d'après  ces 
faits  que  les  corps  fibreux  se  ramollisseut  et  augmentent  de  volume 
pendant  les  époques  menstruelles. 

M.  D£S0RaiËA.uXp  he^  fait  rapporté  par  M.  Tillaux  me  rappelle  un 
cas  que  j'ai  observé,  il  y  a  longtemps,  avec  Chomel.  11  s'agissait  d'une 
dame  chez  laquelle  on  sentait  une  tumeur  considérable,  qui  apparais- 
sait au  niveau  du  bas-ventre  à  l'époque  menstruelle.  Puis  une  hémot- 
rhagie  se  déclarait,  elle  était  abondante  et  souvent  suivie  de  syncope. 
La  tumeur  disparaissait,  et  le  mois  suivant,  on  observait  la  même 
succession.de  phénomènes. 
Cette  dame  a  guéri  après  plusieurs  années. 
J'ai  eu  occasion  d'observer  plusieurs  corps  fibreux  considérables, 
qui  ont  eu  l'air  de  diminuer  très-notablement;  mais  je  crois,  avec 
M.Guéaiot,  que  c'est  bien  plutôt  l'utérus  hypertrophié  qui  a  diminué 
de  volume  que  le  corps  fibreux  lui-même.  L'accroissement  temporaire 
est  dû  à  la  congestion  et  quelquefois  à  l'infiammatiou  de  la  matrice. 
Dans  certains  cas,  Ton  peut  croire  à  la  diminution  d'une  tumeur 
fibreuse,  parce  que  celle-ci  s'est  enfoncée  dans  le  petit  bassin  et  est 
moins  accessible  aux  moyene  d'exploration. 


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—  432  — 

IL  TBÉL4T.  Je  crds  q^t  les  observations  de  IIM.  Désormeaux  et 
Després  n'ont  qu'un  rapport  éloigné  arec  le  fait  qui  nous  a  été  pré- 
senté. 

M.  Després,  pour  expliquer  Fhypertrophie,  a  signsdé  une  cause  qui 
est  bien  réelle.  Chaque  fois,  a-t-il  dit,  que  Touverlure  d'un  ré&ervoir 
est  rétréci,  les  parois  de  ce  réservoir  s'bypertrophient.  Oui,  ceci  est 
vrai  ;  mais  ce  n'est  pas  applicable  au  cas  de  M.  Tillaux. 

Chez  la  malade  de  M.  Tillaux,  il  n'y  a  jamais  eu  d'accidents  de  ré- 
tention, ni  rétention  véritable. 

Je  dis,  d'autant  plus  volontiers,  que  cette  explication  n'est  pas  va- 
lable pour  les  cas  de  ce  genre,  que  j'ai  eu  l'occasion  d'observer  trois 
cas  remarquables  d'hypertrophie  de  l'utérus,  et  dans  aucun  d'eux,  on 
ne  pouvait  invoquer  une  pareille  étiologie. 

Dans  un  de  ces  cas,  la  malade  avait  été  reçue  dans  le  service  de 
M.  Nélaton,  dont  j'étais  alors  l'interne.  Le  diagnostic  était  très-diffî- 
cile,  et  M.  Nélaton  avait  prié  plusieurs  confrères,  entre  autres  M.  Paul 
Dubois,  d'examiner  la  malade. 

M.  Dubois  penchait  vers  l'existence  d'une  grossesse;  mais  M.  Nélaton 
s'éloignait  de  cette  idée. 

La  malade  succomba  après  deux  mois  de  séjour  dans  le  service,  et 
l'on  put  constater  quelle  était  la  véritable  lésion. 

Il  n'y  avait  pas  traces  de  corps  fibreux;  mais  il  existait  une  véri- 
table hypertrophie  qui  portail  presque  exclusivement  sut  la  paroi  pos- 
térieure de  la  matrice. 

J'ai  observé  deux  autre»  cas  qui  me  permettent  de  dire  qu'il  existe 
des  hpyerlrophies  en  dehors  de  la  grossesse.  J'ai  enlevé  avec  M.  Âxen- 
feld  une  tumeur  hypertrophique  énorme  du  col  utérin.  J'en  ai  enlevé 
une  autre  moins  considérable. 

Dans  le  fait  de  M.  Tillaux,  il  faut  le  remarquer,  l'hypertrophie 
était  générale,  non  limitée  à  un  point,  comme  dans  la  plupart  des  cas. 

Je  me  résume  en  disant  que  l'on  ne  peut  accepter  l'hypothèse  phy- 
siologique proposée  par  M.  Després,  et  qu'il  faut  bien  reconnaître  que 
dans  ces  cas  il  s'agit  d'une  hypertrophie  datant  généralement  de  loin 
et  développée  sous  l'influence  de  causes  qui  nous  échappent  encore. 

M.  Després.  Si  j'avais  des  pièces  pathologiques,  sur  lesquelles  je 
montrerais  le  sang  retenu  dans  l'utérus,  mon  hypothèse  serait  une 
j-éalité.  Cependant,  en  considérant  bien  l'état  de  la  malade  de  M.  Til- 
laux, l'état  de  la  pièce,  et  surtout  en  les  comparant  avec  ce  qui 
se  passe  pour  d'autres  malades  atteints  de  rétrécissement  arrêtant 
l'écoulement  des  liquides  normaux,  on  arrive  à  la  conclusion  que 
dans  ce  cas  le  sang  ne  s'écoulait  pas  normalement. 


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—  433  — 

MM.  Trélat  et  Guéuiot  digent  qu'il  n'y  avait  pas  de  rétention  du 
sang ,  puisqu'il  s*écoulait  du  sang  et  même  des  caillots.  Mais  ces 
caillots  mêmes  sont  une  preuve  de  la  rétention  du  sang  dausTutérus. 
Quand  j'examine,  en  effet,  des  malades  au  spéculum,  pendant  qu'elles 
ont  une  perte,  je  vois  quelquefois  sortir  des  caillots  par  le  col.  Il  suffit 
d'ailleurs  que  l'on  ait  vu  la  matrice  augmenter,  puis  diminuer,  et  que 
la  diminution  coïncidât  avec  une  perte  de  sang,  pour  qu'on  admette 
UDC  rétention. 

A  un  autre  égard,  la  rétention  complète  du  sang  des  règles  dans 
les  antécédents  de  la  malade  n'est  pas  nécessaire.  La  malade  peut 
avoir  eu  ses  règles  pendant  les  premiers  jours  par  regorgement,  puis 
progressivement,  la  résistance  étant  vaincue,  les  règles  coulaient.  Alors 
l'hypertrophie  de  Tulérus  s'explique  comme  l'hypertrophie  de  la  vessie, 
qui  existe  chez  des  individus  qui  ont  un  rétrécissement  de  l'urèthre, 
sans  avoir  jamais  eu  de  rétention  complète  d'urine. 

M.  GuTON.  Je  désire  faire  une  petite  rectification  à  ce  qu.e  vient  de 
dire  M.  Guéniot.  La  tumeur  fibreuse,  dont  j'ai  entretenu  la  Société, 
n'était  plus  fort  petite,  mais  au  contraire  fort  volumineuse. 

Je  trouve  l'interprétation  donnée  par  M.  Guéniot,  pour  expliquer 
raccroissement  de  volume,  aux  époques  menstruelles,  fort  logique, 
cependant,  je  crois  avoir  bien  constaté  que  c'était  la  tumeur  fibreuse 
elle-même  qui  augmentait  de  volume  et  non  la  matrice. 

Les  cas  d'hypertrophie  cités  par  M.  Tillaux,  par  M.  Trélat,  ne 
viennent  pas  à  l'appui  de  la  manière  de  voir  de  M.  Guéniot,  ils  sont 
parfaitement  indépendants  de  l'existence  d'un  corps  fibreux. 

M.  Després  vient  de  dire  que  dans  les  faits  qu'il  a  observés,  il  exis- 
tait bien  réellement  une  rétention  des  menstrues,  et  il  a  attribué  cette 
rétention  à  un  rétrécissement  qui  existait  à  la  jonction  du  col  et  du 
corps  de  l'utérus.  Mais  ce  rétrécissement,  il  ne  l'a  pas  démontré. 

J'ai  observé  un  grand  nombre  d'utérus,  eh  bien  !  je  dis  que  cette 
atrésie  est  excessivement  rare.  Je  n'ai  rencontré  les  rétrécissements  de 
l'isthme  de  l'utérus  que  trois  fois  sur  le  cadavre  et,  en  même  temps, 
il  existait  une  déviation .  C'était,  dans  tous  les  cas,  une  rétro-flexion 
avec  latéro-flexion,  c'est-à-dire  une  véritable  torsion  du  col;  mais  je 
n'ai  jamais  vu  d'an téfiiexion  compliquée  de  rétrécissement.  Cette  dévia- 
tion ne  peut  jamais  aller  assez  loin  pour  empêcher  la  cavité  du  corps 
de  communiquer  librement  avec  celle  du  col,  ou  du  moins  pour  pro- 
duire un  rétrécissement  permanent. 

M.  DEMARQUAT.  J'ai  eu  occasion  d'observer  dernièrement  une  hy- 
pertrophie considérable  de  l'utérus,  compliquée  de  kyste  dans  l'épais- 
seur de  la  paroi  utérine,  sans  que  j'aie  pu  trouver  l'épine,  le  corps 
2«  série.  —  tome  ix.  55 


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—  4S4  — 

fij^etix  qui  aurait   été  le  point  de  départ  àt  cette  hypertrophie. 

Daûs  mon  service»  entra,  il  y  a  quelque  temps  une  dame  de  40  ans, 
vierge,  qui  me  fut  envoyée  pour  subir  l'opération  de  l'ovariotomle. 
J*eîaminai  la  malade,  je  constatai  Texislence  d'une  tumeur  ovalaire, 
volumineuse,  qui  remplissait  une  grande  partie  de  Tabdomen.  Les 
règles  avaient  toujours  été  régulières,  mais  la  santé  était  notablement 
modifiée. 

Je  fis  une  ponction  et  je  retirai  six  litres  de  liquide. 

D'autres  confrères  avaient  vu  la  malade  et  tout  le  monde  avait 
admis  Texislence  d'un  kyste  de  l'ovaire. 

Je  pratiquai  l'opération  en  faisant  l'incision  de  l'abdomen  sur  la 
Dgne  médis^ne  ;  une  première  ponction  avec  un  gros  trocart  n'amena 
que  du  sang;  une  seconde  ponction  fit  sortir  une  certaine  quantité  de 
liquide,  mais  la  tumeur  ne  perdit  pas  notablement  de  son  volume;  je 
fus  obligé  d'agrandir  l'incision  de  l'abdomen,  et  je  constatai  que  j'avais 
affaire  à  un  utérus  considérablement  hypertrophié.  Je  terminai  néan- 
moins l'opération. 

M.  Depaul.  Il  y  a  un  point  qui  a  été  soulevé  dans  cette  discussion, 
c*e8t  celui  relatif  à  la  réalité  de  l'hypertrophie  de  la  matrice,  en  dehors 
de  la  grossesse.  J'ai  écouté  avec  plaisir  les  faits  relatés  par  M.  Trélat, 
parce  qu'il  y  a  quelques  années  encore,  on  professait  que  ces  hyper- 
trophies ne  pouvaient  exister.  J'ai  été  élevé  dans  ces  idées;  mais,  plus 
tard,  il  m'a  bien  fallu  me  rendre  à  l'évidence  des  faits. 

Pour  prouver  qi^e  cette  hypertrophie  peut  s'observer  dans  quelques 
circonstauces  assez  particulières,  je  ne  citerai  qu'un  seul  exemple. 

Il  y  a  quelques  années,  je  fus  appelé  à  voir  une  jeune  femme,  âgée 
de  24  ans  environ,  qui  était  accouchée  depuis  six  mois. 

Elle  souffirait  dans  le  ventre,  ne  pouvait  pas  marcher  et  perdait  ea 
blanc. 

La  palpation  à  travers  la  paroi  abdominale  laissait  constater  Taxis- 
tence  d'une  tumeur  médiane,  allongée,  et  je  crus  que  j'avais  sous 
les  yeux  un  utérus  disteiidu  par  un  produit  de  conception.  Le  col 
était  un  peu  plus  gros  que  dans  l'état  normal,  il  était  un  peu  plus 
béant. 

Cette  dame  était  nourrice,  et  celte  circonstance  a  une  très-grande 
importance.  Depuis  cette  première  observation,  en  effet,  j'ai  vu  plu- 
sieurs fois  des  hypertrophies  de  la  matrice  pendant  la  nourriture; 
aussi  il  reste,  pour  moi,  bien  établi  que  l'allaitement  ne  contribue,  en 
aucune  façon,  à  hâter  le  retour  de  la  matrice  à  son  état  iMrmal. 

Je  demandai  à  cetta  dame  si  elle  pensait  être  enceinte;  elle  me  ré- 


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—  485-^ 

pondit  que  cela  était  impossible,  et  j'avais  toutes  raisons  de  croire  à 
Ja  véracité  de  ses  paroles. 

Cependant  T utérus  était  bien  volumineux  comme  dans  une  grossesse 
de  quatre  mois  >et  demi  à  cinq  mois.  Cette  (iame  n'avait  pas  eu  sç^ 
règles  depuis  le  commencement  de  sa  première  grossesse. 

L'idée  me  vint  de  juger  la  question  à  Taide  ducathétèrisme  utérin, 
dont  je  ne  me  sers  jamais  qu'avec  une  extrême  réserve.  Au  bout  de 
trois  ou  quatre  jours,  je  revins  voir  cette  dame  et  je  trouvai  les  choses 
dans  le  même  état.  J'introduisis  alors  la  sonde  utérine  et  je  la  fis  pé* 
nétrer  facilement  à  plus  de  10  centimètres. 

Il  s'agissait  là  d'une  véritable  hypertrophie  comme  celle  qui  accom- 
pagne la  grossesse  ;  il  y  avait  épaississement  des  parois  et  élargisse- 
ment  de  la  cavité. 

Je  dis  à  cette  malade  qu^elle  devait  cesser  d'allaiter  i^n'enfant;  puis 
je  la  soumis  au  repos  et  j'employai  quelques  moyens  résolutifs  aux- 
quels j'attachais  une  médiocre  importance. 

A  partir  de  ce  moment,  je  vis  la  matrice  revenir  sur  elle-même, 
comme  chez  une  femme  nouvelleflaeiii  a^ouehée;  mais  le  retrait  se  Si 
plus  lentement. 

Les  règles  se  rétablirent,  la  malade  est  devenue  enceinte  depuis,  je 
l'ai  accouchée,  et  après  ce  nouvel  accouchement,  l'utérus  a  repris  ses 
dimensions  habituelles  dans  le  temps  normal. 

Quant  à  ce  qui  est  des  hypertrophies  partielles,  elles  «ont.  très^ 
nombreuses.  Celles  qui  existent  au  niveau  de  la  paroi  postérieure  de 
l'utérus  sont  surtout  très-fréqueotes, 

COHMISSION  DU  PRIX  PUVAL. 

La  Société  procède  à  l'électioft  de  cinq  membres  chargés  d'examiner 
les  thèses  qui  ont  été  adressées  à  la  Société  par  le  concours  du  pridu 
ùavaL 

Cette  commission  sera  composée  de  MM.  Cruveilhier  fils,  Marc  Séè, 
Guéniot,  Duplay  et  Tarnier. 

COUIIUNIOATION. 

MM.  Legros  et  Onimus  communiquent  un  mémoire  intitulé  : 
Moyen  de  combattre  les  accidents  dus  au  chloroforme  par  les  courants, 
électriques  cwtinus. 

Ce  travail  est  renvoyé  à  une  commission  composée  de  MM.  Liégçoii. 
et  Paulet. 


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PRESENTATION  DE  MALADE. 


M.  DEMARQUAT  présente  un  malade  auquel  il  a  pratiqué  la  Irachéo- 
tùmie  pour  une  tumeur  syphilitique  du  cou, 

M.  TiLLAux.  J'ai  fait  une  opération  analogue  sur  un  jeune  homnae 
qui  avait  des  accidents  syphilitiques  et  chez  lequel  il  survint  un  œdènae 
des  cordes  vocales. 

Ce  malade  a  guéri,  mais  il  a  conservé  très-longtemps  la  canule. 

PÉSENTATION  DE  PIÈCE. 

M.  DÉsoRMEAvx  présente  une  pièce  de  spina-veiUosa  du  péroné,  au 
sujet  de  laquelle  il  communique  Tobservation  suivante,  recueillie  par 
M.  Bloch,  interne  dans  son  service. 

Spina-Tentosa  da  .péponé. 

La  nommée  B...  (F.),  âgée  de  36  ans,  entre  à  Thôpital  Necker,  le 
4  novembre  1868,  salle  Sainte-Marie,  dp  13,  pour  une  tumeur  de  la 
jambe  droite. 

La  malade  a  commencé,  au  mois  de  mars  1866,  à  ressentir  de  vives 
douleurs,  sous  forme  d'élancements,  à  la  partie  supérieure  et  externe 
de  la  jambe  droite.  Au  mois  d'août  suivant,  la  malade  découvrit,  dans 
le  point  douloureux,  une  tumeur  dure,  du  volume  d*une  noisette.  Il 
résulte  des  détails  qu'on  obtient  de  la  malade  que  cette  tumeur  avait 
son  siège  au  tiers  supérieur  du  péroné.  Cette  tumeur  fit  peu  de  pro- 
grès jusqu^au  mois  de  mars  1868.  Dans  celte  intervalle,  la  malade  de- 
vint enceinte,  et,  pendant  toute  la  durée  de  la  grossesse  (du  mois 
d'avril  1867  au  4  janvier  1868),  la  tumeur,  qui  jusque-là  était  le  siège 
de  vives  douleurs,  devint  complètement  indolente  et  resta  statiounaire. 
Ce  ne  fut  que  deux  mois  après  l'accouchement,  au  mois  de  mars  1868, 
que  la  tumeur  augmenta  d'une  manière  évidente  et  redevint  doulou- 
reuse. 

Le  27  mai  1868,  la  malade  se  présenta  à  la  consultation;  mais  ne 
voulut  pas  entrer  à  l'hôpital.  À  ce  moment,  la  tumeur  avait  déjà  acquis 
un  volume  considérable;  la  peau  qui  la  recouvrait  était  saine;  elle 
n'était  pas  douloureuse  à  la  pression;  mais  elle  était, par  moments,  le 
siège  d'élancements,  de  pincements,  de  tiraillements  extrêmement  dou- 
loureux, surtout  pendant  k  nuit. 

Le  volume  de  la  tumeur  augmentant  rapidement,  la  malade  se  dé- 
cide à  entrer  à  l'hôpital,  le  4  novembre  1868. 

  ce  moment,  la  tumeur  occupe  presque  toute  la  circonférence  du 


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—  437  — 

mraibre,  ne  laissant  libre  que  le  tibia,  et  faisant  saillie  surtout  dans 
la  région  externe  et  postérieure.  La  peau  qui  la  recouvre  présente  des 
plaques  violacées,  sillonnées  par  des  capillaires  dilatés.  Les  veine;; 
cutanées  sont  également  le  siège  d'une  dilatation  considérable,  qui 
s'étend  assez  loin  dans  les  régions  voisines.  Cette  dilatation  date  du 
mois  d'août  dernier.  La  consistance  de  cette  tumeur  est  presque  par- 
tout élastique,  excepté  dans  le  point  le  plus  saillant ,  où  elle  offre  une 
mollesse  qui  donne  presque  la  sensation  de  fluctuation. 

Dans  différents  points,  on  trouve  à  sa  surface  des  plaques  d'une 
dureté  osseuse.  Elle  n'est  pas  douloureuse  à  la  pression  ;  mais  elle  est 
le  siège  de  violentes  douleurs  spontanées.  Elle  s'étend  de  haut  en  bas, 
depuis  l'angle  inférieur  du  creux  poplité  jusqu'au  niveau  de  la  réunion 
du  tiers  moyen  avec  le  tiers  inférieur  de  la  jambe.  Son  volume  entier 
peut  être  comparé  à  celui  d'une  tète  d'adulte.  On  peut  assez  facilement 
isoler  par  le  toucher  les  bords  antérieur  et  interne  du  tibia,  qui  ne 
paraît  pas  participer  à  la  lésion.  Les  ganglions  du  creux  proplité  et  du 
pli  de  l'aine  sont  sains. 

Depuis  plusieurs  mois,  la  malade  avait  le  pied  engourdi  et  presque 
paralysé,  au  point  de  ne  plus  sentir  le  soi  en  marchant.  Deux  mois 
avant  l'entrée  à  l'hôpital,  la  marche  devint  complètement  impossible. 

Depuis  le  mois  d'août,  la  malade  a  subi  un  amaigrissement  consi- 
dérable; l'appétit  s'est  pourtant  conservé.  La  face  est  pâle,  mais 
n'offre  pas  la  teinte  caractéristique  de  la  cachexie  cancéreuse.  Dans  le 
deux  derniers  mois,il  y  a  eu  de  fréquents  accès  de  fièvre,  surtout  le  soir. 

Comme  antécédents,  la  malade  a  eu  la  fièvre  typhoïde  à  2i  ans,  et  a 
fait,  en  1853,  une  chute  sur  la  jambe  droite;  mais  il  n'en  est  pas  ré- 
sulté de  fracture,  et  la  marche, n'a  pas  été  interrompue;  il  n'en  est 
résulté  aucune  douleur  persistante. 

Du  4  au  10  novembre,  la  tumeur  augmente  rapidement  de  volume  ; 
son  diamètre  horizontal  s'accroît  de  deux  centimètres,  et  son  extré- 
mité supérieure  s'élève  en  arrière,  jusqu'au  niveau  de  la  ligne  inter- 
arliculaire. 

On  diagnostique  un  spina-venlo$a  de  nature  colloïde  ou  fibro -plas- 
tique. 

En  raison  de  l'accroissement  rapide  de  la  tumeur,  il  n'était  pas 
possible  de  retarder  l'opération  sansT  s'exposer  à  amputer  le  membre 
dans  un  point  plus  élevé,  et  M.  Desormeaux  pratique  l'amputation  de 
la  cuisse  au  tiers  inférieur,  le  10  novembre  1868. 

Examen  de  la  tumeur. 

La  jambe  fut  disséquée  le  même  jour. 

Afin  de  conserver  exactement  les  rapports  de  la  tumeur  avec  le  tibia 


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-  438  ^ 

et  h  péroné,  on  en  fit  îa  section  oblique  d'arrière  en  avant  et  de 
dehors  en  dedans,  en  sorte  que  les  os  de  la  jambe  furent  sciés  tous 
les  deux  verticalement  en  deux  parties  à  peu  près  égales.  Au  moyen 
de  cette  section,  on  remarque  que  le  péroné  a  été  primitivement  en- 
vahi, car  toute  la  moitié  supérieure  est  détruite.  Il  reste  cependant  à 
la  partie  supà^ieure  une  portion  osseuse,  qui  semble  être  la  tête  du 
péroné,  ayant  subi  une  augmentation  de  volume. 

La  tumeur  adbère  au  tibia;  mais  elle  peut  facilemenl  en  être  sépa- 
rée; puis  en  se  reportant  en  arrière,  elle  refoule  les  muscles,  ainsi 
que  cela  se  constate  par  la  dissection.  La  tumeur  est  dure  et  présente 
des  incrustations  calcaires  dans  sa  partie  profonde,  du  côté  du  tibia  ; 
mais  à  la  superficie,  elle  est  ramollie  dans  uoe  étendue  peu  considé- 
rable, ainsi  qu'on  Tavait  déjà  remarqué  avant  l'amputation. 

Lea  incrustations  calcaires  de  la  partie  dure  se  sentent  nettement  au 
toucher  et  encore  mieux  lorsqu'on  y  introduit  la  pointe  du  bistouri. 
Les  portions  dures  que  Ton  sentait  à  travers  la  peau  sont  pour  la  plu-* 
part  des  portions  de  la  tumeur  renfermant  une  plus  grande  quantité 
de  sels  calcaires.  Nous  avons  examiné  au  microscope  diverses  parties 
de  la  tumeur,  et  nous  y  avons  trouvé  tous  les  éléments  qui  caracté- 
risent une  tumeur  fibro-plastique* 

En  même  temps,  nous  avons  fait  prier  le  docteur  Ranvier  de  vou- 
loir bien  examiner  plusieurs  parties  de  la  tumeur,  et  cet  histologiste  a 
étudié  des  parties  dures  et  des  parties  molles  de  la  tumeur,  ainsi  qoe 
différentes  rondelles  osseuses  du  tibia  et  du  péroné  avec  le  tissu  qui 
y  adhérait.  Voici  la  note  qu'il  a  eu  Tobligeance  de  nous  communiquer  : 

Dans  les  fragments  qui  nous  ont  été  apportés,  on  reconnaît  l'exis- 
tence d'un  tissu  formé  par  des  cellule^  fusiform«(S>  réunies  de  manière 
à  constituer  des  faisceaux  qui  s'entrecroisent  suivant  différentes  direc- 
tions; au  milieu  de  ce  tissu,  existe  de  l'inflUrnlion  caloaire  sous  forme 
de  traînées  ou  d'aiguilles 

On  constate  aussi  Texisienoe  de  qudques  îlots  cartilagineux^  peu 
étendus,  qui  subissent  eux-mêmes  presque  tous  l'infiltration  calcaire. 

Les  fra^ents  osseux  du  tibia  et  du  périmé  sont  infilU-és  d'un  tissu 
en  tout  semblable  aux  masses  périphériques. 

Sarcome  fascicule  du  périoste  et  du  péroné  infiltré  de  sels  calcaires, 
avec  petits  Ilots  cartilagineux,  reconnaissant  pour  cause  une  fracture? 

Synonymie.  -^  Tumeur  fibro-plastique.  Sarcome  fibroïde  recurriog 
de  Paget. 

La  séance  est  levée  à  cinq  heures  trois  quarts. 

li$  secrétaire,  U'  LéoN  Laws. 


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I 

SBANCfi    DU    25    NOVEMBRE    1868 
Présidenee  de  M.  LEGOUfiST 

Le  pre>cès-yerbal  de  la  précédente  séance  est  tu  et  adopté. 

CORRESPONDANCE. 

La  correspondance  comprend  : 

—  Les  journaux  de  ia  semaine. 

—  L'Aifi  dentaire, 

'^  Le  BiUletin  des  travaux  de  la  Société  impériate  de  médeme  de 
ManeiUe, 

—  Le  premier  fascicule  du  tome  VH  des  Mémoire»  dee  eoncmfrs  et 
des  savants  étrangers  de  r  Académie  royale  de  médecine  de  Beigiqae. 

M.  MoNTBiLS  (de  Monde),  membre  correspondant,  adresse  à  la 
Société  plusieurs  observations  intéressantes. 

L  €aiie«v  de  1«  vergue.  —  L'amputation  de  la  verge  a  été  faite  en 
un  seul  temps  avec  un  couteau  à  amputation.  Puis,  le  chirurgien  a 
incisé  Turèthre  à  sa  partie  inférieure,  a  renversé  la  muqueuse  et  Ta 
maintenue  par  deux  points  de  suture.  Le  résultat  de  cette  opération  a 
été  très-satisfaisant. 

II.  Cancer  à,  mmtéhe  nigué.  -*  M.  Monteils  fait  connaître  deux 
cas  de  cancer  à  marche  très-ral^ide. 

L'un  des  malades  était  affecté  de  tancer  cutané  de  la  joue,  de  Taiie 
du  nez  et  de  la  paupière  inférieure  du  côté  gauche.  L*autoplastie  par 
déplacement  d*un  lambeau  frontal  fut  pratiquée.  La  guérison  parut 
obtenue  et  se  maintint  pendant  deux  mois.  Au  bout  de  ce  temps  la  ré- 
cidive eût  lieu  dans  le  globe  oculaire  et  la  mort  arriva  très*rapid»- 
ment. 

Chez  un  autre  malade,  il  s'agissait  d*un  cancer  épithèlîal  de  la 
langue.  La  cautérisation  avait  été  employée  plusieurs  fois  infructueuse- 
ment. M.  Monteils  enleva  la  tumeur  à  Taide  de  Técraseur  linéaire. 
La  guérison  parut  certaine  pendant  deux  mois;  mais  bientôt  la  réci- 
dive avait  lieu  dans  les  gangHous  sous- maxillaires  du  c6tégauehe>  et 
le  malade  mourait  rapidement. 

M.  Monteils  fait  remarquer  que,  dans  ces  deux  derniers  cas^  si  Ton 


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—  440  — 

retranche  de  la  durée  totale  du  mal  la  durée  de  temps  de  la  guérison 
apparente,  ou  trouve  que  le  cancer  épithélial  de  la  face  a  été  mortel 
au  bout  d'un  an,  et  celui  de  la  langue  au  bout  de  sept  mois. 

DISCUSSION. 
Hypertrophie  de  rateras. 

M.  TiLLAux.  Je  désire  répondre  en'  quelques  mots  aux  observations 
qu'ont  bien  voulu  faire  plusieurs  de  mes  collègues  sur  ma  communi- 
cation. 

L'hypertrophie  générale  de  Tutérus,  que  je  vous  ai  présentée,  sou- 
lève, à  mon  avis^  trois  questions  : 

1°  M'adressant  à  nos  collègues  qui  s'occupent  plus  spécialement 
d'accouchements  et  de  maladies  utérines,  je  leur  ai  demandé  si  Thy- 
pertrophie  générale  de  l'utérus,  portant  sur  le  corps  et  le  col,  ne  cens  - 
tituait  pas,  en  dehors  de  la  grossesse,  une  lésion  extrêmement  rare  ; 

£•  Faut-il  ranger  ce  fait  parmi  les  hypertrophies  symptomatiques, 
puisqu'il  existait,  en  même  temps  que  l'hypertrophie,  un  corps 
fibreux  inclus  dans  une  des  lèvres  du  col,  ou  bien  n'y  a-t-il  là  qu'une 
coïncidence;  devons-nous  conclure  à  une  hypertrophie  essentielle? 

3**  Le  symptôme  qui  nous  a  si  vivement  frappé,  c'est-à-dire  la  va- 
riation périodique  dans  le  volume  de  la  tumeur,  peut-il  être  considéré 
comme  spécial  à  l'hypertrophie  utérine  ? 

Ces  diverses  questions  ne  me  paraissent  pas  avoir  été  résolues  dans 
la  dernière  séance.  M. Després  a  donné  de  la  pathogéuie  et  de  la  symp- 
tomatologie  de  la  tumeur  une  explication  qui  n'est  pas  acceptable. 

Pour  lui,  les  choses  se  seraient  passées  de  la  manière  suivante  :  le 
corps  fibreux  bouchait  rorifice  de  l'utérUs  et  formait  obstacle  à  l'écou- 
lement des  règles,  qui,  à  chaque  époque  menstruelle,  s'accumulaient 
dans  la  cavité  utérine ,  la  matrice,  se  contractant  fortement  pour  vaincre 
cet  obstacle,  a  fini  par  s'hypertrophier. 

Il  explique  ainsi  et  les  variations  périodiques  dans  le  volume  et 
l'hypertrophie,  qui  est  pour  notre  collègue  symplomatique  de  la  réten- 
tion du  sang  menstruel  dans  la  cavité  utérine. 

Un  certain  nombre  de  raisons  m'empêchent  d'admettre  cette  expli- 
cation. 

Et  d'abord,  le  sang  coulait  très-facilement,  trop  facilement  même, 
puisque  la  malade  avait  des  pertes  abondantes. 

Le  corps  fibreux  oblitérait  si  peu  l'orifice  de  la  matrice,  que  j'ai  pu, 
sans  aucune  difficulté,  pratiquer  le  cathétérisme  utérin  avec  une  grosse 
sonde  en  gomme  élastique. 


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-  441     - 

La  m^laiie  n'^YJiit  \jiN^  éprouvé  de  douleu^i  ej;pj)9jirç9,  f^  f|ui 
serait  arrivé  si  l'utérus  $e  fût  péniblémept  débarrassé  de  sou  coot^j^. 

L'hypothèse  d'uA  épjUDcheineot  de  saug  4aos  la  cavité  utérine  ou 
dans  une  poche  ^dentelle  avait  été  émise  dorant  la  vie  de  la  n^ade 
et  rejetée  pour  la  raison  suivante:  c'est  que  ra^gjED^ntatioa  de  vobimis 
était  telle,  qu'il  edt  fallu  un  litre  ^u  moins  de  swg  pour  la  produire. 
Or  si  une  teUe  hémarrhagie  eût  eu  lieu,  la  malade,  loin  d'éprouver 
mie  amélioration  notable  h.  ce  moment,  eût  préseiité  les  signiç^  ordi-* 
naires  des  hémorrhagies  internes. 

J'ajoute  que  si  le  phénomène  a  été  obscur  du^^t  la  vie,  H  neTost 
plps  en  présence  de  la  pièce  anatomique. 

L'utérus,  traversé  en  tous  sens  par  de  gros  si^us  veineux,  ^ei^mb^e 
à  une  véritable  éponge.  11  ne  peut  y  avoir  doute  pour  €;eu^  q^i  ont 
vu  la  pièce  ;  les  variations  de  volume  étaient  manifestement  le  résultat 
de  la  congestion  utérine. 

M .  Després.  Depuis  la  dernière  séance,  j'ai  consulté  les  ouvraget 
dies  auteurs  que  j'avais  cités.  Dans  le  mémoire  de  JSf.  Pueçjb,  j'ai  ^i 
l'observation  d'une  malade  chez  laquelle  il  existait  une  atrésis  4u  col 
et  un  écoulement  difficile  des  menstrues.  L'incision  du  cql  fut  pra- 
tiquée et  la  jeune  fille  se  maria.  Au  bout  de  quelque  temps,  l'ateésie  re- 
parut, et  avec  elle  les  écoulements  de  sang  plus  ou  moins  iocomple^s. 
A  la  suite  d'une  troisième  opération,  la  malade  succoa^)a,  et  Jtf»  Tru- 
met  de  Foutarce  put  pratiquer  l'autopsie.  U  existait;  un  rétrécii^scmejus^t 
notable  à  l'union  du  corps  avec  le  col  de  l'utérus.  On  put  co^tate^ 
l'existence  de  deux  cavités,  une  grande  au  niveau  du  corps  et  une  petite 
au  niveau  du  col.  Chez  cette  femme,  l'utérus  était  uQlablemeint  aug- 
menté de  volume. 

Chez  la  malade  dont  je  viens  de  retracer  l'histoire,  il  exis^it  un 
obstacle  à  la  jonction  du  col  avec  le  corps  de  l'utérus,  et  cette  di^ppsi* 
tien  s'observait  aussi  chez  la  malade  de  M.  Tiilaux;  on  comprend  donc 
que  chez  cette  dernière  une  hypertrophie  se  soit  établie  lentement, 
progressivement. 

Je  n'hésite  pas  à  maintenir  ma  première  opinion.  Je  voudrais  savoir 
si  la  malade  a  présenté  des  règles  douloureuses  dès  le  jeune  â^;  s'il 
en  avait  été  ainsi,  on  comprendrait  facilement  le  développemeu-t  lent 
et  successif  de  l'hypertrophie. 

M.  Tillaux  pense  que  le  développement  intermilteM  de  l'i^érus 
était  dû  à  l'accumulation  du  sang  dans  les  veines  volumineuses  qu'il 
nous  a  montrées;  mais  rien  ne  prouve  ce  qu'il  avance. 

Dans  ce  cas,  Thypertrophie  a  été  due  aux  règles  difgciles  et  à  la 
présence  du  corps  fibreux. 

2«  série,  —  tome  ix.  56 


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—  442    - 

M.  Chassaignac.  Sf  j'avais  en  Thonneur  d'être  consulté  par  M.Tillaux, 
pendant. la  vie  de  sa  malade, j'aurais  songé  immédiatement  à  l'exis- 
tence  d'un  corps  fibreux.  Dans  le  cas  de  corps  fibreux,  j*ai  vu  en  efiet 
quelques-uns  de  ces  accidents  de  l'époque  pré-menstruelle,  et  ces  acci- 
dents embarrassent  beaucoup  les  chirurgiens. 

Une  dame,  qui  était  soumise  à  l'observation  de  notre  regretté  con- 
frère le  docteur  Marcé,  de  Nantes,  voyait  survenir,  dans  la  période  qui 
précédait  l'époque  de  ses  règles,  un  développement  considérable  de 
l'utérus  ;  puis,  au  bout  de  quelque  temps,  une  perte  abondante  avait  lieu, 
et  tout  rentrait  ensuite  dans  l'état  normal. 

Ces  phénomènes  s*étant  renouvelés  à  plusieurs  reprises,  la  malade 
allait  de  mal  en  pis.  Elle  me  fiit  alors  adressée,  et  je  fus  témoin  de 
l'une  de  ses  crises.  L'utérus  devint  gros,  un  peu  douloureux,  puis  sur- 
vint une  perte  abondante. 

MM.  Cruveilhier  et  Velpeau  furent  appelés  en  consultation.  Le 
diagnostic  ne  fut  pas  précisé,  et  on  résolut  d'attendre  une  nouvelle 
crise.  A  la  première  période  menstruelle,  je  pus  introduire  mon  doigt 
dans  l'utérus  et  sentir  un  corps  fibreux,  dont  l'existence  n'avait  pas 
été  soupçonnée. 

Plus  tard,  le  corps  fibreux  tpmba  en  gangrène,  fut  éliminé  par  lam- 
beaux et  la  malade  guérit. 

Les  cas  qui  se  rapprochent  de  celui-là  et  de  celui  de  M.  Tillaux  sont 
encore  trop*  rares  pour  que  Ton  ait  la  prétention  d'en  donner  une  des- 
cription dogmatique. 

Je  crois  qu'entre  le  fait  de  M.  Tillaux  et  le  mien,  il  y  avait  analogie, 
sous  ce  rapport  que  dans  les  deux  cas,  il  existait  un  corps  fibreux  de 
l'utérus;  mais  le  siège  de  ce  corps  fibreux  était  diiTérent. 

Je  pense  que,  chez  ma  malade,  il  n'existait  pas  une  hypertrophie 
pai'eilie  à  celle  que  l'on  a  pu  observer  sur  la  pièce  qui  nous  a  été 
présentée  par  notre  collègue. 

Je  ne  puis  me  ranger  à  l'opinion  défendue  par  M.  Després.  Pour 
expliquer  le  développement  de  l'hypertrophie,  j'attache  plus  d'impor- 
tance à  la  présence  du  corps  fibreux  qu'à  la  rétention  des  menstrues. 

M.  GuÉNioT.  M.  Després  insiste  tellement  sur  son  opinion  et  je 
suis  si  peu  disposé  à  l'admettre,  que  je  veux  encore  vous  soumettre 
quelques  observations. 

Je  veux  d'abord  vous  rappeler  que  l'hypertrophie  que  vous  avez  eue 
BOUS  les  yeux  était  en  dehors  de  toute  proportion  avec  ce  que  nous 
observons  habituellement.  Nous  savons  que  l'utérus  hypertrophié  phy- 
siologiquement,  au  terme  de  la  grossesse,  pèse  à  peine  1,000  grammes, 
tandis  que  la  matrice  qui  nous  a  été  présentée  pesait  le  double. 


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J'admets  bien  que  s'il  existait  une  hypertrophie  légère,  comme  on 
le  voit  souvent  à  la  suite  du  déyeloppement  des  corps  fibreux ,  on 
pourrait  accuser,  pour  Texpliquer^ratrésie  du  caual  cervical,  la  diffi- 
culté que  le  réservoir  aurait  à  expulser  son  contenu  ;  mais  la  dispro- 
portion qui  existe  entre  l'hypertrophie  et  les  causes  invoquées  pour 
son  développement  rendent  cette  manière  de  voir  inadmissible. 

M.  Després  paraît  embarrassé  pour  expliquer  l'augmentation  consi* 
dérable  de  la  matrice  qui  précédait  l'écoulement  sanguin  ;  il  pense  que 
la  matrice  diminuait  parce  que  le  sang  s'écoulait  au  dehors.  Il  ne  se 
passait  là  cependant  qu'un  phénomène  physiologique,  pour  ainsi  dire 
exagéré.  A  l'époque  menstruelle  la  congestion  delà  matrice  et  de  ses 
annexes  n'arrive  pas  en  même  temps  que  l'écoulement  sanguin. 
Celui-ci  est  pour  ainsi  dire  critique,  il  correspond  à  l'époque  où  la 
congestion  tend  à  diminuer. 

M.  Després  pense  que  les  veines  énormes  que  nous  avons  eues  sous 
les  yeux  n'étaient  pas  capables,  même  lorsqu'elles  étaient  distendues, 
de  produire  l'augmentation  de  volume  de  la  matrice  qui  a  été  ob- 
servé. Eh  bienl  je  pense  qu'un  utérus  dans  l'état  où  se  trouvait  celui 
DQis  sous  nos  yeux  par  M.  Tiilaux  peut  parfaitement  être  assimilé  à  un 
tissu  érectile;  or  l'on  sait  quelle  disproportion,  quant  au  volume, 
existe  dans  ce  tissu  pendant  Tétat  de  congestion  et  hors  de  cet  état. 

M.  Tiilaux  demande  si  Ton  doit  attacher  de  la  valeur  au  signe  tiré 
de  l'augmentation  et  de  la  diminution  du  volume  de  l'utérus. 

Oui,  assurément,  il  faut  attacher  de  l'importance  à  ce  signe.  On  ne 
peut,  en  effet,  le  rencontrer  que  dans  deux  circonstances  :  dans  le  cas 
de  rétention  des  règles  ou  dans  celui  de  développement  considérable 
du  tissu  veineux  et,  par  suite,  du  tissu  musculaire  de  l'utérus. 

Ceci  admis,  ce  signe  acquiert  une  très-grande  valeur  diagnoi- 
tique. 

M.  TuxAux.  Si  M.  Després  avait  vu  la  malade, il  croirait  volontiers 
à  la  congestion,  et  il  ne  soutiendrait  pas  qu'il  s'agit  simplement  là 
d'une  réplétion  de  la  cavité  du  corps  de  la  matrice.  D'ailleurs  la  ca- 
pacité de  celte  cavité  était  très -peu  considérable. 

Je  crois  que  le  fait  de  M.  Chassaignac  présente  avec  le  mien  de 
grandes  analogies;  seuleinent,  il  a  assisté  à  la  période  de  début,  tandis 
que  j'ai  vu  la  maladie  à  une  période  très-avancée. 

M.  Dëspbës.  m.  Tiilaux  m'a  fourni  un  des  meilleurs  arguments 
qu'il  me  soit  possible  d'invoquer,  en  me  disant  que  depuis  dix  ans  la 
tumeur  augmentait.  La  tumeur  a  pris  naissance,  parce  que  depuis 
longtemps  les  règles  étaient  difficiles. 

M.  Trélat.  mm.  Bernutz  et  Goupil  ont  consacré  dans  leur  livre  un 


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—  444  — 

long  arttele  à  la  rétention  des  règles.  Ss  n'indiquent  pasTopinlôn  mu- 
tenue  par  notre  eollègue.  Â-t-il  la  démonstration  que  toutes  les  fols 
qtt*il  y  a  eu  rétention  des  règles,  il  y  ait  eu  hypertrophie  consécutive? 

M.  tARNiER*  M.  Tillaux  nous  e  fait  voir  une  hypertrophie  considé- 
rable de  Tutérus.  Yoilà  le  fait  incontestable,  indéniable. 

Il  existe  un  second  fait  întéi-essant,  c*est  Taugmentation  et  la  dimi- 
nution alternative  de  Tutérus.  Quelle  valeur  faut-41  accorder  à  ce 
symptôme?  voilà  ce  que  nous  a  demandé  notre  collègue,  et  Ton  a  peu 
k^épcfhdu  à  sa  demande. 

Pour  M.  Desprès,  c'est  un  signe  de  la  rétention  des  règles. 

Quant  à  moi,  je  me  rapproche  de  Topinion  de  M.  Guéniot,  je  crois 
qu'il  s'agit  surtout  d'une  congestion. 

Mais  il  ne  faut  pas  voir  là  un  symptôme  nouveau ,  inconnu  ;  c'est 
un  fait  qui  a  été  observé  par  tous  ceux  qui  se  sont  occupés  de  mala- 
dies utérines. 

On  sait  qu'à  l'époque  menstruelle, Putérus  se  congestionne,  et  quel- 
quefois cette  congestion  détermine  une  notable  augmentation  de  vo- 
lume de  l'organe  qui  peut  doubler. 

Une  jeune  fille  vint  me  trouver,  il  y  a  quelques  années,  en  me 
demandant  si  une  jeune  fille  pouvait  avoir  une  maladie  de  l'utérus.  Je 
la  touchai  et  trouvai  le  col  ramolli.  Le  fond  de  Tutérus  atteignait 
presque  le  niveau  de  l'ombilic.  Je  pensai  à  l'existence  d'une  grossesse. 
Mais  des  règles  abondantes  étant  venues,  la  tuméfaction  de  l'utérus 
dispaVut;  puis  elle  reparut  de  nouveau,  pour  cesser  ensuite.  Ces  alter- 
natives se  reproduisirent  un  certain  nombre  de  fois. 

Depuis  cette  époque  j'ai  vu  chez  des  jeunes  filles  ou  des  femmes 
mariées  un  grand  nombre  d^exemples  analogues. 

Ces  jours  derniers,  j'ai  observé  un  fait  à  peu  près  semblable  à  ce- 
lui que  je  viens  de  rapporter. 

Ces  exemples  démontrent  d'une  façon  bien  certaine  que  tous  les 
mbis  il  y  a  congestion  de  l'utérus,  et  cette  congestion  est  d'autant 
plus  grande,  que  l'utérus  est  déjà  plus  volumineux. 

Je  suis  convaincu  que  les  phénomènes  observés  par  M.  Tillaux 
étaient  dus  à  la  congestion  qui  avait  lieu  tous  les  mois  à  l'époque  des 
règles. 

On  doit  noter,  en  outre,  que  l'utérus  peut  augmenter  de  volume 
sous  riofluence  des  rapprodiements  sexuels,  sous  l'influence  aussi  de 
causes  pathologiques,  en  un  mot  sous  d'autres  influences  que  les 
époques  menstruelles. 

Ces  i6oiigestioA&  iateraiitteiites  peuvent  quelquefois  devenir  perma- 


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--  446  -- 

nenteS)  et,  pour  interpréter  i*aagmeat4itk>ii  de  volame  de  l%téru&,  il 
faut  tenir  compte  de  la  congestion. 

L'utérus  de  la  malade  de  M.  Tillaux  est  comparable  à  Fntérus  d'une 
femme  qui  Viendrait  d'accoucher;  et  le  volume  de  l'utérus  n'est  pas 
très- éloigné  de  ce  qu'il  peut  être  après  un  accouchement;  en  effet, 
contre  l'avis  de  M.  Guéniot,  je  pense  qu'après  l'accouchement  on  peut 
voir  àe»  utérds  qui  atteignent  le  poids  de  1,400,  1,500  grammes  et 
plus. 

Reste  la  question  de  la  tumeur  fibreuse  et  du  rôle  de  celle-ci  par 
rapport  aux  accidents  observés. 

Je  croîs  qu'il  n'y  a  là  qu'un  simple  fait  de  coïncidence,  et  je  ne  puis 
pas  admettre  quMl  ait  existé  une  gêne  de  la  menstruation  par  obs- 
tacle. 

M.  Depaul.  Je  n'avais  pas  assisté  au  commencement  de  la  commu- 
nication de  M.  Tillaux,  et  je  suis  étonné  que  Ton  discute  autant  sur 
ce  fait  qui  d'ailleurs,  je  l'avoue,  est  intéressant. 

Je  suis  étonné  qu'on  ait  l'air  de  donner  comme  nouveau  le  fait  de 
l'augmentation  de  la  matrice  aux  époques  menstruelles. 

Mais  dans  le  cas  actuel,  il  ne  s'agit  pas  de  cette  augmentation  pé- 
riodique, il  s'agit  d'une  maladie  rare,  exceptionnelle,  et  qui  n'a  aucun 
rapport  avec  le  fait  que  j'ai  rapporté  dans  la  dernière  séance. 

Il  est  en  effet  tout  à  fait  exceptionnel  de  voir  ce  qui  existe  sur  la 
(Hèoe  de  M.  Tillaux,  des  sinus  tellement  larges,  qu'ils  formaient  de 
véritables  lacs  au  milieu  du  tissu  de  la  matrice*  11  existait  là  un  véri- 
table état  variqueux  des  veines  de  l'utérus. 

Cette  maladie  n'a  rien  à  faire  avec  le  corps  fiiyFeux,  sur  letpiel 
insiste  tant  M.  Després.  C'est  là,  je  le  répète,  une  observation  tout  à 
£ait  exceptionnelle;  car  nods  n'avons  vraiment  pas  affaire  à  une  hy- 
pertrophie de  la  matrice;  dans  la  véritable  hypertrophie,  en  effet,  les 
vaisseaux  de  l'utérus  ne  prennent  pas  ce  développement. 

M.  Despbés.  Je  vois  une  cavité  dans  Futérus  et  un  corps  fibreux  à 
l'orifice  du  col  ;  je  constate  une  augmentation  de  toluone  de  la  tumeur, 
lorsqu'il  ne  coule  rien  ;  une  diminution,  quand  il  y  a  des  pertes. 

Depais  dix  ans,  la  malade  avait  des  règles  pénibles,  douloureuses. 
SU  n'y  a  pas  de  faits  isolés,  je  ne  pûîs  m'empêcher  de  comparer  cette 
hypertrophie  utérine  aux  hypertrophies  du  réservoir  urinaire,  suite  de 
dysurie. 

S'il  y  a,  au  contraire,  des  faits  isolés,  on  peut  admettre  que  la  pré« 
«ence  d'un  corps  fibreux  cause  rhypertrophie,  sans  qu'en  puisse  en 
cliquer  le  mécanisme. 


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—  446  -^ 

Mais  alors,  Texplication  est  simplement  la  constatation  du  fait.  Pour 
ma  part,  je  ne  saurais  me  contenter  de  cetîe  raison.  Si  i*avais  vula 
malade  de  M.  Tillaux,  peut-être  je  trouverais  des  signes  capables  de 
confirmer  mon  opinion  sur  ce  fait  d'hypertrophie  utérine. 

M.  FoRGET.  M.  Després  ne  tient  pas  compte  d'un  des  éléments  les 
plus  importants  du  problème.  Il  admet  Texistence  d'une  cavité  où  le 
sang  se  serait  accumulé,  et  en  réalité  cette  cavité  n'existait  pas. 


LEGTORB^ 

M.  Laurent,  interne  des  hôpitaux,  donne  lecture  d'un  travail  inti- 
tulé : 

Plaie  de  V artère  popUtée,  Ligature  des  deux  bovis.  Phlegmon  diffu$. 
Mort. 

Ce  travail  est  renvoyée  l'examen  de  M.  Le  Fort. 

PRÉSENTATION  d'iNSTRUMENTS. 

M.  DuPLAY  présente  un  spéculum  nasi,  construit  sur  ses  iadicalions, 
par  MM.  Robert  et  Collin,  et  appelle  l'attention  de  la  Société  sur  les 
services  que  cet  instrument  lui  paraît  destiné  à  rendre  en  pratique,  soit 
pour  le  diagnostic,  soit  pour  le  traitement  des  maladies  des  fosses  na- 


Ge  spéculum  est  formé  de  deux  valves,  dont  Ttine,  un  peu  aplatie 
et  immobile  à  son  extrémité,  doit  répondre  à  la  cloison  des  fosses 
nasales,  et  dont  l'autre,  plus  convexe  et  appropriée  à  la  forme  de  la 
narine,  peut  s'écarter  de  la  première,  à  l'aide  d'un  curseur  mobile 
sur  une  vis. 

L'instrument  étant  introduit  jusqu'à  Tonvcrtiire  postérieure  de  la 
narine,  on  dilate  celle-ci  au  degré  voulu,  par  Técartement  de  la  valve 
externe,  et,  grâce  au  curseur,  cet  écarlement  reste  permanent  et  l'ins- 
trument demeure  fixé. 

Pour  explorer  Tintérieur  des  fosses  nasales,  on  peut  placer  la  ma- 
lade devant  une  fenêtre  bien  éclairée;  mais  l'examen  pratiqué  de  cette 
manière  est  toujours  incomplet.  Il  faut  de  toute  nécessité  avoir  recours 
à  la  lumière  réfléchie,  soit  la  lumière  solaire,  soit  la  lumière  artifi- 
cielle. 

A  cet  effet,  on  peut  faire  usage  du  miroir  laryngoscopique  mobile,  à 
l'extrémité  d'une  tige  métallique  que  l'on  fixe  sur  une  table,  maisjecon- 
seille  d'employer  de  préférence  un  miroir  frontal,  monté  sur  une  paire 
de  lunettes,  et  qui  peut  servir  ei    même  leiupî?  poui  J'e^Humn  des 


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-    447  — 

oreilles,  de  la  gorge,  etc.,  avec  cet  avantage  de  laisser  les  mains  libres 
et  de  permettre  ainsi  de  faire  certaines  opérations. 

A  l'aide  de  ce  mode  d'éclairage  et  avec  le  spéculum  nasû  j*ai  pu, 
chez  un  certain  nombre  d'individus,  chez  qui  les  fosses  nasales  étaient 
assez  larges  et  normalement  conformées,  examiner  ces  cavités  dans 
toute  leur  étendue,  et  même  découvrir  et  faire  voir  à  d'autres  per- 
sonnes une  partie  de  la  paroi  postérieure  du  pharynx. 

Cependant  les  anomalies  si  fréquentes  dans  la  conformation  des 
fosses  nasales  ne  permettent  pas  toujours  un  examen  aussi  étendu  ; 
mais  même  dans  les  cas  de  déviation  de  la  cloison  ou  de  saillies  con- 
sidérables d'un  ou  de  plusieurs  cornets,  on  parvient  à  explorer  les 
fosses  nasales  à  une  assez  grande  profondeur. 

J'ai  pu  ainsi^^ommeucer  une  étude  toute  nouvelle  des  symptômes 
objectifs  de  quelques  maladies  des  fosses  nasales,  étude  que  j'espère 
compléter  par  la  suite.  Je  me  borne  à  indiquer  aujourd'hui  l'existenco 
assez  fréquente  d'ulcérations  spécifiques  ou  autres,  siégeant  à  la  paroi 
supérieure  el  sur  les  cornets. 

La  thérapeutique  des  aSections  des  fosses  nasales  me  paraît  devoii 
bénéficier  de  l'emploi  du  spéculum  nasù  C'est  ainsi  que  j'ai  pu  traiter 
et  guérir  assez  rapidement  quelques  cas  d'ozène,  à  l'aide  de  topiques 
portés  directement  sur  les  parties  malades  et  ulcérées. 

Enfin,  c'est  surtout  pour  le  traitement  chirurgical  des  polypes  mu- 
queux  que  le  specuktm  nasi  me  paraît  devoir  être  utile.  Cette  opinion, 
que  j'émettais  déjà  lors  de  la  présentation  de  cet  instrument  à  l'Aca- 
démie de  médecine  (avril  1868),  a  été  confirmée  par  l'étude  des 
faits. 

L'emploi  du  spéculum  nasi  i^ermeiûe  substituer  à  la  pratique,  géné- 
ralement aveugle  et  presque  barbare,  de  Tarçachement,  des  opérations 
plus  sûres  et  plus  méthodiques,  puisque  le  chirurgien  pourra  recon- 
naître, de  visu,  le  siège  exact  des  polypes  el  les  saisir  directement, 
sans  intéresser  les  parties  voisines. 

Mais,  avec  le  spéculum,  les  instruments  en  usage  pour  l'arrache- 
meni  des  polypes  sont  beaucoup  trop  volumineux  et  ne  peuvent  être 
d'aucune  utilité.  J'ai  donc  dû  modifier  les  pinces  à  polypes  ordinaires, 
et  après  de  nombreux  essais,  je  me  suis  arrêté  aux  deux  modèles  sui- 
vants, qui  ont  été  construits  par  MM.  Robert  et  CoUin,  et  que  j'ai 
l'honneur  de  vous  présenter. 

L'un  de  ces  modèles  ressemble  beaucoup  aux  pinces  ordinaires.  Elles 
en  difièrent  : 

1"  Par  le  petit  volume  des  cuillers  et  des  branches; 

2"  Par  la  courbure,  qui  est  très-courte; 


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—  44»  — 

dP  Par  l'aiikalfttioii  des  branebes ,  (fui  est  pbitée  trèshprès  des 
cuillers.  Il  est  bon  d'avoir  à  sa  disposition  deux  xmi  trois  pinces  de  oe 
modèle,  dont  les  cuiilers  seront  plus  ou  moins  larges,  suivant  le  ro- 
lume  des  polypes. 

Le  second  modèle  ressemble  à  un  forceps.  Les  branches,  qui  s'arti^ 
cillent  coDune  oelles  de  ee  dernier,  se  terminent  par  des  eoillere  large* 
ment  fenètrées  et  qui  s'a4)pliquent  eiactement  l'une  contre  l'autre  par 
leur  bce  interne»  La  courbure  est  beaucoup  plus  longue  que  dups  le 
modèle  précédent,  et  l'articulation  des  branches,  qui  ne  doit  pas  entrer 
dans  le  spéculum,  est  beaucoup  plus  éloignée  des  cuillers.  Les  deux 
branches  s'introduisent  isolément  et  s'articulent  à  l'aide  d'une  vis. 
Cette  pince  sert  dans  les  cas  de  poljpes  très- volumineux. 

Je  fois  en  ce  moment  quelques  essais  pour  mettre  en  usage  la  liga- 
ture extemporanée  des  poiypes;  mats  je  ne  sois  encore  arrivé  à  aucua 
résultat  satisfaisant. 

La  séance  est  levée  à  cinq  heures  et  demie.  x 

Le  Secrétaire.  D^  Léon  Labbé. 


SÉANCE    DU    2    DECEMBRB    1868 
Pré«ideiiee   de  M*  LEGOUEST 

Le  procès-verbal  de  la  précédente  séance  est  lu  et  adopté. 

câaRESPONDANGB  " 

La  eckrrespondance  comprend  : 

Les  journaux  de  la  semaine.  —  Le  Bulletin  de  thérapeutique.  —  Les 
4r€hives  générales  de  médecine,  numéro  de  décembre.  —  La  Gazette 
médicale  de  Strasbourg.  —  L'Union  médicale  de  la  Provence,  —  Lu 
Revue  médicale  de  Toulouse. 

M.  GiRALDÈs  dépose  sur  le  bureau,  au  nom  de  M.  Logan,  le 


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—    449    r- 

iome  VU!  à' Army^tmeéioai  deparimént  Report  far  ike  year  ÏM6.  Londres, 
i^8^  ÎD-^^;  volume  ^ocmsidérabieoeDfeîrmàiit)  un  grand  nombre  de 
doemnenl»  knpoi^nts  i^r  Thygiène  et  kiDédeèœe'ixiiiiiaires. 

•M.Êé^tiLiBbé^setite/de'ia  part  tleMi  Oré  (de Bordeaux),  lès 
^ux*  èttifâ^es  JniiVànts' : 

'4!<»  Le  pl'enfîef  fii^iettlp  du-  C&rhpte'rMu''du' sertftce  IfhîruitèfihU  ûe 
M.  Oré  à  IMpital-Acflnt'André  de  B^oref^ôtla? '  Ce '  fàsdferiie 'k^eiàferme 
pluèîéitVs'faîts  d'iitiè  hfeiiile'impoHanee/M.  Lri»b'é  apif^elle  rattéfetion 
delà  Soeîièté'sùr  lèfsapparéîlsinlénietrx  (Ijue  M.  Oréa'^fàil  dôn^thlit^ 
pdtir^tflaëer  les  meriSbrés  sur  léscîuels'^tf'aitifàfJifué^idés'féséclftWs, 
notamment  la  résection  du  genou  et  celle  du  coUde. 

'S'^Uri  outrage'itnpbrtàiit  âUr  là  •Transfusion  du  sang.  Daiiâ  Ce  lAvail 
sôttt  relatés  Fôs  travaux  o^rginaux^ùe  M.  Oré  a  fait  connùitre*  à  plu- 
sieurs ¥épWites=  à  la^Société  de  'ébinil'gie,'et  sur  lesquels  la  SocSélé'a 
erilétidu  les  rapports  de  'MM.  Brôea  et  Labbé.  En  outre/ l'Hiélorique 
de  la  'questi<yn  est  présenté  dails  ses 'plus  grands  détails. 

Hy^é'rtrôlplile^itfë  ral;éiÉ>us. 

A^ropès  du  procès-verbal  : 

M.  Després.  Messieurs,  je  n'ai  pas  voulu  prolonger  ta  diseussion 
dbns'la  dernière  séance,  je^ésire  répondre  aujourd'bui  quelques' mots. 
M.  Forget  disait  que) pouiftj^u'il  y  eùi 'rétention  dans  l'Utérus,  il  fallait 
qu'il  >y  eût  une  cavité.  J'ai  relu  l'obiservation  de  M.  Tillaux  et  j'ai 
constaté  que  la  cavité  otérioeavait  8  centimètres  de  largeur.  M.  Tréiat 
a  dit  que  MM.  Bernutz  et  Goupil  n'avaiebt  point  vu  d'bypertrophie  à 
la  suite  de  la  rétention  tles  règles,  cela  devait  être,  car  ces  médecins 
parlent  de  cas  de  rétention  complète  des  règles,  alors  qu'il  y  avait  une 
grande  dilatation  de  l'utérus..  M.  filiaux  tire  un  de  ses  arguments 
contre  la  supposition  d'une  rétention  des  règles,  de  la  vacuité  delà 
cavité  utérine.  Je  le  prierai  de  songer  à  la  dilatation  du  col  qu'il  a 
pratiquée,  il  en  concluera  que  c'est  à  ce  moment  que  l'utérus  s'est 
vidé. 

M.  Trélàt.  Dans  le  cours  de  la  discussion,  j'ai  énoncé  cette  opinion 
que  les  corps  fibreux  de  l'utérus  et  les  hypertrophies  musculaires  par^- 
tieMes,  sans  être  semblables  de  tout  point,  procèdent  néanmoins  d'un 
même  mode  de  déviation  organique  et  se  rapprochent  au  point  de  vue 
du  mode  de  tdrmation. 

Cette  proposition  me  parait  confirmée  à  aouveau  par  un  fait  que 
j'ai  observé  ces  jours  derniers  et  qui  a  eu  sa  conclusion  ce  matin 
2«  série,  —  tome  ix.  57 


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-T  450  — 

même.  J'avais  reçu  dans  mou  service  une  femme  atteinte  d'un  polype 
utérin  qui  me  parut  devoir  être  considéré  comme  un  corps  fibreux. 
Ce  polype,  aUongé,  volumineux,  s'insérait  juste  au-dessus  et  en  avant 
de  l'orifice  supérieur  du  col  et  faisait  saillie  dans  le  vagin  sur  une 
longueur  de  10  centimètres.  Je  l'enlevai  avec  l'écraseur  linéaire.  Aus- 
sitôt après  son  ablation,  je  l'examinai  et  il  me  sembla  reconnaître  les 
caractères  du  tissu  musculaire  utérin.  Je  priai  donc  M.  Muron,  Fun 
de  mes  internes,  fort  au  courant  des  recherches  histologiques,  de  faire 
l'examen  complet  de  la  tumeur.  Il  importait  en  eSei  d'établir  nette- 
ment si  elle  n'était  pas  constituée  par  du  tissu  glandulaire  ou  par  une 
hypertrophie  des  glandules  muqueuses  du  col.  Yoici  la  note  qui  m'a 
été  remise  par  M.  Muron  : 

oc  Ce  polype  offre  sur  la  coupe  une  coloration  grisâtre,  semi-trans- 
parente. On  trouve  quelques  cavités  à  parois  paraissant  au  premier 
abord  assez  régulières»  mais  parcourues  par  des  brides  fibreuses. 

«  Par  le  raclage  on  amène  sur  le  rasoir  un  liquide  grisâtre,  trouble, 
qui  se  coagule  sous  rinfluence  de  Tacide  acétique  et  de  l'alcool.  Ce 
dernier  réactif  lui  donne  en  outre  une  teinte  blanche. 

«  Ce  liquide,  examiné  au  microscope,  contient  des  noyaux  libres  et 
des  noyaux  entourés  d'une  masse  de  protoplasma.  Les  noyaux  libres 
sont  de  forme  ovoïde  et  ofirent  dans  leurs  plus  grandes  dimensions 
de  0,008  à  0,015. 

tt  Ceux  qui  sont  entourés  d'une  masse  de  protoplasma  sont  pour  la 
plupart  des  éléments  embryonnaires  de  0,010  à  0,012. 

«  Le  raclage  des  parois  de  la  cavité  ne  montre  aucune  cellule  épi- 
théliale,  mais  bien  les  mêmes  éléments  déjà  indiqués. 

<K  Si  on  prend  les  brides  fibreuses  qui  traversent  la  cavité,  on  trouve 
qu'elles  sont  constituées  uniquement  par  des  cellules  musculaires  de 
la  vie  organique.  Leurs  noyaux  caractéristiques  sont  facilement  décelés 
par  l'action  de  Tacide  acétique  qui  leur  donne  la  forme  d'une  S 
allongée. 

Une  coupe  pratiquée  sur  la  tumeur  montre  que  cette  tumeur  est 
composée  d'un  très-grand  nombre  de  faisceaux  de  forme  et  de  dimen- 
sions  variables.  Parmi  ces  faisceaux,  les  uns  sont  uniquement  formés 
par  des  cellules  embryonnaires,  les  autres  par  des  cellules  muscu- 
laires de  la  vie  organique. 

«  Des  vaisseaux  en  grand  nombre  parcourent  la  tumeur  en  divers 
sens;  ils  sont  entourés  d'une  paroi  propre. 

<K  En  somme,. ce  polype  doit  être  rangé  dans  les  lebdomyômes  ou 
tumeurs  constituées  par  du  tissu  musculaire  lisse.  Mais  ici  c'est  un 
tissu  musculaire  en  voie  de  développement,  ce  qu'attestent  les  nom- 


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-  451  — 

breux  faisceaux  de  cellules  cmbryoDDaires.  De  plus»  tous  ces  faisceaux 
sont  imprégnés  d'une  substance  muqueuse  qui  a  déterminé  la  forma- 
tion de  cavités  spontanées  dans  son  intérieur,  ce  que  démontrent  les 
réactions  du  liquide  obtenu  par  le  raclage.  » 

Cet  examen  histologique  démontre  donc  une  fois  de  plus  qu'il  existe 
de  véritables  tumeurs  bypertrophiques  musculaires  de  l'utérus.  Les 
hypertrophies  localisées,  limitées,  semblent  beaucoup  plus  fréquentes 
que  les  hypertrophies  étendues  ou  totales.  Cette  pièce  et  son  étude 
microscopique  n'ont  pas  d'autre  objet  que  de  fixer  l'attention  sur  ce 
point. 

Àbeès  dans  l'épaisseur  dn  fond  de  la  matrice,  avee 
déTeloppement  énorme  des  fibres  charnues. 

M.  Hervez  de  Chégoin.  Une  femme  de  46  ans  entra  à  la  Charité 
dans  le  mois  de  juin  1827,  salle  Saint-Joseph,  pour  une  tumeur  du 
ventre  dont  le  commencement  datait  de  huit  mois.  Cette  femme  était 
accouchée  sept  ou  huit  ans  auparavant. 

La  tumeur  était  placée  immédiatement  au  milieu  et  au-dessus  du 
pubis  et  s'étendait  jusqu'à  l'ombilic.  Elle  était  du  volume  d'une  gros- 
sesse de  six  mois,  mobile,  élastique  et  assez  ferme  pour  laisser  incer- 
tain sur  la  présence  d'un  liquide.  M.  Roux  avait  cru  à  une  hydropîsie 
de  l'ovaire.  Le  toucher  par  le  vagin  faisait  trouver  le  col  utérin  dans 
l'état  naturel. 

A  l'autopsie  on  constata  ce  qui  suit  :  Quand  les  parois  de  l'abdo- 
men furent  incisées,  on  découvrit  une  tumeur  isolée  de  forme  oblongue; 
sa  surface  était  lisse,  d'apparence  charnue,  parsemée  sur  le  côté  et  en 
bas  d'arborisations  qui  partaient  d'un  tronc  commun  inférieur. 

On  fit  une  incision  verticale  et  on  arriva  dans  une  cavité  aussi 
grande  que  la  matrice  au  cinquièofte  mois  de  la  grossesse,  contenant 
du  pus  bien  lié,  légèrement  verdâtre,  fade  et  sans  odeur  putride.  Il  y 
avait  dans  le  fond  des  flocons  nombreux,  un,  ehtre  autres,  gros  comme 
une  fioix  et  ferme.  La  paroi  interne  de  celte  cavité  était  tapissée  par 
une  membrane  d'un  jaune  sale,  tomenteuse,  épaisse  d'une  demi-ligne; 
le  fond  de  la  csivité  avait  un  pouce  et  demi  d'épaisseur,  un  pouce  au 
milieu  et  un  demi-pouce  en  bas.  Les  fibres,  quoique  infiltrées,  étaient 
évidemment  charnues.  Quand  on  eut  incisé  la  tumeur  jusqu'au  vagin, 
on  vit  que  le  col  utérin  était  très-allongé  et  que  la  cavité  de  la  matrice 
existait.  Sa  face  interne  était  rouge  et  son  cul-de-sac  bien  visible.  Les 
trompes  de  Falloppe  naissaient  sur  les  côtés  et  enfin  on  voyait  la 
moitié  de  l'épaisseur  des  fibres  de  la  matrice  se  continuer  avec  son 
fond,  de  manière  que  l'abcès  s'était  développé  au  milieu  des  fibres  de 


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—  452  — 

cel  organe.  Les  ovaires  étaient  petits,  granulés^  les/  vaisseaux  des 
ligament3  larges  étaient  très-nombreux  et  jemplis  de  sang  noir. 

M^  CiiissAiaNÂG.  Je  désire  présenter  quelques  olMiervalioDt  relative- 
ment à  la  vascularité  des  corps  Obreux.  D^ns  une  opération  pendani 
laquelle  je  divisais  par  tranobeis  un.;cor!|Bi$  fibreux  de  l'utérus  Je  vis 
surveniii  ou^  hémorrhagie  très-oçtanidérab^^  Lorsque  >ropièn3Utloa  fut 
tenminée^jd  pus  coosiater.  qu'ili 's'agissait  èiend'uotvériitaWe  corps 
fibreux.. 

'  M^^iBqinbt.  En  18&I,  j'ai  enlevé  use  tumeur,  qui,  a^ait  été  prise  pour 
un  kyste  de  Fovaire.  Lorsque  la  tumeur  fut  mise  à  découvert,  untro^ 
cart  fut  enfoncé  dans  son  épaisseur,  et  la  ponction  donna  issue  à  une 
quantité  énorme  de-  sang.  Je  f tfs  èbfigé  de  recotfrir  à  quelques  moyens 
hémostatiques  inusités  pour  arrêter  le  sang,  puis  je  fis  une  sec/onde 
ponction. qui  fut  égalemept  suivie, 4'bémorrhagie*. 
.:  L-îopépaiion.  étant  trè^'îa^ao«éie<:nae3  collègues,  pa«mit lesquels,  se 
trâuvait  Cazeaux,  m'eogagèrertit  a  la  teuminer»  Je  pijatiqiiai  la  section 
du  pédicule.  La  plaie  donna  uuej itelle  quan^té  de*  sang,' malgré  une 
fcirteiliptiure  e|iiii;a«ait  été  mise,«urde  pédie^le^^qu^  la ms^lade mourut 
ai^.b^ulflQ,  dix,  heures.  Celle. obse«y<5^iÂaq  a. été  .puWiée.  dans  mon 
Traii4  4M  ml<idm  de  V^nam^ 

M^.HpfiiYB*  Dip.  Ci^é^0ïN(4  jJe..;nçj.peqi9e.TpaS:.que  .les>.tm[nieprs  doni 
p^rjl^nt  cm  mie^%ie^r$.fl^^Qut-(les  ituD(iiBurs,gl^r^use&->Jej)eQspquçla, 
source  de  l'hémorrhagie  était  dans  l'enveloppe  charnue, q^hA^^lftW^® 
coïjstatPBflçntleftcar^tiis  fibreiux.. 

M«  CHKSSxhtmhCy  L'autorité  de  M..  Hervez.de  CbégoiAiestMd'ai)^ 
grande  vAlepr  en  pareil  cas^.,raai6,(4aosle,fait  queji'^i  pb^er-y^j^puis; 
bien  convaincH.  qy/9  p',é<taiV4u?  ;  corps .  fibreux  lu,i(7m,êroe.  quelle  «aog 
venait.   .  ,.         .     , 

M.  Bi^jacA., La  4|^epUP».ique,  i'oft. discute  «ei;!  ce,  montent,  peut  être 
exami«éft^Qpsjde«x  pwtade.vue/^  i^.sopSiJe  poin.tde  irueide la pr»r 
tique;»  S^sQusrie^pciiiHide  vue  de i'analomie.paitbolpgique-pure.i. 
'.iAu.^Qii)t,,  dfi  .vue,,pratiqvijB»,  il  imp<>i:te  peu  -(^e  j>r.éQieer  d'oùoiVieot 
l;ké«aiôrrhagieM J'ai  j8<)uyflfi>r>d'a¥QirrVu  dans  la.  pra^tique .particulière' 
(l€^,Thienry.unei>mai^e  qui.iavAÎt  4'ftbqrd  reguiies.^Qins.du  doo^ri 
Reeurt*  Oetise.  (ww^avait  été  i considérée  .^oBoroe  étant  en  .cojucbes 
4epi?is  plai8ieimsijoBr:Si  Recprti  reconnut  quiil  s'agissait,  non.4)Pne, 
grossesse,  naaîfi/d'iuneitamem'  fibreuse  pédiouléei  fû,  voie,  d'exputeioa» 
J'asisistai  M^.Tbierry  qui  avait  été  appelé  pour  ropér.aMoï^,  et , nous 
canstalânaes  qu-U  exi^aitdes  batU)mQQitsauîiiveau:du  pédicule ^Nous: 
nous  detnandÀQ^  si-c'étajt  bieiii  sous  le  pédiculeiou  dans  les* parties 
voisiner  qu'était.leisiége  de.ces-bAttenoenti'i  Mais  en  tou^.cas^au  poi^t 


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—  468  — 

de.vuede.êa  pratique^  il  nous  Jmporlait  peu  de  «avoir  silos  vaisseaux 
étaient  développés  dans  la  substasee  mémo  du  corps. fibreux  ou  dans 
la  soiisteBee  qui  Teotoure. 

Thierry  imagina. un  procédé  nouveau  pour, enlever  cette  tumeur 
très^ volumineuse.' Ce  procédé  a  été  peu-  mis  en  lumière.  Il  fil  cons- 
truire en"  quelquosibeures,  cliez  Gbarrjère«  une  pinc(^  articulée  à  une 
de  ses  extrémités  comme  la  pince  à  disséquer.  A  Tautre  extrémité  se 
tQOUvait  une  vis  qui  permettait  de  rappi^ocber  à  volonté  le9  deux 
branches.  On  .fit  entrer  la  tume^uri  entre  les  deux  branches  fortement 
écartées  et  loff6q^!o^^eutfraQchi.sQn  éq|L(9(teiuvon£ti:emoqter  la  pince 
jusqu'au, pôdv^iep.  Çetta  piiice  n'avait  pu  serrer  qu'en  produisait  un 
atkaiasement.  assez, «notable  de  1^, matrice;  aussi,  lorsque  le  pédicule 
fut  .étreifit  d^s  la,  pipce,  nous  ipûmes  constater  qu'il  était  beaucoup 
plus  facile  de  l'atteix^dre  qu'auparavai^t.  On  saisit  alors  la /tumeur  avec 
des  pinces  ^  griffes.eton  pratiqua  l'excision  à  l'aide  de  ciseaux  courbes. 
La  pince  li^t  Jais^ée  ep  place  pendant  environ  36i. heures  et  .il.ne,,8ur«» 
vint»  {»a& ,  d'^éfnoniidgie. 

Lorsque  j,^>pra4iquai  l'autopsie  de  Aa  tumeuTt  jepu^cons^ter  très* 
netitem^ntjre^fstenc^e  de,  vj^sseaux  idansi  la  tumeur  fibreuse,  mais  ils 
n'j^taient  .pas  as/sez  yolii^qûneux  pour  donner  naissanee  au^  batteipents 
que  nous  avions  perçus.  Ces  battements  devaient  avoir  pour  sié^  àef^ 
vs49seaux.dé¥|sloppés  flfins  l'épai^eur  de  l'envelpppe. .utérine,  hyper- 
trophiée. 

AuipQintdevue.de  l'anatomie  pathologique»  il ^t  incontestable  que 
le^.iuvawrs  fibreuses  deVutérus  (qçs  tuçoeurs  que  j'ai  désignées  sowk 
le  nom  d'bystérômes  et  qui  n'ont  auQuoe  analogie  avec  les,  véritables 
tao^^rs  fibi:eqs8s)  n'pnt  pas  une  vaacularisaJion  proportionnelle  à 
leuK;  volume.;  J'ai  ffût  plusieurs  fois  avec^Mt  Lebert  l'injection,  d'utérus 
qui  renfermaient de^  corps  fibreux,  eti'ii^ectloxvs'arrétait  toujojurs  sur 
la  limite  decescocps^. 

Je  neicoanaîs.p^  d'exep^  dUnjeotÎQn  réussie  daiis  un  corps 
fibreux  de  la  oiatrice*  t 

Je  dois  dif»  quOtSur  une  femme  mçf^  da  e^érsit  et  dgnt  l'9téru8 
peafevmMtdeaeorp^  fibreux»  j'^i  pu  constater  que  des  vaisseiiux  dis- 
posés en  aread^/se  prolongeaisiLtà  plusieurs  piiUimètres  dans  Tépais- 
seHVide  0estiQ0rps.ile^l  doinQimpossible{pl«,nier  leiar  vasculari^atioo , 
OBiaiArQn  doitt^marqqef  quMl  existe'Une  disproportion.très-grande  entre, 
leur  volume  et  le  degré  de  leur  vascularisation. 

M.  GluÉNiof'.rU  suffit  de  ilire4e  livre  de  M.^Cr^Y^ilbier  pour  trou- 
ver unei4ieseriptfoa>  O^o^i^èie^deJa  di^poaitioa  des  vfiisseaux  dans  les 
cuMrps  i6breuxi.ll  y  a  deux  espètses  de.  vaisseaux»  Içs  unSiSupfîrfifiielâtatf 


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—  464  — 

/es  autres  profonds.  Les  deux  réseaux  coannaniquent  ensemble.  Ces 
vaisseaux  sont  tous  veineux.  C'est  là  un  fait  assurément  très-singulier 
que  cette  absence  d'artères  dans  un  tissu  parfois  très-vasculaire; 
mais  quelque  inexplicable  qu'il  paraisse.il  me  semble  être  incontestable, 
au  moins  d'après  Texamen  des  tumeurs  à  l'œil  nu.  Quoi  quMl  en  soit, 
les  corps  fibreux  sont  susceptibles  d'arriver  à  un  grand  degré  de  vas- 
cularisation. 

M.  HouEL.  Je  ne  crois  pas  que  jusqu'ici  M.  Cruveilbîer  ait  jamais 
fait  d*injection  dans  des  tumeurs  fibreuses.  Je  crois  que' ce  <(ui  a  été 
décrit  sous  le  nom  de  vaisseaux  sont  en  réalité  des  lacunes. 

J'ai  moi-même  essayé  de  faire  des  injections  et  j'ai  réussi  quand  j'ai 
voulu  injecter  les  petits  vaisseaux^  mais  janiais  quand  j'ai  tenté  de 
faire  pénétrer  l'injection  dans  les  lacunes.  Dans  un  cas  que  M.  Robin 
a  étudié,  j'avais  cru  avoir  réussi^  mais  mon  erreur  tenait  à  ce  que 
l'injecflon  avait  été  poussée  dans  le  tissu  interposé  à  deux  tumeurs 
fibreuses  étroitement  accolées.  Dans  les  cas  où  l'on  a  observé  de 
graves  hémorrhagies,  semblant  prendre  leur  source  à  la  surface  ilnême 
du  corps  fibreux,  peut-être  avait-on  eu  affaire  à  des  corps' fibreux 
accolés,  comme  dans  le  fait  que  je  viens  de  rappeler.  Or,  la  consta- 
tation de  cette  disposition  anatomique  présente  de  véritables  diffi- 
cultés. 

Je  suis  disposé  à  croire  que  les  véritables  tumeurs  fibreuses  sont 
très-peu  vasculaires. 

M.  GuÉNioT.  J'admets  bien  que  les  veines  et  lacunes  ne  soBt  pas 
cbose  identique.  Mais  il  serait  bon  de  s'entendre  sur  lès  difféï*ences 
qui  séparent  ces  deux  ordres  de  cavités. 

M.  Marc  Séb.  Je  crois  qu'on  se  fait  très-souvent  illusion  lorsqu'on 
cherche  à  faire  une  distinction  entre  les  artères  et  les  veines  sur  la 
coupe  d'une  tumeur.  Souvent  on  aperçoit  un  vaisseau  dilaté  et  Ton 
pense  qu'il  s'agit  d'une  veine,  tandis  que,  en  réalité,  il  s'agit  souvent 
d'un  capillaire- dilaté.  Il  existe  évidemment  dés  artères  qui  amènent  le 
sang  dans  ces  capillaires  et  des  veines  qui  le  reprennent. 

M.  Brocà.  Je  suis  très-heureux  que  M.  Mate  Séeait  dit  que  le  mot 
de  capillaire  n'est  pas  applicable  seulement  à  un  vaisseau  normal;  on 
peut  en  effet  rencontrer  des  vaisseaux  très- volumineux,  dilatés,  et  qui 
cependant  présentent  la  structure  des  vaisseaux  capillaires.  J'avais 
signalé  cette  disposition  il  y  a  longtemps,  dans  mon  mémoire  sur  le 
cancer. 

Quant  aux  véritables  lacunes,  elles  peuvent  reconnaître  plusieurs 
modes  d'origine.  Elles  sont  assez  souvent  ccmstituées  par  de  véritables 
bourses  muqueuses;  mais  indépendamment  de  ces  lacunes,  il  s'en 


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—  455  . 

produit  d'autres  dans  le  parenchyme  même  du  corps  fibreux  par  la 
suite  de  Tabsorption  qui  résulte  de  la  nutrition  peu  active  qui  a  lieu 
dans  ce  néoplasme.  Les  parties  centrales  du  corps  fibreux  se  nour- 
rissent mal,  les  fibres  passent  à  Tétat  granuleux,  et  elles  finissent  par 
disparaître.  Je  crois  que  les  cavités  qui,  dans  les  corps  fibreux»  affectent 
la  forme  de  vaisseaux,  se  développent  principalement  par  ce  méca- 
nisme. 

M.  Trjblat.  Dans  la  pièce  que  j'ai  mise  sous  les  yeux  de  la  Société, 
Texamen  microscopique  a  démontré  qu'il  y  avait  de  véritables  lacunes 
et  non  des  glandules  anormalement  développées. 

LBGTUBB. 

M.  SiSTACH,  membre  correspondant,  fait  une  lecture  sur  deux 
observations  à*anéury9me  poplité  spontané  : 

Là  faveur  toujours  croissante  qu'obtient  la  chirurgie  non-opérante 
dans  le  traitement  desanévrysmes,  nous  engage  à  communiquer,  d'une 
manière  sommaire,  à  la  Société  de  chirurgie,  les  résultats  divers  que 
nous  avons  obtenus  dans  cette  voie. 

Obs.  1.  —  Anétnrytnne  artériel  poplité  gauche^  datant  de  deux  mm  et 
demi,  et  guéri  par  la  flexion  forcée,  au  bout  de  trois  jours. 

B...,  zouave,  âgé  de  31  ans,  ayant  douze  ans  de  services  militaires, 
ayant  passé  onze  anBen  Afrique  et  un  an  au  Mexique,  exerce,  depuis 
l'âge  de  11  ans,  la  profession  de  tailleur  d'habits,  et  spécialement 
celle  de  coupeur,  depuis  qu'il  est  sous  les  drapeaux. 

En  dehors  de  ces  dernières  fonctions,  qui  l'obligeaient  à  travailler 
constamment  debout,  B...  était  encore  tenu  à  faire  souvent  en  ville 
de  nombreuses  courses  assez  fatigantes.  D'ailleurs,  pomt  d'habitudeâ^ 
alcooliques.  En  juin  1867,  pour  la  première  fois,  la  marche  provoquait 
sur  le  mollet  gauche  une  fatigue,  suivie  bientôt  après  de  douleur  très- 
vive.  Progressivement,  la  marche  devint  de  plus  en  plus  difficile,  im- 
possible même  dès  le  5  juillet,  ce  qui  obligea  le  malade  à  entrer,  le 
24  juillet,  dans  notre  service,  à  l'hôpital  militaire  de  Gonstantine. 

Tumeur  du  volume  d'un  œuf  de  poule,  siégeant  à  la  partie  inférieure 
du  creux  poplité  gauche,  molle  et  compressible,  offrant  des  battements 
isochrones  au  pouls  et  visibles  à  l'œil,  donnant  lieu  à  un  bruit  de 
souffle  intermittent,  qui  se  percevait  à  l'aide  du  stéthoscope,  et,  finale- 
ment, gène  dans  les  mouvements  du  genou,  extension  douloureuse  de 
la  jambe,  au  point  de  nécessiter  sa  légère  flexion,  accroissement  d'un 
centimètre  et  demi  de  la  circonférence  du  mollet  gauche  au  niveau  de 
la  tumeur  .  tels  sont  les  divers  signes  qui  nous  permirent  de  diagnos- 


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4lquer/iiD  anéTrynne  popUté  artériel.  Telletfot  aussi  Topitiionde 
If.Viital,  n»tre'méd6eiaenolief,:etdeM»  Marv7,>inédeoitt'Gâde«4na|or. 

Par soite  d'une  iadispositioa  fébrile  do  aîalade,* oe  ne  futqaete 
SI  aoûtj^tà  bail' heures  du  matin, '»c[ue  noas  appliquâmes  le* bandage 
aniTaÉt  uaprèsavoirenvelo^  de  otiateet  d'une  bamie  siiÉplement 
eomoitive  lecmcmbretinféneur^iviepiiis  ^ies  orteils  jiiiM[u'à'im^«imse, 
nous  assujettîmes  la  jambe,  dans  la  fleiion  à  angle  aigu,  à  Taide  de 
qivètqnes  tours  de' bande,  qui  ^'embrassaient  q«e  ie'flîèrs' inférieur  de 
la  cuisse  et  le  «tiers -supérieur  ée  ta  jambe;  puts,(fout  le  membre  fut 
placé  dans  l'abduction,  et  reposant  sur  sa* face  externe.  Une^emi- 
beore  après,  douleurs  assez  vives,  siégeant  sur  le  côté  interne  du 
genou,  et  persistant  pendant  deU4c  ^^leures.  Pendant  la  nuit,  sommeil 
interrompu  par  des  douleurs  passagères. 

Le  22  août,  même  état  de  flexion  ;  douleurs  faibles,  revenant  à  rares 
intervalles,  même  pendant  la  nuit. 

Le  23  août.  Nous  recommandons  au  imaMe  de  Ûéchir  davantage  et 
progressivement  la  jambe,  sans  toucher  au  bandage.  Douleurs  ^lus 
vives  i pendant  la  nuit  et»  simulianéoient,  Hengourdiasement  du  pied 
avec  fourmillements. 

Leifi4xiioût,'ablation  du  bandage  à  la  visite  du  oiatia.  Absence' de 
battement  et  de  brait  doisottlfle;  solidifioatioa  complète  de  la  tumeur. 
Après  avoir  fait  constater  ce  lésuUat  par  MM.  Vidal  et  Marvy,  o^us 
mainlenofis  la  demi^fleiion. pendant  six  jours.    ^ 

Dès.le  i«'  septembre,  tout  bandage  est  supprimé  et  le  malade  8*ap- 
plique  à  étendre  progR^^saiMement  sa  jambe,  résultat  qu'il  obtient  d'une 
manière  complète  le  10. 

A  la  date  du  18  saptewbre,  B...  se  lève  et  marche  sans  douleur  ni 
difficulté.  La 'tumeui?' diminue  sensiblement  de  volume,  et  sa  solidifi- 
cation est  complète. 

Obs.  U.  — Anévrusme  ùrtéri^  popUté  droit:  mnccès  de  la  flexion 
f(^cée  et  de  lu  eofnpresmn  digàtale;  ligature  de  l-tmière  fémorale  dam 
le  canal  du  Ufoisième  adducUur;  chate  du  fil  à  H^tvre  au  dèx^neu- 
vièmejour;  hémorrhagie$  consécutives ,  deux  et  trois  jours  après;  gan- 
§Hons  eu  pied  et  de  la  jambCy  survenant  vingt-^w  jours  après  la  liga- 
ture. Mort. 

Le  ^iiijet  de  cette,  observation  est  ce  même  B...,  >qui,  après  avoir 
i^^is  toutiM  ses  oceupations  pendant  deux  mois.>  a  ressenti,  dès  les 
premiers  jours  de  décembre  4867,  une  fatigue  de  la  jambe  droite,  avec 
léger  gonflement  du  mollet»  survenant  après  quelques  instants  de 
marche;  puis,  aggravation  de  ces  phénomènes  et,  successivement,  dif« 
fifittlté  et  impossibilité  d'étendre  la  jaaibe. 


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—  45Tf  — 

Le  12  décembre,  constatation  d'un  nouvel  anévrysme  artériel,  sié- 
geant à  la  partie  moyenne  du  creux  poplité  droit,  offrant  le  volume 
d'une  grosse  noix  et  caractérisé  par  une  tumeur  circonscrite,  molle  et 
compressible,  animée  de  battements  intermittents  visibles  à  l'œil  nu 
et  donnant  lieu  à  un  bruit  de  souffle  intermitlent.  Flexion  de  la  jambe 
à  angle  aigu  et  sans  nul  bandage  pendant  cinq  jours  ;  puis,  compres- 
sion indirecte  de  Tartère  fémorale,  pendant  quarante-huit  heures,  à 
l'aide  de  compresses  graduées  et  d'un  bandage  qui  maintenait,  de 
plus,  la  jambe  dans  la  flexion  :  tels  furent  les  moyens  employés  avant 
l'entrée  de  ce  malade  à  l'hôpital,  qui  eut  lieu  le  23  décembre.  A  cette 
époque,  nous  constatons  les  phénomènes  morbides  mentionnés  plus 
haut,  avec  la  seule  différence  que  la  tumeur  nous  paraît  légèrement 
augmentée  de  volume. 

Le  24  décembre,  à  huit  heures  et  demie  du  matin,  nous  soumettons 
ce  membre  à  la  flexion  forcée,  à  l'aide  du  même  bandage  que  nous 
avions  appliqué  précédemment.  Douleurs  intermittentes  le  jour,  plus 
intenses  et  persistantes  la  nuit,  provoquant  une  insomnie  presque  corn* 
plète,  malgré  une  potion  opiacée. 

Le  4  janvier  1868,  douleurs  tellement  vives  pendant  la  nuit,  que  la 
flexion  du  membre  a  dû  être  ramenée  à  angle  droit.  Dans  la  nuit  du  5, 
le  malade  souffre  tellement,  qu'il  enlève  complètement  le  bandage. 

Le  15  janvier,  persistance  de  douleurs  excessives,  malgré  l'absence 
de  tout  bandage.  Accroissement  considérable  de  la  tumeur  anévrys- 
mate  qui,  semblant  bilobée,  proémine  à  la  fois  et  sur  le  côté  interne 
et  postérieur  du  genou,  dans  une  étendue  longitudinale  de  12  centi- 
mètres sur  H  centimètres  d'étendue  transversale  médiane,  et  sur  le 
côté  externe  du  creux  poplité,  sous  la  forme  d'une  tumeur  offrant  le 
volume  d'un  œuf  de  poule;  ces  deux  poches  anévrysmales  offrent  des 
battements  isochrones  aux  pulsations  artérielles  et  visibles  à  l'œil  nu, 
ainsi  qu'un  bruit  de  souffle  intermittent  et  très-intense.  La  partie  mé- 
diane du  creux  poplité  offre  à  peu  près  la  dépression  normale,  et  une 
pression  digitale  légère  y  perçoit  un  frémissement  vibratoire,  dans 
l'étendue  de  6  centimètres.  La  circonférence  médiane  du  genou  droit 
est  de  424  millimètres,  et  celle  du  genou  gauche,  de  366  millimètres. 
Absence  d'œdème  du  pied  et  nul  indice  d'inflammation  superficielle  ou 
profonde  de  la  région  poplitée  ;  impossibilité  d'étendre  complètement 
la  jambe  ;  mouvements  du  genou  très-douloureux  ;  pas  de  flexuosités 
des  veines  de  la  jambe  et  du  pied,  et,  enfin,  bruits  du  cœur  normaux  : 
tel  est,  à  la  date  du  16  janvier,  l'état  du  malade,  à  qui  nous  adminis- 
trons 3  centigrammec}  de  poudre  de  digitale. 

Le  16;  quatre  séances  de  compression  digitale,  de  deux  heures  cha- 
2*  série.  —  tomb  ix,  $8 


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—  #8  — 

cuDe,€t  Réparées  qbaque  f^is  par  un  intervalle,  égal.  La  compression 
est  aiternatiTefngnt  pratiquée  survie  pubis  et  vers  la  partie  moyenne 
4e  {a  cuisse. 

Le  17f  4  ceatigramm^s  de  poudre  de  ^i^ltale.  Trpis  séances  décom- 
pression, de  trois  l^eures  ohacpne.  La  compression  est  plus  difficile- 
ment supportée  que  la  veUle. 

Le  18,  5  centigrammes  de  poudre  de  digitale;  compression,  digitale, 
alternative,  sur  le  trsget  ç^e  la  fémorale,  commencée  le  ins^tin,  à.bujit 
heures,  et  continuée,  sans  nulle  interruption,  jusqu'au  22  janvier,  à 
çept  heures  du  ma^m. 

Pendant  les  deux  premiers  jours,  rapplicatjou  p^rmanpnte,  sur  le 
lobe  iAterne  de  la  tumeur,  d*un  cornet  en  d^ehyloh, .sujçpaonté.d'un 
filament  de  ouate,  indiquait  suffisamment,  parsesoscil^a^ipns^ripsuf- 
fisance  de  la  compression. 

Nous  nous  bornerons  à  ajouter  que  la  compreasion,  assez  bien  sup- 
portée le  premier  Jour,  provoqua,  dès  le  lendemain,  des  douleurs  très- 
intenses,  siégeant  sur  la  tumeur,  la  jambe  et  le  pied,  s'exaspéraut 
chaque  jour  davantage,  et  donnant  lieu,  à  plusieurs  reprises,  dès  le 
cinquième  jour,  à  une  imminence  de  syncope.  D'autre  part,  à  la  date 
du  22  janvier,  la  tumeur  anévrysmale  était  tr^p-dure  dans  ses  parties 
iatéraies  externe  et  interne;  maïs  elle  avait  sa  pollesse  habituelle  dans 
la  partie  médiane  du  creux  poplité.  L'artère  fémorale  formait  un  cor- 
dop  épaissi,  roulant  facilement  sous  les  doigts  et  rendant  la  compres- 
sion exacte  très-difficile.  La  japbe  droite  était  (Bd^matiée,  et  le  ma- 
lade, tout  à  fait  démoralisé,  réclamait  instamment  la  cessation  de  la 
compression,  ce  qui  nous  obligea  d'accéder  à  ses  désirs. 

Du  23  au  29  janvier,  exaspération  des  douleurs  du  membre  infé- 
rieur; imminence  fréquente  de  syncope;  insomnie  presque  complète; 
accroissement  de  4  centimètres  de  la  circonférence  médiane  du  genou 
droit.  Sur  le  côté  interne  du  genou,  ecchymose  jaunâtre,  ayant 
18  centimètres  de  longueur  verticale  sur  2  centimètres  de  largeur  ;  nou- 
velle ecchymose  jaunâtre  sur  la  partie  médiane  du  creux  poplité;  dis- 
ten^ion  de  l'articulation  du  genou,  quiofire  une  fluctuation  manifeste. 
Température  du  creux  poplité  droit,  36*,2,  et  du  gauche,  35*»,4.  Cir- 
conférence du  mollet  droit,  365  millimètres,  et  du  gauche,  326.  Les 
mouvements  volontaires  de  la  jambe  Jont  complètement  impossibles. 
Rien  d'anormal  dans  les  bruits  du  coe^ur.  Moral  abattu  et  anxieux.  Ce 
même  jour,  29  janvier,  nous  pratiquons  la  ligature  de  la  fémorale 
dans  le  canal  du  troisième  adducteur;  des  veines  flexueuses,  largement 
dilatées  et  anastomosées  entre  elles,  recouvraient  complètement  l'ar- 
tère que  nous  parvenons  h  isoler  minutieusement  et  à  lier,  sans  nulle 


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—  45d  — 

effusion  sangàine.  L'amaigrissement  du  membre  n'avail  point  permis 
d'apprébier  Je  relief  du  couturier  pendant  l'opération,  ce  qui  nous 
obligea  à  ne  prendre  pour  guides,  dans  la  recherche  du  vaisseau,  que 
sa  direction  et  ses  battements,  qui,  vers  le  tiers  Inférieur  de  la  cuisse, 
étaient  très-faibles  et  intermittents.  Après  là  ligature,  cassation  des 
battements  dé  la  tumeur  anévrysmale;  réunion  de  la  plaie  extérieure 
à  Taide  de  cinq  serre-fines;  emmaillottement  dans  la  ouate  du  tnembre, 
le  long  duquel  cinq  cruchons  d'eau  chaude  sont  placés  en  perma- 
nence. 

Le  i«'  février,  ablation  des  serre-fihes;  absence  de  réunion  immé- 
diate ;  plaie  compKquée  d'érysipèle. 

Le  IT  février,  chute  du  fil  à  ligature;  pMie  vermeille  ;  excellent  ap- 
pétit; disparition  de  Térysipèle  et  diminution  croissante  de  la  tumeur 
anévrysmale. 

Le  20, dans  la  nuit,  hémorrhagie  paria  plaie,  évalnéeà  160  grammes. 

Le  21,  nouvelle  hémorrhagie,  à  neuf  heures  du  soir,  évaluée  à 
300  graihmes.  '    ' 

Le  24,  diminution  de  la  chaleur  ei  de  la  sensibilité  du  pied  et  de  la 
moitié  inférieure  de  la  jambe. 

Le  25,  la  gangrène  humide  est  confirmée  et  s'étend,  le  lendemain, 
jusqu'au  tiers  supérieur  de  la  jambe. 

Le. 27  février,  B...  meurt  à  deux  heures  de  l'après-midi. 

L'autopsie,  pratiquée  le  lendemain  matin,  à  huit  heures,  nous  révèle 
les  particularités  suivantes  : 

A.  Membre  inférieur  droit.  —  Dans  le  éuî'-de-sac  artériel,  situé  au- 
dessus  de  la  ligature  de  la  fémorale,  existe  un  caillot  de  5  centimètres, 
en  grande  partie  décoloré  et  friable,  qui  n'adhère  à  la  tunique  interne 
que  par  son  extrémité  terminale. 

'  L'exti*émité  inférieure  du  bout  supérieur  de  l'artère  offre;  dans  une 
étendue  de  3  centimètres,  un  épaississement  assez  notable;  les  deux 
extrémités  de  Tartèfe  fémorale,  éloignées  de  14  millimètres,  sont 
réunies  par  un  cordon  fibreux  trés-mince.  Absence  de  caillot  à  l'extré- 
mité supérieure  du  bout  infêrieui*  de  l'artère.' 

La  dissection  dé  la  région  po^litée  donne  Heu,  immédiatement  après 
l'ablation  de  la  peau  et  de  l'aponévrose,  à  un  écoulement  de  sang  noi- 
râtre, évalué  à  100  grammes.  L'incision  de  la  poche  anévrysmale 
découvre  une  vaste  cavité  irrégulîère  et  anfractueuse;  s'étendant  de- 
jHiis  le  quart  inférieur  de  la  face  postérieure  de  la  cuisse  jusqu'au 
cincfaième  supérieur  de  la  jambe,  comprenant  toute  la  largeur  de  la 
surface  osseuse  fémoro-tibiale,  et  renfermant  du  sang  liquide  et 
des  caillots  noirâtres,  mous  et  excessivement  friables.  L'intérieur  de 


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—  460  — 

l'articulation  du  genou  offre  une  imbibition  sanguine  très-prononcée. 
Le  bord  postérieur  des  surfaces  articulaires  tibiale  et  fémorale  offre 
une  érosion  des  cartilages  dans  retendue  d'un  centimètre;  la  facepos- 
lérieure  du  fémur  présente  la  môme  altération  osseuse  dans  l'étendue 
de  3  centimètres.  Un  caillot  volumineux  et  décoloré  occupait  toute 
rétendue  de  l'artère  iliaque  interne  et  des  veines  fémorale,  iliaques  pri- 
mitive, interna  et  externe.  Les  veines  sont  géiiéralenient  vides  de 
sangt  à  l'ejiception  des  veines  axillaires  qui  en  étaient  gorgées.  L'ar- 
tère humérale  gaûcbe  renfermait  un  petit  caillot  filiforme  de  2  cenli- 
paètres  (|e  longueur,  qui. commençait  à  se. décolorer. 

B.  Membre  inférieur  gan€he.—  Caillot  fibrioem  et  décolore  dans  les 
veines  iliaques  primilive,  interne  et  externe,  ainsi  que  dans  le  tiers 
inférieur  de  la  veine  fémorale,  dans  une  étendue  de  18  centimètres. 
Caillot  de  même  nature,  ayant  4  centimètres  de  longueur,  dans  l'inté- 
rieur de  l'artère  iliaque  externe.    . 

L'artère  poplitée,  plus  .volumineuse  qu'à  l'état  normal,  offre  un 
épaississement  notable  ;tlans  sa  moitié  inférieure,  elle  diminue  de  ca- 
libre et  se  continue  par  une  tuipeur  ayant  3  centimètres  de  longueur 
sur  18  millimètres  de  largeur.  Cette  tumeur  est  située  immédiatemeul 
au-dessous  du  lignnr^ent  transverse  postérieur  articulaire,  entre  les 
deux  tubérosités  postérieures  du  tibia  et  immédiatement  au-dessus  du 
bord  supérieur  du  muscle  poplité;  elle  a  la  forme  d  une  petite  pyra- 
paide  triangulaire,  dont  la  base  serait  sa  face  açitérieurcquiest  plane, 
lisse  et  en  rapport  immédiat  avec  la  surface  tibiale. 

L'oreillette  droite  du  eœur  renferme  un  caillot  ambré,  très-YoIuoii- 
Tieux;  tandis  que  dans  l'oreillette  gauche  existe  un  caillot  moins  volu- 
mineux, semi-cruorique,  semi-fibrineux. 

L'examen  micrographique  de  l'artère  fémorale,  fait  par  M.  le  docteur 
Arnould,  sur  les  deux  bouts  résultant  de  la  ligature,  lui  a  révélé  les 
détails  suivants  ;  , 

(f  Après  quelques  heures  de  m^icération  dans  Teau,  les  tuniques 
peuvent  être  séparées  par  larges  lambeaux,  l'interne  sans  son  épitbé- 
lium  et  entraînant  à  sa  face  profonde  des  fibres  dC;  la  moyenne.  La 
tunique  interne  p?traît  un  peu  grenue  au  moment  de  l'examen.  La 
tunique  moyenne  .se  montre  avec  ses  fibres  élastiques  (lexueuses,  à 
contour  net,  ramifiées,  et  ses  fibres  musculaires  lisses,  de  distance  en 
distance  parallèles;  mais  le  fond  de  la  préparation  est  finement  gra- 
nuleux et  présente  quelques  globules  graisseux,  clair-semés.  Ce  détail, 
ajoute  M.  Arnould,  ne  suffît  pas  à  faii:e  naître  l'idée  d'athérome  ou 
d'artérite  chronique.  » 

M.  le  docteur  Kelsch,  qui  a  examiné  un  fragment  d'artère  enlevé  à 


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—  461  — 

a  hauteur  du  triangle  de  Scarpa  du  côté  droit,  conclut,  au  contraire, 
à  une  dégénérescence  graisseuse,  qui  a  envahi  les  éléments  contrac- 
tiles de  l'artère.  Yoici,  d'ailleurs,  le  résultat  de  son  examen  : 

«  Dans  répaisseur  des  trois  tuniques,  dit-ii,  on  trouve  enchâssés  de 
petits  globules  graisseux,  brillants,  transparents,  qui  mesurent  en 
moyenne  de  6  à8  millimètres  de  diamètre.  Ce  processus  morbide,  peu 
marqué  dans  les  tuniques  interne  et  externe,  est  surtout  concentré  sur 
la  moyenne  ou  musculaire.  Toutefois,  là  encore,  il  n'est  pas  également 
réparti.  Des  coupes  nombreuses,  pratiquées  sur  les  divers  points  de  la 
circonférence  de  l'artère,  m*ont  fait  voir  des  points  où  les  globules 
gras  étaient  extrêpdçment  cçsi^i^fxte,  9ans  jamais,  cependant,  se  réunir 
sous  forme  de  nids  de  graisse;  d'autres  où  ils  se  trouvaient  beaucoup 
plus  clair-semés  ;  d'autres,  enin,  au  l'on  en  voyait  à  peine  des  traces. 
Les  noyaux  des  fibres-cellules  étaient  pâles,  comme  flétris,  à  contours 
vagues.  Quant  au  contour  de  la  fibre-lisse,  il  disparaissait  entière- 
ment sous  Faction  de  l'acide  acétique  étendu.  » 

En  résumé,  ces  deux  observations  nous  ont  paru  intéressantes  à  des 
titres  divers.  ' 

Le  premier  cas,  nous  offre  un  exemple  de  la  prompte  efQcacité  de  la 
flexion  forcée  dans  le  traitement  des  ànévrysmes  poplités.  Cest  un  fait 
à  ajouter  aux  succès  déjà  obtenus^  à  l'aide  du  même  moyeu  thérapeu- 
tique, par  Maunoir,  Hart  et  Shaw,  dont  les  Archives  de  médecine  ont 
rapporté  les  observations,  en  1859,  et  par  M.  Yerneuil,  dans  le  fait 
qu'il  a  communiqué  récemment  à  l'Académie  de  médecine. 

Dans  le  second  anévrysme,  faut-il  attribuer  à  la  flexion  forcée  sa 
rupture  dans  l'articulation  du  genou,  ainsi  que  pareille  relation  a  été 
établie  pour  le  malade  de  M.  Moore,  dont  les  4rchive8  de  médecine  ont 
également  mentionné  le  fait?  Pour  nous,  nous  serions  d'autant  moins 
disposé  à  reconnaître  chez  notre  malade  une  telle  influence,  que  cet 
anévrysme  a  présenté  les  particularités  suivantes  ;  1*  développement 
excessivement  rapide  dès  le  début;  2"  rupture  dans  l'articulation, 
vingt-quatre  jours  après  la  flexion^  lorcée;  eit  S^"  infiltration  graaulo- 
graisseuse  des  tuniques  artérielles.  Nqus  ne  serions  même  pas  éloigné 
de  rapporter  en  grande  partie  à  cette  altération  granulo^graisseuse^  et 
l'insuccès  des  diverses  méthodes  thérapeutiques  employées  etJes  hé^ 
morrhagies  consécutives  à  la  ligature,  puisque,  d'après  Follin  (i)yrin- 
fiUration  granulo-graisseuse  est  le  premier  degré  des  métamorphoses 
rétrogrades  des  tissus,  métamorphoses  qui  peuvent  dépendre,  sous 


(1)  Traité  de  pathologie  externe,  t.  II,  !'•  partie,  p.  234. 


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—  462  — 

rinfluence  d'une  nutrition  insuffisante,  de  toutes  les  maladies  qui 
nuisent  à  la  plasticité  du  sang.  ^ 

La  séance  est  levée  à  cinq  heures  et  demie* 

Le  Secrétaire,  0^  Léon  Labbk. 


SÂJLKOB    DU    9  DÊC&ttBSt'S    18^8 
PVééVAeÉÈtë  de  ■••  lifi&OtE^T 

Le  procès-verbal  de  la  précédente  séance  eaMa'et  adopté» 

CORRBSPONDÀNGE. 

Là  correspondance  comprend  : 

—  Les  journaux  de  la  semaine. 

—  La  Uevite  d^hydrologie  médicale  française' et  étrangère, 

—  Lé  Journal  de  mê^dèïine  dé  VÔuést. 

—  Le  Montpellier  fnédicd. 

—  M.  Ed.  Cruveilher  oETie,  de  la  part  de  M.'le  docteur  Bley nie,  la 
première  année  de  la  Revue  médicale  de' Limoges, 

—  Le  Bulletin  de  la  Société  des  sciences  médicales  de  l'arrondissement 
de  Gannntj  vingl-deuïîème  année^.  18'68. 

—  Le  Bulletin  de  la  Société  médicale  deT  Yonne. 

RAPPORT  VERBAL. 

Mi  GnBNiOT  fait'  un  irapport  verbal  sur  Tobsertation  suivante; 
admséepar  AL  Gastex^  médecia-^^major  de  Tannée  d'Afrique. 

Dans  ce  fait, •  il  s'agit  d'un  cavalier  en  état  "d'iTfésse,  qui',' voularift 
franchir  le  mor  desa  caserne,  fit  une  chute  de'troii^  mètres  de^'hàut 
sur  la  face  dorsale  du'tronc.  ii.en  résulta  :  !•  une  fracture  de  Tapo- 
physe  épineuse  "de  l«i  septième  vertèbre -^  dorsale^  2*  une  fracturé 
obtiqueiéa  eorpst «de  cette  même  vertèbre  ;  fet  d'après  lès  résultats  de 
l'autopsie ,  3°  une  luxation  en  arrière,  qui  rétrécit  considérablement  le 
canal  vertébral. 

De  là,  paralysie  du  membirer  inféi^kur  f «uehed'tebopd  ;  puis,  quel- 


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-m- 

ques  jours  plus  tard,  du  membre  inférieur  droit;  rétention  d'urine  et 
incontinence  des  matilèreflPfécak&.>  Comme»  trÉttemént  :  émiuion»  san- 
guineSy  purgatif,  frictions  stimulantes  sur.les  meipbres  in|^iem>et 
repos  horizontal  sur  la  face  dorsale  du  tronc.  Bqs  phlyctènes  se  pro- 
duisirent bientôt  sur  le  membre  gauche  œd^m^tié,  puis  des  escharres 
dans  les  régions  sacrées  et  trochantériennes,  un^^lilegmon  gangreneux 
dans  la  cuisse  droite,  etc.,  et  le  malade  supop^iha  le  cinquante-qua- 
trième jour  après  Taccident. 

Les  deux  particularités  siii^Ji^uell^iHK  Castex  appelle  spécialement 
Tattention  sont  :  1*  la  production  des  accidents  gangreneux  et  2»  la 
multiplicité  des  lésions  osseuses  '  (fktteture  -complexe  et  luxation)  au 
nivQ^u  4U)PqiRt,  tr^qm^^Usé. 

Pourjtf»  Guénigt,  les  accidents,  gangreneux  wonnwrent  rraisem- 
blabl,ei»ent  pour  ç,£^uses,  dans.jce  cas,  Vœi^  ^es  tissus,. si cornmuo 
jçLans.les  membres  paralysés,  et  \[irritation  pi^Q^uite  ^i^r  l,apeau  p^r  les 
c^crétjons  inyolontair.es.  Les  émissions  sanguines,  pif^^ti^ujées  4u  dé- 
but,,et  les  fractions  stimulai^tes,  çmplojées  plus  tard,  Qpt  peut-è^e 
concouru  ajjssi,. d'une  façpn  indirecte,  à  la  ii^anifest^tion  de  cette  com- 
plication. Quant  à  la  luxation  de  la  vertèbre,  il  est  difficile  de  s'en 
expliquer  le  mécaniso^e. 

M.  Gastex  fait  à  cet  égard  deux  hypothèses,  auxquelles  on  peut 
adresser  beaucoup  d'objections.  V.  .Cuéniot  serait  disposé  à  penser 
que  l'un  des  (}eux  fragments  de  la  fracture  vertébrale  était  seul' luxé 
eu  arrière,  çl  que  Tautre  fragment,  ou  fragmjQnt  antéro-infér^ur  était 
réellement  resté  en  place.  ,0n  comprendrait  aipsi  Texistence  d'une 
luxation  qui,  d'après  les  détails  de  Tobservalion,  parait  inexplicable 
autrement. 

M.  Guéniot  conclut  à  l'adoptiqn  des  deM^  propositions  suivantes  : 

l""  Adresser  des  remerciements  à  l'auteur; 

2°  Déposer  son  intéressante  observation  dans  les  archives. 

Ces  deux  propositions  sont  mises  aux  voix  et  adoptées. 

NOiUNÂTIOM  DE  COMMISSIONS. 

Commission  des  Membres  eùrrespondants  nationauâf  : 

3oiit  (^Iqs  :  MM.  Chassaigne^;. 
Tillaux. 
Broca. 
Verneuil. 
Tréjat. 


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—  464  — 

Commission  des  Membreê  corretp^ndante  éirtmfen  : 

Sont  élus  :  MM.  Giraldès. 
Lefort. 
Panas. 
Duplay. 
Trélat. 

GOHKUNIGATTON. 

RéfteedoB  du  e^sde. 

M.  Ybrneuil.  11  y  a  quelques  mois,  j'ai  communiqué  une  obserra- 
tion  de  résection  du  coude,  pratiquée  presque  immédiatement  après 
l'accident  qui  ayait  déterminé  une  plaie  pénétrante  de  l'articulation. 
J'ayais  obtenu  une  guérison  complète.  Ma  conduite  a  cependant  été 
l'objet  des  critiques  de  quelques-uns  de  nos  collègues;  j'ai  été  sen- 
sible à  ces  critiques,  et  un  nouvel  exemple  de  plaie  pénétrante  s'étant 
présenté  à  mon  observation,  j'ai  voulu  faire  de  la  chirurgie  expec- 
tante,  mais  malheureusement  j'ai  perdu  mon  malade. 

Le  blessé  dont  il  s'agit  était  un  employé  au  chemin  de  fer,  il  eut  le 
coude  pris  entre  deux  tampons. 

Lorsque  je  le  vis,  le  coude  était  très-gros  et  il  existait  uue  petite 
plaie  qui  donnait  issue  à  une  graude  quantité  de  sang  veineux.  Je 
crus  d'abord  à  une  luxation  du  coude,  puis  je  rejetai  ce  diagnostic. 

Je  fis  établir  une  irrigation  continue.  Il  y  eut  d'abord  du  soulage- 
ment, mais  le  troisième  jour,  je  vis  qu'une  partie  de  la  peau  était  des- 
tinée à  tomber  en  sphacèle.  Je  profitai  de  l'existence  de  cette  large 
escharre  pour  faire  undébridement  de  10  centimètres.  Par  cette  ouver- 
ture>  je  ramenai  un  fragment  osseux  gros  comme  une  noisette,  et  je 
pus  m'assurer  qu'il  existait  une  fracture  du  coude,  pénétrant  dans  l'ar- 
ticulation. 

Le  malade  était  alors  dans  un  état  général  des  plus  satisfaisants.  Je 
fus  tenté  de  faire  la  résection  séance  tenante  ;  mais  je  pensai  qu'on 
pourrait  m'accuser  d'avoir  agi  trop  vite,  et  je  différai^  puis  je  changeai 
mon  système  de  pansement. 

J'avais  gardé  le  souvent  d'un  blessé  qui,  dans  un  cas  très-grave, 
avait  été  guéri  par  l'usage  du  bain  continu  avec  un  mélange  désinfec- 
tant. 

Je  mis  le  bras  de  mon  malade  dans  un  bain  préparé  de  cette  façon  ; 
je  l'y  ai  laissé  pendant  vingt- huit  jours.  Son  état  a  été  très-satisfai- 
sant et  j'ai  cru  un  moment  qu'il  allait  guérir.  Cependant,  il  sortait 


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—  465  - 

quelques  petites  esquilles  et  il  se  forma  une  collection  purulente  qui 
fut  ouverte. 

La  température,  qui  avait  été  notée  très-exactement»  montait  tou- 
jours. On  avait  noté  39',2,  puis  39%3  et,  dans  les  derniers  jours, 
iO"*  le  soir.  Chose  très-importante  à  signaler  au  point  de  vue  du  pro- 
nostic, la  fièvre  apparente  ne  se  montra  que  lorsque,  depuis  trois 
jours  déjà,  la  température  avait  atteint  39*,5. 

Vendredi  dernier,  on  m'annonça  que  le  malade  avait  eu  un  graud 
malaise  et  un  vomissement.  A  ce  moment,  il  existait  un  gonflement  du 
bras  et  une  rougeur  diffuse  mal  caractérisée.  Le  thermomètre  attei- 
gDait  40*. 

Je  me  suis  alors  décidé  à  pratiquer  la  résection.  J'ai  enlevé  la  cupule 
du  radius  et  abattu  l'olécrâne  et  environ  3  centimètres  de  Thumérus. 
J'avais  utilisé,  pour  aller  à  la  recherche  des  surfaces  osseuses,  l'ou- 
verture résultant  de  la  chute  de  l'escharre.  Le  malade  a  perdu  peu  de 
sang  et  s'est  bien  remis  de  l'opération. 

Je  dois  noter  un  phénomène  fort  important  quoique  léger  en  appa- 
rence. La  veille  du  jour  oii  le  malade  avait  eu  un  vomissement,  il 
avait  eu  un  petit  crachement  de  sang,  et  cependant  l'examen  de  la 
poitrine  n'avait  rien  révélé  de  suspect. 

Je  donnai  une  potion  à  Taconit  et  à  la  teinture  de  digitale.  Elle  jo/ê 
put  être  supportée  ;  mais  cependant  la  soirée  se  passa  très-bien. 

Vingt  et  une  heures  après  l'opération,  le  malade  était  malaise,  il 
était  couvert  de  sueur. 

Le  pansement  était  fait  avec  de  la  charpie  imbibée  d'alcool  et  de 
liqueur  de  Labarraque,  et  un  drain  avait  été  placé  pour  faciliter  l'écou- 
lement des  liquides. 

Dans  la  journée  du  samedi,  le  malade  eut  des  étouffements,  de 
l'anxiété,  du  délire,  et  à  neuf  heures  du  soir,  il  était  mort. 

Autopsie,  —  Il  n'existait  aucunes  traces  de  phlébite,  ni  d'angiole- 
mite,  ni  de  phlegmon  diffus.  La  rougeur  diffuse,  que  j'avais  observée, 
était  due  à  un  érjrsipèle. 

Les  viscères  étaient  en  assez  mauvais  état.  La  rate  était  volumi* 
neuse,  friable;  le  foie  en  voie  de  régression  graisseuse;  les  reins 
étaient  rouges  et  congestionnés,  les  poumons,  tellement  congestionnés, 
que  l'on  aurait  cru  à  un  commencement  d'hépatlsation.  La  congestion 
occupait  toute  l'étendue  des  deux  poumons,  et  c'est  à  cette  lésion  que 
le  malade  a  succombé. 

La  résection  ne  me  parait  pas  avoir  déterminé  la  mort,  et  je  regrette 
de  ne  l'avoir  pas  pratiquée  beaucoup  plus  tôt,  soit  le  quatrième  jour 
après  Taccident,  soit  au  moment  où  j'ai  retiré  un  séquestre* 

2«  iérie.  —  toma  ix.  59 


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—  466  ^ 

PRESENTATION  D'INSTRUMENTS. 

if.  TfLLAtrx  présente,  au  nom  de  M.  Nicaise,  prosecteur  de  Fam- 
pbithéàtris  des  hôpitaux,  une  aiguille  élasiiquey  destinée  à  passer  la 
scie  à  chaîné  dans  les  résections. 

M.  Ghassaignag.  Je  crois  être  le  promoteur  de  l'emploi  de  raigùîllë 
d'Astley  Cooper,  pour  le  passage  de  la  scie  à  chaîné  dans  les  résec- 
tions. J'avais  fait  construire  des  aiguilles  spéciales  pour  répondre  aux 
différents  fcas.  Il  est  toujours  difficile  de  passer  la  scie  à  chaîne,  et  il 
faudrait  trouver  des  lùoyens  dé  section  qUî  permissent  d'ahaudonner 
cet  instrument.  Je  crois  que  l'aiguille  de  M.  Nicaise  péchera  par  6on 
défaut  de  rigidité,  de  solidité,  lorsqu'on  voudra  lui  faire  contourner 
un  os  incomplètement  dénudé. 

M.  FoRKïËT.  Je  m'associe  tout  à  fait  à  la  dernière  rém^i'que  de 
H.  Ghassaignac^  et  je  crois  que  Taiguille  pourra  s'incurver  contre  les 
plans  musculaires  ou  fibreux. 

M.  Depaul.  Je  suis  étonné  d'entendre  M.  Tillaux  dire  que  lldée  de 
faire  construire  une  aiguille  coUrbe  flexible  est  dne  idée  nouvelle.  Il 
y  a  quinze  ans,  j'en  ai  Mi  consiruire  une  potir  passer  lascfe  à  chaîne 
autour  du  cou;  maisj'ai  dû  y  renoncer  et  donner  la  préférence  à  rerii- 
ploi  de  grandes  et  fortes  cisailles. 

M.  Broca.  La  nature  des  obstacles  qui  ont  fait  èchouei^  M.  Depaul 
étaient  tout  spéciaux  au  cou  de  l'enfant  sur  lequel  il  portait  l'instru- 
ment. 

Ils  ne  se  présenteront  pas  dans  les  réfections,  parée  qu'il  y  a  une 
surface  dure  que  suivra  l'instrument. 

M.  Tillaux.  Gette  aiguille  a  la  même  courbure  que  la  sonde  d'As- 
tley Cooper,  et,  de  plus,  cette  courbure  peut  devenir  plus  grande  et  la 
pointe  de  rinstruiûent  n'abandonne  jamais  l'os.  Pour  se  servir  de  cet 
instrument,  il  faut  d'abord  bien  dénuder  l'os. 

PRÉSENTATION  DE  PIÈCES. 
Présentation  d'un  pied  Mteint  d*éléphantiasis  des  Greeo. 

M.  SiSTACu.  J'ai  l'honneur  d'offrir  à  la  Société  de  chirurgie  le  pied 
d'un  Arabe,  qui  est  atteint  d'éléphtintiasis  des  Grecs,  maladie  exces- 
sivement rare  en  France  et  même  en  Algérie.  Voici  les  quelques  ren- 
seignements que  j'ai  pu  recueillir,  dans  ce  cas,  sur  l'origine  et  la 
marche  de  cette  affection. 

H...  K.-G.,  âgé  de  45  ahs,  né  a  Gonslanline,  a  été  atteint,  vers  l'âge 
de  8  ans,  d'ulcères  au  cou,  qu'indiquent  encore  des  cicatrices  régu- 


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-m  - 

Hères.  Nul  indice,  d'ailleurs,  d'affection  syphilitique  ancienne  ou  ré- 
cente, et  aveux  négatifs  du  malade  à  ce  sujet.  Les  parents  de  cet  Arabe 
n'ont  jamais  été  atteints  d'éléphantiasis. 

En  1857,  H.^part  pour  TÉgypte  et  habite,  pendant  quatre  ans,  suc- 
tessivement  la  Mecque  et  le  Caire,  où  il  exerce  le  métier  dç  cordon- 
nier, sans  avoir  jamais  été  malade. 

De  retour  en  Algérie,  en  1861,  H...  fait,  pendant  la  Iraversée  de  la 
MédiUsTanéo,  une  fbute,  qui  produit  sur  le  cou-de-pied  gauche  une 
plaie  contuse,  dont  la  guérison  ne  survient  qu'au  bout  de  trois  mois. 

Environ  deux  mois  après,  apparition  sur  la  cicatrice  d'un  ulcère, 
qui  s'étend  progressivement  en  largeur  et  en  profondeur,  et  déter- 
termine  sur  t^a  os  di;;  tarse  des  l^si^i^  o^euses  multiples,  malgré  les 
diverses  médications  générales  et  locales  (huile  de  foie  de  morue,  iodure 
de  potassium,  préparai tione  mercurielles,  jpjectio:i;is  et  topiques  variés) 
qui  ont  été  employées  pendant  un  séjour  de  trois  années  consécutives 
qu'il  a  passées  presque  complètement  dans  un  hôpital.  Un  séjour  d'un 
mois  et  demi  à  l'établissement  thermal  d'Hammam-Meskoutin  ne  pro- 
duisit également  nulle  améliopation.  Et,  de  temps  en  temps,  il  y  avait 
issue  par  l'ulcère  de  lamelles  osseuses  nécrosées. 

Depuis  deux  ans.  H...  n'était  plus  entré  dans  les  bôpitaui^,  lors- 
qu'il vint  réclamer  mes  conseils  en  juillet  1S67.  I^e  20  i^  même  mois, 
il  entrait  dans  mon  ç^rvice,  à  l'hôpital  militaire  de  Coi^stantine.  Après 
avoir  soumis  ce  malade,  sans  résultat,  à  Tiodure  d^  potassium,  à 
doses  progressivement  croissantes,  ainsi  qu'à  Tbiiile  de  foie  de  morue 
et  à  de»  injections  variées  de  teinture  d'iode,  je  me  décidai  d'autant 
mieux  au  sacrifice  du  membre,  que  le  mal  prenait  toujours  d^  l'exten- 
sion, et  que  les  ulcérations  et  les  tubercalcs  remontaient  jusque  vers 
la  partie  moyenne  de  la  jambe,  où  la  peau  offrait  déjà  une  dureté 
spéciale. 

Le  30  août  1867,  je  pratiquai  l'amputation  de  la  jambe  au  lieu 
d'élection,'  par  la  méthode  ovalaire,  et,  deux  mois  après,  le  malade 
sortait  de  Fhôpital  eomplétement  guéri  et  sans  que  nulle  ecmiplication 
eût  entravé  la  marche  naturelle  de  la  cicatrisation  du  moignon. 

Si  l'on  tient  compte,  et  des  lésions  osseuses  qui  existent  principale- 
ment sur  le  tarse,  de  la  déformation  et  des  distorsiop»  de^  orteils  et  du 
pied,  ainsi  (}ue  4^  1^  présence  de  queli|ues  tubercules  aux  environs  de 
l'ulcère,  nous  avons  ici,  d'après  MM.  Danielsen  et  Boeck  (1),  qn 
exemple  de  l'association  des  forrpes  tuberculeuse  et  anesthiésique  de 


(I)  TraUé  d^  la  ipéi^ltkhêd.  Paris,  ^848. 


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Félépbantiasis.  Mais  dous  devons  ajouter  que  nous  avons  TainemeDl 
recherché,  chez  notre  malade,  l'insensibilité  des  nnembres,  du  tronc  et 
du  visage,  qu'un  de  nos  collègues  de  Tarmée,  M.  Poocet  a,  de  soa 
eôté,  constatée  au  Mexique  (1)  dans  la  forme  anesthésique  de  cette 
affection. 

La  séance  est  levée  à  cinq  heures  et  demie. 

Le  Secrétaire,  D'  Léon  Labbb. 


SiANCE    DU    16    DBCBMBBB    1868 
Preftldeiie«    de    M.   LEGOUEST 

Le  procès-Yerbal  de  la  précédente  séance  est  lu  et  adopté. 

CORRBSPONDANCB. 

La  correspondance  comprend  : 

—  Les  journaux  de  la  semaine. 

—  Le  Bulletin  général  de  thérapeutique. 

—  Le  journal  de  médecine  et  de  chirurgie  jMratique. 
-^  La  Galette  médicale  de  Strasbourg, 

•^  Contagion  de  la  phthisie  pulmonaire.  Rapport  lu  à  la  Société  de 
médecine,  chirurgie  et  pharmacie  de  Toulon,  par  le  docteur  Armieux. 

—  Trattato  teorico-pratico  suite  mallatie  veneree^  par  le  docteur 
J.  Galligo,  de  Florence.  In-8  de  1,000  pages. 

RAPPORTS 

M.  Ybrnbuil  lit  un  rapport  sur  un  travail,  de  M.  Louis  Thomas,  de 
Tours,  intitulé  :  Polype  naso-pharyngien  à  embran€hem£i^  niumplet, 
traité  et  guéri  par  arrachement,  avec  résection  préalable  du  numi/atr^ 
supérieur  et  tamponnement  préliminaire  de  la  fosse  nasaie  correspon- 
dante. 

Messieurs, 

Sous  le  titre  modeste  de  Note  sur  un  cas  d^ablation  du  maociUêire 
supérieur,  M.  Louis  Thomas  vous  a  adressé  un  fait  qui  mérite,  à  plu- 
sieurs titres,  de  fixer  votre  attention. 

11  s'agit  d'un  polype  fibreux  nàso- pharyngien,  redoutable  affeclion 

(1)  A«c.  d$  mém.  deméd.,  chir,,  militairu,  1864,  t.l3,  p.  307. 


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qui,  depuis  plusieurs  années,  est  robjetderos  études.  En  second  lieu, 

.  ayant  à  choisir  entre  les  nombreux  procédés  que  l'on  emploie  contre 

ces  tumeurs,  M.  Thomas  a  opté  pour  Tablation  de  Tos  maxillaire 

supérieur  en  totalité,  en  respectant  toutefois  le  plancher  de  Torbite. 

Enfin,  pour  éviter  un  des  inconvénients  principaux  de  cette  résec- 
tion et  pour  accorder  au  patient  les  bienfaits  de  Fanesthésie,  notre 
confrère  a  utilisé  un  perfectionnement  récemment  introduit  par  votre 
rapporteur  lui-même.  Je  veux  parler  du  tamponnement  préliminaire 
de  la  fosse  nasale  du  côté  malade. 

Le  succès  qui  a  couronné  la  conception  et  Texécution  de  ce  plan 
opératoire  atteste  déjà  la  sagacité  et  Thabileté  de  Tauteur,  mais  il 
n'est  pas  superflu  de  montrer  que  la  réussite  n'a  pas  été  un  hasard 
heureux,  et  qu'en  pareille  occurrence  il  conviendrait  d'imiter  scrupu- 
leusement la  conduite  du  jeune  chirurgien  de  Tours. 

Un  petit  paysan  d'Indre-et-Loire,  âgé  de  16  ans,  maigre  et  pâle, 
était  affecté  de  son  mal  depuis  18  mois  environ  quand  il  fut  amené 
à  M,  Thomas  en  février  1868.  Des  douleurs  violentes,  des  hémorrba- 
gies  répétées  et  abondantes,  une  déformation  notable  du  côté  gauche 
de  la  face,  indiquaient  nettement  la  nature  du  mal. 

Le  médecin  ordinaire  avait  extrait  déjà  de  la  narine  gauche  l'e  n  - 
branchement  qui  obturait  cette  cavité,  laquelle  était  redevenue  mo- 
mentanément perméable. 

M.  Thomas,  après  un  examen  minutieux,  porta  le  diagnostic  sui- 
vant : 

lo  Fibrome  occupant  la  partie  supérieure  du  pharynx  du  côté 
gauche,  sMnsérant  dans  le  point  le  plus  élevé  de  cette  cavité,  sans 
qu'on  puisse  préciser  davantage  le  lieu  d*implantation  ; 

2»  Prolongement  volumineux  dans  l'épaisseur  de  la  joue,  et  refou- 
lant le  cul-de-sac  gengivo-labial  ; 

3'  Prolongement  probable  dans  l'intérieur  du  sinus  maxillaire. 

Avec  ce  diagnostic,  que  la  suite  confirma  pleinement,  M.  Thomas 
pensa  que  toute  opération  préliminaire  à  voie  étroite  serait  insuffi- 
sante, et  qu'il  fallait  résolument  sacrifier  le  maxillaire.  Votre  rap- 
porteur, ayant  toujours  soutenu  les  mêmes  principes,  ne  peut  qu'ap- 
prouver ces  choses,  et  il  serait  prêt,  aujourd'hui  même,  à  l'appuyer 
de  son  autorité. 

Mais  quoique  innocente  en  elle-même  et  d'une  exécution  assez 
facile,  la  résection  du  maxillaire  n'est  pas  sans  inconvénients,  elle 
provoque  un  écoulement  de  sang  notable,  et  comme  on  redoute 
l'entrée  de  ce  sang  dans  les  voies  aériennes  ou  dans  les  voies  diges- 
tives,  on  est  encore  dans  Thabitude  d'opérer  sans  endormir  les  ma- 


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-410- 

ladea»  o«  du  moinB  de  u's^itniajfitrer  le  chloroforme  q^ufi  pendant  les 
premiers  temps  de  Topération. 

Or,  le  patient  n'avait  accepté  Faction  chirurgicale  qu'à  la  condition 
de  ne  point  souffrir,  et  M.  Thomas  lui  avait  promis  qu'il  en  serait 
ainsi,    . 

Pour  tenir  sa  promesse  et  pour  pouvoir  achever  l'opération  sans 
souci  de  I4  pénétration  du  sang  dans  Tarrière-gorge,  notre  confrère 
songea  k  utiliser  quelques  préceptes  que  j'ai  formulés  pour  des  cas 
analogues  et  que  je  vous  demande  la  permission  de  reproduire  ici  : 

1"  TaoïipQimer  préalablement  l'arrière-narine  du  côté  affecté  ; 

2^  X)étacber  d'abord  l'os  maxillaire  en  haut  et  en  dehors  à  la  fa- 
veur des  incisions  externes^  et  sans  pénétrer  dans  la  bouche; 

30  géserver,  pour  le  dernier  temps,  la  section  de  la  voûte  palatine 
afin  que  la  cavité  buccale  ne  soit  ouverte  que  quelques  instants  avant 
la  fin  de  l'opération. 

Ce  programme  fut  suivi  de  point  en  point.  Le  tamponnement  fut 
d'abord  pratiqué,  puis  le  chloroforme  administré,  ensuite  les  incisions 
externes  furent  pratiquées,  à  peu  de  choses  près,  comme  dans  le  pro- 
cédé de  Gensoul.  Le  lambeau  relevé,  on  sectionna  la  branche  mon- 
tante, puis  la  connexion  à  l'os  malaire,  et  enfin  la  voûte  palatine.  Le 
tout  fut  promptement  achevé.  Tout  cela  fut  fait  rapidement,  et  Tos 
maxillaire,  sain,  avec  un  davier,  fut  luxé  avant  que  le  malade  ne  fût 
éveillé.  Dans  l'arrachemçnt  de  l'os,  le  plancher  de  l'orbite  resta  en 
place,  ce  que  M.  Thomas  ne  regretta  point.  11  fallait  encore  détacher 
avec  les  ciseaux  quelques  parties  molles  que  retenait  le  maxillaire  en 
arrière  du  col  du  voile- du  palais.  Mais  tout  cela  se  fit  sans  difficultés 
et  très-rapidement. 

Restait  à  pratiquer  l'ablation  du  poljpe.  Grâce  à  la  large  voie  ou- 
verte, le  pédicule  était  devenu  facilement  accessible.  Ënergiquement 
saisi  avec  un  très-fort  davier  à  résection  et  tordu  à  plusieurs  reprises 
et  en  fens  inverse,  il  céda  apréa  quelques  efforts^  et  amena  avec  lui  le 
corps  fibreux  tout  entier. 

H  n'en  résulta  qu'un  écouleçjent  sanguin  très-léger.  L'ér^ication 
parut  si  complète,  et  tes  points  d'ineection  si  netSi  qu'aucune  cautéri- 
sation ne  parut  pécessûre. 

Ainsi  s'était  achevée,  en  quelques  minutes,  et  sans  aucun  accident, 
cette  importante  extirpation.  Le  patient  n'avait  rien  senti  pendant 
toute  l'opération,  et  n'avait  conservé  de  celle-ci  aucun  souvenir^  On 
procéda  à  la  réunion  des  lambeaux,  et  la  guérison  s^effeçtua  très-aisé- 
ment. 

Pour  vous  couvaiQcre  de  l'utilité  de  la  résection  du  maxillaire,  il 


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-  411  — 

TOUS  suffira  de  jetei*  les  yeui  sur  deux  figures  très-bien  exécutées  ef 
qui  sont  jointes  à  l'observation.  Vous  serez  persuadés,  cotntfie  moi, 
que  nui  autre  procédé  n'aurait  permis  une  éradieatîoû  aussi  simple, 
aussi  prompte  et  aussi  radicale. 

Permettez-moi  d'insister  encore  sur  deut  petits  points  do  Manuel 
opératoire.  Je  veux  parler  de  la  con^rvatîot)  du  plancher  de  f  orbite  et 
de  la  section  de  la  voûte  palatine. 

Alors  même  qu'on  a  besoin  d'une  large  voie  pour  aborder  le  pha- 
rynx, et  que  dans  ce  but  on  sacrifie  l'os  tnaiillaire,  il  est  bon  de  mé- 
nager le  plancher  de  Torbile,  c^ar  sa  destruction  prive  Toôfl  d'iun  point 
d^appui  fort  utile  sans  faciliter  notablement  l'ablation  du  polype. 

Or,  cette  conservation  est  facile  à  obtenir.  iNwir  cela,  après  etYOit 
divisé  l'apophyse  montante  et  séparé  l'os  malaife,  on  conduit  à  petits 
coups  le  ciseau  parallèlement  au  bord  inférieur  de  l'orbite  et  à  quel- 
ques aûUioaètres  de  ce  bord,  Oa  sectionike  aisisi  la  paroi  antérieure  du 
sinus,  et  on  laisse  en  place  tout  le  plancher  orbitaire. 

La  section  de  la  voûte  palatine  peut  également  se  faire  de  la  narine 
vers  la  bouche  ou  de  haut  en  bas  avec  une  scie  droite  et  forte,  ou 
d'avant  en  arrière  avec  le  ciseau  ou  la  pince  de  Liston.  De  toute  façon, 
sans  qu'il  soit  besoin  d'écarter  les  mâchoires  pour  introduire  et  faire 
manœuvrer  la  scie  à  chaîne,  instrument  dont  pour  ma  part  je  ne  me 
sers  plus  pour  ce  genre  d'opération. 

Les  connexions  osseuses  du  maxillaire  étant  détruites,  l'os  est  alors 
énergiquement  ébranlé;  et  lorsqu'il  cède,  retenu  seulement  par  ses 
liens  muqueux  (voile  du  palais  et  membrane  gengivo-génale),  on  divise 
vivement  ceux-ci  avec  des  ciseaux,  et  la  masse  tout  entière  se  détache 
sans  peine. 

C'est  alors  seulement  que  le  sang  coule  dans  la  cavité  buccale,  mais 
en  petite  quantité,  si  l'on  a  soin  de  remplacer  aussitôt  la  pièce  osseuse 
par  un  volumineux  tampon  de  charpie  fortement  appliqué  dans  le  rfde 
produit. 

Je  ne  vous  cacherai  pas,  Messieurs,  la  satisfaction  que  j'ai  éprouvée 
en  voyant  avec  quel  succès  M.  Thomas  a  appliqué  à  la  résection  du 
maxillaire  sain  des  préceptes  opératoires  que  j'avais  expérimentés  et 
préconisés  pour  des  cas  pathologiques  différents.  Il  me  semble,  en  effet, 
que  si  l'on  est  heureux  de  tirer  soi-même  parti  des  innovations  qu'on 
a  imaginées,  on  s'affermit  davantage  dans  ses  convictions  quand  les 
innovations' susdites  réussissent  en  d'autres  mains. 

Peu  conclus  que  dans  le  cas  spécial  où  s'est  trouvé  notre  jeune  con- 
frère, le  tamponnement  préalable  des  fosses  nasales  et  l'ouverture 
tardive  de  la  cavité  buccale  sont  d'une  utilité  incontestable.  J'en  con- 


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—  4%  — 

dus  encore  que  M.  Thomas  a  mené  à  bien  une  entreprise  toujours 
malaisée,  en  metlaut  à  profit,  avec  hardiesse  et  sagacité,  toutes  les 
ressources  que  Fart  opératoire  lui  offrait. 

J'ajoute  qu'il  ne  s'agit  poiat  ici  d'un  de  ces  succès  passagers ,  trop 
communs  dans  l'histoire  clinique  des  polypes  naso-pharyngiens.  Tout 
fait  présager  une  guérison  complète.  En  effet,  le  petit  malade  a 
été  reru  au  mois  de  novembre  dernier,  rien  ne  faisait  présager  la  ré- 
cidive. 
.  Votre  Commissission  a  l'honneur  de  vous  proposer  : 

l*"  De  renvoyer  l'observation  de  M.  Louis  Thomas  au  bulletin  ; 

2o  D'inscrire  If.  Thomas  sur  la  liste  des  candidats  au  titre  de 
membre  correspondant  national. 

Ces  conclusions,  mises  aux  voix,  sont  adoptées. 

Kote  sur  nn  eas  d*ablatloB  de  maxillaire  ««périeer 

Par  M.  Louis  Thomas  (de  Tours). 

La  crainte  de  voir  le  sang  s'introduire  dans  les  voies  aériennes  et 
par  suite  produire  l'asphyxie  fait  rejeter,  par  la  majorité  des  chirur- 
giens, l'emploi  des  anesthésiques  pour  un  très-grand  nombre  des 
opérations  qui  se  pratiquent  sur  la  face. 

Dans  l'article  Anesthésie  du  nouveau  Dictionnaire  de  médecine  et  de 
chirurgie  pratiques,  M.  Giraldès  considère  cette  crainte  comme  tout  à 
fait  illusoire.  Pour  lui,  la  seule  contre-indication  à  l'emploi  des  anes- 
thésiques est  la  position  assise  du  patient.  Toutes  les  fois  que  l'opé- 
ration peut  être  faite,  le  malade  étant  placé  dans  la  position  horizon- 
tale, il  y  a  utilité  à  employer  l'anesthésie.  «  Dans  cette  position, 
dit-il,  le  sang  coule  plutôt  dans  le  pharynx  et  dans  l'œsophage  que 
dans  les  voies  aériennes.  J'ai  eu  maintes  fois  l'occasion  de  m'en  as- 
surer, en  pratiquant  chez  des  enfants  des  opérations  au  fond  du  gosier 
ou  des  becs-de-lièvre  compliqués  même  de  l'ablation  de  la  mâchoire 
supérieure.  » 

On  peut  objecter  à  M.  Giraldès  que  si  le  sang  coule  plutôt  dans  le 
pharynx  et  dans  l'œsopbage,  il  ne  s'ensuit  pas  cependant  qu'il  ne 
puisse  jamais  couler  dans  les  voies  aériennes.  Qui  peut  répondre  en 
effet  qu'un  caillot  sanguin  situé  dans  le  pharynx,  au  niveau  de  l'orifice 
supérieur  du  larynx,  ne  sera  pas  entraîné  à  travers  leslèvres.de  la  glotte 
pendant  l'inspiration?  Aussi  l'absence  d'accidents,  dans  les  opérations 
que  rapporte  M.  Giraldès,  ne  suffit  pas,  à  mon  avis,  pour  établir 
l'innocuité  complète  de  l'anesthésie  en  pareil  cas.  Pour  ces  raisons. 


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les  assertions  de  M.  Oiraldès  ne  me  semblent  pas  ée  natare  à  «tissiper 
eoiffpfét«metit  les  craintes  des  chirurgiens,  et  je  pense  que  4es  meyei» 
capables  de  prévenir,  pendant  les  opérations  qui  se  pratiquent  i^r  k 
face,  récoulefuerit  du  sang  dans  le  pbarjnx  et  par  suite  dane  les  voies 
aériennes,  eo&tribueront  mieux  k  rassurer  les  opérateurs  «t  à  étendre 
à  ces  opérations  l'usage  des  anestbésiques. 

Dans  un  travait  réeent  lu  à  l'Académie  de  médecine  (séance  du 
6  a^ût  1867),  sur  les  moyens  propres  à  atténuer  les  inœnvénimts  de 
Péeoukment  sangmn  dans  certaines  opérations  prafiqaées  sur  la  face, 
M.  ie  professeur  Verneuil'  signale  «  les  services  que  peut  rendra  le 
tamponnement  des  fosses  nasales  dans  les  opérations  sanglantes  pra- 
-tiquées  sur  Tauvent  nasal,  l'intérieur  ^s  fosses  nasales,  ie  sinus 
maxillaire,  les  parties  élevées  de  la  mâchoire  supérieure,  dans  tous  les 
cas  où  le  sang  menace  de  s'inb^nlviire  éans  le  pharynx.  Ge  tampon- 
Mmeot,  dit'-il^  en  sopprimani  f  écoulement  sanguin  postérieur,  rend 
|X>ssible  Tanesthéâie  pendant  toute  la  durée  de  l'opération.  » 

J'ai  eu  dernièrement  occasion  de  metti^e  en  pratique  les  conseils 
domés  par  IL  Verneuii.  Il  m'a  été  possible  d'endormir  mon  malade 
complètement  et  sans  crainte  d'écoulement  sanguin  dans  les  voies 
aériennes,  pendant  toute  la  durée  de  celte  terrible  opération.  A  ce 
litre,  le  procédé «nquel  j'ai  eu  recours  m'a  paru  digne  d'être  signalé; 
on  eu  trouvera  la  description  dans  l'observation  •suivanle 

Le  nemmé  G...,  de  Saint-Nicolas-de-Bourgueit  (Indre-et-Loire),  ftgé 
de  16  ans,  maigre  et  grêle,  mm  doué  d'une  bonne  santé  4iafoituelle 
et  issu  de  parents  bien  portants,  commença  à  éprouver,  il  y  a  dix-buil 
mois  environ,  de  la  gêne  de  la  respiration  nasale,  et  de  l'enchifrône- 
ment  de  la  narine  gaHChe.  L%  voix  était  on  même  lempe  devenue  na- 
sonnée.  Espérant  que  «es  aoeidents  cesseraient  spontanément,  «e  jeune 
homme  resta  longtempo  sans  s'en  préoccuper;  mais,  loin  de  d48pa-' 
raitre,  chaque  jour  yi»  étaient  plus  prononcés.  La  joue  gaoche  deve* 
nait  en  outre  plus  saillante  que  celle  du  c6té  droit,  et  il  eiistai^t  en 
même  temps  un  peu  de  gêne  pour  écarter  les  mâchoires. 

Survinrent  alors,  à  des  intervalles  irréguliers,  mais  assee  éloignés, 
des  douleurs  très-vives,  irradiant  dans  teut  le  côté  gauche  de  la  faœ 
et  du  crâne.  Ces  douleurs,  qui  duraient  quelquefois  plusieurs  jours, 
cessaient  ordinairement  apr^  l'apparition  subite  d'une  bémorrhagie 
par  le  nez  et  la  bonobe.  Le  malade  estime  qu'il  perdait  environ  un 
plein  verre  de  sang,  puis  ThéraorrhagiB  s'arrêtait  spontanément 

LereiOQivde  ces  douleurs  et  de  ces  hémorrhagies  devenant  plus  fré^ 
quent,  le  malade  réclama  «a^m  les  soins  du  docteur  i.eiaesie  (de  Bour^ 
gueil)  qui,  ayjAt  reconnu  dans  la  fosse  nasale  gauebe  la  présence  d'une 
2«  série.  —  TOMB  IX.  60 


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^  474  — 

production  morbide,  ea  tenta  i' arrachement.  Il  réussit  ainsi  à  débar- 
rasser la  fosse  nasale  d'une  partie  de  son  contenu  et  à  en  rétablir  la 
perméabilité. 

Cette  opération  ne  produisit  qu'une  très-faible  amélioration  dans 
rétat  du  malade,  que  M.  Lemesle  me  fit  l'honneur  de  m*adresser  dans 
les  premiers  jours  du  mois  de  février  1868. 

A  première  vue,  je  fus  frappé  du  défaut  de  symétrie  qui  existait 
entre  les  deux  moitiés  de  la  face.  La  partie  gauche  était  plus  saillanle 
que  celle  du  côté  opposé  et  le  nez  notablement  dévié  à  droite.  Les 
fosses  nasales  ne  paraissaient  contenir  aucune  production  morbide  et 
l'air  les  traversait  assçz  facilement.  L'intérieur  de  la  bouche  ne  pré- 
sentait non  plus  rien  d'anormal  ;  la  voûte  palatine  était  très-élevée  et- 
très-étroite,  le  voile  du  palais  non  déprimé  et  la  cavité  pharyngienne 
complètement  libre.  J'introduisis  alors  le  doigt  derrière  le  voile  du 
palais,  et  je  constatai  en  ce  point  la  présence  d'une  tumeur  dure,  un 
peu  irrégulière,  ayant  le  volume  d'une  petite  noix  et  descendant 
presque  jusqu'au  bord  libre  du  voile  du  palais.  Le  doigt  pouvait  être 
promené  autour  de  la  tumeur,  mais  je  ne  pus  reconnaître  en  quel 
point  se  trouvait  son  implantation. 

Explorant  ensuite  avec  le  doigt  introduit  dans  le  sillon  gîngivo-la- 
bial  la  face  externe  du  maxillaire  supérieur  gauche,  je  reconnus 
l'existence  d'une  autre  tumeur  qui  venait  s'épanouir  dans  l'épaisseur 
de  la  joue  en  contournant  le  bord  postérieur  du  maxillaire.  Celte  tu- 
meur était  dure,  iodolenie^,  un  peu  aplatie  latéralement  pour  s'appli- 
quer sur  la  face  externe  dû  maxillaire,  et  avait  à  peu  près  le  volume 
du  pouce. 

Le  diagnostic  n'était  pas  douteux,  je  me  trouvais  en  présence  d'un 
polype  naso-pharyngien,  ayant  ua  embranchement  pharyngien  et  un 
embranchement  géniea.  La  saillie  exagérée  du  maxillaire  supérieur 
gauche  était-elle  due  en  outre  à  la  distension  du  sinus  de  cet  os  par 
un  prolongement  du  polype?  C'est  ce  qu'il  était  permis  de  supposer. 
Restait  à  résoudre  une  question  importante,  celle  du  traitement  à 
mettre  en  pratique.  Une  opération  préliminaire  était  nécessaire  pour 
faire  l'ablation  de  ce  polype.  A  laquelle  devais-je  donner  la  pré- 
férence ? 

La  résection  de  la  partie  postérieure  de  la  voûte  palatine,  suivant 
la  méthode  de  M.  Nélaton,  ne  pouvait  me  permettre  d'atteindre  tons 
les  prolongements  de  la  tumeur.  La  voûte  palatine  présentait  en  outi'e 
une  disposition  ogivale  peu  favorable  pour  pratiquer  cett^  opération. 
11  y  avait  bien  des  raisons  de  penser  que  la  résection  partielle  du 
maxillaire  ne  fournirait  non  plus  qu'une  voie  insuffisante  pour  faire 


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—  4*75  — 

rabiation  du  polype.  Auf^si  est-ce  à  la  résection  totale  du  maxillaire 
que  je  crus  devoir  donner  la  préférence. 

M.  le  professeur  Yerneuil,  auquel  j'eus  l'occasion  de  montrer  ce 
malade  quelques  jours  après,  partagea  mon  opinion.  Comme  moi,  il 
jugea  l'ablation  du  maxillaire  nécessaire  et  seule  capable  d'assurerl 
guérison.  Cette  opération  fut  acceptée  parle  malade,  mais  il  réclamait 
instamment  d'être  endormi.  Pour  satisfaire  cette  exigence  sans  courir 
la  chance  de  l'introduction  du  sang  dans  les  voies  aériennes,  voici  le 
procédé  auquel  j'eus  recours  le  12  mars  1868,  en  présence  et  avec 
l'aide  des  docteurs  Lemesie  (de  Bourgaeil),  Dugenet  (de  Tours),  et 
Thomas  (de  Ligueil). 

Le  malade  étant  couché,  je  pratiquai  le  tamponnement  de  la  fosse 
nasale  gauche,  puis  le  chloroforme  fut  administré,  et  c'est  seulement 
lorsque  le  malade  fut  complètement  endormi  que  je  procédai  à  l'opé^ 
ration. 

Je  fis  une  première  incision  horizontale  ou  très-légèrement  oblique 
en  haut,  partant  de  l'aile  du  nez  et  ayant  une  étendue  de  3  à  4  centi- 
mètres. Pour  faire  cette  incision,  j'avais  saisi  la  lèvre  supérieure 
entre  le  pouce  et  riûdex  gauches,  et  je  m'étais  ainsi  assuré  que  le 
sillon  gingivo-labial  serait  respecté.  Des  extrémités  de  cette  première 
incision  j'en  fis  partir  deux  autres  :  l'une  dirigée  en  haut  et  en  dedans 
suivant  le  sillon  naso-génien  et  ayant  envûron  3  centimètres  ;  l'autre 
dirigée  en  haut  et  en  dehors  vers  la  saillie  de  l'os  malaire  dans  une 
étendue  de  4  centimètres.  Je  respectai  ainsi  l'intérieur  de  la  bouche, 
j'évitai  la  lésion  du  canal  de  Sténon  et  je  ménageai  quelques-uns  des 
filets  du  nerf  facial  qui  se  rendent  à  la  paupière  inférieure. 

Je  procédai  ensuite  à  la  dissection  du  lambeau  circonscrit  par  ces 
incisions,  puis  je  pratiquai  à  l'aide  de  la  scie  à  chaîne  la  division  de 
l'os  malaire  et  de  l'apophyse  montante  du  maxillaire.  Ces  différents 
temps  de  l'opération  s'accomplirent  pendant  l'anesthésie  du  patient 
et,  grÀce  au  tamponnement  de  la  fosse  nasale  correspondante,  sans 
qu'une  seule  goutte  de  sang  pût  couler  dans  le  pharynx. 

Il  me  restait  à  faire  la  section  de  la  voûte  palatine  et  du  bord  al- 
véolaire, et,  pour  pouvoir  entretenir  l'anesthésie  sans  danger,  il  fallait 
éviter  encore  l'écoulement  du  sang  dans  le  pharynx.  Pour  cela  je  di- 
visai la  lèvre  supérieure  dans  toute  sa  hauteur  par  une  incision  verti- 
cale parlant  de  l'extrémité  interne  de  l'incision  horizontale  que  j'avais 
faite  au  début.  Puis,  je  fis  serrer  fortement,  entre  les  doigts,  par  deux 
aides,  les  lambeaux  résultant  de  cette  incision,  de  façon  à  s'opposer 
à  l'écoulement  sanguin,  et,  ayant  arraché  la  deuxième  incisive  laté- 
rale gauche,  je  tentai,  avec  une  petite  scie  à  main  introduite  dans  la 


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—  416  — 

fOBse  nasale  de  diviser  le  bord  ahéolaire  et  la  voûte  palatine.  Je  mt 
proposais  de  pratiquer  cette  section  rapidement  en  intéressaDl  le  nt&m 
possible  la  muqueuse,  par  suite  de  la  facilité  avec  laquelle  se  déeolie 
le  périoste  de  la  voûte  palatine  ;  j'aurais  pu  ainsi  ébranler  le  maxil*- 
taire  et  en  produire  la  luxation  sans  qu'il  y  eût  un  éoouledoe&t  san- 
guin notable  dans  le  pharynx.  Mais  je  ne  pus  réaliser  mon  programme, 
je  n'avais  à  ma  disposition  qu'une  scie  à  main  trop  grande  et  trop 
flexible,  tandis  qu'une  scie  à  main  étroite  et  solide  eût  été  nécesbaire 
pour  pratiquer  cette  partie  de  l'opération.  Aussi,  reneofntraAi  quelques 
difficaltés  j'eus  recours  à  la  soie  à  ebatne  introduite  aveo  la  sondé  de 
Belloc  par  une  incision  du  voile  du  palais.  Ce  temps  de  TopératiOb 
s'exécuta  rapidement  et  je  pus  produire  la  luxation  du  maxillaire 
avant  que  le  malade  de  fût  éveillé.  La  paroi  inférieure  du  sinus  maxil- 
laire céda  60US  la  pression  du  davier  avec  kquel  j'avais  saisi  i'os 
pour  le  luxer,  et  la  paroi  inférieure  de  l'orbite  fut  ainsi  presque  com- 
plètement ménagéOi 

Lorsque  le  malade  commença  à  s'éveiller,  je  divisai,  en  terminant 
par  le  voile  du  palais,  les  parties  molles  qui  seul^  retenaient  le  maxil- 
laire en  place. 

J'eus  alors  lieu  de  m'applaudir  de  l'ablation  totale  du  maxillaire  ; 
le  polype  était  plus  volumineux  qu'il  n'était  permis  de  le  supposer 
Atant  Topération;  Je  détachai  quelques  adhérences  contractées  avec 
les  parties  voisines  par  rembranchement  géuien  qui  envoyait  un  pro- 
bbgement  jusque  dans  la  fosse  sygomatique.  Poissaisissltnl  fortement 
le  polype,  aussi  près  que  possible  de  son  pédicule,  avèo  un  très-fort 
davier  à  résection^  j'en  fis  la  torsion  en  Tatttrant  à  moi.  Après  pla- 
sieurs  tentatives,  mes  efforts  furent  couronnés  de  succès  et  j'entraînai 
complètement  le  polypOi  €et  arrachement  ne  donna  lieu  qu'à  un  très- 
léger  éeouteïkie&t  sanguin.  La  eavité  du  sinus  sphénoïde  qui  aurait  pu 
recevoir  une  noix  éteu  conlpilètement  dépouillée  de  son  périoste»  Le 
doigt  porté  sur  le  corps  du  spbénoïde  et  l'apophyse  basilaire  ne  ren- 
contre aucua  débris  de  la  tumeur.  Je  ne  crus  pas  nécessaire  de  faire 
de  cautérisation  au  oiveaù  de  l'inseriioii  du  pédicule,  «t  après  m'être 
assuré  que  L'éboulement  tangutn  avait  cessé,  je  procédai  à  la  réunion 
des  lambeaux. 

Quatorze  points  du  suture  furent  nécessairas  pour  obtenir  lëurco- 
aptalion  exacte. 

•Les  suites  de  cette  opération  furent  très-simples.  !1  y  «la  uneséaâ- 
iioii  très  légèrt;.  Le  sixième  jour  J'ealovai  lies  âls  ovét'tihques.  La  réu- 
nion eut  lieu  par  première  ik^tention  pour  les  incisions  supérieures  et 
la  plus  grande  partie  de  l'incision  horizontale.  La  réuni<m  eut  lieu 


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—  4W  — 

é^letneM  pw  première  intention  dans  le  tiers  infériesr  du  niveao  de 
kl  lèvre  et  au  niveau  de  soft  bord  lil^. 

Le  mafade  qtiitta  Tours  eomplétemeat  guéri  dans  les  premiers  jours 
du  mois  d*avrii.  Il  m'a  souvent  répété  qu'il  n'avait  pas  souffert  pen- 
dant ropèratioa  et  n'en  avait  gardé  aucun  souvenir. 

J'ai  eu  depuis  tors  foecasion  de  l'examiiier  avee  le  miroir  pharyn- 
gien, il  n'y  a  pas  d'apparence  de  récidive.  La  créatrice  de  l'incision 
horizontale  est  déprimée  et  la  lèvre  supérieure  attirée  en  haut^il  existe 
même  une  encoche,  par  rétraction  de  la  cicatrice,  au  niveau  de  son 
bord  libre.  L'application  d'une  pièce  prothétiqii«  pourra  reimédier  en 
partie  à  cette  difformité. 

L'examen  du  polype  me  montra  qu'il  avait  bien  été  enlevé  complè- 
tement. Les  figures,  que  je  dois  à  l'obligeance  de  M.  Blanchet,  in- 
terne à  l'hôpital  de  Tours,  en  sont  la  reproduction  exacte  et  de 
grandeur  naturelle*  Ce  polype  présentai!  l»  un  embranchement 
pharyngien;  ^  un  embranehement  génien,  ayant  traversé  le  trou 
sphéno-palaCin  et  1«  fente  ptérygo-maxillaire  et  envoyant  un  prolon- 
gement daBA  la  fosse.  Kygomatique  (au-dessous  de  l'arcade  de  ee 
nom  ;  cette  partie  de  ia  tumeur  présente  une  sorte  d'étranglemeoit)  ; 
3"*  un  «oibranehement  dans  la  cavité  du  sinus  maxillaire;  4o  un 
embranchement,  peu  volumineux,  dans  la  fosse  nasale  gauche; 
5'>  enfin  un  prolongement  dans  le  sinus  du  sphénmde.  Le  pédicule 
avait  à  peine  l'étendue  d'une  pièee  d'un  franc,  et  sur  une  partie  de  sa 
circonférence,  il  etistait  de  petites  lamelles  osseuses  qui  avaient  été 
arrachées  avec  lui.  Ce  polype  était  très-dur,  peu  vasculaire  et  sem- 
blait bien  évidemment  de  nature  fibreuse.  Il  présentait  cette  particu- 
larité quii  eofvoyalt  un  prolongement  génien  trèfr* volumineux ,  tandis 
qu'il  ne  présentait  que  des  dimensicms  assez  restreintes  du  c6té  des 
fosses  nasaies.  L*examen  de  cette  pièce  justifiait  donc  bien  l'opération 
préliminaire  que  j'avaie  pratiquée. 

Cette  opération  a  pu  être  faite  pendant  l'anesthésie,  sans  exposer  le 
patieni  aux  dangers  de  la  pénétration  du  sang  dans  les  voies  aéri^nes 
Dans  ce  but,  j'ai  eu  recours  à  un  procédé  qui  m'a  été  inspiré  par  la 
lecture  d'un  travail  de  M.  le  professeur  Yerneuil,  dans  lequel  ce.  chi- 
rurgien signale  les  services  que  peut  rendre  le  tamponnement  des 
fosses  nasales  dans  un  grand  nombre  des  opérations  sanglantes  qui  se 
pratiquent  sur  la  face.  Ce  procédé  se  rapproche  de  oeki  de  Gensoul 
par  la  dh^eetion  des  incisions,  mais  il  en  diffère  par  leur  moiodi'C 
étendue  et  surtout  par  ia  succession  des  temps  de  l'opération.  Ainsi 
au  lieu  de  ûdre  d'aliord  la  section  des  parties  iiiolies ,  puis  celle  des 
08,  l'ai  divisé  les  attaches  supérieures  du  maxillaire  et  oisuite  aei 


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—  éTO- 
pardes  inférieures,  de  façon  à  ne  pénétrer  dans  la  cavité  buecale  que 
pendant  le  dernier  temps  de  l'opération  et  seulement  après  avoir  fait 
toutes  les  sections  osseuses,  ébranlé  et  luxé  le  maxillaire  qui  oe  se 
trouve  plus  alors  maintenu  que  par  les  parties  moUes.  Grftce  au  tamr 
f»9nnement  des  fosses  nasales,  le  sang  ne  peut  couler  dans  le  pharynx. 
Il  n'y  a  donc  plus  à  redouter  sa  pénétration  dans  Jes  voies  aénennes, 
d'où  plus  de  contre-indication  à  l'emploi  des  aneBtbéaiques. 

BAPPORT. 

M.  Pavlet  lit  un  rapport  sur  un  travail,  de  M.  Rouge,  de  Laueanne, 
intitulé  :  Anévrysme  de  la  carotide  primitive  droite,  guéri  par  la  cm- 
pre$si0  digitale  indirecte  et  intermittente. 

Messieurs , 

Dans  le  courant  du  mois  d'octobre  dernier,  la  Société  de  cfairurd^e 
a  reçu  de  M:  le  docteur  Rouge,  cbinirgien  en  cbef  de  l'hôpital  can- 
tonal de  Lausanne,  un  travail  intitulé  :  Anévrysme  de  la  caroHàe 
primitive  droite,  guéri  par  la  compression  digitalCy  indirecte  et  ixdermU- 
tente.  Ce  travail  a  été  renvoyé  à  l'examen  d'une  commission  composée 
de  MM.  Després,  de  Saint-Germain,  Paulet,  et  c'est  comme  rapporteur 
de  cette  commission  que  je  viens  aujourd'hui  vous  ea  rendre  compte. 

Plaeé  à  la  tète  d*un  important  service  de  chirurgie,  l'auteur  a  eu 
plusieurs  fois  déjà  l'occasion  d'observer  des  tumeurs  anévrysmales; 
c'est  ainsi  qu'il  rappelle,  mais  brièvement  et  à  titre  de  simple  men- 
tiAi^  uo  anévrysme  du  tronc  brachio-cépbalique,  un  autre  de  l'artère 
sous-clavière,  un  anévrysme  sacciforme  de  l'aorte  tboracique  et  enfin 
un  anévrysme  poplité  qu'il  a  traité  et  guéri  après  120  heures  de 
compression  digitale  et  mécanique  indirecte,  intermittente. 

L'intéressante  observation  dont  j'ai  à  vous  entretenir  est  relative  à 
un  anévrysme  de  l'artère  carotide  primitive  droite.  Le  malade  a 
68  ans  ;  il  est  vigoureux  et  a  toujours  joui  d'une  excellente  santé.  Eo 
i854,  un'lknon  de  voiture  l'atteint  à  la  partie  supérieure  de  la  poi- 
trine et  le  renverse  évanoui  ;  mais  malgré  la  violence  de  cette  contu- 
èiop,  il  se  rétablit  en  quelques  jours  et  ne  parait  pas  s'être  jamais 
ressenti  de  cet  acident. 

C'est  seulement  en  1865  qu'apparut  au  côté  droit  du  cou  une  tumeur 
d a  volume  d?ïine  noisette;  mais  l'afiTection  était  indolente,  il  là  né- 
gligea. Deux  ans  après,  en  <867,  la  tumeur  s'accroissait  rapidement 
en  même  iexûgs  qu'apparaissaient  des  douleurs  de  plus  en  plus  vives. 
Pressé  par  la  souffrance,  il  se  présentait  à  M.  Rouge,  qui,  assisté  de 
•  deax  confrères,  diagnostiqua  sans  peine  un  anévrysme  de  la  carotide 


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—  419  — 

Primitive.  Le  malade  se  refusa  d'aillaurs  à  toute  espèce  de  traitement 
jusqu'à  la  fin  de  l'hiver  suivant  et  n'entra  à  Thôpital  de  Lausanne 
que  le  6  mars  1868.  A  cette  époque  la  tumeur  avait  acquis  12  centi- 
mètres de  long  sur  11  de  large,  elle  était  située  sous  le  sterno-mas- 
toïdien  droit  et  s'étendait  depuis  le  bord  inférieur  du  cartilage  csir 
coïde  jusqu'au  sommet  de  Tapophyse  mastoïde;  son  point  le  plus 
volumineux  correspondait  au  niveau  de  l'angle  de  la  mâchoire.  Grâce 
aux  belles  photographies  qui  accompagnent  la  relation  de  M.  Rouge, 
on  peut  d'un  seul  coup  d'ceil  se  rendre  un  compte  exact  dtt  dévelop- 
pement de  la  tumeur.  Quant  à  sa  nature,  il  n'y  avait  pas  le»  moindr# 
doute;  pulsations,  mouvement  expansif,  bruit  de  souffle  un  peu  rude, 
tous  les  symptômes  caractéristiques  des  dilatations  anévif smales 
existaient  au  plus  haut  degré  et  disparaissaient  ensemble  par  la  com- 
pression de  la  carotide  à  sa  partie  inférieure.  La  peau  n'était  ni  adhé- 
rente ni  altérée  dans  sa  couleur.  La  voix  était  normale  ;  la  respiration 
et  la  déjglutition  s'exécutaient  sans  gêne.  D'après  Tau teury^l'anéyrysme 
avait  son  point  d'origine  à  la  hauteur  du  bord  supérieur  du  cai-tjl^tge 
thyroïde,  c'est-à-dire  aji  point  de  bifurcation  de  la  carotide  primitive. 

Le  cou  était  maigre,  l'artère  s'isolait  facilement  et  sa  longueur  au- 
dessous  de  la  tumeur  était  suffisante  pour  qu'on  pût  songer  à  prati- 
quer la  compression  digitale.  C'est  en  effet  ce  qui  fut  exécuté  à  partir 
du  i2  mars.  Le  nombre  et  la  durée  des  séances  furent  modifiés  sui- 
vant la  tolérance  du  malade,  cependant,  en  moyenne,  la  compression 
fut  maintenue  pendant  sept  ou  huit  heures  chaque  jour,  on  alla  même 
jusqu'à  neuf  heures  et  demie.  Dès  le  second  jour,  diminution  évid^le 
des  battements.  A  partir  du  septième,  la  tumeur  revient  notablement 
sur  elle-même,  le  sterno-mastoîdien  reprend  sa  direction  normale. 
Bientôt  les  battements,  les  mouvements  expansifs  et  le  brujt  de  souffle 
disparaissent.  Enfin,  le  29  mars,  on  peut  considérer  le  malade  comme 
guéri.  La  compression  digitale  avait  été  appliquée  pendant  dix-sept 
jours.  Elle  avait  duré  cent  trente  heures  et  demie.  Toutefois,  par 
mesure  de  précaution,  on  continua  à  comprimer  du  2  dga  25  avril, 
mais  d'une  façon  très-intermittente  et  seulement  une  heure  et  demie 
par  jour. 

La  guérison  a  été  constatée  le  8  mai  par  tous  les  membres. de  la 
société  vaudoise  de  médecine,  et  depuis  cette  époque  le  malade  est 
resté  bien  portant. 

Tel  est  en  quelques  mots  le  résumé  du  fait  intéressant  rapporté  par 
M.  Rouge.  Je  veux  maintenant  appeler  votre  attention  sur  quelques 
judicieuses  remarques  faitespar  l'auteur  lui-même  et  sur  certaines  par-: 
iicularités  curieuses  qu'a  présentées  le  malade  pendant  sontraitemeût^. 


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Lorsqu'il  s'agit  de  comprimer  lu  carotide  prtmitifo,  il  semble  tovt 
oatwrel  d'appliquer  directement  les  doigts  sar  la  foee  antérieure  du  Tus- 
seau et  d'apktir  celui-d  contre  le  plan  résistant  formé  par  i'apofh jse 
transYerse  de  la  sixième  Tertèbre  cervicale.  C'est  ainsi  que  procéda 
d'abord  le  chirurgien  de  Lausanne;  mais  les  douleurs  excessires 
oocasionnées  par  la  compression  du  pneumo-gastrique,  l'obligèrent 
bientôt  à  abandonner  ce  moyen.  Le  même  fait  avait  déjà  été  loté 
par  Gioppi,  par  D^re,  et  il  l'aura  certainement  été  par  tous  les  ob* 
servateurs-qui  auront  voulu  agir  de  la  même  façon. 
'  La  compression  de  Fartère  contre  le  tubercule  carotidien  suspend 
complètement  le  cours  du  sang,  avesi  restepa4^1e  toujours  comme 
une  excellente  ressource  dans  les  bémorriiagies  de  la  tète  et  du  cou. 
Ma»  si  cette  compression  doit  être  maintenue  ionglemps,  eomme 
lorsqu'il  s'agit  de  traiter  un  anévrysme  par  la  compression  indirect», 
elle  devient  absolument  insupportable  pour  les  malade»  et  doit  être 
rejetée.  * 

La  même  reproche  est  évidemment  applicable  à  la  compression 
mécanique  de  la  carotide  primitive,  car  tous  les.compresseurs  inventés 
jusqu'à  ce  jour  n'ont  pas  d*autre  action  que  d'aplatir  l'artère  contre  la 
colonne  vertébrale  et  partant  de  comprimer  en  même  temps  le  pneumo* 
gastrique.  Il  est  juste  d'ajouter  que  les  fâcheux  effets  de  cette  com- 
pression ne  se  manifestent  pas  aussi  souvent  qu*on  serait  porté  à  le 
croire,  grftce  à  l'extrême  facilité  avec  laquelle  se  déplacent  les  pelotes 
de  ces  instruments.  En  résumé,  quand  l'instrument  agit,  il  est  iatolé* 
raUe;  quand  il  est  toléré,  c'est  qu'il  n'agit  pas. 

M.  Rouge  voulut  aussi  faire  usage  d'un  compresseur,  mais  il  dut  y 
renoncer,  Quant  à  la  compression  digitale^  il  parvint  à  la  rendre  sup- 
portable pour  son  malade  eu  la  pratiquant  latéralement^  oomme  l'avait 
déjà  fait  Gioppi  en  1856.  Le  pouce  était  placé  sous  le  bord  antérieur 
du  sterno-mastoldien,  les  trois  doigts  suivants  sous  le  boixl  postérieur 
du  même  muscle^  et  l'artère  était  saisie  et  comprimée  dans  cette  sorte 
de  pince.  Malgré  cette  précaution  il  ne  fut  pas  toujours  possible  de 
maintenir  le  pneumo-gastrîque  isolé  du  vaisseau,  et  à  plusieurs  re* 
prises  le  pincement  du  nerf  occasionna  des  accès  de  toux. 

Un  autre  inconvénient  résulte  de  la  nécessité  d'appliquer  les  doigts 
toujours  sur  le  même  point  des  téguments.  L'artère  fémorale,  l'artère 
humérale  sont  accessibles  à  la  compression  dans  une  asses  grande 
étendue  de  leur  trajet,  et  l'on  peut,  en  variant  les  points  d'application 
de  la  force,  éviter  les  excoriations  et  les  escharres  de  la  peau.  Au  cou, 
il  n'en  est  pas  de  même,  ce  n'est  que  sur  une  tnèfr>petite  longueur 
qu'on  peut  agir  effioacement  sur  la  carotide  :  aussi  est-il  iûenidifffîcile* 


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—  481   - 

sinon  iippQssible^  de  conçenrer  ^u   t^^umeut  ]toute  i^on  intégrité. 

Dès  le  troisième  jour  Iq  malade  çU  M.  JSiQuge  avait  4as  excoria- 
tioqs.  Néanmoins,  en  employant  quelques  moyens  prégervii^ifs  iels 
quç  la  poudre  de  lycopode,  le  collodion,  on  put  mener  à  bonn^  fin  ce 
traitement  dont  je  vous  ai  déjà  fait  connaître  les  bejwux  résultais, 

interruption  subite  du  cours  du  sang  dans  la  çarotidç  ne  parais 
pas  avoir  déterminé  d'accidents  sérieux  du  côté  de  l'encéphale,  comme 
on  Ta  observé  trop  souvent  à  la  suite  de  la  ligature.  Le  malade  s'est 
plaint  seulement  d'un  peu  de  céphalalgie  pendant  quelques  jourç. 

Par  contre,  voici  un  fait  assez  singulier  que  semble  avoir  produit 
Tarrêt  de  la  circulation  artérielle.  Lors  de  son  entrée  à  l'hôpital^  l6 
malade  portait  à  la  face,  au  point  de  jonction  de  la  narinç  droite  ayec 
le  sillon  naso-Iabial,  une  excroissance  verruqueuiBe  très-vaspulaire, 
grosse  comme  une  noisette.  Pendant  }b  cours  de  la  compression,  cette 
petite  tumeur  se  flétrit,  se  sphacéla,  çt  rulçératipn  qui  réj5ulta  dç  Ja 
chute  de  Fescharre  devint  le  point  de  départ  d'un  érysipèle  qui  ^agna 
le  cuir  chevelu,  la  face  entière  et  le  cou.  Preuve  évidente  qu?  {^9 
anastomoses  artérielles  entre  les  deux  moitiés  de  la  face  ne  sont  pas 
toujours  suffisantes  pour  rétablir  rapidement  te  cours  du  sangl 

Enfin,  il  existait  une  cataracte  double,  un  peu  plus  avancée  h 
droite  qu'à  gauche.  Après  la  «juérison  de  l'anévrysme,  la  cataracte 
était  restée  stationnaire  du  côté  gauche,  tandis  que  l'opacité  du  cris- 
tallin était  devenue  complète  du  côté  où  la  carotide  avait  été  com* 
primée. 

M.  Rouge  termine  son  travail  en  rappelant  sommairement  )çs  cas 
connus  jusqu'ici  et  dans  lesquels  la  compression  digitale  a  été  appli- 
quée au  traitement  des  anévrjsmes  de  la  tête  et  du  cou.  Ces  ca^  ^oni 
au  nombre  de  quatre.  Le  premier  appartient  à  Gioppl  de  Padoue,  n 
est  relalit  à  une  femme  de  42  ans,  guérie  en  quatre  jours  d^un  ané- 
vrysme  de  Tartère  ophthalmique  gauche  par  la  compre&sion  de  la  ca« 
rotide  primitive  (fiioniale  d*oftalmotogia  iîaliano  1858,  fasc.  4  et  5.  — 
Annales  d'octUistique  1858,  5«  et  6«  livraisons). 

Au  mois  d'avril  1858,  Vanzetli  guérit  une  femme  de  49  ans  atteinte 
d'anévrysme  de  Tartère  ophthalmique  gauche.  Quinze  jours  de  traite- 
ment, sept  heures  vingt  minutes  de  compression  en  tput,  suffisent  pour 
amener  la  guérison  (Petiteau,  Thèse  de  Paris,  1858,  n*»  255.  —  Ar- 
chives générales  de  médecine^  décembre  1858). 

En  1860,  Deiore  essaye  la  compression  digitale  sur  un  homme  de 

63  ans.  L'anévrysme  siégeait  sur  la  carotide  primitive  gauche,  il  avait 

le  volume  d'une  orange.  Il  fut  impossible  de  saisir  l'artère  en  passant 

derrière  le  sterno-mastoïdien,  il  fallut  comprimer  directement  contre 

9'  sérU.  —  TOME  IX.  61 


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—  182  — 

a  colonne  rerlébrale,  et  les  douleurs  furent  tellement  vives  que  le 
malade  refusa  de  continuer  (Gazette  des  Hôpitaux,  1860). 

En  1863,  Scheppard  obtint  un  beau  succès  après  cinq  semaines  de 
compression.  L'anévrysme  siégeait  sur  la  carotide  droite  {Médical 
tmes^  1863.  —  Gazette  hebdomadaire,  19  février  1864.  —  France  mé- 
dicale^ 30  mars  1864). 

  ces  quatre  cas  nous  en  joindrons  un  cinquième,  communiqué  à 
TÂcadémie  de  médecine  en  1864  par  M.  Legouest.  T\  s'agissait  d'un 
anévrysme  de  Tartère  ophtbalmîque  contre  lequel  la  compression  di- 
gitale resta  sans  résultat,  et  dont  la  ligature  de  la  carotide  amena  la 
guérison. 

En  somme,  fur  six  malades  traités  par  la  compression  digitale, 
quatre  ont  guéri.  Malgré  leur  petit  nombre,  ces  chiffres  suffisent  pour 
placer  ce  moyen  en  première  ligne,  d'autant  plus  qu'il  n'a  jusqu'à 
présent  occasionné  aucun  accident  sérieux.  D'ailleurs,  en  cas  d'insuc- 
cès, le  chirurgien  est  toujours  le  maître  d'avoir  recours  à  la  ligature 
s'il  la  juge  praticable. 

Outre  le  travail  manuscrit  dont  je  viens  de  vous  rendre  compte, 
M.  Rouge  a  encore  adressé  à  la  Société  un  certain  nombre  de  bro- 
chures dont  nous  avons  pris  connaissance  avec  le  plus  vif  intérêt, 
mais  dont  je  ne  puis  que  vous  signaler  les  titres  pour  ne  pas  augmen- 
ter outre  mesure  les  dimensions  de  ce  rapport.  Ce  sont  : 

10  Quelques  mots  sur  l'uréthrotomie  interne^  avec  observations  à 
l'appui. 

2«  Une  observation  d'anévrysme  poplité  guéri  par  la  compression 
digitale  et  mécanique,  indirecte,  intermittente. 

3""  Une  observation  de  rhinoplastie,  dont  il  vous  a  déjà  été  rendu 
compte  par  M.  le  secrétaire  général,  et  dans  laquelle  a  été  employé 
un  très-ingénieux  procédé  qu'on  pourrait  appeler  :  procédé  par  glis- 
sement d'un  pont  cutané. 

4»  Un  travail  sur  la  palato-plastie  avec  trois  observations, 
"ae  brochure  intitulée  :  Âutoplasties  diverses  de  la  face, 
ifin,  une  série  d'articles  insérés  dans  le  Bulletin  de  la  Société 
3  delà  Suisse  romande,  journal  dont  Fauteur  est  le  rédacteur 

ss  ces  publications  renferment  des  observations  sérieusement 
3  et  des  appréciations  critiques  d'une  valeur  réelle, 
t  à  l'observation  d'anévrysme  carotidien  sur  laquelle  je  me 
plus  longuement  étendu,  elle  constitue  un  fait  important,  d'une 
icité  incontestable,  et  contribuera  pour  une  large  part  à  établir 


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—  483  — 

la  valeur  de  la  compression  digilale  pour  le  traitement  des  ané- 
vrysmes  de  la  carotide  primitive  ou  de  Tune  de  ses  branches. 

En  conséquence,  votre  commission  a  Thonneur  de  vous  proposer 

4°  D'adresser  des  remerciements  à  M.  le  docteur  Rouge  pour  sa 
communication  ; 

2""  D'inscrire  son  nom  siur  la  liste  des  candidats  au  titre  de  membre 
correspondant  étranger; 

S**  De  donner  place  à  son  observation  dans  vos  bulletins. 

AnéTrysme  de  la  carotide  primitive  droite.  Guérlson  par  la 
compreflaioii  dl|fitale  iadireete  interanittente, 

Par  M.  le  D'  Rouge  (de  Lausanne). 

Dans  notre  pays  les  anévrysmes  sont  rares.  Grâce  au  concours  de 
circonstances  diverses,  j'ai  cependant  eu  l'occasion  d'en  voir  plusieurs 
en  quelques  mois.  Le  premier  était  un  auévrysme  sacciforme  de  l'aorte 
descendante  ;  la  tumeur  faisait  saillie  en  arrière  à  gauche,  entre  le 
bord  spinal  de  l'omoplate  et  les  apophyses  épineuses  des  premières 
vertèbres  dorsales.  Le  malade,  âgé  de  41  ans,  avait  été  occupé  pen- 
dant deux  ans  à  charger  des  wagons  de  ballast  sur  une  ligne  de  che- 
min de  fer;  depuis  il  avait  quitté  ce  pénible  métier  pour  exercer  la 
profession  de  jardinier. 

A  plusieurs  reprises,  il  ressentit  de  vives  douleurs  dans  le  côté 
gauche  ;  on  les  traita  comme  points  pleurétiques.  Un  jour,  à  Fran- 
gins, il  arrachait  des  arbres  qu'il  devait  traîner  tout  seul  à  une  cer- 
taine distance  jusqu'au  chemin.  Après  un  effort  vigoureux,  il  ressentit 
des  battements  à  l'épaule  et  fut  forcé  de  quitter  son  ouvrage.  Il  vint 
alors  à  l'hôpital  de  Lausanne.  Le  malade  présentait  derrière  l'épaule 
gauche  une  tumeur  ayant  42  centimètres  dans  le  sens  vertical,  7  dans 
le  sens  horizontal;  elle  était  le  siège  de  battements  isochrones  à  ceux 
du  pouls;  on  entendait  des  bruits  aussi  éclatants  qu'à  la  région  du 
coeur;  il  existait  un  léger  souffle  au  premier  temps.  Ce  malheureux 
mourut  subitement,  après  avoir  craché  quelque  peu  de  sang. 

A  l'autopsie  on  constata,  ce  qui  d'ailleurs  avait  été  facilement  dia- 
gnostiqué, que  la  quatrième  et  la  cinquième  côtes  sont  fracturées  et 
livrent  un  large  passage  à  la  tumeur;  la  troisième  côte  est  érodée, 
ainsi  que  le  corps  des  troisième,  quatrième,  cinquième  et  sixième  ver- 
tèbres dorsales;  on  remarque  l'intégrité  des  disques  intervertébraux 
qui  sont  conservés  et  font  saillie  sur  le  profil  de  la  colonne;  il  y  a 
donc  eu  un  travail  de  résorption  rendu  impossible  dans  les  cartilages 


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—  484  —      . 

par  ràbsence  de  vaisseaux,  facilité  aa  contraire  par  la  vascularîsation 
du  tissu  osseux.  La  poche  anévrjsniale  énorme  présente  une  large 
perforation  à  l'endroit  qui  s'appuie  au  rentricule  gauche  ;  cette  solu- 
tion de  continuité  n'est-elie  pas  le  résultat  d'une  sorte  d'usure  égale- 
ment due  à  un  trarail  de  résorption  activé  par  les  chocs  que  se  don- 
naient réciproquement  le  ventricule  et  la  tumeur  ?  L'anévrysme  con- 
tient une  épaisseur  notable  de  caillots  stratifiés.  Le  poumon  gauche, 
aplati,  comprimé,  réduit  à  Tépaisseur  d'une  feuille  de  papier  d'embal- 
lage, a  perdu  les  quatre  cinquièmes  au  moins  de  son  volume  normal. 

Pau  d«  tMDp»  aprô»  je  nç«»  ùam  sioa  Btrviû»  un  honmo  d^  ^%  aa», 
atteint  d'Mérnjsma  poplifeé;  il  guérit  on  dii  JMuni,  après  iSO  heures 
de  compression  digitale  et  mécanique^  indirecta,  intermittente  (1). 

M.  le  docteur  Fonjailaz  nous  amena  un  jour  à  la  consultation  de 
l'hôpital  un  vigneron  d'âge  mûr,  porteur  d'un  anévrysme  du  tronc 
brachio-céphalique  ;  cet  individu  a  succombé  chez  lui  à  une  lente 
asphjiie. 

Nous  venons  de  voir  un  anévrysme  de  la  sous-clavière  chez  un 
jeune  Italien  vigoureux^  âgé  de  30  ans  ;  la  tumeur  est  énorme,  elle 
s'étend  du  tiers  externe  de  la  clavicule  jusqu'au  bord  supérieur  du 
sternum,  derrière  lequel  elle  disparaît,  ce  qui  me  fait  croire  que  le 
tronc  innominé  est  aussi  compromis;  il  existe  des  vertiges  et  des 
accès  de  sufiTocalion.  Nous  avons -conseillé,  sans  grand  espoir  à  la 
vérité,  le  traitement  de  Valsalva  et  la  digitaline  à  la  dose  de  3  milli- 
grammes par  jour. 

En  janvier,  M.  Fonjailaz  me  présente  un  second  malade»  voisin  du 
premier  ;  il  était  atteint  d'un  anévrysme  de  la  carotide.  C'est  lui  qui 
sera  le  sujet  de  l'observation  suivante. 

Louis  F...  est  âgé  de  68  ans.  Il  habite  le  village  de  Grandvaux, 
situé  sur  le  flanc  de  ces  riants  coteaux  dont  les  pentes  rapides  relient 
les  hauteurs  boisées  du  Sorat  au  bassin  du  Léman.  Yigneron  et  fils  de 
vignerons,  il  raconte  que  dans  sa  famille  on  ne  connaît  que  la  santé; 
son  excellente  constitution  vient  appuyer  son  dire  Robuste  et  bien 
musclé,  il  est  d'une  taille  au-dessus  de  la  moyenne  ;  ses  yeux  sont  bruns, 
vifs;  ses  cheveux  abondants  et  foncés;  son  teint  hàlé  par  le  soleil. 

En  1^54,  il  aidait  un  de  ses  voisins  à  manœuvrer  un  char  pesant, 
il  fut  alors  violemment  frappé,  par  l'extrémité  du  timon  à  la  partie  su- 
périeure de  la  poitrine;  il  s'évanouit,  car  le  choc  avait  été  rude,  et  le 
médecin  appelé  constata,  dit-il,  une  luxation  de  l'extrémité  steroale 


(1)  ÙuUetm  d*la  Société  vaudoi$e  de  médecine,  1867,  n»  10. 


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.      -  485  ^ 

de  la  clavicule  droite.  Peu  après  il  reprit  ses  laborieuses  occupations 
et  ne  se  ressentit  point  de  cet  accident. 

n  y  a  trois  ans,  F...  s'aperçut  un  jour  de  la  présence  au  côté  droit 
du  cou  d'une  tumeur  grosse  tout  au  plus  comme  une  noisette;  elle 
était  située  sous  le  sterno-mastoïdîen,  à  peu  près  à  la  hauteur  de 
Textrémité  supérieure  du  tiers  inférieur  de  ce  muscle.  La  tumeur 
augmenta  de  volume  d'une  manière  insensible.  Elle  n'éveilla  aucune 
douleur  jusqu*en  septembre  1867.  A  dater  de  cette  époque,  elle  devînt, 
dans  les  mouvements  de  rotation  de  la  tête,  le  siège  d'élancements  ; 
toutefois  ces  a  lancées  »,  comme  il  les  appelle,  n'étaient  pas  cons- 
tantes. Â  la  fin  de  Tannée  1867,  la  tumeur  prit  un  développement 
plus  rapide  ;  en  même  temps  la  douleur  se  répétait  à  intervalles  plus 
rapprochés,  les  mouvements  de  rotation  du  cou  devenaient  plus  diffi- 
ciles, le  cou  était  souvent  a  raîde  ».  Je  vis  F...  à  ce  moment,  en  con- 
sultation avec  M.  le  docteur  Fonjallaz  et  M.  de  la  Harpe,  médecin  en 
chef  de  ThÔpital  cantonal.  H  n'y  eut  pas  d'hésitation  sur  le  diagnostic, 
on  reconnut  un  anévrysmede  la  carotide.  L'un  de  nous  émit  l'avis  de 
lier  le  plus  tôt  possible  vu  le  développement  rapide  de  la  tumeur;  il 
était  selon  lui  ^  craindre  qu'en  temporisant  la  poche  ne  s'étendit,  de 
manière  à  rendre  plus  grands  les  dangers  de  la  ligature,  qui  devien- 
drait peut-être  impossible.  Le  malade  refusa  les  secours  de  l'art  ayant 
pleine  confiance  dans  la  vigueur  de  sa  constitution.  Cependant  à  la  fin 
de  février  1868,  l'augmentation  de  la  tumeur  et  l'intensité  croissante 
des  douleurs  inquiètent  assez  notre  vigneron  pour  le  décider  à  prendre 
place  à  l'hôpital  de  Lausanne,  tl  y  fut  adnûs  le  6  mars  dernier,  voici 
dans  quel  état. 

La  santé  générale  est  bonne,  les  diverses  fonctions  s'accomplissent 
bien.  Sans  l'existence  au  côté  droit  du  cou  d'une  tumeur  de  la  gros- 
seur du  poing,  F...  s'estimerait  heureux.  Cette  tumeur  suit  la  direc- 
tion du  sterno-mastoîdien  ;  elle  commence  à  la  hauteur  du  bord  infé- 
rieur du  cartilage  cricojde  et  remonte  jusqu'au  sommet  de  l'apophyse 
mastoïde.  A  son  point  le  plus  large,  elle  est  limitée  en  dedans  par  le 
cartilage  thyroïde,  en  dehors  par  le  sterno-mastoîdien,  qu'elle  dépasse 
un  peu»  renaplissant  ainsi  toute  la  région  comprise  entre  l'oreille  et  le 
maxillaire  inférieur  en  haut,  le  sterno-mastoîdien  en  arrière,  le  larynx 
en  avant.  Elle  mesure  12  centimètres  de  longueur,  11  de  largeur. 
Elle  est  arrondie,  oblongue  plutôt  ;  son  sommet  répond  à  l'apophyse 
mastoïde  ;  en  se  développant,  elle  a  repoussé  en  dehors  et  en  arrière 
le  muscle  sterno-mastoîdien  à  sa  partie  moyenne;  sa  circonférence 
n'est  point  partout  la  même,  et  sa  partie  la  plus  saillante  se  trouve  à 
la  hauteur  de  l'angle  de  la  mâchoire,  qui  est  enlièremcnt  effacée.  La 


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—  486  — 

peau  a  sa  coloration  normale,  elle  est  sillonnée  par  quelques  rides 
ayant  dans  leur  ensemble  une  direction  oblique  de  haut  en  bas  et 
d*arrière  en  avant.  La  pression,  la  palpitation  ne  sont  pas  doulou- 
reuses. La  tumeur  est  animée  de  pulsations  isochrones  aux  battements 
du  cœur.  Elle  présente  des  mouvements  d'expansion  appréciables  à 
Fœil;  les  doigts  appliqués  sur  deux  points  opposés  constatent  de  la 
manière  la  plus  nette  cette  augmentation  delà  tumeur  pendant  la  sys- 
tole ventriculaire.  A  Tauscultation,  on  perçoit  un  bruit  de  souffle  assez 
rude  au  premier  temps,  plus  doux  au  second.  Tous  ces  phénomènes, 
pulsation,  expansion,  bruit  de  souffle  disparaissent  parla  compression 
de  la  carotide.  Il  n'existe  pas  de  gêne  dans  la  déglutition,  la  respira- 
tion  est  libre,  le  timbre  de  la  voix  normal.  Le  malade  est  sujet  aux 
vertiges,  il  a  des  bourdonnements  fatigants  dans  les  oreilles,  il  ne 
peut  dormir  du  côté  droit  à  cause  du  bruit  occasionné  par  les  batte- 
ments. 

Je  priai  M.  le  docteur  Recordon,  médecin  de  Tasile  des  aveugles  de 
Lausanne,  de  bien  vouloir  examiner  les  yeux  de  F...  M.  Recordon 
constata  l'existence,  à  l'éclairage  oblique,  d'une  double  cataracte  à 
son  début,  plus  avancée  à  droite  qu'à  gauche;  en  outre  l'ophthalmos- 
cope  vint  révéler  une  scléro-choroïdile  postérieure  (gtaphyloma  pos- 
ticum)  de  l'œil  droit.  Ajoutons  encore  qu'à  la  face,  au  point  de  jonction 
du  sillon  naso-labial  avec  la  narine,  il  y  avait  à  droite  une  excrois- 
sance verruqueuse  assez  considérable,  sillonnée  de  petites  varices.  Le 
cœur,  ausculté  avec  le  plus  grand  soin  par  plusieurs  de  nos  confrères, 
par  notre  collègue  M.  de  la  Harpe,  médecin  en  chef  de  l'hôpital,  et  par 
nous,  n'a  présenté  aucun  bruit  anormal.  Le  pouls,  un  peu  irrégulier, 
était  à  80.  Les  battements  de  la  temporale  étaient  bien  plus  faibles  à 
droite  qu'à  gauche. 

Voici  le  tracé  des  pulsations  de  la  radiale  pris  du  côté  malade  et 
du  côté  sain,  dans  la  môme  séance,  avec  le  sphygmographe  de  M.  Marey. 

Tous  les  phénomènes  que  nous  venons  d'exposer  ont  été  constatés, 
vérifiés  et  contrôlés  par  un  grand  nombre  de  médecins,  parmi  lesquels 
je  citerai  MM.  Fonjallaz,  médecin  du  malade;  Zinmier,  ancien  in- 
terne de  l'hôpital  cantonal;  de  le  Harpe  père  et  fils;  Recordon;  Ma- 
zelet,  membre  du  conseil  de  santé;  Chavannes,  professeur;  Morax  et 
Odier,  tous  deux  anciens  internes  des  hôpitaux  de  Paris;  Joël,  mé- 
decin de  l'hôpital  des  Enfants,  et  bien  d'autres  encore.  Tous  véri- 
fièrent l'exactitude  du  diagnostic  posé  en  premier  lieu  par  M.  Fon- 
jallaz, puis  par  nous.  Les  signes  d'un  anévrysme  de  la  carotide 
droite  étaient  tellement  évidents,  si  nombreux,  qu'il  n'y  avait  pour 
personne  d'hésitation  possible. 


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—  487  ^ 

Il  restait  à  préciser  plus  complètement  le  diagnostic.  La  tumeur 
descendait,  avons -nous  dit,  au-dessous  du  bord  supérieur  du  carti- 
lage thyroïde.  Or,  on  sait,  et  M.  Richet  Ta  bien  établi,  que  c'est,  chez 
rhomme,  à  cette  hauteur  que  se  trouve  la  bifurcalion  de  la  caro- 
tide (!)•  Il  n'y  avait  aucune  difficulté  dans  la  déglutition,  et  Ton  ne 
sentait  aucune  tumeur,  aucun  battement  dans  le  pharynx  ;  l'ané- 
vrysme  de  la  carotide  interne  devait  être  écarté  ;  la  tumeur  qui  des- 
cendait sur  la  carotide  primitive  partait  évidemment  de  sa  bifurcation, 
de  ce  renflement  qui,  au  dire  des  auteurs,  est  le  siège  de  prédilection 
des  anévrysmes  de  cette  artère  {2)  ;  je  diagnostiquai  un  anévrysme 
sacciforme  partant  de  ce  point  du  tronc  carotidien  droit. 

Je  résolus  de  traiter  mon  malade  par  la  compression  digitale.  Le 
cou  était  maigre,  le  sterno-masloïdien  se  dessinait  avec  netteté,  for- 
mant un  relief  bien  accentué  ;  le  vaisseau  s'isolait  assez  facilement  ; 
sa  longueur  au-dessous  de  la  tumeur  était  suffisante  pour  qu'on  put 
comprimer  l'artère  avec  les  doigts.  Je  n'eus  pas  de  peine  à  décider 
F...,  homme  résolu,  tenace  et  patient.  Sa  persévérance  ne  se  démentit 
pas  un  instant  pendant  le  cours  du  traitement,  elle  soutint  la  nôtre  et 
nous  conduisit  au  succès. 

Je  rassemblai  quelques  aides.  Ceux-ci,  qui  avaient  encore  présente 
à  la  mémoire  la  guérison  par  la  compression  d'un  anévrysme  poplité, 
se  prêtèrent  avec  complaisance  à  Texécution  de  mon  plan  ;  je  comptais 
sur  M.  Guibert,  interne  de  service,  qui  eut  soin  de  prendre  des  notes 
et  de  veiller  en  mon  absence  à  la  bonne  marche  du  traitement  ;  sur 
M.  Mercanton,  élève  en  médecine;  sur  mes  infirmiers  et  sur  les  per- 
sonnes de  bonne  volonté  qui  voudraient  bien  se  dévouer  avec  nous. 
Je  dois  dire  que  ce  dernier  espoir  ne  se  réalisa  point,  nous  restâmes 
réduits  à  nos  propres  forces;  je  dois  même  constater,  car  c'est  un  fait 
qui  sert  à  expliquer  peut-être  pourquoi  la  compression  digitale  n'est 
pas  appliquée  plus  fréquemment,  que  l'hôpital  fut  privé  quelque  temps 
de  ses  visiteurs  habituels,  qui  craignaient  les  ennuis  d'une  réqui- 
sition. 

La  compression  digitale  est,  en  effet,  ennuyeuse  et  pénible.  Quoi- 
qu'il en  soit,  secondé  par  la  bonne  volonté  du  malade  et  de  mon  per- 
sonnel, encouragé  par  un  succès  récent,  on  se  mit,  le  12  mars,  à  la 
besogne. 


(1)  Nottviou  Dictionnaire  de  médecine  et  de  cMrwrgie  pratiques,  —  Carotide. 

(2)  D'après  quelques  pathologistes,  les  dégénérescences  atbéromateuses  de 
la  carotide  primitive  se  trouvent  le  plus  souvent  à  Tangle  que  forment  entre 
elles  ses  deux  branches  secondaires. 


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—  488  — 

Qu'on  ipe  perm^tt^  quelques  mots.  J*ay{iis  cherché  quel  était  le 
ipfjeii  Je  moins  douloureux  de  comprimer  Tarière.  J*eus  recours  à  la 
çoropreçsion  contre  la  «ixième  yertèbre  cervicale  ;  ce  procédé  me  pa- 
raissait le  moips  fatigant,  mais  il  causait  une  douleur  si  vive  que 
»otre  homme  ne  put  le  supporter.  Je  pris  alors  la  carotide  entre  le 
pouce  de  la  m^n  gauche  placé  en  avant  sur  rartère,  et  les  deux  ou 
trois  doigts  suivants  appliqués  en  arrière  sur  la  face  postérieure  du 
du  vaisseau  qu'on  serrait  ainsi  en  Tisolant  de  la  jugulaire  et  même  du 
pneumo-gaslrique.  C'est  ce  procédé  qui  fut  employé.  Son  mécanisme 
fut  rapidement  saisi  par  nos  gens,  qui  se  rendaient  d'ailleurs  parfai- 
tement compte  à  vue  d'mil  de  la  manière  dont  ils  comprimaient,  h  Tap- 
p^ition  comme  à  la  disparition  des  battements  de  la  tumeur.  Chacun 
faisait  la  compression  pendant  un  quart  d'heure  à  peu  près;  on  pou- 
vait tenir  plus  longtemps  si  l'on  changeait  de  main,  on  parvenait  aussi 
)t  soulager  les  doigts  occupés  en  les  serrant  avec  ceux  de  la  main 


Le  malade  était  commodément  assis  sur  un  fauteuil^  la  tète 
loi^enue  par  un  dossier;  la  personne  qui  comprimait  restait  ordiïiâi- 
rement  debout  ;  assise,  elle  pouvait  agir,  mais  avec  moins  de  facilité. 
Le  patient  me  £t  renvoya  deux  aides  qui  lui  causaient  une  douleur 
atroce.  Il  préflérait  mourir^  disait-il,  plutôt  que  de  subir  la  compres- 
sion faite  par  ces  employés,  plus  vigoureux  qu'intelligents.  Celte 
double  élimination  nous  réduisit  à  cinq.  C'était  assez  ;  nous  étions 
tous  pleins  de;^le  etd'e^oir. 

d2  mars  ;  7  heures  de  compression.  —  On  commence  la  compres- 
sion le  13  max^  à  dix  heures  du  matin.  Nous  avons  recouvert  de 
poudre  de  lycopode  l'endroit  où  les  doigts  s'appliquent.  Au  bout  de 
deux  heures,  1^  malade,  qui  n'a  jusqu'ici  présenté  aucun  symptôme 
du  côté  des  o]:gaîies  de  la  respiration,  est  pris  d'accès  de  toux,  dus 
probablement  h  la  compression  du  pneumo-gastrique.  Cette  toux  nous 
gène  beaucoiip^  car  à  chaque  effort  les  mouvements  déplacent  l'artère 
qui  parfois  nous  échappe.  F...  supporte  l)ien  le  traitement.  A  deux 
heures,  je  luiXais  donner  un  verre  de  vin;  à  cinq  heures,  on  suspend 
la  compression.  La  peau  est  ropge,  l'épiderme  s'enlève,  compresses 
4'eau  dp  Goujiard. 

13  mars  î  7  heures.  —  F...  raconte  que,  pendant  la  nuit,  il  s'est 
couché  parfois  sur  l'oreille  droite  pour  constater  s'il  était  survenu 
quelque  changement  dans  son  état  ;  il  prétend  que  les  battements  sont 
moins  forts,  moins  btuyants,  La  auueur  paraii  un  i^eu  plus  d<ufe  k  ia 
pression.  Les  pulsations  sont  évidemment  moins  énergiques.  Le  bruit 
de  souffle  au  premier  temps  semble  avoir  perdu  sa  rudesse.  La  com- 


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pression  est  faite  sans  interruption  de  neuf  heures  du  matin  à  quatre 
heures  du  soir.  Gollodion  sur  les  points  comprimés. 

14  mars  :  7  heures.  —  La  compression  est  reprise  à  dix  heures  du 
matin.  Aujourd'hui  le  pouls  est  inégal  et  yif  sans  cause  appréciable. 
Le  malade  a  pu  constater  les  bons  effets  du  traitement  ;  c'est  toujours 
lanuitqu'ilfait  ses  petites  obseryalions  en  appuyant  le  côté  maladesur 
son  coussin;  lés  battements,  le  bruit  de  Toreille  diminuent.  Toutefois 
le  soir  à  cinq  heures,  lorsqu'on  cesse  la  compression,  nous  ne  consta- 
tons depuis  hier  aucun  progrès. 

15  mars  ;  6  heures.  —  Ce  matin,  diminution  marquée  dans  Tinten- 
sité  des  pulsations;  la  tumeur  paraît  aussi  moins  volumineuse.  F... 
nous  dit  qu'étant  couché,  il  y  ayait  des  moments  oii  il  lui  était  im- 
possible de  distinguer,  par  la  perception  des  battements,  le  côté  de 
l'anévrysme.  Commencée  à  7  heures  du  matin  la  compression  est  sou- 
tenue jusqu'à  une  heure  ;  elle  est  alors  abandonnée  jusqu'à  cinq  heures 
du  soir  et  reprise  pendant  une  heure.  M.  le  docteur  Recordon,  qui  n'a 
pas  vu  notre  malade  depuis  le  début  du  traitement,  trouve  une  dimi- 
nution manifeste  dans  le  volume  de  la  tumeur.  La  peau  est  excoriée, 
compresses  d'eau  de  Goulard. 

16  mars  :  7  h.  3/4.  —  On  comprime  de  huit  heures  et  demie  à  midi 
et  quart,  repos  jusqu'à  une  heures,  on  reprend  jusqu'à  quatre  heures, 
nouvelle  interruption  jusqu'à  cinq  heures  trois  quarts,  sé.ance  d'une 
heure.  La  compression  est  très-douloureuse  à  cause  de  l'ulcération  de 
la  peau,  en  arrière  comme  en  avant. 

18  mars  :  7  h.  i/4.  Les  excoriations  sont  recouverles  d'une  couche 
de  eoUodion.  La  compression  est  faite  de  huit  heures  et  quart  du 
matin  à  midi  un  quart.  M.  le  docteur  Fonjallaz,  qui  vient  voir  le  ma- 
lade, est  surpris  des  progrès  que  la  compression  a  provoqués;  il 
trouve  que  c'est  surtout  à  sa  partie  inférieure  que  la  tumeur  a  dimi- 
nué ;  il  constate  aussi  que  l'expansion  est  considérablement.amoindrie. 
Séance  de  trois  heures  à  six  heures  un  quart. 

18  mars  :  9  heures.  —  Pas  de  changements  appréciables  depuis 
hier.  Compression  continuée  pendant  neuf  heures. 

19  mars  :  10  heures. —  Ce  matin,  les  modifications  sont  sensibles. 
La  tumeur  est  plus  dure  et  sa  forme  a  changé  ;  elle  est  devenue  glo- 
buleuse, sphérique.  Le  sterno-mastoïdien,  qui  se  trouvait  repoussé  en 
arrière,  a  repris  sa  direction  normale.  Les  pulsations  ne  sont  presque 
plus  appréciables  àl'orâl.  Le  retrait  de  la  tumeur  a  démasqué  la  saillie 
du  maxillaire  inférieur.  La  compression  est  exercée  sans  interription 
de  huit  heures  à, quatre  heures»  puis  suspendue  jusqu'à  cinq  heures 

^•térie,  —  tome  ix.  ^i* 


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T-  490  — 

et  pepri»fi  jusc^u'à  Mpt  beurea  <lu  soir.  Le  malade  éprouye  des  yer- 
tigei. 

90  mars  :  9  heures.  —  Compression  de  huit  heures  et  demie  àn^idi. 
Le  sillom  entrç  Taaéyrysme  et  la  mâchoire  s'est  accusé  dayantage,  La 
tumeur  ue  xqesure  plus  que  9  centimètres  en  hauteur  sur  9  1/2  en 
largeur.  Après  midi,  compression  pendant  cinq  heures  et  demie.  Cé- 
phalalgie légère,  accès  de  toux  pendant  la  compression. 

31  marn  :  9  h.  1/2.  —  Séance  de  huit  heures  et  quart  à  midi  et 
quart.  La  tumeur  a  diminué,  elle  a  8  centimètres  de  hauteur  et  9  de 
largeur.  Apparition  de  rides  nouvelles  et  prononcées  sur  Tanévrysme. 
Cinq  heures  et  demie  de  compression  après  midi.  Céphalalgie  conti- 
nue, mais  légère. 

22  mars  :  7  heures.  —  Quatre  heures  de  compression  le  matin. 
Trois  heures  après  midi.  Pas  de  changements. 

23  mars  :  9  h.  1/2.  —  On  comprime  trois  heures  et  deiple  le  matin 
et  six  heures  après-midi.  Le  sillon  entre  le  maxillaire  et  la  tumeur  se 
creuse  de  plus  en  plus.  Apparition  de  nouveaux  plis  à  la  peau.  L'ex- 
pansion n'est  plus  perçue  qu'à  la  face  externe  de  Fanévrysme. 

24  mars  :  9  heures.  Trois  heures  de  compression  le  matin.  La  tu- 
meur est  de  consistance  Qbreuse  :  8  centimètres  sur  8  1/2.  Disparition 
du  bruit  de  souffle  au  second  temps.  Six  heures  de  compression  le 
soir. 

25  mars  :  7  heures.  -—  Deux  heures  de  compression  le  matin.  M.  le 
docteur  Odier,  de  Genève,  constate  avec  nous  la  disparlSûn  îles  bat- 
tements, qui  persistaient  encore  hier  dans  la  partie  externe  de  la  tu- 
meur. Après  midi,  on  comprime  cinq  heures. 

Notons  ici  qu'à  partir  du  second  jour  ^e  la  oompreuion,  F...  s'est 
plaint  de  picotements  et  de  douleurs  landuantes  dans  le  bras  droit, 
le  tout  suivi  d'engourdissement  momentané  du  membre,  résultat  du 
pincement  de  quelques  filets  nerveux. 

:  26  mars  :  7  heures.  —  Compression  pendant  sept  hearcs.  Plus  de 
céphalalgie  depuis  quatre  jours. 

27  mars  :  7  heures.  —  Sept  heures  de  eompresiion  trèa-dntermât- 
tente. 

S8  mars  :  é  h.  i/2.  — -  Quatre  hem^s  et  demie  de  compretaion.  La 
tumeur  est  excessivement  dure.  Plus  d'expansion,  plus  de  batieoaenta. 
Le  malade  dort  indifféremment  sur  l'un  ou  l'autre  côté.  On  ces^e  la 
compression.  Mon  personnel,  dont  la  persévérance  n'a  été  égalée  que 
par  la  patience  du  malade,  est  tpès-fat^é«  Pendant  le  cours  du  trai- 
tement j'avais  fait  exécuter  un  appareil  pour  suppléer  à  nos  deigts; 
C'était  un  collier  en  toile,  convenablement  mûtelassé,  qui  se  fixait  bo* 


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—  491  — 

lidement  à  faide  de  courroietr  passant  ààut  les  bras;  deoi^s  pour« 
Tues  &e  pel<ytes  éïaâtnt  disposées  de  façon  à  prendre  la  cai^tide,  t'une 
par  devaiil  et  Tautre  par  derrière.  Màlbetireusemen! cet- appawil,  tnri 
établi  par  le  fabricant,  ne  put  jamais  remplir  son  but.  J'ali  regfrette^ô 
de  ne  pas  avoir  à  ma  disposition  le  compresseur  à  premlon  éla6t^[Ué 
de  Duval,  <|tiî  me  ](yaràtt  devoir  être  mfftnx  supl^é  (|Ué  le  cOUfbr. 
C'est  pe*t-Ôtre  ici  le  lieu  de  dîre  qrfà  plusieurs  ïeprise*  Jéf  tctfitAl  lu 
compression  de  Tartère  contre  la  siiîème  cervicale.  Ellé^  était 'éf  deih 
loureuse  qu'on  dut  toujours  l'abandonner,  et,  malgré  la  présence  des 
plaies,  oblitérer  le  yaisseawén  le  nétifmt^mmleB  doigts. 

Gomme  tout  allait  bien,  je  laissai  le  malade  pendant  quatre  jours  en 
observation  ;  je  ne  fis  qu'appliquer  sur  Tanévrysme  une  latge  COi:^be 
de  collodion  ;  on  prescrivit  quelques  granules  de  digitaline. 

2  avril.  —  La  compression  digitale,  reprise  par  prudence,  efft  faite 
en  moyenne  une  heure  et  demie  par  jour  d^e  manière  très«intermit- 
tente  jusqu'au  25  avril. 

La  guérison  de  l'anévrysme  fut  accompagnée  d*un  fait  assez  singu- 
lier. J'ai  dit  ^e  F...  avait  à  la  joue  droite,  au  coin  du  nez,  une  ex- 
croissance verruqueuse  de  la  grosseur  d'une  noisette  et  richement 
vascularisée.  Or,  pendant  le  Cours  de  la  compression,  cette  tumetfr 
se  flétrit  et  se  sphacéla.  L'ulcération  qui  résulta  dé  la  chute  de  Tes- 
chare  devint  le  point  de  départ  d'un  éfysipèle,  qm'  gagna  h  cuir  die- 
velu,  la  face  entière  et  le  cou.  *^ 

8  mai.  -*  Je  présente  V...  à  la  Société  vaudoise  de  médecine.  T6us 
les  membres  constatent  l'entière  guérison  de  l'anèvrysme  carotidien. 
Il  n'y  a  plus  de  bruit  de  souffle  dans  la  tumeur,  qui  offlre  !a  dureté 
du  squirrhe;  fl  n'existe  plus  de  battement».  M.  le  docteerr' RecordoA 
veut  bien  examinera  nouveau  les  yeux  de  lùon  malade.  La  cataracte 
à  gauche  est  restée  stationnaire,  tandis  qtf  à  droite  (côté  malade} 
Popacité  complète  du  cristallin  empêche  l'examen  do  fond  de  roeïï. 

F...  sort  te  lendemain  de  l'hôpital.  Je  l'ai  revu  depuis  :  la  guérisoti 
ne  s'est  pas  démentie;  Il  persiste  un  peu  d'enronetnent. 

Voici  le  tracé  sphygmographique  pris  ce  jour  aux  deux  radiales.  Il 
diffère  d'une  manière  bien  remarquable  de  celui  que  j'ai  donné  pAus 
haut. 

En  résumé,  notre  malade  a  subi  16S  heures  de  compression  qui  se 
répartissent  ainsi  quil  suit  :  130  h.  1/2  en  17  jours  et  34  h.  1/âl  en 
23  jours.  Pendant  16  jours,  on  a  comprimé  de  7  à  9  heures  de  temps 
en  moyenne  (une  fois  pendaùt  lô  heures).  Un  jour  la  compression 
a  duré  i  h.  1/2  et  pendant  une  série  de  23  jours  on  ne  comprime  que 
1  h.  1/2. 


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—  492  - 

M.  ViUiNBUiL.  Grâce  au  cas  de  M.  Rouge  et  à  quelques  autres  ob- 
servationi  rassemblées  par  M.  Paulet,  le  pronostic  de  L'anévrjsme  de 
la  carotide  devient  moias  grave.  On  pourrait  rapprocher  de  ce  fait  un 
cas  de  M.  Giniselli,  dans  lequel  la  compression  fut  faite,  pour  ainsi 
dire,  en  jouant. 

Je  veux  rappeler  que  lesanévrysmes  peuvent  guérir  sans  qu'on  fasse 
de  compression  trop  fatigante  et  trop  prolongée,  ainsi  que  le  démontre 
d'ailleurs  le  rapport  de  M.  Paulet. 

PâBSBNTATION  DB  PIÈGES. 

M.  le  docteur  Pbestat  (de  Pontoise),  membre  correspondant,  pré- 
sente k  la  Société  les  deux  pièces  anatomiques  relatives  aux  deux  faits 
suivants  : 

1*  Polype  fibreux  de  l'utérus  enleTé  à  Talde  de  réerasenr 

linéaire. 

Dans  les  premiers  jours  de  novembre,  je  fus  appelé  à  Puyseux, 
près  d'une  femme  de  35  ans,  domestique,  qui,  depuis  plusieurs  mois , 
perdait  incessamment  eu  quantité  modérée. 

Elle  avait  éprouvé  dans  la  nuit  une  perte  très- abondante. 

Cette  femme,  qui  jusque-là  avait  refusé  de  se  laisser  examiner,  y 
consentit,  vaincue  par  la  nécessité. 

Je  constatai  la  présence  d'un  poljrpe  volumineux,  engagé  dans  Tori- 
fice  de  r utérus  et  remplissant  la  cavité  du  col.  Le  museau  de  tanche 
était  fortement  serré  sur  le  polype  et  ne  permettait  pas  Tintroduction 
du  doigt.  La  perte  était  suspendue  au  moment  de  mon  examen. 

Le  seigle  ergoté,  pendant  quarante-huit  heures,  à  la  dose  de 
8  grammes  par  jour,  dans  une  potion,  favorisa  la  sortie  du  polype  au 
dehors  de  Tutérus»  et  le  surlendemain,  le  toucher  m'apprit  que  le  po- 
lype était  implanté  sur  la  paroi  antérieure  du  col.  Le  pédicule,  que 
circonscrivait  facilement  le  doigt,  avait  environ  1  centimètre  d'épaisseur 
et  avait  très-peu  de  longueur. 

A  l'examen  au  spéculum,  la  partie  visible  de  h  tumeur  paraissait 
couleur  de  lie  de  vin,  saignante,  vasculaire. 

Des  injections  très-froides  furent  pratiquées  pendant  trois  jours,  que 
je  jugeai  nécessaires  pour  rétablir  un  peu  les  forces  de  la  malade, 
affaiblie  par  la  perte  de  sang. 

Avec  un  écraseur  linéaire,  aidé  de  mon  confrère  le  docteur  Thibaut, 
ex-médecin  princifal  de  la  marine,  j'embrassai  le  pédicule  de  la  tu- 
meur préalablement  amenée  avec  des  érignes,  et  la  section  en  fut  faite 


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—  493  — 

avec  beaucoup  de  lenteur»  dans  la  crainte  que  le  pédicule  ne  contint 
des  vaisseaux  volumineux  et  pour  me  mettre  à  Tabri  d'une  hémor- 
rhagie. 

La  section  n*amena  pas  d'écoulement  de  sang.  Pendant  quelques 
jours,  il  y  eut  un  écoulement  à  apparence  lochiale. 

Les  suites  de  cette  opération  ont  été  aussi  simples  et  aussi  heureuses 
que  possible. 

Le  quinzième  jour,  cette  malade  se  levait,  et  aujourd'hui,  elle  est 
complètement  rétablie. 

La  tumeur  que  j'ai  enlevée  avait  S  centimètres  de  long  sur  2  1/2 
de  large.  Elle  criait  sous  le  scapel.  La  partie  inférieure  laisse  voir  à 
la  coupe  dQ  petits  foyers  hémorrhagiques  et  de  nombreux  vaisseaux 
près  de  la  surface  de  la  tumeur.  11  est  probable  qu'une  partie  de 
l'écoulement  sanguin  se  faisait  par  ces  vaisseaux. 

M.  Heryez  de  Chégoin.  Je  doute  que  ce  soit  un  polype  fibreux 
que  M.  Prestat  nous  ait  présenté. 

M.  Prestat.  Après  l'excision  delà  tumeur,  il  n'y  a  pas  eu  d'écoule- 
ment de  sang,  et  je  suis  bien  convaincu  qu'il  s'agissait  d'un  polype 
fibreux,  mais  je  dois  avouer  que  certains  points  de  la  tumeur  étaient 
très-vasculaires. 

2*  Consolidation  spontanée  d'une  firactnre  da  col  du  ffémar 
en  deux  mois    et  demi»  chez  une  femme  de  96  ans. 

J'ai  observé,  au  commencement  de  cette  année,  un  cas  de  fracture 
du  col  du  fémur,  qui  présente  quelque  intérêt  à  cause  du  grand  âge 
de  la  malade. 

Madame  L...,  âgée  de  96  ans  et  demi,  fit,  en  se  levant,  dans  les 
premiers  jours  de  février,  une  chute  dans  sa  chambre.  Elle  tomba  sur 
le  côté  gauche.  Je  fus  immédiatement  appelé,  et  je  constatai  une  frac- 
ture extra-capsulaire  du  col  du  fémur  gauche.  Notre  confrère,  le  doc- 
teur Maisonneuve,  appelé  en  consultation,  conseilla  de  maintenir  le 
membre  au  moyen  d'un  appareil  composé  d'une  attelle  articulée  au 
niveau  des  articulations  de  la  hanche  et  du  genou  et  maintenue  par 
une  ceinture  et  fixée  sur  la  cuisse  et  au-dessus  du  genou.  L'indocilité 
de  la  malade  rendit  cet  appareil  complètement  inutile. 

La  malade  ne  garda  le  lit  que  quelques  jours  et  passait  ses  journées 
assise  dans  un  fauteuil. 

Au  bout  de  deux  mois,  la  fracture  était  consolidée  avec  un  raccour- 
cissement de  4  à  5  centimètres,  et  au  commencement  du  troisième 
mois,  madame  L...,  soutenue  par  deux  domestiques,  commença  à 
marcher.  La  faiblesse  des  mains  excluait  l'emploi  de  béquillei. 


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—  494  — 

Depuis  le  sixième  mois,  à  partir  de  l'accident,  madame  L...  put 
marcher  arec  une  canne. 

Il  est  très-important  de  noter  que  cette  dame,  malgré  ses  96  ans,  est 
bien  conservée,  qu^elle  a  sa  mémoire,  son  înteUigence,  et  ne  semble 
pas  atoir  plus  de  80  ans. 

LlCTUll. 

M.  DuMÉNiL,  chirurgien  en  chef  de  rflôtel-Weu  dfe  Rouen,  lit  «il 
travail  intitulé  i  Corp  fibreux  de  Fuiêrus,  Mminatwn  sporHùnêô,  à  ita- 
vers  tes  parois  ûMominales^  ^vne  partie  de  la  imneur, 

HadaiheX...,  d'EHyeuf,  josq^e-là  trèB^bien  portante,  mariée,  ha^^ 
tuellement  bien  réglée,  maisf  n'ayant  pas  eu  d'cwfanfir,  oémmença  à 
éprontef ,  vers  Fflge  de  3f7  ans,  des  dolilerfrs  dans  le  cdté  gatiehé  du 
bas-ventre.  Ces  douleurs  s'accompagaèrent  d'un  dérangement  dans  les 
règles  cartetérisé  par  des  retards  de  deux  on  trois  mois  sdternant  avec 
des  pertes  simulant  de  véritables  faudsescouehes.  Ceë  pertes  se  renou- 
velèrent  pendant  deol  onti'ois  ans,  puis  les  règles  se  rétablirent  d'une 
façon  normale  jusqu'au  mois  d'août  1867,  époque  à  laqtielleeHes ces- 
sèrent définitivement. 

Un  an  après  le  début  des  douleurs,  qui  eurent  toujours  leur  siège 
principal  à  gauche,  le  ventre  commença  à  se  développer  par  Tappari- 
tion  d'une  tumeur  qoi  s^aecrut  lentement  et  progressivement  de  bas 
•n  haut. 

Quatre  ans  après  le  début  de  la  maladie,  il  y  eut  une  recrudescence 
assez  violente  des  doaleurs  habftuelles  avec  accompagnement  de  fièvre 
et  de  Tomissement.  Le  médecin  qui  donnait  des  soins  à  la  tnalade  re- 
connut une  péritonite  partielle.  Ces  accidents  inflammatoires  se  renou- 
velèrent à  deux  ou  trois  reprises  et  cédèrent  à  une  médication  assez 
simple.  Dans  Tintervalle  de  ces  récidives  de  souffrances  aiguës,  cette 
femme,  très-courageuse  et  très-patiente,  reprenait  son  travail  d'ou- 
vrière de  fabrique. 

Vers  le  milieu  de  f867,  sOd  médecin,  croyant  à  l'existence  d^an 
kyste  de  Fovaire  et  espérant  la  soulager,  fit  une  ponction,  mais  il  ne 
s'écoula  pas  une  goutte  de  liquide. 

La  malade  me  fut  adressée  par  mon  confrère  et  ami  le  docteur 
Bertrand^  peu  de  temps  après  cette  ponction  en  août  1867.  Sa  santé 
générale  ne  paraissait  pas  avoir  souffert  sensiblement;  elle  était 
maigre,  mais  d'une  maigreur  inhérente  à  sa  consfftullon  plutôt  que  le 
résultat  d'un  dépérissement  maladif,  foute  la  moitié  inférieure  de  ta 


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—  49&  — 

eavité  abdominale  jusqu'à  Tombilic  était  occupée  par  une  tumeur 
d'un  déyeloppement  égal  dans  tous  les  sens,  sans  bosselures;  le 
yentre  était  saillant  en  pointe;  la  tumeur  avait  une  certaine  élasticité, 
mais  il  n'y  avait  pas  de  fluctuation  distincte.  Elle  conservait,  par  rap- 
port aux  parois  abdominales,  une  fixité  absolue  dans  toutes  les  posi- 
tions, ne  se  déplaçait  nullement  par  lés  pressions  ;  Fombilic  cédait  à 
peine  aux  tractions  exercées  dans  tous  les  sens;  il  y  avait  donc  des 
adhérences  très-étendues  à  la  paroi  abdominale  antérieure. 

Le  toucher  me  fît  constater  Fétat  d'intégrité  du  col  et  du  segment 
inférieur  du  corps  de  Tutérus.  Le  col  était  à  la  hauteur  normale,  sans 
déviation,  sans  augmentation  de  volume,  jouissant  d'une  assez  grande 
mobilité,  mais  qui  me  parut  cependant  un  peu  restreinte.  La  pression 
exercée  sur  la  partie  la  plus  saillante  du  yentre  se  transmettait  au 
doigt  appliqué  sur  le  col,  mais  la  pression  sur  celui-ci  ne  se  faisait 
pas  sentir  à  Tautre  main.  Aucune  partie  de  la  tumeur  n'était  acces- 
sible du  côté  du  vagin  ni  du  côté  du  rectum.  La  miction  s'exécutait 
bien  ainsi  que  lei,  défécation.  Le  ventre  était  à  ce  moment  peu  doulou- 
reux, la  marche  facile.  Je  conseillai  de  simples  palliatifs. 

Deux  mois  environ  plus  tard,  cette  femme  vint  me  revoir.  L'état 
général  était  le  même,  le  ventre  n'était  ni  plus  développé,  ni  plus 
douloureux,  mais  il  s'était  formé  sur  plusieurs  points  de  la  partie  la 
pl«s  saillante  de  )a  tumeur  des  plaques  brunâtres  où  la  peau  était  très- 
amincie  et  où  la  pression  produisait  une  crépitation  gazeuse  des  plus 
manifestes.  Il  y  avait  en  outre  de  la  sonoréité  sur  toute  la  partie  anté- 
rieure de  la  tumeur,  où  précédemment  existait  la  matité  la  plus 
complète. 

Ces  plaques  brunâtres  s'ulcérèrent,  et  le  6  février  1868  je  trouvai, 
à  gauche  et  au  dessous  de  l'ombilic,  une  ulcération  d'au  moins  iS  à 
15  centimètres  à  travers  laquelle  faisait  saillie  un  énorme  champignon 
applati  répandant  un  liquide  ichoreux  d'odeur  infecte.  D'autres  ulcé- 
rations semblables,  mais  plus  petites,  existaient  sur  difPèrents  points 
de  la  tumeur.  Jamais  il  ne  s'était  échappé  de  liquide  autre  que  la 
sanie  produite  par  le  travail  d'ulcération  et  de  gangrène.  Le  volume 
général  du  ventre  avait  très-notablement  diminué,  l'état  général  com- 
mençait à  s'altérer  profondément,  l'appétit  faisait  défaut. 

Je  prescrivis  des  toniques,  des  pansements  chlorurés,  et  je  congé- 
diai la  malade,  convaincu  que  je  ne  la  reverrais  pas  et  qu'elle  suc- 
comberait rapidement. 

Grand  fut  mon  élonnement  lorsaue,  vers  le  commencement  d'octo- 
bre, je  reçus  la  visite  de  cette  femme  débarrassée  de  sa  tumeur  et  avec 
les  apparences  de  1^  meilleure  santé.  Yoici,  cuvant  de  signaler  ce  que 


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—  496  — 

'observai  alors,  comment  les  choses  s'étaient  passées,  au  rapport  du 
docteur  Bertrand  qui  avait  pu  suivre  le  travail  d'élimination  :  La 
masse  sanieuse,  saillante  à  travers  l'ulcération  abdominale,  avait 
grossi  progressivement  au  point  que  la  malade  était  obligée  de  la  sou- 
tenir avec  une  serviette  qui  contenait  la  tumeur  comme  un  véritable 
sac.  Celle-ci,  d'odeur  repoussante,  noirâtre,  comme  formée  d'une 
masse  filamenteuse  macérée  et  desséchée,  était  rattachée  à  son  siège 
primitif  dans  l'abdomen  par  un  pédicule  paraissant  flétri  comme  le 
reste  de  la  tumeur.  La  malade  s'opposa  à  la  section  de  ce  pédicule 
qui  eût  été  très-facile,  et  la  masse  tomba  spontanément.  Les  ulcéra- 
tions se  cicatrisèrent  très-rapidement,  l'appétit  se  ranima  et  les  forces 
se  rétablirent  promptement. 

Lorsque  je  revis  la  malade  au  mois  d'octobre,  le  volume  du  ventre 
était  revenu  à  l'état  normal,  il  était  parfaitement  souple,  indolent,  et 
présentait  à  la  place  des  ulcérations  des  cicatrices  dont  la  principale, 
située  entre  l'ombilic  et  l'épine  iliaque  gauche,  recouvrait  une  solu- 
tion de  continuité  des  plans  musculaires  et  aponévrotiques,  de  forme 
arrondie,  à  bords  tranchants,  comme  un  anneau  herniaire  fortement 
dilaté,  permettant  l'introduction  de  trois  ou  quatre  doigts.  Dans  les 
efforts,  le  contenu  de  l'abdomen  faisait  saillie  dans  cette  ouverture. 

Profondément  dans  la  région  hypogastrique,  on  sentait  encore  une 
tumeur  du  volume  du  poing  environ,  transmettant  au  col  de  l'utérus 
les  mouvements  qu'on  lui  imprimait  par  la  pression. 

Je  recommandai  à  la  malade  l'usage  d'un  appareil  analogue  aui  ban- 
dages pour  hernie  ombilicale. 

Cette  observation  est,  après  celle  que  le  docteur  Loir  a  cûmmuni 
quée  à  la  Société  de  chirurgie  en  1847,  le  seul  cas  que  je  connaisse 
d'élimination  spontanée  d'une  tumeur  de  l'utérus  à  travers  les  parois 
abdominales,  et  ce  fait  a  sur  celui  de  M.  Loir  l'avantage,  sinon  d'une 
guérison  complète,  au  moins  de  l'éloignement  de  dangers  qui  mena- 
çaient immédiatement  l'existence. 

C'est  aux  adhérences  de  la  tumeur  avec  la  paroi  abdominale  qu'il 
faut  évidemment  attribuer  l'absence  d'accidents  dans  ce  travail  de 
destruction  si  long  et  si  effrayant.  Ces  adhérences,  en  effet,  lorsqu'elles 
sont  très-étendues  et  très-soudes,  transforment  en  quelque  sorte  une 
tumeur  interne  en  une  tumeur  extérieure,  lorsque,  d'ailleurs,  elle  n'a 
pas  de  connexions  trop  intimes  avec  les  viscères. 

11  me  semble  qu'il  ne  peut  y  avoir  ici  aucun  doute  sur  la  nature  et 
le  point  de  départ  de  la  tumeur.  Les  irrégularités  de  la  menstruation 
et  les  pertes  du  début,  le  mode  de  développement  de  bas  en  haut,  les 
rapports  de  cette  production  morbide  avec  l' utérus  se  traduisant  par 


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—  495  ~ 

h  transmiaiioii'  flot;  iiuiufim«nts  dt  Time  à  Tantes  k  résiillat  négatif 
d*une  ponction,  Fabsence  d'écoulement  de  diqviéekyBtfap»  pendant  le 
tcaTatl  d'élimiiialioni  attestent  nffifanment  <pi'tl  8*11911  dHme  piodnc- 
tian  fita'enae  de  ruténie» 

Peut-on:ieonsid^ree  fait  coottuneim  exemple  de  guérison  complèteT 
Évidemment  non,  puisqu'il  reste  encore  une  masse  relatitement  peu 
considérable,  il  est  vrai,  mais  JôBeeptibie  de  subir  un  nouyeau  déve- 
loppement et  de  proToquer  qi^elques  accidents*  Cependant,  comme  la 
menslruation  parait  définitivement  supprimée  et  que  cette  suppression 
est  le  résultat  de  Fâge  autant,  sinon  plus,  que  de  la  maladie,  nous 
avons  Ileiik  d'espérer  que  ce  qui  reste  de  la  tumeur  persistera  dans  les 
limites  actuelles  ou  même  subira  ce  trayail  d'atrophie  qu'on  ^serve 
quelquefois  dans  des  masses  plus  considérables  après  la  oiénopause. 

l^lÉSEMTÀTiON  VaPMJUI^* 

M*  Dbsormeaux  présente,  au  nom  de  M.  le  docteur  Heni^quin,  un 
appareil  imaginé  pour  servir  dans  le  traitement  des  fractures  du  fémur 
et  de  la  coxalgie.--. 

Appaveil  du  doetenr  Henneqn^. 

Dans  les  fractures  de  cuisse  et  daûs  les  coxalgies,  on  peut  mettre 
le  membre  en  trois  positions  , 

!*>  En  position  rectiligne  ; 

2*  En  double  plan  incliné  à  divers  degrés; 

3*  En  équerre. 

Quelle  que  soit  celle  que  l'on  adopte,  l'appareil  se  prête  à  tous  les 
caprices  du  membre.  T 

La  gouttière  inférieure  devient  inutile  lorsque  le  men&re  inférieur 
est  placé  en  troisième  pojâiiûn. 

Extension.  —Dans  la  position  rectiligne,  l'extension  se  fait  au 
moyen  : 

l^"  Du  bracelet  appliqué  à  l'extrémité  inférieure  delà  caisse  ;  il  prend 
ses  points  d'appui  sur  les  condyles  du  fémur; 

2"*  De  différents  bandages  et  appareils  appliqués  sur  la  jambe  et  sur 
le  pied. 

La  traction  est  faite  à  l'aide  de  tissus  élastiques,  qui  vont  se  ré- 
fléchir sur  les  galets  des  cadres  de  la  pédale  et  se  fixer  auxvboucles. 

Dans  les  deux  autres  positions,  l'tutension  se  fait  au  moyen  : 

!•  Du  bracelet  appliqué  comme  dans  le  cas  pi^éfcédèîït;'    ; 

8*  D'un«  tiiollétfère  à  rigide,  4td  émbfalsàb  &  tà^e  ttdâtërîeure  dei 
2*  série,  —  tome  ix.  63 


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—  496  — 

junMWtt»  jet  ittmrfoime  €tt  traetion  le  poids  de  la  jambe^CestUD^ 
wbtie  de  pcNiMs  de^réâezioh. 

Lee  poinle  d^plieatâim  de  i*exteMiaay  se  troava&t  constamiBeat 
apr  deux  régions  au  moins,  on  peut,  si  le  besoin  s'en  fait  sentir,  sou- 
lager Vva»  on  l'antre,  sans  miire  à  Tefficacité  de  Texteosiont 


(Fïo.  I. 
A*  —  Gontti^  fomcale.  s         . 


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—  499  — 

C"G^r<-n  Çoimofits  à  tu  d^'  prtelioii  teirttit  à  «nHfr  Us  ■ 

rotation  et  de  va-et-vient  de  ktig6  09iidé««  .  . 

P.  -^  Tige  coudée  portant.ni^e  oo^uiUo  et  pouvant  m  placer  à  dxoiie  ou 
à  gauche  de  la  gouttière^ 

£.  —  Coquille  bivalve  à  charnière  renfermant  une  sphère  en  bois. 
F  F'.  —  Tiges  qui  travjwrsent  Ui  sphère  et  portent  les  pelotes.  ' 

0  G\  —  Pelotes  iHaques. 

H.  —  Conseîn  pubien. 

I.  -^  Cousnii  isohiatique  en  ferme  de  droiMaat.  '   •'    ' 

L  L*.  —  Coulisses  destinées  à  recevoir  les  boutons  N IT  di  VmnoÊÈw  Ml^ 

.  .   ;        rieure. 

çsiBé  n.) 

M  M*.  —  Bandelettes  arquées  s'adaptant  à  la  gouttière  ierurale  dâui  tovtea 

les  positions,  au  moyen  des  bouloMi  N  N*^ 
0  0*. —  Cadres,  placés  de  e]iaqQeo5té  de  lapàdale. 

P.  —  Pédale. 
R  R\  •—  Galets  servant  de  poulies  de  réflexion  aux  élastiques,  lorsqu'on 

fait  l'extension  dans  la  position  rectiligne. 
S  S*.  "-«  Boudes  destinées  à  arrêter  les  élastiques. 

(Fio.  III.) 

a  a*.  —  Bracelet  se  fixant  à  Textrémité  inférieure  de  la  cuisse, 
b  bV  —  Points  fortement  rembourrés  en  rapport  avec  les  condyles  du  fémur, 
c  c^<  —  Muscles  artificiels  terminés  par  des. lanières  percées  de  trous, 
d  4'.  —  Rubans  gradués  indiquant  en  kilogr.  là  force  de  traction. 

(F».  IV.)       . 

e  e\  —  Molletière  à  rigole, 
f .  —  Rigole  destinée,  à  protéger  les  vaisseaux  et  les  nerfs  du  creux  po- 

plité.  ' 

g  g'.  —  Petites  lanières  venant  se  fixer  au  bracelet  aux  points  dVtttaohe 

des  muscles  artificiels. 

Contre-extension.  —  Quelle  que  soit  la  position  du  membre,  ia  contre- 
extension  sera  toujours  répartie  au  moins  sur  deux  régions,  le  plus 
souvent  sur  trois,  qui  sont  :  la  tubérosité  isdiiatique,  ia  fosse  iliaque 
externe  et  la  bra^che  pubienne,  4u  côté  du  bass^i  correspondant  au 
membre  malade  ou  du  côté  opposé. 

Dans  les  fractures  de  cuisse,  sans  lésion  grave  des  os  duimssin,  la 
contre- extension  sera  supportée  par  la  tubérosité  ischiatique,  la  fosse 
iliaque  e:i;terne  et  la  branche  du  pubis,  correspondant  au  membre 
fracituré.  L'une  jOu  l'autre  de  ces  régions  pourra  (Ire  dégrevée,  sans 
nuire  à  la  contre-extension»  .     ,, , 


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^  500  — 

0&  diiipmmra  lés  plèem  de  l'appareil  4e  la  même  manière  dans  les 
eoxalgies,  sansdévfottfon'dul^ssli]. 

Dahs  les  eoxàlgies  atecdétiation  pelvièniie,  on  disposera  les  pièces 
de  rappareil  sur  les  réjfions  qui  peutent  favoriser  le  redressement  du 
membre. 

Si  le  bassin  est  incliné  latéralement,  on  fera  suppprtejr  presque 
toute  la  contre-extension  par  la  fosse  iliaque  diA  e6té  abaissé: 

1*  S'il  est  enclavé  m  arrière,  Tischion  Mul  si^porisra  toute  la 
ccaHre-Mlensten;  .     .    ^,,     ^. 

2»  S'il  est  incliné  en  avant,  les  branches  horizontales  du  pubis  de- 
viendront les  seuls  points  d*appuî  delà  contre-extension. 

Vaiq^^ireil  n'empèdiera  jamais  auGon  des  mouvements  du  membre 
inférieur  sain,  ni  ceux  du  troue. 

Le  membre  malade  sera  a  découvert;  on  pourra,  par  eonséqueot^ 
suivre  la  marche  de  la  lésion  et  faire  des  pansements.  • 

tè  malade  peut  s'asseoie. 

Observation  I.  —  M...  (Victor),  42  ans,  entre  le  3^  novembre  1867, 
atteint  d*une  fracture  de  cuisse  au  ti^rs  inférier.  4  centimètres  de  rac- 
courcissement. Application  de  Tappreil  dix-huit  jours  après  Taccident, 
pas  la  moindre  triace  de  consolidation. 

Le  9  février,  cinquante  jours  après  la  pose  de  l'appareil,  le  malade 
se  promène  sans  béquilles.  Le  membre  est  parfaitement  conformé  et 
mesure  à  peine  1/2  centimètre  de  moins  que  l'autre.  Le  procédé 
Giraud-Teulon  donne  le  même- résultat. 

Départ  pour  Yincennes. 

Obs.  il  —Y...  (Ilenri),  52  ans.  Fracture  de  la  cuisse  droite,  à 
l'union  du  tiers  moyen  4vec  le  t^ers  supérieur.  Application  de  l'appa- 
reil huit  jours  après.  Aucune  trace  de  consolidation. 

L'appareil  reste  appliqué  près  de  trois  mois. 

Ap^ès  guédson,  1/2  centimètre  d'allongement,  vérifié  par  de  nom- 
breuses mensurations. . 

Obs.  nr.  ^  15...  (Jean),  37  ans,  entre  le  20  avril.  Fracture  de  cuisse 
an  tiers  moyen,  par  contraction  musculaire  (en  mettant  sa  botte). 
3  centimètres  de  raccourcissement.  Pôsede  l'apparefl,  vingt  jours  après 
son  entrée.  Cal  volumineux  et  solide.  Le  malade  soulève  sa  cuisse  sans 
le  secours  de  ises  membres  supérieurs* 

Le  12  juin, levée  de  fajypareil.  Le  membre  mesurée  ^dne  1  centi- 
mètre de  moihs  que  Pàtrtr^  malgré  la  solidité  du  ca)  au  moéeiit  de  là^ 
pose  de  l'appareil. 


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~  501  - 
Coxalgie. 

Obs.  IV.  —  T...  (R.),  10  ans.  Coxalgie  da  (Aie  |;atiebe;  déviation 
du  bâfl8fnvraoâonrciS0eikient  du  membre;  saillie  énorme  énorme  de  la 
région  troelianfétienne  ;  ankylose  ligamenteuse  de  l'articulation  coxo-^ 
ttmoraleel  féniMO^tibiale;  Inxaiion  probable  de  la  tôte  fémorale  dans 
la  ftese  iliaque  «sterne.  Àpfilieationdel'apptiréitdleMàfifelinetderaiiP 
pareil  deitriné  lalDs  le  moindre  soecèfl. 

Raccourcissement  apparent 10  cept.  1/2 

—  réel 1    r-    4/2 

Constitution  cacbectique. 

application  de  rapparefl. 

L'extension  est  faite  sur  le  membre  malade;  la  contre-extension  sur 
le  bassin  du  côté  opposé;  Quelques  jours  suffirent  pour  redtessei*  le 
bassin,  fitire  disparaître  la  saillie  de  la  région  trochantérienne,  rétablir 
les  mouvements  de  Tarticulation  coxo'fèmoraleet  faire  disparaître  les 
douleurs  voisines  et  éloignées  de  la  lésion  articulaire. 

L*apj;>areil  est  enlevé  :  tous  ces  désordres  reparaissent.  On  réapplique 
^appareil  :  ils  disparaissent. 

Survient  : 

i"*  Une  tumeur  osseuse  de  Thumérus,  qui  sN^fface. 

2«  Un  gonflement  considérable  du  grand  trocbanter,  carie,  suppu- 
ration abondante,  épuisement  de  la  malade,  déviation  du  bassin, 
saillie  trochantérienne,  fièvre  hectique,  ankylose  de  Tarticulation  fémo- 
rale supérieure.  La  mort  paraît  certaine. 

Réapplication  deTappareil.  Les  douleurs  disparaissent  petit  à  petit; 
la  déviation  du  bassin  se  corrige;  la  saillie  trochantérienne  s'efface; 
la  suppuration  diminue;  Tappétit  revient.  L'ankylose  n'a  pas  encore 
cédé.  Les  nuits  sont  bonnes;  la  constitution  s'améliore;  l'appétit  re- 
vient. 

Tel  est  l'état  actuel. 

Ces  observations  ont  été  prises  dans  le  service  de  M.  Desormeaux,  à 
l'hôpital  Necker. 

M.  Desphès.  Lorsqu'on  a  présenté  aux  sociétés  savantes  la  boite  de 
Baudens,  Tappareil  polydactyle  de  J.  Roux,  l'appareil  à  double  plan 
incliné,  on  a  annoncé  des  résultats  magnifiques.  Malgré  ce  que  nous 
dit  M.  Desormeaux,  je  ne  doute  pas  que  cet  appareil  aille  rejoindre 
ses  devanciers  dans  le  «  magasin  à  ferraille  ». 

M.  Desormbaijx.  J'ai  employé  plusieurs  fois  l'appareil  de  Raudens 


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—  502  — 

et  j*eii  aï  obtenu  d'excellents  résultats.  .|e  ne  prétends  pas  que  Tappa- 
rell  de  M.  Hennequin  doive  être  substitué  à  tous  les  autres,  mais  je 
pense  ^'il  peut  rendre  de  grands  seryicesw 

M.  Lefort.  U  est  toujours  difficile  de  f#re  quelques  observations 
relativenaent  à  un  apppareil  que  Ton  a  pas  encore  tu  appliquer.  J'avoua 
cependant  que  je  voudrais  avoir  quelques  reoseignementA  sur  Tutilité 
du  point  d'ai^  ischiattque  pris  comme  il  Test  dan»  cet  appareil.  Si 
je  ne  me  trompe,  le  point  d'appui  de  Tappareil  parait  poster  sur  le  pli 
fessier  et  non  sur  l'ischion. 

Je  pense  que  lorsqu'on  aura  trouvé  un  appareil  tout  à  fait  satisfai- 
sant, on  en  reviendra  à  l'extension  continue  dans  les  fractures  de  la 
cuisse. 

M.  Despeès.  m.  Desormeaux  pense  qu'^  emplcja^nt  cet  appaleil 
dans  le  traitement  des  fraetures  de  caisse,  j'(^tieiidrai  la  craérison  avec 
un  très-léger  raccourcissement.  Mais  avec  un  appareil  queLeonqne,  je 
me  fais  fort  d'obtenir  dans  les  cas  favorables  une  consolidation  .avec 
un  raccourcissement  qui  ne  passera  pas  i  centitimètre  à  i  ;eenttfflètre 
et  demi. 

M.  Broca.  Je  ue  puis  laisser  passer  ce  que  vient  de  dire  M.  Des- 
près.  Selon  lui,  on  guérit  avec  n'importe  quel  appareil  les  fractures 
de  caisse,  de  manière  à  n'avoir  que  1  centimètre  à  1  oentimètre  et 
demi.  C'est  là  une  énormité,  que  nous  ne  pouvons  laisser  insérer  dans 
nos  bulletins,  sans  protestation.  Même  avec  les  meilleurs  appareils  à 
extension,  on  n'arrive  pas  à  ce  résultat.  Assurément,  il  existe  sur  ce 
point  une  lacune  dans  la  thérapeutique  chirurgicale,  et  nous  devons 
encourager  les  efforts  de  ceuxqni  tendent  à  la  combler. 

M.  Dbsprès..  J'ai  voulu  dire  qu'il  y  avait  un  certain  nombre  de  frac- 
tures de  cuisse  non  obliques,  qui  guérissaient  avec  1  centimètre  de 
raccourcissement,  quel  que  fût  l'appareil  employé;  mais  je  reconnais 
que  d'autres  ne  guérissent  qu'avec  un  très-grand  raccourcissement, 
même  lorsqu'on  a  recours  aux  appareils  à  extension;  car  avec  ceux-ci» 
comme  avec  les  autres,  il  faut  faire  des  tractions  que  la  peau  ne  peut 
supporter,  si  Ton  veut  arriver  à  un  faibte raccourcissement, 

LECTURE. 

M.  HoRTBLOUP  fils  iît  une  note  relative  à  un  effet  bizarre,  non  enr 
eore  indiqué,  de  Hnhdation  du  chloroforme.  Étemuements  répétés,  ayant 
succédé  à  V emploi  du  chloroforme. 

Renvoyé  à  M.  Paulet.        . 


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PRESENTATION  DE  PIÈGES. 

Corps  fibreux  de  l'atérns. 

M.  Broga.  La  malade  sur  laquelle  cette  tumeur  a  été  enlevée  était 
dans  le  service  de  M.  Bernutz.  Depuis  longtemps,  on  avait  constaté 
que  la  tumeur  fai^t  sailUé  cltlnsle  vagihet  était  t>édiculée,  lorsque 
un  matin  survint  une  hémorragie  abondante. 

La  malade  prétendit  qu'elle  avait  ses  r^les,  et  ne  voulut  pas  entendre 
parler  d'opérfjtloii*  r 

Cependant,  au  bout  de  huit  jours,  elle  a  suivi  nos  conseils,  et  je  l'ai 
opérée. 

Avant  l'opération,  je  constatai  que  la  tumeur  était  plus  molle  que 
ne  le  sont  habituellement  les  hystérômes,  e.t  je  pensai  alora  que  ion 
séjour  prolongé  dans  le  vagin  était  la  cause  de  cette  diminution  de 
consistance.  - 

Lonqoe  je  pnoAiqubi  T^Gq^tioii,  je  tk«ocrôai  ia  tumeur  plus  molle 
encore  que  je  ne  m*y  attendais.  Voulant  la  saisir  avec  des  pinces  à 
griffes^  }eila:4échirai  À  plunéurs  reprises^  et  je  fus  obligé  4é  recourir 
à  quelques  manteuwes  particulières  pour  la  fiiire  saillir  à  la  vulve;  je 
passai  deux  doigts  au  niveau  de  son  pédicule,  je  la  baj?poiinai  et  je  ter-» 
minai  4'<9pératton..La^  difficulté  que  j'ai  eu  à  Saire^sortir  totumeur 
s'explique  par  rétfoitt»8d  du  vagin.. 

Lorsque  la  tumeue aété  à  la  v«dvë,  je  Tai  sectionnée  avéé  le  fil 
galvano-caustique  ;  it  ne  s'est  pas  écoulé  une  goutte  de  sang. 

ÉUti.ée  la  iimeur.  —  La  partie  postérieure  de  la  tumeur  était  gan-^ 
grenée;dc  là  s'écoulait  ùQ  ichop  roux,  aësez  fétide,  que  la  malade 
appelait  ses  r^les^  Les  parties  qui  eatouraie&t  la  portion  gangrenée 
étaient  violacf^,  et  d«ipa^  t^s  ces  points^ il  existait  des  vaisseaux  que 
Fou  pouvait  suivre  jusqu'à  ^i^vlivoio.  a  ceAtyxi^le^sde  la  surface*  Ceux-^oi 
étaient  peu  volumineux,  et  comme  je  Tai  déjà  dit,  ils  n'ont  pas  domi^ 
lieu  à  un  éeoul^ent.^aQguio» . 

La  séance  est  levée  à  cinq  heures  un  quart. 

'  ^  S«(T^/aire»  P'^  LÉON  {«ABBE. 


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—  604  — 

SÉANOB     DU    23    DBOBMBBB     1868 

Le  procès-yélrbal  de  la  précédente  séance  est  lu  et  tdopté^ 

CORHBSPONDANCB. 

La  correspondance  comprend  :  ' 

—  Les  journaux  de  la  semaine. 

r-  Le  Recueil  det  àck»  du  comUé  mèHcàl  de$  Bomhes-ânhÉMie 
pour  1867  et  1868.       . .  >        . 

— Étude  cUtiique  et  ettpérimaOalê  de»  tmboUa  Mpidoiref,  par 
Y.  Feltz,  agrégé  de  la  Faculté  de  Straaboijarg,  aTec  huit  planches  en 
diromo*litliogra|ihîe. 

T- idapka»o96opie  ou  e^splaratUm  par  traméparénce  dtàs  orgànu  du 
basm  de  la  femme,  par  J.  Lazarewitcb,  de  KlÂrkoff. 

—  M*  Lamdit  dépose  sur  le  bureaa  ;  le  i^wlenegro  et  us  haMants, 
par  le  docUur  Alfred  Boolongne;  une  lettre  de  M.  le  docteur  Yézien, 
médecin  militaire,  arec  des  échantillons  d'une  yariélède  LamiMOia 
digitaiat  qu'cm  trouve  en  abondance  sur  la  plage  de  Dunkenlue. 

t^  M»  le  docteur  Letièrant,  diirurgien  en  chef  désigné  de  THÔlel* 
Bieu  de  Lyon,  adresse  un  mémoire  intitulé  :  Études  sur  les  secîkms 
du  uerfmédiau^  au»  points  i4  uue  opérateire,  patholoffique  et  physioUh 
gique. 

Renvoyé  à  une  commission  composée  de  MM.  Paolet,  Tillauz, 
Liégeois. 

—  M*  LéoNLABBÉ  transmet; de  la  part  de  M.  6.  Simon,  dUeidelberg, 
une  note  sur  des  Olfservatiotié  historiques  sur  les  procédés  opératoires 
de  rocdusiott  du  vaginy  par  la  réunion  de  ses  parois  Çiolpokleisis),  pour 
rétablir  la  continence  de  Purine  dans  les  cas  de  fistules  urinaires  inopé^ 
râbles,  suivies  de  quelques  remarques  sur  Vétat  actuel  de  la  question  des 
opérations  de  fistiûes  vaginales  en  Allemagne. 

Cette  lettre  est  adressée  à  M.  le  docteur  Nathan  Bozeman,  à  Nonr- 


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—  506  — 

York,  par  M.  Simon,  professeur  à  la  Faculté  de  médecine  d*Heidel- 
berg. 

M.  Simon  a  fait,  en  1855,  sa  première  opération  d-ocelûsîon  du 
vagin.  II  avait  obtenu  4  succès  avant  que  Bozeman,  qui  opérait 
en  1859  pour  la  première  fois,  songeât  à  lui  constester  la  priorité.  Céfi 
t)bservations  se  trouvent  dans  le  numéro  35  du  Journal  de  la  clinique 
aUemande.  Un  mémoire  plus  étendu  sur  cette  matière  a  été  publié  par 
M.  Simon  dans  le  Recueil  mensuel  de  gynécologie,  en  1858. 

Tous  les  traités  de  chirurgie  et  de  médecine  opératoire,  publiés  de- 
puis cette  époque  en  Allemagne,  ont  mentionné  sa  méthode.  ' 

M.  Simon  a  imaginé  cette  méthode  après  qu'il  lui  a  été  démontré 
que  répisioraphie  (occlusion  de  la  vulve  ou  de  Touverlure  vaginale), 
proposée  par  Vidal,  ne  donnait  aucun  succès. 

Jusqu'à  ce  jour,  M.  Simon  a  pratiqué  avec  succès  18  fois  son  pro- 
cédé.  Il  fait  Tocclusion  immédiatement  au-dessous  de  Fouverture  fîs- 
tulaîre.  (Les,  indications  et  les  détails  sont  décrits  dans  les  Mémoires 
de  chirurgie  plastique,  ôe  Simon  (Prague,  1868.) 

En  ce  qui  concerne  l'opération  de  la  fistule  vésico-vaginale  ou 
urétro-vaginale,  M.  Simon  agrandit  l'ouverture  et  avive  dans  toute 
la  profondeur. 

Il  réunit  avec  des  fils  de  soie  très-fins. 

Il  a  renoncé  à  l'attitude  américaine.  Il  donne  à  la  femme  l'attitude 
exagérée  de  la  taille  périnéale.  Il  retire  la  sonde  au  bout  de  vingt- 
quatre  heures;  la  réunion  se  fait  plus  rapidement.  Il  réunit  en  plu- 
sieurs formes  —  en  T,  en  Y  —  quand  la  réunion  linéaire  transversale 
oblique  ou  longitudinale  n'est  pas  applicable,  à  cause  de  l'étendue  ou 
de  la  forme  de  l'ouverture. 

Depuis  1853-1859,  par  l'ancienne  méthode  (à  Darmstadt)  : 

Il  a  opéré  22  fistules  :  14  guérisons  complètes;  5  avec  permanence 
d'une  petite  ouverture  ;  1  sans  aucun  changement;  2  décès. 

Par  le  procédé  modifié  de  1859-1861  : 

13  fistules  avec  12  guérisons. 

1861-1866  (à  Rostock)  : 

53  cas  de  fistules  avec  49  succès  ;  2  décès;  2  insuccès. 

1866-1868  : 

30  fistules  :  26  succès;  2  insuccès;  2  décès. 

En  somme,  sur  118  opérations,  104  guérisons  complètes. 

PRÉSENTATION    d'APPAKEILS. 

M.  LÉON  Lefort  présente  tm  appareil  à  eitension  permanente poui^ 
les  fractures  de  la  cuisse. 

2*  série.  —  tome  ix.  64 


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—  506  -^ 

Vtj^itnma  permanente  dans  les  fractures  de  la  cuisse  a  été  i^e^ 
généralement  abandonnée  en  France,  bien  qu'elle  eût  été  employé^ 
comjne  tr^tement  habituel  pendant  La  première  moitié  de  ce  siècle.  Ce 
revirement  dans  les  idées  n'est  pas  dû,  comme  on  pourrait  le  croire,  à 
ce  que  la  simple  contention,  mieux  dirigée,  donne  aujourd'hui  des  ré- 
sultats satisfaisants;  il  n'est  pas  de  chirurgien,  ayant  un  peu  de  pra- 
tique, qui  ne  sache  avec  quelle  difficulté  on  arrive  à  prévenir  un  rac- 


jk 


Ci 

c 


courcissement  notable,  et  l'on  peut  dire  que  toute  fracture  du  corps 
du  fémur  laisse  après  sa  consolidation  un  certain  degré  de  raccour- 
cissement. 

Ce  qui  a  fait  abandonner  l'extension  permanente,  c'est  que  les  ap- 
pareils de  Desault,  de  Boyer  et  ceux  construits  sur  les  mêmes  don- 
nées ne  remplissent  pas  le  but  qulls  semblent  devoir  atteindre.  La 
çontrercxtension,  faite  au  moyen  d'une  bande,  d'un  sous-cuisse  passé 
en  écharpe  dans  le  pli  génito-croral,  prenant  son  pcHnt  d'appui  sur 


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--  507  — 

riflchion  et  sur  Tattelle  externe  ou  même  sur  une  ceinture,  est  tout 
à  fait  illusoire',  et  c'est  faute  de  pouYOir  l'appliquer  d'une  manière 
convenue  que  les  chirurgiens  français  ont  renoncé  à  Textension  per- 
manente* 

L'appareil  dont  nous  donnons  le  dessin  est  destiné  à  permettre 
l'emploi  de  cette  méthode  thérapeutique.  11  se  compose  des  parties 
suivantes  :  une  ceinture  de  cuir,  renforcée  par  un  arc  métallique  et 
formée  de  deux  valves  séparables  en  avant  et  en  arrière,  peut  être 
plus  ou  moins  élargie,  suivant  qu'on  a  affaire  à  un  individu  plus  ou 
moins  fortement  chargé  d'embonpoint.  Ces  deux  valves  glissent  sur 
une  lame'horizontale,  qui  sert  en  môme  t^nps  de  plan  de  sustentation 
et  pare  à  Taflletissement  inégal  des  matelas;  elle  peut  aussi  servir  à 
soulever  le  malade,  lorsqu'il  est  besoin  de  placer  sous  le  si^e  un  vase 
ou  des  alèzes.  Cette  ceinture,  doublée  d'un  coussin  matelassé,  s'ap''^ 
plique  exactement  sur  les  sûllies  et  les  dépressions  du  bassin,  et 
donne  déjà  un  point  d'appui  à  la  contre-extension.  Mais  les  deux 
principaux  points  d'appui  sont  pris  sur  l'ischion  et,  si  besoin  est,  dans 
l'aisselle. 

Le  point  d'appui  ischiatique  est  pris  au  moyen  d'un  arc  métallique 
disposé  de  manière  à  s'appliquer  sur  l'ischion  par  une  face  et  non  par 
un  bord  tranchant.  Cette  pièce,  fixée  au  côté  interne  de  la  gouttière, 
est  mobile  au  niveau  de  sa  jonction  avec  la  tige  qui  la  supporte,  au 
moyen  d'une  double  articulation,  et  peut  ainsi  suivre,  sans  quitter 
l'ischion,  tous  les  mouvements  qu'on  imprime  au  membre.  La  pression 
qu'elle  exerce  sur  l'ischion  peut  être  augmentée  ou  diminuée  au  moyen 
de  la  crémaillère  que  porte  la  tige. 

Le  point  d'appui  axillaire  est  pris  au  moyen  de  deux  béquillons, 
dont  on  augmente  à  volonté  la  longueur  et  qui  peuvent  être  fadle- 
ment  enlevés. 

La  gouttière  métallique,  sur  laquelle  repose  le  membre,  se  rattache 
à  la  ceinture  au  moyen  d'une  articulation  à  noix,  ce  qui  permet  tous 
les  mouvements. 

Un  serre-frises,  en  frein  d'écrou,  serré  au  moyen  de  deux  vis,  im- 
mobilise cette  articulation  dans  la  position  que  lui  a  donnée  le  chi- 
rurgien. 

L'extension  peut  être  faite  de  plusieurs  manières.  Si  on  veut  prendre 
point  d'appui  sur  le  mollet,  la  jambe  étant  fléchie  sur  la  cuisse,  il 
suffit  d'agir  au  moyen  d'une  clé  sur  la  crémaillère  dont  sont  munis 
les  bords  de  la  gouttière,  pour  allonger  la  partie  crurale  de  l'appareiL 
Si  l'on  veut  prendre  point  d'appui  sur  la  jambe  et  le  pied,  on  laisse 
le  membre  dans  la  rectitude  et  l'on  allonge,  soit  la  partie  crurale,  au 


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508 

moyen  des  crémaillères,  soit  la  partie  jambière,  au  moyen  d'une  tIs 
placée  sous  rappareil. 

On  peut  aussi  prendre  son  point  d'appui  sur  le  fémur  lui-même  et 
sur  le  fémur  seul  ;  il  suffit  alors  de  dévisser  les  deux  écrous  mobiles 
qui  existent  au  nircau  du  genou,  pour  supprimer  toute  la  partie  infé- 
rieure de  l'appareil. 

Pour  appliquer  les  liens  extenseurs,  il  n'est  pas  besoin  d'exercer  de 
compression  au-dessus  des  condyles  da  fémur  avec  un  bracelet  forte- 
ment serré,  il  est  un  moyen  très-simple  et  trop  peu  connu  d'obtenir  ce 
résultat. 

On  coupe  des  bandelettes  de  diacbylon,  ayant  environ  detix  fois  la 
longueur  delà  cuisse  du  malade.  Prenant  successivement  cbacune  des 
bandelettes,  on  en  applique  une  des  extrémités  sur  la  face  antérieure 
de  la  cuisse,  vers  la  racine  du  membre  au  niveau,  par  exemple,  de 
l'épine  iliaque;  on  la  mène  obliquement  en  bas,  en  suivant  le  trajet  du 
couturier,  jusqu'à  ce  qu'on  soit  arrivé  au  niveau  de  la  tubérosité  in* 
terne  du  fémur;  là,  on  la  replie  sur  elle-même  et  on  la  ramène  en 
baut^  sur  la  face  postérieure  de  la  cuisse,  jusque  vers  l'ischion.  A  côté 
de  cette  bandelette,  on  en  applique  une  autre,  en  ayant  soin  de  la  faire 
arriver  en  bas,  au  même  point  que  la  précédente.  En  opérant  ainsi  des 
deux  côtés  et  entourant  la  cuisse  de  quelques  bandelettes  circulaires 
non  serrées,  on  a,  au  niveau  du  genou,  deux  anses  latérales  solides, 
dans  lesquelles  on  passe  un  lien  que  Ton  fixe  aux  anneaux  qui  ter- 
minent en  bas  les  tiges  latérales  de  la  gouttière  crurale.  Nous 
avons  eu  plusieurs  fois  recours  à  ce  mode  d'application  des  liens 
extenseurs,  et  nous  pouvons  affirmer  que  loin  de  glisser,  ils  résistent 
à  des  tractions  de  plus  de  100  kilogrammes;  force,  il  est  inutile  de  le 
dire,  qu*on  n'aura  jamais  à  employer  dans  les  cas  où  on  exerce  l'exten- 
sion permanente. 

Ajoutons  qu'il  suffit  de  dévisser  l'écrou  qui  poxte  l'articulation  de 
la  ceinture  avec  la  gouttière  et  de  changer  de  côté  les  tiges  à  cré- 
maillères pour  rendre  l'appareil  applicable  à  droite  et  à  gauche. 
.  Gomme  tous  ceux  analogues,  cet  appareil  à  rinconvénient  de  ne  pou- 
voir être  fabriqué  extemporanément;  maison  peut,  sur  le  même  prin- 
cipe, construire  partout  et  très-simplement  un  appareil  qui  remplira, 
à  peu  près,  les  indications.  Il  n'est  besoin,  pour  cela,  que  d'une 
béquille,  d'une  attelle,  d'un  morceau  de  bois  et  de  quelques  clous.  On 
coupe  une  béquille  ou  un  manche  à  balais,  auquel  on  adapte  un  bé- 
quillon,  de  manière  à  ce  que  sa  longueur  dépasse  de  20  à  30  centi- 
mètres la  distance  de  l'aisselle  à  la  plante  du  pied.  On  cloue  à  son 
extrémité  inférieure  une  planchette,  de  20  centimètres  de  longueur. 


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—  509  — 

dans  le  milieu  de  laquelle  on  perce  deux  trous,  et  dans  cette  planche, 
on  fixe  Tattelle  interne  qui,  par  son  extrémité  supérieure  échancrée  et 
bien  rembourréç^  doit  appuyer  sur  l'ischion.  Des  bandelettes,  de  dla- 
cbyion,  appliquées  le  long  de  la  jambe  et  se  repliant  sous  le  pied,  où 
elles  forment  une  anse,  servent  à  laisser  passer  une  .corde,  qu'on  en- 
gage dans  les  deux  trous  de  Fétrier  et  qu'on  noue  solidement.  Un 
b&ton,  passé  dans  cette  anse  de  corde^  fait  ofOce  de  garrot  et  donne  le 
moyen  de  pratiquer,  avec  autant  de  foroe  qu'on  le  désire,  l'exteiosion 
permanente.  Nous  avons  pu,  il  y  a  quelques  années,  avec  un  appareil 
si  simple,  guérir,  par  une  énergique  extension,  une  pseudarthrpse 
du  fémur. 

La  chirurgie  américaine  est,  depuis  longtemps,  revenue  ài'empiloi 
dcvla  méthode  d'extension  dans  les  fractures  de  la  cuisse;  mais  les  ap- 
pareils de  Gross,  Gilbert,  Hodge^.Buck  et  Swinburne  ne  nous  ont  pas 
paru  remplir  toutes  les  indications  que  nécessite  le  traitement  des 
fractures  obliques  du  fémur;  c'est  ce  qui  nous  a  amené  à  laire  cons- 
truire, par  M.  Guillot,  qui  a  très-bien  compris  nos  indications,  l'appa^ 
reil  dont  nous  donnons  le  dessin.  . 

M.  Desprès.  En  observant  l'appareil  qui  nous  a  été  présenté  par 
M.  Lefort,  je  ne  change  pas  l'opinion  que  j'ai  manifestée  dans  la  der- 
nière séance.  L'appareil  que  je  vois  ici,  par  soi)  cuissard  et  sa  jam- 
bière ressemble  à  beaucoup  d'autres  appareils.  Il  y  a  une  ceinture  au 
niveau  du  bassin  et  un  point  d'appui  sur  les  aisselles.  Cette  modifica- 
tion est  celle  qui  distingue  l'appareil  dit  américain,  que  j'ai  vu  appli- 
quer dans  le  service  de  M.  Nélaton.  Cet  appareil  est  en  effet  constitué 
par  une  longue  attelle,  qui  dépasse  le  pied  en  bas  et  qui  en  haut  est 
pourvue  de  deux  ceintures  bouclées  :  une  qui  entoure  le  bassin,  une 
qui  entoure  le  thorax. 

Je  ferai  deux  reproches  à  l'appareil  de  M.  Lefort,  comme  à  tous  les 
autres  :  c'est  d'avoir  des  proportions  convenables  seulement  pour  les 
individus  de  même  taille  ou  à  peu  près.  L'extension  est  faite  à  l'aide 
de  cercles  de  bandages  roulés  qui,  pour  ne  pas  se  relâcher,  doivent 
être  très-serrés,  trop  serrés;  et  vous  en  comprenez  la  conséquence. 
C'est  ce  qui  a  été  évité  dans  cet  appareil  américain,  qui  est  une  simple 
modification  de  l'attelle  de  Boyer.  On  emploie  des  bandes  de  diachyîon 
collées  sur  la  peau,  depuis  la  fracture  jusqu*au  pied,  sans  exercer  de 
contraction  curculaire.  Ainsi  l'on  évite  les  effets  de  la  constriction  sur 
les  points  où  des  tractions  sont  faites  d'une  manière  continue. 

Je  ne  veux  pas  insister.  J'accuse  en  passant  ces  appareils  de  pro- 
mettre beaucoup  plus  qu'ils  ne  tiennent. 


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—  510  — 

ÉUCTIONS. 

La  Société  procède  aux  élections  pour  le  renouTellement  du  bureaa 
et  la  nomination  de  dÎTerses  commissions  pour  Texercice  1869. 

Sont  nommés: 

Président  :  M.  Vemeuîl. 

tîce-président  :  M.  Alphonse  Guérîn. 

Secrétaires  :  MM.  Lefort,  Panas. 
'  Bîbliothécaire-archiyiste  :  M.  Liégeois. 

Trésorier  :  Crureilhier  fils. 

Comité  de  publication  :  MM.  Broca,  Blot,  Lefort. 

Commission  des  congés  :  MM.  Houel,  Boinet,  Tarnier. 

NOIfINATION  DE  VEIEBIIB  HONORAIRE. 

M.  YoujjBiiiER  est  nommé  memJtre  honoraire  par  15  Toix  sur 
24  votants. 

LECTURE. 

M.  Baillt  lit  une  note  sur  une  observation  de  dystocie  causée  par 
une  hyperthrophie  du  segment  inférieur  de  la  matrice  ch&k  une  femme 
primipare. 

PRÉSENTATION  DE  PIEGES. 

M.  GuÉNioT  montre  des  pièces  d'ostéites  euppurées  des  estrimiiés 
diaphysaires  des  os  ou  décollement  des  cartilages  épiphysaires  chez  m 
enfant  nouveau-né, 

M.  LÉON  Lefort  montre  à  la  Société  une  tumeur  corné»  qtie 
M.  Golson,  de  Noyon,  membre  correspondant,  a  enlevé  de  la  paupière 
supérieure  d'un  homme  de  50  ans.  M.  Colson  joint  à  cette  pièce  la 
note  suivante  : 

Il  y  a  environ  quinze  jours  qu'un  paysan  d'environ  50  ans,  d'une 
bonne  constitution,  du  village  de  Mondescourt,  entra  à  l'Hôtel-Dieu  de 
Noyon,  pour  s'y  faire  opérer  d*une  petite  tumeur  située  au  milieu  de 
la  paupière  supérieure  gauche  et  me  paraissant  adhérer  au  cartilage 
tarse.  Je  me  proposais  d'abord  de  l'enlever  en  coupant  la  paupière  su- 
pôrieure,  à  droite  et  à  gauche  de  la  tumeur,  par  une  incision  en  Y, 
comme  pour  l'opération  du  cancer  de  la  lèvre,  et  de  réunir  la  plaie  par 
la  suture  entortillée;  ma»  avant  de  commencer  TopéralioD,  je  crus 
m'apercevoir  que  je  pourrais  disséquer  la  tumeur  à  sa  base  et  la  dé- 
tacher du  cartilage  tarse.  Cela  réduisait  Topération  à  une  simple 


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-  _  611  _ 

dissection,  et  c'est  là  Topératioa  qae  je  fis,  en  respectant  le  cartilage* 
Il  en  résulta  une  simple  plaie  OTalaire,  que  j'abandonnai  à  elle- 
même.  Elle  se  recouYrit  d'une  croûte  qui  tarda  à  se  détaçberj  et 
comme  le  malade  roulait  quitter  l'hôpital  avant  sa  cicatrisation  com- 
plète, je  fis  tomber  la  croûte  avec  un  cataplasme  de  fromage  mou,  et 
j^  la  cautérisai  avec  le  nitrate  d'argent.  Je  recommandai  au  malade 
de  venir  me  voir  au  bout  de  huit  jours,  et  j'ai  la  confiance  qu'alors  la 
plaie  sera  cicatrisée. 

C'est  la  seconde  fois  depuis  vingt  et  un  ans  que  je  pratique  cette 
petite  opération.  La  première  fois,  tétait  chez  an  marinier  du  vil- 
lage de  Pont^rÉvèque,  qui  portait  une  petite  tumeur  cornée  semblable 
à  celle  que  j'ai  envoyée  et  sitnéeégalement  sur  la  paupière  supérieure. 
L'opération  et  ses  suites  furent  les  mêmes  qu'ici.  Le  malade  a  bien 
gnéri. 

La  séaiiee  est  lerée  à  cinq  heures  et  demie. 

Le  «ecr^atr^,  D*  LÉON  Labbb. 


s£aNOB    du    30    DBOBXBRB    1868 
PrteldoMe  de  M.  LEGOIIEST 

Le  procès-verbal  de  la  précédente  séance  est  lu  et  adopté. 

GORRESPOia)AMCB 

La  correspondance  comprend  : 

—  Les  journaux  de  la  semaine. 

—  L'Art  dentaire. 

—  M.  YERNBinL  dépose  sur  le  bureau,  de  la  part  de  M.  le  docteur 
Darbez,  un  travail  intitulé  :  S^es  lipmnes  et  de  la  diathèse  Upomatenêe^ 
et  appelle  l'attention  de  la  Société  sur  une  méthode  particulière  de 
diagnostic  et  sur  des  tentatives  de  traitement  nouvelles. 

-^  Lefk'Mémeîree  et  BuUetim  de  la  Sociité  médieo^Mmrgkale  dek 
hâpUauûP  de  Bordeaux  (1868,  tome  III,  1^'  fasdeule). 
^  L^.iMettn  de  VAcadémie  royale  de  médeme  de  Belgique.  Anné^ 
8,  tcane  II,  n?',6, 6,  7,  8  et  9. 

COMMISSION   POUR   l'jçXAMSN   DBS  ,  ARCHIY]».  [ 

Sfont  nommés  :  MM.  Ghassaignac,  Desormeaux  et  Houel.  ' 


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—  512  — 


RAPPOET  VEilBAL. 

M.  Desprès  fait  an  rapport  verbal  sur  une  obsenration  de  division 
complète  de$  oê  longs  par  iinstrtmeiU  tranchant  ^  communiquée  par 
M.  le  docteur  Thomas,  de  Tours. 

Oe  la  dlTksIoii  complète  des  os  lon^^s  par  les  Instnimeiits 
tranehants» 

Le  13  mars  1868,  le  nommé  N...  (Henri)»  soldat  armurier  an 
%•  régiment  de  ligne,  se  porta,  par  in^vertanee,  en  trarailliBt,  un 
eoiip  noient,,  sur  la  première  i^aiange  éa  pouœgitaehe,  atec  Fextrè^ 
mité  tranchante  et  étroite  d'un  marteau.  Je  fus.apfdié  quelques  ins** 
tants  après  l'accident,  et  je  constatai,  à  la  face  dorsale  de  la  premièi^ 
phalange  du  pouce,  à  TuniK^n  du  tiers  supérieor  jgt/du  tiei»  moyen  de 
cet  os,  unç  plaie  transver^uJe,  très-nette,  d'un  centimètre  d'étendue. 
L'os  ayait  été  divisé  dans  toute  son  épaisseur,  et  à  la  face  palmaire,  il 
existait  une  plaie  également  très-nette  et  transversale,  mais  un  peu 
moins  étendue  que  celle  de  la  face  dorsale.  L'instrument  avait  donc 
traversé  la  phalange  dans  toute  son  épaisseur;  les  tendons  des  muscles 
fléchisseur  et  eittenseurdu  ponce  avaient  été  divisés;  seules  les  par- 
ties molles  latérales  avaient  été  respectées  et  avec  elles  les  artères  col- 
latérales :  aussi  n'y  eut-il  qu'un  écoidement  sanguin  peu  abondant. 

Après  avoir  appliqué  un  pansement  provisoire,  je  dirigeai  cet 
homme  sur  l'hôpital  militaire,  où  il  fut  placé  dans  le  service  de  chi- 
rurgie, dont  mon  collègue  le  docteur  Bodin  se  trouvait  chargé  jusqu'au 
!•'  avril,  époque  à  laquelle  j^en  devais  à  mon  tour  prendre  la  direc- 
tion. 

Dès  l'entrée  du  malade  à  l'hôpital,  le  doigt,  placé  sur  une  plan- 
chette, fut  immobilisé;  des  bandelettes  agglutinatives  maintinrent  au 
contact  les  bords  des  plaies  dont  on  tenta  d'obtenir  la  réunion  par 
première  intention.  Mais  les  plaies  suppurèrent  et  leur  cicatrisation  était 
sbulcment  complète  le  1*'  avril,  lorsque  je  {«ris  le  service.  Il  n'existait 
pas  alors  trace  de  consolidation  entre  les  extrémités  osseuses  divisées; 
lamobilîté  anormale  était  cependant  moins  prononcée  qu'au  tnoment  de 
l'accident,  par  suite  de  la  cicatrisation  des  parties  molles,  mais  on 
pouvAit  toi^oors  imprimer  au  fragment  inf^eur,  des  mouvements 
anormaux  dans  toutes  les  directions,  et  cela  sains  douleur.  J'âEppli^u&î 
un  appareil  inamovible  avec  des  lanières  de  peau  recouvertes  de  col- 
lodion.  Cet  appareil,  qui  présentait  une  grander  solidité,  resta  appliqué 
jusqu'au  16  avril.  A  cçktte  époque,  aucun  ehnûgement  n'étaîit  survenu; 


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—  513  — 

la  mêaoae  mobilité  existait  entre  lesiragmenis^  dooties  extrémités  ne 
présentaient  aucune  augmentation  de  volume  ejtparaispiaientaeolemeni 
réunies  par  du  tissu  fibreux. 

Le  lendemain*  17  avril,  j'appliquai  un  appareil  amidonné,  je  Ten- 
levai  le  3  mai,'  et  je  reconnus  qu'il  n*y  avait  encore  aucune  apparence 
de  consolidation.  Ayant  aldrs,  à  plusieurs  reprises,  pendant  deux 
fois,  frotté,  Tun  contre  l'autre,  les  fragments  dansTespoir  de  déve^ 
lopper  à  leur  surface  une  irritation  favorable  à. leur  cons^^lldation, 
j'appliquai  un  nouvel  appareil  inamovible.  Le  9  juin,  par  conséquent, 
plus  d'un  mois  après  son  application^  j'enlevai  l'a^ppareil;  aucune  amé- 
lioration ne  s'était  produite.  La  solution  de  continuité  se  trouvait  das^ 
le  môme  état  .qu'fku  commencement  du  mois  d'avril;  les  fragments 
étaient  réunis  par  du  tissu  fibreux,  sans  trace. d'ossificatiQjfi;  leurs 
extjrémités  libres  ne  présentaient  aucun  gonflemementet.leur  mobilité 
anormale  était  aussi  prononcée. 

L'immobilisation  prok>ngée.des  fragments  et  leur  frottement  n'ayant 
produit  aucun  résultjat,  il  y  avait  lieu  de  recourir  à  un  autre  mode  de 
traitement.  J'eus  alors  l'idée  d'çn^ployer  racupuDCtfj^e»  ce  moyen  (étant 
à  la.  fois  le  plus  simf^e  et  le  plus  inQffepsif  de  tous  cgux  qui  ont  été 
proposés  pour  la  cure  des  pseudartbroses,  et  la  position  superficielle 
des  extrémités  osseuses  en  rendajQt  ici  l'application  très*facile. 

Le  9  juin,  j'immobilisai,  à  l'aide  d'un  appareil  dextriné,  la.main  , 
sur  une  planchette,  en  laissant  le  pouce  découvert,  et  j'introduisis 
entre  les  fragments,  à  travers  le  tissu  fibreux  qui  les  réunissait  et  dans 
toute  son  épaisseur^  une  grosse  aiguille  à  coudre.  Le  lendemain,  une 
nouvelle  aiguille  fut  enfoncée  entre  les  fragments,  à  quelques  milli- 
mèires  de  la  première.,  La  présence  de  ces  aiguilles  détermina,  dès  le 
le  lendemain,  un  peu  de  douleur^  de  rougeur  et  de  gonflement  du 
pouce.  Ces  symptômes  augmentèrent  les  jours  suivants  et  le  16  juin, 
alors  qu'ils  commençaient  à  perdre  un  peu  de  leur  intensité,  je  retirai 
'  les  aiguilles,  huit  jours  par  conséquent  après  leur  application,  et  je 
compris  le  pouce  dans  l'appareil  dextriaé  qui  immobilisait  déjà lamain 
et  le  poignet.  Cet  appareil  fut  enlevé  1^  10  juillet,  vingt-cinq  jours 
après  son  application;  il  y  avait  alors  un  commencement  de  consolida- 
tion. Je  replaçai  Tappareil.  L'immobilité  fut  de  nouveau  continuée 
jusqu'au  10  août,  et  j'.eus  alors  la  satisfaction  de  constater  que  la 
consolidation  était  complète. 

Par  suite  de  la  section  des  tendons  de  ses  muscles  fléchisseur  et 
extenseur,  le  pouce  ne  jouit  pas  des  mouvements  de  flexion  et  d'exten- 
sion; les  mouvements  d'adduction  et  d'opposition^  qui  lui  sont  ^m- 
^  muniftu^  par  (es  muscle^:  de  }'émi;^ence  thénar»  exi^te^  sq^ls.  Mais 
2«  série.  —  TOMK  ix.  65 


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-  514  — 

grâce  à  la  coosolidatiôQ  de  la  eolation  de  continuHé,  la  phalange  pré- 
Bente  un  point  d'appui  solide  pour  la  préhension  des  objets. 

Ce  fait  est  un  nouvel  exemple  de  l'absence  ou  tout  au  moins  du  re* 
tard  de  la  consolidation  qui  suit  le  plus  souveut  la  division  complète 
des  os  longs  par  les  instrumenta  tranchants.  Des  faits  de  cette  nature 
ont  été  rapportés  par  Lamotte  et  récemment  par  M,.  Legouest,  dans 
son  Traité  de  cMrurgie  d'armie  ;  le  plus  souvent,  la  consolidation  n'est 
venue  que  très-tardivement  ;  quelquefois,  elle  a  manqué  complètement. 
Deux  explications  ont  été  données. 

^  <  J'aurais  cru,  dit  Lamotte,  qu'un  os  coupé  aurait  été  infiniment 
plus  aisé  à  guérir  que  lorsqu'il  est  rompu,  parce  qu'étant  coupé,  les 
extrémités  de  l'os  se  rapprochent  plus  facilement,  et  qu'étant  plus 
unies,  la  matière  du  calus  fait  plus  son  effet  que  quand  l'os  est  frac- 
turé, l'inégalité  des  extrémités  paraisssant  s'opposer  à  l'union;  mais 
l'expérience  m'a  fait  connaître  que  ces  extrémités  si  unies  se  dérangent 
au  moindre  mouvement  et  frottent  l'une  contre  Tautre;  en  sorte  que 
le  calus  ne  se  forme  que  très-difficilement,  par  la  peine  qu'il  y  a  à  1^ 
tenir  en  repos,  quelque  attention  que  j'eusse  à  lé  faire  et  le  blessé  à  y 
contribuer,  parce  qu'il  ne  faut  qu'une  toux  un  peu  foMé  ou  un  éier- 
nuèment  pour  tout  déranger  ;  au  lieu  qu'un  os  fracturé  ne  peut  être 
sans  inégalités,  et  les  Inégalités  étant  une  fois  bien  réduites,  elles  s'en- 
châssent et  s'emboltént  si  exactement  les  unes  dans  les  autres,  que  la 
matière  du  calus  s'y  conserve  plus  aisément  et  a  plus  de  facilité  à  en 
faire  la  réunion  que  quand  il  est  coupé.  » 

Pour  Boyer  les  différences  qui  existent  entre  la  facilité  de  guérison 
des  plaies  des  os  et  les  fractures  tiennent  à  cette  circonstance  qtie 
«  les  fractures  sont  l'effet  d'une  force  qui  tend  à  produire  ou  a  aug- 
menter quelque  courbure  dans  les  os,  en  sorte  qu'on  peut  démontrer 
rigoureusement  qu'elles  résultent  toujours  d'une  distension  eu  sens 
inverse  dans  la  longueur  des  fibres  osseuses,  tandis  que  les  plaies,  au 
contraire,  sont  produites  par  l'action  d'un  corps  tranchant,  qui  tend  à 
pénétrer  entre  les  molécules  constitutives  de  Tos,  action  inséparable 
d'une  certaine  violence  locale  et,  par  conséquent,  d'un  certain  degré  de 
contusion  dans  le  lieu  de  l'os  où  elle  se  passe.  » 

A  l'explication  de  Boyer,  je  ferai  une  seule  objeiction,  si  la  contusion 
était  l'unique  cause  ou  même  Tune  des  principales  causes  des  difficultés 
qui  existent  à  la  consolidation  d'un  os  long  divisé  par  un  instrument 
tranchant,  il  est  évident  que  cette  contusion,  résultat  de  l'action  de 
l'instrument,  ne  pouvant  jamais  faire  défaut,  toutes  les  divisions  com- 
plètes des  os  longs  par  instruments  tranchants  devraient  rencontrer 
les  mêmes  obstacles  à  leur  consolidation.  Or,  c'est  ce  qui  n'existe  pas. 


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—  515  — 

et  j'en  citerai  pour  preuve  le  fait  suirant  rapporté  par  La  Paye  dana 
le  cours  d'opérations  de  Dionis  : 

a  Un  homme  reçut  au  bras  un  coup  de  hache,  qui  avait  coupé  obli- 
quement Tos  même  du  bras,  et  tous  les  muscles  qui  Tenvironnent,  ne 
laissant  d'entier  que  le  cordon  des  vaisseaux,  revêtu  d'une  bande  de 
peau  de  la  largeur  du  pouce.  Le  blessé  ayant  le  bras  pendant,  de  sorte 
que  la  main  descendait  près  du  genou,  eut  la  force  de  le  prendre  avec 
sa  main  droite  et  de  la  rapprocher  lui-même  du  haut  de  Tépaule  par 
un  pur  mouvement  de  la  nature.  On  enveloppa  la  partie  de  beaucoup 
de  linge,  et. on  amena  leblesséàM.  de  laPeyronie,  qui  trouva  la  plaie 
remplie  de  linge  et  des  caillots  de  sang,  une  distance  de  huit  pouces 
entre  les  deux  parties  coupées,  et  la  portion  inférieure  du  bras,  froide, 
livide  et  sans  sentiment,  aussi  bien  que  Tavant-bras  et  la  main  ;  dans 
cet  état,  il  était  si  facile  d'achever  l'amputation,  et  si  peu  vraisem- 
blable de  conserver  le  membre,  que  plusieurs  chirurgiens,  qui  accom- 
pagnaient M.  de  la  Peyronie,  proposèrent  de  le  couper  tout  à  fait  ^ 
mais.  M.  de  la  Peyronie,  fondé  sur  quelques  exemples  de  réunion  qu'on 
n'aurait  osé  espérer,  voulut  tenter  celle-ci;  pour  cela,  il  ôta  quelques 
petites  portions  d'os  détachées,  affronta  les  parties  autant  qu'il  lui  fut 
possible  et  les  soutint  avec  un  appareil  convenable,  en  observant  de 
le  faire  fenestrer  pour  pouvoir  panser  la  plaie,  sans  toucher  à  ce  qui 
tenait  les  os  en  sujétion.  11  employa  pour  topique  l'eau-de-vie,  animée 
d'un  peu  de  sel  ammoniac,  et  mit  en  usage  tout  ce  qu'il  fallait,  soit 
pour  rappeler  la  chaleur  naturelle,  soit  pour  prévenir  les  accidents. 

«  Le  deuxième  jour,  le  bras  parut  un  peu  gonflé  au-dessus  de  la 
plaie;  il  n'y  avait  point  de  pouls  à  la  main.  Le  troisième,  un  peu  de 
gonflement  à  la  main  et  à  l'avant-bras,  et  le  gonflement  augmenté  et 
un  peu  de  chaleur  à  la  main.  Du  cinquième  au  huitième,  la  chaleur 
augmenta  par  degrés;  le  huitième,  la  fenestre  du  bandage  fut  ouverte 
et  la  plaie  parut  s'animer.  Le  pansement  fut  fait  avec  des  plumasseaux 
trempés  dans  une  dissolution  de  colcotar  et  des  compresses  imbibées 
d'un  vin  aromatique  animé  ;  ce  qui  fut  continué  jusqu'au  quatorze, 
que  l'appareil  fut  levé  pour  la  seconde  fois,  et  la  plaie  parut  disposée  à 
la  réunion.  Le  dix*huit,  la  cicatrice  se  trouva  avancée;  la  partie 
presque  dans  son  état  naturel,  et  le  battement  du  pouls  sensible.  Alors 
M.  de  la  Peyronie  substitua  lin  bandage  roulé  au  fenestre.  On  eut  soin 
de  lever  l'appareil  de  dix  en  dix  jours;  ^près  cinquante  jours,  on  Tôta 
entièremeut  ;  et  au  bout  de  deux  mois  de  la  blessure,  le  malade  fut 
entièrement  guéri,  à  un  peu  d'engourdissement  près  dans  la  partie.  » 

Voici  donc  un  exemple  de  division  complète  de  l'humérus,  produite 
par  un  instrument  tranchant  et  dontla  consolidation  a  exigé  deux  mois 


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—  516  — 

à  peine,  c'est-à-dire  moins  qne  le  temps  ordinairement  nécessaire  pour 
obtenir  la  consolidation  d'une  fracture  compliquée  de  plaie.  Et  cepen- 
dant» dans  ce  cas,  la  cause  signalée  par  Boyer  pour  expliquer  la  dif- 
férence qui  existe  entre  la  facilité  de  guérison  des  fractures  et  des 
plaies  des  os,  n'aurait  pas  dû  faire  défaut.  Mais  cette  cause  n'existe 
pas.  Comment,  en  effet,  rapporter  à  l'intensité  de  la  contusion,  la 
non-consoHdation  des  plaies  des  os?  N'est-il  pas  éyident  que  la  contu-  ^ 
éîon  est  bien  plus  intense  dans  les  fractures  que  dans  les  cas  qui  nous 
éccopënt,  et  que  la  division  des  solutions  de  continuité  en  plaies  par 
îfistruments  tranchants  et  en  plaies  contuses(qui  sont  ici  les  fractures) 
est  aussi  vraie  pour  le  tissu  osseux  que  pour  les  autres  tissus. 
•  Avant  d'examiner  si  l'explication  de  Lamotté  est  plus  fondée,  j'ap- 
pellerai d'abord  l'attention  sur  une  circonstance  dont  l'importance  à 
été,  jusqu'à  présent,  méconnue,  et  qni  peut  contribuer  à  élucider  cette 
question,  je  veux  parler  de  la  direction  de  solution  de  continuité  de 
Fos.  Celle-ci,  en  effet,  n'est  pas  sans  influence  sur  la  consolidation.  Est- 
eMe  oblique,  la  consolidation  sera  rapide  -et  ne  demandera  pas  plus  de 
temps  que  s'il  s'agissait  d'une  fracture  compliquée  de  plaie,  ainsi  que 
cela  a  eu  lieu  dans  l'observation  de  La  Faye,  que  je  viens  de  rappor- 
ter. La  solution  de  continuité  est-elle,  au  contraire,  transversale? 
La  consolidation  n'aura  lieu  que  tardivement  et  pourra  même  faire 
complétemet  défaut. 

Lamofie,  dans  son  Traité  de  chirurgie,  rapporte  trois  observations 
de  division  complète  des  os  par  instruments  tranchants.  L'une  a  pour 
objet  la  division  des  métatarsiens  et  est  peu  concluante,  au  point  de 
vue  qui  nous  occupe  ;  mais  il  n'en  est  pas  de  même  des  deux  autres. 
Dans  l'une,  le  cubitus  fut  divisé  transvermlement  d'un  coup  de  sabre, 
à  sa  partie  moyenne  et  inférieure  (assez  proche  du  poignet).  «  Les 
]f^nsemenfs  durèrent  longtemps,  dit  Lamotte.  et  furent  fort  ennuyeux, 
tant  j'eus  de  peine  à  parvenir  à  la  réunion  de  cet  os  coupé  de  la  sorte, 
}e  suis  très-persuadé  que  j'aurais  guéri  deux  fractures  compliquées 
pendant  que  je  pansai  cellc'^i,  avant  que  la  réunion  fût  bien  et  solide- 
ment faite,  fi  tl  s'agit,  dan»  l'autre  obtiei^vation,  d'une  division  com- 
plète du  tibia  par  une  cognée,  en  sa  partie  moyenne  et  inférieure  et 
endommageait  le  péroné.  La  direction  de  la  solution  de  continuité  ne 
ee  trouve  pas  ici  mentionnée;  mais  à  cause  du  siège  de  la  blessure 
sur  le  tissu  inférieur  de  la  jambe,  il  est  permis  de  supposer  que  si  sa 
direction  n'était  pas  tout  à  fait  transversale,  elle  était  du  moins  très- 
légèrement  oblique,  car  autrement  elle  eût  intéressé  l'articulation 
tiblo-tarsienne,  ou  tout  au  moins  Tarticulation  tibio-péronière,  et  non 
le  péroné j  comme  il  est  dit  dans  l'observation.  La  consolidation  fut 


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—  517  — 

très-tardive,  c  Le  blessé,  dit  Lamotte,  n'ayant  pu  se  soutenir  sur  des 
béquilles  que  près  de  six  mois  après,  quelque  soin  que  j'eusse  pris  à 
le  panser  pour  le  tirer  d*affaire  aussi  heureusement  qu'il  le  fut.  » 
J'ajouterai  que  dans  ce  cas  l'intégrité  du  péroné  eût  dû  favoriser  la 
consolidation  du  tibia. 

M.  Legouest  a  fait  représenter,  dans  son  Traité  de  cMnirgie  d*armée  : 
lo  un  avant-bras  gauche,  sur  lequel  le  radius  et  le  cubitus  furent  to- 
talement divisés  par  un  coup  de  sabre  appliqué  sur  la  face  dorsale  du 
membre.  La  consolidation  des  os  ne  s'était  pas  faite  et  les  extrémités 
des  fragments  chevauchant  les  unes  sur  les  autres,  de  façon  à  donner  à 
l'avant -bras  une  courbure  assez  prononcée  à  concavité  antérieure, 
étaient  réunies  par  une  pseud arthrose;  2»  un  cubitus  divisé  complète- 
ment à  sa  partie  supérieure.  On  n'y  rencontre  pas  même  les  traces 
d'une  consolidation  ;  un  lambeau  de  tissu  fibreux  s'étend  en  pont  d'ime 
extrémité  à  l'autre.  Sur  le  premier  dessin,  il  est  difficile  de  recon- 
naître la  direction  exacte  des  divisions  osseuses  ;  elle  semble  être 
légèrement  oblique.  Sur  la  seconde  figure,  la  solution  de  continuité  est 
transversale. 

Enfin,  dans  l'observation  qui  m'est  personnelle  et  que  j'ai  rapportée 
au  début  de  ce  travail,  la  division  de  la  phalange  du  pouce  était 
transversale  et  tout  à  fait  perpendiculaire  à  l'axe  de  l'os. 

L'influence  de  la  direction  de  la  plaie  de  Vos  sur  sa  consolidation 
ressort  bien  évidemment  de  ces  faits.  En  opposition,  en  effet,  au  cas 
rapporté  par  La  Paye,  dans  lequel  une  division  complète,  mais  oblique, 
de  l'humérus,  guérit  en  moins  de  deux  mois,  nous  trouvons  trois  faits 
de  pseudartbroses  consécutives,  deux  fois  à  la  division  transversale  du 
cubitus  et  de  la  première  phalange  du  pouce,  et  une  fo.s  à  fa  division 
iégèreinent  oblique  des  deux  os  de  l'avant-bras,  plus  deux  exemples 
de  consolidation  tardive  à  la  suite,  dans  Uu  cas  de  la  division  tram- 
versale  du  cubitus  et  dans  l'autre  de  la  division  du  tibia,  dans  une 
direction  non  indiquée,  mais  qu'on  peut  considérer,  sinon  comme 
transversale,  du  moius  comme  légèrement  oblique.  Le  rôle  de  la  direc- 
tion de  la  solution  de  continuité  est  donc  suffisamment  démontré  et  je 
crois  pouvoir,  d'après  ces  faits  et  malgré  leur  petit  nombre,  affirmer 
que  le  défaut  ou,  tout  au  moins,  le  retard  de  la  consolidation  est  d'au- 
tant plus  à  re(^outer  que  ces  solutions  de  continuité  sont  moins 
obliques  et  se  rapprochent  davantage  d'une  direction  perpendiculaire 
à  l'axe  de  l'os. 

L'opinion  de  Lamotte  se  trouve  confirmée  par  cette  circonstance, 
car  cette  influence  de  la  direction  de  la  plaie  ne  peut  s'expliquer  que 
par  J'exiguïié  des  surfaces  osseuses  divisées,  qui  sont  aussi  peu  éten- 


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dues  que  possible,  lorsque  la  solution  de  cootiDuîté  est  transyersale, 
d*où,  pour  les  fragments ,  une  facilité  plus  grande  de  s'abandonner. 
Enfin,  dans  le  cas  d'une  plaie  oblique,  un  bandage  compressif,  appli- 
qué autour  du  membre,  maintient  forcément,  au  contact,  les  surfaces 
diyisées;  tandis  que  si  leur  direction  est  transversale,  le  même  baa- 
dage  est  impuissant  à  prévenir  leur  écartement. 

Il  me  reste  encore  une  particularité  importante  à  signaler.  Lors- 
qu'un os  long  a  été  divisé  complètement  par  un  instrument  tranchant, 
deux  cas  peuvent  se  présenter  :  iMa  solution  de  continuité  est  due 
complètement  à  l'action  du  tranchant  de  l'instrument  :  ce  sont  ces  cas 
que  nous  avons  eu  seulement  en  vue  jusqu'à  présent;  2"*  une  partie  de 
l'os  seulement  a  été  divisée  par  le  tranchant  de  l'instrument,  tandis 
que  le  reste  de  son  épaisseur  a  éclaté  sous  l'influence  du  choc  de  l'ins- 
trument, agissant  alors  comme  instrument  contondant  ou  sous  l'in- 
fluence de  toute  autre  cause.  La  solution  de  continuité  participe  alors 
des  caractères  des  plaies  des  os  dans  une  partie  de  son  étendue  et  des 
caractères  des  fractures  dans  l'autre  partie,  et  la  consolidation  en  est 
rendue  plus  facile,  ainsi  qu'il  résulte  du  fait  suivant  que  j'emprunte  à 
Lamolte  : 

A  Au  mois  d'août  i696,  deux  grenadiers,  l'un  du  régiment  d'Oleron 
et  l'autre  de  Hainaut,  se  battant  à  coups  de  sabre,  celui  de  Hainaut  en 
déchargea  un  si  grand  coup  sur  celui  d'Oleron,  qu'il  lui  coupa  environ 
les  deux  tiers  de  Thumérus,  assez  près  du  coude;  le  reste  de  l'os  de 
l'épaule  se  trouva  éclaté,  comme  il  arrive  à  un  morceau  de  bois  quand 
on  veut  le  séparer  et  que  sans  se  couper  entièrement  le  reste  s'éclate. 
Le  blessé  fut  amené  à  l'hôpital  des  troupes.  Comme  heureusement  cette 
plaie  ne  fut  accompagnée  d*aucun  accident,  je  la  pansai  comme  une  frac- 
ture simple  et  compliquée,  que  je  ne  pansais  que  de  quatre  à  cinq  fois 
en  quatre  à  cinq  jours.  Il  ne  se  fit  aucune  exfoliaton  à  cet  os,  du  moins 
qui  fût  sensible;  la  réunion  se  trouva  parfaitement  accomplie  et  le 
blessé  guéri  en  trois  mois.  » 

Il  est  permis  de  penser  que  dans  ce  cas  la  consolidation  a  été 
prompte  et  facile,  grâce  à  la  présence,  sur  une  partie  de  la  surface 
osseuse  divisée,  d'inégalités  et  de  saillies  ayant  favorisé  la  coaptation 
des  fragments.  A  ce  titre,  ce  fait  plaide  encore  en  faveur  de  l'opinion 
de  Lamotte,  qui  se  trouve  être  ainsi  la  seule  admissible. 

De  tout  ce  qui  précède,  on  peut  tirer  quelques  conséquences  pra- 
tiques relatives  au  traitement  des  divisions  des  os  longs  par  les  ins- 
truments tranchants. 

Plusieurs  cas  peuvent,  comme  nous  l'avons  dit  déjà,  se  présenter: 

1«  La  solution  de  continuité  de  l'os,,  quoique  complète,  n'a  pas  été 


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produite  tout  ^tière  par  le  tranchant  de  rinstrument,  une  partie  de 
l'osa  éclaté; 

2^  La  solution  de  continuité  est  due  complètement  à  Taction  de 
rinstrument  tranchant,  mais  sa  direction  est  oblique  ; 

30  La  solution  de  continuité,  reconnaissant  la  même  cause,  est 
transversale  ou  légèrement  oblique. 

Deux  observations,  Tune  de  Lamotle  et  l'autre  de  La  Paye,  que 
nous  avons  rapportées,  nous  ont  montré  que  la  consolidation  des  so- 
lutions de  continuité  des  os  longs,  dues  en  partie  ou  même  en  totalité 
{pourvu  qu'elles  soient  obliques),  à  Taction  d'un  instrument  tranchant, 
pouvait  se  produire  aussi  rapidement  et  avec  autant  de  facilité  que  s'il 
s'agissait  d'une  fracture  compliquée  de  plaie.  Pour  de  pareilles  solu- 
tions de  continuité  des  os  longs,  on  n'aura  donc  pas  à  recourir  à 
d'autres  moyeoB  qu'à  ceux  qui  sont  mis  habituellemoit  en  pratique 
pour  les  fractures  compliquées  de  plaie. 

Lorsque  la  solution  de  continuité  sera  transversale  ou  légèrement 
oblique,  il  n'en  sera  plus  de  même,  et  l'expérience  a  suffisamment  dé- 
montré l'infidélité  des  moyens  habituels  de  contention  des  fractures. 
Le  chirurgien  devra-t-ii  alors  placer  le  membre  dans  une  immobilité 
aussi  complète  que  possible  et  attendre  patiemment  une  consolidation 
très-incertaine  et  tout  au  moins  tardive,  ou  bien,  au  contraire,  faire 
appel  à  des  moyens  capables  d'assurer  et  de  hâter  la  consolidation. 
Le  chirurgien  devra  tout  faire  poui^  prévenir  la  formation  d'une  pseu- 
parthrose,  et  il  sera  d'autant  plus  autorisé  à  agir  ainsi,  quelesinoyens 
qu'il  mettra  en  pratique  seront  plus  inofiTensifs. 

La  cause  du  défaut  ou  du  retard  de  la  consolidation  des  divisions 
complètes  et  transversales  des  os  longs  est  surtout,  selon  moi,  l'écarle- 
ment  des  fragments,  suivant  Taxe  du  membre,  d'où  la  formation  d'un 
cal  fibreux,  comme  dans  les  fractures  transversales  de  la  rotule  et  de 
l'olécràne.  G*e8t  donc  ce  déplacement,  dû  à  l'absence  d'aspérités  sur 
les  surfaces  divisées,  et  contre  lequel  les  appareils  qu'on  emploie  or- 
dinairement pour  les  fractures  des  membres  sont  impuissants,  qu'il 
faudra  s'efforcer  de  combattre.  Aussi,  dans  ce  but  nthésîterais-je  pas, 
en  pareil  cas,  à  pratiquer  la  suture  des  fragments.  Ceux-ci  se  trouvant 
à  ciel  ouvert,  par  le  fait  de  la  plaie,  il  ne  peut  y  avoir  aucun  inconvé- 
nient à  les  traiter  comme  s'il  s'agissait  d'une  pseudarthrose.  Par  cette 
pratique,  qui  n'augmenterait  en  rien  les  chances  défavorables  du 
blessé,  on  maintiendrait  sûrement  au  contact  les  surfaces  osseuses 
divisées,  en  même  temps  qu'on  provoquerait  à  leur  niveau,  par  la 
présence  d*un  corps  étranger,  une  irritation  que  je  considérerais  volon- 
tiers comme  favorable  à  leur  consolidation.  On  éviterait  ainsi,  sans 


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—  520  — 

nul  doute,  la  formation  d^une  pseudarthrose,  contre  laquelle  ne  réus- 
sira pas  toujours  un  moyen  aussi  simple  que  celui  que  j*ai  employé, 
Tacupimcture,  et  dont  la  cure  pourra  peut-être  réclamer  plus  tard  la 
suture  des  fragments,  mais  alors,  en  faisant  courir  au  malade  des 
dangers  que  n'eût  pas  présentés  cette  opération,  si  elle  eût  été  prati- 
quée au  moment  même  de  Taccident. 

Lorsque  l'os  divisé  sera  sous-cutané,  on  pourra  peut-être  remplacer 
la  suture  par  Tapplication  delà  griffe  de  Malgaigne. 

Il  est  bien  clair  que  ces  considérations  ne  sauraient  s'appliquer  aux 
cas  dans  lesquels  les  nerfs  et  les  vaisseaux  principaux  ont  été  divisés 
en  même  temps  que  Tos;  en  pareille  circonstance,  le  chirurgien  n'a 
d'autre  conduite  à  tenir  que  de  séparer  le  membre,  en  régularisant  la 


Extrait  du   rajpport  de  H.  Desfirès.' 

Le  travail  de  M.  Thomas,  de  Tours,  offre  un  intérêt  réel  au  point  de 
vue  de  la  répajpaiion  des  fractures  causées  par  des  instruments  tran- 
chants et  contondants.  Il  s'agit,  en  effet,  d*une  fracture  d'une  pha- 
lange causée  par  le  côté  tranchant  d'un  marteau.  La  fracture  ne  s'est 
point  consolidée  dans  le  temps  habituel;  cinq  mois  ont  été  nécessaires 
pour  que  la  consolidation  eût  lieu. 

Parmi  les  interprétations  fournies  par  M.  Thomas,  de  Tours,  em- 
pruntées à  Lamotte.et-^Boyer,  il  en  est  une  que  l'auleur  est  plus 
disposé  à  accepter  :  c'est  celle  de  Lamotte.  Je  penche,  pour  ma  part, 
en  faveur  de  celle  de  Boyer.  Voici  pourquoi  :  Boyçr  disait  que  la  len- 
teur de  la  consolidation  de  la  fracture  était  due  à  la  contusion  des 
surfaces  fracturées  par  l'instrument  tranchant  et  contondant  qui  a 
divisé  l'os.  Sans  doute,  Boyer  avait  remarqué  des  décollements  du 
périoste  des  parcelles  d'os  à  moitié  détachées  des  surfaces  divisées,  et 
il  avait  conclu  qu'il  y  avait  contusion*  Aujourd'hui,  grâce  aux  re- 
cherches microscopiques,  il  est  possible  de  mieux  préciser  les  lésions 
et  souvent  de  constater  des  lésions  sur  des  os  en  apparence  sains.  Je 
conçois  tout  à  fait  ce  genre  de  contusion  de  l'os,  et  comme  les  portions 
contusionnées,  mortifiées^  doivent  être  éliminées,  comme  cette  élimi- 
nation dure  un  certain  temps,  six  semaines  ou  deux  mois,  on  conçoit 
que  ce  travail  éliminateur  entrave  la  consolidation. 

J'ai  montré  à  la  Sociéié  de  chirurgie,  il  y  a  cinq  ans,  des  faits  de 
fracture  du  col  du  fémur,  où  le  coi  était,  pour  ainsi  dire,  réduit  en 
une  sorte  de  poussière;  j'ai  fait  voir  que  cette  poussière  osseuse  ou  dé- 
bris d'os,  formant  de  véritables  corps  étrangers  entre  les  surfaces 
fracturées,  empêchait  la  consolidation. 


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—  521  — 

Je  crois  que  chez  le  malade  de  M.  Thomas  il  ^  a  eu  quelque  chose 
d'analogue.  Il  s'est  élimiué  une  porliou  de  chaque  surface  de  section; 
tout  ce  qui  était  mortifié  par  la  contusion  a  été  éliminé  avec  le  pus,  et 
pendant  que  cette  élimination  avait  lieu,  la  consolidation  était  impos- 
sible et  a  commencé  seulement  au  moment  où  la  plaie  a  commencé  à 
se  fermer.  Et  c'est  à  peu  près  là  ce  que  nous  voyons  dans  les  cas  de 
fracture  comminutive  avec  plaie. 

Eu  résumé,  je  propose  de  maintenir  M.  Thomas,  de  Tours,  sur  la 
liste  des  candidats  au  titre  de  membre  correspondant,  oii  il  est  déjà   * 
placé,  et  de  renvoyer  son  travail  au  Bulletin. 

M.  Yerkeuil.  11  y  a  bien  longtemps  que  cette  question  des  plaies 
des  os  n'a  été  soulevée.  Puisque  l'on  est  obhgé  d  mvoquer  les  opinions 
des  auteurs  des  siècles  passés,  il  me  parait  qu'il  y  aurait  lieu  de 
mettre  la  discussion  de  cette  question  à  Tordre  du  jour. 

P&ÉSBNTATION    d'iNSTRUMBNT. 

M.  Verneuil  présente  : 

Un  écraseur  linéaire  muni  de  deux  chaînes  qui  peuvent  agir  simul- 
tanément et  pratiquer  ainsi  deux  sections  à  la  fois.  Cet  instrument 
peut  rendre  et  a  rendu  déjà  des  services  dans  Textirpation  du  col  de 
l'utérus,  de  certaines  tumeurs  des  grandes  lèvres,  de  la  langue,  etc.. 

Cet  instrument  n'augmente  pas  l'arsenal  chirurgical.  Il  a  été  cons- 
truit par  M.  Mathieu  de  façon  qu'on  peut  manœuvrer  à  volonté  avec 
les  deux  chaînes  ou  l'une  seulement. 

Modification  pour  évacuer  et  injecter  les  collecliom  des  cavités  séreuses*  ' 
—  M.  Verneuil  montre  encore  un  petit  appareil  dont  il  a  conçu  l'idée 
à  propos  d'un  cas  d'épanchement  purulent  dans  la  plèvre.  Dans  ce 
cas,  on  laissa  dans  la  plèvre  un  tube  de  caoutchouc,  à  l'aide  duquel 
on  pratiqua,  pendant  fort  longtemps,  des  iujections  chlorurées.  La 
guéridon  eut  lieu;  mais  l'air  s'introduisait  librement  dans  le  foyer  et  il 
semble  qu'il  eût  été  avantageux  d'empêcher  ce  contact  permanent  du 
pus  et  de  l'air  atmosphérique. 

Ce  petit  appareil  ne  renferme  rien  de  neuf.  Il  se  distingue  seule- 
ment par  la  réunion  de  tout  ce  qui  peut  assurer  l'écoulement  continu 
les  injections  réitérées,  tout  en  prévenant,  du  commencement  jusqu'à 
la  fin  du  traitement,  l'introduction  de  l'air. 

M.  Mathieu  m'a  fourni  à  très-bon  marché  toutes  les  pièces  néces- 
saires à  ce  procédé. 


2'  s.  m*.    —   TOME  IX. 


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—  522  — 

AfpareU  mirumental. 

1«  Trocart  droit  assez  court  et  assez  volumineux; 

2?  Tube  de  caoutchouc,  long  de  30  à  35  centimètres,  remplissant 
exactement  la  canule  du  trocart.  Il  n'est  pas  perforé  de  distance  en 
distance  comme  les  drains  ordinaires,  mais  présente  seulement  près  de 
Tune  de  ses  extrémités,  et  dans  l'étendue  de  4  à  5  centimètres,  une 
série  de  trous  de  3  millimètres  environ; 

L'extrémité  du  tube,  qui  doit  plonger  dans  la  cavité,  est  convertie 
en  cul-de-sac  par  une  fine  ligature  de  soie  appliquée  circulairement; 

3<>  Un  mandrin  en  fil  de  fer,  une  bougie  de  baleine,  une  petite  ba- 
guette de  bois,  fine,  lisse,  flexible  ; 

4*  Un  condom  attaché  sur  une  petite  virole  de  cuivre  ou  de  toute 
autre  substance  ;  elle  est  creuse  et  de  volume  tel  qu'elle  puisse  s'en- 
gager dans  le  tube  en  caoutchouc  et  y  êflre  maintenue  par  la  pression 
élastique  de  ce  dernier; 

5"  Du  coUodion;  un  bassin  de  petite  dimension. 

Manuel  opératoire.  —On  plonge  à  l'ordinaire  le  trocart  dans  la  col- 
lection. Le  poinçon  retiré,  le  liquide  s'écoule.  Avant  que  le  jet  diminue, 
on  introduit  le  tube  en  caoutchouc  avec  Taide  du  mandrin  et  on  le  fait 
pénétrer  à  la  profondeur  de  plusieurs  centimètres.  On  retire  alors  la 
canule  du  trocart;  puis  le  mandrin  et  le  tube  en  caoutchouc  restent 
seuls  en  place.  Le  liquide  s*écoule  peu  à  peu  ;  on  introduit  la  virole, 
qui  termine  le  condom,  dans  l'extrémité  libre  du  tube  élastique,  et 
désormais  le  contenu  de  la  tumeur  s'échappe  par  la  cavité  du  condom. 

Quand  on  veut  faire  une  injection  dans  la  cavité,  on  enlève  le  con- 
dom, on  serre  le  tube  de  caoutchouc  entre  la  pouce  et  l'iodex  de  la 
main  gauche,  à  2  centimètres  à  peu  près  de  son  extrémité  libre;  on 
introduit  dans  ce  tube  la  canule  de  la  seringue,  après  s'être  assuré 
qu'elle  ne  renferme  pas  d'air,  et  on  pousse  le  liquide  médicamenteux. 

Avant  de  retirer  la  seringue,  on  pince  de  nouveau  le  tube  élastique 
pour  retenir  le  liquide  injecté.  On  replace  le  condom  et  on  laisse 
écouler  l'injection. 

Pour  peu  qu'on  prenne  les  précautions  nécessaires,  on  peut  réitérer 
les  injections  aussi  souvent  qu'on  voudra,  sans  qu'une  seule  bulle  d'air 
s*iutroduise  dans  la  cavité  séreuse  ou  purulente. 

J'ai  déjà  mis  en  pratique  deux  fois  ce  petit  appareil,  qui  m'avait  été 
confectionné  par  M.  Mathieu.  Une  fois,  il  s'agissait  d'un  très-volumi- 
neux abcès  par  congestion  de  l'aine.  Une  autrefois,  d'un  abcès  du  foie, 
renfermant  deux  litres  de  pus.  Ces  deux  cas  étant  encore  en  traite- 
menty  je  ne  puis  prévoir  quelle  en  sera  l'issue;  mais  cependant  je  puis 


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—  523  — 

dire  que  Tintroduction  de  Taîr  a  été  parfaitement  prévenue  depuis 
une  douzaine  de  jours  que  les  tubes  sont  en  place. 

Dans  un  troisième  cas  et  sur  mon  indication,  le  même  appareil  a 
été  employé  dans  une  petite  opération,  qui,  malgré  son  peu  d'impor- 
tance, donne  trop  souvent  lieu  à  des  accidents  d'infection  putride.  Je 
veux  parler  de  hm  perforation  de  Thymen  avec  rétention  du  sang 
menstruel.  J'ai  conseillé  de  faire  lentement  l'évacuation  du  foyer,  à 
Tabri  du  contact  de  Tair,  pour  permettre  à  la  matrice  distendue  de 
revenir  sur  elle-même  (ce  qu'on  favorise  d'ailleurs  avec  de  petites 
doses  de  seigle  ergoté)  et  de  ne  procéder  qu'alors  à  la  création  d'une 
ouverture  large  et  permanente. 

Je  crois  néanmoins  que  c'est  dans  le  paracentèse  thoracique  que 
l'appareil  rendra  les  plus  sérieux  services,  quand  il  s'agira  de  pleuré-* 
sies  purulentes  exigeant  l'issue  continuelle  du  liquide. 

M.  Ghassaignâc.  Je  me  garderai  bien  de  combattre  les  inventions 
de  M.  Yerneuil,  et  je  ne  puis  m'opposer  à  des  essais  faits  dans  une 
voie  où  je  suis  entré  le  premier. 

Relativement  à  l'emploi  du  tube  à  drainage,  je  dois  dire  que  la  pra- 
tique des  chirurgiens  anglais  a  prouvé  que  le  tube  à  drainage,  placé 
en  forme  d'anse  et  à  demeure  dans  le  cas  d'épanciiement  dans  la 
plèvre,  donnait  des  résultats  remarquables  et  presque  constants. 

Quant  à  l'emploi  du  drainage  dans  le  cas  de  distension  de  la  cavité 
vaginale  par  le  liquide  des  règles,  il  peut  donner  des  résultats  satisfai- 
sants. Je  l'ai  mis  en  usage  avec  succès,  dans  un  cas  de  ce  genre,  chez 
une  fille  de  17  ans,  traitée  dans  mon  service,  à  l'hôpital  Lariboi- 
sière. 

Je  dois  faire  remarquer  que  les  tubes  à  drainage,  qui  sont  tout  à 
fait  inoffensifs  quand  ils  sont  disposés  en  anse,  ne  le  sont  pas  au  même 
point  lorsqu'ils  sont  laissés  en  liberté.    ' 

Je  crois  que  Too  ne  sera  pas  exposé  à  observer  Taccident  dont 
nous  a  fait  part  M.  Yerneuil,  après  l'emploi  de  i'écraseur  linéaire, 
lorsqu'on  aura  eu  soin  de  limiter  la  partie  à  atteindre  avec  une  ai* 
guiile. 

On  pourra  abaisser  l'utérus  avec  des  érignes,  mais  il  ne  faut  pas 
demander  à  cette  méthode  plus  qu'elle  ne  peut  donner. 

M.  Lahrby.  Je  me  permets  de  rappeler  à  M.  Yerneuil  la  sonde  qui 
a  été  employée  par  mon  père  et  qui  ressemble  à  celle  qu'il  a  mise  en 
usage.  Après  avoir  fait  une  ponction  avec  un  trocart  assez  volumineux, 
mon  père  introduisait  une  sonde  élastique  qu'il  laissait  à  demeure.  Il 
avait  aussi  employé  ce  procédé  après  la  ponction  abdominale  et  après 
celle  des  abcès  froids. 


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—  524  — 

M.  GuÉRiN,  Je  veux  faireàrinsirument  de  M.  Mathieu  une  objection 
pnrenïent  théorique.  Je  ne  puis  y  voir  un  perfectionnement  de  Tins- 
trumentde  M.  Chassaignac,  La  chaîne  que  nous  présente  M.  Verneuil 
scie  les  tissus  et  ne  les  coupe  pas  en  les  rapprochant  peu  à  peu,. 

Son  action,  par  conséquent,  ne  repose  pas  du  tout  sur  le  même 
principe  que  celle  de  Tinstrument  de  M.  Chassaignac, 

Je  ne  sais  pas  exactement  ce  que  donnera  la  pratique,  mais  à  priori 
je  craindrais  de  voir  survenir  la  déchirure  de  quelques  vaisseaux. 

M.  BoiNET.  M.  Verneuil  a  ajouté  une  petite  vessie  à  son  drain  pour 
empêcher  l'introduction  de  Tair.  Je  ne  pense  pas  qu'il  faille  autant 
redouter  Tintroduction  de  l'air;  ce  qu'il  faut  redouter,  c'est  que  l'air 
ne  séjourne  et  n'amène  la  décomposition  des  h'quîdes  avec  les- 
quels il  est  en  contact;  pour  éviter  cet  inconvénient,  il  faut  faire  des 
lavages  convenables. 

M.  Brocà.  L'objection  que  M.  Guérin  vient  de  faire  au  nom  de  la 
théorie,  à  l'erap'oi  de  Técrasetir  présenté  par  M.  Verneuil,  a  déjà  été 
faite  par  la  pratiqua. 

Il  y  a  une  dizaine  d'années,  M.  Charrière  fils  avait  imaginé  un  écra- 
seur,  analogue  comme  principe  à  celui  que  l'on  vient  de  mettre  sous 
nos  yeux.  Au  premier  abord,  cet  instrument  semblait  devoir  agir 
comme  (ielui  de  M.  Chassaignac;  cependant,  il  n'en  était  rien,  et  j'ai 
souvenir  que  M.  Verneuil  lui-même  fut  obligé  de  lier  une  artère  sur 
une  verge  qu'il  avait  sectionnée  à  l'aide  de  cet  écraseur. 

Relativement  à  l'existence  des  deux  chaînes  juxtaposées,  je  dirai 
que  les  deux  sections  se  faisant  en  même  temps  manquent  de  préci- 
sion. 

Enfin,  c'est  là  un  instrument  nouveau  à  ajouter  encore  à  notre  ar- 
senal. 

M.  Vernbuil,  L'honneur  de  toutes  ces  petites  tentatives  revient  en 
partie  au  drainage.  Seulement,  je  tiens  à  faire  remarquer  que  le  drai- 
nage n'empêche  pas  l'introduction  de  l'air. 

Je  répondrai  h  M.  Larrey  qu'entre  ce  que  faisait  son  père  et  ce  que 
je  fais,  il  n'y  a  de  ressemblance  que  l'introduction  de  la  canule  élas- 
tique dans  la  canule  métallique. 

Dans  un  grand  nombre  de  cas,  l'on  a  observé,  il  faut  l'avouer,  des 
héraorrhagies  après  remploi  dç  récra«eur  linéaire;  mais,  pour  mon 
compte,  j'estime  que  la  faute  en  est  tout  entière  aux  chirurgiens,  qw. 
n'ont  pas  eu  la  patience  de  se  servir  de  l'instrument,  en  suivant  es 
règles  formulées  par  l'inventeur. 


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-  525  — 

COMITÉ  SECRET. 

  cinq  heures,  la  Société  se  forme  en  comité  secret  pour  entendre 
les  rapports  sur  les  titres  des  candidats  aux  places  de  membres  cor- 
respondants étrangers  et  nationaux. 

CORRESPONOANTS    ÉTRANGERS. 

M.  Lefort,  rapporteur  de  la  commission  des  membres  correspon- 
dants étrangers,  présente  la  liste  suivante  : 
1"*  M.  firodhurst,  à  Londres; 
2®  M.  Krassouwski,  à  Saint-Pétersbourg  ; 
3°  M.  Santo-Pado,  à  Urbino; 
4«  M.  Bardeleben,  à  Berlin. 

correspondants  nationaux. 

M.  TiLLAux.  rapporteur  de  la  commission  des  membres  correspon- 
dants nationaux,  présente  la  liste  suivante  : 
1°  M.  Dubois,  à  Abbeville; 
2«  M.  Dauvé,  chirurgien  de  Farmée; 
30  M.  Duménil,  à  Rouen; 
40  M.  Gayet,  à  Lyon; 
5"  M.  Lannelongue,  à  Bordeaux; 
6»  M.  Thomas  (Louis),  à  Tours. 

La  séance  est  levée  è  cinq  heures  un  quart. 

lA  Secrétaire  :  D'  Léon  Larbé. 


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COMPÏE-RENDU 

SES 

TRAVAUX   DE    LA  SOCIÉTÉ   DE   CHIRURGIE 

PENDANT    l'année    1868 
Par   H.    LÉON    LABBÊ,    seerélaire  annsel 


Messieurs, 

Appelé  par  vos  suffrages  à  Thonneur  de  rédiger  vos  bulletins  peu- 
dant  rannée  1868,  je  viens  aujourd'hui  retracer,  dans  un  résumé  ra- 
pide, les  points  priucipaux  qui  ont  fait  Tobjet  de  vos  études.  Après 
avoir  apporté  le  soin  le  plus  scrupuleux  à  rendre  dans  toute  sa  vérité 
la  pensée  de  chacun  de  vous,  je  ferai  encore  des  efforts  pour  mettre  en 
relief  les  communications  les  plus  importantes  que  notre  Société  a  dues 
au  zèle  d'un  grand  nombre  de  ses  membres. 

Sans  qu'il  spit  permis  d'indiquer  des  limites  à  nos  travaux,  il  me  pa* 
rait  juste  cependant  de  faire  remarquer  que  pendant  le  cours  de  cette 
année  la  nature  de  ceux-ci  a  été  plus  complètement  en  rapport  avec 
l'esprit  qui  a  présidé  à  la  fondation  de  la  Société  de  chirurgie,  avec  la 
direction  qui  a  été  donnée  à  ses  efibrts  par  nos  devanciers.  Dans  les 
années  précédentes,  de  longues  et  savantes  discussions  ont  donné  la 
mesure  du  talent  de  plusieurs  de  nos  orateurs,  et  l'on  ne  pourrait  sans 
injustice  méconnaître  l'importance  des  questions  dont  l'examen  a  ainsi 
quelquefois  occupé  nos  séances  pendant  plusieurs  mois  ;  mais,  d'un 
autre  côté,  tout  esprit  impartial  doit  reconnaître  qu'à  ces  époques  l'ac- 
tivité, l'assiduité  du  plus  grand  nombre  de  nos  membres  s'était  singu- 
lièrement refroidie.  En  effet,  ce  que  la  plupart  d'entre  nous  venons 
chercher  dans  cette  enceinte,  ce  qu'espère  trouver  dans  nos  bullclios 


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hebdomadaires  le  public  médical  si  DoiQbreux  qui  suit  régulièrement  la 
publication  de  nos  séances,  c^est  la  relation  des  faits  les  plus  importants 
de  la  pratique  chirurgicale  de  chacun.  Sous  ce  rapport,  la  richesse  du 
-Bulletin  de  Tannée  1S68  laisse  peu  à  désirer,  aussi  dois-je,  dès  à  pré- 
sent, réclamer  votre  indulgence,  si,  voulant  rendre  à  tous  la  justice  qui 
eur  est  due,  je  me  vois  dans  la  nécessité  de  n'insister  que  très-peu 
sur  chaque  fait  en  particulier. 

L'un  de  nos  membres  les  plus  actifs,  M.  Desprès,  après  avoir,  en 
1867,  défendu  avec  une  grande  insistance  les  opinions  qu'il  professe 
relativement  à  rinutilité  du  traitement  de  la  syphilis  par  le  mercure,  a 
essayé  cette  année  de  raviver  une  discussion  encore  récente  en  venant 
faire  part  à  la  Société  des  résultats  observés  par  lui  dans  son  service 
de  Lourcine.  M.  Desprès,  comme  il  le  dit  lui-môme,  ne  s'est  pas  laissé 
effrayer  par  le  concert  d'oppositions  qu'il  avait  rencontré  au  sein  de 
notre  Société,  et  il  demeure  convaincu  que  ses  opinions  finiront  par 
triompher.  L'ardeur  avec  laquelle  M.  Desprès  a  de  nouveau  défendu 
sa  manière  de  voir,  n'a  pu  vaincre  le  silence  de  ses  contradicteurs. 

Nous  devons  encore  à  notre  zélé  collègue  une  intéressante  commu- 
nication sur  le  régime  des  opérés  dans  nos  hôpitaux.  Dans  cette  note, 
où  il  défend  l'intérêt  de  nos  malades,  M.  Desprès  a  courageusement 
revendiqué  pour  le  corps  des  médecins  et  des  chirurgiens  des  hôpi- 
taux une  plus  large  part  dans  les  délibérations  administratives  qui 
touchent  directement  au  traitement  des  malades. 

A  la  suite  du  dépôt  sur  le  bureau  par  M.  Broca,  de  la  part  de  M.  le 
directeur  de  l'Assistance  publique,  des  deux  premiers  volumes  de  la 
Statistique  médicale  des  hôpitaux  de  Paris  (années  1861  et  1862)^  vous 
avez  nommé,  sur  la  proposition  de  M.  Lefort,  appuyée  par  MM.  Lar- 
rey  et  Marjolin,  une  Commission  dite  Commission  permanente  de  sta- 
tistique chirurgicale.  Sa  mission  est  de  dresser  le  cadre  dans  lequel 
on  devra  ranger  tous  nos  documents  statistiques,  et  lorsque  ce  travail 
important  sera  terminé^  la  Société  en  accueillera  la  communication 
avec  la  plus  grande  faveur. 

.  A  toutes  les  époques,  les  difficultés  de  diagnostic  que  présentent 
certains  lipomes  ont  été  signalées  par  les  chirurgiens.  M.  Trélat  vous 
a  fait  connaître  une  erreur  qu'il  avait  commise  dans  un  cas  de  lipome 
de  la  main  simvkmt  un  kyste  synovial.  La  tumeur,  limitée  à  la  paume 
de  la  main,  laissait  percevoir  la  sensation  de  fluctuation  avec  une  in- 
contestable netteté/ et,  en  la  pressant,  on  obtenait  une  sorte  de  frôle- 
ment rugueux  et  prolongé. 


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—  528  — 

Cette  présentation  a  donné  lien  à  une  discussion  rapide  dans  la- 
quelle M.  Holnet  a  tenté  de  faire  admettre,  contrairement  k  Topinion 
très-absolue  de  M.  Chassaignac,  que  dans  certains  cas  de  lipomes  l'on 
pouvait  percevoir  exactement  la  même  s^sation  que  celle  que  Ton 
constate  lorsqu'il  existe  un  kyste  synovial. 

M.  Demarquay  a  mis  sous  vos  yeux  un  bel  exemple  de  (utneur 
hfipertrophique  des  glandes  sudoripares.  Cette  tumeur  avait  été  d*abord 
prise  pour  un  cancer,  et  les  faits  de  ce  genre,  ainsi  que  Va  fait  remar- 
quer M.  Verneuil,  dont  vous  connaissez  les  travaux  sur  ce  sujet,  per- 
mettent d'expliquer  les  idées  anciennes  sur  la  non  reproduction  et  la 
bénignité  de  certaines  tumetirs  de  la  peau  dites  cancéreuses. 

M.  Harjolin  nous  a  communiqué  une  observation  d'hypertrophie 
diffuse  de  la  glande  mammaire,  à  marche  rapide,  survenue  chez  une 
jeune  fille  de  quinze  ans  et  demi,  de  petite  taille,  non  réglée.  Le  sein 
droit,  qui  dut  être  enlevé,  pesait  1  kilogramme  510  grammes.  Dans 
ce  cas  Thypertrophie,  quoique  déjà  considérable,  était  loin  d'at- 
teindre les  proportions  qu'elle  avait  prises  chez  la  jeune  fille  opérée 
par  M.  Manec  en  1859  pour  une  hypertrophie  générale  des  deux  ma- 
melles. Chez  elle,  en  effet,  Fun  des  seins  pesait  qninze  livres  et  l'autre 
seize. 

Nous  devons  à  M.  Guyon  la  relation  d'un  fait  très-intéressant  d'en- 
ekondrâme  pur  de  la  parotide.  La  tumeur  observée  chez  une  jeune 
fille  de  17  ans  et  demi,  avait  mis  un  peu  plus  de  sept  ans  à  se 
développer.  Après  la  dissection,  elle  mesurait  24  centûnètres  de  cir- 
conférence. Elle  était  constituée  par  du  tissu  cartilagineux  vrai 
en  abondance,  à  côté  de  tissus  cartilagineux  en  voie  de  forma- 
tion. 

En  opposition  à  la  marche  lente  qu'a  présentée  cette  tumeur  carti- 
lagineuse, je  dois  vous  signaler  les  faits  û^enchondrômes  à  marche 
rapide  que  nous  ont  fait  connaître  MM.  Tillaux  et  Trélat.  Chez  la  ma- 
lade de  M.  Tillaux,  les  deux  maxillaires  supérieurs  avaient  été  en- 
vahis et  la  résection  partielle  de  ces  deux  os  avait  dû  être  pratiquée. 
La  tumeur,  grosse  comme  un  œuf  de  poule,  n'avait  commencé  à  pa- 
raître que  trois  mois  auparavant.  Examinée  par  MM.  Laboulbène,  Ran- 
vier,  Tillaux,  elle  ne  contenait  que  du  cartilage  à  différents  états  de 
développement^  et  cependant  elle  s'était  comportée  comme  les  pro 
ductions  que  nous  sommes  habitués  à  considérer  comme  de  mauvaise 
nature. 

Chez  l'une  des  opérées  de  M.  Trélat,  jeune  femme  de  29  ans,  la 
tumenr,  qui  occupait  d'abord  la  partie  latérale  droite  du  cou  "et  dont 


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—  529  — 

les  Kmites,  au  moment  de  ropération,  étaient  la  plèvre,  le  pharynx, 
les  gros  vaisseaux  du  eou  et  les  apophyses  épineuses  des  vertèbres 
cervicales,  avait  acquis  un  volume  énorme  en  moins  de  dix-huit  mois. 
Un  enchondrôme  de  la  parotide,  enlevé  par  ce  chirurgien  sur  une 
autre  femme,  s'était  développé  en  trois  ans. 

En  présence  du  fait  de  M.  Tillaux  et  des  siens,  M.  Trélat  s*est  de- 
mandé s'il  n'y  avait  pas  lieu  de  réviser  la  question  de  la  rapidité  ou 
de  la  lenteur  de  développement  des  tumeurs  cartilagineuses.  L'on  doit 
s'associer  à  Tidée  émise  par  notre  collègue^  mais  à  la  condition,  ainsi 
qne  l'a  fait  observer  M.  Giraldès,  que  tous  les  fiaits  seront  soumis  à 
un  mode  d'investigation  Identique  :  l'examen  microscopique.  Dès  lors, 
on  le  comprend,  une  partie  des  faits  anciens  devront  être  laissés  de 
côté  dans  le  débat. 

M.  Marjolin  nous  a  montré  des  pièces  importantes  se  rattachant  à 
l'histoire  d'un  cas  de  gangrène  spontanée  des  extrémités  inférieures 
chez  un  enfant  de  26  mois  y  ayant  une  communication  congénitale  à  la 
base  des  deux  ventricules  du  coeur.  Ces  faits  sont  très-rares,  et  dans 
l'ouvrage  de  IHM.  fiarthez  et  Riiiiet  on  n'en  trouve  que  six  de  men- 
tionnés. 

M.  Demarquay  a  vu  mourir  entre  ses  mains,  par  suite  d'une  hémor- 
rhagie  due  à  la  blessure  d'une  artère  intercostale^  un  jeune  homme 
sur  la  poitrine  duquel  il  avait  pratiqué  un  très-léger  débridement 
destiné  à  faciliter  l'emploi  d'injections  détersives  dans  la  cavité  pleu- 
rale. Il  faut  noter  que  les  rapports  normaux  des  espaces  intercostaux 
avaient  été  notablement  modifiés  par  la  maladie,  et  la  blessure  du 
vaisseau  se  comprend  facilement  lorsqu'on  sait  qu'une  partie  du  re- 
bord inférieur  de  la  côte  supérieure  manquait;  l'artère  n'était  plus  en 
eflTet  protégée. 

A  celle  occasion,  M.  Panas  a  exposé  rapidement  l'histoire  d'un  in- 
dividu observé  par*^lui  dans  le  service  de  M.  Laugier.  Ce  malade 
mourut  à  la  suite  d'une  hémorrhagie  de  l*artère  intercostale  blessée 
par  un  fragment  de  côte  fracturée. 

M.  Tillaux  a  payé  son  tribut  à  l'histoire  des  plaies  du  cœur»  Il  nous 
a  fait  voir  une  tige  métallique  longue  de  16  centimètres,  large  de 
2  millimètres,  qui  avait  traversé  d'avant  en  arrière  et  de  gauche  à 
droite  la  paroi  postérieure  du  ventricule  gauche  dans  toute  son  éten- 
due et  tout  le  lobe  inférieur  du  poumon  droit.  La  tige  n'avait  nulle- 
ment pénétré  dans  les  cavités  du  cœur.  Elle  a  séjourné  pendant 
13  mois  dans  la  poitrine  sans  amener  dans  le  tissu  du  cœur  aucune 
modification  appréciable.  Le  chirurgien  ayant  pu  observer  le  malade 
2*  série.  —  TOME  IX.  67 


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—  530  — 

peu  de  temps  après  l'iatroductioa  4u  corps  étranger  daas  le  thorax, 
devait^il  rester  inacUf  ou  intervenir  immédiatement.  Cette  question, 
soulevée  par  plusieurs  membres,  a  été  résolue  dans  le  sens  de  Tinter- 
yention  par  la  plupart  d* entre  eux;  malgré  cette  opinion,  for- 
mulée d'ailleurs  avec  quelques  réserves,  U  serait  difficile  de  critiquer 
la  conduite  de  notre  collègue. 

Vhistoire  thérapeutique  des  anévrysmes  a  été  profondément  modi- 
fiée depuis  quelques  années,  et  plusieurs  des  membres  de  notre  So- 
ciété, notamment  MM.  Broca  et  Yanzetti  de  Padoue  peuvent  à  bon 
droit  reyendiquer  une  large  part  dans  les  progrès  accomplis  dans 
cette  yoie.  Cette  année,  Tun  de  nos  correspondants  étrangers  les  plus 
actifs,  M.  Giniselli,  de  Crémone,  nous  a  adressé  la  relation  d'un  fait 
remarquable  qui  recule  encore  les  limites  de  Tart  relativement  à  ce 
point  important  de  pratique  chirurgicale.  Chez  un  homme  de  46  ans, 
M.  Çiniselli  a  guéri  un  anévrysme  de  Taorte  ascendante  à  l'aide  de  la 
gaWano-puncture.  On  ne  saurait  trop  recommander  la  lecture  de  cette 
observation,  qui  renferme  des  enseignements  nombreux  et  donne 
une  haute  idée  de  la  science  et  de  Tingéniosité  de  notre  confrère 
italien. 

L'un  de  nos  nouveaux  collègues,  M.  le  docteur  Paulet,  a  lu,  à  l'ap- 
pui de  sa  candidature,  un  important  mémoire  intitulé  Étude  sur  les 
suites  immédiates  ou  éloignées  des,  lésions  traumatiques  des  nerfs.  Peu 
de  jours  après,  M.  Tillaux,  dans  un  consciencieux  rapport,  faisait 
ressortir  devant  vous  tout  ce  que  ce  travail  renfermait  d'intéressant. 

La  physiologie  nous  enseigne  que  le  bout  périphérique  d'un  nerf 
sectionné  a  perdu  toutes  ses  propriétés  conductrices,  et  qu'en  consé- 
quence les  parties  auxquelles  il  se  distribue  sont  privées  et  de  senti- 
ment et  de  mouvement  jusqu'à  ce  que  les  deux  bouts  soient  réunis. 

Eh  bien!  M.  Paulet  nous  a  fait  connaître  des  observations  qui  sont 
de  nature  à  ébranler  sur  ce  point  les  conyictions  \ts  plus  fermes.  Il  a 
réuni  vingt-huit  cas  de  névrotomie  avec  résection  dans  lesquels  les 
fonctions  se  sont  rétablies  quelquefois  après  un  temps  très-court, 
d'autres  fois  après  plusieurs  mois  il  est  vrai,  mais  alors  .que  la  perte 
de  substance  faite  au  tronc  nerveux  égalait  trois  ou  quatre  ))0uces,  ce 
qui  exclut  toute  possibilité  de  restauration,  d'après  les  lois  posées  par 
la  physiologie.  Enfin,  dans  certains  cas,  la  résection  d'un  nerf  im- 
portant n'a  troublé  en  rien  la  sensibilité  ni  le  mouvement  volon- 
taire. 

Assurément  ces  faits  sont  exceptionnels  ;  mais,  tels  qu'ils  sont,  ils 
ont  naturellement  conduit  l'auteur  du  mémoire  et  fon  rapporteur  à 


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—  531  — 

émettre  la  proposition  suivante  :  Vite  partie  du  corps  peut  comerver 
sa  sensibilité^  bien  que  le  tronc  Hervevx  qui  s'y  distribue  ne  présente 
plus  ses  communicaiicns  habilutUes  avec  l'encéphale.  Reste  aux  phy« 
Biologistes  à  résoudre  le  problème  qui  leur  est  posé  en  ces  termes* 
M.  Liégeois,  metts^nt  à  profit  ses  études  de  physiologie,  a  fait  con- 
struire un  nouvel  esihésiomèlrej  a  Taide  duquel  il  a  tenté  d'établir  une 
distinction  nette  f  ntre  les  diverses  sensations  tactiles.  Quoique  ce  soit 
là  plutôt  un  sujet  de  physiologie  que  de  chirurgie,  il  s'y  attache  ce- 
pendant un  véritable  intérêt  pratique,  et  l'on  comprend  le  parti  que 
peuvent  tirer  les  chirurgiens  de  l'emploi  de  cet  instrument,  notam- 
ment dans  rétode  du  retour  de  la  sensibilité  dans  le  cas  de  plaies  des 
nerfs. 

Les  communications  qui  vous  ont  été  faites  sur  les  maladies  des 
08  et  des  arHculations  ont  été  nombreuses,  variées  et  intéressantes. 

M.  Liégeois  vous  a  longuement  ejpoaé  l'histoire  de  trois  malades 
sur  lesquels  il  pratiqua  la  résection  du  masiUaire  supérieur  pour  des 
tumeurs  fibreuses  et  fibro-plastiques.  Ces  trois  fumeurs,  consfituées 
par  des  éléments  des  tissus  cellulaires,  embryonnaires  ou  complète- 
ment développés,  ont  été  observées  dans  les  trois  déparlements  cel- 
lulaires de  la  mâchoire,  si  l'on  pf*ut  dire  ainsi,  dans  lesquels  les 
fibromes  peuvent  prendre  naissance.  La  prenjière  était  née,  très- 
vraisemblablement,  dans  le  canal  dentaire;  la  seconde,  dans  le  pé« 
rioste  qui  enveloppe  l'os;  la  troisième  dans  le  périoste  alvéolo- 
dentaire. 

Dernièrement,  M.  Panas  soumettait  à  votre  examen  une  tumeur  de 
la  mâchoire  inférieure,  dont  l'apparence,  la  coloration  splénique  rap- 
pelaient, à  s*y  méprendre,  les  tumeurs  à  myéloplaxes  bien  décrites 
par  M.  Eugène  Nélaton.  On  n'avait  pas  afijaire  cependant  à  un  myélo- 
piaxe,  mais  à  ce  que  Ton  désigne  aujourd'hui  sous  le  nom  de  sar- 
come ossifiant,  c'est-à-dire  à  une  production  morbide  due  au  dévelop- 
pement anormal  d'éléments  embryo-plastiques  dans  la  moelle,  avec 
accompagnement  de  travées  osseuses  dans  son  épaisseur. 

Cette  observation  intéressante  prouve,  à  n'en  pas  douter,  que  l'exa- 
men à  l'œil  nu  ne  suffit  pas, comme  le  voulaitM.  Eugène  Nélaton,  pour 
caractériser  let»  tumeurs  à  myéloplaxes.  Mais  -q  uelle  est  sa  véritable 
signification  par  rapport  à  l'bistoire  générale  des  tumeurs?  Question 
difficile  à  résoudre,  d'autant  plus  que  l'on  voit  en  lisant  avec  soin 
l'observation  de  notre  collègue,  qu'il  s'agissait  là  d'une  tumeur  à  élé- 
ments multiples  et  composée  de  parties  encore  en  voie  d'évolution. 

A  l'occasion  d'un  travail  important  lu  dans  une  autre  enceinte  par 


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—  582  — 

Tan  de  dos  collèges,  M.  Broca,  sur  les  od&niàmeseémentaireSy  M.  Le- 
tumeur,  de  Nantes,  nous  a  fait  parvenir  une  observation  d'odmiàme 
cémetUaire  radiculaire.  La  tumeur  avait  mis  vingtrsix  ans  à  acquérir 
son  développement.  L'observation  avait  été  déjà  communiquée  à  la 
Société  de  cbîrurgie,  sous  le  ûire  à' esoitose  éburnée^  mais  elle  n'avait 
pas  été  publiée.  M.  Letenneur  possédait  encore  la  pièce  anatomique, 
et  la  lecture  du  travail  de  M.  Broca,  lui  fit  penser  tiu'il  pouvait  bien 
«'agir  de  Tune  de  ces  productions  morbides  désignées  par  notre  col- 
lègue sous  le  nom  d*odon(6me  eémentaire.  L'examen,  à  l'aide  du  mi- 
croscope, d'une  coupe  très-fine  de  la  tumeur,  a  en  effet  démontré  à 
M.  to)ca  qu'il  s'agissait  bien  là  d'un  T)doDt6me  eémentaire,  production 
pathologique  qui  constitue  une  variété  des  tumeurs  dentaires  étudiées 
et  décrites  pour  la  première  fois  chez  l'homme  par  notre  collègue 
M.  Forget,  dans  un  mémoire  original  couronné  en  i859  par  l'Académie 
des  sciences,  sur  le  rapport  de  M.  Yelpeau. 

les  doubles  fractures  verlicales  du  bassin  bien  décrites  par  Mal- 
gaigne,  présentent  parfois  de  grandes  difficultés  de  diagnostic.  Notre 
collègue,  M.  Panas,  après  avoir  au  lit  du  malade  établi  d*une  façon 
précise  la  nature  de  la  lésion,  a  pu  à  l'autopsie  constater  de  visu  Texis- 
tence  d'une  quadruple  fracture  de  cette  cavité.  Les  pièces  ont  été  mises 
sous  vos  yeux  et  vous  avez  pu  voir  qu'une  cinquième  fracture  sépa- 
rait la  quatrième  pièce  du  sacrum  d*avec  la  cinquième. 

A  cette  occasion,  M.  Larrey  demanda  à  M.  Panas,  si  en  même  temps 
que  la  fracture,  il  n'existait  pas  une  disjonction,  même  partielle,  des 
symphyses,  soit  sacro- iliaques,  soit  pubiennes,  rappelant  que  dans 
la  plupart  de  ces  traumatismes  l'on  rencontrait  cette  double  lésion. 

Quelques  jours  après,  M.  Dolbeau  venait  apporter  l'appui  de  son 
expérience  à  l'opinion  soutenue  par  M.  Larrey.  Notre  collègue,  nous 
faisait  savoir  qu'ayant  observé  quatre  fois  les  fractures  doubles  verti- 
cales du  bassin,  trois  fois  il  avait  remarqué  que  la  fracture  postérieure 
intéressait  l'articulation  sacro-iliaque,  et  en  même  temps,*il  signalait 
à  voire  attention  une  lésion  bien  exceptionnelle,  consistant  dans  la 
luxation  complète  ou  double  de  fos  iliaque,  ^  effet,  dans  le  fait  re- 
cueilli par  M.  Dolbeau,  il  s'agissait  bien  d'une  luxation  ou  disjonction 
de  toutes  les  articulations  du  bassin.  Notre  collègue,  fort  de  sou  expé- 
rience, crut  pouvoir,  dans  cette  circonstance,  diagnostiquer  une  frac- 
ture double  du  bassin,  ahrs  qu'il  s'agissait  réellement  d'un  déplace- 
ment articulaire.  M.  Dolbeau  pense  que  dans  l'avenir,  il  serait  possible 
d'éviter  cette  erreur,  en  précisant  davantage  le  siège  exact  des  points 
douloureux  et  en  recherchant  avec  grand  soin  la  mobilité  anormale. 

Le  6  janvier  1868,  un  individu,  qui  avait  été  enlevé  par  l'arbre  de 


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—  533  — 

couche  d'une  machine  à  vapeur,  fut  apporté  à  Th^pital  Saint*Ântoine, 
dans  le  service  de  M.  Panas.  On  apprit  qu'il  avdt  perdu  connaissance 
immédiatement  après  l'accident,  et  qu'il  avait  été  bientôt  en  proie  à 
un  état  d'excitation  violente.  Une  saignée  avait  été  faite;  lorsque  le 
blessé  entra  à  l'hôpital,  il  était  encore  agité,  il  délirait,  avait  des  mou- 
vements désordonnés  dans  les  bras  et  dans  les  jambes,  et  l'on  put  ob- 
server quelques  contractions  convulsives. 

Du  reste,  on  ne  remarqua  aucune  trace  de  violence,  point  d'ecchy- 
moses. La  face  était  rouge,  le  pouls  fort  et  plein.  L'état  d'excitation 
dura  jusqu'à  trois  heuresBu  matin,  puis  la  respiration  devint  à  ce  mo- 
ment un  peu  difficile,  puis  s'embarrassa  tout  à  fait,  et  le  malade 
mourut  vers  six  heures. 

La  cause  de  la  mort,  qui  n'avait  pu  être  soupçonnée,  fut  découverte 
à  l'autopsie.  Il  s'agissait  d'une  luaiation  de  la  septième  vertèbre  cer- 
vicale. Dans  le  point  correspondant,  la  dure-mère  était  intacte;  mais 
le  cordon  médullaire  paraissait  légèrement  étranglé,  présentait  dans 
une  hauteur  de  1  centimètre  environ,  une  teinte  violacée,  ecchymo- 
tique,  et  le  tissu  de  la  moelle  était  manifestement  ramolli  dans  la 
même  hauteur. 

Dans  le  même  hôpital,  notre  collègue  M.  Tillaux  a  observé  en  com- 
mun avec  M.  le  docteur  Millard,  un  cas  de  luxation  spontanée  de  la 
sixième  vertèbre  cerûcale  sur  la  septième^  dans  lequel  les  difficultés  de 
diagnostic  n'ont  pas  été  moins  grandes,  quoique  le  patient  ait  été  penj 
dant  plus  longtemps  soumis  à  l'examen  de  nos  confrères.  Le  malade 
avait,  il  est  vrai,  fait  une  chute,  mais  celle-ci  avait  été  légère;  il 
avait  pu  reprendre  ses  jeux,  lorsque  tout  à  coup,  quatre  heures  après 
cet  accident  en  apparence  insignifiant,  il  s'affaissa  eu  s'écriant:  a  Sou- 
tenez-moi, je  ne  puis  me  porter.  »  A  partir  de  ce  moment,  il  exista 
une  paraplégie  absolue.  La  mort  arriva  quatre  jours  après  le  début  des 
accidents. 

Il  est  bien  évident  que  cette  observation  doit  être  rattachée  à  ces  cas 
si  fâcheux,  dans  lesquels  des  lésions  déjà  anciennes  des  surfaces  arti- 
laires  vertébrales  échappent  aux  chirurgiens  les  plus  sagaces,  et  se 
révèlent  tout  à  coup  entourées  d'un  cortège  de  symptômes  des  plus 
effrayants. 

Les  luxations  du  poignet,  admises  si  facilement  par  les  chirurgiens 
du  dernier  siècle,  et  rejetées  à  peu  près  complètement  depuis  les  tra- 
vaux dç  Dupuytren,  ne  peuvent  cependant  être  niées.  C'est  à  Mal- 
gaigne  qui,  dès  1834^  put  en  réunir  trois  exemples,  que  l'on  doit 
d'avoir  démontré  que  ces  luxations  existent  réellement,  tout  en  étant 
fort  rares. 


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—  534  —     -* 

Les  luxations  en  arrière  sont  les  plus  communes;  des  exemples 
non  douteux  en  ont  été  publiés  par  M.  René  Marjolin  dans  sa  thèse 
inaugurale,  en  i839,  par  MM.  Voîllcmier,  Lenoir,  et  M.  Guyon  est 
venu  mettre  sous  vos  yeux  un  nouvel  exemple  de  cette  rare  lésion. 
Chez  un  homme  qui  fut  apporté  à  l'hôpital  des  Clinique&»  il  prit  im- 
médiatement le  moule  du  membre,  avant  toute  tentative  de  réduction. 
C*est  ce  moule  que  vous  avez  pu  tous  examiner.  Eh  bien!  cette  lé- 
sion est  quelquefois  si  difficile  à  reconnaître,  que  plusieurs  d'entre 
nous  ont  voulu  contester  à  M.  Guyon  Texactiiude  de  £on  diagnostic. 
Cependant,  notre  collègue  a  cru  pouvoir  maintenir  qu*it  était  en  droit 
d'affirmer  l'existence  d'uDcJuxation  du  poignei  simple  ou  accompagnée 
de  petites  fractures  insignifiantes. 

Cette  dernière  réserve  était  très-justifiée,  puisque  M.  Guyon  n'avait 
pas  été  appelé  à  faire  l'autopsie  du  membre  blessé,  car  quelques  jours 
après,  M.  Chassaignac  vous  faisait  voir  une  pièce  fort  importante  re- 
lativement  à  cette  question.  Il  s'agissait  d'un  enfant  chez  lequel  le  ra- 
dius et  le  cubitus  avaient  fait  issue  à  travers  la  peau,  la  réduction 
avait  été  impossible  et  l'on  avait  dû  pratiquer  la  résection  des  deux 
extrémités  articulaires.  Tout  le  monde  croyait  à  l'existence  d'une  luxa- 
tion type,  cai  Ton  voyait  les  surfaces  articulaires,  et  cependant  l'exa- 
men attentif  de  la  pièce  anatomo-pathologique  démontra  qu'une 
couche  très-mince  de  la  surface  inférieure  du  radius  était  resiée  ac- 
collée  au  carpe,  que,  par  conséquent,  il  ne  s'agissait  pas  là  encore 
d'une  luxation  pure  du  poignet. 

À  l'occasion  de  l'autopsie  d'un  malade  affecté  de  luxation  coxo- 
fémorale  ancienne,  M.  Tillaux  a  entrepris  sur  le  cadavre  une  série 
d'expériences  fort  intéressantes  et  destinées  à  déterminer  le  rôle 
exact  que  joue  la  capsule  par  rapport  à  la  variété  de  déplacement  de 
la  tète  fémorale.  S'il  n'est  point  encore  prouvé,  comme  ont  paru  le 
démontrer  les  objections  de  quelques-uns  de  ses  contradicteurs, 
MM.  Broca,  Després,  etc.,  que  les  conclusions  de  M.  Tillaux  puissent 
dès  à  présent  être  acceptées  sans  réserve,  je  dois  dire  cependant 
qu'elles  présentent  un  assez  grand  intérêt,  pour  que  j'aie  pensé  à  re- 
produire ici  celles  qui  ont  plu^  particulièrement  un  cachet  de  nou- 
veauté. Notre  collègue  estime  que  :  A  la  capsule  est  l'agent  qui  limite 
h  peu  près  exclusivement  la  mijgration  de  la  tète  fémorale  dans  la 
luxation  en  arrière;  B,  que  la  rupture  de  la  capsule,  en  arrière  seule- 
ment, ou  bien  en  arrière  et  en  bas,  donne  toujours  lieu  à  une  luxa- 
tion incomplète  ischiatique  ;  C,  que  la  rupture  de  la  capsule^  en  ar- 
rière, en  bas  et  en  avant  (la  partie  supérieure  seule  étant  intacte), 
donne  toujours  lieu  à  une  luxation  ischiatique;  D,  que  la  rupture  de 


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la  capsule,  en  arrière,  en  bas  et  en  haut  (la  partie  antérieure  ou  liga- 
ment de  BertîQ  étant  seule  intacte),  donne  toujours  lieu  ^une  luxation 
iliaque.  Enfin,  que  ces  deux  types  de  luxation  ischiatique  et  iliaque 
sont  tellement  distincts  qu'ils  ne  peuvent  être  transformés  Tup  ea 
Tau  Ire  que  par  la  rupture  complète  de  la  capsule. 

M.  Yerneuil  a  dernièrement,  dans  un  cas  de  coxalgie  avec  suppura- 
tion, fait  la  résection  de  la  hanche.  Son  opéré  est  mort,  mais  notre 
eollègue  estime  qu'il  a  trop  tardé  à  pratiquer  cette  opération  et  qu'i^ 
aurait  probablement  réussi,  s'il  était  intervenu  deux  mois  plus  tôt.  11 
est  toujours  très-disposé  à  recourir  à  cette  opération,  qui  malgré  les 
louables  efforts  de  notre  collègue  M.  Le  Fort,  n'est  pas  encore  eutrée 
dans  la  pratique  usuelle  des  chirurgiens  français. 

Incidemment,  M.  Yerneuil  a  appelé  l'attention  de  la  Société  sur  te 
raccourcissement  réel  que  Ton  peut  observer  dans  certaines  coxalgiea, 
sans  que  pourtant  lo,  tête  fémorale  ait  quitté  la  cavité  cotyloïde.  Ce 
raccourcissement  est  dû  alors  à  une  sprte  d*éculement  de  cette  ca- 
vité; cette  disposition  tendrait  à  faire  admettre  par  M.  Yerneuil,  plus 
qu'il  ne  Ta  fait  jadis,  l'utilité  de  l'extension  continue  dans  le  traitement 
de  la  coxalgie.  Cette  question  de  l'extension,  ainsi  que  celle  de  l'op- 
portunité de  la  résectiou,  a  donné  lieu  à  une  discussion  intéressante, 
à  laquelle  ont  pris  part  MM.  Yerneuil,  Blot,  Marjolin,  Le  Fort,  Gi- 
raldès,etc.;  elle  a  permis  de  voir  combien  de  desiderata  existent  en- 
core dans  le  traitement  de  cette  maladie  redoutable.  Nous  avons  va 
en  effet  M.  Le  Fort  abandonner  des  appareils  américains  qu'il  nous 
avait  présentés  autrefois  avec  de  grands  éloges,  et  M.  Giraldès  nous  a 
dit  qu'à  la  vérité  des  chirurgiens  américains  très-autorisés,  tels  que 
MM.  Cosme,  Sayre,  Davis  avaient  fait  construire  des  appareils  pour 
répondre  à  Tindication  de  l'extension  continue,  mais  qu'en  réalité,  il 
était  facile,  de  se  convaincre  que  tous  ceux-ci  n'agissaient  qu'en  iiumo< 
biiisant  la  cuisse  à  Ea  partie  supérieure  et  non  eu  produisant  une 
traction  qui  éloignerait  l'une  de  l'autre  les  surfaces  articulaires  ma- 
lades. I         - 

Yous  le  voyez,  la  question  est  loin  d'être  épuisée;  par  son  impor- 
tance, elle  mérite  assurément  d'être  souvent  mise  à  l'ordre  du  jour  de 
vos  discussions. 

Au  commencement  de  cette  année,  M.  Yerneuil  nous  présenta  un 
malade  chez  lequel  il  avait  pratiqué  avec  succès  la  réaeclion  du  coude 
dans  un  cas  de  fracture  articulairCy  avec  plaie  pénétrante  de  l*articu' 
lation.  Notre  collègue  avait  été  encouragé  dans  sa  détermination  par 
l'avis  de  M.  Yanzetti,  de  Padoue.  Une  discussion,  à  laquelle  prirent 
part  MM.  Guérin,  Blot,  Chassaignac,  Guyon,  Larrey,  Le  Fort,  Panas, 


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-^  536  — 

Foiget,  Demarqoay,  s'engagea  sur  ce  point  de  pratique  chirurgicale. 
Tous  nos  collègues  furent  ^  peu  près  unanimes  pour  combattre  la 
manière  de  voir  du  cbirurgiea  de  Lariboisière.  M.  Verneuil  a  été 
sensible  à  ces  critiques;  un  nouvel  exemple  de  plaie  pénétrante 
s'étant  présenté  à  son  observation,  il  a  voulu  faire  de  la  chirurgie 
eipectante,  malheureusement,  il  a  perdu  son  malade.  Vous  le  voyez 
messieurs,  cette  question  des  résections  dans  les  cas  de  traumatismes 
récents  mérite  de  fixer  toute  votre  attention,  et  nous  ne  saurions 
trop  vous  engager  à  faire  connaître  à  cette  tribune  tous  les  faits 
capables  d'infirmer  ou  de  faire  prévaloir  Topinion  de  notre  collègue. 

Dans  cette  môme  année,  nous  ont  été  communiquées  deux  observa*^ 
tions  de  fractures  de  la  rotule  avec  plaie  pénétrante  du  genau^  qui  ont 
été  suivies  de  guérison.  Dans  les  deux  cas,  les  malades  ont  dû  leur 
salut  à  Tusage  des  larges  débridements,  des  lavages  répétés,  elc. 
L'une  de  ces  observations  a  été  recueillie  par  H.  Duplay,  Taùtre  par 
un  chirurgien  militaire,  M.  Baizeau.  Sur  ce  dernier  fait,  vous  avez 
entendu  un  rapport  de  M.  Dolbeau.  Ce  chirurgien  n'a  pu  qu'approuver 
l'usage  du  drainage,  si  heureusement  mis  à  contribution  par  M.  Bai- 
zeau. 

Nous  devons  à  M.  Letenneur  la  connaissance  d'un  fait  bien  excep- 
tionnel. Il  s'agit  d'un  cas  de  fracture  du  pubis  par  contraction  muscur 
laire.  Les  détails  qui  accompagnent  l'observation  ne  peuvent  laisser 
aucun  doute  sur  le  mode  de  production  de  la  fracture. 

A  plusieurs  reprises,  et  Tannée  dernière  encore,  la  question  de 
l'opportunité  de  VapplicaiUm  du  trépan  dans  le  cas  de  lésions  trauma- 
tiques  de  Vjencéphale  a  donné  lieu  à  d'importantes  discussions.  M.  Til- 
laux  vous  a  fait  part  d'un  fait  clinique,  qui  a  une  grande  valeur  rela- 
tivement à  celte  question.  Un  jeune  homme  tomba  sur  le  sol,  d'une 
hauteur  environ  d'un  troisième  étage.  Il  fut  apporté  à  l'hôpital  dans 
un  état  voisin  de  la  résolution.  Sur  le  crftne,  vers  le  sommet  de  la 
tète,  à  2  centimètres  de  la  ligne  médiane,  existait  une  plaie  contusepeu 
étendue,  au  fond  de  laquelle  on  sentait  les  os  à  nu^  à  f  aide  du  stylet. 

Le  malade  mourut  ;  la  lésion  capitale  que  l'on  rencontra  était  due 
à  la  présence  d'un  caillot  sanguin  situé  sur  les  côtés  du  cerveau,  au 
niveau  de  la  fosse  temporale,  entre  la  dure-mère  et  la  boîte  crâ- 
nienne. 

La  mort  paraît  bien  avoir  été  déterminée  par  la  formation  brusque 
de  ce  caillot;  or,  comme  l'a  très -judicieusement  fait  remarquer  notre 
collègue,  ce  caillot  eût  pu  se  former  plus  lentement,  et  le  malade  eût 
pu  vivre  avec  une  hémiplégie  gauche.  Dans  cette  hypothèse,  le  chirur- 
gien pouvait  songer  à  intervenir  à  l'aide  du  trépan  ;  alors,  il  eût  été 


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—  537  — 

indiqué  d'apptiqaer  eekil^et  dans  le  poiot  du  crftne  où  était  la  plaie 
extérieure,  où  ie  choc  avait  dû  porter  ;  cependant  l'agent  compres- 
seur, le  caillot,  s*en  trourait  à  une  telle  distance,  que  l'opération  eût 
été  nécessairement  inutile. 

Chez  un  autre  malade,  il  existait  une  fracture  du  crftne  avec  un 
fragment  légèrement  déprimé  et  une  plaie  aux  téguments.  Quelle  plus 
belle  occasion  pour  pratiquer  la  trépanation?  Cependant  le  malade 
meurt  d'infection  purulente,  et  à  l'autopsie  on  décourre  que  l'hémi- 
plégie, qui  existait  chez  lui ,  était  due,  non  pas  à  la  dépression  des 
fragments  ni  aux  éclats  de  la  lame  vitrée,  mais  bien  à  la  présence 
d'un  caillot  qui,  par  sa  situation,  son  volume,  soti  étendue,  ses  adhé- 
rences, était  inaccessible  à  la  trépanation. 

Quelques  jours  plus  tard,  M.  Panas  vous  communiquait  un  fait  très- 
important  au  point  de  vue  qui  nous  Occupe  en  ce  moment ,  et  vous 
faisait  part  d'expériences  tentées  sur  les  animaux  et  destinées  à  con- 
trôler les  résultats  expérimentaux  annoncés  autrefois  par  Malgaigne. 
M.  Panas  a  conclu  de  ses  riecherches  que  l'injection  pratiquée  entre 
la  dure-mère  et  lés  08,  déterminait  plus  rapidement  des  accidents  et 
la  mort,  que  celle  faite  dans  la  cavité  arachnoïdienne. 

La  présentation  par  M.  Demarquay  d'un  enfant  affecté  dé  bec-de- 
lièvre  d&nble  compUqué,  nous  a  valu  la  lecture  d'un  travail  de  M.  Broca  : 
Sur  rapplicatUm  de  la  sutvre  osseuse  au  traitement  du  hee-de-lièvre 
double  compliqué  de  saiUie  de  Vos  intermaa:iilaire  ;  le  travail  de  M.  Broca 
s'appuie  sur  deux  observations  qui  sont  personnelles  à  l'auteur. 

M.  Broca  a  voulu  prouver  que  la  méthode  qui  consiste  à  conserver 
le  tubercule  osseux,  dans  le  cas  de  bec-de-lîèvre  double,  compliqué 
de  la  saillie  de  ce  tubercule,  a  été  trop  facilement  abandonnée  par  les 
chirurgiens;  sans  prétendre  que  la  conservation  de  ce  tubercule 
soit  toujours  possible,  il  pense  avoir  démontré  qu'il  y  a  des  cas  où 
elle  peut  réussir  d'une  manière  complète,  à  la  faveur  de  l'avivement 
du  tissu  osseux  et  de  l'emploi  de  la  suture  osseuse. 

Plusieurs  communications  relatives  aux  maladies  des  yeux  nous  ont 
été  faites  par  des  médecins  étrangers  à  la  Société.  Ainsi  M.  Meyer, 
nous  a  présenté  un  malade  sur  lequel  il  a  obtenu  la  guérison  d'un 
staphylôme  peUudde  de  la  cornée  après  avoir  mis  en  usage  le  procédé 
de  son  maître,  M.  de  Graëfe,  procédé  destiné  à  déterminer  un  aplatis- 
sement de  la  cornée  à  la  suite  de  la  production  artificielle  d'un  petit 
abcès  dans  l'épaisseur  de  cette  membrane. 

Nous  avons  inséré  dans  nos  bulletins  Une  observation  très-com- 
2«sérié'.  —  TOMEix.  68 


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-  538  — 

piète  de  double  LusiUmn^  aiêtaUin  recueUlie  (^r  II.  Che^uevier,  pro- 
fesseur à  rÉoole  de  médeoine  de  Besançon.  Notre  coafrère  pense  que 
Ton  doit  admettre  deux  espèces  distinctes  de  luxation  du  cristallin  : 
4**  la  luxation  de  Tappareil  cristallinien  tout  entier;  2p  H  luxation  du 
cristallin,  la  capsule  conseryant  ses  rapports  normaux.  M.  Dplbeau, 
cbargé  de  faire  un  rapport  sur  le  travail  de  M.  Gheunevier,  a  cru  de- 
voir faire  des  réserves  relativement  à  cette  interprétation  des  faits,  il  a 
émis  ropiuion  que  la  manière  de  voir  de  notre  confrère  demandait  une 
démonstration  plus  rigoureuse. 

Un  de  nos  membres  associés  les  plus  éminents,  le  professeur  de 
Graêfe,  de  Berlin,  a  fait  passer  sous  nos  jeux  une  série  de  dessins 
représentant  des  lésions  rares  de  l'appareil  oculaire;  ainsi,  un  cas 
d'irrégularité  congéniale  du  cristallin  :  un  kyste  séreux  de  la  chambre 
antérieure;  un  polype  méianeux  de  l'œil,  etc.,  etc. 

Enfin,  il  y  a  quelques  jours  à  peine,  M.  Panas  nous  a  montré  un 
exemple  irrécusable  d'ossification  de  l'iris. 

.  Plusieurs  communications  importantes  et  relatives  aux  maladies 
des  femmes,  nous  ont  été  faites  dans  le  cours  de  cette  année. 

M.  Depaul  nous  a  donné  la  relation  détaillée  d'un  fait  de  déchirure 
centrale  du  périiaée  thez  une  primipare.  Cette  lésion,  en  apparence  si 
.  grave,  guérit  généralement  par  les  seuls  efforts  de  la  nature.  Dans  le 
.  cas  dont  il  s*agit,  M.  Depaul  avait  annoncé  que  des  soins  de  propreté 
suffiraient  pour  amener  une  guérison  complète;  l'événement  a  justi- 
fié ce  pronostic  favorable.  Un  magnifique  dessin  annexé  à  nos  bulle- 
tins rend  plus  saisissante  cette  lésion  assez  rare. 

Gomme  cela  arrive  souvent  lorsque  l'attention  est  appelée  sur  un 
fait  exceptionnel  par  une  communication  à  la  Société  de  chirurgie, 
des  cas  analogues  nous  ont  été  adressés  par  plusieurs  confrères. 
M.  Auger  (de  Pithiviers),  et  M.  Stolz,  l'éminent  accoucheur  de  Stras- 
bourg, auquel  vous  venez  de  conférer  le  titre  de  membre  correspon- 
dant, nous  ont  envoyé  deux  belles  observations  de  cette  lésion,  assez 
rare  pour  avoir  pu  être  niée  par  certains  accoucheurs  ayant  cepen- 
dant une  longue  pratique. 

M.  Depaul,  au  nom  de  M.  le  docteur  Faliu,  nous  a  communiqué  une 
observation  de  corps  fih'eus  de  la  matrice  expulsé  après  le  travail  de 
P accouchement,  M.  Depaul  s'était  demandé  s'il  ne  s'agissait  pas  là  d'un 
cas  de  monstruosité  fœtale,  si  Ton  n'avait  pas  affaire  à  l'un  de  ces 
monstres  que  Ton  a  décrits  sous  le  nom  d'anidiens.  L'examen  mi- 
croscopique fait  par  M.  Robin  n'a  pas  laissé  subsister  de  doute  relati- 
vement à  la  nature  fibreuse  de  la  tumeur. 


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—  539  — 

Quelques  jeiirs  apr^,  à  l'oecasion  de  cette  présentation,  H.  Porget 
nous  lisait  une  note  étendue  intitulée  :  Des  eorpg  fibreux  et  des  polypes 
de  Vntértês  amsidérés pendant  la  grossesse  et  après  raeconckemeiU.DdJiB 
ce  travaii  sont  passés  en  revue  plusieurs  points  intéressants  de  l'his- 
toire des  tumeurs  fibreuses  de  Futéras  et  sont  discutées  avec  Boia  les 
indications  chirurgicales  qui  peuvent  se  présenter  à  la  suite  de  l'ae- 
couchement  lorsqu'il  existe  un  corps  fibreux  on  un  polype  accessible  à 
Faction  instrumentale. 

M.  Guéniot  a  exposé  longuement  devant  vous  un  fait  d*aecouche' 
ment  heureux  par  les  voies  naturelles  dans  un  cas  d'obstructUm  presque 
complète  du  petit  bassin  par  un  corps  fibreux,  M.  Guéniot  terminait  son 
intéressante  communication  par  l'analyse  d'un  grand  nombre  d'obser- 
vations appartenant  à  divers  auteurs,  et  concluait  que  la  réalité  des 
modifications  iiuprimées  à  certains  fibromes  par  la  gestation,  quoique 
très- vraisemblable,  manquait  cependant  encore  d'une  rigoureuse  dé- 
monstration. 

Enfin,  M.  Depaul  nous  a  soumis  une  observation  qui  présentait  la 
plus  grande  analogie  avec  la  précédente  et  dans  laquelle  la  terminai- 
son ne  fut  pas  moins  heureuse.  Notre  collègue  a  en  outre  combattu  Tas- 
sertion  de  M.  Guéniot  tendant  à  nier  l'augmentation  des  corps  fibreux  et 
leurs  modifications  de  consistance  pendant  la  grossesse,  il  a  rappelé, 
à  ce  sujet,  les  observations  lues  devaut  nous  par  MM.  Guyon  et  Bailly. 

M.  Depaul  termina  son  intéressante  communication  par  une  longue 
série  de  conclusions  qu'il  serait  impossible  de  reproduire  ici;  la  der- 
nière était  ainsi  formulée  :  Certains  fibromes  utérins  péritonéaux 
constituent  une  des  plus  graves  complications  de  la  grossesse  et  sou- 
lèvent les  questions  les  plus  embarrassantes  de  l'obstétrique.  La 
science  est  loin  d'être  faite  sur  ce  point  important,  qui  est  digne  de 
toutes  les  méditations  des  chirurgiens. 

Je  ne  saurais  passer  sous  silence  le  fait  remarquable  que  nous  a 
fait  connaître  dernièrement  M.  Dumesnil,  de  Rouen,  d'une  tumeur 
fibreuse  dont  l'élimination  spontanée  et  partielle  a  eu  lieu  à  travers  la 
paroi  abdominale. 

Vous  avez  tous  présente  à  l'esprit  la  pièce  si  curieuse  d^hypertro* 
phie  générale  de  l  utérus  que  M.  Tiilaux  nous  montrait  il  y  a  quelques 
semaines.  A  la  suite  de  cette  présentation,  s'est  élevée  dans  le  sein  de 
la  Société  une  discussion  qui  a  mis  eu  lumière  des  fsdts  assez  peu  con- 
nus jusqu'à  ce  jour  de  variations  plus  ou  moins  périodiques  dans  le 
Tolume  de  l'uté/us.  Dans  ce  cas  le  poids  de  la  matrice  était  de  deux 
kilogrammes,  et  son  volume  représentait  à  peu  près  celui  d'une  tète 
de  jeune  garçon  de  huit  à  dix  ans. 


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—  540  ^ 

Le  diagnostic  des  eakwU  urininrê»,  ^larfois  «  diffidle,  peut,  âans 
quelques  drconstances,  deTenir  tout  à  fait  impessible  malgré  l'explo- 
ration le  plus  miDutieuse  et  la  plus  méthodique.  Notre  collègue 
M.fifaijolia  a  dû  méconnaître  chez  un  enfant  de  deux  ans  un  calcul  qui 
était  recouvert  par  des  couches  nombreuses  et  épaisses  de  fibrine  et 
de  mucus  coagulé.  Bien  que  certains  symptômes  eussent  éveillé  l'at- 
tention du  chirurgien,  la  sonde  ne  donnant  d'autre  sensation  que  celle 
qui  résulte  d'une  colonne  charnue  plus  ou  moins  saillante,  oelui-d  dut 
abandonner  l'idée  de  l'existence  d'un  calcul. 

Quelques  jours  après,  notre  coHègue  a  mis  sous  nos  jeux  un  cal- 
cul volumineux  qu'un  jeune  garçon  de  44  ans  et  demi,  taillé  neuf  ans 
auparavant  par  M.  Déguise  dis,  avait  rendu  spontanément  par  le  pé- 
rinée. À  la  suHe  de  l'issue  de  ce  calcul  a  persisté  une  fistule  urinaire 
qui  a  mis  cinq  ou  six  mois  à  se  fermer. 

M.  Liégeois  nous  a  présenté  un  calcul  énorme  de  l'nrèthre  qui  lui 
avait  été  remis  par  M.  Bouché,  médecin  à  Spincourt  (Lorraine).  Ce  cal- 
cul présentait  plusieurs  particularités  remarquables  :  il  siégeait  dans  la 
partie  initiale  de  l'urèthre  et  y  avait  séjourné  vraisemblablement  de^ 
puis  une  quarantaine  d'années.  Il  était  divisé  en  trois  fragments  irré- 
guliers mais  s'adaptaot  exactement  l'un  à  l'autre;  enfin  le  fragment 
le  plus  volumineux,  le  dernier  enlevé,  celui  qui  par  conséquent  était  le 
plus  proche  de  la  vessie,  était  creusé  dans  toute  son  étendue  d'un 
canal  complet  s'ouvrant  aux  deux  extrémités  de  ce  conduit  par  deux 
orifices  très-régulièrement  configurés,  si  ce  n'est  l'orifice  postérieur, 
qui  était  surmonté  d'une  saiUie  conique  en  forme  de  luette,  A  propos 
.  de  la  fragmentation  de  ce  calcul,  M.  Liégeois  s'est  livré  à  une  longue 
et  savante  discussion  relative  à  la  posmbiliié  de  la  fragmentation  spon- 
tanée des  calculs.  Dans  le  cas  actuel,  M.  Liégeois  repousse  l'idée  de 
ce  mode  de  fragmentation  et  admet  que  les  calculs  ont  été  projetés 
dans  l'urèthre  à  des  époques  diverses,  et  que,  par  suite  de  frottements 
répétés,  leurs  facettes  se  sont  adaptées. 

La  pUimiction  et  le  trichiasis  des  voies  urimires  ont  été  l'objet  d'un 
travail  d'ensemble  que  Rayer  publia  en  1850  dans  les  bulletins  de  la 
Société  de  biologie.  Il  crut,  comme  ses  prédécesseurs,  devoir  admettre 
deux  sortes  de  cas  se  rattachant  les  uns  à  la  pilimiciion  proprement 
dite  les  autres  au  trichiasis  simple  :ou  essentiel  des  voies  urinaires.  Le 
iriohiasis  est  constitué  par  des  poils  nés  sur  la  muqueuse  urinaire, 
la  pilimiçtion  est  symptômatique  d'un  kyste  fœtal  ouvert  dans  la  ves- 
sie. M.  Broca  vous  a  fait  connaître  un  cas  fort  intéressant  dans  le- 
quel Tex^men  à  l'aide  du  microscope  des  parties  expulsées  a  servi  à 
déterminer  d'une  façon  très-nette  qu'il  s'agissait  bien  d'un  cas  de 


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—  541  ~ 

pilimiciion  alors  qu'il  eût  été  possible  d'admettre  l'existence  d'un 
simple  trichiasis;  nous  devons  reconnaître  avec  notre  collègue 
que  s'il  n'y  a  aucune  raison  pour  nier  à  priori  la  possibilité  d*une 
production  de  poils  par  la  muqueuse  urinaire,  en  fait  les  preuves  de 
cette  possibilité  font  complètement  défaut  jusqu'à  ce  jour. 

MM.  Liégeois  et  Boinet  ont  lu  devant  vous  deux  observations  d'ovario^ 
tomies  terminées  par  la  guérison.  Ce  dernier  nous  a  exposé  avec  détails 
plusieurs  modifications  heureuses  qu'il  a  fait  subir  à  quelques  temps  de 
cette  opération  et  vous  a  communiqué  sa  statistique  personnelle.  Les 
résultats  que  notre  confrère  a  obtenus  sont  dignes  de  fixer  votre 
attention  et  d'encourager  les  chirurgiens  à  entrer  dans  une  voie  utile 
et  trop  délaissée  jusqu'à  ce  jour  dans  notre  pays. 

M.  Guyon  nous  a  présenté  un  malade  à  qui  il  a  pratiqué  me  am- 
putationsus-malléolaire  par  un  procède  nouveau. 

Ce  procédé  a  essentiellement  pour  but  de  supprimer  complètement 
le  lambeau  antérieur  dont  M.  Guyon  a  eu  l'occasion  de  constater  la 
défectuosité,  de  prendre  à  la  partie  postérieure  du  membre  le  plus 
possible  de  parties  molles,  enfin  de  rester  dans  les  limites  de  l'opéra- 
tion sus-malléolaire.  Le  lambeau  postérieur,  taillé  d'après  le  pro- 
cédé de  M. Guyon,  contient  dans  son  épaisseur  tout  le  tendon  d'Achille, 
dont  la  gaine  n'est  pas  ouverte,  et  les  tendons  deâ  muscles  de  la  ré- 
gion postérieure^  dont  les  gaines  sont  intactes  jusqu'au  point  de  la 
section  inférieure;  l'artère  tibiale  y  est  également  comprise  dans  sa 
gaine.  Ce  procédé,  mis  une  fois  en  pratique  avec  succès  par  notre 
collègue,  mérite,   messieurs,  de  fixer  sérieusement  notre  attention. 

Je  termine  en  signalant  les  instruments  que  nous  a  montrés  M.  Du- 
play,  et  qui  sont  destinés  à  régulariser  les  opérations  exécutées  dans 
Vintérieur  des  fosses  nasales.  Notre  confrère  a  fait  construire  un  spé- 
culum qui  permet  de  bien  éclairer  Tintérieur  de  ces  cavités,  et  des 
pinces  à  polypes  qui  ont  quelques  avantages  évidents  sur  les  instru- 
ments analogues  que  nous  avions  jusqu'à  ce  jour  à  notre  disposition. 

Vous  le  voyez,  messieurs,  j'avais  raison  de  vous  le  dire,  l'acti- 
vité n'a  pas  été  bannie  de  nos  séances.  Anciens  etjiouveaux,  les 
membres  de  notre  Société  ont  montré  qu'ils  avaient  une  grande 
ardeur  pour  la  science;  nous  devons  plus  particulièrement  des 
remerdments  à  ceux  de  nos  anciens  qui  veulent  bien  ne  pas  déserter 
nos  réunions  et  ,iio\is  faire  profiter  de  leur  expérience  déjà  longue. 


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—  542  — 

,  Permettez-mei,  en  terminant,  de  vous  remercier  de  la  grande  bien- 
veillance que  vous  m'avez  tous  montrée  et  qui  a  rendu  ma  tâche  si 
facile. 


ALLOCUTION  DE  M.  LE  PRÉSIDENT  LEGOUEST. 


J'ai  le  devoir  de  vous  fdire  le  compte  rendu  moral  et  administratif 
des  actes  de  la  Société  de  ciiirurgie  pour  l'année  486S. 

Si  la  prospérité  des  Sociétés  savantes  se  mesurait  à  la  prospérité 
de  leurs  finances,  la  Société  de  chirurgie  n'aurait  que  des  félicitations 
à  s'adresser.  En  effet,  elle  ferme  Fexercice  budgétaire  de  Tannée  qui 
vient  de  s*écouler  sur  un  excédant  de  recette  de  2,000  francs .  Cest 
aux  modifications  introduites  dans  nos  statuts,  c'est  aux  soins  appor- 
tés par  notre  trésorier  à  leur  exécution  que  nous  devons  cette  petite 
fortune  à  l'emploi  de  laquelle  le  nouveau  bureau  devra  aviser.  Je  crois 
être  l'interprète  bien  inspiré  de  la  Société  tout  entière  en  priant 
M.  Houêl  de  vouloir  bien  accepter  nos  remerclments  du  zèle  et  du 
dévouement  avec  lesquels  il  a  rempli,  pendant  quatorze  ans,  la  tâche 
délicate  de  trésorier.  Il  mettra,  nous  l'espérons,  les  conseilâ  de  son 
expérience  au  service  de  son  successeur,  et  tiendra  ainsi  à  bien  mé* 
ritei  encore  de  la  Société  de  chirurgie. 

Pour  la  première  fois,  messieurs,  votre  président  ne  vous  annoncera 
pas,  dans  cette  réunion,  la  publication  de  vos  travaux.  Ni  nos  mé- 
moires, ni  notre  bulletin  n'ont  paru.  Le  Comité  de  publication,  pas 
plus  que  vos  secrétaires  ne  sont  responsables  de  cette  lacune,  due 
à  la  grève  des  ouvriers  imprimeurs. 

Pour  la  première  fois  aussi,  le  rapport  sUr  les  thèses  envoyées  au 
concours  du  prix  Duval  ne  vous  sera  pas  présenté  :  une  indisposiiioa 
n'a  pas  permis  au  rapporteur  de  la  commission  d'achever  sou  travail 
en  temps  utile  et  nous  prive  d'une  des  plus  douces  satisfactions  de 
cette  journée,  celle  de  réi^ompenser  le  mérite.  Dans  quelques  jours,  je 
l'espère,  cette  omission  sera  reparée. 

Un  mouvement  notable  a  eu  lieu  dans  le  personnel  de  la  Société  pen- 
dant le  cours  de  l'année  dernière  :  nous  avons  eu  le  regret  de  perdre 
un  de  nos  membres  honoraires,  M.  le  professeur  Jarjavay,  inopiné- 
ment enlevé  à  la  science,  à  la  pratique  et  à  ses  amis  ;  et  quatre  mem- 
bres correspondants  nationaux,  MM.  Gfot-Bey,  Ange  Duval,  Loiret 
Tfaore;  deux  membres  tiiuiaires,  MM.  Cullerier  et  VoiUemier  ont  de- 


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—  543  — 

mandé  et  obtenu  Thonorariat;  enfin,  une  jeune  phalange  que  je  salue, 
MM.  Guéniot,  Sée,  CruTeilhier,  Duplay  et  Paulet,  a  pris  place  parui 
nous  et  a  déjà  payé  à  la  Société  un  large  tribut  scientifique. 

J'ai  la  satisfaction  de  vous  annoncer  que  le  catalogue  de  notre  bi- 
bliothèque, sous  l'active  impulsion  de  notre  bibliothécaire-archiviste, 
touche  à  son  terme,  et  que  l'acte  de  la  donation  faite  à  la  Société  par 
la  veuve  de  notre  regretté  collègue  Laborie  est  à  la  veille  de  nous  re- 
venii'  du  Conseil  d'État.  Dès  aujourd  hui,  nous  pouvons  donc  mettre 
au  concours  pour  la  séance  annuelle  de  1870  le  prix  Edouard  Labo- 
rie,  dont  la  valeur  est  de  1,200  francs. 

Vous  savez,  messieurs,  que  la  volonté  de  la  donatrice  est  que  le 
prix  Edouard  Laborie  soit  donné  annuellement  au  meilleur  mémoire 
de  chirurgie  présenté  à  la  Société  dans  Tannée  courante,  mais  que 
néanmoins,  tous  les  six  ans,  le  sujet  du  mémoire  serait  donné  par  la 
Société  et  choisi  parmi  ceux  dont  le  docteur  Laborie  s'est  particu- 
lièrement occupé. 

Le  bureau  a  pensé  que  pour  rendre  hommage  à  la  mémoire  de 
notre  collègue  autant  qu'à  la  générosité  de  sa  veuve,  il  convenait 
d'appliquer  cette  clause  au  premier  concours  du  prix  Edouard  Labo- 
rie et  il  propose  la  question  suivante  :  Déterminer  par  des  recherches 
cliniques  la  valeur  de  l'amputation  sus-malléolaire  aux  divers  points 
de  vue  :  1°  de  la  mortalité  consécutive  à  cette  opération;  2«  des  pro- 
cédés opératoires  ;  3<>  de  l'utilité  des  moignons  dans  la  marche  ;  4®  des 
moyens  prothétiques  que  comportent  ces  derniers. 

A  la  veille  de  quitter  le  fauteuil  que  j'occupe  depuis  deux  ans,  le 
bureau  auquel  j'appartiens  depuis  prèa  de  sept  aus,  je  remercie  la 
Société  de  la  bienveillance  qu'elle  m'a  témoignée  ;  je  ne  crois  pas  pou- 
voir lui  donner  un  meilleur  gage  de  ma  reconnaissance  qu'en  m' asso- 
ciant plus  intimement  encore  à  ses  travaux. 


FIN. 


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TABLE 

ALPHABÉTIQUE  ET  ANALYTIQUE 

DES    MATIÈRES 

RÉDIGÉE    PAR    LE     SBGRBTAIRE    ANNUEL 


Amputation  sus-malléolaire  au  lieu  d'éleclJon,  84. 

—  à  la  partie  moyenne  par  ur  procédé  noiitveaut  33i. 
-^         spontanée  de  la  jambe,  2. 

Ànéorisme,  aorte  ascendante  galvano^puncture,  359. 

—  carotide  primitive  droite,  compression  digitalût  gaérisoa,  478, 483. 

—  carotide  primitive,  269. 

Appareil  ^  extension  pour  le  membre  inférieur,  497,  505. 

Astragale,  luxation,  2. 

Autoplastie  de  la  face,  140. 

^Appareil  pour  éyacuer  et  injecter  les  collections  d^  cavKés  séreuses,  521 

•^       discussion,  523. 
jéUocttltofi  du  président,  542. 


Bassin  (Luxation  du),  128. 

Biceps j  luxation  du  tendon  de  la  longue  portion,  116. 

£ec-d0-ltéure,  présentation,  110. 

—  discussion,  112. 

—  procédés  opératoires,  HT. 


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-^  546 


Cakul  vé&ica),  183,  5i. 

—  discussion,  56. 

.    —     de  rurèlbre,  50. 

—  rendu  par  le  périnée,  73, 
Cancer  du  testicule,  115. 
Cristallin,  luxation  spoiitauée,  347. 
Commission  pourTexameu  des  archives,  51  î. 
Coa^resseur  artériel,  399. 

Corps  étrangers  de  Toreille,  181. 

—  dUcussion,  185. 

—  nbreox  utérins:  observations  ttt  discussions,  213,  217,  229,  282,  292, 

312,  330,  492,  494.  503,  513 
Coxalgie  suppurée,  résectiofi,  352. 

~       discussion,  355,  385,  390,  402. 
Crâne,  fracture,  90. 

->     discussion,  94. 
Compte-rendu  des  travaux  de  la  Société  de  chirurgie  pendant  l'année  1808, 5i6. 


Déchirure  centrale  du  périnée  chei  une  primipare,  75. 

—  discussion,  78. 

Décor tication  de  rbematocèle,  139. 

— ^         discussion,  145. 
Demande  d'ordre  du  jour,  9. 
Dentition  prématurée,  185. 

—  Elimination  spontanée  des  deux  incisives  siipér  cures,  176. 
Division  des  os  longs  par  tes  instrxi^icnts  trancbànis,  512. 


Élection  d'un  membre  titulaire,  16,  273. 

—  d*un  comité  de  publication,  17. 

—  d'une  commission  te  congés,  37. 

pour  le  renouvellement  du  bureau  et.  la  nomination  des  commis- 
sions, 510. 
Enchondrome  parotide,  217, 199. 

~  •-       des  deux  maxillaires  supéi'i.iurs,  181. 


Fibrome  calcifié  du  maxillaire  inférieur,  208. 
Fistules  vésico-vaginales  incurables,  504, 


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—  -547  '— 

Pracim-es,  baissio,  :25. 
-^         crâne,  90. 

—  discussion,  92. 

—  col  du  fémur  chez  une  centenaire,  493. 

—  rotule  avec  plaie  pénétrante  du  ^euou,  21,  167. 

—  du  pubis  par  contraction  musculaire,  326. 


GUmdes  suJohpares  (Tumeur  hypeitrophique  des),  49. 
Gangrène  spontanée  des  extrémités,  87. 


H 

Hématocèle  vaginale,  présentation  de  pièces,  139. 

—         discussion,  145. 
Hémorrhagie  d'une  artère  intercostale,  97. 

—  discussion,  100. 

Hydatide  du  rein  rendue  par  l'urèthre,  281,"^ 
Hypertrophie  des  cartilages  d'ossification,  50. 

—  de  la  mamf  lie,  34Î. 

I 

/«jecWo»  jodo-taniiique  dans  les  veines,  136. 


J 


Jambe  (Voyez  Amputation). 
—     artificielle,  présentation,  66. 


Liffome  de  la  main  simulant  un  kyste  synovial,  173. 

—     discussion,  175^ 
Liqueur  de  Vjllate,  injection,  mor»,  186. 
Luxation  de  Tastragale,  2. 

—  du  bassin,  128. 

—  discussion,  133. 

—  coxo-fémorale,  260. 

—  de  la  sixième  vertèbre  cervicale,  202. 

—  ne  la  septième  vertèbre  cervicale,  20. 

—  du  poig^e^,  206. 

M 

Maxillaire  inférieur  (Voyez  Résection). 


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—  548  — 

Maxillaire  supérieur  et  inférieur  :  affection  singulière  des  arcades  alvéoio* 
dentaires^  162. 


jf-,;  Nomination  d'un  membre  honoraire,  t7. 

^ii"  —        d'une  commission  permanente  de  statistique  chirurgicale,  SO. 

!#■-  iVer^»,  lésion  trauraatiaue,  108. 

^;>.  '  ■  D         .  . 

'V       «  Odontome  radicnlaire  cémentaire,  69. 

Œsthésiomètre,  S. 
■^^■'       OpAt^almoIo^te,  présentation  de  dessins,  383^. 

Ossification  irido-papillaire,  4t7. 

Ovortotomie,  369,  404. 


Périnée,  perforation  centrale  dans  IWcouvbeoHînt,  :â85. 
T^ilimiction  (Voyez  Tric/ktoais  des^oics  urinatres). 
Ptotd  non  pénétrante  du  cœur,  118. 

—  discussion,  124. 

Polype  utérin  enlevé  par  récrascnr,  492. 

—  de  la  vessie,  9. 
Présentation  dMnstruments,  43. 

Prix  Laborie  (lettre  de  création),  184. 


Bapport  sur  un  mémoire  de  Paule^    sur  les  affections   chirurgicales  «Icn 
nerfs,  103. 

—  sur  la  division  des  os  longs  par  leslnstroiuents  tranchants,  520. 

—  de  la  commission  des  ni^mires  correspoHdaut^  nationaux  et  élritt^ 

gers,  525. 
Régime  des  malades  dans  les  hôpitaux,  17. 
Résection  du  maxillaire  inférieur  pour  une  tumoui»^  ûbreuso,  23. 
•—       discu-sion,  31 . 

—  de  la  hanche,  29â.   - 

—  radio-carpienne,  9. 

~       dans  les  cas  de  fractures  ajrUculaires, 
Rhinoplastiey  340. 
Rupture  centrale  du  périnée,  108. 

s 
Sarcome  ossifiant  du  maxillaire  inférieur,  419. 


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.      -  549  — 

Staphylome  p^llucide  de  la  cornée,  4i* 
Statistique  de3  hôpitaux,  discussion,  45,  51. 
Syphilis,  traitement,  241 . 


Tépan^  opportunité,  79. 
TricMasis  des  voies  arinaires,  260. 
Tumeur  adénoïde  dn  sein,  présentation,  38k 

—  cornée  de  la  paupière  supérieure,  510. 

—  hypertrophiiue  des  glandes  sudoripares, 

—  à  myéloplaxe,     . 

—  sarcomateuse  onkystée,  307. 

—  muUiplts  de  la  tace,  257. 


Urëthrotomie,  présentation,  33. 


FIN  DE  LA  TABLB  DES   MATIÈRES 


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1 


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TABLE   DES  AUTEURS 


AutiÉ,  102. 


Baixeai],  168. 
Blot,  78. 


BOINET,  404. 

Broca, 45,  47,50, 113, 147,260,  503 


Chassaignac,  2,  37,  51,  55,  101.        1   CimsELLi,269,  359. 
CllENNEVIER,  347  I    COLSON  ((Jc  Novoii),  510. 


Demarqitay,  32,  83,  49,97, 109,  111, 

114,  183,  208,  281. 
Depaul.  52,  75,  213, 312,  3^10. 
désormeavx,  436. 


D£SPRëz,'17,  46,  241,  253,  520. 
DoLBE^u,  128,  167. 
DuMESNiL  (de  Rouen),  491. 
DOPLAY,  22,  446. 


FoRGET,  31,  40,229. 


GiRALDÈs,  47,  56,  57. 113,  184. 
Graefe,  382, 
GuÉNiOT,  176,  292. 


Gdérin,  36,  40i 

Guersant,  9. 

GoTON,  84,  205,217,  326,3.^4. 


Heknequin,  497. 
Hervez  de  ("hecoin,  251 . 


Horel,.  115. 


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—  552  — 


Labbé,  40, 162,  527. 
Labret,  40,  45,  54,  100. 
Le  Fort,   38,  46,  48,  53,  66,  84, 
85, 109,  181,  381,  505. 


Lecolëst,  109,  542. 
Letenneur,  69. 
Liégeois^  3, 23,  39. 


Marjoun,  %  46,  53,  54, 57,  87,  182.  1   Meyer,  4i. 
222,  307,  342,  390.  I   Hiraolt  (d*Angers),  3i0. 


NOTTA,  186. 


Pablet,  103,  478. 
Perr»,  37. 


Prestat  (de    Ponloisi'),   282,    492^ 
493. 


Rouge  (de  Lauzanne),  483. 


SiuoM  (de  Heidelbcrg),  504. 
SiSTACH,  455,  466. 


Stoix, 


Tardieu,  43. 

Thomas,  51^. 

TiLLABx,   79,    85,   103,    118,   161, 


196,     202,     266,     423,     440 
Trélat,  37,  47,  53. 


Vanzetti,  14. 


I  Verseuil,  9,  34,  40, 


9,  461 


468,521. 


I>AKIS.  -^    IMPRIMERIE   L.   POUPART-DAYYL,    RUE  OU   BAC,  M 


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