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No
Boston
Médical Library
Association,
19 BOYLSTON PLACE,
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1
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7
BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ
IMPERIALE
DE CHIRURGIE
DE PARIS
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SOCIÉTÉ IMPÉRIALE DE CHIRURGIE
COMPOSITION DU BUREAU PBNDANT l'aNNKB 1868
Président MM. Lbgouëst.
Vice- Président Ybrneuil.
Secrétaire généi'al U. Tbblat.
. Secrétaire annuel Léon Labbe.
Vice-Secrétaire Léon Lkfort.
Archiviste Liégeois.
Trésorier Houbl.
PARIS.— IMP. L. POUPARr-DAVYL, RUE DU BA , 3o.
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BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ
IMPÉRIALE
DE CHIRURGIE
DE PARIS
PENDANT L'ANNÉE 1868
2« SÉRIE
TOME NEUVIÈME
x;.., -^'■■-■;-.:V
PARIS
VICTOR MASSON ET FILS
PLACE DE L'tCOLB OE IIÉDECrRK
1869
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C\TALOGUEO.
e: h. b.
'jM-^
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V^ BU]jMT;j;^SlâyS6^ÉTÉ
.•'^ \ /
DE GHÏlrURGIE
DE PARIS
SÉANTE RUE DE L'ABBAYE
SÉANCE Dlî 5 FÉVBIBB 1868
Présidenee de H. LÈGOUEST
La séance est ouverte à trois heures et demie.
CORRESPONDANCE.
La correspondance comprend : ^
— Les journaux de la semaine et du mois.
— Des lettres de remerciement de MM. deGraefe (de Berlin), Pem-
berton (de Birmingham), Mazzoni (de Rome), et Sarrazin (de Stras-
bourg). , „
— Une lettre de M. Gullerier, membre titulaire, qui demande à être
nommé honoraire.
— Une série de douze brochures, sur différents sujets de chirurgie,
adressées par M. Mazzoni, correspondant étranger.
— M. Billroth, correspondant étranger, adresse à la Société un
exemplaire de la traduction française de son livre : Éléments de patho-
logie chirtargicale générale.
INSTALLAT^N DU BUREAU.
. M. Legoubst monte au fauteuil de la présidence, et invite M. Trélat,
seerétaire général, et M. Léon Labbé, sectétai^e annuel, à prendre
leur place au bureau.
î« série, — tome ix. 1
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Lumatioiia M» Vmmt^m^mJe (suite).
W* Gf AssAïQfïiM;. A r^ccaiitoti ie 1b iconmuniciAoïi |Eiite par
M. A, G»érîft daol r^vant-denaière léance, il a été question d'»n cas
de luxation que j'avais observé et auquel j'ai.donné le nom de luœaiim
souS'Scaphoîdierme dd raslragalf.
Le blessé avait fait une chute d*un cinquième étage. L'astragale du
côté gauche fut écrasé; celui du pied droit avait rompu le ligament
qui unit le calcanéum au scaphoïde et était venu faire saillie à la
plante du pied, puis, le scaphoïde entraînant avec lui le premier
cunéiforme et le premier métatarsien, s'était plaeé sur la tête de l'as-
tragale.
11 n'existait aucune'déviation du pied, ce qui s'expliquait par l'exis-
tence des déplacements suivants : le iroisième cunéiforme était venu
se loger au-dessous de l'astragale, et les deux métatarsiens et une
partie du cuboïde fracturé af aiebt été repoussés en arrière et en bas.
M. Lefort. Je pense que l'appellation de luxation sous-scaphoï-
dienne de l'astragale, donnée par M. Chassaignac au déplacement
dont il vient de nous «aitretenir, n'est pAS justifiée» Si l'oas'en tient à
l'usage. généralement adopté^ de considérer comme l'os luxé eelui qui
est le plus éloigné du tronc, on doU plutôt désigner cette lésion sous
le nom de luxation du scaphoïde et de» iroi$ d€mier$ métatarsiens sur
l'astragale. Cette manière de voir me parait d'autant plus fondée que
l'astragale a, daasce cas, cooserTéses rapports avec la mortaise tibîo-
f)éronière.
M» Chassaignac. La règ4e générale dans la classification des luxa-
tions est en effet de tenir pour Itixée la partie la plus élo^née du
corps, mais j'estime que, dans ce cas particulier, il doit y avoir déro-
gation à cette règle. On dép^t rnieuK le fait, en disant que Tastra-
gale est luxé; et d'ailleurs oetos a subi un véritable déplacement par
rapporta la mortaise libio-péroiiière,^iAsi qu'on peut le constater sur
la pièee que j< mets sous vos jtux.
PRéSE7rrATI0N|I>E MALADE.
AL MAmoi^ présmite iiii eolant qui offre ua cas iutéressast d'am-
putation cutanés de le j«»be gmaii^^ à l'union da tiers supérieur
avec le tiers inférieur.
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3— ^
COKHONfCàTIOlK.
De la dElstliietioii des dlTerses sensatlonii taetfles ft Tald*
d'un œstliésiomélre ttouTeaa.
M. L'BSGSois. La sujet dont je me pr&poss d^atrêtenir laSèfeiétéést
piolet «fl sojet de ^ysiologie que de dibnrgie, toettefbis j'espète
qu'il s'y attadie on iniènèt pratique, et c'est à ce litre gorSefit qne je
désire appder sur lui rattèntioo. Petutamt longtemps <m a pensé que
les éîTerses sensations conséenflyes aui impressions sur ta pean s#
refîaioit à une seule et mtoe maraère- de sentir, laqnefle pourai t
être modifiée par la nature ou le mode d'application dé Kagmt impreS''
sionnaMe. Darwin le premier, en l&iO» isola la sensafion de tempe-'
rature d^ autres, se reposant snr Fofysenration qn'fl.atait ftàte d'an
mâkde qui ne poaymt pins perceToir les^ iÈapressions ciiaudes e»^
froides, tandis que les impressions de contact, de donlevr, étaient
appréciées exactement. En î83«. Beau fil une distinclion entre ia sen-
.sa:tion de doufeur et ce41e de: contact. K avait été frappé de voir éken
•certains sujets l'insensilnfité complète §la douleur, faa[iéis-q«e la seiv-^
sibillté de contact persrataii. Mais Beau*, n^ayant jamo^» constaté
l'état îffverse, c'est-à-dfire la disparrfion de la sens^ifité de contaeet
^ef&s la eonsenration de M seosâri^ifeé doutourettse, B^ff ne regarda
O0S deux sensibilités que comme deB:t degrés dISêrenfs d'urne méttfe
sensièilité. En 1890, Eandrj publia dans les Afchk^ êe médeme un
tl^aTaU, dans lequel il cherdia à établir que les sensations de contact;
'â» dottletnr, de températore, sont neUen^nt distinctes les unes des
antres. Les observations cliniques qui lui (mt suggéré cette opinion
sont rangées dans son trs^ait en cinq Wégories;. Dans la premiève,
les sensations de co»laet sont aitér^s, tandis que le» sensnti^vns
douloureuses n*onf subi aiieune modification dluas les mêmes point» ;
dans la seconde, ks' sensations de douieur sont altérées, celîes de
contact restant normales; dans fi» troisième, teff seimsations tactîk» et
les sensation» dëufonrenses sont altérées en mâne tismps et ém^ tes;
mêmes points d'une manS^ différente; disns là qmtrième, leffsen»ah
tiott de température ont été conservées intégralement^ qsrete qttfaient
été le mtode et le degré d'altérstion des sea^âoits de eontlsEet m ie
^Milenr ; ds»i8 la cinquième, les sensations àe^ t&mpérafttre &Êi é«é
iperciiKS, les antres sensftlâons étaât conservées. — Dtans sose ouvrs^
sur tes paralysies, pobRé en #859, Landry fait m» pas d^ plus et
aEteeC que ee» trom senssrtîons sont desserves? par dteshâliHs nerv^iN
My eff p«r cenBéqwBnt onf uat siège distinct ém» Im eenCM»
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— 4 —
Vnerveux. Cette opinion a été corroborée depuis par les travaux de
MM. Schiff et Brown-Sequart, qui ont démontré, chez les animauc,
que certainfes lésions pratiquées sur la moelle pouvaient faire dispa-
raître une ou deux de ces sensations à l'exclusion de Taulre ou des
deux autres.
Mais jusqu'ici aucune expérience, ayant poqr but d'établir cette
distinction entre les diverses sensations tactiles, n'a été faite en agis-
sant directement sur la peau et chez des sujets sains, c'est-à-dire
placés dans des conditions physiologiques^ 11 m-a semblé que le
moyen découvert par Weber pour connaître les différences d'intensité
de la sensibilité au contact dans diverses régions du corps, pouvait
être employé dans ce genre de recherches. Ce moyen consiste, comme
chacun le sait, à chercher avec un compas l'écartement qu'il faut don-
ner à ces deux pointes appliquées sur la peau pour obtenir deux
impressions distinctes; il a reconnu ainsi que l'écartement devait être
d'autant moindre que la sensibilité au contact était plus développée;
ainsi l'écartement devait être moins considérable à la pointe de la
langue qu'à la pulpe des doigts, à la pulpe des doigts qu'à la paume
de la main, à la paume de la main qu'à l'avant bras» à Favant-bras
qu'à l'abdomen, à Tabdomen que dans le^dos» etc.
L'instrument que j'ai fait faire à M. Mathieu est le suivant :
Il se compose de deux prismes triangulaires en métal, creux, doot
deux côtés se réunissent à angles droits; la hauteur de ces prisnâes
est de 20 centimètres environ. Leur base présente une ouverture qui
peut être fermée par un couvercle glissant horizontalement autour
d'un pivot placé près des bordsl Celte ouverture est suffisamment
grande pour qu'on puisse facilement y faire passer de l'eau, de la
glace piïée et au besoin J'extrémité renflée d'un petit thermomètre.
Chacun de ces prismes porte perpendiculairement à un de ses côtés
une tige métallique longue de 90 centimètres. L'une est pleine et
graduée en centimètres et en millimèlrcs, .l'autre est creuse : la
secondé est destinée à recevoir la première, de telle sorte que l'on
peut ainsi rapprocher et écarter à voloaté les deux prismes l'un de
l'autre et lire sur la tige graduée leur degré d'écartemeut. Enfin les
deux prismes sont traversés de la base au sommet par un conduit
creusé dans l'épaisseur de la paroi, et qui permet d'introduire dan^
son intérieur une épingle de forme ordinaire» mais calibrée sur ce
conduit et plus longue que lui. L'^ingle peut être tournée vers le
sommet de l'instrument par sa pointe et par sa tète.
.. Si^ avec cet aesthésiomètre on cherche à connaître le degré d'écarte-
meut nécessaire pour obtenir une double impression) en présentant
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_5 -.
SBeceesivement à une partie donnée de la peau les deux pointes de
l'épingle, les deux tètes ou les. sommets des prismes débarrassés des*
épingles et contenant de Teau ehaude, on constate que eet écartement
doit varier dans chacun de ces cas, et qu'en règle générale, pour arri-
ver à -obtenir une double sensation, il faut un écartement plus consï-
dérabjp qu^md on expérimente avec les deux tètes de Tépingle que'
quand on expérimente avec les deux pointes ; plus considérable quand
on expérimente avec les sommets des prismes dont la température a
été élevée par Teau contenue dans leur intérieur que dans les deux
autres cas.
Mes expériences ont porté sur toutes les parties de la surface cuta-
née, m^is plus spécialement sur la peau de Favant-bras et de la main ;
je ne parlerai que de ces dernières^ J'ai d'abord cherché à déterminer
les limites de ce que j'appellerai les zones de sensibilité : les espaces
dont la limite correspond à l'écartement qu*il faut donner à l'instru-
ment pour obtenir une sensation unique, par j*apport à un point cen-
tral. Je n'emploie, du reste, cette expression que pour la facilité du
langage, ne rattachant à elle aucune idée de distribution nerveuse.
 la face antérieure de la partie supérieure de Tavant-bras, j'ai
fait partir d'un point vingt rayons également distants les uns de^
autres, et j'ai cherché pour chaque rayon le degré d'écartement néces-
saire pour avoir deux impressions : d'abord au contact, puis à la
douleur, dfhile à la température; j'ai par conséquent dû faire
soixante expériences sur ces vingt rayons. Puis, rapportant sur le
papier les distances correspondantes aux divers écarlements, sur
vingt rayons équidistants et tirés d'un même centre, j'ai joint par
une ligne droite chaque point appartenant à une même sensibilité.'
y ai obtenu ainsi les limites de mes trois zones. Il est facile de voir
sur la figure que je. présente à la Société que ces trois zones, dont les
les bords sont indiqués par des traits de teintes différentes, ne sont
pas régulièrement placées l'une par rapport à l'autre; la zone de sen-
sibilité à la température est la plus extérieure, mais elle est traversée
en deux points par la zone de la sensibilitéau contact, en deux points
par la zone de la sensibilité à la douleur. La zone de la sensibilité
au contact est intermédiaire aux deux autres; elle est traversée en
quatre points par la zone de. la sensibilité douloureuse; enfin cette
dernière est la plus centrale : elle traverse et est traversée par les
deux autres en plusieurs endroits. Dans mes expériences sur le reste
de Favant-bras, sur le poignet, la main et les doigts, pour chaque
point que j*ai étudié, je .n'ai tiré que quatre rayons, deux parallèles
à l'un des membres et deux perpendiculaires, et j'ai circonscrit mes
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z6ties en joigûaat les points qui correspondaient à ebaque seasfbiiHè
spéciale par des li^es courbes. Le dessin qae Je présente montre
d^une façon très'-nette : i* Que les trois zones se rapetissent au for
et à mesure que l'on arrive vers Textrémîté des doigts ; 2* qn'elISiB
sont plus étendues sur la face postérieure du poignet que sur la face
antérieure; sur la face dorsale de la main que sur la face palmaire;
sur les parties latérales de la paume de la main que dans la partie
centrale ; 3» en6n, que' ces zdnes tendent à empiéter les unes sur les
autres d'autant plus qu'on se rapproi^be de la pulpe des doigts, aussi
la zone de sensibilité à la température, qui est périphérique au poi-
gnet, à Favant-bras et à la partie supérieure do la main, devient cen-
à la face antérieure de tous les doigts.
Je ne puis maintenant passer sous silence les difficultés inhérentes
à Tapplication de ce procédé. Pour mesurer le degré de sensibilité
à la douleur, et au contact, il n'existe pas, à proprement parler, de
difficulté. Sur plus de cinquante individus sur lesquels j'ai expéri-
menté, je n'en ai trouvé qu'un seul chez lequel'il me fut impossible
de circonscrire ces zones de sensibilité; ce sujet ne pouvait discerner
exactement Tinstant oh la sensation devenait double. Tous les autres
m'ont indiqué nettement, non pas toujours du premier coup, mais
toujours après^ quelques essais, Fintensité qui correspondait à la
duplicité des inopressions, et chez tous i'écartement ét^ variable
pour la sensibilité de contact et la sensibilité donloureuse^ans l'im-
mense majorité des cas,- I'écartement était plus considérable pour la
première que pour la seconde. 11 est bon cependant, quand l'expé-
rience est faite sur d'autres personnes que sur soi-même, d'écarter
'd'abord les deux prismes d'une façon notable, de manière à ce que le
sujet perçoive bien nettement deux impressions distinctes. 11 est alors
plus à même de constater la limite de l'impression.
Mais les recherches sur la sensation de température présentent plus
de difficultés. Nous ^vons, en eGTet, que nous ne jugeons la tempéra-
ture des corps extérieurs que par rapport à la nôtre; un corps ne
nous parait chaud ou froid que parce que sa température est phis
basse ou plus élevée par rapport à celle de notre peau. Or, pour
mesurer, avec Tinstrument dont nous nous servons, le développe*
ment de la sensibilité à la température, îl est nécessaire que l'instru-
ment soit chauffé à un degré qui produit la brûlure, ou très voisin de
celui-ci; même alors, l'instrument se refroidit vite et ne fournit plu»
que la notion de contact, de telle sorte que l'on est forcé de réchauffer
Peau contenue dans les prismes une série de fols pour obtenir on
résultat positif. Four gagner du temps, il nous a para plos tâmçAe
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de pspéaeni^ à use hxû^ Teitr^Ué des {»ismes ayant de les appli-
quer sur la peau; maiB alors, les brûlures sont plus diffîciles à ériter
*que préeédeauneut, vu qu'cm m peui calculer ici la quaotité de calo-
rique que Ton écM[i}maQique à riastrumeut. Ceçt là un iacoûvéDieot
qui, toutefois, affecte l'expérimeatateur, mais non le procédé.
II. rassort, eu effet, des aoiabreases. tentatives de ee geure que j'ai
faites, que le degré d'écar^ment nécessaire pour avoir une double
impression est le même, que rinslrunient soit cbaufiTé au point de
procurer une sensation pénible de brûlure, ou quUl soit chauffé de
manière à procurer une »niple s^usation de température» C'est Ih
une observation importante, car elle me paraît prouver que la sensa-
tion de brûlure, quoique afiéctant désagréablement Téconomie, comme
la sepsation douloareuse, . se rattache réellement à la sensation de
température, et est, en quelque sorte, une modalité de celTe^d.
Un procédé pbis simple et plus innocent consiste à remplir les
prismes de glacç ou d'un mélange réfrigérant avant de les appliquer
«ur la peau ; comme le froid et le chaud sont pour Torganisme un, seul
et même excitant, le résultat est le même, que l'on se serve de l'un
ou de l'auti'e agent. s '
Ces expéri^ces me paraissent corroborer les idées des auteurs qui
admettent des sensations taetUes esssentiellement différentes les unes
des autres, et dessei^vies par> des cellules nerveuses, distinctes, au
point de vue du rôle qu'elles ont à remplir dans les ékborations
sensorielles. Si, en effet, les impressions de contact, de douleur, de
température étaient perçues par les mêmes cellules, on ne compren-
drait pas qu'il faille donner à rœslhésiomètre des écartennents tou-
jours Yariables,>pour avoir double seiisation de chacune de ce^
impressions.
Arrivons aux applications que l'on peut faire de ces recherches h la
chirurgie et à la médecine. Très-souvent le chirurgien se trouve en
^ dc»n«ire de constater la diminution de la sensibilité cutanée chez des
sujets dont une partie du système nerveux central ou périphérique
a été atteinte par le traumatisme. Habituellement on se contente de
pincer la région paralysée, pour s'assurer de l'état de la sensibilité,
on de passer un corps mousse à sa surface, ou de brûler. Mais il est
bien évident (çae les renseignements que donnent les malades sur
i'itttmisité des sensations qu'ils éprouvent lors de cette exploration ne
peuvent être i)our le chirurgien que fort imparfaits, et d'une bien
moindre valeur que ceux que fournirait on instraisaent gradué, du
genre de celui que je présente ici. Par ce moyen, le&mots: « Je s^s
l^eu^beaueoup, assez ^ moins que du eôié opposé, » seront aya&ta§eiiae-
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— s —
ment remplacés par des chiffres, qui pourront être comparés entré eux
à des époques différentes et qui pourront renseigner sur le retour ou
la disparition graduelle des diverses sensibilités. Jeii*ai eu l'oocadion
de faire une exploration de ce genre qu'une seule fois, chez une
malade de M.' Richet qui, dans ces derniers temps, a fait tant de
bruit, et cela à juste raison. Cette malade avait eu le nerf radial
complètement coupé à la partie inférieure de Tavant-bras, et malgré
cette lésion la sensibilité persista, mais à un moindre degré, dans les
parties innervées par les branches terminales de ce tronc; la peau
qui correspond à la pulpîe de Tindex seule était complètement insen-
sible.
Je vis cette malade un mois environ après Vaccident, et je consta-
-tai, à Faide de mon aesthésiomètre, qu'à la faee externe de Fànnu-
laire, pour avoir une double impression, il fallait écarter les deux
prismes d'une façon sensiblement la même qu'à la face externe de
l'annulaire, du côté opposé, c'est-à-dire du côté sain. Pour le médius,
il fallait, au contraire, un écartement qui mesurait toute l'étendue
transversale du doigt, pour obtenir une sensation double à la douleur :
elle restait unique au contact, et à ja température, avec cet écartement.
A la racine de l'index, la sensation double ne pouvait être obtenue
ni en mettant en jeu la sensibilité douloureuse, ni la sensibilité de
contact, ni celle de température. Au niveau de la dernière phalange
de ce dernier doigt/ la malade ne percevait qu'une seule impression
dans tous les cas et ne pouvait la rapporter au lieu où elle était
faite. Enfin à l'érainence thénar il fallait un écartement plus consi-
dérablCj un centimètre environ, par rapport au côté opposé, pour
. avoir l'impression double au contact, à la douleuPf à la température.
Cette eiçploration jsemble donc démontrer que, chez cette femme, les
diverses sensibilités étaient d'autant plus diminuées qu'on s'éloignait
de la face externe de l'annulaire en allant vers l'index, c'est-à-dire
qu'on s'éloignait des branches terminales du nerf cubital. Il est donc
probable que ia persistance de la sensibilité dans les parties qui
reçoivent les rameaux périphériques du nerf médian, malgré la sec-
tion de nerf, tenait à des anastomoses de celui-ci avec le cubital.
J'ai revu la malade de M. Richet, trois semaines environ après la
première exploration, et j'ai pu constater que les zones de sensibilité
avaient réapparu, excepté à l'extrémité de l'index; elles présentaient
toiitefois une étendue plus considérable qu'à l'état normal.
' Mes rech<erches sur des malades atteints d'affections organiques des
centres nerveux, ou de paralysies hystériques, sont jusqu'ici trop
- ineoroplèteB et m'ont fourni des résultats trop incertains, dans bçn
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_ 9 —
nombre de eas, pour pouvohr y iasisier longuement. L'obstacle qae
j'ai surtout rencontré résulte de la difficulté pour ces sujets de discerner
la duplicité des impressions. Toutefois il ressort, comme fait générai,
de ces dernières expériences, qu'il faut souvent, sur ces sortes de
malades, un écartement éaorme pour produire des sensations doubles,
soit de contact, soit de douleur, soit de température, et que, dans un
certain nombre de cas, tandis que Técartemeni doit être considérable
pour produire -la duplicité d'une de ces sensations, il doit être res-
treint pour obtenir la duplicité des deux autres, ou d'une seule de
celles-ci.
M. Yerneuil, à l'occasion de celte lecture, demande que la question
relative à la conservation et au retour de la sensibiliK dans certaines
parties soit mise à Tordre du jour. Les cas assez fréquents dans les-
quels les chirurgiens enlèvent, avec la moitié du maxillaire inférieur,
le nerf dentaire, ou le nerf sous-orbitaire, avec la partie antérieure du
sinus maxillaire, et à la suite desquels on voit la sensibilité reparaître
dans des points où ces nerfs allaient se. distribuer, pourront servir à
élucider quelques-unes des questions soulevées par la communication
de M. Liégeois.
COMMUNICATION ET PRÉSENTATION DE PIÈGES.
Observatioii d'ane masse potypeuse développée dans la
Tessie d'nne petite ^lle de ISS mois. — Enlèvement de eette
tnmenr. -~ Hort sept fours après l'opération.
M. GuERSANT. Notre lionorable confrère M. le docteur Perrochatd,
ancien interne des hôpitaux de Paris, exerçant aujourd'hui à Boulogne-
sur-Mer, nous a adressé en décembre 1867 ^ne petite fille de 22 mois,
chez laquelle il avait diagnostiqué une tumeur charnue développée dans
la vessie. Celte enfant, ayan! Textérieur d'une bonne santé, ne fut pas
présentée à notre confrère dans les premiers mois de sa vie; cependant
sa mère remarquait qu'elle faisait souvent des eilorts pour uriner et
qu'elle restait longtemps sur le vase; comme elle ne souffrait pas,
on y fit d'abord peu attention. Elle eut une diarrhée qui augmentait les
efforts; on diminua cette diarrhée par le sousrnitrate de bismuth. Plus
tard, vers les premiers jours de novemlùre, la diarrhée n'augmentait
pas, mais on remarqua que l'enfant avait- de fréquentes envies d^uriuer
et que la sortie des urines était douloureuse.
L'examen des parties génitales externes ne préteatant rien d'anor*
mal, M. Perrochaud ne mit pas d'abord en question de sonder i'enDuit
V série, -• tome ix. 2
Digitizad by VjOOQ le
— io-
de suite, d'autant phis qu'il y aTait quelquefois des améliorations qui
firent différer le cathétérisme.
Enfin, ce ne fut que peu de jours avant le départ pour Paris que
Bolre confrère se décida, rers le milieu de décembre, à sonder l'en-
fant. D'abord il fit4'examen seul, puis avec un de ses confrères, M. le
docteur Duhamel; ils ont constaté l'un et l'autre qu'en introduisant
une sonde d'argent, l'instrument donnait la sensation d'un corps dur
et résistant, mais que cette sensation n'était pas franche et pouvait
bien être attribuée à la pré^sence d'une production charnue; ils virent
tous deux apparaître au méat urinaire une petite tumeur rougeâtre de
la grosseur d'une aveline.
/ Depuis, le docteur Perrochaud a constaté plusieurs fois que celte
tumeur apparaissait lorsque l'enfant faisait des efforts pour uriner,
qu'elle rentrait quand les efforts cessaient. La tumeur, touchée avec le
bout de la sonde, donnait à notre confrère une sensation analogue à
celle qu'il avait éprouvée dans la vessie; en examinant le bas- fond de
la cavité'à l'aide du doigt introduit dans le rectum, ce bas-fond lui
parut plus épais que dans l'état normal ; alors il n'hésita pas à diagnos-
tiquer une tumeur charnue de la vessie, et reconnaissant, dans ce cas
rare, de l'analogie avec une pièce présentée il y a quelques années
à la Société de chirurgie, il se décida à nous adresser cette petite fiUe.
A son arrivée, le i9 décembre 4867, elle était dans l'état suivant :
L'enfant, surtout depuis les cathétérismes pratiqués dans les jours
précédents, faisait k chaque instant des efforts pour uriner, comme les
calculeux'. Nous la sondâmes et nous reconnûmes, à Faide d'une ^onde
d'argent, Tabseuce de calcul; mais, au côté droit du col de la vessie,
. en voulant faire tourner la sonde, elle fut arrêtée; la vessie était
large, et en retirant la sonde il sortit, après cet examen, de l'urine san-
guinolente. Nous ne constatâmes pas, à l'aide du doigt dans le rectum,
l'épaisseur du bas-fond de la vessie observée par M. Perrochaud;
enfin, nous vîmes,'la sonde étant retirée, que l'enfant, en faisant des
efforts, chassait v^rs le méat urinaire une tumeur charnue.
Nous conseillâmes des bains dans tine infusion de fleurs de tilleul
et des onctions sur le bas-ventre avec une pommade belladonée, des
boissons adoucissantes, du lait, du bouillon et même du vin.
Le 20 décembre, mêmes efforts fréquents et douloureux; les urines
étaient légèrement sanguinolentes et coulaient involontairement.
Reconnaissant toute la* gravité de ce cas et la nécessité d'intervenir
chirurgicalement, nous voulûmes avoir l'avis d'un confrère.
Le lendemain, f 1 décembre, nous ^voyons la malade avec M. De--
màrquay et nous constatons ensemble les efforts fréquents faits par
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— u —
' Teafant et la saillie d'un corps charnu à Fonverture de l'urèthre à
chaque effort; ce n'éiait pas un petit bourrelet de la muqueuse avec uq
orifice au centre, c'était une petite tumeur ferme, arrondie, rosée ;
donc il n'y avait pas chute de Furèthre. L'enfant étant très-souffrante,
IrèS'fatiguée depuis les caihétérismes, nous ajournâmes une nour
velle exploration avec la sonde d'argent. On continua les bains, les
onctions sûr le bas-ventre et de plus l'introduction de suppositoires
belladones dans le rectum, répétée trois fois dans les deux heures (un
centigramme d'extrait de belladone par suppositoire).
Le 22 et le 23 décembre, l'état est le même ; l'enfant a de la fièvre,
de l'agitation; les efforts d'expulsion sont plus violents et plus fré-
quents, rapprochés dé cinq en cinq minutes; la mère, qui ne quitte pas
son enfant, les compare aux efforts de l'accouchement. La saillie du
corps charnu augmente, il paraît comme sphacélé à sa surface.: il est
évidemment poussé et de plus étranglé. Ajoutons que l'enfant refuse
le bouillon, le lait, le vin de quinquina, etc. Nous faisons faire des
lotions vineuses, nous saupoudrons de quinquina la partie malade.
Le 23 au soir, nous exaàiinons avec M. Demarquay la vulve; il s'en
échappe une odeur fétide, malgré les lotions vineuses et les applica-
tions de poudre de quinquina; nous introduisons une sonde dans la
vessie qui était distendue ; elle donne issue à une urine trouble et
fétide. Nous circonscrivons la tumeur à l'aide de Textrémité de la
sonde; nous conslatons qu'elle est adhérente dans un point du col de
la vessie; alors il fallait faire cesser les douleuis vives; il fallait enle-
ver ce corps qui mettait obstacle à l'issue de l'urine, et nous déci-
dâmes que le lendemain nous enlèverions cette tumeur.
Nous ne nous abusions pas sur les difficultés et les accidents qui
pouvaient survenir pendant et après cette opération ; nous songions
même à la récidive, et nous ne cachâmes pas nos craintes au père de
l'enfant. Il comprit qu'il fallait agir pour faire cesser les atroces dou-
leurs qui épuisaient la petite malade. Melius anceps quam nullum.
Nous prescrivons pour la nuit d*abord un nouveau bain, puis la pom-
made sur le ventre et de plus plusieurs cuillerées à café de sirop de
codéine, quatre dans la nuit.
Le lendemain, mardi, 24 décembre 1867, l'enfant, qui s'était plaint
toute la nuit, fut sondée de nouveau; seulement, pour vider la vessie
qui était un peu distendue, elle parut soulagée.
Nous procédâmes à l'opération à onze heures du matin. Alors, soit
faiblesse, soit assoupissement produit par le sirop de codéine, la petite
malade se plaignait moins, le pouls donnait 150 pulsations par mi-
nute; le ventre n'était pas ballonné; la région hypogastrique n'étail pas
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— 12 —
seasible a la pression. Aidé de M. Demarquay et de deux îd ternes,
M. Barlemont et M. Blache fils, l'enfant fut placée sur une table,
ccMQome pour la taille, et maintenue les cuisses écartées.
Nous avions ?ous la main un serre-nœud de Graefe garni d'un fil de.
fer, un écraseur de M. Ghassaignac, des pinces de Museux, des fils
doubles de soie et des ciseaux. L'enfant fut très-promptement rendue
insensible après lui avoir fait respirer un mélange à pai^ties égales de
chloroforme et d'éther. Étant solidement maintenue, nous appriquâmes
d'abord sur la tumeur une forte ligature de soie; nous rengageâmes
dans une anse de fil de fer disposée sur le serre-nœud, et M. Demar*
quay, ayant saisi la tumeur avec des pinces de Museux, l'attira légère-
ment à lui ; nous conduisîmes l'anse métallique le plus près possible
de Fînsertion, après avoir débridé le méat urinaire d'un coup de
ciseaux. L'anse mélallique fut graduellement cl très-lentement rétré-
cie à l'aide du serre-nœud qui effectuât ainsi la section ; elle n'était
pas terminée que le fil de fer se rompit; nous prîmes Técraseur de
M. Chassaignac, avec lequel l'opération fut terminée.
Il se fit peu d'écoulement de sang; l'enfant revint à elle; nous lui
donnâmes quelques petites cuillerées de vin qu'elle vomit peu après;
cependant elle se remit. Une demi-heure après Topération, nous vîmes
entre les grandes lèvres une maâse charnue qui était sortie par
Turèthre; elle fut expulsée; c'était le reste de la tumeur; cette partie
^représentait pour la forme une espèce de fucus à divisions multiples,
fongueuses, qu'on aurait coupée à sa racine. C'était la partie extirpée.
La partie enlevée et la partie expulsée après l'opération pesaient en-
semble quinze grammes; examinées par M. le docteur Cornil, elles
donnèrent le résultat suivant : le tissu était d'apparence polypeùse et
dé nature fibreuse, fort riche en vaisseaux; Ijjl portion antérieure en-
gagée dans le canal était gangrenée par suite de la compression du col
de la vessie; elle présentait une couleur feuille morte et paraissait
desséchée; en effet, quoique la couche superficielle fût seule mortifiée,
la coupe ne présentait pas de sang dans cette partie ; dans le reste
de la portion enlevée jusqu'au pédicule qui avait été coupé oblique-
sient, on retrouvait l'apparence congestionnée et tremblotante des
polypes. A l'.examen microscopique, fait trofs heures après Texcision,
on remarquait un réseau vasculaire serré, à capillaires dilatés et pleins
de sang; le tissu fondamental était composé par des éléments con-
jonctifs et une quantité considérable de cellules et de noyaux em-
bryoplastiques, les uns ronds, les autres ovoïdes, tous de formation
récente, indiquant un tissu jeune, d'une évolution et d'un accroisse-
meitt rapides; traités par Tacide acétique, les fibrilles de ce tissu
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— 13 —
conjoDctif disparaissent et ne laissent plus que des noyaux enibryo-
plastiques de formes diverses et sans nucléoles.
Nous vîmes IVnlant enTîron trois heure» après Topération. On lui
avait donné un peu de bouillon froid qui avait passé; elle n'avait. pas
perdu de sang; le reste de la tumeiH^éUat expêlsé' sans grande dou-
leur. On lui continua pour boisson du bouillon.
La nuit qui suivit, Tenfant fut plus calme, mais elle était faible et-
abattue; elle ne faisait plus d'efforts d'expulsion^ mais ella s'agitait
de loin en loin quand Turine passait; elle mouilla beaucoup ses
couches; Purine était à peine teinte de sang; Tenfant eut une éva-
cuation.
Le 25 décembre, lendemain de l'opération, lepouls^qui était faible
et fréquent, s'est un peu relevé (bains entiers dans une infusion de
fleurs de tilleul, lotions à la vulve, bouillon, vin de quinquina; l'en-
faût en prend fort peu).
Le 26 décembre, contin|ialîon des plaintes quand Tenfant urine,
mais pas d'efforts d'expulsion; cependant nouvelle sortie d'une petite
portion charnue grosse comme un pois ; gonflement et rougeur des
grandes lèvres (bains, lotions). .
Le 27 décembre, m6îns de douleurs, un peu de sommeil ; mais refus
de prendre du bouillon, du vin. Le froid étant très-vif, nous cessons*
les grands bains pour les remplacer par des bains de siège et de fré-
quentes irrigations vineuses entre les grandes lèvres; en les écartant,
nous faisons tenir entre elles des bourdonnets de charpie pour absor-
ber les liquides qui s'écoulent; on les renouvelle très-souvent.
Le 28 décembre, la fièvre continue, 130 pulsations et plus, pouls
faible, refus de boir^, muguet en dedans des joues. Quelques efforts
d'expulsion; issue de lambeaux sphacélés par Turèthre. Collutoire
au borax, irrigations et lotions à la vulve avec.vln aromatique.
Le 29 décembre, pas de changement; il y a des selles liquides.
Le 30 décembre» l'état est stationnalre; l'enfant s'affaiblit de plus
en plus; elle a um peu- de diarrhée; elle refuse tout, vin ordinaire,
vin de quinquina, bouillon, lait de poule; elle accepte à peine un peu
de décoction blanche. ;
Le 31 décembre, elle a été peu agitée la nuit; elle a pris de la dé-
coction blanche. Elle s'éteint à sept heures du matin, sept jours révolus
après l'opération. -^ L'autopsie n'a pu être faîte.
— A cinq heures moins un quart la Société se forme en comité secret.
La séance est levée à six heures moins un quart.
Le Secrétaire, D' Léon Labbé.
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_ 14 —
SéANOB DU 12 FÉYBIBK 18j6$
Présidenee de H. LEGOUEST
La séance^ est ouverte à trois heures et demie.
Le procès-verbal de la précédente séance est lu et adopté.
CORRESPONDANCE.
La correspondance comprend : -
— Les journaux de la semaine.
— Le bulletin de YAcadétaie de médecme de Belgique \ le Montpellier
médical; la Revue médicale de Toulome; le Sud médical de Marseille; le
Journal de médeme et de chirurgie pratique.
— Recherches sur la loi d'accroissement aes nouveau-nés^ etc., par le
docteur Odier.
— Un tirage à part des articles Âssistatsce et Associations par
M. Brochin (Extrait du Dictionnaire encyclopédique des sciences médi-
-co/e*), présenté par M. Lefor t.
— Le vingt-huitième volume des Transactions of the Paihological
Society ofLondoUy présenté par M. Giraldès.
— Une lettre de M. le docteur Dufour, médecin-adjoint h Tasile
d'Armentières, accompagne Tenvoi de pièces pathologiques relatives à
une fracture exlra-capsuJaire du col du fémur,
M. Verneuil présente, de la part de M. Vanzetli, de Padoue, une
note détaillée sur cinq cas de résection du poignet. Cet envoi est
accompagné de photographies.
Réseclions de r articulât Ion radio ^carplenne faites ft la
Clinique ehirurflpieale de Padoue.
Juin i862. Femme de 36 ans. — Carie de tous les os du carpe et
des extrémités articulaires du radius et'cubîlus (main gauche).
Résection des extrémités articulaires du radius et du cubitus, avec
extirpation de tous les os du carpe. Grand lambeau dorsal comprenant
les téguments et les tendons des extenseurs.
Cette femme a guéri et vit encore. Sa main a besoin d*ètre soutenue
par une attelle palmaire. Les tendons extenseurs ayant été compris
dans le lambeau dorsal, les mouvements des doigts sont en grande
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— 15 —
partie abolis : sa main, cependant, ne lui est pas sans qaelqae
utilité.
Cette opérée se sert d'un appareil semblable à celui qu'on trouve
dessiné dans Touvrage^de M. Heyfelder « sur les résections, » pour
les -cas où, après l'opération , la main reste pendante.
22 mai 1863. Homme de 60 ans. — Carie de Tarliculation radio -
carpienne droite. . .
Résection de l'extrémité articulaire inférieure du radius et du cubitus
avec extirpation de la première rangée des os du carpe, — Incision
médiane dorsale très-longue. Tous les tendons des extenseurs, excepté
celui du radial et du cubital, ont été épargnés. Les bords de la plaie
cutanée longitudinsje ont été rapprochés par des bandelettes d'em-
plâtres agglutinatifs.
Les bords de la plaie s^étant- écartés, les tendons des extenseurs
restèrent à découvert et se mortifièrent. La;plaie se remplit de bour-
geons charnus, et, au bout de quarante jours, elle était presque cica-
trisée. A cette époque, le malade voulut quitter la clinique. Le pdlgnet
présentait déjà assez de fermeté. Ou n'a plus vu le malade.
23 juin 1863. Garçon de 16 ans. — Carie de l'articulation radio-
carpienne. v
Résection de l'extrémité inférieure du radius et du cubitus; excision
de la première rangée dess)s du carpe. Longue incision médiane.
Tendons des extenseurs des doigts soigneusement épargnés; plaie
réunie exactement par des points de suture.
Guérison très-heureuse. L'articulation du carpe est ferme; les
mouvements des doigts sont assez étendus, surtout dans la deuxième
et troisième articulation des phalanges. L'opéré peut «e boutonner et
se servir de sa main. Le dessin a été pris tm an après l'opération.
21 juillet 1863. Paysanne de 29 ans. — Carie de l'articulation
radio-carpienne gauche.
Résection de l'extrémité inférieure du radius et du cubitus; excision
de la première rangée des os du carpe. Longue incision médiane.
Tendons des extenseurs des doigts soigneusement épargnés; plaie
réunie exactement par des points de suture.
Résultat excessivement heureux. Guérison complète, avec le poignet
ferme et susceptible de quelques mouvements de flexion. Mouvements
libres dans la seconde et troisième articulation des doigts. L'opérée
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— 16 —
traraille aux champs aree la pioche. Elle peut coudre et se boutonoer.
Le d'essia a été pris un an après Topération.
20 juin 1864. Pi^sanne de 23 ans. ^ Carie de Tarticulation radio-
carpienne. . •
Résection de rextrémit^ articulaire du radius et ^u' cubitus. Ten-
dons des muscles extenseurs soigneusement épargnés. Excision de la
première rangée des os du carpe.
Résultat excessivement heureux. Poignet* ferme, susceptible de
quelques mouvements de flexion. L'opérée peut coudre, se boulonner,
et employer sa main très-utilement. La photographie a été prise le
23 novembre 1867, trois ans et demi après Topération.
— M". Vernbuil a reçu, par l'entremise de M. le docteur de Laurès, de
la part de madame Laborîe, un grand nombre d*observations inédites,
recueillies à Tasile de Vincennes par notre regretté collègue Laborie,
et plusieurs moules très-parfaits de moignons d*amputés.
Les observations ont trait aux résultats éloignés du traitement des
fractures, ou d'opérations diverses parmi lesquelles figurent en grand
nombre les amputations, Turétrotomie, etc.
Une lettre de remerciements sera adressée à madame Laborie, et
une Commission, composée de MM. Verneuil, Despréa et Perrin; sera
chargée d'examiner les travaux laissés par notre collègue et de s'oc-
cuper, s'il y a lieu, de leur publication.^
Dans les papiers de Laborie se trouvait un travail de M. le docteur
Philippe, relatif à la iaillie de Vos après les amputations. Ce travail,
qui devait être l'objet d'un rapport de la part de notre collègue» est
renvoyé à une nouvelle commission composée de MM. Lefort^ Guyon
et Després.
— M. Joseph Mighon adresse une lettre accompagnant l'envoi d'un
portrait de son père, lé docteur Michon, l'un des membres fondateurs
de la Société de chirurgie.
Des remerciem^ts seront adressés à M. Joseph Michon'.
ÉLECTION d'un MEIIBRS TmiLAIRB.
L'ordre du jour appelle l'élection d'un naembre titulaire. La Com-
mission nommée par la Société a présenté les canditats dans TcH^dre
BQivant :
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— n —
•
1»M. Guéniot;
2"* Ex œquo : H. Cruveilbier fils, M. Leroy d'ÉtioUes ;
3«M. MarcSée;
4<* M. Dub^uil. ^
27 membres prennent part au vote.
Au premier tour de scrutin, obtiennent :
MM. Guéniot 17 voix.
Leroy d'ÉtioUes 6 -r-
Marc Sée 3 —
Cruveilbier 1 —
M. Guéniot, ayant réuni la majorité des suffrages, est proclamé
membre titulaire de la Société de chirurgie.
lyoaaNATiON d'un membre honoraire.
La Société est appelée à voter sur la demande de M. Cullerier, qui
désire changer son titre de membre titulaire contre celui de membre
honoraire,
M. Cullerier est nommé membre honoraire à l'unanimité, moins un
bulletin blanc.
COMMISSIONS.
M. le Présidentnomme une Commission chargée d'étudier les modi«
fieations qu'il peut être utile d'apporter dans la publication des Bul-
letins de la Société. Cette Commission sera composée de MM. Broca,
Blot, Lefort, Trélat et Léon Labbé. .
Comité de publication : MM. Broca, Blot, Lefort.
Commission des congés : MM. Boinet, Tarnler, Houel.
Commission chargée de faire vn rapport sur l'état des archives de
Ut Société. Cette Commission, tirée au sort, est composée de MM. De-
sormeaux ^ Després, Depaul.
COMMUNICATIONS.
Régime des malades dans les h6pUaux.
M. DESPRÉ3. La Société de chirurgie a traité, depuis deux ans, deux
questions importantes, celle de la construction des hôpitaux et celle
des maternilëè. Il en est résulté un travail profitable qui, s'il n'a pas
éclairé les autorités, a, du moins, été apprécié et estimé par le corps
médical. Une autre question me paraît utile à juger, celle du régime
2* série, — tome ix. 3 '
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— 18 — .
alimentaire dans les hôpitaux, et je choisis pour occasion rétablisse-
ment d'un nouveau régime dans nos servîèëa.
Ce régime, je me hâle de le dire, renferme des améliorations :
ainsi, un peu d'augmentation de certains aliments, de nouf^aux modes
de préparation, etc. Je suis heureux de le constater ici» pour montrer
que je n*agis pas dans un espot d'opposition systématique, si plus
tard je montre les côtés défectueux de ce règlement nouveau.
Le régime des convalescents peut être désigné à Tavance, comme
celui des soldats^ des prisonniers ou des collégiens ; mais le régime
des grands malades ne saurait l'être; les grands malades diffèrent
trop entre eux et d'un jour à Tautre'. Je crois que, dans les hôpitaux
pas plus qu'en viUe, nous ne devons laisser à la ditoétion de per-
sonnes non instruites des choses de la médecine le soin de choisir
les aliments. Nous ne disons point, en ville; aux garde- malades :
Vous donnerez au blessé 100 grammes de paân, 20 centilitres de vin
et 6 décagrammes de viande, 9 centilitres de pruneaux. Nous disons :
Vous donnerez une côtelette ou deux œufs à la coque, une pomme,
cuite et un verre à bordeaux devin généreux, et quelquefois un verre
de bière.
Dans les régimes des hôpitaux, et le régime nouveau en particu-
lier, il y a six classes d'alimentation : la diète au bouillon, Jes potages,
les 1*% 2% 3« et 4® degrés. N'y a-t-il qiJie six classes de malades? Théo-
riquement, cela n'est pas, et en pratique, c'est inadmissible. Je ne
doute pas que tous ces régimes, observés absolument, ne soient tout
à fait impraticables, si les religieuses ne s'en tiraient pas quelquefois
sur l'indication du médecin par des virements, en retirant à un ma-
lade pour donner à un autre.
Ainsi, un malade à 1 degré, c'est-à-dire un malade qui commence
à manger, celui que nous nourrissons en ville avec des côtelettes et
du beefsteak, tel que l'anémique ou le grand blessé, reçoit ; potage
60 centilitres, viande rôtie 120 grammes (et par viande H^tie, il faut
entendre du bœuf, du veau ou dumouton cuits dans le four). Au lieu
de viande, on donne quelquefois de la. volaille ou du poisson et des
œufs, et cela sans que le médecin y voie rien. Ajoutez à cela ; pain
100 à 120 grammes, vin 18 à 24 centilitres et lait 25 centilitres. Tout
cela, divisé en trois repas, comme Ta bien dît M. Trélat, est dînette,
ce n'est pas un régime. Il vaut mieux donner à un malade un morceau
de Tîande et dés bouillons que des petits morceaux si différents* Je
n*en finirais pas si je voulais citer toutes les maladies auxquelles la
viande rôtie et le vin peuvent convenir à l'inverse de cette a^n^enta*
tion administrative; je signalerai seulement les graads UeeBéf» et les
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— i^ ^
femnoes ea eondie, les opérés, sans coiapterl«s imiividiisciea s^rices
d€ médedne
Pour ce qm esl des autres degrés, le deuxième est quelquefois em-
ployé; le aaatrièine €bI le régioie des coavalesceDtSj c'est-à-dire des
maladtes.qm oe k sont plus. Ges derniers peuvent être soumis à un
régime déterminé à Favaaee. Cependant, comme ce régime est celfli
des femmes eDceiofes, des syphilitiques,. et qu'il peut y avoir des né-
cessités spéciates, on devrait poiiv<»r quelquefois le modifier. I.es
dysp^tiques, les diabétiques, les syphiiiliques ont des variations
d'appétit et des répugnaoees telles que rétroitesse d'un règlemeat ne
saurait les obliger à les changer. Un détail encore. Certaines malades
arrivent dans mon service habituées à mai^er 2 livres de pain dans
la journée: le règlement ne lear accorde que 400 grammes de pain, et
500 depuis que j'ai réclamé. On me répond que dans le nouveau ré-
gime, les malades ont plos de vin ; mais cela n'empêche pas qull^y
ait des indifvidtts pour qui le vin ne remplace pas le pain» .
Mais pourquoi insister? Il sufât de poser la question pour qit'elle
soit résolue» Un régime catégorisé, absolu,, oottvlent-il peur ie& grands
maladies? Pour ma pari^ j'affîrme que nûà» et je ne. serai pas
contredit.
Il me paarait JASte d'étabiit qa*iL y a deux etosses de malades! Les
cohvalescents, les gens- qui n'ont point de maladies fébriles, peuvent
être soumis à. un régime; mais les" grands malades exigoit chacun
un régime spécial, dicté par le médedn. La viande rôtie ^ que tous les
pkysiologistes.reconnafsseBt la plus caq)able de réparer le sang, doit
être la base du régime des opérés et des anémiques. Si les malades
ont l'habitude du lait ou d'une autre boisson, on doit pouvoir la lêor
dœmer. Ceux -qui croient à Pëfûcacité des boissons alcooliques et vi-
neuses^ efficacité très-réelle poor les malades habitués au vin, doi-
vent pouv(Mr donner celte boisson, même en quantité^plus grande que
ae le comporté un règlâsient.
Messieurs, l'administration se substitue au médecin dans les choses
iBédteales; die ne peut y être compétente^ et nous sortirions de notre
rôle si nous ne disions point qu'il s'agit id de la science, et que le ré-
gime dans les maladies Sait partie du traitement. Une décision ayant
pour effet de réglementer d'une £ftçôa absolue le régime des grands
malades, à supposer que ce régime soit possible, ne devrait pas être
prise dans le silence du cabinet, pôt-eUe être trouvée bonne par deux
ou trois médecins. Il faudrait l'avis d*un plus grand nombre d'auto-
rités scientitques pour juger la question du régime dans tons les hô-
pitaux et hospices. Qu'une administration dans des vues sages d^éco-
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V
— 20 —
nomie cherche à réglementer la nourrltare, rieo de mieux; mais
qu'elle ne gène pas le traitement par, des règles trop étroites, même
approuvées par quelques-uns. C'est en négligeant les préceptes scien-
tifiques que nous sommes exposés à des accidents fâcheux, et pour le
régime, comme pour la création de services temporaires, une action
accomplie en dehors des médecins a dçs inconvénienls pour ceux qui
sont confiés à nos soins. Voici un exemple : L'administration a créé,
à l'hôpital de Lourcine, un service temporaire^ sans qu'aucun des
médecins de l'hôpital ait été consulté, et sans songer qu'il est dange-
reux de placer des malades atteints de maladies aiguës dans un hôpi-
tal de femmes et d'enfants qui ne sont pas alités. Aussi, comme pour
nous rappeler que les enseignements scientifiques sont quelque <^ose,
une varioleuse, amenée à rhôpital le 14 décembre 1867 et morte lel6,
a été le point de départ d'une épidémie, et en 40 jours nous avons
eu à l'hôpital 17 varioles. Ne négligeons donc point notre rôle de mé-
decins, afin de pouvoir dire, ainsi que Moreau à Louis XV, que mus
Moignûns nos malades d'hôpiità comme des rois.
M. Lefoet. Cette question doit être discutée, non devant la.Société
de chirurgie, mais devant la Société des chirurgiens des hôpitaux.
L«xatloH dt I» aepUène vertèbre eervl€»le.
M. Panas. X..., 24 ans, brasseur, grand, bien développé, d'une forte
constitution, entre à Thôpital le 6 janvier.
L'accident a été produit par l'arbre de couche d'une machine à
vapeur, élevé au*dessu8 du sol de tout au plus un mètre, et relié à un
engrenage par une forte courroie de cuir obliquement dirigée.
X... portait ce jour-là un fort gilet de laine flottant un peu sur le
devant. Il voulait détacher la courroie mise en mouvement par l'arbre
de couche, sans avoir eu, auparavant, la précaution d'arrêter le mou-
yeroeut de la machine, et ile'approcha assez près de la courroie pour
que celle-ci pût saisir son vêtement. Il fut immédiatement entraîné
par le mouvement, et aux cris qu'il poussa, un de ses camarades, qui
se trouvait près de là, accourut et arrêta aussitôt la machine. X... était
en ce moment soutet^u au niveau de Tabdomen par l'arbre de couche,
le bras droit s'appuyant sur une des bandes de la courroie, et la tête
penchant vers le sol, sans qu'on ait pu savoir d'une manière exacte
si un de ses bras^ou ^n cou avaient été plus particulièrement soumis
à une pression ou une triaction exagérées. ^
Il était alors sans connaissance ^ mais cet état dura peu, et quand
arriva un médecin, immédiatement mandé, il était en iHX>ie à un état
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— 21 ~
d'excitotion TÎolente, poussait des cris, avait la face rouge et conges-
tionnée. Une saignée abondante fut iàite> et peu de temps après on le
traiisporta à Fhôintal (neuf heures du soir).
Bd ce- moment, il était encore agité, délfauit, avait des mouvements
désordonnés dans les bras et dans les jambes, et Pinteme de garde*
observa quelques contractions convulsives.
On ne remarqua alors aucune trace de violence, point d'ecchymose.
La face était toujours rouge, le pouls fort et plein. Sînapismes sur les
membres inférieurs.
Cet état d'excitation dura jusqu'à trois heures du matin, mais en
B'affaiblissant par degrés. En ce moment la respiration, qui jusqu'alors
avait été libre, s'embarrassa peu à peu, puis la dyspnée devint très-
inteiise, et le malade^ mourut vers six heures du matin.
A l'autopsie, faite deux jours après la mori, on observa :
Au niveau des iégtimefUSy de fortes .ecchymoses sur le bras droit,
une deuxième sur le côté droit de la région cervicale, en occupant la
moitié de la circonférence, comme si un fort lien constricteur avait
été appliqué en cet endroit pendant la vie. Il y avait un sillon de
eonstriction, la peau ayant un aspect parcheminé.
Los poumons sont fortement congestionnés partout, mais principale-
ment en arrière, où leur tissu, quoique crépitant sous la pression
du doigt comme un poumon normal, est d*une couleur rouge brun
foncé noirâtre.
Les plèvres sont libres de toute adhérence entre elles; leur trans-
pioence permet facilement de voir sous le feuillet séreux des taches
d'un rouge foncé, ecchymotiques, nombreuses, de 2 à 3 millimètres de
diamètre environ. .
Uarhre respiratoire^ ouvert dans toute sa longueur, est fortement
congestionné, et sous la muqueuse, dans les bronches, la tra-
chée, le larynx et même surrépiglotte, on remarque plusieurs petites
ecchymoses en tout semblables à celles des plèvres.
A l'ouverture du crâney veines et sinus dé la dure-mère injectés
d'un sang noir et fluide.
Dans la cavité arachnoïdienne, une $ssez grande quantité d'un
liquide sanguinolent rouge foncé, plus abondant à la partie posté- 1
rieure, surtout à la corne occipitale droite; mais cet épanchement n'est
nulle part nettement limité. La pt^-m^e cérébrale est fortement in-
jectée. Point de liquide anormal infiltré dana le tissu sous-arachno!dien.
Le cerveau est normal et ferme; la substance grise est d'une colora-
tion légèrement rosée; la coupe de la substance blanche présente un
piqueté rouge assez abondant que le lavage fait disparaître, et qui
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reparatt aussitôt en pressant légèroneot, sur les côtés, U substonoe
cérébrale.
Od rechercha l'état de. la ooloniie vertébrale; ei à Kincison 4e la
eiMiehe musculaire, au niveau du cou, on remarqua a^e énorme qaan*
tilé de san^ infiltré dans le tissu musciriaire. Ce sang est flyide et
Doir&trCf et en se rapprochant des vertèbres, on voit qu'il paraît venir
d'une solution de coniinoîfé que l'on remarque à la ciloane vertébrale.
A part cette lésion, d'ailleurs, les muscks sont.loin d'être infada;
ils présentent des déchirures nombreuses et assez étendues.
On enlève une partie de la colonne vertébrale, comprenant les deux
dernières cervicales et les trms premi^nes dorsales, et il est alors
permis de constater que :.
Il y a eu rupture des ligaments jaunes mnasaàt la proémineKie à.]a
première dorsale;
Rupture des ligaments qui unissent l'articulation que formeai les
apophyses articulaires droites de ces mêmes vertèbres.
A la partie postérieure, écartement de ces deux pièces osseuses,
atteignant 1 c^timètre au niveau des apophyses artieiilaires droites,
tandis que l'écarlement paraît nul au niveau de ces mêmes vertèbres,
à gauche. ^
En vertu de cet écartement en arrière, les corps vertébraux de la
proéminente et de la première dorsale cmt éprouvé en avant un léger
mouvement de bascule, de manière à présenter, dans Taxe de leur
direction, un angle largement obtus ouvert en avant.
En même temps, la partie supérieure du corps de la première doivale
est légèrement écrasée en avant, dans uncThanteur de 3 à4 millimètres.
Les corps vertébraux ayant été enlevés, on remarque un épanebenent
eonsidéraWe de sang dans le canal rachidien, marqué davantage en ar-
rière et principalement au niveau du point où s*est produit la luxfi^a.
La dure-mère rachîdienne est complètement intacte, tnclînée sur la
ligne médiane en avant et en arrière, cîte permet de voir que le cordon
médullaire paraît, au môme niveau, comme légèrement étranglé, et
présente, dans une hauteur de 1 centimètre enviiWn, une teintfe viola-
cée, ecéhymotique. En ce même peint, le tissu médurtaire est manifes-
tement ramolli dans la môme hauteur.'
XiECTTURB.
M. DtPLAT Jit une observation, accompagnée de réflexions, rrtative
à un cas de fractinre de la rotule avec plaie pénéfranie an genou.
Ce travail est renvoyé a une commissît)n composée de Mil. PerriB,
Tillaiix, de Saint-Gennam.
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-33 —
GOMlRJIflGATiON.
Tr^ls •péwmâîmmm de rémeetUm tàa manillaire iaiéBrlciir pffnif
des tajw^Mirs fibrenses et fibro^ptlasti^ues de eet os. .
M. Liégeois cocam unique trois observations accompagnées de des-
sins de tumeurs fîbro- plastiques développées dans le maxillaire infé-
rieur. M. Liégeois a pratiqué dans ces trois cas. la résection du maxil-
laire inférieur, La première opération a été faite il y a cinq ans-, la*
. seconde il y a trois ans, et la troisième en. i 867.
J'ai déjà entretenu, en 1864, la Société d'une de ces opérations.
Après ma communication, un des membres prit la parole pour dire
qu'il serait intéressant de savoir ce que deviendrait la malade dojot
je présentais l'observation. Eu en reparlant aujourd'hui, je réponds
à cet appel, et comme l'observation n'est point relatée dans nos bul-
letins, je demande la permission de revenir sur les principaux détails-
Première observatian, -- Mademoiselle J.... habitant Buzy (Meuse)_j-
âgée de 18 ans, se présente à moi en 1S63, atteinte d'une tumeur
considérable du maxillaire inférieur correspondant à la partie latérale
droite du corps de la mâchoire et à la branche verticale du même
côté. Cette. jeune fille appartenait à une famille des plus pauvres, et
avait joui jusqu'ici d'une.santé parfaite. Sa constitution était, sinon
robuste, au moins bonne, comme llndiquaient un teint coloré, des
ooembres assez développés, l'absence de tout ganglion hypertrophié,
une menstruation qui toujours s'était faite régulièrement depuis Tâge
de 13 ans. Sa tuo^cur datait d'un an environ., et avait grossi insensible-
ment jusqu'à acquérir le volume du poing. A l'exlérieiir, elle était
uniformément dure, très-résistante; quand, an contraire, on l'explo-
rait par la cavité buccHile,.elle se laissait déprimer sans donner lieu
à aucune crépitation. Ni les ganglions sous-maxillaires, ni ceux du
cou ne présentaient aucune trace d'engorgement. La mastication
était coosidérablement gênée, la salivation abondante, rarticulatiou
de8«0Qs difâmle. ^. •
Avant de me prononcer sur la nature de cette tumeur, Je crus
devoir plonger le trois-quart à travers la paroi interne, déjpressibîe
8du« le doigt. Il «ortît quelques gouttes de sang, et mon instruno^nt
pit ffeaceourir as^ez faôileioent tout i'ÎAtérieur d'une énora^ jp ocbe^
Ayant retiré la canule du trois ^uart, je trouvai dans son intérieur
quelques lambeaux de tisBU longueux mollasse qui , portés sous le
cimmi» ^^ nieroscope, me permirent de reconnaître une quantité
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— 24 ^
innombrable de noyaux fibro-plastiques, quelques cellules fibro-
plastiques et des fibres de tissu cellulaire en quantité relativement
très-faible par rapport aux noyaux fibro-plastiques.
Dans le but de conserver à la mâchoire un support osseux, je réso^
lus d'abord d'ouvrir le kyste et d'enlever la production morbide.
. Cette idée fut mise à exécution le 8 septembre 1863 à Étain (Meuse).
Une incision fut pratiquée dans la direction d'une ligne qui joignait
le lobule de l'oreille et la commissure droite de la bouche, et sur le
milieu de la tumeur environ, me proposant de mettre plus tard cette
incision à profit, dans le cas où une opération plus radicale que celle
que je tentais serait nécessaire. Arrivé sur la tumeur, je la disséquais
dans une certaine étendue, puis, avec la gouge et le maillet, je faisais
sauter la paroi osseuse, qui pouvait avoir 6 à 7* millimètres d'épais-
seur; j'arrivai alors dans une; poche remplie d'un tissu rouge&tre,
très-vasculaire et d'une mollesse remarquable. Â l'aide d'une rugine,
je grattais la paroi de ce kyste afin dQ le vider de son contenu, puis,
avec une forte serpette, j'enlevais la couche osseuse sous-jacente,
jusqu'à ce que je fusse arrivé sur des parties du tissu spongieux qui
me parurent saines. Le kyste fut rempli ensuite de charpie et la plaie
recouverte par une compresse d'eau froide.
Je quittai la malade à la fin de septembre, peu satisfait, car la
cicatrisation ne tendait nullement à se faire, et le fond de la plaie
était rempli de bourgeons charnus qui me parurent avoir les mêmes
caractères que le tissu primitif du kyste osseux.
En janvier 1864, le docteur Japin, qui m'avait aidé dans cette opé*
ration, m'écrivit que les craintes que je lui avais émises n'étaient que
trop vraies, et que la tumeur avait actuellement un volume plus con-
sidérable que quafid je l'avais vue pour la première fois. Immédiate-
ment, je repris le chemin de la Lorraine, dans le but de pratfquef la
résection. Cette opération fut faite le 10 janvier avec^ l'aide des doc-
teurs Japin, Parisot, Thiébaux,^ouan.
On fît respirer à la malade quelques gouttes seulement de chloro-
forme. L'incision fut faite sur la cicatrice de la première opération,
se prolongeant, en arrière, jusqu'au lobule de l'oreille, en avant, jus-
qu'à la commissure de la bouche; un lambeau supérieur et un lam-
beau inférieur furent disséqués, le masséter fut détaché de la face
externe de la branche verticale de la mâchoire, après quoi, la pre-
mière petite molaire fut arrachée et le maxillaire scié avec la scie à
chaîne. Je cherchai ensuite à disséquer le périoste, ce qui nie fut
facile, car il avait une épaisseur d'au moins un millimètre; cette dis-
section porta le plus haut possible, jusque Vers le milieu de la branche
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— 25 —
Tcrlicale, Puis la partie supérieure du plérygoïdien interne fut coupée
au niveau de ses insertions à l'os; le sommet du muscle temporal filt
détaché de Tapophyse coronoïde avec des ciseaux courbes. Enfin,
je cherchai à effectuer la torsion et l'arrachement de Fos, mais alors
le col de la mâchoire se fractura. En vain j'essayai d'extraire la fête
par des trattions faites à l'aide d'un davier, je dus aller disséquer
les parties molles qui entourent le condyle, en prenant soin de diriger
la pointe de mon instrument vers celui-ci. Pendant l'opération, trois
ou quatre lîgalures d'artères durent être faites; la malade avait perdu
une assez grande quantité de sang.
Qpinze points de sulures métalliques réunirent la plaie, qui fut
ensuite recouverte par une compresse froide.
Le lendemain de l'opération je quittai la: malade, la confiant aux
soins du docteur Japia. La réunion fut immédiate dans toute l'étendue
^e la plaie, excepté dans le point par où sortaient les ligatures.
L'examen de laUumeur fît voir que le kyste s'étendait fort haut
-dans la branche de la mâchoire, que le nerf dentaire était ramolR et
détruit en plusieurs points, que les deux premières grosses molaires
et la deuxième petite surmontant la tumeur étaient peu adhérentes au
tissu gengival qui les entourait, que la portion spongieuse contenant
les parois du kyste était fortement colorée et raréfiée. Enfin, l'examen
microscopique fit reconnaître de nouveau, dans les fongosilés qui
remplissaient l'excavation, de nombreux noyaux fibro- plastiques,
quelques cellules fibro-plastiques, quelques fibres de tissu cellulaire.
Je revis cette malade en septembre 1864 ; elle avait toutes les appa-
rences d'une bonne santé; elle était notablement engraissée; elle
s'était livrée, avec toute l'ardeur désirable, aux travaux champêtres
pendant l'été. La cicatrice était à peine apparente, si ce n'est danis le
point qui donnait passage aux deux ligatures. La face était à peine
déviée. En explorant la portion correspondant au maxillaire enlevé^
je constatai la présence d'une plaque d'une dureté extraordinaire, se
continuant avec la partie du maxillaire qui avait été épargnée dans
Topération. Celte plaque s'étendait très-haut; on la sentait à l'exté-
rieur jusque un peu au-dessous du lobule de Foreille ; son épaisseur,
paraissait avoir 4 à 5 millimètres. Enfin, malgré l'absence du nerf
dentaire, la sensibilité, quoique diminuée, persistait au menton, à la
lèvre inférieure, à la partie antérieure de la joae du côté correspon-
dant à la résection.
A cette époque, la malade portait une petite tumeur ganglionnaire
dans la région sous-maxillaire du volume d'une petite noix; cette
tumeur, en partie fluctuante, fut ouverte, il ne s'écoula qu'une petite
2« série. — TOME i^. 4
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— 26 —
quantité de pus; elle élait remplie surtout par des végétations fou-
gueuses que la cautérisation fréquemment répétée avec le nitrate
d'argent fit disparaître.
Depuis ce temps, cette malade est restée dans le même état; on
peut se faire une idée dû résultat de cette opération, en examinant
les deux dessins que je présente à la Société : l'un est le portrait de la
malade avant Topération, l'autre le portrait après l'opération ; ce der-
nier ayant été fait en septembre 1864.
Afin d'être bien sûr de ce que j'avance, j'ai demandé cette semaine
même des renseignements sur cette malade au docteur Japin. Sa
réponse est la suivante : Il n'y a pas la moindre apparence de récidive,
la portion enlevée est remplacée par un tissu d'une dureté osseuse,
recouvert d'une gencive d'un blanc nacré. La mastication se f^it du
côté opéré aussi bien que de l'autre. La déglutition est normale, ainsi
que la voix ; Tarticul^tion des sons, très-distincte, est un peu diffé-
rente de ce qu'elle était auparavant: Lorsque les mâchoires sont rap-
prochées, la ligne de séparation des incisives médianes supérieures
correspond à l'intervalle qui sépare l'incisive gauche de la dent canine,
ce qui ferait à peu près un centimètre de déviation. Quant à la sensi-
bilité, elle existe partout, seulement elle est obtuse; il y a une sorte
d'engourdissement de la peau, plus prononcé près^de la ligne médiane,
et diminuant à mesure qu'on se rapproche de là joue.
Deuxième observation, — Le 43 mars 1865, mademoiselle G..., âgée
de 29 ans, entre à Saint-Louis. Je remplaçais M. Yoillemier comme
chirurgien du bureau central. Celte malade, d'une constitution assez
cbétive, a vécu dans la plus grande misère en' province, jusqu'à il y a ^
un an, époque où elle vint à Paris et se fit domestique; elle porte une
tumeur volumineuse, de la grosseur d'une petite pomme, dure, élas-
tique, adhérente à la face postérieure de la mâchoire, faisant saillie
dans la région sus-hyoïdienne et dans la cavité de la bouche, s'éien-
dant en arrière jusque près de l'os hyoïde. Ce volume a été atteint,
nous assure-t-elle, en un mois. La tumeur est le siège d'élancements
qui troublent le sommeil de la malade. Il y a impossibilité pour elle
de manger de la viande et difficulté d'avaler des potages à cause du
refoulement de la langue en haut, l'articulation des sons est difficile.
Les ganglions du cou et de la région sous-maxillaire sont sains.
Le 20 mars, c'est-à-dire sept jours après son entrée, la tumeur avait
augmenté d'une façon appréciable. Le 21 mars, je procède à l'opéra-
tion. On fait respirer à la malade quelques gouttes de chloroforme.
Une incision, comprenant toute l'épaisseur delà lèvre inférieure, est
faite à partir du bord libre sur la ligne médiane jusqu'au-dessous du
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— 21 —
meBton. Du bord inférieur de eetle incision, j*en fais partir deux au-
tre^ Tune à droite, l*autre à gauche, parallèlement à la branche bori-
zontale de la mâchoire inférieure et prolongée à peu près jusqu'à
deux travers de doigt au-dessous du lobule des deux oreilles. Je dis-
. sèque ensuite les ieux lambeaux dans toute leur étendue, la partie
antérieure de la mâchoire est alors mise à nu. A droite, j'enlève
]a troisième dent molaire; à gauche, la cinquième; puis^ avec la scie
à chaîne, je scie de chaque côté la mâchoire inférieure au niveau des
alvéoles qui contenaient ces dents. Je détache alors les muscles qui
' s'insèrent à la portion du maxillaire séparée par les deux traits de
scie; mais, avant de terminer Topération, je passe un fil dans le ^in
de la langue, de manière à retenir cet organe en dehors, s'il avait de
la tendance è. se porter en arrière. Alors, avec mes doigts, je sépare
la face postérieure delà tumeur des adhérences cèlluleuses qui la
maintenaient eh contact avec les parties voisines, et je Ténuclée ainsi
avec la plus grande facilité' et sans effusion de sang.
Vingt points de suture réunirent la plaie, sur laquelle je plaçai
une compresse d'eau froide.
La langue ne se rétracta pas, ce qui s'explique par la distension
qu'avaient due éprouver les muscles hypoglosses et génioglosses, placés
des deux côtés de la tumeur, cette distension leur ayant fait perdre une
partie de leur tonicité. Le 29 mars, époque où on enleva les dernières
suturés, la réunion est complète presque partout, excepté vers le
miireu de l'incision parallèle à la mâchoire; à ce niveau, la réunion
n'est pas opérée, et lorsque^ la malade boit, le liquide s'échappe en
partie par cette ouverture. Le 8 avril , elle est pjise d'une variole
discrète qui guérit en quelques jours. Le 16 mai, elle est atteinte
d'une pneumonie à laquelle elle succombe. Mais à cette époque, elle
était complètement guérie, et n'était retenue dans les salles que par
l'intérêt que les sœurs et les malades lui portaient.
Examen de la tumeur. La table antérieure du maxillaire parait
saine dans presque toute son étendue, excepté vers le bord inférieur;
là, le périoste se confond avec la tumeur. Pourtant, au niveau de la
quatrième et de la cinquième molaire, cette face antérieure est inter-
rofflpue*parun prolongement de la tumeur, de la grosseur d'une noi-
sette et arrondie comme elle. Ce prolongement semble être passé de
la partie postérieure vers l'antérieure, en détruisant l'os vers le bord
supérieur.
Le bord inférieur du maxillaire est confondu avec la tumeur; le
bord supérieur est surmonté de toutes ses dents qui sont saines. Elles
sont toutes déjêtées en dehors, exceptéi la deuxième et la troisième
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molaires gauches qui sont déviées eu dedans. Ces dénis branlent toute»
dans.leurs alvéoles; la lamelle du' tissu compact qui, à Fétat normal^
les recouvre en avant, a éié détruite par la compression et le refoule-
ment des racines. A ce niveau, les racines ne sont plus recouvertes
que par la gencive. Celle-ci est mollasse et rouge.
La face postérieure de la mâchoire se confond avec la tumeiir.
Celle-ci mesure environ huit centimètres en hauteur et quatre centi-
mètres dans son diamètre transversal. Son épaisseur est de cinq cen-
timètres ; elle occupe tout Tespace limité par deux lignes verlical/es •
qui passeraient à. gauche par la quatrième molaire, à droite par la
première. Elle présente la forme d'un segment d'ovoïde, surmonté
de plusieurs cannelures. Sa consistaace est ferme, sa coloration légà-
.rement rosée.
Une coupe pratiquée perpendiculairement sur la tumeur et sur Fos
montre que le corps du maxillaire a notablement augmenté en épais-
seur, aux dépens surtout de sa partie postérieure. 11 est facile de voir
que celte augmentation est due à du tissu osseux de nouvelle forma-
tion, on.distingue aisément la limite de la' portion surajoutée. Cette
dernière se confond avec un» tissu formé de faisceaux grisâtres dis-
tincts et placés les uns àt côté des autres, ce qui donne à ce tissu un
aspect feuilleté. La coupe du mamelon antérieur permet de recon- .
naître qu?il est constitué en grande partie par du tissu osseux recou-
vert par une couche fibreuse, assez mince. A Texamen microscopique,
on constate la présence de fibres de tissu cellulaire en quantité consi-
dérable, et dans les parties superficielles des corps fîbro-plastiques
en proportion notable, par rapport aux fibres de tissu conjonctif.
3" Observation. — Madame B..., âgée de 26 ans, est une femme
d'une constitution chétive, petite, maigre, sans couleur, vivant au
sein de la plus grande misère. Elle se présenta à moi lor& d'un voyage
à ÉUain (Meuse)^ en 4864, portant un énorme épulis adhérant à la face
externe de la mâchoire dans la plus grande partie de la moitié gauche
de cet os, ainsi qu'à la gencive, surtout au niveau de l'alvéole de la
première grosse molaire vide de sa dent.
Celle tumeur, du volume d*un gros œuf, fait faire à la îpue une .
saillie notable; elle est d'un rouge assez intense, d'une consistance
fibreuse; elle ne gêne pas les fonctions de la langue, mais le rappro-
chement des mâchoires est rendu par elle difficile. De plus,.elle pro-
voque une salivation abondante. Les ganglions sous-maxillaires ne
9ont point engorgés.
Le 25 août, j'enlève cette tumeur. Après l'avoir circonscrite par
quelques incisions en arrière, en avant et en bas, je porte deux doigti^
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le la main disposés en crochet derrière éHe et Tarrache, ce qui se fil
très-facilemen-t et très-rapidement. Après son ablation, je constatai que
celle tumeur envoyait un prolongement dans la fossette dentaire cor-
respondant à la grosse molaire absente. A Taide d'une branche de
ciseaux détachée, je dilacéraî ce prolongement, j'en enlevai une partie
avec une pince à mors large, puis je cautérisai avec le crayon de
nitrate d'argent.
Vu au microscope, le tissu de cette tumeur était constitué presque
exclusivement par des fibres de tissu conjonctîf.
Après cette opération, de laquelle la malade se remit rapidement, la
guérison se maintint pendant une année; au bout de ce temps apparut
une tumeur dans Fépaisseur même de la mâchoire, ^au-dessus de
îangle gauche. Cette tumeur grossit de plus en plus, et quand je revis
cette malade en septembre 1865, c'esl-à-dîre un an après la pre-
mière opération, elle se i!)résentait dans l'état suivant : Uoe partie du
corps de l'os et de la portion inférieure de la branche verticale parait
dilatée en dehors comme en dedans, et fait à l'extérieur une saillie qui
repousse la joue, à Tintérieur une saillie qui refoule la langue.
Le bord supérieur de 'cette tumeur paraît formé par un tissu résis-
tant, quoique un peu élastique. Le bord inférieur et les parties laté-
rales inférieures ont une consistance osseuse. Le bord supérieur s'élève
de 2 centimètres environ au-dessus du niveau du rebord alvéolaire, et
met ainsi la mâchoire inférieure dans Timpossibilîté de se rapprocher
de la supérieure. La première et la seconde petite molaire qui Rmitent
cette tumeur en dedans sont déviées et branlantes. Le bord inférieur
se trouve sur le même plan que le bord inférieur du reste du corps de
Fos. La mastication est devenue impossible ; la malade ne se nourrit
plus que de potage. La salivation est extrêmement abondante, l'arti-
culation des sons difficile. Les gangHons de la région sous-maxillaire
ne sont point augmentés de volume.
Notre diagnostic fut le suivant : tuÉueur fifbreuse développée dans
Fépaisseur de la mâchoire et dont le point de départ a été le périoste
àlvéolo-dentaire.
Évidemment il n'y avait qu'un seul parti à prendre, celui de faire
la résection. Ge fut le 10 janvier 1866 que je la pratiquai. Une Inci-
sion verticale, coiffprenant toute l'épaisseur de la lèvre, fut faite à
partir de 1 centimètre de la commissure gauche. Cette incision, arrivée
au niveau du rebord inférieur de la mâchoire, fut prolongée le long
'de ce rebord, jusqu'au niveau dii lobule de Toreille. Pour le resté de
l'opération, tout se fit comme pour la première; seulement je ne pus
conserver qu'une très-petite partie du périoste. Vingt points de suture
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métallique furent posés, la réunion immédiate s'opéra dans toute
rélendue de la plaie, et la guérison ne fut entravée que par un érysi-
pèle qui survint, heureusement après que la réunion des bords de la
plaie était assurée.
La tumeur que je présente à la Société a les caractères suivants : la
plus grande partie de la portion gauche de la mâchoire et de la
branche verticale est transformée en un tissu blanchâtre, de consis-
tance fibreuse, présentant çà et là quelques points durs, dus à des
portions de tissu osseux dont la résorption n'a pas été effectuée com-
plètement.
Les parois de Tqs ont disparu complètement dans la partie qui coi;-
respond au l^rd supérieur et à la partie supérieure des faces laté-
rales; là, on ne trouve que le tissu de nouvelle formation. Les parois
existent encore, mais notablement amincies dans le reste de la tumeur,
et se continuent sans ligne de démarcation accusée avec le produit
pathologique. Le canal dentaire, refoulé à la partie inférieure de la
tumeur, paraît intact ainsi que le nerf contenu dans son intérieur
Des 'parcelles de ce tissu, observées au microscope, m'ont permis de
reconnaître qu'il était constitué presque exclusivement par des fibres
de tissu cellulaire de la matière amorphe, et de petites parcelles
osseuses.
Les trois tumeurs dont je viens de parler me paraissent surtout être
intéressantes sous les points de vue suivants :
1* Toutes trois sont constituées par des éléments des tissus cellu-
laires , embryonnaires , ou complètement développés ; elles nous
montrent, en quelque sorte, les trois degrés d'^èvolulion d'une seule et
même tumeur fibreuse, celle-ci ayant toujours pour point de départ
des noyaux embryp-plastiques, qui deviennent corps fibro-plastiques,
puis filaments de tissu cellulaire.. ^
2» Ces trois tumeurs se sont développées dans les. trois départements
cellulaires de la mâchoire, si l'on. peut ainsi dire, dans lesquels les
fibromes peuvent prendre naissance. La première, très-vraisemblable-
ment, dans le canal dentaire; la seconde, dans le périoste qui enve-
loppe l'os; la troisième, dans le périoste alvéolo-dentaire.
d'^ Ces ^ trois tumeurs ont été observées chez des sujets jeunes,
18 ans, 29 ans, 26 ans; chez des sujets vivant dans la plus grande
misère, les deux seules causes que l'on puisse invoquer pour leur ap-
parition.
4* Enfin, on peut être certain que des deux malades survivantes
la première est à l'abri de toute récidive, eu égard au temps qui s'est
écoulé depuis l'opération.
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— 31 -
M. Labrbt fait observer que dans le livre de Jourdain, on trouve
relatés des cas analogues au troisième fait rapporté par M. Liégeois.
M. A. FoRGET Parmi le tumeurs qui se développent da'hs les os
maxillaires, il en est qui leur sont communes avec toutes les autres
parties du squelette; il en est d'autres, au contraire, qui lenr sont
spéciales et qui dépendent de conditions aiiatomiques et physiologiques
qui ne se rencontrent que dans les mâchoires.
Cest au premier genre de tumeurs qu'appartient l'une de celles que
nous présente M. Liégeois, et qui est constituée par iine hypergénèse
du périoste citerne.
L'autre est une tumeur propre aux os maxillaires ; elle est de tout
point semblable à celle dont j'ai décrit plusieurs variétés dans ma
thè^e inaugurablé sur les kystes des mâchoires.
Procédant du développement anormal du périoste alvéolo-dentaîre,
le néoplasme se comporte différemment suivant q^uMl reste inclus à
l'intérieur de Tos îndéGniment, ou qu'à une époque plu^ ou moins
éloignée de son point de départ, il se fait jour à l'intérieur de la
bouche par les alvéoles privées de leurs dents par le fait même de la
pression incessante et excentrique du produit morbide.
Dans le premier cas,' le corps de l'os prend la forme ovoïde et con-
stitue une cavité close qui enserre de toute part le néoplasme.
Dans le second cas, celui-ci s'est pédiculisé ii l'intérieur d'une ou de
plusieurs alvéoles dilatées, et la portion du maxillaire à laquelle if .
correspond affecte une forme cylindroïde.
Ces tumeurs fibreuses adhèrent très-intimement à la paroi osseuse
du k^ste; il y a comme une sorte de fusion entre elles et lui au moyen
d'un prolongement que j'ai comparé, dans ma thèse, à l'épanouisse-
ment d'un fort tendon au point de son insertion. ^
Celte disposition différencie ce genre de tumeurs de celles que con-
stituent exclusivement le^ éléments hypertrophiés des bulbes dentaires.
Ces tumeurs, dont j'ai donné la description en 1860 dans un. mémoire
lu à la Société de chirurgie (avec une planche} et qui ont été récem-
inent étudiées par M. Broca, s'enkystent à l'intérieur des alvéoles où^
le plus. souvent, elles ne contractent que de très-faibles adhérences, y
restant plus généralement libres et isolées.
J'ai eu l'occasion de mettre sous les yeux de la Société de chirurgie
une fort belle planche reproduisant le dessin ^d'une tumeur de ce
genre qui lui avait été adressée par M. Letenneur (de Nantes).
Les tumeurs fibreuses ou fibroplastiques du premier ordre ont des
rapports variables avec les nerfs et les vaisseaux maxillaires, suivant
l'époque de leur développement à laquelle on les observe. Le plus
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- 32 -
généraJement eUes n'ont aucun rapport de CQntact avec le nerf den-
taire, le canal de ce nom restant intact dans la base de Tos tant que
la tumeuc^'a pas acquis une ampliation considérable. Sur deux ma-
lades que j'ai observés, par suite des progrès de la maladie et de
ramincissement du tissu osseux, le plancher du canal dentaire avait
été détruit et le contact de la tumeur avec le nerf déterminait les plus
vives douleurs à la moindre pression- C'est ainsi qu'indolores à Ja
première phase de leur existence, ces tumeurs peuvent être plus tard
très-douloureuses.
Quant au traitement, il serait insuffisant si on se bornait à arracher
la tumeur faisant saillie t^-dessus des alvéoles et à cautériser super-
ficiellement la portion restante de celle-ci. C'est pour avoir agi de la
sorte que Ton a eu souvent des récidives. Dupuytren conseilLait
d'éteindre plusieurs xîautères à l'intérieur de ces kystes osseux. Cette
précaution peut aus?i être insuffisante; le plus sûr en pareil cas est
d'enlever, comme je l'ai vu faire à Lisfranc et comme je l'ai fait moi-
même, le plan osseux qui sert d'implantation au néoplasme. Toute-
fois, la nature homéomorphe de celui-ci et TintégriLé de la base de
l'os maxillaire dont la continuité est conservée, me paraissent devoir
prescrire le plus souvent de conserver l'os et de réserver la résection
pour les cas extrêmes.
M. Demarqcay. J'ai suivi une malade qui avait été opérée pa?
Blandin^ et chez laquelle on avait enlevé toute la portion d'os au
ïiiveau de laquelle la tumeur avait pris naissance. La récidive eut lieu
cependant, et cette fois il fallut pratiquer la résection d'une moitié du
maxillaire. Dix ans après j'ai revu la malade; la guérîson s'était-
maintenue et les mouvements des muscles de la face s'étaient rétablis,
quoique pendant l'opération le nerf facial eût été coupé.
M. Liégeois insiste sur pe fait, que dans le cas dont il a donné la
relation, le point de départ des tumeurs paraît bien être le péridsle
alYéoJo-deataire. . .
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PRÉSENTATION d'iNSTRCHSNTS.
H. DEMARQrAT a fait construire par M. Gaiaate, une série de
cathéters de différents volumes, qui ont pour but de faciliter
Turéthrotomie externe sur .conducteur. Sur
chacun de ces cathéters se monte, un cur-
seur en forme d'olive, pointu inférieure-
ment, et sur lequel on a ménagé une canne-
lure.
Le conducteur étant introduit dans la vessie,
le curseur fait facilement reconnaître le rétré-
cissement e( s'engage en partie dans ce derf
nier, ce qui permet de l'inciser sur la rainure
du curseur.
L'opération terminée avec ce même curseur,
on explore le cmal comme avec une bougie à
boule, et on s'assure ainsi' qu'il n'existe plus
de portion rétrécie.
Gela fait, il s'agit, d'introduire une sonde,
dans la vessie; pour arriver à ce résultat,
laissant le conducteur en place', on enlève le
curseur, et à l'extrémité supérieure du con-
ducteur on adapte une simple ti^ qui, faisant
corps avec le cathéter, penoet de faire glisser
jusque dans la vessie une sonde percée à son
extrémité. On peut dès lors enlever 1^ con-
ducteur.
Grâce à cet instrument, les deux difficultés
que présente l'uréthrotomie sont vaincues , à
savoir :
1» Reconoaitre le siège et l'étendue du
rétrécissement; 2° introduire une sonde dans la vessie après l'opé
ration.
La séance est levée à cinq heures et demie.
Le Secrétaire, D' Léon Labbé.
2* série, — tome ix.
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IPrésldeBae «e M. LE«»I]K9T
La sétnce tst osverte "â trofs htrares et demie.
Le procès-'irerlial de la précédente séance est la et adopté.
CORRESPONDANCE.
La coirespoDdaiKse comprend :
— Qosatre yolumes (1 à IV) de Meâ, Ob». and Inquities de la Société
des médecins de Londfes, et le tome t** des Rapports de Lùndon hos- '■
pî^fli, offerts à la Société par M. Gfraldès. '
— Le» journaux de la scroaftre.
— Le Bulletin de Thérapeutique. ^
^ Le Bulletin dé la Çm^ê de méêecifie êe Marê^Me.
— Le 5ttd médical de BarsêlHe.
-^ La Gazette fHédieale de Sfrmlfmrg.
— Le troisième fascievie lin tome ¥1 des métMtres da Sêvaitis
étrangen, publiés par rAeaéémie rajale de médedne de Weèg\(p»e,
— Note mr les polypeê fàrreux é$ i-iOêrm^ par M. Anoeiot, membre
correspondant de la Société.
— M. Rouge, chirurgieii en^hef ^eifiôpHaleanlcaial de Laosaime,
adresse plusieurs lirochures :
Perforadm du palais et fokihplêsik. ^ Auf9pUmlies éwerses de la
face. — Quelques mots sur ViKfétiretome tulente, *— ÂnivrHme popUttè
guéri par la compression indirecte et iniermitfente, — La cblleetioti
pour i867 du Bulletin de ta 9oeiêtévatiÀoite ée midêeim.
— M. LE Président déclare vacante une place de membre ttto*
. laire. . .
comnwicATioN.
Fraetares arttenlalre», véoeetioBS.
M. YfiRNEUiL, à Toccasion 4e la communication faite dans la der-
nière séance par M. Duplay, sur le traitement des plaies des articula*
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«Qëde ]^r.m« plsôê fénétraile, mmÊÊfàjsak éBêntHmetf ■éb'SmUà'
culalion da coude. • './.:•)..
Le nommé X..., f7 an», vigouimi. Mm pirtaol, icçoft^ leiB août
t«<7, wi Moc de fiâermpesiMt,. mt ie o5lé ttteme «t pottérwarf da
«oude. n en réralte uns ^e k lambeM tagoada 12 à 15 ontif
teèlres et mettant à m la région eimne dm coude. U ezîMaity éa
même temps, un d^ilemeot èltmdn en liaat,' ea Im» et da cOtkét
V^iMm. Les oiiwmMieiifa du eonde éiiieiit fadlw, apo doaiouwfnx.
Oa 4liigoo8tl9ua ttoe pialê almple, «t oa mit en «âge yirrigatiea
•eoafîiHie, sane tenter de rappMMiier les lènei dola plaie.
B Bemr^iBt pas ^aeddeote pendant le» preaieri jautM, La qaa^
4v%ne, en ebaM^a uae raogear ditiBaefai oa i^flenieat <ieldulo la
partie décollée. Une eontre-ouyerture fut pratiquée du «Mé éa\Mi-
«rine, et leseatapUMmosauÉMiitaés à finigatioa coatiniie* il n'aiis-
^ît pes alore de'sympftaeB géoénrat.
Le % €epfe»Aife, duhuitièfM m itâhm joar, ftinonâ, ttmo»
gCMiifenent pfitegvnoaeux trè^^oMidémblé, e^élOQdwt on haat jasqoe
vers le deltoïde, en bas jusqu'au tiers moyen de ravant-brag^ doa^
jeiff dans les noepftemeètsç Isiateaoirftieada laaiboaii ialoraa; nkp-
Itétaee; sofT; éfiat général' asMc alafauail.
Texplore dé aooireaii la région, eH j^eoattate aao tacftare de Végih
^eoaéffe er vaeaavertnre étioifis de l'aitioolatNQ da «onde m aiTOau
(fe son coId cattvne.
le me déeiie vmcBédiâfiêaieBt à iMira la résodieB^ Ifcés avoir pria
J'airis de mon éminent collègue, le docteur Yanzetti.
La plaie formait nne> ifleiséon aatafoUe sur le boni «alcrao de Har-
licie. J'y jotas une IndsMi perpeoèicalam paoaaat aa nlftau ée
d'dléerftae «t dépassant iMfte apopl^so an dtdaas. Le bisloari n^inté-
resse CaiHlMM qu'un i^meat menaeé de spluMSèle et qui^ en «At,
se morISâa ^a grande* parllB^
ropérafkm ftit titolaftorîeaee & emiso de taétftaa «oUditédm
llgam^ts. Je n'enlevai abselomeni qae les snvûkoes arlioBlaifaB,
T^est^à-dlre l^uméruo au nivettii d'une Mgtie réunissaal le ecatvo de
répicoodyie- «Ide l'épitrodilée, puis la capote radiale ot le eidiitaB
an même airean, en respectant k9 insertions du lira(âiiai antérieur.
Je plaoe ie bras dans ht demi-flexion, et je laisse la |(laie avticalasre
iatgement «avorte. Pansement avec TaloGol camphré et la liqaeur de
<LMNBTaqao.
Us aceièents iiiflaiïnnaioîres locanx et les sjmptémes généraax
tombent daas Ifes trois jours suivants. Au cinquième joor, je ne ocai*
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**— 36 —
f^ftis.pH» rieo pwr la vje.i.L'esdbare tombe et met à bu JargemenC
rextrémité ifilérieure de rhosiéftts; il eo résulte une large plaie qui
se couvre bientôt de belles granulations.
.'. Le membre reste dans.ia goutlîère à angle, drdt pendant un mois;
au bout de ce. temps, je le rediresse pour rapprocher les. bords de la
plaie. A la cinquième semaine, le bras était si solide et la coaptation
si exacte» que, le malade pouvait sortir lui-même le membre 4e la
gouttière, sans avoir besoin de le soutenir.
. . Je' commençai alors à faire exécuter des mouvements, mais avec
modération, pour ne pas entraver la cicatrisation de la plaie., Ces
mouvements se faisaient dans retendue de 30 d^rés au moins. J'en-
voie alors le malade à Yincennes, parce que des érysipèies régnaient
dans les salles. Je lui recommande expressément de continuer à piobi-
liserson bras. ^ . .
Ce malade %st venu me voir dans le mois de janvier^ à peu près
complètement guéri; mais le membre a pecdu de sa mobilité. Il
«ctaiaie une cicatrice. adlérente au niveau, de l'humérus; le membre
eirt flécbi à an^^ obtus. Je* me propose de. le mobiliser ultérieu'-
iment. . ... "* .
Je cefnmunique cette observation comme exemple de Tefficacité de
la résection dans les^ cas de ]^ai^ articulaire, lorsque Tarthrite puru-
tonte et le:.pëlegasoa de voisifiage se sont développés.
Les phénomènes Iocmix et généraux, cèdent très-promptemenl.
Ce fait tend également à prouver que Ton remédie très-bien aux acci-
pents en faisant ropération au moment même où ceux-là sont déjà
développés.
- On peut donc attendre dans les cas de plaie articulaire et ne pas
jeéséquer d'emblée, à moins de délabrement considérable,
M.:.Gij£am a'iongtemps professé l'opinion de M. Yerneuil sur les
résections; mais, depuis, il a modifié sa pratique et a obtenu de beaux
succès, grâce au drainage, dont il faut rapporter Tbooneur à M« Chas-
saignae« Le drainage est un moyen puissant à mettre en usage, dans
les plaies arti<ïulaires et les abcè» des articulations.
Dernièretoent, M. Guérin a dû traiter unç grande collection puru-
lente du genou. Il a pratiqué le drainage, des lavages ont pu alors
être faits sans difficulté; la suppuration s'est écoulée facilement ; il
n'y a pas eu de fétidité, et le malade est en voie de guérison.
M., tiuérin a encore^ dans son service, un homme qui a eu une
plaie étendue du bras et unet suppuration de l'articulation du coude
qui a été vaincue par le drainage. Sans^ ce- moyen, il e^i fallu avoir
recours à la résection ou à l'amputation, oii le malade eût succombé.
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^91 —
. . C0ASSAIGNAC. Ce que vient de dire M. Guérin me di^)eMe de
discuter, avec M. Yeroeuil, couire ce qu'il y a de trop absolu daqs
set conclusions. Déjà, diaprés les faits de ma pratique et celte d'autre»
chirurgiens, je rejette la résection, au moins de prime abord. 11 faut
essayer, comme moyen de transition, le drainage, et ce moyen peut
devenir définitif.
M.. Blqt, Il y a quelques années» a lu un travail, très-favorable
à mon opinion. 11 a prouvé qu'après l'emploi du drainage, dans des
cas de suppuration articulaire, les mouvements s*ètaient complètement
rétablis.
Le point important, c'est d'agir de bonne heure, d*une façon hâtive.
. M. Pbrrin. Je voudrais que M. Yerneuii précisât son précepte, et
qu'au lieu de dire : « Il faut pratiquer la résection au moment où
apparaissent les accidents articulaires, » il dise plus radicalement :
« Il faut réséquer dans tous les cas de plaies des articulations, car. il
est rare qu'on n'ait pas d*accidents articulaires. »
Quant à mon opinion personnelle, relativement à l'opportunité de
la résection, je la réserve entièrement.
M. GuTON. J'ai pu obtenir dernièrement un beau succès à la suite
de l'emploi du dramage dans un cas de plaie du genou. J'avais pra-
tiqué le redressement pour une arthrite purulente, je fis ensuite une
ponction, et il s'en suivit une amélioration. Les accidents ayapt
reparu^ M. Després, qui me remplaçait, pratiqua le drainage et le
malade guérit parfaitement.
, M. Tbélat. M. Yerneuii nous a présenté an malade atteint de plaie
du coude avec fracture, chez lequel il a pratiqué avec succès la
résection, et il a bien fait; mais de là à ériger en principe la résection
dans le eas de plaie articulaire, il y a une grande distance. Il faut
^^iser quelles sont les articulations lésées et ne poser de préceptes
que pour chaque articulation en particulier.
Ainsi la résection, favorable pour le coude, serait mauvaise pour le
genou et ne devra être tentée qu'exceptionnellement pour l'articula-
tion tibio-tarsienne.
Le drainagid est un moyen très-utile, auquel j'ai fréquemment
recours, mais il rentre dans la méthode plus -générale des incisions
évacuantes.
M. DsMABguAT. M. Yerneuii a-t-il pu décoller le périoste dans le
cas où il a opéré sur un sujet sain?
M. Ybbnbuil. Je n'ai réséqué que les parties articulaires; et je ne
me siûs pas attaqué aux parties recouvertes de périoste. La question
de conservation du périoste n'a pas été posée dans ce cas.
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-«-« 3BS -î— •
'M. Devarqtat. le regrette que M.Téfneitfl tt'kit pas^f«it de tenta-
âves' àe eonsenratkm du périoste. Dans la dernière eooM&oQiealkw
fellê par M. OMer, à la Sodèté d« fâi^rgfe, ce dnirargi«n a dii avoir
en eears d*<>bfienralioii ufi malaée «^lez leqad^ il ardt prafiqné, à fa
stdte éTtra traotnatisnie, ht résection tf&fo-tarsieime. If avait pa, ciiez
ce malade, disséquer le périoste et rétablir les surfaces arffeuiaire^.
J'ai tenté des résections de ee genre, et je n'ai pas été amssf heureux
qne M. Ollier. Je me demande comment, à Lyon» on obtient ce qnf ne
peut être oMenn à Paris, fedédare cpie, pour mon compte, je n'aî"
jamais pu décoller le périoste d'un os sain, surtout au vcdsfnage
dès articula^ns, sans produire des dlélabrements très-consfdéirables.
M. Tbbnhoil. Je voudrais qtf on distinguât Remploi dti drainage
dans les abcè» articnfotres, de la résection appliquée aux cas de plaies"
articulaires avec fracture.
M. Blot. h y a dfes cas ûh; malgré- Ites' acdéenfii généraur les plus
graves, on obtient la guêrison ^artftrit^ suppnrées par de h^s
incisions. I^ai: observa on dé ces faite dans Vu sertice de H. Nélaton^ à
la Clinique. •
H faudrait indiquerrigoureusemenf ifens qnefe cas fa résection doit
&re mise en usage, dans' qnel cas te drainage doit être utjle. H fkut
teiiîr compte de la question du rélaMissement des mouvementsl
On peut se demander, dans le cas de M. VerneBîî, sî c'est la résec-
tion ou bien seulement les larges débrîdemettts qui Tout accompagnée;
vqui ont fait tomber les accidents généraux.
M. Larrev. Tai recherché db tous cétés, depuis deux ans, des
•Observations complètes el probantes de ces soirCes de lésions, surtout
en ce qui concerne Farâcniation dtr genou* J'aî vu qu'on' pouvaft
obfenir des succès trê»-teattendus dans un grand'nond}re de eas^. Ces^
sucQ^ commandent une certaine' réserve dans Pappticatien <fe ift:
résection et de l'amputation. Il faut d'abord foire usage de toutes les
ressources dont nous pouvons dispeser.
fi finit bien, dans ces cas, m garder de confondre Vexpectation avec
la chirurgie conservatrice, La première semble être oisive, inactive;
là seconde doit, par les efforts les plu» actifs, les plus énergiques,
iâcher d'éviter les opérations.
M. Lefort. m. Yerneuil nous a présenté un malade qui avait eu
une fhicture du coude avec plaie pénétrante. Au dhiiène- jour
de la blessure, deuxième jour des acâdeirts, il a réséqué. Que iallliit4l'
ftm-e?
La fracture n*întéressaît que féplcondyle. Pà!laft-il-fafrealorsdélft
chirurgie conservatrice, faire des incisions, ou pratiquer la tésee*'
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aussi largement rarliculation qa*au niyektcém^^ttum* SI la néBMkm
AWt dâ $U^ pisali^ée, pàk^ <te l'4tarÀùa, «a^lvett eût .«u|^ /
Ndtu.8«v#&s qoe ka ampotatiipia, les n^eeetioaa laitea a^ laoumi 4a
lafiè?re, donnent de mauvais résultats; aussi, je crois qoe, dans )0l
4ûrcoii8taoces oà se trouvât M« YerDeui), 11 eût mieux valu ne foire
que des débridements, du drainage oa 4e Tirrigation continue; mais
pas la résection. CependaiU« ce^fait prouve qu'on peut guérir les
malades dans ces conditions. , . ^
M. Panas. J'ai réséqué un eoude, pour cause traumaiique. Il exis:
tait une fracture intra-articulaire multiple, avec plaie de rarliculation,
contusion violente.
La résection, a porté sur les trois -os. Je pensais mettre aihsi mon
malade à l'abri d'accidents formidables, mais il a succombé à la
suite du développeme^ d'iu» pl^egociOQ étendu et de fusées purulentes.
La résection avait été faite trois jours après Taccident, avant que la
réaction inflammatoire fût violente. J'indique ce fait pour l'ojpposer
aux faits favorables cités par M. Verneuil. §
M. Verneuil. J'entends parler ici des plaies articulaires compli-
jquées de fractures. Je demande ce que j'aurais pu faire dans le cas
actuel. Mon malade arrive avec un traumatisme grave On pratique
rîrrfgation^ Surviennent les phénomènes inflammatoires» on fait des
ouvertures. Alors se développent des accidents généraux, graves;
c^est à ce moment que j'explore de nouveau la plaie avec mes doigts
et que je constate la fracture.
J'ai pensé qu'on ne pouvait pas mettre un drain entre les surfaces
articulaires du coude. Je crois également qu'on ne peut diviser, ouvrir
largement Tarticulation du coude. Restait la résection : en réséquant
^jBHuIement Tolécrâne, fopérafion n'eût pas été suffisante pour ouvrir
k^^$ment l'articulation. J'avais déjà obtenu trois succès, à la suite
âe% résection des trois os; fat agi de même dans >ee quatrième eas,
ctj'kl'yénssi. \ !
E6 I^Sbà! dans les este de* fractunfes graves du coude, Ton. a le plus
souvent un cal vicieux, et une ankyiese consécutive; les malades
suppurent longtemps, et, slîs- guérissent, iftsl avec un eoude éétes.
table;
l^aiis ces eireonttanees, la rèséctiofi n'augmente pas les dbances de
Mm. Chez monmalade, les sytnpt(ymes étaient fbrmiéaliies, 6t tous
«MH^édé après l'èpéMttieB.
H. VW«BT. Je Tondnds sarnwr ^Êti était etaeteasein fétail des «tir«-
fuecs «dj^aWsef que M* Vonunil a: eatevé^ La pbàogvoii ji gif&ve
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qu'on ft observé ayaiHl pour point de départ l'artiéulationY Y avait^il
dupuf dansFarticulation? • •
M. TaéLAT. Dans le cas partiéulier dont il s'agit, vu l*état des
choses, j'es^time que M. Yerneoil a bien agi; mais il né faudrait pas
généraliser.
M. Yerneuil. Les surfaces articulaires étaient extrêmement serrées
et il n'y avait pas de pus dans l'articulation.
M. Deiiarquat. m. Yerneuil a surtout été entraîné à pratiquer la
résection par l'intensité des phénomènes d'étranglement. Eh bien,
des incisions, des débridements à l'air libre, à l'aide d'un ténotôme,
auraient pu vaincre l'étranglement. Cette pratique, qui était suivie
par Rop, par Blandin, m'a réussi dans un cas de plaie du genou.
PRÉSENTATION DE PIEGES.
Tumears à myéloplaxes*
M. GuERiN présente une tumeur à myélopîaxes. |1 s'agit d'une épu-
lis, qui avait pris naissance dans le périoste alvéolo-dentaire.de la
mâchoire supérieure, ce qui semble en contradiction avec Topinion
des micrographes et en particulier de M. Charles Robin, M. Guérin a
enlevé la dçnt et l'os qui entourait l'implantation de la tumeur dans
une très-grande étendue, pour éviter la récidive. Le point d'implan-
tation était sur la dent; en enlevant celle-ci de bonne heure, on aurait
eu grande chance d'enlever tout le mal.
M. GuYON a enlevé tout récemment une épulis à myélopîaxes de la
mâchoire supérieure. Il rappelle la thèse de M. Nélaton, neveu, qui a
publié un grand nombre de faits de cette nature. '
M. Lbon Labiub* m. Eugène Nélaton a, depuis 1860, époque,. à
laquelle il a soutenu sa thèse, tenu les chirurgiens au courant du
résultat' définitif des opérations qui avaient été pratiquées chez les
malades dont il a tracé l'histoire. En 1865, il a fait connaître l'état de
ces pialades, et dernièrement il a fourni de nouveaux renseignements
sur ce sujet. Les résultats qu'il a constatés démontrent que les tumeurs
à myélopîaxes sont essentiellement bénignes. Elles Ae récidivent pas
lorsqu'on a eu le soin de dépasser les limites du mal. - ..
M. L ARRET a publié, il y a bien des années, un cas d'épulis, dans
lequel il a cautérisé assez énérgiquemeut la surface d'implantattoa.
M. FoiiGBT ne croit pas que l'on cbonaisse bien l'élément génésrqiift
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— il —
de «es limenrs.iee^i.ttifiÂqsâriit kt éifiëteMit que Vm peut
observa au peîot 4e wo de la réeidive;
Autrefeiîa» on oeotodait lentes ces tumeurs sous le nom de sar-
come. Gepeadant dès lors ouïes enlevait largement, et, aaas eom^ttre
la natuie d^ la maladie, on ag^sait comme si ou la eoaoaissait«
PfilêSBMTATION M MALADE.
Stai^bjldiiie pellnelde de to Cernée.
M. Metjsr. Le malade que j'ai Thomieiir de présenter à ^'
Société de chirurgie a été atteint d'un staphylôme de la^
cornée dont les premiers symptômes remontent à plus de sept
ans. À cette époque, le malade , s' apercevant que sa vue M"
bllssait de plus en plus, vint à Paris consulter notre regretté
confrère M. Follîn , qui, diaguoeliquaDt invonédiatanent le
kératoconus, conseilla le repos des jeux, Tusage des lunettes
slénopéiques, et dît franchement au malade qu'il n'y avait rien
à faire. Et, en effet, les moyens connus jusqu'alors tentaient
toujours à neutraliser autant que possible les effets funestes
que l'affeclion de la cornée exerce sur la vision, ou à empêcher
les progrès du stapjiylôme sans attaquer ce dernier même. On
avait bien proposé d'exciser une portion de hfi cornée avec ou
sans suture consécutive, mais ces opéra^ons, devant néces-
sairement mettre forgane en danger^ n*avaîent jamais été
exécutées. Ce n'est qu'en 1866 que H. de Graefe conseilla une
nouvelle méthode, se basant sûr l'aplatissement de la cornée
que Ton voit survenir après des abcès de eette membrane, et
publia en m^me temps un cas où il avait obfettQ un résultat
très-encourageant.
Lorsque le malade, ici présent, vint me consulter au m<^
d'octobre dernier, la vision de son œil avait tellement souffert
qu'il ne pouvait plus reconnaître les penoanes quil toodiait
de la main, et comme lés moyens optiques ne présentaient plus
d'e/lScacité, je me décidai A l'opération proposée par le savant
professeur de Berlin. Le 19 novembre 1867, j'enlevai, à l'aide
d'une aiguillé en forme de curetlè (fig. 1), un petit morceau
large de 3 millimètres à peu près de la surface de la cornée
an-dessous du sommet du cône, sans pénétrer dans la chambre
antérieure.
A ce même endroit, je cautérisai deux jours plus tard, et à partir
2* série. — tome ix. 6
y
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-48-
de ce moment) tous les deux ou trois jôurs^ très-légèrement avee un
crayon de nitrate d'argent mitigé. Ne voyant ari^ver aucune réaction
inflammatoire, j'enlevai, dix
jours après, un second mor-
ceau de la cornée de la même
grandeur que le premier et sans
periorer la membrane de Des-
' cemet. Il se forma alors peu à
peu une petite infiltration que
j'entretins à l'aide de fomen-
tations chaudes et de légères
cautérisations. Quand je vis ce
petit abcès artificiel prêt à
amener une perforation spon-
tanée, je pratiquai, le 20 dé-
FiG. 2. — Staphylâme peUncide de la cornM ^ , , ^, , ,
avant ropémlon. ccmbre, la paracentèse de la
chambre antérieure, et je ré-
pétai celte ponction à plusieurs reprises, jusqu'au !•' janvier dOîetle
année. Â. partir de ce jour, je ne mis plus d'obstacle à la guérison de
la petite plaie. La rétraction du
tissu cicatriciel provoqua rapi-
dement l'aplatissement du sta-
phylôme qui avait complète-
ment disparu vers le milieu
de janvier. La cornée montre
maintenant, à l'endroit du sta-
phylôme primitif (fîg. 2), une
taie qui est encore en voie de
régression (fig. 3) et la cour-
bure de la cornée est devenue
normale (fig. 4).
> Quant à la vision, le malade
FiG. 3. — Aspect de l'œU, vu de profil, ^ . ^ i ,, »
après l'opération. , qu^ jc ^oumcts à 1 examcu de
la Société de chirurgie, lit au-
jourd'hui sans difficulté une écriture fine (Jaeger; n« 9) à la distance
ordinaire, et reconnaît même les caractères les plus fins (Jaeger,
a* 1). Pendant la durée du traitement, qui a été de deux mois à peu
près, le malade portait un léger bandage sur l'œil et venait ainsi
tous les jours chez moi pour se faire soigner.
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— « —
FiG. 4. — Le même œil, vu de face, après l'opération.
PRÉSENTATION d'iNSTRUMBNTS.
Ciseaax broii^«(omes.
Cet iustrument a été construit d'après les données de M, Amédée
Tardieu, interne des hôpitaux, par 51. Galante, fabricant d*inslru-
ments de chirurgie.
Il est destiné à faire la trachéotomief", tout spécialeinent chez le»
enfa^nts, dans les cas (|ifficiles.
Il se compose de deux braBches de ciseaux rapprochées par une
articulation mobile : Tune des branches est terminée par une pointe en
tenaculum ; c'est la branche principale.
L'autre branche ressemble à une branche de ciseaux ordinaires, et
sa lame peut être terminée un peu en ligne courbe.
Avec cet instrument, on fait la trachéotomie de la façon sui-
vante :
L'enfant est couché sur le dos; la face antérieure du cou est tendue
par la projection en arrière de la tête tenue par un aide. Un autre
aide tient les mains. v
Dans un prenner temps, le chirurgien, se plaçant près de la tête de
Tenfant, saisit la trachée entre le pouce et l'index de la main gauche.
Quel que soit l'embonpoint de l'enfant, on peut toujours fixer solide-
ment la trachée.
Le chirurgien prend alors de sa maia droite la branche de ciseaux
terminée en tenaculum, et enfonce la pointe de bas en haut dans les
tissus. Une sensation spéciale le prévient qu'il est dans la trachée.
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-•M —
GMhf^
Dans uu deuxième temps, le chirurgien fait glisser de bas en, haut
dans la trachée lapointe
dit teûaculum, et la fait
i«4B80ft># au point où
il veut, au niveau dn
cartilage par exemple.
Il lui est plus commode
pour ce temps d'être à
droite de l'enfant.
Enfin, dans un troi-
sième temps, le chirur-
gien articule la seconde
branche à la première
et coupe d*un seul coup
la peau, les tissus so^s-
jacents et la trachée.
Cet instrument rend la
tetchéotomie prompte
et facile chez les en-
fants. Moins que tout
autre procédéil exposa
aux hémoriiiagfes.
Quant aux reproebes q&'oa pourrait lui faire» rexpépfmeiifation,
mieux que les arguments, en aura facilement raison. Elle fera voir
en même temp» les avaotages réels ^ur'offre ce modeste instrument^
QÂmxpwé aux autrei'appardis emj^yét pour la tracbédiomie.
La séance est levâe â cinq hecrres et (kmole.
Le secrétaire y D' Léon Labbé.
SÉANCE DU 26 FÉVEIER 1868
. Présidence de H. LEGOVEST
Le procès verbal de la séance précédente est lu et adopté.
. CORRESPONDANCE.
La correspondance comprend :
— Une lettre de M. S. Duplay, qui se porte candidat à la place de
membre titulaire actuellement vacante.
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— 45 —
— Les journaux de la semaine.
— 1," Union médicale de Provence,
-^ Le compte rendu des travaux de la Société médicale de CUr-
mont-Ferrand,
— Un tirage à part de l'article Autoplastie^ pdit M. Vemeuil» extrait
du Dictiownaîre encyclopédique des Sciences médicales.
— Observations de Trachéotomie dans la dernière période du crotfp»
par H. Calvet, chirurgien en chef des hôpitaux de Castres.
— Une brochure sur la Vaccine et la manière de pratiquer cetU opé»
ration, par le docteur Martînenq. v
— Un dictionnaire de poche allemand^ italien et français^ soiis le
tilre : Petit éUctionnaire pour Hinfirmier volontaire dés blesséà en
guerre.
— Le tome XXXII du Btdletin de f Académie impériale de médecine,
— M. le docteur Lombard adresse une note manuscrite relative à
là reproduction des os par le périoste. Cette note est accompagnée
d^une clavicule extraite à un enfant,
— M. Broca dépose sur le bureau, de la part de M. le Directeur d«
TÂssistance publique^ les deux premiers volumes de la Staiislique
médicale des hôpitaux de Paris (années 1861 et 1862}.,
H. LABAEt. La statistique des hôpitaux civils de Paris nous fournît
déjà des documents et des renseignements très-intéressants: leur
importance et leur intérêt ne fera que s^accroître; mais il serait
important de pouvoir y joindre celle des hospices de convalescence de
Yinceones et du Vésinet. Cela serait d'autant plus nécessaire, que
beaucoup d'amputés vont terminer leur guérison dans ces deux
établissements, et que c'est là surtout où Ton peut étudier les résul-
tats éloignés fournis au point de vue de Futilité des membres par
diverses amputations.
Il serait d'un intérêt considérable de posséder, d'une manière aussi
complète que possible,' la statistique de nos hôpitaux civils et mili-
laires^u'on pourrait ainsi comparer.
M. Broca, Au point de vue scientifique, il serait désirable que les
yœox de M. Larrey puissent être remplis; mais les hôpitaux de Vin-
cennes et du Vésinet dépendent directement du Ministère de Tinté-
rieur; Tadniinistration des hôpitaux ne peut y intervenir, et il serait
difficile, sinon même impossible pour le moment, d'obtenir à Vin-
eennes et aa Vésinet la rédaction d'une statistique sur les mômes
bases et dans le même cadre que celle de TÂssistance publique.
M. Larret. L'a Société de chirurgie obtiendra probablement sous
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— 46 —
peu l'audience qu'elle a demandée à S. Exe. H. le Ministre de Tloté-
' rieur; peut-être alors pourrait*elie utilement appeler son attention sur
ce point.
M. Marjolin. Beaucoup de nos malades, sachant que Tasile de
Yincennes est dans de meilleures conditions hygiéniques que nos hôpi-
taux, s'j rendaient pour y prendre un air plus salubre e| aussi pour
s*y faire opérer. M. Laborie a pratiqué, à TAsile impérial, un assez
bon. nombre d'opérations et avec beaucoup de succès. Il serait à
désirer qu'on pût, avec les registres de cet établissement, compléter
les notes que notre regretté collègue a laissées sur ce sujet. Gela doit
être possible. Tous les mois, on nous présente a signer une feuille sur
laquelle se trouvent inscrites les opérations que nous avons pratiquées
pendant le mois précédent. 11 me paraît plus que probable qu'on a dû
tenir note, à Yincennes, des opérations faites.
M. LÉON Lefort. L'administration, en entreprenant l'important
travail dont elle vient, par l'intermédiaire de M. Broca, de nous sou-
mettre les premiers résultats, est entrée dans une voie excellente, et
nous devons l'aider de toutes nos forces à y persévérer. *Je n'ai pas à
signaler les imperfections de la statistique qui nous est soumise^ je ne
voudrais même pas le faire, car il y aurait injustice à demander qu'on
arrivât du premier coup à la perfection dans une œuvre aussi délicate.
La statistique des hôpitaux de Paris ne peut être bonne* que si les élé-
ments qu'on fournit à l'administration sont absolument sérieux; col-
liger plusieurs milliers de fiches statistiques isolées est un travail dont
on ne peut sortir qu'avec la plus grande difficulté. Il serait à désirer
que nous vinssions en aide à radminislralion en lui remettant chaque
année, sous forme de rapports, la statistique, faite sur un cadre uni-
forme, de nos services respectifs.
M. Després. La statistique est faite à l'administration centrale,
longtemps après que les malades ont quitté les hôpitaux; lors donc
que les feuilles individuelles portent des indications insuffisantes, il
est trop tard pour les compléter. Aussi trpuvons-nous, dans les
tableaux publiés, beaucoup de désignations vagues : phlegmons, sans
autre spécification ; amputation des doigts, sans qu'on puisse savoir
s'il y en a un ou plusieurs d'amputés. Je soumets ces desiderata à
M. Broca, puisqu'il es^, à l'administration, It directeur de la siatis*
tique.
Il serait désirable que la statistique fût faite, dans chaque hôpital,
au fur et à me.sure de la sortie des malades, par un employé spécial.
M. Yerneuil. L'administration a supprimé, pour les concours des
prix de l'internat, une épreuve excellente : celle du mémoire inédit,
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— 47 —
rendis par chacun des candidats. Elle pourrait, ayecatantage, rétablir
cette épreuve spus la forme d*uQ prix de statistique et récpmpei^ser
les internes qui fourniraient les meilleurs documents.
. M. GiRALDÈs. L'administration est entrée dans une voie utile, mais
les lacunes que présentent ses statistiques ne sont pas de son fait.
£lle ne peut mettre en œuvre que les documents qui lui sont fournis,
et ils ne sont pa$ toujours rédigés avec un soin suffisant. M. Le Port
disait qu'il faudrait faire la statistique générale au moyen de statis-
tiques partielles; je suis de son avis. 11 y avait autrefois, ^ans le ser-
vice de Dupuylren, Tinterne chargé du service des observations; c'est
une organisation à laquelle nous pourrions avec avantage emprunter
quelques améliorations à l'état de choses actuel.
M. Trélat. Le tableau numéro 10 comprend les hôpitaux généraux
desquels on a éliminé les services de chirurgie, les ^hôpitaux spé-f
ciaux, comme les cliniques et Saint-Louis: il y a là un desideratum
qui ne tient qu'à une question de forme, mais qu'il serait utile de
faire disparaître, car les services de chirurgie de ces hôpitaux n'ont
rien de spécial qui les distingue de ceux des autres établissements tels
que Beanjon, THôtel-Dieu, la Charité, etc.
Quant aux statistiques partielles que demande M. Le Fort, elles me
paraissent inférieures aux fiches individuelles, mais il faut que ces
fiches soient exactes et bien faites.
M. Després insiste sur l'utilité d'un employé spécial chargé,
dans chaque hôpital, du dépouillement des feuilles de statistique.
M. BaocA. L'organisation générale de la statistique a été faite par
une commission dont je faisais partie, mais je ne suis en aucune façon
directeur de la statistique. Je me suis occupé seulement du dépouille-
ment des opérations chirurgicales ; je me suis borné, tout à l'heure, à
demander à meg collègues si, dans ces tableaux, ils ont quelques
modifications à conseiller à l'administration.
Comme le dit M. Després, il y a inconvénient à ce q^e le dépouille-
ment et le classement soient faits si longtemps après qu^ les malades ,
ont quitté l'hôpital; mais ces retards ne vont pas tarder à disparaître.
Dans les premières années, on manquait d'habitude, on découvrait à
chaque instant, dans les fiches, des lacunes et des erreurs, et on a
attendu, pour publier la première année, que le dépouillement de la
seconde année fût achevé. Aujourd'hui, on peut marcher plus vite et
mieux, car les feuilles statistiques sont mieux faites ; les préventions
qui régnaient au début sont effacées ou tendent à disparaître; nous
n'en sommes plus à l'époque où Dupuytren regardait comme une
injure personnelle un regard (indiscret, suivant lui,) jeté sur les
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— '48 --
résultats de sa pratique hospitalière; tous, aujourd'hui, nous accep-
tons îa responsabilité de nos œurres.
fv$m demandé la suppression du relevé mensuel des observations,
car ce relevé est presque toujours inexact et î! fait double emploi ;
mais par cela même que la statistique est en retard, le relevé men-
suel est indispensable, car îl faut que, dans l'année même, Tadminis*
tration puisse, s'il en est besoin, savoir quelles opérations ont été '
•pratiquées dans les hôpitaux.
Contrairement à ce qu'a dît M. Le Fort, je croîs les fiches iudîvi-
duetles préférables à une statistique faite pour chaque service
annuellement par chaque chef de service; mais il faut que les fejuilles
soient exactement Mes. Quant à mol, je fats faire fen-tête par un
externe, et j'en remplis les blancs moi-même. Si nous faisions nous-
mêmes nos statistiques, eHes ne concorderaient pas; sans doute il n*y
attrait pas d'erreurs sur les chiffres absolus des guéris ou des morts ;
mais les classifications différeraient pour chaque service, îl n'y aurait
aucun ensemble; îl vaut donc mieux que ce soit une même personne
qui verbaFise toutes les fiches et fasse la statistique sous des rubriques
identiques pour tous les hôpitaux.
M. LÉON Lefort. Je né saurais me ranger de Favis de M. Broca.
Une statistique exacte est bien plus facile à faire par celui qui a
soigné le malade que par lin étranger, quelque intelligent qu'il puisse
être. 11 ne s'agit pas de substituer nos statistiques à celles de l'assis-
tance publique ; l'administration doit, dans cette œuvre, être secondée
de tous nos efforts; continuons à lui fournir les fiches statistiqi^s
qu'elle' nous demande, et faisons-les les plus exactes possibles, c'est
notre devoir et notre désir à* tous; mais je soutiens qu'il serait utile
que chacun de nous fît, chaque année, sa statistique partielle, et
foutes ces statistiques concorderont si nous suivons un cadre uni-
forme. Or, précisément ce que je demande, c'est que fious nous enten-
dions tous pour- discuter et accepter le même cadre, ainsi que cela a
été fait récemment en Angleterre pour beaucoup d*hj5pitaux. L'œuvre
de la commission a des lacunes et des imperfections que nous pour-
rions faire disparaître en mettant nos efforts en commun, aujourd'hui
que nous avons en statistique chirurgicale l'expérience qui, îl y a
quelques années, nous manquait à tous. Depuis quatre ans, je fais
moi-même ma statistique, que je remets, à lu fin de Tannée, à l'admi-
nistration; c'est un travail de quelques minutes chaque jour^ au
moment où nous signons nos cahiers de visité.
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_ 49 —
PRÉSENTATION DB PIÈCES.
Tunear liyp^rtr^pMqae dies ^lAiides SBd«rl|^ares.
M. DEMARQUAT présente une tumeur du volume d'un œuf, qu'il a
enlevée dans la région de Taine d'un homme 4gé de 55 à 56 ans. Ce
malade avait été adressé dans le service de M. Demarquay comme
étant affecté d'une tumeur cancéreuse. La première impression avait
été, en effet, que la tumeur qui était bosseléç, irréguîière, exukérée,
était cancéreuse. Mais un examen plus attentif modifia le diagnostic,
et il fut en effet facile de constater, après l'ablation du mal, que le
produit pathologique était formé par l'hypertrophie des glandes
sudoripares. G*est ce qui résulte de la note suivante, qui a été rédigée
par M. Bouchard, après un examen attentif de la tumeur au microscope.
La tumeur est coj^stituée par une substance rougeâtre un peu pul-
peuse, appliquée sur la face profonde du derme, dont elle pénètre le
tissu par des prolongements coniques qui slnsinuent dans ses alvéoles
et qui lui adhèrent intimement. Cette masse est libre par la face qui
repose sur le tissu cellulo-adipeux sous-cutané.
Son tissu e3t un peu friable et assez difficile à dilacérer à cause de
la résistance du tissu conjonctif, qui semble le cloisonner et le diviser
en lobules, à cause aussi de la fragilité de la substance propre.
Cette substance est constituée par des tubes de diamètre variable
dépassant en général celui des glandes axillaires. Us sont flexueux, ^
entrecroisés, pelotonnés. -Leur membrane, d'enveloppe anhiste, très-
mince, très-transparente, est doublée extérieurement d'un tissu con*
jonctif peu abondant où prédominent les fibres lamineuses et les cel-
lules fusiformes, dont les prolongements sont très-longs et très-grèles.
L'intérieur des tubes est rempli par des cellules étroitement tassées
les unes sur les autres, ce qui donne à leur ensemble une disposition
pavimenteuse. La masse que constituent ces cellules est d'un brun
rougeâtre par trans|)arence un peu opaque, et parait de distance ea
distance, tachée d'amas de granulations graisseuses et pigmentaires.
Les cellules obtenues à l'état d'isolement sont caractérisées par un
noyau sphérique ou légèrement ovoïde entouré d'une masse cellu-
laire très^xactèment appliquée sur le noyau, ce qui, au premier
abofd, ne permet pas de la distinguer nettement. Quelques-unes de
ces cellules sont franchement polyédriques; quelques-unes enfin, plus
anguleuses, émettent des prolongements assez grands qui s'insinuent ^
entre d'autres éléments semblables.
M.' Yernbiiil. Les adénomes sudoripares sont fréquents, et cela
2« série. — tome ix. . 1
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.— 50 —
explique les idées ancie&oes sur la noA-reproduction et la bénignité
de certaines tumeurs de la peau, dites cancéreuses. Les signes t^li-
niques sont clairs quand la tumeur siège à la foce; dans certaines
régioQi», eoscune à l'aisselle, ou les diagnostique d*auta.nt,plus facile-
ment, qu'on s'attend à les trouver; mais on éprouve de grands
embarras quand la tuojieur siège au milieu des téguments du tronc. -
J'ai vu, sur le sternum, *une de ces tumeurs data];it de quatorze ans.
Leur i^arche est extrêmement lente; elles sont indolentes souvent,
mÂme.au toucher; la peau est intacte à une petite distance; il n'y a
pas d'engorgement ganglionnaire, pas de développement paprilaire
autour de& ulcérations^ Les éplthéliomes siègent surtout aux environs
dea orifices.
Nous avons encore à fajre-^lïfetoîjrer^inijue des tumeurs sudori-
pares siégeant sur les nj^i^Jf^^ ^ ^' ^Ô/^
Hypertr«Mfe do. cartilage. 4*9s«|ÉdAtioii.
r JAN ^. lam
U. Bboca présente l(ne pièce pathologique o&antyte& particularités
suivantes : \ "-. /,^. " "^^'^" ^^^'^ .,s^/
Elle provieat d'un jeih»Q llÀi]i^.\de.t^ atteiat^ depuis
dix ans, d'une tumeur bianehe-âtH^enetr,' et auquel M. Broc^ a fait
Tamputatiou de la cuisse. En examinant l'articulation, après l'avoir
sciée loogitttdinalement, on voit une petite masse blanche, cartilagi-
. n«i6e, située au-dessous de la SKurface articulaire du tibl^, au voia^*
nage du pofn^ d'insertion du tendon rotnlien et i^jant une direction
parallèle à L'axe da> tibia. Sll#. |Ar4tt ^tre due h L'hypertrophie ""de
Fane des deux lames cartiia^neuse^ d'ossification qui. séparent la
diaphys&de l'èpiphyse supérieure, de Tos. IP^en q>u« cette. Lame, soit la
produit d'un état pathologique, sa stcueturQ est eell» da capUlage
normal.
M. DBSPnjBd croit qti'il s'agit d'une néoplasie cartilagineuse et non
d'une simple hypertrophie» néoplasie dont il a déjà vu un ^enpbple, et
qui serait due à l'inflammation.
M. Broca ne croit pas qu'il s'a^sse d'une néoplane, puisque la.
kme caHàlagineuAQ nermaii» esl; un», diipeodanccr du cartitoge épiphy*
aaire norawl.
La séance est levée à einq faeuve» eli demie.
lA s^créLaire^ D^ Léon Le Fort.
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— 51 —
SÉANCB BU 4 VABS 1868
Présidence de H. LEGOCftST '
Le procès-verbal de la prècédeate séance est lu et adopté.
La correspondauce comprend :
— Des lettres de MM. Ed. CrtïTeflhîer et Çaulet, professenr ligr^
au \al-de-<]irâcé, qui se portent candidats à la place vacante de
membre titulaire. , .
— Les jbumaut de la semaine.
— Le BvUetin de ihérùpeutîque ; les Archives générales de mêdeeîM ;
Ja Gazette médicale de Strnsbùurg. '
— Le BUletm de la Société médicale de Keims, pour 4867.
— M. DoLBEAu dépose, de la part de M. le docteur Langlebert, un
livre inlifUlé : Âph&rismes swr les ntaladies vénériennes.
— i M. Larret remet, de la part de S. Isnard, membre correspon-
dant, une brochure în-4<> ayant pour titre : Rapport é^une commission
nommée par la Socîéfé des sciences méâieales de la Moselle pour
V examen d'tme question de responsabilité médicale^ etc.
M;îi£Pji£8iDBNT iMwB vacante une place de membre titulaire.
DISCUSSION.
Statistique ehlrnr^icale étin h^fpitaux.
A l'occasion du procès-verbal, M. Cbassaignac revient sur la
question de la stalistique chirurgicale des hôpitaux.
M. CiusflAiGNAG. Il y a près de six années (séance du 2 juin 1862),
je vins déclarer à la Société de. chirurgie que, jusqu'à celte date de
1862, la statistique opératoire des hôpitaux de Paris était entachée de
très-graves inexactitudes.*
"Jusqu'à ce jour, en effet, cette statistique n'avait eu pour bases que
les pancartes des malades et les relevés mensuels de chaque service.
Or, j'avais acquis la certitude que ces bases n'étaient point. exactes.
Elles étaient fausses par des motifs qui, malheureusement, étaient
restés inconnus jusqu'à cette époque.
C'est par la confrositation des registre^ officiels de l'administration
arec un registre tenu jour par jour pendant huit années que j'ai été
mis sur la voie de l'erreur que je signale et dont voici la source ;
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- 52 —
Chaque fois qu'âne opération est pratiquée, cette opération doit
être inscrite suf la pancarte du malade, et c*est cette pancarte qui,
portée au bureau de Thôpital par les soins de la religieuse de chaque
salle, devient la base du relevé mensuel. Or, qu'arrive-t-îl? Souvent
la religieuse, préoccupée de tout autre devoir, omet de faire inscrire
Topération sur la pancarte, d'envoyer celle-ci au bureau» et. chacun
de ces manquements eiftraine la disparition des tracés de ce qui s*est
passé. Quand, à la fin du mois, on présente à la signature du chef de
service la liste presque . toujours incomplète des opérations, il signe
rétat mensuel, qui ne présente rien d'absolument faux, en ce sens
qu'<>n y aurait mentionné des opérations Imaginaires ou ludique, au
sujet des opérations faites, une Issue différente de c^ie qui a réelle-
ment eu lieu,, mais qui est. tout à fait inexacte en ce sens qu'une
partie des opérations pratiquées y est omise.
Et qu'on ne croie pas que ces omissions ne portent que sur des
opérations de peu d'importance. J*al constaté des lacunes ayant pour
objet des amputaMons de cuisse, des résections considérables, des
ablations de tumeurs volumineuses du col, de l'aisselle, du sein, etc.
La statistique, faite dans ces conditions, fourmillait d'inexacti-
tudes, et elle ne méritait pas la confiance qu^ liil avalent accordée
eertains chirurgiens, et entre autres Malgaigne.
Grâce aux mesures prises par l'administration, de concert avec une
commission composée de médecins et de chirurgiens des hôpitaux, et
dont MM. Broca, Chdssaignac,^ Depaul et Màrjolin faisaient partie, de
pareilles erreurs ne pourront plus avoir lieu.
M. Depaul. La. statistique ne sera utile qu'à la condition d'être
bien faite. 11 existe certaines causes d'erreurs qu'il est bon de citer
pour faire voir à quels singuliers résultats conduit la statistique,
quand elle n'est pas entourée de toutes les conditions nécessaires.
Dans les* volumes qui viennent d^étre publiés par raiministratlon,
j'ai examiné les tableaux relatifs aux accouchements pratiqués à la
Maternité et à la Clinique. Eh bien! j'ai vu que, diaprés ces tableaux,
les femnies accouchent plus rapidement à la Maternité qu'à la Cli-
nique. Les primipares accoucheraient après sept ou huit heures de
travail à la Maternité, après douze à quinze faeures-seulement à la
Clinique. On le voit, il existe là une grande différence. Ce qui peut
l'expliquer, c'est la manière de faire les observations. Or, jusqu'à ce
jour, les observations étaient mai faites à la Maternité.
A la Clinique, lorsque je n'ai pas soin de vérifier les feuilles, on fait
également accoucher les primipares en sept ou huit heures. C'est que,
dans ce^ cas, on Indique comme début du travail une époque où 11 est
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— M —
déjà à moitié aecompli, c'est-à-^îre le momenl des grandes douleurs.
Pour que ces. sta^tiqdes aient de la valeur, il faut absolument
qu'elles soient faites par les médeeios.
H. Tbblat. L'observation de M. D^aul est fori juste ; mais il faut .
bien dire.que la statistique et le dénombrement d'observations ne sont
pas la même chose. Le reeueiiiemént et le dénombrement des obserr
rations doivent èire faits par les médecins; quant à la statistique, on
peut Fabandonner à des personnes compétentes, quoique étrangères à
la médecine.
M. Le Fort. J'insistesur la proposition que j*ai faite dans la précédente
séance. Je propose formellement à la Société de cbii^urgîe de nommer,
une commission chargée de dresser le cadre dans lequel on devra
ranger tqus nos documents statistiques*
La statistique de l'administration. est faite à un autre point die vue
que celle des médecins et des chirurgiens.
M. Ghassaignac. Il faut bien savoir q^i'il y a des statistiques que
ToD peut appder déémtêreêsées, et d'autres qui ne le sont pas. Ainsi,
ùù a rapporté des succès extraordinaires à la suite des amputations,
de rurélhrolomie, etc. . "^
Il existe des statistiques que j'appelle enirecottpées. On fait con-
natire une série heureuse d'opérations, et on passe sous silence une
série malheureuse. Ces statistiques ne valent rien.
Les seules qui doivent être acceptées sont les statistiques miégntles,
eomme celles que parait devoir nous donner M. Koeberlé, relative-
ment à sa pratique de Tovariotomie.
Que valent les statistiques faites avec les foits publiés çà et là dans
les journaux? Rien, absolument rien; car souvent on ne publie que
les faits de^guérison, quand il s'agit de cas exceptionnels; aussi peut-on
arriveV à ce résultat extraordinaire, de constater la réussite presque
constante d'opérations de la plus haute gravité. Ainsi, certaines sta-
tistiques ont fait de la résection du genou une opération moins grave
que la résection du poignet ou l'amputation sos-mailéolaire.
H. Mariolin. La Société de chirurgie ferait bien d'appuyer la pro-
position de M. Lefort. Il est à désirer qu^il existe au sein de la Société
de chirurgie une commisiion de statiitique*
Tous nos hôpitaux sont encombrés, et c'est là certes une cause
d'insuccès en médecine et en chirurgie, et voilà cependant des choses
que ne nous dit jamais le compte moral de radministration de Tassis-
tanoe publique.
Il faut que la vérité soit connue, que l'on publie hardiment les faits '
qui dénotent le mauvais état de nos hôpitaux, et il est fâcheux que
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— S4 —
iesmédeckifl aient consenti, à Tôir diftj^ratire de leur» prooèfl-yerbauf
les rérélatioos qui ataieiitea Utn pendant troîfi séanoefi de la Société
des médecins des hôpitaux, lors de la diseussioa air les matemliés.
M. Lam^gt. Je ni*afi9ûde à ia proposition de M« Liefort, élargie par
M. MarjoHfi. Je demande qu'il soit nommé Qne commission qae Ton
appdlerait eommimon permanenie deMaiktiqus ckiruFgictie.
La Société prend en considération cette préposition, Pirochidnemâit,
il sera procédé à la n(MaâânatlQa de cette cos^miasiofl.
COIOIGRiCàTfON.
Calcul vésical enkysté recouvert par des conefties nom-
brenscs et épaisses de fibrine et de mucus coagulé, avec
mélange de nombreux grainis de carbonate de Ctaanx et
de cristaux d'hématoidine* ^
M. M AAiouN. Le fait dont j'ai à vous ^tretenir in*a semblé assez
rare pour mi'engager à. faire appel à vos souiFeaîrs, afin de savoir si,
parmi les nombreux cas de calculs urinaires que chaeiin de voi^ a
pu observer, il s'en est trouvé un analogue à cdui que je sottmels à
votre examen.
Dans les derniers jours de février 1S6S, un enfant de 2 ans, por-
tant toutes les traces de la douleur et de Tépuisement, m'était amené
à la consultaëon de l'hôpital par sa mère, qui venait de le retirer de
nourrice.
Au dire des parents, sa maladie datait de trois mois; il était
très-altéré, et tout ee qu'il prenait il le vomissait; il était tourmenté
par des douleurs abdominales très-yives et une gmnde gène dans
rémission des urinesv qui s'écoulaient d'babitude invobntairement.
L'enfant était maigre, pÀle, les yeux caves, dans une agitati6n con-
tinuelle, «poussant des plaintes; le ventre était distendu, météonsé,
très-douloureux, principalement dans le flanc droit. Au niveau de la
région suspubienne, la matité était bien nette, et on sentait que la
vessie était pleine, formant une tumeur bien distincte. Les parents
assuraient que l'enfant avait encore uriné récemment. Questionnés
pour savoir si le petit malade avait rendu des graviers, ils me répon-
dirent qu'ils n'en savaient rien, mais que l'en&^t avait eu des abcès
à la vessie, et qu'il avait rendu du pus dans ses urines.
Avant de porter un diagnostic, je éommençai par vidor la vessie,
pour connaître quelle pouvait être la cause de cette rétention d'urine ;
Ic'catbétéiisme s'opéra très-facilement, et de suite une grande quan- *
/tîté d'une urine troid>le fut projetée au loin, par l'ouverture de la
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_ K _
sonée, et entre }& sonde et rtirèlhre; la vessie se eontraétùt éneiii;iqùe*
ment. Afant qa'elfe fât complètement reveaoe sur eUe-môme, j'ex*
{dotai avec soin sa ea?ité, pour savoir s'il n^eiistail pas de catcol oo
de toffleor et, eo même temps, j'iiitrodmsis mon doigt àaas lerectne.
Bien que mon attention fât éreiliée par ces symptômes présentés par
le petit malade, ki sonde oe ne donna d'aatre sensation que celle qai
aurait été le réealtat du ecmtaet d'une celoiiae charnue aaiûante placée
vers la partie poetérieiire et médiane de la vessie.
J^abandonnai donc l'idée d^ cakul» et je pensai, d'après les com»
mémoratifs donnés par ses parents, qa^B y avait en très-probabtemeut
une néphrite compliquée de péritonite et d'un abcès oomomniqttaBt
avec les voies urinaim. D'après ctàà^ j'ecugageai les parents à faire
admettre leur en&nt en médecioe. \
Contre mon attente, je trouvai le leiydemaitt Le petit malade dana
BBon service ; l'abondante évacuation d^Orine de la v^le l'avait un peu
soQlagé^ mms malgré cela l'état général étaiit tout aussi grave» et, dA
plus, fenftmt était épuisé par mè diarrbée continae. Dès \ot% va la
sitoatmi désespérée du malade, je dus me bcHmer à faire la médeciiie
des symptômes, cherchant autant que possible à calmer les accidûit».
et prenant chaque jour le sain de vider la vessie. ^
A plusieurs reprises, j'explorai encore avec aoîn la vessiot mais
jamais je B'épnnivsi eello sensation si caraetértstique de la sonde
henrtant contre un ealcol. Les i^mptômes graves persistèrent, malgré
tout ce que je tenr eqpposais^ et, sept jonrs après son entrée, l'enfant
soceomba.
Jusqu^à l'ouverlure, je persistai dans mon diagnostic, et rantopaio
pioofva que j'ava» m en grande partie raison ; les reins^ pdadipaie-
ment le dvoit, présenlaieat toutes les altérations consécutives à une
néphrite; de phis dans les bassinets on trouvait quelques petits
noyaux de grav«lle; Dans la voisii^ige du rein droit était une colkc-
tioo purulente^ ancienne, qui très-probalrlement communiquait avec
l'oretère de ce côbé; sùalheareiisement cette disseclloo, faita trop
rapiéemeat, ne penmt pas de constater ce fait, TiiretèrQ ayani é(é
décMfé. Il y a^ait des traces évidcjntes de péritonite, sans adhé-
renées intestinales. Quant à la vessie, elle était du volume d'une
petite orange, ses par^na étaîenk ti^s^épaisses, près d'un demi centi-
mètre au moins ; pas de traces de colonnes^ la muqueuse était grir
sfttre, parsemée de petHes taches rou^s comme ecchymosées. Mais le
pemt sttr lequel je désire Gxer votre attention, e*e8t' qu'elle contenait
un tout petit calcul allongé, d'un centimètre entiron dans soft plias
grand diamètre el gros cotame un fort grain d'orge, eoèooré d'une
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— 56 —
série de couches, molles, concentriques, superposées exacte menk
comme les couches d'un caillot d'anévrysme. Celte masse, qui était
entièrement libre, reposait sur Fouverture del*urèihre qu'elle fermait
comme une soupape; elle était ovoïde, ayant environ 2 centimètres
dans son plus grand diamètre ; sa consistance était douce au toucher,
un peu élastique; sa couche extérieure était lisse; on conçoit mainte-
nant comment xe corps, qui avait la même consistance que la paroi
interne de la vessie, avait pu échapper à une observation attentive,
mais qui était singulièrement gênée par la gravité de Tétat du ma-
lade. Quelle est la nature de ces couches d'enveloppes étrangères au
calcul? est-ce du pus*, de la fibrine? l'analyse nous le dira.
Pour le moment, je me borne aux conclusions suivantes : des faits
que j'ai pu observer, je crois que, chez les enfants très-jeunes, toutes
les fois que le calcul est très-petit^ il fau| tenter là litbrotrilie. Cer-
tainement cette dernière opération a aussi ses inconvénients, ses
dangers, mais la taille a aussi les siens, et malgré les très-nombreux
succès qu'elle a donnés chez les enfants, il y a peut-être encore lieu
à discuter jusqu'à quel point la iithrotritie doit être abandonnée dans
l'enfance. Tout récemment, je l'ai pratiquée chez trois enfants, et je
dois dire que lès résultats que j'ai obtenus m'engagent à ne pas trop
repousser systématiquement la lithotriiie. .
L'analyse microscopique faite par M. Périer à démontré que la
substance qui enveloppait les calculs était composée par des couches
nombreuses et épaisses de fibrine, et de mucus coagulé avec un
mélange de nombreux grains de carbonate de chaux et de cristaux
d'hématoîdine.
M. GuERSANT. Je me range à l'opinon de M. Marjolin. On trouve,
en effet, chez les enfants de très-petits calculs, et alors il ne faut pas
pratiquer l'opération de la taille, et dans des cas de ce genre, j'ai
réussi plusieurs fois, en employant de petits instruments de litho-
tritie. ' .
M. GijiALDÈs. Beaucoup d'enfants viennent au monde avec des
[nerres, il n'est donc pas étonnant que, chez les enfants, on trouve de
petits calculs. Chez les enfants nouveau-nés, les tubes de Malpighi
sont farcis de matières salines (urate de soude), ainsi que l'a démon-
tré Martin d'iéna. Presque toutes les pierres qu'on voit chez les
enfants sont des pierres congénitales.
J'admets volontiers qu'il faut faire la lithotriiie dans les cas ana-
logues à celui dont M. Marjolin nous a entretenu ; mais le plus sour
vent on n'a pas à intervenir, parce que ce n'est généralement que
lorsque les pierres sont plus grosses, qu'eltes donnent lieu à des acci-
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— SI —
dents. Alors, les pierres étant plus grosses, la question se pose ainsi :
Combien de séances de lithotrllie seront nécessaires ? Or il faut bien
se mppeler qu'après la taille les enfants sont guéris au bout d'environ
quatorze Jours, tandis qu'après k lilhotritie on peut observer de$
acôdenta de cystite du col, voire même de péritonite, ce qui n'arrive
pas chez les adultes. D'après la statiatique faite par M. Birkett à Gu/s
Hôpital, sur 103 enfants opérés par la taille, 4 seulement ont succombé.
La litbotrilie, dans de pareilles circonstances, ne donne pas d'ausai
beaux résultats. Il faut tenir compte du séjour assez long à Thôpital
<iue nécessite la lilhotritie, séjour peiHant lequel les enfants peuveat
^Nrendre des aièctions intercurrentes.
M. Mabjoun. Je crois qu'un certain nombre d'enfants, qui n'o«t
que de très-petits calculs, soutirent assez pour éveiller la solitude
du chirurgien. J'ai vu deux enfants qui présentaient les symptômes
d'une pierre volumineuse, et cependant leur pierre était très-petite.
La taille peut donner lieu à des hémorrhagies, à des Cstules uri-
naîrcs consécutives et aussi h la péritonite ; aussi, je pense qu'il y a
lieu de rechercher si, avec dés instruments à lîthotrîtie bien faits et
appropriés au volume des organes, on n'arriverait pas à de meilleurs
résultats.
Comme M. Giraldès, je tiens compte de la nécessité du séjour à
rhôpUal;mai8, dans beaucoup dç ca?, les séances de lithotritie n'ont
pas besoin d'être multipliées, et assez souvent entre les séances on
peut permettre au patient de retourner chez ses parents. •
M. GuERSANT. J'insiste sur la nécessité et la possibilité de faire la
* lithotritie chez les enfants qui ont de très-petites pierres et qui sont
très-jeunes, chez les enfants de 1 et 2 ans. Plus tard, vers l'âge de
4 ans, si la pierre est volumineuse, je préfère avoir recours à la taille.
La taille est facile à exécuter chez un enfant de 3 ou 4 ans, mais il
n'en est pas de même à Tâge dé 6 mois, 1 an, etc. •
Chez tous les jeunes enfants, les calculs sortent quelquefois spon-
tanément, aussi je ne commence pas le broiement dès les premiers
jours, je passe d'abord une petite bougie pour dilater le canal.
. N, Giraldès. Si l'on prend pour type un enfant bien portant, je
soutiens que la lilhotritie est plus grave que la. taille.
Si le calcul est volumineux, s'il a, par exemple, 3 centimètres,
on ne peut pas employer des instruments à cuiller assez grands pour
le briser.
Chez les enfants, la vessie est, pour ainsi dire, un organe périlo-
néal. La péritonite peut, il est vrai, être observée apr& la taille, mais
k'en moîDs souvent qu'après la lithotritie.
2« série. -%tome ix. 8
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^58 —
J'ai opéré trente-neuf enfanta (jusqu'à Tâge de 15 ans) de la taille,
et jeru^ai pas observé un seul cas de fistale.
M. Ghassaignag. Dans le cas rapporté par M. Varjolin, l'explora-
tion avait bien fait reconnaître Tetistence d'un corps étranger, niais
non d'un corps dur.' En pareille occurrence, peut-être un percuteur
très-fin aurait-il pu rendre service.
Je sais que l'on peut rencontrer de grandes difficultés pour établir
un diagnostic précis. Gbez un malade que j'avais sondé, j'avais cons-
taté la présence d'un calcul, et l'opération avait éii décidée. Au
moment de commencer l'opérafion, je pratique un nouvel examen et
ne trouve plus de calcul, mais seulement un corps mou. Après avoir
hésité un instant, je pratiquai l'opération, et je trouvai le calcul
recouvert d'une couche de sang coagulée et très-ferme.
PRÉSENTATION DE MALADE.
M. Le Fort présente un malade qui est atteint de grenomUette satl-
guine. La tuméfaction ne s'est montrée que depuis vingt-quatre
heures; c'est là un cas de véritable épanchemént sanguin dans l'é-
paisseur de la glande sublinguale.
La séance est levée à cinq heures.
Le secrétaite, D' Léon Labbé.
SÉANCE DU 11 MARS 1868
Présidence de H. LE60VEST
Le procès-verbal de la précédente séance est lu et adopté.
La correspondance comprend :
— Les journaux de la semaine.
— Le Journal de Médecine et de Chirurgie pratiques.
— Le Journal de Médecine de fOuest.
— La Revue médicale de Toulmise,
— Le Montpellier médical.
— Le Sud méàical.
^^Du Bégayement, considéré comme vice de prononciation, par
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— 59 —
M. GhenriD atné. Cette brochure est accompagnée du rapport fait
à la Société d'éducation de Lyon par MM. les docteurs ^esgraDges,
FoDteret et PaseoU
LECTURE.
M. Paulbt, professeur agrégé au Yal-de-Grâce, candidat au titre
de membre titulaire, lit un travail intitulé : Études sur les suites
mmédiates ou éloignées des lésions traumatiques des nerfs.
(Commissaires, MM. Yerneuil, Guyon, Tiliaùx.)
NOMINATION DE COMMISSION.
L'ordre du jour appelle la nomination de la Commission permanente
de statistique chirurgicale.
Sont nommés : MM. Lefort, Larrey, Trélat, Broca, Tarnier.
PRÉSENTATION DE PIÈCE.
Caleul da eanal de l'iurétlire.
M. LiÉGEon présente un calcul de Turétbre qui lui a été remis par
M. Bouché, médecin à Spincourt (Lorraine).
Le calcul que je désire présenter à la société est un calcul tecep*
tionnel, sous certains rapports du moins. Je le dois à Tobligeance
d*un confrère de province, M. Bouché, de Spincourt (Meuse), qui en
me le donnant tne remit l'observation suivante : « Dans le courant
de juillet 1857, me trouvant dans un village voisin de ma localité, je
fus prié d'aller voir un vieillard de 72 ans, qui souffrait à la verge
depuis très-longtemps et éprouvait, depuis quelques jours seulement,
des douleurs excessives. Arrivé près du malade» je trouvai à la
partie inférieure du pénis, derrière le scrotum, une vaste ouverture,
donnant issue à de Turine et à du sang. Palpant la verge, je reconnut
l'existence d'un corps dur, qui s'échappa spontanément par la fistule.
Je ne fus pas étonné de voir tomber dans ma ^main un calcul, mais
je fus surpris de constater une facette lisse et régulière sur un de
ses côtés. J'avais tout lieu de croire, dès lors, que ce corps n'était
qu'un fragment faisant suite à un autre, et, en effet, une pince à
pansement introduite dans le trajet, ^e fit constater la présence d'un
autre corps dur, que je saisis facilement et attirai au dehors sans
grande difficulté.
c Cette pierre possédait elle-même deux facettes, indice qu'il en res-
tait au moins une troisième. Je ne tardai pas à sentir celle-ci dans
une exploration nouvelle, mais je ne pus l'extraire. Je fis prendre au
malade un grand bain de trois quarts d'heure, ti, après quelque ef-
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-• «0 —
fort, je p» eirtralH^ «n troisièiiie f r agmenl , ^«s rohiiniii^x à lui
96111 que les tl«a& mrtres. Gocmne celai-ci ne possédaft qu'une faeeCte,
je crus inutile de faire d'autres tentatives, et mon malade fot iffimé-
diatement soulagé. Le poids total d« ces trois fragments, pesés aussi-
tôt après leur extraction, était de 94 grammes.
« J'interrogeai alors le malade sur ses antécédents, et j'appris que^
depuis quarante années au moins, il avait toujours souffert à la ra-
cine de la verge, qu'il n'avait jamais consulté aucun médecin, vu que
ses souflFrances étaient supportables et ne l'empêcliaient pas d'exercer
son métier de cultivateur, L'aét^ de k pUie était saignant avant
l'extraction des calculs et environné de fongosités ; depuis 15 ans,,
elle donnait issue à de l'urine. La portion inférieure de l'abdomen,
correspondant à la région vésicale, présentait six perluîs extrême-
ment fins, pouvant admettre tout au plus un stylet de Méjap, don-
nant passage à une ^rès-petite quâAlilé d'urine, et présentant à leurs
orifices des fongosités égalant le volume d'un pois.
« Après l'opération, le soulagement persista, mais les trajets fislu-
letix ne subirent aucun ehançement. M«n malade sucoMilMt l'Uter
suivant, autant d'épuisement que de misère. »
Gomme première particnlarité, nous constatons la frésenee d*un
talcQl siégeant dans la partie initiale de f ùrètbre et y ayant téméé
éepnifl peut«êtlre une quarantaine /d'années, si l'on a égard, du moins,
à l'origine des douleurs que ee malade éproiffvait. Ce ms, sous ce
éemier rapport, n'est point «nique dnns la science. Ainsi, Camper a
IPftpporté robservation d-un vieiifiard, âgé de 54 ans, et^i aTait élé
sondé pour la pîerps AfaNV qu'il était enfant; la pierre 4fQi fut extraite
du eanal de l'urè^ive pesait 1^ grammes, iisrey '4'Éli«tle8 père a
enlevé de rm*thie un eakmi qui y séjoiirnai* depuis n ans. Entn;
11. OlKer a ùùl la même npéraUen ponr une pierre qui s'était déposée
ilans le eanai 11 y avait 34 ans.
Comme seconde partkularilé, nous voyons que le firagmeni le plus
vokimjneux, le dernier enlevé, -cdui qu«, par conséquent était le plus
proche de la vessie, «st creusé dans toute son étendue d'un eas^
eomplet, s'ouvrant aux deux extrémités de ce fragment par deux ori-
fices, très-régulièrement configurés, si ce n'est Ji'orifiee postérieur qui
est surmonté d'une saillie eoniqoe en forme de luette. Cecanal est
remarquable par son aspect lisse, aspect qui contraste avec l'aspect
ehagriné de la périphérie; il semblerait que ses parois ont été, peur
ainsi dire, limées. C'est surtout la présence de ce canal,. creusé dans
fînlérieur de la pierre, qui constitue un cas exceptionnel. Les allons,
les rigoles, les gouttières, sont extrêmement fréquentes, mais- un tel
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^6i —
canai o'a peut-ètro j«oiai« été reofioalré* Dans les nombreiuies re-
dierches que j'aî ùites i ce sujet, je n'ai trpavé qiie Ghopart et, Boyer
fui parbiifieQt 4e cefte disposition comme étant po8aiJ;>le, sans ta^^
pori^r d'observatiow à ra{>iMji de ietur'sappoâition.
Ce calcul préseate, comme iroisième j^Ucaliurlté) une dÎTision en
ifojs fragmeniB irréguliers, maie s'adaptent esactement Tnn'à Tautre,
et d'une façon tellement étroite que la séparation de ces diverses
pièces n'est indiquée à Texlérieur que par des.* sillons parfaitement
reetilignes. Ces trois pieites n'ont pas épUemeni le même volume, ni
la mémo forvie, ni le même poidi; le volume du calcul entier est
cdui d'un œuf environ; ;sa forme esf, aussi celle d*un ovoïde, seule-
mement il est légèr^nent aplati à sa face supérieure; son poids total
est aujourd'hui de 82 gremmes; il pesait 94 grammes après rextmc-
tien. La dessiccation, par conséquent,, lui a fait perdre 12 grammes.
Le fragment postérieur arrondi en arrière^ représentant la grosse
extrémité de l'ûBuf, possède en avant trois facettes, une concave, pla-
cée infériëurement, et deux planes, situées aundessus de cette dernière.
Ces dernières s'arrogent au-dessous de l'extrémité antérieure du canal
intra-caleulaire. Le poids de ce fragment postérieur ^ de
45 grammes.
Le fragment moyen présaite deux £aceUe& réunies à angle a^u; de
ces deux &tcettes, Time est concave et s'adapte exisbctement sur la i»-
cette «onve^ile du fragmlènt postérieur, l'autre est concave, transver-
salement otmvexe^tt sens inveise. Sa. forsoye générale est eelle. d'tm
croissant, son pdids est de 43 grammes»
Le fragmeoît antèrmur présente une facette postévi^re, alteroatt- .
vement concave et eonveie ccMaame la facette antérieure du fragment
moyen, mais dis)po8èe inversement, de telle sorte que cette disposition
reprée^nte celle que l'on reneonire dans les articulations par ^nbot-
tement rédproqae. Au-dessus de cette facette, qui comprend presque
tonte FépaIsBeur du fh*agment, on voit deux autres facettes plus pe-
tites, ^anes, qui s'adaptent exactém«[it à celles que nous avons ren-
eontrées au-dessus de la cavité du fragment postérieur. Bnfin;
reitrémîté antérieure, de ce fragment est pointue et sillonnée supé-
rieurement par trois gouttières, qui aboutissent à la partie antérieure
du canal intra-calculaire.
Ces gc^ttières sont lisses, comme le canal lui-même; elles repré-
sentent sans aucun doute le trajet que suivait l'urine pour gagner la
tistule pèrinéale. Le poids total de ce fi^gment était de 25 gi^ammes.
Il résulte donc de la disparition de ces fragments l'im par rapport à
ràutre, que le médian, c'est-à-dire le plus petit, est placé comme une
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— 62 —
sorte de coin entre les deux autres, et est recouvert par. ceux-ci au
niveau de son bord supérieur ; cette disposition, du reste, est indi-
quée à Textérienr par la présence de deux sillons, occupant la face
inférieure du calcul, et se ' réunissait sur les côtes à 4 ou 5 milli-
mètres au-dessous du niveau de la face supérieure.
Quant à la dureté du calcul, toutes que l'on peut dire, c'est ^que
les fragments résonnent à la façon des fragments de sil^ quand on
les frappe l'un contrS l'autre; quant à la couleur, chaque fragment
est d'un blanc grisAtre à. l'extérieur, et légèrement jaunâtre vers le
centre, sans qu^on puisse distinguer nettement un noyau central; On
ne distingue non plus au niveau des facettes aucune striation.
Enfin, tandis que la surface extérieure est rugueuse et chagrinée dans
presque toute son étendue, les facettes possèdent un aspect lisse re-
marquaUe, qui leur donne un éclat brillant.
L^ exemples decalculs fragmentés à la façon de celui que je pré-
sente ici ne paraissent pas être d'une rareté extrême. M. Leroyd'ËtioUes
fils, dans son traité pratique de la gravelle et des calculs urinaires,
en rapporte deux observations empruntées à son père. L'un de ces
calculs a été soumis à l'examen de la Société de chirurgie, je n'en
parle pas. L'autre est celui dont j*ai déjà parlé. 11 était constitué par
trois fragments juxtaposés; les surfaces par lesqudles ceux-cL se
touchaient étaient polies, de couleur gris-brun. Leur sur Hace exté-
rieure était fortement chagrinée. Une gouttière, lai^ et profonde,
existait sur l'une des faces. Ce calcul était un calcul logé dans les
parties profondes de l'nrèthre. On voit par ce peiT de mots que ces
fragments ressemblaient dans leurs caractères généraux à ceux que
BOUS constatons ici. Mais l'exemple le plus curieux, sans contredit,
de ces sortes de calculs fragmentés siégeant dans le canal uréthral,
est celui qui est rapporté par M. Voillemier, dans son traité, récem-
ment paru, des maladies des voies urinaires. Dans cette observation,
empruntée au professeur Laudzert (de Saint-Pétersbourg), il s'agit
d*un calcul composé de six pièces, et extrait du canal de i'urèthre,
*dans la partie comprise entre le méat urinaire et la portion membra-
neuse, chez un sujet atteint de gravelle depuis l'âge dé 21 ans. Ces
six calculs pesaient ensemble, immédiatement après leur extraction,
deux onces et six drachmles, c'est-à-dire environ 72,98. Le dessin
reproduit dans Touvrage de M. Voillemier montre que ces «aïeuls ont
une forme très-irrégulière, à l'exception de l'un d'eux, qui est parfai-
tement hémisphérique, représente une véritable bille et est placé
entre le premier fragment conique et le second ayant la forme d'un
ménisque biconvexe; ces six calculs paraissent s'adapter exactement
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i
foii à l'autre par des^ facettes eoncaves d'un c6lé, oouTezet de
Taotre.
Ici se présente une question difficile à résoudre : Quel est le mode
d*origine de ces -calculs à fragments multiples. Les fragments ré-
suUent-iIff de fractures qui se sont efifectuées spontanément au. sein
d'un calcul primitiTcment unique, ou bien ces fragments sont-ils ar-
rivés^dans le canal deFurèthre isolément Tunde l'autre, après quoi ils
se seraient, par le frottement auquel ils auraient été soumis, adapté
Vun à Tautre par des facettés lisses et régulières. Tout d'abord je
m^étais rangé à la première manière de voir, mais mon opinion s'est
modifiée à la suite des recherches bibliographiques que j'ai faites, et
è la suite de mes perquisitions dans les deox plus belles collections
de calculs urinaires qui existent à Paris ; j*ai surtout mis à contribu-
tion dans mes recherches un mémoire des plus remarquables fait par
Bruno Schmidt, sur les fractures spontanées, et dont je dois la con-
naissance à M. Yemeuil. Dans ce mémoire, l'auteur a recueilli la
plupart des faits relatés sur ce sujet. Ces faits appartiennent surtout
à Cb. Tèxtor, H. Meckel, Heller, Yulker, Tbuden, Gruveilhier, Cir
Tiale, etc. Or, dans tous ces faits, on ne rencontre rien qui ressemble
à robsenration que je viens de présenter; tous les calculs dont il est
question présentent des caractères analogues à ceux dont nous allons
parler. Ni dans la belle collection de M. Cloquet, déposée au musée
Pupujrireo, ni dans la collection non moins remarquable de Giviale,
on ne trouve ncm plus parmi les fractures sur lesquelles est placée
r étiquette de fractures spontanées, de particularités semblables à
celles que nous avons indiquées dans notrç observation, dans celle de
Leroy d'ÉtioUes et dans celle de M. Yoillemier. De ces divers
examens il résulte pour moi que les calculs qui se fragmentent spon-
tanément ou, pour être plus exact dans l'expression, les calculs au
sein desquels s'effectuent des fragmentations en dehors de toute in-
troduction d'instruments dans les voies urinaires^ se présentent sous .
deux aspects. Les uns, sans être mous, sont d'une friabilité extrême»
et s'écrasent sous le doigt avec la plus grande facilité. Je présente
ici uo spécimen de ces calculs qui appartient à M. Verneuil : il se
eompose d'un nombre considérable de petits fragments du volume
d'une tète d'épingle à celui d'un pois, et ^e plus d'une dizaine de
fragmenl^ plus volumineux, extrêmement irréguliers dans leur forme,
ressemblant ici à des fragments de coquilles» là à des portions de
sphères ou d'ellipsoïdes, ailleurs se rattachant à des formes cubiques,
polyédriques, etc. Ces derniers fragments ont un aspect jaune-brûr
nâtre, ne présentent aucune trace de striation, et tous sont suseep-
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^64 —
libleft de se réduire en ane poudre .très-flne«quand on les comprime
avec une force même assez faible sous le doigt. Je regrette que
M. Yemeaii ne soit point aujourd'hui parfni nous ; il aurait pu nous
donner des détails précis sur l^ortgino de ce calcoL
La seconde catégorie de ces fractures spontanées comprend des
cal<»ils d'une dureté remarquable, le demande la permission de lire
eue note écrite de ma main, après une visite faite à M. Giviale, peu
de temps ayant &« mort. Dans cette magnifique collection se trouvenl
19 cas de fractures spontanées. Les fragments appartenant à chacun
de ces cas sont en nombre extrêmement varié, depuis deux jusqu'à
plusieurs centaines. Sur quelques calculs volumineux seulement, et
ifont les fragments sont' peu nombreux, on reconnaît facilement que
ces fragments doivent s'adaptçr exactement sur une perte de sub-
stance que présente le plos gros. Tons ces calculs étaient fixés sur de
petits morceaux de liège, ce qui ne me permit pas de chercher à les
adapter. Les caractères principaux dé ces fragments sont les suivants:
tous ont une couleur jaune ou jaune-brtin; quelques-uns res-
semblent à des coquilles d'ceufs, d'autres ont des formes polygonales
de toutes sortes ; la plupart sont rugueux au nirèau de la fracture,
lisses sûr la surface qui correspondait à la surface extérieure du cal-
cul primitif. Quelques-uns de ces fragments sont encore en rapport
avec un noyau* nettement déliinité, deux entr'aulres se présentent
avec un noyau spbérique qui surmonte une masse conique, ce qui,
leur donne la forme des anciens bonnets d'abbé. Sur Tes 9ur faces des
fragmfCttts o« pfeot voir, dans presque toutes, une disposition lamel-
lense franchement accusée,. quelques-uns possèdent des stries qui vont
de la surface au centre.
Pour M. Civiale (communîcatîon orale), tous ces calculs sont diacide
uriqoe; cette composition serait même, en quelque sorte, une condi-
tion de la formation de la fracture; la disposition lamelleuse et radiée
• devrait être aussi ^se en très-grande considération. Les calculs que
Von trouve dans la collection du musée Dupuyfren, ceux dont les
observations sont rapporfées dans le mémoire de Bruno Schmîdt,
présentent les particularités que je viens de signaler et me paraissent
confirmer l'opinion de Civiale.
Si nous comparons maintenant ces caractères avec ceux que pré-
sente notre calcul, nous ne trouvons aucune ressemblance. Dans notre
calcul, ou ne trouve point de noyau évident, la masse centrsfle est
en réalité légèrement jaunâtre, mais elle est mêlée çà et là de tache»
blanc-jaunâtre analogues, quant à la couleur, aux parties les plus
superficieHes. L'examen àes fecettes de chaque fragment ne nous
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— 6B~
pemel point de constaler ai la diq^Mition hunelleuse ni la dispositioa
racHée. r
Pour admettre) par o»séq«ent, que ces fragmoats soient le r.é«»
foltat de fissurations spontanées, il faudrait admettre que les. calculs
du canal de l'urètre se divisent i^ontanément, dans d'autres condi-
ticms de structure, que les calculs de la vessie^
C'est là, la raisoir principale qui me fait croire que ces calculs ont.
été projetés isolément dans le canal à un certain moment, qu-ils s'j
sont arrêtés, qu'ils se sont placés les- uns au bout des autres, que leurs
fecettes se sont adaptées, s^ec le temps et les frottements, exactement
Fune à Tautre, qu'enfin ils ont grossi insensiblement par Taddition de
«ouches nouvelles. C'est là, du reste, l'opinion de Civiale, de M, Mer<*
cier, de M. Leroy d-Étiolies fils, et d'uu certain nombre de mes col-
lègues à qui j'ai montré ce calcul.
Je dois dire cependant que je me trouve en désaccord avec plu-
meurs des membres de cette société, et en particulier avec M. Voille-
mier. M. Yoillemier, dans son traité, admet, à propos du calcul de
M. Laudzert, que ces. fragments multiples trouvés dans le canal de
rnrètre et configurés de manière à s'articuler exactenàent entre eux,
proviennent d'une fragmentation spontanée. Les raisons sur les-
quelles il s'appuie sont les suivantes :
a Lor|qu'on scie ces calculs, on ne trouve ordinairement de noyau
que dans l'un d'eux, ce qui fait pressentir que les autres calculs sont
de formation secondaire. De plus le petit calcul, arrêté dans le canal,
tend chaque jour à augmenter de longueur par l'addition de nouvelles
couches calcaires. Or, au bout d'un certain temps, il finit par former
une tige rigide assez longue, trop peu solide pour résister aux mou-
yements imprimés à la verge, et c*est alors qu'il se rompt. On doit
d'autant moins répugner à admettre ce mécanisme, que lui seul rend
compte de la manière dont ces différents calculs sont ajustés. Tantôt
ils se touchent par des surfaces légèrement ondulées, tantôt Tun d'eux
présente un cône creux qu'un autre calcul taillé en cône plein rem-
plit exactement. Dans le cas de M. Laudzert, on voit un calcul rond
comme une bille enserré dans deux cavités, dont sont creusés les
deux calculs entre lesquels il est placé. Ces espèces d'articulations,
«i bizarres au premier espect, s'expliquent très-bien quand on se rap«
pelle la disposition des couches calcaires ajoutées au calcul primitif,
^t les lignes semi-elliptiques indiquent la succession des dépôts; car
c'est dans la- direction de ces lignes et dans les interstices de ces
couches qu'a lieu la rupture de la masse calculeuse. »
Comme dans notre observation ces lignes 'concentriques n'existent
V série, — tome ix. 9
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~ w-^
Mils p^rl, cêmmit «d ne peut coaiMerlft fnéMnot «Vtiii oafiM Mhbi
évident, il en résulte que nous ne pouvons nous ranger à TopioèèliAt
H. VoilteflilH'. liait Tffil que nous n*avoas pM fKtt desooitpe» 4«Mi le
eftkrul: nou^i^e po&v^os pas, par CMséquîtttt êSSuam cKiae ftigMi
alMokie que la striation n'exîslfr pas. J'ai cru deivotr m'abMwÉr ^
eette mutilation d*un caleal aussi inaportnnl que eelui que je piréMiila
h la Soeiété ; la rareté de pareils dépèt» me faU eia quelque sorte un
4evoir ^ le conserver inftaet. J'apprendai du resi<e à rûtslanl, p«t
M. Ouyon, que la collection de Giviale a été léguée à l'hôpital Ned^«
C'est pour m(^ un plaisir de Feiffrir à aoM coUègue,. akirs ^argil du
serviee dea maladies, urînairea; un jour peut*ôtre servira^tril à Hm-^
dder cette question de la fragmentation des calcuU, encore peodanj^
aujourd'hui et attendant de nouTelies, recherchea* ,
M. Trélàt. Je ne partage pas TopinioA de M. Liégeoi». Il y a d^a
calcula biliaire» et même vésicaux qui croissent simultanément ^ cea
d^uls présentent la forqie d'un pdgrèdre h plusieurs côté». Daia»!^
cas qui est soumis h notre examen, on se demande en vertu de qool
phénomène extraordinaire les* calculs auraient pris la forme hiaqarre
qfi*ils présentent. Ce sont là, bien évidemment, les fragmenta
d'Bn calcul, qui se sont usés par le frottement, penda&t un ternie
très-long.
PBJSSENTATION D*APPAREII<. *
M. LÉON Lefort présente, au nom de M. Guiliot, fabricant d'app«K
reiis chirurgicaux, ime jambe artificielle qui présente les particularitéa
et les avantages suivants : .
La ceinture qui soutient le membre est munie d'une plaque et porte
une articulation mobile dans tous les sens et reproduisant les mou-
vements de l'arliculation coxo-fémorale à laquelle elle correspond.
Au niveau du genou, un verrou mobile d'une disposition partieiK^
lière permet d'immobiliser la jambe dans la rectitude, de lui donner
la flexion complète, ou de lui laisser une légère mobilité qui facilite
beaucoup la marche et la rend moins disgracieuse, sans hn rien faire
perdre de sa solidité.
La partie là plus importante de l'appareil est le mode de point
d'appui iscbiatique. La plaque courbe sur laquelle repose l'ischion, et
qui est, sur ce dessin, reproduite à part, jouit, au moyen d'une triple
articulation, des mouvements de flexion, quels qu'ilé soient, et du mou-^
yement de rotation; cette plaque est fermement appliquée sur l'is-
chion, et reste constamment en rapport avec lui, quelle que soit la
position du membre.
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fqoXi réaKM» iBiîtiuX mm, un ipeo^rèB réel cor les ittpf)ak«iife âOiaiogaai,
iDa» le*i«Kili0i «rtîftèifittts >ca^ld|édi éims tes cas 'd'Iraipiilatioa 4ft
Aicaimv 6* de ifei|iiBbaiiil léeiliuB dlBs oMiléoiaB, Je point d*at>pm M
tfntaw risefatOD, ïDajt t'iselrioli nepeae «ir le te]N)rd tn^me 4Û ekie
^.«■l)ollelécanB6k Le fttîÉl dlei]^ «ohiaftiQifte m «aeut 4<tte efifc
^ vmtàtft ki^iilin^ «d là d0i ^h>fimeditt (iwn ^i amèuetit âts
^ètebriiKtofiftVdatid ^tékiinrî, «u tM>MmM, fOit ttl0 Hlfi^UMi eiS-
pruntée à mon appareil pour la tmtkgUi, mmfk f i^MtemSal n'a MëH i^r
la peau, puisque le poial â'^f«fl «ttt^d^éttti <fi«:e «ttr le bâMti» «t àie-
bile sur le reste de Tappareil. Nous avons vu, dans ces derniers
temps, se produire avec grand brait uo détestable appareil patronné
par les administrations, la jambe artificielle de M. le comte de Beau*
fort. Dans celui ci, la difficuHé est irapprimée; il n'y a pas de point
d'appui ischiatique : c*est la pression latérale de la jaml^ère et du
cuissard sur les parties molles qui soutient le poids du corps; de là
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— 168 —
une tension conddérable de la peau ou des téguments vers le inoigàon.
Lorsque j'ai pris possesaon de mon service à l'hôpital Gocbin, j'y ai
trouvé on malade amputé par M. Dolbeau au-dessus des maUéoIes. H
lui avait été délivré un appareil de Beaufort, avec lequel l'opéré alla
à Yincennes. Là, il dut renoncer à s'en servir, bien que le moignon
fût parfait sous tons les rapports. M. Dolbeau avait obtenu pour W
une jambe à charnière ^u'il porte sans aucune fatigue. Ce malade nous
a dit s'être trouvé à Yincennes avec deux autres amputés qui, eux
aussi, ont dû renoncer à se servir de Tappareil de Beaufort. «
M. TiLLÀUx. Les appareils de M. He Beaufort sont excellents. Lefr
malades peuvent aller à la chasse, faire dix ou douze lieues. Assuré-
ment, ces appareils ne méritent pas une pareille réprobation.
M. Larret. Je crois que M. Lefort est trop sévère pour M. de Beau-
fort. J'ai vu plusieurs de ces appareils, qui ont rempli parfaitement
les indications auxquelles on les destinait.
H. GuTON. J'observe en ce moment un malade amputé de la jambe
au tiers supérieur, chez lequel l'appareil de M. de Beaufort est
employé avec avantage. Je me propose, d'ailleurs, de soumettre ce
malade à l'examen de la Société.
M. LÉON Lefort. Les tant célébrés appareils de M. de Beaufort
sont loin de mériter les éloges que leur donne M. Tillaux. Son bras^
artificiel, dont le pouce seul est mobile, n'a absolument rien de nou-
veau. Ce pouce se rapproche par un ressort, et il s'étend par {a ten-
sion d'une corde à boyau qui s'attache sur le bras de l'autre côlé. Or,
c'est là un principe emprunté, tacitement il est vrai, aux appareils do
Yan Peterseo, Cbarrière, Béchard, Mathieu, etc., principe appliqué
déjà au seizième siècle. Le malade tant exhibé à l'Ëiposition, bien
qu'il n'eût subi d^amputation qu'au-dessous du coude, n'a pas mémo
pu tenir une livraison de la Revue des Beux^Mondes. L'appareil
eoûte peu, mais il ne 'saurait guère servir qu'à des gens de service
dans le? bureaux d'administration. Quant à la jambe artificielle, elle
peut servir, .à la rigueur, pour l'amputation au lieu d'élection, elle^
est inapplicable dans presque tous les autres cas et ne présent, pour
les malades, qu'une sécurité médiocre.
La séance est levée à cinq heures un quart.
Le Secrétaire, D' Léon Labbé.
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— €9 —
SâAKCB DIT 18 MASS 1868
Présidenee d« H. I^EGOUEST
Le procès-verbal de la précédente séance est lu et adi)pté.
CORRESPONDANCE
La correspondance comprend :
— Les journaux de la semaine.
— Le Bulleiin de thérapeutique,
-^ La Goiette médicale de Stroêbourg.
•-? Le Sud médical (de Marseille).
• — Annual report oftke surgeon^ général Vniied Staies army, 1867. —
Br. in-8».
— Tereln'aêiUme del crano in un epileUiço^ par le professeur Rizitoli.
Bologne, i868. — Br. jn-4o.
— Des Chancres phagédéaiques du rectum, extrait des Archives
générales de médecine par M. Després, membre titulaire.
M. GuYON présente, au nom de M. Letenneur (de Nantes), un|d
observation intitulée : OdotUâme radicuMre cémentaire. Cette obser-
vation avait déjà été envoyée à la Société sous le titre à'exostose
éhvrnée; mais eue n'avait pas été publiée.
Odontôme radienlalre eémeittolre.
La femme Y..., ftgée de 34 ans, deineurant à la Chapelle-sur-
Erdre (Loire^Infériettre)^ est entrée à THÔtel-Dieu de Nantes le
8 lévrier 1858, pour une tumeur de la mâchoire inférieure.
Cette femme nous raconte que, vers Tâge de huit ans, elle éprouva
des douleurs au cM gauche de la mâchoire; Favulsion d'une grosse
molaire malade ne produisit qu'un soulagement incomplet. Dès cette
époque, le côté gauche de la mâchoire était plus volumineux que le
€(Mé droit, et eette tuioéfaetion n'a pas diminué après rextraetion de
iadent.
Les souvenirs de la malade paraissent très-précis sur tous oes
Les dioaes Testèrent dans le même état pendant seize années, et,
k gonflement de la mâchoire et quelques petites douleors qui
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— Ifft —
n'attiraient que faiblement l'attention de la malade, tout semblait
rentré dans l'ordre.
Après cette période ^e miM abi, ■urvèm^ntée nouvelles et asseï
Tires douleurs; on employa des cataplasmes émoUients et on eut
recours à rappli&àiidntiâ QitfeliluetlsaBgsun»
Les douleurs aiguës se calmèrent de nouveau; les choses reprirent
leur allure habituelle, et la tumeur n'augmenta pas sensiblement.
Dans les derniers mt)is ûè iVSI, c'est-à-dire V^ig^Sut ttiÈ après
l'apparition des premières douleurs, les accidents devinrent plut
sérieux : on les attribua à une dent cariée; la malade se la fit enlever,
mais sans succès contre la douleur qui, an eo^iuftie, tntgonen^ betiu-
coup. Le gonflement devint énorme, -et plusieurs ybilM9èê t'txiVflfent
successivement dans la bouche et resÂfte»! Mulenx.
Pendant cinq mois, aucun événeuietyt ti^uvtaù IMS ÉMhrfni; lÉdti la
malade était toujours incommodée i^ le fMUs ^ ^uftÂt éim la
toucha «t par le tolâmè de la lâàehoire. '
Vers cette époque, un ihédicastre de campagne conseilla l*%i|i|^ltéft>-
4i«^<d'tin emplftu« i^û'on hnslta «Ë,pla«e pendïint (^Atneè fbuirir; pen-
dant ce temps, les douleurs furent intolérables, «ti^u^AH) ott âéM'lS
"fAk la région makde, 'ètk r^som^t ^^u»é plAïè l^fonêe s'était
produite et atlèignait fa «ttrfoce 4»seofte. -
X partir de ce moment, le pus s'écoula au dehors,' mais la tumeur
oiAeâsè augmenta d^ vohlfnB, isurtout àfintèrîeardela bt)liehe. Cest
aîor^ que la femme V... tint îédaméir mes conselh.
Je i;onstatal un gonflenrent coniâidërable du m^tllatire tntifteur
dont les deux lames semblaient étsartées Vmh de Pautire. La tometir
n'était donc pas circonscrite, «t «es limites ne pouvaient être pré*
cisées. ^
Un «tjiet itatH)duU ê(m Ut £st«ib p(iié«»àit w milieu 4% tk t«Meur
4 tràV^M un pertuis Ae ït psiroi «fltmrn»; on tcimmitMit M«é(^[i«isM>e
mobile, rugtt^ut , offrant à la fer«iMî»iË «t 4 ta ^ mcftloà Uto eu«ef(b«s
^'Me tnMsse 4t«èlNMliipM;M»
Uèpéraiion fui ptmtiqâféè'ddk dialilèf»illi>f«i«lè":
£ti(^i^n divi^Kflt là lèf^B MéHfJurè suf la Hgfie lâéiÉâM, fioti Nf-
^a^eniruite te btr^â» la nMtt4M]usi|U*luipi^<iiit «Étt^élèr*.
Le h^b^au M àéMki étt» l«s fdln«siiHiMiidM«u tB(iy%aiisla
spatule, ce qui mit immédiatement à nu toute la coque osseéttê-. àki
«no;^ de. pinlies itt^isfveft, ^ Iftfbui^ et Hu tntttlM, f^âttlttvai Uute
la paroi externe et je pus extraire une masse osseuse à laquelle triM-
-Hdt QUèij^llté mdiêÈm. <Geltli tM»e<oM«iM tosMttllMit mm IMi à
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-Tft-
•
m^U fvm exMrOiQsi ^U^ MuoJmu fot vernis ea place et màinteou m
m»:im d^lM^êut^j^ eptoi^éiç,. po¥X to^iibtexQrtteale, et de filaméMr
UV^e»» pour lu i^fak^ boid:(oiataIe*
La réunion immédiate eut lieu, et la malade quitta rbôpiULau
ImJ^ ^ quivïA jouca^ çonaenr^nt^ocçtre; à la partie inféfieuirQ de la
ÎQm l'ogrifi^c^ da mtm aAÔeiw^. Qalule^ <|ui laisfiialt écouler un peu d«
Je recommandai à la malade de venir me revoir, mais elle fit
«^i¥ke cette visjte ai% amu EJLl* ivaH, eu la constance de garder pen^
d^i^t tout ce t^n^i^ une fistujQ par laipieUe la salive s'écoulait ahoAr
dMdOM^, iocoAvéoieaL ajaquel elle obviali par un petit tampon, de
charpie*
Cette fistule était formée par les parties molles de la j[0ue et par un
pont ofiseuji;^ une sorte d'anse implantée sdr le maxillaire et logée
dans Vépaisseur de la joue. La peau et la muqueuse buccale se rejoi-
givaie^l seus cette arcade. Je décidai cette femme à se débarrasser de
ao« infirmité : la fissile fut comprise entre deux incisions ; Tarcade
iMU9eu9(Ç, mise à découvert, fut détacbée par deux traits de sciç et I41
suture entortillée réunit les parties moUes; la guérison fut obtenue
premptcwaeot, et len traces de la double opération sont àjpeine aj^ré-
CMihies.
Examen de la pièce.
La tUD»eur,. asse^ irrégulière à sa surface et ressemblant assez bien,
ommejie Tai dit, h un calcul mural, présente, dans son plus grand
diamètre, eu y comprenant la racine de la dent, 3 centimètres et demi;
les autres diamètres sont de 2 centimètres et demi.
La dent adhérente à la tumeur est la première petite molaire par-
Caitement conformée; Tadhérence a lieu par un seul côlé de la racine
et par l'extrémité de cette racine, qui se recourbe comme pour se
fondre dans le tissu anormal. Cependant, la blancheur de la racine
contraste avec la couleur grisâtre de la tumeur.
La couronne de la dent est libre et n'a subi aucune altération. Une
coupe au moyen de la scie démontre qu'il s'agit d'une tumeur éburnée
d'une extrême dureté; l'examen d'une lamelle au microscope a révélé
une structure osseuse. On y voit quelques ostéoplastes. Cetie exostose,
qui n'est qu'un épanouissement du cément, a débuté au moment
de la seconde dentition, à l'âge de 7 ou 8 ans; elle ne s'est nécrosée
^ue vingt-six ans après l'époque de l'apparition des premiers abcès.
U est. difficile de compreùdre que la vie puisse persister dans une'
masse aussi compacte et dont les éléments sont condensés à ce point.
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Boyer semble fah>e allusion à des falld analogues lorsque! dit (Mlslaef.
cMrurg., t. III, p. 484, édit. de Ph. Boyer) : « t)ne des terminaisoi»
de Texostos^, dont les auteurs n'ont point parlé et qui a cependant été
observée surtout dans Texostose dure et slalactiforme, c'est celle par
nécrose. » ^ '
Sous le titre de Nécrose de la mâchoire inférieure^ Desault (OEuvres
chirvrg.f t. II) a publié un des faits auxquels Boyer fait peut-être
allusion, car il s'agit d'un séquestre qui avait le volume d'une irès^
grosse fioix.
Depuis que les travaux de MM. A. Forget, Robin et Broca ont jeté
une si grande lumière sur la nature et l'origine des tumeurs qui se
rattachent à l'évolution dentaire, les faits ne manqueront pas de se
produire en grand nombre, et ce chapitre de la science ne laissera
bientôt plus rien à désirer.
Après avoir fourni déjà, une observation et une pièce anatomique
qui ont été pour M. A. Forgel l'occasion de savantes et intéressantes
recherches {Étude kistologique d'une tumeur fibreuse non décrite de la
mâchoire inférieure^ etc., avec planche; mémoire lu à la Société de
chirurgie de Paris, 1861) , je suis heureux d'apporter un nouveau
tribut à rhistoire des odontômes.
M. Bboga. m. Guyon a bien voulu mettre à ma disposition la pièce
qui lui a été envoyée par M. Letenneur, et sans l'endommager j'ai fait
faire une préparation microscopique (coupe très-fine) pai» M. Bour-
gogne. Cette pièce ne renferme que du cément. Cependant la partie
centrale parait ressembler à de i'ivoire; mais en y regardant de près,
on voit qu'il n'y a que des corpuscules osseux. C'est bien là utf
exemple d'odontôme cémentaire. Chez l'homme, ces tumeurs ne
peuvent avoir leur point de départ qu'au niveau des racines des
dents, et dans le cas dont il s'agit, la tumeur a pris naissance sur une
racine de la dent.
En général, les odontômes ont une forme arrondie, mamelonnée,
mais chacun des petits mamelons est régulier; ici, ces saillies, au
contraire , sont rugueuses. Cette disposition s'explique par la
longueur du temps pendant lequel la tumeur a été en contact
avec des tissus en suppuration (depuis l'âge de S ans jusqu'à Fftge de
34 ans). •
Statistique hospitalière.
M. Brocà. Deux personnes ont essayé de répondre aux vœux de la
Société, qui désirerait poursuivre dans les asiles de convales-
cence la statistique commencée dans nos services des hôpitaux. Quoiqu'il
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-18-
«'«pfil» 9M i^ mMqfm «OW^ daaft tot adet^ dspuw ktagom
moimiiikx mm fv\l hm Vi^ Mt «iwoîr» IL le dodear Domaail, et
«HMori ik^ee M^nej, raimiiMl tous lei docoinaiils propre» à m
ffmw 1^ iMMwr fe» ^yt soUctea.
^ n'ai pas tt»» 4% «roiv» qii#» îtts^'ik ce jiQur, Amt rekivéft aeoi-
litabl^s aîjHMl élkt^ à r«Bile (}tt Yèsmet.
Be soD côté, M. Ilûsson a bien Yotiht m'écrire on» lettre, dont je van
ipaua <wiff>niii<||fteg la taaeor.
V. HiitsaaA q«I: all^ voir M. de Boaredon, aeorétake général da
lUniatère âa Tlotémur^ et U a demandé que Ton voulût bieo mettra
radsiiiuBtrtJtiQn de TAsaistanee publique ci naesBre de reettriUir des
roaaeigxieiiieftte aur lea nmiades qui sont amiiadeB bôpitaux poi» ae
Maèn dMA laa aaile» de coQ^akactnce.
On pourra désormais annexer à la statistique d& TadmîinatvaiiMi
de TAssiataiice publique U ataitiatique des asiles de conyaleflo^nto»
NOMINATION DE COMMISSION.
L'ordre du jour appelle la nomination d'une commission chargée
d'examiner les titres des candidats à une place de membre titulaire
de la Société,
Cette commission sera composée de MM. Panas, Blot, Depaul.
conaniicATioN.*
Sur un ealeal renda par le périnée.
M. Màrjolin fait la communication suivante :
Bans les dernières séances» puisqu'il a été à plusieurs reprises
question d'affections calculeuses, je saisis cette occasion pour vous
présenter un calcul volumineux reodu spontanément par le périnée;
et bien que les auteurs renferment plusieurs observations de ce
geare, je crois que ce fait est d'autant plus intéressant, que l'enfant
qui a rendu cette pierre a été taillé, il y a neuf ans, par notre cetl-
J^ue M. Déguise fils. Il n'y a dôoc pas à faire l'objection que l'on a
si sottvest reproduite à l'occasion de la lilhotritie, que des fragments
oubliés dans la vessie avaient pu servir de poiat de départ à la for-
matioa d'Un nouveau calcul. U y a des exemples de récidive après
des tailles bien faites, et, pour ma part, j'ai eu l'occasion de voir une
personne qui succomba à un étranglement interne. et qui avait été
opérée trois fois par Souberbielle par le procédé du baut appareil.
Le calcul que je mets sous vos yeux fui rendu par un garçon de
14 ans et demi, grand, d'une assez bonne constitution. Personne dans
2« série, — tome rx. 10
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. —94 —
m, famille n'a?ait été atteint d*une affection semblabie. La pfetnièr^
pierre extraite par M. Déguise avait le yolume d'iin œnf de pigeon; la
guérison fat rapide. Cette fois, le jeune malade commença à soufil^îr,
il y a un an, dans le bas- ventre et dans la région périnéale. Pendant
plus de huit mds, il fut obligé de rester couché; enfin, dans le cou-
rant de mai 1867, un abcès se forma, et dans les derniers jours du
même mois, la pierre sortit librement.
Ce calcul, dont la pesanteur spécifique est peu considérable, est
Irès-friable : son poids est de 38 grammes; sa forme est celle d'un
cylindre allongé, irrégulier, un peu noueux, mesurant dans sa plus
grande étendue^lus de 8 centimètres, et dans son diamètre le moins
considérable plus de 3 centimètres. L'extrémité, qui très-probablement
répondait à l'orifice vésical, est irrégulière et comme modelée sur des
anfractuosités* .
A la suite de l'issue de ce calcul, il resta une fistule urinaire qui a
demandé près de quatre à cinq mois pour se fermer; la cicatrisa*-
tion n'a été obtenue qu'après des cautérisations répétées avec le
nitrate d'argent.
RAPPORTS.
M. DE SainT'Gerhain donne lecturedes deux rapports suivants :
L — Rapport sur deux notes présentées à la Société de chirurgie
par M. Dauvé, médecin-major.
Les conclusions de ce rapport sont :
!• De remercier M. Dauvé de son travail;
2^ De déposer dans les archives les observations qu'il a commu-
niquées à la Société;
3** D'inscrire le nom de M. Dauvé au nombre des candidats à la
place de membre correspondant. • •
IL — Rapport sur une note de M. Leroux, de Versailles, relative
au traitement d^ la syphilis par le bichromate de potasse.
Les conclusions de ce rapport sont :
l"" De remercier M. Leroux de son intéressante communication ;
2** De déposer son travail dans les archives;
Z" D'inscrire son tfom sur la liste des candidats au titre de membre
correspondant.
M. Lefort. m. Leroux redoute l'apparition de la salivation après
l'emploi du traitement mercuriel. Je dois dire que, pendant dix-huit
mois passés à l'hôpital du Midi, si j'ai vu souvent la salivation mercu-
rielle succéder aux onctions pratiquées dans les cas d'orchite, je n'ai.
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_ re —
911 revanche, jamais obs^nré de salivation grave chez les ^hilHiqueii
auxquels j'administrais le mercure à l'intérieur.
GOmroNIGATIONS.
M. Dbpaul eommunique Tobservation suivante':
Héckirimr^ eewlral^ du périnée ehez une primipare.
Femme brune, assez bonne constitution,^ d'un embonpoint modéré.
Conformation du bassin normal.
Réglée à 44 ans, huit jours par mois, d'une façon très-régulière,
sans interruption.
Dernière apparition des règles inconnue.
pans les premiers mois de la grossesse, elle a eu plusieurs hémor-
rhagies modérées, puis quelques nausées et quelques vomîssementSt '
Le 9 décen&bre 1867, à trois heures du soir, cette femme est prieiQ
des premières douleurs et est amenée à l'hôpital.
Rupture spontanée des membranes à cinq heures du soir.
Terminaison à cinq heures et demie.
Sommet en 0. 1. G. A.; garçon; poids, 3,050 gr»
La malade était arrivée à la fin du travail avec des douleurs régu-^
lieras et très-fortes. La tète, arrivée à la vulve, resta pendant quelque
temps entre les cuisses coiffée par le périnée, qui faisait une saillif
considérable, l'occiput dirigé en avant et la vulve entr'ouverte le leàor
sant apercevoir, ^out à coup, sous l'influence d'une douleur plqs vive^
]0 périnée s*ouvre et le front et la face apparaissent. Une deuxiènat^
douleur, qui survient quelques juinutes après, achève d'agrandir,
Touverture, et la tête entière passe par la déchirure, suivie bientôt du
tronc. La délivrance a été opérée par l'orifice vulvaire, la sage-feoiipe
en chef ayant ramené le cordon par la vulve.
Le périnée offre une plaie béante infundibuliforme longue de 6 ceU'r
timètres, large de 3 centimètres, circonscrite par deux lèvres épaispes
îrrégulières, contuses; limitée en arrière par le sphincter anal, qui
est intact; en avant, par le repli membraneux qui constitue la four?
chette.
La vulve» petite, ^rdte,* régulière, examinée immédiatement, ne
présaïte aueune des lésions que produit habituellement un premier
aeeeudiement.
Les 10 et 14, la vulve a l'étroitesse et la forme de cdle d'une femme
qui n'a |>ca eu d'enfants. L'anneau vulvaire est intact; la plaie est un
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— T» —
peu véMcw : ^le «ffpe m léeer etiR)«ltmeiit4eB tonte «MMés; IW
parois latérales de la pliie ■oût tplu8«aptpmG!béMt tHM ¥ti^ni«ft.
Le soir, à six heures, elle est prise d'un petit frisson. Pouls à 96.
Un peu de chaleur à la peau^ LaL4fm% «Haque gauche, un peu sen-
sible à une forte pression. Cataplasmes. '
i2 décembre. — Peids à tifi» Tinâte {lat, mufia, on pêaMuille
à droite; la plaie un peu blafarde, humide, béante. Écoulement
sanieux âMie. ia ^e esl tu»é6ée et 4eulMffèiiflB ; Iw bsirâS'fti^ ren-
Tersent de plus en plus. Cataplasmes de fécule.
\9 tièeetûfbtie. -^ La 'attrAice -dt la plafe «si grisâtre, «ttûeu^; les
tissus environnants sont souples, moim efdémàtiès, moins «etisiblé»;
k pfOA à im; V'êm fènéral mdUeuf .
14 et 45 décembre. — La plaie commence à se dét^rgë^, <eft Mi vMt
déjà quelques bourgeons chtfrntts qui Be ^ève^op'pttht au -eeiitre tfeft t;e
thNTtt grisftti^e ifui cODiitit^ la f^le. État général imtfsf^Stnt. L^ècMi-
kMMft lochlal se fhit pt^que ^ entier {natr la plaie, ^n^miettt tmt
iki arMBaftfqtte, mt portton.
17 décembre. — La plaie est aujourd'hfiâ côAplèttemèttt déterg^ et
rose, Termellte. A trois tieores, la femme M prt^è dHin frisson ipû a
doré une demi-heure. Poqls à iH- bouche mauvaige; langue an peu
chargée; la plaie esl Utt peu doviHufetise; detix seUes nMnate^ pour
fai ^lâfère fbts.
W 4ècetfibrè. — État général saiSsikifranft; «me çortléh ; Un dfe BON ^
éêhux ; pansemetft aiFèc >rtn aromatique.
V% ééeembre. «^La plaie se rétrécit en pett; ^Qè «^«fteosseet liottr^
g^Otrfie bifeù. Étal général patfait. La plaie a toofeurs >6 cenâmètreK
éê IdAg 6or S ceftHmèlres ée tftrge; e^e boûrg^ntie Irèft-biêfti, ^ Bl
pêÊÛfe wnesp^MSimai à la «ooâtiissure «M ^lé}à eâ fêMt dMriééO. fkk
fê^r et tKatthêe. ÈUà géfiérài M 'peu tâoius bon.
19 déotab^e. ^ Même élal^ toujèufs 4e la dfiartMe. La ^Me Mrtè
belle. Un quart de portion, kfec tiu arOt&aïlque, fifleiA, orauge. Déttt
pMigeb, deux iNMifltons.
A fMîf de ^ flioDM»it, la ^e va toujours tn m rfiMcissaiit-èft
^ bourgoottuaut, «t le864écetid>re, la plaie ttesuHto *pr6«ênie les^eMUlo»
tèitMi^uivaals % un eut^UttOlr de S eenlittètMS do long ut Aè Ilirgo,
percé d'un trou à son fond qui va faire communiquer le vagiH ttveu
l%Ktéin«r><et «Miuii ^^ ^ux IvoHfe cl'«M ilpafaMur #«u 'oanli-
nèl» ipii se tuuvtMuit «n peu ptus du cHé du la tuhru uc>ie fUMU.
L'orifice a une dimension qui laisse passer le doigt à flutCimitutt
Hm «Me, verttfliUè, belle, Ihdulure* suppurant trè8*^|>eB^
BmàêsAUM le oMls de Janvier, éa fiaîe ae «éMisIt^u fliut m ptùi^
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— w —
et aujourd'hui, 5 férrier, hk pteîe têt Miaàlt au Tdume d'uâtt pièce
lu w fraao taU «v plilf, oS^aat à son «èbire u* oà&al ^roift qui
•i^oukid'htti lainw à peitM passer une plu&M. L'étal général reste m«
Maîmit, 4i la femme, ifui est resiée esuotiée jusqu'il i*% se )àrê
éspws eeMe éf)oqoe suntqne eela amftte ta quMf ue ce soit k cieairi*
satîon.
ibpfèi «TOir «Kamiiié ceMe déekirnre du périnée, j'arais
^e des soins de propreté suffiraient pour amener, ohez cette
fHtaBS, loatte gnéribom eemplèle. Au bout de cimi semaines, il ne res-
tait plus qu'un pertuis dans lequel' on pourait introduire une petite
finne* Cette fseanie est partie pour Tasile du Vésinet. 11 est très-
yniiMMHlialile ittie^ d'ici à quelques jours, la {daie sera compléÉemest
fermée.
iies Alite 4e la tuiture de ediii que je tous fais ^nnaitre sont raves,
ei; il jr a queUica années^ Capnron les niait.
Ces ruptures peuvem ne produire dans des pendillons trèe-^dW^
rsBten. iei^ Il s'sgisoaît d'nlie première position- du sonmet, sans tfce
ée (ÉbnfonsiatiMi du bansin; nais le périnée était ua pua plus loiMf
l|Mëanni'état.lioiiBal et eseessitement souple.
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CTest la peau qui s'est déchirée la première.
Quand ou étudie les lésions doot le périnée peut ètbe le siège eà
p»eilles circonstance, on voit que tantôt c'est la peau qui se déchiré
la première, tantôt c'est la muqueuse. Quelquefois, la peau seule es^
déchirée et la muqueuse reste intacte; d'autres fois, la muqueuse est
déchirée et la peau saine.
Ces cas-là sont plus communs qu'on ne le croit, surtout ceux dans
Jesquels la muqueuse seule est déchirée. Chez les ifemmes qui se
plaignent de douleurs dans cette région après l'accouchement, il faut
songer à l'existence de cette lésion.
Dans d'autres cas, la déchirure est complète : elle porte sur la
muqueuse et la peau, et Tenfant peut passer par cette ouverture arti-
ficielle; mais d'autres fois, et c'est le cas le plus commun, malgré la
déchirure centrale, l'accouchement se fait néanmoins par les voies
naturelles. Dernièrement, j'ai observé un fait de déchirure eentrale'
du périnée; l'enfant n'est pas sorti par cette ouverture anormale. J'ai
. 'conseillé de s'abstenir de toute réunion; la guérison a eu lieu. Les
livres de Moreau, de Yelpeau, renferment dés observations analogues;
presque toujours, on a obtenu une guérison complète sans avoir eu
besoin de faire une suture. *
Mon but, en vous communiquant ce fait, est de faire connaltÔT
un nouvel exemple d'une lésion rare, pour laquelle la guéri-
son a été obtenue sans opération.
H. Blot. Je crois que les faits de la nature de celui que M. Depaul
nous a cx>mmuniqué sont extrêmement rares, surtout si l'on tient
compte du mode de présentation (présentation céphalique) et de posi-
tion (occipito-iliaque gauche antérieure).
J'ai vu des cas de déchirure centrale du périnée, succédant à une
position oocipito-postérieure .qui ne s'était pas réduite en antérieure
pBLT le mouvement de rotation.
Ce qui peut facititer aussi ces dédiintres, c'est la «grande étendad
du périnée et la situation très en avant de la vulve. > '
Dans le cas actuel, peut-être qu'avec deux doiglt placé» dans |0
rectum, on aurait pu favorisa le redressement de la tète et empèdier
la rupture.
M. Dbpàvl. Le derm'er mouvement s'est fait avec une lelfe ra|>i-
dité, que l'attention a été sur^nise. Le périnée était teHemeol miâcft,
qu'il eût peut-être été difficile d'éviter l'acekletit.
Pendant un certain temps j'ai cru, avec la plupart des accoackeenî}
qœ les positions oocipito^postérieuret étaiwt presque la condHidi
tliie quû fum pour la production de eet accident. Eh bienl cfaMi^
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corieose, les «baervatîGBS-dbiDS lesqueltea dette position est indiqoée
sont très-rares.
Le(s«caaâes de cette déehîraro peuvent être la longueur pins grande
de là symphyse pubienne ou du périnée, la courbure exagérée dn
sacrum. Autrefois, j'ai enseigné que pour que cette lésion pût se pro<-
rduire, ii (allait presque nécessairement qu'il existât une position
oocipito-^poBtérieure. Je m'étais évidemment trop avancé! Je crois
que, pour.remonter à rétiologie de cet accident, il faut insister beau-
isoup sur la flaccidité des parties molles du bassin, ainsi que cela
s'observe cbez les femmes qui ont eu beaucoup d'enfants, ou chez
celles qui, d'abord très-grasses, sont devenues très-maigres. ' Cer-
taines femmes ont le périnée trop large pour l'ouverture qu'il doit
l>oucher, et je crois que, daus le cas que je viens de vous faire con-
naître, la déchirure est due à une disposition de ce genre.
M. TiLLAUx communiquera note suivante :
Sikr rajpportnnlté du Trépan.
H. TiLLAiHL. Vous n'avez sans doute pas oublié l'importante diS'p
easBion qui s'est produite l'année passée au sein de la Société sur
Topération du trépan, à l'occasion d'un înalade présenté par notre
collègue, M. Broca. Je n'ai pas l'intention de provoquer aujourd'hui
une nouvelle discussion, mais bien de répondre à l'appel qui fut fait
•alors par quelques-uns de nos collègues. Ce n'est pas, en effet, par la
théorie que nous arriverons à formuler les règles précises tou-
chant la trépanation du crâne, mais bien par l'étude attentive des
faits cliniques. Quelques chirurgiens éminents de notre époque ont
rejeté absolument une opération admise sans conteste par tous nos
devanciers des siècles passés. Nous avons donc besoin de nous faire
une opinion, de voir de quel côté est l'exagération^ de quel côté
•est la vérité, et l'examen attentif des observations peut seul nous
conduire à ce résultat.
Je ne vous rappellerai pas, Messieurs, toutes les opinions émises ,
devant vous l'année passée ; je vous dirai seulement que l'on a rejeté
avec raison le trépan préventifs c'est-à-dii« une opération grave des-
tinée à prévenir les accidents qui n'existent pas encore et qui ne sur-*
viendront peut-être pas. Je ne veux pas non plus parler du trépan
eanséculify qui a pour but de porter remède à des accidents bien
définis^ bien limités, apparaissant après la guérison des désordres
initiaux. C'est cette trépanatioB consécutive ou tardive qu'avait hea*
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— » —
eBMni pmliqiiée M. Bvoca, et pas un é» nm» m âoulKftnij
ait des cas où elle soit formellement indiquée. ^
La péb4 léeàleMnt m Mtise, le paioi idisear, âifficikn do cette
faeelHia» €t&k ht ttéftan primUif^ c'eit-à^dim affttfué mu accufeali
lorwiHifa.
Lorsqu'HM firaetave ém crâBe, atce on weam plaict est aocompagadt
de phénomènes tels que rés^datioB féBéraJe, eoai&, et&., umm
iomoiea d'wa «tu tnamiae': il ne faut pas trépaier; ce jBiait agir
aimiglément» j'ajoute d'une façon tout iifaliouiettflL IMa iroieî è»
tm Ttaiiaeiit disçutaUe» al cfasi ceW sur lequel je désire apyider
iFotre altefitÂQD :
Ua wakde présente une fracture da eràne avee^idaiai dis ftégo^
maiits^ il a conservé sa connaissance et répond aux questiouft qwNn
lui adresse. Hais il est atteint ^une hémiplégie campèèto oa inaoBr
plèie du côté opposé à la lésion. N'est-ce pas là, Messieurs, le cas le
plus favorable à Tapplication du trépan.' primitif? Fracture du caâne
évidente dont on connaît le siège précis, avec paralysie du côté
opposé. 11 n'est pa» douteux que le cerve^uft soit eomprimé ou par les
fragments, ou par un épanchement de sang. Que doit faire le chirur-
gien? doil^il trépaner dans oe cas où l'indJcatieii paralijâ préolBe?
Çest aiiksi que^ sâhm nuoi^ il faut poser la foeatioii, car du memcot
où noMsr^etOQ» te trépaa préventtf comme io^atiûiineii, aoua derans
k rejeter dans tous les* cas où nous a'avona pas de raison sérùun
d'enlever la couronne osseuse sur un point dètermiiié et limité, du
qràne. Itfaia cette prmûère questioiine peut être: résolue qii' après
ceUe-ci : «
Même dajas le cas, si favorable à Tappllcatioa du trépaa, que je
Yiens de supposer, estait toujours possible de reconnaître et TageELâe
la compression c^ébrale et le point précis où s'exerce cette coii^esn
sion? N'est-il pas éYident^ Messieurs, que si, dans FhypoUièae où je
me suis placé» nous soDunes encore réduits à agir aveug^meni» le
tiépau primitif est bien prés d'être condamné? Cette grosse question
ne peut être résolue que par des faits; aussi n'ai-je pas la prétemàsn
aujourd'hui de la résoudre» ni même de la discuter. Je ne fais que la
poser et vous apporter deux observations qui pourront oofitrlbuer à
sa solution. En voici lerésumé :
Tronchi (Henri), âgé de 18 ans, garçon plombier, entre le 27 déh
cembre 1867 ï Thôpital Saint-Antoine, salle Saiat*Barnabé, n^ 3Q. .
En travaillant dans une église, il est tombé sur le sol de la hauteur
environ d'un troisième étage. A son entrée, le malade est dans un état
'Wisia de la résolution; il y a de la^ soAMkoIeace» de^la torpeur; cepe&-^
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*^ 81 —
éka% û ré^nd aux questions qu*on loi adresse et signale la réigian
lombaire comme étant le siège d'une douleur assçz vive. Le poub ^i
petit et lent. U n'y a d'écoulement de sang ni par le nez, ni par
ToreiHe. Sur le xrène, vers le sonmet de la tète et à 2eenti-
mètres environ à droite de la ligne médiane, existe une plaie corftuse
peu étendue, au fond de laquelle ou sent les os à nu à l'akiB du
stjlet. Riea nlndiqtle l'existence d'une fracture.
Une coDopresse froide est appliquée sur la ifisAe, sangsues derrière
ks oreilles et émélique en lavage*
Le malade reste à peu près ^ans le môme état les jours suivants; il
urine et va à la selle normalement; la motilité et la sensibilité sont
intactes.
. Le !«' janvier, à la visite du matin, améliosation notable ; le malade
ouvre les yeux, répond mieux aux questions. Il souhaite la bonîie
année à la religieuse de la salle. Quelques heures après, (m le trouve
mort dans son lit, sans que les voisins s'en soient aperçus.
L'autopsie révèle l'existence d'une fracture fiasuraire du crâne oom*
mençant non pas an niveau de la plaie extérieure, mais à 3 centi-
. mètres en dehors d'elle. La fissure se continue obliquement sur le
pariétal droit . et aboutit au trou occipUal en passant derrière le
rocher, qui est intact.
La lésion capitale est un caillot sanguin situé sur les côtés du cer-
veau, au niveau de la fosse temporale entre la dure* mère ^et la «boite
crânienne. Ce caillot est noir, adhérent à la dure^mère; il est arréndi,
mesure environ 4 centimètres de diamètre et i centimètie à peu prêt
d'épaisseur.
Le cerveau, presque intact, présente seulement au niveau de la
fracture quelques taches ecchymoUqoes.
Il me paraît certain. Messieurs, que la mort a été déterminée parJa
fonnation brusque de ce caillot dans la région temporale dipoîle.
admettons que ce caillot se soit formé plus lentement ou que Vh^
morrhagie ait été moins abondante, le jeune homme aurait continué à
vrWre, mais .avec une hémiplégie gauche. Le chirurgien eût pu 8(A)ger
alors àinttfvenir à Taide du trépan. N'étatt-^iï pas indiqué de rappli-
quer sur le point du crâne où était la plaie extérieure et où avait dd
porter le choc ?« Évidemment oui; ehi)ien! l'agent eompresseiil*^ le
caillot s'en trouvait à une distance teMe, qu'il était impossible de l'at*
leîiicire. L'opération eût donc été nécessairement inutile. t
Le deuxième malade, dont je vous présente le crâne, est plus
Instructif encore que le précédent, car ce qui n'était tout à Thciire
ga'oiie hypothèse s^est ici réalisé. Nous avons vu l'hémiplégie at>pa-
2« série. — TOME IX. . IX
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— 82 -
; lÉtlre Qt augmenter pea à peu sons nos jen, si bien qw fiântf Hn-
iBGfioQ purulente à laquelle a suocombé le malade, je n'aurais pas
manqué de songer sérieusement au trépan, et j'eusse accompli une
Irisie besogne, ce dont je toos donnerai la preuve.
Voici le résumé éd cette observation :
André B..., domestique, âgé de 27 ans, est tombé en Toulaot
descendre d'un chemin de fer encore en marche. Il entre salle Saint-
. Bamsbé, à l'hôpital SaintrÂntoine, le 3 février. 11 existe au-dessus de
l'arcade sourciiière gauche une plaie aux téguments, large de a een-
timètres environ. En écartant les lèvres de cette plaie, on constate de
. la façon la |^us nette la firacture que je mets sous vos yeux et que je
TOUS décrirai ^lans un instant.
Le malade présente l'état d'un homme profondément endormi •
Il n'a pas prononcé une parole depuis son. entrée. Le panse-
. ment de sa plaie détermine une vive douleur due à la présence d'un
filet du fr(»ïtat qui est touché par Tépooge. Le malade résiste énergi-
- qoeraent, il exécute avec ses deux bras des mouvements très-
tioknls et pousse même un fort juron; pois, le pansement terminé,
il retombe dans rassoupissement. Souvent il bâille et grince des dents.
Il j a peu de chaoganent les deux premiers jours. Cependant, le 5,
il répond à l'appel de son nom.
- Le 6, il répond à mes questions, ouvre les yeux et boit volontiers.
' Pendant^ce temps, le pouls battait 52 et même 4^.
Le 11 février, c'est-à-dire le huitième jour de l'accident, je constate
; pqur la première fois un afiEsiblissement de la sensibilité et ée.la
motilité dans tout le côté droit, ce que le malade reconnaît lui-même.
: Il répond plus mal aax questions, laisse ses phrases inachevées ou les
termine par une sorte de ricanement idiot. L'hémiplégie augnusnte
; les jours suivants, au point qu'il ne peut soulever son bras droit qu'à
.Tfiide de sa main gaudie, et le 20 février, le côté droit de la face* se
-^paralyse égaleœ«at, en même temps qn'iirépond de plus en plus Aial
1 aux questions qu'on lui adresse.
Le 21, il est pris d'un violent frisson et de déhre. Le pouls est
- à 116. Le aa, deux nouveaux frissons; vomissements. La face est !«r-
. reuse, la plaie flétrie. Il meurt le 25.
.Vous voyez la fracture : elle part de la ligof médiane sous la
-.forme d'une fissure tran9ver8ale qui, arrivée au niveau de la fosse
temporale, se dirige obliquement en arrière et en bas vers l'angle
; aiiténeur et inférieur du pariétal gauche pour aller aboutir à la base
: du crâne, au niveau an trou ovale. /
• Près de la lignef médiane^ 8«r le frontal, là oà eommenœ la fhy-
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---83-.
ture, de la fissure IrausYcrsale partent deux fissures verticales dît-
tantes Fune de Tautre de 3 centimètres qui isolent ainsi un fragment
quadrangulaire libre seulement par trois de ses côtés. Ce fragment
est déprimé de 2 millimètres environ lyers la boîte crânienne.
Tu par sa face interne^ le crâne présente les mêmes détails que
cf-dessus, mais on constate en plus que la lame Titrée du fragment
antérieur a éclaté. Il existe deux éclats inclinés obliquement comme
un toit, et faisant dans la boîte crânienne une saillie d'enyircfl 6 ou
7 millimètres.
La lésion sur laquelle j'appelle spécialement votre attention, Mes-
sieurs, est la suivante : le trait de la fracture a divisé Tartère
méningée moyenne au niveau de l'angle antérieur et inférieur du
pariétal gauche. Il en est résulté la formation d'un énorme caillot qut
je vous présente et qui siège entre les os du crâne et la dure- mère. Go
caillot, aussi large que la paume de la main d'un adulte, a plusieoni
centimètres d^épaisseur. Il occupe toute la fosse temporale et se pro-
longe même en arrière. Certaines parties de ce caillot sont noires et
d'origine récente, d'autres sont jaiunes, fibrineuses, et remontent vrai-
semblabrement au début de l'accident. Je vous sàgnale encore Fadhé-
renée intime du caillot à la face externe de la dure-mère. Vous
pouvez constater que le centre du caillot se trouve à 10 eenti*
mètres au moins du fragment déoriihé et de la plaie extérieure.
Entre la dure-mère et le cerveau, aucune trace d'épancj^ment de
sang ni de contusion. Le cerveau est seulement très-apiati dans toute
la partie correspondante au caillot. La dure-mère, l'arachnoïde, la
pie-mère et là substance cérébrale sont complètement intactes au
niveau des éclats de la lame vitrée.
J'ai à peine besoin. Messieurs, de faire ressortir Fimportance de ee
fait au point de vue de Fopération du trépan. Voici un malade q«i
présente une fracture du crâne avec un fragment légère«ient déprimé
et une plaie aux téguments. Il ne tarde pas à recouvrer en partie son
intelligence et Fusâge de la parole, mais survient bientôt un affaibMs»
sèment de tout le côté du corps opposé à la frabture. L'indication da
trépan primitif a-t-el!e jamais été plus précise que dans ce owrt
Eh bienl les pièces en main, on peut affirmer que l'opération «nett
fait qu'ajouter sa propre gravité à Celle de la lésion crânienne,
puisque Fhémîplégie était due nati pas à la dépression des fragfMttto
ni aux édats de la lame vitrée, maïs bien à la présence d'un caillot
qui, par sa situation, son yolume, son étendue, ses adhérenoef , était
inaccessible h la trépanation.
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— 84 -*
PRÉSENTATION DE MALADE.
Anqiatatioii de la }anrbe an lieu d'éleetlon.
f Appareil prothétique.
; M. GuTON présente un malade amputé de la jambe au lieu d'élee-
t^n. Ce malade porte un appareil de M. de Beaufort depuis quiozer
jours; il marche facilement. Sur ce point, M. Gujon réserve son
apprécRllion pour une époque ultérieure.
M. Guyon a fait une amputation à lambeau externe d'après le pro-^
cédé dcr M. Sédillot. Le résultat obtenu est des plus satisfaisants. C'est
1^ troisième fois que M. Guyoo a pratiqué l'amputation de la jambe en
taillant un lambeau externe, et trois fois le succès n'a rien laissé à désirer.
: M. LÉON Lefort. L'opération pratiquée par M. Guyon lui a donné
un très-beau résultat; le moignon est régulier, bien matelassé de
ilMdses musculaires, et par conséquent dans d'excellentes conditions
pour l'application facile d'un appareil prothétique; cependant le
malade qu'il nous présente, loin de nous montrer les avantages de
l!appareil de M. de Beaufort, nous en montre au contraire les incon-*
Ténients. Ainsi, le point d'appui est pris dans cet appareil sur la sur-
face, si^r les saillies de la cuisse et du genou et non sur l'ischion.
Qu'est-il arrivé? Le malade a placé un gros coussin en avant de la
crête tibiale, il a fait subir au manchon de cuir un mouvement de
bascule, eJt il marche aujourd'hui en s'appuyant surtout sur le genou
demi-fléchi. Quelle solidité y a-t-il dans- ces deux attelles de bois,
articulées par cette plaque de lôle grossièrement rivée? L'appareil est
détestable et qui, plus est, dangereux. On a parlé du mérite et de la
nouveauté de ce pied, dont la plante est convexe; d'abord tous les
pieds articulés au niveau de l'interligne du métatarse et des pha-
langes deviennent, dans la flexion, de véritables pieds convexes; et
6n second lieu, il n'y a encore là rien dont M^.de Beaufort puisse
réclamer l'invention. Il y a dix ans que M. Ferdinand, Martin a fait
des pieds à plante convexe, et il en a donné le dessin dans son travail
sur la prothèse des membres inférieurs. Je n'ai rien dit jusqu'à pré-
sent des appareils de M. de Beaufort; il m*importait peu qu'ils fissent-
00 noR l'admiration des gens du monde; mais aujourd'hui, il n'en est
plus de même : une circulaire de l'administration des hôpitaux nous
aiifiOQce que la jambe artificielle de M. de Beaufort est la seule qui
iera fournie à nos amputés, sauf circonstances exceptionnelles;
11 est temps de protester dans l'intérêt des malades et au nom des
principes de la pratique chirurgicale contre la faveur qa!on «ocorde à
tort à cet appareil.
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.M* TiLLAux. Je se saurais aceepter le blâme que M. Lefort jette sur
les appareils prothétiques de M. de Beaufort. Voici un malade qui se
«ert, depuis quinze jours seulement, de sa jambe artifkielle, et qui
marcbe aisément. Elle n'est pas solide, dit-on. Je demande que Vex-*
périence prononce sur cette question. Mats où l'appréciation de
B|« Lefort me paraît surtout injuste et inacceptable, c'est à propos do
1^ mata artificielle. Elle est incontestablement supérieure à toutes
«elles qui ont été faites jusqu'à présent : c'est, comme l'appelle son
auteur, une main utile. JII. de Beaufort, à force de chercher, est
arrivé à trouver la combinaison la plus simple : S a sacrifié les
mouTements accessoires pour le mouvement principal, qui est celui d'op*-'
position du pouce. Sa main artificielle est une véritable pince à deux
branches, dont Tune, représentée par les quatre doigts, est demi-
Héchie et fixe, tandis que l'autre, représentée par le pouce, est mobile,
et s'oppose librement'à la première. Je maintiens que c'est là une
iflée très-ingénieuse et qui appartient en propre à l'auteur. Il n'a pas
eu la prétention de faire des appareils de luie, mais bien des appareilt
utiles et de nombreuses observations ont démontre qu'il avait réussi*
On objecte qu'il n'est pas possible de lever, avec cette main, dé
pesants fardeaux; mais avec quelle main artificielle le peut-on faire?
!U y a, pQur cela, le crochet adapté au moignon. Il ne faut demander
kun bras artificiel que ce qu'il peut donner, c'est-à-dire Tappréhen-
sion des objets légers qui 3ervent à chaque instant dans les besoins
ordinaires de la vie; or je déclare que, sous le rapport de futilité, de
la légèreté et de la modicité du prix, la main artificielle de M. de Beau-
fort l'emporte sur toutes Jes autres. *
M. LÉON LsFoaT. Le bras artificiel de M. de Beaufort a, sur la
jambe artificielle, l'avantage de rendre des services dans plusieurs
circonstances; lorsqu'il s'agit, par exemple, de militaires pensionnés
et reU-aités, d'employés ou de garçons de bureau de ministères ou de
grandes administrations; mais pour nos ouvriers qui doivent vivre en
travaillant, il. leur faut, avant tout, un membre solide. J'ai fait
renouveler au bureau central l'appareil d'un malheureux privé des
deux mains. Quel métier fait cet hoij^i"^^^^^ ^^^ avant-bras fabrî*
qoés par Gbarrière? li est terrassier de la ville de Paris. Nous avons
tous vu un homme conduisant, avec le crochet qui terminait son
appareil» les efaevaux de renfort pour les omnibus remontant le boun
lêrard de SébastopoL. La main artificielle fi^ M. de Beaufort n'a
d'autre force que celle du ressort qui agit sur le pouce; c'est ua
af^areîlboo, je le reconnais, pour ceux qui n'ont besoin que de peu
de force et de travail; mais le principe du œouvemeal u'appartiei^
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— 86 —
pas datantage à M. de Beaiufort; il appartient ii Vas Petersen qui, en
1845, présenta son bras artificiel à rAcadémie des sqences, et e»
principe a été, avant M. de Beaufort, appliqué et étendu dans set
applications par MM. Charrière, Bécliard, Mathieu, etc.
En résumé, pour ce qui concerne la jambe artificielle, le seul boa
i^areil pour nos malades pauvres est toajoars le pilon, ou, si Voa
veut conserver la mobilité des articulations et masquer la mutilation,
les seuls points d'appui solides sont le genou âéchi ou Tischioa.
M. LuisET. Je me rallie à l'opinion de M. Tillaux. Si la main arti*
ficieile ne peut s^iffire pour les mouvements de force, elle permet leB»
•mouvements délicats. Je crob que Tidée généralisée du pied à base
convexe appartient à M. de Beaufort« Je'suis moins disposé à défendra
Tappareil de la jambe construit par cet inventeur.
PRESENTATION D' APPAREIL.
M. FiGBOT, fabricant d'appareils orthopédiques, soumet à reiamea
de la Société une jambe artiOcielie de son invention.
Cette jambe est très-solide et revient à un prix relativement peu
élevé. Les montants sont en acier, la garniture du cuissard en peau
ftMTte, le mollet en cuir durci. On a ménagé un point d'appui an niveau
de risdiion. Le pied, d'une seule pièce, en bois
léger (en bois de tilleul, par exemple), est ar-*
ticulé avec la jambe.
L'articulation du genou a lieu à l'aide d'un'
boulon très-fort et rivé, il existe en avant un
potnt d'arrêt) afin que la flexion du membre ne
puisse être exagérée. Le mollet, en cuir durci,
descend jusqu'à l'articulation ^u pied. Le»
montants en acier sont réunie à la partie info*
Heure de la jambe par deux traverses fortement
rivées. Quant au pied, il est fixé solidement à^
la jambe au mo^nen d'un bouton qui le traversé
de part en part, ainsi que les deux montant»
^ en ecier.^
Au niveau du pied^ deux ressorts en caeut^^
cbouc placés l'un en avant, l'autre en arrière, vont sp réunir a«x'
traverses de la jambe et donnent.lieu i «a tnage eoalbia lorsque la
pied est en moevement, ce qui contribue à donner à oetei-d l'aspect
d'An pied naturel.
jL'asnpvté que présente M. FIcbot porte eetappaveil dflipm quelgo^
jours» U mardhe ûteâettitnt*
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— SI —
PRESENTATION DE PIECE.
If. M ABioLiN ptésente la pièee suivante :
CvaBsrène «pomaiiée ûea extrémités Inférieures, elles im
esftuK ée 1M mois* aysat vue eeainMiaieatleii ee»|pé»làle
A la tese #eB denx iwiitvleiiles eu eœv».
M. Mabiolin. Les cas de gangrène spontanée de ce genre ne sont
pas communs dans la science, ils appartiennent à cette variété dite
* sèniie décrîte aussi par Jeanroy sous le nom de gangrène des gens
riches; affection le plus habituellement due à une gène dans la circa-
lâtion. Dans fouvrage de MM. Rilliet etBarthez, édition de 1853, il
if y en a que six cas de mentionnés. Ces six enfants avaient de 3 à
i ans et demi, et presque tous ont succombé plus ou moins rapidement.
Chez ce petit malade, nous n'avons pas été témoins du début de
l'affection ; nous ne Tavons vu que peu de' jours, et je ne saurais
mieux faire que donner Tobservation telle qu'elle a été recueillie avec
beaucoup de soin par M. Chaume, interne du service.
Les parents sont jeunes et ont un autre enfant qui se porte bien,
mais le père est atteint depuis trois ans d'une bronchite chronique; de
plus, leur logement e^ insalubre, et déjà un médecin leur a conseillé
. de le qiiîtter.
13 mars 4*8W. — L*eirfant qu'on nous présente est âgé de 2 ans,
petit, maigre, chétif : il n'a pas été vacciné. A l'âge de 5 mois, 11" a
en dans Taissdle droite un petit abcès qui suppure encore, il a eu
également quelques croûtes dans les cheveux, aujourd'hui disparues.
Malgré un bon appétit, il a toujours été maigre et maladif; sa mère,
qsî Ta nourri, bous fait remarquer que, presque dès sa naissance, il
fut pris d\ine toux qtrî n'a jamais cessé.
tl y a trois semtrines environ, on remarqua, sous l'ongle du gros
' orteil gauche, des marbrures vîdiacées bientôt suivies détaches noires
qui se sont successivement étendues à tous les orteils, à ha face plan-
taire, au bord externe du pied et au talon. Trois jours après, le pied
' droit devenait également malade, et de ce côté la maladie a exacte-
ment suivi la môme marche; toujours les taches lioires étaient pré-
' tédées de marbrures Tiolacées.
Au|jom*d*hui, on volt : rougeur vidlette des deux extrémités infg-
lîeares s^élendant depriîs les orteils jusqu'au dessus des malléoles, et
' cela an même niveau des deux côtés. Les talons et les orteils sont
* noirs, coainie cornés cft momifiés. Toutes ces parties sont froides; la
yBù^fRté «st nulle sui* tes .parties noires, douteuse sur les parties
"Ttni]^s;*trttTès-vivé à hlîntftedelaTdugeuf. ^^ »' . --
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La maladie semble devoir s'arrêter au^d^sus des malléoles, car^
depuis huit jours, la rougeur ne monte plus. Depuis cette époque,
également, Tenfant sembte être moins tnal. La mère assuré qu^il a
moins de ûèvré, qu'il tousse moins et qu'il mange mieux. >
En ce moment la toux est continue, la peau chaude, le pouia fré-
quent, mais très-petit; le pouls radial est à peine sensible, Tartère
fémorale elle-même bat faiblement, et cependant les mouvements du
cœur sont tumultueux et ses bruits -s'entendent dans toute la poitrine;
on peut saisir un bruit de souffle, mais il est impossible de lui asai%
gner un siège. •
Pouls, 130; température de l'aisselle, 38; du rectum, 39. En arrière
du thorax, submatité. On entend des râles sous-crépitants à la base
des deux poumons.
14 mars. On constate les mêmes symptômes. Cataplasmes saupou*
drés de quinquina et de charbon.
Pouls, 140; 75 respirations par minute. Une raie de nitrate d'argent
est faite sur les limites de la rougeur pour permettre de constater les
progrès de la maladie.
15 mars, matin. — La raie est dépassée de 1 millimètre; on voit
quelques pblyctères qui paraissent causées par le cataplasme. On
constate un peu de diarrhée et un commencement de cyanose*
Pouls, 144; l'espiration, 84. Les urines ne présentent ni sucre, ni
albumine.
Soir. — Température de l'aisselle, 37; du rectum, 39. L'oppression
et la cyano^ s'accusent de plus en plus. L'enfant meurt le soir, à
neuf heures.
Autopsie, — L'enfant a 70 cenlimètres de long; il est très-peu
développé, ses membres inférieurs sont surtout très-grêles.
On ouvre avec précaution la cavité thoracique, et tout d'abord on
est frappé du volume considérable du cœur. Il n'existe aucune adb^-*
rence, soit entre les plèvres et le poumon, soit entre le cœur et le
péricarde. Le cœur est globuleux^ le sillon qui occupe à l'état normal'
sa face antérieure est peu accusé, et au lieu de se diriger vers la
pointe, il va se terminer vers le milieu du bord droit, ce qui indique
déjà que l'hypertrophie de l'organe porte principalement sur le veQ<»
tricule gauche. En effets ce ventricule, ouvert, offre des parois épaisses
d'un centhnètre environ; sa capacité dépasse de trois ou quatre fois
celle du ventricule droit. La valvule auriculo-ventriculaire gauche est
très-développée : les colonnes de premier et deuxième ordres sont for»
tement accusées, mais toute l'attention se porte but la paroi interne
de ce ventricule, où l'on voit un oriûce de communication avec Je
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rentricule droit. 11 est triangulaire, long de 15 millimètres et large
de 8 ; ses bords sont arrondis et ne présentent pas Taspect réticulé
que Ton voit sur tout le reete île U surfftc^ kfiterne du ventricule
gauche. Ils sont formés de deux lames de substance muscu-
laire qui, au Iie& ile s'appliquer ej^tctiuneot, a» sonl /croisées oblique--
ment, de manière à laisser un espace vide.
Le ventricule droit n'offre rien qui ne soit normaI> si ce n'est Tori-
fice de communication avec le ventrkule opposé ; sa disposition est la
même.
Dans les deux ventricules, Tendocarde est blaae, épaissi, surtout au
Tiyisinage des orifices et des valvules.
Les oreillettes ont leurs parois et leur volume ordinaires. Rien de
remarquât^ sur les orifices artériels. Les artères aorte et pulmonaire
suivent leur trajet habituel; leurs parois ne présentent aucune lésion*
Ou a suivi soigneusement Taorte dans tout son trajet, et les arjtères
du membre inférieur, depuis la bifurcation de l'aorte jusqu^aux par«-
tles mortifiées, sans trouver aucune cause de gangrène.
Les deux poumons sont entiers, durs, peu aérés. La coupe en eat
ronge foncé; ils crépitant cependant et peuve&t surnager. Il y a là une
congestion passive, symptomatique, d'une circulation difficile. L'aiinre
«érien est intact» Le sommet du poumon, le droit en particulier, offre
de petits tubercules isolés, dont quelques-uns. sont remplacés par de
la matière puriforme.
Le foie, les reins, sont volumineux et fortement congestionnés.
Parties mortifiées. — Une coupe verticale, pratiquée sur le pied,
nous fait voir que les téguments seuls sont entièrement mortifiés*
-En effet, les cartilages, les os, les muselés du tarse et du métatarse
sont à peu près sains. Mais il n'en est pas de même des orteils :
je gros orteil, surtout, est dur c^ip^me de 1^ aorne, la peau ç| le
«tissu cellulaire sous-eutaoé sont durs et noirs; les cartilages ^ui
jféparent les deux phalanges sont gris; l'arti^ation qu'ils fonpeot
/QSt sèehe.. On peut suivre* d'av^pt en arrière, sur cette coupe, les
fiEOgrès de la loorUficaiion. Ainsi, tandis que la phalange oi^uéate
.est compléteaieiit n^orttfiée, la phalange métatarsienne ne Teit
4^ dans sa partie antérieure, imii^ Çim l9s ^jBirtilages de l'ar-
jtieulaiion phalangienoe mpt gri^âtr^s et ^egs, c^^x de ra]:t,icM*
.IfttÂoin méiatarso-ptialaogienne sont moins fomçés .ert exiçore humidey»
.tt, plus en arrièce, Je inrexoier o^éta^r^îea est |i peine décolon^.
Jf'exsmen biatologiqvie des vaîsseapx, ipuscles» etc., n'a pM été îàiU
; . L«t sé^nc^ est levîe h cinq hetw^ trois qv^tfu
• Le secréUrire, D' Lion Lawmû.
a* sirU. — TOME IX. 12
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-. 90 -r
SâANC£ DU 25 MàBS 1868
PrMldencè de U. L.EGOUEST
Le procès-verbal de la précédente séance est lu et adopté.
La correspondance comprend :
— Les journaux de la semaine.
— Note sur les polypes fibreux de V utérus. — Note sur la môl$
hydatoîdCf par M. Ancelet, membre correspondant.
— Quatre brochures : Sur un cas de trépanation du crâne; sur les
maladies dominantes à Vrbin; sur un cas d'anévrisme traité par la Uga-r
tare; sur les kystes de l'ovaire et l'ovariotomie, par le docteur Santo-
padre, chirurgien à Urbino.
— Rapport sur l'amputation de la hanche dans la chirurgie militaire
par George A. Otis; Washington, 1867..
— Une lettre de M. le docteur Burcq relative à un esthésiomètre
décrit et présenté à l'Académie en 1856.
— Une lettre de remerciments de M. Mazzoni, récemmefit élu.
membre correspondant.
COIIMUNIGATIONS.
M. Panas communique l'observation suivante :
Fracture 4u eriUie. — Compression cérébrale. — CoatasioM.
par contre-coup. — Uort en douze heures.
Homme, pharmacien, âgé de 35 ans. Le 30 août 1863, au soir»
étant ivre, il tombe de sa hauteur sur le pavé au milieu de la chaus-
sée. Perte immédiate de connaissance. Il est relevé et apporté, à.
onze heures du soir, h l'hôpital, où rinterne, M. Saurel, constate
Fabolition complète du sentiment et du mouvement volontaire avec
résolution générale, coma profond, respiration stertoreuse et lente,
pouls ralenti à 48, faible. Refroidissement de tout le corps, écou*
lement sanguin peu abondant par l'oreille droite. Potion avec
6 grammes d'acétate d'ammoniaque. Au moment d'expirer, la peau,
livide partout, offre une chaleur brûlante. Pupilles largement dilatées.
«> Cornées insensibles, battements du cœur accélérés et faibles. Inspira-
tion toutes les deux minutes. Bientôt arrêt du cœur, refroidissement,
subit et mort à dix beur^ du mAtin*
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— 91 —
Autopsie le !•' septembre» vingt-quatre heures après la mort. —
Téguments du crâne intacts, pas d'épanchement sous-cutané. On sde
la calotte crânienne circulairement et on Tenlèye, ce qui permet de
constater une fracture de Fécaille temporale avec décollement de la
dare-mère dans toute l'étendue du plan latéral droit du crâne. Tout
tel espace est rempli par uu caillot noir, dense, ayant la forme d'une
brioche, c'est-à-dire un côté convexe en rapport avec les os du crâne,
et un côté aplati reposant sur la dure-mère décollée. Extrait de sa
place, il pèse 140 grammes. Toute la portion temporale de Thémls-
^ère est tellement aplatie, qu'au lieu d'être convexe, elle ôiïre une
surface plane taillée à pic avec un bord ou circonférence tranchante,
'exactement comme si l'on avait enlevé un segment du sphéroïde
«érébral.
• La source de cet écoulement est l'artère temporale moyenne,
qui est ouverte. Le cerveau extrait, et les os débarrassés de la dure-
mère, on constate à la partie supérieure de la fo^se temporale, vers •
le milieu de la suture écailleuse, une fracture étoilée avec quatre pro-
longements, un supérieur et un autre antérieur ayant chacun de
3 à 4 centimètres de long, et deux fêlures inférieures.. De ces der-
rières, l'une, postérieure, coupe en long la face antérieure du rocher
par son milieu et aboutit au trou déchiré antérieur; Tautre, plu9
antérieure^ parallèle à la précédente, sépare le rocher de la portion
écailleuse du temporal, passe par le trou sphéno-épineux et le trou
jdécihiré antérieur, détache complètement la lame carrée que sur-
inontent les apophyses clinoïdes postérieures, et aboutit au trou
4échiré antérieur du côté opposé. Ajoutons que des esquilles nom-
breuses s'étaient détachées du -canal carotidien, et qu'une ou deux
petites esquilles étaient comme fichées dans les parois de Tartère
tuirotide interne. Outre son aplatissement, le cerveau ne présentait
pas de lésions à droite, tandis qu'à gauche, sur le point diam,étrale-
mént opposé, c*est-à-»dire sur la face inférieure du lobe sphénoïdal
gauche, on constatait l'existence d'un épanchement sanguin coagulé,
Doir, dans l'espace sous-arachnoïdiéii,' pouvant peser 4 à 5 grammes»
«tune contusion du cerveau caractérisée par différents foyers apoplec-
tiques de la substance grise dans l'étendue d'une pièce de cent sous
environ, ne dépassant pas toutefois, en profondeur, la couche grise.
Nulle autre lésion de la masse encéphalique. Ventricules parfaitement
vides. Aucune autre lésion viscérale.
Réilexions. La compression cérébrale par épanchement sanguin
traumatique a joué, comme on le sait, un grand rôle dans la pra-
tique du trépan, alors qu*on faisait un*véritableabu8 decette opération.
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&fa1gaigûe, en s'élevant eontre la tfépan, se fondait nop^seiilef&^ot
Èur Texamen dés faits cliniques, mais aussi sur des expériences tpX
lui avaient appris que, pour tuer un animal par des iajectious succès^
*îves d'eau dans le crâne, Il fallait employer une quantité d'eftu 4elte^
que supposer qu*utie ou deux cuillerées de san^ extrav^sé à la Bur^
face du cerveau pouvaient entraîner chez l'homme la mort par coa^
pression, ce sérail une véritable absurdité, et c'est pourtant là ce qtd
a été fait par tous les auteurs partisans de la théorie de la compretf"'
filon, et surtout de l'emploi du trépan en pareille occurrence.
Malgaignc fait une seule réserve : c'est pour le cas où l'artèfN
méningée moyenne se trouve ouverte, et cile à l'appui une obser-<
ration de J. Gloquet ou la mort survient de cette façon. A ce point 4a
vue, les deux faits de M. Tillaux , auxquels j'ajoute celui que jO
viens de rapporter, viennent confirmer l'exception établie par llaJ-
galgne.
Quant à la règle elle-même, j'ai pensé que lés expérien(îes de Ma^
gatgne étaient passibles de certaines objections, en même temps qu'il
y avait lieu d'indiquer certaines conditions spéciales qui renéeni Itt
compression plus efficaôe.
Malgaigne, eh injectant de l'eau pure daùs le crâne, ne pouvait pai
arriver à préciser au juste la quantité qui est nécessaire pour amener
les signes de la compression, puisque ce liquide est repris eu fur *t à
mesure par l'absorption avec une très-grande rapidité.
Voici quatre expériences faites sur des chiens, où j'ai injecté If0l*
fois de l'huile (liquide inabsorbable) et une fbife du sang défib^inê*
Dans ce dernier cas, il a fallu employer, en effet, une plus granfld
quantité de liquide pour provoquer dès accidents.
4" ûbsétv. (huile). DWê'^mèrek
Éucéphale pesant 99 grammes; injec.|^^^ j^ ^^^^.^ ^^
tiou de 5 grammes d huile; dure- } . , ,
«.- • . * i /«/.«. I dans la stapeurt
mère mtacte, V20"* / ^
2« obsbrv. {hiâle). Arachmïde.
iL
Capacité eràQMiinâ«b..i.«% 184 \
Inject 40 gouttes. J ^^"^* ^^ troisième jouf,
— Une heureaprèa. 30 - i ^^ ^^^*"^s ^P^^«' ^f^^
-=j— l des traces de mémn-
AatM&èveMvetfte^w.^....,,. ,.. J ^^*®'
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- w-
3* ab$aif.
Ii^ection de 34 grammes de sang ùe bœuf défibriné, en deux reprises
dans l'espace d'une heure et demie; mort dans la soirée. La capa«
cité CfàniefiDe est évaluée à 68 grammes de sang. Dure-mèrt
intacte.
4* obs^v^ {huilé)é PerfûraiUm de la dure^mère. AracJmoîdi»
i"* injection.*.. 40 gouttes. V ..,.,, \
^ * QO — / -^^^*^^'^*** '*" )
*^ \r. i briles, fris- f Mort le troi-
3* — 30—1 ? x •
-. 1 1 j . «„ 1 sons i sièmejonr.
V — le lendemam. 25 — J \ *
Ûute-mère ouverte j
Conclusions.
Mvâê 8oa6 arachnoïde. ^ Ofos. 2 et 4, mort lente;
Huik sons les os. ^ Obâ. i, mort le lenden^ain aYee5 grammes;
Sang sous les os. 34 sur 68, »e i/| de la capacité. .
Une question plus importante que Ja nature du liquide, c'est celld
èa lieo de l'Injection, fi est en eâet évident que» lorsqu'on injecte du
liquide, supposons du sang, dans la cavité arachnoïdienne^ non sea-
Juaimii le li(|«iide est repris plos vite par absorption, grâce à l'étendue
de la surface afbsorbante, mais que, de plus, exerçant une comptes^
fMUi ttoiforme sur tout Tencéphale, l'organe n'éprouve pas les trouble»
^i dérivent d'une forte compression exercée sur un point limité du
ectttre encéphalique^ En «fitet, Messî«urs, dans les seuls cas où la ceni^
pf^tftion . cérébrale^ est évidente ^\xt tout le monde comme ceux de
J. Gloquet, de M. Tillaux et le mien, nous voyons le sang en grande
quantité s'amasser non dans la cavité aracbnoïdienne, mais entre les
os el la dure^ooère dèioMs, au pmnt d^a^iAtir rhéniKphère cérébral
eorrespondant.
Les expérieeoe» qne j'ai faites prouvent au^ ce fàit^ foe lorsque
riniectîoa «si pratiquée enti« Ja dure-iâàère et les os> on détermine
j^iie tâl des décents, et que la m«rt ea4 plus rapide tp» lorsque ie
Hqulée eet.itiecté dans le eaviié «rachtieSdienae. *
Je ne prétends pas, Messieurs, avec le petit. KonÉve d'expérieDee
que je vous apporte, trancher en dernier ressort une question complexe
de pathologie comme l'est celle de la compression cérébralCt mais j'ai
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-^ H —
<cru faire chose utile en cherchant à compléter ce qui a été ài\ par Mal-
gaigoe à cet égard, et en montrant aux futurs expérimentateurs la
Toie dans laquelle ils doivent, je crois, persévérer.
M. Labbé. J'ai actuellement, dans mon service, un homme qui
offre un exemple très-évident de lésion cérébrale traumatique par
contre-coup. Cet individu a reçu, il y a dix-huit mois environ, un
^oup très-violent sur le pariétal du côté droit, il est survenu une
hémiplégie du même côlé. Dans ce cas, comme dans ceux que Ton
flous a cités, la contusion cérébrale a vraisemblablement eu lieu dans
le point diamétralement opposé à celui qui a reçu le choc.
Chez cet homme, on peut observer une des suites éloignées et assez
rares des lésions traumatiques de Tencéphale, je veux parler des
accès d'épilepsie.
M. Tbélat. Les lésions cérébrales par contre-coup ne sont pas
très-rares; on peut môme dite qiie ces faits sont assez communs.
M. Pebrin. Les observations de M. Panas confirment ce que j'ai dît
bien des fois en ce qui concerne le contre-coup dans la masse encé-
phalique. Le mécanisme du contré-coup dans la production des lésion^
cérébrales est aussi rigoureux que celui des fractures par contre-coup
telles qu'on les décrivait au siècle dernier.
M. Tbélat. Il s'agirait de prouver que les vraies fractures par
QOnlre-coup sont fréquentes.
M. Perbin. En dehors des vues théoriques, il me parait certain qu*
ces faits sont réels, cliniquemeot parlant.
M. Chassaignac. Dans un certain nombre de cas on croit à on
«ontre-'coup, et l'on commet une erreur, parce qu'il y a eu véritable*^
ment deux coups donnés en môme temps. Très-souvent, il arrive quii
la tète, recevant un choc très-violent, est en môme temps portée
<MMiilre un plan résistant et reçoit un second coup d^ns le point
diamétralement opposé. C'est là un cas de lésion double par choo
4trect.
DÉGLABATION DE YACAtK^B b'UNE PLACE DE MEMBRE TTrULàlRE.
M. LE Président déclare vacante une place de membre titulaire et
rappelle aux candidats à cette placer qu'à chaque nouvelle dédara-^
^on de vacance, ils doivent faire un nolnvei acte de eandîdatnre. S'ili
<dégligeaient de remplir cette formalité, ils ne pourraient figarer sur
la liste de candidature.
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LBGTURB,
M. Bàillt, candidat à la place de membre titulaire, lit un mémoire^
ayant pour titre : Mémoire sur la rotation artificielle du fœtus dans les
positions occipito-postérieures,
L*examen de ce mémoire est renvoyé à une commission composée
de MM. Tacnier, Depaui, Guéniot.
COMMUNICATIONS.
M. Panas communique rob^ervation suivante : ^ «
Observation de fracture du bassin.
Vous connaissez la double fracture verticale du bassin décrite par
Malgaigise, fracture qui, ayant pour effet de permettre Tascension dib
fragment détaché et avec lui de tout le membre inférieur, a pu donner
parfois le change et faire croire à Texistence d'une luxation da
membre pelvien, au détriment de la fracture du bassin qui restait
méconnue.^ Ici, Messieurs, il s'agit de ce genre de fracture diagnos-
tiquée pendant la vie et avec cette particularité qu'elle existe des.
deux côtés, en sorte que nous avons affaire à une quadruple fracture
Terticale du bassin. Ajoutons qu'une cinquième fracture séparait \^
quatrième pièce du sacrum d'avec la cinquième; en même temps,
qu'il ^y avait une rupture de la vessie, sur laquelle je reviendrai après
avoir parlé de la fracture.
Le sujet était un homme de 35 ans, charretier, qui, conduisant sa
charrette assis sur son cheval, se laissa choir, et la roue lui passa ea
travers sur le bassin, en décrivant d'arrière en avant une demi-
circonférence entière sur la moitié droite du bassin. Cet homme, qui
était du reste à moitié ivre, fut relevé et conduit de suite à l'hôpital^
où 11 expira trente-six heures après son entrée, dans l'état suivant :
Fades pâle, hippocratique; extrémités froides; pouls accéléré, \Z0,
presque imperceptible. Plaintes continuelles, agitation, langue sèche..
Ni selles, ni urines. Larges ecchymoses sur l'abdomen, le bassin et
les fesses, surtout à droite. Ventre extrêmement ballonné, dou^
loureui et sonore à la percussion sur tous les points de son étendue.^
Vomissements bilieux. En pressant latéralement sur les deux crêtes
iliaques à la fois, on perçoit une crépitation évidente à droite, mais
non i gauche. Du reste, aucune déformation appréciable du pelvis.
Les mouvements de flexion et d'extension du membre inférieur droit
provoquent: aussi la crépitation da même c6té. On s'assure, du reste»
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ainsi, que les fémurs sont 'en place et ne présentent aucune
solution de continuité ni au corps, si au col. Le catbélérisme n'a
pas amené uue seule goutte d'urine, et le malade n'a pas uriné pen-
dant tout son séjour à ThôpitaL
Voici maintenant ce qae nous a révélé l'autopsie.
A droite^ il y a deux fractures : une postérieure verticale, coim-
tnence à 2 centimètres de l'épine iliaque postérieure, se dirige ^n bas
vers le sommet de la grande échancrure sciatique et aboutit dans la
symphyse sacro-iliaque postérieure qui se trouve ainsi diasta^e
dans son quart inférieur. La deuxième fracture droite est antérieure,
elle siège près de :1a symphyse pubienne, dif isanl \ê pubis au
niveau de ces branches horizontale et descendante sur le Cj5té interne
du trou ovale.
il gauche^ les deux fractures sont plus postérieures qi^'h érioipte;
ainsi la fracture pubieune divise les deux branches d^ l'os vers )e
côté externe du trou sous-pubien et la fracture iliaque intéresse ^
haut la base du sacrum pour se diriger ensuite au bas de la sym*»
pbyse sacro-iliaque gauche et le sommet de la grande échaneriwr^
sciatiqUe.
Une grande quantité de sang infiltrait le U^su cellulaire sauti»
péritonéal, surtout dans la fosse iliaque droite.
La vessie était rompue, et la perforation qui oQoupdjit le haut de la
face postérieure ou périroaéale de Forgane pris de soa eonunet, avait
rétendue d'une pièce de deux francs. Dans ja vessie, U n'y avait
ni urine ni sang, pas plus que dans la cavité péritoaéate, doQi leet
parois étaient lisses et dépourvues de fausses mjembranes«
Il est certain, d*après la disposition des fragments» q^ n'étaient
pas pour ainsi dire déplacés du côté du bassin, que ia perlV
ration vésicale ne peut être expliquée par un traumatisme qu'aurait
produit un fragment osseux.
Reste l'hypothèse de la rupture par éclatement du réservoir urçaair;»
en supposant la vessie pleine d'urine et serrée de loutes parts par
suite de l'aplatissement de l'hypogastre par la roue. Ce mécanisme
Vne parait le plus probable, mais, dans ce cas, il faut admettre que
Turine épanchée dans le péritoine a dû se résorber pendant la vie
sans déterminer la production de fausses membranes, ce qui.Qemsaque
pas que d'étonner un peu.
Pour ce qui est de l'anuri^ qui a existé penJdaat tout la tcoops que
le malade a survécu^ elle peut s'expliquer par le marrais iétat e^aér^ftl
qui faisait de lui presque un cadavre.
M. Larret. Dans le cas observé par IC. PanaSi n'e^istaiUil psAim
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_ 91 ^
même temps que la fractore une disjonetion, même partielle, des
symphyses, soit sacro-iliaques, soit pubiennes?
M. Panas, â gauche, il n'existait aucune disjonction au niveau de
la symphyse sacro-iliaque. A droite, la Mcture tombait dans la
symphjfse, et il y avait disjonction de la partie inférieure de cette
dernière, mais pas d'écartement.
M. Ghassaignac. m. Panas a-t-il pu avoir quelques détails sur
rétat dans lequel était la vessie avant Taccident? Dans la plu-
part des cas, pour que la rupture %i lieu, il faut que la vessie soit
distendue.
M. Panas. Le malade était ivre lorsqu'il a été transporté à Thô-
pital, et je pense que la vessie était alors distendue par Turine.
Lorsque j'ai ^aminé ce blessé, le ventre était distendu; j'ai pra-
tiqué le cathélérlsme , et je n*ai pas fait sortir une seule goutte
d'urine.
M. Depaiil. Quelle est Texplication que propose M. Panas pour
rendre compte de la production de cette fracture? Cet homme était
couché; une voiture lui a passé sur le corps, et la ceinture repré-
sentée par le bassin, fortement pressée, a éclaté en deux pointa. C'est
là le seul mécanisme auquel on puisse songer, et j'ajoute que c'est
d'après ce mécanisme que se produisent habituellement ces fracturés.
M. Panas. Je n'ai pas voulu dire que ce fût là un fait exceptionnel.
11 rentre dans la règle; mais ces faits sont encore assez rares pour
qu'il soit bon de les décrire.
M. Larret. Des fractures du bassin qui sont communes et qu'il ne
faut pas oublier, ce sont celles qui sont dues à des coups de feu.
PRESENTATION DE FIBCG*
M. Deuarquay présente une pièce relative à une blessure de l'ar*
tère intercostale et l'accompagne àfi la note suivante :
Ulesnare de l'aiflâre intereosMe. Pévierrliagie^ Kërt (!)<
Le 3 mars de cette année, un jeune Polonais âgé de ^6 ans entrait
dans mon service, pour se faire traiter d'un vaste abcès situé sur la
partie latérale gauche de la poitrine. L'origine de cet abcès remonte
à 1863. A cette époque, ce jeune homme servait comme volotî-
taire dans l'insurrection polonaise. Dans une rencontre, il a reçu des
I La pièce est déposée au musée Dtipuytn
2" 5dm. — TOME IX.
(1) La pièce est déposée au musée Dnpuytrcn.
13
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~ 98 —
coups de crosse de fusil dans la région thoracique gauche» violeuce
qui a amené une fraclure de côtes. Il fut Irès-bien remis en apparence
des accidents graves qu'il avait éprouvés à la suite de ses blessures,
quoiqu'il ait conservé une déformation de la poitrine du côté gauche
et une gêne plus ou moins grande de la respiration. Il y a six mois,
sa santé s'est altérée, et bientôt il vit paraître un abcès sur la partie
latérale gauche delà poitrine, au niveau de Tomoplate.
Lorsque je le vis pour la première fois, je constatai : i*" Tabcès que
j'ai signalé plus haut, ayant le voTume du poin§^ et de forme allongée
suivant le sens des côtes; 2° une matité considérable dans le côté
gauche de la poitrine, excepté en avant et en haut, où il y avait de
la sonorité; S*" enfin un aplatissement du côté inférieur gauche, ce
qui amenait une dépression thoracique de ce côté et par conséquent
une espèce d'imbrication des côtes.
Le 4 mars, l'abcès fut ouvert en deux points, et un drain fut passé
a travers le foyer de l'abcès. Au bout de quelques jours, je constatai
que/)a septième côte était dénudée dans retendue de 2 centimètres
environ, et que des esquilles se trouvaient dans le point de la dénu-
dation. J'agrandis Tîncision inférieure que j'avais déjà pratiquée, et
j'étais en mesure d'enlever les esquilles mobiles, laissant en place
celles qui me paraissaient adhérentes, dans la crainte d'ouvrir la
cavité thoracique. Tout alla bien jusqu'au 13 mars. Mais au pansement
du soir, rinterne constata une plus grande quantité de liquide dans le
linge à pansement, qui exhalait une mauvaise odeur.
Le lendemain 14, je fis la même observation, et de plus je cons-
tatai que la poitrine était devenue sonore dans toute son étendue; il
n'y avait point de doute : la collection purulente intra-pleurale s'était
vidée au dehors. Un stylet introduit dans le foyer où existaient
encore des esquilles pénétra dans la cavité pleurale. Pour prévenir les
accidents d'une infection putride, je me mis en mesure d'agrandir
l'ouverture de ce vaste foyer, afin d'y pratiquer des injections déter-
sives. En raison de Fimbricatioji des côtes, je compris tout de suite la
possibilité de la lésion de l'artère intercostale; mais j'espérais l'éviter
en ne dépassant point la zone des tissus fibreux indurés par une
longue inflammation. La petite incision que je pratiquai et qui n'avait
pas plus d'un centimètre était dirigée en bas et en dehors. Il vint, à la
suite de cette opération, un peu de sang artériel ; ce qui ne m'empêcha
pas de faire des injections avec une solution de permanganate de
potasse et de teinture d'iode étendue d'eau. Je laissai en place des
esquilles dans la crainte d'amener quelque désordre en les arrachant.
Une petite toupe de charpie, introduite dans le fond de la plaie, sus-
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— 99 —
pendit la petite hémorrhagie qui venait de la partie postérieure ,de b
plaie. J'étais eonvaincu que je n'avais intéressé qu'une branche
minime de Tartère intercostale.
Le samedi soir et le dimanche t5, Thémorrhagie se. reproduisit,
peu abondante en apparence; mais le malade, déjà affaibli, succomba
le dimanche soir à la suite d'une syncope.
A Tautopsie, nous avons constaté : 1» que le poumon gauche était
refoulé en haut et en avant; 2* qu'il existait une grande cavité pleu-
rale tapissée de fausses membranes granuleuses; 3<*que cette plèvre
et les fausses membranes qui la tapissaient n'étaient, point très-
épaisses au niveau de la nécrose partielle de la neuvième côte; 4'' que
les esquilles résultant de la nécrose de la neuvième côte occupaient,
dans retendue de 1 à 2 ceutimètres, toute la portion de la côte ;
5» enfin que ma petite incision, partant du foyer de la nécrose, avait
coupé Tartère intercostale dans le point où elle est abritée par la
partie inférieure de la côte. Pouvait-on prévenir un pareil accident?
Il est bien évident que si Thémorrhagie s*était produite au moment de
l'opération, je n'aurais pas hésité à aller à la recherche du bout pos-
térieur du vaisseau, le seul qui pût être intéressé, et à en pratiquer la
ligature; la chose eût été difficile en raison de Teffacement de l'espace
intercostal; mais, dans ce cas, on n'avait rien à craindre de côté de la
cavité pleurale, puisqu'elle était ouverte. Toutefois, on comprend que,
en présence de cette difficulté opératoire, l'interne du service ait pré-
féré recourir à la compression, laquelle, n'ayant pas lieu du dedans
au dehors, devait naturellement favoriser l'hémorrhagie dans la
cavité pleurale. Les hémorrhagies par suite de la lésion de l'artère
intercostale sont rares. A ce point de vue, mon observation présente
quelque intérêt. Je la rapprocherai d'un autre fait. du même genre
observé par M. Thierry. {Bulletin de la Société anatomiquet tome IH,
page 451).
11 s'agit d'un homme qui, voulant se suicider, se donna un coup de
serpette au-dessous du ipamelon gauche. Il en résulta une plaie
transversale irrégulière, d'un pouce et demi, pa| laquelle s'écoulait
une petite quantité de sang. Rien n'annonçait une lésion du tissu pul-
monaire. On comprima la poitrine. Deux heures après, le malade
était pâle, décoloré, le pouls petit et fréquent, respiration anxieuse,
matilé du côté gauche de la poitrine. On diagnostiqua une blessure
de l'artère intercostale et un épanchement thoracique. La mort et
l'autopsie qui fut faite démontrèrent l'exactitude du diagnostic (|ui
avait été porté.
M. Despibs. Dans ce cas, il s'agissait d'une fistule thoracique. On
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~ 100 —
%
a voulu agfftndiir la fittole atee 16 bfitouri, et on a eu un accident
très^rave. Je erol» qu'en pareil cas il Eerait préférable d'employer des
corps dilatants.
M. LRQôcmsT. Je ne m'associe pas à la manière de ^voir de
M. Després. II est des cas, et ce]ui*ci était de ce nombre, dans lesquels
il faut faire un large débridementî mais il doit arriver Irès-raremem
dé léser Tarière intercostale. Je pense qu*en pareille circonstance
il serait préférable de faire un débridement suivant le sens des côtes.
M. DESPRiâi. Dans le cas actuel, il était impossible de faire une
incllion suivant les règles, parce quil y avait une inflexion des côtes
qui avait chaulé tous les rapports. Les rapports étant changés, on
peut toujours blesser l'artère dans cette région. Jln&iste sur Tutilitè
de la dilatation. 11 n'y a pas de llstule qui résiste h remploi de rc
moyen pendant -vingt-quatre heures.
M. LAKaBY. Je suis porté à croire qu'A y a eu ou Une anomalie, ou
une déYiation pathologique qui a été cause de Taccid^nt. La disposi*^
lion normale de Tarière intercostale la met presque à Tabri des bles*^
sures, et dans les ouvrages de chirurgie. Ton trouve Un plus «|rând
nombre de moyens proposés pour remédier à ces hémorrhagies, qu'il
n'y a d'obsenrations nettement avérées de cet accident. tJti ancien
élère du YaUderÛràce, M. Charles Martin, a soutenu une excellente
thèse sur Ibb lésions iraumaiiques des nrdrês inténoêtaleê. Dans ce
traTaily on peut trouver la plupart des documents relatif^ à cette
question.
M. DfiHARQUÀY. Ce fait est très<^tonnant. il existait une grande
déformation de la poitrine et un aplatissement des Côtes. J'ât été
frappé de la difficulté qu'il y avait à doânèr écoulement au liquide
contenu dans la poitrine» Je n'ai pas voulu enlever les esquilles,
de peur de déchirer l'artère, et j^ai fait un très-petit débridement, tout
en étant très-préoccupé de la blessure possible du vaisseau.
La dilatation n'était pas possible, en raison de la déformation dé la
poitrine; pour la pratiquer, il eût fallu préalablement faire Une réseâ«
tion des deux extrémités de la côte.
M. Panas. En lè58, alors que j'étais interne dans le service de
M. le professeur Laugier, j'ai observé up cas très-extraordinaire de
lésion traumatique de l'artère intercostale.
. Il s^aglt d'une hémorrhagie mortelle ayant succédé à la blessure
d'une artère intercostale par suite d'une fracture dé côte. Lorsque le
malade fut apporté à Thôpital, il respirait très-difflèilement et pré-
sentait une pAleur excessive. Il y avait de Temphysème SouS-cutadé
et une matlté assefe étendue. On pensa que le malade atait uuè pteu-
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- 101 -*
résie, el l'on ordonna une saignée. Le malade mourut au bout de six
à sept jours, et à l'autopsie, on trouva une artère intercostale
déchirée par un fragment de côte et du sang pur accumulé en grande
abondance dans la plèvre.
Chez le malade de 31. Demarquay, un morceau de la côte supé-
rieure manquait. Cest là que l'incision a porté, et l'on comprend que
l'instrument ait facilement atteint Tarière. '
M. Chassaignac. La blessure d'une artère intercostale est une des
lésions les plus graves que la chirurgie puisse présenter, et c'est là
ce qui explique combien sont nombreux les moyens proposés pour y
remédier. Sur le cadavre, quand on veut cherchef à lier l'artère» ou
peut à peine y arriver.
Depuis quoique tem))s, en Angleterre, ôh traite W fistules pleurales
par rinfrôduetion d'un tube à drainage, et l'on obtient dcâ résultais
très-retnarquablés. L'emploi du tube, substitué h l'empyètDe, cons-
titue une boàne bpératioti. DaûS le eas actuel, On eût pu faire enik-er
un tube par l'orifice de la fistule, et le faire sortir dans un point plus
ou moins éloigné.
L'opération de l'empyème n'avait jamais donné de succès à Asllôy
Gooper, et Dupuyiren, sur eitiquatite«'deut cas, avait eu cinquante
et une morts.
M. DBMAiiQCÀY. La dilatatloni je l'ai déjà dit, était Impossible.
Quant à introduffè Ub dràlU) je ti'y pouvais iObger, pafcé que
les côtes étaient imbriquées. La seule chose à faire était de donner
cours, à Taide du bistouri, au liquide contenu datis là cÂVité pleurale*
La séance est levée à cinq heures et demie.
Le seorélaire, Di* Léon Labbé.
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-. 102 —
SÉANCE DU P*" AVBIL 1868
Présidence de M. LEGOUEST
Le procès-yerbal de la précédente séance est lu et adopté.
CORRESPONPANCE.
•
La correspondance comprend :
— Une lettre de madame veuve FoUin, qui offre à la Société le
microscope et un très-beau portrait de FoUln. -r- Le secrétaire général
est chargé d'adresser à madame Foliin les remercîments de la Société.
— Une lettre de M. Paulet, qui se porte candidat à la place de
membre titulaire actuellement vacante.
— Les journaux de la semaine : la Gazette médicale de Strasbourg ;
le Sud médical; le Bulletin de thérapeutique.
— Éludes sur les médications arsenicale et antimoniale, et sur les
maladies du cœur, par le docteur Papiliaud.
— Le deuxième fascicule des Leçons cliniques sur les maladies chi-
rurgicales des enfants^ par M. Giraldès, oftmbre titulaire.
M. DEMARQUAT présente de la part de M. Auge, médecin à Pilhi-
viers, une observation de rupture centrale du périnée pendant Tac-
couchement. Celte observation vient à Tappuides idées défendues par
M. DepauK
Bvptnre eentrale du périnée pendant l'aeeenehement, sortie
de i'enrnnt par eette perforation.
Madame X... est une femme forte, sanguine, vigoureuse. Mariée
depuis un an, elle est accouchée, le 29 septembre 4851, par une
sage-femme, et met au monde une fille bien constituée, d*un volume
et d'un poids ordinaires. Pendant le travail, les douleurs avaient bien
marché; elles étaient fréquentes et aiguës. Cependant la sage-femme
lui administre du seigle ergoté ; puis elle s'endort auprès de sa malade.
Une douleur subite, bien plus violente que les précédentes, arrache un
. grand cri à la patiente. L'enfant venait d'être expulsé brusquement. '
L'accouchée ressentant une douleur au périnée et une cuisson
péuible, qui persistent le lendemain etlesorlendeniain, méfait appeler»
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— 103 -
Je constale, entre la vulve et l'anus, une large plaie verticale, à bords
déchiquetés, saignants, se rapprochant à leurs extrémités, mais écar-
tés au centre, et s'étendant de l'une à l'autre commissure, vulvaire et
anale, sans les intéresser. Une injection, poussée dans cette pl^ie,
reflue par le vagin; le doigt, introduit dans le vagin, rencontre sur la
paroi postérieure de ce canal rorifice supérieur de la déchirure. La
vulve est étroite, et na subi aucune dilatation pendant le travail de
Taccouchement. L'enfant était passé au travers du plancher périnéal,
expulsé violemment par une contraction énergique de l'utérus.
Je m'empressai de rassurer la malade sur les suites de cet accident;
eu effet, il suffit d'injections, de pansements à plat et de lavages, pour
amener Tocclusion de cette large plaie. Cependant la guérisonne fut
complète qu'au bout de quatre mois et demi; et il resta dans le vagin,
sur^a paroi postérieure, une induration longitudinale, formée par la
cicatrice.
Il est certain que Tadministration intempestive du seigle ergoté
chez celte dame, qui est forte, d'un tempérament sanguin, bien mus-
clée, et dont les douleurs étaient régulières, a été la cause de la rup-
ture du périnée. Les circonstances analomiques qui m'ont paru l'avoir
favorisée, sont une ampleur anormale du périnée, et la direction par-
ticulière de la vulve, qui, chez elle, se trouve tout à fait portée en
avant. Ce sont du reste les dispositions que MM. Depaul et Blot
viennent de signaler à la Société impériale de chirurgie.
Depuis cet accident, madame X... a mis au monde trois enfants. Je
l'ai accouchée, et chaque fois, le travail de Taccouchement a été régu-
lier, et n'a même pas été ralenti par l'induration cicatricielle du
vagin.
RAPPORT.
Rapport snr le mémoire de M, Panlet, fnlltnlé : Étnde mut
les saites Immédiates on éloinrnées des lésions tranma-
tiqnes des nerfs.
M. TiLLAtx lit le rapport suivant :
Messieurs, dans une de vos dernières séances, M. le docteur Paulet .
vous a lu un mémoire intitulé : Étude sur les suites immédiates ou
éloignées des lésions iraumatiques des nerfs. Vous l'avez tous écouté
avec un si vif intérêt que je suis certain de vous être agréable en vous
entretenant de ce très-intéressant travail.
Permettez-moi de retracer rapidement l'historique de la question si
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^ 104 --
complexe des lésions tfaumaliques des nerfs. Il me sera plus facile
ensuite d'exposer le problème qu*a posé devant vous M. Paulet.
Pendant une longue suite de siècles, on a professé q[ue la régéné-
ration des nerfs était impossible ; il ne venait même pas à Tesprlt
que le contraire pût exister; aussi ne chercbait-ou pas à résoudre cette
question, et c'est le hasard seul qui, en 1776, mit Cruikshank, le col-
laborateur de John Hunter, sur la voie de la vérité.
Faisant les expériences sur l'action des nerfs intercostaux, il re-
marqua qu'une substance analogue au tissu nerveux réunissait les
deux bouts d'un des nerfs qu'il avait coupé. Frappé de ce fait, il ré-
péta souvent ses expériences et put déposer dans le musée de Hunier
un pneumo-gastrique régénéré.
Si Cruikshank avait donné la preuve lanatomique de la régénéra-
lion des nerfs, Haîshton en fournit la preuve physiologique. Sui^un
chien, il coupe un pneumo-gastrique, Tanimal continue à vivre; six
semaines après, il coupe le pneumo-gaslrique de l'autre côté et rani-
mai se rétablit. Il coupe plus tard sur le même chien deux pneumo-
gastriques en même temps, et l'animal succombe. La démonstration
était évidente. Ce n'est cependant qu'en 1838 que le mode de regéné-
ration des nerfs fut définitivement établi par Steinrûeck. Depuis cette
époque, on a pu suivre pas à pas la reproduction de tubes nerveux
nouveaux entre les deux bouts d'un nerf divisé.
Mais la question était loin d'être épuisée. Un physiologiste anglais,
Waller, fit en 1850, à l'Académie des sciences, cette surprenante ré-
vélation : Toutes les fois qu'un nerf a été coupé, le bout périphérique,
celui qui n'a plus de rapports avec son centre trophique, subit une
dégénération complète. La substance médullaire se fragmente, se dis-
socie et ne tarde pas à se réduire en granulations d'une extrême té-
nuité; la membrane de Schwann se plisse, se ratatine sur le cylindre
ax^ qui diaparattrait laimâme suivant Walter« Plus tard, ap^rèa ua
temps vartabte, lorsque la oontinuité des deuit boula est fétabHe, un
travail réparateur se produit, la mySline reparaU dans la gattie du
cylindre axe et le nerf recouvre toutes ses propriétés physiolo-
giques.
Cette découverte inattendue a jeté une vive lumière sur certains
faits cliniques jusqu'alors inexplicables. Pour n'en citer qu'un exemple,
M. Dnchenne (de Boulogne) avait constaté ce fait en apparence para-
doxal, qu'une paralysie traumalique guérissait d'autant mieux sous
l'influence de l'électricité qu'un certain temps s'était écoulé depuis le
moment de Taccident. Il est facile de comprendre et d'expliquer au-
jourd'hui Ctt résultat singulier.
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— 105 —
C'est là, Messieurs qu'en est acluellemenl la science.
!• Lorsqu'un nerf a éprouvé une solution de continuité simple ou
une perte de substance peu étendue, des tubes nerveux de formation
nouvelle, s'interposant entre les deux bouts, les réunissent;
2" Le bout périphérique d'un nerf sectionné subit nécessairement
une dégénération complète et se régénère ensuite, si l'on observe les
conditions nécessaires à cette régénération.
La physiologie hous enseigne que le bout périphérique d'un nerf
sectionné a perdu toutes ses propriétés conductrices, et qu'en consé-
quence les parties auxquelles il se distribue sont privées et de senti-
ment et de mouvemeïit jusqu'à ce que les deux bouts soient réunis.
C'est ici qu'intervient le travail don| j*ai l'honneur de vous rendre
compte.
Vous vous rappeler, Messieurs, l'observation lue par M. Laugier à
l'Académie des sciences le 13 juin 1864. M. Laugier suturait les deux
bouts d'un nerf médian divisé la veille, et dès le soir même la sensi-
bilité avait reparu dans les points paralysés. Ce résultat extraordi-
naire fut attribuée à la réunion immédiate, et^tf. Laugier crut pouvoir
formuler les conclusions suivantes : • '
!• Après la suture d'un nerf coupé, la sensibilité et les mouvements
des parties auxquelles il se distribue peuvent se rétablir d'une ma-
nière très-notable en un petit nombre d'heures ;
2*" Le^etour des fonctions est rapidement progressif;
3» Il est successif, c'est-à-dire que la sensation tactile etles mou-
Tements sont obtenus avant certaines sensations, par exemple, celle
de douleur et de température.
M. Houel vous faisait bientôt connaître un fait tiré de la pratique
de M. Nélaton, présentant avec le précédent une analogie marquée;
malgré les raisons qu'invoque M. Paulet, je persisté à croire que l'in-
terprétation donnée à ces deux cas est passible d'une sérieuse cri-
tique. S'ils étaient les seuls qu'eût rapportés M. Paulet, j'essayerais ,
de vous démontrer qu'ils ne s'éloignent pas absolument de la règle
générale. Mais, Messieurs, admettons dans les deux faits précédenis
un rétablissement fonctionnel d'une rapidité extrême, au moins les
deux bouts du nerf divisé avaient-ils été mis et maintenus en contact
à Taide d'une suture, en sorte que la réunion immédiate invoquée par
MM. Nélaton et Laugier, aurait pu à la rigueur être obtenue.
Cette réunion immédiate n'a jamais été rencontrée dans les expé-
riences, mais fut-elle constatée chez l'homme, qu'il n'y aurait là rien
de contraire aux lois connues de la physiologie et de la pathologie.
11 n'en est plus de même des autres faits contenus dans le travail
2« série, — tome ix. 14
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— 106^
de M. Paulet. Toutes Us fois qu'un nerf pôriphériquo ne communique
plus avec )e« centres nerveux, la partie à laquelle se distribue ce nerf
est frappée de paralysie; cette paralysie persiste indéûnimeut tant
que la continuité n'est pas rétablie. C'est là, dans Tétat actuel de la
science, une vérité qui paraissait inattaquable. Eh bien 1 les observa-
tions de M* Paulet sont de nature à ébranler la foi la plus robuste.
Permettez-moi de vous rappeler en quelques mots l'observation que
M. Paulet a lue devant vous.
Un Polonais, pendant la darnière guerre contre )a Russie, reçut
une balle dans le coude gaucbe. Le nerf cubital fut atteint et toutes
les parties auxquelles il ae distribue furent privées de mouTement et
de sentiment. Quatre mois ap'rès, apparut une névralgie d'abord U-
iiiilée au coude et bientôt étendue à tout le trajet du nerf.
Le blessé entra dans le service de M* Paulet ie 6 octobre 4964,
quin;&e mois et demi après la blessure. Pâle, amaigri, profondément
découragé, le malade était en proie à des douleurs excessives qui re*
venaient par accès presque chaque nuit.
Après avoir essayé en vain les calmants ordinaires, M. Paulet se
décide à pratiquer la résection du nerf cubital, Deux centisoètres de
ce nerf furent enlevés an niveau du coude, et immédiatement toute
sensibilité disparut sur son trajet ; le malade é^ait guéri de sas atroces
douleurs. Mais quel ne fut pas Tétonnement de M. Paulet quand» le
quatrième jour de l'opération, il constata que la névralgie Mait re«
venue au^si violente qu'auparavant* Cet état a persisté depuis»
U est évident, Messieurs, que ce fait extraordinaire est en opposi-
tion avec les données physiologiques. La continuité du courant ner*
veui s'est rétablie en quatre jours entre les branches terminales du
nerf cubital et le centre nerveux. Or, il n'est pas possible que la
transmission ait eu lieu'par le tronc du. nerf, puisque le bout aupé*
rieur était séparé de l'inférieur par un intervalle d'au moias deux
centimètres, Il n'y a pas là moyen d'invoquer la réunion immédis^e
'oomme dans le cas de MM. Nétaton, Laugier, Paget^
Al. Paulet rapporte encore une observation trèa^concluante due à
MM. Leudet et Delabost, publiée en 1864. Il s'agit d'un bomma «ur
lequel on constata, trente-sept ans après l'accident» que les deux bouts
du nerf médian, divisés jadis, n'étaient pas réunis et cependant ia
sensibilité êl la motilité n'avaient pas disparu.
Pu reste, Messieurs, notre collègue M. Yerneuil a déjà posé la
question devant vous, à propos de faits qui lui sont personnels et dont
vous n'avez sans doule pas perdu le souvenir. Le Mémoire de
M. Paulet esl riche de faits analogues.
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^ 101 -
Voltà doiid, dit Ymimt en temînaht son trèfi-inâtructif travail, dix-
huit C&8 d6 névrdtotnie avè« fésectioti, dans lesquels les fohcliôns ^e
sont rétablies quelquefois au bout d'un temps très- court, d^àutreg fois
après pluiiieurs Itiots il est vrai, hlâis alors que là perte de substance
faite au tronc nerveux égalait trois ou quatre pouces, ce qui exclut
toute possibilité de rèâtaufîltioà diaprés les loin posées par la physio-
logie, fittfiti^ dàt)S ceft»)ils cas, la résection d'ud nerf itnporlant n*a
troublé en rl^ti là sensibilité ni le mouvement tolontàirë.
Pàot«il conclure de ces observatiôris qiie les dohnéês elassiques de
la physiologie sont inexactes? Que chaque irônC nèrvcux iî*a pas la
propriété de distribue)* là mdlilité et la sensibilité à certaines parties
du corps bieii déterminées? Non, sans doute; toUt porte à croire que
les faits de M. Paulet et ceux qui lut resseuiblent i\é Sont que des ex-
ceptions. Mais enGn ces faits existent et nous pouvons en conséquence
émettre^ sans craindre un démenti, la proposition suivante :
fïnê p^He an i^arpê peut eonserter sa senHbiUté, hien qnti k tronc
%et9tni qui è'^ diêtribuê né communique plus avec l^encêphalB:
C'est à Mie ëonclusloti que eotiduit le mémoire de M* Paulet, c*est
là le pr6blêt!le qu'il a posé devant vous.
Pfts pïtÈ querautéUr, Messieurs, je n'ai là prétention de le résoudre*
L'ed^rtt éit toat de suite porté à admettre des anastomdsèâ termttiales
des tier(^; ïùt3L\ii tnàlgrê t)ue)qués résultats obteimâ dans ce sens par
M. le prôféBséUr Robin , cçii ftnastomoseâ sont encore à Tétàt d'hypOthèiSë
parefiiéAt gtàtUit^st et d'ailleurs, fussent-èlles démontrées que Ton ne
cofleevrÀit{rtil pourquoi la ëensibillié tarde plusieurs Jours et quelque-
fois i^lMlèiifS ffidià ft se lâanif^stéi' de nouveau.
Je fie tefài que vous rappeler la i*emarque suivante faite par
M. Dtietidtiiiè (do Sûttlogne) Lei nerfs ti^mblent jouir d'une certaine
«OHdttfltê ; il n'est paê raro do voir à demi paralysés des muscles ani-
més par les nerfs tolllns de celui qui à subi une lésion. 11 suffit êgà-
IMiMI àë ftiHtitti^r eet autre fait. C'est que, quand on ébranle la partie
explorée, tifi filet nerveux du voisinage peut très-aisédient percevoir
la leniûttiétt dd eoâtâOl où dé température, sensation (tul riera rap«
iwrtée à tort au nerf bleèsé. Je ne crolà pas que ces observations suf-
filent à expliquer leé faits i|Ue vous à signaléâ M. Paulet*
J'en dirai Autant, Messieurs, ûén expériences si ëurieuses de
MM. Philippeaux et Vulpian. Ces physiologistes Ont démontré, Con^
irëireniertl à ropfftîôn de Waller, que la réunion deô deux bétità d'un
iterf divisé n'e^i pàs toujours indispensable à la régénération dû bout
iJêrîphértqttè. Leâ bèrft sOni doués d*Une propriété propre, là néufîMé,
d'un pouvoir autogénique qui les fait àe régénérer bien tfuô séparés
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— 108 —
de leur centre trophique. Mais les nerfs n'en sont pas moins impuis-
sants à transmettre les volitions ou les impressions au cerveau puis-»
qu'ils n'y aboutissent plus.
C'est donc là un sujet obscur, difficile, qui mérite d'occuper cbirur-
giens et physiologistes.
Que vous dirai-je, Messieurs,. du Mémoire dont j'ai l'honneur de
vous rendre compte ? Que c'est l'œuvre d'un homme très-érudit, très-
consciencieux, observateur rigoureux et intelligent. M. Paulet est pro-
fesseur agrégé au Yal-de-Grâce et connu de vous tous par d'impor-
tantes publications, je vous propose donc de :
i» Publier dans nos Mémoires le travail de M. Paulet;
2» Inscrire l'auteur sur la liste des candidats au titre de membre
titulaire de notre société.
DISCUSSION.
M. Liégeois. Mon attention a été appelée sur des faits analogues à
ceux qui ont été rapportés dans le Mémoire de M. Paulet, lorsque je
faisais des expériences sur les nerfs périphériques, pour démontrer la
dégénérescence du bout inférieur,, indiquée par Wailer. Sur un chien»
j'avais coupé le nerf sciatique très-haut, au niveau de sa sortie du
bassin. Après un mois, la sensibilité était rétablie; je fis Tautopsie de
l'animal, et je constatai que les deux bouts du sciatique étaient écartés
de 5 à 6 centimètres. Je ne pus trouver aucune trace d'anastomose^
et, je le répète, la sensibilité était parfaite. Les muscles éleetrisés se
conU'actaient rapidement, et l'examen microscopique démontra l'état
d'idtégrité complète du tissu musculaire. Le tissu nerveux était é^--
lement à l'état normal; j'ai voulu répéter . cette expérience dans
diverses régions, et il m'a été impossible de constater de nouveau ce
fait exceptionnel. Danfe toutes me$ autres tentatives, j'ai observé une
paralysie complète et la dégénérescence wallérienne.
Faut-il invoquer dans ces cas l'existence d'anastomoses? Panizza»
le premier, avait appelé l'attention sur le retour de l'influx nerveux
par les anastomoses. Il avait fait remarquer, pour appuyer son dire,
que lorsque l'on coupait l'une ou même deux des .trois racines d'ori-
gine des nerfs du membre inférieur chez la grenouille, le mouve-
ment persistait dans tout le membre; il ne disparaissait qu'alors que
le» trois racines avaient élé sectionnées.
Assurément, on est étonné en lisant les faits rapportés par
M. Paulet. 11 n'est pas douteux qu'il y ait des anastomoses, mais il
faudrait les trouver. Elles peuvent être nombreuses, et peut-être ne
les a-t-on pas assez recherchée».
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— 109 —
li existe certdnes anastomoses dont nous ne nous rendons pas bien
eompte : ce sont celles de la paume de la main. À ce niveau, il
existe des filaments nerveux qui se confondent, et Ton comprend,
jusqu'à un certain point, que les réseaux périphériques transmettent
la sensibilité.
M. Lbfokt* Dans l'observation qui est personnelle à M. Paulet, l'on
0008 dit bien que la névralgie a reparu, malgré la résection du nerf,
mais qu'était devenue la sensibilité?
M. TiLUUx. La sensibilité avait disparu en même temps que la
névralgie; elle* a reparu alors que la névralgie a été de nouveau
observée.
M. Lefort. J'ai observé dernièrement une malade qui a eu, il y a
deux ans, une fracture de la claivicule. A la suite de cet accident s'est
produite une paralysie de la motilité et de la sensibilité de tout le
membre, sauf de la partie qui est animée par le nerf médian. Lors-
qu'on voulait, faire exécuter des mouvements à la malade (mouve-
ments volontaires ou communiqués), celle-ci éprouvait des douleurs
atroces, et cependant il s'agissait de parties paralysées.
H. Démarquât. J'ai pratiqué deux fois la section du nerf sous-orbi-
taire pour remédier à des douleurs atroces.
Dans le premier cas, j'ai fait l'opération par la méthode sous-
entaoée. Immédiatement la douleur a disparu, et la lèvre supérieure
est devenue insensible; mais après quelques jours, la douleur et la
sensibilité avaient reparu.
La seconde fois, j'ai découvert le nerf sous-orbitaire et j'ai enlevé
Qfl tronçon de ce. nerf; immédiatement encore Ja douleur a cessé, et
la sensibilité de la lèvre supérieure a disparu. Au bout de quinze
jours, trois semaines, quelques douleurs étsûent revenues; d*abord peu
intenses, elles offrirent bientôt un caractère d'acuilé aussi considé-
rable qu'avant l'opération. •
M. Legouest. Les faits de la nature de ceux que nous signale
M. Démarquay ne sont pas très-rares; M. Gherini, de Milan, dans un
Mémoire qu'il a communiqué à la Société de chirurgie, nous a fait
connaître un grand nombre d'observations analogues.
MM. Tiilaux et Liégeois paraissent disposés à prendre les faits de
M. Panlet pour des exceptions. Je pense qu'ils, ne sont pas aussi rares
qu'ils semblent le croire.
Je prends occasion de cette discussion pour faire connaître un caa
intéressant de lésion du nerf médian, que j'ai observé l'année der*
nière dans ma pratique :
M. X..., s'étant levé la nuit et voulant descendre son escalier sans
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-- ilô -
l&mIèM, it «M «htitd vièlè&tè. il n» prôâUilit ttHé ff^ftettire de
raTMt^bmg, uHe toâUoH dac6Ude ftvee iéibe dH'èittPèftiHé inttrieilfë
de rMuméruii L'artère humémle et \é mtî médian furem rom«<
On avait tamponné la plaie et résolu de faire l'ampulàtlofl.
Appelé ftuprèi du blessé, Je me décidais après mûr èxArnsn, à «en-
server le membre^ Je liai l'artèrs hUAéral0 iti dosins 6t ftu-»Uesseus
de la plaie.
Le nerf médian flottait dans la plate, déâhlréi dOtitiH, J'ttilnetiçai
aa malaée qu'il perdrait Tuiage 4tt poue^t de ritidieiftlîlr) du tf)éâlu«
et la partie externe de Tannulaire. Cependant, un mois apré^ i'HceU
dent, en pouvait oonstater le retour semplet de lA setiéibllité dans ees
parties. •
M. LEVdiit. Dans le fait rapporté pair M< LegOMSt» il jr eeu évl<
demment régénération des nerfs après réunioui Ce qui Ml extreerdU
naire^ e'est le retour de la sensibililé, Alors que Ift réunion n'a pa
avoir lieu.
M. Broga. Lorsqu'on se sert du mol eeoifomo^s, à propds de filets
nerveuX) il faudrait bien s'entendre. Geui qui etnplolent ce mot
veulent sans doute parler d^aceolemeht de filets nerteux, car il
n'existe pas d'analtomose bout à bout, d'anastomose anelotee à délie
des vaisseaux artériels. Il est bdmiSf en Ifi^t^ que 1« cylindre axe d'ati
tube nerteox nd communiqué jamais avec le cylindre axe d'ttfi Autre
tube nerveux. Cette hypothèse de la communication des tnbes n»*
venu, à là inanière des vaisseaux sAttguioS) serai! sens dente très-
commode pour expliquer certains phénomènes de retour de la sensi^
bllité et du mouvement, mais elle est en opposltloti avéô tontes 168
données actuelles de la solenee.
M. LiÉQBoiB. Je m'élohne d'enteddre M. BrocA nier les ftnaito*
moses par fusion dès tubes nerveux. Aujourd'hui, il est élAbli dAtib
la science que les anastotàoses par fUsion exisieât AusèI bi§fi dans les
centres nerveux que dans les neris périphériques. Les fibres her**
teuses réduites à leur cylindre axe se divisent et s'AUAstolhoëeui
entre elles. Cette disposition est la seule qUi puisse rendre cUXnpte de
la sensibilité qui existe sur èfaftquë pam de lA pèm.
M. tihhkvtk Les Anastomoses nerveuses ne sont pas démèUffées*
si elles existaient, on devrait les trouver toUjdUrs. QuAnd lès Ibnc-»
tiens nerveuses ne se rétabiisseht pus Après lA léfiioh d'un neff, faUt-il
denc en eonclure que les anastomoses u^èiistaient pas? Ge serait
absurde. En o.utre, s'il existe des anastomoses, èomu)dnt se fHit«>il què
le sourAUt nertAut ne se rétablisse pas iUitUédiatèment, mais des
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-^ 111 -
OQM, des semaifitti, é%B moM «près l'accideott L*h^pothèS6 dés anas*
tomoiM laiiso Ui qiMslien dans toute son obscurité.
M< Bbog4* Il ne peut être question loi que des anastomoses pro*
dttltes par des filets qui se détachent d'un tronc pour aller s'accoler à
DO autre et aller se distribuer avec lui. Ces anastomoses expliquent
bisa des laits. Ce sont là^ en quelque sorte, des filets nerveux alier»
nntg qui ont pris une fausse voie pour se rendre à leur lieu
de distribution et qui, plus tard, rentrent dans le ihemin normal.
Solvant la disposition de ces filets, les résultats que Ton observe
à la suite de la section du tronc principal peuvent variera llnfini.
C'est là la seule manière d'expliquer rirrégularitè des phénomènes
observés. C'est une anomalie anstomtque qui rend compte d'une ano*
malie physiologique.
Après eeite discussion, les conclusions du rapport de M. Tillaux
Mmt mises aux voix et adoptées.
I90MINATI0N DB COMlilSSION.
l'ordre du jour appelle l'iéiection d*une commission destinée à exa-*
miner les titres des candidats à une place de membre titulaire de la
Société de chirurgie.
Cette commission sera composée de MM. Gueoiôt, Liégeois, Dol«
beau.
. ^aBSElÎTATlON DE MALAIIB.
Entent affecté de bec-de-llèvre double eompltqiië*
M. OsMABOUAv présente une Jeune fille de 6 è 6 ans, afléctée d'oa
bec-de-Uèvre double dont l'opération présente des difficultés très*
sérieuses, sur lesquelles il appelle l'altention de ses collègues.
1* L*écartexnent entre les deux maxillaires est considérable et de plus
ees deux derniers sont atrophiés ; fi"* l'os intermaxillaire, surmonté
(le deux dents, présente une saillie considérable et de plus il est
fortement incliné à droite, ce qui tient à une fracture du vomer qui a
eo lieu l'année dernière à la suite d'une chute de l'enfant ; 3«le lobule
médian est très^petit, il est tout à fait adhérent à l'extrémité du nés;
il est petit, ratatiné. L'enfant est d'ailleurs délicate, et, ajoute M. De*
marquay» quel que soit le procédé que l'on adopte. Il y a des craintes
sérieuses à avoir quant à i'hémorrhagie^ et voilà pourquoi il demande
l'avis de ses collègues.
Suit te dis^iASsion h laquée prennent part MM. Broca^ Giraldès,
Gaersant, Depaul. Après la discussion, M« Demarquay^oote s L'iiH
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- 112 -
térét que présente cet enfant ne dépend pas seulement du niai qu'il
présente, mais bien plus encore de son origine. Il appartient à une
famille dont l'histoire s^a faite par un de mes anciens élèves, M. le
docteur Cyr. En attendant, je mets sous les yeux de mes* collègues
Farbre généalogique de cette famille fait par un iiiteme distin-
gué, M. Bourdillat. Le père et la mère de cet enfant se portent
bien, ils ont eu trois enfants, et deux de ces enfants sont nés avec un
bec-de-lièvre; le troisième n'a point de bec-deHèvre, mais il présente
le vice de conformaition de la lèvre ii^férieure que j'ai décrit en 1843
{GÊzeUe médicale et article Beù^e-lièvre du DiciioviMisre de médecine
et de chirurgie ffraiiqve). Ce vice de conformation consiste surtout
dans une forme de la lèvre inférieui'e et dans la présence de deux petites
ouvertures situées sur chaque côté de la b'gne médiane, et dans les-
queues pénètre facilement un stylet, qui arrive ainsi jusque sous la
muqueuse labiale et vient faire saillie au niveau du frein. J'ajouterai,
dit M. Demarquay, que la mère de cet enfant est née d'un père et
d'une mère bien portants, qui ont eu huit enfants. Sur les huit,
enfants, deux sont nés avec des becs-de-lièvre, à savoir un garçon et
une fille. Celle-ci est morte à huit mois. Le fils vit, s'est marié, et il
a eu deux enfants sains. Sur les six enfants restant, deux ne sont
pas mariés. Parmi les quatre mariés, deux ont eu des enfants sains ;
les deux autres, qui sont deux femmes,, se sont mariées : l'une est la
mère de l'enfant que je viens de vous présenter, et l'autre en a eu
huit. Eh bien, ces huit enfants joints aux trois (le sa sœur forment
le chiffre de onze enfants qui tous sont nés, soit avec un bec-de-
lièvre, soit avec le vice de conformation de la lèvre inférieure, sur
lequel j'ai appelé votre attention. Quelquefois, les deux vices de con-
formation sont réunis sur le même sujet. Cet enfant est le quatrième
que je vois opérer de la même fàmUle. J'ai poussé, plus loin mes
investigations, et j'ai appris que du côté du grand-père de ces enfants,
il y avait déjà des antécédents sur lesquels je ne puis donner des dé-
tails circonstanciés, ce que fera mon jeune confrère Gyr. J'ajouterai
en terminant que le vice de conformation que j'ai décrit en i845, je
l'avais également trouvé dans une famille où le bec-de-lièvre est héré-
ditaire. Ces faits prouvent évidemment ce que j'ai cherché à démontrer
en 1845, et récemment dans mon article Bec-de4ièvre , qiie dans cer-
taines circonstances ce vice de conformation naît sous Tinfluoncede
l'hérédité.
DISCUSSION.
M. BaoGA. M. Demarquay a-t-il Tinténtion d'enlever le tubercule
osseux médian?
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113 —
M. DsmâaoOày. Noa.
M. BnoGA. J'ai» i'anoée derniôre^ conservé un tubercttk osMiis: asvet
Tolumineux, dans un cas de beoHle«-lièTte eompliqué^'M j*ai obtenu nn
* sttcoès irès-€«miplet thés un eniaot de deux mois et dei&i.
Dans le cas actuel, le volume des deniR nnd le micdès problémft-
Uque^ car il aer« ^ut^être iiapofliibte d'«YiT«r k tubercule osseux.
Je ferais une teolative qui ccAieisterait à ettteimr une |)orti<m de la
cloison, et je repousserais le tubercule en arrière.
Uéût le caft dont j« yieu de parler, «prte avoir aiast refoulé en
arrière le tubercule oêseiix» i'ei avivé «es bords et j*ai ftiit la suture
métallique des os. L'os a repris. Il y a quelques jours, le père de llen-
faot» qui esibiédecln) tt*e foit «avoir qm le eoudore étaU véritable-
Bient osseusiÊ^ L'opération a été faile à la fin d'avrâ 1867*
Le seul imsonvéïiîent qu'il y ait à egîr ainsi, t'est qtie le tubereuh
eutatic fortne un seliliie sous te net%
II. CtiAssAiGKAG^ ie eras <pi'en teniaiftt le co»servalien 4^eetle
partie osseuse qui me paraît mobile, on se <Mést% des dlfficuRés. le
préférerais avoir recours à une pièce artifi^^le pcnar eofiil>ler la
lacune qui persisterait derrière la lèvre dans le cas oiiTon obtiendrait
une réunitm eolide des parties moHes.
Pour pouvoir réunir dans ce cas', il faudra décoller les parties
molles au niveau des os maxillaires; or, chez cette enfant, il existe
une tache éreciile considérable du côté^gauche de la face, aussi doit-on
être préoccupé de la possibilité d'une hémorrhagie.
M. GiRÂLDS5« n existé là, comme dans tous les cas de cette nature :
atrophie des os maxillaires supérieurs et hypertrophie de Fos inter*
maxillaire. Si on laisse le tubercule en place, quelque procédé que
l'on emploie, on aura toujours une dilTormito produite par la saillie
de Tos intermaxillaire, en avant des maxillaires. Je commencerais par
exciser te tubeitide eeeeuic, f»ui$ j'uti^f^ierets ie luberCttle médian
cutané.
Je ne voudrais pas faire de décollements, comme l'a indiqué
Bl. Chassaignac. Lorsqu'on pratique ces d'écoHements, on èàt exposé
à voir la cî^àtrteô déchirée par suite de faction des muscles.
M. OtlsAsXîs't. Jàî opéfé un ms de ce gewe avec succès. î*àî enlevé
Fos intcrmaxillaire, et j'ai eu soin de réséquer une partie de la cloi-
sott. Cette' prêcautton est très-importantiè, parce* qu'on peut alors
baisser h prôîhtè du tutt et utiliser le petit lobule cutané pour faire la
doiSOD.
M. GttALufes. Le tubercule médian 'osseux reste toujours mobile, et
je le répète, il y a grand îïiCônvctii^nt à lô^ônserveré
2" série. — tome ix. 45
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* —114 —
M. Dbharquay. Chez les malades opérés par Blandlo, il D*y avait
(>as eu de réunion. M. Debrou, dans un cas, avait avivé les os et
n'avait pas non pins obtenu de réunion. ^
J'ai déjà opéré deu^ parents de cfit enfant; j'ai enlevé Tos iater-
maxillaire et j'ai bien. réussi.
J'avais eu la pensée de faire Fopération eti deux temps, à cause de
la présence des artères qui viennent alimenter ce lobule et qui sont
très-volumineuses.
M. Depacl. Je me rangerais volontiers à l'opinion de M. Giraldès
et de ceux de nos collègues qjii veulent que le tubercule osseux soit .
enlevé.
Je prie bien mes collègues de constater à quel degré de déformation
est arrivée la bouche de cette enfant. Je soutiens que si on l'avait opérée
quelques jours après sa naissance, l'opération eût été très-simple.
On aurait pu conserver le tubercule médian. Aujourd'hui, la diffor-
mité qui succédera à Fopëra^ion sera presque aussi grande que celle
qui existe actuellement.
La séance est levée à dnq heures et demie. .
Le Secréiaire, D' Léon Labbé.
SÉANCE DU 8 AVEIL 1868
Présidence de H. LEGOUEST
Le procès-verbal de la précédente séance est lu et adopté.
CORRESPONDANCE.
La correspo'bdancc imprimée comprend :
— Les journaux de la semaine et les brochures suivantes :
^- Extraction des dents sans souffrance par le protoxyde d'azote, paf
M. Preterre.
— SuUa espulsione di m calcolo ifoluminoso dalla versica orinaria
di una donna di 54 anni, par le professeur Giàn Lorenzo Bolto.
— SuUa doppia irido enclesi nella cura del Keralocono, par le pro-
fesseur Gian Lorenzo Botto, et une lettre imprimée adressée à
M. Botlo par le professeur Floriano, de Parme.
Digiti^ed by CjOOQIC
~ 115 —
La correspondance manuscrite se compose :
D'une lettre de M. Girard, interne à l'hospice Saint-André, de
^Bordeaux, demandant Tacceptation d*un pli cacheté. Le dépôt est
accepté.
— M. Yerneuil présente de la part de M. le docteur Hurel, des
Andelys (Eure), le complément d'une observation communiquée autre-
fois à la Soôiété par notre regrettable confrère Laborie,dans la séance
du 29 août 1866.
Il s'agissait d'une fumeur du testicule, que M. Yerneuil avait refusé
d'opérer, croyant avoir affaire à un sarcocèle incurable, ffl. Laborie
fit l'opération, et, d'après Teiamen microscopique, pensa qu'il ne
s'agissait pas d'un cancer, mais bien de tubercules.
M. Yerneuil demanda que le malade fût suivi : il l'a été en effet.
Opéré au mois de juillet 1866 et sorti guéri en apparence, il rentra à
l'asile le i4 décembre et mourut le 27 février i867, avec des masses
cancéreuses dans le foie.
— M. Yernbuil offre à la Société de chirurgie, de la part de M. Giam-
batistâ Borelli, un volume intitulé : Raccolta di ossepvazioni clinicO'
palkologice, vo}. Il, 4854-1867.
Ce volume traite des matières les plus variées : il renferme, entre
autres, la série des mémoires manuscrits présentés à la Société de
chirurgie en décembre 1867, par M. Yerneuil, sur la Tailk médiane;
. la DUalation de Vurèthre ; VExlractio^ des calculs chez la femme, sans
opération sanglante; YAmputation de la jambe ; la Section sous-cutanée
du muscle carré pronateur ; la Cure radicale des hernies ; VExlraclion
des polypex naso -pharyngiens et les Moyens propres à dominer la mor-
talité après les grandes opérations chirurgicales. .
On y trouve une observation intéressante de ténotomie sous-cutanée
de Vanneau inguinal, pour la cure radicale de la hernie du même nom.
Les faits contenus dans ce second volume soutienneot dignement la
réputation que s'est faite M. Borelli comme chirurgien habile et
instruit; ils témoignent également de Tingéiiosité de son esprit.
— M. Yerneuil communique, de la part de M. Louis Thomas (de
Tours), une observation intitulée: Fracture du tibia chez un sujet
syphilitique. — Apparition de tumeurs gommeuses auiopr de la fracture.
— Traitement ioduré. — Guérison.
-> M. Legouest communique une observation de luxation du ten^
don du biceps brachial^ adressée par M. Fleury (de Clermonl), membre
correspondant.
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— 116 ~
Oëplaeemeiil du tenaoïi do la loBn^ae jf^rtion du Meeps bm-
ebial provoiivé par uiio extension brusque du bra&^
Par M. Flbury, chirurgien en chef de r Hôtel-Dieu de Clerm&nf.
Un officier, âgé de cinquante-huit ans, grand et forlemenl constitué»
montait un cheval omhrageux qui eut peur et 8*en)porta.
La Lrîde se casse et, dans un bond que fait l'animal, la fausse rône
est portée sur sa tête,
M. X,.. allonge fortement le bras et parvient à la saisir; il peut
ainsi maîtriser son cheval el l'arrêter.
L'engourdissement qu'il éprouve dans tout le membre le force bien-
tôt à mettre pied à teri*e. U veut regagner son domicile à pied, mais
les douleurs qu'il ressent sont tellement vives qu'il est forcé de mon- ,
1er en voilure pour rentrer chez lui.
Je trouve le malade au lit \ Aa. pâleur de son visage indique une
souffrance cxlrême. Les douleurs, me dit-il, ne sont cependant pas
très-vives, mais elles lui portent au cœur et lui font craindre à chaque
i nstant une syncope.
Dans les mouvements qu'il exécute pour changer de position, la
main gauche soutient le coude, et ce n'est qu'avec la plus grande -
peine qu'il parvient à s'asseoir sur le bord de son matelaa.
La pression exercée sur le membre est peu douloureuse ; la saillie
de l'épaule, la position du bras, la facilité avec laquelle on le rap-
proche du tronc, ne me laissent aucun doute sur l'état de l'articula-
tion ; il u'y a pas de luxation.
J'imprime à l'extrémité inférieure du bras un mouvement de rota-
tion qui se transmet avec facilité à la main qui appuie sur le deltoïde.
L'élévation et rabaissement.de l'humérus peuvent être exécutés sans
douleur; cet os n'est donc pas brisée mais un craquement se fait en-
* tendre autour de l'articulation, il est sec, rude et analogue à la crépi-
talion que l'on perçoit lorsque l'on frotte deux surfaces osseuses.
Je crus à une fracture en un point quelconque, mais en soulevant le
bras pour mettre le deltoïde dans le relâchement, le malade éprouve
un soulagement instantané ; toute trace de crépitation a disparu, les
mouvements s'exécutent sans douleur, l'avant-bras qui était fléchi
sur le bras peut être allongé; la guérison paraît complète
Un changement aussi prorapt ne se manifeste, en général>, qu'après
la réduction d'une luxation. Dans une fracture, si on met les deux
fragments en contact, la douleur diminue mais ne disparaît pas aussi
complètement. Évidemment un organe a repris sa place, je suppose
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-. 117 — .
que ce ne peut èlre que le teadoa d{i la longue portion du bicep»,
sorti de sa gaine ostéo-fibreuse dans le mouvement exagéré d'eïten*
sion qu'a fait le blessé pour saisir la t>rida de son cbeyal. La douleur
est en effet localisée maintenant à la partie supérieure et antérieure
du bras.
Je conseille Tapplicalion de compresses imbibées d*un liquide réso-
lulir et rimmobilité du membre. ,
Le lendemain Tamélioration persistait, les mouvements avaient re-
pris toute leur étendue.
Que serait-11 arrivé si le tendon n'eût pas repris sa place t Encore
quelques heures, et du gonflement serait survenu, les douleurs au-
raient augmenté, les mouvements seraient devenus plus difficiles et
on eût pu s'arrêter à Tidéc d'une fracture de Tomoplalc puisque la
clavicule et l'humérus avaient conservé leur Intégrité.
Probablement, à là longue, le tendon du biceps se serait creusé une
nouvelle cavité et les mouvements auraient fini par s'exécuter ; mais
au bout de combien de temps? Peut-être même les mouvements ne se
seraient-ils jamais rétablis complètement si le tendon eût adhéré à
l*humérus. Les auteurs que j*ai consultés parlent bien de la rupture
du biceps, mais ils ne disent rien de son déplacement.
M. Lbgouest, à la prière de M. Fleury, invile ses collègues à rap-
porter les faits analogues quMls auraient observés. Pour lui, sans
affirmer rexisieuce de la luxatiou du tendon de la longue portion du
biceps dans le cas précédent, il est porté à Tadmetlre. Il a vu, en
effet, dans le cours de sa pratique, quelques luxations des tendons :
notamment une luxation du tendon de Tun des péroniers sur la mal-
léole externe, et une luxation de Textenseur propre de Tindicateur en
dedans de la tôle du deuxième métacarpien.
Dans le premier ^as, la luxation consécutive à une entorse du pied
se produisait et se réduisait à volonté, en donnant lieu à un craque-
ment très-manifeste. Dans le second, survenu à la suite d'une cou-
pure, la luxation permanente dans Textension du doigt se réduisait
spontanément dans la flexion.
M. Gloquet. Ces accidents sont rares. J'ai connu un individu qui
pouvait, à volonté, produire la luxation en dedans ou en dehors du
tendon du biceps.
M. CHASSAicnsAc. 11 est assez difficile d'admettre un déplacement de
la longue portion du biceps sans déplacement* de la tète de l'humé-
rus. Ce tendon n*est jamais luxé que lorsqu'il y a en même temps une
luxation de l'os.
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— 118 —
GOUlUNrCATION.
M. TiLLAUx commumqae l'observation suivante :
Plaio non pénétrante du coaurt plaie des daiix poantens*
— Séjour d*nne tige métalll^ne Imis»^ ^ ^^ eentSmétres,
1n*Ce te 9 BriBinétres, peadant treize mois dans la cavité
thoraeiqne.
Les observations de plaie du cœur et surtout de plaie non péné-
trante avec séjour prolongé du corps vulnéfant sont assez rares pour
que j'aie cru devoir communiquer le fait suivant; il n'est pas le moin?
intéressant de ceux qui sont consignés dans les annales de la science,
et soulève d'ailleurs un point de pratique d'un haut intérêt sur lequel
j'appellerai dans un instant votre attention.
Ëe 6 février 1861, je trouvais dans mon service à Bicêtre ([iiflr-
merie de la division des aliénés) le nommé R..., âgée de 55 ans, entré
le i4 septembre 1866, avec un certificat portant le diagnostic ; Para-
lysie générale. Depuis son entrée il avait une fois attenté à ses jours
en pratiquant une incision peu profonde dans la région sus-hyoï-
dienne.
Ssl face pâle portait l'empreinte d'une anxiété extrême. Il était cou-
ché sur le côté droit, les deux cuisses fortement fléchies sur le bassin,
le tronc courbé en avant de façon à mettre les muscles des parois tho-
raciques et abdominales dans le plus complet relâchement possible. Il
respire avec difficulté et se plaint vaguement de souffrir dans le poi-
Jrine.
L'examen du thorax me permit de constater une plaie extrêmement
peftile, Ou plutôt une piqûre située à 5 centimètres au-dessous du ma-
melon gauche. A 2 centimètres eu dehors et. un peu au-dessus de cette
piqûre existait un soulèvement. énergique de la peau, isochrone aui^
pulsations artérielles; le doigt appliqué en cet endroit percevait mani-
festement le choc d'un corps étranger, arrondi, repoussé brusque-
ment en dehors à chaque contraction du cœur. Emphysème de la
paroi thoracique gauche et large ecchymose dans le point corres-
pondant.
Le malade, ,qui était à ce moment en pleine possession de sa raison,
raconta que la nuit "précédente, voulant se donner la mort, il s'était
introduit dans la poitrine une longue tige de fer.^ Il s*était pour cela
placé dans la position où nous le trouvions, c'est-à-dire couché sur le
côté droit, les cuisses et le tronc fléchis. Après avoir reconnu le point
où le cœur battait, il y avait appliqué une tige de fer qu'il maintenait
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— 119 —
rectiligne de la main gauche ea pressant avec la main droite. Ren-
contrant une résistance assez vive pour traverser ta peau, il s'ét»t
saisi de sa tabatière et avait pressé vigoureusement avec le couvercle
sur le corps étranger. L'empreinte était, en effet, marquée sur la taba-
tière. La résistance de la peau, une fois vaincue, le malade n'avait
ressenti, dit-il, aucune douleur en enfonçant la tige tout entière.
Quant aux symptômes, voici, Messieurs, ce que je dictais le jdur
même à l'interne du service :
L'abdomen est souple, non douloureux à la pression, excepté au
voisinage du rebord des fausses côtes; dans toute l'étendue qu'occupe
l'emphysème, la moindre pression réveille les plaintes du malade,
lesquelles indiquent plutôt une grande anxiété qu'une douleur très-
aiguë. Aussi la percussion du thorax est-elle impossible, le malade
s'agitant et criant au moindre contact.
La respiration est faible à gauche, ce quL est dû à la douleur qu'é-
prouve le malade à chaque inspiration.
Les brviis du cosur sont réguliers et normaux^ On constate que les
soulèvements isochrones de la peau par la tige de fer coïncident avec
le premier bruit,, c'est-à-dire avec la systole ventriculaîre. Ces soulè-
vements sont très-énergiques et très-nets ; le corps étranger semble
porté, à chaque contraction du ventricule, directement en avant et en
dehors, sans o&cillation latérale, ni mouvement d'abaissement ou d'é-
lévation; comme si son extrémité profonde reposait directement sur
un gros vaisseau^ ces mouvements ne paraissent pas modifiés par ceux
de la cage thoracique qui, d'ailleurs, sont plus faibles à' gauche qu'à
droite.
Ajoutons que non-seulement on ne constate la présence d'aucun
liquide ou épanchement dans le péricarde, mais que si l'on excepte
l'empbysème, qui indique une plaie du poumon, il ne semblerait y
avoir de lésion d'aucun organe essentiel. En effet, rien dans le péri-
toine et les organes abdominaux ; aucun signe d'hémorrhagie prove-
nant du foie, pi de la rate, ni de Testomac; pas de syncope, pas de
vomissements, pas de selles sanglantes, pas de toux, ni d'hémoptysie;
enfin le poulSj bien que peu développé, est régulier^ et la température
de la peau n'est nullement élevée.
^ Aussi ne reste-t-il à admettre que le contact de l'extrémité pro-
fonde du corps étranger avec une grosse artère ou sa pénétration à
travers les parois du cœur.
Quelle conduite fa|lait-il tenir dans ce cas? Je fus, je vous l'avoue,
Messieurs, fort embarrassé. Il était si facile, à Taide d'une petite inci-
sion, d'extraire le corps étranger que j'avais une grande tendance à
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-iso-
le ftiire. Mais et œ corps étranger traversait le comU", ^mme je le
^tiaaîB, i4 âiisaii étHemme&t Taffice d*uQ bouchoD, puisqu'il n'y
«Tait d'hémorrbagie ni dans le Ihorax ni dans le péricarde. N*iUis->e
pA8 ekposé à déteriainer» par rextracUon, une hémorrliagie fou-
droyante et à voir le nuUade mourir dans mes maint Y Et d*uti âuU^e
côté qu'allait devenir cette tige de fisr dans le thorax ?
il tt*y avait pas d'aeddent f ffinaineni à redouter, je pensif ttue Tex-
traction immédiate présentait plus de dang^re i|ua l'expeetation et
j'attendis au lendemain.
Le Is J'appris qae le tuaiade avnlt éprouvé plaaieorto erises horri-
blement douio«fettses avee imminence de syneope; il me eolticitalt
lui>-m«me vivement pour TextroK^on. Je la tentai. Mais les eiioses
Avaient déjà èien changé^ au lieu de former sous la peau un relief
d'au moins un centimètre à chaque systole du omur comme la veSHe,
la tige do 1^ était à peine appréciable au dotgt^ ^le avait ^leminé à
travers les tissus. Je fis néanmoins sur le thorax une petite ineisloii
et je me mis à la feehto^he du corps étranger, mais à peine i'eu^-je
touché avec lu pointe du bistouri que le malade i^^uva une aniiété
eatréme et «ut une i^ncope. le le trouvai d'aiileurs si protodémetit
Oilué que je cfOs devoir m'arrèter.
Le % février^ remphysème et Tecchymoee diminuent Ïm bruits du
tcèw semblent toujours normaux. Le malade soulA^ et «e plaint beau*
ooup» Pas de &èvt«>m toux, ni expeetorallon d'aueune sorte. Le corps
étranger s'Wt enfoncé peu à peu t on le wai h peine battre sous le
doigU
Le 9, il a complètement disparu» tout soulèvement de la paroi tho*
rael^aeesiè^
Le 1(H après une nuit tranquille, le malade est prie de toux et re-
jette avec eflfsrt quelques crachats m^^o^puruleats auxquels sont
ttt^ées queues stries de sang noirâtre» Fièvre^ 104 pulsations*
Le il, rt^xpeetoratîon a pris un caractère ft^uehement pneumo>
bique; eepeudant à i'ausculiatfon, ou ne perçoit que des raies brou*
chiques à gauche^ sonorité dans toute l'étendue du poumon»
Le même état continue les Jours suivants, l'emphysème disparaît,
la douleur persiste, le malade soufi&e h diaque fok qu'il fait un mou-
vemobu II OQètinue à rendre d« erachate pnetmouiqueS) dans les^
queib la prc|K)rthm de sang au^menie»
Le 15, l'application du sphygmographe au poule de l'urtère radiale
toBue des trMeés dont l'un indique un pouls régulier^ muls faible et
diéprittië, et dont iee autre* tl&montfent vM granÀrile fitêgu^yrité de la
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r
— 121 ^
Le 20, le malade signale une do.uIeur vive siégeant vers la huitième
vertèbre dorsale. Cette douleur augmente par la pression et le mou-
vement.
L'oppression est plus grande surtout dans le décubitus dorsal.
Crachats sanglants, d'un rouge très-vif, en plus grande abondance.
L'auscultation ne dénote encore aucun signes de pneumonie.
Quelques troubles apparaissent du côté du coeur, le malade est
sujet à des palpitations et à de grandes irrégularités dans les batte-
ments. Cependant on ne constate aucun signe. de péricardite.
La douleur dorsale persiste, quoique moins fixe qu'au début. Même
état du poumon à/rauscultation. Les crachats n'ont pas changé de
caractère.
Sur ces entrefaites eut lieu une nouvelle tentative de suicide.
Le i5 mars, le malade se fait à la région sous-hyoïdienne avec une
lame de fer, fragment d'un cerceau qui soutient ses couvertures, une
plaie de 4 à 5 centimètres, transversale, située entre l'os hyoïde et le
cartilage thyroïde, dont on voit à découvert tout le bord supérieur. Le
travail de cicatrisation suivit un cours normal et cette plaie n'amena
aucune complication digne d^être signalée.
Le 26, l'état général semble subir une nouvelle aggravation. Le
malade a de la fièvre, la respiration est plus difficile, une douleur
très-vive, siégeant à la partie postérieure et inférieure du côte droit,
semble avoir remplacé la douleur dorsale. Cette douleur est très-net-
tement limitée et s*exagère à la pression du doigt. Le malade la com-
pare à un point de côté. La toux n'a pas augmenté, mais elle est plus
pénible. L'auscultation, au point douloureux, ne dénote aucun signe
depaeumonie : le murmure respiratoire a moins d'intensité au niveau
du siège. de la douleur que dans le reste du poumon; quelques râles
bronchiques. Les crachats sont muco-purulents, sanglants.
Cette douleur à droite persiste d'une façon fixe pendant quinze
jours environ. Aucun signe spécial n'est traduit par l'auscultation, les
crachats conservent leurs mêmes caractères.
A partir de ce moment, l'observaUon quotidienne du malade ne
pré8ente plus un bien grand intérêt. Les accidents généraux dimi-
nuent peu à peu, l'appétit revient, le malade peut se lever dans les
premiers jours de mai. Depuis celt^ époque les forces sont revenues,
le malade se promène.
Au 12 août, l'auscultation fait percevoir des râles bronchiques dans
toute l'étendue des deux poumons; il n'y a matité en aucun point de
la cage thoracique. Les crachats, de moins en moins abondants, ont
cependant gardé, depuis le 1" avril, les caractères observés dès le
2« série. — tome ix. - 16
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€@ temps ^tt ièifips sofTièbniH^i des hémoptysiès lèg^it)».
Toute douleur fixe dans la poitrine a complètement disparu. O&pçtt-
iàartileMiléâè ^e j^lafhi tie dôU)e\]r« Vagues, erratiques, é^)Bê le dos
«b déftti bs «6(11^ en mêâle leMpâ que Ût fatigue ^t t)^ lâi^ifutiiê oon-
tinuelles dèné fêè lôèiâbrè». Du réftte, Tétât génét^l est «âtiâfàîsStnt.
Dé{»tais le ttioîê d'âoûl jtiîqu'ûu mofà d'octebï^, èpéquè à lait«e!le
j'ai quitté Bitêtï^. Téial tiû Wàlâdiè ne préèéftt^i Hîèft à nOl^. Il
mange, dbrt, éé ph)iftène. ftifen h*est tlè'nàture à ï^ifé feôùpÇbtiuer
IM^d^ftt ^tiH à éj^liTé.
(% qui 8^t ^0%é dcpùi» fiàôn dépAtH M*esi ainsi i^iàtè par
M. Langlé, interne de M. Sée.
En jânYi«^ ti868, le ft^làâe présente uùfè apparence èe sàhté à^sez
«alisfeiflanté et toii^sé p^u, K^rache de tetnp^ en I^Mps ufi ft\\ûé ^ang,
tt« se plâiftl d% Wen.
A rauSïîUli^tiôft, m entend iih bi^dil de «>uifBe èft^geaint datis t^ôutè
rétié»du% m m^Y, \A^\è ayam Kon hiàiiMUtâ dlbtèl^Ué Û lu bé'ètti
L'auscultation du poumoîi dû feôlé gàtrche hé dofittft ïieh; du t&Mîé
dvoit «Il «iWi^, t)n tnieni dh brtsit de sôttUâe. Ltè nsalaide dît àVoir
qiîeîqu^fi^ de^ dûufèui^s de eè côlé du Ibôràîc.
lù février, il eSl ^l^s sôufifrâht, toattgte peu, \6ws^ ^i tfafché de
itftp» en teiftpis du sang et dtt ped d^ p\ji%. îl p^ireît *'à1feAHr igt*-
ddellèttiéhti
L^ bigii^s pysiq^és ^ti« nêtts âvôdï m^n m jèflt^ ëé %dtit ^b
Mm, La toùi est lûù}ôui% fNèd «d^M^!%biè, 1M«I le %élà^ % (tes
tl^àiihémèhlë de ^éJh^ et dé fMI» ^f ^ fèpîl«llîlt. H «»l td'^dliàilîes }ottï'3
où il perd ufté àissez è*^dé ^làtilé dé %âYï|^. »éS m«Kfftétr«é& ^!i^^
îsent considévableiôent. Là péàti est 4'dtt blâwô jàutiâttie.
Ë^^ le 20 tears il à d^ ^ynéoj^éis, qui iâié ^i^ià jusrqu'ad UWèii^
où il meurt à 8 heures du teàVTn.
J'éliai^tuHéuîr, vous lé éottiiï^tièfed*^^ àiséiaént, meSsiédrti, dé pt^ïi'
qdéf rautopsiô. Àdèêl je reme«ié.!aid. Sée et Vègttni dià S-adlTê ée
m'aVoîf pértnîs de eotbi^tér éeltfe îtitét-essanlè obserViatioVi.
L%uto^ faite !é 25 Inaï^ n^s mi^ntfé té^ ^àrtiéCkkfftéâ.tlJri-
vantes :
Cidàtifee linéaire aux téguiôênis àô«etttî«étrëà âti'^désfS(Wîft dd toa-
fâe!ttn fauc^i
Adhériètoete Intfeè du bord ^htét'ie\iir dt! ^tftWon ptfcbè a Mi pli!^
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AdhèrMieci inlimo cte ooUt mèi&e partie du poumon an péHoardQ.
Adhérowie in pMmxà^ k la t^rraoa «itonM du oœur dana toulo
soQ étendue.
Sar un |ioUit qat earreapmid prielvément à l-ealrée da ta tiga de far,
axiata qd véritable eordon fibi^eux ralianl la pôriearda au acaur. Ca
aardan raprésaaia évidamment le trajet qu'a aatvi to eorpt étrange^
en s'eufonçant à travers les organes.
La afl»ur, vu an plaoa, na préaanta aueune trace da earf« éirangar à
radiât an lOQobar,
J'anlève alora anaambla lai deux poumon» et le ocaur. Le loba infô*
riaor dn poumon droit adbèra d'une façon ti Intima au tborax quHI aa
décbire et qu'une partta raata fixée aux aûtai« . ^
G*est cette pièce, Messieurs, que j'ai rhonneur de mellre-sous vos
yeux.
Vous pouvez constater que la paroi postérieure du ventricule gauche
daiia toute ion étendue et que tout^le lobe inlérîaur du pouason droit
sont traveriét d'avant en arrière et de gauche à droite par une tige de
fer longue de 5 centimètraa et large d^environ ft mlllimètrea. Cette
tiga a pénéupé dans la bofd gauobe du eiaor vers la partie moyenne
et est sortie près du tiiion médian postérieur, da aorta que le i^entri»
cula droit et les deux orailiatlea na aont nullamant intérassés. La tige
n*A nulle part pénétré dans la cavité ventrioulaiMi bien qu'elle soit
baaueoup plus rapprochée de ia surface Interne que de Texterna. Une
sorte da pont organisé probablement aux dépens du périoarda relie la
eœur au poumon droit.
Ce tissu du cœur n'a pas subi de modification au contant du oorps
étrangar* 11 ne préaante pas traea d'inOammatlon \ la trajat^ dans eet
^organe n'eat taptaaé par aucune aéo^mambrane. Dans la poumon, au
eoatrali^, la tige de far est entourée dans toute sa longueur par une
membrane qui l'isole du pareoobyme pulmonalra hépatisé.
' Quant aux rapports avec les autres organes; la tige avait laissé
Faorte à gauelie et avait passé antre la eolonoe vertébrale et Tosso-
pbage plaeé en avant d'elle.
Je puis donO| Messieurs, réiumar ainsi octta remarquable observa*
tion 1
Tige de fer traversant la poitrine diagonatement d'avant en arrière
et de gauche à droite, du cinquième espace intercostal gauche au ni-
veau du mamelon, li la huitième côte, droite au niveau de son angle.
Après s'être enfoncée spontanément h travers Tespace Intercostal,
le bord antérieur du poumon gauche', le péricarde et le bord gauche
du cœur qui se sont cicatrisés à mesure qu'elle cheminait, cptte tige
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— 124 —
s'est fixée dans la paroi postérieure du vei^rieule gaudie et dans le
lobe inférieur do pounson droit où elle a séjourné pendant 13 mois et
48 jours.
Le cœur à très^lùen supporté physiquement et physiologiquement
la présence du corps étranger; le poumon au contraire s'est enflammé,
a fourni des hémoptysies, qui ont peu à peu affaibli le malade et
amené la mort.
Cette observation vient à Fappui de celles qui ont démontré Terreur
admise par toute Tantiquité et le moyen âge, à savoir qu'unie! plaie du
cœur était fatalement et promptement mortelle, et cette autre erreur
professée par Sénac, que toute plaie du cœur tuait sinon par Thé-
morrhagie, au moins par Tinflammation qu'elle délertainait.
DISCUSSION.
M. Dolbbàv. Ou ne peut appeler le corps étranger, que nous pré-
sente M. Tillaux, une tige de fer : c'est une aiguille. Dans Ja thèse de
Jamain, sont rapportés plusieurs faits analogues.
Je pense que l'on aurait dû extraire le corps étranger, car il y avait
tout lieu de supposer qu'il était dans les parois du cœur.
M. DfiSPaÉs. 11 y a huit jours, on a présen'.é à la Société anato*
mique un cœur recueilli sur une vieille femme de la Salpètrière. La
paroi antérieure du cœpr et Tun des ventricules étaient traversés par
une grosse aiguille à repriser. La malade n'avait jamais ressenti
de symptômes susceptibles de faire soupçonner la présence de ce
corps étranger.
M. Ghassaignàc. On ne peut formuler une opinion générale sur
la conduite à tenir dans les cas du genre de celui qui nous est pré-
senté par M. Tillaux. Cependant, dans un cas semblable, je serais
porté à me rallier à ropiniôn des chirurgiens qui veulent qu'on enlève
le corps étranger.
Autrefois, j'ai fait de nombreuses expériences sur les chiens, pour
étudier les plaies du cœur. Pour produire ces plaies, je me servais
d'une sonde cannelée aiguisée. Une partie des animaux périssait
rapidement ; les autres se rétablissaient. Quand les animaux péris-
saient rapidement, ce n'était pas parce que l'instrument avait^ pénétré
dans l'intérieur des ventricules, mais parce qu'il y avait eu une
piqûre, quelquefois très-pelite, qui avait intéressé Taorte.
Dans le cas très-iutéressant qui vient de nous être présenté, je
crois que l'on aurait évité les' accidents si l'on avait retiré la lige
métallique.
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. 11. Cloqust. Ce qu'il faut remarquer dans ce fait, c'eat falMMKoe de
tout phénomène inflammatoire. Les corps métalliques ont peu la pro-
priété de déterminer l'Inflammation dans les tissus où ils sont placés.
Lorsque j'étais chirurgien de l'hôpital Saint-Louis, j'ai fait des piil-
liers d'acupunctures et je n*ai jamais observé d'accidents. Je laissais
les aiguilles en place pendant douze et quinze jours.
J'ai pu observer, dans le cours de ces expériences, un phéndmèoe
très-singulier : il se produisait, dans tous les cas d'acupuncture sur
le vivant, une oxydation, d'aspect variable d'ailleurs, du corps métal-
lique. Après la mort, ayant placé les membi^es dans un bain à
37 degrés, je n'ai jamais' observé Toxydation de l'aiguille que j'enfon-
çais dans les tissus et que je laissais en place pendant deux et trois
j<^rs.
La présence des corps métalliques est parfaitement supportée par
presque tous les tissus. Des aiguilles assez volumineuses peuvent être
enfoncées dans les vaisseaux sans déterminer d'hémorrhagle; elles ne
font qu'écarter les tissus.
M. LiÉGBOis. Les corps métalliques ne sont pas, pour les muscles,
des excitants directs, même pour les muscles à type rythmique. Quel-
quefois, on voit des spasmes survenir à la suite de l'irritation d'un
muscle à l'aide d'un corps métallique, mais c'est en vertu d'une action
réflexe. Dans les expériences sur le cœur, lorsqu'on enfonce une
aiguille dans l'épaisseur de cet organe pour étudier ses battements,
ceux-ci ne sont ni interrompus^ ni irréguliers.
M. TiLLAux. Je reconnais volontiers que le malade aurait pu vivre,
si la tige métallique qui traversait le cœur avait été enlevée; mais je
n'avais aucune notion précise sur le volume et la longueur de ce corps,
étranger, parce que son extrémité externe était cachée dans l'épais-
seur des tissus.
M. Droga. On. trouve dans les Bulktm de la Sociélé anaiomique
une observation analogue, mais plus remarquable encore que celle-ci.
Ce lait joue un rôle important dans l'histoire des embolies.
JUa individu entra dans le service de M. Laugier, pour se faire
Iraiterd'une gangrènç scnile. Au bout de six mois le malade mourut,
et à l'autopsie on trouva une grande aiguille à matelas qui traversait
le ventricule gauche, tout près de l'oriflce auriculo-ventriculaire. Elle
était là depuis un temps plus long que six mois, mais que l'on ne
pouvait déterminer. La gangrène qui avait emporté le malade était la
conséquence du déplacement de caillots qui se formaient autour de
l'aîgaille. M. Pierre) aujourd'hui chirurgien à Autun, présenta la
pièce à la Société anatomique et fit voir que Tob pouvait mettre en
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- 186 ^
rapport les deux boott d^un eaBtot fraeloré (fua des boots tié*
géant dans le ecaur, Fautre bout dans Tartère du membre gangrené).
Je ne puis oomplétenient aeeepter les idées de M. Cloquet rela«*
tires à Pmnocuité des corps métattiques. On introduit généralemenl,
sans produire d*aeefdents, des aiguiÙes à acupuncture dans des ané*
vrismçs; cependant on peut, dans ces cas, yolr survenir des bémor-»
rhagies. On les observe bien plus fréquemmeni encore à la suite de la
galvanO'punoture. Bn 1837, un ebirurgien Introduisit dans une
tumeur anévrismale énorme ein€[Ban(e aiguilles à aeupuneture; quand
on les relira, il j eut cinquante bémo^bagies.
Les faits de ce genre prouvent qu'il ne faut pas être aussi ei|^icîte
que M. Cloquet.
M. Cloquet a dit que les corps métalliques présentaient une iancU
cuite particulière. Cela est vrai, mais les autres eorps étrangers peuvent
aussi être très^innocents. J*a{ vu sortir de la cuisse d'un de mes eama^
rades de collège une écfaarde de bois d'au moins 4 eenlimèlres de
long. Comment avait-elle été introduite dans l'épaisseur des tissus?
Le patient ne pouvait donner sur ce point aucun renseignement. Un
petit bouton apparut sur la cuisse, fut incisé, et à Palde d^une pinca, .
on put extraire le corps étranger.
M, Cloquet, Je répondrai à H. Broca que rintroductton d'aiguilks
dans les tissus est trés-dilTérente, suivant que Ton a aifitire à des par«^
ties saines ou malades. Dans le oas de galvano-puncture, les condi*
lions sont encore singulièrement modifiées par suite de l'intervention
d'un courant électrique.
M. Lbfost. J'ai lu, dans un journal anglais, que l'on avait proposé
Tacupuncture pour guérir les anévrismes de la crosse de l'aorte. Dans
deux cas, on a introduit douze à quinxe aiguilles. La mort est sur*
venue rapidement. Il «n'y avait pas eu d'hémorrbagie, mais il s'était
formé, autour des aiguilles, des caillots qui s'étaient déplacés avec une
très-grande facilité.
A quatre heures trois quarts, la Société se forme en comité secret.
La séance est levée à cinq heures et demie.
Lé SméMn, jy LnoN Lamé*
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^ isrt -
SÉANCE Dtî 15 AVU^L 1868
Préaideiice de H. LE«OlJEST
Le procès-verbal de la précédente séance est lu et adopté.
M. kiedftft, ^ f oômit)û t!ti prôcè^-v^î'bal, ftiit |yart de ttuelques
observations qui lui sont personnelles èl relatives à la migration des
corps mélaliiqnes dans les tissus. Il y a plusieurs années, il fut appelé
par une arliete bîeâ connue, qui avait liïie aiguille siVuèé profondé-
loenl dans le 6eiti. On avail diagnostiqué une tumeur du sein, cl oti
kèsilall entre un cancer et une tumeur adènotde. M. Hicord examina
la malade avec soin, reconnut la présence d'une aiguille, ^t en pra-
tiqua fexlraètion. Dès lors, fèxsudal cdnftidèrable qui À^èlalt formé
autour du corps étranger et qui avait tïonné le change sur ^existence
tfuûe tumeur, disparut rapidetnenl.
Chez un parent d'un directeur dé fbôphal dû Mtdl, tt. tLitord
oWvâ ùné liimeuf laissez volumineuse du triangle de starpa, due
ëgaletfient à ut)ë ètsUdàtiOû de lymphe plastique autour d'une aiguille
qui avait pénétré àthi t^tté l'ê'gloti. L^algulllè enlevée, te malade
guérit en quelques jours.
k «or^^dodanoe ^!<^sMr«iid :
*- Les j«mraa»x de la «emaine : Je HwmtÀ ie tnédecmè 4t 4e ehi*
nrgie italiques ; la Gazette médic^de de Strmheurfj ; la nevm méàictie
^ Um »qH mr h% Vemeê 4u rectum el ia fikffêioi'êgie pûihelogiiue
in kiimrk9Sié6$s ^ l« q^atrikie feeci^uk du M€md é^eférMUms
cUrtr^fejfeldi) pat* U% DubrueiU prosecteur à la facultés
^ M k êfikNtThée 0ém»e des femmei encemiee, par Mi Boiiei««-
eoÉft;
^ ikie kitH^ «UT un Non^d knet^o^^mèUre^ par Û^ Fr^ Rtoell,
— Le tome iV (2« série) des B^UeHm et màimreê 4^ iê ^êtiété
•mMedeêk^^ètéKOcdeP^ris,
•^4e4e«xièi»Bla8ei^te<t. {\)4^Mémiinê etlmMim^kt imM
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— 128 —
— M. Iç. comte de Beaufort adresse à la Société trois brochures sur
la prothèse des membres, et accompagae cet envoi d'une lettre expli-
cative sur Tusage de ses appareils, po^ur répondre aux objections qui
lui ont été faites par M. Lefort.
COMHUNICATION.
Luxation oa dlslimetioii de toutes les artieulations
du bassin.
M. DoLBfiAU. Messieurs, je n'ai pas cru qu'il me fût permis de
laisser dans Toubli un fait rare que j*ai eu l'occasion d'observer dans
mon service à l'hôpital Beaujon. Je sais combien vos moments sont
précieux, je n'en abuserai pas.
Il y a bien peu de temps, notre collègue, M. Panas, mentionnait
iei une observation de quadruple fracture verticale des 03 du bassin.
A cette occasion, M. Larrey rappelait que, dans les fractures du bas-
. sin, il est rare que les symphyses du pelvis ne soient pas plus ou
moins disjointes. Pour ma part, j'ai observé quatre fois les fractures
doubles verticales du bassin, et j'ai remarqué trois fois que la frac-
ture postérieure intéressait l'articulation sacro-iliaque.
La fracture double verticale du bassin est une lésion bien positive ;
elle se produit suivant un mécanisme toujours le même, elle donne lieu
à des symptômes qui, réunis aux commémoratifs, autorisent le plus
souvent à porter un diagnostic. La première fois que j'ai observé la
fracture double verticale du bassin, j'ai' méconnu une partie dé la
lésion; mais dans les trois autres circonstances, j'ai pu vérifiefr mon
diagnostic, qui avait été très-eomplet.
Je me croyais désormais à l'abri dé l'erreur, et voilà que, dans une
' des semaines qui viennent de passer, j'ai confondu la fracture double
verticale dii bassin avec la luxation complète ou double de l'os ilia(}aë.
Un blessé çst amené dans mon service : une lourde voitarc a pesé
fortement sur la partie postérieure de la ceinture peltienne^ le blessé
étant à plat-ventre. Ces renseignements devaient faire songer à la
possibilité d'une fracfure double verticale; les symptômes venaient
corroborer cette hypothèse. Voici, en quelques mots, Texpofeé des
symptômes présentés par le blessé : .
Décubitus dorsal, face anxieuse, respiration fréquente, pouls fili--
forme à 150; ecchymose en avant du bassin; rotation externe du
membre abdominal droit, ascension de ce membre; raecourcissement
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¥'-
-. 129 —
afpareut Douleur au niveau du pubis' et marbrure vers rarticulalion
sacro-iliaque. Absence d'urine.
Convaincu du diagnostic et sans fatiguer en rien ce pauvre homme,
je diagDOstiquai une fracture double verticale du bassin, à droite,
avec rupture de la vessie. Sa mort, disais-je, viendrait bientôt con-
firmer une lésion que j'indiquais, engageant les élèves à faire profit,
pour leur instruction, de cette blessure qui, par sa nature, est presque
au-dessus des ressources de Tart.
Quarante-huit heures après l'accident, la mort. arrivait.
L'autopsie nous a révélé des lésions rares, une luxation de tous les
os du bassin, une disjonction de toutes ces symphyses, qui sont si
bien faites pour la résistance. C'est là un fait rare dont je ne connais
qu'un seul exemple mentionné par M. Thouvenet dans les bulletins
de la Société anatomique pour 1849. Pour le dire en passant, ces
deux observations sont tellement identiques, que la mienne parait
copiée sur son aînée. J'aurais probablement laissé passer cette rareté
si je n'avais trouvé, dans la circonstance, un enseignement utile pour
la clinique. Je m'explique :
 la suite d'un accident grave dans lequel le bassin a subi une vio-
lente pression d'arrière en avant,. il n'y a qu'une lésion qui puisse
permettre le raccourcissement apparent, l'ascension du membre pel-
vien sans luxation coxo-fémorale. Cette lésion, c'est une fracture
double verticale, fracture qui rend libre un fragment moyen du bas-
sin, lequel fragment comprend l'articulation de la bQudie. Cette rela-
tion entre les symptômes et la lésion a été notée par les divers obser-
vateurs. J'ai pu la vérifier trois fois moi-même, comme je vous le
disais il n'y a qu'un instant.
Cependant, il est évident qu'une lu;xation complète en avant et en
arrière de l'os iliaque devait permettre, tout comme là frac-
ture double verticale, une ascension du membre abdominal, un rac-
courcissement apparent. Ce que la théorie aurait pu indiquer, je l'ai
observé il y a quelques jours ; j'ai pris pour une fracture ce qui n'était
qu'une luxation.
A l'avenir, je préciserai davantage le siège exact des points dou-
loureux, je rechercherai la mobilité anormale et je ne laisserai plus
échapper, du moins j'en ai la conviction, une luxation de l'os coxal,
malgré la rareté extrême de la lésion.
Dans ces blessures gravés du bassin, la vessie présente presque
toujours une solution de continuité pour ses parois. Cette rupture a
été expliquée, mais je crois que la théorie qui a été donnée ne suffît
pas à rendre compte de tous lés faits.
2* «^ric. —TOME IX. 17
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- 130 -
Dans robsenraiioD que je viens de rapporter, la rupture de la vestie
s'est opérée dans Tétat de presque vacuité de Torgaoe, puisque le
blessé avait uriné une heure avant raccident et que, dans Tinier-
valle, il n'avait point absorbé une grande quantité de boissons.
Dans les cas de rupture de la vessie, on a parlé d'infiltration uri-
neuse. d'épancfaement d'urine dans le péritoine. Je n'ai pas observé
ces phénomènes, et si j'en crois mon expérience, Tirruption de Turine
serait peu à redouter, sauf les cas de distension du réservoir au
moment de Taccident; en général, les blessés sont dans un état de
perturbation si grande que, chez eux, la sécrétion rénale parait sup-
primée {ffesque complètement.
U y a là un point sur lequel il serait désirable de voir se fixer Tat-
leution des observateurs.
En terminant, j'ai l'honneur de déposer sur le bureau l'observation
démon malade, telle quelle a été recueillie par un des externes,
M. Raillard. La pièce anatomique vous sera présentée dans une pro-
chaine séance.
Lvxatlon traumatiqae de tous les os du basshi.
' G..., François, 28 ans, charretier, entre le 3 avril 1868 à l'hôpital
Beaojon, salle Saint*Denis, 47, service de M. Dolbeau.
Cet bomm9 est vigoureux, parfaitement musclé. Renversé par son
cheval à trois heures et demie de Taprès-midi, en conduisant une voi-
ture chargée de pierres, il est tombé à plat venti*e et la roue lui a
pAssé sur la faœ postérieure du corps, en travers de gauche à droite
et.de haut en bas, suivant une ligne passant le coude gauche et l'ar-
ticulation coxofémorale droite.
Où' l'amène à l'hôpital à quatre heures et demie; il n'est point en
état d'ivresse. Il dit avoir pissé entiron une heure avant l'accident.
A la visite du soir, l'interne du service le sonde et |ie retire de la
vessie que quelques gouttes d'urine teinte de sang. Une injection d*eau
tiède pousrée graduellement et avec précaution est rejetée aVec force
en même temps que quelques caillots.
Le 4 a« matin, voici dans quel état se trouve le malade :
Au-dessus et dans la direction de la branche horizontale du pubis
droit, on remarque une ecchymose bleu&tre. La hanche droite est
également recouverte d'une'large ecchymose et est le siège d*un gon-
flement qui s'étend à toute la partie antérieure et inférieure droite de
l'abdomen, sur le pubis droit et au tiers supérieur de la face anté^
ri^ure de»la cuisse droite. En arrière il y a une eechymose vers le bas
des reins.
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-* 131 - •
. Bq tous ceft points, on détermine par la presiion une douleur assez
vive qui a foq maximum sur la branche horizontale du pubis droit et
au niveau de la symphyse sacro-iliaque droitOe
Le membre inférieur droit semble notablement raccourci, mais la
mensuration comparative montre que la longueur du membre de
Tépine iliaque antérieure et supérieure, au sommet de la malléole
externe, estlamême des deux côtés. Seulement les deux épfnes iliaques
ne se trouvent pas sur le même plan horizontal.
L'épine iliaque antérieure droite est élevée de deux centimètres au-
dessus de répine iliaque antérieure gauche. Le pied est tourné en
dehors, et tout le membre pelvien est dans la rotation en dehors. Le
malade peut fléchir légèrement la jambe sur la cuisse et la cuisse sur
le bassin.
Le coude gauche offre une petite plaie eontusèâv^ gonflement très»
'douloureux autour de Tarticulation. Le malade iletit son membre
dans une demi-flexion. * •
L'exploration de cette région faite avec soin n'y démontre aucune
lésion osseuse, aucun déplacement des surfaces articulaires.
Le malade n'a pas uriné depuis qu'on Ta sondé, la veille au soir;
on retiré de la vessie, par un nouveau cathéthérisme, quelques gouttes
d'urine claire. La sonde pénètre facilement, mais la vessie est très-
rétractée et douloureuse.
Il y a eu un vomissement jaunâtre et spumeux le matin.
Langue sèc^e; soif vive; pouls petit, flliforme; i44 pulsations;
dyspnée assez forte; 40 respirations; céphalalgie légère. En présenee
des signes suivants : 1* raccourcissement apparent du membre droit;
2» rotation externe; 3"* douleur vive en avant et en arrière de la cein-
ture osseuse pelvienne; 4^ eéchymose ; 5<> absence d'urine et sang dans
la vessie, M. Dolbeau diagnostique une double fracture verticale du
bassin à droite avec rupture de la vessie et anurie.
Pansement à l'eau froide sur la plaie du coude
Cataplasme sur le ventre. Opium, 040 cent. Repos absohi. Alimen-
tation liquide.
6 avril. ^ Le malade a uriné seul à deux reprises dans la journée
du 4, et une fois dans la nuit qui a suivi. Il évalue la quantité d'urine
rendue chaque fois à deux cuillerées à bouche.
La sonde fait sortir de la vessie la même quantité d'urine que la
•veille.
Cette urine est toujours claire. Le ventre est un peu plus tendu
et plus douloureux, surtout au niveau du pubis droit, où la pression
légère d'un doigt ne peut être supportée.
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- 132 —
Le malade a vomi plusieurs fois depuicf la veille; il a rendu ainsi
des matières bilieuses ou peu vertes.
La dyspnée a un peu augmente; le pouls est toujours petit et aussi
fréquent.
Mort à trois heures du soir.
Autopsie faite le 8 avril.
A Touveirture de l'abdomen, on trouve les muscles de la paroi
infiltrés de sang.
Sous le péritoine de la fosse iliaque interne, des deux côtés, on voit
un épanchemçnt considérable de sang. L'infiltration sanguine sous-
péritonéale remonte jusques et y compris la région rénale droite; elle
est surtout abondante vers la face interne du rein droit.
La fosse iliaque interne droite offre une teinte bleuâtre et est plus
saillante que celle du côté opposé.
On remarque dans la gaine du muscle psoas, de chaque côté, un
épanchemeq^ de sang qui remonte Me long du carré des lombes.
Le fibro-cartilage de la symphyse pubienne est complètement déta-
ché de Fps à droite, et il est évident qu'il y a disjonction sans fracture
de la symphyse des pubis.
Le bord supérieur du pubis droit s*élève de deux centimètres au-
dessus du bord supérieur dti pubis gauche. La symphyse restée atta-
chée à cette dernière offre, avec la surface articulaire droite corres-
pondante, un écartement de deux à trois centimètres.
En arrière on constate une disjonction complète de la symphyse
sacro-iliaqae droite; tous les ligaments sont rompus, môme le grand
ligament sacro-sciatique. 11 faut cependant indiquer que vers la partie
inférieure de rarticulalion luxée on constate que Toa iliaque a subi une
petite fracture, et qu'un fragment de 4 centimètres de long sur 2*
d'épaisseur est resté adhérent au sacrum. Cette fracture est du reste
insignifiante par rapport à la disjonction; il n'y a pas d'esquilles.
A gauche, Je cartilage symphyséen est resté adhérent à l'os; du
même côté et en arrière, les deux surfaces articulaires du sacrum et de
l'os coxal ne sont plus en rapport que par leur bord postérieur. Il y a
luxation ou plutôt disjonction; les deux surfaces articulaires forment
un aqgie trèâ-ouvert en avant.
Les ligaments de la symphyse sacro-iliaque gauche sont tous rompus
en avant; en arrière, ils sont conservés en partie. Pas la moiâPh^
esquille.
Le grand ligament sacro-sciatique est conservé de ce côlé.
L'artication du sacrum avec le lucoccyx est égatoent i^pdifiée; les
ligaments antérieurs sont rompus: le coccyx est trjès^reporté en ar-
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- 133 —
rière, l'articalation étaat iargement ou¥<»rte. Il est évident que le
sacrum a été fortement enfoncé en avant vers le centre de Teicavation.
L*examen des viseères donne le résultat suivant :
Les reins et les uretères sont intacts. La moitié de la face posté«>
rieure du gros intestin est le siège d'une ecchymose violacée sous»
péritonéale.
Au-deyant de la Yessie, derrière le pubis, se trouve une poche
remplie d*un liquide trouble, rouss&tre. Cette poche peut avoir le
volume d'un œuf de pigeon; elle communique avec la vessie par un
trou de la largeur d'un gros pois et qui est situé à la face antérieure
de la vessie. Point d'ecchymose de la vessie. Celle-ci est très-petite;
elle C4>ntient quelques gouttes d'un liquide brun. Pas de sang dans la
cavité des voies urinaires. L'urèthre est intact.
Pas de traces de péritonite. Pas d'infiltration urineuse. 11 est évident,
car les reins sont petits, que la grande perturbation éprouvft par le
blessé a suspendu chez lui la sécrétion de l'urine,
DISCUSSION.
M. LEfORT. Aux cas indiqués par M. Dolbeau, on peut en ajouter
un, dû à M. Murville, et inséré dans les Bulletins de l'Académie de
médecine. Dans ce' fait, le bassin fut repoussé en avant, pendant un
effort violent que fît le blessé pour se porter en arrière. Le malade
guérit. *
M. Larrbt. La communication de M. Dolbeau, précédée de celle
de M. Panas et antérieurement de celle de M. Dubreuil, l'offre que
j'avais faite à la Société de lui présenter un bassin démontrant, à la
fois, la coïncidence des lésions mécaniques de la continuité et de la
coBtîguité des os, la rareté enfin des cas observés, ou du moins dé-
crits, tels sont les motifs qui m'engagent à placer aujourd'hui , sous
les yeux de mes collègues, une pièce anatomique digne, peut-être, de
leur attention.
Ce bassin, que j'ai montré autrefois à l'Académie de médecine, est
celui d'un jeune soldat qui, en novembre 1849, rentrant à sa caserne,
dans un état d'ivresse, était tombé sur la route et avait été écrasé
par la roue d'une voiture de moellons.
Transporté aussitôt à l'hôpital du Gros-Caillou, dont j'étais alors
chirurgien en chef, il se trouvait hors d'état de fournir le moindre
renseignement sur les causes et les effets de cet accident grave.
Placé dans le décubitus dorsal, avec knmobilité du tronc, le blessé
oflï*ait une tension considérable des régions sacro-iliaques, de chaque
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- 134 --
e6té,.ingaino*cfttrato droite et périnée-icrotftle, produite par une in-
(iliratioD sanguine, masquant tout à fait les faillies osseuses. Nulle
déformation apparente du bassin, nulle crépitation appréciable, nulle
mobilité même, ni aucune déviation des membres inférieurs, ne nous
annonçait de déplacement. Mais la nature de Faecident, son méca*-
nisme probable, l'étendue et les rapports de FinGltration de sang»
rintensité, enfin, de la douleur provoquée par la pression la plus ié-
gère du côté des os iliaques et surtout vers la symphyse pubienne,
qui paraissait plus moUe ou dépressible que dure ou désistante; toutes
ces circonstances me portaient à établir, par induction, le diagnostic
de lésions profondes et complexes du bassin, sans me permettre de
presser les fraetores ou les luxations présumables. L'eccbyiftose pro-
fonde du périnée, ainsi' que Fécoulemenl de quelques gouttelettes de
sang par rurétbre, indiquaient aussi une rupture de ce canal, sftion
de la Vfesie.
Dans le doute, d'ailleurs, il ne faut pas toujours s'abstenir, et je
commençai par introduire une sonde à demeure dans la vessie, qui
donna Issue à une certaine quantité d'urine mêlée de sang, ce qui me
fit supposer qu'elle n'avait pas été lésée. De larges et profondes sca-
^rifications de la région péHnée-scrptale, des apfilications émoUientes
sur le bas ventre et sur les hanches, une potion purgative et un large
bandage contentif, pour immobiliser^ autant que possible, le bassin,
telle fut notre prescription.
Mais le blessé, indocile ou peul-ètre encore sous rinfluenee de
l'ivresse, enleva la sonde le troisième jour, et s'agita tellement que«
pour la réintroduire et la maintenir en place, on dut lui mettre une
camisole de force. La fièvre traum^tique devint intense, et quoique
cette réaction fât combattue énergiquement, le malheureux succomba
le septième jour de l'accident, avec des symptômes de péritonite.
L'autopsie nous révéla les lésions graves du bassin, dont voiel las
earaclères anatomiques bien marqués : 1* une disjonction complèle
de la symphyse pubienne forme un vide ou un écartement de 6 oeiK
timètres, bien mesuré au moment même et depuis maintenu en place
par l'interposition d'une planchette d'égale largeur. Le cartilage io-
terpubien se trouvait déjà détruit par du pus qui remplissait l'espace
libre; 2*" une disjonction symétrique des deux symphyse» facro-ilia-
quBs, avec écartement antérieur plus prononcé à gauche qu'à droite,
mesure 2 centimètres d'un côté et 1 1/2 de l'autre; d9 la dernière
vertèbre lombaire semble avoir éprouvé une légère déviation latérale;
le sacrum^ d'ailleurs, n'a pas été fracturé. Mais les deux os Iliaquea
ofi'reDt desmptures à peu près symétriques : le rebord cotyloïdlau
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- 135 —
aatérîMir meurtri de chaque o6té, une fracture complète à gauche»
incomplète à droite, pénétrant l'a'ne et l'autre dans la cavité cotjf*
loïde. Les ligaments postérieurs avaient résisté, mais ils ont été dé-
truits par la macération.
J'ai iléposé au musée du Val-de*Grâce la pièce anatomique que je
présente à la Société, et qui nie semblé offrir le type des lésions mé-
canique» du bassin, comme fracturés et luxations simultanées par
écrasement.
M. HuGuiER. Le malade de M. Dolbeau est mort quarante-huit heures
après Taccident. Quelle a été la cause du décès? La lésion osseuse ne
me parait pas pouvoir donner une raison sufGsante de cette mort
rapide.
M. Dolbeau. Nous n'avons rien trouvé dans les organes internes.
li n'y avait pas d'hémorrhagie, pas de blessure du péritoine. Le blessé
se présenta à nous dans un état de malaise général très*mai:qué, de
trè8«grande anxiété.
Je répondrai à M. Lefort que dans le fait de M. Murville, il s'agit
d'une luxation du sacrum et non d'une luxation de l'os iliaque.
M. HuGCiER. Il y a, dans les cas de ce genre, une particularité cli-
nique qui a besoin d'être étudiée. Nous voyons tous les jours des lu-
dividps qui ont des lésions très-étendues et qui ne meurent pas. Chez
d'autres, comme dans le fait actuel, la mort survient à la suite de
simplee luxations, et il est bien difficile de se rendre compte de cette
terminaison fatale.
M. Panas. Dans le cas que J*ai observé, les choses se sont passées
exactement comme chez le blessé de M. Dolbeau. Je n'ai pu trouver
une cause prochaine de la mort. A partir du moment oà cet homme
entra à l'hôpital, on potvait lé cdnsidérer comme Ain cadavre. Le»
douleurs étaient vives. Il ' ir'y eut > pab sécrétion d'une cuillerée
d'urine jusqu'au moment dé la mortl
M. Larrbt. Chez le bldesé soumis à mon observation, nous avons
trouvé une péritonite; Là -vessie n'avait pas été rompue.
M. YBiNsmL. Ces malades n'étaient-tis pas des ivrognes? J'« vu
des ivrognes succomber rapidement, souvent dans les 48 hmires, à la
suite de lésions traumatiques graves. A l'autopsie, on ne trouvait au*
cune lésion susceptible de rendre compte de la mort.
ÉLECTION d'un MEMBRE TITULAIRE.
L'ordre du Jour appelle la nomination d'un membre tltulâira.
La liste de présentation est ainsi composée \
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— 136 -
/ En première ligne, ex œquo, MM. Marc Sée, Gruyoiihier fils; en
deuxième ligne, MM. Duplay, Paulet, Dubrueil.
. Sur 30 TOtants, obtiennent :
MM. Gruveiibier fils 23 voix.
Marc Sée ' 6 —
Duplay 1 —
Bulletin blanc. 1 — *
DÉCLARATION DE VACANCE d'uNB PLACE DE MEMBRE TITULAIRE.
M. LE Président déclure vacante une place de membre titulaire.
LECTURE.
M. PÉTREQuiN (de Lyon), membre correspondant, fait une lecture
ayant pour titre ;
Mémoire sur la doctrine des effets croisés dans le» lésions traumali"
ques du crdne, d* après Hippocrate et les médecins de Vantiquité.
La Société vote l'impression de ce travail dans ses Mémoires.
COMMUNICATION.
Injections iodo-tnnniqnes dans les veines.
M. Panas. Je suis peu partisan du traitement curatif des varices,
attendu qu'aucun des moyens proposés ne remplit réellement ce but
et que tous exposent plus ou moins à des accidents graves et à la mort
par infection purulente. ^
Ayant pour principe invariable thérapeutique de ne jamais juger
un moyen sans l'avoir expérimenté, j'ai cru devoir étudier les efiets
d'un nouveau liquide à injecter dans les veines, employé avec succès
à Lyon, la liqueur iodo-tannique. Les résultats dont je vais avoir Tbon-
neur d'entretenir la Société de chirurgie sont loin de changer ma ma-
nière de voir sur les injections coagulantes dans les veines. Je tiens
d'autant plus à les communiquer, qu'ils sont en contradiction avec
ceux obtenus à Lyon, et qui sont exposés dans la thèse inaugurale
d'un des élèves de cette école, M. Petrus Rouby, n"" 226, année i867.
La liqueur iodo-tannîque s'obtient en faisant une dissolution de
5 parties d'iode et de 45 parties de tannin dans 1,000 parties d'eau que
l'on réduit ensuite à iOO à l'aide d'une évaporation modérée. Le
liquide ainsi obtenu est d'une couleur brune, foncée, d'une odeur
sui generis et d'une consistance sirupeuse. Mêlé avec du sang^ ce
liquide produit un coagulum chimique, peu consistant conoparative-
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— 131 -
ment à cçiai du perehlorure de fer, et qui a la propriété de le redis*
floudredans mi liquide alcalin, eomtne le sang; aussi troufe«t-on les
élémcnls constitutifs de cette liqueur (tannin et iodc) dans les urines,
peu de temps après l'injection.
Le premier sujet de mon observation est une femme, de 54 ans,
alieinte de varices aux deux jambes, surtout à la droite, quf est eo
même temps le siège d*une exulcératioo superûdelle, large coconiê une
pièce de 2 francs. On observe sur le côté interne de la jambe plusieurs
troncs fluxueux et en particulier celui de la ruphioe interne, sur le
trajet de laquelle se trouve le petit ulcère. Il y a quelques Jours» une
iiémorrhagie abondante s'est faite par suite de la rupture de cette
Nciiic, et c'est cet accident qui amène la malade à l'hôpilal.
Lcjour décidé pour l'opération, on applique un lien compresseur
sar la racine du mollet à Teffetde faire saillir les veines, puis, àralde
d'une seringue Pravoz, je pratique une injection de liqueur lodo-
tanoique dans le tronc même de la ruphine, à trois ou quatre travées
de doigt auHlessus de la malléole, et deux centimètres loin du bord
lopérleur de Tulcère.
La douleur, qui immédiatement n'a pas été très-vive, est allée en
augmentant vers le soir, au point de rendre le sommeil impossible
jusqu'à minuit passé. Le lendemain, je trouve le membre chaud, et
un cordon rouge s'étend depuis le pied jusqu'à la racine du mollet; le
pouls est accéléré, et il y a, avec cela, tout le cortège habituel d'un
mouvement fébrile modéré. Nulle part on ne sent de caillot veineux
solide.
On prescrit à la malade de garder le litj et l'on couvre le membre
arec un cataplasme émollient.
Vers le quatrième jour de Topération, le cordon de la ruphine devient
manifestement induré, et divers rameaax collatéraux sont pris de
pblébite à leur tour.
Continuation du mouvement fébrile. On prescrit de Thuile dericUi,
^es frictions mercurielles belladonées sur le membre, et Ton continue
les cataplasmes.
Le huitième jour, on constate des traînées d'engéoleuclte, r«Dgor«
gemejit des ganglions de Taine et un empêchement œdémateux de tout
le mollet. La nuit a été mauvaise, et il y a des signés d'embarras
gastrique.
Ipéca. Le reste comme précédemment. A partir de ce moment,
Tétat de la malade est allé en s'aggravant. Le mollet devient le siège
d'une suppuration diffuse qui suit surtout le trajet de la saphène in-*
leme, puis se montre au dos du pt:'d et au côté externe du mollet.
2» série, — tome IX. iB *
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— 138 —
Piusieurs abcès sont ouverts à la lancette; la peau se détruit sur
plusieurs points^ et des lambeaux de tissu cdlulalre sphacélé sont
extraits au fur et à mesure qu'ils se délacbeiit. Parmi ceux-là, il en
est un constitué par ce que je vous présente ici, et qui n'est autre que
le tronc spbacélé de la veifte sapbène dans retendue de dix cenli-
mètres environ.
Gomme vous pouvez le constater ici, la membrane interne de la
veine est dépolie et parsemée de petits caillots adhérents; vers lebaut,
il y a un caillot brun&lre chimique qui oblitère complètement le ca-
libre du vaisseau dans Fétendue de un centimètre.
Ainsi, Messieurs, le résultat de l'injection a été non-seulement un
phlegmon diffus et une périphlébite suppurée, mais en outre une gan-
grène de la veine qui s'est éliminée. Avec de pareils résultats, je suis
d'avis qu'il faut tenir en suspension la prétendue innocuité des injec-
tions iodo-tanniques dans les veines.
Chez un autre malade où j'avais pratiqué cette injection (il s'agissait
ici d*un homme adulte, fort, charretier de profession), quoique plus
limités, les accidents phlegmoneux sjppuratifsont été les mêmes, sauf
^le sphacèle de la veine qui n'a pas eu lieu.
Ainsi, nous voyons la suppuration être la règle, et pourtant je n'ai
omis aucune des précautions qui étaient indiquées pour éviter cet
accident à la suilie de l'injection. «
Repos absolu au lit; ne permettant même pas au malade de se lever
pour satisfaire à ses besoins naturels ; et cela pendant tout le temps
du traitement.
Position élevée du membre, cataplasmes, frictions mercurielles,.
laxatifs légers, en un mot, .tous les moyens antiphlogistiques indi-
qués eu pareil cas pour modérer l'inflammation phlébitique.
Dans les deux cas, je n'avais pratiqué qu'une seule iojectioa de
15 gouttes chacune. '
11 est vrai de dire que mes malades ont échappé à Finfection puru-
ente et à la mort, mais je pense que des accidents phlegmoneux de
cette gravité méritaient d'être signalés, ne fût-ce que comme un contre-
poids aux résultats toujours heureux annoncés par nos confrères de
' Lyon.
Un point qui ressort de mes observations, d'accord en cela avec
celles relatées par M. Rouby, c'est que la liqueur iodo-tannique agit
moins comme un agent coagulant chimique que comme un liquide
irritant, produisant une phlébite étendue. Aussi observe-t-on ce fait,
digne de remarque, que le caillot n'est manifeste que le troisième jour
de l'opération (caillot consécutif à la phlébite suscitée par l'agent, chi-
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^ 139 — •
miqtté)/ ei qu'il disparait plus tard, au moins en grande partie,. au Heu
de persister, comme cela arrive pour le perchlorure de fer.
PEBSBNTATION DB PIÈGE.
FAusse membrane provenant d'une hémntoeéle de In
tnnl^ne vaglnnle.
M. Panas. La deuxième communication dont j'ai Thonneur de vous
entretenir est relative aux opérations que Ton peut entreprendre con«
tre rhématocèle de la tunique vaginale. •
Vous eonnaisaez tous la décortieation de la tunique Tagînale, et un
certain nombre de succès obtenus par cette méûiode. Ce que Ton
connaît moins, ce sont les insuccès auxquels elle 'expose, et c*est une
chose sur laquelle il faut d'autant plus insister qu'on ne l'a pas assez
répété.
Étant à l'hôpital du Midi, je fis, en i864, une décortieation suivant
les règles chez un homme venu exprès du fond de la Bourgogne
ponr se faire opérer dans les meilleures conditions de santé. L'opé-
ration faite parmoi, en présence et avec le concours de notre trë's-
regretté collègue Folltn, eut pour résultat la mort du malade, par
phlegmon gangreneux, survenue cinq jours après l'opération. Ce fait
m'ajant très-péniblement impressionné, je me mis en quête de faits
"semblables observés de nos. collègues dont l'expérience était plus
grande que la mienne, et tous ont été en mesure de déclarer la dé-
cortieation une opération souvent grave et même mortelle. Je pois
ici, sans indiscrétion, je crois, citer M. le professeur Denonviliiers,
qui, avec la loyauté scientifique qu'on lui connaît, m'a dit avoir perdu
deux malades, déclarant que jamais il ne voudrait plus se risquer à
exécuter cette opération.
Je sais, messieurs, que l'on peut vous citer des exemples heureux,
mais les cas de mort fussent-ils encore plus rares, que je n'hésiterais
pas à abandonner la décortieation pour quelque chose de moins grave,
si nous pouvons obtenir ainsi la guérison.
Pour arriver au résultat désiré, il suffit que, par un moyen ou par
un autre, on débarrasse la tunique vaginale de la néomembrane,
souvent épaisse, qui la double en cas d'hématocèle ou.d'|)ydrocèle
ancienne. Ce que la décortieation fait d'un seul coup, mais avec dan-
ger de mort, la suppuration de la cavité séreuse le produit un peu
phis à la longue, mais aussi avec plus de sécurité pour, le malade.
C'est pourquoi nous«pensons que l'incision simple de la tunique vagi-
nale, suivie de suppuration à l'air libre ou en bourrant légèren^nt la
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^140 —
poehe de elwple, eonititue le tneilieur él le plue eimple des traite^
mente en pareile cas.
Chez un malade que j'ai encore dans mes salles à l'hôpital Sainl-
Ântoine (il s'agissait d'un garçon de 19 ans, et qui portait son béma-
locèle depuis six ans), j'ai tep,u cette conduite, et le malade se trouve
aujourd'hui radicalement guéri. Un phénomène fort remarquable
s*cst montré ici, c'est q^u'à un moment donné, trente jours après Téta-
Ulsfement de la suppuration du sac, toute la Déomembrane s'est dé-
tachée d'ttoe seule pièce. Void cette poche qui* offre une paroi extefoe
blanchâtre et lisse, c*est celle qui était en rapport A?ec la séreuse, et
une faee interne rpugoeuse, tapissées de caillots Abriaeux comme les
parois d'un vieil anévrysme artériel. C'est là une cirooDStaBce iieu"
reuse qui abrège le traitement, et, tout exceptionnelle qu'elle est«
vient en faveur du traitement des hématocôles.et des vieilles hjr4ro*«
cèles, avec épaississe/nent considérable des parois de la tunique va-
ginale par les incisions simi^es suivies de suppuration, au lleu.de
l'opération toujours dangereuse de la décorlieation.
Le but de cette communication n'est pas de fixer définitivement
l'opinion sur la décortication, mais de faire appel à de plus expert*
mentes que moi, en vue de nous aider à résoudre cette question. hn«
portante de pratique chirurgicale. . .
M. Desprbs. Depuis quelques années, on a remis à l'iufdre do Jour
la question de ïk déeortication de la tunique vaginale, je tiens à dire
que la déeortication n'est pas ce qu'elle éUiit autrefois; M. GosseUa
lui-même a modifié sa méthode de traitement des hématoeèles. Il se
contente aujourd'hui de faire une incision aveo excision de la tunique
vaginale, en vue de provoquer une inflammation suppurative et par
suite l'oblitération de la cavité.
M. LÉON Làbsé. Je ne sais sur quel fondonent s'appuie M. Dee-^
près pour affirmer que M. Gosselin a abandonné son procédé de dé-
cortication de la tunique vaginale* Tout récemment encore, il. Go8<-
selin a emplojé avec sueoèSi dans un cas d'bématooèle double, sa
méthode telle qu'il l'a décrite dans son premier mémoire.
PXÉSBNTATION DB lULAIHB.
€•01^ lie §en de Ift fnee. Reataupatlon par rantûplastle
et la pvatlièae.
11. TaiLAT présente un malade qui a subi plusieurs opérations de
proUiène et d'anaplastie pour la restauration d'un eonp de feu de la
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- 141 ~
M. TPéiftt. îm résflôuroes combinées des inélèock» réparàtriMà
NodMt chaque Joar de précieux services dans la pratique de notre
art; et lea guerres de Grimée et d'Italie nous ont permis plus d'une
fois de juger de leurs bienlatts.
J'ai eu récemment roocasionde restaurer, par une série d'opérations
et d'appareils protliétiques, la làee d'un blessé qui m'était adressé de
province par un de me» eicellents amis, M. le docteur Dutard, et
quoique la régularité primitive des formes n'ait point été entièrement
rétablie, les fonctions sont actuellement presque normales, et la forme
singulièrement améliorée.
L'accident (coup de fusil tiré sous le me.ntûn)^ avait eu lieu le
27 janvier 4867, et avait produit dans le squelette et les parties molles
de la face un délabrement considérable. La bouche tout entière et la
fosse nasale gauche formaient un énorme hiatus bordé de lambeaux
noirs et déchiquetés. Pendant les premiers temps, l'alimentation pré-
senta des difficultés considérables ; enfin, grâce à des pansements con-
venables et à l'air des champs, la guérison fut achevée au ]>out de
trois mois. Les plaies étaient cdors cicatrisées, mais la parole était des
plus confuses, la mastication absolument impossible, la déglutition
elle-même difficile* Pour se nourrir, le malheureux blessé en était
réduit à plonger sa face dans une Jaite contenant un aliment liquide,
lait, vin ou bouillon, et à humer le breuvage.
C'est dans ces conditions qu'il me fut adressé et que Je le reçus dans
mon service de Saint^Antoine, le 2 novemI)re 1867. J... L... est âgé
de 37 ans, vigoureux et de taitle moyenne. Sur le côté gauche de la
face on constate : en bas et à deux centimètres de la ligne médiane
du menton une cicatrice verticale profondément déprimée, qui rejoint
le bord labial près de la commissure. Ce point de la lètre, ainsi que
la commissure, sont constitués par un tissu cicatriciel épais et résis-
tant. Une autre cicatrice verticale, assez souple, gagne le sillon de
laiie du nez qui est fortement attirée par la ligne cicatricielle ; enfin
le sillon (fii sépare le nez de la joue est le siège d'une longue fistule
qui a près de 4 oentimétres sur 1 de large* Au fond de cette fistule on
voit à nu la muqueuse des fosses nasales. ^
Le maxillaire inférieur a perdu six dents, les incisives une canine
et une petite molaire, et les deux fragments qui le constituent sont
restés largement écartés et mobiles l'un sur l'autre. A travers leur
écartement, la langue adhère, près de sa pointe, à la cicatrice de la
lèvre inférieHrCi De plus les fragments, n'étant pas soutenus, sont
ramenés en dedans et augmentent la dififormité extérieure.
Toute la portion gauche de la voûte palatine et du bord alvéO*>
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-^ 142 —
laire correspondant est détruite. La bouche et la fosse nasale Com-
muniquent largement. La lèvre ne forme qu'un pont jeté au-dessus de
ce cloaque. La portion conservée du bord alvéolaire, qui confine à la
perte de substance et qui porte trois incisives, n'est réunie que par
un col fibreux et reste mobile sur le maxillaire. Cependant, le voile
du palais est conservé dans son intégrité.
La figure suivante donne une idée des lésions.
Bien que ces désordres, dont je donne une description som-
maire, ne fussent pas au-dessus des ressources de Tart, ils étaient
cependant assez nombreux et étendus pour nécessiter ' une série
méthodique d'actes opératoires.
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— 143 —
Je oompieoçai; par fermer la fistule nasale et agrandir Fouverture
de la bouche, bridée par la cicatrice commissurale. Cette opération»
pratiquée le 16 novembre, fut facile et eut les suites les pÂus heu«
reuses. Je réunis les boi;ds de la fistule, après les avoir avivés et
FlG. 1.
FiG. 2,
y^. 3.
décollés, et pour la bouche, je me bornai à fendre la commissure ei à
suturer la muqueuse de la joue avec la peau correspondante.
Lé 12 décembre, je décollai la face interne de la lèvre inféileure
des adhérences anormales qu'elle avait contractées avec les fragments
du maxillaire, et pour obtenir la persistance de ce décollement, je
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- 144 -
recMiumB toute la turfaee sanglante par aa petit lambeau oMiqueux
empranté à la partie saine de la lèvre.
Lensdademe suivit à rfa6pital Saint-Louis, et je le livrai alors,
avee une bouche qui pouvait s'ouvrir et une |èvre inférieure mobile,-!
M. Dejardin, dentiste habile qui voulut bieo me prêter son concours
pour cette restauration complexe.
Le 16 janvier, une variole contractée dans les salles, où elle règne
pour ainsi dire à Fétat endémique, vint interrompre tout traitement.
Dès la fin de mars^M.Dejardin put reprendre son travail et substituer
des appareils définitifs à ceux qui avaient été précédemment appliqués
elqui avaient pour but d'accoutumer les parties au contact, et, sur-
tout pour la mâchoire fftféffeore, à produire Técartement convenable
des deux fragments.
A la fin de mars la prothèse était terminée et deux pièces séparées,
une pour chaque mâchoire, corrigeaient d'une manière très-conve-
nable les pertes de substance des os et l'absence des dents.
La figure 2 représente la pièce de la mâchoire inférieure ; les figures
3 et 4 la pièce de la mâchoire supérieure vue sur ses deux faces.
Le 29 mars j'exécutai la dernière opération plastique destinée à re-
lever et à soutenir l'extrémité gauche de la lèvre inférieure qui était
encochée et tombante à ce niveau , et qui laissait parfois écouler la
salive.
Je taillai, à la partie inférieure de la joue, un Jambeau rectangu-
laire à base inférieure, et dont l'axe longitudinal était dirigé en haut
et en dehors. Je détachai le bord muqueux déjà lèvre de sa partie
cutanée ; je détruisis une petite portion triangulaire formée de tissu
inodulaire, puis amenant le lambeau disséqué au-dessous de la lèvre
par une inclinaison d'un ^uart de circonférence, de telle sorte que
Taxe se dirigeant en dedans au lieu de se diriger eu dehors, je réunis
le bord supérieur du lambeau avec le bord muqueux de la lèvre, de
telle sorte que ce bord était à la fois soulevé, reporté, et légèrement
attiré en dehors. Quelques points de suture (métallique), placés sur
les côtés du lambeau, lui assurèrent une parfaite immobilité.
La guérison de cette dernière opération était complète au bout de
dix jours, et aujourd'hui (16 avril 1868), Topéré quitte l'hôpital.
Ainsi que je l'ai dit plus haut, l'amélioration est grande sous tous
les rapports. La forme n'a plus rien de choquant; la préhension des
aliments est devenue facile à l'aide des procîèdés habituds, euilter et
fourchette*
La mastication n^est pas encore très-facile, le malade ne portant
ses nouveaux appareils que depuis très-peu de temps; mais les pro*
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-- ] 45 ^
grès qu'il fait permettent d'espérer qu'il arrivera à mâcher des
aliments résistants. Enfin la parole a complètement changé de carac-
tère. Toutes les lettres sont régulièremeet prononcées, sauf le C, qni
ressemble un peu au GH, et le P, qui tire sur TF; malgré ces deux
incorrections légères, le langage est parfaitement inlelligible, surtout
depuis la dernière opération^ qui a mobilisé et assoupli la lèvre infé-
rieure.
La séance est levée à cinq heures et demie.
Le secrétaire^ Q> • Léon Labbé.
SÉANOB DU 22 AVRIL 1868
Présidence de M. LEGOUEST
Le procès-verbal dé la précédente séance «st lu et adopté.
gORBESPONDANGË.
La correspondance comprend :
— Les journaux de ta semaine. . •
— Le Bulletin de thérapeutique,
— Le& fascicules 1 et 2 dy tome II (3* série) du BuUetin de l'Aca-
démie rqyale de médecine de Belgique.
— M. Giràldès offre à la Société plusieurs ouvrages : Maladies de la
peaUy dé F. Hebra; traduction anglaise éditée par la Sydenham
Society. ^Glaucoma and its cure by Irideclomy, hySœXherg Wells.—
A Sketch ofPrindples and Praciice cf subcutaneous Surgery, by. Wil-
liam Âdams. — Dissertatio inaugurdis exhibons hodiernam aneurys^
maiwn doctrinam, par H. Van Leuven. 1843.
A Toccasion du procès-verbal : •
M. DemarOuat. La communication de M. Panas relative à l'opéra^
tion de l'hématocèle de la tunique vaginale, m'a vivement intéressé.
J'avais été séduit par les indications fournies dans le travail de
M. Gosselin, et f avais adopté sa pratique de la décortication. J'ai
obtenu d'abord de très-beaux succès, mais depuis, j'ai perdu deux
malades à la suite de cette opération. J'ai alors incisé la tunique vaginale
et, fait un pans^neot avec un digestif, et j/ai encore eu des accidents.
2« série. -^ tome ix. 19
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'^ 146 — ^
Dans ptasieure ca8 où je n'ai pu reconnaître la fausse membrane»
tout a fiUppuré, et les malades ont guéri.
En somme, j'ai obtenu de meilleurs résuliats depuis que je n'ai plus
pratiqué la décortication, et aujourd'hui, je préfère revenir au procédé
ancien.
M. GiRALDÈs. La décortication m'a donné de bons résultats; j'ai eu
occasion de la pratiquer chez trois individus affectés d'hématooète
vaginale, et tous les trois oni guéri sans accidents.
M. Ghassaignag. L'opération de la décortication m'a toujours paru
.une opération d'une difficulté très-gfsnde.
L'opération de la décortication me paraît èlre une espèce de castra-
tion sans ablation du testicule.
A l'hôpital Lariboisière, j'ai observé plusieurs cas d'hématocèle.
Pour guérir les malades, je pratiquais le drainage et je faisais ensuite
injecter de la teinture d'iode dans la tunique vaginale; j'ai ainsi
obtenu des succès très-satisfaisants.
M. Després. Dans la dernière séaace» j'ai affinné certains faits
relatifs à la pratique de M. Gosselin, et M. Labbé les a niés. J'ai fait
des recherches qui m'autorisent à affirmer de nouveau que M. Go$-
selin a modifié son procédé.
Il y a plusieurs années, à la Société de chirurgie, il y a eu ici une
discussion sur ce sujet, et il a été convena que l'ott ne dev<Û^ P9B,
qu'on ne pouvait pas enlever la fausse membrane qui recouvrait le
testicule.
L*anatom1e pathologique de ce qu'on appelle rhémaUMèle de la
tunique vaginale, a fait aujourd'hui des progrès, eto« peut dire qu'il
y a deux espèces de lésions auxquelles la décortication a été «ppli-^
quée : une hématocèle et une inflammation dironique de la tunique '
vaginale. Dans le premier cas, il y a des caiiioU sanguins et des
fausses membranes inflammatoires; dans le seotod.eas, c*eet va
épaississement de la tunique vaginale. L'opératiim, alors, ceosiete à
racler la tunique vaginale ou à enlever cette tunique vaginale épaiiele.
Or, du moment que Ton n'enlève pas la tunique vaginale du lesfticule
même, l'opération reste, dans le second cas, une incision avec excl-
usion, avec cette différence que la peau est conservée.
comnmicATioff.
Fondation de prix par madame Latiorie.
H. Yernevil annonce h la Société de chirurgie qu'âne letlK lui a
été adressée par II. le docteur de Laurès, ami et exécateur leetanen*»
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-147 -
taire de notre regretté cofîègue ^borie, potir faire connattro à là
Société de chirurgie une disposition des pîu« libérales, donf la^euve
de notre confrère a pris IMnitîative.'
Madame Laborie, dans sa générosité, voulant honorer la mémoire
de son mari, désire fonder un prix annuel de 1,200 franco pour per-
pétuer son nom dans la science.
Dès à présent, le capital de cette renie annuelle est mis à la dispo-
sition de la Société de chirurgie. Celle-ci arrêtera un programme de
prix et le soumettra à l'approbation de la donatrice.
Une lettre de remerclmentô sera écrite à madame Laborie, et nne
démarche sera faite auprès d'elle pour lui témoigner toute la recon -
naissance de la Société de chirurgie.
LECTURE.
Umw l'AppUemlloià de 1» sature osseBM mm (ralleincjit «ki
lice-de«lièTre double eompliqué de saillie de Tes Intev
niexillaièe» mwee deux obserTations.
M. Broca. Dans la discussion qui a eu lieu récemment à l'occasion
du cas de bec-dè-lièvre compliqué présenté par M. Demarquay, j'ai
mentionné une opération que j'ai faite l'année dernière dans un cas
analogue, et où la conservation du tubercule ossçux a parfaitement
réussi, le viens donner à la Société quelques détails de plus sur cette
observation, qui est peut-être unique jusqu'ici, et qui démontre la
possibilité d'un fait nié par la pluparl^des chirm^^s.
On s'accordii généralement à dire auj<Hid^hciî êfiie le tubercule
incisif formé par la présence des deux or intermaxHIaires, doit être
enlevé, sUivatit la méthode de Franco, toutes les fois qu'il fait, en
avant des os maxillaires et au-dessous du nez, une Saillie notable, Ce
n'est qtt^à regret que les chirurgiens se sont décidés à faire ce sacrtflce,
«t à produire sur l'arcade dentaire une mutilation irréparable. Mais,
d-tttte part, la salUie de Tos incisif s'opposie absolument à fa présence
ûtB parties molles. Il faut donc faire disparaître cet obstacle; et, d'une
antre part, les procédés suivis pour refouler le tubercule osseux en
arrière n'orit donné, jusqu'ici, que des résultats défectueux. Ces pro-
cédés «ont au nombre de trois : la compression graduelle, la fracture
de la cloison des fosses nasales, et l'excision en V de cette cloison.
La compression, employée par Desault, n'est appffcable qu'aux cas
où la saillie du tubercule osseux est ifès-peu considérable, et elle
échoue d'ailteurs presque toujours, parce que la cloison des fbssei^
nasales, beaueMif) plus épaisse et beaucoup plus solide qu'à ï'Mkt
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— 148 —
normal, oppose ordinakoment aux moyens de comprpssioa.une résijs-
taoce presque invincibie. Ënûn il est douteux que le tubercule, u^ie
fois refoulé, puisse se consolider, entre les os maxillaires, à un degfé
suffisant pour servir à la mastication.
Bicbat nous dit bien, en parlant de la petite opérée de Desault, que
les aliments ne revenaient plus par les narines et que le vice de pro*
nonciation était corrigé, mais il ne parle pas de Pétat de la mastica-
tion, de sorte qu'il est permis de mettre ea doute la solidité de Tes
intermaxillaire.
La fracture de la cloison des fosses nasales, opérée une fois de
vive force par GensoUl, a permis à ce chirurgien de réduire le tuber-
cule osseux et de réunir les chairs avec succès. Mais le sujet était âgé
de 1 3 ans ; or, il est bien rare que les becs-de-lièvre doubles et com-
pliqués d'une forte saillie de l'os iqcisif soient opérés aussi tard.
L'opération se pratique presque toujours chez de* très -jeunes enfants,
et, à cet Age, la cloison ne se laisserait pas aisément fr^turer, ear
elle est encore en grande partie cartilagineuse, et elle joint, à une
très«-grande épaisseur, un certain degré de souplesse. Il ne serait pas
impossible, sans doute, de vaincre sa résistance et de la rompre, en
employant une force suffisante; mais on ne peut savoir où s'opérerait la
fracture, qui pourrait, à travers la lame perpendiculaire de Tethmoïde,
se prolonger jusqu'à la base duerâne. Puis, la fracture une fois pro-
duite, la réduction ne pourrait se faire qu'à la faveur d'un chevauche-
ment qui doublerait l'épaisseur de la cloison et rétrécirait considéra- .
blement les fosses nasales. Ces difficultés ont fait reculer les
chirurgiens, et le fait de Geusoul, qualifié par Malgaiene de « tenta-
tive hasardeuse » , est resté unique jusqu'ici.
Le procédé de Biandin est iocomparablement meilleur : il consiste
à pratiquer dans la cloison, avec des cisailles, une perte de substâ,nce
limitée par deux incisions qui, partant l'une et l'autre du bord inférieur
de la cloison, se réunissent en haut en forme de Y renversé. Le tuber- ^
cule^sseux médian,' devenu mobile, peut alors être aisément refoulé en
arrière, et la réduction est obtenue sans produire le chevauchenricnt
de la cloison, Técartement des branches du Y ayant été calculé, de
telle sorte que ces deux J^ranches sont amenées au contact lorsque le
tubercule est réduit. On procède alors à l'avivement et à la céunion
des parties molles.
Ce procédé a donné lieu à plusieurs objections. En premier lieu, la
section de la cloison est presque toujours suivie d'une hémorrbagie
difficile à arrêter. 11 y a dans cette cloison, qui est très-hypertrophiée,
une et quelquefois deux artères qui fournissent du sang en abondance
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-^149 —
etqiâ, renferâséesidaiia aaeaaial osseux ou cartilagiamis, ne peavent
être lié^. M. Goécard» -qo! « appUqaé plusieiirs fois le proeédé de
Biandin, a obvié à cet Joo<>Ayéttieat aumoyai de la caûtéHsailion
actuelle pratiquée avec un cautère eu bec d'oiseau, ta oiéihode
galvaao-caustique permet. aujourd*biiH 4e faire très^^faeil^ment celte
eajilérisatioQ. Je. me sers, pour cela, du petit eautèire pointu et
recourbé que M. Mkldeldorpf a fait construire pour cautériser le canal
nasal. Avec cet instrument, on limite la cautérisation à l'orifice même
de Tartère, et la petite eschare tombe assez promptement pour
ne pas retarder la'cicâtrisation de la. cloison. La première objection
est donc résolue.
Un autre embarras résulte quelquefois du volume trop considérallle
du tubercule osseux médian, qui peut se trouver trop large pour péné-
trer dans récartement de Tarçade alvéolaire. Mais on peut toujours y
remédier en excisant' une partie du tubercule.
Mais il reste une troisième objection qui, jusqu'ici, a paru décisive.
Le tubercule osseux n'est fixé, que par laeloison, qui se consolide sans
doute en se cicatrisant, et qui probableim^^nt même se réunit, au naoins
en partie, par un cal osseux, mais qui ne donne qu'un point d'appui
insuffisant au tubercule incisif suspendu au-dessous d'elle.. Ce tuber-
cule, dont les bor^s sont libres d'adhérences, reste toujours plus ou
moins mobile entre les deux maxillaires; les dents qui s'y implantent
ne ^peuvent servir à la mastication, et le bénéfice du procédé de
Blandin devient, par conséquent, illusoire. C'est ce qui résulte de
toutes les enquêtes qui ont été faites sur les suites de cette opération ;
la question a été agitée plusieurs fois. dans les discussions de la
Société de chirurgie, et tous ceux de nos collègue^ qui ont pris la
parole se sont accordés à dire qu'il n'existe pas un seulc/^tOÙ les
résultats définitifs du prpcédé de Blandin aient été satiafaisants.
L'aviyement des bords. du tubercule et de la fente maxillaire, -
emplc^é, en 1843, par M. Debrou comme complément du pro-
cédé do Blandin, ne suffit même pas à fixer l'os incisif. La cicatrice
puréiuent fibreuse, que Ton obtient ainsi, n'a pas la solidité nécessaire
pour résister à la pression de la mastication, et le tubercule conserve
todjottre'unè certaine mobilité.
Dans le seul cas, à moi Connu, où ce procédé ait été appliqué, le
résultat immédiat parut d'abord favorable; le tubercule semblait
solide, mais ce n'était qu'une apparence. M. Demarqu^y, écrivant
Fannée dernière un article de dictionnaire sur le bec-de-lièvre,
a demandé à M* Debrou des nouvelles de son opéré, qui est encore
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— 130 —
Le tubercule s'est dérlè en arrière, et Y me M indtlfes qn'S sut»**
porte est dirigée vers la langue, qui n'en est eependattt pas gênée;
mais, il n'est nuliement soudé aux os maxillaires, et on peut Hnoliner
en àrant et en arrière (1).
L'objeolion tirée de la moMIfté du tubereule osseux, ffol reste
inutile et même gênant après la guérlsendu bee-âe^lièvre propresseni
dit« est évidemment applicable aux proeédés de Desault etdeGenFe»!
aussi bien qu*à celui de Blandin.
Lesehirurgiens sont donc revenus aujourd'hui au principe qui avait
prévalu depuis Franco Jusqu'à Desault, et qui cbnstile à pratiquer
Texcision totale du tubercule incisif. Il est certain qu'en aglssam
ainsi, on simpltiie beaucoup ropération; mais les quatre dents léci-
sives sont à jamais perdues; et de plus, ainsi que Desault Tavalt déjà
remarqué, la cicatrice labiale, tMillant les chairs de la joue, amène
peu à peu le rapprochement des os maxillaires^ qui, quelquefois
même, arrivent à se toucher sur la ligne médiane. L'areade dentaire
supérieure, devenue beaucoup plus courte que l'inTérieurf^, ne cofneMe
plus avec elle, ce qui produit à la fin une difformité fâcheuse et uoe
gêne notable de la mastication.
C'est ce qui m'a décidé à faire de nouvelles tentatives pour con*
serrer le tubercule osseux. La seule objection sérieuse tirée de la
mobilité. et de rinutilité de ce tubercule ne m'a pas paru satis
réplique. J'ai pensé qu*un avivement latéral, portant sur le tiseti
osseux et suivi d'une suture appliquée sur les' os eux-mêmes, avait
toutes chances d'amener un travail de consolidation parfaite, un^
réunion par un cal osseux. J'ai mis deux fols cette idée en pratiqua»,
et je viens soumettre h la Société les résultats que j'ai obtenus.
Mon premier fait est sans nalenr au point de vue de la querstion de
la soudure osseuse, puisque l'enfant n'a pas vécu. Mais il est lntérefl«>
sant en ce sens qu'il nous offre un exemple ^tmé vi^éié rare ût fa«e-
de-.lièvre compliqué.
Il y a deux ans environ, pendant que fêtais chirurgien de l'hôpital
(1) Voir Tobservation de M. Dêbrou <lans le BulMin êê théftifeutifue,
1844, t. XXYII, p. 441, et rarticle Bec-de Lièybk de M. Demaïqnay, dana
le Noureau Dictionnaire de médecine et de chirurgie^ 1806, t. ïv, p. 710.
On Ut dans cet article, d'après une note rédigée par M. DebMtt t ■ L» toa-
dure 0B«eu9e^'a donc paa eu lieu, malgré le eoin'qni avait élé pria dans
Topération de ne pas aviver' seulement la mnt^ueuse, maia d'entaacrles bonis
osseux de Tos inter maxillaire. » — Mais on lit dans le Bulletin éê thérapeu-
tique^ loc. cit. : c Le lendemain, M. Debjou commença par aviser, ^vec ttn
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— 151 —
Saui^AiitoiM, nos eoUègne et funi M. AteiilBld, ebârgé du terti»
des nourrices, me présenta un enfant âge de i 3 jours et atteiot d«
bae-de-iiètre double» avec saillie du tubercule incisif, tubercule sus-
pendu au-dessous du nez, faisant, en avant des os maxillaires, une
sailie ttédlane d'environ 1 centimètre seulement; mais la doison qui
le supportait était assex épaisse et assez résistante pour opposer un
obstiîcle absolu à la réduction, il n*y avait, d'ailleurs, aucua écarte^
sent des os maxillaires, et c'est ce qui constitue la rareté du (kit. Le
telle du palais était normal, ainsi que la voûte palaiioe. La compii-
estîoii dû bec-de*lièvre était exclusivement limitée aux os inter-
naxfUab'es, qui s'étaient sondés sur la ligne médiane et qui, sur les
sMés» ne s'étaient pas unis aux os -maxillaires.
La féhle-du squelette n'avait donc pas, comme d'habitode» la forme
d'ua y, mais seulement la forme d'un iT dont le sommet oorrespondalt
au trou palatin antérieur, et dont Tôuvertore, correspondant au tro«
aMoiaire, avait un peu plus d'un eentimètre de large. Le tubercule;
comme d'habitude, était notablement hjrpwiropbié, et sa largeur était
plus grande que celle de la fente de Tarcade alvéolaire.
l'ai Tbabitude,' lorsque rien ne s'y oppose, d'opérer le plus M pos-
«ble le bec-de^lièvre simple ou compliqué, fût-ce même le Jour de la
aaieeanoe; mais cet enfant était si chétif, il était dans un tel état de
maigreur et de faiblesse, qu'il paraissait n'avoir que quelques jours à
vivre. Je jugeai donc inoppcNrtun de l'opérer immédiatement. Toute-
km, eomine la mère semblait très*impat1ente de faire tkire l'opération,
je lui promis de la pratiquer dès que l'enfant irait un peu mieux, et
je rajoumai à quinzaine. M. Axenfeld partagea mon opinion, mais
treb jours après, il vint m'annoncer ({U'il avait découvert la vraie
cause du. dépérissement de renfant. Il résultait, des propos tenus par
la mère, qu'elle était biet^ résolue à ne pas élever ce petit monstre et
à le laisser mourir de faim; mais qu'elle était prête cependant à
prendre soin de lui et à lui rendre sa tendresse si la chirurgie pouvait
loi rendre une figure humaine. En présence d*une pareille situation, .
toute hésilalion devait disparaître, et quoique l'enfant eAt encore
I BotaUenaenl dépéri depuis trds jourft, je me décidai, pour ainsi dire
Ustcmri, les bords de la ptrtis Taoy^m» an la lésioti. Aussitôt «près, il
détadba, à rude d'une pin^ à oroohet et da biftoori, on lambeau de. la
muqueuse sur cbacun des points correspondants du tubercule osseux inter*
BsaziUaire et de là partie de Vos maxillaire avec laquelle il devait se trouver
en rapport après réparation. Il ne resta plus qu^à rafralcbir avec les
dsewui, les parties latéialsi de la lèvre, et k &ûe la véuniou par sutare. »
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tft eatremis, à idi procufer, par l'opération* la seule chaace dtf é^ï
qui pût lui rester. .
Je pratiquai doue cette opération en présence de M. Axenfeld : j'at-
taquai d'abord la cloison, suivant le procédé de Blandin ; dès que l6
segment en Y fut «nleyé^ je cautérisai, avec le cautère aigu de Mid-
deldorpf, la petite artère de la cloison; puis j'avivai, avec un fort
scalpel, le tissu osseux des deux bords du tubercule incisif et des deux
bords de la fente de Tarcade alvéolaire; enfin, avec un poinçon, je.
perforai obliquement, de chaque côté, les deux bords correspondants
des pièces osseuses, et, poussant un fil d'argent dans chaque trajet,
je fis sur lés os deux points de suture, l'un à droiie, l'autre à gauche.
Le tubercule incisif reprit ainsi exactement sa place, et lorsqu'il fut
bien fixé, je fis, à l'aide de plusieurs fils d'argent, la réunion des deux
moitiés de la lésion, préalablement, décollées parla dissection. Le tuber-r
'cule labial médian fut employé à former la sous-cloison, mais comme
il était fort court, je ne pus fixer son sommet dans la partie supé-
rieure de la suture labiale sans exercer un tiraillement assez fort sur
la pointe du nez.
L*enfant avait perdu fort peu' de sang pendant l'opération; le len-
demain, l'état local était excellent; la difformité était parfailemeal
corrigée; il n'y avait pas de gonflement. L'état général ne paraissait
pas s'être aggravé. La mère, qui semblait fort satisfaite, et qni, dans,
le fait, avait pris grand soin de son enfant depuis l'opération, déclara
qu'elle ne pouvait rester plus" longtemps à l'h^pilal et fit signer sa
sortie, en promettant de venir tous les matins nous montrer notre
petit opéré. Elle revint effectivement le lendemain : les parties étaient
encore dans le meilleur état, mais l'enfant était toujours aussi faible,
et il succomba probablement dians la journée, car: la mère ne reviat
plus à l'hôpital.
Celte terminaison n'était que trop prévue, et, si je n'axais pas eu la
main forcée, je n'aurais pas pratiqué une opération dans des condi-
.tions aussi défavorables, mais celte première tentative m'avait, du
moins, appris. que la suture osseuse était' facile à appliquer, qu'elle
compliquait peu l'opération, et qti'en fixant le tubercule indsif sur le
plan de l'arcade alvéolaire, elle favorisait le rapprochement des par-
ties molles et la formation de la sous-cloison du nez au moyen
du tubercule labial médian. Je jugeai donc qu'il n'y a^vait pas lieu de
renoncer à ce procédé, et je me promis de l'appliquer de nouveau à
roccasion.
Je me demandai toulefois s'il était opportun, en pareil cas, de faire
en une seule séance une opération qui se compose de deux parties
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très-dislipctee, et évidemmeot séparables : la réduction et la réunion
des 08, Tavivemeat et la réunion deB parties molles. Blandin avait l'ha*
bitade de pratiquer dans une première séance Texcision triangulaire
de la cloison et la réduction du tubercule; il appliquait ensuite sur la
lèvrA un bandage compressif, qui maintenait le tubercule dans sa
nouvelle position; et au bout d'une ou plusieurs semaines, il avivait
et réunissait les cbairs. Dans le cas de M. Débrou, la cloison fut
'etdsée le premier jour ; i'avivement du tubercule et ta réunion de la
lèvre furent fa^s le lendemain. Cette séparation des deux temps de
Topération a l'avantage de ne pas fatiguer l'enfant par une séance
trop longue; et lorsque Tlntervalle est de plusieurs jours, le petit
opéré a le temps de réparer la perte de sang^ ord^naireméDt assez con*
sidérahle, qui duit rexcisîoa du vom^. Mais oo peut, comme je l'ai
déjà dit, réprimer immédiatement avec le cautère électrique l'hémor^
rhagie de la cloison. Maintenant, on peut se demander si uq jeune
eafant sera moins fatigué, moins épuisé, par deux opérations par-
tielles que par une opération plus longue, mais unique. Je pense c(ue,
SOQS ce rapport, l'avantage est du côté de l'opération unique. Ce n'est
donc point là ce qui me ferait hésiter. Mais 11 y a un argumeat sériettx
à invoquer en faveur de la pratique de Blandin. On se propose tou'*
jours de former la sous-cloison au moyen du tubercule labial mé-
dian. Or, lorsque la saillie de Tinter-maxillaire est très-considérable,
le tubercule labial est trop court pour pouvoir être amené, sans beau*
coup de tiraillements, jusqu'au niveau du bord supérieur de la suture
de la lèvre. C'est en vain que, pour le rendre plus élastique, on ie
dissèque, de bas en haut, dans une étendue de quelques millimètres;
loreque la suture e^ terminée, on voit que le tubercule labial, devenu
horizontal ^t transformé en sous-cloison, attire fortement, en bas
et en arrière, la pointe du nez, que Félastielté des eaKilages nausaux
tend, au contraire, à relever. La suture se trouve donc aux prises
avec cette élasiieité, dont Faction, faible sans doute, mais continue,
oppose un obstacle très-grand au succès de la réunion dé la sous-
cloison. Celle-ci se sépare presque toujours de .la lèvre proprement
dite, et, soik sommet forme, au dessous du nez et au-devant de là
lèvre réunie, un petit tubercule disgracieux, qu'il est ensuite néces-
saire d'exciser. 11 est clair que ropération en deux temps atténnerait
beaucoup l'inconvénient qui résulte de la trop grande brièveté du tu-
bercule labial. Le tubercule osseux, une fois refoulé en arrière et fixé
solidement par la suture osseuse, attirerait fortement, en bas et en
arrière, le tubercule charnu médian qui s^ifisère sur lui, et le retour
élastique des cartilages du nez, ne pouvant triompher de la résistance
2° série. -^ tome ix . 20
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— 154 — •
des 6Is mélalUques qui traversent les os, amènerait très-probable- .
ment, au bout de quelques semaines, rallongement du tubercule
cbarnu qui doit former la sous-cloisôn. Cet allongement favoriserait
beaucoup le succès de la seconde partie de Topération.
Telle était la question que je m'étaia posée, et que je n'avais pas
encore résoltfe, lorsqu'un confrère de la province, M, le docteur M...,
vint à Paris, au mois d'avril 1867, pour tiae prier d'opérer son fil»,
âgé de 2 mois et demi, et atteint d'un bec de lièvre double, compli-*
que de saillie du tubercule incisif. Je lui fis part de çies hésitations,
et il les comprit parfaitement, j'inclinais à faire toute l'opération
en une seule séance, tout en reconnaissant qu'une opération en deux
temps pouvait ofi'rir quelques avantages. Réflexion faite, il donna la
préférence à l'opération en un seul temps, et, dès lors, je n'hésitai
plus. .
L'enfant était atteint d'une gueule de loup aussi complète qiie pos-
sible. Le voile du palais, la voûte palatine, étaient divisés dans toate
leur longueur. Le tubercule inter* maxillaire faisait, en avant des os
maxillaires, une saillie de 15 millimètres, et était suspendu au bout
du nez. Sa direction était. très-oblique; sa forme était presque globu-
leuse^ et son diamètre transversal, long de i5 millimètres, l'emportait
de plusieurs millimètres sur la largeur de la fente de l'arcade alvéo-
laire. La cloison était très épaisse et très-solide; le tubercule labial
médian, beaucoup moins large et surtout beaucoup moins long que le
tubercule osseux , laissait des deux côtés apercevoir la muqueuse.
Enfin, les deux bords latéraux de la lèvre étaient très-écartés; et il
était clair que, pour les amener au contact, sur Ifi ligne médiane, il
faudrait recourir à une véritable autoplastie. L'éruption des dents in-
cisives n'était pas encore commencée.
L'opération fut pratiquée le 28 avril 1867.
Je pratiquai d'abord sur la sous-cJoisou, aussi en arrière que pos-
sible, à l'aide d'une cisaille recourbée sur le plat, l'excision triangu-
laire de Blandin. Le segment que j'enlevai avait 8 millimètres de
base; son sommet s'élevait en haut jusqu'au voisinage du dos du nez.
Deux jets de sang, fournis par lej» artérioles de la cloison,, furent ré-
primés aussitôt avec le cautère pointu de^Aliddeldorpf. Le tubercule
osseux, devenu bien mobile, pou^vait aisément être refoulé en arrière;
mais il ne pouvait pénétrer dans la fente maxillaire , moins large que
lui. Je procédai alors à l'avivement des os, h l'aide d'un bistouri à
périoste, emportant sur chacun des quatre bords osseux une sorte de
copeau, formé par une couche de muqueuse et par une couche d'os.
La fente se trouvait ainsi élargie, mais, quoique le tubercule fût en
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même temps rétréci, il était encore trop large pour pénétrer dana la
fente ; de sorte qae je fus obligé d'en enlever encore une tranche.
Celte nouvelle excision osseuse! pratiquée sur le bord gauche du tu-.
hercule, mit à nu le follicule de Tincisive latérale. Le tubercule ainsi
réduit put être introduit dans la fente; il ne s'agissait plus que de Y y
assujettir.
 cet effet, je m'armai d'un poinçon en forme d'alêne, et Je pratiquai
sur chacun des quatre bords osseux une perforation oblique, qui com-
mençait, sur la face antérieure, à trois millimètres du bord, aboutis-
sant, en arrière, à la limite postérieure de rarivement du tissu osseux.
Chaque fois, après avoir retiré le poinçon, je poussais aussitôt à sa
place un fil d'argent qui parcourait le trajet à la manière de la soie
de sanglier du fil des cordonniers. Lorsque les quatre fils furent pla-
cés, je les mariai deux à deux par torsion, et, attirant ainsi l'un par
l'autre,' j'obtins de chaque côté une anse unique qui traversait à la
fois le tubercule et l'os maxillaire adjacent. Je reproduisis alors la
réduction du tubercule osseux, et lorsqu'il fut bien en place, je termi-
nai la suture en tordant ensend)le les deux anses de chaque fil d'ar-
gent.. Le petit tourillon de tojrsion fut aplati et couché sur la face
antérieure des maxillaires, afin que son extrémité ne vint pas blesser
la lèvre.
Tel fut le premier temps de l'opération.
. Je décrirai moins minutieusement le second temps de l'opération.
Je libérai d'abord de bas en haut, dans une étendue de trois à quatre
millimètres, le sommet du tubercule, labial, "afin de pouvoir relever un
peu la pointe du nez, que la réduction du tubercule osseux avait for-
tement abaissée. Puis je procédai à Tavivement des deux bords la-
biaux suivant un procédé que j'ai déjà fait connMlre à la Société, il
y a quelques années (voyez Bulletin de la Société de chirurgie) ^ et
qui n'est qu'un dérivé du procédé bien connu de M. Mirault (d'An-
gers). Du côlé droit, je poussai l'avivement presque au-des-
sous du bord libre. Du côlé gauche, je n'avivai que la moitié supé-
rieure de la fente labiale, et au-dessous de cet avivement je prati-
quai de dédans en dehors une incision à peu près horizontale, mais
cependant curviligne, à concavité supérieure, qui se termine à sept
millimètres environ au-dessus de la bouche. Je produisis ainsi, sur la
moilié gauche de la lèvre, un petit lambeau courbe, dont le bord iu-
férieur interne devait devenir horizontal pour constituer le bord libre
de la nouvelle lèvre; et dont le bord supérieur ou saignant, mince en
dedans, épais en dehors, devait venir s'appliquer sur le bord inférieur
déjà avivé de la moitié droite de la lèvre. Mais les deux moitiés de la
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lèvte éiattt be&ucoup ti*op courtes pour pèttYoîi- être amenée» en'<^-
taet, il fallut donc les détacher des os, ainsi que la partie adjacente
des deux joues ; et en même temps, pour pouvoir reformer les na-
rines, je libérai les ailes du nez, en déViant de bas en haut, dans la
moifié environ de leur hauteur, les insertions sUr le bord antérieur
des apophyses masloïdes. Je pus ainsi obtenir, sans trop de tiraille^
mentit là réunion des deut moitiés de la lèvre. Je les fixai avec six
pointsr de suture au fil d*argent, dont quatre appliqués sur te corps de
la lèvre donnèrent une suture verticale et médiane, tandis que les
deux autres furent appliqués sur le sommet et sur la base du lam-*
b'eau horizontal. Enfin, le s^om'met du tubercule labial, transformé en
sous-cloison, fut fixé sur la partie supérieure de la suture médiane
par un septième fil qui traversait à la fois ce tubercule et les deux
moitiés de la lèvre; mais je reconnus alors que la sons-cloison trop
couste tiraillait fortement la pointe du nez, et il me parut pHbable
que ce dernier point de suture ne tiendrait pas.
Les suites de l'opération furent assez sérieuses pendant les trois
premiers jours. L'inflammation locale fut très -modérée, et le gonfle-,
ment presque nul; mais Tenfànt eut beaucoup de fièvre : le peu de
lait qu'on lui donnait était promptement vomi, et pour éviter les ef-
forts des vomissements, je dus tenir le petit opéré à la diète, ce qui
naturellement Taffaiblit beaucoup. Au bout de trois jours on lui renr
dit son lait; 11 le supporta bien; la fièvre se calma et les forces se re-
levèrent peu "à peu. • ^ *
Le quatrième jour, je constatai que la sous-cloison s'était coupée
sur le -fil et s'était séparée de la lèvre.* Le fil supérieur, devenu ina>
tile, fut enlevé. Le lambeau horizontal était au contraire parfaitement
réuni; j'enlevai les deux fils qui.le fixaient, ne laissant en place que
les quatre fils de la suture médiane. Ceux-ci furent enfin retirés le
huitième jour; ils avaient bien tenu, à l'exception du supérieur qui
avait coupé les chairs La lèvre était bien réunie dans toute sa hau-
teur, excepté tout en haut, où il restait au-dessous et en arrière de la
sous-cloison un trou de la largeur d'un pois. Pour favoriser la
réunion de cette ouverture et la soustraire au tiraillement latéral,
j'appliquai, à l'aide de bandelettes de sparadrap, le bandage unis-
sant du bec-de-lièvre. L'ouverture se rétrécit rapidement, se remplit
de bourgeons charnus.
Lé treizième jour elle était presque entièrement cicatrisée, et j'enle-
vai le bandage unissant.
HestaientiM deux points de suture osseux. Ils n'avaient produit
aucun accidenr, et j'aurais voulu les laisser en place quelque temps
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encore; tnafs les parents de TeAfant avaient bâte de qoHter Parti, et
le 15 mai, voyant que le tubercule paraissait déjà très-sofide, je me
décidai à enlever les deux fils d'argent. La guérison était parfaite, si
ce n'est que le sommet de la sous-cloison cicatrisé isolément faisait
au-dessous et en avant de la cicatrice labiale an petit tubercule ar-
rondi.
La bouche était très-petite. La lèvre inférieure, beaucoup plus
longue que la supérieure, faisait en avant une s^iillie très-considé*
rable; mais on sait que cette difformité, inévitable pendant les pre-
miers temps, s'efface ensuite peu à peu.
^ Je n'ai plus revu depuis lors mon petit opéré; mais, le père m'a
doniié plusieurs fois de ses nouvelles. J'extrais les passages suivants
de ses dernières lettres.
4 janvier 1868..; a L'enfant a aujourd'hui près de 11 mois. Sa santé
est très-bonne; malgré la division palatine, il avale sans la moindre
diltlculté des panades et des potages au vermicelle. Sa voix n'est que
très-légèrement nasonnée quand il dit : papa et maman. La réunion
Oiseuse est empiète. Il n'y a pas encore de dents à la mâchoire supé-
rieure. L'oriUce buccal se refait tous les jours. Les narines sont encore
un peu trop étroites, et la respiration est gênée lorsque la bouche est
fermée. »
S2 mars 18Ô8... « J'ai examiné avec le plus grand soin l'état de la
mAchoIre supérieure de notre petit opéré. Les faces antérieures et
postérieures de cette oiâchoire ne sont marquées d'aucun sillon au
niveau des sutures de l'os maxillaire avec les deux os sous-maxillaires.
Seul, le bord libre offr^ deux petites dépressions aux points qui cor-
respondent à la- réunion. J'ai essayé, h différentes reprises, d'imprimer
des mouvements antéro-poslérieurs à cet os maxillaire. Il m'a été im-
possible d*éprouver Ici moindre sensation de déplacement. L'enfant
serre très-fort entre les mâchoires les corps les plus durs, aussi bien au
^ niveau du tubercule que partout ailleurs. Il s'agit bien réellement
d'une soudufe osseuse. Il n*y a pas encore jde dents à la mâchoire
supérieure. La lèvre supérieure est plus épaisse que l'inférieure.
Celle-ci déborde de moins en moins, et si ce n'était le petit tubercule
médian qui lui pend au-dessous du nez, l'enfant ne semblerait pas
avolr'eû cette affreuse difformité que vous avez si bien corrigée. Il
marche seul maintenant... »
La petite difformité que signale ici M. le docteur M..., et que j'avais
déjà constatée l'année dernière, pourra être aisément corrigée, soit
par une petite opération plastique, dans laquelle le tubercule charnu
serait employé h faire une sous-cloison, soit par l'excision pure et
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— 158 —
simple de toule la partie saillante. L'opération, en tous cas^ sera très-*
simple et très-légère. 11 était à peu près inévitable que le tubercule,
dont la longueur était très-insuffisanle, ue se réunît pas à la lèvre; et
je me demande maintenant, comme je me le demandais avant Topé-
ration, s'il n'y aurait pas avantage, dans les cas de ce genre, à exé-
cuter séparément, à quelques semaines ou à quelques mois d'inter-
valle, la réduction des tubercules et la réunion de la lèvre. J'ai Heu
de croire, en effet, qu'à la suite de la réduction du tubercule osseux,
le tubercule charnu médian s'allongerait d'une manière notable. Je
ferai peut-être un jour cette tentative. Mais je reconnais que cette
proposition est fort discutable; et il faut tenir compte, d'ailleurs^ de
l'impatience des familles, qui ont bÂte de voir disparaître le plus tôt
possible la difformité extérieure, et qui, probablement, délireraient
toujours que l'opération soit faite en une seule séance.
On vient de voir que l'éruption des dents incisives supérieures est
grandement en retard chez mon petit opéré. Les incisives médianes
auraient dû paraître depuis plusieurs mois; les latérales, même de«
vraient être déjà sorties, car il est rare qu'elles soient ainsi incluses
dans la mâchoire chez les enfants de cet âgé (15 mois). L'incisive la-
térale gauche ne paraîtra probablement jamais, puisque son follicule
a été mis à nu pendant Topération ; quoique ce follicule ait été laissé
en place, il y a tout lieu de croire que le cal osseux a fait éruption
dans l'alvéole, et fait atrophier la bulbe avant que la racine fût for.
mée; mais j'espère que le développement des incisives permanentes
ne sera pas empêché. J'ai eu soin, en effet, de passer les tils d'ar-
gent* à travers la partie la plus inférieure des os, en m' éloignant le
plus possible du bord supérieur de l'arcade alvéolaire, où se foiment
les follicules des dents permanentes.
Le relard, déjà considérable, qu'a subi l'éruption des incisives su-
périeures médianes peut être indépendant de l'opération. Ce retard
s'observe quelquefois chez les enfants qui ne sont pas opérés; il est,
d'ailleurs, loin d'être constant, quelquefois même les dents du tuber-
cule incisif sortent plusieurs mois avant les incisives inférieures. On
ne peut savoir quelle est celle de ces éventualités qui se serait pré-
sentée chez mon petit opéré, mais il me paraît probable que, , toutes
choses égales d'ailleurs, la réduction du tubercule est de nature à ar-
rêter, pendant quelque temps, le travail odontogénique. La section de
la cloison des fosses nasales prive le tubercule osseux de ses arières
nourricières. Les anastomoses capillaires qui existent entre le plan
antérieur de la cloison et le lobule du nez, suffisent toujours à entre-
tenir la vie dans l'os inter- maxillaire, et bientôt de nouvelles eommu-
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_ 159 —
. nicalioûs vâsculatres 8'effectuent à travers les deux cicatrices osseuses
de l'arcade alvéolaire; îoais il s'écoule sans doute quelque temps
avant que la circulation ait recouvré toute son énergie» et il n'en faut
pas davantage pour expliquer le retard des (ihénomènes de l'éniption.
Quant aux dents incisives permanentes, dont l'importance est bien
supérieure à celle des dents de lait, il y a lieu de. croire que leur dé-
Teloppement ne sera pa& entravé par les eondilions nouvelles que
l'opération a créées, ici encore il ne faut, toutefois, pas oublier que
l'existence même du bec*de-lièvre compfiqué, abstraction faite de
toute opération réparatrice, suffît souvent pour faire avorter une ou
plusieurs des dents incisives temporaires ou permanentes. Ainsi, j'ai
disséqué une fois un tubercule incisif, que j'avais excisé chez une pe-
tite fille de deux ans. Ce tubercule était surmonté de deux grosses
incisives médianes; mais je ehercbai vaiaement les follicules des
incisives latérales. Dans un autre cas, où le bec-de-liévre était moins
compliqué et où il n'y avait sur rarcade ^alvéolaire qu'une seule
fente^ située à gauche, j'ai constaté que la mâchoire supérieure n'avait
que trois incisives , quoique Penfant fût déjà ftgée de 5 ans. Enfin,
j'ai vu un adulte qui avait été opéré, dans sa jeunesse, d'un bec-de^
lièvre sifople, et qui n'avait non plus que trois incisives supérieures,
quoiqu'il n'eût perdu aucune dent, et que la rangée dentaire fût con-
tinue. Ce dernier fait prouve que les conditions qui font naitre le bec-
de-lièvre pç uvenl mettre obstacle non-seulement au développement
des dents de lait, mais encore à celui des dents permanentes. Il est
bien clair que l'ostéoplastie ne peut modifier en rien ces défectuo^tés
originelles, et qu'il y a'toujours quelque chance pour que l'éruption
des dents définitives soit incomplète. Mais, c'est un détail d*une im-
portance tout à fait secondaire.
En résumé, je pense que la méthode qui consiste à conserver le
tubercule osseux, dans le cas de be^-de-iièvre double, compliqué de
la saillie de ce tubercule, a été trop facilement abandonnée par les
chirurgiens. Sans prétendre que la conservation de ce tubercule soit
toujours possible, je viens de prouver qu'il y a 5es cas où elle peut
réussir d'une manière complète, à la faveur de l'avivement du tissu
osseux et de la suture osseuse.
Quelques mots, en terminant, sur les contre-indications. Lorsque
le tubercule osseux fait une saillie excessive, qu'il est situé directe-
ment sur le prolongement du bout du nez, et que le tubercule labial
médian est très-court, la réduction, sans être impossible, serait fort
difficile, et il faudrait quelquefois, pour l'obtenir, effacer presque en-
tièrement le nez. Dans un cas de ce genre, je commencerais par
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- 160 -
exeifier la cloUon, et, d'après le résultat que donnereU le refoulemeet
4u tubereale, je tne décideraie à le conserve^ ou à Tenlever.
Une seconde eoQtre-iQdicaftion résulterait de la trop grande exiguilé
du tubercule osseux. Il est clair, en effet, que s'il était plus étroit que
la fente de l'arcade alvéolaire, il ne pourrit y être fine par la suture
osseuse. Il n'est pas nécessaire, sans doute, que le contact des sur-
faces osseuses avivées soit absolu des deux côtés; quand même il
resterait à droite ou à gauche un léger écartement, d*un ou deux mil"
Itmètres par exemple, les phénomènes de la cicatrisation, ou même
de la dcatrisatton osiseuse, pourraient enoore s'eifectmer. Mais si la dis-
proportion était pins grande, il y aurait lieu d'hésiter. Pourrait<-an se
borner à n'aviver le tubercule que sur un de ses bords, à ne suturer
que ce bord, et la soudure osseuse obtenue d'un seul c^ aurait* elle
HiM solidité suffisante? C'est une question qu^ je ne DDie peroaettrai
pas de résoudre. Si, comme je l'espère, Ja méthode conservatrice re-
prend quelque faveur dans la pratique, l'expérienoe ultérieure pourra
nous conduire peu à peu à étendre l'application de cette méthode à
des cas qui nous semblent aujourd'hui défavorables. Mais ce ne sont
pas ees cas extrêmes qui me préoccupent icf. Ik sont d'ailleurs excep-
tionueis. Mon but «st sei^ment de montrer qu'il y a des cas nom-»
breuoc où il est indiqué de conserver l'os inter* maxillaire au lieu de
l'exciser, comme on le fait généralement
DISCUSSION.
Uk GtRAtnÀs. Desault attribuait à l'opération ce qui était le
résultat' d'un vice de conformation congénitale.
Je remercie M. Broea de nous avoir fait connaître son <d)servation,
mais je pense que son procédé ne pourra être applicable à la généra-
lité des cas. Ce procédé, assurément, est bon à noter» mais il ne sm*a
pas utile quand Tarcade denlaire sera atrophiée et fos incisif tràsr-
développé. J'ajoute qu'il est très-exeeptionnel de rencontrer des tuber-
cules incisifs réductibles.
Mi Broga. Je suis étonné que M. Criraldès n'ait pas renc<Mitré de
tubercules réductibles.
J'ai ajouté, à l'opération de Blandiu, l'avivement des bords osseux
et la suture osseuse. ^
Le procédé de Blandin a été employé par on grand nombre de chi<>'
rurgiens, mais à ce procédé on faisait l'objection suivante :
« Que ra devenir le tubercule osseux qui va être mobile? »
Par mon procédé, je réponds à cette ofajeetion.
Desault a dit que, lorsqu'on ne mettait pas le tubercule entre i«s
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- lei -
deux maxillaires, ceux-ci se rapprocbaîent, et le défaut de parallé-
lisme des deux arcades alvéolaires augmentait. L'argument de
Desault conserve toute sa valeur, et il faut obvier au rapprochement
des deux os.
Chez un très-jeune enfant, on ne peut pas réussir quand le tuber-
cute fait une saillie de 15 millimètres.
M. DEMARQUAT. J'ai écouté avec grand plaisir là lecture de
M. Broca. Ce chirurgien a évidemment complété le procédé de
Blaiidin.
M. GiRALDÈs. L'objection principale que l'on doit faire au pro-
cédé de M. Broca est la suivante : Les arcades alvéolaires étant atro-
phiées, et cela, arrivant dix-huit fois sur vingt, le tuberciile, alors
qu'il sera réduit, dépassera les arcades alvéolaires de presque toute
sa hauteur. En somme, le procédé de M. Broca lest un procédé excep-
tionnel applicable seulement à des cas exceptionnels.
M. Bhoga. Ce qui est exceptionnel, c'est que le procédé ne soit pas
applicable.
PBÉSENTAtlONS DE MALADES.
Enehondrdme & marche rapide. — Béseetian partielle
des deux maxillaires supérieures..
M. TiLLAux présente un jeune homme, âg^de 29 ans, exerçant à
Paris la profession de sergent de ville, auquel il a pratiqué, le
6 février dernier, une résection partielle des^eux maxillaires supé-
rieurs,
La guérison est aujourd'hui complète, et grâce à une pièce artifi-
cielle très-habilement faite par un jeune dentiste, M. Lanfray, la dif-
formité est à peine appréciable.
Le malade portait à la mâchoire supérieure une tumeur du volume
d'un œuf de poule, qui n'avait commencé à apparaître que trois mois
auparavant ; elle occupait l'espace compris entre la canine droite et
la deuxième petite molaire gauche d'une part; le grand angle de l'œil
et l'os malaire d'autre pari; en arrière, elle s'arrêtait* à la partie
moyenne de la voûte palatine. La tumeur a été mise à nu par une
incision latérale interne partant du grand angle de l'œil gauche et
descendant verticalement jusqu'à la lèvre supérieure, qui a été divisée.
.Les os ont été facilement sectionnés avec la pince de Liston et'
quelques coups de ciseau. M. Tillaux appelle spécialement Tattenlion
de la Société sur la texture de ce néoplasme. L'examen qu'il en a fait,
confirmé par celui de MM. Ranvier et Laboulbène, a montré que
2< série. — TOME ix. 21
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— 162 ~
c*était du cartilage à différents états de développement. Or, l*enchon-
drôme a pour caractère clinique liabituel de âe développer lentement;
celui-ci n'a mis que trois mois à acquérir le volume d'un œuf de
poule; il s'est comporté comme les tumeurs que nous considérons or-
dinairement comme de mauvaise nature. C'est à ce titre exceptionnel
seulement que le fait a paru digne à M. Tillaux d'être rapporté à la
Société de chirurgie.
M. Trelàt. L'on doit appeler l'attention sur le développement
rapide de cette tumeur, qui était un enchondrôme pur.
Je viens d'observer, chez une jeune femme de 29 ans, un enchon-
drôme à marche très-rapide. La tumeur, qui occupait d'abord la partie
latérale droite du cou, s'est développée en moins de six mois. Ses
limites, au moment de l'opération, étaient la plèvre, le pharjnx, les
gros vaisseaux du cou et;,les apophyses épineuses des vertèbres cer-
vicales.
Après avis de MM. Guérin et Verneuil, l'opération a été résolue.
L'opération a été faite; il n'y a pas eu de complication immédiate;
mais bientôt s'est développée une pleurésie purulente. En outre, chez
cette malade, on a observé des phénomènes dus évidemment à la con-
tusion de la portion cervicale du grand sympathique.
La tumeur, examinée au microscope, a été classée parmi les
enchondrômes muqueux. •
•
Afreetfon singallére des arcades alTéolo-dentaires.
M.. LÉON Labbé présente un malade atteint d'une affçction singulière
des arcades alvéolo-dentaires, et caractérisée principalement par la
destruction lente et successive des rebords alvéolo-dentaires.
Le nommé A..., âgé de 42 ans, est entré dans les salles de l'hôpital
des Cliniques, le 10 mars 1868, pour une perforation de la voûte du
palais.
Il raconte qu'il est né de parents bien portants. Son. père est mort
à l'âge de 62 ans, d'une attaque d'apoplexie. Sa mère est morte à
42 ans, d'une plaie de la jambe, pour laquelle on lui avait proposé
l'amputation, mais de nature mal déûnie. Il s'est très-bien porté dans
sa jeunesse, n'a jamais eu de gourmes, ni aucune autre manifestation
de la scrofule. 11 habitait avec ses parents un logement sain, se nour-
rissait bien, se trouvait, en somme, dans d'excellentes conditions hy-
giéniques. 11 a commencé, à 14 ans, à apprendre le métier de graveur
sur pierres. Sa vue était parfaite, et ce métier l'exiffe. 11 ne louchai|
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— 163 ^
pas du tout* Â 20 ans, il a contracté un chancre de la verge, induré,
unique, qui a séparé en deux la partie inférieure du prépuce. Il a fait
an traitement local : cautérisation par le nitrate d'argent; application
de vin aromatique. Il s'est formé deux grosseurs dans Taine, que des
sangsues ont fait disparaître. Trois mois après, il a eu des plaques
muqueuses, dont on voit encore la cicatrice un peu au-dessous de la
.commissure droite des lèvres, et quelques semaines après, des taches
se sont montrées sur. la poitrine et le ventre. Irti'en a pas eu au cou,
ni à la face. M. Ricord, que le malade alla consulter, ordonna des
pilules de proloiodure de mercure et le sirop de Cuisinier. Ce traite-
ment a été suivi pendant trois ou quatre mois , mais assez irréguliè-
. rement. Le malade n*avait net changé à son régime, faisait d'assez
fréquentes libations et fumait pour 8 sous de tabac par jour. S* aper-
cevant enfin qu'il né guérissait pas et qu'il était toujours plus malade
après une nouvelle débauche, il entra à Thôpilal de là Pitié (service
de M. Clément). 11 y resta sept semaines , pendant lesquelles il fut
soumis à un traitement dépuratif, et prit des bains alcalins. Il en sortit
à peu près guéri. Sa santé se rétablit, en effet, d'une façon complète,
si bien quMl se maria quelques années après, à l'âge de 25 ans. Il n'a
eu de son mariage que deux enfants, un garçon de 16 ans et une fille
de 12. Ils sont, dit-il, très-frais et d'une santé excellente. ^
Après son mariage,. il a continué son métier de graveur sur pierres.
C'est un travail minutieux, qui exige une grande attention. Il travail-
lait beaucoup et passait une partie de ses nuits à rétabli. Il avait la
vue très-nette. Il se portait bien. Pourtant il avait de temps en temps
des adénites dans le creux axillaire, à droite plutôt qu'à gauche. Son
travail, pelon lui, en était cause. 11 suait beaucoup, et souvent, dit-il,
il était pris d'une sueur subite, qui venait presque sans motif et dis-
paraissait très-rapldement^laissant après elle un sentiment de froid.
Sa vie était parfaitement régulière.
Ily aS ou9 ans, il a été pris tout d'un coup, un jour qu'il travail-
lait comme d'ordinaire, d'éblouissements. Sa vue s'est subitement
troublée. Les objets ne lui apparaissaient plus qu'à travers un brouil-
l.iià si épais qu'il n'aurait pas pu se conduire. Il prit une purgation
dont^l'effet fut nul, et le lendemain alla consulter M. Desmarres.
Celui-ci prescrivit des applications successives de ventouses à cha-
que tempe et ordonna des pilules. Un mieux marqué arriva bientôt;
puis une petite grosseur se forma dans l'angle internede l'œil droit,
qui fut ouverte par M. Desmarres, et d'où sortit du pus avec du sang.
Un collyre fut ordonné, et bientôt le malade se trouva délivré de
tout ce qu'il avait eu du côté des yeux. Il a continué son métier de
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— 164 -
la sorte pendant environ trois ans. Il était allé habiter Pontoise. II
avait là un logement humide.
Au bout de ces trois ans, il revint à Paris, Il habitait à Vauglrard
avec toute sa famille un logement assez malsain. Il se portait bien et
travaillait parfaitement au moment de son retour. Cela ne dura que
six semaines. Sa vue redevint trouble, non pas comme la première
fois, car il pouvait travailler encore, mais d'une façon notable pour-
tant. Il revint vers ^ Desmarres, qui ordonna des pilules et de la
tisane de chicorée, et pratiqua une saignée au bras. Les troubles de
la vue ne firent qu'augmenter. L'œil gauche se prit tout à fait, et il
paraît avoir été à ce moment le siège d'une inflammation générale.
Les paupières étaient très-rougeis, dit le malade; le jour ne pouvait
être supporté, etc. Plus tard, l'œil droit fut pris à son tour. Après
avoir fait prendre assez longtemps les pilules qu'il avait précédem-
ment ordonnées, puis d'autres pilules, M. Desmarres ordonna de Tio-
dure de potassium. Le malade a pris de Tiodure de potassium pen-
dant fort longtemps, près de deux ans et demi. Les troubles de la
vue qu'il avait présentes avaient depuis longtemps disparu. L'oeil
gauche était tout à fait normal; l'œil droit était très -bas aussi; mais
la paupière supérieure commençait à tomber au-devant (le l'œil. Le
malade se croyait bien rétabli. Il abandonna enfin tout traitement.
C'est peu de temps après (il y a environ trois ans de cela aujour-
d'hui), que les phénomènes observés du côté de la bouche commen-
cèrent à se manifester. Les dents tout d'abord s'ébranlèrent, celles rtt .
devant les premières. Elles n'étaient ni gâtées, ni douloureuses. Seu-
lement elles se détachaient les unes après les autres. Le malade
n'avait qu'à tirer très-légèrement, et elles cédaient. Quand, elles
étaient ainsi enlevées de. l'alvéole, il ne s'écoulait que très-peu. de
sang, ou même il ne s'en écoulait point du tout, Les gencives se re-
fermaient assez bien après la chute des dAts. Il y eut une exception
pour les grosses molaires du côté gauche. Quand elles tombèrent, il
s'écoula une quantité de sang abondante, et la gencive ne se re-
ferma point. Le malade sentait, en y passant la langue, une cavité
assez considérable. Une hémorrhagie considérable se fit, huit jours
après, par cette ouverture; le malade prétend avoir perdu, à ce mo-
ment, deux litres de sang. On l'arrêta par le perchlorure de fer. Elle
se reproduisit 15 j^urs après, et de nouveau un mois a^rès. Depuis
lors, il ne s'en est pas fait de nouvelle.
En même temps que se produisaient ces phénomènes, la paupière
supérieure tombait sur l'œil droit, de plus en plus. C'est le seul trou-
ble oculaire dont le malade se soit aperçu. Le malade est resté chez
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- m —
lui depuis cette époque. Il a'a suivi aucun trallement. Gamme la
perle de substance qu'il constatait après la chute des molaires du
côté gauche s'est fort agrandie, que la voûte palatine est en partie
détruite, et qu'il en résulte des troubles fonctionnels fort gênants pour
Je malade et toujours croi^ssants d'ailleurs, il se décide à entrer à
l'hôpital des Cliniques, le 10 mars 4868, dans le service de M. Jar-
javay, remplacé par M . Labbé.
Depuis qu'il est à l'hôpital', ce malade n'a présenté à notre obser-
vation aucun phénomène nouveau. L'état actuel est à peu ^rès celui
qu'il présentait au moment de son entrée. Pourtant, la destruction
des os continué. Elle se fait seulement avec une extrême lenteur. Ce
n'est guère que du côlà de l'alvéole droite que nous avons pu con-
stater ce fait. Nous l'avons fait d'une façon positive.
État actuel — Examen de la cavité buccale.
Il n'existe plus dans la bouche que trois dents, qui *se trouvent
placées du côté gauche sur la mâchoire inférieure. On voit à la mâ-
choire supérieure du côté gauche, une vaste perte de substance,
beaucoup plus longue que large, occupant tout le bord alvéolaire, qui
a complétemçnt disparu, jusqu'à l'apophyse ptérygoïde; elle s'étend
en dedans et en avant jusqu'à quelques millimètres de la partie mé-
diane de la voûte palatine. En arrière, la perforation va en diminuant
de largeur. La cavité nasale du côté gauche est visible dans toute son
étendue. Le vomer, les cornets inférieur et moyen, la cavité du sinus
maxillaire, sont à découvert. Un stylet introduit par cette large ou-
verture, dans Ja crfvité nasale, peut y être porté dans tous les sens.
Le doigt peut y être porté lui-même. On constate aisément ainsi la
deslruction complète du rebord alvéolaire. La partie, externe de la
cavité buccale est formée uniquement ici par les tissus de la joue. Le
voile du palais est intact.
Du côté droit, le bord alvéolaire est en train de disparaître insen-
siblement comme il l'a fait du côté gauche. Il y a là un'commence-
n^ent de perforation qui, selon le malade, a commencé quinze jours
avant son entrée à l'hôpital.
Le fond de la gorge, la muqueuse de la bouche, sont parfaitement
sains.
En raison de ces altérations de la voûte palatine, la mastication est
impossible. Le malade a soin de hacher ses aliments, et il les avale
sans les mâcher. Le moindre mouvement de toux les fait passer par
le nez. La parole est sourde, uasonnée ^u dernier point. Il faut écouter
le malade attentivement pour le comprendre.
Les fonctions digestlves se font très-bien.
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— 166 —
Les fonctions de Tappareil pnlmonaire sont bien remplies.
La rerge présente seulement la trace da chancre que le malade a
eontracté il y a 22 ans.
Il faut noter des particularités très-remarquables du côté du sys-
tème nerveux, de Tappareil locomoteur et du sens de la vision.
Le malade est faible. 11 se ptaiat d'éprouver dans les membres in-
férieurs; depuis plusieurs mois, des douleurs subites , fulgurantes,
rapides el groupés par paroxysmes , qui reviennent d'une façon irré-
gulière de temps en temps, tous les quinze jours ou tous les mois par
exemple, et qui sont assez vives pour l'empêcher de dormir et lui
arracher des cris. Elles se font sentir surtout .quand le malade est au
repos, et particulièrement la nuit.
La sensibilité de la face est à peu près normale. Un peu d'anal-
gésie peut-^lre. La sensibilité de la muqueuse buccale a disparu dans
un très-grand nombre de points.
OEil droit.
La paupière supérieure est complètement abaissée, et depuis un an,
elle ne peut être relevée. Le releveur de la paupière est paralysé ; le
releveur de la pupille l'est aussi; quand on relève la paupière et qu'on
fait suivre un objet des yeux par le malade, on constate de la diplopie
quand cet objet est porté en haut.
Diplopie de même quand Tobjet est placé à gauche, et paralysie du
droit interne. La dfplopie est très-sensible quand l'objet est placé
très -peu à gauche, presque sur la ligne médiane; quand on l'éloigné
davantage, la seconde image devient très-confuse, et la diplopie
semble disparue.
Un peu de diplopie en bas. Paralysie du droit inférieur, sensible
surtout quand la paupière inférieure est écartée.
Pas de diplopie en dehors.
En résumé, paralysie de la troisième paire. Les pupilles n'offrent
pas d'inégalité marquée.
Le malade peut lire de l'œil droit (avec ses' lunettes de presbyte)
quand on relève la paupière.
OEil gauche.
Il présente une chuté de la paupière supérieure incomplète. Le ma-
lade est obligé de relever toujours la tête pour mieux voir, à raison
do celte chute de la paupière. L'œil est parfaitement mobile dans tous
les sens.
La marche, la station debout et assis s'ont normales, à part un peu
do faiblesse qui.se fait sentir dans la marche.
Quand les yeux sont fermés tous deux, la marche est un peu va-
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r
— 16T —
cillante. On ne peut pas dire pourtant que les pieds frappent le sol
d'une façon notable. Le soi est bien senti d'ailleurs; la plante des
pieds n'a rien perdu de sa sensibilité. Quand l'œii gauche est fermé,
que l'œir droit est seul ouvert (autant que la paupière qui tombe le
permet) la miarche est singulièrement modifiée. Le malade se sent
porté à tomber sur le côté droit ou à tourner de ce côté (je l'ai con*
staté hier pour la première fois).
La séance est levée à cinq heures et demie.
Le Secrétaire : D^ Léon Labbé.
SâANOB DU 29 AVRIL 1868
Présldenee de M. LEOOVEST
Le procès-verbal de la précédente séance est lu et adopté.
correspondance. *
La correspondance comprend :
— Les journaux de la semaine.
— L'Union médicale de la Provence^ le BuUetin de l*Â$sodati<m
fuidicale du Loir-et-Cher.
— Méditations de philosophie médicale et de cliniqae sur quelques
wdadies de poitrine, par le docteur Lhuillier; br. in-8'»,
— Du Service médical des pauvres, par le docteur Gyoux; 1868;
in-8».
— > Études statistiques sur les résultats de la chirurgie conservatrice
emparés à ceux des résections et des amputations, par le docteur
E. Spiilmann, médecin-major. In-8o extrait des Archives générales de
médecine.
RAPPORT.
M. DoLBEAU fait un rapport verbal sur une observation de fracture
ammintaive de la rotule avec plaie intra-articulaire, suivie de guérison,
adressée à la Société de chirurgie par H. Baizeau, médecin de l'hôpital
militaire du Dey, à Alger.
Depuis longtemps, dit M. Dolbeau, la question du traitement de
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— 168 —
f arthrite pamlente traamatîque est pendante devant la Société de chi-
mrgie. Pour remédier à celle grave complication des plaies des artica-
lations, on a' proposé divers procédés : les incisions, la résection des
sarfaces articulaires, le drainage, etc.
M. Baizeau envoie à la Société une observation favorable à ce der-
nier mode de traiiement.
Au début, ce chirurgien eut recours aux débridements, aux injec-
tions alcoolisées, et finalement au drainage, qui paraît devoir, dans
ce cas, avoir tous les honneurs de la guérison.
M. Dolbeau propose : i° de publier, dans les BuUetins, l'obser-
vation de iM. Baizeau; 2® d'adresser à ce chirurgien une lettre de
remercîments.
Ces conclusions sont mises aux voix et adoptées.
M. Larret. Avant d'en venir à l'eipploi du drainage, M. Baizeau
avait eu recours à, toutes les ressources de la chirurgie conservatrice,
aux incisions, aux contre- ouvertures, etc. ' .
M. DoLBEAV. Non-seulement les tubes à drainage ont permis au pus
de s'écouler facilement, mais de plus, à leur aide, on a. pu avoir
recours avec efficacité aux injections et aux lavages répétés.
• Fraetnre cominlniitlTe de la rotule avec plaie intra-
articulaire. — Guérison.
Par M. Baizeau.
L..., Joseph, zouave au 2« régiment, âgé de 23 ans, d'une constitu-
tion robuste, était ivre lorsque, dans la soirée du 45 mai 1862, il
tomba du fort Mers-el-Kebir, élevé environ de 18 mètres, sur des
rochers. 11 ne peut donner aucun détail sur son accident. Il se réveilla
à deux heures du matin, voulut se relever, mais en s'appuyant sur
la jambe droite, il éprouva une douleur excessive et s'affaissa sur lui-
même. Ses cris ayant élé entendus par un factionnaire, on vint à son
secours et il fut porté, à sa caserne et de là dirigé sur l'hôpital mili-
taire d'Oran, distant de? kilomètres du port de Mers-el-Rebir.
A son arrivée, il. est tout endolori et présente, plusieurs contusions
légères sur divers points, mais il se plaint surtout d'une vive douleur
au genou droit qui est énonnément gonflé. En avant est une petite
plaie à bords coutus et ecchymoses de la largeur d'une pièce de
20 centimes, pénétrant jusqu'au tissu cellulaire sous-cutané. La ca-
vité arliculaire, fortement distendue, est pleine de liquide, de sang
mêlé de sérosité. En pressant sur la rotule, on constate que cet os est
raclure transversalement; mais le gonflement est tel qu'on ne sent
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— 169 —
pas bien les fragments. Cet accident n*a eu jusqu'ici qu'un faible re-
tentissement sur rétat général, le pouls est à gO pulsations, FiTresse
est entièreinent dissipée.
On place et on immobilise le membre blessé dans une gouttière
formant un plan incliné du talon vers la cuisse. 25 sangsues sont ap-
pliquées sur le genou et remplacées par des cataplasmes laudanisés.
' La plaie est protégée par un linge troué couvert d'une couche épaisse
de cérat.
La nuit est mauvaise et agitée^ et le lendemain le malade n'accuse
aucun soulagement. Le genou a une teinte bleufttre qui s'étend vers
la cuisse. Le gonflement est le même et la sensibilité est tout aussi
grande. Le pouls s'est élevé à 92 pulsations; la peau est chaude, la
soifTive, la fatigue générale plus marquée que la veille. Une nouvelle
application de 20 sangsues est prescrite ; même pansement, diète.
Le 17, légère détente, le genou est moins douloureux, quoique tou-
jours très-volumineux ; fièvre moindre, langue saturale, inappétence,
constipation qui nécessite la prise de 45 grammes d'huile de ricin.
Le 19, le gonflement a diminué suffisamment pour qu'on puisse
eiaminer la fracture. L'écartement entre les fragments est de trois
travers de doigt. Le supérieur attiré en haut est unique et représente
le tiers de la rotule, l'inférieur est divisé en plusieurs morceaux iné-
gaux maintenus en contact par le périoste. La sensibilité du genou et
la distension de la synoviale sont trop grandes pour qu'on essaie de
les rapprocher. On continue les cataplasmes arrosés d'eau blanche.
L'amélioration est progressive. 11 n'y a plus de mouvement fébrile,
les nuits sont bonnes, la soufl'rance nulle, l'appétit reparaît et quelques
aliments sont pris avec plaisir. Le genou est moins tendu et moins
gros, toutefois il renferme toujours du liquide. Tout allait pour le
mieux lorsque, dans la nuit du 21, la plaie donne issue à une assez
grande quantité de sang provenant de l'articulation et qui imbibe les
pièces de pansement. Le lendemain, je trouve le genou notablement
diminué de volume; cependant, par des pressions exercées sur ses
parties latérales, je ifais encore sortir plusieurs cuillerées de liquide
sanguinolent, et avec un stylet introduit dans la plaie, je pénètre
entre les surfaces articulaires.
Il était bien difficile d'éviter la suppuration; je cherche pourtant à
mettre Tintérieur de rarticulatiOn à Tabri du contact de l'air enenve-
loppant la partie antérieure du genou d'une cuirasse de diachylon
recouverte de linge cératé et en y ajoutant une légère compression.
Le pansement est bien supporté et les liquides de la synoviale s'écoulent
tacUement au dehors; mais le troisième jour je m'aperçois de la pré-
2* série. — tomb ix. 22
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^ Î16 -
tence du pus, et dès lors je comprends la nécessité de livrer passade
à la sécrétion articulaire. J'élargis la plaie du genou et je pratique de
chaque côté, au point le plus décliné de l'interligne articulaire, une
incision par laquelle je fais passer un tube à drainage qui vient sortir
par la plaie rotulienne. J'ai ainsi deux drains qui traversent Tarticu-
lation d'avant en arrière, par lesquels le pus sort avec facilité et qui
permettent de laver la cavité articulaire trois et quatre fois par jour
avec une décoction de quinquina. L'organisme ne paraît pas souffrir
de cette grave lésion, le malade se.nourrit bien, il mange deux por-
tions, boit du vin de Bordeaux et de .quinquina.
Dans les premiers jours de juin, j'extrais deux esquilles détachées
du fragment inférieur de la rotule et je reconnais en même temps que
les surfaces articulaires du tibia et du fémur sont dépouillées de leur
cartilage.
Vers le i 0, il survient quelques frissons suivis d'accès de fièvre assez
violents qui se renouvellent pendant trois jours et font craindre une
infection purulente. Ils cèdent au sulfate de quinine, et le 16 je dé-
couvre à la fesse gauche un abcès volumineux qui s'est formé à l'insu
du malade et qui se rattache évidemment à ce mouvement fébrile. Je
l'incise et il s'en écoule un pus épais et phlegmoneux. Sous la même
influence la suppuration du genou a augmenté et est devenue sahieuse
et plus odorante. Des injections sont faites dans ces deux foyers puru-
lents, celui de la fesse marche assez vite vers la cicatrisation; le
changement est moins rapide du côté du genou.
Le 19, une nouvelle esquille est enlevée à la partie inférieure de
la plaie. Le pus va en diminuant, et au milieu du mois de juillet des
bourgeons charnus couvrent les surfaces articulaires fémoro-libiales.
La plaie prérotulienne se retient, la peau se déprime entre les frag-
ments. Les drains sont retirés le 15 juillet; on continue néanmoins les
injections par les orifices restés libres.
Au bout de sept à huit jours, du gonflement se manifeste sous le
tendon rotulien, et bientôt il se forme une collection purulente au-
dessus du genou, à la partie 'interne de la cuisse. Malgré l'ouverture
de cet abcès, l'euflammation et la tuméfaction augmentent et gagnent
la région externe du membre où apparaît un nouveau foyer purulent
qui est immédiatement ouvert. Un drain passant sous la couche mus-
culaire établit une communication entre ces deux incisions. Ce là le
pus s'infiltre sous le creux poplité et exige une troisième incision. En
sondant les différentes plaies, je découvre que tout ce travail inflam-
matoire est dû à la nécrose du fragment supérieur de laroluie. J'en
fais l'extraction, et à partir de ce moment, la fièvre et les autres
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troubles généraux qui avaient reparu se dUsipeDt, ]a suf^uraiion
diminue rapidement. Le tube de caoutchouc est enlevé le 23 août, et
dans la première quinzaine de septembre la cicatrisation de toutes les
plaies est complète. Le genou, doublé de tissus indurés après être
resté longtemps volumineux, reprend peu à peu une forme plus régu-
lière.
L... ne quitte l'hôpital qu'au mois de décembre; alors il marche
facilement avec un bâton et fait des promenades prolongées sans
fatigue. Sa jambe est dans 'l'extension,' l'articulation du genou est
presque ankylosée, la mobilité en est très-bornée. La région rotu-
lienue est aplatie et plus large que dans l'état normal, déprimée trans-
versalement au niveau de la rotule ; un peu au-dessus est une cica-
trice solide adhérente longue de 5 centimètres; de chaque côté du
tendon rotulien se voient deux autres cicatrices enfoncées correspond
dant aux ouvertures des drains. A la place du fragment supérieur de
la rotule qui a été extrait on sent distinctement un os de nouvelle
formation, triangulaire, à bords arrondis et à sommet supérieur,
mousse et dont le volume est à peu près celui du fragment enlevé.
La partie inférieure de la rotule est élargie et a acquis un volume
exagéré.
J'ai revu ce militaire un an après sa sortie de mon service. Le
membre blessé avait repris toute sa force et son embonpoint; la
marche était seulement gênée par l'ankylose du genou.
En résumant cette observation, on voit que la fracture a été pro-
duite par un choc direct de la rotule sur uii corps aigu, une pointe de
rocher probablement qui a dilacéré la peau et con tondu les. tissus
sous-cutanés sans pénétrer toutefois dans l'articulation. Ce n'est que
quelques jours plus tard» par le fait de l'élimination ou du ramollisse-
pîent des parties conluses, que la sjnoviale,a été ouverte. Dès lors,
JL... a été exposé à tous les dangers des plaies pénétrantes des
jgrandes articulations;. cependant, à part les premiers moments de
souffrance, les quelques jours de fièvre qui ont précédé la formation
He l'abcès de la fesse et la période inflammatoire déterminée par la
nécrose du fragment supérieur de la rotule, il n'a éprouvé aucun
accident sérieux. Malgré une suppuration abondante et de longue
durée, ses forces se sont maintenues et sa guérison a été menée à
bonne fin.
Voilà donc un. fait qui plaide en faveur de la chirurgie consefva-
trice. Mais il ne faut pas se faire illusion ; de telles lésions sont
longues à guérir, et ce n'est le plus ordinairement qu'après avoir tra-
yérsé bien des prages et bien des périls que le malade obtient une
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cure radicale. Pour arriver à ce résultat, Findication à remplir avant
tout est de faciliter le cours du pus au dehors, de multiplier les in-
jections, de débarrasser la synoviale de^ liquides irritants qui, en
l'altérant, menacent d'infecter l'organisme. En pareille occasion, il
est incontestable que le drainage a des avantages réels, rion-eeulement
on n'a plus besoin de larges débridements, mais les liquides trouvent
une issue plus facile par des tubes toujours béants qui traversent les
articulations que par des pljiies dont les bords se rapprochent et qui
tendent peu.à peu à se fermer.
Quant aux injections, on peut les varier : j'emploie indifféremment
au début les solutions chlorurées ou phéniquées ou la décoction de
quinquina. Plus tard je les remplace par les injectmns iodées ou par
la teinture d'aloès. Les premières sont désinfectantes, les secondes
modifient les surfaces malades. Chez un soldat piémontais qui avait
eu à la bataille de Palestro la rotule brisée par une balle qui s'était
fait jour dans Farticulation, M. le docteur Earghi plongea et aban-
.donna dans la cavité articulaire un crayon de nitrate d'argent fondu..
J'ai été étonné du peu de réaction locale produite par cette cautérisa-
tion énergique et renouvelée plusieurs jours de suite. Obligé de partir
pour Novarre, je ne sais ce qu'est devenu ce blessé. Le but du chi-
rurgien de Vercelli était-il de détruire la synoviale, espérait-il être
plus à l'abri de l'infection putride ou purulente? Ce qui est positif,
c'est que les surfaces suppurantes étaient tout aussi étendues et la
suppuration non moins abondante; mais enfin n'y avait-il pas à
craindre que le caustique n'étendît trop loin son action et ne facilitât
le passage du pus ^ans le creux poplité.
J'ai observé d'autres blessures pénétrantes du genou qui ont eu une
terminaison également favorable. Je n'ai malheureusement pas re-
cueilli ces faits. Mais j'ai encore présent à la mémoire un soldat auquel
j'ai donné des soins en Italie. Il avait eu le genou ouvert par une
balle qui avait glissé sous la rotule. Les accidents inflammatoires
furent intenses, la suppuration abondante. Vers la sixième semaine,
elle se tarit et les plaies se cicatrisèrent, laissant une roideur assez
grande dans le genou.
11 y a quelques jours, un officier de zouaves s'est présenté à l'hôpi-
tal militaire d*Âlger pour être réformé. Il portait au genou gauche
une double cicatrice, l'une en bas et en dehors de la rotule, l'autre
en dedans et plus élevée, résultant toutes deux d'une blessure par
arme à feu, reçue pendant la campagne de 1859. La balle avait dû
nécessairement ouvrir Tarticulation, et cet officier nous a confirmé
dans cette opinion. Il a été longtemps dans les hôpitaux d'Itche et n'a
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— 1*73 —
obtenu sa guérison qu'à la suite de souffrances prolongées. Le genou
n'ofifre aujourd'hui ni déformation ni gonflement, et ne se fléchit que
très-légèrement. La marche est facile, néanmoins les longues courses
sont fatigantes, et cet officier a dû renoùcer à la carrière militaire.
On pourrait certainement multiplier ces exemples de guérison, mais
il restera encore à établir daiis quel rapport ils sont avec les insuccès.
COMUUNIGATION.
Lipome de la m&in, simulant un kyste syMOirial.
M. Trelàt. Gomme les erreurs sont au moins aussi profitables que
les succès pour celui qui les commet, je n'ai pas voulu rester
seul à en tirer bénéfice, et je vous prie d'accepter la courte commu-
nication que voici.
Il y a quinze jours, je reçus chez moi un malade âgé de 58 ans, et
bien portant du reste, qiii me montra la paume de sa main gauche
occupée par une tumeur : celle-ci s'était développée lentement, sans
grande douleur, causant seulement, de temps à autre, de la gêne et
un peu d'engourdissement dans les mouvements. La peau, nor-
male dans sa couleur et sa consistance, était soulevée eil bosselures
arrondies, saillantes dans les éminences thénar et hypothenar, et
surtout au niveau de cette dernière. La. tumeur était absolument
limitée à la paume de la main; la partie inférieure de l'avant-bras
n'offrait aucune trace de gonflement. -
Quand on pressait l'un des deux lobes de la grosseur, on faisait
refluer son contenu vers l'autre lobe. La fluctuation se produisait avec
une incontestable netteté. Le liquide semblait se déplacer avec la plus
grande facilité, et quoiqu'on ne sentît pas de grains hordéiformes,
on obtenait néanmoins une sorte de frôlement rugueux et prolongé
en poussant alternativement la masse vers l'un ou l'autre de ses côtés.
En tenant compte de cet ensemble de signes et surtout de l'évi-
dence de la fluctuation, je diagnostiquai un kyste synovial de la paume
de la main, et je pris jour avec le malade pour lui pratiquer une
ponction suivie d'injection iodée.
Lundi dernier, j'enfonçai un trocart dans la tumeur, au niveau de
la saillie interne (hypothenar), qui était la plus considérable, et, à
ma grande surprise, rien ne sortit par la canule. Je la fis manœuvrer
avec facilité dans l'intérieur de la prétendue cavité; j'introduisis un
stylet dans son calibre. Rien n'y fit; je n'obtins pas une goutte de
liquide. J'avais une telle foi dans un diagnostic auquel j'avais donné
toute mon attention, que je ne fus pas convaincu. Je supposai que le
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— 174 -
liquide était trop épais, ou bien que renveloppe kystique formait
opercule à l'orifice de la canule.
Je me procurai donc un Irocart plus volumineux et bien effilé, et le
matin même, je renouvelai la ponction. Cette nouvelle tentative eut
exactement le même résultat que la première. Évidemment, je m'étais
trompé, ou mieux, j'avais été trompé par une symptomatologie insi^
dieuse. Je retirai brusquement le trocart, et je réunis les deux oriûces
de ponction par une incision de 3 centimètres parallèle à l'axe de la
main. Aussitôt une m*assS graisseuse fit bernie à travers les lèvres de
la plaie, et des tractions légères me permirent d'extraire, par cette
ouverture peu considérable, la tumeur que je mets sous lé^ yeux de
mes collègues.
C'est un lipome bilobé, limité de tous côtés par une enveloppe ceU
luleuse qui a facilité son énucléation. La graisse qui le constitue est
fine, délicate et peu résistante. Cette masse graisseuse reposait sur
les tendons fléchisseurs et était déprimée à son centre par l'aponé-
vrose palmaire. La pression de l'aponévrose et la finesse de la graisse
me semblent expliquer la fluctuation perçue dans la tumeur, et je
crois que le frôlement rugueux était dû au déplacement de lobules
profonds sur les tendons fléchisseurs.
Cette explication me paraît d'autant plus plausible, qu'au moment
où j'extrayais la tumeur et où je faisais passer son lobe externe sous
l'arcade aponévrotique et sûr les tendons, j'éprouvai la même sensa-
tion de frottement saccadé. ^ ' .
Je maintiens, en tout cas, que cette sensation ne ressemblait que trèf^-
imparfiiitement à celles que donnent le déplacement, la collision et le
passage, à travers une étroite ouverture, des graini riziformes/qu'on
trouve dans les kystes synoviaux.
Aussi, à l'avenir, si j'avais à diagnostiquer une tumeur fluctuanle
occupant le même siège et que la crépitation hordéiforme ne fût pas
nettement perçue, je garderais une prudente réserve. Si, de plus, la
tumeur était rigoureusement bornée à la paume de la main, sans
qu'il fût possible de la faire refluer sous le ligament annulaire du poi-
gnet, me souvenant de mon observation et de la malade que nous a
présentée M. Boinet il y a deux ans, malade chez laquelle tous les
membres présents diagnostiquèrent un kyste alors qu'il s'agissait d'un
lipome, je ne voudrais établir lé diagnostic qu'après avoir fait une
ponction exploratrice. C'est, en effet, le seul moyen de trancher le
débat entre nos sens, qui disent : tumeur fluctuante, et par consé-
quent liquide; et la réalité, qui dit: tumeur graisseuse fluctuante, mais
non liquide.
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m-
DISCUSSION.
M. Ghassaignag. Il y a longtemps que des faits, consignés dans nos
Bulletins, prouvent que, dans beaucoup de cas, on croit percevoir la
sensation véritable de là fluctuation, alors cependant qu'il n'y a pas
de liquide dans les points soumis à Texploration. Il ne faut donc pas
dire que la fluctuation est un signe pathognomonique de la présence
d'un liquide.
Dans le cas de^lipôme, c'est lorsque celui-ci siège dans une région
où il est fortement bridé, que Ton perçoit la sensation de fluctuation.
On conçoit assez facilement que, dans certains lipomes, on puisse
obserrer un certain bruissement. Il sufât que, dans le voisinage,
quelques gaînes tendineuses soient légèrement enflammées.
Je saisis celte occasion pour dire que, dans les cas de kystes syno-
viaux, ce n'est pas le froissement des grains riziformes les uns contre .
les autres qui donne naissance au bruissement que l'on perçoit alors,
mais bien le passage de ces grains à travers une ouverture étroite.
J'ai pu m'assurer de ce fait en pratiquant une autopsie, dont j'ai
autrefois donné la relation devant là Société.
, Un individu avait un kyste synovial dans lequel on pratiqua une
injection iodée; la guérisbn s'en suivit. L'année, suivante, il mourut à
l'Hôtel-Dieu à la suite d'une maladie du cœur. Je retrouvai, dans une
des portions du kyste, des grains riziformes; ceux-ci ne passaient
plus par une ouverture étroite, et la sensation spéciale de froissement
n'avait plus lieu.
M. TiLLAux. J'ai vu chez M. Gosselin, en 1859, un malade qui pré-
sentait de l'analogie avec celui de M. Trélat. Au niveau d'un des ten-
dons fléchisseurs de la main, il existait une tuireur molle, fluctuante,
non accompagnée de froissement. On pensa à un kyste, c'était un
.lipome.
M. BoiNGT. L'opinion de M. Chassaignac est trop absolue. La même
sensation que l'on constate dans le cas de kyste synovial, peut être
perçue lorsqu'il existe un lipome; on ne peut plus cependant invoquer
le passage d'un corps étranger par une ouverture étroite. Il faut donc
chercher une autre explication.
Dernièrement, j'ai opéré un lipome situé sur le dos de la main.
La crépitation m'avait fait croire à l'existence d'un kyste. La fluctua-
lion me paraissait évidente. Je pratiquai une ponction sans résultat.
M. Ghassaignag. Je ne dis pas qu'il ne peut y avoir de bruit sem-
blable à celui dont il s'agit que dans les cas de grains riziformes,
•
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— ne —
mais j'explique le mécanisme d'après lequel il se produit lorsqu'il
existe des grains riziformes.
Je crois que la sensation éprouvée par M. Boinet et moi, pendant
Texploration de quelques lipomes, doit être attribuée à ce que ces
tumeurs sont extrêmement mobiles; en conséquen|;e, la surface de
ces tumeurs est facilement déplaçable sur les parties sous-jacentes;
or, cotnme elles sont lobées, on comprend que ces déplacements
donnent lieu à une crépitation, surtout s'ils ont lieu au niveau d'une
série de tendons ou dé petites brides fibreuses.
M. Després. Je partage l'avis de M. Trélat et de^M.'Chassaignac;
mais je ferai remarquer que M. Morel-Lavallée a présenté de nom-
breux exemples de lipomes crépitants. Il a prétendu que la crépitation
était due aux frottements des grains du lipome les uns contre les
autres.
Relativement au fait de M. Boinet, je dirai que les kystes syno-
viaux sont généralement très-tendus, et que la fluctuation y est beau-
' coup moins perceptible que dans les lipomes.
M. Larret. Je ferai observer à M. Després que toutes ces observa-
tions ont été très-complétèment consignées dans la tbèse de concours
de notre regretté collègue Mipbon.
COMMUNICATION. .
M. GuÉNioT communique la note suivante :
Slni^tier phénomène de dentition, on élimination spon-
tanée des denx Inelslves moyennes supérieures ehez on
nonvean-né.
Le 10 avril dernier, un enfant de 9 jours, bien conformé, d'un
développement ordinaire et du sexe masculin, fut apporté dans mon
service, à l'hospice des Enfants-Âssîstés, avec les symptômes suivants:
La lèvre supérieure, tuméfiée, rouge et douloureuse dans ses deux
tiers moyens, était le siège d^une inflammation pbiegmoneuse qui
avait manifestement pour point de départ une lésion de la gencive.
Celle-ci, en effet, dans le point correspondant à la première intisive
gauche, était en partie mortifiée, et des détritus gangreneux, noi-
râtres, intéressaient la muqueuse gingivale dans une étendue de
15 millimètres, à partir du filet labial. Le bulbe de l'incisive médiane,
mis à nu par la chute de la dent, qui avait eu lieu dès la veille, fai-
sait une saillie volumineuse dans cette plaie sanieuse et irrégulière.
Il était plus gros qu'une lentille, d'un rouge-brun foncé, turgide, lin-
guiforme et modérément sensible. Rien de semblable n'existait du côté
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— m — #
droit, et tout le reste du bord gingival soit supérieur, soit inférieur,
se trouvait dans des conditions normales.
Quelle pouvait être la cause d'un phénomène aussi singulier?
Était-ce la gangrène qui avait produit la dénudation de la dent, puis
déterminé sa chute; ou bien, au contraire, n'était-ce pas un tra-.
vail tout à fait anormal d'élimination de cette incisive, qui avait pro-
voqué la mortification de la muqueuse? Malgré la pénurie des rensei-
gnements, il me comblait peu probable que Tenfant eût subi, dans la
région malade, quelque traumatisme propre à expliquer Fexislence de
la gangrène. D'ailleurs, celte étiologie ne pouvait rendre compte de
tous les symptômes constatés. Ainsi, la gangrène était trop super-
ficielle pour avoir pu atteindre une dent qui se serait trouvée profon-
dément cachée dans la gouttière alvéolaire; de plus, le bulbe dentaire
faisait une telle saillie sur le bord de la gencive mortifiée, qu'il était
évident qu'un travail d'élimination avait dû favoriser sa propulsion.
Le petit malade, né à l'hôpital des Cliniques d'une mère qui mourut
de péritonite le quatrième jour de ses couches, avait toute la surface
du corps en pleine desquamation épidermique; ses glandes mam-
maires, un peu tuméfiées, fournissaient à la pression quelques goutte-
lettes de lait; l'ombilic n'était pas encore complètement cicatrisé, et
les parties génitales étaient le siège d'un érythème qui s* étendait
jusqu'au milieu des cuisses. Quoique paraissant avoir souffert dans sa
nutrition, l'enfant n'était ni inquiet, ni difficile, et, à défaut de nour-
rice, il prenait volontiers le biberon. Dans ces conditions, il me parut
que la chute de l'incisive était vraisemblablement la conséquence
d'une inflammation du bulbe dentaire, et que la gangrène de la gen-
cive était le résultat, plutôt que la cause, d'un tel phénomène.
Cette interprétation, toutefois, restait jusque là contestable; mais
elle reçut bientôt une évidente confirmation.
En effet, dès le lendemain, 11 avril, je pus assister à l'évolution
d'un même travail d'élimination portant sur la dent voisine, c'est-à-
dire sur IMncisive moyenne droite supérieure. La gencive correspon-
dante faisait une saillie anormale et formait une tumeur grosse
comme un pois, qui repoussait à gauche le filet labial.
Le 12, cette tumeur avait un peu augmenté de volume, la gencive
était rouge, enflammée et déjà percée en un point par l'angle interne
du bord de la dent. Enfin, le 13 au matin, celle-ci tomba d'elle-même
après avoir traversé la gencive, laissant à nu un bulbe volumineux,
brunâtre, exactement semblable à celui de la première dent expulsée, .
et, comme lui, modérément sensible. Il était saillant sur la gencive et
se trouvait, en quelque sorte, étranglé à sa racine par l'ouverture de
S'Jàie. -— TOMBA. * S3
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^ —178-
cette dernière. Il offrait ainsi une frappante analogie avec les pre-
• miers rudiments d'une plante, lorsque celle-ci vient de rompre les
enveloppes de sa graine et qu'elle commence à s'épanouir au dehors.
Le point précis de la petite plâje gingivale ne correspondait pas au
milieu de Tépaisseur du bord alvéolaire, mais bien à l'angle antérieur
de ce bord qui, chez le nouvéau-né, est mince et comme tranchant.
Dès le 14, c'est-à-dire vingt-quatre heures après la chute de la dent,
le bulbe, si volumineux la veille, avait complètement disparu, et
l'ouverture de la gencive ressemblait à une très-pedte fente linéaire.
11 ne s'était produit, cette fois, aucune mortification, à l'exception de
celle du bulbe qui, sans doute, se détruisit ainsi par - gangrène.
Je ne découvris non plus, à aucun moment, des traces de suppu-
ration.
Quant à la plaie gangreneuse résultant de Télimination de la pre-
mière dent ou incisive gauche, quoique compliquée et beaucoup plus
étendue ({ue la précédente, elle se comporta néanmoins avec une
grande simplicité.
Trente-six heures après la chute de la deut, le bulbe avait disparu
sans laisser de vestiges; des cataplasmes de fécule-, appliqués sur la
lèvre, enlevèrent promplemeot l'inûammation dont elle était le siège,
et la plaie gingivale se détergea avec rapidité, mais seulement après
que l'incisive droite, fut tombée.
Bref, le 16 avril, la guérison me parut assez avancée pour que
l'enfant pût être abandonné aux seuls soins d'une nourrice, et je
signai son départ pour la campagne.
Les deux dents expulsées, ainsi qu'on peut le voir, sont rigoureu-
sement configurées sur un même type. Elles sont symétriquement
semblables, et elles ne diffèrent nullement des dents de nouveau-né
encore cachées dans la profondeur de 1 alvéole. Complètement
dépourvues de racine, elles sont réduites à la couronne, qui est large-
ment excavée. Elles représentent ainsi deux coques solides composées
d'ivoire et revêtues, dans leur moitié libre, d'une mince couche
d'émail (chapeaux de denline).
J'ignore si des faits semblables au précédent se trouvent déjà con-
signés dans la science; la chose est assurément probable. Mais si l'on
excepte les cinq cas publiés par M. le docteur Thore, dans la Gazette
médicale de Paris ^ année 1859, qui s'en rapprochent sous beaucoup
de rapports, les observations doivent en être d'une extrême rareté,
car ^es auteurs spéciaux que j'ai consultés n'en renferment pas même
d'analogues. Mon collègue de l'hôpital, M. Parrot, à qui j'ai fait voir
le petit malade, ne connaît aucun cas de ce genre, et M. le docteur
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^ M9 —
Magitot, malgré ses études sur la matière, n'en connaît pas non plus
qui lui soient comparables. Des cinq faits brièvement relatés par
H. Thore, quatre consistent dans une élimination de dents incisives,
chez des enfants âgés d*un mois ou de six semaines, qui tous ont suc-
combé à des affections viscérales. L'autopsie permit de constater Tab-
sence de tout bulbe dentaire dans les alvéoles malades. Chez le cin-
quième enfant, âgé seulement de 15 jours, deux incisives supérieures
furent expulsées avec leur bulbe à la suite d'une sorte d'abcès alvéo-
laire qui, pendant très-longtemps, fournit une suppuration à travers
la narine gauche. On voit que, dans les quatre premiers cas, une
maladie viscérale compliquée d'affection buccale, et, dans le cin-
quième, une lésion locale grave, peuvent expliquer assez bien l'in-
flammation du bulbe, la chute de la dent et les désordres plusieurs
fois constatés de l'os maxillaire. ♦
Chez mon petit malade, il n*en tïst plus ainsi. La lésion était isolée,
indépendante de toute affection viscérale et, une fois les deux dents
éliminées, les plaies ont marché rapidement vers la cicatrisation.
L'évolution complète du travail d'expulsion, bien constatée pour la
seconde dent, ne permet guère dé douter qu'il s'agisse là d'une véri-
• table élimination des deux incisives moyennes supérieures, élimina-
tion spontanée ayant la plus grande ressemblance avec celle d'un
corps étranger accidentellement introduit dans les tissus. Le gonfle-
ment et rjnflammation du bulbe paraissent avoir été les agents immé-
diats de cette expulsion. Quant ô la cause de l'inflammation du bulbe,
je suis porté à penser qu'elle résulte d'une hétérotopie, ou situation
anormale du germe en dehors de la gouttière alvéolaire. En effet, le
bulbe dentaire, coiffé de son chapeau de dentine, n'a point fait érup-
tion sur l'épaisseur du bord gingival, mais bien sur l'angle antérieur
de ce bord; de plus, la petite tumeur formée par la. propulsion de la
dent, avant le percement de la gencive, se remarquait sur la face
antérieure ou labiale de la inuqueuse alvéolaire, et non sur la
muqueuse gingivale proprement dite. Superficiellement placé au-dessous
de la muqueuse antimaxillaire et en dehors de la gouttière alvéo-
laire, le bulbe de chacune des incisives aurait donc, d'après cette
1 jpothèse, subi une forte hyperhémie ou même une réelle inflamma-
tion pendant la période où s'effectuent, chez le uouveau-né, la mue^
épidermique et la fluxion lactigène des mamelles.
DISCUSSION*
M. Blot. Il ne faut pas intituler cette note : Travail singulier de
dentition; il faut dire tout simplement : Périostite alvéolo-dentaire.
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— 180 -
De la lecture de M. Guénîot, il résulte pour moi que, dans ce cas, il
y a eu un travail pathologique. 11 ne s'agit nullement là d'un fait phy-
siologique sortant seulement un peu de la voie ordinaire.
Sur 20,000 enfants nouveau-nés, je n'ai jamais vu de dents. On m'en
a montré souvent, mais, je le répète, je n'en ai jamais vu. Sans nier
d'une façon absolue ces cas d'éruption précoce des dents, je les crois
excessivement rares, et je pense qu'il faut mettre des points d'inter-
rogation devant les faits assez nombreux cités to^t à l'heure par
M. Guéniot.
Dans son observation, M. Guéniot eût dû nous parler de l'état
général de l'enfant. •
M. Guéniot. Je ne tiens pas au titre de mon observation ; mais je
n'en avais pas trouvé de meilleur.
Relativement aux faits d'éruption prématurée des dents chez les
nouveau-nés« je ne suis pas plus &\é que M. Blot sur leur réalité. Je
suis cependant tenté d'y ajouter foi. Dans les bulletins de la Société
de biologie, on trouve une observation d'un enfant de trois semaines
ayant deux dents bien marquées ; or, il ne me répugne pas de croire
que ces dents étaient visibles au moment de la naissance.
M. Blot n'a jamais vu un fait de ce genre, sur 20,000 enfants^
environ soumis à son observation ; mais cela ne prouve pas grand
chose, car ces faits sont tellement exceptionnels, que leur rareté peut
être comparée à celle des grossesses de cinq enfants.
L'état général de l'enfant a été constamment bon, quoiqu'il ait
souffert d'un défaut d'alimentation pendant quelques jours ; sa mère
étant morte à la Clinique d'une péritonite, l'allaitement a été sus-
pendu pendant quatre à cinq jours.
Ce fait difiere de ceux rapportés par M. Thore, en ce que, sur cinq
enfants, quatre avaient succombé par suite de lésions viscérales pré-
existantes et même d'une lésion locale; ici, rien de semblable n'a eu
lieu; la gencive se rompt, la dent pousse, meurt, tombe; la gencive
se referme, et l'enfant continue à se bien porter.
M. Blot. 11 me semble que vous avez dit qu'il y avait eu de la tumé-
faction et de la rougeur au niveau de la dent.
M. Guéniot. Sur la face labiale de la gencive, on a observé une
petite tumeur, puis, le lendemain, de la rougeur et de la tumé-
*faction.
M. FoRGET. Dans le fait de M. Guéniot, il faut voir un arrêt de
développement ayant donné lieu à une lésion morbide simple et non
un phénomène physiologique. Il ne s'agit pas là d'un cas de dentition
prémafurée.
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- X81 -
Je considère cette lésion comme le premier degré d'une lésion que
j'ai décrite dans mon mémoire sur les anomalies dentaires, et dans
laquelle Tos incisif est détaché en totalité des deux maxillaires avec,
deux étages de dents.
M. Chassaignac. Si Ion veut établir ïe véritable caractère de ces
expulsions osseuses prématurées, avant tout il faut voir si, pour
expliquer ces faits, on ne trouve pas autre chose qu'un phénomène de
dentition physiologique.
Dans le fait de M. Forgot, il y a eu de la périostite; dans celui de
E. Guéniot, de la gangrène de la gencive. C'est là le point de départ :
dans les deux cas, il y a eu maladie première. Ces Messieurs ne
peuvent pas établir que c'est dans le germe qu'a eu lieu l'impulsion
première du phénomène pathologique.
BI. FoRGET. Je ne suis pas éloigné de voir là un fait d'ensemble;
lorsque, dans un os incisif, on voit se dévebpper hâtivement des
bulbes dentaires, on peut penser que ce développement prématuré
est le point de départ du fait secondaire, l'ébranlement -de l'os.
M. GuÉNiOT. Le fait de M. Forge t est bien évidemment anormal.
M. Chassaignac se demande si c'est le bulbe qui primitivement a été
atteint, ou bien, au contraire, si c'est la gangrène de la gencive qui a
provoqué la chute de la dent, l'expulsion du bulbe.
J'élimine cette dernière interprétation, parce que la gangrène
était trop superficielle pour avoir gagné l'intérieur de l'alvéole,
et, de plus, parce que le bulbe était saillant dès le débuts ce qui
tenait probablement à un travail qui se passait profondément der-
rière lui.
Le lendemain de la chute de la première dent, j'ai assisté à l'expul-
sion de la dent voisine. Il n'existait pas de gangrène de la gencive à
son niveau, mais peut-être l'inflammation, partant de la gencive voi-
sine, s'était-elle propagée.
PRÉSENTATIONS DE PIECES.
Corps étrangers de l'oreille.
M. Lefort. Je mets sous vos yeux u^corps étranger que j'ai retiré
avec beaucoup de peine de l'oreille d'un enfant de 4 ans.
Des tentatives d'extraction avaient été faites en ville par plusieurs
médecins.
Les parents croyaient qu'il s'agissait d*un œil de poupée en émail.
J*explorai l'oreille, et je constatai qu'avec les pinces de trousse, je ne
pouvais approcher du corps étranger.
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— 182 -
Après des tentatires très-courtes et infructueuses, je pris la réso-
lution, me fondant sur le renseignement donné par les parents, de
recourir au procédé suivant : j'introduisis un spéculum de l'oreille et
me servis d'un foret, avec l'intenlion de faire éclater l'œil d'émail.
Malgré mes efforts, l'instrument ne mordait pas sur le corps étranger,
et je croyais toujours avoir affaire à un œil d'émail.
Je constatai alors que je pouvais introduire une petite curette sur
l'un des côtés du corps étranger.
J'introduisis alors un morceau de laminaria digitaia pour dilater le
conduit auditif. J'eus soin d'employer une .tige d'un calibre inférieur
à celui du conduit de l'oreille; la dilatation arriva rapidement, et l'en-
fant eut quelques vomissements.
Je pus alors arriver plus facilement sur le corps étranger : je pou-
vais le saisir, mais il m'était encore impossible de l'extraire.
Je pensai alors c^ufr j'avais affaire à quelque objet présentant deux
diamètres différents, que le diamètre le plus considérable ne se trou-
vait pas dans l'axe du conduit; avec deux stylets, j'ai fait tourner le
corps, et je l'ai alors extrait facilement. C'était urfe petite tête de
poupée en porcelaine.
M. Marjolin. J'ai précisément sur moi un corps étranger que j'ai
extrait de l'oreille d'un jeune enfant ces jours derniers : il s'agit d'un
morceau de strass coloré. *
Quand les corps étrangers sont très-friables, rien de plus facile que
d'en avoir raison; mais lorsqu'ils sont durs et lisses, on peut se
trouver en présence de véritables difficultés. Les tentatives d'extrac-
tion avec les pinces ne donnent pas habituellement de résultat satis-
faisant, et peuvent provoquer des désordres très-graves.
On peut essayer avec avantage de passer, derrière le corps étran-
ger, une anse de fil métallique ou de corde à boyau; mais le moyen
ke plus efficace consiste à faire des injections à l'aide d'une forte
seringue ou d'un irrigateur.
M. GuERSANT. Je rejette toujours l'emploi des instruments qui
peuvent devenir la source de çravfes blessures. Je me contente des
injections, mais des injections à courant très-fort.
M. Debiarqdat. La supposition de la présence d'un corps étranger
dans l'oreille peut donner lieu à des manœuvres chirurgicales très-
graves. J'ai donné dernièrement des soins à un monsieur qui, se trou-
vant dans une de nos grandes villes de province, crut s'être introduit
dans l'oreille un corps étranger, le boilt d'un porte-plume. On fit
appeler plusieurs chirurgiens; des tentatives* réitérées d'extraction
furent pratiquées; le tympan fut perforé, et cependant il n'y avait
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~ 183 —
alors et il n'y avait jamais eu de corps étranger dans le conduit auditif
externe.
M. BoiNBT. Je partage l'opinion de MM. Marjoiin et Guersant sur
Tefficacité des injections à fort courant.
M. Lefort. J'approuve remploi des injections et j'y ai volontiers
recours. Dans le cas actuel, il s'agissait d'un corps étranger qui avait
été enfoncé par suite de manœuvres exécutées, et autour duquel il
était impossible de passer le stylet le plus fin. Dans ce cas, les injec-
tions n'auraient pu donner aucun résultat.
r
Calculs de la vessie.
M. Dbmarquàt présente une série de calculs enlevés sur deux
malades, offrant les particularités suivantes :
Le premier malade, âgé de 53 à 54 ans, souffrait de la pierre
depuis dix ans. A Texamen, on constatait qu'il existait un volumineux
calcul viscéral. La taille sus-pubienae fut pratiquée sans l'aide de la
sonde à dard, qui aurait pu intéresser le péritoine. La pierre elle-
même a servi de conducteur : son poids est de 172 grammes. Le
malade n'a éprouvé aucun accident périlonéa); il est mort de sup-
pression d'urine.
A l'autopsie, on a constaté une double néphrite purulente et une
pyélo-néphrite.
Le second malade, 71 ans, a été opéré par la taille bilatérale, à cause
du volume de la prostate et du nombre des calculs, qui étaient de
51 grammes. Un des calculs avait pour noyau une plume d'oie. Ce
malade, qui était affecté de rétention d'urine ivant l'opération, n'a
point recouvré la faculté d'uriner d'une manière normale. Il urine
par regorgement, ce qu'il ne faisait point avant, et cela toutes les
heures.
La séance est levée à cinq heures et demie.
Le Secrétaire : D' Léon Labbb.
SÂANCB DU 6 KAI 1868
Présidence de M. LEGOUEST
Le procès-verbal de la précédente séance est lu et adopté.
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— 184-
GOBRESPONDANCE.
La correspondance comprend : '
Une lettre de madame Laljprie conçue en ces termes :
« A M. le Président de la Société impériale de chirurgie.
« Monsieur le Président,
tTai recours à votre bienveillante intervention pour prier la So-
ciété impériale de chirurgie de vouloir bien instituer un prix qui por-
tera le nom de mon mari (prix Edouard Laborie).
« J'affecte à cette fondation une rente annuelle de 1,200 francs, et il
me serait agréable qu'il n'y eût point d'exclusion parmi les con-
currents.
a Je joins ci-incluse la somme destinée au prix de la première an-
née. Les formalités d'usage seront remplies en temps voirlu pour per-
pétuer un souvenir qui m'est si cher.
« Veuillez, monsieur le Président, agréer l'assurance de ma par-
' faite considération.
« M. Laborie. »
L'original de la lettre de madame Laborie sera déposé dans les ar-
chives de la Société.
M. le Président remet à M. le trésorier le mandat de 1,200 francs
envoyé par madame Laborie.
La correspondance comprend en outre :
Les journaux de la semaine :. Le Bulletin de thérapeutique. — Les
Archives générales de médecine. — La Gazette médicale de Strasbourg.
— Le Journal de médecine de VOuest. — Le Bulletin des irwêux de la
Société impériale de médecine de Marseille. — Traitement de Vangine
diphthérique, par M. Antonio Barborec; Lisbonne, in-8<^, 1868.
•
M. "le Président annonce que M. le docteur Azam, de Bordeaux, et
M. le docteur Notta, de Lisieux, membres correspondants, assistent à
la séance.
DISCUSSION A PROPOS DU PROCÈS-VERBAL.
Sur les Dentitions prématurées.
M. GiRALDÈs. Quelques membres de la Société semblent considérer
comme très-extraordinaires les faits de dentition précoce. Je ne veai
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— 185 —
pas rappeler les faits historiques, mais les faits modernes sont assez
nombreux. Billard avait observé plusieurs fois celte disposition ; j'ai
pu, moi-même, faire souvent cette observation à l'hôpital des Enfants
assistés et à la consultation de l'hôpital des Enfants malades.
M. Guéniot aurait pu trouver, dans le bulletin de la Société de
biologie, une note de moi, dans laquelle sont rapportés beaucoup de
ces faits.
M. Guéniot. L'objet de ma communication ne portait pas sur le
fait de la dentition prématurée, mais sur Télimination très-rapide, en
24 heures, des dents.
M. Guéniot a reçu de M. Ernest Besnier, médecin des hôpitaux, une
lettre dans laquelle celui-ci dit avoir observé, il y a p^u de temps, un
enfant venu au monde avec deux dents incisives t-ès- complète-
ment développées. Les matrones, lorsqu'elles observent des faits sem-
blables, dit M. Besnier, ont Thabitude de pratiquer l'extraction des
dents le lendemain de la naissance. Dans le cas observé par M. Bes-
nier, les personnes qui entouraient Tenfant lui firent presque un re-
proche de n'avoir pas suivi celte pratique»
ExtraetloH des corps étrangers de l'oreille.
m. GiRALDÈs. L'usage des douches, dans le cas de corps étrangers
de Toreille, est admis par la généralité des chirurgiens, et il n'est pas
justifiable d'aller chercher ces corps avec des instruments et surtout
avec les pinces, qui causent tant de désordres.
M. Lbfort. Les douches ne donnent pas des résultats aussi mer-
veilleux que M. Giraldès veut bien le dire. Je n'ai agi comme je l'ai
fait que parce qu'il était impossible de procéder autrement. On m'a
ramené Tenfant à l'hôpital, il va bien.
M. Blot. Le moyen sur lequel M. Giraldès insiste n'est pas aussi
inoffensif qu'il le croit. J'ai vu Ménière enlever ainsi un bouchon cé-
rumineux. La douche très-forte que l'on employa, amena une suppu-
ration de l'oreille; la surdité devint d'abord plus considérable et plus
tard incurable. Je ne puis dire si le tympan fut détruit par la douche,
mais en tout cas il le fut par la suppuration.
Je conclus qu'il ne faut pas manier les douches sans une certaine
précaution.
M. Chassaignàg. On ne doit renoncer aux douches qu'après les
avoir essayées très-sérieusement. Je ne crois pas que l'accident si*
gnalé par M. Blot puisse être attribué à la douche, à moins que le
tympan ne fût préalablement malade et friable.
^ iéri^. — TOME IX. S4
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— 186 —
•
M. GiRALDÈs. Dans les cas d'accumulation de cérumea , il y a dila**
tation du conduit auditif, le tympan est dépouillé de son épithélium et
un peu ramolli. Si Ton pratique alors une injection, on se trouve
dans des conditions bien différentes de celles qui se présentent lors-
qu'un corps étranger est introduit dans Toreille complètement
saine.
J'ajouterai que l'usage des instruments métalliques peut donner
lieu à des erreurs. On peut prendre pour un corps étranger une por-
tion d'os dénudé.
M. Blot. Je n'ai pas voulu être aussi affirmatif que paraissent le
croire mes collègues. Je n'ai pas dit que c'était la douche qui avait
perforé le tympan.
M. GuERSANT. Dans les cas très-nombreux où j*ai employé les irri-
gations, je n'attachais pas beaucoup d'importance à employer une
force très-grande; mais je tenais à répéter les séances d'irrigation. .
LECTURE.
M. NoTTA, de Lisieux, membre correspondant, lit un travail
intitulé :
Réflexiona anr deux èas de movt à la suite d*faiJeetloiiB
de liqneur de Villate
Deux cas de mort à la suite d'injection de liqueur de Yillate, par
M. Heine {Extraits de Wirchow archiv., 48 novembre 1867)/ ont été
publiés dans la Gazette hebdomadaire, numéro du 14 février dernier.
Ces deux cas, d'après M. Heine, ajoutés à celui que M. Legouest a
signalé à la Société de chirurgie en 1866, portent à trois le nombre
des morts attribuées à l'usage de ce médicament. Ces faits seraient
de nature à jeter une certaine défaveur sur cette médication, s'ils
étaient accompagnés de détails précis, indiquant qu'aucune des règles
que j'ai posées pour l'emploi de ces injections n'a été omiu^ort
heureusement il n'en est rien, et, ainsi que j*espère le démoaM^es
ob.^ervations publiées dans la Gazette hebdomadaire ne prouvempas
que la liqueur de Yillate soit responsable de ces funestes résultats.
De ces trois faits, j'en écarterai deux qui, en définitive, n'en sont
qu'un seul, car celui de M. Legouest, qui n'avait pas été observé par
cet émiuent chirurgien, n'est autre que celui de M. Hergott, dont il
avait eu connaissance indirectement lorsqu'il le signala à la Société
de chirurgie.
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Dans ce fait de M. Hergott, observé en 1863, et cité dans le travail
dé M. Heine, il s'agissait d'un petit garçon de 10 ans, atteint de fis-
tules dans la région trochanlérienne. On fit une injection d'une très-
petite quantité de liqueur de Villate. Douleur très-vive. Un vomisse-
ment, refroidissement, et mort le soir même de l'injection.
L'analyse du sang et du foie et l'autopsie ne donnèrent que des
résultats négatifs. Est-ce à Cduse de ces résultais négatifs que l'on
attribue la mort du malade à la liqueur de Villate? Qu'entend-on,
d'ailleurs, par les résultats négatifs de l'autopsie? Mais si je posais
toutes les questions que suggère un fait présenté de celte façon, que
prouverais-je, sinon que cette observatron manque de tous les élé-
ments nécessaires pour avoir quelque valeur, à moiqs que le posl hoc^
propfer hoc ne devienne une preuve scientifique. Aussi ne m'y
arréteraî-je pas plus longtemps et aborderai-je immédiatement le seul
fait important, qui est celui observé par M. Heine.
Dans celle observation (1), « il s'agissait d'une jeune fille de
12 ans, chez laquelle, à la suite d'une résection des os du tarse,
existaient des trajets fistuleux fongueux qui n'avaient aucune ten-
dance à la guérison. On pratiqua une injection de liqueur de Villate,
la moitié d'une petite seringue à injection environ fut injectée sous une
pression assez forte. La malade accusa aussitôt une vive douleur, et,
pendant l'injection^ une assez grande quantité de sang s'écoula de la
plaie. Quelques minutes plus tard, la malade était d'une pâleur cada-
vérique, plombée ; un frisson violent avec claquement de dents, le
refroidissement des extrémités s'étaient brusquement établis; le pouls
était petit, accéléré; la plaie avait une teinte brunâtre; la tempéra-
ture qui, le matin, était de 38 degrés, s'abaissa peu à peu, vers le
soir, jusqu'à 34«,2. Le pouls s'affaiblit, et le soir, il était à 140 pul-
sations. Le frisson, qui dura plusieurs heures, fut suivi, dans la nuit,
d'une période de chaleur, puis de sueurs ; peu à peu la malade devint
somnolente, elle eut une évacuation diarrhéique, elle s'affaiblit de
plus en plus et mourut à minuit, le jour même de l'injection.
t A l'autopsie nous noterons, parmi les particularités, la couleur
rofoge rerise ou carminée du sang, l'œdème des poumons et l'hyper-
cMilc bronchique; enfin, dans une préparation du sang fluide contenu
dans le ventriciule droit, on trouva, au microscope, un cristal rhom-
boédrique de sulfate de cuivre. »
M. Heine n'hésite pas à rapporter la mort, dans ce cas, à une
(1) Je oite textuellement.
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— 188 —
intoxication brusque par rentrée de la liqueur de Yillate dans les
vaisseaux. Nous partageons son opinion. Il est évident qu'une veine a
été ouverte, et que Tinjection de liqueur de Yillate pure a pénétré
dans le torrent de la circulation; le cristal de sulfate de cuivre trouvé
sur le champ du microscope dans une préparation de sang fluide con-
tenu dans le ventricule droit, et les autres détails de l'observation,
paraissent ne laisser aucun doute à cet égard. Mais je le demande, de
bonne foi, peut-on attribuer, dans ce cas particulier, la mort de la
malade à l'action toxique de la liqueur de Yillata? Que Ton eût injecté
dans la veine de la teinture d'iode ou une solution de nitrate d'argent»
on eût obtenu le même résultat et personne n'en eût été surpris.
Eh bienl la liqueur de Yillate, comme l'iode, comme le nitrate d'ar-
gent, doit être injectée dans les trajets ûstuleux et non dans les veines,
et alors elle n'est pas toxique. Ce n'est donc pas elle qu'il faut rendre
responsable de la mort de la malade, mais bien la manière dont on
l'a employée. Et ici, qu'il me soit permis de dire à ce propos, malgré
les nombreux desiderata que l'on trouve à chaque pas dans celte
observation, que la plupart des règles que nous avons tracées pour
l'emploi de ce médicament n'ont point été observées.
D'abord, on ne nous dit pas combien il y avait de temps que la
résection des os du tarse avait été faite, lorsque Tinjection fut pra-
tiquée. Or, nous avons recommandé de n'employer la liqueur de Yil-
late que dans les affections anciennes, et même plus la maladie est
chronique, plus les résultats obtenus sont remarquables. Dans les
affections d'origine récente, elle peut présenter des inconvénients, mais
jamais elle n'a occasionné la mort.
Avait-on, ainsi que je l'ai conseillé, dilaté les trajets ûstuleux pour
prévenir la rétention de la liqueur de Yillate? Âvait-on essayé
préalablement des injections de teinture d'iode ou de vin aromatique
pour s'assurer de quelle manière elles se comportaient et pour se
rendre compte de 'la quantité de liquide qui pouvait rester dans les
clapiers? Enfin, a-t-on commencé par tâter la susceptibilité de la
malade en faisant une injection de celte liqueur, étendue d'eau? Rkn
de tout cela n'a été fait, ou du moins on ne le mentionne pas dans
l'observation.
Si j'insiste sur ces questions de détail, c*est plutôt pour montrer
le peu de valeur de cette observation que pour expliquer la mort,
qui Test suffisamment par l'injection de la liqueur dans une veine.
Maintenant, M. Heine ne nous dit rien de la composition de la
liqueur dont il s'est servi : cela a pourtant son importance. Cepen-
dant, par la lecture des réflexions qui suivent son observation , je
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— 189 —
serais porté à croire que la liqueur, qu'il a employée n'est point
eiactement celle qfie nous avons préconisée. Ainsi, il parle de préd"
pité brunâtre. La liqueur de Villate, faite suivant la formule de Yil-
late (1), donne un précipité blanc de sulfate de plomb, précipité blanc
qui prend une teinte s^ à cause de la coloration vert-foncée du
liquide dans leqyel il est en su«pension, mais qui n*est aucunement
brunâtre, comme le dit M. Heine.
M. Heine a trouvé au microscope, dans une préparation de sang
fluide pris dans le ventricule droit, un cristal rhomboédrique de sul-
fate de cuivre. Je ne h conteste pas ; mais alors, quelle était la pro-
portion de sulfate de cuivré dans sa liqueur? Celle dont nous avons
donné la formule contient 0,065 milligr. de sulfate dé cuivre par
gramme, en supposant que Tacétate de plomb soit sans action sur ce
sel. Mais, l'acétate de plomb,- décomposant au moins un tiers du sèl de
euivre, il en résulte qu'un gramme de liqueur de Yillate contient au
plus 0,04 centig. de sulfate de cuivre. En admettant, dans le fait de
M. Heine, que l'on ait injecté dans les veines 5 grammes de liqueur
de Yiliate, ce .qui est le poids du liquide contenu dans la moitié d'une
petite secingue à injection, il n'aurait pénétré dans le système circu-
latoire que 0,20 centig. de sulfate de cuivre dissous. Or, peut-on
^ admettre que ces 0,20 centig. de sel de cuivre dissous et mêlés à la
masse totale du sang de sa malade pendant douze heures, saturent
ce liquide à un point tel qu'il dépose un cristal microscopique, il est
vrai, mais enfin reconnaissable? Il me semble qu'une pareille hypo-
thèse est inadmissible, et que 'l'on se trouve forcé d'en conclure ou
que M. Heine a iujecté une liqueur de Yillate autrement saturée de
sulfate de cuivre que la nôtre, ou qu'il a pris pour un cristal de ce
sel ce qui n'en était pas.
Plus loin, M. Heine parle d'acide acétique, et il attribue la mort à
Taction de cet acide. Mais, et j'ai beaucoup insisté sur ce point
{Réponse à quellfues objections à l* emploi de la liqueur de ViUate, etc.,
l'ifnian médicale, 22 et 24 novembre 1866), ce n'est pas de l'acide
acétÎ4g[ue qui doit entrer dans la composition de la liqueur de Yillate,
•éa yinaigre de vin. Le vinaigre de vin blanc est bien de l'acide
(1) Voici cette formule :
Sous-acétate de plomb liquide. ,. 30 p^.
Sulfate de cuivre crist ) .«
Sulfate de zinc crist , ( ^'
Vinaigre de vin blano : . . ... 200 gr.
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— 190 —
acétique, mais beaucoup moins corrosif que Tacide acétique des phar-
maciens, et ii y a, au point de vue physiologi(jlie, une différence
capitale entre la liqueur de Yillate préparée avec Tun ou l'autre de
ces acides. Celle préparée avec l'acide acétique cause des douleurs
tellement insupportables chez Thomme, qu'elle peut causer des acci-
dents, et que j'ai dû y renoncer. Le vinaigre de Tin blanc est beaucoup
mieux toléré par les malades.
Par tous ces motifs que nous venons d'énumérer, nous sommes
autorisé à nous demander quelle était la composition de la liqueur
employée par M. Heine.
Nous avons, comme M. Heine, cherché à nous rendre compte du
degré de danger que pouvait présenter la liqueur de Yillate lors-
qu'elle pénétrait dans l'économie soit par absorption, à la suite d'une
injection sous-cutanée, soit brusquement dans le système circulatoire
à la suite d'une injection dans une veine; et prenant pour base Tob-
servation de M. Heine, nous avons pensé que si le liquide contenu
dans la moitié d'une petite seringue à injection, dont le poids est de
5 grammes, avait pu déterminer la mort chez un enfaat de iî ans,
donX nous eslimeroos le poids approximativement à 25 kilogrammes,
dix à douze gouttes, ou 0,«H0 centigr., devraient empoisonner un lapin
pesant 2 kilog. 1/2.
Ex'périence L — Le 11 avril (1), nous avons pris deux lapms
pesant chacun 5 livres, et nous avons injecté, sous la peau du dos de
ces deux animaux, avec la seringue de Pravaz, 10 gouttes de liqueur
de Yillate pure. Chez l'un, nous avoAs injecté la liqueur verte faite
avec le vinaigre; chez l'autre, la liqueur bleue faite avec l'acide acé-
tique. Ce dernier a paru plus incommodé que le premier. Pendant
deux heures, ces animaux n'ont pas mangé. L'extrémité du nez se
contractait; les flancs battaient avec précipitation, puis, peu à peu,
ces accidents se sont calmés, et, le lendemain, ils paraissaient très-
bien portants. '^
Eocpérience IL — Le 14 avril, sur les deux mêmes lapins, je mets
à nu la veine crurale et j'injecte doucement, avec la seringue de Pra-
vaz, dans cette veine, 20 gouttes de liqueur verte à Fun et 10 gouttes
de liqueur bleue à l'autre.
Après l'opération, ils paraissent éprouver quelques instants
d'anxiété. Battements précipités des flancs, particulièrement chez
(1) M. Corbière, vétérinaire trta-distingiié, m*a prêté ion oonoours pour
pei divertei «zpéri«
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eeltii chez Ie<fael j'avais injecté la liqueur bleue. Deux heures après,
ils mangent et ne paraissent plus incommodés.
Expérience in. — Sur un des deux lapins qui ont servi aux expé-
riences précédentes, le 17 avril, j'injecte sous la peau du dos
20 gouttes de liqueur verte. Mêmes phénomènes que précédemment.
Les jours suivants, il estl)îen portant.
Expérience IV. — Le^ 20 avril, sur chacun de mes deux mêmes
lapins, .j'injecte sous la peau 40 gouttes de liqueur de Villale. Pour
cela, je pratique une piqûre sur chaque flaqc, et par Chaque piqûre,
j'injecte 20 gouttes. A l'un de ces animaux, j'injecte de la liqueur
bleue; Jk l'autre, de la liqueur verte. Ils ne sont pas plus incommodés
que dans les expériences précédentes. Au bout de deux heures, ils
mangent la nourriture qu'on leur apporte, et le lendemain et les jours
suivants, ils paraissent bien portants. *
Expérience F. — Le 17 avril, à deux heures de Taprès-midi, sur un
chien d'assez forte taille pesant 15 livres, nous mettons à nu la veine
crurale droite, et nous injectons avec les plus grandes précautions,
sans qu'une • seule bulle d'air pénètre dans la veine, 1 gramme de
liqueur de Villate verte.
La plaie est réunie par une suture; l'animal est inquiet, souffrant,
ses flancs battent avec violence; la respiraiion est profonde. Cet état
dure une heure environ, puis peu à peu il se remet, et le soir, à
sept heures, il mange de la viande, et la nuit, il mange une soupe
au lait qu'on a placée auprès d&Iui. Les jours suivants, il parait ne
pas se ressentir de cette injection.
Expérience VL — Le 20 avril, sur le môme chien, nous mettons à
nu la veine humérale, et nous y injectons 6 grammes de liqueur de
Yillate verte. Immédiatement la respiration devient profonde, préci-
pitée. 11 y a du hoquet, deux vomissements; il rend ses urines, puis
des matières fécales, et il meurt sans convulsions tétaniques, un
quart d'heure après l'injection.
Le lendemain matin, nous pratiquons l'autopsie : raideur cadavé-
rique prononcée; les poumons ne sont point œdématiés. A la coupe,
il ne-s'écoule pas de liquide séro -sanguinolent. Ils sont souples, cré-
pitants et manifestement emphysémateux dans toute leur étendue.
A peine présentent-ils quelques traces de congestion à leur partie
inférieure. Le cœur et les gros vaisseaux renferment un sang noir,
non coagulé, ayant la consistance d'un sirop épais, mais ne présentant
nullement la coloration de laque carminée signalée par M. Heine
Le ventricule droit est médiocrement distendu par ce sang. Quant an
Sauche, il est contracté et n'en eontient qu'une très^petite quantité.
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— 192 -
Des expériences qui précèdent, il résulte que la liqueur de Villate
injectée sous la peau des lapins ne détermine aucun accident à des
doses même fort élevées eu égard au volume 'de Tanimal. Ainsi, ils
ont pu supporter 40 gouttes ou 2 grammes de cette liqueur sans être
incommodés, alors que déjà ils avaient servi, les jours précédents, à
de nombreuses expériences du même genre qui auraient dû affaiblir
notablement leur résistance vitale, si la liqueur de Villate était aussi
toxique que le feraient supposer les expériences de M. Heine. .
L'injection de liqueur de Villate à la dose de 50 centigrammes à
1 gramme dans les veinés des lapins et d'un chien n'a point amené
de troubles durables dans la santé de ces animaux.
Ces expériences nous démontrent l'extrême tolérance avec laquelle
l'économie paraît supporter c-ette injection. Il est vrai qu'une dose de
6 grammes a déterminé la mort du chien : mais quel est le médicament
même le plus innocent qui, injecté dans une veine huniérale à cette
dose, ne déterminerait pas la mort?
Nous pouvons donc conclure que, contrairement aux expériences et
aiix assertions de M. Heine, la liqueur de Villate peut, sans inconvé-
nient, être injectée en petite quantité, dans le sang, chez les animaux.
En résumé, je crois avoir établi que la mort, dans le fait de
M. Heine, est due à Tinjection de la liqueur de Villate dans les veines
de sa malade; que son observation est, du reste, fort incomplète et
que, d'après ses propres expressions, il a dû employer une injection
dont la composition diffère de celle que nous préconisons; d'où il suit
que, jusqu'à présent, aucun fait ne prouve qne la liqueur de Villate
employée d'après les règles que nous avons indiquées, ait déterminé
la mort.
Si un cas malheureux se présentait, nous demandons qu'il soit
publié dans tous ses détails, afin que chacun puisse juger si la faute
en est au médicament ou à la manière dont il a été employé, et si
j'insiste sur ce point, c'est que j'ai, par devers moi, des faits
que je me propose de publier plus tard, dans lesquels j'au-
rais dû perdre mes malades, si la liqueur de Villate était aussi toxique
que l'on veut bien le dire : c'est qu'il est vraiment étonnant que la
liqueur de Villate ait été employée pendant des années, dans le ser-
vice de M. Velpeau, pour le traitement des fistules rebelles succédant
aux abcès du sein, et qu'elle soit journellement mise en usage par
M. Nélaton dans les affections les plus diverses, sans que ces habiles
chirurgiens aient eu aucun accident à déplorer. Aussi suis-je heureux
de pouvoir m'appuyer sur l'exemple et Tautorité de ces illustres
maîtres pour mettre en garde sur les cas de mort publiés jusqu'à ce
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— 193 —
jour, et pour appeler sur eux une enquête sévère et détaillée qui per-
mette de se prononcer sur leur valeur.
COMITÉ SBGRBT.
La Société se forme en comité secret pour entendre un rapport sur
les titres des candidats à la place de membre titulaire.
La séance est levée à cinq heures.
Le Secrétaire^ D^ Léon Labbé.
SÉANCB DU 13 MAI 1868
Présldenee de M. LEGOUEST
Le procès-verbal de la précédente séance est lu et adopté,
GORRESPONDANCB.
La correspondance comprend :
<— Les journaux de la semaine.
— Rapports sur \q Mal de Saint-Lazare^ ou Élephaniiam des Grecs;
— sur la Gazette médicale de Mexico, extraits des archives de la Com-
mission scientifique du Mexique, par M. Larrey.
— Étude sur les Hôpitaux de Romey thèse inaugurale, par
M. Et. J. SchaeufTele.
Traitement da bee-de-Uèvre*
 Toccasion du procès-verbal, M. Broca croit devoir donner
quelques explications sur une lettre adressée au rédacteur de la
Gazette des Hôpitaux^ par M. le professeur Sédiliot, de Strasbourg.
Cette lettre, dit-il, a été motivée par la publication de ma note sur
Vapplicaiim de la suture osseuse au traitement du bec-de- lièvre corn'
pliqué. Elle aurait sans doute été adressée à notre président, si notre
éminent collègue, M. Sédillot avait su que mon travail avait été Inà
]a Société. La mention de ce fait n'ayant pas été donnée (et je le
regrette) par la Gaulle des Hôpitaux^ il était naturel de croire que
2« série. — TOMR ix. Î5
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- W4 —
Fartiele avait été oomanisiqué directeioeiit au rédacteur. M. Sédillot«
trompé par les apparences, a d(Hic adressé au journal sa reetiôcation^
et il Fa fait, d'ailleurs, dans des termes si courtois, que je dois, avant
tout, le remercier de sa bienveillance.
gi j'avais écrit un travail ex 'professe sur le point de chirurgie que
j'ai traité, je me serais fait un devoir de citer l'opinion de tous les
chirurgiens dont les écrits font autorité, et, parmi eux, je nie serais
bien gardé d'oublier M. Sédillot; mais la note que je lisais à la Société
de chirurgie a'était que la suite d'une discussion commencée dans une
précédente séance. A l'occasion d'un cas de bec-de-lièvre double et
très-compliqué présenté par M. Demarquay, j'avais émis Topinion
qu'on pouvait tenter de conserver le tubercule incisif, et je m'étais^
trouvé seul de mon avis.
Il en eût été sans doute autrement il y a vingt-cinq ans, époque oii
mon maître, Biandin, venait d'instituer le procédé d'excision triangu-
laire de la cloison, qui permet de réduire aisément le tubercule
osseux. Ce procédé fut alors accueilli avec faveur par les chirurgiens ;
mais lorsqu'on eut vu que le tubercule restait mobile, qu'il était
inutile et gênant, on revint peu à peu à la méthode de Franco, si bien,
je le répète, que l'idée d'appliquer le procédé de Biandin à la petite
malade de M. Demarquay fut écartée par tous mes collègues. Lors-
qu'une opinion reçoit un pareil accueil à la Société de chirurgie, on
peut dire, devant cette Société^ qu'elle est généralement abandonnée;
mais je n'ai pas dit, pour cela, qu'elle fût repoussée par tous les chi-
rvrçiens. J'ai annoncé, au contraire, dès les premières lignes de ma
note, que j'allais, à l'aide d'une observation clinique, « démontrer la
possibilité d'un fait nié par la plupart Jles chirurgiens. » C'est après
cette phrase que j'ai ajouté : « On s'accorde généralement à dire
aujourd'hui que le tubercule incisif doit être enlevé.... » Le mot géné-
ralement^ faisant immédiatement suite aux mots : la plupart des chi-
rurgiens, exprime évidemment la même idée. En deux autres passages,
j'ai encore parlé des chirurgienSf mais nulle part M. Sédillot n'a pu
lire dans ma note que j'aie, suivant l'expression qu'il me prête, « cité
l'opinion de tons les chirurgiens, » et mérité par là d'être spirituelle-
ment comparé à madame de Sévigné, qui crut voir un jour « toute la
France » dans la chapelle du château de Versailles.
L'éminent professeur de Strasbourg n'est donc pas fondé à croire '
que j'aie négligé de lire son important Traité de médecine opératoire;
mais il a raison de vouloir bien me compter parmi les partisans de
l'École de Strasbourg. Je fais tous mes efforts pour profiter des beapx
travaux de cette École. Dans le cas particulier du bec-de-lièvre, toute-
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— 195 ^
fois, je dois, avant tout, me ranger au nombre des disciples de
Blandio, dont j'ai cherché à compléter le procédé en y ajoutant l'avi-
yemeot et la suture du tubercule osseux, procédé que j'ai, pour ainsi
dire, vu naître sous mes yeux, car j'étais attaché au service de ce pro-
fesseur en 1843, époque où il l'inventa.
ÉLECTION d'un MEMBRE TITULAIRE. '
L'ordre du jour appeïîe Id^ nommation d'un membre titulaire.
La Commission chargée de Texamen des titres des candidats aralt
placé :
En première ligne, M. Marc Sée;
En deuxième ligne, M. Dopïay ;
En troisième ligne, M. Paulet.
Sur 26- votante, obtiennent :
M. Marc Sée, i^ voix;
M. Paulet, 5 voix ;
M. Duplay, 2 reix.
NOMINATION DE COMMISSION.
Nomination d'une Commission pour l'examen de» titres des candi-
dats à la place de membre titulaire.
Cette Commission sera composée de MM. de Saint-Germain, Guyon
et Tillaux.
CQVMUNIGAnON.
Sur la rapidité de développement de certains enchondrômes.
-«- M. Trslat. m. TiitaQx , dans une communication récente sur
im cas dTen^ondrôme de la mâchoire supérieure, a appelé votre
atleition sur la très-çrande rapidèté avee laquelle cette tucaeur s'était
développée.
Je Tiens d'avoir l'occasion d' observa* éeus. faits de développemoart
rapide de renchondrôme. Dams le premier cas, il s'agissmt d'une jeune
iemme, dont j'ai déjà parlé ici, et chez laqneiie une énorme tumeut
de la partie latérale du cou mit environ dix-huit mois à atteindre son
ir«luiiie. Cette tomeor était un encboncbrôme pur.
Ce m»tiD même j'ai enlevé, snt- une femne, une trnneor de la
région parotidienne, qui s'était développée en trois ans. J'avais n^
une certaine réserve dans mon diagnostic et posé la cpiestion de
l'esLisIcDCs possible d'one simple hypertrophie.
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— 196 —
L'opération qui» d'ailleurs, n'a présenté aucune difficulté, une foit
terminée, j'ai pu voir que la tumeur présentait exactement les mêmes
caractères que celle dont je viens de parler. Je parle des carac-
tères observables à l'œil nu, car l'examen microscopique n'a pat
encore été fait.
« En présence de pareils faits, jie pense que la question de la rapi-
dité ou de la lenteur du développement des tumeurs cartilagineuses
demande à être soumise à une révision sérieuse.
Déjà, au point de vue de l'anatomie pathologique, on a de la ten»
dance à admettre des variétés dans le groupe des tumeurs qui ren*
ferment des éléments cartilagineux.
Je voudrais savoir si les faits tels que celui de H. Tillaux et les
miens sont exceptionnels, ou bien, au contraire, s'ils sont plus com-
muns qu'on ne Ta cru jusqu'à ce jour.
M. Després. Les faits analogues à ceux dont nous ont entretenu
MM. Tillaux et Tréiat ne sont pas rares pour les enchondrômes vis-
céraux. Les bulletins de la Société de chirurgie renferment des faits
d'enchondrôme testiculaire à marche rapide. Dans ces cas, on a
constaté les caractères qui sont attribués par Wirchow à l'enchon-
drôme muqueux.
On trouve aussi, dans les Bulletins de la Société anatomique et de
la Société de chirurgie, des observations de tumeurs qui se sont
développées, comme le fait le cancer, et qui renfermaient des élémefits
cartilagineux, mais pas lés éléments du cartilage normal. On a, en
outre, rencontré dans ces tumeurs des éléments fibro-plastiques.
11 faudrait se demander si, dans les ca» de MM. Tillaux et Tréiat,
il n'existait pas des éléments fibro-plastiques.
M. Tillaux. Je ne crois pas à la ressemblance des tumeurs du tes-
ticule, dont a parlé M. Després, avec celles de M. Tréiat et la mienne.
Dans le cas que j'ai obserré, il n'y avait pas une foule d'éléments
anatomiques, mais bien du cartilage pur et rien autre chose. J*avais
diagnostiqué une tumeur fîbro -plastique, à cause de la rapidité dû
développement de la produeti(m morbide. Rien, dans l'examen anato-
mique, fait par MM. Laboulbène, Ranvier, Quinqaud et moi, n'a
permis de justifier ce diagnostic. Il n'y avait pas de traces d'élémentà
fibro-plastiques. >
Ces tumeurs sont peu fréquentes, et à l'œil nu môme, ne peuvent
être confondues avec des tumeun fibreuses, car leur aspect est tout à
fait celui du cartilage.
M. Després. Je ne discute pas les faits de MM. Tillaux et Tréiat ;
mais je dis qu'il y a une quantité très-considérable de tumeurs qui
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— 19T —
renfenneat, dans leur intérieur, du cartilage et autre chose que du
cartilage.
Dans toutes les tumeurs classées parmi les enchondrômes, il n'y a
pas exclusivement de la substance fondamentale et des cellules de
cartilage. Il existe aussi du fibro-cartilage, et Ton trouve au milieu
des fibres des cellules embryonnaires de cartilage. Je crois que toutes.
les tumeurs qui ont été observées jusqu'à ce jour, et qui marchaient
très-vite, ne renfermaient que des éléments de ce genre et non pas
les éléments normaux du cartilage.
M. Ghassaignag. Relativement à cette grande variabilité de durée
des enchondrômes, il est bien évident qu'aujourd'hui les faits sont
mieux observés qu'autrefois. Jadis^ on a considéré ces tumeurs sous
un autre jour; ainsi, l'on a rangé beaucoup d'enchondrômes parmi
les tumeurs colloïdes. Ceci explique les difiërences attribuées à l'évo-
lution de ces tumeurs.
Dans toutes ces tumeurs, il faut tenir compte de plusieurs condi-^
Uons : i^ de la présence du tissu cartilagineux; 2<' de la présence de
tissus secondaires propres à la région; 3» de l'état général du sujet
qui peut accélérer la marche de la production morbide, la composition
anatomique restant la même.
M. GiRALDÈs. M. Trélat veut qu'on soumette à une révision com-
plète l'histoire des enchondrômes. Pour réviser cette question, il fau-
drait soumettre tous les faits à un mode d'investigation identique»
l'examen microscopique. Or, à ce point de vue, la plupart des faits
anciens doivent être mis de côté; ainsi, toutes ces tumeurs indiquées
par M. Després n'ont pas été examinées iivec un soin convenable, et
ron ne peut en tenir compte.
M. Dksprés. Les observations auxquelles j'ai fait allusion sont des
faits très-sérieux, tels que ceux qui appartiennent à M. Lhonneur, à
H. Dauvé, ceux rapportés dans la thèse d'un élève de FËcole de
Lyon, M. Conche, etc.
M. Trélat. M. Després a pris la parole deux foiç, d'abord pour
s'occuper de nos observations; mais les faits rapportés.par M. Tillaux
et par moi ne doivent pas donner lieu à discussion, car il s'agit d'en-
chondrômes purs.
Que certaines tumeurs mixtes marchent avec rapidité, cela est pos-
sible, mais cela n'a rien à voir avec nos faits.
En second lieu, M. Després .a trac4un historique fort approximatif
de la doctrine de Wirchow, en ce qui concerne les enchondrômes.
Dans la description donnée par M.. Després, je ne vois absolument
rien qui prouve qu'il ne s'agit pas là d'enchondrôme. Ce qu'il y a d'im-
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— 198 —
portant dans les faits que je yiens de signaler, c'est qo'assuréoient ih
sont exceptionnels et noal connus encore.
M. Ghassaignac. Pour bien conaprendre et interpréter la marehe
lente de certaines tumeurs, il faut bien avoir présente à l'esprit rêve-*
IvlioB de quelques infiansnnttions chroniques, dans la compositiotf
desquelles ou Toit, à un certain momeKt, interrenir des éléments
nouveaux, Féléoient cancéreux, par exemple. Dans un cas de ce
g«Kre, on ne pevt dire que Ton a eu affaire à une tumeur cancéreuse
pure à marche lente.
Un individu; biâi portant d'ailleurs, a une tumeur; puis son état
général se modifie, et il devient cancéreux. Bh bien ! dans ce cas, ce
H'est pas sur le terrain de la composition anatomique de la tumeur
qu'il faut se placer pour juger la question, mais sur celui de Tétai
général du sujet.
M. FoRGET. Sans vouloir rien enlever aux observations de tf.Ghas-^
saignac, je. veux seulement faire remarquer qœ cette question de
dégénèresoence des tumeurs par suibstitutîott de tissu a déjà été
agitée, ii j a une qninaaine d'années, devant la Société de chi-
rurgie.
PRÉSENTATION DE HUliWE.
M. GuERSANT présente un jeune enfant qui n'a qu'un os à Tavant-
bras, et à la main un seul doigt. Les avaat-bras sont fléchis sur les
bras et dirigés en arrière.
La séance est levée à cinq heures.
Le secrétaire, D' Léon Laiwé.
SÉANCE DU 20 HAÏ 1868
.PvésÂdeiuse de K* LECÏOUEST
Le procès-verbal de la précédente séance est lu et adopté.
GOREŒSPONDANGE*
La correspondance comprend :
-^ Les jouvnaux de la semaine.
— L% Bulletin de théraptntàque^YeclaL table des tomes LXIàLXXii
(IWi à 1867).
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— 199 —
— UJâwrmlëe wédeme et de chirurgie pratiques.
— La Gazette médicale de Strasbourg.
— Le Monipdtier médical,
— La Revue médicale de Toulouse,
— Le Bulletin médical du nord de la France.
— Nouvel appareil à irrigation médiate, par M. Rinaldi, ancien chi-
rurgien militaire.
— Trois vûliunes de Mémoires de chirurgie^ par M. Larrey, offerts à
la Société par l'auteur.
— Traité des divisions congénitales ou acqvÀseSy de la voûte du palais
d de sen milCy par A. Prelerre. In-8° avec 97 figures.
— Une lettre de notaire notifiant le décès de M. Ange Duval,
membre correspondant de la Société.
A l'occasion du procès-verbal :
Enehondrome. — M. Trélat dépose sur le bureau l'une -des
deux observations qu'il a citées dans la dernière séance; Taulre ob-
servation a été publiée par la Gazette des Hôpitaux, qui en a reçu le
manuscrit.
Obs. — Eugénie R..., 40 ans, blanchisseuse.
Entrée salle Sainte- Marthe, n« 49, le 20 avril 1868.
La santé habituelle a toujours été et est encore Ixmne.
C'est à trois ans environ que cette femme fait remonter le début de
la tumeur qu'elle porte à la région parotidienne. Au commencement,
dit-elle, c'était comme une lentille placée sous la peau, [mobile et
incolore.
Lentement, par une marche qui semble avoir été régulièrement
progressive, cette tumeur a i>ris le développement où nous la voyons
arrivée; mais, sauf quelques élancements que la malade y ressentait
surtout à l'époque des règles, aucune douleur vive ne s'y montrait,
Aciuellement, à la région parotidienne gauche, existe une tumeur
arrondie qui, revêtue des téguments, dessine une bosselure grosse
comme un œuf de poule. Sa situation est telle, que la partie supé-
rieure de son contour atteint la partie la plus élevée de la région,
tandis que son bord inférieur est distant de 2 eentimètres environ de
TaBgle maxillaire. En avant, elle déborde sor le bord postérieur de la
branche montante en arrière, elle soulève notabiement le lobule de
ïoreille. Sa consistance est ii peu près uniforme, rénitente, en aucun
point fluctuante, mais un peu plus molle au sommet.
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— 200 —
Nulle part le doigt n'y perçoit la sensation caractéristicpie d'une
enyeloppe osseuse dépressible.
Eile semble formée de trois lobes : un supérieur, un inférieur et un
antérieur moins développé.
La pression n'y provoque aucune douleur.
La tumeur gêne peu, et seulement depuis ces derniers temps, les
mouvements de la mâchoire.
La peau, qui est saine sur la tumeur, est sans aucune adhérence
avec elle. Vient-on à explorer la mobilité de la tumeur elle-même,
celle-ci, au contraire, n'est que partielle et limitée.
En présence d'une tumeur qui n'offre guère d'autres caractères que
ceux qui sont communs à cette classe d'affections à marche lente, sans
douleur, sans adhérence de la peau, le diagnostic devait osciller entre
deux variétés de tumeurs bénignes, presque également fréquentes en
ce point : l'adénome parotidien, ou l'enchondrôme. Et il faut ajouter
que le diagnostic différentiel^ poussé à un plus haut degré de préci-
sion, était, dans le cas actuel, matériellement impossible.
L'opération fut pratiquée le 13 mai. Incision verticale comprenant
toute la peau. Incision horizontale de 2 centimètres partant de l'angle
supérieur de la première incision. En écartant le lambeau ainsi cir-
conscrit, on détruit les quelques filaments celluleux qui unissent la
peau à la tumeur. L'énucléation se continue facilement. Les trac*
tiens faites sur la tumeur, au moyen d'une crique, en déterminent la
rupture. Les fragments qui s'en échappent sont visiblement des frag-
ments d'enchondrôme mou. Quand M. Trélat a enlevé toute la masse
cartilagineuse qui a le volume d'une grosse noix, on voitj de la façon
la plus nette, la face profonde du kyste qui contenait la masse cartila-
gineuse. La dissection du kyste s'achève sans difficulté, mais provoque
un notable écoulement sanguin.
Pansement sec, légèrement compressif.
14 mai. — Mouvement fébrile très-léger; peu de douleur au niveau
de la plaie. Même pansement.
15 mai. — L'incision transversale est en voie de réunion.
16-17 mai. — La plaie suppure à peine et est recouverte d'une
couche grisâtre pseudo-membraneuse. Pansement avec l'eau -de-vie
camphrée.
18 mai. — La plaie suppure et commence à bourgeonner.
Aujourd'hui^ 20 mai, la plaie est en voie de cicatrisation rapide.
L'examen histologique de la tumeur a été fait par H. Ranvier.
La tumeur est un enchmdrôme à ceUvks ramifiées^ en voie de dégé'
nérescence muqueuse.
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-^201 —
Les éléments cellulaires sont de deux ordres : 1° quelques rares
cellules cartilagineuses ordinaires entourées de leur capsule, et dissé-
minées au milieu des autres; 2»* des cellules ramifiées (0,012 à 0,018)
offrant de deux à six prolongements qui vont s'anastomoser avec les
prolongements des cellules v.oisines.
La substance fondamentale, amorphe en certains points, fibreuse
dans d'autres, présente un très-grand nombre de fibres élastiques.
Les points où ces fibres élastiques offrent cette grande longueur,
contiennent beaucoup de cellules et peu de substance intercellulaire,
dételle sorte qu'on dirait que ces fibres élastiques proviennent direc-
tement des cellules allongées par leur tassement.
Les parties qui ont subi la dégénérescence muqueuse se rencontrent
dans UB assez grand nombre de points. On voit des cavités de formes
et de dimensions variables renfermant de la substance muqueuse, des
fibres élastiques et un petit nombre de cellules, qui sont devenues
granulo-graisseuses.
— M. GiRALOBS. Je tiens àfaite remarquer, afin qu'il n'y ait pas double
emploi, que l'enfant présenté par M . Guersant dans la dernière séance
est le même que celui dont il est question dans une de mes leçons
«iialques publiées récemment.
— M. Chassaignac. Je pense que la note adressée en réponse par
Bf. Broca à la lettre de M. Sédiltot n'exprime .pa.s la véritable manière
de voir de la Société de chirurgie, relativement à l'opportunité de la
canservation du tubercule osseux médian, dans le cas de bec- de-lièvre
compliqué. Je n'ai pas voulu, il est vrai, que Ton conservât le tuber-
cule osseux chez l'enfant présenté par M. Demarquay; mais il s'agit
là d'un cas particulier et don pas de l'application d'un principe gé-
néral. Or, c'est sous ce dernier jour que notre manière de voir est
présentée dans la note de M. Broca.
M. Depaul. Je m'associe complètement à la réclamation de M. Chas-
saignac. Dans la discussion qui a eu lieu ici, je n'ai voulu parler que
du cas présent.
M. Guersant. Ainsi que mes collègues, j'admets que dans un grand
nombre de cas, il faut conserver le tubercule osseux médian.
— Sur l'invitation de M. le Président, M. Marc Sée, nommé membre
Utnlaire, prend place parmi ses collègues.
!• série, — TOME ix. 26
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— 202 —
COMMUNICATIONS.
M. TiLLÀCx fait la communication suivante :
Luxation spontanée de la alxiëme vertèbre cervicale snr
la septième.
Le nommé M..., âgé de quarante-huit ans, ébéniste, partit le lundi
4 mai de i nier passer la journée au camp de Saint-'Maur avec plusieurs
amis; Tuu d'eux lui donna un croc-en-jambe qui le fît tomber sur
rherbe ; mais la chute fut si légère que le malade se releva immédia-
tement^ n'éprouva aucune douleur et perdit même complètement le
souvenir de cette chute, puisqu'on dut plus tard la lui rappeler. II
était deux heures après midi. Pendant quatre heures encore. M...
continua à courir et à jouer avec ses amis. Tout à coup, vers six
heures, il s'affaissa en s'écriant : « Soutenez-moi, je ne puis plus me
porter. » Les assistants ccurent d'abord à une plaisanterie, mais ce
n'était que trop vrai. Il fut transporté de suite au villafee voisin, où un
médecin constata une paraplégie absolue, et le même soir, à onze
heures, il entrait à l'hôpital Saint* Antoine. L'interne de garde ne
constatant, ni dans l'état local, ni dans les antécédents, rien qui indi-
quât un traumatisme, plaça le malade dans le service djB M. le doc-
teur Millard, médecin de l'hôpital. Je suis heureux de remercier cet
excellent collègue de in'avoir permis de vous communiquer ce fait.
Le 5, à la visite du matin, M. le docteur Millard constate une para-
plégie complète. La paralysie remonte jusqu'au troisième espace in-
tercostal. Les membres supérieurs eux-mêmes ont perdu de leur sen-
sibilité tout en conservant la mobilité. Il n'y a pas trace d'action
réflexe dans les membres inférieurs. Le malade, qui est fort intelli-
gent, rend parfaitement compte de son état et ne sait à quelle cause
rattacher les phénomènes qu'il éprouve.
En examinant la région dorsale, on constate une saillie très-pro-
noncée de l'apophyse épineuse de la septième vertèbre cervicale. La
tête tout entière est portée en avant ; mais le malade, interrogé à cet
égard, déclare qu'il se tient très-mal à l'ordinaire et qu'il marche tou-
jours la tête penchée dans ce sens ; 11 ne lui semble pas qu'elle soit
plus penchée que d'habitude ; cependant il éprouve du soulagement
lorsque l'on redresse légèrement sa tête.
L'action de la moelle était totalement anéantie à partir de la région
cervicale; mais à quelle cause directe rattacher cette paraplégie?
M. Millard était fort embarrassé, et je ne le fus pas moins que lui en
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— 203 —
. examinant le malade; car, comment admettre une fracture ou une
luxation de la colonne vertébrale avec les commémoratifs qui sont
relatés plus haut : traumatisme insignifiant et produit quatre heures
avant le début des accidents, nulles traces de maladie antérieure ;
santé habituelle excellente.
Les symptômes de la paraplégie persistèrent les jours suivants, et
le malade mourut le 8 mai, quatre jours après son entrée.
L'autopsie nous a révélé les particularités suivantes, que vous pou-
vez constater sur la pièce que j'ai Thonneur de mettre sous vos
yeux.
Les muscles des goutlièrcs vertébrales étaient infiltrés de sang. Une
fois ces muscles enlevés, il fut facile de constater que la colonne ver-
tébrale était complètement séparée en deux tronçons au niveau de la
septième cervicale; nous crûmes d'abord à une fracture. Un examen
plus attentif démontre que les surfaces osseuses étaient intactes, qu'il
existait une luxation complète entre la sixième et la septième cervi-
cale. Les cinq premières vertèbres ont conservé leurs rapports avec la
sixième. La capsule qui réunit les surfaces articulaires est déchirée,
ainsi que le ligament inter-épineux. Le disque inter-vertébral est
rompu d'avant en arrière et de haut en bas, en sorte qu'une portion
de ce disque adhère en avant à la face supérieure de la septième, et
l'autre portion à la face inférieure et en arrière seulement de la
sixième. Les surfaces osseuses ne sont pas érodées et présentent seu-
lement une légère vascularisation ; mais la lésion capitale porte sur
la septième cervicale. Au lieu de représenter une surface rectangu-
laire dans le sens antéro-poslérieur, la coupe de cette vertèbre donne
la forme exacte d'un coin dont la base est en arrière et le sommet en
avant. La face postérieure de la vertèbre mesure en hauteur 15 milli-*
mètres, tandis que la face antérieure n'en mesure que 7. La face supé-
rieure représente donc un plan incliné de haut en bas et d'arrière en
avant. On ne constate aucune trace de suppuration ancienne ou ré-
cente, ni dans les corps vertébraux, ni dans le voisinage. Du reste,
les renseignements fournis par le malade, ceux donnés aujourd'hui
encore par sa veuve ne dénotent aucune maladie antérieure, aucune
douleur dans la région du cou.
La moelle, examinée trop tard pour que les recherches histologi-
ques soient possibles, était fortement comprimée et réduite en une
pulpe presque liquide au niveau de la luxation.
En résumé, depuis une époque qu'on ne peut préciser, il s'était
produit sur la septième vertèbre cervicale un travail de résorption
et non pas usure, car le disque inter-vertébral n'était nullement dé-
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trait ; Y0ti8 le voyez encore intimesnent adhérent à la partie de la
Ténèbre qui a perdu de sa hauteur : les deux vertèbres ue frottaient
dojoc pas 1 une contre T autre.
: Depuis longtemps déjà la sixième vertèbre cervicale et la tète avee
elle s'étaient inclinées sur le plan oblique, en bas et en avast, que
kur offrait la face supérieure de la septième, d'où cette attitude vi-
cieuse que le malade rapportait à sa profession. Puis, tout à coup,
sous rinâuence |H*obable d'une cause véritabiement insigniûante,
puisque le malade n*a éprouvé 4e6 accidents que quatre heures apcè»
sa chute, une luxation complète en avant s'est produite, et a déter-
miné la mort.
C'est la marche et le mécanisme, à coup sûr fort insolites, de cette
luxation, qui nous ont engagé, M. le docteur Miliard et moi, à vof»
en relater les détails.
M. Despbès. Le fait remarquable à quelques égards que M. Tiliaux
vient de nous faire connaître, me semble pouvoir trouver une expli"-
cation assez simple. 11 s'agit là d'un mal de Pott, du genre de celui
qui a été étudié par M. Nichet. Le point de départ de la maladie a
été la bourse séreuse du fibro-cartilage ; aujourd'hui, tout autour de
l'os, on voit des traces d'inflammation. Dans un pareil état, on com-
{»*eud qu'un effort léger ait pu prodube une luxation spontanée.
M. LAftREY. Je pense également que dans ise fait on peut suivre
très-bien les deux périodes du mal vertèlKal ; dans la première exis*
tait l'ostéite vertébrale, dans la seconde est parvenue la paraplégie,
oaraclère essentiellement décrit par Pott daus ses deux mémoires.
M. TiLLAux. 11 est bien évident qu'il y a eu une inflammation de
l'os;* mais ce qu'il y a de singulier dans le cas actuel, c'est que cette
tumeur blanche ait passé complètement inaperçue, et que tout à coup
elle ait causé une luxation spontanée,
M» Dësprès. Je me méfie des faits extraordinaires et c'est pour
cda que j'ai pris la parole. Je le répète, il s'agit là de la forme de
mal de Poit étudié par 1VI. Nichet, mal de Polt ayant son point de dé-
pan dans le ménisque inter-^tteulaire ; or, l'on sait que l'os s'use
' dans ce cas. Si on avait pu interroger le malade sur ses antécédents
de jeunesse, on eût découvert quelques traces de symptômes d'ar-
thrite vertébrale.
M. TiLLAui. Cette interrogation a eu lieu et n'a donné que des
résultats négatifs.
M. Panas. J'ai examiné le malade de M. Tiliaux peu de temps après
l'aceideni. Cet individu affirmait que c'est trois heures après avoir
joué avec aes camarades «pi'il avait été ârappé de paralysie.
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On a pensé alors qu'il y avait une lésion aneîeime, et l'on a posé le
diagnostic : fracture, suite évidente de lésion ancienne.
Pour moi, il à existé une maladie du ménisque intep-articulaire.
n y avait un ramollissement du disque intervertébral ; par suite de cet
état, le cou du malade était dans une position vicieuse, et cette près*
sion de longue date a amené une usure du corps vertébral en avant.
En même temps que cela existait, le ramoUîssement continuait à sa
faire, et c'est à la suite d'un mouvement de flexion de la tête en avant
que la rupture a eu lieu.
Luxation du poignet.
M. GoTON, j*ai rhonneur de présenter à la Société de chirurgie le
moule en plâtre d'une luxation fraumalique du poignet, que je viens
d'obsfrver à l'hôpital des Cliniques.
Toici les détails relatifs à l'observation de ee fait intéressant.
Le 15 mai 1868, pendant la visite, on conduit à la clinique le
nommé P.. . Hippolyte, tailleur de pierres, âgé de 30 ans. L*accident
subi par le malade était tout récent; blessé dans le chantier de la
Sorbonne, P. . . avait été immédiatement conduit à Thôpital. Aussi
arons-nous pu l'examin» avant tout gonflement, et nous rendre
compte, dès Tabord, de l'exacte configuration de la région malade.
Au premier coup d'oeii, il paraissait impossible de ne pas songer à
on déplacement du poignet en arrière ; Ton voyait distinclemenf sur la
face dorsale du poignet une saillie régoHère rappelant exactement la
forme du carpe. Du côté de la main cette saillie fait suite à sa face
dorsale, du côté de l'avant-bras, existe un relief nettement accusé, et
d'autant plus distinct que la peau forme deux plis transversaux très-
accusés dans le sillon qui marque la ligne de démarcation inférieure.
Ce point est distant de plus de quatre centimètres de la ligne de
flexion de la face antérieure du poignet.
En avant, la saillie que l'on observe est beaucoup moins régulière
et paraît plus volumineuse ; elle descend à cinq millimètres de la ligne
de flexion du poignet, dont elle u'esl séparée que par un pli épais de
la peau. Au toucher, cette saillie antérieure est très-irrégulière, le re-
bord osseux le plus en relief est si abrupt que l'on se prend à se de-
mander s'il ne s'agit pas de l'extrémité d'un fragment fracturé. Mais
il est bientôt facile de reconnaître le bord antérieur de l'extrémité in"
fèrteure du radius et l'apophyse otyloïde notablement portée en avant ;
]a position de l'apophyse cubitale montre que cet os est moins sensi-
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— 206 —
blement porté en avant. Il n'est d'ailleurs en aucone façon porté ea
dehors.
Comparées Tune à Pautre, ces deux saillies sont donc fort dissem-
blables et diffèrent à la fois par leur forme et leur position. L'une, la
dorsale, remonte vers l'avant-bras et s'éloigne de quatre centimètres
du pli de flexion, l'autre, la palmaire, s'en rapproche jusqu'à cinq
millimètres.
L'une et l'autre refoulent les tendons, mais nous n'avoos pas ob-
servé, comme cela a été vu par M. Yoillemier, que la peau fût sou^
levée par les tendons extenseurs écartés du corps du radius. Ainsi que
nous l'avons dit, la peau formait au-dessus de la saillie dorsale deux
plis transversaux.
La main n'offrait aucune déviation, elle était restée dans l'axe de
Tavant-bras, les doigts étaient modérément fléchis.
Le malade souffrait cruellement, était anxieux, mais racontait nette«
ment ce qui lui était arrivé. Il taillait une pierre énorme ; voulant la
changer de position, il lui imprima de la main droite un mouvement
de bascule, tandis que de la main gauche il l'empêchait de glisser
trop rapidement. Bientôt il sentit que sous Finfluence du poids consi-
dérable qu'elle soutenait, la main gauche se ployait outre mesure; il
voulut la dégager, mais le coude fut arrêté par une autre pierre pla-
cée derrière lui, et la première continua à presser de tout son poids
sur la paume de la main gauche, alors que le coude fournissait ua
point d'appui fixe ; à ce moment, le malade n'a ni entendu ni senti de
craquement, mais il a éprouvé une douleur violente. Bientôt dégagé
par ses camarades, il fut conduit à l'hôpital.
Nous nous empressâmes de faire mouler le membre malade; lors*
qu'une heure après son entrée P... fut conduit à l'amphithéâtre, le
gonflement de l'avant-bras était déjà très-prononcé. La saillie qUe l'oQ
remarque au-dessus du carpe déplacé est bien accusée par le moulage,
e( nuit môme à sa physionomie; cette saillie molle était évidemment
due au gonflement de la gaine des radiaux externes qui se produit si
habituellement dans les fractures ou entorses de l'extrémité inférieure
du, membre thoracique. .
Le malade fut chloroformé jusqu'à résolution musculaire. Toute in-
vestigation devenait alors facile, et nous croyons dfevoir déclarer que,
sous le bénéGce de toute absence de douleur et d'inconvénient pour
le malade, nous ne craignîmes pas d'explorer les extrémités déplacées
avec tout le soin, toute la rigueur possiblos.
Il fut alors évident : 1» que nous avions bien affaire aux surfaces
articulaires déplacées; 2o que l'extrémité inférieure du radius n'était
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— 20T —
le siège d'aucune solution de continuité; — sur ce point en particulier
notre examen fut aussi complet que possible ; — S"" que les apophyses
du radius et du cubitus n'étaient pas fracturées ; k^ que l'articulation
radio-cubitale inférieure avait, elle aussi, subi des déchirures liga-
menteuses, car il était possible de faire jouer Tune sur Fautre les extré-
mités osseuses.
La réduction fut facile; elle s'opéra sans craquement; le membre
fut placé entre deux attelles modérément serrées qui embrassaient la
main et l'avant-bras. Mais dès le soir il fallut renoncer à toute con-
tention. Le gonflement était devenu considérable, et le lendemain ma-
tin nous trouvions de nombreuses phyctènes séro-sanguines. Dès lors
nous avons abandonné tout appareil, et le membre enveloppé de cata-
plasmes fut déposé dans une gouttière. Aujourd'hui, le gonflement
a bien diminué, et voici ce qui était constaté ce matin même.
Malgré l'absence de moyens contentifs, le •déplacement ne s^est
pas reproduit; à aucun degré la pression sur l'extrémité inférieure du
radius n'est douloureuse, à plusieurs reprises nous l'avons vivement
pratiquée au lieu d'élection sans que le malade se plaignit. Aucune
douleur n'est provoquée lorsque l'on presse les apophyses styloïdes ,
mais la pression de l'articulation, au niveau de la face dorsale du poi-
gnet, est très-sensible et, à ce niveau, le carpe fait une saillie encore
appréciable.
Nous pouvions, grâce au moulage, comparer le membre à lui-même
avant et après réduction. Vous voyez très-nettement sur le plâtre la
pointe de l'olécrâne; nous avons mesuré de ce point à la saillie du
troisième métacarpien. Le membre actuel, c*est-à-dire après réduc-
tion, est de 2 centimètres plus long. Nous avons aussi comparé l'a*
Tant-bras gauche à l'avant-bras droit. Les apophyses styloïdes ofl'rent
la même position, c'est-à-dire qu'à droite et à gauche l'apophyse du
radius descend plus bas que celle du cubitus. Enfin le radius droit et
le radius gauche sont de là même longueur.
Vous le voyez, ce que nous observons aujourd*hui vient confirmer
ce que nous avions noté le jour de Taccident, et nous pensons avoir
le droit de maintenir le diagnostic de la luxation sans nous en référer
à une autopsie qui, fort heureusement, n'est pas en cause.
Nous dirons avec Malgaigne : « Avec tous ces signes on est en droit
d'affirmer la luxation du poignet, simple ou avec de petites fractures
insignifiantes. » C'est là, en effet, le seul point du diagnostic qui soit
fort difficile sinon Impossible à résoudre. La luxation n'est pas simple
d'aiileurs'^ puisque nous avons tout au njoins reconnu le diastasis de
Tarticulation radio-cubitale inférieure. Mais ce n'est pas le plus ou
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XQOiQs de simplicité de la luxation qui était en question ; c'était le fait
de la luxation elle-même et l'absence de toute fracture de Texlrémité
inférieure du radius. Nous espérons que la Société de chirurgie pen-
sera que les conditions particulièrement favorables, fournies par le
traumatisme si récent et par Texamen sous le chloroforme, joiptes à
l'ensemble des renseignements énumérés, sont de nature à faire ac-
cepter le diagnostic que uous croyons pouvoir défendre.
Opération d'ablation d'un yolype naso-pharyni^ien.
M. Verneuïl communique, au nom de M. Louis Thomas, de Tours,
une observation de polype naso-pharyngien, récemment opéré par
lui.
Pour endormir le malade, M. Thomas a mis en pratique le pré-
cepte préconisé dernièrement devant l'Académie de Médecine, par
M. Verneuil, et qui' consiste à faire préalablement le tamponnement
de la fosse nasale.
Ce travail est renvoyé à une commission composée de MM. Guérin,
Labbé et Verneuil.
PRÉSENTATION DE MALAPE ET DE PIÈCE.
Fibrome calcifié du sinus maxillaire g^auehe simulant une
exostose nécrosée. -— Ablation du maxillaire. — Guéri-
son.
M. Demabquay présente une tumeur singulière, développée dans le
sinus maxillaire dont elle a peu à peu distendu la cavité, en amincis-
sant ses parois.
Cette tumeur est formée de deux parties : Tune extérieure, de na-
ture fibreuse : l'autre centrale, d'apparence osseuse, constituée par
une série de séquestres libres dans une cavité, dont la couche fibreuse
forme les parois. Ces productions calcaires sont mortifiées, grisâtres,
inégales et très- friables ; elles exhalent l'odeur des os nécrosés. Elles
sont en assez grand nombre^ pressées les unes contre les autres;
il en existe cependant une plus volumineuse, longue de 3 centimètres
et demi, dont le poids égale 10 grammes, et la densité 1,609.
L'examen microscopique, pratiqué par M. Bouchard, y a démontré
l'absence d'ostéoplastes. L'analyse chimique faite par MM. Naquet
et Lamouroux a montré que cette concrétion était formée de carbo-
nate de chaux, de phosphate de chaux et de magnésie, et enfin d'une
substance organique peu abondante, ne rappelant nullement, par ses
propriétés, la trame organique des os. Les sels ne sont non plus nul-
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r
— 209
lement dans le rapport qa'ils présentent dans le tissu osseux. En effet,
la proportion du phosphate au carbonate y est comme 10 est à i,
tandis que dans les os elle est comme 7 est à 1 .
La couche la plus extérieure de la tumeur, qui paraît former la
lésion principale et dont la partie centrale doit représenter le dernier
terme de développement, est dure, fibreuse, d'un blanc grisâtre et à
peine adhérente à la lame osseuse qui Tentoure.
L'examen microscopique a montré qu'elle était formée de tissu fi-
breux contenant, entre ses mailles, des grains calcaires de même na-
ture que la concrétion centrale. Cette couche est loin de présenter
partout la même épaisseur. Réduite à quelques millimètres en bas et
en dehors, elle s'épaissit considérablement en haut el surtout en de-
dans, où elle envoie un prolongement qui a rejeté le nez à droite et
détruit Todorat. Excepté au niveau de Fouverture du sinus qui est
conservée, cette masse fibreuse est partout recouverte d'une mince
lame de tissu osseux qui, en certains points, ne dépasse pas Tépais-
seur d'une feuille de papier.
Cette tumeur a été enlevée sur un homme de trente-trois ans, chez
qui elle avait mis dix-huit années à se développer. Malgré son volume
considérable, elle n'avait entraîné aucun désordre grave dans l'état
général, et elle était restée à peu près indolente. On n'y percevait au-
cune crépitation. Sur la joue et dans la bouche, il existait plusieurs
trajets fistuleux conduisant dans la cavité centrale où étaient conte-
nus les séquestres, et, en introduisant un stylet, on sentait manifes*
tement une surface dure et mobile.
Après l'ablation du maxillaire, le malade a parfaitement guéri, et
aujourd'hui grâce à un obturateur, il parle avec facilité.
Cette tumeur a été considérée, par M. Ranvier, comme nn fibrome
calcifié dont la partie centrale s'est nécrosée par l'exagération de Té-
lément calcaire sur la partie organique.
M. Bouchard croit plutôt à une altération spéciale non encore dé-**
Cfite de la fibro -muqueuse des tissus, dont les éléments auraient
subi une hypergénèse considérable, en même temps que l'incrustatioa
calcaire.
(Pour plus amples détails, consulter la Gaxelte médtcole du 30 mai.)
— A cinq heures un quart la Société se forme en comité secret.
La séance est levée à cinq heures trois quarts.
Le secrétaire, D' Léon Labbé.
%• série. — TOME IX. 27
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— 210 —
SÉANOK BU 2*7 MAI 18tô
Présidence de m. f^lEB0tJEST
Le procèfr-verbal de la précédeate séance est. la et adopté.
CORRESPONDANCE,
La correspondaiice compread :
Les journaux de la semaine.
— VDnUm mé^cale de la Prcvence,
— Le Bulletin de la Société des Sciences nMieakt du Grûndr-Mebé^
êe Luxembourg.
'— Le Bulleim de la Société deméèeeme de Bestmçmu
— Observation de polype lipomaieux d^ la cvmej pas le docteur
O. Mai Tan Mons.
— Sur le diagnogtic différentiel de la CyifhMey pftr le docteur
»* W. Berend.
— Bulletin de V Académie roytde de médeeme deBelgi^. 3* fiérie,
i. H, n« 3.
-* Mémoire» des concours et des savants étrangers^ pubUéa ^r
F Académie re^iAe de médecine de Belgique. 4' fasciçale du tome YL
— Des nouveaux procédés opératoires de la caioïoêUy paraUèie et
eriiiquef par L. Wecker.
— Une lettre de M. le Ministre de TlnstruetioA publi<|ue, annonçant
ik la Société quMl lui a alloué, à titre d'encouragement, une somme de
600 francs.
* M. le Président annonce la mort de M. le docteur Loir» membre
correspondant.
— A i»ropos du proeès-yerbal :
(Tenim^TatteM An tubereule oaseax médU» âmnn le emm
de bee-de-lièirre compliqué.
M. Broca. Je vois avec plaisir que le dissentiment n'est paa aussi
grand que je le croyais entre mes collègues et moi, relatirement à la
conservation du tubercule osseux médian dans le cas de bec-de-lièvre
compliqué.
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-211 —
Lots de ncltre première discussion, j'avais |mrlé non pas d'un cas
particulier, mais au point de Yue général. Or, les collègues qui ont
réclamé dans la dernière séance n'ayaient pas pris la parole ce
jour là. Quant à MM. Giraldès et Demarquaj, ils paraissaient you-
îoir rejeter en principe la conservation du tubercule osseux.
J'ai reçu une lettre de M. le docteur Ribell, de Toulouse, m'annon-^
çant qu'il venait de faire, il y a huit jours environ, Tapplication de la
suture osseuse à un cas analogue au mien. Son malade va bien, mail
cette observation n'aura de valeur que dans quelques mois, lorsqu^on
aura la preuve que la soudure osseuse est bien réelle.
DISCUSSION.
Luxation du. poignet.
M. BoiNET. M. Guyon, dans la dernière séance, a rappelé un cas
de luxation en avant du poignet que j'avais autrefois montré à
M.Nélaton et dont celui-ci avait parlé dans son livre de patiiologie.
Ce fait a été présenté à TAcadémie par M. Gerdy. J'avais trouvé cette
luxation, à ramphilhéâtre, sur le cadavre d'une vieille femme. Le
poignet était tellement déformé, que le carpe faisait saillie en avant
et les os de Tavant-bras sur le dos de la main. Je disséquai la région,
e* je trouvai dans cette articulation, dont les mouvements étaient par-
faits, du côté de l'apophyse slyloïde du radius, une lésion ancienne
qui paraissait être la trace d'une fracture. Ainsi, dans ce cas, il y
avait eu une lésion des os et non une luxation pure.
Sur le cadavre, j'ai essayé de produire des -luxations du poignet;
dans tous les cas, le déplacement était accompagné de fractures des
os voisins.
Je crois que les luxations pures sont tout à fait rares, sinon
impossibles. Les faits dans lesquels l'autopsie a été pratiquée font
défaut.
M. Desormbàux. Autrefois, j'étais de l'avis de M. Boinet; mais
il y a trois ans, j'ai observé un cas de luxation en arrière, qui n'a
pas laissé de doute dans mon esprit, quoique je n'aie pas pratiqué
l'autopsie.
Dans ce cas, j'ai diagnostiqué une luxation, parce que le carpe fai -
sait en arrière une saillie, située plus bas que celle qui existe dans la
fracture du radius. De plus, les apophyses styloïdes du radius et du
cubitus faisaient saillie en avant. La saillie du carpe, en arrière, était
masquée par le faisceau des tendons extenseurs, mais en repous-
sant ceux-ci sur la ligne médiane, on pouvait sentir les saillies laté*
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— 212 —
raies du carpe. En ayant, se trouvait le faisceau des tendons fléchis-
seurs; en le refoulant sur la ligne médiane, on trouvait facilement les
saillies des apophyses styloïdes.
La réduction a été faite sans difficulté. Pour réduire, j'ai exercé
une traclion, la main étant dans une légère flexion; puis j'ai redressé
celle-ci lorsque les surfaces articulaires ont été rentrées dans leur
cavité. On ne put alors faire mouvoir les fragments, comme cela se
passe après la réduction d'une fracture de l'extrémité inférieure du
radius.
Le plâtre que nous a présenté M. Guyon m'a fait croire bien plutôt
à l'existence d'une fracture du radius qu'à celle d'une luxation en
arrière du carpe.
M. .Larret. Les luxations pures du poignet existent bien réelle-
ment, et l'on peut rappeler le fait de M. Padieu, dans lequel la lésion
fut vérifiée par l'autopsie. Il n'existait aucune fracture. En 1851,
M. Paret, médecin militaire, a soutenu sur ce sujet une bonne thèse,
dans laquelle sont reproduits les principaux faits connus.
M. GuY9N. J'ai dit que je présentais un moule de luxation en
arrière du poignet, sans fracture de Textrémité inférieure du radius;
mais je n'ai pas entendu parler de la fracture des rebords articu-
laires.
M. Marc Sée. Je ne voudrais pas que le fait présenté par M. Guyon
prît rang dans la science sans contestation.
M. Guyon a dit que, dans la fracture du radius, il y avait toujours
déjettement en dehors du fragment inférieur et de la main. Ce signe
est, en eff^et, donné .par les auteurs, mais cela n'est pas toujours
exact. Souvent il existe seulement une inclinaison du fragment infé-
rieur en arrière, d'où la nécessité de reconnaître deux variétés de ces
fractures ; fracture avec inclinaison en arrière et en dehors ; fracture
avec inclinaison en arrière seulement. J'ai pu constater l'existence de
ces deux variétés chez un couvreur qui avait fait une chute d'un lieu
élevé sur les deux poignets. Du côté où il y avait une simple incli-
naison en arrière, la déformation était en tout semblable à celle que
nous observons sur le moule que nous a présenté M. Guyon.
M. Chassaignag. Au point où en est cette question, on ne peut
avoir une solution satisfaisante que les pièces anatomiques en main.
Mais nous ne devons pas oublier que si la luxation du poignet était
admise trop facilement autrefois, il s'est produit sur ce point une
réaction que l'on pourrait regarder comme exagérée depuis que
Dupuytren a formulé l'opinion de l'existence presque constante de la
iracture, à la suite des traumatismes de ce genre.
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r
— 213 —
U. GuTOM. J*ai fait TOir qu'il y arait une déformation énorme en
arrière, et je crois que lorsque ce déplacement est aussi marqué, Il
existe une déviation en dehors, dans le cas de fracture.
La réduction a été opérée, et le déplacement ne s'est pas reproduit.
Le membre, douze jours après la réduction, est bien conformé.
H. Labbé Je ne saurais accorder, comme le fait M. Desormeaux,
une importance bien grande, pour établir le diagnostic différen-
tiel entre la fracture et la luxation, à la facilité plus ou moins grande
que Ton aurait à faire encore mouvoir les fragments, lorsque la
réduction a été opérée. Ce signe peut avoir une valeur assez grande,
quand il s'agit de comparer une luxation du coude à une fracture de
l'extrémité inférieure de l'humérus, mais il est bien moius important
dans le cas actuel.
M. DesoRMEAUX. Je ne suis pas complètement d'accord avec
M. Labbé. Je n'ai, en tout cas, indiqué la possibilité de reproduire le
déplacement que comme un sigoe secondaire. Ce qui m'a paru le
plus . important, c'est d'avoir pu mettre mon doigt dans les cavités
articulaires du* radius et du cubitus. Voilà le sigiie qui m'a para
pathognomonique. i *
COMMUNICATION.
Corps fibreux de la matriee expulsé après le travail
de l'aeeoaehemeat. •
M. Depacl, au nom de M. le docteur Fallu, fait la communication
suivante :
M. le docteur Faliu fut appelé à donner des soins à une dame, âgée
de 30 ans, habitant la rue Saint-Honoré. Cette personne était habi-
tuellement bien réglée; quoique un peu lymphatique, elle jouissait
d'une assez bonne santé.
Celte dame a déjà eu trois grossesses et est accouchée à terme. Les
grossesses ont été pénibles; il existait, pendant leur durée, des varices
très- développées.
Les dernières règles sont venues du 10 au 15 juillet 1867. Trois
mois avant ce quatrième accouchement, on a observé de l'anasarque
et de l'ascite, lesquels ont disparu, un mois avant l'accouchement, à
la suite d'évacuations d'urine extraordinairement abondantes.
Le 15 avril 1867, cette dame fut prise de quelques douleurs et
perdit des glaires.
Le 16, *à onze heures du soir, le véritable travail commença; les
membranes étaient intactes, elles furent rompues. Quelques instants
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- 214 —
après, tette tlatne aecoueha spontanément âTune fille peu Tohimînense,
mais bien portante.
La déliYrance fat facile, et lorsqu'elle fut terminée, M. FaTiu intro-
duisit la main dans Tutéros pour extraire des caillots ; il trouva alors
un corps dur, lisse, glissant, qu'il ne put saisir.
L'absence de tout accident engagea à temporiser.
Les jours suirants, la malade éprouTa quelques malaises et expulsa
quelques petits caillots. Le toucher fut pratiqué tous les jours^ et on
constata que ie col reprenait sa forme habitueile.
Les lochies étaient fétides; il existait un peu de douleur dans la
fosse iliaque droite. Pouls à 80.
Le 20 avril, quatre jours après l'accouchement, sans qu'il y eût eu
de douleur vive ni d'hémorrhagie , une tumeur volumineuse fut
expulsée.
Cette tumeur était complètement sessile et entière; elle était entou-
rée d'une couche mince de tissu cellulaire, lâche, plus dense dans
quelques endroits. Quelques sillons, sans direction régulière, creu-
saient sa surface.
Cette tumeur,* grosse comme le poing, était rougeâtre, un peu
aplatie sur ses deux plus grandes faces, plus longue que large. Les
deux extrémités sont légèrement arrondies et inégales entre elles *
ce serait donc par la forme une espèce de cône tronqué et aplati.
La surface en est lisse et la masse lourde, dure et élastique. Une
incision pratiquée sur la tumeur, laissa écouler une petite quantité de
liquide transparent, d'un rouge clair et sans onctuosité appréciable.
La tumeur a été présentée à M. Depaul, un certain temps après son
expulsion, alors que ses caractères extérieurs étaient déjà notable-
ment modifiés.
M. Depaul se demanda s'il ne s'agissait pas là d'un cas de mons-
truosité fœtale. En effet, quelques-uns de ces produits sont tellement
modifiés, qu'avec Geoffroy Saint-Hilaîre on peut résumer ainsi leur
organisation : « un sac de peau renfermant très-peu de choses ; quel-
quefois un peu de cartilage, etc. » Ce sont des monstres qui ont été
décrits sous le nom à'Anidiens. Dans le cas actuel il n'y avait pas de
poils sur la tumeur, pas de cordon ; on ne trouvait, à Tintérieur, ni
tissu osseux, ni tissu cartilagineux ; je pensai qu'il n'y avait que l'exa-
men microscopique qui pût trancher la question. Cet examen a été fait
par M. Robin, qui a rédigé la note suivante :
« Le produit morbide que m'a fait remettre M. le professeyr Depaul,
est un corps fibreux type, multilobulé, composé en grande partie de
fibres musculaires de la vie végétative, avec cloisons de tissu lamî*"
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— 215 —
Deux entre chaque lobe. Atcc les fibres musculaires se trcm-
ve&t associées» comme k l'ordinaire, dans chaque lobe, des fibres de
tissu cellulaire ou lamineux, et uœ eertaioe quantité de matière
amorphe. Ce produit est donc d'origine utérine et non d'origine
H. Robin a reconnu qu'il s'agissait d'un corps fibreux, et s'est
trouvé ainsi d'aocord avec M. le docteur Fallu, qui avait, dès le dé-
but, émis cette opinion.
Cependant^ dans ce cas, il y a quelques raisons d'y regarder de {urès,
car les monstruosités du genre de celles dont Je parlais sont connues
depuis peu de temps. On les observe surtout dans la race bovine.
J'en ai observé un chez la femme. La tumeur était recouverte de
peau et de quelques poils. 11 existait une sorte d'ombilic, et, dans aon
intérieur, on trouva quelques fragments osseux et cartilagineux.
Je ferai remarquer que ces faits de corps fibreux» faisant saillie
dans la matrice, ne sont pas excessivement rares ; seulement» dans
le plus grand nombre de cas, ils sont placés de telle façon qu'ils y
restent.
Ici, au contraire, il s'est passé un phénomène très- facile à com-
prendre I Ce corps fibreux, développé dans la paroi de la matrice, a
pris de l'accroissement pendant la grossesse, et il s'est éliminé tout
seul, ou plus probablement son élimination a été favorisée par les
manœuvres que notre confrère a pratiquées dans le but de le saisir
et de l'extraire. '
Je rappellerai les observations relatives a des faits de cette nature,
et appartenant au docteur Oldham (1844, Guys Hospiital, Reports et
Journal de Chirurgie y 1844); à MM. Moore et RamsboLham (dans ce
cas il s'agissait d'une femme de 30 ans, accouchée depuis trois se*
maines); à M. Crisp, à M. Guyot. à M. Churchill, à M. Eadford. Je
rappellerai, enfin, le fait consigné par Mr Dauyau, dans Journal dû
Chirurgie de 1846. Il s'agissait d'un corps fibreux, inséré sur )e col;
sept heures après l'accouchement, M. Danyau en fit la section et la
malade guérit.
Dans un cas observé par M. Merrimann, le polype fut lié pendant la
grossesse, la guérison eut lieu et Taccouchement se fit un mois après.
M. Târnier, Ainsi que vient de le dire M. ûepaul, ces faits là ne
sont pas très- rares. Plusieurs exemples sont relatés dans les ouvrages
classiques, et notre collègue, M. Guyon, dans sa thèse d'agrégation,
leur a consacré quelques pages.
J'ai observé deux cas semblables à celui dont M. Dépaul vient d^
QQus entret^ir. Dans l'un des cas, on m'appela pour une hémorrba*
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— 216 —
gie et j^constatai la présence de plusieurs corps fibreux. Je ne cher-
chai pas à les énucléer, et quatre ou cinq jours plus tard, le médecin
de la malade me fit savoir que deux de ces tumeurs avaient été ex-
pulsées.
Chez une autre femme, j'observai une tumeur fibreuse très-grosse,
qui pouvait faire craindre pour la régularité de Taccouchement. Quel-
ques jours après l'accouchement la tumeur fibreuse fut rendue spon-
tanément.
Ces tumeurs peuvent donner lieu à des résultats fâcheux. Elles
peuvent produire des hémorrhagies, si le placenta est inséré à leur
voisinage, parce qu'elles empêchent l'utérus de se rétracter convena-
blement. J'ai eu un cas de mort par hémorrhagie, dans ces conditions.
Pour corroborer l'opinion de M. Depaul, je dirai que j'ai eu aussi
l'occasion d'observer un anide à la suite d'une grossesse gémellaire.
Celui-ci pendait par un petit cordon au placenta.
M. Trélat. J'ai observé un fait qui a quelque analogie avec ceux
dont nous a entretenu M. Depaul.
• Chez une femme, il existait un corps fibreux qui avait, été constaté
pendant la grossesse et pendant l'accouchement. L'accouchement fut
facile et la malade sortit guérie de l'hôpital.
Quinze jours après sa sortie, elle rentrait, et à travers le col qui
s'était réouvert on sentait le corps fibreux allongé, ramolli. J'avais
l'intention d'opérer, mais le corps fibreux se détacha spontanément,
et trois jours après sa chute le col était complètement rétracté.
M. GuÉNioT. Dans l'une des prochaines séances, je relaterai ici un
cas analogue, pour lequel l'opération césarienne était décidée, et ce-
pendant l'accouchement s'est terminé facilement.
Je ne crois pas que les corps fibreux se ramollissent autant qu'on
Ta dit, pendant la grossesse. Les corps fibreux sous-péritoneaux di»
minuent très-rarement de consistance sous l'influence de la grossesse,
de même que ceux qui étant inclus dans le tissu utérin s'en trouvent
cependant isolés par une sorte de bourse séreuse.
Les seuls corps fibreux qui se ramollissent alors sont ceux qui font
saillie dans la cavité utérine.
M. Depaul. Je crois qu'au point de vue des accouchements, il faut
établir des distinctions entre les corps fibreux. Ceux qui sont isolés du
tissu utérin ne se ramollissent pas comme ceux qui sont dans Tépais-
seur de ce tissu.
La tumeur que j'ai présentée ici était sans nul doute séparée de la
face interne de Ja matrice par une couche très-mince de tissu utérin.
Les manœuvres faites par notre confrère auront facilité la division de
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— 217 —
celle couche protectrice et facilité son énucléation ultérieure. La ma-
trice, en se rétractant, a une tendance à faire éclater la couclie peu
épaisôe qui recouvre la tumeur.
Quelquefois on observe des tumeurs pédiculées du côté de la cavité
utérine, mais tel n'était pas le cas chez notre malade.
Le ramollissement dés tumeurs fibreuses peut être observé, mais il
4i*existe pas toujours, et dans un cas j'ai été obligé de pratiquer Topé-
ration césarienne, par suite de la présence d'une tumeur fibreuse
très-dure.
M. Tarnier. n est certain qu'il y a des tumeurs fibreuses qui ne se
ramollissent pas, mais d'autres se ramollissent de manière à simuler
l'existence d'un corps liquide. Dans un cas de ce genre, un médecin
croyait à l'existence d'un kyste, tellement le corps fibreux était ra-
molli.
PRÉsBinrATioir db pièce.
EnckondroMie pur de 1» parotUk».
M. GinroN. La nommée X..., âgée de 17 ans et demi, est entrée à
' l'hôpital des Cliniques le 8 mai 1868. Cette jeune fille porte à la région
postérieure de la face, du côté gauche, une tumeur du volume du poing.
Elle avait 10 ans quand elle s'aperçut qu'elle avait derrière l'oreille
une petite tumeur de la grosseur d'un pois, dure, et qu'elle pouvait
presser sans déterminer aucune douleur. Pendant les quatre ans qui
suivirent, elle se développa assez rapidement pour atteindre, à peu de
chose près, le volume qu'elle nous présente aujourd'hui. A 14 ans cette
jeune fîlie fut réglée. Dans l'année qui suivit l'apparition des règles,
la tumeur qui, jusque-là, n'avait pas été douloureuse, devint, à inter-
valles assez éloignés, le siège d'élancements qui se faisaient surtout
sentir au moment des époques. Aujourd'hui la tumeur mesure 24 cen-
timètres de circonférence. Elle est assez arrondie, ou plutôt un peu
ovale, à petite extrémité tournée en haut. Son diamètre transversal
est de 13 centimètres. Son diamètre antéro>postérieur est de 12 cen-
timètres en bas, tandis qu'à la partie supérieure il n'atteint que
10 centimètres. Elle est assez régulièrement limitée en avant par le
bord antérieur du masséter, en arrière par le bord postérieur du
sterno-cleîdo-mastoïdien. En haut elle soulève le lobule du pavillon
de roreille et s'arrête au niveau de la paroi inférieure du conduit au-
ditif externe; en bas, elle dépasse de trois centimètres l'os ma^laire
inférieur. La tumeur est dure, bosselée, surtout à la partie postérieure
^t inférieure. Elle ne présente de fluctuation dans aucun point de soa
2« série. — TOME IX. 28
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— 218 —
étendue. La peau qui la recouvre n'offre pas de changement de colo-
ration, elle esl mobile, non amincie, si ce n'est au niveau des bosse-
lures, où elle est un peu rouge et luisante. On peut imprimer à la tu-
meur des mouvements assez étendus et en tous sens. Si Ton fait
ouvrir la bouche à la malade, on voit une saillie assez considérable
qui soulève les piliers du voile du palais. Si Ton abaisse la langue et
qu'on tire la tumeur en dehors, on voit que les piliers du voile du pa-
lais sont entraînés.
On sent très-bien les battements de la temporale au-dessus de la
tumeur. On ne retrouve pas Tartère faciale en avant, mais on la re-
trouve facilement en bas. La veine jugulaire externe répond à sa par-
tie supérieure et inférieure. Aucun phénomène n'indique la compres-
sion du nerf facial. Il n'y a pas de déviation de la bouche quand on
fait souffler la malade. Si, au moyen de l'électricité, on cherche à dé-
terminer si le facial occupe la superficie de la tumeur, on obtient un
résultat négatif. Le muscle sterno-mastoïdien est mobile sous elle. Au-
cun trouble dans l'œil gauche, aucune altération de la voix. L'audition
s'opère normalement, c'est à peine si la malade a quelquefois des
bourdonnements d'oreille.
Le 25 mai on pratiqua l'ablation de la tumeur. La malade est chlo-
roformée. Une incision partant de l'apophyse zygomatique en avant
est conduite à deux centimètres au-dessous du lobule. Une seconde
incision est faite du bord inférieur de l'apophyse mastoïde à l'extré-
mité de la première ; de leur point de réunion on abaisse une incision
verticale jusqu'au dessous des limites inférieures de la tumeur. Tous
les tissus qui recouvrent celle-ci sont divisés de façon à disséquer sur
la tumeur elle-même. Aucun vaisseau important n'egt lésé. On n'a à
faire que deux ligatures sur des artérioles situées au-dessous du lo-
bule. La tumeur se laisse facilement énucléer par la spatule et le
manche du bistouri. Elle ne présentait avec les parties environnantes
que des adhérences celluleuses très-lâches.
On réunit la partie supérieure de l'incision par plusieurs points de
suture. On a laissé environ deux centimètres non réunis à la partie
inférieure.
Dans la journée aucune hémorrhagîe n'a eu lieu. Le soir, la malade
avait de la fièvre. Le thermomètre placé sous l'aisselle marquait 38<»,8.
Lcpoulsétait à 120.
Pendant les jours suivants, l'état fébrile persiste. La suppuration
de la plaie est de bonne nature.* On renouvelle chaque soir et chaque-
matin le pansement avec le linge cératé. La température reste jusqu'au
29 à 380,4 le soir. Le 29, on enlève les fils, que Ton retire secs, et
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' — 219 —
sans qu'ils aient déterminé autour d'eux de suppuration. Le 30 mai, ou
s'aperçoit, en faisant le pansement du matin, que les bords de l'incision
sont, à la partie inférieure, au niveau où Ton n'avait pas fait de su-
ture, un peu grisâtres. On abandonne le pansement du linge cératé
et on le remplace par la charpie imbibée d'alcool. L'état fébrile va du
reste en diminuant. Le thermomètre ne marque plus le soir que 38®
et le pouls ne s'élève pas au-delà de 104 pulsations.
Le 31. La malade souffre un peu au niveau de la plaie et dans
l'épaule du côté malade. L'enduit grisâtre qui recouvrait les bords de
Tincision a disparu et a laissé une surface saignant assez facilement.
On substitue à l'alcool un cataplasme recouvert de taffetas gommé. La
température, qui les matins précédents ne s'élevait pas au-dessus de
37^6, est ce matin de 38o,4, et le pouls donne 112 pulsations.
Le soir, les douleurs ont disparu. L'état fébrile s'est apaisé, et le
thermomètre ne monte plus qu'à 37o,3.
Pendant les jours qui suivent, la malade continue à aller de mieux
en mieux, la température suit une marche décroissante, la plaie four-
nit une suppuration peu abondante et de bonne nature. Et ati^ourd*hu{^
3 juin, le thermomètre ne marque que 37° et le pouls ne donne que
88 pulsations. La plaie est en bonne voie de cicatrisation. Les fils à
ligature ne sont pas encore tombés.
Examen de la tumeur, — La tumeur se présente sous la forme
d'un gros tubercule sphéroïde, mesurant dans son grand diamètre
7 centimètres, et dans sa largeur la plus grande, 6 cent. 5, et en épais-
seur, 5 cent. A la surface, 'qui est lisse et résistante, se voient des
saillies arrondies hémisphériques, d'un volume variable entre celui
d'un pois et d'une grosse noisette.. Ces saillies proéminent sous forme
de demi-sphères et déterminent la forme sphéroïdale de la tumeur.
Elles correspondent aux saillies senties sous la peau et sont peu
prononcées, aplaties même vers les faces profondes de la tumeur.
La face externe de la tumeur est lisse, nettement circonscrite, et se
présente comme une sorte de coque résistante et dure comme du car-
tilage, et en bien des points comme du tissu osseux.
On ne trouve pas à la surface de tractus de tissu cellulaire bien ap-
préciable ; à peine en quelques points pourrait-on séparer de fines
lames de ce tissu restées adhérentes à la surface.
La tumeur est résistante à la coupe, surtout lorsqu'on incise la pé-
riphérie. Une coupe longitudinale montre l'aspect général de cette tu-
meur. On voit deux surfaces qui, par leur translucidité, leur colora-
tion bleuâtre, à reflets grisâtres, rappellent Taspect de la porcelaine
fine. En quelques points, à la périphérie, la tumeur est légèrement
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-220 —
rosée. Enfin, à un examen plus minutieux, il semble que la tumeur
soit composée par une série de petites tumeurs dont la coupe apparaît
sur la coupe générale comme des cercles finement tracés et qui sem-
blent un peu plus mats que les parties voisines. Il n'y a pas d'écou-
lement de suc ; mais à la pression on peut faire suinter quelques
gouttes d'un liquide transparent, un peu visqueux. A la palpation, à
la pression, la tumeur présente une dureté, une résistance cartilagi-
neuse ; elle est élastique, se laisse très-difficilement déprimer et pré-
sente une dureté plus prononcée dans les points durs périphériques.
Ajoutons que chaque moitié de la tumeur est translucide et laisse
passer la lumière ; sur deux ou trois des bosselures, la consistance
est moindre et plutôt fibro-carlilagineuse, et même mollasse, en même
temps qu'à la section, il s'écoule un liquide visqueux et colloïde.
Sur des coupes plus fines on retrouve les caractères de translu-
cidité, d'élasticité, de résistance qui, à l'œil, me permettaient de con-
sidérer la tumeur comme un enchondrôme vrai.
L'examen au microscope a montré des variations dans la compo-
sition de la tumeur, suivant les parties considérées. Dans le centre,
on retrouve, dans un grand nombre de points, la structure d'un cai>
tilage vrai, c'est-à-dire substance fondamentale présentant de la trans-
lucidité, résistante à la pression, finement granulée en certains points,
légèrement striée en d'autres, et entourant un grand nombre de choa-
droplastes. Ces chondroplastes rappellent surtout par leur forme et
leur disposition les chondroplastes de la périphérie des cartilages arti-
culaires chez les fœtus à terme, c'est-à-dire qu'ils sont en général
allongés ou triangulaires, ou en forme de marteau, renfermant une
e de cartilage, quelquefois deux, rarement trois, souvent avec un
a, souvent renfermant des granulations graisseuses. On trouve
itre une grande quantité de chondroplastes tout à fait analogues
IX des cartilages articulaires vrais , c'est-à-dire arrondis ou
les, renfermant deux, trois et même quatre cellules de cartilages
^au, ou avec granulations. Ces éléments du cartilage se rencon-
dans les diverses parties de la tumeur ; mais avec eux on trouve
périphérie de ces masses arrondies et difficiles à distinguer les
des autres qui constituent la tumeur, des éléments un peu diffé-
. En efi'et, à la périphérie de ces îlots, la substance fondamentale
[it hyaline, élastique, les chondroplastes sont plus allongés et pré-
nt des espaces anastomosés, étoiles, renfermant une ou plusieurs
es, et qui représentent une des périodes d'évolution des chon-
astes, telles qu'on en observe dans les fîbro-cartilages inter-articu-
3, ou plutôt dans les cartilages de certains poissons; et enfin, dans
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— 221 —
les parties les plus périphériques, la substance fondamentale elle-
Hième prend un aspect strié ; mais là encore^ à côté de cavités étoilées
anastomosées, on retrouve des chondroplastes véritables.
Les portions dures de la périphérie montrent de fines lamelles os-
seuses dans lesquelles on voit nettement une grande quantité d'ostéo-
plastes.
En résumé, l'abondance de lîssu cartilagineux vrai, à côté de lissu
cartilagineux en voie de formation, l'enveloppe lisse, la forme et la
délimitation nette de la tumeur permettent de la considérer comme un
enchondrôme vrai, bien que dans certaines parties on ne retrouve que
du lissu se rapprochant des fibro cartilages inter-arliculaires.
Une portion du tissu, qui a été incisée avant d'arriver sur la
tumeur et qui adhérait à l'enveloppe fibreuse, au milieu de laquelle
la tumeur était comme encapsulée, a été examinée au microscope. Il
a été facile d*y retrouver les acini de la parotide, mais un grand
nombre d'entre eux étaient atrophiés, comprimés et remplis de gra-
nulations graisseuses, ou môme comblés par une grosse gouttelette de
graisse fluide. Dans un certain nombre d' acini on retrouvait nettement
répithélium polygonal, à angles arrondis à la périphérie, et sphérique
vers le centre des acini, à peu près comme on le trouve à l'état nor-
mal, L'enchondrôme s'était donc développé dans la parotide même.
PRÉSENTATION DE PIÈCES DE PANSEMENT.
M. Demarquay présente de la part d'un industriel de Roubaix des
échantillons de tissus de charpie.
La séance est levée à 5 heures et demie.
Le Secrétaire, D' Léon Labbé.
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— 222 —
s4a.ncb du 3 JUIN 1868
Présidence de M. L.EGOUEST
Le procès- verbal de la précédente séance est lu et adopté.
CORRESPONDANCE .
La correspondance comprend :
— Les journaux de la semaine.
— Le Bulletin de thérapeuiiqve, — - Les Archives générales de méde-
cine^ numéro de juin.
— La Gazette médicale de Strasbourg. — Le Sud médical.
— A report ou Amputations ot the Hip- Joint in military surgery.
Circular n^^ 7. — Envoyé par M. Barnes, chirurgien général de l'armée
américaine. — Avec de nombreuses figures et planches.
— De rasthénopie, par le docteur A.-L. Roulet.
— M. le doyen de la Faculté de Strasbourg adresse à la Société les
Thèses qui ont été passées devant cette Faculté^ de mars à décembre 1867.
Avec deux tables chronologiques.
— Une lettre de M. Paulet, qui se porte candidat à la place de
membre titulaire vacante dans la Société.
DISCUSSION.
Luxations du poignet.
— M. Marjolin. Je n'aurais pas pris la parole dans cette discus-
sion sans rappel, en quelque sorte direct, qui m'a été fait par notre
collègue M. Guyon, attendu que je suis d'avance bien convaincu que,
malgré des faits bien observés, beaucoup de chirurgiens ne veulent
pas admettre qu'il puisse y avoir de luxation du poignet sans fracture.
En cela, ils vont bien plus loin que Dupuytren, qui, au lieu de nier
cette possibilité, s'était borné à insister sur la fréquence des erreurs
de diagnostic et à dire quMl n'en avait jamais observé, et que tous ces
prétendus faits de luxation du poignet qui lui avaient été présentés
n'étaient autres que des fractures de l'extrémité inférieure du radius.
Maintenant, dire que, pour être certain de l'existence d'une véri-
table luxation du poignet, il faille l'autopsie, et ne tenir compte de
cette preuve qu'à la condition que les tissus n'aient pas été modifiés
par la suppuration, c'est, je crois, se montrer par trop exigeant.
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— 223 —
Je ne tiens pas, du reste, à changer des convictions qui, un jour ou
l'autre, peuvent être modifiées par un fait sans réplique; je crois seu-
lement que ces luxations du poignet sans fracture sont possibles, mais
qu*elles sont d'une excessive rareté.
Quant aux faits que j'ai observés, les voici; il y en a quatre ; deux
avec, autopsie, le premier sans fracture, le second compliqué de frac-
ture; les deux autres, de date plus récente, et dont, fort heureusement
pour ces malades, le diagnostic n'est pas entouré de toutes les preuves
exigées, c'est-à-dire l'autopsie, m'ont paru sans fracture.
Dans le premier cas, il s'agissait d'un garçon de bains qui, dans une
chute, avait eu le poignet meurtri par la roue de sa voiture. Ici donc,
il pouvait y avoir deux causes réunies : la chute et la contusion
directe. La luxation avait été bien reconnue par MM. Laugier et mon
père, et facilement réduite. A la suite de cet accident, il survint ua
phlegmon de la main et de l' avant-bras ; le malade mourut, et à l'au-
topsie, on trouva, à la vérité, une altération des ligaments, augmentée
par la suppuration, mais les os de l'avant-bras étaient intacts.
Dans le second cas, où il y a eu autopsie, il y avait, outre la luxa-
tion en avant du poignet, une fracture de Textrémité inférieure du
radius. C'est en 1837 que j'eus occasion d'observer ce fait, étant
interne chez M. Martin Selon : le malade était un homme âgé, qui
avait été amené pour une congestion cérébrale, à laquelle il succomba.
Son fils nous raconta que, plusieurs mois auparavant, il était tombé
dans un escalier, et que tout le poids du corps avait porté sur les
mains. Le traitement consécutif avait été à peu près nul, et le blessé
avait continué à se servir tant bien que mal de sa vain. Au premier
examen, malgré la difformité excessive de la main et du poignet, il
était facile de reconnaître tous les signes de la luxation du poignet en
avant ; mais à l'autopsie, il fut évident que, s'il existait une luxation,
il existait aussi une fracture de la partie antérieure du radius, et que»
tout au pourtour du fragment, il s'était produit des végétations
osseuses, ce qui cx)ntribuait à augmenter la difformité du poignet.
Les deux autres cas que j'ai observés plus récemment n'ont pas eu,
je le répète, la preuve exigée, c'est-à-dire l'autopsie; mais je crois
qu'il n'y a pas eu de fracture.
Le premier des deux malades chez lequel j'ai observé la luxation
était un jeune ouvrier peintre qui, en tombant d'une échelle, eut la
main et l'avant-bras pris entre deux échelons; la luxation se réduisait
facilement et se reproduisait de même; aussi, je dus traiter le malade
comme s'il s'agissait d'une fracture : malheureusement, je ne pus pas
faire mouler Tavant-bras.
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— 224 —
Dans le dernier cas, dont je vous présente le moule, l'accident est
arrivé chez un garçon de 12 ans et demi, assez grand, employé chez
un apprèteur d'étoffes. En courant le matin sur le quai, son pied avait
été pris dans un trou, et tout le poids du corps avait porté, dans la
chute, sur la paume de la main droite.
L'accident était arrivé à sept heures du matin. A neuf heures, le
blessé était amené à l'hApital, et comme à ce moment il n'y avait pas
encore de gonflement, on pouvait parfaitement sentir à la face dor-
sale et inférieure de l'avant-bras, la rangée des os du carpe, tandis
que l'extrémité des os de l'avant-bras était très-saillante en avant, ce
qui permettait de sentir très-nettement presque toute la surface arti-
culaire du radius. A ce moment, les doigts étaient légèrement fléchis,
et il n'y avait pas la moindre inclinaison latérale de la main sur le
côté radial. On pouvait imprimer quelques mouvements de latéralité
à la main ou d*avant en arrière; quant à l'extension des doigts, elle
était difficile.
Avant la réduction, la mensuration donnait le résultat suivant :
des deux côtés, du sommet de l'olécrâne à l'extrémité inférieure du
cubitus, 0,22.
Du sommet de la convexité de la rangée des os du carpe à l'extré*
mité supérieure du radius du côté malade, 0,18; du côté sain, 0,21.
En l'absence de toute mobilité et de toute crépitation, tout du long
du radius et du cubitus, et avec les différences de longueur signalées,
je ne pouvais admettre que deux hypothèses : ou un arrachement
épiphysaire, ou une luxation.
Pour ce qui est de l'arrachement des épiphyses^ comme il est
excessivement rare d*une part, et que, lorsque cette lésion existe, il
y a, outre la crépitation causée par la séparation des parties osseuses,
presque toujours des lésions graves des parties molles et difficulté de
la réduction, comme dans les i^ractures par enclavement; faban-
donrtai entièrement cette idée et j'adoptai celle d'une luxation du poi-
gnet en arrière.
Je prévois bien toutes les objections qui me seront faites à Tinspec-
tion de ce moule, qui ne put être fait que douze heures après l'acci-
dent, alors qu'il existait déjà un gonflement plus marqué que le
matin; on me dira que c'est exactement la même configuration gua
dans les fractures de l'extrémité inférieure du radius; je n'en discon-
viens pas, et je me contente de répondre que si chacun avait pu, au
moment même de l'accident, se rendre compte de l'état des par-
ties par un examen attentif, mon opinion aurait plus de partisans.
Les retards que me firent éprouver les mouleurs m'empêchèrent de
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I
— 225 —
procéder de suite à la réduction : elle fut opérée le lendemain matin,
vingt-quatre heures après Faceident^ en présence des internes dePhô-
pital. La réduction fut très-facile. Le bras et Tavant-bras étant fixés,
il me suffit, pendant qu'un aide tirait sur la main, de repousser un
peu en avant le carpe pendant que je relevais Textrémité inférieure de
Tos de Tavant-bras ; à ce moment, j'éprouvais non pas la sensation
d'une crépitation de fracture, mais une sensation analogue à celle
que Ton perçoit dans toute luxation réduite, avec cette difiérence
qu'elle était moins forte.
Dès ce moment, non- seulement la déformation du poignet avait
entièrement disparu, mais en recommençant les mêmes mensurations
faites avant la réduction, je trouvai des deux côtés, à un demi-centi-
mètre près, exactement la même mesure. ^
Afin de prévenir le retour de la luxation et d'immobiliser l'articu-
lation dont les ligaments avaient dû être fortement distendus, je
plaçai par-dessous le cataplasme froid qui entourait l'^vant-bras une
attelle, et je continuai ce pansement quelques jours pour éviter les
accidents inflammatoires.
Maintenant, je n'ajouterai qu'un mot : je crois que, lors de la pré-
sentation du moule faite par M. Guyon, M. Sée a dit que, dans les
fractures de l'extrémité inférieure du radius, la main n'est pas habi-
tuellement inclinée du côté radial; ce déplacement peut, à la vérité,
ne pas se rencontrer toujours, mais il est si fréquent, que c*est pour
y remédier que Dupuytren, Blandin et M. Laugier ont imaginé des
attelles très-utiles pour combattre cette position vicieuse.
M. Ghassâignàg. Je mets sous vos yeux une pièce fort importante
relativement à la question des luxations du poignet. Hier, on m'a
amené un enfant chez lequel le radius et le cubitus avaient fait issue
à travers la peau; la réduction a été impossible, et j'ai dû pratiquer
la résection des deux extrémités articulaires. Tout le monde croyait
avec moi à l'existence d'une luxation, car l'on voyait les surfaces à
nu. Lorsque j'ai examiné minutieusement la pièce anatomo*patholo-
giqae, j'ai trouvé le cartilage intact au niveau du cubitus; mais au
niveau du radius, il existait un décollement épipbysaire. Une couche
très-mince de la surface inférieure du radius était restée accollée au
carpe.
L'on voit, par cet exemple, combien il est difficile d'affirmer que
l'on a sous les yeux une luxation pure du poignet.
M. FoRGBT. On peut considérer le fait très-curieux présenté par
H. Ghassaignac, comme un pas fait vers la démonstration de la réalité
de la luxation.
ff série. — TOME IX. ^^
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~ 226 —
La pièce de M. Chassaîgnac est une pièce à part, très-rare. En
rexaminant, il ne me paraît pas difficile de comprendre Texistence
de la véritable luxation. Entre celle-cî et le fait actuel, îl n'y a que
répaisseur d'un cartilage.
M. BoiNET. Le fait de M. Laugîer rappelé par M. Marjolin ne doil
pas être considéré comme un fait de luxation pure. Dans ce cas, en
eflB^, îl y avait des abcès dans le voisinage de Farticulation; les liga-
ments n'étaient pas intacts, fis étaient usés. Ce n'est pas là évidem-
ment un fait probant.
Dans le deuxième fait rappelé par notre confrère, il existait des
lésions osseuses. Quant au quatrième fait, celui dont on nous a mis
le moule sous les yeux, il me paraît très-favorable au diagnostic d'une
fracture des deux os de l'avani-bras. M. Gnyon nous dît qu'une
preuve évidente de la luxation réside dans la guérison rapide du
malade. Ce malade serait sorti guéri au bout de dix jours. Eh bien î
d^autres observateurs, Keisser, par exemple, virent au contraire la
preuve de l'existence d'une luxation dans la persistance, après vfngt
jours et plus, d'une mobilité anormale.
le me résume en disant que la démonstration des luxatfons pures
du poignet ne me paraît pas encore donnée.
M. Trélat. Le moule qui notis a éfé présenté par M. Karjolîn
témoigne de l'existence probable d'un© fracture de ï"extrémîté infé-
rieure du cubitus et, à coup sâr, de celle d'une fracture de l'extrémité
h^férieure du radius.
Au niveau de la partie antérieure de favanf-bras, il existe une
sa^lKe correspondant assurément à une saillie du radfcrs, mais non à
soa bord articulaire.
GOlQfUNICÀTiOSU
Okêermtim de frenomUeUe Êtguë, — M. Georges Bovcsia»,
interne à l'hôpital Necker, communiqiie ime obserralioii de gi«DOatf-
lette aignè. (Gomimsaaire : M. Pofgei).
I
PBBSENTAXiON BA KÈGB AVEC. OBSBATATiOll*
M. Paulet, professeur agrégé au Tal-de-Grâce, présente une pièce
anatomique et remet une observation intitulée :
Exostose du corps et de la branche descendante du pubis* — Opéra^
tion. — Guérison. — Mort accidentelle du malade trois ans et demi
après Vopéraiion. — Fracture incomplète du bassin et récidive dô
Texostose,
Commissaires : MM. de Saint-Germain, Dolbeau, Tillaux.
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— 227 —
M. Ghas8aigi«âc. m. Paulet a dit que l'on était resté dans rincer-
titude pour savoir si la tumeur pénéU'ait dans le bassio. Le toucher
par le rectum eût pu éclairer sur ce point.
Jtf. Paulet. Le toucher par le rectum a été pratiqué et n'a pat
donné de résultat positif.
PRÉSENTATION D'INSTRUMENT.
M. le docteur Marun, médecin-major, présente à la Société un
instrument qu'il a fait construire chez M. Galante, fabricant d'instru-
ments de chirurgie.
'Avec cet instrument^ il se propose de sectionner la luette rapi-
dement, et avec une parfaite sécurité. Contrairement à ce qui a lieu
dans l'amygdalotome, la lame agit d'avant en arrière, et la fourchette
d'arrière en avant. Cette modification a pour
effet d'<^viter la propulsion de la luette vers
le pharynx, comme cela arriverait si on
faisait usage d'une fourchette agissant d'avant
en arrière.
Cet instrument se compose :
!• De deux liges d'acier accolées l'une à
l'autre par un pivot, et terminées, à Tune de
leurs extrémités, par une lunette de fora»e
ovoïde, dans laquelle s'introduit l'ovule qu'on
veut exeiser;
2» D'une lame b^ a, tranchant convexe
agissant d'avant en arrière, au moyen de
l'anneau c;
30 D'une fourchette à dents recourbées,
avec laquelle on embroche l'ovule av«nt la
section, en opérant une traction sur les
anneaux c, c.
Cet instrument fonctionne de la même
maaièfe 4|uô l'amygdaloèonie, c'est^àniire à
l'aide d'une seule main; il est constrnit de
telle £aç(Mi, que la lame b ne ipeut agir <que
lorsque la fourchette a préalablement embro-
ché l'ovule, afin d'empêcher oelle-ci de
tomber dans le larynx.
La fig. 1 représente rinstrument à i*état de repos.
La fig. 3 le représente fonctionnant.
Pour armer Finstrument^ on introduit le pouce dans le |;rand
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— 228 —
anneau c, Fannulaire et le médius dans les deux anneaux Cj c, et par
un mouvement du pouce en arrière, la lunette se trouve dégagée.
La fourchette étant repoussée en avant, la lame en arrière, on porte
l'instrument sur la luette, et par un mouvement en sens inverse,
l'opération se trouve terminée.
La séance est levée à cinq heures.
Le Secrétaire : D' Léon Labbé.
SÉANOB DU 10 JUIN 1868 ^
Présidence de BI.LEGOUEST
Le procès verbal de la séance précédente est lu et adopté.
CORRESPONDANCE.
La correspondance comprend :
Les journaux de la semaine.
— VArt dentaire. — La Revue médicale de Touhuse. — Le Mont-
pellier médical.
— - M. Bouvier, membre honoiiaire, adresse un exemplaire du tra-
vail qu'il a communiqué à TAcadémie de médecine, sous ce titre :
De V École de Santé et de Pinel.
— M. le docteur J.-C. Loureiro envoie deux brochures : Relation
du congrès périodique international d'ophthalmologie tenu à Paris en 4 867
(en portugais). — Influence du tabac à fumer sur les maladies des feux.
— M. Guéniot présente, de la part de M. le docteur Cousin, un vo-
lume intitulé : Études otiatriques, Traitement des maladies de l^tireille.
— M. Lefort dépose sur le bureau, au nom de M. Lejeal, chirur-
gien en chef de THôtel-Dieu de Yalenciennes, un volume de Mélangés
de chirurgie,
— M. le professeur Gross, du Collège médical de Jefferspn à Phila-
delphie, adresse : Memoir of Valentine Mott (Notice sur la vie et les
travaux de V. Mott). — Quatre cas d*ankylose osseuse angulaire du
genou traités par la perforation tnlra-articulaire sous-'CUianée et la
rupture.
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229 —
COMMUNICATION.
Dm eovps abrenx et des polypes de Tnléras eonsldérés pen-
dant Ift grossesse et après raeeenehement.
M. FoRGET lit le travail suivant :
La communication qui a été faite dans notre avant-dernière séance
par M. Depaul, d'une observation de M. le docteur Faliu qui met en
évidence la coexistence d'une grossesse arrivée à terme et d'un corps
fibreux spontanément expulsé quatre jours après l'accouchement, cette
communication soulève un point de chirurgie obstétricale auquel se
rattachent en pratique des questions importantes d'une solution sou-
vent difficile.
C'est à ce litre que le sujet dont il s'agit m'a paru mériter de fixer
quelques instants votre allenlion. Mais tout d'abord, pour expliquer
mon intervention eri cette matière, je rappellerai que dès 1846, après
avoir eu l'occasion, pendant mon prosectorat à la clinique du profes-
seur Lisfranc, d'observer un irès-grand nombre de fibromes de l'uté-
rus, j'avais remarqué depuis longtemps qu'il existait une lacune dans
ThisloÂre générale de ces tumeurs, presque exclusivement considérées
par les aaleurs dans les conditions physiologiques ordinaires de la
matrice, c'est-à-dire dans l'état de vacuité de ce viscère.
J'avais dès lors pensé à ajouter à la pathologie utérine un. chapitre
nouveau qui comprit une vue d'ensemble des tumeurs fibreuses com-
pliquant la grossesse, et dans ce but, j'ai publié, dans le numéro
d'avril 1846 du Bulletin général de thérapeutique dont j'étais alors
collaborateur , un travail qui a pour titre : Recherches sur les corps
fiàreux et les polypes de Vutérus considérés pendant la grossesse et
après V accouchement.
Je sais. Messieurs, avec quelle discrétion et quelle retenue il con-
vient toujours de mettre en jeu sa personnalité et ses propres œuvres,
et si je me suis décidé à prendre la parole dans le cas actuel, c'est
parce que, à en juger par le silence de mes collègues à l'endroit de
mon travail, il m'a semblé qu'ils ne le connaissaient pas; et parce que
d^autre part, je crois, ne serait-ce qu'à titre de renseignement, qu'il
peut être avantageusement consulté.
Quelles sont donc les questions que soulève la présence des pro-
.doctioDS fibreuses compliquant 'l'état de grossesse?... Tel est le pro-
blème qu'il m'a paru convenable de me poser tout d'abord.
Ces questions sont complexes : les unes relatives à Tinfluence réci-
proque de ces néoplasmes sur la grossesse, et de celle-d sur ceux-là;
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les autres au rôle que ces fibromes peuvent jouer comme cause de
dystocie au moment de raecoocbecneiii, fft d'accidents ultérieurs soit
prijnitiis sfni jcoiMépuAlls ; «d&a ua inottiène yoMittiiiHÂ «*7 r%ààmke kk^
timement est re\»â£ à U e^ndittle que éaii teair le cyracgien^ et à
Topportunité de son intervention immédiate ou tardive dans un sem-
blable cas pathologique.
Pour répandre aux diyiu:«es questions 4e oe ^ogramoe, U m'a paru
nécessaire de se placer en présence iks variétés aaatomiquey et de»
différences de fovms, de volume et da nombre» avec lesquelles <2es te-*
xoeurs ^e sont prodjiute« dauA ie diamp de l'observation.
Or, l'expérience a démontré qu'on peut les rencontrer soustroisétata
difttincls pendant la grossesse ;
1" Enveloppées par le tissu utérin, enkystées pour ainsi dire daQ« •
Bon épaisseur, ces tumeurs constituent les corps fibreux interstitiels;
2'' £n connexité avec l'utérus d'une façon médiate, au moyen du
jpéritoine qui les revêt de toutes parts, et leur forme une sorte de
pédicule mem|)raneux à la surface de cet organe ; ces tumeurs, pres-
que toujours indépendantes du tissu utérin sous cette forme particu-
lière, peuvent élre considérées comme une sorte de polypes sous-pé-
ritonéaux;
3*" En eonnexllé immédiate et directe avec la matrice, par un pédi-
cule de longueur variable, continu au tissu utérin lui-même; le
néoplasme n'^st autre alors que le polype proprement dit.
Il convient encore d'ajouter que le fibrome peut être solitaire ou
multiple ;
Qu'il occupe tantôt, et c'est le cas le plus fréquent, le fond de l'a-
térun, tantôt un des points raj^rocbés de la zone cervico-utérine ;
Qu'enfin il peut être vaginal ou utéro-vaginal.
Je m'occuperai des corps fibreux.'
Corps flbreax. — Lorsqu'un corps fibreux préexiste à la grossesse,
l'efiet le plus constant de celle-ci c'est d'en accroître la vitalité, d'en
augmenter le volume, et d'en bâter le progrès ultérieur après l'accou-
chement. Yoici deux exemples qui le prouvent.
Observations. — Une dame, chez laquelle j'avais constaté après
plusieurs autres chirurgiens consultés par elle, la présence d'une tu-
meur volumineuse, arrondie, dure, accessible au toucher par le rectum»
occupant la paroi postérieure de l'utérus, et considérée par tous, comme
étant de nature fibreuse, devint trois fois enceinte ; la groseesse suivit
sa phase réguliôremeut ; le dernier accoudieiaent a été laborieux et
fut suivi d'une hémorrfaagie inquiétante. Après chaque aceouebemeot,
la tumeur fibreuse augmenta de volume, depuis le deniar sortoixt^
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— Kl —
eue prie vu aeGrememe&t ooUèle; te vealre rtila dévetdfpé, la
■arÀe étfnnt ^èw^ât, et cette ésme éiaM oMigé» ée garder presque
ooDpléliiQiiiC 1» pmifioi» horizonlate tmr cme clsMse langue. €e(te m^
tMte, qui esl BMrte iepiiisph»ie«« années et que j'ai SBfvie êepm s>
<teroiêre eoiN^r <l succombé dans ua état dTaBémieiH^foDde, arec les
jambes infiitrées el une ftydropine abdorakiaie. La sainte eoBsîdèrabte
èieorpsfilH'evx dans Fexcayatiofi pelTienne, exerçait siHPfe reetmn ime
presskm telle que les garde-rc^es étaient extrtoement pénibles; plcr-
sieofs fMs je me trouvai dans la néeessllé #obTîer à la rétention des
matière» fécales en allant les extraire an-dessus de l'obstacle à lear
puBage.
Une autre femme, âgée de 40 ans, réclama mes soins pour une hy-
dropisie ascîte qui, dans Fespace de deux années^ rendit nécessaire
huit fois ropération de ta paracentèse. L'afiaissemenL des parois
abdominales après Tévacuation du liquide» permettait d'arriver sur la
paroi de Tutérus qui présentait un développement tel que cet organe
diépassait rombilic. Cotte élévation apparente était due à plusieurs
tumeurs fibreuses, dont une avait un volume énorme. Cette tumeur,,
qui faisait corps avec Tutérus, l'entraînait dans tous Les mouvements
qu^onlui imprimait.
La malade s'aperçut de la présence de ce fibrome à la suite d'une
grossesse, survenue six ans auparavant; jusque-là elle s'était bien
portée. L'accouchement, qui eut lieu à terme, fut suivi d'une métror-
rhagie grave, qui se prolongea à des degrés divers pendant plusieurs
semaines. Le ventre, depuis cette époque, resta volumineux, et les
règles parurent chaque mois sous forme de perte. L'existence des tu-
meurs fibreuses, qui fut alors constatée, permit d'en suivre l'évolution
qui eut lieu avec une grande rapidité. Celte malade, dont la santé
n'avait pas souffert jusqu'à sa dernière grossesse, quitta Paris après
quatre ans, pendant lesquels je lui donnai des soins. Elle était dans
un état déplorable ; elle a succombé depuis aux suites de son affection.
La rascalarîsation des corps et des polypes fibreux mtra-atérins pen-
dant la grossesse est un fait généralement admis. Il s'explique par
Pexoès d« raouvemenf mitrîtif dont fntérus est le siège pendant la
gestation, et «nqnel participent nécessairement les produits anatomo-
pathologiques qui lui sont annexés. Ces conditions physiologiques dans
lesquefies se trouve l'atértis gravide, rendent en entre raison de Tac-
creîsseniefit de ces produits pendant la grossesse, et leor progrès rapide
i^ès Faceottcttement.
L'examenr anatomtqve de qirelqfnes-fms de ces corps fibreux m'a
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— 232 —
paru démontrer que la vascularisatioa qu'elles doiYent au développe-
meot de la circulation utérine, ne change pas toujours sensiblement la
composition intime de leur tissu; un peu plus mou, plus~ humide,
quelquefois assez friable, il ne présente pas en général dans son
épaisseur une organisation yasculaire suffisante à rendre raison des
hémorrhagies consécutives à Taccouchement. C'est dans leur enveloppe
corticale» formée par le tissu utérin lui-même, que la vascularisatioa
est apparente; c'est dans le prolongement du tissu musculaire qui fixe
et relie ces fibromes à la matrice que j'ai eu occasion d'observer
l'existence de vaisseaux d'un certain calibre , pouvant expliquer les
pertes sanguines abondantes qui suivent la sortie du fœtus et la déli-
vrance.
Il y a longtemps que Lisfranc a appelé l'attention sur cette particu-
larité anatomique de la constitution des tumeurs fibreuses, et notam-
ment des polypes. Il fit observer qu'à l'époque des règles, on voit
couler de la surface de certains polypes des gouttelettes de safig, et
que, pour peu que cet écoulement qui se fait en nappe devienne trop
abondant, il lui a suffi souvent, dans ces cas, <fe cautériser la surface
du corps étranger pour le faire cesser. Or il est facile de comprendre
ou'une semblable disposition, à la suile de la grossesse, se trouve
singulièrement exagérée, et que les contractions delà matrice, s'exer-
çant sur un corps fibreux volumineux qui s'oppose au retrait du tissu
utérin sur lui-même dans les points qu'il occupe, aient pour effet de
produire une hémorrhagie grave. C'est dans cette catégorie de faits
que se placent ceux que Chaussier a mis sous les yeux de la Société
de médecine de Paris, et qui sont cités par Desormeaux et P. Dubois
dans l'article Dystode du « Dictionnaire de médecine, ou Répertoire
général des sciences. médicales ». Chaussier les avait recueillis sur
des femmes mortes à la Maternité à la suite d'accouchements labo-
rieux , chez lesquelles des corps fibreux multiples occupaient toute
rétendue d'une des parois de l'utérus. La mort avait été produite par
des hémorrhagies qu'on n'avait pu arrêter.
J'ai rapporté moi-même un cas analogue qui se trouve mentionné
dans le Journal de médecine de Bordeaux^ nM2, décembre 1844. Le
docteur Brulatour, à qui on le doit, dit avoir assisté à l'autopsie d'une
femme dont Tulérus contenait quinze corps fibreux interstitiels. La
mort eut également lieu par hémorrhagie.
En supposant les cas les plus favorables, celui de l'existence d'un
seul corps fibreux éliminé spontanément par les contractions de l'uté-
rus» à la suite de l'accouchement, ainsi que cela eu lieu pour la
malade de II. le docteur Fallu, dont M. Depaul a entretenu la Société
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éechhwgîe, on se U^wns tovj«nivdM9 des emé^dD» qai ftml que
IfbéiBorpfcagie est encofe fort à evaiadtre.
Uétimmation d'un tct fibrome:, e» eiét, b0 peut «"«fléetuer q«e |Hnr
we Téritable éBodéadon qui 1«^ dégage d« ^épaisseur dis* la ^roi i^
«lie oo il est îdcIus; or, cette 0f>ératioi» aaitweife ne se eeoçe^ p«Bi«
sn» qu'elle prodiirâe, es»» le Unu ntéritt, wv yfèritMe tnMfraatîsnie
dttà la lésion des fibres BnieeuHuves rompocar, qiuî, peinrlivi^r passage
au corps enkysté, ont dû subir une déchirure partielle plus ou mam
étCDdi», ffoà est «ne cause d'hémorrbagie.
i est, dans Ifhistoire de» fibrèaa^s Btévkis, un point eMOve obeev,
^pioiquo depiM» longtemps) eontreversé ; e'est cxM qu» a trait à Y^m-
ftoiiBatîon de ces proiitoetfen» morbides et à 1» soppwatios qui mt
sffait Is eoaaéquvBcev
Bayle «imettant quve les poî^pes pouvaient s'enfianmer. Lisfrine
afïïrme aroir vu plusieurs exemples d'abcès développés dans leur
^eâsevr. Le néme joiMmal de lordeatnc que je viens de eiter ren-
kraie xm fait qui met en èvîdenee ee tiravaH palhotogîqoe survens à
I» suite d'an aceonehemenl.
Le doetesr Bennelefae a mis sone les yenx àe la Sociélé de médecine
de Bordeaux Tutérus d'une femme décédée à la Maternité, quarante»
tail heures après» ma acceucbenseni des pins dMficîles qui avait néées-
mtà la versien à 1» snite é'im rravaît qui dnrail depuis f^as de six
jours. Cette matrice énorme présentait trois tnmeurs fièreuses de
vokHoe in^i ài «s parties supérienres et latérales. L'indsion de la
lamoir lar ^^os^ éievéed»a»a liea k m éconkiiieiii de pus sanùror,
mélsmgé' d'iroe espèee d^ détrilus ibrmé pair le tissu utérin, dans
répaisseur duquel la tumeur s'était développée : Fauftiear dit qn*'û n'a
troové aneane trace de phlébite «terme et que, pour lui, )a mort a
élé eausée par une métrite aigué compliquée d'cm uAeère développé
Mlidaîrementf dans ^épaisseur d'un des corps ibrevsdont rexistence,
pendant la grossesse, n'avait pas été reconnue.
Ri pariant de la vaseularité des prodnction» fibreuses de îa matrice
§Ët sfHte <fe la gestatfon, j'ai foit remarquer pfécédemment, el kt
fumeor piésentée par H. Depairl dans la séance (itemfère en est la
prenre, que le ttssu ftbreux lui-même n'est pas sensiblement modMM
dieins son aspect, sa consistance et sa composftîon, et que c^esf iwsn
h tissu utérin, qui embrasse la périphérie, que réside la ëmvte de
ffaémorrfaagie. Il y a des exceptions à ee fort anatomique, comme le
démontre celui qui suit.
ê^enmtim. — - Fai été, peikdant pknietirs aimées, sppdé à donner
#»floins ë nne datne qni, hi:^ jours après m> aeeowârâment praliqné
2* série. — TOME IX. ÎO
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— 234 —
par Hutin, et à la suite duquel le placenta avait été extrait entier, sans
aucune déchirure, présenta des pertes abondantes. Lisfranc fut
appelé. Le toucher vaginal lui permit de constater l'existence d'un
polype formant, au-dessous du col, une légère saillie arrondie. La
tumeur remontait dans Tutérus à une hauteur qu'il ne fut pas facile
de préciser. Une h'gature fut portée, à grand' peine, à une profon-
deur qui fit croire à Lisfranc qu'il était arrivé jusqu'au fond de l'uté-
rus.
L'hémorrhagie cessa, et le polype, dont le lien constricteur fat
resserré chaque jour, s'engagea dans le vagin à la fin du quatrième
jour, après des efforts d'expulsion très-douloureux, comme si, dit la
malade, un nouvel accouchement avait eu lieu. Ce polype, de consis-
tance molle, d'un tissu rouge-brun, très-friable par endroits, offrait
dans son épaisseur des tractus vasculaires sous forme de linéaments
et de vacuoles des plus apparents.
Lisfranc, dans ses leçons, insistait particulièrement sur cette
variété de polypes fibreux dont la structure particulière rend raison
des aptitudes hémorrhagiques qui leur sont propres et qui, comme
complication de la grossesse , les rendent on ne peut plus redou-
tables.
Au nombres des accidents imputés à la présence des tumeurs
fibreuses compliquant la grossesse, on a cité Tavortement, la rupture
et l'inversion de la matrice.
A en juger par les observations nombreuses qui prouvent que,
nonobstant la préexistence d'un corps fibreux à la grossesse, celle-ci
peut suivre son cours régulier jusqu'à terme, l'avortement provoqué
par le corps étranger serait une exception.
On peut en dire autant de la rupture des parois utérines qui, dans
les cas de corps fibreux multiples que j'ai cités, n'ont pas plus déter-
miné ce grave accident qu'ils n'ont enrayé l'évolution normale de la
Si la rupture de l'utérus est en effet à redouter, c'est bien sans
contredit lorsque toute une paroi de l'utérus est envahie par ces
fibromes , comme cela existait dans les exemples rapportés par
Ghaussier et dans celui que j'ai emprunté au Journal de médecine de
Bordeaux, L'ampliation de la cavité utérine, ne pouvant alors s'effec-
tuer que par la dilatation extrême de la portion des parois de l'organe
restée saine, celle qui est le siège de ces tumeurs ne pouvant s'y
prêter que dans une limite tout à fait restreinte.
Il serait intéressant, à cet égard, d'entendre ceux de nos collègues
que des études spéciales ont mis à même d'acquérir, en cette matière^
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— 236 —
une expérience personnelle. Sur ces deui points de paUioiogie obsté-
tricale, leur opinion aurait une grande autorité. Il en serv^ 4® même
pour celui qui a trait à rinyersioo de la matrice.
Quel est le degré de fréquence de ce déplacement à la suite de l'ac-
couchement? Pour moi, je n'en connais aucun cas dans lequel il ait
été manifestement produit par Fissue spontanée d'un corps fibreux,
due aux seules contractions de Tutérus. Peut-être, cependant, faut-il
faire une exception pour celui que Lisfranc a cité dans sa clinique
chirurgicale.
Il s'agit d'une malade qui, après avoir rendu avec de très-vives
douleurs, par le vagin, ce qu'elle appelait un morceau de chair, pro-
duit d'une grossesse qu'elle croyait exister depuis trois mois, resta
souffrante pendant cinq ans. Elle avait une leucorrhée abondante et
tenace, et ressentait dans le bassin et dans la région lombaire des
tiraillements et un sentiment de pesanteur. Cette femme aya||t suc-
combé à une phlegmasie viscérale, on constata chez elle, à l'autopsie,
un renversement de l'utérus qui s'arrêtait à la partie de cet organe,
qui forme le museau de tanche.
Si l'inversion utérine est rare dans le cas de corps fibreux intersti-
liels, elle Test moins dans celui des polypes intsa-utérins compliquant
la grossesse.
Les tractions exercées sur Tutérus distendu, ramolli et éminemment
contractile, par le pédicule de la tumeur et par le poids de celle-ci,
rendent raison de la facilité plus grande de la matrice à s'invaginer
à la suite de l'accouchement. Tous les auteurs s'accordent générale-
ment à cet égard.
C'est même cette tendance au renversement des parois utérines dans
les conditions spéciales dont ii s'agit qui a prescrit au chirurgien
d'éviter toute traction un peu forte Sur le polype, en vue de l'attirer
dans le vagin, cette manœuvre ayant pour eflèt d'exposer à produire
Finversion par ellermème d'abord, ensuite en sollicitant les contrac-
tions énergiques des plans vasculaires de la matrice. C'est pour cela
que, lorsque la ligature de la tumeur est rendue urgente par l'abon-
dance de l'hémorrhagie, en pareil cas, ii est rigoureusement prescrit
delà pratiquer sur place, c'est-à-dire de la porter sur le pédicule du
polype à la hauteur où il est situé dans la cavité utérine.
De l'exposé succinct des faits que j'ai cités et qui se rapportent la
plupart aux corps fibreux de Tutérus, il ressort, ce me semble, pour
le praticien, une question de déontologie qu'il serait opportun de ré-
soudre: c'est la conduite à tenir envers une femme chez laquelle
l'existence d'un fibrome utérin est constatée, et qui s'adresse à
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— 238 —
rJMfflameâe k'sii, p«ur «avoir 4e iw si ^Ue jpottt^ ifiasjMOMiéoîeMl,
Qon&racte ittanaee dt cwrir^eschaaeeS'âkuifi^roBraMA.
Quelle sera la réponie<éttJaQÔd6Ciin.eiii>p0«6itte cirabiutance?
Les corps fibareax ae iont fês «n olMtoolie 4 !a féo9tt<iatk»Q^ ùh oont
nusemeât iiae eause d'avartema&t ; Ja igrassesse peut être menée ^tis-
q«*À terme; cdia^fii démontré; ixam ce qui ne Test pm moins, c'eaft
que le dantger f>Mtr k femne cdumefice ,k ^eneoir aérieiis m wnm&Bâ
^ l';ai)ooudieiBeot,^énéral6ixNBatlâl»ûrleus;,et|Mi«imnt'èto^
hémorrhagie dont la gravité ne peut jamais être prévue à Tavanee fet.
q»i Bouriwnt a éilé proœpteraeot m<n*teUe.
dette di^wlène ooamdéraAion me ^paraU de naitune à tranolmr la>i|iiBfi.
tîoa, si siikrtoift «ou y «ifoute la pe^bibté 4e la cui^tiwe *de d'>niténB
aémise pftr iiuelquee Aii.ieiH'a dneant le oouiw de la eroaseese, et i^ior-
ihienoe f&ebeuse 4e «teUe-ei mr ie déveloii^peiDeAt ullérieuir ei ra^cb
des eor^ ôhfHMiK, et iQMiBéfiiemBJteiBt »ur î'étidt 4e isaniké des femnaa
qm «Q ^aont atjb^te». AjoiMâna <;ik€OPe ^He de 4se qtie, par .le toiHdier^
on. n'a -pu condaleir da pjîésieiiee ^«le d'un seul ^eoips ifibneM»;, il ne fau-
drait pas en inférer qu'il n'en existe auoufi autre, car l'anaiofute (pâ*
tholagîque appirend que «es itéof^lafimes «ont frétummneait amUiptes.
11 y a doue, à imm a^ia, les meitifs ies pi«s sérieux fpour dissuader,
en pareil cas, une femme de s'engager par les liens du mariage et de
s'«Kpoaer aux aventures d'une grossesse.
€e n'est d'ailleurs qu'avBc to«ifte réserve que Je aoe -proftonce sur Uiiifr
questiotn de cette nature que je a(Miwete à if at^tpnéciation >de ceux de-
mes collègues, que leurs «travaux en ol»slél2iqi)e 4reo4eiit plus CK^mpé-
tents pour les juger en dernier ressort.
WaAjptm. ^ Si deseocirps fi)»eux <que j'ai eu phis c^éciftlemeet en
vue jttfiqu'ici, j'arrive aux poilyp^ iiroprei&e&tdÂte» les faits qui leur
so&t relatifs m'oost apprn^ qu!iis fem^&^U eomv)e oampUcation 4e hx
gveesesse et de raccoucfaeme0>t, se ^seuter eous ptoieure aspects.
i3ine|kremîère div^iion à étobtir esiticeUe des folies celiuloae-vafi-
cukûres et des polypes fiibreux.
Belypes «eliaiMi*»imae«lait««. -^ DsAs un oas do0t j'ai été té-
moin et qui est rapporté da-ns la CUnipte de Lisfrane, toflaelll, p. B?^
cette variété de polypes qui> par leiur siège à l'intérieur de rulerus,
sont d'un diagnestîe impossible^ a iprevoqué l'avortemeoft^ etii la isuiie
de oelul<ei des hémoritegies successives et a^KmdaaKtos.
OsssftTATfON. •*- Une dame, âgée de 2^ aos« mère de quaitre jo^
fftBts, fut atiimnte dH»e méflropériloniie à «on deraier aecouohenia»t.
Bile devinl ienceînte pour la ehiquième fois, lorsque l'utérus étaii ea«-
coreseasHilemeait bypertse^^. PeDdant ^qualn nais, cette dskOttee
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— «99 —
résîgaa à gaoder le rep&B. A «ette époque, elle fit un Yoyag« à te aujite
duquel eUe fut ^ice de douleurs utérines, et l'avortemeat «ul Uaii :
]iieDl6t après des pertes «beniAutes, rebelles, se dédaraieat; au Um-
cber OQ constata ^ue Ja jaaattrice^tait toméfiée et doulouj'euse^ Fiab
combattit cette phlogmasie parades inoyeas AatiphlogisUques : pendafift
deux mo» la métrorrbagle cessa, «lais elle reparat aycc ialensité. La
malade vit ses forces s'épuiser, elle auceomba.
A Tautopsie, oa découvrit dans la cavité de Tutérus, dont les parois
avaient doublé d^'épaisseor, six poJj^pes celluloso-vasculaires ou mu-
queux, dont le plus petit avait le voltume d'une lentillt% et le pbjsgros
celui d'une patite noisette.
Ces excFOissaaees poly^uses doat rexistenoe était en dehors de
toute prévision, Aont tr^ès-iAsidieuses : eUes sont iormées par un tissu
rouge, mou, 4'apj>aFence érectile lisa^squ'il est vu à la surface d'une
loupe fraîche «et jkeite; flottante et enxelief à la surface utérine a\^
laquelle ils se coatâonent^ ces petits .polypes sont émiuûmmeiLt vas-
culaires. J'ai eu occasion d'iea Qbserv>er, Tiitér-us «étant à Téta.! de va-
cuité, ils ont, dans eeoas, «léterininé Jaiaaorttpar bémorrbagkc succes-
sive, cbez.une malade que j'ai ^observée pendant mon internat à rb6-
pital delà /Pitié, et dont j'ai moi-même fait r.autopsie. Leur siège était
le même que dans le cas précédent, c'e6t-<à-dire qu'ils occupaient ia
Siartie la plus élevée de la cavité utérine. Ils étaient au nombre de
huit; quelques uns avalent Taspect des franges de la membrane mu-
queuse, plusieurs, oelui4ej)etitsc<Hps<divaiFefi, etieur structure iden-
tique était celle des mêmes .polypes naeationnés dans l'observation
ci-dessus relatée.
Polypes flbiWHK. — LeS'Oonditians dans lesqueilssx}âspoly|iâs ont
été observés pendant -et après TacoouchemejQt, soat tEès^diveraes,,et
les accidents qu'ils ont déterjuinés varient également suivant la.naUire
iaème de ces couditionB.
Ainsi, sans entrer dans les à^tails des observations que j!ai repro-
duites au nombre de douze, dans mon mémoire publié en 1866, je me
liarnerai à en donner les princiipaux traits.
Ces polypes, de diverse grosseur, quelquefois lrès-vo)umî&eux« sié-
geant soit à la «vulve, soit dans le vagin, soit dans l'utérus, peuvent
ne ipas s'opposer à la grossesse, et même n'apporter qu'un léger
obstacle à l'accouchement.
Observation L — AacBUchement à terme, oornpliqué de i' apparition
(Sun polype «/értti à la vulve avant la sortie du fœiu$. — On trouve
4an8 Levret une observation d'une lemne chez laquelle une tumeur
svaifciéilé (épuisée de la vulve pendant ia pai4urltian avant la sortie
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— 238 -
d'un fœlus à terme. L'accoucheur de cette femme reconnut un po-
lype de la grosseur de la tête d'un enfant noureau-né, et dont le pé-
dicule, large d'un travers de doigt, était implanté au côté droit du
col de la matrice. Il n'y avait pas de perles considérables après la dé-
livrance, nonobstant, Guiot lia le pédicule; puis il plaça la femme de
manière que la tumeur, fut soutenue, et qu'elle n'exerçât aucun tirail-
lement douloureux. Dès le lendemain, des douleurs vives aux lombes
et à raine droite obligèrent à exciser la tumeur au-dessous de la liga-
ture qui se détacha le troisième jour. La femme n'éprouva aucun acci-
dent, elle allaita son enfant et fut bientôt rétablie.
Observation II. — Polype volumineux occupant la vulve; grossesse
terminée heureusement, — Le même observateur, Levret, cite un second
exemple d'une femme qui portait un polype d'un volume considérable,
dont la base pendait entre ses cuisses, et qui, par son pédicule, était
fixée au col utérin. Cette tumeur avait paru depuis seize ans à la
suite d'une couche fort heureuse; elle rentrait facilement lorsqu'on la
réduisait dans le vagin. De nouveau devenue enceinte une seconde
fois, le polype rentra progressivement par l'effet de l'élévation suc-
cessive de l'utérus, et cessa de paraître pendant la grossesse. La
femme accoucha heureusement à terme d'un enfant bien vivant; mais
dès qu'elle fut rétablie, la tumeur sortit de nouveau à la vulve. Cette
femme continua à faire remonter sa tumeur qui, un jour, sortit et ne
put pas être réduite. L'étranglement du polype à la vulve exigea une
opération qui fut pratiquée par Rondon, chirurgien de l'Hôtel-Dieu,
au moyen delà ligature. La tumeur se détacha le quatrième jour, et
la malade ne tarda pas à être guérie.
Observation m. -^ Polype énorme compUquantla grossesse, -^Double
insertion au col de Vutérus et au vagin, — Cinq accouchements d'en-
fants à terme mort-nés, — Je rapprocherai du fait précédent une
observation analogue du docteur Pordham. — C'est celle ;d'une femme
de 35 ans en travail depuis six jours. Par le toucher on constate dans
le vagin une tumeur volumineuse, implantée sur la partie postérieure
du col utérin. — Cette femme, depuis dix ans, avait eu quatre en-
fants mort-nés. A chaque accouchement une tumeur sortait de la
vulve, poussée par le fœtus. Cette fois encore la parturition, malgré
cet obstacle, s'opéra tout naturellement ; mais l'enfant était mort,
comme les quatre autres qui l'avaient précédé.
Le docteur Clough, appelé en consultation, constata la continuité
des efforts expulsifs après la délivrance, et reconnut une doublé in-
sertion du polype au col de l'utérus et à la paroi postérieure du va-
gin. L'application de cette ligature fut très-laborieuse : la femme, fort
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épuisée déjà, s'affaiblit rapidemeut et succomba le lendemain de l'o-
pération, sans avoir présenté ni douleurs, ni vomissements, ni aucun
autre signe de métropéritonile. Il n'est pas question de l'autopsie.
. Observation IV. — Un troisième fait, puisé à la même source (Mé-
dical and Physical joumalf 1811 and 1812), nous montre encore us
polype sortant de la vulve au moment de V accouchement, et cela à la
suite de trois grossesses successives, en même temps qu*il fait voir le
danger d^vne ligature pratiquée immédiatement après r accouchement.
Voici ce fait, qu'en raison de l'enseignement pratique qu'il renferme
j'ai jugé à propos de reproduire intégralement.
Une femme, mère de plusieurs enfants, accoucha d'une fille à terme
après une parturition douloureuse. Pendant le travail, une tumeur
consistante et charnue^ poussée par la tète de l'enfant, était sortie
avant elle; à deux couches précédentes ce même phénomène avait eu
lieu. Le volume de la tumeur était seulement moins considérable,
aussi n'y avait-on pas fait grande attention, chaque fois celle-ci étant
rentrée dans le vagin. Cette dernière fois elle resta hors de la vulve;
elle avait la grosseur de la tète d'un enfant nouveau-né. Dès le len-
demain une ligature fut placée autour de son pédicule ; vers le soir
du même jour, agitation et insomnie. Le lendemain, nouvelle liga-
ture^ la première s'étant relâchée : presque immédiatement, douleur
si vive et anxiété telles que, vers le soir, on fut contraint d'enlever le
fil constricteur. Les accidents convulsifs déterminés par cette opéra-
tion durèrent plusieurs jours; malgré Tusage des narcotiques, le pouls
monta à 120 pulsations, la voix était éteinte. La malade cependant
se rétablit et ou crut, neuf semaines après l'accouchement, le moment
venu d'appliquer une nouvelle ligaturef^qui ne tarda pas à reproduire
les mêmes accidents qui avaient eu lieu une première fois. La tumeur
était recouverte, dans toute sa surface, d'une escharre qui était le
point de départ d'un écoulement fort abondant. L'état de la malade
s'étant beaucoup amélioré par les soins appropriés et un régime ana-
leptique, on pratiqua de nouveau la ligature du polype dont le pédi-
cule était devenu moins gros et plus facile à atteindre ; il s'était passé
alors quatre mois depuis l'accouchement ; cette fois la ligature, d'abord
douloureuse, fut bientôt mieux supportée, et au bout de quelques
jours la tumeur se détacha» et la malade recouvra une santé parfaite.
Les polypes fibreux restés dans l'utérus s'y comportent de la même
manière que les corps fibreux ; comme eux ils constituent par leur
présence un obstacle au retrait de l'utérus sur lui-même; outre que
par la vascularisation dont ils sont doués quelquefois à un haut
degré, Us peuvent, de plus, devenir par eux-mêmes une source d'hé-
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morrbagîes graves et surtoat mortelles. J'en ai dté troi9 exemples qa»
j^ai empruntés Y un »a docteur Cbnrefaill, un autre au dectefir Rad-
ford, de Manchester, et un troisième an docteur Grisp; la mort eut
Ifen au bout de huit à dix heures dans le premier cas*; eife se produi-
sît par épuisement quinze jours après Faccouebement ^bns le second ;
chez la madade du docteur Crisp, à rbémorrbagre s'ajouta, coEmne
une cause de mort après raccouchcment, la persistance des contrac-
tions énergîcpies de Tutérns et la répétition des douleurs pendant
Texpulsion d'un polype quî était Irès-Yolumineur, à ce point qu'on
l'avait pris pour un second enfant, et qu'engagé à la vuhrë il rendait
!e catbétéHsme difficile.
Des faits qui précèdent, il me semble que Fou peut tirer les cou-
dusrons suivantes :
!• Les fibromes les plus variés de forme, de volume et de siège ne
sont pas un obstacle à la conception ;
2» Les polypes compliquant la grossesse, même quand ils sont volu-
mineux, ne s'opposent pas généralement à Févolution de celle-ci et
peuvent ne mettre que faiblement obstacle à l'accouchement;
39 Les polypes peuvent occuper le vagin» ou être contenus daaa
l'utérus au moment de l'accouchement;
40 Les polypes qui occupent le conduit vulvaire eonstituenf un
danger pour la vie de Fenfant; les polypes, intra-utérins, après Fac-
cauchement, sont au contraire un danger pour la mère, en raison de
Fhémorrbagie qu'ils déterminât;
5<» Les polypes iatrarutérins sont i^lus focilement éliminés que les
mtps fibreux en même temps»qae le produit de la conception : leur
forme, qui les rend iodépeadants du tissu utérin, et le peu d'épais-
seur de leur pédicule, rendent raison de cette difGsrenee;
6* Le renversement de Falérus» après la grossesse, «œ^iqué d'uB
eorpa on tf un polype fiJNreuk, peut être le résistai des contractions
olénaes, et aussi des manœuTres irratkmoelles exercées sur k eorps
étranger;
7* La question d'opportunité de Fopération, un corps fibreui ou ua
polype se montrant à la suite de l'accouchement dans de« condilioi»
accessibles à Faction instnnnentale, coostitoe un problème diverse-
ment résolu ;
8" Si la matrîos se ferme ef revient sur le corps inclus dans sa
cavité, sans donner lieu à une hémerritagie sérieuse, il est sage do
s'abstenir de toute tentative, et d'attendre que les conditiess spéciales
daas lesquelles se troure l*taténis^ après Faccoudiement aiefrt eessè.
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— 241 —
'On agirait de même dans le cas d'un polype intra-vaginal fibreux qu
donne lieu ;
9* Une hèmorrbagie qui compromet les jours de la mère, ou qui est un
obstaele an passage du fœtus pour qui il constitue un danger, réclame
impérieusement Tintenrentioii du chirurgien et s'oppose à toute tem-
porisation;
iO*" Quant à l'indication chirurgicale, elle varie suivant les cas<
M. Târnier. Je crois qu'il serait opportun d'attendre la communi-
cation que M. Guéniot nous a annoncée pour commencer la discus-
sion. Cela était convenu entre les membres de la Société, lorsque
N. Depaul a fait sa communication.
COMMUNICATION.
Traitement de la Syphilis.
. M. Després. L'an dernier, je vous ai communiqué, à l'occasion de
notre discussion sur le traitement de la syphilis, la statistique des
faits de voùù service. Vous vous rappelez encore Torage que, même
an dehorsrquelques-uns de nos discours ont provoqué. Je ne me suis
point effrayé de ce concert d'oppositions, parce que je suis persuadé
que les faits finissent toujours par avoir le dernier mot; aussi, je
iriens retracer devant vous les résultats de quinze nouveaux mois
d'expérience pendant lesquels j'ai recueilli tous les faits de mon ser^
vice. Je ne dirai point à l'avance ce que je conclus de mes obser^
Talions; >e laisserai à mes collègues le soin de juger pas à pas si mes
propositions de Tannée dernière ont été démenties par des faits nou-
Teaux.
Seulement, je tiens à faire uoe remarque : on m'a dit que> lors de
notre derkiière discussion^ j'avais pris à l'improviste les partisans du
mercure» et qu'ils n'avaient pas d'observations prêtes. Mais voici déjjt
un an passé depuis ma première statistique, et, en un an, on voit bien
dts choses. Je puis, certes, penser que mes collègues puiseront dans
l'expérience d'une année. Alors je vois les oppositions que jo puis
encore rencontrer diminuées au moins de ce reproche» que j'aurais
mrpris ceux qui ont f(M dains les préparations mercurielles*
Établissons, Messieurs, d'abord un premier point : comme l'annévs
dernière, j'ai reçu un grand nombre de mAladea ayant été déjà traités
de leur syphilis, inutilement, par les préparations de mercure.
J'ai reçu» du 34 février 1867 au 20 juin 1868, 353 malades atteintes
de diancrea suivis d'aceîdents généraux^ d'accidents secondaires ou
tertiaires, toutes malades franchement syphilitiques.
2* série. — tomb ix. 31
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— 242 -
Sur ee nombre :
81 .ivaient été déjà traitées une ou plusieurs fois par le mercure,
soit dans les hôpitaux, soit en ville. Proportion, 22,5 p. iOO.
36 avaient été traitées dans mon service par la médication tonique,
les bains salés et sulfureux, et le traitement local. Ne craignant pas
de charger contre moi ce chiffre, j'ai compté les malades qui, sorties
malgré moi, n'avaient subi que quelques jours de traitement, celles
qui, sorties de la sorte, sont rentrées deux et trois fois; ces malades
chai f:ent presque de moitié mon chiffre 36. Parmi ces malades, il en
est qui avaient été autrefois traitées par le mercure. Proportion,
iOp. dOO.
8 malades, traitées déjà une fois sans mercure par le bichromate de
potasse, riodure de potassium d'emblée ou les sudorifiques, sont
entrées dans mon service pendant le même temps. Proportion,2 p. iOO.
Si, maintenant, je ne prends que les malades traitées au moins
deux mois, j'arrive aux mèmeis proportions.
18 malades, traitées chez moi pendant plus de deux mois, pen-
èMffe un temps que j'ai jugé suffisant. Proportion, 5 p. 100.
38 malades traitées par le mercure pendant plus de-dedx mois;
li malades ayant subi deux et trois traitements mércuriels. Propor-
tion, H p. iOO.
J'ai fait plus : il y a, à l'hôpital de Lourcine, un service voisin du
mien où il y a eu des syphilitiques ; je ne parle pas du service de
médecine que l'administration avait transformé en un service de
maladies générales. Ce service a été successivement occupé par
MM. Panas, Liégeois et Péan, Il renferme quatre-vingt-neuf lits, deux
lits de plus que mon service, et il n'a reçu que 334 malades pendant
que le mien en recevait 359. J'ai comparé les malades qui rentraient
dans mon service en sortant du service voisin et qui ont pris le tnû-
tement mercuriel classique, avec les malades qui avaient été déjà
traitées chez moi par les toniques, les bains et le traitement local.
' J'ai eu 36 malades rentrées après un séjour dans mon service; sur
ce nombre, 18 avaient été traitées plus de deux mois.
J'ai eu 33 malades traitées antérieurement, dans le service voisin
du mien, par les préparations mercurielles : proto-iodure de mer-
cure, frictions mercurielles ou injections de sublimé.
Sur ce nombre, 18 avaient pris du mercure pendant plus de deux
mois.
De cette comparaison, il ressort qu'il y a eu égalité absolue entre
le résultat du traitement mercuriel et du traitement sans mercure, et
je n'en demande pas davantage.
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— 343 -^
Il est certainement rentré quelques-unes de mes malades dans
l'autre senrice, mais il y est rentré aussi des malades du même ser-
yice, et si Ton deyait compter les premières, il faudrait aussi compte'
les secondes.
Mais il n'est pas rentré beaucoup de mes malades dans le serviœ
voisin ; mes malades sont assez fidèles. Malgré la sévérité que l'on
m'a presque reprochée ici, ces malades conservent, à l'égard du ser-»
vice, un peu de cette fidélité canine qu'a célébrée Buffon, et que les
pauvres ont toujours pour ceux qui s'occupent d'eux sérieusement.
Je ne veux, pour preuve de ce que j'avance, qu'un seul fait :
Depuis que je suis à Lourcine, j'ai vu presque toutes celles de mes
malades, qui ont été atteintes de récidive, revenir dans mon service.
Sur 605 malades qui. ont passé dans mes salles, 7 seulement ont été,
dans les grands hôpitaux, se faire traiter de récidive de leur syphilis.
J'ai pris des informations scrupuleuses, et je n'ai pas entendu parler
d'autres malades; il peut y en avoir eu cependant quelques-unes de
plus que le chiffre sept^ mais leur nombre ne peut être élevé. Je ne
compte pas les malades sorties enceintes et qui sont allées accoucher
dans des hôpitaux spéciaux. Je ne compte pas celles de mes malades
qui sont entrées dans le service voisin du mien, faute de lits chez moi.
Que dirai-je encore de plus concluant que ces chiffres? Est-il assez
prouvé que le mercure n'empêche pas les récidives des poussées syphi-
litiques?
Je pourrais, toutefois, vous rappeler que la Société de médecine de
Bordeaux, qui, elle aussi, a étudié le mode d'action des mercuriaux
dans la syphilis, a entendu notre confrère, M. Venot, déclarer, chifiîres
en main, le résultat d'expériences entièrement conformes aux miennes*
Ce médecin, en effet, tirait, de quarante-cinq observations bien sui-
vies, que les récidives étaient en proportions égales chez les syphili-
tiques, qu'on les traitât ou non par le mercure. Ceux de nos collègues
qui voudront se rendre compte de ces faits en trouveront dans le
numéro de juin de cette année des Archives de médecine.
L'état des malades rentrant, après avoir été traitées dans mon ser-
vice, ne diffère pas sensiblement de l'état des malades traitées déjà
par le mercure, en ville ou dans les hôpitaux.
Parmi mes malades vierges de mercure :
14 qui avaient leur mal depuis six mois, avaient : 12 des plaques
muqueuses, 1 une iritis, 1 une syphilide tuberculeuse précoce.
7, qui avaient leur mal depuis un an, avaient : 4, des plaques mu-
queuses, dont une avec une syphilide papuleuse; 1, une syphilide
papuleuse; i , une gomme ulcérée du voile du palais.
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— 246 —
De tout ce qui précède, il résulte que, chez mes malades qui ont eu
des récidives même d'accidents tertiaires, le mal ne montait pas à plus
de deux ans. Celle de mes malades qui a eu l'an dernier des gommes
ou plutôt un érythème noueux, est actuellement bien guérie. C'est la
fille B... Sophie dont je vous ai parié l'année dernière, et que j'ai
revue cette année.
Qu'on ne me dise pas que je dois attendre pour juger; j'ai eu des
malades dont la syphilis n'était pas plus âgée que celte de la fille B...
qui avaient des exostoses, des gommes, de Tecthyma et des syphilides
tuberculeuses, ou tubercule crustacées, quoiqu'elles eussent été trai-
tées pendant deux et trois ans par le mercure.
Si le mercure était capable d*agir sur les syphilis graves et d'empê-
cher les accidents graves, je devrais avoir beaucoup de mes malades
dans cet état, contre un très-petit nombre de malades semblables
auxquels avaient été administrées les préparations mercurielies.
Les accidents de la syphilis sont-ils amendés vérilabiement par le
mercure? Pour toute réponse, je dirai ce que l'on obtient sans
mercure.
Les chancres traités par la cautérisation et les cataplasmes mettent
trois à cinq semaines à guérir, suivant qu'on les traite au début, ou
un peu plus tard.
Les plaques muqueuses simples non végétantes mettent en moyenne
huit à dix jours à guérir, par les cautérisations et les lotions avec
l'eau blanche, ou par une solution légèrement caustique ou astringente
et le repos.
Les plaques muqueuses de la gorge et de la bouche mettent le
même temps à guérir; seulement chez les malades qui ont de mau-
vaises dents ou des follicules des amygdales ulcérés il y a des réci-
dives journalières, surtout en hiver; et il y a des plaques muqueuses
de la gorge chez les syphilitiques là où chez les gens sains il n'y
aurait qu'un léger mal de gorge, au momdre refroidissement.
Les plaques muqueuses végétantes de la vulve ou de la gorge sont
plus longues à guérir, Je suis obligé de les cautériser plusieurs fois
avec la solution saturée de chlorure de zinc. Ces plaques durent
quelquefois jusqu'à trois ou quatre semaines, à moins qu'elles ne se
recouvrent d'épithélium et ne se transforment en végétations, ce qui
m'oblige à venir aux cautérisations avec l'acide nitrique fumant et
même à l'excision.
Je ne crois pas, j'affirme même qu'il n'y a pas de traitement mer-
curiel qui arrive au même résultat sans traitement local. S'il devait
m'ètre opposé des statistiques à cet égard, je demanderai toutes les
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— un —
observations d'un service, car les plaques muqueuses des malades
qui, après trois et quatre semaines de mercure, ne seraient pas guéries
et ne seraient pas comptées, parce que les malades seraient sorties de
l'hôpital avant guérison, sont justement celles qui sont rebelles même
au traitement mercuriel, celles qu'il faudrait compter.
J'ai eu dans mon service 26 syphilides cutanées, généralisées :
syphilides papuleuses, confluentes, miliaires, tuberculeuses, précoces,
tuberculeuses, serpigineuses, telles qu'on les observe à Saint-Louis.
Ces malades sont restées dans le service cinq, six et même dix-huit
mois. Cinq malades sont parties non guéries pour se traiter chez elles.
Ces naalades que j'ai observées ont guéri :
6 en six et sept mois; 7 en quatre mois; 11 en deux et trois mois;
2 en un mois. 4 des 13 dernières malades avaient des récidives :
3 après un traitement mercuriel antérieur; 1 après avoir été traitée
chez moi.
Les malades suivaient un régime tonique (fer et quinquina), et
comme traitement local prenaient des bains salés et sulfureux. Leurs
plaques cutanées étaient badigeonnées avec la teinture d'iode ou
l'huile de Cade pure.
Entendons-nous, Messieurs, sur le sens du mot guéri. Par guéri, il
ne faut pas comprendre que le mal a pâli. Il faut qu'il soit bien dit
que la syphilide est guérie seulement quand les boutons ou les plaques
n'offrent plus de desquammation et sont réduites à des macules sem-
blables aux macules qui suivent la période de desquammation de
l'éruption varioleuse.
Si la pâleur de l'éruption était prise pour la guérison, je réduirais
à un mois ou six semaines la durée de mes syphilides; mais, je
le répète, cette manière d'envisager la guérison me paraîtrait défec-
tueuse.
Certes, j'ai vu des syphilides papuleuses guérir en moins d'un mois,
mais c'étaient des roséoles papuleuses, et non point de ces syphilides
tuberculeuses qui sont de véritables plaques muqueuses de la peau,
ou de ces syphilides tuberculeuses caractérisées par des boutons acu-
minées qui offrent la rougeur et la consistance de petites keloïdes.
Chez 14 de mes malades, j'ai vu naître la syphiiide après des
malaises, des douleurs rhumatoïdes et une fièvre rémittente prodro-
mique, banalement appelée fièvre syphilitique. Cinq malades sont
sorties avant guérison complète. Chez 9 j'ai vu l'évolution complète
du mal:
1 a mis sept mois à guérir; 5 ont mis six mois ; 2 ont mis cinq mois ;
1 a mis huit semaines.
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— 248 —
Chez tontes mes malades, la fièvre tombait aussitôt après la sortie
de l'éruption, et la santé se rétablissait à vue d'oeil.
J'ai pu suivre une de mes malades que ses affaires avaient empêfchée
de rester chez moi, et j'ai vu que, même non traitée, les éruptions
guérissent néanmoins à pen près dans le même temps.
C... arrivée dans mon service avec une stomatite mercurielte, qui
avait suivi hiMt jours d'usage de deux piluks de proto-iodure par
jour, a eu soûs mes yeux une poussée de papules disséminées qui a
duré un mois. Une seconde poussée, avec des ulcérations, existait
lorsque la fille C... est sortie pour soigner son enfant malade, et j*ai
appris qu'elle était allée, trois mois après, à Vhôpital Saint-Antoine
avec une troisième poussée très-légère, et cette fois de syphilide
squammeuse peu étendue, qui a guéri en peu de temps : ce qui fait
que la syphilide a duré six mois.
Voici les durées comparatives des éruptions syphilitiques traitées
par le mercure et traitées par les toniques el les traitements locaux.
A..., 32 ans, entre dans le service le 27 août 1866 avec une syphi-
lide pustulo-luberculeuse précoce, qui était apparue aux lieu et place
de la roséole; elle était traitée en ville depuis le début du mal par de
la liqueur de Van-Swieten, une cuillerée à bouche tous les jours, pen-
dant six mois. Malgré ce traitement néanmoins, la malade conservait,
sur la petite lèvre du côté droit, une induration chancreuse qui per-
sistait depuis six mois; ses papules étaient encore en voie de des-
quammation et une vaginite existait encore depuis le début de sa
syphilis.
Au bout de deux mois de traitement dans mon service, la syphilide
était éteinte et la malade est restée dans mon service jusqu'au mois
de mars 4867 pour obtenir la guérison de sa vaginite rebelle. La
syphilide avait duré huit mois.
F... Malhilde, 2i ans, entrée le 2! mars dans le service de M. Lié-
geois avec des plaques muqueuses, et une syphilide papuleuse coq-
fluente est traitée pendant six mois, du 12. avril 1867 au l*' septembre
de la même année, par deux pilules de prolo-iodupe chaque jour,
pendant quatre mois, et qui étaient régulièrement prises. La malade.
entre dans mon service le 7 septembre avec sa syphilide papuleuse
pâlie et des plaques muqueuses de la gorge; le 15 septembre la syphi-
lide papuleuse ressortait et était guérie le 2 noyembre. La malade
prenait des bains salés et sulfureux, du rôtt et des toniqaeft. La
syphilide avait duré sept mois et demi.
Voyons maintenant mes malades traitées sans mercure.
M... (Anna), ^8 ans, 29, Saint-Bruno, traitée dans iBon aerviee de-
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- 249 —
puis le mois de novembre 1866, pour un chancre phagédénique de la
vulve, lequel avait été traité en ville pendant trois mois par des pi«
Iules de proto-iodure. Le 28 février 1867, la malade est prise après
fièvre prodromique d'une syphilide miliaire confluente à poussées suc-
cessives, qui a duré jusqu'au mois de septembre 1867 (sept mois). Elle
a eu trois iritis : une, traitée par le calomel à dose fractionnée et les
vésicatoires aux tempes ; une par les seuls purgatifs et les sinapismes
aux cuisses et les vésicatoires; une par les ponctions de la cornée;
toutes trois ont eu une durée égale, sauf la dernière, qui était com-
pliquée d'un abcès de l'iris et qui a mis trois semaines à guérir. La
malade est restée dans mon service, pour attendre la guérison de son
chancre, jusqu'au 30 mai dernier, et n'a eu, depuis sa syphilide et ses
iritis, aucun accident sous mes yeux, et sa vue était bien conservée.
C... 39 ans, 32, Saint-Âlexis, entrée avec un chancre parcheminé
de la grande lèvre gauche et sous l'imminence d'une syphilide, a eu
sous mes yeux, le 6 juin 1866, un mois après son entrée à l'hôpital,
une syphilide miliaire qui a duré jusqu'à la fin de novembre, et a
présenté cette particularité que le 13 juillet il y a eu une seconde
poussée localisée au bras droit et à une moitié du tronc. Le mal a
guéri en cinq mois et demi. Ici le mal est apparu plus tôt que chez la
fille M..., et il a duré moins longtemps.
G... (Désirée), 34 ans, se disant malade depuis six semaines, est
entrée le 6 juin 1867 avec des plaques muqueuses des lèvres, du cuir
chevelu et des grandes lèvres, et une syphilide papulo-squammeuse
confluente, ainsi que des ulcérations du cuir chevelu ; elle est sortie
guérie du service le 21 décembre, ce qui fait six mois de durée pour
la syphilide.
Enfin des syphilides tuberculeuse, serpigineuse isolée que j'ai vues
chez une malade G..., 24, Saint-Âlexis, traitée par les badigeonnages
avec la teinture d'iode, ont guéri en deux mois.
Toutes ces malades étaient soumises au régime tonique, aux bains
salés et sulfureux ; leurs plaques ou leurs ulcères étaient cautérisés ou
peints avec de la teinture d'iode ou couverts de pommade à l'huile de
Gade; en un mot, des bains et des traitements locaux secondaient
le traitement tonique.
J'ai remarqué, Messieurs, qu'une seule des malades que j'ai vue
atteintes de syphilides paptdeuses ou tuberculeuses confluentes était re-
venue malade; encore la syphilide était-elle disséminée au début. Les
autres ont paru bien guéries, surtout lorsqu'elles n'avaient pas pris de
mercure.
Ceux qui ont fréquenté l'hôpital Saint-Louis savent que la grande
2« série. — tome IX. 32
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— 25a —
majorité des accidents tertfatrcs que ron rencontre, surriennent che»
des malades dans les antécédents desquels on ne retrouve point de ce&
sjphiHdes papuleuses, confluentes^ Il y en a cependant, je tous en ai
cité l'année dernière, que j'avais empruntés à la thèse de M. Dubuc, el
vous vous rappelez qae le mercure avait été mis en usage.
Ceci me confirme dans cet(e opinion que le virus syphilitique s'éli-
mine par la peau comme par le virus varioleux, soas forme d'éruptioj*
généralisée, et qu'il ne convient pas plas de donner un médicament
pour faire pâlir l'éruption, pas plus qu'il ne convient de donner de»
purgatifs pour faire pâlir l'éruption des boutons varioleux.
J'ai observé trois fois des gommes; vous allez voir ce qu'elles ont
duré.
P..., 48. ans, avait une gomme ramollie du dos du nez, grosse
comme un gros pois, depuis trois semaines. Ce mal avait été traité en
ville tout à fait au début par la liqueur de Van Swieten; une cuillerée
à bouche tous les jours pendant trois semaines, parce que aucun trai-
tement antérieur n'avait été fait. J'ai xîautérisé la gomme, et en un
mois de temps elle a été guérie ; ce qui fait une durée de huit se-
maines. Seulement, comme pour faciliter la comparaison, une autre-
gomme s'est formée à côté de la première, et avait le même volume •
je l'ai incisée et cautérisée, et elfe a guéri en dix-sept jours.
La veuve K..., femnae L..., ^2 ans, est entrée à l'hôpital avec une
perforation du voile du palais, au-dessus de Famygdale droite causée
par une gomme ulcérée depuis un mois» La malade avait eu, un an
auparavant, des plaques muqueuses pour lesquelles elle ne s'était pas
traité et qui s'étaient guéries seules. Le 21 mai 1867, au momcal
où la malade est entrée, la gomme devenait phagédénique. J'ai cauté-
risé la gomme avec le chlorure de zinc en solution, et j'ai donné
0,5^ c. d'iodure de potassium par jour et du sirop d'iodure de fer-
Ife inal était arrêté le 13 juillet, quand le mari de la malade est venu
la chercher. Le 27 juillet, la malade est rentrée; le mal avait recom-
mencé à s'étendre; j'ai cautérisé de nouveau, et la malade est sortie
guérie le 31 août 1867. Il restait une petite perforation du voile du
palais cicatrisée et qui ne gênait ni la parole ni la déglutition des
liquides. J'ai revu cette malade depuis à la consultatioe, et la guérison
s^était bien maintenue. Total, Messieurs, trois mois de traitement pour
guérir une gomme ulcérée phagédénique du voile du palais.
La fille T..., 91 ans, est entrée le 21 décembre i8«7 dans mon
service, avec une gomme ulcérée de la jambe droite, longue et
large comme la main et franchement phagédénique, plus ntnb
gomme ramollie se détachant au edté interne du geiHXi. Le sirop d'io-
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— 251 ^
•dure 4e fer, Phuile de foie de morue et Tiodiire de potassium, plus les
toniqtaes oiat été administrés* (Cette malade est une scrofuleuse qui à
déjà éié deux fois dans mon service ; j'ai domié son observation dans
mon preamer discours de Tannée dernière); les plaies ont été cauté-
risées avec la solution saturée de chlorure de zinc et pansées avec un
Ikiige «nduit de p(»umade à l'onguent de la mère. La cicatrisation de
ce vaste ulcère et de la gomme ont demandé quatre mois pour s'a-
chever; fveulemeat de temps en iemps^ quand la malade se levait^ la
cicatrice s'ulcérait et j'étais obligé de revenir à de nouvelles cautérisa-
tions. La malade, qui avait eu la gale en entrant à Tbôpital, se grat-
tait quelquefois, et quelques-un» des boutons qu'elle écorcbait étaient
-devenus phagédéniques et avaient dû être cautérisés. Ils avaien<t de-
mandé sept à huit joui^ pour être guéris. A côté de la grande cica-
trice, une gomme, grosse comme une noisette, s'est formée. Dès que
la peaa a été un peu rouge, j'ai incisé et cautérisé, et la gomme a
guéri en'vingt-dnq jours. Dans les premiers jours de mai, le prin-
temps a rendu la malade indocile; elle a voulu marcher et partir,
-quoiqu'elle eût encore une petite ulcération, grande comme une pièce
de 20 centimes auprès de la cicatrice de la dernière gomme. La ma-
lade est sortie a^ant néanmoins de l'embonpoint et de la fraîcheur.
Cette malade est la seule de mes 605 malades que j'ai vue revenir
avec une gomme. C'est d'ailleurs une scrofuleuse, chez qui tous les
accidents ont été graves, phagédénisme avec les accidents primitifs,
phagédénisme avec les accidents secondaires, phagédénisme avec les
accidents tertiaires.
Certes, malgré le bon état général de la malade, ce n'est pas un
bel exemple. Mais, Messieurs, combien trouvée -vous de malades sem-
blables et de beaucoup plus détériorées qui ont pris du mercure?
Témoin la lîlie M..., que je vous ai signalée l'année dermère et qui
avait des gommes et des exostoses, malgré deux années de traitement
mercuriel. Rappelez-vous aussi une de ces malades qui ne guérissaient
pas, que j'ai trouvée dans les observations de l'hôpital Saint-Louis,
empruntées à notr«<!ollè^tte.M. Lallier. Une malade, qui a des ulcères
du voile du. palais, à laquelle on donne pendant quarante jours du
sirop de bi-iodure ioduré, et qui sort non guérie pour rentrer chez
M. Lallier, et qui, après deux mois de traitement par le mercure et
l'iodure de potassium, sort avec ses ulcérations agrandies après deux
mois de séjour à l'hôpital.
Les iritis et la syphilis des femmes grosses sont-elles influencées
favorablement par le mercure? Telle est la dernière question que je
vais étudier devant vous.
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— 262 —
Dans mon service, j'ai eu douze iritis et choroïdites dont plusieurs
chez la même malade. Avant la discussion de Tannée dernière, j'ai
donné le calomel à dose fractionné, en même temps que j'employais
le collyre mydriatique et les vésicatoires aux tempes : troiâ iritis ainsi
traitées ont duré douze à quinze jours.
Depuis dix-iiuit mois, persuadé que le calomel à dose fractionnée
n'agit que comme dérivatif buccal , j'ai traité sans mercure par le
collyre mydriatique, les vésicatoires aux tempes et les dérivatifs in-
testinaux, six iritis qui ont duré douze à quinze jours. Unede mes
malades, M... (Anna), a eu une menace d'abcès de l'iris, pour lequel
j'ai fait deux ponctions de la cornée; le mal a guéri en trois semaines,
et la vision parfaite a été conservée malgré une synéchie peu étendue.
Des iritis se sont transformées en choroïdites chroniques chez trois
malades. Deux fois chez des malades qui avaient pris 100 pilules de
proto-iodure ou qui avaient subi deux mois de frictions mercurielies
30 frictions environ. Ces deux choroïdites ont résisté aux révulsifs.
Chez une malade il y avait des accès de doulenrs glaucomateuses,
pour lesquels le calomel à dose fractionnée a été employé sans succès
et qui ont été arrêtés par trois ponctions successives de la cornée des-
tinées à évacuer l'humeur aqueuse; chez cette malade, il y avait des
synéchies qui existaient depuis le moment où l'on avait employé en
ville les préparations mercurielies; chez l'autre malade la vue est de-
meurée faible, il reste une choroïdite pigmentaire.
Chez une de mes malades, une choroïdite a suivi une iritis. Cette
malade est atteinte de lésions valvulaires du cœur consécutives; un
ancien rhumatisme articulaire aigu ; la vision est affaiblie, mais il n*y
a pas de douleurs ni de congestion oculaires.
Je remettrai, à la prochaine séance, si M. le Président veut bien
me réserver mon tour de parole, ce qui a trait à la syphilis de femmes
La séance est levée à cinq heures et demie.
Le Secrétaire, D' Léon Labbë.
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— 253 —
SÂANOB DU 17 JUIN 1868
I
Présidence de IH. LEGOCEST
Le procès- verbal de la précédente séance est lu et adopté.
CORRESPONDANCE.
La correspondance comprend :
— Les journaux de la semaine. — Le Bulletin général de ihérapeu-
tifm. — Le Journal de médecine et de chirurgie pratiques. — La
Gazette médicale de Strasbourg.
— Le Bulletin de la Société de médecine pratiqite de Paris pour 1867.
— Le premier fascicule du tome II du Traité théorique et pratique
des maladies des yeux, de M. L. Wecker.
— Report on the military and surgical Field Hospital Equipement at
the unixfersal Exhibition at Paris^ by Th. Longmoore, inspecteur gé-
néral et professeur de chirurgie militaire. — In-4*. Londres, 1868.
COMMUNICATION.
Traitement de la syphilis.
M. Després. Je termine aujourd'hui» Messieurs, ma statistique.
J'ai vu, pendant ces quinze derniers mois, 33 faits de syphilis chez
des femmes enceintes. Je ne parlerai pas de la syphilis des enfants;
je n'ai pas besoin de fournir à cet égard de nouvelles preuves à l'appui
de cette proposition que le mercure n'atténue pas la syphilis. Vous
TOUS rappelez ce que je vous ai dit Tannée dernière des faits de sy-
philis observés dans le Morbihan et que M. Depaul a publiés.
Sur mes 33 malades, 8 avaient été traitées par le mercure,
25 avaient été traitées, soit en ville, soit dans mon service sans mer-
cure, et plusieurs de ces malades n'avaient fait aucun traitement.
Les 8 malades traitées par le mercure se sont comportées de la
sorte :
1 malade, accouchée au dehors, est la seule qui ait amené à terme
un enfant qui ait vécu. Il y a un an, la malade, atteinte de chancre,
avait été traitée à Cologne par des pilules de mercure, pendant quatre
semaines. La malade est accouchée hors de l'hôpital, à terme, d'un
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^254 —
enfant n'ayant rien, à qui une nourrice a été donnée et qui est mort
syphilitique vers la sixième semaine.
2 malades qui avaient pris, une trois mois, l'autre un mois, des pi-
lules de proto-iodure, ont avorté dans le quatrième mois.
1 malade, qui avait pris, quinze jours, deux pilules deproto-iodure
par jour, accouche avant terme d'un enfant qui est mort au bout de
dix jours avec des boutons sur lé corps. Cette femme avait gagné la
syphilis pendant sa grossesse.
1 malade, qui avait pris pendant quinze jours deux pilules de proto-
iodure par jour, et du sirop de Cuisinier pendant quinze autres jours,
accouche avant terme d'un enfant mort et macéré.
1 accouche à terme d'un enfant mort et ayant un placenta rempli
d'hénftatomes. Le placenta a été très-difficilement arraché. Cette ma-
lade avait pris pendant trois mois des pilules de proto-iodure.
2 malades qui avaient pris, l'une doiize jours, l'iuitre «il 8emaine9,
. des pilules, sont sorties enceintes ile mon service sur leur demande.
25 malades n'avaientt pas pris de mercure : voici cei qui est arrivé
de leur syphilis et de leur grossesse. .
4. ao&t accouchées à terme d'un eafanX vivant, et soni sorties de
l'hôpital avec leur enfant sain. Une malade» à ma connaissance, a
perdu son enfant du muguet, une autre l'a perdu après qu'il eut eu
quelques boutons sur le corps à trois mois.
3 ont avorté à six semaines, cinq^viois et six mois et demi; deux
étaient en train d'avorter quand elles sont entrées dans mon service
(je les compte néanmoins contre moi).
2 sont accouchées à sept mois passés d'un enfant mort.
6 sont accouchées un peu avant terme d'un enfant qui a vécu uû,
neuf ou trente jours. Une de ces malades est la fille T..., dont je vous
ai parlé l'année dernière, je vous avais dit que j'essayerais d'amener
son enfant à terme; j'ai réussi, mais l'enfant était chétif, il y avait eu
une hydropisie de Tamnios. La mère était d'ailleurs mauvaise npj^r-
rice.
L'enfant est mort d'inanition après avoir présenté du sclérème et
- des convulsions.
Dix malades sont sorties enceintes. Cinq n'étaient pas encore gué-
ries de leurs plaques muqueuses, les autres étaient à peine guéries, et
je ne les trouvais pas assez remontées. Une malade est accouchée à
la «Clinique chez M. Depaul et est sortie avec son enfant sain.
Si aou4 comparons, Messieurs, nous arrivons à des résultats tout à
lait désavantageux pour le traiiementmercuriel :
Par le mercure, 2^ p. iOO d'avortemeiUs ;
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— 255 —
Sans mercure, en comptant tous les cas maunrais à hkmi désavan-
tage, 4S p. 1^ seulement;
ÀTee le mereare an seul enfant amené yiyant et yîable, 12 p. iOO.
Sans mercure, quatre enfants rivants et viables, soit 24 p. 100.
Vous voyez Tinégalité. Je n'en demandais pas tant; Tégalité suffit à
démoDtrer que le mercure est inutile contrôla syphilis des femmes
Qu'on ne m'objecte pas que le mercure n'a pas été bien donné, qu'il
n'en a pas été donné assez, que les malades n'ont pas été bien suivies.
Vous avez vu une malade qui, avec quatre semaines de mercure
pris au début de la grossesse, accouche d'un enfant vivant. Vous en
foyez une autre qui avfMrte après un mois de l'usage des pilules de
proto-iodure. Si quatre semaines de mercure ont eu de l'effet dans le
premier cas, pourquoi un mois, trois mois, six semaines de mercure
n'ont-ils rien produit dans les autres cas? S'il faut louer dans le [ure-
mier cas les préparations mereurielles, il faut les aeenser d'être im-
puissantes dans le second cas.
Le mercure d'ailleurs, administré par les mains les ip\as habiles,
échoue journellement, et je n'ai qu'à consulter les antécédents des
malades qui viennent dans mon service pour en avoir la preuve.
On peut voir encore aujourd'hui dans mes salles une malade à qui
M. Guiérin a sagement donné le niercure suivant les principes qu'il
vous a exposés l'année dernière.
La nommée G... (Coralk), âgée de 18 ans, est entrée salle Saint-
AlexiSy n^ 13, avec un assez bon aspect et présentant une récidive de
plaques muqneosea onfloentes de la vulve.
Il y a un an, la malade était enceiute de cinq mois quand elle
fl^aperçut qu'elle avait du mal aux parties génitales. Elle est imtràe
à rhôpital SaînI-Louis dans le service de M. Guértn» où elle a pris
pendant six semailles tous les jours une pilute de proto^iodure pour
des plaques muqueuses. Bile est sortie de l'bftpital guérie. EUe a
pris, d'après le oooseil du chirui^ea, pendant deux mois eaeore,
tous les jours une pilule de proto-iodiire. Au neuvième mois de sa
grossesse, la malade, prise de douleurs, est allée acooueher à Ffeôpi-
tal SainloLoiiis» dan» la salle-d'aeeeudiements de cet établissement,
et a mis au monde un enfant mwrt et maicérè» dent la mort, au dire
dn médeein da sernee, m'a dM la malade, reoEMMitait'à huit ou neuf
jouf s. Six aernaioes après sa couche» la malade «ml une récidive de
plaques muqueuses, pour laquelle éUe est ettUrée danamoft service.
Ainsi, M. Guérûa a administré le mercuie avee [wiràeiice» et vous
iicyn le fésnltat.
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— 256 —
Uq autre fait encore ;
Une de mes malades, la fille G..., qui a avorté chez moi, après avoir
pris cent-vingt pilules de proto-iodure en trois mois, sort à peine re-
levée de couches. Trois mois après, elle a une récidive de plaques mu-
queuses, et entre à l'hôpital Saint-Louis dans le service de M. Gui-
bout, qui administre pen<lant deux mois des pilules de proto-iodure
tous les jours. La malade sort guérie comme elle était sortie guérie
de ses plaques muqueuses après avoir avorté. Trois mois après, la ma-
lade avait de nouveau des plaques muqueuses, pour lesquelles elle est
restée trois semaines chez M. Guibout, qui a administré des toniques.
Deux mois après la malade avorte à six mois et elle avait encore des
plaques muqueuses au moment où elle est arrivée pour accoucher à
l'hôpital de Lariboisière, salle Sainte-Marthe, n** 6 bis.
Vous le voyez, Messieurs, le mercure est administré aussitôt après
Tavortement. On ne pouvait pas le donner plus tôt pour prévenir un
second avortement. Qu'en est-il résulté? Un second avortément. En
présence de pareils faits peut-on hésiter? Remarquez que ce ne sont
point là des observations de choix, des cas isolés, c'est tout ce qui a
passé dans un grand service pendant quinze mois. A cet égard, vous
le comprenez, pas plus que pour le reste, mes convictions n^ont pu
être changées.
Encore un dernier mot pour ce .qui a trait à la syphilis des femmes
enceintes.
Chez ces malades, les plaques muqueuses durent quelquefois plus
Dngtemps que chez les autres malades^ surtout lorsque les femmes
sont grasses et marchent beaucoup. C'est principalement chez les ma-
lades qui ont de rœdème de la vulve qu'on observe ces phénomènes.
La gène de la circulation entrave laguérison des plaques muqueuses;
et cela est si vrai, que quand les malades avortent ou accouchent,
pendant les dix ou douze jours qu'elles gardent le lit, les plaques
disparaissent rapidement. Aussi ai-je pris l'habitude de tenir au lit,
en même temps que je les cautérisais, les malades enceintes atteintes
d'œdème des grandes lèvres et de plaques muqueuses rebelles.
Je conclus maintenant, Messieurs.
Les chancres indurés ou parcheminés guérissent en deux ou cinq
semaines par les cautérisations et les cataplasmes.
Les plaques muqueuses guérissent par tous les traitements, pourvu
qu*its ne détériorent pas les malades, mais le repos et les cautérisa-
tions guérissent plus vite que tout autre moyen.
Les syphilides cutanées, miliaires précoces, papuleuses et tuber-
cule-ulcéreuses guérissent en trois mois au moins ou six mois au
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-267 —
plas, quand elles sont confluentes; en un mois quand elles sont dissé-
minées, sans que la santé générale s'altère, pendant qu'on fait suÎTre
aux malades un bon régime et qu'on leur fait prendre des bains. Par
guéries j'entends que les éruptions soient réduites à Tétat de macules
semblables aux macules de la variole dans les trois mois qui suivent
l'éruption. Les sypbilides tuberculeuses serpigineuses, sans ulcéra-
tions profondes, guérissent en deux mois ou deux mois et demi par
l'application de teinture d'iode sur les plaques tuberculeuses, ou par
rapplication de pommade à l'huile de cade ou d'huile de cade pure.
Les gommes ne résistent pas à des traitements locaux bien dirigés
ti à de l'iodure dé potassium ou du sirop d'iodure de fer et de l'huile
de foie de morue, chez les scrofuleux. Elles ont la durée habituelle
des abcès froids, à moins que l'ouverture de la gomme ne devienne
phagédénîque et qu'on ne la cautérise pas.
Les iritis guérissent en douze ou quinze jours par un collyre my-
driatique assez fort, 20 centigrammes d'atropine pour 40 grammes
d'eau distillée, les vésicatoires aux tempes, les sinapismes aux cuisses,
principalement chez les femmes, les pédUuves sihapisés et les dériva-
tifs sur le tube digestif. Le calomel à dose fractionnée, le proto-iodure
à haute dose ne fpnt ni mieux ni plus vite; on substitue seulement,
au dommage des dents, la dérivation buccale à la dérivation intesti-
nale. SU y a hypopion menaçant ou menace d'abcès de l'iris chez
. des malades dont le début de l'iritis a été négligé, les ponctions de la
cornée hâtent la guérîson. Mais je ne puis m'empècher de dire que
quand, de guerre lasse, après un certain temps de traitement par les
révulsifs, on donne du proto-iodure, il ne faut pas prendre le temps
où on donne ce médicament pour une période d'état de l'iritis, mais
bien la considérer comme la période de résolution, qui, dans les iritis
légères, dure sept jours, et quinze jours dans les iritis graves. Je te-
nais à prévenir mes collègues sur ce point, pour éviter encore des
méprises.
Les femmes qui gagnent hx syphilis au début de la grossesse avor-
tent ou accouchent avant terme presque fatalement, comme toutes les
malades atteintes de maladies graves à cette période de leur gros-
sesse. On peut amener les enfants à terme : c'est ce que j'ai fait pour
une 'malade dont je vous ai parlé Tannée dernière, mais je n'ai pu
faire vivre l'enfant, parce que la mère était une mauvaise nourrice.
Les femmes qui gagnent la syphilis pendant leur grossesse amènent
leur enfant à terme, mais il arrive de deux choses l'une : ou bien que
l'enfant meurt d'inanition, sa mère étant une mauvaise nourrice, ou
bien que la mère donne la syphilis à l'enfanti s'il ne l'avait pas déjà.
t* série. — TOME ix. 33
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-!»8-
Les femmes cessent d'ârorfer qmtià \sl périx^e d^s ^laqtms
muqueuses est passée, c'est-à-drre quaurf h syphilfe, après pïosidtirs
pérîodes expulsives, arrive â sa fin.
Lorsqu'on enTÎsage, sans partt pris, les faits, on voit que fe Iraîfe-
ment mercuriel ne change rien à la marche ni à la durée des acci-
dents, que, s'ÎI fait quelque chose, c'est prolonger la période des
plaques muqueuses, Téconomie cessant de se réparer pendant qu'on
administre le mercure.
Toîci un exemple des plus remarquables qui justifie cette proposition .
La femme J..., 25 ans, domestique, traitée, il y .a trots ahsr, à l'hô-
pital Saint-Louîs, pour des plaques moqueuses, prend, pendant sîx
mois, deux pilules de prolo-îodure par jour;: un an après, eflû entre
â ThêpitaT de Lourcine pour une réci(ffve de plaques muqueuses;
M. Panas lui administre encore des pilules de proto-iodore pendant
trois mois. A peine sortie, la malade rentre à l'hôpital de la Pttté où,
pendant six semaines, îî lui est adminiâlré, pour ses pfttques
muqueuses, sîx semaines de pilufes que je croîs être des ]^iHcs de
snhHmé, car la malade dit avoir eu, à ce moment, de grands maux
d'estomac et une salivation assez grave.
Cette malade est entrée dans mon servibe le2t févrrfer 1868", eHe
avait quelques plaques muqueuses^ à fa vutte; mais ce rfétaît point là
ce qui existait de plus grave : la makdie avait dé la dyspepsie et une
gastralgie, des douleurs névralgiques nmîtfpîes, de l'anèmîe et un-
tremblement mercuriel léger.
JTai prescrit un régime tonique, des bains salés et sulforeur, de
riodure de potassium à la dose de 0,5» par jour, des amers et du vin
dé quinquina, de l'huile dé fofe de morue. Ad bout d'un uroîs, la
malade était à peu près dans le même état, sauf qo^elle avaît un peu
plus d'appétit.
Le *4 avril, elfe est prise d*tme stomatîte ayant tous les caractères
de la stomatite mercurielle : c'était une stomatite mercuriale expul-
sîve, comme on en constate aujourd'hui, et Mf. Sée l'a rappelé à son
cours, chez les individus atteints de cachexie mercurielle longtemps
même après qu'ils ne manient phis de merctfre'.
Quelques jours après, h malade se trouvait mîetix, et Je remàrqttais
qtt*il était sorti, sur la tempe et ïe cou, du côté fauche, une éruption
assez discrète de syphiîîde papuleuse. Le tremblement disparaissait,
et l'état général de la malade devenait très-senâblcment meilleur à
tel point que, quinze jours après, la malade demandaft îi quitter i*hô-
pital. Je la laissai partir, en lui reeemmandant Tusage des tonitiues
et des bains sttKoreui. Pendant les éefftie» ïemps de «da sêfour
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— 259 —
daos mes salleft) la malade avait repris des couleurs et de Ymbon"
point.
EnfiD, Messieurs, la syphilis étant une maladie infectieuse^ analogue
à la morve, la variole et Tinfection purulente, se gagnant comme elles
par une inoculation, n'a, pas fHas que OM autres maladies, de contre-
poison spécifique. Comme Tinfection purulente et la morve, elle ne
paraît pas après un accident local unique obligé. La syphilis entre
tantôt avec un dianer^ tantôt par unje érosion cbancreuse ou par une
éoorchur^ ^i n'^st suivie d'aucun acddeni local inflammatoire, ^
par une lyivjpl^aQgite vulvaire autour d'une écorchuse inoculée. De
cette compacaison il ressort assez que, malgré des manifestations
différentefi, le mal est analogue dans les trois cas; et si las deux pre-
mières maladies aont point de contre-poison spécifique, il n'e» est
pas un pouf la syphilis* Tout je iraitement physiologique de €e mal
consiste à traiter scrupuleusement les accidents locaux, à ej:ktretânir les
fonetions de la peau^ organe habituel de l'élimination du sangeon*.
taminé, et à soutenir la nutrition par un traitement tonique et répa-
rateur.
Est-ce à dire qu*on préviendra aiusi toujours et sûrement les acci-
dents, .gnaves? Nen„. Messieurs. II est des malades chez lesquels la
syphilis .se. i^lanie sm* un terrain déjà mauvais : ici ehez un tubercu-
leux, là sut un rhumatisant, ailleurs chez un scroluleux^; ajoutez {e
miséraJjrle qui^ d^uis^ longtemps^ a une nourriture insuffisante. Les
toiuques sont encore ici, cependant, .ce qu'il y a de mieux indiqué ;
mais seront-ils su|Û6ants? Jusqu'ici, j'ai lieu de croire qu'unis à de
bans traitements locaux, ils réussissent à atiéujuer les^ccideots mêoie
graves. Mais je dois faire encore isne réserve : il faut que ce traite-
ment soit secondé par le repos et la .tranquillité.
Une dernière remarque encore, et j'ai fini. La ^j^jliiJjis qui atteint
les adolescents est moins grave que celle qui frappe les individus
âgés. J*ai suivi des malades qui avaient gagné la syphilis à l'âge de
16, 17 et 18 ans, De|mis deux ans je les vois, elles n'avaient eu au-
cun accident autre que des plaques muqueuses et une syphilide papu-
leuse légère; la durée de leur mal n'avait pas dépassé quinze semaines,
et depuis, elles ont toutes les apparences de la sauté. Une, en un an, a
eu des plaques muqueuses, des syphilides et quelques petites gommes
douteuses. Depuis les derniers accijdent&, arrivés il y a seize mois, elle
n'a rien eu et rien donné, et eUe a toutes ies apparences de la santé.
Chez les vieilles femmes, au contraire, les maux sont plus rebelles.
Ah ! c'est. que l'^n ne se répare pas à quarante ans comme à vingt. A
cet âge, en effet, la nutrition ^'effectue avec une rapidité merveilleuse»
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— 260 —
et je serais tenté de dire à ceux qui auront la mauvaise fortune de
ga^er la syphilis : Si vous attrapez la vérole, au moins que ce ne soit
pas après vingt-cinq ans.
GOlOfUNIGATION.
Sfar la plllmietioii et le triehiasis des Toles orinaires.
M. Brogà. J'ai été consulté, il y a environ quinze jours, par un ma-
lade de Roanne, âgé de 61. ans et atteint, depuis trois ans et demi,
d'une affection des voies urinaires. Au début, il constata d'abord Tissue,
par le méat urinaire, d'une matière qu'il prit pour du liquide séminal;
mais son médecin reconnut bientôt qu'il s'agissait surtout d'une affec-
tion de la vessie, caractérisée par « des envies fréquentes d'uriner, des
mictions douloureuses et des urines qui renfermaient du sable fin, des
mucosités filantes et des poils. » (Note du docteur Tàuchet, de Roanne.)
Un Toyage à Contrexéville fut suivi d'une amélioration passagère. Plus
tard , le malade , craignant d'être atteint de la pierre, alla consulter
M. Valette, de Lyon, qui le sonda et ne trouva aucun calcul.
Les mêmes accidents, avec diverses alternatives, ont persisté
jusqu'à ce jour. Au mois de février dernier, la défécation était devenue
douloureuse. M. Tauchet constata l'existence d'une tuméfaction uni-
forme de la prostate. '
Le malade, après m'avoir fourni les renseignements qui précèdent
et quelques autres peu importants, m'a montré quelques fragments de
poils qu'il a rendus avec ses urines. Dans la même boîte, se trou-
vaient de petits fragments d'une matière calculeuse qu'il avait
recueillis, à diverses reprises, au fond de son vase. Plusieurs méde-
cins de Paris avaient déjà vu cette espèce de sable et n'avaient mani-
festé aucune surprise, sachant que l'existence des dépôts sablonneux
est habituelle dans les cas depilimiction. Mais, m examinant de plus
près le contenu de la boîte, j'y trouvai, au milieu des grains calculeux
proprement dits, deux petites lamelles dures, sèches, minces, reco-
quiliées et semblables aux débris de la coquille d'un tout petit
mollusque. Je jugeai que ce devait être des fragments de lamelles
osseuses.
Interrogés avec soin, le malade et sa femme me racontèrent alors
qu'à plusieurs reprises, des lamelles semblables et même plus grandes
avaient été rendues avec les urines. Ils avaient cru que c'était une
forme particulière de gravelle. Lorsque je leur demandai s'ils n'avaient
jamais vu de fragments plus volumineux que Ton pût comparer à des
morceaux d'os, ils répondirent négativement et parurent étonnés de
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— 261 —
ma question. Ils n'ayaient jamais va, dirent-ils, que des fragmenta
très-petits, à Fexception d'une pierre du yolume d'un petit pois,
laquelle était très-dure. Cette pierre avait des contours irréguliers,
mais arrondis ; elle était polie, veinée de blanc et de gris très-clair, et
ressemblait à un morceau de marbre poli. Supposant qu'il s'agissait
d'une dent rudimenlaire,. J'insistai beaucoup pourvoir ce fragment,
que le malade croyait avoir apporté avec lui; mais il ne put retrouver
la petite boite dans laquelle il le conservait.
Malgré ce contre-temps, je crus pouvoir diagnostiquer un cas de
pilimiclion provenant de l'ouverture d'un kyste fœtal de la vessie.
Pour compléter mon examen, je voulus introduire dans Turèthre une
sonde d'argent. Le malade s'y opposa, parce qu'il avait trop souffert,
disait-il, dans les cathétérismes auxquels il avait été précédemment
soumis, mais il me confia du moins la boite où il conservait
les corps qu'il avait rendus avec ses urines, et je pus ainsi exa-
miner ces corps au microscope.
J'ai fait cet examen à l'hôpital, en présence de mes élèves, à qui
j'avais d'abord exposé mon diagnostic. L'un des fragments de lamelles
recourbées, dont j'ai parlé plus haut, fut placé sur le porte-objet : U
clail assez mince pour être transparent; lorsqu'il fut humecté, il se
laissa redresser aisément par la pression de la plaque supérieure, et
nous pûmes constater alors qu'il s'agissait réellement d'un fragment
de squelette.
J'ai conservé cette préparation, qui est actuellement déposée sur le
porte-objet du microscope de la Société. Chacun de vous peut l'exa-
miner. Ce n'est pas du tissu osseux véritable, mais bien une lamelle
de cartilage dont la gangue est incrustée d'une grande quantité de
granulations calcaires. Les cellules de cartilage présentent l'aspect le
plus caractéristique : elles sont très-nombreuses, très-rapprochées et
présentent les caractères que l'on rencontre dans les cartilages
embryonnaires. Ce cartilage embryonnaire s'est incrusté de sels cal-
caires, mais n*a pas subi une ossification régulière; en devenant
ferme, dur, cassant et opaque comme une lamelle d'os, il a conservé
ses éléments microscopiques, de sorte qu'il n'existe pas d'ostéoplaste
dans le fragment soumis à votre examen. Dans les points les moins
transparents, là ot les dépôts calcaires sont le plus abondants, les
cavités du cartilage sont déformées, ratatinées; mais, en les étudiant
avec soin, on voit que ce ne sont pas de véritables ostéoplastes.
Il sufût, d'ailleurs, qu'un fragment de cartilage embryonnaire ait
été rendu avec les urines, pour que nous soyons autorisés à dire que
la pilimiclion est due à la communication établie entre les voies url-
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— 262 —
naires et un kyste f<Btal. Le fait deviendrait plus intéressant, mais le
dit^nostic ne serait pas plus certain si le malade retrouvait le petit
cm^s dentiforme que je considère, sans Favoir vu, comme étant .pro-
babtement une dent rudimentaire, et si Texamen microscopique j
démontrait Texistence des tissus dentaires.
Je n^ai pas besoin d'ajouter que j'ai également examiné au micros-
cope Fun des poils contenus dans la boîte, et Constaté que c'est un poil
bien caractérisé, un poil humain. Si Ton m^objectait que le malade a .
pu, comme plusieurs autres dont on connaît l'histoire, introduire d?s
poils dans son urine pour s'amuser à tromper les médecins, je répon-
drais qu'il s'agit Ici d'un homme âgé et sévère, incapable de super-
cherie, et que, d'ailleurs, les débris de squelette que j'ai trouvés dans
sa boîte, à son grand étonnement, suffisent parfaitement pour établir
le diagnostic.
Ce cas dififere de ceux qui sont connus jusqu'ici par plusieurs parti-
cularités intéressantes : d'abord, l'âge où les accidents ont débuté
(57 ans) ; — ces accidents se montrent, «n général, beaucoup plus
tôt; deux fois seulement ils ont commencé à 51 et 52 ans, jamais plus
tard; — puis l'expulsion, à l'extérieur, de divers fragments de sque-
lette et probablement d'une dent. Delpech a extrait une fois, de la
vessie d'une jeune femme, après avoir dilaté l'urèthre, un corps groa
comme un œuf de poule, où l'on trouva des poils implantés sur un
lambeau de peau, et un petit os irrégulier dans lequel était fixée une
petite dent. Mais, jusqu'ici, les malades n'avaient expulsé spontané-
ment que des poils. Enfin, le point le plus saillant de mon obser-
vation, celui qui en fait la principale importance, c'est que le
sujet est un hommes et que cependant la piiimiction provient d'un
kyste fœtal.
Pour montrer Timporlance de ce fait, je résumerai l'histoire de la-
question de la piiimiction. On trouve dans la science un assez grand
nombre d'observations qui s'y rapportent, mais le seul travail d'en-
semble est celui que Eayer a publié^ en 1850, dans les Mémoires de la
Société de biologie*
Il a ccu devoir admettre, condme ses prédécesseurs, deux sortes de
cas se rattachant, les uns à. la pUimiction proprement dite, les autres
au Irichiam simple ou essentiel des voies urinaires. Le trichiasis est
constitué par des poils nés sur la muqueuse urinaire ; la piiimiction
est symptômatique d'un kyste fœtal ouvert dans la vessie.
En admettant celte' distinction. Rayer ^e s'est pas dissimulé qu il y
avait lieu de se mettre en, garde contre diverses causes d'erreur. Des
poils peuvent être introduits dans la vessie à travers l'urèthre, et
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— 263 —
simuler un trieliîasis. Âîosî, CivîaTe a signalé Fintroduction invoioa-
Uire de poils détacliés du pubis, égarés sur te méat uriDaire, et
poussés par une sonde jusque dans la vessie» surtout cliez les malades
gui se sondent eux-mêmes. Dans un Cas cité par M. Paget, et où
fouraque persistant faisait largement communiquer Ta vessie avec
l'extérieur, on trouva, au centre d'un calcul vésical^ un poil unique
qm était probablement tombé dans la vessie à travers cette ouverture.
D*autres Fois, ce sont des femmes aux goûts bizarres, qui se sont
introduit des mèches de poils dans la vessie. Tel fut le cas célèbre qui
donna lieu, au dernier siècle, à une correspondance entre HansSloane
et Leuwenhoeck. Une dame, d'un âge respectable, rendit une touife
de poils qui fut envoyée à Leuwenhoeck. Celui-ci constata, au micros-
cope, que ce n'était pas des poils, mais de la laine, et qu'au milieu
de cette touïfe de laine, il y avait de tout petits fragments de bois et
de paille, toutes choses qui ne peuvent s'engendrer dans Fînrérieàr
du corps. Un autre cas, plus piquant, a été publié par M. Cruveîthrer.
tJn chirurgien anglais montra, le 23 juillet 1814, à la clinique de
m, Dupuylren, un calcul qui avait p«ir noyau une longue mèche de
cheveux, et qui avail été relire, à Londres, de la vessie d'une dam€.
tomme la couleur de' la mèche dîflféraît de celle des cheveux de la
malade, que celle-ci était, d'ailleurs, aune dame de qualité, de mœurs
pures, » et qu'elle assurait, en outre, ne s'être jamais rien introduit
dans la vessie, le chirurgien était persuadé que la mèche ^'était formée
dans cet organe; mais il fut reconnu, plus tard, que les cheveux
étalent liés par un fil, ce qui n'a pas besoin de commentaires.
Rayer signala, en oulre^ une cause d'erreur d'un ordre tout diffé-
rent : il cria des cas où des fitaments filiformes avaient été rendus par
l'nrètbre et où il avait été reconnu, grâce à un examen plus attentif,
et surtout à Taide du microscope, que ces filaments étaient constitués
par des mucosités incrustées de sels calcaires, sans aucune trace de
pofls.
Éliminant ainsi bon nombre dé cas de trichiasis des voies uri-
naires, il ne poussa pourtant pas le scepticisme jusqu'à nier Fexis-
tence de ce trichiasis. 11 admit donc, comme deux espèces parfaitement
distinctes, le trichiasis et la pîlîmiction, et s'efforça de chercher des
faits propres à établir la réalité de ces deux afibctions.
Four la pilimiction, la démonstration fut facile : il y avait en effet,
dans la science, sans parler de plusieurs cas qui n'étaient que pro-
bables, ctnq observations bien positives : trois avaient été complétées
par Tauropsie : c'étaient celles de de la Rivière, d'Hamelin et de
Phifîpps. Dans ces trois cas, après avoir constaté Fexistence de la
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— 264 —
pilimiction pendaat la vie, on avait trouvé, à Tautopsie, des kystes
fœtaux très-évidents, ouverts spontanément dans la vessie.
Deux autres faits, quoique non suivis d'autopsie» n'étaient pas moius
concluants : c'était d'abord celui de Delpech, que j'ai déjà indi-
qué. La masse que ce chirurgien enleva de la vessie à travers
Turèthre dilaté renfermait, comme on Fa vu, des poils, de la peau,
un os et une dent qui provenaient manifestement d'un kyste fœtal.
L'autre cas était emprunté à la pratique de notre collègue, M. Larrey.
Une femme de 33 ans vit persister, après sa troisième grossesse, une
tumeur du volume d'un œuf de poule, qui occupait la fosse iliaque
gauche,. Cette tumeur devint plus tard le siège d'une inflammation
douloureuse, puis elle suppura et s'ouvrit à la fois à l'extérieur, vers
la partie gauche de l'hypogastre, et à l'intérieur, dans la vessie. Des
poils et de la matière grasse furent rejelés à la fois par l'urètbre et
par les fistules hypogastriques. Ayant constaté, avec la sonde,
l'existence d'un volumineux concrétus calculeux dans la vessie,
M. Larrey élargit d'abord, par une incision^ la fistule extérieure,
pénétra dans une cavité kystiqjie, où il trouva une mèche de cheveux,
puis découvrit profondément une ouverture qui communiquait avec
la ^ssie, débrida cette ouverture et parvint ainsi dans la vessie, d'où
il retira un volumineux calcul formé autour d'un amas de poils. La
malade guérit comme celle de Delpech, mais ces deux faits sont aussi
concluants que des autopsies.
L'existence de la pilimiction symptomutique de kystes fœtaux
ouverts dans la vessie étant ainsi démontrée par des faits anatomiques
ii^contestables, Rayer s'occupa de réunir des faits relatifs au trichlasis
simple; mais ici, les observations anatomiques lui firent presque
entièrement défaut. Pour toute preuve il ne trouva, dans la science,
qu'une phrase de Bichat qui, parlant des poils des membranes
muqueuses, avait dit : « On en a vu dans la vessie, l'estomac, les
intestins. Divers auteurs en citent des exemples. J'en ai trouvé sur
des calculs des reins» » Cette assertion sommaire est d'autant plus
loin de constituer une preuve, qu'on connaît aujourd'hui les faux
poils ou filaments filiformes des voies urinaires, et que Bichat ne
donne aucun détail propre à montrer quHl ait échappé à cette cause
d'erreur.
Rayer avait le sens trop droit pour édifier, sur une base aussi fra-
gile, la théorie du trichiasis urinaire essentiel. 11 reconnaissait que,
dans tous les cas oii la cause de la présence des poils dans l'urine
avait pu être anatomiquement constatée, on avait trouvé qu'il s'agis-
sait de kystes fœtaux, et il faisait bon marché de l'assertion sans
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— Î85^—
{Nreuves de BicbAL H élait naUuel, d^aiprèft eéU^ de se demander «i les
«as où la ^érisflMï des malades, où l'iaterdieUon de rsutopsie a¥ait
empêché de décauTrir rorigiae des (M>Ua urioaire», n'éiMeuX pas <le
même nature que ceux où Texisieoee d'un kyste fodtal avait «t6 oaas-
t^tée. Pourqum dooe coiUiana-t-ilà admettre résolàmeot la séaiité du
Uicbiasis sim^, et pourquoi ma travail a-t-U cootriiMié à dissifuer les
^dûuies coaças dijà |tfir plusieurs de sea prédécesseors? Ceai se nat-
taehe à uue question d*a& tout autre ordre, q^aeje&'ai pas rinteotion
die traiter ici* Toiigiae des l^ystes fœtau^L. C'est un fait biea coiuiu
que 4;ea kystes saot très-commuas daos i'x^aire, et ou est asses g^é-
«alemeot disposé à les considérer comme des produits de conception
orarique. Pour ma part, ayant eu pkisieurs fois roccasion de trouver
dans l'ovaire de petites filles encore éloignées de l'âge de la pulterté,
des kystes fœtaux en tout pareils à ceux qui, après la puberté, sont
considérés comme des prodnfts de conception, je suis convaincu que
la plupart de ces kyste^ dat^ent de la v|e c^ryonnaire, soit qu'on
Teuille les rattacher à la théorie de l'inclusion fœtale, ou que, sui-
vant uR<e opijBÔea qot «ne semble iNiea ploiB prol)able, oa les attribue
'âm^leaieii^ i um bélérotopie, «oaséeutife à la eoootitutioa défec-
tueuse é'Wi ê^ffiD» UM^ue; «t ce fui défose sortoirteostre l'hypo-
tkè»ù d'une groasesee o^vaHqiiâ, c'est que L'en a trouvé. chez l'homme,
•4esa tto grand netebce de régioBS dii eorpa, y omprise la région
abdominale, des kystes fœtaiix UmiI à fait semblâUss à osiis de l'oiraire.
liais Rayer était é» ceni qui oonsidéiakDt les kyirtes iiosiaux ova-
rfjf«««, emkmà dos produits <k cofitefitroQ. 11 ^éèait donc diâfiosô à
<enf ipe que! la pîlimtctioa symptooia^iid. des kystes fœtaux ne pou-
. TMt seipréaeBier ^ae^dtoi^s Itisuies d^à pubères. Or, ii se trou'mit
.fséieisémeat ^pae les eiaq cas où la cause de cette pilimlctiMi. symp*
toaiati^vw avait été anateaûquemaat démontrée, étasieat relatif à des
Iswittes pubères oa «aariées. Cette cipeoiistance paraissait décisive,
.et si la pitimietioo «QfmptOBMtique était toulpuirs [due à un produit de
«Moeption ovanque» H lillmt bien trouver u^e auire explicatioo pour
JeS'.eaa où les poils urbaaires avaient été rendu» par des sujeis du sexe
joaifiaMn ou par des filles eneore impubères.
Ce fut ^nsi qm Rayer ôit conduit à maiate«ir» eomme uneespèce
^ùm différente de la pilimioiioB^ 1« tricbiesia easaitid des voies urî-
4iairea, auquel M rattache presque tQ«a laa faits diuiques sans
aistofeie. U aurait peut-éUre dû» plus de réserve éaus l'iiui^rpté* .
. taliqfo de ees faits, sfilavait su que k pÂHmietian véritable, lapëimic-
tion fœtale, peut etister chez rbammeattÉsi bien <|ue ebea la ftmme.
L'ebse^atiAu ^ps je viens di^ vctts eMmmauqaer tke donc son
2» série. — tomb ix. 34
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^ I
— 266 —
importance du sexe du malade sur lequel je Tai recueillie. Je ne me
crois pas autorisé, pour cela, à nier Texistence du trichiasis essen-
tiel. Il est démontré que des poils peuvent se former accidentellement,
sur plusieurs points de la muqueuse digestive, non-seulement chez
les herbivores et chez le chien, mais encore chez Fhomme. 11 n'y a
donc aucune raison pour nier à priori la possibilité d'une production
de poils par la muqueuse urinaire. Mais, en fait, les preuves directes
de cette possibilité nous font défaut jusqu'ici. On n'en avait qu'une
preuve indirecte, tirée de la présence deâ poils dans Turine des
individus du sexe masculin, et le fait que j'apporte 6te toute valeur
à cette preuve. Je crois donc pouvoir conclure, de mon observation,
que l'existence du trichiasis essentiel des voies urinaires n'est pas
.encore démontrée.
COMMUNICATION.
Luxation eoxo-fémorale.
M. TiLLÀUx. Les luxations coxo-fêmorales sont assez rares, l'occa-
sion d'en faire la dissection se présente assez peu souvent pour que
j'aie pensé qu'il y avait quelque intérêt à vous communiquer le fait
. suivant. Ce fait, du reste, n'est pas simple, et me parait de nature à
soulever plusieurs questions importantes de pratique chirurgicale que
je désire soumettre à votre appréciation.
£n voici d'abord la relation : J. Nicolas, âgé de 29 ans, cocher à
Paris, subit au mois de novembre 1867 un traumatisme sur lequel Je
n'ai pu avoir des détails. Je ne saurais non plus préciser la date. Il fut
traité pour une contusion de la hanche gauche d'abord par les catar
plasmes, puis par les vésîcatoires volants. Après plusieurs semaines,
il put se lever et marché, mais très-péniblement et avec une claudi-
cation énorme. Le 13 mai 1868, c'est-à-dire cinq mois au moins après
l'accident, il eut l'idée de venir consulter, à l'hôpital de la Pitié, et le
même jour il entrait dans le service de M. Broca. Notre collègue n'eut
pas de peine à reconnaître une luxation coxo-fémorale en arrière :
il propose au malade une tentative de réduction qui fut acceptée.
M. Broca se servit de l'appareil de M. Mathieu, et fit sur le membre
inférieur une traction de 240 kilogrammes. Il obUnt un allongement
considérable du niembre, mais la réduction ne put être effectuée, et
la tête du fémur reprit sa place. Aucun accident ne survint à la suite
de cette opération, et le malade sortit, sur sa demande, de l'hôpital»
le 21 mai, c'est-à-dire huit jours après son entrée.
Qu'a fait le malade après sa sortie de l'hôpital? A-t-il travaillé?
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— îô? —
S'est-il fatigué? C'est probable, mais je n'ai pu avoir de renseigne-
ments à cet égard. Toujours est-il qu'il se présentait quinze jours
plus tard, le 5 juin, à Thôpital Saint- Antoine, où il fut admis dans le
serrice de M. le docteur Lorain. Notre collègue constata un empâte-
ment considérable de la hanche gauche et une péritonite caractérisée
par du ballonnement, une douleur abdominale intense, des vomisse-
ments incoercibles, etc. Le malade succombait le lendemain de son
entrée 6 juin.
M. Lorain, que je remercie vivement, a bien voulu me confier l'au-
topsie de son malade, et j'ai Thonneur de mettre sous vos yeux la
pièce pathologique.
La mensuration pratiquée sur le cadavre donne 9 centimètres de
raccourcissement. La rotation en dedans n'est pas très-prononcée, mai«.
il est possible de l'exagérer, tandis que toute rotation en dehors est
impossible. La tôte du fémur fait en arrière une saillie mobile très-
appréciable à la vue et au toucher. Le grand fessier, disséqué, est nota-
blement atrophié. Au-dessous de lui se trouve immédiatement la tète
du fémur et sa nouvelle capsule. La tète baigne dans le pus qui rem-
plit la capsule, le muscle moyen fessier est infiltré du même liquide,
et la fosse iliaque externe en est remplie. Le pus occupe également
l'ancienne cavité- Le muscle obturateur externe, le trou sous-pubien
et le muscle obturateur interne présentent le même aspect, c'est-à-
dire qu'ils sont en contact de toute part avec le hquide purulent. En
ouvrant l'abdomen, on constate une péritonite généralisée; mais beau-
coup plus intense dans le petit bassin par où elle doit avoir débuté. La
marche a donc été la suivante : inflammation de la nouvelle articula-
tion, extension à l'ancienne, puis à rd)turateur externe, à l'interne,
et enfin au péritoine.
Situation de la tête du fémur. — La tète du fémur siège au-dessus et
en arrière de la cavité cotyloïde, au-dessous de l'échancrure sciatique
au niveau de l'épiae sciatique. C'est donc une luxation du fémur en ar-
rière, variété ischiatique de Malgaigne, ilîo-ischiatique de M. Nélaton,
sacro-sciatique de Gerdy. Une dépression très -légère existe sur l'os
iliaque dans le point correspondant à la pression de la tète. Cette tète
n'a subi aucune altération, elle a conservé' son volume et sa forme, et
est recouverte complètement de cartilage.
La nouvelle capsule s'est formée aux dépens des muscles du voisi-
nage et principalement du grand fessier. On y trouve du tissu fibreux
de formation nouvelle, et de plus toute la partie antérieure de l'an-
cienne capsule. Par suite du mouvement de rotation de la tète, en
dehors et en arrière, cette portion de capsule, normalement oblique en
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baa^ dât deveaue (msnevsale et cooalitiwflnftliBider eKtPliiun»ntiié?r
sisttutte. Ua £ait romaiNiiicdile,. e'est FeastciMâ au mitioa de-latooiif^
suk, danfrifi! .point* oonm^poiidanâ à Jfextràmilèd&.la tèfte^ d'bnefBosCaâ-
de ODpule osseiftse purêoiwi à Boa «eatae, «rondtaî det^^oeailiDètre» d«r
dianèlPT «Aviron, et ^'emboitaiit etaeteoieDtiajree le«(HMBB6t:dek.téle:
féoiorajâi. Cette eapaule oaaeuse est-^Ue de formatleai nouvelle t^Otfe
bien est-elle une porttoa* du £o&d det UbeavUé. colyiotde; déftaohée* «il
moment de la luxation? Je penche pour cette dernière.- opiaicm;.
maia c'est un pomt dôiieatp,aur,lequ^ j'appeUe rattastioa.de oMStcol^
lègues.
Vancieme cavité cotyloide est presque complètement elritaréei par
les^débci» de la cagpsttle primitm et pas lea pnnkiits fiJtaaettJt de far<-
matuMi nouvel.
Les rapportft-de ia tète avec les muaclee sent tea ralvante^:. ^te mt
imanéiliatemeikt neoeuvente par k geand fesaier,. au*dessuti d'eUe.ae.
troii¥ent le mojfen* f6«fiieit«,)e p^amidah Tobirtirateui» rateroa^ et;lee-
jumeaux; au-4sasensd-elle^ robturateur eKtame et le. carré crufal;:
ce- qui signifie.quiaut moment delà laxatiefi^ aprèa a^oir b«iaé la^ ea|>-'-
suleca arriènsj.la tète siest éobappéeentee le HMifiele obturateur ïa^
terne en h»it.et le carré «rural en'ba&
QiMAt aux nouveaux rapports du grand trochanter a^ec ks sailliee'
osseuses du bassin, la situation aeule de la tête du fémur les fait suf-
fiskimment presses^tir âan8quej>insia(a.
Quelg ont été les obstacles à la réduction tentée par M«.Bro(aa? Je
pease, messieurs, qu'on ne saumit oonaerrer de dente à cet égard.
J'ai enlevé tous les mnades en Ae cooeerif^aot qiM la eapsuie, et ilm*a
été impossible d'obtenir le moûidte semblant de néduetioA avee uae.
forte traction. C'est cette portion de l'ancienne capetile signalée plus,
haut fermanl< une énomne bfide transversale^ lendueda l'épiae iliaque
anAéro4nférieure au grand troobanter^ qui ooastituait simoni l'uniqiie,
.du moins l'essentiel ob»taicle à la réduetion^.et la j^reuve, c'est qu'il
m'a suffi d'en détacher -une portion à; son insertioA fémosale pour ob-^
tettîr de suite le dégagement de la tète.
Si les tractions pratiquées sur le membre avaient pu détruire ees-
obstacles, la réduction eûtrclle été possible? On aurait certainement
réussi, ainsi que je vous le montre, à mettre en regatd la tête fémo^
râla de la cavité cotyloikie^ maia il me parait réSiUker. de i'eiiamen de
lavpièoe, que la coaptation œ pouvait se faire puiaque le. cetj^ eai
presque entiènement eembié.
Permettea-moi, masMeuirs, en. terminant^ dfadreaser k la« soeiétér
deuxqoe&tioaa':
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- 26e< -
1* Jusqu'à quelle époque est-on autorisé à tenter la réduction d'une
ancienne luxation en général, celle de la hanche en particulier?
2*' Quelle est la limite de traction que le chirurgien ne doit pas dé-
passer sans danger pour le malade?
La séance est levée.
Le ucrétawe, D' Làiûi» Lashs.
siiAKGB £»a 2é i^m 1868
lie procès-verbal de la précédente séance est lu et adopté.
GORRBSPONDANeE.
(La correspondance de ce jour ayant été ftrdw à V imprimerie,
manque au bulletin.)
M. Ciniselli, de Crémone, adresse à la Société la lettre suivante :
AnéTrysme de Ta carotide prîmitiire
. « C'est par la publication du faull^in de la Société d« chjruri^ que
je vient d'apprendre la conrle diseussioo tooehaat moa ol^sarvation
de raAévrfsme de la carotide guéri «par iaeocnpfessioo directe, pré-
sentée de ma part par le.vénérable et regf«tté M. YeÂpeau.. C'est à
ce propos que j'adresse ataintenaflt quelques mots à l'honorable
Sooiiéié.
« L'observation y eomme i'a dit AL YelpeiM» est des plus intéfes*
atDtêft, et il est bien naturel que. la guérÎAOO inespérée ait Cajt douter
le savant professeur, de la blessure de la car&Ude^ et pense* qu'il
s'agissait de la blessure de l'une de ses bramehes. Ce doute^ partagé
par M. Le Fort, l'a été, pecU-èUe, par beaucoup d'autres ; je l'avais
ooBçu moi-même en présence de la maladie qui m'occupait.
« En effets les symptôoaes objectifs ne m'assuraient pas quelle était
l'artère blessée, et j*ai maniteté mes doutes aux collègues que j'avais
réuniâ eft consultation^ m'appuyant sur la position de la tumeur, qui
déposait plut pour la blessure delà thyroïdienne supérieure ou de ifar«
tère linguale à leur origine^ que de 1a oaf otide. La compression de
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— 270 —
Tartère au-dessous de la tumeur ne pouvait apporter plus de précision
au diagnostic, comme elle n'aurait pu exclure absolument le doute de
M. Le Fort, que Tanéyrjsme eût été de rai;tère vertébrale.
« C'a été la régression de la maladie et sa guérisoii même, qui nous
ont éclairé sur son véritable siège. Lorsque )a tumeur a été réduite à
la grosseur d'une noisette, et puis à celle d'un petit noyau endurci,
on apercevait bien qu'elle tirait son origine de la carotide primitive à
sa partie supérieure. La même chose a été constatée avec plus d'évi-
dence onze mois après la guérison obtenue, lorsque, la tumeur étant
complètement disparue, il ne restait plus qu'une petite nodosité iné-
gale, aplatie, siégeant à la partie supérieure de la carotide primitive.
fl( Le sujet dont il est question, dans le cours de sa maladie et après
la guérison, a occupé l'attention des chirurgiens les plus distingués et
compétents de Côme et de Crémone.
« J'espère que la Société, qui contribue avec tant de succès au pro-
grès de la pratique chirurgicale, voudra bien accueillir les renseigne-
ments que j'ai l'honneur de soumettre à son appréciation. »
Crémone, 10 juin 1868.
DISCUSSION.
Luxations de la hanche.
M. Broga. Le malade de M. Tillaux ne présentait aucune ecchy-
mose ; il voulut sortir dès le deuxième jour, je ne pus le retenir que
jusqu'au cinquième, et probablement il se livra au travail, ce qui
paraît avoir amené la péritonite dont il est mort.
La pièce présente une particularité remarquable; la capsule est
doublée d'une cupule osseuse que M. Tillaux tend à regarder comme
le fond de la cavité cotyloïde détaché par une fracture. Or; le malade
a vécu cinq mois, et ce temps est plus que suffisant pour permettre
la diminution de la cavité cotyloïde, par conséquent on ne peut s'ap-
puyer sur cette rétraction.
L'os nouveau est étendu comme surface et non comme épaisseur;
l'épaisseur seule exige du temps; l'étendue en surface ne laisse rien
préjuger comme temps, car le travail d'ossification peut débuter, non
par un seul point, mais par toute la largeur de la capsule
Quelle est la variété à laquelle appartient cette luxation? Gerdy est
celui qui a le mieux classé les luxations en arrière. Dans ses trois
variétés se trouve la luxation sacro-sciatique, que MM. Malgaigne et
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— 271 —
, Nélaton ont élîmîoée. C'est à cette variété que nous avons à faire, elf si
je ne la diagnostiquai pas tout d'abord, je la diagnostiquai pendant la
réduction.
M. Tillaux a soulevé plusieurs questions. Jusqu'à quelle époque
peut-on faire la réduction? Je suis convaincu que la luxation sacro-
sciatique doit devenir promptement irréductible, peut-être, comme
le dit Bialgaigne, après quinze jours, et je crois qu'après cette époque
il faut s'abstenir, et je me serais abstenu si le diagnostic avait été fait
avant et non pendant les tentatives.
M. Tillaux demande aussi jusqu'à quel degré de traction on peut
aller. Je suis allé jusqu'à 240 kilogrammes, limite que je ne crois pas
qu'il faille jamais dépasser. Ai-je eu tort d'aller jusque-là? Je ne le
crois pas, le malade n'ayant éprouvé les jours suivants aucun acci-
dent, et pour ainsi dire aucune douleur.
M. Chassaignag. Je pense que cinq mois sont suffisants pour amener
le rétrécissement de la cavité cotyloïde, à moins qu'il n'y ait eu lésion
de l'os lors de la luxation. Je repousse les extensions longitudinales et
crois qu'il ne faut employer que les mouvements de rotation.
Quant à retendue de la force employée, s'il est utile de la mesurer
pour ne pas aller trop loin, cette mensuration ne sert à rien dans
chaque cas particulier, car telle force de 80 kilogrammes pourra
amener des accidents, alors que dans la généralité des cas on peut
aller jusqu'à 240.
M. Tillaux. Je crois que la production osseuse est de date an-
cienne et a été arrachée de la cavité cotyloïde lors de la luxation.
L'examen de la pièce montre un grand nombre d*ostéoplastes parfai-
tement formés, et les os de nouvelle formation ne les présentent ni avec
cette quantité, ni avec cette perfection de forme.
Je désire surtout attirer l'attention sur la classification des luxations
de la hanche. M. Broca dit que toutes les fois que la tète sort au-des-
sous de l'obturateur interne et du pyramidal, elle est bridée par ces
deux muscles et retenue en bas, et ne peut devenir iliaque. J'ai
cherché sur le cadavre par quel interstice musculaire sort la tête du
fémur ; dans toutes mes expériences, la tète est sortie au-dessous du
; pyramidal, et je ne crois pas qu'elle puisse jamais sortir au-dessus de
. ces musdes. (M. Tillaux fait sa démonstration sur une pièce récem-
ment préparée.)
De plus, ce qui limite l'ascension de la tête, ce ne sont pas les mus-
cles, c'est la capsule, et si dans la luxation iliaque la réduction est
plus facile, c'est que la production de cette luxation exige la déchirure
plus complète de la capsule.
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M. Broca. La lamelle osseuse est, comme le ditV. Tillaux, com-
posée de corpuscules osseux disposés de telle sorte qu'elle paraft èt>e
de formation plus ancienne que ne permet de la soupçonner M. Tfl-
laux. Mais comment expliquer te mécanisme de rarrachement du fond
de la cavité cotyîoïde et, si le fond de la capstkle a été arraché, com-
ment expliquer que la cavité qui devait être élargie est au contraire
rétrécie?
Quant à ce qu'a dît M. Chassaîgnac, je ne puis répondre que ceci :
nous n*allons pas jusqu'à 240 kilogrammes sans regarder ce qu'il en
advient du côté de la îuxa^on, maïs nous nous servons du dyna-
momètre pour être certain de ne pas dépasser les Ifmltes de la pru-
dence.
La Hmitaiion du déplacement peut bîen être causée par les liga-
ments dans Jes luxations récentes, mai§ il n'en est plus de même dans
les luxations anciennes, et nous savdils que la tête du fémur remonte
ou peut remonter vers la crête iliaque, lorsque le malade se livre à la
marche.
M. TiLLAUX. M. Broca nous a d?t que, suivant le point par lequel
sort la tôle, on a telle ou telle variété : iliaque si la tête sort au-des-
sus de l'obturateur interne, ischiatiquè si c'est au-dessous. Toujours
dans la flexion la (èle sgrt sous Tobturaleur Interne, et elle remonte
plus ou moins, suivant Kntégrîtê plus ,ou tnoîns grande de la cap-
sule.
M. Broca. Dans ses expériences, M. Tillaux n'ai pas obtenu la va-
riété sur laquelle nous discutons, puisque dans ses cas le muscle ob-
turateur était déchiré, tandis qu'il ne fêtait pas dans le cas de Gerdy,
dans le mien et dans îa luxation que nous avons sous îès yeux.
Je viens d'examiner la pièce, je ne croîs pa» <i*ae cesôîl le fond
de la cavité cotyîoïde qui constitue la plaque otseose que Von re-
marque.
M. ItoPRifcg. Une partie do rebord de îfe «avîté colyîoMc a été dé-
tachée, et sur cet os on retrouve une plaque ossease de nouvelle for-
mation, une végétation du tissu osseux arraché ; ée pltis le fond de la
cavité cotyîoïde est recouvert de cartilage, ce qui n'aurait pas Bcu isfil
avait été enlevé; car le cartilage, on le sait, ne ëe re];»x>dmt pas sortes
surfaces articulaires qui en ont été privées. Â Fexamen mîeroseeplqtLe
que je viens de répéter, j'ai vu que le cartilage du fond de là cavHé
cotyîoïde était normal, l'os contient des ostéopl^astes et des cantlicales,
mats dans la partie la plus minée il y a des cellules qui reuSertneot
de la graisse, ce qui est le propre des ossifications de nouvetle forma-
tion.
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— 273 —
M. Chassaignag ne croît pas que l'obturateur interne puisse rete-
nir le fémur et gêner son ascension puisqu'il s'insère sur cet os et
qu'il est par conséquent mobile avec lui.
PRÉSEMTATION.
M. Depaul présente un enfant né il y a trois jours, dans son ser-
vice, et qui porte deux dents incisives médianes inférieures.
ÉLECTION.
M. Duplay 16 voix.
M. Paulet 9 —
Bulletin blanc 1 —
M. Duplay est nommé membre titulaire de la Société.
La séance est levée à six heures moins le quart.
Lt Secrétaire^ D' Léon Labbé.
SÉANOB DU 1" JUILLET 1868
Présidence de H. LEGOUEST
Le procès-verbal de la précédente séance est lu et adopté.
correspondance.
La correspondance comprend :
— Les journaux de la semaine. — Le Bulletin de thérapeutique, r-
La Gazette médicale de Strasbourg.-^ Wnion médicale de la Provence,
— M. le docteur G. Pouliot adresse à la Société, pour le concours
du prix Duval, deux exemplaires de sa thèse inaugurale, intitulée :
Ponction vésicale hypogastrique.
' 2« série. — tome ix. 35
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— 274
GOimmiGÂTION.
Luxations de la hanche {suite).
M. TiLLAUX, Je TOUS demande la permission, Messleors, <le com<-
pléler aujourd'hui ce que j'ai dit dans la dernière séance relativement
au mécanisme de la production èes luxations iliaque et ischiatique.
M. Broca nous a dit : Lorsque la tête du fémur passe au-dessous du
muscle obturateur interne, elle eâl bridée par ce muscle, qui constitue
une véritable sangle, et la luxation est sacro-sciatique ; lorsqu'elle
passe au-dessus de l'obturateur interne, la luxation est alors iliaque.
Malgaigne est un des premiers, sinon le premier, qui ait établi sa
classification d'après l'interstice musculaire à travers lequel s'engage la
tête du fémur. Je cite ce passage, dont je vais faire la base de mon argu-
mentation : « Dans la luxation ischiatique^ dit-il, la tête s'échappe
toujours au-dessous de l'obturateur interne, qui occupe la petite échan-
crure scialique, et des jumeaux, qui sont en quelque sorte ses satel-
lites. Tantôt elle déchire seulement le carré qui est au-dessous, tantôt
seulement les jlimeaux, tantôt les jumeaux et le carré à la fois, To^-
turateur interne restant comme ttyi« tarrière pour empêcher la tête de
remonter; et enfin dans le cas de Wormald, si l'obturateur était rompu,
ce qui restait des jumeaux en faisait l'office. Sans doute, cette barrière
peut être franchie, et alors la luxation devient iliaque ; mais quand
elle est primitivement îMaque, c'est-à-dire quand hi t^ est au-dessus
du muscle obturateur interne, je doute qu'elle puisse redescendre au
niveau de l'épine seiaitkitte, à moins qu'elle n'y soit ramenée par les
manœuvres du chirurgien. En un mot, la tête sortant par-dessous
l'obturateur interne est toujours luxée sur l'ischion, et peut consé-
cutivement remonter sur l'îlium; la tète sortant par-dessus donne
toujours une luxation iliaque. »
Rien n'est donc plus clair. Messieurs, ^ue la théorie actuellement
régnante sur la luxation coxo-fémorale en arrière :
1<» Ce sont les muscles qui s'opposenA à l'éiéf akkm dfi ia tète du fé-
mur;
fi* Lorsqueia tète fiknoitftle passe att-desaw de l'otausmear interae,
la laxaiioft est tooîmm îlîaquje; si dk passe aiHdesBoiK, elle est
itebiatiqtje;
3* La luxation ischiatique n'est qu'An 4i€isrà de te.luxalJoailiâifQe,
et ces deux espèces se transforment facileneati'aïae en J'aulve.
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— 215 —
Je crois pouvoir vous démontrer. Messieurs, que ces trois proposi-
tions sotit inexactes, c*e8t-à-dir8 que :
1® Ce ne sont pars les mascle» cpiî s'opposent à rasccnsfco die te
tête du fémur;
2* Ihs ne sauraient par «mséqTient en aneane feço» inflaeneer Veth
pèce iJte luxation ;
J» Les itixattons ifiaque et isctiîaticfae recofiBafrssent une cause tout
autre que la résistance de Tobturateur interne ou des jumeowx; elles
constituent deu'x espèces très-distineles Fui^e de Tautre, telleiiieDif dis-
tinctes qu'il est impossîWe de jamais transformer F une en t'attire.
Il est très-facile de^ prouver que les- muscies pdvî^rochantérfeurs
ifont qu'une influence mtUe sur îa migration de lia tète fémoraïi.
Yoici une pièce sur laquelle j'ai produit une luxation îscitîatiqae avec
conserratrbu des muscïes : je coupe successivement Koèlu râleur in-
terne, les jumeaux, le pyramidal, lé moyen fessier, h petit fessier^ le
carré crural, l'obturatear externe, et vous po«ve2. constater que toutes
ces sections ne permettent pas de faire avancer la tête âe 4 milli-
mètre. — Le véritable obstacle n'est donc pas là, îl est dans la cap-
sule. Que ïes muscles sur le vivant ajoutent Ichp résistance à ceilede
la capsule, je le veux bien, mais il me paraît é^^ide«t, d'après «ette
expérience, que le r^ des muscles est tellement minime, qu'ion doit
le négliger dans la détermination de Fespèce de kxatîon.
Si la capsule est l'^mique obstacle à la m-igration de la têle, c^est
donc elle qui doit nous fournir la raison du sîége différent qu'occupe
sur l'os iliaque la tête déplacée. En effet, vous pouvez aisément le
constater sur les pièces que voici :
La luxation coxo-fémorale en arrière se jM'oduit toufours daws bu
mouvement de rotatfon en dedans et d'adduction combinée avec une
flexion plus ou moins grande, soit de la cuisse sur le bassin, soit du
tassin sur la caisse. Dans cette situation, la tète du fémur presse sur
la capsule en bas et en arrière, et la brise. Ainsi donc, déchirure de
la capsule en bas et en arrière, conservation de la capsule en avant et
en haut, tel est le premier résultat. Je le. produis devant vous sur
cette pièce. Qu'en résuHe-t-il? La tète du fémur, échappée de la ca-
vité colyloïde, repose sur ïe rebord cotyloMfen, vis-à-vis Féchanerure
îîschiatique ; la luxation est incomplète et ischiatfque. Ce réstrftat ca-
davérique est exactement teM que je retrouve dans Mal^aigne. Cet
atifeuT cite trois autopsies de luxatrons ischtatiques incomplètes où
Fêtât de la capsuîe est mentionné. Cas de Bidard r câpsqlè rompue
en bas dans une étendue de 7 centimètres ; deuxième- cas d'à même
chirurgien : moitié postérîeuro de Ba capsule- rompue dhns l'étend'ue
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— 276 —
de 8 centimètres. Cas de Robert : capsule largement ouverte en bas et
en arrière. On peut donc formuler la règle suivante :
Toute luxation coxo-fémorale en arrière commence toujours par
une déchirure de la capsule, soit directement eu arrière, soit en bas
et en arrière (selon le degré de flexion du fémur au moment de Facci-
dent) ; la luxation est alors toujours. incomplète, et de plus, toujours
ischiatique.
La luxation reste incomplète aussi longtemps que les parties anté-
rieure ou supérieure de la capsule sont intactes.
Sur cette pièce oti je Tiens de produire une luxation incomplète , je
puis obtenir une luxation complète , soit iliaque, soit ischiatique, sui-
yant ma volonté. ,
Pour transformer une luxation incomplète en luxation complète , il
faut diviser la partie supérieure de la capsule, c'est-à-dire que toute
la capsule, sauf la partie antérieure, est divisée.
Sur cette autre pièce, où j'ai également produit une luxation in-
complète, comme dans le cas précédent, j'obtiens uue luxation ischia-
tique, en divisant la partie antérieure delà capsule, en sorte que toute
la capsule, sauf la partie supérieure, a été divisée.
Voici donc. Messieurs, deux pièces sur lesquelles une même lésion
initiale a produit la même luxation incomplète. Ces deux luxations
incomplètes, je les transforme en deux luxations complètes, d'un type
tout différent, suivant le point de la capsule que je respecte.
Je conclus légitimement de cette expérience :
lo Uue luxation iliaque complète n'existe qu'à condition de l'inté-
grité de la capsule en avant ;
2<» Une luxation ischiatique complète n'existe qu'à condition de
l'intégrité de la capsule en haut.
Une conséquence forcée de ce qui précède, c'est l'impossibilité de
transformer une luxation iliaque en luxation ischiatique et récipro-
quement. Les pièces que voici vous en fournissent d'ailleurs la preuve
matérielle. La transformation ne peut être faite qu'à condition de dé-
chirer ce qui reste de capsule, et dans ce cas, la tète devenant flot-
tante, il n'y a plus de classiflcation possible.
Appliquant,Me ssieurs, ce qui précède à nos classifications classi-
ques, je dis qu'il n'y a bien réellement que deux grandes espèces de
luxations coxo-fémorales en arrière : l'une iliaque, bien nommée
aussi en haut, dans laquelle la tête du fémur repose sur Tilium, dans
des points variables sans doute, suivant la quantité de capsule qui
reste intacte, mais sans jamais pouvoir arriver sur l'ischion ; l'autre,
ischiatique, dans laquelle la tête fémorale repose sûr des points va-
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— 2n —
riables de Tischion, suivant ce qui reste de capsule^ mais sans jamais
arriver sur Tilium.
n est difficile de reconnaître des degrés dans la luxation iliaque;
la tète sera tantôt plus en avant, tantôt plus en haut, et nous trou-
vons ici la sus-cotyloïdienne de Malgaigne.
La luxation ischialique, au contraire, sans changer de type, c'est-
à-dire la tête fêmorale regardant en arrière et reposant sur Tischion,
présente trois degrés très-accusés et faciles à reproduire sur le ca-
davre.
Suivant que Ton divise tout ou partie du faisceau antérieur de la
capsule, et à mesure qu'on le divise, vous voyez la tôle se mettre
successivement en rapport avec Tischion, Tépine sciatique et Téchan-
crure ischiatique. G*est bien évidemment cette dernière variété que
Gerdy a décrite comme luxation sacro-sciatique. C'est donc à tort que
IM. Nélaton Ta réunie à la4uxation sciatique; elle n'est que le degré le
plus prononcé de la luxation ischiatique.
Des di^rses expériences que j'ai faites, je crois pouvoir tirer les
conclusions suivantes :
1^ Dans la rotation de la cuisse en dedans et l'extension avec flexion
légère, la tète du fémur répond au bord supérieur et à la face pro-
fonde de l'obturateur interne. Si la flexion est très-prononcée, elle ré-
pond au bord supérieur du carré crural ;
2o L'interstice musculaire, à travers lequel s'engage l'extrémité
luxée, n'a qu'une influence très-secondaire sur la situation ultérieure ;
30 La capsule est l'agent qui limite à peu près exclusivement la mi-
gration de la tète fémorale dans la luxation en arrière;
4*" La rupture de la capsule, en arrière seulement, ou bien en
arrière et en bas, donne toujours lieu à une luxation incomplète
ischiatique;
5"" La rupture de la capsule, en arrière, en bas et en avant (la
partie supérieure seule étant intacte) , donne toujours lieu à une luxa-
tion ischiatique ;
6<* La rupture de la capsule, en arrière, en bas et en haut (\sl partie
antérieure ou ligament de Bertin étant seule intacte), donne toujours
lieu à une luxation iliaque;
l"* Ces deux types de luxation, ischiatique et iliaque, sont tellement
distincts qu'ils ne peuvent être transformés l'un en l'autre que par la
rupture complète de la capsule. ^
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- SÏÏ8 -
DISCUSSION
Itf. Després. Je désire contrôler les expériences de M". Tîllaux. La
luxation iliaque qu*a produite notre collègue, sur sa pièce, n^est pas
véritablement une luxation iliaque. Quant à la luxation ischiatique,
impossible à produire suivant lui, si la partie antérieure de la capsulé
est conservée» je ne partage pas son avis, et je vois sur la pièce qu'il
nous présente que la tête du fémur peut occuper le point désigné par
touB les auteurs pour la luxation ischiatique incomplète.
Je ne crois pas que ces expériences, faites sur les articulations
compléiement isolées des muscles, puissent juger le mécanisme des
luxations.
M. Lefort. La luxation que nous montre M. Tillaux, comme luxar
tion iliaque, n'est pas du tout une luxation iliaque. Les trois saillies,
gTAud Irochanter, .épine iliaque antérieure et sommet de rijchion, ne
sont pas sur la même ligne; le grand trochanter est très en avant des
deux autres.
C'est là une luxation expérimentale, mais non une luxation comme
la Clinique nous en montre.
M. Tillaux. Je ne comprends en vérité pas Fobieclion de Mî^T. Le-
fort et Després. Gomment, ce n'est pas là une luxation, iliaque ? Mafs
qu'est-ce que c'esA donc?
Il y a évidemment une luxation^, puisque Ta tête ne repose plus dans
sa cavité. La tête repose par toute son étendue sur l'os iliaque. C'est
donc bien une luxation iliaque. M. Lefort m'objecte que la tête n'est
pas très-élevée dans la fosse iliaque. C'est évident; parce que je n'ai
divisé de capsule que ce qu'il en faut pour produire la luxation
mais il ne dépend que de moi de faire élever la tête, ce qu'elle
fera à mesure que je diviserai des portions de la capsule restante.
M. Després trouve que la tête est trop en avant, qu'elle repose sur
l'os immédiatement au-dessous, de la cavité cotyloïde, et que ce n'est
par conséquent pas une luxation iliaque. Il oublie donc la variété à
laquelle Malgaigne a donné le nom de sus cotjloïdienne. M. Desprês
^outQ qu'il peut, sur la pièce, transformer la luxation iliaque com-
plète en luxation ischiatique. Oui c'est vrai, mais' en luxation ischia-
tique incomplète ; or, c'^est précisément par la démonstration de ce
fait que j'ai commencé ma communication, c'est-à-dire que l'intégrité
de la capsule en avant ne permettait jamais que d'obtenir une luxa-
tion ischiatique incomplète ; mais ce que je déclare impossible, c'est
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la transformation sur ces pièces d'une luxation iliaque complète en
luxation îschiatique complète et réciproquement.
M. Després. Je maintiens que les positions indiquées par M. Tillaux
ne correspondent pas à des faits patliologiques. Je me rappelle à cette
occasion un fait que j'ai publié dans la Gazette des Hôpitaux ^ en 1864.
JII. Dolbeau avait à réduire une luxation de la hanche, luxation ûia-
qiie bien franche et qui avait résisté déjà à des tentatives de réduc-
tion. Le malade soumis au chloroforme, M. Dolbeau exerça des trac-
tions, puis, pratiquant la^ rotation unie à Tadduction et tirant brus-
quement^ il i^'obtint pas de réduction, mais transforma la luxation
iliaque en luxation ilio-pubienne. Puis, par suite de mouvements
.4'adduclion et d'abduction, la tête fut ramenée dans la fosse iliaque,
après avoir passé par les positions qui constituent la luxation ova-
laire, la luxation ischiatique, et la luxation ilio-ischiatique. ËnGn, le
malade étant tombé dans la résolution complète, un dernier effort
détermina la rentrée de la tète dans la cavité coljloïde. Comme la
luxation. ne s'est pas reproduite, comme la guérison a été obtenue en
peu de temps, il est clair qu'il n'y avait pas rupture complète de la
capsule, et que la persistance du ligament de Bertin, c'est-à-dire
d'une bride fibreuse, même à la partie antérieure de la capsule, n'em-
pêche la production d'auoune des luxations connues de la hanche.
M. BftOCA. Les expériences que fait M. Tillaux sont très-impor-
lantes, mais je crois qu'il a une trop grande tendance à faire asseoir
réditice des luxations sur des expériences pratiquées sur le cadavre.
Malgai^e s'est 4éjà plaint, à |uste raison, de ce que l'on tenait pas
euffisajiUBcnt compte 4e tous les éléments dans l'étude de ces ques-
iiooB.
. Jtf. TUiaux, sur une articulation disséquée, dont la capsule seule
<st conservéïe, coi^pe un peu plus ou un peu moins de capsule et fait
¥<Hr que l'on ne peut mettre la tète partout. Mais c'est un homme qui
3e fait une luxation et non un squelette disséqué,; or, chez l'homme
vivant, il existe des forces autres que les ligaments. Certainement,
pour que la luxation se produise, il faut que les ligaments soient
rompus, mais cela Jie suffit pas.
Quelle direction prendra la tète? Oui, la résistance des ligaments
jouera un jrûle important, et c*est là l'idée fondamentale de toutes les
jBecherches d6 Kalgaigne sur les luxations ; mais indépendamment
4eft ligaments, il y aies muscles, qui agissent d'al}ord comme obsta-
cles dans certaines attitudes.
A moinS'de se mettre à Taise, comme m. Tillaux, qui a tout coupé,
il y a un certain nombre de luxations qu'on ne peut produire sur le
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— 280 —
cadavre ; aussi, c'est pour cela que des notions exactes d^anatomie
pathologique nous font défaut dans cette question.
Si Ton ne tenait compte que des déchirures de la capsule, les va-
riétés de luxation seraient indéfinies, mais il faut savoir grouper ces
variétés, pour les dénommer, autour de quelques élémeiits importants
qui entourent l'articulation.
Les expériences de M. Tiilaux ont été entreprises à la suite d'une
présentation qui m*avait permis de faire remarquer le rôle que les
muscles petivent jouer par rapport à la limitation du déplacement.
Eh bien I M. Tiilaux croit-il que la résistance des muscles soit insi-
gnifiante pour la réduction? Sur la pièce qui a été présentée par
M. Tiilaux, pour réduire la luxation, on était obligé d'élever considé-
rablement le corps du fémur, puis de faire ensuite un mouvement de
rotation et d'abaissement et l'on passait alors par-dessous la sangle
musculaire.
Dans les luxations iliaques, la réduction a pu être obtenue après
des mois, et même plus d'une année. Pour les luxations ischîatiques,
il n'y a pas d'exemple de réduction après le quatorzième jour.
Il y a une très-grande dififérence, au point de vue de la réduction,
entre les cas où l'os appuie sur l'os, et ceux dans lesquels cela
n'existe pas.
En résumé, je pense qu'en matière de luxation, la véritable mé-
thode consisté à tenir compte de tous les genres de recherches. J'estime
les recherches de M. Tiilaux, mais je les croirais dangereuses si elles
étaient prises pour base de l'histoire des luxations.
M. TiLLAux. Je ferai remarquera M. Broca qu'ii se méprend sur l'objet
de ma communication et de mes expériences. Je n'ai pas le moins du
monde en vue d'étudier ni d'indiquer le rôle des muscles ou des liga-
ments dans la production des luxations en général. Je me suis borné à
rechercher le rôle que joue la capsule dans la production et la déli-
mitation des diverses espèces de luxations coxo-fétnorales en arrière.
Je n'ai rien généralisé. Gomment aurais-je pu comparer, en effet, la
faible résistance de la capsule du coude, je suppose, avec la capsule
coxo-fémorale, qui mesure presque 1 centimètre d'épaisseur en avant?
M. Broca me demande si je ne pense pas que les muscles, formant
une boutonnière ou une sangle autour de la tête du fémur, ne soient
un puissant obstacle à la réduction ; mais, sans aucun doute, et je
n'ai jamais contesté cela, je n'ai pas même touché à cette question.
Je n'ai parlé que du mécanisme de la production des luxations iliaque
et ischialique. Ce que j'ai dit, c'est que quand une puissance agit assez
violemment sur l'articulation coxo-fémorale pour briser la capsule et
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— ^1 —
ofaisser la tète hors de sa cavité, ce oe sont pas les muscles qoi
lV)p^seat à Tascensioa de la tête et déterminent ainsi la variété de
)«iatM>n, ^ue c'«st Ja capsule» et que l'espèce de luxation varie avec
la quantité et la portion de capsule déchirée.
M. fiiX)CA ajeute que ;MaJfa^e avait beaucoup insi&té sur le rôle
fie jouela <$ap6ttle 4an« le ^eas dont je partes Je regrette que notre
collègue ne soit pas arrivé au commencement de la séance, car j'ai
préciséitteal; donné lecture d'un passage du livre de Malgaigne, pas-
8S^ ^i ne peroiet aucun doute sur son opinion. Pour lui, les deux
kxaUans iliaqiae ^ isehiatique n'ont d'autre ligne de démarcation
i|uela situation de la We du fémur au-dessus ou au-dessous de Tobtu^
râleur interne et des jumeaux ; et c'est là ce que je conteste.
Je «uis très^heureux que M, Després ait raconté le fait précédent,
v<éritabl6ii»enl très-ourieux, et qui m'avait beaucoup préoccupé aussi,
car M. Després a oublié sans doute que j'aidais notre collègue
M. Dolbeau dans cette dif&cile réduction. Or, précisément, ces jours
derniers, j'ai étudié le mécanisme suivant lequel a pu se produire
cette migration singulière de la tète et j'avoue que rien n'est plus fa-
Hiiie à 60iQ^preii!dre> ie maiade de M. Dolbeau avait une luxation isehia-
tique supérieure; les deux luxations ovalaire et isehiatique se pro-
^îseirt par un saécaaîsme à peu près semblable, qui ne diffère que
par le sens dans lequel se fait la rotation^ .Dansies deux cas, il j a
d'abord une flexion extrême de la cuisse ; la cuisse étant ainsi fléchie,
si le naembre est porté dans la rotation en dedans, la luxation est
isehiatique; si la rotation s'efiTectue en dehors, la luxation est ovalaire.
Gomme la luxation isehiatique complète s'accompagne toujours de la
déchirure de la partie antérieure de la capsule, et que c'est là une
jMBdttioa très-4'avorable à la production de la luxation ovalaire. rien
'de,pliiB laiflè que de tiraneformer l^une en l'autre^ en exécutant un mou-
vement de rotation, ainsi que je fais sur cette pièce.
:}L <2BAfl8AiaNAC. Je orois que la voie dans laquelle s'est engagée
M. Tillaux est très-bonne; mais il y a une part de vérité et une part
d'erreur.
M. Tiliwx tombe da&s Terreur lorsqu'il dit : « On n'a pas pu
lédttire une luxatieii par les tractions les plus fortes, donc c'est le
IjgaiDeiit qui résiste. » Ôerles^ cela pourrait être vrai si on faisait l'ai-
loDgement, mais ne i' est flus si'on arecours à la rotation. Il est par-
iMtonent déioo&tfé aiyourd'hui que les ijgai&ents ne «'opposent pas à
la réduction.
Ht THiUua. le réipondMÎ un «oui moi à M. Chass^gnac Je n'ai
(|^^ît que les li^asBeots toseot le i^incipal obstacle à la réduction
2«l^t«. — TOMB II. 36
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— 282 —
des luxations, puisque je ne me suis pas du tout occupé de cette
question, je n'ai parlé, ou voulu parler, que du mécanisme de la
production des luxations iliaque et ischiatique et non pas de leur
réduction.
M. Brocà. Chez mon malade, il n'y a assurément que des tractions
violenics sur les muscles qui aient pu produire des désordres pardis
à ceux qui se sont développés.
M. FoROBT. M. Tillaux n'a pas dit ce que M. Ghassaignac paraît
avoir entendu. M. Ghassaignac paraissait même d'accord avec M. Til-
laux dans la précédente séance» car M. Broca disant que c'était le
muscle obturateur interne qui empêchait la tète de monter, MM. Ghas-
saignac et Tillaux combattirent son opinion.
M. Tillaux a dit que le grand obstacle à la luxation iliaque ou à la
transformation de la luxation ischiatique en iliaque résidait dans l'in-
tégrité du ligament de Bertin.
LECTURE.
M. GmAUD-TsuLON lit un travail intitulé : NauMile étude mt ie
mécanisme de Vaoeommodation.
Ce travail est renvoyé à l'examen d*une commission composée de
MM. Perrin, Liégeois, Marc Sée.
PRESENTATION DE PIÈCE.
Corps tibreax da eol de l'otéms.
M. Marjolin, au nom de M. Prestat, de Pontoise, membre corres-
pondant, présente un corps fibreux du col de l'utérus et remet la note
suivante :
La tumeur que je vous adresse a été enlevée lundi, 22 juin, dans les
circonstances suivantes :
Une femme de quarante-trois ans, d'une bonne constitution, sans
dérangement dans ses règles, avait remarqué depuis trois mois que
lorsque l'écoulement menstruel commençait, il était très-abondant et
"sous forme de perle pendant quatre ou cinq heures. Il y a un mois,
les règles furent immédiatement suivies d'un flux sanguin presque
continu, qui finit par aflaiblir la malade et la déterminer à me con-
sulter.
L'examen me montre Texistence d'une tumeur, de la grosseur d'une
pomme d'api, insérée sur la partie postérieure de la cavité du col et
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-_283 —
qui p«ndait dans le vagio. Cette tumeur, très-mobile, tenait au col
par une large pédicule. Elle était d'une consistance très-ferme, qui
me fit penser qu'elle était de nature fibreuse.
La position de la tumeur me permit de la saisir facilement avec
l'anse d'un fil de fer fixé sur la vis de rappel d'un petit écraseur. La
oonstriction était bien avancée, lorsque le fil de fer se rompit ; je le
remplaçai par une cordelette en fil de fer ; mais cette fois, l'anneau
dans lequel passait cette cordelette se rompit à son tour, et je dus avec
les ciseaux courbes inciser le pédicule.
Sauf ces ennuis, provenant de la mauvaise confection de l'instru-
ment, l'opération fut heureuse. Â peine s'écoula-t-il une ou deux
cuillerées de sang par la vulve.
Les suites premières de l'opération sont très-heureuses : la malade
n'a ressenti qu'une grande sensibilité dans le ventre, pas de fièvre,
aucune coinplication. J'espère que dans quelques jours elle sera com-
]^étement remise.
M. Chassaiqnag. Si l'on se rappelait qu'un écraseur ne doit être
employé qu'après avoir été éprouvé, on ne s'exposerait pas à le voir
se rompre pendant la section de parties vivantes.
M. DsPAVL. Je ferai remarquer combien sont fréquents les
corps fibreux de la matrice prenant naissance à la jonction du corps
et du col.
Dans un cas de ce genre, l'idée d'employer l'écraseur ne me serait
pas venue; il faut attirer le col à la vulve pour opérer à ciel ouvert
et faire l'excision à l'aide d'un petit bistouri approprié. Ces petits
corps sont très-faciles à enlever; leur ablation ne donne pas lieu à
des hémorrhagies ni généralement à aucun accident sérieux. Dans un
cas, cependant, j'ai vu une malade succomber à la suite de Tinfection
purulente.
Chez quelques malades, ces corps fibreux sont multiples : ils se
développent successivement. J'ai déjà opéré plusieurs fois une dame
placée dans ces conditions.
M. Cbassaignac. Je considère que la pratique d'abaisser l'utérus à
la vulve expose à de graves dangers; je n'ai recours à cette manœuvre
que contraint et forcé, car elle peut être le point de départ de phleg-
mons péri-utérins, de péritonites.
M. FoRGBT. Comme M. Depaul, je suis peu préoccupé des hémor-
rhagies ; j'ai vu Lisfranc pratiquer un grand nombre de fois cette
opération, je l'ai pratiquée moi-même assez souvent; les suites ont
presque toujours été très-simples. Ces petits polypes, lorsqu'on les
opère, sont souvent en voie d'émergence du col et entourés par la
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- 384 —
substance utérine. Je ne cemprendrais pas «pie l'ècrMeiir pâidlr»
appliqué à cette période de leur développement
Quoique je redoute peu les tractione utérine», je doisi dire cependant
qu^e&tre les mains de Liefifanc, elles m'ont paru avc^rdonné lieu à
quelques aeeidents. Moinn^iiie, j'^i observé deux cas de péritonite que
je crois devoir rattacher à ces tractions.
M. Depaul. m: Gbassaignac esagère iWlité de femf^i de Téera*
seur pour l'ablation de ces tumeurs.
Quant à rabaissement de T utérus, c'est une exceHente chose, mais
iP faut s'entendre. Dans la pratique de Lisfranc, il s'agissait sourent
de matrices malades et très-difBciles à abaisser. Mais lorsque ta
matrice est saine, on peut, sans inconvénient, abaisser l'utérus, mais
à la condition d'opérer doucement, progressivement.
Extirper un polype ou un corps fibreux en laissant le col au (ooà
du vagin, ou bien à ciel ouvert, c'est tout d^érent. I>ans un cas, il y
a une opération simple; dans l'autre, l'opération es^ difficile àcen-
dufre à sa fin.
La séance est levée à cinq heures trois quarts.
Le secrétmrey T>^ Léon Labob.
SÉANOB DU 8 JUILLET 18 68
l>v4i«MeM» a« H. LEG OUEST
LeprocècHVQibal de la.pi^écédente séance est lu et adopté.
CORRESPONDANCE.
La correspondance comprend :
— Les journaux de la semaine. — Le numéro de juillet des Jfchwes
générales de médecine, — La nevueméâicale de Toulou8(*y juia 486ô.«^
Le Montpellier médical, juillet. — Le Swdmédical âe HÊOTseUie.
— M. le docteur Rouge, chirurgien es chef de Thèpilal cantonal ée
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LauauHiQ, adresse à U Société les six prenÂera Buméros du Bulleiin
é^h Soffiéié médicale dû la. Suisse rmnande, doat il dirige la publiear
tiaft. €e reoueii ceofecme boià ttombr» de isât» chirurgicaux iutéiTcwr
«auto.
--^ M, Féré(^, médecin de» hôpitaux de Paris, envoie un teavaii
inlitalé : De Vioéoforme^ emploi arnitm iofiqm peur cicatriser le$
pLms ei tÀcère^mm ceneéretix.
*> M. le docteur Siru^-Pirondi, chirurgien des hôpitaux de Ster-
seille, envoie une brochure : Observations de chirurgie usuelle, o» ae
trouve indiqué l'emploi (1853) des injections d'eau dans l'oreilla pour
i^estraettoo des<corps étrangers.
-— M. la docteur Georges Bouchard envoie, pour le concours do prix
Duval, deux exemplaires, de sa thèse : Des fractures de la rotule ûcmr
plàqnées d'ouverture de Vaniiculaiidm Hbio-fémorale et de leur traitement.
•^ M. Giraidès dépiose suc le bureau, au nom de >L Holmes (de
Londres),, un volume intitulé : The surgical TrealiÊieut oftke Diurnes
ofJufancy and Childhood.
M. Dbpaitl communique l'observation suivante qui lui a élè adressée
par M. le professeur Stolz (de Strasbourg).
Perforation centrale dn périnée dans raccouchement.
Haas sa séance du iS mars dernier, vous avez; communiqué a la
Société impériale de chirurgie une observaiion de ruptitre centrai du
jtépirUe fendml le travail de l'êUffouchemenL Cette observation a cer-
Uainemeot, un graad iatérét, 1* car la rareté de pareilles déchirures,
^.est telkt qu'elle a éié.' niéo^ par certains accoudieurs, qui avaient
ef^endaul une longue pratiqiiie ; 2 parce q^e k £œtus a. réellement
traversé llouiverture accidentelle; 3° qu'il n'existait aucune des pré-
^^ositionaqueToa dit osdinairemeot favoriser celte singulière rup-
tuire; i<> en&a parée que la pQ&ùtLoA du crâne était la plus commune,
ocille daos laquelle la tête pénèitre le plus facilemeat dans la vulve.
Quoique Ton conoaisjse; aujourd'hui un assez grand nombre d'ob-
servations autheatique& de ruf^ture centrale du périnée avec passage
diL fcetus entier par cette voie artificielie, il est cependant encore des
accoucheurs très-répandus, placés même à la télé d'établissements de
loatÊKDité, quiii^'en ont pas- vu d'exemple; seulement ils sont moins
înorédMlesque. ne l'était Gapuron,, q^ disait, qu'U verrait le fait, qu'il
n'en croiraii pa^ ses y^ux.
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— 286 —
Il y a quarante ans que je me livre à Tétude et à la pratique des
accoucbëînents, je suis depuis plus de trente ans à la tète d'un senrice
spécial (qui n'est sans doute pas à comparer aux services de Mater*
nité de Vienne et de Paris pour le nombre des accouchements qui s*y
terminent), et pour la première et unique fois, il y a bientôt quatre
ans, j'ai eu l'occasion de faire une pareille observation à la Maternité
dont je suis le directeur médical. Cette observation présente un assez
grand nombre de particularités pour mériter d'être .connue dans ses
détails.
Le 15 mai 1864,- se présenta à la Maternité de Strasbourg, pour y
faire ses couches, la nommée Eh..., Marie-Rosalie, âgée de 27 ans,
primipare, de taille moyenne, assez bien constituée, sanguine-lym-
phatique. Elle comptait encore six semaines.
Soumise plusieurs fois à une exploration soigneuse pendant son
séjour à rhôpilal, on ne remarqua jamais rien de particulier dans sa
conformation, notamment dans celle du bassin, ni dans celle des or-
ganes de la génération. La santé ne laissa rien à désirer.
Le 28 juin, vers onze heures du soir, Marie Eh... sentit les pre-
mières douleurs de l'enfantement; le sommeil de la nuit en fut troublé.
Le lendemain, 29, au matin, on trouva, en touchant par le vagin, le
col effacé, l'orifice entrouvert, et la tête profondément engagée dans le
bassin. Â l'auscultation on percevait les battements redoublés au côté
gauche du ventre, ce qui fit diagnostiquer une première position, du
crâne. Â trois heures de l'après-midi, les membranes se rompirent,
et, après un écoulement peu abondant d'eau, on constata effective-
ment une position occipito-antérieure gauche. Â six heures la tète
occupait l'excavation et devenait visible à la vulve pendant les con-
tractions. A sept heures, le périnée était fortement distendu, la
fente vulvaire dirigée en avs^nt et en haut, l'occiput semblait y péné-
trer; à chaque nouvelle douleur on croyait que la tête allait compléter
son mouvement d'extension et franchir, mais la douleur cessant, elle
se retirait encore. A sept heures un quart, une contraction plus forte
la poussa contre l'obstacle. Le périnée était soutenu par une élève
sage-femme : tout à coup sa main est repoussée par la tête qui fait
éclater le plancher périnéal, la vulve qui aurait dû lui dotmer pas-
sage remonte vers le pubis et se ferma. Les épaules et le reste du
corps furent chassés avec une telle rapidité qu'on n'eut que le temps
de recevoir le fœtus et de le relever.
Dès que l'enfant fut séparé de sa mère par la division du cordon
ombilical, on examina l'ouverture qu'il venait de pratiquer et de
franchir. La portion du cordon insérée au placenta pendait par cette
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— ien —
ouverture, dont les bords étaient affaissés sur eux-mêmes et sai-
gnants.
Ne voulant pas faire la délivrance par cette voie contre nature, on
introduisit le doigt indicateur dans la vulve et on monta assez haut
dans le vagin pour pouvoir accrocher le cordon, le faire rentrer dans
le vagin, et de là le faire passer par la voie naturelle.
Pendant que Ton attendait de nouvelles contractions de la matrice
qui devaient décoller le placenta et permettre rextraction de l'arrière-
faix, on débarrassa la plaie périnéale du sang qui Tencombrait au
moyen d'une éponge, et on constata : l*" que la rupture avait 5 centi-
mètres de longueur dans la direction verticale; 2<' que son angle supé-
rieur se dirigeait un peu latéralement vers la grande lèvre droite;
3^ qu'lnférieurement elle s'étendait des deux côtés, immédiatement
en avant de Tanus, formant deux angles latéraux de % centimètres
de longueur; 4* que les bords étaient irréguliers, frangés au milieu et
infiltrés de sang ; 5** qu'à la partie supérieure existait un bourrelet
saillant, noirâtre, paraissant formé de tissu cellulaire refoulé de l'in*
térieur. Non-seulement la fourchette était intacte; mais 2 centimètres
de longueur du raphé qui aboutit à la fourchette étaient parfaitement
visibles. Le sphincter anal interne était à découvert et nullement
entamé. Le doigt introduit par la plaie et placé en supination sortait
par la vulve et constatait l'épaisseur du pont antérieur du périnée qui
subsistait. Le constricteur du vagin était déchiré en arrière, ainsi que
le tiers inférieur du vagin lui-même et la paroi recto-vaginale cor-
respondante.
On procéda ensuite à la délivrance par la voie naturelle; mais une
notable quantité de sang caillé et liquide traversa encore la plaie pé-
rinéale après oette opération.
L'enfant, du sexe féminin, avait donné aussitôt signe de vie. 11 était
fort, long de 49 centimètres et pesait 3,370 grammes.
Les premiers jours des couches se passèrent sans incident. La plaie
périnéale, d'un aspect livide, laissait suinter une sérosité sanguino-
lente, une partie des lochies la traversait également; le gonflement
des lèvres de la plaie forçait une autre partie à refluer par la vulve.
Le décubitus latéral favorisait ré<5oulement par les voies naturelles.
On se borna à des fomentations de vin aromatique. L'accouchée mit
son enfant au sein et put le nourrir.
Le troisième jour, la surface des lambeaux de la plaie présentait
un aspect grisâtre et exhalait une odeur gangreneuse : une suppura-
tion séreuse, passablement abondante, s'était établie. On la saupou-
dra de poudre de quinquina. Le quatrième jour, la plaie avait meilleur
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aspect, la snpptiration avait dimioué. A faiïît heures et demiedunurtiA
Taccouchée eut subitement une crise de suffocation sui\ie d'un frnsdft
intense. La réactfon tïe se Ht pas tvep longtemps alMindre; «Ile fut
bitorisée par des infusions théifonsfeB chaudes; le pouls était très»
ttccMéré. Une bonne transpiration «aima la fièvrs. Gepemlaiit le kitt^
demain, cinquième jour, il y avait etioore 86 pulsaiicms. La s«|)|iar**
tîon de la plaie devhrt phis nerm^aie ; les jours suivants des bourinfiens
gangreneux furent excisés, ta surface des lèvres ise colora «q roage
et commença & bourgeonner. L'accouchée avait de Tappétil, elle cm-
Hnuait d'allaiter son enfant
** Le douzième Jour, ThiatsEs formé par la déchirure périnéale toôu-
men^t à se rétrécir, ses bords, encore un peu frangés., tendaient à
s'égaliser et à bourgeonner. Le vingt-cfînquièiiie» la plaie étant â*ufi
aspect rosé, mais suppurait encore abondamsaent^ la suppuration
était ftcre et corrodait la peau de la faee Interne des ct^sses. L'aeoon*
chée n'avait plus pu être maintenue au Ut depuis'le^ii^Bzième jonr,
-elle circulait dens les salles pendaspt une grande partie de la jooraée.
Le trentième, elle trouva à se i^acer en ville, en foaiité de noar*»
rice.
En l'examinant une dernière fois, avant sa swDie de l'établi^ne^
went, on reconnut que la plaie se rétrécissait es pins en plus. «On
tionna à la femme l'espoir d'une guéridon spontanée^ isaâs >on iiisiM
«après d'elle pour que de «emps en temps elle se présentât à la viaile,
ee qu'elle promit. Miûheureusenient elle n'en fit rien, «t on perdit
même bientôt ses traces.
€e ne fut qu'À la fin de l'été 1865, phts dHia an après r^ociëent,
qu'on la découvrit de nouveau. Elle était alam «arvaate'an villa. An
mois d'août, elle vint à la Maternité consuHiï' povr nn ùbmiwmmm
4b màrice.
 l'inspection des pnrties génitales, on omsiata qoe Vouvsnurefé-
tifiâale existait encore, qu^elle avait la fonme d'un ^ou vood, doM le
bord «à cercle était pnifaitenient cicatnsé^ Dans *mie «»SPveiUM) m
trouva -engagé un corps moMIe, une espèoede iyoudH>n,iqtte l'on m-
<ïonnut bientôt n*atre autre chose qffefemil'iif^ffii. En eièt, à la wa,
«n dliMÀngua le museau de '^nt^, «ft par le tomiher à «rafars la
"wlve, on conettata un abaissenient ou pltffdit unie descenla de la ma^
trîce. Cet organe était descendu perpendic^lalreBient à r«^eéi «oifs,
^1e éol, an Ihu de 9ôrftr pirr I» vd^e, ^mH m§9§é dBm H^^meNvre
p#rliri$ff ff . Ne pouvant rien ««utreprendre i la veille >An vaeanana, on
isongéffia la consullanle, en lui dimiM de revenir «niiiolS'devioi^ifai^
lum, mais on ne la revit pins.
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r
C^tte abservatioa offfie an. exempla/mcoot^table de rqpture cçjq,;
traie du périoée et^ de passage 4u fœtus entier par cette o^yertuI^ç
accideu telle, hà déchirure de ia peau s'éteadait ea haut du c6té d^
la grande lèvre droite^ m has, elle présentait deux angles latéraux
dans la direction des muscles trau&verses du périnée. Elle n'avait pa^
préciséme^it la forme d un Y renversé, mais plutôt. celle d'un triangle^
Les tissus sous-jacf nls à la peau et {ormant le pUnçher péiiné^l
étaient lacérés, infiltrés de sang. Une portion du ti^su cellulaire du
triangle périnéal ét^it poussée dans la plaie. £a haut, le point qui sé^
parait l'ouverture vulyaire de la déchirure périnéale avait uqe largeur
de près de deux lraver% de doigt$, et en has, le rectum est resté
intact. .
Le tissu cellulaire,' infiltré de ^ang» qui faisait saillie dans la plaies
s'eat gaugrené. Uu instant, au cinquième jour, il ^ a eu quelques
s^ympiômes de résorption pulrido; mais la suppuration s'est heuroMT
sèment établie, et dès ce moment, tous les accidents ont cessé.
La plaie ne s'e^t point fermée, comme on devait l'espérer; peut-être
parce que laigai>grèpe avait détruit une partie notable des tissufi kité-
ressés. L'indociliié de l'accouchée y a probablement contribué aussi :
si elle était restée couchée sur le côté, si elle ne s'élait levée que du
vingiième an trentième jour^ si elle n'avait pas trop marché surtout,
il est possible que la guérisôn aurait ep lieu. Ces oondilioBs.n'exisUtât
pa^, les bords se sont cicatrisés sépa^énient, et il est resté u^^ ouver-
ture ronde, qui communique avec,i«) vagin, puisqu'on a trouvé à la
dernière exploration, faite un an après raçtident, le col de Tutérus
engagé dans ce trou. Pour ce motif seul, il serait nécessaire de fermer
l'ouverture périoéale,^ après avoir relevé la matrice par un mqyen
mécaDique quelconque.
NOHI^TION DE COMMISSION.
On procède pat ta voie du scrutin à la nomination d'une Commii^-
mission chargée d'examiner les titres des candidats à la place de
membre titulaire.
MM. Tarnier, Dolbeau et Marc Sée sont élus membres de cette
Commission.
ÇiOMMVl^IGATlON.
Eiùt&atioiis de la'hànebe. (Salie.)
M. TiLLAUx. Si je prends encore aujourd'hui la parole sur les luxa-
tions coxo-fémorales, c'est qu à l'appui des considérations théori<{ues
2* iérie, — tomb ix. 37
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— «90 —
que j'ai développées devant v6ûJ3, je puis invoquer le témoignage
d'une pièce pathologique que j'ai eu la bonne fortune de rencontrer.
Un vieillard de 64 ans vint mourir il y a quinze jours dans le service
de mon collègue et ami M. le docteur Labouibène, dans la salle Saint-
Louis à l'hôpital Saint-Antoine. Il fut transporté à Tamphithéâtre des
hôpitaux où l'un des prosecteurs, M. le docteur Nicaisé, constata là
lésion que j'ai l'honneur de vous présenter.
Cest bien là une luxation iliaque; les empreintes qu'a laissées sur
t'os la tète du fémur ne permettent point de doute à cet égard. £h
bien, je vous prie de constater que toute la capsule a été déchirée
sauf la partie antérieure, c'est-à-dire le faticeau qui part de l'épine
iliaque antérieure et inférieure, connu sous le nom de ligament de
Berlin. C'est donc une confirmation de la théorie que je vous ai expo-
sée, à savoir que la condition anatomique de la luxation Uiaque était
Vintégrité du faisceau antérieur de la capstde. Ce faisceau extrême*
ment résistant permet à la tète du fémur de se porter librement ea
haut dans la fosse iliaque, mais, vu la brièveté de ce faisceau, il
est matériellement impossible que la tête puisse se porter directement
en arrière sur l'ischion.
Celle pièce est intéressante à un autre point de vue :
1« La tète du fémur est presque détruite; elle possèdte à peiné le
tiers de son volume normal, elle est érodée et irrégulière.
2^ La fosse iliaque externe présente une dépression considérable,
régulière, rappelant la forme d*une tète du fémur normal. A celle
dépression correspond sur la face interne une saillie identique. L'os
iliaque à ce niveau est très-aminci.
S** La nouvelle cavité est cloisonnée de toutes parts par des brides
fibreuses ; mais ce qu'il y a de plus remarquable, c'est la présente
d'une multitude de petites tumeurs arrondies, olivaires, de volume
variable, les unes grosses comme une tète d'épingle, les autres comme
un haricot, la plupart pédiculées, développées à la surface de la nou-
velle synoviale.
4^ La plupart des muscles qui entourent l'articulation sont passés à
l'état graisseux.
5*" La tète du fémur est sortie entre le pyramidal et l'obturatecir
interne.
6» Les deux humérus présentent une lésion analogue à celle du
fémur, c'est-à-dire que la- tète est irrégulière, diminuée de volume ;
que le cartilage est détruit par places, et la surface osseuse éburnée
dans le mèine point.
En examinant cette pièce sur le cadavre, et sans renseignements.
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— 291 —
j'ai d'abord beaucoup hésité à porter un diagnostic. Était-ce une
luxation pathologique datapt de Fenfance et consécutive à «ne
coxalgie?
Était-ce une luxation traumatiquc ancienneavec arthrite consécutive?
Les renseignements, qu'avait obtenus du malade pendant sa vie
U. Quinquaud, interne de M. Laboulbène, me paraissent de nature à
éclairer vivement la question.
Ce malade a déclaré qu'il y a huit ans, il était tombé d'une échelle
et avait été transporté à l'hôpital où il avait séjourné deux mois. Il
n'avait jamais, a-t-il dit, hoiW jusqtfalbrs, et c'est seulement depuis
cet accident qu'il avait conservé une claudication très-marquée. Je dois
dire que les registres de la Pitié où le malade a dit avoir été soigné,
ne portent pas mention de son nom vers celte époque ; mais on peut
admettre aisément qu'il se soit trompé d'hôpital.
De plus, au pourtçur de l'articulation de la hattchei, la. peau n'a
cons(»rvé aucune trace d'abcès ou de trajets fistuleux andehs.
Je cofielus donc de ce qui précède :
La pièce que je vous présente est une luxation traumatifue
ancienne. Elle est iliaque et s'accompagne de la conservation du
faisceau antérieur de la capsule. Elle présente en plus les lésions
propres à l'arthrite sèche, survenues consécutivement à la luxation.
M. Després. Je crois qu'il s'agit là d'une luxation conj^énilale. Je
donnerai mes raisons dans la prochaine séance, empêché que je suis
de prendre la parole aujourd'hui par mon état de souffrance.
M. BaoGA. M. TiUaux a accepté bien facilement les renseignements
qui lui ont été donnés. En réalité ce malade n'est pas entré à la Pitié.
Je n'irai pas jusqu'où va M. Després, car il me serait impossible
cl'affirmer qu'il s'agit là d'une luxation congénitale. Mais assurément
le développement du fémur n^est pas celui que l'on observerait s'il
fl^agissait d'une luxation arrivée il y a huit ans seulement chez ce
vieiHard mort à 64 ans.
J'appelle en outre l'attention sur là saillie que forme à l'intérieur
du bassin la fosse iliaque interne. D'une manière générale, ce sont les
luxations congénitales ou les taxations spontanées survenues de très-
bonne heure qui donnent naissance à eelte déformation. On ne la
trouve pas habituellement à la suite des luxations de l'adulte.
Je suis disposé à conclure tout au moins à la contempor^néité de
eette luxation avec la jeunesse de cet individu, sinon à lacongénialitév
M. LsroaT. Je me range complètement à l'avis de M. Eroca.
H. TtLLAUx. Je crois devoir maintenir ma conclusion de luxation
traoaatique. Je ne croift pas à une luxaiioa produite pendant la: jeit^
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— 29Î —
nesse, parce c(ue la dépression de l'os îlîaqne est trop grande pour
avoir correspondu primitivement à une tête de fémur aussi petite que
celle que nous avons actuellement sous les yeux. Je crois que la lésion
que nous observons sur la tête du fémur a été consécutive à la luxa-
lion... Les renseignements ont été suffisamment exacts. Cet homme
a déclaré d'une façon très-positive qu'il était parfaitement bien portaat
il y a huit ans.
COMMUMICATION
S«r les eorps fibreux utérins qui eompliqaeal Ja grossesise
et l'aeeoaehenacnt.
M. GuENiot. L'observation et les remarques que je viens communi-
quer à la Société sont relatives à un cas de pratique desplus graves^
des plus embarrassants, et j'ose dire des plus redoutables qoe le chi-
nurgien puisse rencontrer. Une solutioq aussi heureuse qu'inattendue,
dans des circonstances exceptionnellement défavorables, me semble
donner à ee fait un intérêt, tout particulier. Auf^si, voqs demande-
rai^je la f^ertnission d'en exposer, avec quelque détail, les particule-
rites les plue importantes.
Observation. — Accouchement heureux par les voiei natureUés
dans m cas d'obstruction presque complète du petit bassin. ^ Le 5 mars
dernier, je fas prié de donner mes soins à madame C..., alors enceinte
de près de sept mds et affectée de corps fibreux de la matrice* Cette
dame âgée de 40 ans, d'une constitution délicate, très-aamfgrie et
irès-'Soufifrante de son état de grossesse, ne quittait plus son apparte-
ment depuis quatre mois. Épuisée de longue date par des p^t<>8
sanguines abondantes, puis miuée par des acoès fébriieé ^jaotîéiens,
par des vomissements et une difficulté considérable des excvétions
intestinale et urinaire, etc., elle semblait menacée de ne pouvoir
atteindre sans accident £atal le terme de la grossesse.
Des régies dès l'origine prolongées, trôs*abondantès et qui, dans
ces dernières années, avaient atteint chaque mois seize à dix-sept
jours de durée; l'expulsion habituelle, à ces mêmes époques, de caillots
sanguins qui donnaient au flux menstruel un caractère franchement
hédiorrbagique ; une première grossesse (la seule qui eût précédé la
grossesse actuelle), laquelle se termina, il y a dix-huit ans, par la
eaimance facile d'une fille qui mourut à l'âge de cinq ans et demi; le
début et l'acorpissemeat suoeessif de plusieurs corps fibreux utérins.
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— 293 —
dont le premier fut ooDstaté il y a trois ans; une atteinte de péritonite
frme en novembre 1866, péritonite que le regrettable professeur Jar-
javay jugea être la conséquence d'une bématocèle péri-utérine; enfin,
après un traitement prolongé de ce dernier accident, Teiristence d'une
légère amélioration dans Tétat général ; de môme que la diminution
dans TabonHance du flux de la dernière époque menstruelle, époque
qui ne dura que huit jours au lieu de dix-sept (du 4 au 12 août
4867); telles sont les principales circonstances antécédentes qu'il con-
vient de mentionner.
Par Texamen direct de la malade, je constatai que son abdomen
était très-proéminent et plus développé que ne le conaporte une gros-
sesse ordinaire de sept mois; d'où une grande gêne des mouvements
et de la respiration. La matrice elle-même était volumineuse, inclinée
en avant. Plusieurs petites tumeurs fibreuses, mobiles et dures se
reconnaissaient, à la palpation, dans l'épaisseur ou à la surface de
ses parois. Ces dernières, généralement souples et indolores à la pres-
sion, permettaietit de distingiiBSr assez nettement quelques parties
fœtales: Il me fut, toutefois, alors impossible de préciser la situation
exacte de Fenfant.
A l'aide du loucher, je trouvai une tumeur volumineuse, irrégu-
lièrement arrondie, d'une dureté élastique, qui remplissait presque
entièrement Texcavation pelvienne. De tous côtés, le doigt rencontrait
cette tumeur qui repoussait en avant le col utérin et aplatissait le rec-
tum en arrière. Un intervalle de 3 centimètres à peine semblait la
séparer des pubis, et c'est en ce point que le col utérin très-élevé,
déformé, aplati, se trouvait refoulé contre la vessie. A sa partie infé-
Tîeure, la tunneur correspondait au coccyx; mais ses limites supé-
rieures, même parle toucher rectal, échappaient à toute investigation.
Sa situation en arrière et au-dessous du segment inférieur de la
matrice explique comment le palper hypogastrique ne me fournit éga-
lement aucune donnée à cet égard. Les pressions exercées avec le
doigt à sa surface étaient douloureuses et ne produisaient aucun
déplacement de sa masse. .
Il s'agissait donc d'une tumeur dure, volumineuse et fixe, implantée
sur la face postérieure de la matrice, probablemetit vers la jonction
du corps et du col, et anticipant sur ce dernier, tumeur située au-
dessous du péritoine, refoulant en bas la muqiieuse vaginale et rem-
• plissant à peu près toute l'étendue du petit bas.sin. Cette tumeur, à
n'en pas douter, était bien celle dont h professe^ir Jarjavay avait,
pins d'un an auparavant, constaté l'existence et qu'il avait repré--
sentée avec quelque exagération à> la malade^ <^n^^® ^ ayant le
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— 294 —
volume d'une tète d*e&fant et la dureté du martïre. » ÉTÎdemipe&t,
c'était là une tumeur fibreuse de Tutérus qui, à moins de circonstaflces
très-exceptionnelles, mettrait un obstacle absolu au passage de Feu-
fant par les voies naturelles. L^ seules éventualités, en effet, qui
pussent faire éviter l'opération césarienne étaient les suivantes :
io La mort prématurée du feBtus, suivie d*une macération prolongée
de ses parties dans le liquide aumiotique, pouvait provoquer dans ces
derDières un ramollissement tel qu'elles devinssent assez réductibles
pour traverser, à la manière d'un linge mouillé, un canal même extrè^
mement étroit.
2* Quoique la grossesse fût déjà fort avancée et que la tumeur fàî
restée jusque-là très-consistante, celle-ci cependant pouvait encwe,
avant l'échéance des neuf mois, se ramollir assez pour permettre une
réduction notable de son volume et, en conséquence, une augmenta*
' tion proportionnelle dans le calibre du canal rétréci.
3<* Enfin, malgré son volume, sa fixité probable et «on espèce d'en-
clavement dans le petit bassin, la tumeur pouvait à la rigueur se
déplacer et remonter au-dessus du détroit supérieur, de manière à
rendre libre le canal pelvien
Mais si de tels faits étaient possibles, leur réalisation me paraissait
si problématique, ou plutôt si improbable qu'il eût été dérsûsonnable
de fonder sur elle un espoir sérieux. En face d'une situation m.
périlleuse pour madame G..., je me hâtai de provoquer une consulta-
tion, et, le 11 mars, MM. Depaul et Tamier voulurent bien, après un
examen minutieux de la malade» m'éclairer de leurs avis. Il parut à
M. Depaul que l'espace laissé libre entre la tumeur et les pubis était
peut-être plus étroit encore que je ne Tai indiqué ci-dessus. M. Tar-
nier exprima un certain espoir dans le ramollissaneut proebain de la
tumeur. Bref, à part ces nuances d'opinions, l'état des choses était
si nettement dessiné que nous fûmes unanimes pionr admettre :
i'* qu'il convenait de laisser la grossesse continuer son cours jusqu'à
terme; 2** qu'il serait toutefois nécessaire, à huit mois révidus, d'ex-
plorer de nouveau avec soin la tumeur, à l'effet de s'assurer «i elle
n'avait pas subi, soit dans sa consistance, soit dans soti siège, quelque
changement qui ()ôt faire sérieusement espérer un accouchement par
les voies naturelles; 3"* enfin, qu'en l'abâence de ces noodificalions
(toute réserve faite, bien entendu, pour celles qui pourraient encore
se produire dans le eours du neuvième mois), la section césarienne .
était la, seule ressource qui restât pour délivrer madame G... et, en
conséquence, que cette opération devrait être, en principe, complète-
ment décidée pour l'éj^oque du travail»
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^906 —
Le i4 avril, c'est-à-dire à huit moig de grossesse, jlei^plariii de
noyyeau minutieusement et la tumeur et la matrice. Cette dernière
était noti^lement augmentée de Yolume. Les petits fibromes durs et
saillants de son corps se distinguaient aisément, même à roei), à tra-*
vers la paroi abdominale. Le liquide amniotique paraissait être un
peu plus abondant qu'à Tordinaire. L'enfant, dès lors, était assez
mobile; sa tète correspondait à rbypocondre gauche de la mère, son
extrémité pelvienne à la fosse iliaque droite et son dos était dirigé
vers rhypocondre droit. Le maximum des bruits du cœur s'entendait
à droite ei au-dessus de l'ombilic La souplesse des parois utérines
me permit de déterminer très-nettement cette situation des parties
fœtales.
Quant à la tumeur intra-pelvienne, elle présentait exactement les
mêmes caractères que précédemment; eÛe n'avait, en particu-
lier, subi aucune modification notable soit dans son siège, soit dans
sa consistance. Toute réserve faite pour le cas d'un déplacement ulté-
rieur de sa masse (déplacement dont la possibilité était admise, mais
dont la réalisation était à peu près inespérée), l'opération césarienne
fut donc définitivement résolue pour le temps du travail.
L*état de santé de madame G..., déjà si alarmant le 5 mars, lors
de ma première visite, ne fit qu*empirer peu à peu avec le cours de la
grossesse. G^t à peine si, grâce à l'emploi très-circonspect de cer-
tains médicaments (calmants, laxatifs, eaux minérales, toniques, etc.),
la malade put obtenir, avec quelques périodes de mieux-être passa-»
ger, un faible ralentissement dans les progrès de l'anémie, de l'amai-
grissement, des accès fébriles, de la déperdition des forces, etc. Ces
divers symptômes finirent, en effet, par atteindre leur degré le plus '
extrême. Une teinte jaunâtre de la peau, une toux fatigante et l'in-
somnie qui en est la conséquence, vinrent encore, sur la fin de la
grossesse, augmenter la gravité du pronostic. Un courage excep-
tionnel soutenu par de vifs sentiments religieux et un ardent désir de
progéniture, un esprit résolu et une docilité parfaite à suivre mes
conseils, constituaient en réalité, chez madame C..., les seules res-
sourees qui permissent peut-être de ne pas absolument désespérer de
sa situation.
C'est dans ces conditions que, le 17 mai dernier, après deux ou
trois jours de malaise, d'insomnie et de fatigue plus grande encore
que de coutume, la malade fut prise des premières douleurs de l'ac-
couchement, vers sis heures du matin, A huit heures, les membranes
se rompirent brusquement et donnèrent lieu à un écoulement abon-
dant de liquide amniotique. De là, suspension presque complète du
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travail et SÊntiment d6 bien-être chez la patiente, dont Tabdonlea
avait perdu sa tension douloureuse.
 neuf heures, je constatai que la tumeur avait $ubi un déplacement
trèB-sensible : elle était tnoins accessible au doigt et se trouvait
refoulée à droite et en arrière de manière à laisser, derrière h pubis
gaudie, un espace libre d'environ 6 centimètres. L'orifice utérin avait
acquis la largeur d'une pièce de cinq francs, et la mollesse de ses
bords indiquait que sa dilatation avait été plus grande. Quant à l'en*
fant, dont j'avais encore, une dizaine de jours auparavant, reconnu la
tête dans i'hypocondre gauche et l'extrémité p^vienûe dans la fosse
iliaque droite, il se présentait manifestement en première position du
sommet. L'exploration des sutures et fontanelle, jointe à d'autres
signes, ne me laissa aucun doute à cet égard, il avait donc, depuis
peu, effectué spontanément une mutation complète. Les choses étant
ainsi, je recommandai à madame €... de garder la position couchée^
afin d'éviter une trop grande déperdition de liquide amniotique, puis
de s'incliner fortement lors des contractions, sur le côté gauche, à
l'effet de favoriser, par la déclivité du fond de la matrice, Tascension
déjà commencée de la tumeur pelvienne.
Vers deux heure» de l'après-midi, le travail reprit son cours régu-
lier; les contractions étaient bonnes, et Tétai générai de la malade
relativement satisfaisant. La tumeur continua de s'élever peu à peu
vers l'abdomen en déterminant, à chaque contraction, une vive dou-
leur ou sorte de déchirement dans la région iliaque droite. Je pensai
que ce phénomène 'était dû soit à la rupture de quelques adhérences,
soit au frottement exercé par la tumeur dans son mouvement ascen-
sionnel, et je ne m'en préoccupai pas autrement, i^a tête fœtale,
retenue au-dessus et en arrière du pubis gauche, n'attendait évidem-
ment, pour pénétrer dans le petit bassin, que la disparition d%
l'obstacle. Aussi, vers dix heures du soir, dès que la tumeur fut
remontée au-dessus du détroit supérieur, le sommet prit sa place et
descendit dans l'excavation pelvienne en première position. A partir
de ce moment, l'accouchement suivit une marche ordinaire, et à
deux heures du mattn^ pour éviter à la patiente une prolongation
fâcheuse du travail, j'appliquai le forceps sur la tête, arrivée au
détroit inférieur. L'enfant fut extrait en parfait état de santé : il était
volumineux, du sexe mascuUn et pesait plus de 7 livres (3 kilogr.
&50 gr). Quelques vomissements glaireux, un. sentiment d'extrême
faiblesse chez la malade et une difficulté particulière dans l'amincis-
sement du bord antérieur de l'orifice utérin, telles sont les seules
autres parliculaiités du travail qui méritent d'être signalées. Sa durée
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-m-
totale, AbstraptioD fai^ de?, six heures de suspension, fut d'environ
quatorze heures.
Immédiatement après rextraction de l'enfant, madame G... éprouva
une sorte, d'anéantissement général et de feu tniérievr qui, joints à
une distension gazeuse subite des régions supérieures de l'abdomen,
me causèrent la plus grande inquiétude. Ces phénomènes furent heu-
reusement de courte durée. L'utérus, quoique bien rétracté, ne décolla
le placenta que tardivement, et je dus attendre plus d'une demi-heure^
avant d'opérer la délivrance qui, d'ailleurs, n'offrit pas d'autre irré-
gularité.
Prescription pendant les premiers jours. — Quelques cuillerées de
bouillon froid, répétées de temps en temps selon les désirs de la
majade; 20 centigrammes d'extrait de jusquiame en deux pilules
(parfois trois de ces pilules par jour); petits fragments de gîace à
fondre dans la bouche; boire très-peu. Onctions avec ong. nap. bell.
sut* le ventre et cataplasmes recouvrant toute l'étendue de l'abdomen,
immobilité la plus complète; éviter scrupuleusement tout contact froid
extérieur; obscurité et silence absolu. Gathétérisme trois fois dans
les vingt-quatre heures.
Le 20 mai, troisième jour de l'accouchement, les seins commencent
à se congestionner et, le lendemain, la fluxion laiteuse est des plus
'complètes, état des forces plus satisfaisant; sommeil; bien-être
relatif. Bourrelet hémorrhoïdal enflammé, douloureux; vulve lïiodé-
rément tuméfiée; lochies constamment normales.
Le 22, alors que les seins tendent à filerdrè leur tension doulou-
reuse, des tranchées utérines violentes se manifestent. Jusque là,
aucune menace sérieuse de péritonite, le ventre étant sensible plutôt
que douloureux, et le pouls oscillant entre 88 et lOO à la minute;
mais rapparitîon de ce nouveau travail de l'utérus, qui semblé vou-
loir se débarrasser des tumeurs, provoque chez la malade de l'agita-
tion, de l'insomnie, un peu de fièvre et un gonflement abdominal du
plus fâcheux augure. Pendant vingt-quatre heures, ces tranchées
résistent à l'emploi des opiacés, et elles ne cèdent enfin qu'à Tadmi-
nistràtion de doses de plus en plus fortes. Le calme reparaît alors, et
tous les symptômes s'amendent de telle sorte que, le 25, tout danger
prochain semble avoir disparu.
Le 26, pouls à 64, hémorshoïdes affaissées; col utérin reformé.
Pour la première fois- depuis raccoucbemianl, lèî tumeur commence à
être accessible au doigt et parsdt vouloir opérer son mouvement de
descente. A aucun moment, elle n'a pu être nettement distinguée par
la palpation de la région bypogastrique. li est vrai que celle-ci,
2« série, ^ tomb ix. 38
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— 298 —
constamment sensible à la pression, n'a été explorée qu'avec la plus
grande circonspection. L'utérus, tout irrégulier de forme et très- volu-
mineux dans les premiers jours, s'est rétracté peu à peu, et son fond,
incliné du côté gauche, n'est plus éloigné du pubis que de six' travers
de doigt. , .
Les jours suivants, l'état général ne cesse de s'améliorer progressi-
vement; le sommeil, l'appétit, le bien-être se prononcent de plus en
plus. La tumeur seule, en reprenant graduellement sa situation
ancienne dans le petit bassin, provoque des tiraillements et une cer-
taine inquiétude dans le bas-ventre, des fourmillements et des crampes
dans les membres inférieurs, de la douleur à la miction et des pesan-
teurs incommodes sur le rectum. Mais à partir du 3 juin, complète-
ment réinstallée dans l'excavation pelvienne, elle ne suscite plus
d'avitre malaise que celui qu'elle déterminait avant la grossesse et qui
résulte de certaines pressions inévitables sur les organes pelviens. ,
Enfin, le 20 juin, madame C..., complètement rétablie, a repris un
peu d'embonpoint et se . trouve sensiblement dans le même état
qu'avant sa grossesse. Quant à la matrice et à la tumeur, voici dans
quelles conditions elles se présentent aujourd'hui. La tumeur, grosse
comme une tète de fœtus à terme, remplit presque complètement le
petit bassin et se perçoit, à la palpation, au-dessus du détroit supé-
rieur qu'elle déborde faiblement. Elle est indolore à la pression, d'une
fermeté élastique et ne se laisse pas déplacer par la pression du doigt;
son immobilité paraît être complète. La matrice se trouve refoulée en
avant et à gauche; son corps occupe la fosse iliaque correspondante
et s'élève à 5 centimètres au-dessus du pubis. Quelques inégalités,
représentant les petits fibromes constatés pendant la grossesse, se
remarquent à sa surface ; mais elles sont beaucoup moins saillantes
et moins faciles à distinguer que pendant l'état de réplétion de l'uté-
rus. Le museau de tanche, situé derrière le pubis gauche, est gro3,
court et inégal; une sorte de scissure très- étroite et peu profonde le
sépare de la tumeur qui l'enveloppe dans presque toute sa périphérie.
D'après ces rapportSyil semble très-probable que la tumeur s'implante
largement sur la portion supérieure du col, en arrière et à droite,
ainsi que Texamen pratiqué pendant la grossesse l'avait déjà fait sup-
poser. ^
P.-5. — Hier, 7 juillet, j'ai revu madame G... Sa santé s'afiermil
de plus eu plus, et sou état parait être même plus satisfaisant qu'avant
la grossesse. Le retour des règles a eu lieu du 25 juin au 2 juillet,
sans douleur ni expulsion de caillot^. La tumeur conserve les mêmes
caractères que le 20 juin.
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— 299 —
—Je ne m'arrêterai pas, Messieurs, sur tous les points de cette obser-
vation qui pourraient présenter quelque intérêt. Ainsi, je ne dirai rien
des accès fébriles quotidiens dont la grossesse a été accompagnée, ni
du long intervalle de dix-huit ans qui a séparé les deut gestations de
madame C..., ni du changement de présentation opéré spontanément
par le fœlus, etc., etc. Mais |permetlez-moî ' dMnsister sur les cir-
constances qui, à mes yeux, offrent surtout de f importance au point
de vue pratique.
lo Le fait principal qui, tout d'abord, frappe Tesprit dans la rela-
tion précédente, c'est assurément la guérison pu, si l'on veut, le réta-
blissement assez prompt de la malade après l'accouchement. En effet,
même en l'absence de toute opération sanglante propre à extraire
l'enfant, l'élat de souffrance et d'épuisement constaté chez madame C...
pendant sa grossesse, les fatigues inévitables du travail, les dangers
d'hémorrhagie et surtout de péritonite ne permettaient guère d'espérer
un aussi heureux résultat. J'ai indiqué plus haut quel fut le traite-
ment institué en vue de concourir à ce but; c'est sur ce point que je
désire fixer un instant voire attention.
Malgré l'état de prostration que présenta madame C... après la
délivrance, je m'abstins de lui administrer des stimulants, soit vin,
soit liqueur ou cordiaux sous une forme quelconque. Consfdérant que
l'estomac, très- susceptible, fatigué et troublé dans ses fonctions depuis
plusieurs mois, supporterait mal de tels remèdes, je ne voulus point
tenter d'en utiliser l'action. Bon nombre de praticiens, en mon lieu et
place, eussent clé sans doute d'un autre avis. Mais il m*a paru que le
vin généreux ou l'eau-de-vie dont on use aujourd'hui si volontiers en
pareil cas, augmentait souvent et le malaise et la dépression dés
forces en provoquant de la pesanteur d'estomac, des aigreurs et des
vomissements. Sans doute, ces liquides administrés avec une sorte de
parcimonie, à la dose de quelques cuillerées à café par exemple ,
peuvent rendre de réels services s'ils sont bien supportés, et je ne
voudrais pas, en toute occasion, me priver d'une aussi précieuse res-
source. Ce que je veux dire ici, c'est qu'à mon sens on est, de nos
jours, trop disposé à en exagérer les avantages et par conséquent à en
faire un emploi abusif. Dans Te cas de madame C..., loin de tomber
dans un excès de ce genre, je me bornai à prescrire de la glace, de
l'extrait de jusquiame et quelques cuillerées à café de bouillon froid,
toutes choses qui, répétées à intervalles convenables, furent bien
tolérées par l'estomac, provoquèrent du sommeil et permirent ainsi
aux loi-ces de se relever. Les demi- tasses de bouillon, les potages
clairs et l'eau faiblement rougie ne furent conseillés qu'à partir
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— 300 —
du troisième jour. Si je rpentionne ces détails oiinutieux c'est que,
contrairement aux idées régnantes, je n'eus qu'à m'applaudir,
sous tous les rapports, des résultats de cette parcimonieuse alimen-
tation.
Une autre précaution que je ne puis non plus passer sous silence
(car dans ma conviclion elle a puissamment concouru à faire éviter
toute complication de péritonite), consiste dans l'immobilité presque
absolue à laquelle la malade fut soumise. Persuadé que rien n'est
plus propre à favoriser la production des accidents inflammatoires
que les mouvements de la paroi abdominale, des intestins, de la
matrice, des muscles psoas-iliaques, etc., je mis un soin scrupuleux k
prévenir tout mouvement de celte sorte, du moins tout mouvement
prolongé ou brusque. Gomme madame C... n'ingérait que du bouillon
et des boissons glacées en très- faible quantité, et que chaque jour elle
prenait 25 à 30 centigrammes d'extrait de jusquiamé, l'inlestin se
maintint au repos et ne provoqua «lucune évacuation. Toute espèce de
lavement fut proscrit jusqu'au huitième jour, afin d'éviter la disten-
sion ou le djéplacement du gros intestin. Les injections vaginales et
voAm^ les lotions vulvaires furent pareillement négligées à cause des
mouvemepls que leur administration nécessite. Enfin, pour le même
motif, je pratiquai chaque jour trois fois le cathétérisme de la vessie,
jDaGS explorations du vagin ou de l'abdomen furent des plus réservées
et les changements de linge toujours accomplis avec une attention
scrupuleuse. Bref 1 de cette manière de faire en apparence systéma-
tique, il m'a paru résulter les plus grands avantages, et c'est pour-
quoi j'ai cru devoir en dire ici quelques mots.
2* Le déplacement ascensionnel de la tumeur pendant le travail, de
môme que sa descente dans le petit bassin après l'accouchement,
constitue un autre fait d'une grande importance clinique qu'il con-
vient d'étudier dans ses causes et dans son mécanisme. Qu'un tel
phénomène se produise lorsque la tumeur est pédiculée et de médiocre
volume, rien de surprenant puisque là science possède déjà plusieurs
faits curieux de ce genre. J'ai relaté moi-même dans un autre travail
(^Gazette des hôpitaua. 1864) un cas semblable, que M. Depaul et mo!
avions observé à la clinique d'accouchements. Mais lorsque, comme
chez madame C..., la tumeur présente un volume énorme et se trouve
pour ainsi dire enclavée dans le petit bassin ; lorsque, presque cer-
tainement sessile, elle s'implante par une large base à. la matrice et
que, par suite d'une péritonite antérieure, elle a pu contracter des
adhérences avec les organes voisins, le fait de son élévation sponta-
née au-dessus du détroit abdominal devient, au contraire, un phëno-
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— 3Ô1 —
mène singulier dont, à première idée, on soupçonnerait à peine la
possibilité.
Comment donc cette ascension s'est-elle effectuée?
La tumeur, ai-je dit, ^mane selon toute probabilité de la partie su-
.périeure, droite et postérieure du col utérin auquel elle adhère par une
large surface. Or, s'il en est ainsi, l'effacement du col dans les der-
niers jojurs de la grossesse a dû lui communiquer déjà un certain
ébranlement; car, sous Tinfluence des contractions indolores dé la
matrice, le col utérin s*étant rapetissé peu à peu jusqu'à se trans-
former en un simple orifice, n*a pu opérer ce changement sans rétré-
cir et tirailler les attaches de la tumeur. Mais ce sont surtout les
contractions énergiques de l'utérus qui, en. augmentant graduelle-
ment, dans le cours du travail, la dilatation de Torifice, ont néces-
sairement exercé des tractions puissantes sur le fibrome. Celui-ci,
implanté sûr le bord même de cet orifice et sollicité par les contrac-
tions du corps de la matrice, a été finalement entraîné au-dessus du
détroit abdominal en rompant les adhérences péritonéales quîl avait
pu accidentellement contracter.
Comme causes adjuvantes de ce mouvement ascensionnel, je signa-
lerai sans y insister, parce qu'il est aisé d'en comprendre Taction :
1« récoulement d'une grande quantité de liquide amniotique, lequel,
en produisant une déplétion partielle de la matrice, provoqua le
retrait des parois utérines, et, par conséquent, à un faible degré, Télé-
Valîon du segment inférieur de l'organe; 2» l'attitude particulière que
je fis prendre à la malade pendant les contractions, attitude qui, en
inclinant le fond de la matrice fortement à gauche et en avant, ten-
dait à faire basculer la tumeur qui occupait un point diainéfralément
opposé; 30 enfin, la présence d'une extrémité de Tovoïde fœtal au
détroit supérieur, extrémité qui, pressée fortement dé haut en bas
par les contractions utérines, s'insinua peu à peu dans Tespace libre
du canal pelvien, en même temps que le fibrome était sollicité dans
un send inverse par les mômes contractions.
' Telle est, à mon avis, l'explication la plus plausible du phénomène
dont îl s'agit. En l'admettant comme fondée, on voit que l'implanta-
tion sur le col de la matrice d'un fibrome sessile et gous-pêritonéal,
loin d'être désavantageuse, paraît au contraire être plus favorable
que si elle existait sur la partie inférieure du dorps de cet organe.
Dans le premier cas, en effet, l'obstruction du petit bassin tend à
disparaître par le triple fait des contractions utérines, de la dilatation
progressive de l'orifice et, finalement, de l'ascension de la tumeur
au-dessiiB du détroit supérieur, taAdls que, dans te second, eUe est
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— 302 —
sujette à persister en raison même du point d'implantation qui sous-
trait la tumeur à Tinfluence de ces causes de déplacement.
3* Quand le canal pelvien est obstrué par une tumeur utérine, il
est constant que la fréquence relative des diverses présentations du
fœtus est considérablement modifiée. L'extrémité pelvienne ou le
tronc de Tenfant s'offre alors beaucoup plus souvent au détroit supé-
rieur que dans les cas de bonne conformation. S'agit-il d'un cas de ce
genre? L'accoucheur doit nécessairement subir celte situation et, à
moins d'une grande facilité à opérer la version céphalîque, il ne peut
tenter Textraction de l'enfant par les voies naturelles qu'en agissant
sur les pieds ou sur le siège. Mais lorsque c'est, au contraire, la tête
qui se présente, ne serait-il pas avantageux de pratiquer la version
pelvienne, afin de favoriser ainsi le déplacement de la tumeur soit
a\ec la main qui opère, soit en engageant dans l'espace libre du bas-
sin, des parties fœtales progressivement plus volumineuses (jambes,
cuisses, partie inférieure du tronc, etc.)? C'est là. Messieurs, une
question importante de pratique à résoudre. J'espère que les exemples
qui seront produits dans la discussion par plusieurs de nos collègues,
serviront à jeter sur elle quelque lumière. Pour moi, quoique je sois
peu disposé à adopter une telle pratique comme règle générale, je me
bâte d'ajouter que jusqu'ici les faits parvenus à ma connaissance sont
encore trop peu nombreux pour m'autorisera formuler nettement une
opinion. L'observation que je viens de relater prouve du moins que
la présentation du sommet peut être favorable et comporter une
issue heureuse de l'accouchement
4" Pour terminer cette communication. Messieurs, permettez-moi
d'aborder un point, à mon avis très- litigieux, de l'histoire des
fibromes utérins j je veux parler de la vascularisation, de l'hyper-
trophie et du ramollissement de ces produits morbides sous Vinfluence
de la gestation* Vous le savez, il est généralement admis de nos jours
que la grossesse a pour effet ordinaire de provoquer c<^s diverses
modifications dans les corps fibreux de la matrice. Dernièrement,
MM. Depaul, Tarnier et Forget reproduisaient ici même cette opinion
en l'appuyant de leur autorité* Moi-même, dans plusieurs publica-
tions, j'ai adopté cette croyance. Mais, je dois le dire, depuis lors plu-
sieurs observations personnelles et l'examen plus sévère des fonde-
ments de la doctrine ont sensiblement modifié mes idées sur ce
point. Loin de considérer ces faits comme incontestables, et surlout
comme constituant des phénomènes commt^ns de la grossesse, j'esu'noe
au contraire que leur réalité aurait besoin encore d'un complément
de démonstration et que leur prétendue fréquence, en tout cas, n'est
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— 303 —
rien moins que scientifiquement établie. Afin d^êviler toute confusion,
je le répète, j*enlends parler ici de ces phénomènes en tant que
dépendants de la gestation et provoqués par elle.
Sans doute, en considérant combien la vitalité de 1* utérus s'accroît
pendant la grossesse, combien ses vaisseaux, ses fibres et tous ses
éléments s'hypertrophient sous celte influence, il est naturel de penser
que les fibromes de cet organe, dont la constitution anatomique res-
semble tant à la sienne, participent plus ou moins à ce mouvement
nutritif et subissent, dès lors, des changements analogues dans leur
tissu. C'est là, il faut en convenir, une présomption des plus fortes en
faveur de la doctrine que je discute, et qui n'a pas peu contribué à
Tacçréditer. Mais, Messieurs, de simples présomptions, si fortes
soient-elles, ne peuvent évidemment, dans l'espèce, légitimer une
affirmation. Il faut, pour cela, plus que des raisons à priori; il faut
des faits, et des faits significatifs. Voyons donc qudle est la valeur de
ceux qui ont été produits en faveur de la cause.
Mais auparavant, permetlez-moi encore de faire remarquer que, si
les circonstances de siège et de structure des fibromes utérins portent
à penser que la grossesse exerce sur eux une réelle influence, il est
d'autres particularités de ces tumeurs qui tendent, au contraire, à
éloigner de cette idée: telles sont ; 1° l'existence d'une couche cellu-
leuse périphérique qui isole, en quelque sorte, le néoplasme du tis&u
environnant; 2' l'absence constante de vrai pédicule et de lien vascu-
laire artériel propres à établir, entre la tumeur et l'organe, une cer-
taine continuité. Aussi, dans ces conditions, le fibrome semble-t-il
avoir une vie propre, beaucoup plus indépendante et individuelle que
celle de la matrice elle-même. Celle-ci, en effet, se trouve presque
toujours profondément influencée par la présence du corps fibreux,
tandis que ce dernier ne paraît l'être que fort rarement par les modi-
fications utérines dues à la grossesse. C'est du moins ce que j'espère
démontrer dans le cours de cette discussion.
La grossesse provoque-t-eUe réellement^ dans les fibromes utérinSy
un grand accroissement des vaisseaux sanguinsty vne augmentation
rapide de volume et un ramollissement très-notable de tissu ? £/, si cette
influence de la gestation existe, constitue-t-elle un fait ordinaire ow,. au.
contraire^ un fait exceplionnet? Pour le docteur Ashwel qui, l'un des
premiers, a écrit sur ce sujet {Ga%. méd de Paris^ 1837), la solution
de ces questions ne serait pas douteuse. « Les tumeurs, dit-il, se
ramollissent vers les derniers mois de la gestation, l'accroissement de
leur vascularité conduit' nécessairement à Tinflammation; une suppu-
ration de mauvais caractère se déclare et la mort arrive après i'ac-
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- 50^, -
couchement. C'est là^ je crois, ajoute-t-il, Thistoire pathologique
abrégée de ces sortes de tumeurs. » Mais pour appuyer cette manière
de voir, quelles sont les preuves invoquées par Fauteur anglais?
Quelques faits, la plupart écourtés et d'une signification, à mou avis,
fort douteuse. Ainsi, pour ne parler que des deux plus explicites, on
trouve dans l'un, à Tautopsie, « deux ou trois tubercules d'une dureté
cartilagineuse; deux autres, du volume d'une grosse noix,, sont enve-
loppés d'un kyste et ramollis dans Leur intérieur. » D^ns, l'autre
observation, on lit : « Le tissu de la tumeur était peu vascularisé ; à
sa face postérieure, elle était ramollie et fissurée, son intérieur offrait
de la matière purulente de mauvaise nature. » Voilà donc, au sujet de
la vascularisalion, une simple et unique mention, et encore s*agit-il
d'une mention restrictive plutôt que confirmative; relativement à
l'augmentation de volume, il n'existe nulle indication; et, sur le fait
du ramollissement, deux autopsies seulement semblent à peu près pro-
bantes. Toutefois, si l'on veut bien remarquer que, dans Tune, des
tubercules d*une dureté cartilagineuse coexistaient avec des tubercules
ramollis, et d'autre part que, dans les deux obsen'ations, aucun,
examen tendant à constater Tétat des tumeurs avant la grossesse ne
paraît avoir été pratiqué, on sera nécessairement conduit à restreindre
la valeur de ces deux autopsies au sujet de la part réelle qui revient
à la gestation dans l'altération des tumeurs.
On sait, en effet, que les fibromes de la matrice peuvent se vascu-
. lariser, s'accroître rapidement et se ramollir en dehors de tout état
de grossesse. Ces modifications de leur tissu constituent même un fait
assez ordinaire dans leur évolution naturelle. Dès lors, comment
affirmer, le plus souvent, que les altérations trouvées à l'autopsie
dépendent de la gestation, surtout si les tumeurs sont de date ancienne
ou si, dans leur voisinage, on en trouve d'autres qui offrent une
dureté cartilagineuse? Comment comprendre que la grossesse exerce
une action si puissante sur les unes sans modifier la marche des
autres ?
Qu'on lise l'observation de M. Huguier.(BtfZ/. de la Soc, de chirurg.y
1857, p. 94), celle du docteur Barnetche, dont nous a parlé M. Forget,
celle de M. Biot, publiée dans la thèse d'agrégation de M. Tarnier, etc.,
et Ton se convaincra aisément que la suppuration ou le ramollisse-
ment central des tumeurs peut aussi bien être rapporté à l'évolution
naturelle des fibromes qu'à l'influence particulière de la grossesse.
Quant à la tumeur molle et fluctuante, dont Cazeaux a entretenu la
Société à la suite de la communication de M. Huguier (Bu//, de la Soc,
de chirurg., 1857), elle ne peut être ici mise en causé, puisqu'il s'agis-
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— 306 —
sait non point d'un corps fibreux, mais bien d'une véritable hyper*
trophie du tissu utérin. Il importe, d'ailleurs, dans cette question, de
tenir un grand compte du temps qui, parfois, a est écoulé [entre l'ac-
couchement et Ja mort de la femme ; car si la grossesse, en elle-même,
n'exerce sur la marche des fibromes qu'une influence douteuse, il peut
n'en être pas de même des contusions produites dans le cours du tra-
vail, de même que des opérations nécessitées par l'extraction du fœtus
et des accidents inflammatoires qui, trop souvent alors, se manifestent
dans le temps des couches.
En ce qui concerne Taccroissement rapide des tumeurs, même
incertitude que pour le fait de leur ramollissement. On a cité des cas,
il est vrai, dans lesquels des fibromes de petit volume avaient sensi-
blement grossi dans le cours de la gestation. Mais comment a-t-on pu
apprécier les vraies dimensions de ces tumeurs ? Évidemment, ce n'est
que par le toucher vagino-rectal ou par le palper abdooodnal. Or, avec
le premier moyen, qui ne comprend que le développement progressif
de la matrice, son poids croissant et les pressions qu'elle exerce sur
les viscères voisins ne puissent rendre la tumeur plus explorable, plus
accessible au doigt et, par conséquent, plus volumineuse eu apparence
qu'elle ne semblait l'être en l'absence de ces conditions? Lorsqu'on
explore les fibromes à travers la paroi abdominale, semblable illusion
peut aussi se produire. Sur la fin de la grossesse, en effet, il arrive
que la pression excentrique de l'œuf expulse, en quelque sorte, de la
paroi utérine, les itumeurs qui y sont incluses. Celles-ci, dès lors,
devenant plus superficielles, plus extérieures, si je puis ainsi dire,
paraissent plus volumineuses qu'elles n'étaient auparavant, bien
qu'elles n'aient pas changé de dimensions. Il arrive même que des
fibromes méconnus jusque là révèlent ainsi leur existence. Cette pres-
sion excentrique de l'œuf et ses effets sur le déplacement des corps
fibreux sont si réels que, dans un cas (voir Gaz. des Hôp.y 1864,
p. 240), nous constatâmes, M. Depaul et moi, chez une femme près
d'accoucher, une large plaque dure qui occupait une grande partie de
la paroi antérieure de la matrice. Cette espèce de gâteau aplati, qui
dissimulait, pour ainsi dire, l'œuf derrière lui, était constitué par un
gros corps fibreux que nous trouvâmes parfaitement sphérique après
l'accouchement, c'est-à-dire quand la cavité utérine fut évacuée. La
forme aplatie qu'il offrait sur la fin de la grossesse était due aux deux
pressions en sens inverse de Tœuf et de la paroi abdominale anté-
rieur.
Chez madame C..., dont j'ai donné l'histoire, les petites tumeurs
qui occupent le corps de la matrice et qui. pendant la gestation,
a» «Aie. — TOMl IX. 39
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— *0« —
paraissaient grosses comme des amandes, se reconnaissaient à peine,
quelques jours après raccouchement, sous la forme de légères inéga-
lités à la surface de Tutérus. Or, pour moi, je n'hésite pas à penser
que ce changement est bien plutôt le résultat d'une réintégration des
tumeurs dans Tépaisseur de la paroi utérine, que celui d'une atrophie
consécutive à la gestation.
Quant au premier fait que nous a sommairement relaté M. Forget
dans sa communication, il me semble démontrer aussi que la grossesse
n'a eu, sur le développement du fibrome, qu'une influence très-faible
c« nulle. En effet, notre collègue nous apprend qu'une dame affectée
d'une tumeur volumineuse de l'utérus devint successivement trois
fois enceinte, conduisit à terme ses trois grossesses et n'eut de labo-
rieux que le dernier accouchement. Pour que les choses se soient
ainsi passées, il faut bien que l'accroissement ôë volume de la tumeur
se soit opéré avec lenteur. Car, bien que M. Forget n'ait pas indiqué
le laps de temps pendant lequel ces trois grossesses suivirent leur
cours, ee n'est pas exagérer en le supposant d'au moins trois anpées.
Si donc la tumeur a grossi dans cet intervalle, il n*y a rien là que de
très-conforme à révolaticm habituelle des fibromes, et je ne puis voir
dans ce cas un exemf^e décisif de l'action de la grossesse sur la célé-
rité de dévelof^ment de ces sortes de tumeurs.
Que si, maintenant, nous opposons à ces faits douteux le grand
nombre de ceux dans lesquels la grossesse paraît n'avoir exercé aucune
action sur l'évolution des fibromes ; si, par exemple, nous rappelons
le cas de M. Fallu, présenté dernièrement à la Société par M. Depaul,
de même que celui dont je viens de donner la relation; si nous invo-
quons les faits de même genre qui se trouvent publiés dans la Gazette
dtn Hôpitaux, 4862, p. 61, et 1864, p. 197, un autre présenté, en
mars dernier, à la Société anatomique par M. Lelong, etc., et tous
ceux dans lesquels, à côté de corps fibreux plus ou moins altérés, on
a rencontré de ces mêmes tumeurs à l'état de dureté cartilagineuse,
nous serons évidemment portés à conclure :
l"" Que \ai réalité des modifications imprimées à certains fibromes
utérins par la gestation, quoique très-vraisemblable, manque cepen-
dant encore d'une rigoureuse démonstration ;
2"* Que l'influence dont il s'agit étant supposée incontestable» on ne
saurait du moins la considérer jusqu'ici que comme un fait purement
exceptionnel.
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— 807 —
PRÉSENTATION DE PIÈGES.
Tmnear «areomateiide enkysté», développée «u nlveaa de Im
eomnUssiire du premier et du deuxième orteil.
M. Marjolin. La tumeur que j'ai Thonneur de soumettre à votre
^ eiamen a été enlevée il y a quelques jours chez un malade d'une cin-
quantaine d'années. Il y avait cinq à six ans que, sans cause connue,
sans avoir reçu de contusion sur le pied et sans avoir été blessé par
une chaussure, il avait vu survenir au niveau de la commissure du
premier et du deuxième orteil une petite tumeur molle, indolente,
sans changement de couleur à la peau, sans développement insolite
des veines. Aucun changement appréciable n'avait eu lieu au début,
mais, depuis deux ans, le volume de la tumeur avait notablement aug-
menté; elle avait la grosseur de la moitié d'une noix, s'étendait en
arrière entre les deux premiers métatarsiens, sans plonger dans leur
intervalle, et était devenue très-douloureuse dans la marche. Le ma-
lade pouvait encore porter des chaussures, mais il en souffrait.
La peau, dans ces derniers temps, était devenue rouge, un peu adhé-
rente. Bien que l'examen de la tumeur fût très- douloureux au tou-
cher, je dus, avant de prendre un parti, examiner si elle était mobile
ou adhérente aux tissus voisins, et chercher à déterminer sa nature.
S'agissait-il d'un kyste, d'un lipome ou d'une tumeur sarcomateuse?
Telle était la question. Après avoir constaté sa mobilité, l'absence de
toute fluctuation, je pensai qu'en présence des douleurs ressenties par
ce mal ade, nous devions avoir affaire à une tumeur sarcomateuse, et
j'incliaai d'autant plus vers celte opinion que je me rappelai un cas
presque semblable que j'avais vu dans le service de Blandin et démon
père à l'hôpital Beaujon. En conséquence, j'engageai le malade à se
faire opérer le plus tôt possible. Je pratiquai l'extraction de la tumeur
assisté de M. Chaume, interne de mon service. Après avoir, par
l'anesthésie éthérée locale, diminué la sensibilité de la peau, je fis
une incision elliptique, et la tumeur put être très-facilement énuclée.
Elle ressemblait assez, comme vous le voyez, à une prostate; sa cou-
leur était d'un rouge violet; la membrane, d'enveloppe était assez ré-
sistante. L'opération fut aussi simple que possible. En examinant à
l'oeil nu sa coupe, elle présentait tout à fait Taspecl des tumeurs fon-
gueuses sarcomateuses, ce qui est toujours à considérer au point de
vue du pronostic.
L'examen de la pièce a été fait depuis par M. le doeteur Corail, et
Toici ce qu'il m'a écrit à ce sujet :
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~- 308 —
« La petite tumeur que vous nous avez envoyée présente par le ra-
clage des petits éléments fîbro-plastiques et de grosses cellules-mères
à prolongements irréguliers, semblables aux éléments décrits par
M. Robin sous le nom de myéloplaxes. Sur une coupe on trouve
d'énormes noyaux à parois très-minces, remplis de sang, et un
tissu composé des éléments précédents dans une substance fondamen-
tale et Gbrillaire.
K En résumé, c'est un sarcome : comme gravité il faut craindre une
récidive sur place et se regarder comme très-heureux si raffection ne
repullule pas. »
La séance est levée à cinq heures et demie.
Le Secrétaires D^ Léon Labbé.
SÉANCE DU 15 JUILLET 1868
Présidence de H. LEGOVEST
Le procès-verbal de la précédente séance est lu et adopté.
CORRESPONDANCE -
La correspondance comprend :
— Les journaux de la semaine.
— UArl dentaire,
— Le Journal de Médecine et de Chirurgie pratique»,
— Le Stfd médical (de Marseille).
— H. Duplay offre à la Société le premier fascicule du tomelll du
Traité élémentaire de pathologie externe^ commencé par M. FoUin. La
Société remercie Tauteur.
DISCUSSION.
liaxatlens de la hanehe.
M. Després. La pièce présentée par M. Tillaux me paraît être une
luxation cougéniale. Je me fonde sur plusieurs caractères de cette
luxation. D'abord, je n'ai point trouvé dans le traclus fibreux, donné
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— 309 —
comme un vestige de la capsule, uq débris de capsule. Autant que
mes souvenirs me le rappellent, ce tractus fibreux renfermait du
muscle et ne s'insérait pas sur l'épine iliaque antérieure et inférieure.
Il y a une capsule nouvelle complète, et il n'y a pas d'arthrite sèche
dans la cavité nouvelle, comme cela a lieu dans les luxations an-
ciennes. J'ai remarqué aussi sur cette pièce la déformation triangulaire
de la cavité cotyloïde, l'élévation du pubis, ce qui constitue deux
caractères de la luxation congéniale. M. Anger a, dans son Iconogra»
phie des maladies chirurgicales, représenté la pièce d'une luxation
très-ancienoe. La cavité cotyloïde était remplie de graisse; la nouvelle
cavité était aussi remplie de graisse, et il y avait de l'arthrite sèche.
Je regrette que la pièce ne soit pas ici, j'aurais sans doute mieux
expliqué ma pensée; mais autant que cela peut être affirmé quand les
antécédents font défaut, je crois que M. Tillaux nous a présenté une
luxation congéniale.
PROPOSITION RELATIVE AUX VACANCES.
Une proposition relative à la question des vacances, et appuyée par
plusieurs membres, est déposée sur le bureau.
Une discussion s'engage alors entre plusieurs membres : MM. Broca,
Trélat, Dolbeau, Marjolin, Chassaiguac.
M. Broca fait observer que- les vacances ont été décidées Tannée
dernière, et qu1l n*y a pas lieu de revenir sur ce sujet. M. Dolbeau
rappelle que la Société n'a pas été convoquée régulièrement, que ses
délibérations ont eu lieu à un moment oii elle n'était pas en nombre,
et que, par conséquent, cette (piestion doit être soumise de nouveau
à la discussion.
Après quelques paroles encore échangées à ce sujet, la Socîélé,
consultée, décide que cette question sera mise à l'ordre du jour de la
prochaine séance et traitée en séance publique.
PRÉSENTATION d' INSTRUMENT.
M. Blot présente, de la part de M. le ^octeur Morales : !• un for-
ceps auquel celui-ci a fait subir une modi6cation qui consiste à avoir
coudé l'instrument au niveau de sa partie articulée; 2'' un porte-lacs
particulier.
M. Tarnibr. Je trouve peu utile de chercher à créer des instru-
ments pour faciliter le glissement du lacs. Avec la main seule, on
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— 810 ~
peut porter le lacs sur le pied jusque dans l'utérus. J*ai exéeuté plu-^
meurs fols cette mane&uyre très-facilement. Je fais an-nœud coulant
arec le lacs, et je porte celui-ci sur mes doigts jusque sur la partie à
saisir.
M. Blot. Dans Tapplication du lacs, la difficulté ne consiste pas à
introduire celui-ci autour du pied, mais, le plus souvent, à le serrer.
Peut-être, dans ce dernier temps de la manœuvre, Tinstrument de
M. Morales pourrait rendre service.
M. Dbpavl. Je pense que le besoin de la modification apportée au for*
ceps par notre confrère ne se faisait pas sentir.
Quant à ce qui a trait au lacs, je suis un peu de Tavls de M. Blot
contre M. Tarnier. Cela n'est pas facile de faire passer le nœud coup-
lant de sur ses doigts sur la partie qu'on veut saisir. Le lacs est
encore plus difficile à placer sur la main, et j'ai vu M. Dubois ê'j
reprendre à six fois.
Dans un voyage que j'ai fait en Belgique, j'ai vu un porte-cordon
construit sur les indications de M. Hyernaux. Il consiste en une
espèce de petite fourche qui supporte le lacs et parait quelquefois pou-
voir rendre service.
En résumé, tous ces instruments peuvent être utiles dans quelques
cas exceptionnels, mais le plus ordinairement, la main suffit.
DISCUSSION.
Corps fibreux 4e l'atém».
M. GuTON. J'ai été étonné en entendant les conclusions du travail
lu par M. Guéniot dans la dernière séance. Il m'a paru que notre con-
frère tombait dans l'exagération en voulant nier les modifications
dont les corps fibreux peuvent être le siège pendant la grossesse.
Je veux vous entretenir d'un fait que j'ai observé tout récemment
et qui ne s'accorde pas du tout avec la manière de voir de M. Guéniot.
U s'agit d'une femme qui porte un corps fibreux depuis quelques
mois seulement, suivant elle, mais très-probablement depuis beau-
coup plus longtemps. Il s'agit d'un corps fibreux interstitiel, l'utérus
est en rétroversion et le col çst porté en avant, derrière les pubîs.
Cette femme venait à l'hôpital pour y être soignée d'une rétention
d'urine. Lorsque je pratiquai le toucher, je pensai d'abord à «ne
grossesse; mais celte femme m'affirma qu'elle était très-bien réglée et
que les règles viendraient sans doute le lendemain.
Les règles vinrent en effet.
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r
Lorsque la période menstnielle fut passée, je constatai que la
tameur était beaucoup plus dure et avait diminué de volume. Au
débat, il était impossible de pratiquer la réduction de latâmeur,
tandis que cela devint très-focile, tme fois Fépoque menstruelle
passée.
Il est bien évident qu'à chaque période des règles, cette tumeur
devenait plus volumineuse et donnait naissance à une rétention
d'urine.
En rapprochant ces faits, je crois pouvoir conclure que, même pen-
dant la période menstruelle, un- corps fibreux peut être modifié; mais
assurément, pendant la grossesse, des modifications analogues
peuvent avoir lieu, et parmi les faits de cette nature, celui cité par
M. Danyau est un des plus complets. Ce corps fibreux avait pris
un développement considérable pendant les premiers mois de la gros-
sesse.
La séance est levée à quatre heures trois quarts.
Le iscrékÀref D*^ Léon Laibb.
s£aNOE du %% JUILLET 1868
PrësicleMe d« M. L.EeOUEST
CORRESPOND AMGB
la correspondance comprend :
— Les journaux de la semaine. — Le BMelm de thérapeutique. —
La Gazette médicale de Strasbourg. -<- Le Journal de médeme de
fOueet.
•
A la suite d'une discussion sur la proposition de suspendre les
■éances pendant la durée des vacances, discussion à laquelle prennent
part MM. Marjolin^Ghassaignac, Trélat, Yerneuil, Depaul, Giraldès et
Leiati, la Sodété décide ^u'ona GoBiiniBBioQ set a noBimée fnur faire
BB rapport sur <ett*que«tm.
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— 312 —
LECTURE.
M. Baillt lit un mémoire sur un cas de corps fibreux de i'utérus
accompagné de rétroversion momenlanée de la matrice pendant les
règles.
La séance est levée à six heures et demie.
Le secrétaire^ D' Léon Labbb.
SÉANCE DU 29 JUILLET 1868
Présidenee de III. L.ESOIIEST
Le prooès-verbal de Ja précédente séance est lu et adopté.
RAPPORT.
M. SÉE donne lecture d'un rapport sur un mémoire de M. Giraud-
Teulon, sur l'accommodation de l'œil. Le mémoire et le rapport sont
renvoyés aux archives.
JBLBCTION.
La Société nomme une Commission chargée d'étudier la question
du congé annuel. Après plusieurs tQurs.de scrutin^ sont nommés à la
majorité absolue :
MM. Guérin, Broca, Tréiat, Legouest, Yerneuil.
PRÉSENTATION DE PIEGE.
M. Yerneuil présente une pièce pathologique provenant d*un ma-
lade âgé de 5 à 6 ans, atteint de décollement épiphysaire de l'extrémité
inférieure du fémur, pour lequel il pratiqua l'amputation de la cuisse.
. DISCUSSION.
Sar les eorps fibreux de l'utérns eomme obstaele
â raeeouehement»
M. DsPAUL. Dans une de vos dernières séances, M. Guéniot vous a
communiqué une très*intéressante observation relative à un fibrome
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^ 3lg —
utérin saillant du côté de la cavité péritonéale, en grande partie en-
gagé dans Texcavation pelvienne, et qui, par son volume, avait fait
crainidre les plus graves complications pour le moment de raccouche-
ment. Vous n'avez pas oublié comment les efforts naturels suffirent à
dissiper des craintes pourtant bien légitimes, et comment la malade
accoucha, sans grande difficulté, d'un enfant vivant et parfaitement
viable.
Je vienç aujourd'hui vous demander la permission de vous sou-
mettre une observation qui a la plus grande analogie avec la précé-
dente, et qui a eu une terminaison non moins heureuse.
L'étude et l'interprétation de ces deux faits, leur comparaison avec
quelques autres que possède la science, ou avec ceux que j'ai pu déjà
recueillir dans ma pratique, me permettront, j'espère, d'apporter
quelque lumière dans une question d'obstétrique encore obscure et
qui est digne, sous tous les rapports, de fixer l'attention des chi-
rurgiens.
Voici d'abord cette observation :
Fibrùmeg utérins péritonéaux muUipleSy compliquant une première
grossesse, l'un d'jBux obstruant presque cemplétement V excavation, —
ÂccQuchemenl spontané et heureux pour la mère et pour Venfant, -—
Madame L».., femme d'un peintre distingué, âgée de 36 ans, mariée
depuis six ans environ, avait toujours eu une excellente santé, et à
part quelques irritations intestinales, on pouvait la considérer comme
une femme forte et robuste.
Sa mère avait eu huit grossesses, dont trois doubles. Quant à elle,
elle fut réglée à l'âge de 13 ans sans aucune difficulté, et depuis cette
époque la menstruation suivit une marche régulière. L'écoulement
sanguin ne durait que trois ou quatre jours chaque mois et était peu
abondant et ne donnait d'ailleurs lieu à aucune douleur abdomi-
nale ou utérine.
Les cinq premières années de son mariage se passèrent sans qu'elle
devint enceinte. Je dois dire cependant que cela dépendait probable-
ment, non pas d'un état utérin qui aurait rendu la conception difficile,
mais bien de dispositions particulières prises par le mari, qui préfé-
rait se réserver pour plus tard les douceurs de la paternité. Je me suis
cru autorisé à commettre cette petite indiscrétion pour qu'on ne se
livrât pas à des interprétations erronées.
La dernière apparition des règles avait eu lieu le 30 août 1867.
Déjà vers la fia du mois de septembre elle éprouvait du malaise et des
t" série. — TOU UL. 40
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— 314 -
besoins fréquents d'uriner, surtout la nuit. Dans le milieu du mois
d'octobre, des troubles dans les fonctions digestives commencèrent à
se manifester. Dégoût pour les aliments, dyspepsie, etc. A la fin de
ce mois, un vomissement eut lieu le matin, à jeun. Au commencement
de novembre, madame L... étant alors à la campagne (en Bourgogne),
reconnut qu'elle avait une tumeur dans le ventre. Un médecin de la
localité fut consulté et ne lui cacha pas que le cas lui paraissait très-
embarrassant. Toutefois il émit Topinion qif il y avait probablement
une grossesse compliquée d'une maladie.
De retour à Paris, elle demanda, le 25 novembre, les conseils de
M. le docteur Lorain, qui était depuis longtemps le médecin et Tarai
de la famille. Celui-ci reconnut la présence de tumeurs fibreuses dans
Tabdomen et le bassin, et il conseilla d'aller consulter M. Nélaton,
qui, de son côté, constata les tumeurs et soupçonna la grossesse, sans
toutefois pouvoir en obtenir la preuve certaine. Aussi il recommanda
de ne rien faire pour le moment et d'attendre qu'on fût fixé sous ce
dernier rapport.
Du 12 au 44 janvier, madame L... sentit les premiers mouvements
de son enfant, et le 25 février M. Lorain entendit très-nettement les
battements du cœur fœtal. Le doute n'étantplus possible et notre con-
frère comprenant toute la gravité de la situation, voulut bien réclamier
mes conseils.
Le 14 mars de cette année, il accompagna madame L... chez moi,
et tous deux me donnèrent les renseignements que je viens de relater.
J'ai déjà dit que la dernière époque des règles remontait au
30 août 1867; mais j'appris en outre qu'il y avait des raisons toutes
particulières pour admettre que la conception avait eu lieu le 8 sep-
tembre. Je pus donc établir qu'au moment de mon premier examen la
grossesse était arrivée à six mois et une semaine.
Il me fut d'abord facile de m' assurer de sa réalité. Une ligne brun
foncé, s'élargissant au niveau de l'ombilic, existait sur le trajet de
ligne blanche. Le ventre, sur lequel je reviendrai bientôt, était nota-
blement développé, mais avait une forme insolite. Les seins, fermes
et volumineux, offraient des aréoles et des mamelons colorés en
brun foncé. Les tubercules papillaires étaient plus gros que d'habitude.
Enfin, pour épargner des détails inutiles, je dirai que par l'ausculta-
tion j'entendis les battements du cœur fœtal un peu au-dessous de
l'ombilic et le bruit de souffle utérin dans la région latérale gauche.
A la simple inspection, la conformation de l'abdomen offrait quelque
chose d'inaccoutumé. En avant et un peu à gauche, à deux doigts de
l'ombilic, on voyait se dessiner une bosselure arrondie que la palpa-
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— 315 —
tion nie montra bienlôt être mobile et que je pus alternativement
incliner à droite et à gauche en la faisant glisser entre l'utérus et les
parois abdominales. Celle bosselure, assez régulièrement arrondie,
avait le volume d'une mandarine et tenait par un pédicule à gauche
de la paroi antérieure de la matrice. Sa consistance assez ferme don-
nait la sensation des corps fibreux ordinaires. Dans une région un peu
plus élevée et à peu près sur la ligne médiane, je découvris un autre
iBbrôme ayant environ la grosseur de l'extrémité du pouce, arrondi à
son sommet, faisant une saillie d'à peu près 2 centimètres, plus dur
que le précédent, enchâssé par une large base dans le tissu utérin et
complètement immobile. Entre ces deux tumeurs et dans toute la région
latérale gauche, les parois de la matrice présentaient leur souplesse
ordinaire. Mais à droite et en bas, au-dessus de la branche horizon-
tale du pubis de ce côté, je sentis, s'élevant jusqu'à deux doigts de
l'ombilic, une masse épaisse s'étendant vers la fosse iliaque droite et
tenant à la partie correspondante de l'utérus, dont elle était manifeste-
ment une émanation. On ne pouvait lui communiquer aucun mouve-
ment spécial, et elle ne subissait d'autres déplacements que ceux qu'on
imprimait à l'utérus tout entier. Il était évident qu'il tenait au tissu
utérin par une large basé. Sa consistance, ferme. Tétait cependant un
peu moins que celle des deux fibromes précédemment décrits. Tout
indiquait d'ailleurs que cette masse plongeait dans la cavité pelvienne
avec une partie du segment inférieur de la matrice.
Le toucher vaginal me permit de constater en effet que les deux
tiers de l'excavation étaient occupés par une prolongation de cette
tumeur qui, par sa partie inférieure, descendait presque jusqu'à la
branche ischio-pubienne droite, en rapport par sa surface externe
avec la région latérale droite du bassin et empiétant même un peu en
arrière sur le côté opposé. Comme elle était un peu plus épaisse à sa
partie supérieure, il en résultait que l'obstruction du bassin allait en
augmentant de bas en haut. Cette portion pelvienne de la tumeur me
parut un peu plus souple que la partie qui dépassait le pubis. Elle
était complètement immobile, et les efforts que je fis pour la soulever
restèrent infructueux. Le col de la matrice, très-élevé, fut difficile-
ment atteint. Il était fortement rejeté à gauche et en arrière et eomme
accolé à la paroi correspondante du bassin. Peu long et déjà ramolli,
il semblait sortir de la masse fibreuse avec laquelle il était très-inti-
mement uni par toute sa région gauche. Aucune partie fœtale n'était
accessible.
Arrivé à ce point de mon examen, je me crus suffisamment rensei-
gné pour établir mon diagnostic. Il était évident que j'avais sous les
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— 316 -
yeux une femme grosse (fnn peu plus de six mois avec un utérus à
la surface externe duquel proéminaient plusieurs corps fibreux. J'ai à
peine besoin de dire que toutes mes préoccupations se portèrent sur
celui que j'ai décrit en dernier lieu et qui obstruait déjà ie bassin
dans de si grandes proportions. Je n'eus pas de grands efforts à faire
pour communiquer mes inquiétudes à M. Lorain, qui avait déjà com-
pris toute la gravité de la situation.
A partir de ce moment, il fut décidé que je prendrais la direction
de la malade, et comme j'étais très -désireux d'étudier avec grand
soin ce fait intéressant, je demandai à la voir tous les quinze jours.
C'est ce qui eut lieu, en effet, à partir du 14 mars. Madame L..., qui
comprenait très-bien sa position exceptionnelle, vint régulièrement
cbez moi, et à chacune de ses visites je recommençais un examen
complet. Il devint très-évident que les trois fibromes s'accroissaient
dans une proportion notable et que celui qui s'engageait dans te bassin
j occupait une place de plus en plus grande. Chaque fois je trouvais
un peu diminué l'espace qui existait à gauche et en arrière, et le col
devenait plus difficile à atteindre. Je pus noter en même temps que la
consistance de la masse pelvienne diminuait. Pareille modification se
produisait pour la tumeur pédiculée. La petite tumeur à base large
resta beaucoup plus dure.
Après deux mois d'observation, ne voyant aucune modification
favorable se manifester qui permît d'espérer une terminaison heu-
reuse, je résolus, dans l'intérêt de la malade et aussi poli^ mettre ma
responsabilité à couvert, de provoquer une consultation. La famille
m' ayant laissé toute latitude, je priai MM. Nélaton, Loraln, Tarnier
et Guéniot de vouloir bien se joindre à moi, et le 20 mai nous nous
rendîmes chez madame L...
Après avoir exposé à mes confrères ce que j'avais constaté à ma
première visité, qui remontait alors à deux mois et une semaine, après
leur avoir fait part de mes observations nouvelles dans mes examens
successifs, chacun d'eux se livra à une investigation longue et minu-
tieuse, de laquelle il résulta une opinion unanime au point de vue de
l'état analomique, qui fut la confirmation de ce que j'ai précédem-
ment indiqué sous ce rapport.
Tous mes confrères furent frappés de la place considérable que le
fibrome inférieur occupait dans la cavité pelvienne ; ils constatèrent
son immobilité, l'élévation du col et son refoulement à gauche et en
arrière.
Quant aux deux autres tumeurs , on les examina ; mais elles
éiaient trop élevées au-dessus du détroit abdominal pour faire craindre
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— m —
quelques difficultés au point de rue des phénomènes mécaniques de
la parturition.
Une longue discussion s*engagea ensuite sur les éyentualités pos-
sibles et sur ce que je pourrais être appelé à faire au moment de Tac-
couchement. Je ne crois pas nécessaire de reproduire ici les différenleg
opinions qui furent émises. Je me contente de dire que tout le monde
fut d'accord sur les résolutions suivantes : !• laisser la grossesse
arriver à son terme ; 2o faire une large part, au moment de Taccou-
chement, aux efforts naturel? ; 3** les aider par tous les moyens pos-
sibles, pour désobstruer le bassin ; 4<> se tenir prêt pour l'opération
césarienne, dans le cas où la tumeur ne se déplacerait pas.
Les consultants étant nombreux et chacun ayant cru devoir exami-
ner avec détail, notre réunion, qui dura longtemps, fut un peu fatigante
pour madame L... A partir de ce moment, elle éprouva de temps en
temps quelques petites douleurs dans la région utérine ; mais, pendant
sept à huit jours, elles restèrent assez faibles et assez éloignées, et
elle ne crut pas devoir me prévenir.
Le 28 mai, à deux heures et demie du matin, des contractions uté-
rines plus rapprochées et plus douloureuses se déclarèrent. Ne se re-
produisant d'abord que tous les quarts d'heure, elles se rapprochèrent
insensiblement et ne furent bientôt plus séparées que par des inter-
valles de quatre à cinq minutes.
A huit heures et demie du matin, les membranes s'ouvrirent spon-
tanément, et il s'écoula une assez grande quantité de liquide amnio-
tique. On partit alors pour me prévenir, et comme je n'étais pas chez
moi, on courut successivement chez MM. Lorain, Guéniot et Tarnier,
et c'est ce dernier qu'on put enfin rencontrer. Il était environ dix
heures et demie quand il arriva : le toucher lui permit de constater
qu'on pied avait franchi l'orifice et était profondément engagé dans le
vagin. Il reconnut en outre que la tumeur s'était sensiblement dépla-
cée et qu'elle laissait à gauche du bassin un espace plus considérable.
J'arrivai moi-même trois quarts d'heure après et je pris la direction
de l'accouchement. Le pied droit, ayant une teinte violacée, petit et
appartenant évidemment à un enfant d'un volume moyen, se voyait
entre les grandes lèvres. Le cœur fœtal battait régulièrement. Les
contractions utérines revenaient toutes les trois ou quatre minutes et
étaient énergiques. Le doigt introduit dans le vagin trouva l'orifice
encore élevé et traversé par le membre inférieur, dont le pied se
voyait à l'extérieur. L'autre membre était resté fléchi et le second pied
était encore au niveau du dt tioit supérieur. Le cordon ombilical ne
faisait pas procidence; quant à Torifice, il était déjà notablement di-
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-^ 818 -
laté. Le diamètre de son ouverture me parut être d'environ 4 à 5 cen-
timètres; mais ce qui me frappa surtout, ce turent les moditications
importantes qui s'étaient produites dans les rapports de la tumeur
avec l'excavation pelvienne. Celle-ci qui, naguère, était obstruée dans
plus des trois quarts de son étendue à la région supérieure, me
parut débarrassée du fibrome dans plus de la moitié de sa capacité, et
c'est naturellement du côté gauche que la place s'était faite.
Ce résultat n'était pas dû à l'aplatissement de la tumeur, mais
celle-ci avait évidemment exécuté un mouvement ascensionnel, et on
la trouvait beaucoup plus volumineuse à droite de Tabdomen. Je com-
pris que la malade était sauvée et que j'allais voir se compléter, par
les seuls efforts naturels, ce qui était déjà si largement commencé. Je
D*ai pas besoin de dire avec quel intérêt je suivis les différentes phases
de ce travail. Je vis se produire une dilatation de plus en plus grande.
La tumeur remonta progressivement vers l'abdomen, et bientôt ce qui
restait encore dans la partie supérieure de l'excavation devint assez
mobile pour qu'il me fût facile de l'en éloigner complètement avec Te
doigt.
Vers midi et quart, la dilatation était à peu près complète, et l'ex-
trémité pelvienne un peu plus engagée. Voulant augmenter l'énergie
des contractions utérines qui s'affaiblissaient depuis quelque temps, je
fis prendre 2 grammes de seigle ergoté en quatre doses. L'action du
médicament ne tarda pas à se faire sentir, et je plaçai alors la malade
en travers, sur le bord d'un lit suffisamment élevé pour être en
mesure de seconder le passage de l'enfant Au moment d'une contrac-
tion, le doigt indicateur de la main droite me servit à remonter
au-dessus du détroit supérieur ce qui restait encore de la tumeur, et
au même instant, saisissant avec la main gauche le membre inférieur
déjà sorti, j'engageai définitivement le pelvis jusqu'au détroit infé-
rieur. Après avoir veillé à la sortie des hanches et m'êlre assuré de
rétat du cordon, je dus intervenir pour le dégagement des bras, qui
s'étaient relevés La manœuvre ne fut pas longue, mais de plus
grandes difficultés m'attendaient pour l'extraction de la tête. J'avais
eu soin de diriger l'occiput en avant, et cependant, pour l'entraîner»
il me fallut porter deux doigts de la main gauche sur la nuque, intro-
duire deux doigts de la main droite dans la bouche et tirer assez fort
pendant plusieurs minutes. Je dois dire, toutefois, que la difficulté ne
dépendit pas de la tumeur, mais bien du plancher du bassin^ qui était
épais et résistant.
Lu cordon fut coupé et lié immédiatement. L'enfant était pâle, ané-
mique et dans un état de mort apparente aussi complet que possible.
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— 319 —
Ses membres étaient flasqaes; il ne fit aucune inspiration, et l'examen
du cœur ne me permit pas de constater la plus légère pulsation. Je le
portai sur une table, et là, après avoir débarrassé la bouche de
mucosités abondantes et avoir sans succès, pendant quelques minutes,
employé les moyens ordinaires, j'eus recours à l'insufflation pulmo-
naire. Le premier résultat obtenu fut de faire battre le cœur, et bientôt
se produisirent quelques petites inspirations spontanées. Après vingt
ou vingt-cinq minutes de soins, l'enfant était complètement ranimé et
poussait des cris rassurants.
Je revins alors à la nière, et trouvant le placenta dans le vagin, j*en
fis l'extraction à l'aide de quelques tractions sur le cordon. Il ne
s'écoula qu'une très-petite quantité de sang, moins que chez la plu-
part des femmes. L'état général était excellent, le pouls parfaitement
calme, et madame L... fut remise dans son lit, très-heureuse d'en être
quitte à si bon compte. Avant de m'en aller, je voulus savoir ce
qu'étaient devenues les tumeurs, et je fis un examen par le ventre et
par le vagin : l'excavation était complètement débarrassée . Le col
seul, épais et peu long, en occupait le centre et était très-élevé.
A travers les parois abdominales, on sentait une grosse masse
inégale dépassant de quatre travers de doigt la cicatrice ombilicale
et s'étendant d'une fosse iliaque à l'autre. A droite, on distinguait le
fibrome inférieur, formant une grande partie de la tumeur et remon-
tant jusqu'au dessus de l'ombilic.
Plus à gauche que pendant la grossesse, la tumeur fibreuse pédî-
culée et plus mobile ; au milieu est à peu près au niveau de l'ombilic,
le petit fibrome à base large, toujours plus dur que les deux autres.
Les deux premiers jours se passèrent dans un état parfait. Lochies
sanguines très-modérées, sans caillots et sans fétidité. La mlaade urine
sans difficulté. Les nuits sont excellentes ; pouls à 80. Pour boisson,
infusion de fleurs de tilleul et sirop d^ cerises étendu d'eau. Comme
aliments, du bouillon et des potages.
Le 31 mai, même état général excellent. Il survient seulement de
violentes tranchées utérines qui sont combattues avec avantage par
des onctions sur l'abdomen avec une pommade belladonée et l'admi-
nistration de petits lavements laudanisés. Pouls à 80; même régime.
!•' juin. — Les coliques sont revenues pendant la nuit et ont été
très-violentes. L'état général est d'ailleurs toujours satisfaisant. On
revient à Tusage de la pommade belladonée et des lavements laudar
nisés, et le calme ne tarde pas à reparaître.
2 juin. ~ Déjà, depuis la veille, la montée du lait a commencé à
le faire. Je trouve les seins fermes et un peu sensibles au toucher; le
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pouls bat toujours 80 fois :par minute. Madame k.v* se plaiat de nott->^
yeau de traDcbées, qui sont encore calmées par les mêmes mojrens.
Les lochies sont encore sanguinolentes, mais en petite quantité. L
col, très-élevé, se trouve dans la direction de l'axe du détroit supé-
rieur; la tumeur ne s'est pas réengagée. Le fond de la matrice s'élèye
de trois doigts au-dessus de l'ombilic.
Le 3 juin, madame L... est purgée avec 30 grammes d'huile de
riciu et du bouillou aux herbes. Plusieurs garde-robes sont obtenues
et l'état est toujours excellent.
Le 4 et le 5 juin, rien de particulier à noter. On donne quelques
aliments solides qui sont très-bien su{^ortés.
Le 6 juin^ le fond de l'utérus s'est encore abaissé : il ne dépasse
plus que de deux doigts la cicatrice ombilicale. Le fibrome inférieur
(iiminue un peu de volume ; il eo» est de même de celui qui est pédicule
et toujours mobile. Depuis quelques jours» on le trouve presque
constamment au-dessous de la région épigastrique, à peu près sur la
ligne médiane.
Le 7 juin^ le fond de l'utérus ne dépasse plus que d'un doigt Yom -
bilic. U est vrai que le segment iafériettr, moins Tolumineux, est un
peu descendu dans l'excavation, entraînant le fibrome qui remplit à
peu près la moitié de la régie» supérieure de cette cavité. Il s'écoule
toujours un peu de sang.
À partir de ce moment, j'ai tu madame L... presque tous les jours
et je l'ai complètement examinée un grand nombre de fois. Pour ne
pas augmenter les proportions de cette observation, déjà très-
longue, je me contenterai de résumer très-brièvement les principale
remarques que j'ai faites et surtout celles qui se rapportent au retrait
de Tulérus et des tumeurs.
La masse totale représentée par Tutérus et les fibromes qui en
constituent maintenant la plus grande partie, s'élève encore, jusque
vers le 15 juin, un peu au-dessus de l'ombilic. Dès cette époque, elle
diminue insensiblement chaque jour, et il est facile de reconnaître
que c'est aux dépens du tissu utériu que la diminution s*opère. Le
corps fibreux pédicule, qui était resté pendant plusieurs jours
au-dessus de l'ombilic, se porte petit à petit à gauche et se cache de
plus en plus dans la fosse iliaque de ce côté. Le co/'ps fibreux prin-
cipal entoure la partie inférieure de l'utérus dans plus de la moitié
de sa circonférence. La partie inférieure reste définitivement engagée
dans l'excavation, tandis que, par la partie supérieure, il continue à
•'élever à plusieurs travers de doigt au-dessus du pubis. Quant au
petit fibrome^ il oocupe toujours la partie médiane; il parait se déta-
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— 321 —
cher du fond de la matrice et reste longtemps voisin de Tombilic. Un
écoulement sanguin très-peu abondant dès le début a continué, en
diminuant, mais presque sans interruption, pendant quatre semaines.
Durant tout ce temps, j'ai tenu madame L... couchée dans son lit, et
c'est seulement lorsqu'elle n'a plus rien perdu que je Tai autorisée
d'abord à se placer sur un canapé, puis à faire quelques pas dans sa
chambre et enfin bientôt à sortir et à reprendre sa vie ordinaire. Je
dois dire que tout cela a pu être fait sans aucun inconvénient; j'ai pris
la précaution de lui faire porter une ceinture élastique pour soutenir
la région inférieure du ventre, et je continuerai à la voir de temps
en temps pour étudier jusqu'à la fin ce qui se passera du côté des
tumeurs.
Ma dernière visite est du 9 juillet, et voici ce que j*ai noté :
Le fond de l'utérus* est à un travers de doigt au-dessous de Tom-
bilic. Ce qui me démontre que c'est bien lui que je touche, c'est que
je retrouve implanté, sur sa partie la plus élevée, le petit fibrome
immobile dont j'ai déjà si souvent parlé. Le fibrome du côté droit
s'élève encore presque aussi haut que le fond de la matrice. Par
en bas, il plonge toujours dans l'excavation dont il remplit encore
une notable partie. Le col, peu saillant, est incliné à gauche et en
arrière et parait se détacher comme une saillie sculptée dans la masse
fibreuse, qui le dépasse un peu à droite. Le fibrome pédicule est couché
dans la fosse iliaque gauche, danslaquelle il jouit d'une grande mobilité.
Quant au volume de ces tumeurs, il me paraît incontestable qu'il a
déjà très-sensiblement diminué. C'est surtout pour celle qui est pédi-
culée que cela me parait évident. La droite conserve encore un dia-
mètre vertical considérable, mais il ne me parait pas douteux que
transversalement, et d'avant en arrière, elle ait déjà perdu sensible-
ment de ses dimensions.
Sous le rapport de la consistance, je crois pouvoir affirmer égale-
ment qu'elle devient chaque jour plus considérable. Au reste, un mois
et douze jours se sont à peine écoulés depuis l'accouchement, et l'ob-
servation de faits ahafogues m'a démontré qu'il fallait un temps plus
long pour bien apprécier les changements complets qui peuvent se
produire dans les fibromes utérins. Il sera donc intéressant de suivre
encore pendant longtemps madame L..., et je me ferai un devoir de
soumettre à la Société mes nouvelles constatations.
J'ajoute en terminant que l'enfant, qui est du sexe masculin, ne
pesait que 2 kilos 500 grammes au moment de la naissance. Il a été
confié à une bonne nourrice, et aujourd'hui (9 juillet), il se développe
à merveille et pèse déjà 3 kilos 635 grammes.
2« sérU. — TOME IX. 41
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- 328 ^.
p,-5. -^ J'ai YU madame L..., poar la dernière fois, le 25 juillet.
La difflinulioQ des tumeurs continue, d'une manière très-notable, du
câié de Tabdomen et du côté de Texcavation pelvienne.
J'ai appris hier, S8, qu'elle avait ses règles depuis la veille. Je ne
manquerai pas de l'examiner dans quelques jours, et à la manière
dont les choses se sont passées depuis deux ou trois semaines, je ne
doute pas qu'il ne me soit donné de constater une nouvelle diminu-
tion dans le volume des fibromes.
Je ne manquerai pas de tenir la Société au courant des résultats
que je constaterai.
La séance est levée.
Le Secrétaire^ D>^ Lbom Labbjâ.
BÉANOB DU 6 AOUT 18Q8
VrésMenee de M. LEaOUEST
Le procès-verbal de la précédente séance est lu et adopté.
CORRBSPONDANGI.
La correspondance comprend :
— Les journaux de la semaine.
— La Gazette médicale de Strasbourg,
«- Le Bulletin de thérapeutique.
— Les Archives générales de médecine^ numéro d'août.
— La Revue médicale de Toulouse,
— Le Sud médical,
-— H. Liégeois dépose sur le bureau, de la part de M. Byasson,
pharmacien en chef de l'hôpital du Midi : Essai sur la relation qui
existe à Vétat physiologique entre l'activité cérébrale et la composition
des urines; de la part de M. le docteur Guillaume, Tarticle Bégaie-
ment, extrait du Dictionnaire encyclopédique des sciences médicales,
— M. Samuel Gross, professeur de chirurgie à Jefferson-Médical-
Collège, à Philadelphie^ adresse à la Société deux ouvrages impor-
tants ; A praclical Treaiise on the diseases, injuries and malformations
oftheurinary bladder, the prostate gland and the urethra. Philadel-
phie, i85S, 1 vol. in-8<». — A System o/ surgery. Philadelphie
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- S23 -
1866, % Yolumes in-8« aveô nombreuses figures intercalées dans le
texte.
— Lettre de M. Broca, annonçant la mort de M. Hiddeldorpf,
membre correspondant) à Breslau.
A quatre heures et demie, la Société se forme en comité secret
et décide qu'elle prendra des vacances du 15 août au !«' octobre.
Reprise de la séance publique,
COMMUNICATIONS.
NouTeau procédé pour l'ablation des amygdales*
M. Broga fait part à la Société d'un nouveau procédé pour Tabla-
tion des amygdales, applicable surtout dans les cas où les amygdales
sont enfoncées et concaves.
C'est une combinaison du procédé ordinaire et de celui de Fah^
nestoek. Une érigne étant introduite dans l'anneau de l'instrument de
Fahnestoek, l'amygdale est saisie, attirée en dehors et coupée avec la
guillotine.
M. DoLBBAU) sans réclamer la priorité, dit qu'il s'est servi du même
procédé. Il conseille de donner la préférence, d'une manière générale,
à l'instrument de Fahnestoek, le procédé ordinaire, avec Térigne et le
bistouri pouvant donner lieu, en des mains inhabiles, aux plus graves
accidents. Il cite à l'appui le fait d*un enfant chez lequel un médecin
pratiquait l'ablation des amygdales par le procédé ordinaire, et qui,
ayant fermé convulsivement la bouche, eut la langue profondément
coupée par le bistouri. Il en résulta une hémorrhagie des plus graves
dont l'enfant ne guérit que par la ligature en masse dt la langue, et
en conservant ses amygdales.
M. GuERSANT se prononce pour l'amygdalotomie par l'instrument
de Fabnestoek.
M. Tarnibr signale la diftelté que l'on éprouve quelquefois à sou-
lever l'amygdale, lorsque la glande est ramollie. "
M. GiRALDBs. Bn général, chez les enfants, les amygdales sont pro-
éminentes : elles se développent souvent en bas; mais il est toujours
possible, en explorant préalablement l'arrière-gorge, de détermine
leur situation et leur volume et de se servir de l'instrument de Fah-
nestoek.
DISCUSSION.
PUivèmes ••us-péritonéaux de l'otéras (suite).
M. Dëpavl continue une communication relative à ce sujet.
Il examine d'abord l'influence que ces fibromes peuvent exercer sur
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— 324 —
la santé des femmes au point de vue de la grossesse. D'après son
observalion, ces fibromes sous-péritonéaux s'opposent rarement à la
fécondation et ne déterminent pas de troubles de la menstruation,
contrairement à ce que l'on observe pour les fibromes qui font saillie
du côté de la cavité utérine. Cependant cette opinion ne doit pas être
donnée comme absolue ; certaines de ces tumeurs peuvent donner lieu
à des phénomènes inflammatoires, à des métrîtes. Dans un cas cité
par M. Depaul dans la dernière séance, une tumeur sous-péritonéale
s'est développée dans le pçtit bassin et a déterminé des accidents tels
que l'avortement a dû être provoqué.
En réponse à l'assertion de M. Guéniot, qui ne croit pas à l'aug-
mentation des corps fibreux ni à leurs modifications de consistance
pendant la grossesse, M. Depaul rappelle les observations lues par
MM. Guyon et Bailly. De plus, M. Depaul a vu par lui-môme des
faits qui ne laissent aucun doute sur Taugmentation de volume des
fibromes, soit à l'époque des règles, soit pendant la grossesse.
Outre l'observation qu'il a lue dans la dernière séance et qui ne
doit laisser aucun doute sur l'augmentation de volume des fibromes
pendant la grossesse, M. Depaul rapporte les deux faits suivants :
Une dame de 42 ans, mariée depuis vingt' deux ans, sans enfants,
a été vue par M. Depaul, conjointement avec M. Lasègue, au début
d'une grossesse qui paraissait encore douteuse. Sur la face anté-
rieure de l'utérus, existait un petit fibrome du volume de l'extrémité
du pouce. Au bout d'un mois, l'utérus se développe et la grossesse
devient évidente. La malade fut examinée tous les quinze jours par
M. Depaul, qui constata que le fibrome, en même temps qu'il s'éle-
vait avec l'utérus, grossissait de jour en jour. Au moment de Tac-
couchement, il avait atteint le.. volume d'une orange; puis après l'ac-
couchement, il reprît graduellement le volume qu'il avait au
commencement de la grossesse.
Dans le second fait, il s'agit d'une feifeme de 31 ans, enceinte pour
la première fois. Examinée à quatre mois et demi, on lui trouva, à la
paroi antérieure de l'utérus, un fibrome pédicule, un peu plus volu-
mineux que celui de l'observation précédente. Le même phénomène
s'est produit : la tumeur a grossi graduellement, et en trois mois,
elle a acquis le volume du poing. Quatre mois et demi après
l'accouchement, cette même tumeur était réduite au volume d'une noix.
M. Depaul remet à la séance suivante la suite de son argumen-
tation et conclut, d'après les faits précédents, que les fibromes sous-
péritonéaux augmentent de volume pendant la grossesse pour
reprendre leurs dimensions premières après l'accouchement.
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— 325 —
PRÉSENTATION d'INSTRUMENT.
Irrigatenr vési«al.
M. Legouest met sous les yeux de la Société de chirurgie un
irrigaieur vésicd (voy. fig.)» construit par MM. Robert et Collin, sur
les indications de M. le docteur Amussat fils,
pour expulser de la vessie les détritus lithides,
après l'opération de la taille périnéale, lorsque le
chirurgien s'est trouvé dans Tobligatlon de frag-
menter le calcul, à cause de ses trop grandes di-
mensions.
Cet Instrument, dontlt mécanisme est le même
que celui du lithotome double de Dupuytren, se
compose d'un tube d'argent T, terminé par une
boule de même métal A, munie de deux fentes à
échancrures, destinées à donner passage au li-
quide.
Le tube d'argent est maintenu dans une gout-
tière d'acier G, entourée d'un manche M, afin
d'offrir la résistance nécessaire pour l'écartement
des tissus.
Trois tiges d'acier, B, B' et B", destinées à
écarter les tissuâ, sont articulées en K, de ma-
nière à pouvoir s'écarter à volonté du tube T.
Un bras de levier, D, sert à rapprocher ou à
écarter les tiges d'acier B, B' et B".
L^extrémité 0 du tube d'argent s'engage dans
la canule d'une seringue ordinaire, munie d'un
robinet à double effet, qui permet d'aspirer le
liquide à l'aide d'un tube en caoutchouc pour la
remplir, et lorsqu'il a subi un quart de rotation,
d'injecter avec force le liquide dans la vessie, en
le faisant passer par le tube d'argent T de Tirri-
gateur.
Pour introduire l'instrument dans la vessie, on
rapproche les tiges d'acier du tube d'argent. Pour nettoyer la vessie»
on les écarte.
La séance est levée à cinq heures trois quarts.
Le secrétaiTCy L' Léon Larrb.
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-^ 326 -
8éA.NGl DU 12 AOUT 1868
VréBldenee âa M. LEGOUEST
Le i^roeèa-terbal d« la précédente séance est lu et adopté.
GOERESPONDANGB..
La borrespondance comprend : *
— Loi journaux de la semaine;
— Le Montpdlier médical ;
— La Journal de Médecine et de Chirurgie;
— Le Journal de Médecine de i*Oaest.
— Une note adressée par le docteur Sirus Pirondi, membre corres-
pondant, sur une tumeur du sein. M. Després a examiné cette tumeur
et remis une note ci^jointe.
M. DesprbS. L'examen microscopique de la tumeur de la mamelle
envoyée par M. Sirus Pirondi permet d'affirmer qu'il s'agit d'un adé-
nome mammaire renfermant des kystes. On trouve des culs>de-sac
glandulaires remplis d'épithélium nucléaire normal. C'est là un
exemple de ces gros adénomes kystiques que l'on a appelés, en Allé*
magne, adéno-sarcomes ou cysto-sarcomes, et qui ont été bien étudiés
à la Société anatomique.
— M. GiRALDÈs communique dé la part de M. Stahl un nouveau
mode d'appareil plâtré et dépose une note relative à ce sujet.
— M. GWTON communique une observation de fracture du pubis
par contraction musculaire , transmise par M. Letenneur.
Fraeiwe du pnbls par contvaetlon nascalaire.
Rose-Julie P..., âgée de 13 ans, est une forte femme aux allures
masculines, faisant le métier de portefaix et ayant longtemps porté
des habits d'homme pour travailler avec plus de facilité.
Pendant les premiers jours d'avril 1868, elle était occupée avec son
mari, âgé de 63 ans, à bord d'un bateau chargé de pierres. Il s'agis-
sait de déposer ces* pierres sur le quai', auquel le bateau était fixé;
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— wi —
or, pour épargaer de la fatigue à soa mari, la feoume P.*« 9e char-
geait des pierres les plus lourdes, dont le poids moyen était de
150 livres.
C'est en se livrant à ce travail qu'elle éprouva raccident pour
lequel elle est venue se faire soigner à THôtel-Dieu de Nantes.
Voici comment elle raconte ce qui lui est arrivé :
Elle venait de prendre au fond du bateau une de ces grosses pierres
qu'elle souleva avec peine jusqu'au niveau du pubis, sur lequel ellç '
l'appuya. Le corps était penché en avant, et pour placer la pierre sur
le quai, il fallait l'élever encore de 30 i, 40 centimètres. La femme P...,
dont les bras étaient impuissants pour cette lourde tâche, réunit
toutes ses forces, se redressa et poussa la pierre sur le bord à l'aida
de soa yentre. La pierre arriva au but, mais la pauvre femme sentit
une vive douleur dans l'aine gauche, sans craquement. Elle comparu
cette douleur à une déchirure. Malgré cela, elle termina sa journée,
mais sans s'attaquer à d'aussi lourds fardeaux.
Le lendemain elle transporta, tout le jour, des pierres dans ud0
brouette.
Le surlendemain, elle fit à pied un trajet de 7 à 8 kilomètres.
A mesure qu'elle avan^it, la douleur de l'aine gauche augmentait et
elle éprouvait une sensation étrange qui lui faisait dire que son corps
«'ouvrait comme si elle aCisouchait. Arriyée au terme de sa course,
elle tomba de fatigue et se sentit incapable de faire un pas de pluji«
On fut obligé de la ramener à Nantes, couchée dans un bateau ; ella
garda le lit pendant quatre jours, après quoi elle se fit trans-
portera l'hôpital, où elle fut placée dans un service de médecine»
comme atteinte de paraplégie. Les circonstances dans lesquelles la
maladie s'était produite et l'impossibilité de remuer les membres
inférieurs donnaient à ce diagnostic toutes les apparences de la
vérité. Cependant la sensibilité était intacte sur tous les points;
mais, d'un autre côté, le troisième jour de son entrée h, l'hôpital, il y
eut une rétention d'urine qui nécessita l'emploi de la sonde. C'est alors
que, pendant des recherches répétées faites dans le but de justiâer et
de préciser le diagnostic, on entendit une crépitation osseuse qui avait
lieu lorsque la malade était placée sur le côté. Il fut facile de recon-
naître l'existence d'une fracture du bassin, et la malade fut dirigé^ sur
le service de clinique chirurgicale, où nous la vtmes pour 1a première
fois le 4 mai.
La malade est couchée sur le dos. Aucune déformation n'existe à
première vue dans le bassin. Les quelques eccbymoaes qu'on pbçi^rve
^ la région sus-pubienne sont le résultat évident d'uo^ appUcatipii 4^
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— 328 —
sangsues faite quelques jours aupararant. Il n'y a pas de douleur, si
ce n'est dans les mouvements spontanés ou communiqués.
Les membres inférieurs paraissent frappés d'impuissance. Si on dit
à la malade de lever les pieds, elle déclare que c'est impossible; si on
insiste, les genoux se fléchissent et les pieds glissent sur le lit, comme
on Fobserve dans les fractures du col du fémur.
Quand le genou est fléchi, la malade fait quelques mouvemenU
d'adduction et d'abduction, mais non sans exciler de la douleur vers
le côté gauche du pubis.
En soulevant l'un après l'autre les membres inférieurs et en leur
imprimant des mouvements, il est facile de s'assurer que les articu-
lations coxo-fémorales sont intactes.
En explorant le pubis on trouve, du côté gauche, sur le corps de
l'os, une saillie placée à quelques millimètres en dehors de l'épine et
se prolongeant en bas. Cette saillie est formée par le fragment InterDe
du pubis fracturé ; le fragment externe est un peu abaissé et
enfoncé, et la pression du doigt dans ce point détermine une douleur
assez vive.
Du côté droit, on ne trouve rien d'analogue, mais la malade y res-
sent une douleur qui suit la direction du tendon du psoas iliaque
jusqu'à son insertion.
Le doigt, introduit dans le vagin, permet de constater une fracture
avec un léger déplacement de la branche descendante du pubis
gauche. Le côté droit de l'arcade est intact.
Enfin, en faisant coucher la malade sur le côté droit, nous sentons
et nous entendons à distance une crépitation très -marquée dont le
siège correspond aux points où existe la déformation.
Cette crépitation, que la malade produit à volonté, ne peut être
provoquée par les efforts que nous faisons sur les os iliaques, soit
pour les écarter, soit pour les rapprocher.
La colonne vertébrale n'offre aucun point douloureux. Il en est de
même des symphyses sacro-iliaqoes, sur lesquelles la pression peut
être faite sans déterminer aucune douleur.' La malade, interrogée
à diverses reprises, répond toujours qu'elle n'a jamais souffert ea
arrière.
Depuis le jour où on a dû sonder la malade, la miction a tou-
jours été facile; les efforts de défécation ne causent de la douleur vers
le pubis que lorsqu'ils sont très-énergiques.
Le 6 mai, je fais appliquer autour des hanches une ceinture de
gymnase qui comprime fortement le bassin; à l'instant même, la
malade peut élever les jambes sans douleur.
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— 32» —
Lorfiqu'on desserre la ceinture, l'impuissance des membres infé-
rieurs reparaît immédiatement.
Je recommande de maintenir la ceinture modérément serrée, afin
d'immobiliser les fragmenis et de faciliter la consolidation, mais sans
causer trop de gêne.
Je note en passant, pendant les jours suivants, quelques accès de
fièvre intermittente combattus avec succès par le sulfate de quinine.
La malade nous annonce qu'elle ne peut se bien porter qu'à la con-*
ditîon de vivre au grand air, et qu'elle n'aura pas ses règles tant
qu'elle restera couchée. Cette prédiction s'est en effet réalisée.
Au boni de vingt jours, la crépitation disparut. Dès cette époque,
la malade me demande avec instance la permission de s^ lever :
je la lui accorde en lui recommandant de faire peu de mouvements.
Le 26 mai, survint de la fièvre accompagnée de nausées et de.
vomissements. Le lendemain» nous constatons un érysipèle à la fdce.
Sous l'influence de cette maladie, il y a eu un grand amaigrissement
et lorsque l'éruption cutanée disparut, il y eut de nouveaux vomisse-
ments suivis d'une diarrhée qui résista pendant plusieurs jours au
laudanum et au sous-nitrate de bismuth, et qui me parut dépendre
de la propagation de l'éryiiipèle à la muqueuse du tube digestif.
La malade était entièrement guérie le 2 juillet et demanda son '
exeat. ^
I La marche est facile; l'abduction de la cuisse gauche est seule un
peu gênée.
i Au moment où cette femme quitte Thôpital, nous l'examinons une
' dernière fois, et grâce à la maigreur eausée par son érysipèle, on
I peut constater facilement la déformation du pubis. La consolidation
^ parait complète, mais il existe entre les deux fragments une différence
[ de niveau d'un demi-centimètre au moins. L'épine du pubis se trou-
vant placée plus haut et plus en avant que du côté opposé, il en
résulte que le ligament de Fallope est aussi beaucoup plus saillant et
que l'arcade qu'il forme est plus marquée.
1 Je ne connais point, dans la science, de fait analogue h celui que je
|. viens de raconter. Il s'agit bien, en effet, d'une fracture du pubis par
: eontraction musculaire.
La constitution athlétique de la malade, son âge, ses travaux habi-
tuels et sa bonne santé éloignent toute idée de diathèse, toute idée de
friabilité des os,
I n n'y a point eu de choc sur le pubis, mais un effort extrêmement
énergique pour soulever le fardeau qui reposait sur cet os.
) Il est facile, du reste, de se rendre compte du méoanisme de
I . %• lirU. — TOMB IX. 42
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cette fracture en se plaçant dans les conditions où se trouyait la
femme P...
Le tronc était demi-fléchi sur les cuisses, la pierre reposant sur le
pubis ne pouvant B*élever et s'avancer sur le quai que poussée par la
bassin auquel ce double mouvement derait être imprimé.
Il fallait, pour cela, que le membre inférieur gauche supportât tout
le poids du corps et que la tète du fémur de ce côté devint le pivot
autour duquel devait se faire le redressement du tronc et la rota-
tion du bassin en avant.
Or, il est probable que, dans ce mouvement brusque et énergique,
l'os iliaque gauche, bridé par le psoas-iiîaqae, n'a pas obéi à l'Im-
pulsion qui élait donnée à la partie droite du bassin et que l'articu-
lation coxo-fémorale, immobilisée par le maintien de l'équilibre du
corps, n'a pas permis le double mouvement d'extension et de rotation
du tronc. Entre cette résistance du côté gauche et l'impulsion donnée
au côté droit du bassin, le pubis a supporté un effort trop considérable
et s'est rompu.
A ce moment l'effort s'est arrêté, et le périoste n'a pas été déchiré.^
Ce n'est que sous l'influence de mouvements intempestifs que le dépla-
cement s'est produit et qu'enfin le bassin n'a plus donné aux membres
inférieurs un point d'appui suffisant.
M. BaocA offre à la Société une thèse de M. Hamy sur Vos inter^
maxillaire.
DISGirSSION SUE LES FIBBÔMBS SOUS-PÉRITONÉAUX)
M. DvAVL. Outre l'augmentation de volume, la grossesse produit
encore le ramollissement des corps fibreux.
M. Depaul a pu le constater jour par jour. Ce ramollissement a
lieu surtout aux parties périphériques, tandis que les parties cen-
trales des fibromes conservent toute leur dureté.
Il est curieux d'observer les changements de situation qu'éprouvent
les corps fibreux durant la grossesse. Cela s'explique non-seulement
par le développement physiologique de l'utérus, mais encore par
l'inégalité de ce développement qui, par le fait de Texistence des
fibromes, est irrégulier.
L'aplatissement des corps fibreux de l'utérus pendant la grossesse
existe- 141 réellement, comme l'admet M. Guéniot?
M. Depaul ne le pense pas. Il accorde que certains fibromes pédi-
cules peuvent s'aplatir légèrement; mais dans les cas où les tumeurs
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— 331 —
sont à large base» raplatissement est plutôt apparent que réel,
c'est-à-dire que la base d'implantation s'accrott en même temps que
la matrice.
M. Depaul examine le mécanisme suivant lequel les tumeurs
fibreuses se déplacent pendant le travail de Taccoucbement. Ce
mécanisme, exposé par M. Guéniot, est comparable à celui qui
ramène en avant le col utérin, lorsque celui-ci se trouve dirigé en
arrière, ainsi que cela a lieu le plus souvent à la fin de la grossesse.
Le déplacement des corps fibreux et la désobstruction du bassin
sont produits par la contraction et le raccourcissement des fibres lon-
gitudinales de la matrice. Ce mécanisme est vrai pour les tumeurs
fibreuses à large base, mais il cesse de Tètre pour les fibromes pédi-
cules, qui restent enclavés dans le bassin. M. Depaul cite un fait
observé par lui lorsqu'il était chef de clinique de M, Dubois. Un
fibrome de Tutérus rendit Taccouchement impossible, et la malade
mourut sans que la désobstruction du bassin ait pu s'opérer.
Quelle est l'influence du retrait de la matrice après l'accouche-
ment, sur les fibromes sous-péritonéaux? S'ils sont pédicules, à part
les changements de situation, ils n'éprouvent pas d'autres modifica-
tions. Quant aux tumeurs à large base, le retrait de la matrice tend à
les pédiculiser.
M. Depaul examine ensuite les modifications que présentent les
corps fibreux péritonéaux. D'après son expérience personnelle, il ne
pense pas que l'on doive songer à arrêter le développement de ces
tumeurs par les médications internes ou externes.
La question de l'accouchement prématuré artificiel doit être
posée dans certains cas, mais on ne peut en discuter ici toutes les indi-
cations.
Lorsque des accidents se développent pendant le travail, l'applica-
tion du forceps, la version, la crâniotomie, l'opération césarienne ont
pu, dans différents cas, être employées avec des chances diverses.
M. Depaul a pratiqué dans un cas l'opération césarienne, mais il
donne la préférence à la crâniotomie. Contrairement à M. Tarnier, il
pense que la version sera le plus souvent impossible, par suite de la
présence de la tumeur.
M. Depaul termine en lisant les conclusions suivantes :
Ctmclufions :
!• Les fibromes ulérnis péritonéaux ne sont pas rares;
2<> Us peuvent être pédicules, interstitiels ou à large base;
3« Les premiers n'apportent pas de troubles notables dans les phé-
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-m-
nomènef de la tnenstruation ; ils ne s'opposent pas à la fécondatloti
et ils n'empêchent pas habituellement la grossesse de parcourir toutes
ses périodes;
4« Les seconds, quand ils sont peu yolumineut) sont presque aussi
inofifensifs au triple point de vue que je viens d'indiquer; maïs quand
ils sont considérables et qu'ils ont une large base, ils peuvent trou*
bler le développement normal de Futérus et provoquer l'expulsion
prématurée du produit de la Conception ;
6* L'influence de la grossesse sur les fibromes utérins pérltonéaux
ne saurait être contestée. Il est démontré par les faits les plus posi(i6
qu'ils s'accroissent pi'esque toujours et dans des proportions souvent
très-considérables pendant la durée de la gestation;
6" En même temps qu'ils augmentent de volume, on remàrctne
généralement que leur consistance diminue un peu, surtout dann les
couches les plus extérieures;
70 Ces deux phénomènes, augmentation de volume et ramollisse-
ment, sont plus marqués pour les fibromes intepstitiels et à large base
que pour ceux qui sont nettement pédicules ;
8* Les fibromes interstitiels qui se développent un peu du côté du
péritoine s'accroissent aussi par leur base, de telle sorte qu'ils
paraissent comme aplatis ;
9* Cette disposition n'est pas le résultat exclusif de la compression
que les corps fibreux subissent entre les parois abdominales et l'uté-
rus; elle se rattache surtout au développement progressif du tissu
utérin, qui étalOsCt entraîne le lîssu du fibrome, qui s' hypertrophie
lui-même;
10<> Les fibromes utérins pérltonéaux à large base peuvent Irriter
r utérus, donner même lieu à la métrite et faire courir de véri-
tables dangers à une femme enceinte (toutefois, ce résultat s'observe
rarement);
11» Ceux de ces corps qui, par leur situation, sont exposés à se
développer du côté de l'excavation pelvienne, peuvent donner lieu à
la compression de la vessie et du rectum, au déplacement de la
matrice et, dans quelques cas graves, faire naître les phénomènes de
l'étranglement interne;
12* Les accidents deviennent alors si graves et si pressants, qu'il
ne reste plus de ressource pour soustraire la femme à une mort immi-
nente que dans la provocation de l'avortement;
13*» Les cas où Us troublent aussi profondément la marche de la
grossesse sont heureusement fort rares, et alors, môme quand ils
obstruent presque complètement l'excavation du bassin, pourvu qu'ils
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- 333 —
partent du col ou de la partie inférieure du corps, pourvu que» par
une large base, ils tiennent à une portion notable de la circonférence
utérine, tout espoir n'est pas perdu. Les forces qui président à la dila-
tation du col, les changements qai se passent dans la Ibroie de
Futérus après la rupture des membranes peuvent, par un mécanisme
facile à comprendre, éloigner progressivement la tumeur, désobstruer
le bassin et ouvrir un passage facile à Tenfant ; {
14» Si les deux faits que M. Ouénîot et moi avons fait connaître à
la Société permettent d'entrevoir la possibilité d'aune terminaison
aussi heureuse, il ne faut pas oublier que la science en possède beau-
coup d'autres dans lesquels la nature a été impuissante et pour
lesquels il a fallu intervenir tantôt par le forceps, tantôt par Tem-
bryotomie, tantôt môme par Topérâtion césarienne;
45* Certains fibromes utérins pérltonéaux constituent une des plus
graves complications de la grossesse et soulèvent les questions les
plus embarrassantes de Tobstétrique. La science est loin d*ètre faite
Btir ce point important, qui est digne de toutes les méditations des
chirurgiens.
âLfiOnoN d'un ItBMBRB tItULiLtaB*
Nombre des votants, S3.
Au premier tour de scrutin, M. Pauiet obtient 13 voix;
M. Giraud-Teulon, 10 voix;
M. Bailiy, 1 voix.
En ooàséquence^ M. Pauiet est élu membre titulaire.
PRâSKNTATION U'mSTaUHBlfr.
M. Depaul présente un pelvimètre construit par M. Mathieu.
Cet instrument représente à la fois un compas d'épaisseur et un
compas d'écartement, en retournant les branches de Tinstrunlènt.
C'est donc un pelvimètre de Baudelocque et un compas destiné à
mesurer intérieurement le détroit inférieur.
M. Blot n'attache pas une grande importance à l'emploi de cet
instrument.
On peut se Servir de tout instrument et plus facilement encore des
doigts écartés pour mesurer le détroit inférieur. Quant à ce pelvimètre,
il n'a rien de nouveau»
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.— 334 '
PRESENTATION DE MALADE.
M. GmroN présente un malade à qui il a pratiqué une ampu-
tation sus-malléolaire en modifiant le procédé de Laborie.
Ampulation sas-malléolulre par an procédé noaveaa.
Le 13 juin 1868, est entré à l'hôpital des Cliniques le nommé X...,
âgé de 31 ans, homme de peine. Ce malade, couché au numéro 28,
est atteint d'une carie des os du pied droit. Né de parents bien por-
tants, il a toujours joui lui-même d*une santé parfaite jusqu'à Fâge
de vingt-six ans; jamais il n'a eu pendant son enfance de manifes-
tation scrofuleuse; il porte, il est vrai, sous la mâchoire du côté
gauche, des traces d'abcès ganglionnaires, mais qui ne remontent
qu'à peu d'années. Il n'a jamais eu la syphilis.
Ce n'est qu'en 1863, peu de mois après avoir quitté le service mili-
taire, que sans cause extérieure, il a vu se former à la partie supé-
rieure et interne de l'avant -bras gauche, immédiatement au-dessous
de l'articulation du coude, une petite tumeur indolore. Au bout de
quatre à cinq mois elle s'abcéda, resta fistuleuse pendant un temps à
peu près égal, donna issue à une portion d'os nécrosé et se cicatrisa
proroptement.
Deux mois à peine après la guérison de ce premier accident, vers le
mois de septembre 1864, ce malade voyait se former sur la face dor-
sale du pied droit une bosselure analogue.
Elle survint, elle aussi, sans cause apparente, sans qu'il eût reçu
de coups ou qu'il se fût fatigué plus que de coutume. Au bout de peu
de mois, cette tumeur devint fistuleuse, comme la première, donna
issue à une toute petite esquille et se cicatrisa. Mais le gonflement
périphérique persista et de nouvelles bosselures ne tardèrent pas à se
développer et à suivre la même marche.
Tous ces accidents purent se produire sans que le malade inter-
rompit son travail. Ce n'est que le 26 janvier 1868 que, tant par le
gonflement excessif du pied devenu douloureux que par r^pmsement
dû à une abondante suppuration, il fut forcé de garder le repos.
Depuis ce jour, l'état local n'a cessé de s'aggraver et l'affaiblis-
sement de faire dés progrès, et le jour de son entrée, il présente l'état
suivant :
Le gonflement est très-considérable : il remonte à un ou deux tra**
▼ers de doigt au-dessus de l'extrémité inférieure de la jambe et
s'étend jusqu'aux articulations métatarso-phalanglennes.
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— 335 —
Le coude-pied mesure 6 centimètres de plus en circonféreoce que
celui du côté opposé. La peau est luisante, tendue et présente plusieurs
traces de cicatrices sur la face dorsale et le bord externe. C'est sur-
tout sur le bord interne que Ton voit des orifices fistuleux. Le doigt
appliqué sur la peau y laisse une dépression profonde.
Les orifices fistuleux laissent écouler, en assez grande abondance,
un pus séro-sanguinolent; si Ton introduit un stylet par ces orifices,
on peut s'assurer que la peau est décollée tout autour d'eux et qu'ils
conduisent sur des surfaces osseuses dénudées et ramollies.
* La lésion semble avoir surtout pour siège les os de la deuxième
rangée. On ne saurait affirmer si les os de la première rangée et en
particulier le calcanéum sont malades. L'articulation tibio- tarsienne
permet des mouvements assez étendus. Les mouvements de latéralité
sont seuls douloureux et presque impossibles. La malléole interne est
très-augmentée de volume et douloureuse à la pression. Rien d'appré-
ciable au niveau de la malléole externe.
Le malade souffre constamment, mais ses douleurs sont accrues
par les tentatives de mouvement et par la pression, surtout au niveau
des orifices fistuleux. Les ganglions de la racine du membre sont
engorgés.
. L'état général est très-peu satisfaisant ; le malade est très-amaigri
et a, chaque soir, une fièvre assez vive. Le thermomètre, placé sous
l'aisselle, monte jusqu'à Z^'^yS, et le pouls donne de 100 à 110 pulsa-
tions à la minute.
L'examen de la poitrine fait découvrir une malité assez légère dans
la fosse sus-épineuse du côté droit et de la faiblesse du bruit respira-
toire à ce niveau. Pas de craquements; rien du côté gauche. Le malade
ne tousse pas.
Le 19 juin, M. Guyon, après avoir discuté dans une leçon clinique
l'opportunité d'une opération et comparé les chances probables d'une
désarticulation partielle ou totale du pied avec celles de l'amputation
Bus-malléolaire, adopte cette dernière opération, qu'il pratique par un
nouveau procédé.
Un examen immédiat du pied avait montré que, comme on le crai-
gnait, les lésions osseuses étaient fort étendues et remontaient
au-dessus de l'articulation tibio-tarsienne.
Après une dissection plus minutieuse, dans laquelle les os furent
divisés dans le sens antéro-postérieur, on put s'assurer que les os de
la deuxième rangée étaient complètement cariés; le scaphoïde, entre
autres, n'était plus qu'une caverne revêtue d'une mince couche de
tissu osseux. Les articulations de ces os entre eux avec ceux de la
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— 386 —
première rangée et avee les mélatarsieaa étaient détruites; la tète de
ees derniers était elle-même malade. De plus, le calcanéum, Tastra-
gale et l'extrémité inférieure du tibia, tout en étant le siège de lésions
moins araneées, étaient très-friables, très^raréôés, graisseux, et per-
mettaient la pénétration facile d'un stjlet dans leur tissu. Les liga-
ments de Tarticulation tibio-tarsienne étaient distendus et ramollis; la
malléole externe était saine
Quant au malade, il supporta très^bien Fopération. 11 ne s'écoula
qu'une très^etite quantité de sang. La réaotion fébrile commença dès
le soir même et fut assez intense : le thermomètre placé sous Fais-
selle marquait a9%6.
Le lendemain, SO juin, le pansement et le lavage alcoolique furent
renouvelés. On trouva la charpie qui recouvrait la plaie imbibée d«
sang et d'un peu de pus : la plaie était très-belle.
Aucun aoeident ne survint jusqu'au 83, jour où l'on enleva les
sutures métalliques. Gomme aux pansements précédents, la partie
médiane était en très-bon état; deux points de suture avaient donné
une réunion, mais les angles étaient recouverts d'un enduit grisâtre,
pultacé, un peu adhérent. D'autre part, la suppuration était plus
abondante et plus fluide. La fièvre n'avait pas augmenté; aucune
ligature n'était tombée; le moignon était un peu douloureux*
Pansement avec charpie imbibée de jus de citron sur les angles. Cata-
plasmes.
Le 24, la rougeur et le gonflement étaient moindres, mais l'enduit
persistait encore. Même pansement.
La fièvre traumatique cessa à partir du S5. Le thermomètre ne
s'éleva plus le soir au-dessus de 37%6, et le 27, l'enduit pul-
tacé, qui était venu enrayer la cicatrisation, avait entièrement dis-
paru, en même temps que le moignon cessait d'être douloureux et que
la suppuration prenait un meilleur aspect.
Le dernier fil à ligature tomba le 29.
En même temps que la plaie marchait vers une prompte ciesp
trisation , l'état générai s'améliorait , l'appétit ^du malade était
meilleur.
Le 11 juillet, le malade eut une fièvre asses intense (38* le matiD«
39,4 le soir).
Pendant la journée et la nuit du 11 au 12 , il souffrit beaucoup du
moignon qui, le lendemain, fut trouvé rouge et chaud surtout ea
dehors.
Le 13, le pansement eontenait une grande quantité de pus, et,
malgré cela, la douleur et la fièvre continuaient.
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Le 14, la fluctuation devint manifeste au niveau de là gaîne des
péroniers. Une incision fut pratiquée et donna issue à du pus, et
le 16, toute manifestation fébrile avait disparu.
On s'opposa^ pendant quelques jours, à la réunion des angles et
l'on continua le cataplasme.
Le 24 juillet, toute trace d'inflammation ayant cessé, on remplace
le cataplasme par un pansement simple à la glycérine.
Le 30, le malade peut commencer à se lever.
Le 2 août, la cicatrisation était complète, et depuis ce jour, il peut
laisser son moignon sans aucun pansement.
Aujourd'hui, la cicatrice du moignon se trouve sur la face anté-
rieure du membre, à 5 centimètres au-dessus du plan inférieur. La
peau du talon, épaisse et souple, forme le point d'appui du membre;
il est possible d'appuyer assez fortement sur elle sans que le malade
accuse la moindre douleur.
Le lambeau n'est tiraillé dans aucun point de son étendue; l'angle
fnterne est très-suffisant, et il reste même à l'angle externe une quan-
tité de peau telle, qu'elle a provoqué à ce niveau la formation d'un
pli cutané assez profond.
Le membre présente un raccourcissement total de 15 centimètres,
dont 4 centimètres seulement pour les parties situées au-dessus des
malléoles. 11 s'agit donc bien d'une amputation sus-maliéolaire. Ce
fait, la manière dont le lambeau est taillé, la conservation de tout le
tendon d'Àchilie et de sa gaîne, diflérentient nettement ce procédé de
celui proposé par Laborie. Cependant, c'est après avoir vu les très-
beaux résultats obtenus par ce chirurgien et reconnu avec lui l'avan-
tage de la suppression du lambeau antérieur que M. Guyon a été
conduit au procédé dont il montre aujourd'hui le résultat à la Société
de chirurgie.
Procédé opératoire. — Ce procédé a essentiellement pour but de
supprimer complètement le lambeau antérieur dont M. Guyon a eu
l'occasion de constater la défectuosité, de prendre à la partie posté-
rieure du membre le plus possible de parties molles, enfin de rester
cependant dans les limites de Taraputation sus-malléolaire. Pour cela,
le chirurgien fait choix d'un procédé elliptique à peu près semblable
à celui dont on fait usage pour le poignet.
Une incision à concavité inférieure est commencée sur la face anté-
rieure de la jambe, à trois travers de doigt de l'extrémité de la
malléole interne. Cette incision descend sur le côté interne du membre
et gagne l'axe de la malléole; elle est continuée en obliquant légère-
ment jusqu'à la limite la plus inférieure du talon; là, elle devient
2^ série. — tome ix. , 43
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338
transversale, passe à la limite de la peau du talon et de la peau de la
plante du pied, est conduite au côté externe des membres; elle
remonte alors pour gagner obliquement le sommet de la malléole,
puis la demi-courbe à concavité inférieure primitivement tracée sur
la face antérieure de la jambe. Dans cette vaste ellipse se trouve cii^-
conscrit un lambeau comprenant une partie des téguments des parties
latérales de la jambe et toutes celles de sa partie postérieure, y com-
pris celles du talon, moins sa portion plantaire. Ce lambeau est dis-
séqué en commençant par le talon, et l'opérateur prend grand soin de
détacher, en le décortiquant, le tendon d* Achille de ses insertions cal-
canéennes; puis, après avoir coupé latéralement les tendons qui se
présentent, il relève le lambeau jusqu'à la limite supérieure de Tel-
lipse en le détachant des os de la jambe avec une rugine. L'amputa-
tion est alors achevée en coupant par transfission les muscles de la
région antérieure et en sciant les os à l'ordinaire.
Le lambeau, ainsi constitué, contient dans son épaisseur tout le
.tendon d'Achille, dont la gaîne n'est pas ouverte, et les tendons dés
muscles de la région postérieure, dont les gaines sont intactes, jus-
qu'au point de section inférieure ; l'artère tibiale postérieure y est
également comprise dans sa gaine; elle fut liée à l'extrémité infé*
rieure et interne du lambeau.
Il fut très -facile de ramener le lambeau en avant et de l'adapter
très -exactement; cependant M. Guyon se contenta de le fixer par
trois points de suture métallique placés ï son extrémité supérieure et
médiane et de laisser les angles largement béants. Pour bien soutenir
ce lambeau large et épais, l'attelle en liège du professeur Laugier fut
très-utile; une longue et large attelle fortement matelassée de ouate
fut placée à la partie postérieure du membre, dont elle dépassait le
moignon de plusieurs travers de doigt.
VACANCES DE LA SOCIÉTÉ DE CHIRURGIE.
M. Legouest annonce que la Société de chirurgie se met en
vacances du 15 août au 6 octobre.
La séance est levée à cinq heures trois quarts.
Le Secrétaire : D' Léon Labbb.
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— 339 —
séANOE DU 7 OOTOBBE 1868
FrésideBee de H. IHEBNBUIL
Le procès-verbal de la précédente séance est lu et adopté.
M. le président invite M. le docteur Paulet, nommé membre titulaire
dans la séance du 12 août, à prendre place parmi ses collègues.
GORRESPONDilNGB
La correspondance comprend :
Les journaux reçus depuis le 15 août : Gazette hebdomadaire^
Union médicale ^ Gazette des Hôpitaux. — Archives générales de méde^
cihe. — Bulletin de thérapeutique. — Journal de médecine et de chirur-
gie pratiques. — VArt dentaire. — La Gazette médicale de Strasbourg»
— U Union médicale de la Provence. — Le Montpellier médical. — Le
Sud médical. — La Revue médicale de Toulouse. — Le Journal de mé-
decine de l'Ouest.
— Les Mémoires et Comptes rendus de la Société des sciences médi^
cales de Lyon. — Le Bulletin de la Société de médecine d^ Angers. •— Le
Compte rmdu de la Société de médecine^ chirurgie et pharmacie de
Toulouse, — Société médicale de Reims.
— Trois registres manuscrits rédigés par Laborie. L'un contient les
Rapports sur V asile de Vincennes pendant les années 1858 à 1865. Les
deux autres sont des Recueils d'observations prises pendant les années
1865 et 1866.
— M. le docteur Deleslre fait don à la Société de six registres
manuscrits contenant les Cours de chirurgie professés par Marjolin
père pendantles années 1814 à 1816.
— La Statistique médicale de Varmée pour Tannée 1866.
— Le chirurgien général de Tarmée des États-Unis adresse à la
Société la circulaire n*" 1, intitulée : Report on épidémie choiera and
yellow fever in the army of the Uniled States during the year 1867. —
Washington 1868.
— Le tome premier des Transactions of the clinical Society of
London. — 1868.
— Six nouvelles opérations de fistules vésico-vagindles par la mé-
thode américaine, toutes suivies de guérisoUf par le professeur Courty
(de Montpellier).
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— 340 —
— Contribution à l'élude de la chehplastie, par Ph. Gyoux (de Bor-
deaux).
— Résultats des recherches faites à Christiania sur l'effet du virus
syphilitique appliqué au corps humain^ par Joh-Heiberg, chirurgien gé-
nérai de l*armée norvégienne.
— La Médecine et V Hygiène à l'exposition du Havre, par Aug. Du-
rand.
— De l'Hôpifal civil d'Alger, étude sur sa reconstruction, par les
docteurs A. Gerny et Ed. Bruch.
— MM. les docteurs L. Camille Machenaud et Marc Girard adressent
leurs thèses inaugurales pour le concours du prix Duval. — La pre-
mière thèse est intitulée : Étude sur la ligature de l'artère fémorale; la
seconde : De la Kélotomie sans réduction.
COimUNIGATION.
Rhinoplasttie. — M. Mirault, d'Âûgers.
Large onTertnre»aceidentelle eommanlqnant avec l'intérieur
des fosses nasales. Rhinoplastie par la m6lhode indienne
modifiée. Restauration eompléte de la difformité.
Anne D..., de Marillais (Maine-et-Loire), âgée de 21 ans, portait,
à la partie supérieure et moyenne du nez, une tumeur sur laquelle
un empirique appliqua un caustique arsenical. A la chute de l'es-
charre, on vit s'établir une large communication avec rinlérieur des
fosses nasales. La solution de continuité du nez mesure un peu plus
que la longueur des os nasaux. En effet, elle commence immédiate-
ment au-dessous de leur articulation avec le coronal et s'étend, en
bas, jusqu'à la portion fibro-cartilagineuse de cet organe, sur laquelle
elle anticipe de quelques lignes. Transversalement, elle occupe le dos
et le côté droit du nez, jusqu'au bord correspondant de l'apophyse
montante de l'os maxillaire. Celte perforatiou ovalaire, divisée inéga-
lement en deux parties par la cloison des fosses nasales, est entourée
par une cicatrice plus large en haut et en bas que sur les côtés et ré-
sulte de la destruction de tout l'os nasal droit, du bord interne du
même os, du côté gauche, d'une très-petite partie du bord antérieur
des cartilages triangulaires et des parties molles qui les recouvrent.
Vu de profil, le nez présente, dans sa moitié supérieure, une excava-
fon curviligne qui, par rapport au plan tangent du dos du nez, a plus
de six lignes de profondeur. Cet état constitue une difformité des plus
choquantes. L'amour-propre de la jeune fille en est si péniblement
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r
~ 341 ~
affecté qu'elle n'hésite pas à se soumettre à Topération restauratrice
que je lui propose.
Deux indications se présentaient : !<> obturer Vouyerture acciden-
telle; 2** faire disparaître, en même temps, la différence de niveau des
parties supérieure et inférieure du nez, c'est-à-dire l'excavation du
dos de cet organe. A ces depx conditions seulement, on pouvait ré-
tablir la conformation naturelle des parties. Voici comment j'y pro-
cédai, le 25 janvier 1835, avec l'assistance des docteurs Négrier et
Adolphe Laclièse, professeurs à l'École de médecine d'Angers,
Je circonscrivis d'abord la perforation par deux incisions courbes
qui partaient de la racine du nez et s'étendaient à peu de distance de
la pointe de son lobe, où elles se réunissaient angulairement. Dans ce
premier temps de l'opération, j'avais avivé les bords de l'ouverture
accidentelle en emportant le tissu cicatriciel qui le couvrait et j'avais
mis à nu, en partie, les cartilages triangulaires. Ensuite, je réséquai,
sur la hauteur de quatre lignes, le bord antérieur de ces mêmes carti-
lages. Enfin, pour combler Ja perte de substance qui se trouvait
agrandie par l'avivement de son pourtour,» j'eus recours à la rhino-
plastie.
D'abord, je pris, sur la partie moyenne inférieure du front, un
lambeau lancéolé, c'est-à-dire de la même forme que l'ouverture acci-
dentelle, mais de dimensions un peu plus grandes, à cause du retrait
des tissus. Après l'avoir détaché du coronal, ce lambeau ne tenait
plus aux téguments de la racine du nez que par un pédicule de trois
lignes de largeur environ. Je le renversai de haut en bas, et le tor-
dant sur lui-même à son point d'adhérence, je l'appliquai, par sa face
crufntée, sur la perforation qui s'en trouva exactement recouverte.
Quatorze points de suture entortillée réunirent leurs bords affrontés.
Je terminai en réunissant entre eux, par trois autres points de suture,
les bords de la plaie du front.
Quelques heures après l'opération, le lambeau frontal était froid,
livide et insensible aux attouchements. Dans la journée, du sang noir
suinta, assez abondamment, sur toute retendue des bords de la réu-
nion. Lotions avec du vin chaud. La malade dormit bien la nuit sui-
vante.
Le lendemain, 26, la chaleur commence à revenir dans le lambeau.
Le pouls est un peu accéléré ; pansement simple ; régime léger.
Le 27, la sensibilité du lambeau est manifeste, il a repris sa couleur
et sa température normales. La réunion des plaies du nez et du front
s'est faite dans toute leur éteudue. J'ôte treize épingles, savoir : onze
au nez et deux au front.
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— 342 -
Le 28, le pédicule du lambeau est un peu rouge et gonflé. En le
pressant légèrement avec le bout du doigt, je fais sortir un peu de
pus de dessous lui. J'enlève les quatre dernières épingles et je sou-
tiens les bords des plaies avec des bandelettes de taffetas gommé.
Le 31, cette légère sécrétion purulente avait cessé. Le pédicule du
lambeau, saillant le premier jour, par suite de la torsion qu'il a
subie, s'est affaissé notablement et ne fait plus qu'une faible saillie.
Compression sur ce même pédicule à l'aide des bandelettes agglutina-
tives.
{•' février et jours suivants, les lèvres de la plaie se sont séparées
à la hauteur du pédicule et dans l'étendue de quelques lignes. Ce
petit accident, que j'attribue à un peu de pus qui s'est formé sous la
peau, n'eut pas de suites; en effet, le 10 février, seizième jour, la ci-
catrisation des plaies était achevée et là restauration du nez si com-
plète qu'on n'aurait pu soupçonner la difformité repoussante dont
Anne D... avait été délivrée. Le portrait n' 2 représente la jeune fille
telle qu'elle était le soixante -neuvième jour après son opération.
Cet exemple de rhinopl&slie rentrerait dans les cas ordinaires et ne
mériterait pas peut-être de fixer l'attention de la Société de chirur-
gie, s'il ne présentait pas quelque chose de particulier, qui ajoute à
son intérêt : c'est la résection de la portion fibro-cartilagineuse du
nez, pratiquée dans le but de rétablir le niveau qui avait cessé d'exis-
ter entre les parties supérieure et inférieure du nez. En effet, tandis
que la première s'est trouvée exhaussée par Texcès d'épaisseur du
lambeau frontal, la seconde a été abaissée par la perte de substance
qu'on a fait subir au fibro- cartilage. C'est ainsi que l'excavation a élé
comblée et que le nez a pu recouvrer, non-seulement une forme ré-
gulière, mais, chose singulière, une forme plus gracieuse que dans
son état naturel.
Hypertrophie diffuse de la glande mammaire.
Amputation dn sein,
M. Marjolin. Dans les premiers jours du mois d'avril de celte
année, on m'amena une jeune fille de quinze ans et. demi, de petite
taille, non réglée, présentant l'aspect d'une bonne constitution, bien
que son père et sa mère aient succombé à un affection de poitrine.
Depuis quelque temps, les personnes qui en étaient chargées avaient
cru s'apercevoir que le sein droit avait pris un développement anor-
mal. Lorsque cette jeune personne me fut présentée, je fus frappé du
volume extraordinaire que les seins, surtout le droit, avaient pris;
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— 343 -
jamais il n'y avait eu de douleur. Il serait difficile de dire^ même
approximativement, quel volume avait atteint la glande mammaire, mais
après un examen attentif, je pensai qu'il s'agissait de Taffection assez
rare décrite par A. Gooper et Yelpeau, et désignée par ce dernier au-
teur sous le nom d'hypertrophie diffuse de la mamelle. Â cette époque,
le sein droit était déjà un peu pendant sur la poitrine, les veines peu
développées, la configuration du mamelon était normale; nulle part
on ne sentait d'induration partielle» la consistance générale du sein
était plutôt molle, la pression ne déterminait aucune douleur.
Le développement du sein avait marché très-rapidement, et d'après
cela je fis part de mes craintes sur la terminaison de l'affection et
j'annonçai de suite que si malgré l'influence d'un traitement interne
et externe le volume du sein continuait à s*accroître, il faudrait re-
courir tôt ou tard à une opération.
J'avais vu la jeune fille opérée et présentée, il y a plusieurs années,
par M. Manec à TAcadémie, et bien que le volume actuel des deux
seins de ma malade fût bien loin d'égaler celui de cette jeune fille, je
pensai qu'il n'y avait pas de temps à perdre, et de suite je lui fis
prendre à l'intérieur des préparations iodées, des onctions avec la
pommade d'iodure de potassium furent faites sur les deux seins, et je
comprimai de mon mieux tout le thorax avec une bande de flanelle.
Ce traitement, suivi avec beaucoup de soin jusqu'au mois de juin,
n'amena aucun résultat, et même le volume du sein gauche commença
à croître assez rapidement. Depuis, des deux côtés, et surtout à
droite, le poids des seins augmentant, il se forma une sorte de pédi-
cule à la base de la tumeur. A cette époque, un nouveau changement
s'était opéré, le système veineux avait pris plus de développement et
le mamelon s'était complètement effacé, on ne le distinguait que par
une tache brunâtre, sans aucune dépression ni suintement d'aucune
espèce. Du côté droit, la circonférence du sein, au niveau du pédi-
cule, donnait 0,44, et la saillie totale du sein 0,26; à gauche, la cir-
conférence du pédicule était de 0,35.
Voyant que malgré un traitement régulier il n'y avait aucune amé-
lioration, j'engageai la malade à aller prendre des bains -de mer, sans
discontinuer à Tintérieur les préparations iodées et f usage de l'eau de
mer. Elle prit des bains pendant six semaines et à son retour je
constatai que si le volume du sein gauche était resté stationnaire,
celui du sein droit s'était considérablement accru; ainsi, la circonfé-
rence du sein droit, au niveau du pédicule, était de 0,47 et fk circon-
férence, un peu au-dessus, c'est-à-dire à la base véritable de la glande
mammaire, était de 0,53. De plus, sur deux points, la peau s'était
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— 344 —
excoriée comme si on avait appliqué un petit vésicatoire d'un centi-
mètre de diamètre.
J'engageai la malade à revenir promptement, car l'opération deve-
nait de plus en plus indiquée. Quinze jours environs s'écoulèrent, et
pendant cette courte période, au niveau où la peau était excoriée, une
partie de la glande mammaire avait fait hernie et formait un cham-
pignon mou, douloureux, ne donnant aucun écoulement de sang ou
de sanie. Je pressai la malade de se laisser opérer et l'ablation du sein
fut pratiquée le 6 octobre.
Il n'y avait jamais eu d'engorgement ganglionnaire dans l'aisselle.
Le sein que je soumets à votre examen présente partout, même au
niveau de la portion herniée et ulcérée, l'aspect d'une glande mam-
maire hypertrophiée.
Le poids de la tumeur était de 4 kilog. 510 gr. Depuis l'époque de
l'opération, il n'est survenu aucun accident, la malade se sent soula-
gée de n'avoir plus à porter cette énorme et gênante difformité, la
plaie a un très>bon aspect et tout semble présager une prompte gué •
rison.
L'examen de la tumeur, fait par M. Saison, interne très-instruit et
habitué aux recherches micrographiques, semble prouver qu'il s'agit
dans ce cas d'une véritable hypertrophie du tissu de la glande mam-
maire.
LECTURE.
Fracture de l'os frontal arec enfoneemeiit. •- Trépanation.
M. HoRTELOup fils lit un travail sur ce sujet.
Le travail de M. Horteloup est renvoyé à une Commission compo-
sée de MM. Liégeois, Marc Sée et Lefort.
PRÉSENTATION d'iNSTRUMENT.
M. LÉON Labbé présente, au nom de M. le docteur Laforgue, ua
instrument que celui-ci désigne sous le nom de pulviphore.
Cet instrument aurait Tavantage, suivant Fauteur, de permettre aux
femmes de porter des poudres médicamenteuses sur le col de l'utérus
et dans le cul-de-sac utero- vaginal, et de se panser elles-mêmes dans
les cas où le chirurgien ne pourrait le faire.
M. Després fait observer que le tampon d'alun peut être appliqué
par les malades elles-mêmes.
La sétnce est levée à cinq heures.
Le Secrétaire : D' Léon Lâbbé.
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— 345 —
SÉANOB DU 14 OCTOBBB 1868
Frésidenee de H. LEGOUEST
Le procès-verbal de la précédente séance est lu et adopté.
CORRESPOND AMGB
La correspondance comprend :
Les jouroaux de la semaine. — Le Journal de médecine et de chi-
rurgie pratiques,
— De la Résorption éleciriquey par M. Scoutetten.
— Nouvelles recherches sur la constitution et le diagnostic de la pus-
tule maligne. — De V administration des médicaments par la muqueuse
des fosses nasales. — Noie sur V efficacité de l'inhalation de poudres
narcotiques par les fosses nasaleSy etc. , par le docteur Raimbert, mé-
decin des hôpitaux de Châteaudun.
— Cenni biografici di alcuni illustri chirurghi de corrente secolo^
del Ces. Fumagalli, premier chirurgien de Thôpital de Milan.
— Du catarrhe utérin et de son traitement par les injections intra-
utérines, par le docteur Gantillon.
— Fracture du calcanéum par écrasement; autopsie, par le docteur
Sonrier.
— Mémoire sur la ponction du péricarde envisagée au point de vue
chirurgical^ par le docteur Baizeau.
— Rénovation des principes fondés par nos grands chifurgiens d* ar-
mées y consacrés et x^omplétés par la découverte et V emploi d'agents tout
modernes; application avec un succès absolu et hors de toute prévision
au traumatisme et surtout au traumatisme compliqué j par M. Astic,
médecin principal.
— M. Larrey offre à la Société vingt thèses inaugurales relatives à
des sujets de chirurgie.
— M. Broca dépose sur le bureau, de la part de M. Sédillot, de
Strasbourg, deux volumes intitulés: Contributions à la chirurgie. Cette
importante publication renferme la majeure partie des recherches et
mémoires isolés publiés par M. Sédillot pendant sa longue carrière
scientifique. Ces mémoires sont reliés entre eux par des introductions
générales.
S* série. — tome ix. 44
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— 346 —
M. LE Président fait connaître à la Société que madame Laborie lui
a remis l'acte de donation, en vertu duquel elle a constitué à la Société
de chirurgie une rente annuelle de douze cents francs.
M. le Président est chargé d'adresser à madame Laborie les remer-
ciments de la Société.
M. Legouest rappelle à la Société de chirurgie que dans ki séance
du 29 novembre 1865, à propos d'une communication de M. Alphonse
Guérin, il Ta entretenue d'un procédé opératoire relatif à la cure des
polypes naso-pharyngiens. M. Legouest, se fondant sur ce fait que les
polypes naso-pharyngiens sont une aflFection de l'adolescence, propo-
sait de leur appliquer les extirpations successives sans opération
préalable.
A cette époque, M. Legouest entretint la Société d'un jeune ma-
lade qui était traité d'après ces principes. Il y a eu, le 30 août, trois
ans moins un mois que ce jeune homme a été opéré pour la dernière
fois et le polype n'a pas repullulé. Dans une lettre datée du 30 août,
ce malade a fait connaître à M. Legouest l'état de sa santé, qui serait
parfaitement satisfaisante, si ce n'était l'apparition de temps en temps
de quelques petites hémorrhagies et de quelques rougeurs du côté de
l'œil. Ce malade réclame une restauration du nez.
M. DoLBEAU. J'ai écouté avec beaucoup d'intérêt la communication
de M. Legouest, mais je dois faire remarquer que l'observation qui
avait été donnée par M. Legouest était incomplète.
M. Legouest. L'observation avait été complétée depuis dans le
BulJstin de la Société,
RAPPORTS VERBAUX.
M. GiRALDÈs fait un rapport verbal sur un travail de M. Galret,
chirurgien de l'hôpital de Castres, relatif à un procédé de trachéoto-
mie.
En résumé, dit M. Giraldès, M. Calvet propose un procédé dans
lequel on fixerait la trachée avec le doigt médius et l'indicateur, et
Ton abandonnerait l'usage du dilatateur trachéal.
M. le rapporteur fait remarquer que depuis longtemps l'on a pro-
posé de fixer la trachée entre l'index et le médius.
Quant à l'abandon du dilatateur, il ne lui paraît pas pouvoir être
admis. M. le rapporteur ne voit là qu'un très-mauvais conseil qu'il
faudrait bien se garder de suivre.
M. Giraldès termine son rapport par les conclusions suivantes :
1* Adresser des remercîments à l'auteur.
2* Déposer son manuscrit aux Archives.
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— 34T —
M. DoLBEÀU. Je viens faire un rapport sur un travail adressé, il y
a déjà longtemps, à la Société, par M. Chennevier, professeur de cli-
nique et chirurgien de l'hôpital de Besançon.
Le travail de notre confrère avait été renvoyé à une Commission
composée de MM. Follin, Foucher et Dolbeau; M. FoUin avait été
nommé rapporteur de cette Commission. Notre regretté collègue étant
mort, le travail de M. Ghennevier n'avait pas été Tobjet d'un rapport,
et aujourd'hui je viens remplir une mission qui ne m'avait pas été
tout d'abord confiée.
L'observation de M. Ghennevier est intitulée : Luxation spontanée du
cristallin. Le malade était un homme âgé que ce chirurgien a pu ob-
server pendant deux années consécutives. La luxation a eu lieu des
deux côtés. Dans les deux cas, M. Ghennevier a pratiqué l'extraction
du cristallin ; les deux fois il y a eu fonte purulente de l'œil et le ma-
lade est devenu aveugle.
Ce fait est intéressant, surtout parce que l'observateur a pu suivre
les phases successives de la maladie.
L'observation est très-bien prise, seulement elle se termine par une
proposition basée sur des hypothèses. M. Ghennevier pense qu'il fau t
admettre deux catégories de luxation du cristallin : i*' la luxation de
l'appareil cristailinien tout entier, capsule et cristallin ; 2° la luxatiom
du cristallin, la capsule conservant ses rapports normaux.
M. Ghennevier dit avoir observé, chet son malade, une luxation du
cristallin non accompagné de sa capsule. Il admet pour expliquer ce
fait que la capsule peut devenir, dans certains cas, le siège d'une
ulcération lisse , égale, et ne se manifestant par aucun phénomène
exiérieur appréciable.
Cette hypothèse demande une démonstration.
M. Dolbeau termine son rapport par les conclusions suivantes :
i^ Publier dans le Bulleiin de la Société de chirurgie l'observation
de M. Ghennevier.
2* Inscrire M. Ghennevier sur la liste des candidats au titre de
membre correspondant.
Obserratlon de ioxation spontanée dn erlstalUn
Par M. Ghennevier.
Baptiste 0..., âgé de 60 ans, plâtrier, tempérament nerveux-san-*
guin, constitution robuste, dont les parents sont morts dans un âge
avancé en ayant conservé la vue, n'a aucun antécédent syphilitique ni
rhumatismal. Il n'a jamais fait de maladies sérieuses et n'a pas en-
tendu dire qu'il en ait eu dans son enfance. Il a les yeux bruns, n'en
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— 348 —
a jamais souffert et a toujours eu une excellente vue. Il ne se rappelle
avoir fait aucune chute grave > ni avoir reçu aucun coup sur la tête ou
sur r<Bil.
Pendant le mois de juillet 4861, il a travaillé sur un toit à la cam-
pagne, à l'ardeur du soleil, puis est revenu de cette campagne, dis-
tante de 20 kilomètres, par un soleil ardent et sur une route dont la
blancheur lui avait fortement impressionné les yeux. C*est à cette
époque qu'il croit pouvoir faire remonter sa maladie, et, en bien
cherchant, c'est la seule cause à laquelle il peut Tattribuer.
Cette maladie a consisté dans une gêne légère qu'il éprouvait de
temps à autre à l'œil gauche, gêne accompagnée du passage de mou-
ches noires devant cet œil. 11 s'est peu préoccupé de ces phénomènes
et a continué à exercer sa profession jusqu'au 15 janvier 1862, jour
où cette gêne est devenue tout à coup continuelle et douloureuse. Il
entre à l'hôpital le 16.
A l'examen ordinaire, je ne trouve pas de signes objectifs dans les
yeux. Ils ont le volume et la consistance normales. Il n'y a ni rou-
geur, ni opacité. Pas de tremblement de l'iris et les pupilles se con-
tractent également sous l'influence de la lumière. Les milieux ont leur
coloration normale. Après dilatation de la pupille, nous examinons
l'œil gauche à Tophtalmoscope. On aperçoit le fond de l'œil avec sa
teinte normale, mais immédiatement derrière le segment inférieur de
l'iris, à la partie inférieure de la chambre postérieure, on voit facile-
ment un arc de cercle noirâtre que je fais examiner rapidement aux
élèves, sans me rendre d'abord bien compte de ce que ce pouvait être,
ma première impression tendant à considérer cette tache noirâtre
comme le caillot résultant d'un épanchement sanguin. Ces examens
successifs et prolongés fatiguant beaucoup son œil, je remis le diag-
nostic et je fis sortir 0 .. de la chambre obscure pour continuer sur
d'autres malades. Une demi heure après environ, il nous fit appeler
dans la salle, parce qu'en se baissant il avait éprouvé un bouleverse-
ment dans Tœil et qu'il n'y voyait plus. La chambre antérieure toute
entière est occupée par le cristallin, et cet arc de cercle que nous ve-
nions de voir à l'ophtbalmoscope, et sur la nature duquel l'éclairage
oblique nous aurait probablement mieux renseigné, était le bord de la
lentille abaissée et dont le passage dans la chambre antérieure, faci-
lité par la dilatation de la pupille, s'était effectué dans un mouvement
de la tête en avant et en bas. Le malade est couché, la tête renversée.
Dans la nuit du 16 au 17, le cristallin repasse dans la chambre
postérieure, et comme à partir de ce moment 0... ne souffre plus, il
veut sortir le 23.
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— 349 —
Il.revient à la salle le !•' février, c'est-à-dire huit jours après. En
se baissant, il avait éprouvé le même bouleversement, selon son
expression^ et il souffre encore davantage. Le cristallin est enclavé
horizontalement dans l'ouverture pupillaire, laquelle représente un
ovale aux extrémités de laquelle la grande et la petite circonférence
se confondent. Le malade souffre beaucoup et a des vomissements ;
collyre au sulfate d'atropine. Le cristallin passe dans la chambre an-
térieure pendant la nuit, et le matin à la visite, comme les souffrances
coDtinuent, quoique moins vives, je pratique la kératotomie infé-
rieure. Je ne peux empêcher le couteau de pénétrer dans le cristallin
et je suis obligé de Texlraire fragmenté avec la curette. Les fragments
sont transparents et sans traces de points opaques. Malgré un traite-
ment énergique, il survient une inflammation vive et comme résultats :
opacité de la moitié inférieure de la cornée, synéchîe antérieure et
perte de la vision pour cet œil.
Lors de la sortie, au mois de mars, nous examinons rœil droit qui
est tout à fait sain. Le malade eu voit très-nettement et n'en souffre
en aucune façon. Nous l'engageons à venir au moindre changement
qui y surviendrait.
Le 30 janvier 1863, c'est-à-dire un an après, 0..., qui avait exercé
sa profession dans cet intervalle, vient nous dire qu'il éprouve dans
l'œil droit les mêmes symptômes qu'il avait ressentis dans le gauche,
c'est-à-dire une gêne légèrement douloureuse, avec apparition de
mouches noires, quand il a fatigué. Nous le faisons rester à l'hôpital
pour mieux le suivre. L'examen ordinaire ae fournil aucun signe ob-
jectif. Après dilatation delà pupille, on peut distinguer à l'œil nu une
ligne noirâtre d'une étendue de un à deux millimètres, située à la
partie supérieure et un peu interne du bord du cristallin. A l'examen
direct avec la loupe et à Téclairage oblique, on distingue plus nette-
ment cette ligne qui est constituée par le bord libre du cristallin déta-
ché, non incliné, ni tremblotant. Par cet éclairage, on peut constater
que le segment antérieur est normal ; cornée transparente, humeur
aqueuse et son enveloppe sans exsudats, iris sain et non tremblant,
aucune vascularisation ni dépôt sur la capsule, les trois images
peuvent être perçues. On distingue à l'ophthalmoscope le fond de l'œil
qui est sain. Je regrette de n'avoir pas cherché à constater s'il y avait
astigmatisme, mais comme nous nous étions assuré de l'acuité et de la
netteté de la vision, je crois qu'il n'existait pas.
Nous conservons le malade jusqu'au 12 mai et nous l'examinons à
trois ou quatre reprises. A chaque examen, on peut constater une
légère augmentation dans le déchatonement du bord du cristallin.
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déchâtonement qui, à l'époque de la sortie, paraît être un peu moins
du sixième de la circonféreDce.
Il reprend ses travaux pendant le second semestre de 1863, pendant
Tannée 1864 et le premier semestre de 1865.11 vient de temps en temps
à la consultation, où, après dilatation de la pupille, on voit à ces exa-
mens successifs que la ligne noire, représentée par le bord du cristal-
lin, va en augmentant, de telle sorte qu'au commencement de 1865
elle occupe plus du tiers de la circonférence et que la chute peut être
regardée comme imminente, quoiqu'il n'y ait pas de ballottement
appréciable du cristallin.
En effet, le 22 août, 0... vient le matin à Thôpital, racontant que la
veille au soir il a ressenti une vive douleur dans l'œil et que la vision
a été immédiatement troublée. Il distingue les objets volumineux,
mais confusément, et les douleurs vont s'augmentant et s'irradiant
autour de l'orbite. M. Vedrènfts, médecin major, qui a suivi le cas de
luxation spontanée du cristallin chez l'enfant de troupe présenté par
M. Larrey à la Société de cbirurgie, veut bien examiner le malade
avec nous.
Le cristallin occupe la chambre antérieure, refoulant l'iris dont il
déforme l'ouverture. A l'éclairage oblique et à l'ophthalmoscope, nous
constatons la transparence des milieux. L'extraction immédiate est
décidée, mais le malade refuse nettement, attribuant à cette opération
la perle de son œil gauche. Je fais coucher le malade, la tête renver-
sée, je prescris le collyre à l'atropine, l'application sur l'oeil de com-
presse trempées dans une solution froide de belladone, afin de dilater
la pupille et favoriser le passage du cristallin dans la chambre pos-
térieure. Je recommande à l'interne de service de surveiller le ma-
lade et aussitôt le passage du cristallin de rendre l'œil h la lumière et
d'introduire sous la paupière du papier à la fève de Calabar pour
contracter la pupille et maintenir ta lentille dans l'humeur vitrée Le
passage ne se fait pas, l'œil rougit, les douleurs sont atroces. Sai-
gnées, sangsues, révulsifs, rien n'arrête rinflammation. Le quatrième
jour, le malade demande l'extraction, que uous pratiquons en désespoir
de cause par la kcratotomie supérieure. Ce procédé, que nous recom-
mandons dans ce cas, nous permet une manœuvre plus facile, parce
que la partie supérieure est moins remplie par la lentille, et nous
obtenons le cristallin entier, sans sa capsule, un peu diminué de vo-
lume, plutôt dur que mou, d'un jaune ambré comme il est d'ordinaire
à 60 ans, et tout à fait transparent. Malgré un traitement actif, la
suppuration, comme il était facile de le prévoir, a vidé l'œil et main-
tenant le malade est aveugle.
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— 351 —
En résumé, un homme. d'une soixantaine d'années, robuste, sans
antécédents morbides ni héréditaires, ayant toujours eu une excellente
vue, est atteint, sans autre cause appréciable que Tex position pen-
dant quelques heures à la lumière solaire vive, de solution de conti-
nuité de la capsule, suivie de luxation spontanée du cristallin gauche.
La luxation serait survenue sept mois après la cause présumée et sans
que cet œil présentât aucun autre signe de maladie. Puis, un an
après, sans cause appréciable cette fois, les mêmes phénomènes se
présentent à ToBil droit. La solution de continuité spontanée, gra-
duelle, de la partie antérieure et supérieure de la capsule peut être
suivie pas à pas ; elle met plus de deux ans à détruire la moitié envi-
ron de la circonférence de la capsule, de telle 'sorte que le cristallin
n'étant plus retenu à sa partie supérieure bascule en avant et tombe
dans la chambre antérieure primitivement ou consécutivement.
Quelle est la nature des lésions qui provoquent ces luxations spon-
tanées du cristallin? Parmi les cas observés et dont le résumé a été
donné par M. Fischer, dans les Archives de médecine, on voit que
pour le plus grand nombre c'est l'appareil cristallinien entier qui s'est
détaché; et ces casseraient encore assez communs, puisque M. Recor-
dan, de Lausanne, m*a écrit en avoir observé déjà quatre ou cinq de
cette espèce.. D'autre fois c'est la capsule qui se déchire et le cristallin
seul qui s'échappe.
Pour les cas de la première espèce, c'est-à-dire de luxation sponta-
née de tout l'appareil cristallinien, il faut que la zone soit primitive-
ment atteinte, qu'elle se déchire préalablement et laisse la capsule
sans soutien, car pour tous ceux qui ont essayé de séparer la capsule
de la zone, cette opération a été reconnue impossible sans que la
capsule se déchire d'abord.
Pour les cas de la seconde espèce, comme celui que je viens de rap-
porter, il y a solution de continuité spontanée de la capsule, puis lu-
xation de la lentille seule. Dans notre observation, il n'y a pas eu
traumatisme, l'œil a été reconnu parfaitement sain par tous les
moyens d'investigation actuels. Gomment expliquer cette solution de
continuité spontanée de la capsule ? L'hypothèse que je crois la plus
admissible consisterait à considérer cette affection comme une ulcéra-
tion de la capsule, ulcération analogue aux ulcères transparents de la
cornée, sans vascularisalion et sans dépôts plastiques, ulcères qui,
dans une membrane aussi mince, seraient suivis de perforation.
Comme conséquence, il faudrait admettre deux variétés de luxation
spontanée du cristallin :
i*> Luxation spontanée de l'appareil cristallinien entier.
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— 352 —
2* Luxation spontanée du cristallin seul.
La première variété tiendrait à une lésion anatomique de la zone;
la seconde à uae lésion de la capsule.
COMMirNIGATION.
Coxalgie aveo suppuration. Réseetioi» de hanche. Mort.
M. Verneuil. Il y a environ deux ans, un jeune homme un peu
pâle, un peu lymphatique, âgé de 23 ans, vint me trouver pour être
soigné d'une coxalgie à son début. Je le soumis au repos et j'immobi-
lisai son membre d'abord à Taîde d'une gouttière, ensuite avec un
appareil inamovible. Vers le milieu de l'année 1867, je le considérai
à peu près comme guéri. La déviation était peu notable. Les deux
membres avaient pu être placés dans une position symétrique, dans un
parallélisme à peu près complet.
Quelques mois après, au commencement de l'année présente, ce
jeune homme est rentré dans mon service. Il souffrait beaucoup, mais
il n'y avait pas de signes de collection purulente. Lorsqu'on pressait
sur le grand trochanter, sur la plante des pieds, on déterminait des
douleurs très-vives; j'en conclus que les os étaient malades. J'appli-
quai alors un attelle en T en fil de fer et un bandag.e ouaté. Les
douleurs furent calmées; mais bientôt après, nous dûmes renoncer
à l'emploi de cet appareil et avoir recours à la gouttière Bonnet.
Dans le courant du printemps, je constatai l'existence de plusieurs
collections purulentes. L'emploi de vésicatoires, de badigeonnages avec
la teinture d'iode, du drainage, des injections iodées, amena une amé-
lioration notable.
A cette époque, je constatai un racourcissement réel, accusé par
Tascension du grand trochanter, la cuisse étant toujours restée dans
l'extension sur le bassin.
Le malade maigrissait et était dans un état peu satisfaisant lorsque
je quittai le service, le 20 août dernier.
Un mois après, lorsque je repris le service, je trouvai le malade
dans un état plus grave. 11 y avait de l'œdème des membres inférieurs
et les forces déclinaient d'une manière visible.
L'examen des viscères, pratiqué avec soin, fut satisfaisant. Les
poumons étaient sains. Il existait une diarrhée peu prononcée.
Je résolus alors de pratiquer la résection de la partie supérieure du
fémur.
La région était à ce moment Irès-déformée et je constatai l'existence
dans la fosse iliaque d'une tuméfaction diffuse, que je rattachai à
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— 353 —
Texistence d*uii engorgement ganglionnaire ou d'un abcès dans la
bourse séreuse du psoas.
Je pratiquai la résection. La cuisse étant dans la flexion et dans
Fadduction, je sciai Tos avec la scie ordinaire. J'avais essayé Teraploi
de la scie à chaîne, mais l'introduction de Taiguille conductrice avait
été difficile. La fin de l'opération fut rendue un peu laborieuse parce
que je n'avais pas de tire-fond,
' La cavité cotyloïde était malade, dénudée, remplie en partie de fon*
gosités. La tète était subluxée. J'employai la cautérisation avec ua
• cautère en roseau, afin de modifier les foogosités.
Pendant Topération, je n'ai eu à lier qu'une artériole.
Je plaçai le membre dans une gouttière de Bonnet, à laquelle on
avait pratiqué une fenêtre sur le côté. Je pus continuer les injections
à l'aide du tube à drainage, placé en avant, qui avait été laissé en
place; et je ne tentai pas de rapprocher les surfaceé.
Le foyer ét'^it vaste, inégal, mais il n'existait pas de fusées s'éten-
dant au loin entre les niuscles de la cuisse.
Le soir et le lendemain de l'opération, le malade alla bien ; mais le
surlendemain, on constata l'existence de douleurs dans le trajet de la
cuisse, et tout le membre, qui était déjà œdémateux, devint le siège
d*une rougeur érythémateuse.
Le quatrième jour, le malade succomba. On n'avait pas observé de
frissons.
L'autopsie démontra qu'il existait, depuis le pli de l'aine jusqu'à»
bas du pied, un phlegmoi) diffus sous-cutané qui avait été marqué
par l'œdème considérable du membre.
En outre, on put voir que la tuméfaction siégeant au niveau de la
fosse iliaque était due à un abcès de la bourse séreuse du psoas-
ilîaque.
La veine fémorale était dans un état d'intégrité parfaite; elle ne ren-
fermait pas de caillot. Le péritoine était sain, ainsi que la plupart des
viscères. Les reins étaient anémiques et le foie présentait une dégé-
nérescence graisseuse et amyloïde très-manifeste.
J'estime que j'ai trop tardé à pratiquer cette opération. Je crois
que j'aurais pu réussir si j'étais intervenu au mois d'août.
Je veux appeler l'attention de la Société sur deux points.
J'avais toujours cru que lorsque de bonne heure on mettait le
membre dans une bonne situation, parallèle au membre sain, la tète
du fémur ne pouvait sortir de la cavité cotyloïde. Mais il manquait
des autopsies; j'ai pu constater que le raccourcissement réel que l'on
2« série. — tome ix. 45
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-^ 354 —
observe dans ces cas est dû à une sorte d'éculement de la partie supé-
rieure de la cavité cotyloïde.
Quant au foie, il présentait une lésion que Ton pouvait s'attendre
à rencontrer, car Ton sait que chez presque tous les sujets qui oat de
longues suppurations, le foie subit la dégénérescence graisseuse ou
amyloïde.
Le tissu des os était sensiblement sain à un centimètre des surfaces
articulaires. Il existait de Tostéite condensante au voisinage de la lé-
sion.
On trouvait au fond de la cavité cotyloïde un gros bourrelet formé
par des fongosités développées au niveau du paquet jaune de cette
cavité. Le bord du colyte était éculé en haut, de telle sorte que la tête
pouvait glisser facilement dans la fosse iliaque.
La capsule était très épaissie à la partie antérieure, et, en cas de
guérison, elle aurait parfaitement maintenu les parties.
DISCUSSION.
M. Chassaignac. m. Verneuil a-t-il scié Tos avant de pratiquer la
désarticulation ?
M. Verneuil. Oui, parce que je craignais d'être obligé de faire ua
mouvement trop violent pour faire sortir la tête fémorale.
M. Chassaignac. Le pus qui était dans le lissu cellulaire sous-
cutané de la cuisse était-il concret, ou bien était-ce du pus liquide?
M. Verneuil. Il était assez liquide.
M. BoiNET. Je crois que le raccourcissement du membre à la suite
de la réduction, même avec le parallélisme dans la gouttière de Bon-
net, s'observe toute les fois qu'il y a maladie de la cavité et abcès par
congestion. J'ajoute que dans cette circonstance jamais la guérison ne
s'obtient sans raccourcissement.
J'ai gardé le souvenir d'un malade que j'ai vu avec M. Verneuil, et
chez lequel il existait, dans ces conditions, un raccourcissement de 7 à 8
centimètres. Chez un autre enfant, qui depuis quatre mois était placé
dans la gouttière Bonnet, le parallélisme des membres était parfait, et
cependant on pouvait constater un raccourcissement de plusieurs cen-
timètres.
M. Chassaignac. A l'occasion de la manière dont M. Verneuil a
procédé dans son opération, je voulais faire remarquer l'utilité du
précepte que j'ai donné de faire la section de l'os avant la désarti-
culation. Pour saisir la portion articulaire de Tos, je me sers d'un
davier à résection au lieu d'un tire-fond.
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— 355 —
M. Tr^lat. La question que soulève en ce moment M. Ghassaignac
a été discutée plusieurs fois devant la Société de chirurgie. Je consi-
dère comme mauvais en général le précepte donné par M. Ghassai-
gnac. En faisant la section de l'os avant la désarticulation, on peut la
pratiquer dans un endroit mal déterminé relativement à la lésion de
l'os.
M. Ghassaignac. L'objection que me fait M. Trélat avait été for-
mulée bien avant lui et particulièrement par M. Robert. Je lui répon-
drai que la section préalable de l'os ne force pas de limiter son action
au point où l'on a fait porter la scie. On peut, s'il en est besoin, en-
lever une portion plus considérable de l'os ; mais en tout cas, celte
manière d'agir facilite singulièrement Fopération.
J'admets, comme un principe opératoire des plus importants, qu'il
ne faut faire de délabrements que ce qui est indispensable. Or, si
l'on pratique une incision unique aux parties molles et que l'on veuille
joindre la désarticulation préalable à cette incision, on produit néces-
sairement des délabrements profonds très-considérables.
M. Verneuïl. Je n'ai suivi exclusivement ni le précepte de ceux qui
veulent ménager les tissus, ni celui de ceux qui les ouvrent largenlent.
J'ai commencé par ouvrir la capsule et par détruire tous les
liens possibles, puis j'ai scié l'os, et enfin j'ai enlevé le col. M. Ghas-
saignac scie l'os avant d'ouvrir l'articulation, voilà son principe clas-
sique. On lui a objecté qu'on s'exposait à enlever les portions d'os
sans connaître nettement l'état des surfaces arliôulaires.
M. Trélat. La discussion est simplifiée far les paroles prononcées
par M. Ghassaignac. Du moment où il ne s'agit plus que d'un artifice
de médecine opératoire qui doit simplifier l'opération, mon objection
tombe. ,
Mais j'ajoute, qu'en principe, au point de vue de la pathologie, il
vaut mieux désarticuler d'abord et sectionner ensuite.
M. Ghassaignac. L'objection de M. Trélat n'a pas plus de valeur
au point de vue tbérapeutique qu'à celui de la médecine opératoire. .
Ce qui est capital, c'est de ne pas produire de grands traumatismes,
de traumatismes inutiles.
Dans le cas de M. Yerneuil, ce ligament très-fort qui eût été ca-
pable de soutenir le membre eût rendu très difficile la luxation de la
tête, avant la section de la diaphyse de l'os.
M. TrélàT. Malgré ce qu'a dit M. Ghassaignac, je ne me fais pas
fort de faire le diagnostic de la limite exacte de la lésion d'une tète
osseuse.
Personne ne fait plus ces grandes incisions que M. Ghassaignac
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— 356 ^
reproche *ux chirurgiens, et l'oiji ne peut prétendre que Ton fait
d'énormes incisions parce que l'on pratique la désarticulation aidant
la section. Pour la 'résection du coude en particulier, il y aura tou-
jours avantage à désarticuler avant de sectionner. *
M* Panas. M. Verneuil a appelé notre attention sur le raccourcisse-
ment que FoQ peut observer malgré le parallélisme des deux mem-
bres.
Il peut y avoir deux causes de ce raccourcissement :
4° L'atrophie de Tos, c'est ce qui explique le cas de M. Boinet;
2® la pseudo-luxation , c'est-à-dire l'élévation de la tête du fémur dans
sa propre cavité : c'est le cas de M. Verneuil, dans lequel on a vu que
la cavité était agrandie.
}^ crois avec Bonnet qu'en plaçant le membre dans le parallélisme,
on. s'oppose à la production des véritables luxations, de celle dans
laquelle la tête sort à travers la capsule. Mais ce qui est alors encore
possible, c'est la pseudo-luxation. ^
M.Châssâignac. M.Trélat nous a montré qu'il ignore complètement
l'histoire des résections. A l'époque où j'ai présenté ajon travail sur
les résections, ces opérations se faisaient toutes par les méthodes dé-
labrantes.
Je. réclame la propriété de cette idée doctrinale que pour faire les
résections utilement, il faut renoncer aux méthodes anciennes et
j'ajoute que je crois qu'il existe encore des chirurgiens qui tiennent à
pratiquer de larges incisions pour arriver sur les surfaces osseuses.
M. BoiNÉT. Le raccourcissement de 6 ou 7 centimètres qui existait
cheji l'un de nos malades, variait suivant qu'on examinait celui-ci
debout ou couché. Ce raccourcissement est dû à la fois au déplace-
mçnt de la tête, à l'atrophié de l'os et à la situation du membre. Le
raccourcissement était moins considérable quand le malade était cou-
ché..
M. Marjoltn- Le fait de M. Verneuil est très-intéressant au point
de vue des résections.
Le raccourcissement avec parallélisme du membre, malgré l'emploi
de.l'çippfjr^U de Bonnet, se montre quelquefois. C'est surtout dans la
CQxit^, quand les surfaces articulaires sont altérées dans leur forme,
que l'on peut observer ce déplacement de la tête fémorale.
JJans ces cas, il ne faut pas trop chercher à égaliser les membres,
car en trop insistant dans cette direction on pourrait, on le comprend,
contrarier le travail de la nature. Dans tous les cas, les malades res-
teront bQÎteux. ,
L'état gras du foie est une affection organique consécutive à toutes
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— SôT —
les lésions accompagnées de supjiurations (rès-longues, et ne pourraft '
constituer une contre-indication à ?a résection.
BT." Panas. M. Bdinèl avait parlé d'un raccourcisseihent de 7 centi-
mètres observé chez un de ses malades, sans spécifier quMl y avait à
la fois raccourcissémëiit réel et ppparent. '
PRÉSENTATION DE MALADE.
Tnmenrs miiUiples de ta face.
If. Panas. J'ai Thonneur de présenter ici une malade atteinte de tu-
meurs multiples de la face, à l'effet d'avoir Topinioi de ceux d'entre
vous qui ont eu à observer des cas analogues à cea>i-ci.
Le siège, en partie ganglionnaire (sauf la tumeur de l'orbite et de
la narine gauche), porte à penser qu'il s'agit d'un. cas d'adénie, d'au-
tant plus que la conservation de la sa ilé générale, le défaut d'ulcéra-
tion des tumeurs et la sécrétion laiteuse de la mamelle gauche surve-
nue chez une vieille femme, corroborent en partie celte manière de
voir. Toutefois, j'hésite encore entre ce diagnostic et celui de tumeurs
fibro-plastiques et c'est pourquoi j'ai cru devoir demander votre avis.
Dans cette dernière hypothèse, il resterait encore à expliquer la mul-
tiplicité et la symétrie de toutes ces tumeurs, outre que le développe-
ment d'une lésion maligne débutant par les ganglions est par lui-
même un fait assez exceptionnel, et comme tel méritait encore de
TOUS être présenté.
Du reste, voici l'observation détaillée de cette malade.
Lk nomimée'Amable B..., âgée de b2 ans, est entrée à l'HôteUDièu'
ie 7 septembre, salle Saint-Charles, lit n*» i2.
Cette femme, journalière de son état, dit n'avoir jamais fait de ma-
ladie, avoir eu quatre enfants et le dernier à 28 ans. La ménopause
8*est montrée chez elle à l'âge de 40 ans et ne s'est c >mpliquée d'aucun
accîâerit. Cependant, la malade aurait souffert quelque temps après
d'anémie avec pâleur et palpitations ayant persisté pendant un an.
Il y a à peu près deux ans et demi que la malade vil apparaître
une tumeur du volume d'une noisette sur la région miixillaire gauche,
à l'endroit du ganglion facial. Aujourd'hui, cette môme tumeur a le
volume d'une orange. La peau qui la recouvre est amincie, lui adhère
intimement et offre une coloration violacée disparaissant à la pression
du doigt. Dans l'épaisseur du' derme, on voit des varicosïtés. La ooh*-
«istance de la masse est lardacée; celle-ci est en partie mobile sur le
'1
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- 358
maxillaire qui présente toutefois des osléophytes à la base de la tu-
meur.
Du même côté, le gauglion préauriculaire est pris et offre le volume
d'une petite noix.
La malade fait remonter à deux mois l'apparition de cette dernière
tumeur indolente et non adhérente à la peau.
Du côlé droit, on trouve le ganglion maxillo-facial pris de la même
façon que celui du côté gauche et la peau présente la même adhérence
et les mêmes modifications ; toutefois, la consistance en est ui^ peu
plus dure.
On voit aussi du même côlé un gros ganglion sous-maxillaire du
volume d'un œuf, qui n'ofifre pas de liaison avec la peau, mais qui est
adhérent profondément. Enfin, un ganglion sous-mentonier du vo-
lumie d'une petite noisette existe à gauche.
La chaîne ganglionnaire post- mastoïdienne est prise des deux côtés
jusqu'à la clavicule.
Dans la région sous-claviculaire et axillaire, on ne trouve pas de
ganglions. Pas de ganglion épitrochléen, ni de ganglions inguinaux.
Les ganglions iliaques et mésentériques ne paraissent pas être ma-
lades.
Une tumeur de môme nature que celle de la joue a envahi depuis
six mois l'orbite gauche et occupe toute, la paupière inférieure. Le
repli semi-lunaire est complètement dédoublé ; les voies lacrymalea
sont probablement envahies, et de là la tumeur se propage dans la
fosse nasale gauche, où elle fit son apparition il y a quatre mois»
Comme conséquence, on observe un certain degré d'exorbitis, une
abduction avec élévation du globe oculaire, qui est porté en haut et
en dehors, et de plus un élargissement de la pupille qui est moins
mobile que celle du côté opposé.
Il y a dlplopie verticale et horizontale à la fois. La diplopie est du
reste croisée et la vue uè paraît pas considérablement affaiblie.
L'inspiration et l'expiration sont impossibles par la fosse nasale
gauche qui est totalement bouchée. Le sinus maxillaire et la voûta
sont exempts de toute lésion. ,
il n*y a aucun changement du côté de la santé générale; rien non
plus du côté du cœur et des vaisseaux. La respiration est régulière
des deux côtés, ce qui indique que les ganglions bronchiques ne sont
pas pris.
La rate, ainsi que le foie, sont en bon état.
Depuis sept à huit mois^ la malade s'est aperçue d'un écoulement
séreux, qui persiste encore aujourd'hui, par la mamelle droite. Du
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— 359 —
reste, la glande mammaire de ce côté offre une petite augmentation
de vteiame et de consistance.
L'analyse chimique des urines n'a fait trouver aucune trace d'albu-
mine ni de sucre.
La séance est levée à cinq heures trois quarts.
Le Secrétaire^ D' Léon Labbé*
SÉANCE DU 21 OCTOBRE 1868
Présidence de M. LEGOVEST
.Le procès-verbal de la précédente séance est lu et adopté.
M. le Président annonce que M. de Graêfe, de Berlin, membre as-
socié, assiste à la séance.
CORRESPONDANCE.
La correspondance comprend :
Les journaux de la semaine. — Le Bulletin de tkérapeutique, —
La Gazette médicale de Strasbourg.
— Blessure de la joue. Fistule consécutive du canal de Sténon, Opé-
ration d'après un nouveau procédé; guérison, par le docteur Higguet
(de Liège). Brochure in-S*».
— Delta elettropunltèra nella cura degli aneurismi delV aorta iora~
dca, par le docteur Luigi Ciniselli. Brochure in-S**.
— Monografia délia arteria vertébrale^ par le docteur Agostino Bar-
bieri (de Milan), ln-4'' avec planches.
— Le professeur Glniselli (de Crémone) adresse à la Société l'im-
portante observation qui suit ;
AnéTrisme de l'aorte ascendante traité
par la galTano-pancture.
Antoine R..., âgé de 46 ans, de bonne constitution, n'a eu d'autre
maladie qu'une arthrite avec endocardite en f 863. Guéri en apparence
de cette maladie, il changea son métier de postillon en celui moins
fatigant de voiturier. En 1866, il commença à éprouver des douleurs
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-^360 —
avec pulsation dans le côté dçoit de la poitrine, outre une sensation
pénible de lassitude et de gêne dans Texercice de son métier, A ces
symptômes, qui se prononçaient toujours plus, s'ajouta, au com-
mencement de cette année, de la dyspnée et des lipothymies, les pul-
sations devinrent sensibles au toucher à travers les parois de la
poilrinej qui s'élevèrent en forme de tumeur ; enfin, l'insomnie, la
position horizontale devenue pénible, Tintolérance au travail, ont dé^
cidé le m'alade à entrer dans cet hôpital major, le 24 juillet de cette
année.
Le sujet étant debout, on voyait, à droite du sternum, une tumeur
arrondie, élevée d'un centimètre à un centimètre et demi sur les pa-
rois de la poitrine, s'étendant à six centimètres dans le sens trans-
versal, moins dans le vertical, dont la pulsation était visible. Elle
était formée par une courbure limitée à la troisième et quatrième côtes
et au troisième espace intercostal, presque doublé d'étendue.
Les deux côes ne présentaient aucune autre altération appréciable;
on apercevait à travers elles la pulsation, surtout à travers la troi-
sième qui était plus courbée que l'autre. Au milieu de l'espaee intei^
costal, la pulsation était assez forte. Dans la position horizontale du
sujet, la tumeur éiait moins élevée, l'espace intercostal moins étendu
et la pulsation moins forte; celle-ci était accompagnée par un bruit
doux de soufflet. La pulsation était aussi profondément sensible au
toucher dans le second espace intercostal, mais pas dans le quatrième.
Du reste, on ne remarquait aucun autre trouble dans la circulation
et dans la respiration, à l'exception de ceux qui résultaient de la
compression exercée sur le poumon droit par la tumeur anévrismale,
qui s'étendait bien peu au delà des limites qu'on remarquait à l'exté-
rieur. En effet, les pulsations obscures qu'on apercevait du côté du
dos, le défaut d'altération dans la voix et dans la circulation des ju-
gulaires, devaient faire penser à un développement limité de Tané-
vrisme à rinlérieur.
Pour l'ensemble de ces symptômes, il a été jugé qu'on avait à faire
à un anévrisme de la partie latérale de l'aorte ascendante. On se
décida à le traiter par la galvano-puncture, après que j'eus donné à
mes collègues l'assurance d'éviter les accidents dangereux, propres à
cette opération , tels que l'inflammation phlegmoneuse et les es-
char res.
L'opération a été pratiquée le 30 juillet, en présence de presque
tout le corps médical de l'hôpital. — Trois aiguilles d'acier, luisant
de l'épaisseur d'un millimètre, ont été enfoncées dans le troisième
espace intercostal ; la première à la distance d'un centimètre et demi
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— 361 —
•du sternum, les autres à Textérieur et à là distance de deux centimètres
Tune de Fautre ; elles étaient secouées violemment par la pulsation
de Tanévrisme. Le courant électrique provenait d'une pile à colonne
de trente couples carrés, ayant dix centimètres de côté, animée par
une solution saturée de sel marin. — C'est l'appareil par lequel on a
obtenu le plus de succès et le moins d'accidents, surtout.de ceux qui
se rapportent à l'inflammation phlegmoneuse. — Pour éviter les es-
charres causées par l'action chimique du courant, qui forment Tacci-
dent le plus redoutable de la galvano-puncture, j'ai commencé l'opé-
ration en appliquant le réophore positif sur une des aiguilles et le
négatif près de la tumeur, sur la peau, au moyen d'un plumasseau
imbibée d'eau salée. Ensuite, j'ai transporté le réophore positif sur une
autre aiguille et le négatif sur l'aiguille déjà soumise à l'action du
pôle positif, et ainsi de suite; de sorte que chacune des aiguilles a été
mise en communication avec les deux pôles. — L'oxydation des
aiguilles par l'action du pôle positif et Toxygénation du sang, qui se
manifeste par un petit cercle noir autour de la piqûre, procure un
isolement sufflsant pour une durée limitée du courant; ce qu'on a
cherché en vain par les couches isolantes. Cela est démontré par des
observations assez connues et par des expériences et des faits cli-
niques rapportés dans mes Études sur la galvano-puncture dans leirai-
iement des anévrismes (1856) et sur l'action chimique de l'électricité
sur les tissus vivants (1862), et dans le Résumé des études, Ecc. Ga-
zette médicale 1866. — Les changements de contact des réophores
avec les aiguilles étaient combinés de manière à épargner les secousses
au- malade.
Jusqu'à ce point, je me suis tenu rigoureusement aux règles que
Texpérience et les observations nous ont appris à suivre; mais ici une
crainte, qui m'a été inspirée par les collègues présents, m'en a fait
écarter. L'expérience a démontré que pour profiter de l'isolement des
aiguilles, fait par l'oxydation, en employant un appareil de teûsion
suffisante pour procurer la coagulation du sang, il faut que la durée
du courant sur chacune des aiguilles ne dépasse pas cinq minutes. Il
est aussi prudent, pour ne pas provoquer une réaction ultérieure trop
forte, que ropération ne soit pas prolongée au delà dune demi heure.
Or, on m'a suggéré qu'un caillot électrique pouvait se détacher et
être transporté, exposant le malade aux eflets de Tembolie. Cette
considération m'a fait prolonger les applications sur chacune des ai-
guilles au delà du temps susdit, et jusqu'à dix minutes sur les deux
aiguilles plus près du sternum, dans le but de procurer une adhérence
lus solide entre les caillots électriques et les parois du sac anévrismal,
2*^ série. — tome ix. 46
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— 362 —
Celte pratique, par laquelle nous avons cru nous mettre à Fabri de»
accidents de Tembolie, ne manqua pas d'occasionner les cautérisations
élbctro- chimiques au niveau des deux piqûres; mais comme elles
étaient superficielles, elles n'ont pas eu de conséquences graves. L'ac-
tion totale du courant a été portée jusqu'à quarante minutes. La.
peau qui couvrait la tumeur était rouge et tuméfiée.
L'extraction des aiguilles, faite immédiatement, a été pénible à
cause de l'adhérence qu'elles avaient coutraciée avec les tissus tra-
versés, par suite de leur oxydation. Malgré la précaution de déprimer
la peau pendant l'extraction des aiguilles, nous n'avons pas empêché
que du sang se répandit dans le tissu cellulaire. Il n'y eut pas de sor-
tie de gaz. L'hémorrhagie de sang vermeil, peu importante, s'arrêta
promptement par suite de l'application d'une compresse imbibée d'eau
saturnine et d'une vessie remplie de glace. De l'eau à la glace a été
donnée pour boiseon.
Les sensations de brûlure qui avaient accompagné l'opération ces-
sèrent peu après; les pulsations de la tumeur se réduisirent à l'état
ordinaire, de manière que le malade rentra dans le calme.
En examinant les aiguilles et leur oxydation, on a pu reconnaître
que celle qui était placée près du sternum avait pénétré à un centi-
mètre et demi dans la cavité de l'anévrisme, ayant traversé des tissus
solides de l'épaisseur de deux centimètres, ce que l'on reconnaît à la
plus profonde oxydation ; celle qui occupait la partie moyenne péné-
tra à trois centimètres et demi dans la cavité de l'anévrisme, ayant
traversé des tissus de l'épaisseur d'un seul centimètre; l'aiguille en-
foncée à l'extérieur pénétra 'à deux centimètres et demi dans le sac
anévribmal, ayant traversé les tissus dans l'épaisseur de deux centi-
mètres.
L'opération n'a pas été suivie de réaction générale; la réaction* lo-
cale, caractérisée par la tuméfaction et la rougeur de la peau, ae
dissipa sous l'application de la glace continuée pendant les deux pre-
miers jours el de l'eau saturnine continuée encore pour quelques
jours. L'épanchement sanguin el toute réaction locale étant dissipés
six jours après l'opération, on trouva la tumeur abaissée et presque
au niveau des parois du thorax. La troisième côte seulement conser-
vait la courbure acquise; la pulsation à travers elle était faible et
obscure. Dans le troisième espace intercostal, elle était aussi faible et
plus profonde qu'elle ne l'était auparavant; elle était aussi à peine
perceptible à travers la quatrième côte. Mais ce qui nous persuadait
mieux que tout que nous avions obtenu une notable amélioration de
la maladie, c'est que le malade nous assurait qu'il n'éprouvait plus^
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— 363 —
aucune gène dans la respiration et qu'il pouvait garder la position
horizontale sur le dos et sur les côtés, se trouvant cependant mieux
flur le côté droit. Il avait recouvré le sommeil et le bien-être, qu'il
ne goûtait plus depuis deux mois.
Malgré cet état satisfaisant, on obligea le malade à garder le lit
pendant trois semaines, en lui donnant de la digitale pour modérer
les mouvements de la circulation, et en môme temps une diète bien
nourrissanle à Taide de la viande, dans le but de procurer au sangles
éléments plastiques nécessaires à la formation d'un caillot capable de
remplir toute la cavité du sac anévrismal.
En examinant le sujet debout, après le temps susdit, on apercevait
la tumeur un peu plus élevée, la pulsation était visible et moins pro-
fonde dans le troisième espace intercostal ; le bruit de soufflet était
presque comme avant l'amélioration. L'état d'amélioration ce conti-
nuant, lé malade, satisfait et espérant la guérison complète, quitta
l'hôpital le il septembre, quarante -trois jours après l'opération.
26 septembre (58 jours après l'opération). — Le sujet s'étant pré-
senté, on constata la courbure de la troisième côie abaissée et réduite
presque à l'état normal ; la tumeur étant en conséquence disparue,
on ne remarquait qu'une tuméfaction, sur laquelle l'œil n'apercevait
plus de pulsations; celles-ci cependant étaient encore sensibles au
toucher au niveau de la troisième côte et de l'espace intercostal, mais
plus profondément qu'autrefois; le bruit de soufflet beaucoup plus
obscur, se confondant. avec le bruit vésiculaire. — Le sujet continue
à mener une vie commode, en se tenant au régime nourrissant; il ne
se plaint que de douleurs générales, mais plus particulièrement dans
les membres, par suite de l'aflfsction arthritique qui ne l'a jamais quitté.
4 octobre (66 jours après Topération). — Le sujet a gagné de là
force et de l'embonpoint. Examiné peu après avoir fait une prome-
nade de trois kilomètres, il ne se plaint d'aucune sensation pénible,
d*aucune gène dans la respiration. La pulsation est encore sensible au
toucher dans le troisième espace intercostal, mais plus profonde ; le
bruit de soufflet a presque disparu ; le bruit vésiculaire à travers de
la tumeur est plus clair. Tous ces changements font concevoir l'idée
que le sac anévrismal est presque rempli de caillots, et que la pulsa^-
tion ne doit pas tant être attribuée au mouvement d'expansion et de
rétrécissement de l'anévrisme, qu'à l'impulsion que la tumeur doit
recevoir de l'aorte, sur laquelle elle a son siège.
12 octobre (74 jours après l'opération). — Le sujet se trouvant tou-
jours, bien, ennuyé de la vie oisive, reprend l'exercice de son mé-
tier.
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— 364 —
Tumeurs multiples de la faea.
DISCUSSION.
A propos du procès- verbal :
M. DoLBEAU. J*ai examiné pendant la dernière séance la malade qui
ft élé présentée par M. Panas. Je crois qu'il s'agit là d'un cas d'adénie.
En 1865, à l'hôpital des Cliniques, j'ai observé un homme de 65
ans qui venait réclamer les soins du chirurgien pour une petite tu-
meur siégeant au niveau de la paupière inférieure gauche et produi-
sant de l'épiphora. 11 existait en outre plusieurs masses sous-maxillaires
et jugales, dures, recouvertes par la peau saine et mobile et qui ne
causaient aucune gène.
Il y avait ea outre trois petites tumeurs dans la paupière supérieure
gauche, plus deux tumeurs dans les paupières du côté droit. On cons-
tait l'engagement d'un ganglion sous-maxillaire médian et de plu-
sieurs ganglions des régions inguinales.
Il existait une gène très-grande de la respiration, et l'examen de la
cavité buccale permettait de constater l'hypertrophie des glandes de
la voûte palatine, du voile du palais et de la région de l'isthme du
gosier. L'isthme était tellement obturé que quelques mois avant un
médecin avait enlevé la partie la plus saillante des tumeurs siégeant
dans ce point, pour permettre au malade de respirer.
Je pensai qu'il s'agissait là d'un cas d'adénie, compliqué d'une hy-
pertrophie glandulaire multiple (glandes sudorlpares des paupières,
glandes palatines, buccales, etc.).
Ni la rate ni le foie n'étaient engorgés.
Uexamen du sang avait été fait par M. Robin, et celui-ci avait
trouvé une quantité anormale de leucocythes.
Le malade eut le choléra ; il atteignit un degré extrême d'amai-
grissement. Trois semaines après le début du choléra, pendant la pé-
riode de convalescence, on constata que toutes les tumeurs avaient
disparu.
M. Chassaignag. Je désire citer un fait qui a la plus grande ana-
logie avec celui que vient de nous faire connaître M. Dolbeau.
Chez un malade présentant tous les symptômes de la leucocythémie,
il existait des engorgements ganglionnaires multiples. On en consta-
tait même dans des endroits où on ne soupçonne pas habituellement
leur présence, notamment dans les régions des omoplates.
M. Verneuil. J'ai aussi examiné le malade de M. Panas et je serai»
très-embarrassé de rattacher son affection à une maladie quelconque
Actuellement dénommée. Je ne crois pas qu'on puisse admettre qifil
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— 365 —
«'agit là d'une adénie. Il m'est impossible d'admettre Texistenee de
ganglions lymphatiques dans la cavité de Forbite, au milieu des joues.
Il manque des signes importants de Tadénie, Tengorgement des aines
et des aisselles.
M, Dolbeau a rapproché du fait de M. Panas un fait qui est très-
analogue, mais qui, selon moi, ne peut pas non plus être rapporté à
Tadénie. Il nous a dit, en effet, que Ton observait non-seulement Ten-
gorgement des ganglions, mais aussi celui des glandes sudoripares.
Je ne sache pas que l'on ait jamais noté dans l'adénie l'engorgement
des glandes à conduit excréteur.
Dans les trois cas d'adénie que j'ai eu occasion d'observer, les gan-
glions lymphatiques étaient pris partout symétriquement, mais dans
aucun d'eux la peau n'était intéressée comme chez le malade de
M. Panas.
M. Després. M. Verneuil a développé une partie des arguments sur
lesquels j'avais voulu moi-même insister. Comme lui, je ne crois pas
qu'il s'agisse d'adénie.
On parle de l'adénie, sous la foi de M. Trousseau, comme d'une
maladie spéciale. Mais je ne vois pas que cette opinion soit justifiée.
Pour mon compte, je connais les engorgements ganglionnaires mul-
tiples et voilà tout, et je ne pense pas qu'il faille admettre le mot vague
d'adénie.
Dans les tumeurs de la malade de M. Panas, j'observe plusieurs
caractères des tumeurs malignes : d'abord, l'adhérence de la peau aux
tumeurs, et l'adhérence de celles-là aux parties profondes. Je serais
porté à penser qu'il s'agit là de tumeurs fibro-plasliques multiples.
Autrefois M. Broca a présenté un vieillard atteint de tumeurs fi-
breuses multiples, dont le cas offrait quelque analogie avec celui-ci.
Je rapprocherais encore de ce fait celui communiqué dernièrement à
la Société médicale des hôpitaux sous le titre de Tumeurs cancéreuses
de la peau.
M. Marc Sbe. Je veux répondre aux objections de M. Verneuil. J'ai
observé deux faits d'adénie, et, dans ces cas, il n'y avait d'engorge-
ment que dans les régions où se trouvent normalement des ganglions
lymphatiques. Je ne crois pas cependant pour cela qu'il ne faille pas
rapporter le cas cité par M. Dolbeau à l'adénie. Il existe en effet, dans
toutes les régions indiquées par M. Dolbeau comme étan^ le siège de
tumeurs, un tissu dit cytogène, composé de cellules analogues aux
cellules des ganglions lymphatiques.
Ce tissu a le même rôle [que les ganglions lymphatiques, et Ton a
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— 366 -
■constaté qu'il pouvait être le siège des mêmes altérations que le»
ganglions lymphatiques.
M. DoLBEAU. Je ferai remarquer que chez mou malade l'analyse da
sang a été faite par M. Robin. Il y avait prédominance de globules
blancs; on avait donc affaire à un leucémique. En outre, on observait
des ganglions inguinaux très-développés et ua ganglion sous-men-
tODûier.
M. Verneuil. Pour moi. l'adénie est une affection déflnie et qui n'a
aucune analogie avec la scrofule.
' J'accepterais volontiers l'argument conciliateur de M. Sée, qui nous
fait connaître l'engorgement d'un tissu, analogue à celui des ganglions
lymphatiques. Mais je ferai remarquer que chez les jeunes enfants on
trouv 3 des milliers de ganglions, et cependant on n'en observe pas
sous les muqueuses.
M. Dolbeau a dit que son malade était leucémique; mais il pouvait
être leucémique au même titre qu'un autre serait albuminurique.
L'excès des globules blancs du sang se rencontre dans un grand
nombre de maladies et ne peut servir à caractériser une maladie par-
ticulière ; cet excès ne constitue qu'un symptôme. Ce malade était
leucémique, comme le sont beaucoup de malades chez lesquels se dé-
veloppent des néoplasmes multiples.
M. DEMARQUAT. J'ai eu occasion de voir des malades atteints d'adé-
nie. Tous ces malades avaient un certain âge et l'on ne pouvait
rapporter leur affection à la scrofule. L'une de ces malades était très-
débîlitée; elle mourut bientôt. Son sang fut examiné : il ne renfermait
pas de globules blancs en excès. Il faut ea conclure que dans ces
cas la présence des globules blancs en excès n'a qu'une importance
secondaire.
M: Després. Je suis tout à fait l'adversaire de la théorie de Tadé-
niè. Dé deux choses l'une, ou c'est une maladie générale, ou c'est une
maladie locale. Si c'est une maladie générale, pourquoi tou§ les gan-
glions ne deviennent-ils pas malades en même temps? Ou c'est une
maladie locale, et alors ce n'est plus qu'une simple hypertrophie dès
ganglions. ^ ^
J'ai souvenir d'une malade de M.Richard qui présentait une hyper-
trophie ganglionnaire multiple; celle-ci avait succédé à une ancienne
ûdéiiile, qui elle-même était la conséquence d'une affection- de la
péàu.
M. Liégeois. Si M. Després avait été à même, d'observé ctirtaka»
eas de leucocythémie, il ne serait pas aussi opposé à la théorierde^
l'adénie. Chez ce^ malades, on trouve des engorgements gangiicMi»-
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naires extrèmemeni nombreux, et, dans le sang, on trouve les glo-
bules blancs dans la proportion de 10 à 16 p. 100, au lieu de 1
p. 400.
M. LÉON Labbb. Malgré Topinion de M. Després, il est impossible de
ne pas admettre Texistence de Tadénie. On en observe certains cas
tellement caractérisés que les nier serait nier l'évidence. J'ai eu, il y a
quelques années, l'occasion de voir, avec M. Tardieu, l'un de mes an-
ciens professeurs du lycée, qui était atteint de celte affection. Chez
lui, toutes les glandes lymphatiques du corps étaient augmentées de
Yolume, on pouvait les compter par centaines. Dans aucun point la
peau n'était adhérente à ces glandes. Le malade s'éteignit peu à peu;
il était pâle et amaigri. L'analyse du sang n'avait pas été faite.
M. Marc Sée. Les tumeurs du malade de M. Dolbeau se sont déve-
loppées toutes en même temps et ont disparu toutes en même temps ;
donc, il est probable qu'elles s'étaient développées dans un tissu ana-
logue et sous l'influence de la môme cause. On doit remarquer que
c'est une affection grave de l'intestin qui a déterminé la disparition de.
toutes ces tumeurs; à ce point de vue, il est intéressant de faire re*
marquer que l'intestin renferme en assez grande abondance un tissu
analogue à celui qui constitue les ganglions lymphatiques.
M. Després. J'accepterai la théorie de l'adénie lorsqu'on me dira
que chez un malade tous les ganglions étaient affectés.
LÉON Labbé. J'ai précisément ditquedans le cas que j'avais observé
tous les ganglions étaient augmentés de volume.
M. Panas. Chez ma malade, le foie et la rate ne sont pas augmen-
tés de volume. L'analyse du sang sera faite.
La glande mammaire semble ressentir l'influence de la même cause
morbide, ce qui serait difflciie h expliquer s'il s'agissait de tumeurs
fibro-plastiques. Il existe un écoulement muqueux par le sein.
Sauf pour ce qui est des tumeurs de l'orbite et du nez, on peut tout
expliquer par Tengorgement ganglionnaire.
Ce cas assurément s'éloigne des cas d'adénie type, parce que toua
les ganglions ne sont pas pris et parce que d'autres tissus glandulaires
sont affectés.
Je dois dire que la malade est soumise au traitement par l'iodure
de. potassium et l'huile de foie de morue mélangés et qu'il m'a paru
que le volume des tumeurs était moindre depuis trois jours.
M. Broca. Il me semble difficile, lorsque nous voyons des tumeurs
multiples dans une région comme celle-ci, de ne pas reconnaître
la marche d'une maladie maligne. Je pense qu'il s'agit, dans ce cas,
de tumeurs fibro-plastiques. Mais la marche de la maladie semble
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— 368 —
renversée; les ganglions lymphatiques se seraient engorgés d*abord,
puis la tumeur de Torbite se serait montrée.
M. Panas nous dit qu'il existe en outre une tumeur de la mamelle;
mais c'est là une raison à invoquer contre l'existence de l'adénie.
Voici, je pense, comment on peut interpréter l'histoire de cette ma-
lade.
On nous a dit qu'elle avait eu au niveau de la région maxillaire
supérieure, près de la ligne médiane, une tumeur qui a été enlevée et
à laquelle on a donné le nom d^épulis. Eh bien I la tumeur primitive
a été enlçvée et des tumeurs secondaires ont apparu au niveau des
ganglions. Quoi de plus normal que celte marche? S'il n'existait pas
une tumeur dans l'orbite, cette discussion n'aurait pas eu de raison
d'être.
Je crois que la tumeur qui fait saillie dans l'orbile vient du sinus
maxillaire et qu'elle n'est que la continuation de la tumeur qui a été
enlevée.
En réponse à une allusion que M. Després a faite à l'un de mes
malades, je dirai que celui-ci avait i082 tumeurs qui n'étaient pas
des fibromes mais des lipomes avec interposition d'une certaine quan-
tité de tissu fibreux. Il est vrai qu'au moment de la mort du malade,
le tissu fibreux dominait dans les tumeurs, mais toute la partie grais-
seuse de celle-ci avait disparu. Ce malade était mort de faim, et il y
avait eu une véritable autophagie. Mais l'on retrouvait encore des vé-
sicules graisseuses dans toutes ces tumeurs ; elles existaient aussi en
plus grande abondance qu'à l'élat normal dans la gaîne de la caro-
tide, etc., etc.
M. Panas. Au point de vue de la simplicité du diagnostic, je serais
très-heureux que les choses se soient passées comme vient de l'indi-
quer M. Broca. Il y a bien eu, il est vrai, une tumeur du maxillaire
enlevée il y u vingt ans; mais depuis deux ans seulement^ après dix-
huit ans d'intervalle, l'atîection actuelle s'est montrée.
Quant à la mamelle, elle ne présente pas d'engorgemenl, elle est
seulement le siège d'une sécrétion anormale.
Ce ne sont pas seulement des ganglions en rapport avec le siège de
la tumeur primitive, qui sont malades, mais aussi les ganglions du
côté opposé, ce qui fait penser que les glanglions sont pris primitive-
ment.
M. Chassaignac. J'avoue n'avoir jamais vu de cancer bilatéral; mais
chez la malade de M. Panas, il me semble qu'il n'y a pas d'interrup-
tion entre les ganglions engorgés à droite et à gauche.
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-=- 369 —
CO^JjlfJMICATïOff.
OvAriotomie.
M. L1É0E91S. — Madame T.*, , Agé^ de 54 ans, est une femme mai-
gre, de coa^titution moyepne, d'un tempérament nerveux» parlant beauh
coup et avec volubilité; eU^ n'^ poioj; eu im» sa jeunessfi d'aSeetions
9érieusps. Ses règles ont apparu ^ 13 ans, U)ujûur$ elles se sont faites
régulièrement, presque sans douleur, jusqu'à l'âge de 42 0ms, époque
qqi correspond h leur disparition. A ^1 ans, elle a eu une grossesse;
ses couches, quoique ayaat été un peu longues, se sont terminées sans
accidents. En 18^7, ^ la ^uite de douleurs très- vives dans les reins,
elle rendit, lors i'um miqtion, une petite pierre du volume d'un bari^
cot. Depi}is lors, à des intervalles variables, cinq fois des douleurs
semblables çtyi; premières r^p^rurent, et chaque fois ces douleurs se
tiçrminèreat après l'expulsion d^ un ou deux petits ealculs. Ces cal*
culs, qui m'ont été remis par \9l malade, étaient composés de phos-
phate de magpé$ie et d'acide urique.
Il y a 7 ans environ que je vis madame T... pour la première foie,
appelé par elle pour la soulager dans une de «es crises. Explorant
alors la partie inférieuf e de Tabdomen, je trouvai dans Texcavation
pelvienne une petite tumeur grosse environ comme un œuf de poule,
mobile, indolente, peu dure à la pression, liais je n'arrêtai pas davan-
« iage mon attention sur cette tumeur, la concentrant sur Tétat des or-
ganes urinaires. Le cathétérisme ne me fit découvrir aucun calcul, le
constatai seulemei^t <|U6 l'urine était trouble, et que ce trouble recon-
naissait pour cause la présence du pus. À quelques jours de là, j'étais
appelé de nouveau; une petite pierre s'était échappée de Turètfare;
maie l'urine restait purulente, de plus la n^alaiie accusait une douleuir
assez vive du c6té du col de la vessie et de fréquentes envies d'uriner.
Elle avait, en un mot, une cystite.
Dans les six années qui suivirent cette dernière visite, ]e revis cette
malade dans mon cabinet six ou sept fois environ : elle venait me
consulter pour cette deruière affection. Chaque fois, je pus constater
que la tumeur que j'avais découverte dans le petit bassin prenait de
plus en plus de développement. J'avais été un an environ sans revoir
cette femme, quand le 1*' août de cette année, elle se présenta chez moi,
me disant, dès son entrée, qu'elle venait me prier de la débarrasser
de la tumeur qu'elle portait dans le ventre, en lui pratiquant Topera*
tion de l'ovariotomie (m).
J'examinai alors avec le plus grand soin cette malade, et je cens-»
V térie, — tome ix. 47
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— 3^o —
tatai les symptômes suivants : l'abdomen est notablement distendu;
riotervalle qui sépare l'appendice xyphoïde de Tombilic est de 22 cen-
timètres; celui qui sépare Tombilic du pubis, de 22 centimètres; la
circonférence du ventre, au niveau de l'ombilic, mesure 93 centimètres;
la pression exercée avec la main sur tous les points de la paroi abdo-
minale ne provoque aucune douleur, elle détermine une sorte de cré-
pitation fixe, analogue à celle que Ton perçoit quand on froisse de la
fécule. Cette crépitation est surtout bien accusée sur le milieu et sur
les côtés de la paroi antérieure. Quand on cbercbe à délimiter la
tumeur, il est facile de reconnaître qu'elle occupe la plus grande partie
de la cavité abdominale ; qu'en bas, elle plonge dans l'excavation pel-
vienne; qu'en baut, elle s*étend jusqu'à la portion moyenne de la
région épigastrique. A la percussion, cette tumeur est molle dans
toute son étendue; supérieurement et à droite^ la matité se confond
avec celle du foie. En arrière et sur les côtés de la colonne lombaire,
la sonorité est des plus manifestes, ainsi qu*à la partie supérieure de
répigastre et de l'hypocondre gauche. A la palpatign, on reconnaît
que la tumeur se compose de deux parties, Tune, qui comprend sa
presque totalité, est fluctuante dans toute son étendue; l'autre, qui
surmonte cette première partie en haut et à droite, a le volume d'une
tète de foetus environ, paraît plus longue que large, est bosselée, non
fluctuante. Par le toucher vaginal, on constate que l'utérus est élevé
et difficile à déplacer; il est impossible d'atteindre avec le doigt l'ex-
trémité inférieure de la tumeur. Par le toucher rectal, on n'arrive pas
non plus sur celle-ci. Enfin, le calhétérisme de la vessie fait recon-
naître une sensibilité assez vive du col; l'urine qui s'échappe de la
sonde est légèrement opaque.
Interrogée sur les troubles fonctionnels qu'elle éprouvait, madame
T... nous affirme d'abord qu'elle n'a jamais ressenti de douleurs spon-
tanées ou provoquées au pourtour de sa tumeur. Elle accuse seule-
ment une certaine gène de la respiration, la perte de l'appétit, une
lenteur assez grande des digestions, une disposition extrême à la fa-
tigue, des douleurs du côté de la vessie, des envies fréquentes
d'uriner.
Après cet examen, il était de toute évidence que la tumeur que
portait celte femme était un kyste ovarique. Mais à quel parti devions-
nous nous arrêter? Fallait-il céder à la prière de la malade et prati-
quer l'opération de l'ovariotomie ou seulement lui proposer la ponc-
tion ? 11 me paraissait bien certain que le kyste se trouvait dans les
conditions les meilleures pour être enlevé. L'absence absolue de dou-
leurs depuis son apparition, permettait en effet de supposer qu'il était
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— 371 —
exempt d'adhérences. AjouiODs que le frottement péritonéal nous sem-
blait un indice à peu près certain qu'il y avait un glissement facile
entre la paroi abdominale antérieure et la tumeur. Mais, d*autre part,
cette femme était âgée, condition toujours défavorable pour la réussite
de Tovariotomie; les troubles fonctionnels provoqués parla tumeur
n'étaient point arrivés à un degré tel qu'on dût recourir à un moyen
extrême; la ponction, qui pouvait encore être reculée, nous paraissait,
du reste, un moyen capable de prolonger l'existence de cette femme
un certain nombre d'années; enfin, la malade était atteinte d'une
cystite chronique, cl je devais penser que c'était là une complication
d*une certaine gravité pour le succès de l'ovariotomie. Mon premier
sentiment fut donc que je devais refuser à madame T... l'opération
qu'elle réclamait de moi. Mais, après que je lui eus expliqué les motifs
de cette détermination, celle-ci m'adressa les supplications les plus
vives pour ne pas la laisser dans l'état où elle se trouvait; elle savait
bien, disait-elle, qu'elle ne pouvait pas vivre longtemps dans cette
position, elle savait que la ponction ne la guérirait pas de ses souf-
frances, elle ne voulait point supporter plus longtemps une existence
qui lui était à charge, etc. En vain, je cherchais à la convaincre que
ses souffrances étaient moins dues à la présence de sa tumeur qu'à
l'état de ses voies urinaires. Mes paroles furent vaines : ses instances
ne devinrent que plus pressantes.
J'avoue alors qu'une telle ténacité et un tel courage ébranlèrent ma
détermination. Toutefois, je ne voulus rien promettre sans avoir
l'assentiment d'un confrère.
A quelques jours de là, M. le professeur Gosselin avait la bonté de
vouloir bien examiner cette malade. Gomme moi, il éloigna d'abord
toute idée d'opération; mais cédant aussi au vif désir que cette femme
avait d'être débarrassée de sa tumeur, il décida la question affirmative-
ment.
Nous convînmes alors avec la malade que l'opération serait faite
non à Paris, mais à Êtain (Meuse), et qu'elle passerait dans cette lo*
calité une quinzaine de jours avant d'être opérée.
A son arrivée le 5 août, madame T... est prise de maux de reins vio-
lents qui lui font soupçonner la présence de nouveaux calculs; mais
dans la crainte que ce ne soit là pour moi une contre-indication à
l'opération, elle m'en parle à peine. '
L'opération fut pratiquée le 22 août, en présence des do.ctaurs
Parisot^ Japin et Bachelier (d'Étain), Douan (de Dopipierfe), Lecou-
vreox (de Saint-Hilaire), Decroc (de Gbatillon), Michaux et Marchai
(de Metz). La malade fut profondément endormie, après quoi, j'in-
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— 312 -
ci0a), eouehê par eonché, la patcn abdominaltt au utiveau de la ligfAe
bladohe, depuis rombillc Jusqu'à lOeentimètresau-dessutf»
Cette incision ne donna lieu à aueune hétttorrhagie. Dèd que le péri-
toine fut ouvert, une petite quantité de sérosité traosparente s'échappa
par la plaie et le kjste apparut immédiatement avec ùd aspect lisse et
gris^bleufttre. La section de la paroi abdominale étant complet^, J'in-
troduisis ma main entre cette paroi et le kyste, dans le but de m'as-
surer s'il existait des adhérences. Ha main parcourut facilement toute
la surface de la tumeur, sans être arrêtée par atKiun obstacle. Je
constatai en même temps que le kyste était uniformément tnou dans
toute son étendue, excepté à la partie supérieure et droite, où il me
sembla plus dur et bosselé. La main retirée, deui aides, placés Pun à
droite, Fautre k gaticbe de la malade^ comprimèrent exactement la
paroi abdominale, sur tout le pourtour de Fincision, en Ayant soin
d'entrebâiller celle-^ci autant que possible et de favoriser ainsi, en
quelque sorte, la hernie d'une portion du kyste. Le trois-quart fut
alors plongé dans la tumeur. Celui dont nous tioos servîmes est celui
de MM. Robert et Colin. On sait que le perfectionnement principal ap-
pointé par ces messieurs à Cet instrument consiste dans la présence en
dehors de la cabUle de laines tranchantes disposées en spirale et qtte
l'on fait pénétrer par un motivenlent de rotation dans l'intérieur du
kyste, et dans la présence d'un disque mobile à btl^d mousse placé au-
dessus de la spirale, disque que l'Oû peut rapprocher à volonté des
dernières lames de Celle-ci, de telle fagi^n que la paroi du kyste se
trouve ainsi tout autour de la plaie faite par lé troîs-quart, serrée exae-
tement entre deux rondelle^ tbétalliqués. Le liquide dès lors ne peut
pltls s'écouler au dehors, en pdi^arit entré la canule et leë bords de la
plaie. Le trois-quart étant fixé et !a nialade étant placée datis le décUbitus
latéral, la pointe est retirée de la èanule et il s'échappe dé tel!e-ci un
liquide légèrement visqueux, opaque, brun-jaunàtre et peu odorant.
Au fur et à mesiire que le liquide s'écoule, une légère traction est
eiercée sur le kyste par l'intermédiaire dU trOiS^quàrt, en même temps
que deux aides compriment uniformément et progressivement la paroi
abdbtniilàîè, Si bien que la tumeurvièfntfttnof insensiblement, jusqu'à
l'instant oîi lé pédicule lui-même se présente à rextérieur^
Lé clamp de M. Mathieu (chaîne d'un écrasetir linéaire) eèt adssitôt
placé sur le pédicule, qui possède une épaisseur notable, et cèluiH:i
est éôikpé A\) delà dtl l$e6 tod^tHcteùr. Je tft'asèurti alorS, apfèftavoii
ed sèfai de làVër itta ttiaift dans î'eétti chaûdè eC préalàbMfikénl ftisHI-
léè, si lès drgAdéë génitAot fAtèrnés né plré«éntatéHt pait ^ffëlÇie alté-
ration à laquelle on ddt s'adréH^r. L'dtaita gànehé, ht trdiîipe du
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même côté, l'utéruii^ me parafent eomplétemem gain». Le cuMe^éac
utéi'O^reetai eontetiait à peiné deux oulUeféed deséroBité, qu«f délix tùtipn
.d'épooge enlevèrent fâfcilemeù t. Pendant cette exploration, favats eu
Boin de faire retenir exaetement l'intestin dans la partie supérieure de
l'abdomen, par une pression anléro<^postérieure exercée sur la partie
moyenne de la paroi, au niveau de Fettrémité supérieure de l'inoi-
SiOQ.
Je me bâtai alors de fermer la plaie^ Je fixai d'abord le pédlcale à la
partie inférieure de celle-^èi^ à l'aide d'une lon^e ai^illé téftfllnée en
fer de lanct à une de ses extrémités ; cette aiguille traversait en même
temps que le pédicule la paroi abdominale des dedx côtés de l'incision,
et k 1 centimètre environ des bords. Quelqucm anses de fils furent jetées
autour de rai^ille et sous le ciamp, comme dans la suture entor-
tillée. Puis, je plaçai cîn^ sutures lAétalHques profondes, qui traver*
saient le péritoine à 1 centimètre des bords* Les deux iulures les. plus
inférieures furent disposées de telle fa^n ctu'eileé entouraient à elles
deux presque toute la clfoonférence du pédicule; trois sutures métal^
liques superficielles, n'embrassant que les lèvres de l'incision, fVil^nt
placées entre lès sutures profondes, aucun pansement n^est (ait à la
plaie.
La malade, que l*on avait laissé se téteiller lors de l'application
des dernièi^ sutures, est alors enveloppée de flanelle, puis elle est
transportée dans son lit et entourée de cruchon§ d*eftu dhaudè, Quoique
cependant sa température ne paraisse pas avoir sdbi grande modifica-
tion.
Douze minutes s'étaient écoulées à partir dé l'instant où Tincision
delà pardi abdominale avait é(é faite jusqu'à celui àt le pédicule avait
été sectionné. Le temps de mettre lès ligatures demanda treize mi-
nutes. L'opération avait duré eu tout vingt-cinq mlûutes.
Deuj[ pilules d'eltraît tbébaîqoe de 1 centigramme chacune lui sont
prescrites, à prendre à six heures d'intervalle, et comme boisson une
infusion de tilleul et de fleurs d'orahger. Le soir, la malade ne se
plaint d'aucun malaise, le pouls est à 90, la température est botiiie.
Pans la journée, l'uriûe A été évacuée quatre fois avec la sonde*
23 août. La malade a dormi une partie de la nuit. Vers cinq heures
du matin, elle a été plaise d'envies d'uriner, qui àë sont renouvelées
une dizaine de fois, à une heure d'iutervalle. Elle a satisfait éette envie
cinq ou six fois sans l'aide du catbétérisme, en faisant placer éoUs
die une aséiette creuî^e. Chaque fois, elle rendait seulement ufié petite
quantité â^tfHne. Dansiàf suite, du reste, le besoin d'uriner revenant
iréquenmient, la cathétdHSiV^ tfà pldS m pfatiifiié.
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— 374 —
Le maiin, elle s'étonne beaucoup de ne ressentir dans le ventre au-
cune douleur ; le pouls est resté à 90. L'étatgénéral est des meilleurs.
Prescription : Quelques cuillerées de bouillon; pour la nuit, deux,
pilules d'extrait thébaïque de 1 centigramme chaque.
24 août. La malade a peu dormi; ses enyies d'uriner la réveillant à
chaque instant; elle a souffert, de plus, assez fortement du côté de
la vessie. Elle a uriné, tant dans la nuit que dans le jour, quinze
fois, ne pouvant se retenir. Le pouls est à 80; le ventre n'est point
douloureux; le faciès est excellent. La malade est très-gaie.
La portion du pédicule compris dans le elamp est gangrenée ;
celui-ci est enlevé. La surface gangrenée est touchée avec du per*
chlorure de fer. Une compresse d'eau est mise sur la plaie et renou-
velée chaque deux heures. Dans le jour, bouillon, eau rougie; pour la
nuit, deux pilules d'opium de 1 centigramme.
25. août. La nuit s'est bien passée; les douleurs de la vessie ont été
moins fortes que celles de la nuit précédente. L'urine de la veille re-
cueillie dans un verre laisse déposer une couche épaisse de pus. Pen-
dant le jour, des douleurs de reins très-violentes se font ressentir; ces
douleurs sont presque oontinues, avec exacerbation de temps à autre.
La malade ne s'en effraye nullement; elle m'avertit qu'elles res-
semblent exactement à celles qu'elle a eues autrefois, quand une pierre
était prèle à s'échapper. La pression faite avec la main, sur la paroi
abdominale, ne détermine, du reste, aucune souffrance. Les trois
sutures superficielles sont enlevées. L'opérée ne prend que quelques
cuillerées de vin sucré ; le soir, je lui prescris une pilule de 5 centi-
grammes d'extrait thébaïque.
26 août. Les douleurs de reins ont persisté pendant la nuit, moins
vives cependant, mais assez pour causer une insomnie à peu près
complète. Le ventre reste souple, non balloné, indolore. Le faciès est
un peu altéré, résultat de la perte de sommeil et des douleurs qu'elle
a éprouvées.
Dans la journée, potage au vermicelle, vin. Le soir, deux pilules
d'opium de 5 centigrammes.
Le 27 août, la nuit a été bonne; les douleurs rénales ont cessé. Les
cinq sutures profondes sont coupées, mais non enlevées. Les fils qui
fixent la longue aiguille sont détachés et grand est notre étonnement
de trouver alors cette aiguille à nu, au-devant de la surface interne du
pédicule, enfoncée d'un centimètre au moius^
La réunion immédiate s'est effectuée dans toute l'étendue de la
plaie. L'extrémité interne du pédicule présente seule une surface à vif,
que Ton recouvre d'une compresse d'eau froide.
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— 3^5 —
29 et 30 août. Journées et nuits bonnes. La malade est alimentée
de plus en plus. Le pMicule est enfoncé plus profondément que la
Yeilie; les fils métalliques des sutures profondes, coupés et laissés en
place le 27 sont retirés de la paroi abdominale le 30.
Le 30 août, douleurs de reins bien vives pendant la nuit. L'urine
est fortement chargée de pus. La veille, la malade, qui n'avait point
eu encore, depuis Topéralion, aucune garde-robe , avait pris deux
Terres de limonade de Rogé.
£lle a, dans la journée, trois selles assez abondantes.
Le pédicule est enfoncé d'un centimètre et demi. Un petit morceau
d'épongé sèche est placé dans l'espèce d'infundibulum qui résulte de
la rétraction de celui-ci et est changée toutes les deux heures.
l*** septembre. Douleurs vives en urinant, cuisson dans toute reten-
due de i'urètbre. La surface extérieure du pédicule n*est plus visible;
elle est masquée par la pean qui entoure les bords de l'excavation et
qui s'est rapprochée du centre.
Le malade se lève deux heures et se promène dans sa chambre
quelques minutes, malgré ma défense. *
A partir de cette époque, chaque jour madame T... est restée levée
et a marché un temps de plus en plus long.
Le 10 septembre, elle faisait une promenade assez grande sans qu'il
en résultât le moindre inconvénient. La surface extérieure du pédicule
se cicatrisa bientôt. Enfin, les forces de la malade qui avaient un peu
diminué sous l'influence du repos au lit et de la diète, n'ont pas tardé
à revenir. Seulement ses douleurs de reins ne l'ont presque pas
quittée jusqu'au 6 octobre, époque où elle rendit trois ciilculs, moins
gros qu'une lentille et composés d'acide urique . Mais sa cystite a per-
sisté, et actuellement madame T..., de retour à Paris depuis trois se-
mainés environ est en traitement pour cette affection.
Examen anatomique du kyste. — Après l'opératiqn, la tumeur vidée
de la plus grande partie de son contenu, se présentait avec un aspect
gris-bleuâtre. De nombreuses veines rampaient à la surface, les plus
volumineuses avaient le volume d*uue forte plume d'oie. La tumeur se
compose de deux parties principales : l'une celle qui a été ponctionnée
est formée par une poche très-spacieuse, à parois épaisses, assez ré-
sistantes. Sa surface externe est longée à droite et sur le côté (en
supposant la tumeur en place dans l'abdomen), par un long cordon
qui n'est autre que la trompe droite de la matrice, laquelle ayant
suivi le kyste dans son développement ti acquis une longueur consi-
dérable. La trompe est reliée au kyste par un repli séreux, et le pa-
villon dont les franges sont encore très-manifestes, est maintenu en
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— 316 ^
rapport avec lai par une sortç 49 ligament qui représente évidemment
le ligaipenttubo-ovarien.
L'extrémité externe 4e la trompa qui a été coupée par le clamp,
correspond à une portion du kyste, oioine lie^e que les autres, bordée
delambeauf mewbraniformes, lesquels aoot les v^tigfm des liens
séreux qui reliaient la tumeur ^nji ligaments larges. £n dedans du
point où le pavillon est fixé à la poche, on aperçoit une sorte de plaque
de rétendue d'une pièce de cinq francs environ, se confondant iasen*
siblement avec les parties voisines et composée de ipamelons aplatis
séparés le9 uns des autres par des dépressions ass^s^ distinctes, dis-
position qui reproduit jusqu'à un certain point 1^ surface extérieure
de l'ovaire che^ une femme d'ua certain âg^,
Sur la face antérieure 4t} l^y^te, on remarque une série de petites
saillies, dures, manifestement fibreui^s, ayant uii vol^iee qui varia
depuis celui d'une noisette jusqWil celui d'un grain 4e obeoevls.
C'est à la présence de ces saillies qu'étail^ évidemment due la sensa^
tion 4e crépitation observée chez notr^ m^lsde ayant ropératinn,dans
la partie extérieure de l'abdomen, car eUes sentes rendaient irrégu-
liére la face extérieure du kyete; on ne trouvait nulle part trace de
fausses membranes.
La face interne du kyste est oomplétement Ijsse dans certains en-
droits; dans d'autres, elle présente un aspeet papiiliferme; déplus,
elle est surmontée qk et \k de petits kystes n^uUilooulaires du volume
d'une noisette à celui d'une nç»x. Ces kystes sont au nombre d'une
dizaine.
L'autre partie de la tumeur se présente sous forme d'une poche li-
quide qui surmonte la première. Sa paroi est relativement minée par
rapport à la paroi de celle-ci; elle est divisée à l'intérieur par des
cloisons incomplj^te^f et contient, dans l'épaisseur de son enveloppe pé-
riphérique, d'autres kystes su nombre de dix à quinze, qui font
saillie autant au dehors qu'en dedans, ce qui lui donne un aspect
bosselé dans toute son étendue.
La cloison qui sépare cette seconde poche de la première, contient
dans son intérieur, une masse fibreuse du volume d'une amande, et
creusée d'un nombre considérable de vaenoles.
Le liquide de la grande poche était, comme nous l'avons vu, brun-
jaunàtre, d'une viscosité moyenne. Ce liquide centenu dans la partie
centrale de la petite poche, était transparent, avail la viscosité de l'ai*
bumine; en^n, le liquide contenu dans les petits kystes des parois
était transparent et avait la consistance d'une solution de gomme coa<
centrée.
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Le poids total du kyste et de son contenu était de TÎngt livres.
Réfiexiom. — Dans cette observation, deux points me paraissent
tout d'abord digues d'attention : Tun relatif à la cause du bruit de
frottement perçu sur toute retendue de la paroi abdominale, quand
on palpait celle-ci ; l'autre relatif à la fixation du pédicule.
Un certain nombre d'auteurs pensent que cette sorte de crépitation
obtenue par la main qui comprime l'abdomen est un signe d'adhé-
rences existant entre le kyste et la paroi du ventre. J'ai dit dans le
courant de l'observation qu'au contraire elle me paraissait un signe
d'absence d'adhérences; et, en effets si celles-ci existaient, la paroi
ne pourrait point glisser sur le kyste, quand on cherche à la mouvoir :
dès lors, tout bruit de frottement deviendrait impossible. Comme je
l'avais prévu, la tumeur était libre; mais elle était hérissée dans toute
sa partie antérieure de saillies dures, fibreuses. Il est bien évident
que c*était le glissement de la paroi abdominale contre ces saillies qui
était la causé du bruit en question.
Pour ce qui concerne la fixation du pédicule, j'ai pris, comme on a pu
le voir, les plus grandes précautions. Le clamp étant placé, j'ai trans-
percé la paroi et le pédicule par une longue aiguille, qui fut main*
tenue en place par des anses de fils disposées en huit de chiffres, après
quoi, j'ai disposé mes sulures profondes de façon à ce qu'elles compri-
massent circulairemént le pédicule avec une certaine force.
Toutes ces précautions, dont quelques-unes peuvent paraître super-
flues, ne sont cependant pasà regretter ; car, malgré ces moyens, le pédi-
cule s'est rétracté avec une telle force, qu'il s^est coupé sur la tige de
l'aiguille, en s'enfonçant à plus d'un centimètre. 0r, mon clamp ayant
dû être enlevé au commencement du troisième jour, parce qu'il avait
gangrené les parties qu'il étreignait, je me dem^inde ce qui serait ad-
venu si je u'avais pas cherché à contrebalancer par des moyens mul-
tiples les effets de cette rétraction. La disposition de mes sutures pro-
fondes a sans doute eu sous ce rapport une certaine influence, car
formant chacune un demi-cercle tout autour du pédicule, elles de-
vaient tendre à devenir rectilignes quand on tordait leur bout libre,
et devaient, par conséquent, embrasser étroitement la circonférence
du pédicule.
Hais l'observation que je viens de rapporter me parait surtout inté-
ressante, en ce qu'elle montre jusqu'à quel point l'ovariotomie peut
être innocente, malgré certaines conditions, en apparence des plus
défavorables. Madame T.. . avait 54 ans; or, d'après la statistique de
M. Rœberlé, au-dessus de 50 ans, la mortalité est très-considérable :
cinq morts sur sept opérés. Ce résultat avait donc tout lieu de
2« iérie, — tomk ix. 4S
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— m —
m'effrs^yçr, ausei çtait-il une deç raisons priiipipales p<)ur r^fu&er à
xpa malade Topératiou qu'elle iefx^a^i^ii si ardemment. Outrj) ^sf^lle
circonstance défavorable, il en existait une autre qui n'était pas pl«ui
rassurante. Depuis çix ans, elle rendait par Furèthre une c^taipa
quantité de pus, avait de fréquentes envies d'uriner, éprouvait dçs
douleurs plus ou moins viyes du cdté du col de la vei^sie; pe^. symp-
tômes qui, bien certainement, devaient être rapportés à une cyisUMî
chronique, ne 6rent que croître après l'opération. Q^ plus, )e Uasard
voulut que cçtte femme fût prise pour la si|:|èi;i}fi foi9 d6 coUquas
néphrétiques peu de temps avant ('opération, wUques qui dvr^Qt'
pendant tout le temps de sa guérispui et au d^là» jusqu'.^ ça qu'elle
eût rendu les oalii^s qui les provoquaient.
Assurément ces accidents du côté de» vpiçs uriuaires étaient U^e
complication Catcheuse, bien propre è m'ipspirer de viy^ çr^iute»;
surtout quand jç vis ^ette femme sç trpuyer dans la n^ces^ité de /coa*
tracter vingt fois par jour sa jparoi ^bdomin^le, avec çffort n^^inOi pour
essayer de reudre quelques gouttas d'urine,
Mal^é ces conditions défavorable^, les suites d6 t' opération Qpt été
des plua beureu9^; pette femme p'a pa^ éprouvé la moindre mpdiû*
Cation dans sa température, dans l*état de sa circulation ; son pouls,
exploré plusieurs foi^ par jour, u'a jamais oscillé au del^ m en deçà
de 80 à 90 puliuitious; fait remarquable, elle u'a pas éprçuYé la piuis
petite douleur qui fût imputable ^ ('ppération. Je m^ suis quelquefois
piqué, diiimt-elle sept à huit joura aj»rès l'opéjratipii, je ressentais alors
la piqûre, pu m'a ouvert le ventre et je n'pp ai pas cpu^clepce, La
plaie s'est réunie par première intention, saus qu'aucup paiisemeat
ait été (ait au début : une compresse d'eau frpide ayant été mise sur
la plaie seulemept au troipi^è jour. Snfiu cette f^mmo a pu fte lever
et se promener daps sa ^haml^rP) dix jours senlemeut après l'opéra^
tipn.
$ami aueun doute, cet heureux et r^r; résultat doit être attribué ea
premier lieu à Tiibsence de epmplicatipna inhérentes à rppération. Nous
avipus à faire, ^ effet, h, un kyste dont le vfAume en réalité n'était
pas tr^-cpnsidérabte, et qui n'^vmt eueore, par sa préaençe, compro'
mis d'une façon notable aucune fonction, à un kyste exempt de toute
adhérence* L'ouverture faite à la paroi abdomia^ ne fut que peu
étendue (iO ceutimètres}. L^ malade ne perdit pas certes iO grammes
de sang; pai» un atome du Uquldo visqueux 4u kf^ ne p&nétra dans
la c«vité périto^éale; la tumeur put être retirée hom de rahdemen
P(Mr vm llmpid traction exercée avec le tr^siquart, sans qu'il fût
HiklUKrim d'introduire dans son intérieur m la miin, ni aucun in^ru-^
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m —
ment; il n'y a eu aucune toilette du péritoine à faire. L'intestin n'a
pas subi un seul instant le contact de l'air. EnGn, l'opération n'a
duré que TingUdeux minutas. L'on ne. peut évidemment se tfotVer
dans de ttieilleures conditions pour ki réussite de l'aYariotamiet
Il est une autre condition dont nous devons tenir aùsrt grand
compte» e^eët celle du milieu dans iequd la malade a été opérée.
Malgré quelques sudéés obtenus h Paris, je n'ai pas cru devoir tenter
cette opération là où les revers sont si nombreux. Aussi, J'ai engagé
ma mi^ade à se rendre dans une petite ville de Lorraine^ où ehaqué
année, à l'époque des vaeanoes, je pratique un oertain Nombre d'6pén^
tîoDB. Les résultats que j'ai obtenus dans cette localité depuis dix ans,
pendant uti mois environ que j'y passe. Ont été peur mol, je dois M
dlre^Un puiisantencailragementpour oser entrepreDdrecette€fiératio&
Si j'en parle ici, c^est uniquement afin qu'ils me servent d'excuse aux
yeux de ceux qui m'aoeuseraient de hardiesse ou de témérité dans la
circouetance présente; J^eetime à une centaine le nombre dei opéra**
tiens pfutiquées dans ma petite ville. Parmi ces opératiorid, je compte
FablAtiuti d'un kyste prolifère de la face, deux stapbyloraphles, deuM
câtaraéteè, tréis ablations de lipomes ériormes, quatre amputatiens
du sein pour U6e tumeur adénoifde et pour trois cancers; tme uréthro*
fOmfe, lïne castration pour un sârcocèle cancéreux, une amputation dé
éui^se peut une tumeur blanche fongueuie du genou, une amputation
d'âvattt-bras pont ub caiii dé* traumatisme, l'extirpation d'une tumeur
fibreuse de la main, d'une tumeur épithéliale du mollet, d'Ufié tumeur
épithéHale dés Hivi^es aveé éheiloplastie, la gUérisonde deux tumeors
éreéiiles litii» un même enfant de tfois mois : l'une traitée par le pèf'*
chlorure dé fef et ràtifl*e par la vaccination ; une opération de fistule
à l'anus avec Vastes décollementë.
Bh tout, auf ttûe centaine d'opérations, vingt-quatre au moins qui,
dans les hôpitaux de Paris, peuvent être suivies de mort ou d'acciééntâ
sérient. Of, dans <^â viOgt-(j(iatre eae, à plus forte ratéon dans les
autres, tels que opérations d'hydrocèié, ablations de loupes, réduc-i
tioAs de luxations récentes ou andenne^^ etc., presque toujours iiino-
centes en tout lieu, non^séulement, je n'ai pas eu une seule mort ft
déplorer, mais à peine si je compte deux accidents légers, une pha^^
ryngite à la suite d'une staphylorapbie, un él^sipèlé pou ïotenëe à Id
âalte d'une résection de là' m&choire inférieure.
On <!ompt<éndi<a done qu'en fiieode «eë tésolfais, il m'était permis
d'espérer que l'influence du milieu salubre daa^ lêq^i ma malade
devait être opérée, contrebalancerait avantageusement les conditions
organiques, défavorables, que celle-ci présentait.
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j
— 380 —
PRÉSENTATION D*APPAREaS PROTHÉTIQUES.
M. TiLLAux présente à la Société des appareils prothétiques pour le
membre supérieur au nom de M. Gripouiilot, médecin à Montiouis
(Indre-et-Loire), et fait à ce sujet la communication suivante :
Les appareils prothétiques du membre supérieur sont destinés à
remplir deux buts bien différents. Il s'agit tantôt, en effet, de per-
mettre à Tamputé de saisir des objets ne pesant pas plus de 1 à 2
kilogrammes au maximum; on peut appeler ces appareils appareUt
de préhension. Un immense progrès a été, suivant moi, réalisé sous
ce rapport par M. de Beaufort, dont vous connaissez tous ringéoieux
bras artificiel. Le système d'opposition du pouce avec les autres doigts
est de nature à permettre la préhension des objets les plus délicats.
Mais s'il s'agit de soulever un lourd fardeau, de manœuvrer un iostru^
ment aratoire, d'autres appareils sont nécessaires, ce sont les appa-
reUi de forée. Ce sont des appareils de ce gem*e que je vous présente
au nom de M. Gripouillot. — Est*ce à dire que l'idée soit neuve, que
le principe appliqué soit nouveau? Non, messieurs; depuis bien long-
ten^ps on emploie le crochet et la douille adaptés au bout du brassard^
et vous pouvez vérifier sur des appareils que j'ai pris au hasard dans
la maison Robert et CoAin la vérité de cette assertion. Toutefois les
appareils de M. Gripouillot diffèrent sur certains points de ceux qu'on
a fobriqués avant lui. Ils ont d'abord le mérite de coûter un prix
moins élevé.
Un autre avantage, et c'est le principal à mon avis, consiste dans
le mode d'adaptation du crochet au brassard. Dans les appareils ordi-
naires, ce crochet se visse, et par conséquent reste immobile dans sa
position, là au contraire, par un mécanisme des plus simples, le
crochet peut être mobilisé et fixé dans quelque position que désire le
travailleur.
De plus, M. Gripouillot a eu l'heureuse idée de réunir en une seule
pièce le crochet double et la douille.
M. Gripouillot a fnssayé nombre de fois ses appareils sur des am-
putés du bras ou de l'avant-bras et n'a eu qu'à s'en louer. Vous
voyez sur une série de photographies que l'auteur a jointes à son
envoi les différentes position» du travailleur.
En résumé, messieurs, je considère que M. Gripouillot a accompli
un progrès important dans les appareils prothétiques, dits de forée,
du membre supérieur.
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— 381 —
PRÉSENTATIONS DE PIEGES.
Hydfttldes rendoB par l'iirèthre, venant dn rein gnnehe.
M. DEMARQUAT présente une grande quantité d'bydatides rendus
par un homme de 29 ans. Cet homme raconte qu'il y a deux ans, à la
suite de douleurs assez vives dans la région rénale gauche, il a rendu
un certain nombre dliydatides. L'année dernière, il dit qu'après avoir
souffert pendant un mois dans la même région, il rendit encore un
certain nombre d'bydatides. Cette année, à la même époque, il devint
très-souffrant, sa santé s'altéra profondément, et, après trois mors de
souffrance, il a encore rendu, à plusieurs reprises, une grande quan-
tité d'bydatides. La vessie s'est enflammée et les urines actuellement
contiennent une certaine quantité de pus. Maintenant cet homme, dit
M. Demarquay, est aussi bien que possible, quoique amaigri; il eon«
serve encore dans la région du rein gauche un point douloureux. Il
est important de suivre ce malade. Les hydatides, dit M. Demarquay,
ont été observés par plusieurs cbirurgims ; on en trouve des obser-
vations dans Cfaopart, dans Roger. M. Davaine a résumé ces observa-
tions dans son ouvrage sur les entozoaires.
Tvmenr ndénolde da sein.
M. LÉON Lbfort montre à la Société une tumeur du sein enlevée
par lui ii y a quelques jours à une femme de 39 ans. La tumeur
avait débuté quatre années auparavant et avait pris surtout du déve-
loppement depuis deux ans. Son ablation ne présenta pas de notables
difficultés. Son poids est de 2 kilogrammes 870 grammes. La tumeur
ouverte par le centre se montre divisée en plusieurs lobes, au milieu
desquels se remarquent des kystes de volume divers. L'examen mi-
croscopique vérifie le diagnostic porté ; on découvre des cnls-de-sac
glandulaires notablement hypertrophiés, mais aucun des éléments que
l'on rencontre dans les tumeurs de mauvaise nature.
M. DEMARQUAT. J'ai enlevé autrefois une tumeur à peu près aussi
volumineuse que celle-là. L'observation a été publiée dans la Gazette
médieaU.
La séance est levée à cinq heures trois quarts.
U ucrétaire, D* Léon Larbb.
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— 382 -.
S«ANCB fit! 28 ÔCTÔfitlft 1868
Présidenee de )H. LEGOUEST
Le procès-yerbal de la précédante séanca est lu et adapté.
CORRESPONDANGG.
La cotreipondance eompreiul :
Les journaus. de la iemaiae.
— Re^émnto diUa dMca chifmrgiéa di Nap»H, par le profésReur
Carlo Galoxti.
-« ObiervêHans ppvr servir à VkistoirB de$ carpi éirsugerê dis ¥ei$i
aériemesy par M. BourdiUat, intofine dea hôpitaux.
-^ M. Girakdès offre à la âmété le quatrième fa$eicid$de les leçûn$
elmqfêes mtr lêtinBhdieê ohin&gUalei ééë enfants, La* Société remêN
de l'auteur.
— M, Ladureau adresse un travail intitulé :
Quelques mots sur fhygromàprétotutien et ses rapports avec â! autres
lésions iraumaiiques du geiieu.
Hématùcèle prératulienne avec écrasement de Ut partie infêrieute de
larMuk\sivmlaxUu».hygrama.
Fracture transversale de la. rotule avec pMe pénétrmtk de l'ariieu^
kuion^ mettant aemplétement d découvert les eurfaeee ariiculaireSé Ampu^
tation de la cuisset Guérison.
Ce travail est renvoyé à l'eiamien de M. Lahbéyrffpperteurdel
précédente envois de M^ Ladareau4
— - M» Sims-^Plroodi^ de Mara^lle» adrefiae à.la Société robservmtion
d'un kyste multilooulaire du sei».
GOmiUNICATION.
M. YoN Graefe, membre associé étranger, soumet à la Soetétè :
l<> Un dessin qui représeote ctne irrégolarité c^géfiluks du dfistaUin,
si Ton veut, une espèce de coloboma. Il n'y a pas de luxation du
cristallin, qui d'ailleitfS ëSl piirfaitement transparent, mais il s'agit
exclusivement d'une échancrure au bord inférieur, laquelle donne à
la lentille une forme semblable à un rein.
V Un dessin qui représente le cas fort exceptionnel^ où, après une
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-• 383 —
blessvire de h cornée, un cil digsigé du bord palpébral s'est enfoncé
dans le parenchyme dç la cor^^ç içt a été retenu dans la profondeur
de la membrane, tout couvert d'un épUhélium et d'une QO.ucha cor-
néeiine de nouvellQ formation.
3*" Un dessin qui s>e rapporte à une blessure de l'œil par un grain de
plomb, l^e grain de plomb était entré pr^s du bord e^itérieuir de la
cornée, avait traversé l'oeil dans la direction de l'axe du nerf optique,
s*était justement enloncé dans la pupille optique et avait pri« son cbt»-
min le long du nerf, dans l'épaisseur duquel il s'était eqfîn arrêté à
une distance de huit npûUimétr^ environ derrière la sclérotique. On
aperçoit au niveau de ce point uu gonflement variqueux dû nerf caus^
par le corps étranger. La gaine extérieure du nerf avj^it été distendue
naturelleinent, ipais ne montrait aucune rupture. Le inalade avait
prés^té une espace très-particulière da phénomènes optiques subjectifs.
40 Un dessin qui montre un kyste séreiu dans \^ chi^o^bre anté-
rieure. Ce kyste s'était formé quatre années aprè9 uue blessure per*
forante, qui, d'ailleurs, Q'avaif déterminé aucun jpcçident spéeiai.
Toutefois, le kyste avait pris naissance exactement à la place <Ie la
cicatrice. Le çap est surtout curiçu;^ par la qirconsti^noe que le kyste
s'était développé progressivement pendant trois mois et ^vait déjà
motivé la proposition d'une opérjitiDn, lorsqu'il comn^enç» à diminuer
en volume et disparut par une rétrogradation continue df^ns le cou*
rant d'à peu près six mois.
50 Un cas de « melanom prçM^QmeaHs pendula » ou f polype mé-
laneux de Tœil ». Il s'agit d'une forme de la ipélanose e?(térieure de
TcBil très-curieuse par sa physionomie. Tout çn couvrant la eornée,
elle n'offre aucune adhérence avec la surface de celle-ci ; elle prend
ses racines exclusivement au niveau d'une petite tache pigmentée
préexistante sur le blanc de l'cçil. Le pigment dans ces taches réside
dans la conjonctive, et existe seulement dans les couches pivofonded
de l'épithélium ; le stroma conjonctivat çtait libre. Les polypes méf
laneux ont la texture alvéolaire des vrais cancers et en partagent la
inarche clinique. Us ^oni fort intéressants pour la doctrine des tumeurs
parcequ'on (rouve disséminés dans leur voisinage de petits pointai
brunâtres, qui représentant les preçnièr^ phases de la maladie* et
dont l'analyse prête beaucoup aux études pathogéoétiques,
6* Une forme de glaucome chronique ayant son point de départ sur
la cornée. M. Yon Graëfe expose en peu de mots sa manière de voir
sur le glaucome chronique : la maladie, tout en étant généralement
due à une pression trop forte des liquides intra^-oculaires, qui amène
l'excavation de la papille, peut avoir des points de départ très-diffé-
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— 384 —
rents. Il n'y a presque pas de partie de Fœil qui ne puisse devenir la
cause d'une irritation des nerfs sécréteurs et amener ainsi l'exagéra-
tion de la pression intra-oculaire.
La forme dont il s'agit ici a une marche excessivement lente- Il se
forme sur la cornée des opacités transversales d'un mat tout à fait
particulier. Ce dessin les montre dans la période de début et de dé-
veloppement, et l'on a, pendant un temps assez étendu, uniquement
devant soi une maladie de la cornée, qui.explique aussi tous les dé-
sordres fonctionnels, etc.
Plus tard, cependant, avec tine régularité qui parait sans exception,
les yeux deviennent durs et les symptômes d'un glaucome consécutif
se développent lentement.
M. Ghassaignac. Le Icyste de la cfaambre antérieure était-il entre la
membrane de Descemet et la cornée elle-même? Lorsque la résolution
du kyste a eu lieu, y a-t-il eu effusion du contenu du kyste dans le
liquide de la chambre antérieure?
M. YoN Graefb. Le kyste était situé entre la membrane de Desce-
met et la cornée.
Le liquide du kyste ne 8*est pas mélangé dans celui de la chambre
antérieure.
M. DEMARQUAT. A propos de la mélanose de l'œil, je demanderai à
M. Von Graëfe s'il a eu occasion d'observer des cas analogues à celui
que je vais faire connaître.
Un jeune homme se présente à moi, il y a quelques années, avec
une petite tumeur mélanique occupant un point de la circonférence de
la cornée et grosse comme une lentille. La tumeur fut enlevée; quel-
ques mois après, une tumeur analogue se reproduisit, à plusieurs
reprises, et fut toujours enlevée avec soin. Mais bientôt les ganglions
parotidiens se prirent, des tumeurs mélaniques apparurent. J'enlevai
encore ces tumeurs. Mon malade fut bien encore pendant quelque
temps, mais bientôt il survint des accidents cérébraux et le malade
mourut.
M. Von Graefb. Il est assez rare d'observer des rechutes dans les
ganglions lorsqu'il s'agit de tumeur mélaniques de l'œil.
M. Mahjolin. J'ai observé en 1846 un exemple bien net de généra-
lisation chez un malade qui avait été opéré plusieurs fois par un ocu-
liste pour une tumeur mélanique de la conjonctive.
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— 3^5 —
DISCUSSION.
C«xal§(ie. Réseetion de la hanehe.
A propos du procès-verbal, M. Yerneuil demande la parole sur ce
sujet.
M, YsaNEuiL. Je vais laisser de côté les luxations complètes qui
arrivent après des.liydarthroses aiguës ou après. des désordres très-
considérables de l'articulation. Je ne veux parler ici que de ces sub-
luxations que Ton peut observer dans toutes les articulations.
J'avais dit ceci : « Je croyais, pendant un certain temps, que lors-
qu'on plaçait les membres dans la rectitude et le parallélisme, on
était à l'abri de la luxation. »
Les pièces des musées sur lesquelles on constate un véritable écu-
lement de la cavité cotyloïde ont presque toujours été recueillies sur
des sujets dont le membre était dans une attitude vicieuse.
Lorsque l'on place une articulation dans l'extension complète, on
pourrait croire, à priori, que la tète est dans l'impossibilité de se
subluxer.
Mais j'ai vu des enfants qui, au moment de rapplication de la
gouttière, après le redressement, paraissaient guéris. Les membres
étaient alors parallèles, et cependant, au bout de quelque temps, on
constatait un raccourcissement considérable, qui n'était dû ni à la dé-
viation du bassin, ni à l'attitude vicieuse du bassin, ni à l'atrophie du
membre, mais bien évidemment à l'ascension dé celui-ci, ce que dé-
montrait très- nettement l'ascension du grand trochanter.
J'ai vu aussi un grand nombre d*enfants qui sont guéris et qui ont
du raccourcissement sans avoir jamais eu d'abcès. 11 y a eu évidem-
ment destruction d'une partie de la cavité.
Si, malgré que l'on ait obéi aux indications posées par Bonnet, la
subluxation peut encore se produire, il faut en conclure que l'on n'a
pas encore fait tout ce que l'on pouvait faire. II doit exister un agent
actif contre lequel on n'a pas suffisamment agi; cet agent réside dans
les muscles fessiers qui sont plus ou moins enflaounés dans toutes les
coxalgies. Ces muscles agissent lentement, attirent le fémur en haut
et déterminent l'éculement de la cavité cotyloïde. De tout ceci, il faut
conclure que l'on doit non-seulement redresser le membre, mais de
plus avoir recours à l'exlensioii continue, ainsi qu'on peut la faire
avec les appareils américains présentés par M. Le Fort.
Je pense qu'il faudrait revenir à lu pratique de Bonnet, qui recouvrait
le pied en entier. Dans les cas récents, on devra prendre le pied dans
V série. — tome ix. 49
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— 386 —
l'appareil ; l'ascension du fémur, sous Tinfluence des muscles fessiers,
est empêchée, le dos du pied venant arc-bouter contre l'appareil
dextriné.
Les guérisons complètes sont rares, cependant elles peuvent être
observées. J'ai gardé le souvenir d'une malade que j*avais traitée à
l'Hôtel-Dieu, avec M. Panas. Elle revint me voir à Lariboisière ; elle
était complètement guérie; tous les mouvements étaient rétablis.
On voit un certain nombre de guérisons accompagnées de raccour-
cissement. Les causes de raccourcissement sont multiples : i<» le
membre est redressé, mais le bassin est toujours plus élevé, sans que
l'on puisse se rendre bien compte de la raison à laquelle est due cette
situation ; 2» le raccourcissement est dû à la persistance d'une atti-
tude vicieuse; Z^ à l'atrophie du membre; 4° à la subluxation.
On a peine à remédier au raccourcissement par Tatrophie.
Quant au raccourcissement par ascension du bassin, je ne connais
pas de moyens qui permettent de lutter contre lui. On a bien proposé
des appareils destinés à faife basculer le bassin d'une façon perma-
nente, mais ils sont tous mauvais.
Quant au raccourcissement dû aux altitudes vicieuses, il est quel-
quefois possible d'y remédier à l'aide du redressement, quand les
phénomènes aigus sont calmés.
Enfin, je tenais à signaler le raccourcissement portant seulement
sur la longueur du piedi On peut, en effet, observer une espèce
d'arrêt de d^eloppément du pied et un raccourcissement de
celui-ci.
M. Broc A. J'ai eu occasion de constater le raccourcissement du
pied, le jour même où les premiers phénomènes notables de là coxal-
gie s'éta;îent montrés. De Cfe fait, comme de plusieurs aiitres, il est
résulté pour moi la conviction que la coxalgie se montre souvent
sur des membres mal développés, déjà malades, atrophiés, et par
conséquent disposés à subir Tinfluence de la maladie.
J'ai vu' hier une jeune fille de dix-huit ans que je soigne depuis
deux ans. Il y a deux ans, il existait un affaiblissement du membre,
mais Ton ne pouvait rien constater au niveau de l'articulation. Le
membre droit était plus froid, un peu bouffi, beaucoup plus faible. Il
n'y avait pas de raccourcissement par déformation des os en longueur,
donc pas de claudication.
Ces phénomènes ont duré deux ans, et c'est seulement il y a quel-
ques semaines qu'un médecin qui examinait la malade crut développer
de la douleur au niveau de la tête du fémur. Hier, j'ai vu cette jeune
fille et j'ai constaté qu'il existait de la douleur dans l'articulation
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— 387 —
coxo-fémorale, un certain degré de relâchement de la capsule qui
permettait de faire saillir la tête un peu plus facilement. J'assiste
évidemment à un début de coxalgie.
En résumé, je pense que la coxalgie a plus de prise sur les membres
mal constitués que sur ceux qui se trouvent dans les conditions oppo-
sées.
M. L ARRET. L'observation générale que vient de faire M. Broca a
été vérifiée plusieurs fols par moi, à ud autre point dé vue. La coxal-
gie est assez fréquente dans Tarmée, et j'ai pu constater qu'elle se
développait de préférence chez les sujets un peu faibles, lymphatiques
ou exposés aux fatigues des marches forcées, etc., et particulière-
ment chez ceux qui, n'éprouvant que les douleurs initiales de la
coxalgie, n'ont pas réclamé à temps les soins nécessaires ou ont été
considérés comme simulant cette affection.
Un raccourcissement très-considérable peut être dû à la perfora-
tion du fond de la cavité colyloïde. Mon père avait appelé l'attention
sur ce point, ainsi que sur l'évasion de la cavité.
M. YfiRNEuiL. J'admets ces faits, bien entendu; mais, dans la dis-
cussion, j'ai laissé de côlé les désorganisations complètes de Tarticu-
lation.
M. Marjolin. Le fait de la prédisposition à la coxalgie des sujets
qui ont un membre dans des conditions mauvaises de développement
n'est pas démontré.
Je n'ai rien vu, jusqu'à présent, qui prouve que la coxalgie se ma-
nifeste avec une certaine prédisposition sur des membres qui ont
souffert depuis longtemps ou qui sont mal conformés.
Le fait qui vient d'être raconté par M. Broca est très-intéressant au
point de vue de l'arrêt de développement du pied. Sous ce rapport, il
mérite toute notre attention.
M. Blot. m. Verneuil nous a dit qu'autrefois il n'accordait pas une
grande valeur à l'extension continue , mais qu'aujourd'hui il serait
disposé à lui en accorder davantage. Je ne crois pas; pour mon
compte, que la pression de la tête du fémur sur la cavité cotyloïde
soit aussi considérable et aussi importante que paraît le croire notre
collègue.
J'arrive à la question de la prédisposition à la coxalgie par suite de
Talrophie, du manque de développement des membres. Eh bien! à ce
point de vue, je dirai que j'ai eu occasion d'examiner un très-grand
nombre de femmes qui avaient eu des convulsions pendant leur enfance
et qui avaient un des membres plus court et atrophié ; chez elles, je
n'ai jamais observé de coxalgie.
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— 388 — "
M. GiRALDÈs. La question du raccourcissement ou de la différence
de longueur des membres chez les femmes n'est pas nouvelle. Camper
Ta traitée dans une thèse soutenue à Gronningen. 11 a été constaté
que chez les femmes il y a des différences de longueur qui peuvent
aller jusqu'à deux et trois pouces.
Relativement à l'influence de la paralysie atrophique sur le dévelop-
pement de la coxalgie, j'y crois peu. Je ne veux pas dire que le fait
annoncé par M. Broca ne puisse être observé, mais je n'ai jamais rien
vu de semblable pour mon compte. Pour soutenir que la coxalgie se
développe plus facilement sur les membres atrophiés, il faudrait avoir
à sa disposition un grand nombre d'observations probantes.
Les appareils américains dont on nous a parlé n'ont aucune valeur,
et aujourd'hui les chirurgiens américains eux-mêmes les abandonnent
et ont recours à la gouttière de Bonnet.
PRÉSENTATION DE MALADE.
M. LÉON Le Fort présente un malade qui offre une affection assez
rare. Au pli du bras existe une tumeur pulsatile, douée de mouve-
ments d'expansion très-marqués, placée sur le trajet de l'artère
humérale et présentant tctus les caractères d'un anévrisme artériel,
sauf toutefois le bruit de souffle dont on constate l'absence. Cepen-
dant, en poussant plus loin l'examen, on voit qu'il s'agit d'une dila-
tation de l'artère humérale débutant au haut du bras et se prolongeant
jusqu'au pli du coude et atteignant son summum au pli du coude.
La séance est levée à cinq heures et demie.
Le secrélairet D' Léon Labbé.
SEANCE DU 4 NOVEMBBB 1868
Présidenee de H. LEGOUEST
Le procès-verbal de la précédente séance est lu et adopté.
M. le président annonce que M. Coste, membre correspondant à
Marseille, assiste à la séance.
CORRESPONDANCE.
La correspondance comprend :
~ Les journaux de la semaine : — la Gazette médicale de Stras-
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bourg ; le Bulletin de ihérapeulique ; les Archives générales de médecine.
— Le Bulletin de la Société de médecine de Paris ^ année 4867.
— M. Larrev fait don à la Société des OEuvres de maître François
Thévenin^ chirurgien ordinaire du Roy. lo-folio. Paris, 1658.
— M. le docteur Rouge, chirurgien cantonal de Lausanne, adresse
une demande de candidature au titre de membre correspondant
étranger, un travail sur un cas d'anénrysme de la carotide primitive
droite guéri par la compression et un exposé de ses titres. Renvoyé à
une commission composée de MM. Després, Saint->Germain, Paulel.
— De la division complète des os longs par les instruments tranchants,
par M. le docteur Louis Thomas (de Tours). Gomm. MM. Guyon,
Paulet, Després.
— Ostéite et nécrose consécutive du cakanéum. Extirpation sous-
périostée de Vos. Guérison. Par le docteur Lejeal (de Valenciennes) .
Gomm. MM. Tillaux, Saint-Germain, Le Fort.
— Fracture et luxation de la septième vertèbre dorsale, avec fracture
de son apophyse épineuse. Mort au bout de cinquante-quatre jours. Par
M. Castex, médecin majora l'hôpital de Tiemcen. Gomm. MM. Panas,
Sée, Guéniot.
— M. Yerneuil présente, de la part de M. le docteur Fredet , de
Glermont-Ferrand, un travail intitulé : Quelques considérations sur
les fractures traumatiques du larynx et leur traitement.
M. Fredet, dit M. Yerneuil, ayant observé un cas de triple fracture
du cartilage cricoïde, produite par la pression des doigts et terminée
par la mort subite à Toccasion d*un mouvement brusque, a réuni un
certain nombre de faits de fractures du larynx et a composé un mé-
moire fort intéressant sur ce sujet peu connu.
La pièce recueillie par M. Fredet est montrée à la Société par
H, Yerneuil.
M. DEMARQUAT II y a quclqucs aunécs, j'ai eu l'occasion d'observer
un homme qui avait été étranglé avec une corde. Le larynx avait été.
brisé, et le malade guérit; mais il avait conservé une grande gêne
dans la respiration. Plus tard, il fut pris de suffocations, et il vint à
Paris. Je lui pratiquai la trachéotomie; il dut conserver la canule, et
il ne tarda pas à succomber par suite du développement d'une laryn-
gite chronique.
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— 390 —
DISCUSSION.
Coxalgie. Résection de lahanehe(Suîte).
M. Mabjolin. Bien qu'à plusieurs reprises la Société de chirurgie se
soit occupée de la coxalgie, nousi devons être très heureux devoir
aujourd'hui M. Yemeuil aborder de nouvçiau un des points les plus
difficiles de la question, celui de l'opportunité de la résection coxo-
fémorale; et pour ma part, je lui serai très- reconnaissant, si dans le
cours de cette discussion on arrive à préciser nettement les indications
et contre-indications d'une opération véritablement utile dans un ce^
tain nombre de cas. .
Pourquoi est-elle si rarement; pratiquée en France, alors qu'elle est
si répandue à l'étranger? Telle est la première question posée par
M. Gosselin dans son rapport sur l'intéressant mémoire de M. Le Fort,
et c'est aussi la réflexion que ne manqueront pas de faire toutes les
personnes appelées à lire les divers travaux publiés sur ce sujet.
Certes, ce n'est pas la crainte d*aborder une opération d'une exécution
eu difficile qui a pu arrêter les chirurgiens français, il a fallu des
raisons plus sérieuses, des raisons tirées de la pratique, et bien que
M. Gosselin les ait en partie parfaitement exposées, je demande à re-
venir un peu sur ce point de la question.
Quelque fréquente que soit la coxalgie dans l'enfance, on la ren-
contre bien moins souvent dans la classe aisée que dans la classe
pauvre, et à moins qu'elle ne dépende d'un principe héréditaire es-
sentiellement scrofuleux, .il est bien rare que, dans le premier cas,
elle se termine d'une manière fâcheuse, parce que, dès le début,
Tafifection est combattue par un traitement préventif. Aussi peut-on
dire d'une manière générale que presque toujours ces malades
échappent aux accidents qui nécessiteraient une opératio^^
Dans la pratique hospitalière, les faits ne se présentent plus de la
même manière ; trop souvent lorsque les malades nous arrivent, ily,a
fort longtemps que Taffection s'est déclarée, trop souvent encore elle
n'a pas été régulièrement soignée; de plus, comme entre la date d'ins-
cription et la date d'entrée, le plus habituellement il s'écoule une pé-
riode de plusieurs mois, pendant ce temps, le mal a fait de tels pro-
grès que nous devons nous regarder comme très-heureux lorsqu'ils ne
sont pas voués à une mort certaine.
A ce moment, l'opération nous offrirait-elle encore quelques chances
de succès, eh bien, je n'hésite pas à le dire, dans un certain nombre
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— 391 —
de cas, ii serait déjà trop tard, parce que les malades sont dans un
tel état d'épuisement qu'ils ne pourraient s'en relever, restant surtout
exposés à tous les dangers d'une suppuration prolongée dans des salies
qui ne présentent pas toutes les conditions d'hygiène désirables; sur
ce point, je crois que nous sommes tous d'accord et quMl est inutile
d'insister.
Ce fait est tellement vrai, que si Ton veut comparer entre eux les
résultats définitifs des arthrites suppurées des membres supérieurs
avec celles des membres inférieurs, on verra qu*à égalité de lésion, il
est bien rare que l'on soit obligé de recourir aux amputations pour
les tumeurs blanches des premiers,' tandis que trop souvent on y est
contraint pour les arthrites des membres pelviens.
D'oti vient cette différence, c'est que, dans le dernier cas, les malades
sont obligés de rester toujours dans les salles, tandis que, dans le se-
cond, tout en suivant un traitement général et local , ils jouissent de
la possibilité d'aller au grand air, ils peuvent faire de l'exercice et de
cette façon leur santé s'altère moins.
Il y a deux ans, j'en ai eu un exemple frappant sur une jeune fille
entrée dans mon service pour une arthrite suppurée d'un poignet et
d'un coude. Celte enfant' était dans ud état désespéré et dans l'im-
possibilité lu plus absolue de se servir de ses deux bras. Ne pouvant
réellement penser à une double amputation, j'insistai sur tous les
moyens thérapeutiques usités en pareil cas; et sitôt que je vis l'amé-
lioration en bonne voie, je fis partir l'enfant pour Berck; elle y est
restée dix-huit mois; au bout de ce temps ^ elle est revenue parfaite^
ment guérie, se servant très-adroitement de ses deux mains. Si des
lésions bien moins graves avaient eu lieu à la hanche, il est bien
douteux que nous eussions eu un résultat aussi satisfaisant ; parce
qu'il nous eût été impossible de placer la malade dans des conditions
hygiéniques aussi favorables. .
Ce n'est pas que dans quelques coxalgies suppurées les malades ne
puissent prendre de l'exercice ; mais c'est une exception , et le plus
habituellement comme le repos est indispensable, on tourne forcément
dans un cercle vicieux.
Maintenant, si nous envisageons la question à un autre point.de
vue, nous voyons que les contre-indications à la résection coxo-fémo-
rale sont bien plus nombreuses et surtout bien plus précises que les
indications, qui dans l'état actuel de la science sont loin d'être nette-
ment posées. Il n'en est pas de même lorsqu'il s'agit de toute autre
articulation, dont l'examen plus facile permet de mieux appréêier
l'état.
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— 392 —
Les contre-indications tiennent tantôt à la cause, tantôt à rétatde
simplicité ou de complication de Taffeclion, et en dernier lieu à la
difficuUé ou pour mieux dire à l'impossibilité de connatlre toute
rétendue de la lésion.
Ainsi il est évident qu'il existe au point de vue du pronostic une
grande différence entre une coxite aiguë traumatique, survenue chez
un sujet fort et pouvant se terminer d'une manière favorable par la
séparation spontanée ou provoquée d'un séquestre, et une carie scro-
fuleuse compliquée d'abcès ossifluents et de suppuration des parties
molles environnantes.
Malgré toute la gravité d'une ostéo-périostite, il me semble qu'il y
a encore plus de chances de réussite pour le chirurgien que lorsqu'il a
affaire à un individu constamment menacé d'une nouvelle manifes-
tation scrofuleuse,et dont tous les frères et sœurs ont succombé à des
affections analogues.
C'est très-p4*obablement parce que j'ai rencontré un cas de véritable
ostéite épiphysaire que j'ai eu un succès complet en pratiquant l'ex-
traction de la tête du fémur. Chez cette enfant, il y avait eu des acci-
dents très-graves : la suppuration avait été très-abondante, et pen-
dant longtemps j'avais craint une triste terminaison, lorsque sous
l'influence de soins continués avec persévérance l'état général et local
s'améliora. Un jour, en examinant un trajet fistuleux qui persistait, je
sentis nettement que la tète du fémur était mobile; je débridai sur ce
point, et l'extraction de la tète s'opéra sans difficulté. La plaie se cica-
trisa rapidement et l'enfant guérit, à la vérité avec un raccourcisse-
meut assez grand, mais conservant presque toute l'intégrité de ses
mouvements.
Chez un autre enfant, an contraire, que quelques-uns de vous ont
pu examiner à Berck, si la réseciion de la tète et du col n'a pas eu
UD résultat aussi satisfaisant, c'est que la constitution du malade
laissait beaucoup à désirer, et que du côté de ses parents les antécé-
dents étaient mauvais.
11 y a maintenant peut-être trois ans qu'il a été opéré, et non-seule-
ment il existe encore plusieurs trajets fistuleux, mais une communi-
cation s'est établie entre le foyer principal.
Cette considération de l'hérédité de la scrofule dans les familles
sera toujours pour nous une cause d'hésitation pour opérer, et vous
comprendrez encore mieux notre conduite en pareil cas lorsque vous
saurez que très-souvent nous avons en même temps dans nos salles le
frère et la sœur atteints d'affections scrofuleuses du tissu osseux. En
pareil cas, je crois qu'il est d'autant plus sage de s'en tenir à une
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thérapeutique médicale, aidée de tous les moyens locaux que la chi-
rurgie possède, que de recourir à une opération grave qui ne met pas
à rabi*i de la récidive sar un autre point. Malheureusement, nous
avons vu depuis notre pratique à Sainte-Eugénie trop de faits de ce
genre pour ne pas les signaler.
Je viens de vous parler des contre-indications dépendant de causes
médicales, il en est d'une autre espèce que je ne puis passer sous
silence : c'est l'état simple ou complexe de la lésion. Par état simple,
je crois qu'il faut comprendre toute altération des os, bornée à la tête
du fémur ou à la cavité cotyloïde sans pénétration dans le bassin. Au
premier a1}ord, on est tenté de croire que, toutes les fois qu'il y a eu
une coxalgie suppurée, la tête du fémur et la cavité colyloïde sont
toutes deux altérées, cela est le plus habituel, sans être constant. Il
serait pourtant bien intéressant de savoir à l'avance où siège l'altéra-
tion de l'os et si la cavité cotyloïde est intacte; car cela importe pour
*ie pronostic et peut-être aussi pour la décision à prendre. Si l'absence
de trajets fistuleux au pli de l'aine est comme le pensent MM. Ericksen
et Le Fort un indice de l'intégrité de la cavité cotyloïde, ce serait un
signe précieux ; malheureusement tous les faits ne confirment pas cette
opinion et à l'appui de ce que j'avance, je citerai deux cas observés
tout récemment dans mon service, dans lesquels il n'existait aucune
ouverture fistuleuse au pli de l'aine et cependant les deux cavités
cotyloïdes étaient non-seulement détruites par la carie, mais per-
forées.
Deux mois environ avant la mort de l'un de ces enfants, âgé de
4 ans et demi, j'avais demandé à la famille, qui me l'avait refusée,
l'autorisation de pratiquer la résection. A cette époque, )e pensais
qu'il y avait d'autant plus de chances de succès, qu'au début l'afiec-
tion avait eu une marche raj)ide. A l'autopsie, outre les lésions men-
tionnées plus haut, je trouvai un seul tubercule à la partie moyenne
du lobe inférieur du poumon droit, et une hypertrophie graisseuse du
foie.
Peut-être m'objectera-t-on que si j'avais pu pratiquer la résection
au moment où j'en avais demandé l'autorisation, l'enfant eût été
sauvé, c'est possible; mais qui pourrait aussi m'assurer qu'à ce mo-
ment même la cavité cotyloïde n'était pas perforée?
Jusqu'à présent, je n'ai parlé que des cas simples ; iQaîs il me reste
à dire quelques mots des cas compliqués, c'est-à-dire de ceux dans
lesquels la carie a envahi des surfaces osseuses voisines, comme les
vertèbres sacrées et l'articulation sacro-iliaque. Malheureusement ces
cas se présentent assez souvent, et il est bien difficile de les pressentir.
a« série. — tom» ix. 50
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— 394 —
EufîD, il est une autre complication, qui peut survenir au moment le
plus imprévu, et c'^sl par ce fait que je termine.
Il y a quelques mois, on amena dans mon service un jeune garçon
présentant tous les signes d'une coxalgie du côté droit; il y avait
très-peu de temps que TafiTection s'était manifestée à la suite d'une
chute.
Sous l'influence du repos et des bains, l'amélioration se manifesta
promptement, ^t lors de son départ en convalescence pour Laroche-
Guyon, toute trace de claudication avait disparu.
Ramené au bout de quelques mois, la claudication existait de nou-
veau, avec un abcès en voie de formation au niveau du grand tro-
chanter droit. Plus tard, la collection purulente ayant été largement
ouverte, je pratiquai l'extraction de plusieurs séquestres provenant
du col; à dater de ce jour, la santé devint meilleure, et je |croyais que
ce petit malade allait guérir, lorsqu'un nouvel abcès, très-volumineux,
symplômatique d'une coxalgie, se manifesta du côté opposé. Cette
nouvelle complication acheva d'épuiser l'enfant, qui succomba au bout
d'un temps assez long. Cette fois encore, bien qu'il n'y eût aucune
ouverture fistuleuse au pli de l'aine, les deux tètes du fémur et les
deux cavités cotyloïdes étaient en grande partie détruites par la carie
et la surface interne du bassia également altérée ; les poumons étaient
parfaitement sains, et le foie avait subi la dégénérescence grais-
seuse.
En présence de faits semblables, bien que très-porté à accepter la
résection coxo-fémorale comme une précieuse ressource, je crois
qu'elle n'est applicable que dans un nombre de cas très-limités et que,
dans l'état actuel de la science, nous sommes bien loin de posséder
tous les» signes qui indiquent son application.
M. DEMARQUAT. Jc vcux parler dans le même sens que M. Marjolin.
Depuis dix ans, je cherche l'occasion de pratiquer la résection de la
tête du fémur, et je ne l'ai pas encore rencontrée. J'ai toujours reculé
devant cette opération, parce 'que les enfants que j'observais étaient
scrofuleux ou n'appartenaient pas à des familles bien saines.
Je crois qne le traumatisme de la résection, sur un enfant scrofu-
leux, épuisé, doit amener sûrement la mort.
Dernièrement, je voulais, chez un enfant, pratiquer la résection de
la hanche ; j'ai temporisé, et dans finlervalle, il est survenu une mé-
ningite tuberculeuse, qui a emporté le malade.
J'ai vu ce que les Anglais font en fait de résection de la hanche, et
je ne suis pas revenu convaincu par leurs résultats. Avec la gout-
tière Bonnet on obtient des améliorations très-grandes.
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— 395 —
Relativement à la remarque de M. Broca sur Tarrôt de développe-
ment du pied, je dirai que j'ai observé des faits analogues, mais je
lésai interprétés d'une manière différente. Je crois que la coxalgie est
une maladie essentiellement chronique, et que au moment où le rac-
courcissement est observé, Taffection remonte déjà à un temps très-
éloigné.
M. Verneuil nous a dit qu'il avait eu occasion de voir des individus
complètement guéris de la coxalgie; je dois déclarer ici que je n'ai pas
été aussi heureux que notre collègue. Â la suite d'une coxalgie, je
n'ai jamais vu reparaître l'intégrité fonctionnelle complète du membre,
et je n'ai jamais vu celui-ci présenter son volume normal.
Dans la coxalgie, il est tellement difficile ou même impossible de
rétablir les mouvements, que j'ai complètement abandonné toute ten-
tative faite dans cette direction, craignant, ce qui arrive souvent, les
rechutes les plus graves.
M. Le Fort. Je veux seulement répondre un mot à M. Marjolin. 11
attribue à M. Ericksen et à moi une idée que nous n^avons pas émise.
J'ai simplement dit qu'il y avait de grandes chances que l'acétabulum
soit malade, lorsqu'il y avait des fistules au périnée.
M. GiRALDÈs. Je ne veux pas entrer dans la discussion relative
à la résection de la hanche. Je veux dire seulement que c'est là une
opération à conserver.
M. Verneuil a été frappé de ce fait que des enfants coxalgiques
traités avec soin, placés dans la rectitude parfaite, pouvaient présenter
un raccourcissement assez grand, lorsqu'ils étaient guéris, et il indique
comme cause principale de ce raccourcissement, la déformation,
l'éculement de la cavité cotyloïde, qui est due elle-même à la rétrac-
tion , suite d'inOammation des fessiers.
Le fait du raccourcissement après un bon traitement, un bon re-
dressement, après que les membres ont été mis dans le parallélisme,
est tout à fait bien établi; on l'observe même dans le plus grand
nombre de cas.
Mv Verneuil attribue ce raccourcissement à l'élargissement très-
grand de la cavité cotyloïde; ceci est encore^ vrai; mais je me*sépare
de mon collègue lorsque je lui vois rattacher ce raccourcissement 'à la
rétraction des muscles fessiers.
Les muscles feièsiers dans cos cas sont atrophiés ; mais les muscles
fléchisseurs et adducteurs (psoas-iliaque, pectine, adducteurs) sont
ceux qui agissent pour agrandir la cavité cotyloïde.
Ce raccourcissement a lieu, quelques précautions que l'on prenne,
même lorsqu'bn emploie notre meilleur appareil, l'appareil Bonnet.
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— 396 —
Si ron vient de réduire un membre, siège d'une coxalgie^ et que Ton
ait obtenu ie résultat le plus satisfaisant possible, l'on p^ut être cerr
tain qu'au bout de huit jours la position sera déjà notablement mo-
difiée. . (.,.
Gela s'observe surtout lorsqu'on emploie les appareils inamovibles
avec la dextrine. Ces appareils inamovibles sont détestables.
M. Verneuil s'est demandé si l'on ne devait pas revenir.à Ja pratique
des chirurgiens américains, à Textension continue. Examinons ce point
de la question. .,:;..
M. Sayre avait constaté que la pression sur lemenibre,/8|ége d-une
coxalgie, donnait naissance à une douleur vive, tandis qu«Jia traction
causait du soulagement, et il en avait conclu qu'il fallait traiter la
coxalgie à Taide de l'extension continue.
Je ferai d'abord remarquer que l'extension continue, comme moyen
de traitement de la coxalgie, avait été indiquée par Brodie et Bonnet,
avant de l'être par les chirurgiens américalas.
La traction du membre produit-elle quelque chose de réel? Oui, si
Ton en croitplusieurs chirurgiens américains très-autorisés, MM. Cosme,
Sayre, Davis, qui ont tous fait construire des appareils pour répondre
à celle indication.
Ëhbien, si Ton vient à examiner attentivement tous leurs appareils,
l'on voit que ceux-ci agissent en immobilisant la cuisse à sa partie
supérieure, et non en produisant une traction qui éloignerait Tune de
Tautre les surfaces articulaires malades. . ^ .
Le meilleur appareil de tous est la gouttière de Bonnet; mais il faut
que chaque malade ait une gouttière faite e^cprès pour lui. . ,
M. Verneuil. Je ne suis pas de l'avis 4e M. Demarquay relativement
à la résection. Dans certaines circonstances, parce que sur dix tenta-
tives on a échoué neuf fois, ce n'est pas une raison pour ne pa& tenter
de nouveau la même opération. Pour mon compte, je suis encore tout
disposé à pratiquer la résection de la hanche.
Assurément la guérison radicale de la coxalgie est rare, mais elle
est possible. J!ai cité le cas d'une malade que j'avais traitée avec
M* Panas; chez elle la gujérispn a été bien complète ; mais assurément
on ne peut espérer guérir radicalement des coxalgies déjà très^
avancées. .
M. Giraldès pense que l'ascension de la tèle fémoralese produit sous
rinfluence des muscles adducteurs dç la cuisse. J'avais^ pensé que ce
déplacement était dû à la rétraction des muscles fessiers,, et je. me
fondais sur ce fait que lorsque après un redressement du mambra on
met le doigt sur les muscles adducteurs, on ne les trouve pas tendus.
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— 3Vt —
Il est bien vrai, comme Ta dit M. Giraldès, que les muscles fessiers
sont atrophiés, mais en môme temps ils sont indurés et rétractés.
Ce point de physiologie pathologique ne pourrait être tranché que
parles autopsies.
Je n'ai pas voulu faire Thistorique de Textension ; mais ce que je
veux voir appliquer au traitement de la coxalgie, ce n'est pas Texten-
sion à l'aide des poids placés à l'extrémité du membre, comme on
l'employait autrefois, mais l'extension à l'aide d'un appareil qui per-
mette aux enfants de marcher, et il faut bien le dire, cet appareil est
encore à trouver.
M. Marjolin. Je suis un peu étonné de voir que M. Verneuil, qui
nous a donné des observations si intéressantes sur quelques compli-
cations lûédicales, si fâcheuses en chirurgie, ne partage pas plus com-
plètement notre réserve lorsqu'il s'agit de pratiquer de graves opéra-
tions sur des individus tellement entachés du vice scrofuleux, qu'ils
sont en quelque sorte, malgré tous les soins possibles, fatalement
voués à des récidives du même genre. Sans condamner d'une manière
trop exclusive la locomotion dans la coxalgie, je crois qu'il ne faut
remployer qu'avec une extrême réserve et avec la plus grande sur-
veillance, crainte de provoquer des exacerbations chez des individus
qui sembaient guéris. J'ai exposé tout à l'heure à quelles causes il
fallait attribuer la différence des guérisons dans les arthrites des
membres supérieurs et des membres inférieurs; aussi je n'y reviendrai
pas. Je dirai seulement que ce repos absolu, soit dans la gouttière de
Bonnet ou tout autre appareil établi sur ces mêmes principes, ne pré-
dispose pas, comme on Ta dit, aux méningites tuberculeuses. Cette
affection, si commune chez les enfants scrofuleux, peut aus&i se ma-
nifester chez des adultes atteints d'arthrites suppurées. Si j'ai bonne
mémoire, je crois que des faits analogues ont été observés par
M. Legouest. Enfin, je terminerai, et j'insiste sur ce point, il est des
cas où, malgré l'appareil de Bonnet employé de bonne heure, on ne
peut remédier au raccourcissement du membre ; mais comme dans ces
cas il y a eu destruction ou déformation du bord supérieur de la ca-
vité cotyloïde ou de la tête du fémur, il faut bien se garder de gêner le
travail de cicatrisation de la nature par des tractions intempestives; il
faut se contenter de laisser le membre en repos dans la gouttière; de
cette manière, on a au moins la chance de remédier à des déplace-
ments par trop difformes, et on prévient la flexion de la cuisse sur le
bassin. Quant à dire qu'il n'y a pas de guérison réelle dans une
coxalgie grave confirmée, je crois que c'est se montrer par trop diffi-
cile. Quelques-uns d'entre vous se souviennent peut-être d'avoir vu
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- 398 —
ici une jeune fille dont Tobservation est, je crois, dans la thèse de
M. Gibert; elle avait eu à la suite d'une fièvre typhoïde une véritable
luxation de la hanche; la luxation fut réduite, et lorsque, au bout de
quelques mois, Tenfant vous fut présentée, ses mouvements étaient si
réguliers, que personne ne put dire de quel côté la coxalgie avait eu
lieu. Qu'il soit resté peut-être un peu d'atrophie du membre, c'est
possible; mais je crois que c'est bien là une véritable guérison.
M. Deuabquât. J'ai été très-heureux d'entendre M. Giraldès faire
l'historique de l'extension. Je crois comme lui que la saillie du grand
trochanter et la tendance à la luxation sont dues à la rétraction des
muscles adducteurs. Il y avait un appareil qui avait été fait pour re-
médier à cette tendance, c'était l'appareil de JMartin.
M. GiRALDES. Je n'ai pas cité l'appareil de Martin, parce que à mon
avis c'est le plus détestable des appareils.
M. GuEBSANT. Je n'ai jamais vu dans ma vie que deux cas de gué-
rison complète de la coxalgie; les deux guérisons ont été obtenues à
l'aide de l'appareil de Martin.
M. GiRALDÉs. Il y a deux appareils Martin. Le premier est un ap-
pareil de contention; l'autre est un appareil à double flexion, que je
considère comme très-mauvais.
RAPPORT VERBAL.
M. LÉON Labbé fait un rapport verbal sur un travail de M. Ladu-
reau, médecin de Thôpital militaire de Cambrai.
Ce travail était relatif à trois cas d'hygroma prérotulien, à un cas
d'hématooèle prérotulienne, et à un fait de fracture compliquée de la
rotule, avec large plaie pénétrante de l'articulation.
La conclusion du rapporteur est la suivante : Déposer le travail de
M. Ladureau aux archives.
r'.lj CMS- M . . *i /. ..w. ri - '" '" "■ •' ' '• »• "' -• •»-• '*■* '.'
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— 399 —
PRÉSENTATION d'iNSTRUMENT.
M. LÉON Labbé présente, de la part de M. Lûer, fabricant d'instru-
ments de chii
presseur des
Le caractè
presseur rési(
élastiqm.
Selon Taut
la plupart de
tiguent le mi
pression unif(
et la souplesi
prêter au eh;
malade et co
france. par u
diminution d(
culaire nécess
position.
Les lames <
deux branche
lotte en caou
sur l'artère, U
qui supporte
et qui lui pen
ment les posi
par rapport à
stiluent un en
contraire à cei
Selon que le compresseur nouveau devra s'appliquer à Tartère du
bras, de la jambe, du bas-ventre ou du cou, etc., les branches seront
plus ou moins grandes, plus ou moins écartées.
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- 400 —
L'instrument compresseur, représenté dans la planche ci -contre^
affecte, ainsi qu'on le voit, la forme d'une large pince à deux
*^
branches, dont le degré d'écartement ou de pression peut être rendu
fixe au moyen d'une agrafe à crémaillère G.
Quant aux mors de la pince, ils sont remplacés par les dispositions
suivantes : l'un D se termine par une plaque en cuivre doublée de
cuir à la façon d'un coussinet, qui est destinée par sa large iurface à
offrir une base à la contre^pression au point d'appui sur la face pos-
térieure du membre.
L'autre branche A, partie intéressante et spéciale de l'instrument,
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— 401 -
porte une pelotte B en caoutchouc. Cette pelotte, hémisphérique par
sa face interne, est aplatie en dehors; ses dimensions varient suivant
le volume des parties sur lesquelles elle doit reposer.
Cette pelotte, souple et élastique, est fixée à Textrémilé d*une vis,
portée elle-même sur la branche correspondante de la pince. La vis
est ajustée sur la branche par une articulation à volute, de manière
à pouvoir se mouvoir dans tous les sens et être ensuite assujettie dans
une position donnée.
Toutes les pièces de Tappareil peuvent se démonter, de manière à
offrir un très-faible volume.
M. Labbé a eu Toccasion d'expérimenter cet appareil, et les résul-
tats qu'il a obtenus lui ont paru satisfaisants.
M. GiRALDÈs. Je me suis servi du compresseur de M. Lûer pour
comprimer Tartère fémorale, dans un cas d'amputation de la cuisse.
La compression exercée à Taide de cet instrument n'a rien laissé à
désirer.
PilÉSENTATION DE PIÈCE.
H. TiLLAux présente une pièce à* hypertrophie générale de l*utérus,
coïncidant avec la présence d'un petit corps fibreux dans le col.
Des détails relatifs à cette pièce intéresante seront donnés dans une
des prochaines séances.
La séance est levée à cinq heures et demie.
Le 9ecrétaire, D' Léon Labbé.
SÉANOB DU 11 NOVEMBBB 1868
Présldmee d« M. LEGOUEST
Le procès-verbal de la précédente séance est lu et adopté.
CORRESPONDANCE.
La correspondance comprend :
Les journaux de la semaine.
— Le Journal àeméàecme et de chirurgie pratiques.
S* série. — tomb ix. 5t
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— 402 —
— La Revue médicale de ToiUûUse,
— Le Montpellier médical.
— Le BuUetin de la Société médico-chirurgicale de PariSf pour IS67.
— M. Desprës offre à la Société ud exemplaire de 80d Traité du
diagnostic des tumeur$. Remercîments.
DISCUSSION.
Coxalgie. — Résection de la hanehe.
M. Le Fort. M. Marjolin a bien voulu citer mon travail sur la
résection de la hanche, et je l'en remercie. Je dois dire ici que je suis
beaucoup moins partisan de la résection de la hanche que de celle du
genou.
La résection de la hanche dans la coxalgie est un moyen extrême,
auquel on ne doit avoir recours que lorsque tous les autres moyens
ont été employés.
J'ai été très-satisfait de voir M. Yerneuil soutenir l'utilité de l'exten-
sion du membre dans le cas d-éculement de la cavité cotyloïde, et je
suis persuadé que les faits justifieront cette manière de voir.
La discussion a porté aussi sur l'utilité de l'extension dans la
coxalgie, à la période de début ou peu avancée. M. Giraldès a attaqué
cette méthode et critiqué les appareils que l'on a proposé pour agir
dans cette direction. Mais, comme l'a très bien établi M. Yerneuil, il
s'agit de faire l'exteusion, tout en perofêttant au malada démarcher.
Pour mon compte Je suis tout à fait opposé à l'emploi systématique
de la gouttière Bonnet, et je considère que dans beaucoup de cas son
emploi peut être la source de complications qui entraînent la mort du
malade.
Je concède à M. Giraldès que les appareils américains sont tout à
fait insuffisants. Lorsque je les présentai à la Société de chirurgie, je
le fis parce que je considérais que l'extension, dans le traitement de la
coxalgie, était véritablement indiquée. J'ai ensuite expérimenté ces
appareils et je leur ai trouvé tous les désavantages signalés par M. Giral-
dès. Voici pourquoi j'ai imaginé un appareil dans lequel j'ai essayé de
prendre un point d'appui plus favorable, en rendant mobile la plaque
sur laquelle repose l'ischion. En procédant ainsi, on peut porter la
pression beaucoup plus loin.
J'ai eu l'occasion d'appliquer plusieurs fois cet appareil , et j'ai
obtenu des résultats réellement satisfaisants ; aussi je persiste à croire
que la méthode d'extension est bonne.
M/Ghassaignac, Dans la dernière séance, il a été question de Tap-
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— 403 —
pareil de Martin, qui avait été présenté à la Société de chirurgie, avant
de l'être à T Académie des sciences.
Cet appareil paraissait répondre idéalement à toutes les indications
(mobilité, large surface d'appui). J'avais vu Martin l'employer avec
succès chez un homme de mon service, qui avait un violent trauma-
tisme de la cuisse, et lorsque la Société de chirurgie désigna une
commission chargée de suivre les expériences de Martin, je fus adjoint
à mes collègues Robert et M. Larrey. Martin appliqua son appareil sur
un de mes malades atteint de coxalgie ; et sans qu'aucun de nous ait
pu s'en douter, nous arrivâmes un jour à constater une eschare au
niveau du mollet. Les expériences ne furent pas poursuivies, et il n'y
eut pas de rapport présenté à la Société.
Ce que désirent aujourd'hui tous les chirurgiens, c'est de posséder
un appareil qui, tout en assurant l'immobilité 4e la jointure, permette
un certain déplacement de l'individu, déplacement, utile au point de
vue de la santé générale.
Cette considération m'a toujours fait repousser Tusaga de la goût-*
tière Bonnet, et j'ai eu recours à un moyen d'immobilisation qui m'a
rendu de grands services» c'est l'extension et l'immobilisation à l'aide
des moules brisés. Je pense que les appareils construits d'après ces
principes sont supérieurs à tous les autres.
Dans quelques cas, il est vrai, l'appareil de Martin a paru réussir
d'une façon très-satisfaisante; Otai», ûAm ces cas, il s'agissait d'abcès
* de la régioa <l^ grand trocbanter et no^ de coxalgies. ' <
Martin était allé jusqu'à erotrefu'à l'aidd de «m appareil il pouvait
réintégrer la tôte fémorale dans la eavité cotyloïde,
Je pense qu'avant de se décider à faire la résection, il faut bien sa-
voir dans quel état se trouve Yxis iliaque.
M. GiXÀLDÈs. Si notre collègue avaid vu un enfant traité de coxalgie
dans un appareil Bonnet bien fait, il ne dirait pas ce qu'il dit. Les en-
fants ne s'étiolent pas parce qu'ils sont dans Tappareil Bonnet; lorsque
cela a^rive> c'est qu'il y a des lésions organiques du côté des pou-
mon^, du foie, et assurément ce n'est pas parce qu'on laissera mar-
cher les enfants que l'on obtiendra la guérlson. J'ai observé de nom-
breux exemples de guérisons obtenues à l'aide de la gouttière Bonnet.
C'est Tappareil Bonnet qui incommode le moins les malades*
Certainement, dans nos hôpitaux, il est difficile de faire. construire
des gouttières de Bonnet pour nos maladeé; mais on peut les rem-
placer par des appareils analogue^s, par exemple par les appareils
qu'emploie M. Marjolin, par ceux dont se sert M. Guersant, par des
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— 404 —
moules en gutta-percha, par des moules en plÀtre comme ceux de
M. Ghassaignac.
Les chirurgiens américains, eux-mêmes, formulent en tète du traite-
ment de la coxalgie la nécessité du repos et de la bonne position, et
pour répondre à ces indications, ils ont fait construire des appareils
divers, tels que des moules en fil de fer, etc., etc.
Ce qu'a dit M. Le Fort au sujet de ces appareils est affaire d'inspi-
ration et non d'observation clinique.
Il y a eu deux périodes dans remploi des appareils américains : ce
n'est que dans la seconde période que M. Sayre a voulu appliquer le
traitement qui consiste à faire l'extension, tout en laissant marcher le
malade. Mais qu'arrive- t-il dans ce cas? L'enfant marche sur l'autre
membre, de sorte que lorsque la guérison est obtenue, on observe une
déformation considérable, quelquefois tellement marquée, que pour y
remédier, l'on se trouve dans la nécessité de pratiquer des opérations.
M. Le Fort. Il est possible que je n'aie pas vu autant de coxalgies
que M. Giraldès; cependant, j'ai employé )*appareil Bonnet, un assez
grand nombre de fois, pour avoir le droit de le juger.
J'ai employé Fappareil inamovible embrassant le bassin et le
membre inférieur, à l'exemple de M. Verneuil. Je déclare que c'est là
un excellent appareil.
COMMUNICATION.
Oirariotoiiiie.
M. BoiNET. Dans une de nos dernières séances, notre collègue,
M. Liégeois, vous a communiqué une opération d'ovariotomie qu'il a
faite avec succès; je me proposais de prendre la parole sur ce fait,
mais les travaux à l'ordre du jour ne l'ont pas permis. Avant d'exposer
les quelques réflexions que cette observation m'avait suggérées, per-
mettez-moi ^e profiter de cette occasion pour présenter à la Société
une malade à laquelle j'ai pratiqué l'ovariotomie, il y a aujourd'hui un
mois. Je désire montrer que le succès de l'ovariotomie est encore pos-
sible, même dans les cas qui paraissent les plus désespérés, et alors
que la maladie offre des complications graves et multipliées. Toici
l'observation de ma malade.
Kyste mnltiloculaire de l'ovaire g^ache, du poids d^ 19
& 18 Ifiiog^rammes, eompliqué d'a&'cite, d'une hernie ombi-
ileale voinminénse et d'an prolapsus complet de rutéms.
Ovariotomie. Guérison.
Mademoiselle G..., d'Issoudun, âgée de 47 ans, lingère, a toujours
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- 405 —
été bien réglée jusqu'à 46 ans, époque où la menstruation a cessé.
Cette femme, d'une bonne constitation, a toujours joui d'une bonne
santé, si ee n'est que depuis I*àge de 10 ans, elle a toujours éprouTé des
envies fréquentes d'uriner. Il y a environ quatre ans, elle a remarqué
que son ventre prenait du développement, en même temps que sa
santé s'altérait; l'augmentation du ventre. fut si rapide, qu'au bout de
six mois, il était aussi développé que dans une grossesse à terme. Les
jambes étaient légë'emènt infiltrées. Soumise à divers traitements diu-
rétiques, il n'en résulta aucune amélioration, et la maladie faisant
toujours des progrès, sa santé générale s'affaiblissant déplus en plus,
i'amaigrisseopent augmentant, elle vint à Paris, en i865, réclamer des
soins. Reçue à l'hôpital Saint-Louis, dans le service de M. Yoillemier,
elle y subit une ponction, le 7 septembre 1865, qui donna issue à 6
ou 7 litres de liquide. On reconnut dans le ventre, au dire de la ma«
lade, Texistence de deux tumeurs solides. De l'hôpital Saint-Louis,
elle fut envoyée en convalescence à l'hospice du Vésinet, pour y refaire
sa santé, et vingt et un jours après, elle retourna dans son pays, après
avoir vu M. Voillemier, qui constata le retour du liquide dans la poche
qu'il avait ponctionnée. Lé ventre prit un acermssement progressif et
devint si volumineux, que la malade était obligée de rester assise ou
couchée. Bientôt, elle ne put se livrer à aucune occupation; sa posi-
tion devint de plus en plus misérable; sa santé s'altéra de jour en
jour, et elle maigrit beaucoup : il ne lui restait aucun espoir de salut.
Dans cet état désespéré, M. le docteur Jugand, d'Issoudun, lui proposa
de faire l'ovariotomîe; mais elle préféra revenir à Paris, pour y subir
cette opération. £lle me fut adressée psur le docteur Gachet, d'Issoudun,
le 6 juillet 1868.
A son arrivée à Paris, elle est dans un état déplorable, faible,
maigre et les traits profondément altérés; la respiration est gênée, les
digestions péniblea^ l'appétit nul; le ventre, au niveau de l'ombilic,
qui est le s^ge d'une hernie ombilicale volumineuse, mesure 1 m. 42 c.,
et de l'appendice xyphoïde au pubis, .45 centimètres ; la hernie om*
bilicale, rendue sailiante par du liquide ascitique et parles anses in-
testinalest est très-volumineuse; ses parois sont très-amincieset étalées
sur le ventre : elle mesure 46 centimètre^ de circonférence; la paroi
inférieure du ventre et les membres inférieurs sont infiltrés. La per-
QUSision et Texamen du ventre font reconnaître une grande quantité
de liquide ascitique ; et si on fait placer la malade dans différentes
positions, on reconnaît trois tumeurs très-distinctes : deux supérieures,
solides, très-résistantes à la pression, et offrant au palper tous les
signes des tumeurs fibreuses» et une troisième médiiuie et Inférieure,
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— 406 —
dtMinant tous les signes d'oM ?aate poche, reîifermantdo li«nûde- Lee
parois du ventre, dont le développement esl extraordhi^ire, sont
tellement distendues, et par les tuneurs et par le liquide de Fascite,
qu-il est impossible de i^econnaltre si des adhérences existent; de plus,
cette malade est atteinte d'un prolapsus complet de l'utérus qui pend
entre les cuisses. Je porte le diagnostic suivant : kyste multiloculaire
d'un ovaire, ayant une vaste poche fluctuante, accompagnée de deux
tumeurs solides trèchdures, avec complication d'une ascite, d'une
exomphale et d'Ane chute complète de l'utérus, avec excoriations
saignantes sur les parois renversées du vagin et sur le col de l'utérus.
Ge prolapsus complet de Tutérus remontait à cmq mois; mais depuis
plus d'une année, la malade avait remarqué que sa matrice était très-
basse, et que sQp col apparaissait entre les grandes lèvres; il y avait
parfois des écoulements sanguinolents.
Pans le btft de mieux connaitre la nature des tuneurs solides du
ventre, qui avaient toutes les apparences de tumeurs fibreuses, et pour
m'assurer s'il existait des adhérences, je oonseiUai à la malade ^ne
ponctioa, pour enlever le liquide aseitique; mais comme elle voulait
retourner dans son pays, sans plus attendre, je lui recommandai de faire
pratiquer cette ponction par son médecin, afin qu'on pût mieux établir'
le diagnostic, et savdr si rovariotomie était praticable. Cette ma-
lade retourna à Issoudun et la ponction ne (ut pas faite. Mais un
nouveau phénomène se produiat : récoulement quotidien, d'un verre
et demi environ, d'un liquide légèrement gluant pai» le col utérin ,
dimifiua un peu le volumedu ventre et apprit que le kyste était tubo-
ovarique» Comme Tétaide la malade devenait de plus en plus mau-
vais, malgré cet écoulement; que la maigreur augmentait; que les
forces diminuaient, 0t&,, elle revint à Paris, le i^ octobre 1868, bien
décidée à se faire pratiquer Tovariotomie.
^ Un nouvel examen, fait avec soin , me confirma dans mon premier dia*
gnostic ? une asdte c<»tsidérable, avec hernie ombHieale volumineuse,
une vaste poche kystique et deux grosses tumeurs^ dores, résistantes;
qui s'élevaient fqsqu-au foie et soees le diaphragme, et dont là consis-
tance rappelait des tumeurs aréolafres, dévéloppéés-dans l'épaisseur
des parois du kyste, et enfin une chute complète de l'utérus qui pen-
dait entre lesoaissb» et était le siège d'exoorialâons profondes. La seule
chance de salut pour cette pauvre fille était dans l^ ovarlotomie ; mais
les complications nombteusesqui accompagnaient ce kyste, Texislence
probable d'adhéreûces du cèté du foie et du diaphragme, dans une
maladieÈ dont le débiit remontait à plus de quatre ans, rhnpossibilké
d« reconnattre ees adhérences et ecHes qui pouvaient Atre plus pro-
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fondes, tou^ cèU me paraissait autant de contre-indications que je
n'osais affronter. Cependant, l'état de cette malade était si graye, que
je regardai comioe une obligation une opération que je ne pratiquai
qu-avec une certaine répugnance ; et le 11 oot<Are 1868, cédant aux
instances pressantes de la malade, je fis cette ovariotomie, rueOudinot,
n"" 4, en présence de MM. Brochin, Firmin, Moyet, Robert et de plusieurs
internes des hôpitaux.
Une incision fut pratiquée sur la ligne blanche jusqu'au péritoine,
entre le pubis et la hernie ombilicale, la malade étant chloroformée;
le péritoine, poussé par le liquide ascitique, vint faire hernie entre les
lèvres de l'incision» qui avait environ 12 centimètres de longueur, et
fut ponctionné avec le trocart de Sp. Wells. Il s'écoula 4 à 5 litres (le
liquide séreux, verdÂtre, provenant de la cavité péritonéale. Plusieurs
vaisseaux furent saisis avec mes serre-fines à mors plats, et aucun
écoulement de sang ne se fit dans la cavité du péritoine. Celui-ci
ayant été divisé dans toute l'étendue de l'incision avec des dseaux, la
main gs^iche, doucement introduite dans le ventre, entre les parois
abdominales et le kyste, constata qu'il existait deux tumeurs volumi^
neuses, inégales, solides, résistantes, et une vaste poche remplie de
liiquide. L'une des tumeurs, cdle de droite, s'élevait jusqu'au foie et
au diaphragme qu'elle soulevait, et était séparée de celle de gauche,
qui s'élevait moins haut, par un enfoncement considérable, la tumeur
droite pressait tellement le diaphragme et le foie, que je ne pus passer
la main entre ces organes : ce qui me fit supposer que des adhérences
existaient dans ce point et probablement dans les parties profondes,
ce qui heureusement n'avait pas lieu, ainsi que je le reconnus en con-
tinuant l'opération. Ces tumeurs étant trop volumineuses pour être
extraites par l'incision que j'avais pratiquée d'abord, je la prolongeai
par en haut, en contournant à gauche la hernie ombilicale, et lui
donnai une étendue de 27 centimètres. Par ce moyen, le kyste devint
plus apparent, et la poche fluctuante fut ponctionnée; l'évacuation
de 7 ou 8 litres de liquide séreux, verdÀtre, permit aux deux tumeurs
solides, placées au-dessus de la poche de s'abaisser, et alors, seule-
ment, je pus reconnaître que ces tumeurs n'avaient aucune adhérence,
ni avec le foie, ni avec le diaphragme, ni avecuo autre organe. Après
avoir pris la précaution de fermer par une ligature l'ouverture faite
à la poche kystique par le trocart, dans le but de prévenir tout épanche-
meat dans la cavité péritonéale, j'introduisis la main gauche sous le
kyste et, le soulevant doucement, je le fis sortir du ventre, entre les
lèvres de la plaie; un aide le saisit aussitôt entre ses deux mains et
le tint suspendu au-dessus du ventre* Je eonitatai avec plaisir que
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tout ce qui composait le kyste, tumeurs et poche, n'était adhérent que
par un pédicule très-large, très-épais et assez long. Toute cette ma-
nœuvre avait été assez prompte et assez facile. Le pédicule, qui ren-
fermait des vaisseaux volumineux, fut placé dans le clamp, fortement
serré, et coupé ensuite avec des ciseaux, au-dessus du damp, à la
base du kyste ; par mesure de précaution, et à cause du volume des
vaisseaux du pédicule, une forte ligature en fil de soie fut placée sur
le pédicule, au-dessous du damp, sur lequel on cautérisa le pédicule
avec le fer rouge. GrÀce aux serre-fines appliquées sur les points
saignants de Tincision abdominale, pas une goutte de sang ne tomba
dans le péritoine; sa toilette fut facile à faire et se borna à absorber
avec des éponges un peu de liquide ascitique qui restait encore dans le
petit bassin, et à 6ter, ce qui ne laissa pas de me donner de Tinquié-
tude pour le résultat de cette opération, plusieurs membranes de la
grosseur du doigt, d'une longueur de 10 à 12 centimètres, d'un blanc
mat, nacré; elles étaient libres et flottantes dans le liquide ascitique.
De plus, la surface du péritoine offrait les traces d'une péritonite an-
cienne, était d'un rouge violacé, et tous les vaisseaux épiploïques
étaient gorgés de sang noir.
Avec une longue aiguille, qui traversait en même temps les parois
abdominales et le pédicule, celui-ci fut fixé dans l'angle inférieur de
la plaie. Le clamp ayant été enlevé» deux épingles traversant .les
parois abdominales, y compris le péritoine, furent placées, l'une au-
devant, Tautre au-dessous du pédicule, afin de mieux le maintenir et
de le comprimer dans la suture entortillée. La plaie fut fermée par une
suture profonde, faite avec neuf fils d'argent passés avec une grande
promptitude et une grande facilité à travers les parois abdominales et
le péritoine, à l'aide d'une aiguille à chas, assez semblable à une
aiguille d'emballeur ou à une alêne de cordonnier, dont je me sers
habituellement pour faire cette suture : 7 épingles suffirent pour la
suture superficidle ou entortillée.
Une sonde évacuatrice fut placée au-devant du pédicule et enfoncée
jusqu'au fond du petit bassin, pour retirer, à l'aide d'une pompe, le
liquide qui pouvait s'épancher; il en sortit à peine 5 ou 6 grammes ,
pendant deux heures que cette sonde resta encore en place, elle ne
laissa couler aucun liquide : aussi fut-elle retirée. L'opération avait
duré quarante-dnq minutes.
Avant de fermer l'abdomen^ j'avais cherché à réduire l'utérus et j'y
étais parvenu très-facilement ; l'indicateur de la main gauche étant placé
dans le petit bassin, pour suivre et diriger l'impulsion que j'impri-
mais à l'utérus, en le refoulant doucement et progressivement dans le
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vagin avec la main droite, je parvins à le remettre en place, et deux
petites éponges furent introduites dans le vagin, pour s'opposer à une
nouvelle chute.
La malade, nettoyée, changée de linge et de flanelle, fut portée dans
un lit bien chaud. On lui donna quelques cuillerées de madère, de
bouillon froid et d'une potion calmante. Le reste de la journée se
passa bien; point de fièvre, point de douleurs dans le ventre ; som-
meil de quelques heures.
Malgré les complications que j'ai signalées plus haut, les suites de
cette opération furent des plus heureuses; à peine de la fièvre pendant
les deux premiers jours, point de douleurs dans le ventre, qui est
resté plat, non douloureux à la pression. Alimentation légère et prise
avec plaisir. Les urines ont coulé naturellement et le cathétérisme n'a
pas été pratiqué une seule fois ; une éponge, placée dans un sac de
taffetas gommé, est mise entre les cuisses de la malade et reçoit les
urines. L'éponge est changée à chaque émission. Les fils et les
épingles des sutures furent enleyés à partir du cinquième jour, et
le huitième» tout était enlevé, et remplacé par des bandelettes fixées
avec le coUodion.
Il me paraît inutile d'entrer dans de plus longs détails sur la marche
de cette opération, qui, comme vous le voyez, a eu un très-bon résul-
tat, puisqu'elle a débarrassé cette pauvre femme, qui était sur le point
de mourir, de quatre maladies très-graves : 1" d'un kyste multilocu-
laire énorme; 2° d'une hernie ombilicale; 3» d'un prolapsus complet
de l'utérus : et i^ enfin d'une ascite considérable, qui depuis longtemps
déjà avait amené l'infiltration des membres inférieurs. Il y a aujour-
d'hui trente jours que cette malade a été opérée et son état est si sa-
tisfaisant, qu'elle va repartir pour son pays.
La masse totale da kyste, contenant et contenu, était de 17 à 18 ki-
logrammes environ; les parties solides, tumeurs et poche du kyste,
pesaient 8 kilogrammes et demie. Les tumeurs étaient aréolaires, ren-
fermant dans leur intérieur une infinité de petites loges, commu-
niquant les unes avec les autres, et remplies d'une matière blan-
châtre, épaisse, gélatineuse, purulente dans quelques-unes. Les plus
grandes n'auraient pu loger une noix. De grosses veines, des brides
épaisses et résistantes, sillonnaient la surface de ces tumeurs dans
tous les sens; leur surface externe était lisse et nous offrait des bos-
selures irrégulières.
La hernie ombilicale, dont il reste quelques vestiges, est complète^
ment réduite, et if ne reste plus au niveau de Tombilic qu'une très*
petite partie du sac, qui diminue chaque jour et qui probablement
2* série. — TOMB IZ. 52
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finira par disparaître complètement, si on s'oppose, par un l>andage,
à rintroduction des intestins dans Tanneau ombilical.
Déjà trois fois, j'ai rencontré des kystes de l'ovaire compliqués de
hernie ombilicale et d'ascite, et j'ai remarqué que dans ces cas, les
parties herniées se réduisaient facilement, et qu'on pouvait les re-
tirer de l'anneau ombilical en les attirant dans le yentre avec les doigts
introduits par l'incision abdominale;
Cette remarque ne pourrait-elle pas trouver son applicatioa dans
Topération de la hernie ombilicale étranglée, et nous engager à
opérer celte espèce de hernie, en faisant sur la ligne blanche,
à quelques centimètres au-dessous de l'ombilic, une incision par
laquelle, on pourrait, en y introduisant un ou deux doigts, aller
retirer les intestins et l'épiploon engagés dans l'anneau ombilical et
étranglés par lui, plutôt que d'inciser directement cet anneau et
sur des parties irritées et plus ou moins enflammées, comme nous le
faisons habituellement, parties au milieu desquelles on a souvent de
la peine à se guider. On serait d'autant plus autorisé à essayer
ce procédé, que les résultats parles procédés que nous employons or-
dinairement sont généralement mauvais. S'il existait des adhérences,
on pourrait tout aussi bien les détruire et y remédier par le procédé
que nous indiquons que par les autres, et si un épanchement sanguin
ou autre se produisait, on pourrait y remédier plus facilement et fixer
plus sûrement les bouts de l'intestin, s'il y avait gangrène.
On a cru pendant longtemps, et beaucoup de chirurgiens partagent
encore cette opinion, que le contact de l'air sur le péritoine, que toutes
les lésions traumatiques, les plaies, les incisions, les piqûres, etc.,
sont des circonstances tellement graves et tellement redoutables, qu'on
doit s'abstenir de toute opération sur cette séreuse, à moins d'y être
absolument forcé. Les nombreuses opérations d'ovariotomie pratiquées
avec succès depuis quelques années, sont venues donner le démenti
le plus formel à cette manière de voir, et démontrer combien toutes
ces craintes sont exagérées, ot que tous les accidents qu'on attribuait
à la lésion du péritoine, soit par incision, plaie ou piqûre, ne sont pas
dues à la lésion proprement dite de cette séreuse, mais à des causes
qu'il faut chercher ailleurs. D'après nos observations, les accidents
qui suivent la lésion du péritoine sont (|ps à l'épanchement dans le pé-
ritoine du sang ou d'un liquide quelconque.
En effet, un épanchement dans l'abdomen, quelque minime qu*il
soit, à la suite d*une lésion du péritoine, subit presque toujours une
altération putride, une décomposition qui amène les accidents de la
péritonite, ou de la résorption purulente, et il est bien démontré au-
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jourd'bui, par des observations déjà nombreuses, que si, à la suite
d'une blessure du péritoine, il ne se fait aucun épanchement dans
Fabdomen, ou bien que si cet épanchement ayant lieu on a pu le faire
disparaître sur-le-champ, il n'en résultera rien de fâcheux ; Faîr et les
liquides épanchés dans la cavité abdominale n'y deviennent dange-
reux que lorsqu'ils restent renfermés dans cette cavité et qu'ils y sé-
journent; ainsi, dans les ovariotomies, le moindre caillot, la moindre
quantité de liquide d'un kyste laissés dans le ventre donnent pres-
que toujours naissance à une péritonite mortelle; c'est donc avec
raison que dans l'ovariotomie ou recommande de faire avec un
soin minutieux la toilette du péritoine» afin de se mettre en garde
contre le moindre suintement de sang, avant de clore l'ouverture ab-
dominale. La pratique de tous les ovariotomistes a montré que le
succès de l'ovariotomie a presque toujours lieu, toutes les fois qu'il
n'y a aucun épanchement, soit de sang, soit d'un liquide quelconque
dans la cavité abdominale. Ce qui prouve bien que ce n'est pas la lé-
sion, proprement dite, du péritoine qui est la cause des accidents pé-
ritonéaux, à la suite des opérations pratiquées sur cette séreuse, mais
bien les épanchements qui peuvent être la suite de ces opérations,
d'où cette conséquence pratique très-importante, qu'on doit toujours
dans les plaies abdominales oi!i le péritoine est intéressé, s'empresser
de les élargir, si on soupçonne le moindre épanchement, dans le but
d'arrêter cet épanchement s'il continue, ou de le tarir et de le faire
disparaître complètement, s'il y a lieu.
Étant donc établi, que les lésions du péritoine sont beaucoup moins
à craindre qu'on ne le croyait et qu'on ne le croit encore aujourd'hui,
ne devrait-on pas dans 1^ cas d'étranglement interne, d'iléus, d'inva-
gination intestinale ou d'une obstruction au passage des matières
fécales, alors que le siège de l'étranglement ne peut être déterminé, ne
devrait-on pas ouvrir largement la cavité abdominale, comme dans
l'ovariotomie, et aller à la recherche de l'étranglement, peut-être au-
rait-on la chance de sauver des malades, alors qu'ils sont fatalement
voués à la mort.
Ceux qui ne veulent pas admettre que le péritoine puisse supporter
sans accident des lésions, prétendent que cette membrane ne s*enflamme
pas dans l'opération de l'ovariotomie, parce que probablement elle
est dans des conditions nouvelles, qui lui permettent de supporter, sans
accident, des opérations qu'elle ne supporterait pas dans son état nor-
mal... Quelles sont ces conditions nourelles? Personne ne les connaît,
mais on les invoque pour trouver une explication à la tolérance que
montre le péritoine dans l'opération de l'ovariotomie. La présence d'un
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kyste de ToYaire dans le yentre, boh long contact avec le péritoine, le
développemeDtlent et insensible de la tumeur oyarique, seraient les
causes de cette nouvelle propriété du péritoine à ne pas s'enibtinmer aussi
facilement. Avant d'admettre cette opinion, qui ne repose que sur une
hypothèse, il faudrait démontrer que le péritoine des malades affectées
de tumeurs ovariques ou de toute autre tumeur, n'est plus dans les
mêmes conditions anatomiqufss et physiologiques que le péritoine de
ceux qui n'oot pas de tumeurs dans le ventre ; personne, que je saqbo,
n'a encore fait cette démonstration, et s'il en était ainsi, on pourrait
se demander pourquoi, dans l'opération césarienne, la mêmeopératUxi
faite sur un péritoine dans les mêmes conditions physiologiques ou
pathologiques nç; réussit pas, à Paris, par exemple, tandis qu'elle
réussit aesez souvent en province : est-ce que la distensiop su))ie par
le péritoine, est-ce que les modifications nouvelles qu'il a pu éprouver
pendant le développement de la tumeur utérine ne sont pas les mêmes
à Paris que dans la province? Je crois donc qu'il faut cbercl^er aUleurs
la cause des accidents graves qui se manifestent à la suite des opéra-
tions .pratiquées sur le péritoine, et que cette cause a sa source dans
les épanchementspéritonéaux surtout, quelle que soit leur nature, el
cela est si vrai que dans les cas où il n'y a aucun épanchemept dans
le péritoine, soit pendant, soit après l'opération, les accidents sont
plus rares, malgré la lésion du péritoine, qu'il ait été coupé ou dé-
chiré. On doit aussi tenir grand compte des milieux dans lesquels ou
opère, et de la constitution des malades.
Le point capital dans l'opération de l'ovariotomie est donc d'empê-
cher tout épanchement sanguin ou autre dans la cavité abdominale ;
dans ce but, on recommande de lier immédiatement tous les vaisseaux
sanguins ouverts, et de supprimer tout écoulement ou tout suintement
sanguinolent, qu'il provienne de l'incision faite à la paroi abdominale,
de l'épiploon ou des déchirures des adhérences. Mais cette ligature
des vaisseaux ou des parties qui laissent écouler du sang, demande
quelquefois bieA du temps, allonge l'opération qu'on est obligé d'inter-^
rompre à plusieurs reprises ; de plus, on a l'inconvénient de laisser
des ligatures dans le ventre et entre les lèvres de la plaie, dans l'es-
poir de parer à tous les inconvénients et de hâter l'opération. J|e fais
usage pour arrêter l'écoulement du sang, quelle que soit sa source,
de serres- fines que j'ai fait modifier et approprier au but que je voulais
atteindre. Ces serres-fines, que j'ai Tbonneur de vous présenter, sont
à mors plats et munies d'un fil d'argent qui aide à les reconnaître et
à les retrouver, lorsqu'on fait la toilette du péritoine et qu'on suture
la paroi abdomiuiale. Ces serres-fines sont d'une applioation. prompte
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et facile; elles exer^ept, p^odaf^i qu'on contiaue ropérutiOD, une
compression assez forte pour s'opposer à récoulement du sang, qu'il
sorte en nappe ou pas jets ; d'ailleurs, il arrive presque toujours
qu'après reBlèvement de ces serres-fiiies, le sang ne coule plus, et la
pressiqn momentanco exercéj^ pqr ces instruments, qui agissent en
iDàchant les tissus, suffit pour arrêter définitivement Técoulement d^
sang, et dispense d^ ligatures, ce qui, je le répète, me parait être un
grand avantage,* pii^ue Topération est. faite plus rapidement, et
qu'ençuite il ne i^ste auG^ncorpç étranger dans la piivité p^ritonéale,
ni entre les lèvres de la p)aie.
M. Liégeois, en déerivant le procédé opératoire qu'il a suivi, nous
a fait remarquer, en y attacHant uoa certaine importan^se, qu'il avsiit
eu la précaution de traverser les parois abdominales aiec des fils qui,
placés immédiatement aivrdessus et au-4es6oas du pédicule qu'ilu
contournaient^ avaient l'avantage de comprimer le pédicule, de le
maintenir plus- «ûreçQ^t dans l'angle inférieur de la plaie, et au be-
soin de s'oi^ser à l'hémorrhagie. Cette manière de faire nous paraît
en effet boi^ie à suivre, et se rapproche beaucoup du procédé que
nous suivons habitueUemeot, qui consiste, pour maintenir solidement
le pédicule daas l'angle inférieur de la plaie, ^ le traverser en même
temps qu'^ tr.^vi^rse .les parois abdominales avec une longue aiguille
ou épingles flexibles^, et 'à placer immédiatement au-dessus et au-
dessous du pédicule deux épingles qui, comj^rises ainpi.que l'^guiUe
du pédicule dans la suturç eatortilléeiComprioKïntet fixent le pédicule
dans raogle inférieur de la plai^; ce procédé est surtout utile, lorsque
le pédicule est court et épais. Tyler Sinith ve^t, lorsque le pédicule
est court et largement implanté, qu'on l'abandonne dans la cavité
abdominale après l'avoir lié fortementet avoir coupé les fils au ras du
nœud,ou simplenient qu'on se contente dç lier les vaisseaux du pédicule.
Ce procédé serait en effet très^avantageux, dans ce sens qu'il per-
mettrait d'abandonner If pédicule dans le ventre, et de réunir l'inci*
siOQ abdominale .p;^r preçaière intention, mais il nous parait avoir
plusieurs inconvéniients graves, c'est : !<> de laisser dans le ventre des
Ûgatures qui agissent: comme corps étrangers et exposent à la périto^.
nite ou à des suppurations; â^» c'est d'exposer i des hém^rhagies
abdominales consécutives, dans le cas ou les ligatures viendraient à
s*écfaapper avant l'oblitérati^ des vaisseaux ; d'ailleurs M. Spsencer»
Wells, qui a mis plusieurs, foi^ ce procédé en pratique, a observé que
les symptômes de péritonUe ont été plu» violents que lorsqu'on se sert
du clamp» eL sur cinq malçMles obez lesquelles il a mis ce procédé en
usage, trois^ont pi<y tes de i)4ritQnite.géfiéra^^^
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Les ligatures laissées dans l'abdomen doirent donc être aban-
données.
. La méthode de Glay (de Binningham), qui consiste à appliquer le
damp et à cautériser le pédicule serait meilleure, et a donné lieu à
de beaux succès dans les mains de Brown. Cette méthode parait en
effet très^rationnelle, puisque Tusage du clamp laissé en place pendant
dix à douze heures, en mâchant les tissus, en les écrasant, permet
Foblitération des vaisseaux, comme ferait la ligature, et que la cauté-
risation avec le fer rouge, pratiquée au-dessus du clamp, vient en aide
pour oblitérer les vaisseaux et s'opposer à Thémorrhagie.
Une méthode que Ton a appliquée assez rarement, et à laquelle on
semble vouloir accorder quelque faveur, est la section lente et graduée
du pédicule, à l'aide de Técraseur linéaire de M. Ghassaîgnac ; assuré-
ment, cette méthode serait la meilleure si on pouvait l'appliquer sans
crainte; avec elle on pourrait se passer de toute espèce de ligature,
et ce serait se placer dans les meilleures conditions pour le succès de
rovariotomie, si l'on pouvait, comme nous l'avons fait et comme Ta
proposé après nous Braxton Hicks, comprimer le pédicule avec un
clamp dentelé, resserrer, mâcher, écraser les tissus assez complète-
ment et assez solidement pour empêcher toute hémorrhagie ; alors le
pédicule pourrait être abandonné sans danger dans la cavité abdomi-
nale. Il serait prudent d'ajouter à ce procédé la cautérisation du pédi-
cule. Malheureusement, les vaisseaux du pédicule sont quelquefois m
volumineux, que ces procédés, soit parl'écraseur linéaire, seit par les
damps dentelés, écraseurs ou mâcheurs, ne mettraient pas à l'abri de
l'hémorrhagie, et qu'on fera mieux, par prudence, de placer préalable-
ment une ligature 6u un clamp qui, en serrant le pédicule, s'oppose à
toute hémorrhagie primitive et consécutive.
Ordinairement, pour faire l'occlusion de l'incision abdominale, on
se sert, pour passer les ligatures métalliques de la suture profonde,
d'aiguilles tubulées, qui ne laissent pas que d'avoir des inconvénients
dans certains cas; d'abord il faut autant d'aiguilles qu*on veut faire
de points de suture; elles sont parfois difBciles à enfiler, et, une fois
qu'elles ont traversé les parois abdominales, il devient quelquefois
difficile 4e saisir le fil d'argent avec des pinces et de le faire sortir de
l'aiguille. D'autres fois, si on veut le pousser pour le saisir plus facile-
ment, il se plie à l'entrée de l'aiguille, et on est obligé de le retirer
pour le remplacer par un autre; d'autres fois, s'il déborde trop Tou-
verture de Taiguille à sa sortie, il se recourbe et s'oppose au passage
de l'aiguille à travers les parois abdominales. Bnûn, si les parois abdo-
minales sont très-épaisses, comme il arrive dans quelques cas, ees
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aiguilles tubulées, qui sont presque droites et peu résistantes, plient et
se courbent lorsqu'on veut traverser la paroi du côté opposé, alors on
est obligé de retirer Paigaille et de la remplacer par une autre.
Tous ces inconvénients apportent des longueurs dans Topération et
des ennuis pour le chirurgien.
Voulant obvier è tous ces inconvénients et abréger, autant que pos-
sible, la durée de Topération, j'ai fait faire, en 1860, des aiguilles par-
ticulières, qui ont la forme d'une aiguille d'emballeur ou d'une alêne,
sans manche, de cordonnier. Une ou deux de ces aiguilles, armées d'un
long ûl d'argent, suffisent pour faire la suture de Vincision la plus
longue de la paroi abdominale; elles sont très-résistantes et pénètrent
avec une grande facilité dans les parois abdominales, quelle que soit leur
épaisseur; le talon de ces aiguilles est percé d'un chas, large et facile
à enfiler, et il offre, au-dessus et au-dessous, une cannelure assez pro-
fonde pour loger complètement le fil d'argent qui, de cette façon, ne
grossit pas le talon de l'aiguille et n'apporte aucun obstacle à son pas-
sage, au moment où il traverse les tissus. Avec une seule aiguille, on
peut faire sept ou huit sutures sans être obligé de l'enfiler à chaque
suture. Avec ces aiguilles, la suture profonde est faite avec une
promptitude et une sûreté remarquables.
Enfin notre collègue, M Le Fort a demandé à M. Liégeois, pourquoi
il avait pratiqué cette ovariotomie. La réponse était bien simple, c'est
que si cette opération n'avait pas été faite, la malade aurait succombé
dans un délai assez rapproché, si Ton doit en juger par l'examen du
kyste; le liquide qu'il contenait était filant, coloré; il existait à la sur-
face interne du kyste un grand nombre de productions ou végétations
de grosseur différente, depuis celle d'un haricot jusqu'à celle d'un petit
œuf de poule, et tout kyste, dans ces conditions, devient promptement
multiloculaire, et amène fatalement la mort dans un délai assez court.
Que si le kyste de la malade de M. Liégeois, avec le développement
rapide qu'il avait suivi dans les derniers temps, avait été abandonné
à lui-même, la femme n'eût pas tardé à succomber, tandis qu'aujour-
d'hui, si aucune autre maladie ne vient compromettre son existence,
elle peut vivre de longues années. M. Liégeois a donc agi sagement en
proposant l'ovariotomie et en la faisant.
Nous terminerons ces quelques réflexions que nous venons de faire
sur l'ovariotomie en faisant observer que les succès se multiplient à
Paris, et que la pratique des chirurgiens de la capitale ne le cède en
rien à celle des chirurgiens qui opèrent en province ou à l'étranger.
Pour ce qui nous concerne, nous avons jusqu'à ce jour pratiqué dix-
huit fois l'ovariotomie, et nous avons obtenu onze succès, c'est-à-dire
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plus de 61 sur ICO. Mais si nous tenons compte de nos dernières
opérations, notre proportion est plus grande. Ainsi nos sept premières
opérations nous ont donné quatre succès, c'est-à-dire environ
60 p. 100, et nos onze dernières opérations ont fourni sept succès,
c'est-à-dire environ 66 p. 100, autrement dit deux succès sur trois
opérations. Je suis convaincu qu'on arrivera à guérir trois malades
sur quatre. Nos trois dernières opérations sont trois succès.
M. Després. L'opération que M. Boinet vient de proposer, qui con-
siste à ouvrir la paroi abdominale, à faire la gastrotomie pour dégager
rintestin étranglé au niveau d'un anneau, a déjà été proposée en
France, il y a plus d'un siècle, par Pigray, pour la hernie crurale, en
particulier. L'opération a été pratiquée deux fois. On a ouvert le
ventre au-dessus de la hernie. Les résultats de l'opération y ont fait
renoncer.
M. Liégeois. M. Boinet a insisté sur la rétraction du pédicule. J'ai
été frappé de celte rétraction chez la malade dont j'ai rapporté l'obser-
vation devant la Société.
Je crois que cette rétraction est très-importante et qu'il faut en tenir
un très-grand compte dans Topération de l'ovariotomie. Il faut placer
une forte ligature au niveau du pédicule, et traverser celui-ci à sa
base avec une aiguille de fort calibre. Je ne suis pas d'avis que l'ou-
verture du ventre soit aussi simple que veut bien le dire M. Boinet;
je pense qu'il faut faire tous ses efforts pour empêcher l'intestin de
sortir.
M. Boinet. Je n'ai pas voulu parler des opérations dont M. Després
vient de nous entretenir; je ne me suis préoccupé que de la hernie
ombilicale, pendant Fovariotomie.
L'intestin sort quelquefois, malgré toutes les précautions que l'on
peut prendre.
Quant au pédicule, il n'est pas toujours possible de le traverser
avec une aiguille. La réduction du pédicule après la cautérisation est
employée par T^ler Smith ; mais Spencer- Wells, qui a eu recours cinq
fois à ce procédé, n'a pas obtenu de résultats favorables.
Si je devais réduire le pédicule dans le ventre, je combinerais l'écra-
sement linéaire avec la cautérisation.
M. LÉON Labbé. Je crois que M. Liégeois s'exagère le degré de ten-
dance qu'a le pédicule à rentrer dans le ventre. Le plus souvent, après
quarante-huit heures, des adhérences assez solides sont établies entre
le pédicule et les surfaces du péritoine pariétal qui ont été mises en
contact avec lui. En tout cas, lorsque le clamp, de quelque forme
qu'il soit , qui a étrelnt le pédicule, est enlevé. Ton voit celui-ci se
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— 411 —
rétracter immédiatement, et il existe entre la surface du pédicule et la
paroi abdominale, ^une différence de nireau que les bourgeons charnus
ne lardent pas à combler. . ' ^ .
Il est bon de faire tous ses efforts pour empêcher ^intestin de sortir
du yentre; mais quelquefois toutes les précautions sont inutiles. Plu-
sieurs observations personnelles me portent à croire que dans les cas
oùrintestin sort, malgré tous les efforts de contention auquel on peut
avoir recours, le pronostic est relativement plus grave que dans les
circonstances opposées. Dans ces conditions, il n'est pas rare d'ob-
server rapidement une distention gazeuse considérable de rintesttn.
Quant à ce qui est relatif aux dimensions à donner à i'ouyerture abdo-
minale, j'estime que toutes les fois qu'il existe des adhérences, il faut
pratiquer une large ouverture pour faciliter les manœuvres et éviter
de brusques déchirures.
Al. Liégeois. Je n'ai pas voulu dire que le contact de Tair avec la
séreuse périlonéale fût capable de tuer les malades; mais je pense que
l'ou se place dans d'heureuses conditions en évitant ce contact.
PUÉSENTÀTION DE PIÈCES.
M. Panas fait les deux communications suivantes :
Ossification irido-piipUlaire.
Chacun connaît les productions osseuses pathologiques de la cho-
roïde, de la rétine et du corps vitré, tandis qu'il est infiniment plus
rare de voir l'iris devenir le siège de cette altération.
11 vient d' entrer dans mon service un homme de 36 ans, ancieu
militaire, et qui, par suite de refroidissement, eut uoe double ophthaU
mie grave, qui a aboli complètement la vue. 11 y a un an de cela.
Aujourd'hui, nous constatons ce qui suit :
Les deux yeux sont petits, atrophiés, présentant cette forme carrée
qui caractérise cet état.
Les deux cornées opalescentes semblent être appliquées directe-
ment sur le diaphragme irien, tellement la chambre antérieure se
trouve réduite dans ses dimensions, par suite de l'aplatissement des
deux cornées. Le globe a perdu de sa consistance et offre une fluctua-
tion manifeste, preuve que le corps vitré estdiffluent. A la place de la
pupille et de l'iris, on voit une cloison imperforée, d'une couleur gris-
jaunâtre, avec des taches pigmentaires, et çà et là de fines arborisa-
tions vasculaires, qui semblent provenir des vaisseaux sclérotieaux.
t* série. — T. IX. 53
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— 418 --
La surface de cette cloison n'est point lisse, mais elle offre un réseau
de fibres entre-croisées, qui lui donnent Faspect aponévrotique.
Le malade a la perception de la lumière diffuse, et remarque la pré-
sence d'une lumière placée devant ses yeux , pourvu que celle-ci ne
soit pas distante de plus d'un mètre.
Nous avons constaté pareillement la présence des quatre posphènes
principaux ; ce qui indique que la rétine a conservé sa sensibilité, au
moins en partie.
En présence d'un pareil état de choses, nous avons pensé que Tiri-
diotomie, en supposant qu'elle pût réussir dans d'aussi mauvaises
conditions, devait améliorer le triste état du malade, et c'est ce qui
nous engagea à entreprendre cette opération, en l'exécu'ant sur l'œil
gauche, qui nous parut moins atrophié que le droit.
Pour les raisons connues de tous et dans le cas particulier, à cause
de la liquéfaction du corps vitré, j'ai décidé de faire la kératotomie
supérieure. Une fois la chambre antérieure ouverte et l'humeur
aqueuse écoulée, je voulus saisir l'iris pour en extraire un lambeau;
mais quel fut mon étonnement, lorsque je me trouvai en présence d'un
tissu dense, qu'aucun instrument ne pouvait entamer. Diverses pinces
à iridiotomie, une pince à dents de souris, des ciseaux droits et
courbes, le crochet à iridiotomie, une aiguille à cataracte furent suc-
cessivement essayés, sans parvenir à arracher une portion de l'iris. Ce
n'est qu'avec de forts ciseaux courbes que j'ai pu faire sauter une
toute petite parcelle, grosse comme un grain de semouille, d'une
substance blanche et dure que je jugeai, à l'œil nu, devoir être de l'os
véritable.
L'examen microscopique, en nous montrant dans la préparation
des ostéoplastes en grand nombre, ainsi que le dessin que je vous
présente ici en fait foi, confirma notre prévision. Rien ne pouvait, du
reste, nous faire soupçonner, avant l'opération, cette ossification de
l'iris, qui rendait l' iridiotomie, parle procédé ordinaire, absolument
impraticable.
M. de Graéfe pense qu'en pareil cas le procédé de Wenzel, qui con-
siste à sectionner à la fois la cornée et la circonférence de l'iris, permet
de saisir celle-ci en plein et d'en faire directement l'excision. Le petit
touteau à cataracte dont il se sert pour la kératotomie linéaire modi-
fiée, est l'instrument que notre savant collègue m'engageait d'employer
pour exécuter ce temps de l'opération; et c'est ce que je me propose
de tenter prochainement, en tenant la Société au courant du résultat
défînitf.
Malgré les manœuvres opératoires multipliées, qui me faisaient
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- 419 —
craindre le développement d'un phlegmon dans cet œil, il n*est rien
survenu de fâcheux, et c'est à peine si le malade à souffert pendant
trois à quatre jours. Cette immunité des yeux atrophiés pour le
phlegmon traumatique, est un fait assez fréquent et qui a été mis au
jour pour la première fois par Weniel. On conçoit de suite combien ce
fait devra encourager l'opérateur, et de quel poids il doit être dans la
balance, lorsqu'on sait juger les Indications et les contre-indica-
tions d^une opération dans des cas aussi désespérés que celui de notre
malade.
Cette observation nous a paru intéressante à trois points de vue :
En tant qu'exemple d'une ossification irrécusable, siégeant dans le
plan irien de l'œil, ce qui est peu commun ;
A cause de l'Impossibilité de diagnostiquer à l'avenir une ossifica-
tion irienne, et des embarras que l'on se crée en suivant pour l'opéra-
tion les préceptes de l'iridiotomie classique ;
Enfin, comme mettant au grand jour l'inocuité relative des opéra-
tions, mêmes graves , sur des yeux atrophiés depuis longtemps par
la maladie.
Sftreème ossifiant de la mâchoire Infférieare.
Malgré les progrès incontestables de l'anatomie pathologique, il
reste encore beaucoup à faire au sujet des altérations intimes dont le
tissu osseux peut être le siège. A ce titre, je crois que la pièce que
je vais vous montrer ne manquera pas d'un certain intérêt.
Un jeune homuiC de 18 ans, tisserand de profession, e i d'une bonne
constitution, bien que maigre et pâle, vint dans mon service pour se
faire opérer d'une tumeur qu'il portait à la mâchoire inférieure depuis
dix-huit mois environ.
Cette tumeur, née vis-à-vis des premières molah-es gauches^ a gagné
de proche en proche, et aujourd'hui elle occupe la presque totalité du
corps de la mâchoire, s'éteudanlea bas et du côté de la bouche jusque
près de l'os hyoïde. Son volume est égal à celui du poing. La consis-
tance en est uniformément dure, sauf sur le point correspondant à
la canine gauche et vers le fond du sillon labio-gengival,où là masse
se laisse refouler, en produisant un bruit particulier^ comme si des
trabécules osseuses se brisaient sous le doigt. La peau et la muqueuse
glissent librement sur la tumeur. Nulle part, on ne perçoit des batte*
ments ou du souffle, et la pression ne provoque aucune douleur. Pas
de ganglions engorgés et pas de douleurs spontanées.
Du côté de l'hérédité, on n'a rien à signaler de saillant.
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-- 420 —
Les dents étant au complet sur la mâchoire inférieure, nous ne pou-
vions nous, arrèter.longtemps à Tidée d'un odontonïe.
. Une exostose ou une hjpérostose ne pouvaient pas non plus être
admises, vu la croissance rapide delà tumeur.
, . Dès lors, on n'avait à se prononcer qu'entre une production carci-
aomateuSjÇ, un myé|oplaxe ou une tumeur fibro-osseuse.
L'absence de tout engorgement ganglionnaire, la conservation de la
santé générale, la solidité des dents, bien qu^elles fussent toutes im-
plantées par leur racine dans la production morbide, et le défaut de
toute douleur, nous ont, engagé à éliminer de notre diagnostic une
tumeur maligne, pour nous rattacher complètement à Tidée d*un
ostéofibrome.
A l'aide d*une incision en fer à cheval, suivant le bord de l'os, et de
deux traits de scie verticaux, nous avons pu, après dissection, enle-
ver le paxillaire et avec lui la tumeur qui en faisait partie intégrante.
Voici, messieurs, une coupe de cette tumeur.
On y voit une surface aréolaire, d'un rouge foncé, formée de Irabé-
cules osseuses, entre-croisées et séparées entre elles par une pulpe ou
moelle rouge. Oti àïraît là" section d'if# c6rp* éefvertèkres. A la sur-
face de la tumeur, le tissu osseux est réduit en une coque extrême-
ment mince, que le scalper entame avec là plus grande facilité.
Sans posséder de gros vaisseaux, cette tumeur était très-vasculaire ;
aussi, chaque coup de'bistburi qui entamait celle-ci au moment de la
dissection des parties molles, faisait sourdre une grande quantité de
sang en nappe.
À l'aspect de cette tumeur, j'ai déclaré, en me fondant sur ce que
nous savons au sujet des tumeurs à myéloplaxes, surtout d'après la
thèse remarquable de M. Eugène Nélaton, que nous avions à faire à
nne tunaeur de celte nature. Né voulant pas meHer toutefois aux ap-
parences, j'ai confîé l'examen microscopique de la tumeur à MM. Gornil
et Ranyier, dont chacun reconnaît la compétence, en ce qui regarde
surtout les altérations propres au tissu osseux. - '
La réponse de ces messieurs a été que, malgré la coloration d'un
rouge sombre dé la tumeur et ta présence d'une moelle rappelant, à s'y
méprendre, la coloration splénîque, ce n'était point à un myér
ioplaxe que l'on avait à faire, mais bien à ce que ces messieurs ap-
pellent un sarcome ossifiant. Voici, du reste, quelques mots d'explica-
tion sur la structure intime de la tumeur.
On sait,, aujourd'hui, que là moelle des os est le point' de départ
d'une foule de lésions qui peuvent'' affecter le ôystème os^seUr. Parmi
ces lésions, il y en a d'un genre tout particulier, consistant dans le déve-
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-421-
lop^mçDt anormal d'élémeDis embryopîâktrques dané lât lAèelle. C'est
là la tumeur dite myéloïde des os 'ou sarcome myélbîde, qnU swirant
que tel ou tel élément prédomine, prend le nom de tumeur à myMo-
plaxe (prédominance des myéloplaxes) , et celui' de sarcome ossifiant,
lorsque,.. outre les éléments embryoplastiques, des travées osseuses
tendent à s'y former. Une particularité digne de remarque, c'est que
les capillaires nombreux qui sillonnent habituellement ces tumeurs ont
des parois très-minces, sont variqueux et irréguliers sur plusieurs
points de leur continuité; c'est-à-dire qu'ils offrent les caractères
propres aux vaisseaux capillaires embryonnaires. Cette disposition des
capillaires expliqué la vaseoiaritè de ces tumeurs eè aussi les kystes
sanguins qui se forment souvent dans leur intérieur, à mesure que la
tnmeur se ramollît. Le prétendu "ànévrisme des os n'est souvent que
l'exagération de cet état.
La tumeur qfie j'ai l'honneur de présenter à la Société est donc
constituée principalement par des cellules embryoplastiques, dont un
certain nombre se sont transformées déjà en cellules fibroplastiques,
en myéloplaxes peu nonbreux, en fibrilles de tissu laraineux et aussi
en trabécules de tissu osseux.
C'est une chose très-remarquable qne la p^oâuclîofi d'uni tissu os-
seux nouveau, au milieu des éléments ëmbi^yo^Iasiiquesv C'est là tout
. à fait ce qui se passe dans l'intérieur flès boui^gfeorts eharn'us prove-
nant d'une surface d'os dénudé bu enflammé, avec Cette différence
toutefois que ce travail, lorsqu'il s'agit d'une tumeur, n'abonlit jjmiais
et se continue, pour ainsi dire, en pure perte.
En résumé, cette ôbberràtiôn nous paraît intéressante à deux points
de vue.
^ Premièrement, elle prouve quil ne faut pas se fteip à^rexamen à l'œil
nu pour se prononcer sur la iialnte tnyéiOplaxîque d'une tumeur, comme
le veut Eugène Nélatoi\. Ici, malgré l'apparence sp^énique der la tu-
mpur, prétendue caracléirisiique, \{ s'agissait d'une tumeur ^mbryo-
plastique contenant à peine quelques rares myélojJlaxes.
Deuxièipement, elle montre qu'il s'agît dans ce <5a9 ►d'une tumeur
dont la structure est d'autant plii's' reïûarquable, qu'elle nous fait as-
sister au développement de certaines tumeurs dites 'fongueuses ou
anévrismatiques des os, qui ont beaucoup embarrassé les chirurgiens
à une certaine époque, et sur la nature desquelles des doutes planent
.. encore dans la science.
M. L1É6B018. La tumeur de M. Panas m'a rappelé une tumeur que
j'ai présentée à la Société de chirurgie, il y à cîriq ans. L'aspect de
cette tumeur était tel que l'on devait songer à uiiè turtieur àmyélo»
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— 422 —
plaxes, et cependant elle était uniquement constituée par des noyaux
embrjopiastiques. Cette tumeur siégeait sur un jeune sujet (17 ans),
et elle n'avait mis qu*une année à se développer.
La séance est levée à six heures un quart.
li Secrétaircy D' Léon Lktni,
SÉAKCB DU 18 NOVEMBBB 1868
Présidence de M. LEfiOUEST
Le procès- verbal de la précédente séance est lu et adopté.
CORRESPONDANCE.
La correspondance comprend :
— Les journaux de la semaine.
— La Galette médicaie de Strasbourg.
— Le Bulletin de thérapeutique,
— Étude comparative des statistiques médicales des hôpitaux de Rome
et de Paris, par le docteur Vacher. Paris, 1868.
— M. le bibliothécaire de l'Académie adresse à la Société la deuxième
partie du tome XXVIÏI des Mémoires de VAcadémie de médecine,
— Contributions à l* histoire des fractures et lujcations du racbis.
Thèse inaugurale, novembre 1868, par le doctonv T..-D Douillet.
— Des divers modes de pansements par occlusion. Thèse inaugtirale,
novembre 1868, par le docteur N. Gavrilesco.
— Trois brochures, sur les Plaies d'armes à feu^ adressées par le
docteur Giovanni Melchiori, à l'appui de sa candidature au titre de
membre correspondant étranger.
— Le Mexique au point de vue médico-chirurgical (2* volume), par
le docteur Léon Coindet, médecin principal. M. Larrey rappelle que
M. Coindet est candidat au titre de membre correspondant.
M. Legoubst présente, au nom de MM. Robert et Gollin, fabricants
d'instruments de chirurgie, une pince destinée à eniever les polypes
laryngiens. Cette pince a été construite d'après les indications données
par M. Cusco,
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— 4îl3 -
COMMUNICATION.
Hypertrophie générale de Isoleras. Corps flbreax engagé
dans le col. TentatiTe d'extraction.
M. TiLLAUx. Par suite des fonctions qui lui sont dévolues, Tutérus
est, de tous les organes de l'économie, le plus exposé aux variations
de volume, de forme, de rapports ; la grossesse, la menstruation, les
rapprochements sexuels Tentreliennent dans un état presque constant
de congestion et d'irritation. Aussi les lésions dont il est affecté sont-
elles très-fréquentes. L'hypertrophie, en dehors de la grossesse, bien
entendu, constitue Tune de ces lésions.
L'hypertrophie utérine peut être générale ou partielle, c'est-à-dire
porter sur tous les éléments à la fois de la matrice ou sur Tun seule-
ment de ces éléments ; ainsi que l'hypertrophie partielle de la mu-
queuse peut engendrer les granulations, les kystes, les polypes mu-
queux, etc. ; mais ce sont là des états pathologiques bien déterminés
auxquels ne convient réellement pas le mot hypertrophie. Les
expressions a générale et pariklle » doivent plus justement s'appli-
quer, non à l'hypertrophie de l'un des éléments analomiques de
l'utérus, mais à la portion de la matrice dont le volume s'est accru.
C'est ainsi qu'il existe une hypertrophie partielle du corps, une hyper-
trophie partielle du col, ou bien une hypertrophie générale de la ma-
In'ce.
Cette hypertrophie du col a encore reçu le nom d'allongement
hypertrophique, et a été, sinon découvert, au moins très-bien étudié
par M. Huguier. Il porte sur l'une ou l'autre portion du col, sus ou
Bous-vaginale, le corps gardant les proportions normales. Je ne m'en
occuperai pas ici.
Uhypertrophie générale de la matrice est plus rare. M. Gourly, dans
son excellent ouvrage, donne une bonne idée de cet état pathologique,
lorsqu'il dit : u La matrice se présente sous son aspect ordinaire, mais
plus Yolumineuf^e ; on diiait une matrice appartenant à une femme de
dimensions colossales. »
Pour M. Courty, l'hypertrophie est toujours un état acquis, résultant
d'un acte morbide, d'une exagération de la nutrition normale, et non
d'une disposition native.
L'hypertrophie utérine peut donc provenir d'un excès de développe-
ment congénital. C'est cet état que Kiwish appelle hyperlrophie primu
tive. Laissant de côté cette variété, qui constitue plutôt un fait térato-
logique, nous pensons, avec M. Courty, que l'hypertrophie de l'utérus
doit être divisée en essentielle et eu symptomatique.
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- 424 —
La première espèce, ou hypertrophie essentielle^ reconnaît, sans
doute pour cause les congestions répétées de Tutérus; mais il faut
bien Jnvoq^r une dispostioQ, sp^çiaiç d^ r.org;^ne^ puisque cet état
est rare, eu égard >à la. fréquence des congestions.
Un^ autre cause, est le défaut d'évolution rétrograde que la matrice
subit d'ordinaire à k suite de Faccouchement, état décrit par Simpson,
qui le considère comme assez fréquent.
L'utérus, ajant subi pendant la grossesse une hypertrophie géné-
rale de tous les éléments anatomiques, conserve un volume anormal
aprè^ raccoi^chement , par suite d'u^ arrêt de l'absorption de ces
éléments nouveaux, qui, de transitoires, deviennent ainsi définitifs.
L'hypertrophie symptomatique est intimement liée à la présence dans
l'utérus d'autres états morbides, tels que polypes, corps fibreux.
Ces quelques considérations vont permettre de mieux saisir les par-
ticularités du fait suivant.
Le 5 mars d$68, la nommée J... (Catherine), âgée de 47 ans, se
présentait à la consultation de l'hôpit^il Saint-Antoine pour se faire
soigner de pactes utérines qu*elle éprouvait dep^is quelques jours.
Le toucher, pratiqué immédiatement, me permit de constater une
dilatation du col, de la dimension d'une pièce de 1 franc, et la pré-
sence d'une production mori)ide remplissant entièrement cet orifice. Je
crus à un commencement d'expulsion spontanée d'un corps Çbreux, et
reçus cette malade dans la salle Sainte-Madeleine, u^ 10. Le lendemain,
malin, je constatai ce qui suit :
L'état général est peu satisfaisant; car, depuis plusieurs jours, les
pertes utérines sont continues. La teinte de la peau est jaune, presque
cachectique, et les forces épuisées. L'attention est particulièrement
attirée sur l'iétat de la cavité abdominale. Les parois très-minces de
cette cavité permettent de sentir aisément une tumeur occupant tout
l'hypogastre, la région ombilicale, une partie de l'épigastre et se pro-
longeant latéralement dans les fosses iliaques. Le ventre rappelle celui
d'une femme enceinte de sept mois environ. Cette tumeur est très-
dure, parfaitement lisse sur toute son étendue et d'une mobilité
extrême dans la cavité abdominale, où elle est en quelque sorte flot-
tante. A l'aide du toucher, on constate la dilatation du col dont j'ai
déjà parlé, ainsi que la production qui le remplit. L'utérus n'est pas
abaissé.
C'est bien cet organe qui remplit la cavité abdominale ; car le plus
petit mouvement provoqué par le palper hypogastrique est transmis
au col. Ces explorations ne sont nullement douloureuses. La malade
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perdant aboudamment, je ne crus pas devoir compléter le diagnostic à
l'aide du cathétérisme utérin.
J'appris que le début remontait à une quinzaine d'années environ,
et que depuis cette époque apparaissaient les pertes périodiques» plus
ou moins abondantes, qui avaient contraint, à plusieurs reprises, la
malade à un repos absolu. Cependant, la perte actuelle dépassait, en
quantité, les pertes précédentes. Un renseignement, sur lequel j'ap-
pelle spécialement l'attention, nous étonna au plus haut point. La tu-
meur, d'après la malade, fort intelligente» du reste, est soumise à des
variations périodiques dans son volume. Elle arrive au degré où on la
voit aujourd'hui, puis elle diminue, descend peu à peu, arrive au
pubis, pour devenir à peine appréciable à la vue et au toucher. Dans
les premières années, il ne restait même absolument aucune Irace de
gonflement. J'avoue qu'en considérant la dureté excessive de l'utérus,
je ne crus pas à ce récit, et pour m'assurer de sa véracité, je traçai
tous les jours une ligne exacte de démarcation sur la paroi abdomi-
nale avec un crayon de>nitrate d'argent. Il fallut bien les jours sui-
vants convenir que la malade avait raison; car les courbes devinrent
de plus en plus concentriques, et nous pûmes finalement constater
une diminution d'à peu près les deux tiers. Pendant ce temps, les
perles continuaient, et la malade, devenant de plus en plus anémique,
exécutait à peine quelques mouvements dans son Ht. Enfin, après dix
jours environ de séjo. r à rhôpital, le sang cessa de couler, et la ma-
lade nous annonça que nous allions voir sa tumeur augmenter de nou-
veau, en même temps que sa santé générale s'améliorerait sensible-
ment. C'est ce qui arriva en effet rapidement; car l'utérus mit, pour
reprendre son volume primitif, une durée bien moindre que celle qu'il
avait mise à décroître. Bref, l'examen attentif et prolongé de cette
malade nous conduisit à cette certitude : tous les mois, à l'époque des
règles, survenaient dés perles plus ou moins abondantes, accom-
pagnées de malaise général, d'affaiblissement extrême, et pendant ce
temps la tumeur abdominale diminuait. Les perles disparues, la santé
redevenait satisfaisante, et la tumeur augmentait.
Plus d'un mois après l'entrée de la malade à l'hôpital, le loucher
vaginal donnait le même résultat qu'au début. La dilatation du coi
n'avait pas varié, non plus que la partie qui y était engagée. Du reste,
il n'y avait jamais eu de douleurs expulsives.
Mon diagnostic avait été : corps fibreux de l'utérus. Il me manquait
toutefois la notion importante fournie par le cathétérisme utérin, que
je n'osais pratiquer durant les pertes et que la malade aurait liiiTicil -
ment accepté pen iant sa période de bien-être.
2» série,— tombix. 5/j
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• ■*■ '426 -^ ',.:•.,.,.
Saaa e^pliquar les oscillations si singulières de la tumeur, différeatës
hypothèses furent émises. Suivant les uns, le sang s'épanchait dans
les cavités kystiques et se déversait au dehors. Suivant d'autres, le
sang s'épanchait peu à peu entre la paroi utérine et ja tunleur elie-
mémç. Mais ces hypothèses ne pouvaient pas être exactes. Puisque, en*
effet, Is'amélioratiopi de la santé coïncidait avec l'augmentation de la
tumeur, c^est que le sang ne sortait pas des vaisseaux, sans quoi la
malade aurait éprouvé les symptômes d'une hémorragie interne. Lés
variations de la tumeur dépendaient évidemment de phénomènes con-
gestifs. Mais où se faisait celte congestion? dans le corps fibreux saus
doute. De ces différentes hypothèses, aucune n'était vraie.
Mon collègue M. Laboulbène, auquel je ûspart de ce cas remarquable,
voulut bien prendre la malade dans son service , afin d*étudier par
Itti-^Qième les phénomènes que j'ai signalés. 11 la garda plusieurs mois
dans ses salles, et constata aussi les variations périodiques de la
tumeur.
Cependant, la malade s'affaiblissait de plus en plus , la période ré-
paratrice diminuant à l'avantage de la période des pertes. Elle de-
mandait instamment une opération quelconque, qui la débarrassât, et
M. Laboulbène réclamait également l'intervention de la chirurgie.
J'avoue que l'obscurité du diagnostic éloignait de moi la pensée d'agir
activement.
La malade étant rentrée dans mon service le 22 septembre, j'at-
tendis la bojme période, et le 13 octobre, je pratiquai, pour la première
fois, le cath^térisme utérin, assisté de M. Laboulbène. Une sonde en
gomme élastique, munie d'un mandrin, aisément introduite entre la
lèvre du col et la tumeur qui y était incluse, fut portée à une profon-
deur de 10 à 12 centimètres environ dans la cavité utérine et put dé-
crire une demi-circonférence autour du prolongement cervical. Nous en
conclûmes que si le corps fibreux était adhérent sur certains points,
il était au moins libre sur une grande partie de sa surface; conclusiou
aussi peu exacte que le diagnostic lui-même. Je signalerai dans un
instant la cause d'erreur.
L*extirpation par le vagin était irréalisable, dans l'hypothèse d'un
corps fibreux ordinaire. Gomment, en effet, faire sortir par les voies
naturelles une tumeur dure, remontant, à trois travers de doigts, au-
dessus de rombiiic ? L'extirpation par la cavité abdominale n'était
pas plus rationnelle, puisque la tumeur ne proéminail pas vers le pé-
ritoine, mais au contraire était engagée dans le col utérin.
Une seule hypothèse pouvait autoriser l'intervention chirurgicale,
c'est la suivante : puisque la tumeur subissait des oscillations con-
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— 427 —
sidérables dans son volume, puisque, selon moi, ces oscillations étaient
,. dues à lajcongestion du corps fibreux, ou du moins du corps inclus ,
. c'est que ce corps n'était pas,'en réalité, aussi dur qu'il le parafssait
au palper abdominal. Peut-être même n'était-ce pas un corps fibreux,
mais bien une de ces tumeurs molles, Vasculaires, grisâtres, de nature,
épithélio-glandulaîres, analogues à celles dont j'avais y» deux fois
.. M. le professeur Gosselin faire Textirpation. Dans cette bypotbèse, la
product,ion morbide, quoique très-volumineuse, fortement saisie avec
de^.érignes, pourrait sortir par le col et le vagin, comtae à travers
une filière. , ?
C'est dans Tespoir de rencontrer une disposition semblable, que je
me décidai à Popération, pratiquée en présence de mes collègues de
rhôpiral Saint-Antoine, MM. Axenfeld, Labouîbène et Millard.'
L'effacement complet du col etracc'ollement de ses lèvres avec la tu-
meur en rendant la dilatation impossible, je fis quà;tre petits débride-
ments sur son pourtour. L'étroitesse et la profondeur du Vagih''ren-
daient les manœuvres assez laborieuses , et j'eus quelque peine à
. fîxev 30}ideinent une pince de museux sur la tumeur. Les tractions,
aidées d'une forte pression sur Fabdoiiicn, ne firent pas descétîdre
l'utérus d'un millimètre. Le tissu se déchirait. Je pus, néanmoins, îm-
planter, l'une au-dessus de l'autre, trois pinces de museux et faire
une traction énergique; un morceau de la tumeur se détacha, et ce fut
tout. Je renonçai à poursuivre, et la malade fut reportée dans son lit.
Suites immédiates simples. Journée et nuit qui suivirent, très-bonnes.
Ni douleur ni hémorrhagie. Cependant la malade, arrivée à la période
extrême de l'anémie, s'éteignit le troisième jour, sans avoir éprouvé
d'accidents. ' " '
Autopsie. Quelques anses intestinales présentaient l'aspeèt poisseux
de la péritonite au début. Aucun épanchement dans le petit bassin.
J'enlevai la tumeur en totalité avec le vagin.
Les dimensions étaient les suivante^ : ; ' '
Diamètre vertical, 20 centimètres.
. Diamètre transversal, 18 centimètres.
. . Diamètre anléro-postérieur, 10 centimètres.
Son poids était dé 2 kilogrammes. Son volume total représentait
environ celui d'une tête déjeune garçon de 8 à 10 ans.
La surface extérieure, de couleur gris-blanchâtre, était parfaitement
lisse, sauf en deux endroits, oii se trouvaient des corps fibreux : l'un
pédicule, du volume d'une noix; l'autre sessile, du volume d'une noi-
sette. Elle n'avait contracté d'adhérence qu'à sa partie supérieure, avec
le grand épiploon.
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— 428 —
Une coupe verticale, pratiquée sur toute la hauteur de la face anté-
rieure, nous permit de constater, à notre grand étonnement, que
cette masse n'était autre chose que Tutérus hypertrophié.
De corps fibreux, il n*y en avait point, ou du moins le premier
examen avec M. Laboulbène ne nous en fit pas découvrir. La portion
engagée dans le col paraissait être une dépendance de la paroi laté-
rale droite de Tutérus, une prolongation du tissu utérin lui-même.
Mais en examinant plus tard en détail, et surtout en faisant une
coupe sur cette espèce de champignon engagé dans le col, il fut aisé
de constater la présence d'un véritable corps fibreux, ayant le volume
et la forme d'un œuf de poule à grosse extrémité dirigée en haut et
recouverte par les fibres de l'utérus, à petite extrémité engagée dans
le col. La coupe permit encore de voir qu'il li'avait, par sa grosse
extrémité, aucune connexion avec le tissu de l'utérus dont il était sé-
paré par une surface séreuse.
La pièce présentait donc deux étals morbides distincts : un utérus
énormément hypertrophié et un petit corps fibreux engagé dans le
col.
Nous trouvâmes, au premier coup d'œil, en examinant la coupe de
la paroi utérine, l'explication du phénomène qui nous avait tant
intrigués ; je veux parler des variations périodiques dans le volume
de la tumeur. Le tissu de l'utérus était traversé par des canaux multi-
pliés à l'infini, dont quelques-unes avaient bien un centimètre de dia<
mètre; c'était un véritable tissu spongieux.
En même temps que les parois utérines étaient hypertrophiées , la
cavité était agrandie; c'était donc une hypertrophie excentrique.
Les dimensions étaient les suivantes ;
Épaisseur de la paroi antérieure, 5 centimètres.
Épaisseur de la paroi latérale, 7 centimètres.
Épaisseur du fond de l'utérus, 8 centimètres.
Hauteur de la cavité utérine, 12 centimètres.
Cet agrandissement de la cavité utérine, joint à la présence d'un
corps fibreux dans le col, explique, je pense, la notion inexacte que
nous avait fournie le cathétérisme.
J'ai fait à l'amphithéâtre des hôpitaux, avec M. Ducoudray, un cer-
tain nombre de préparations microscopiques, qui nous ont démontré
que le tissu de cet utérus était entièrement composé de fibres muscu-
laires lisses. Le corps fibreux contenait quelques fibres musculaires
de même nature; mais uu beaucoup plus grand nombre d'éléments
fibro-plastiques.
Cette observation me parait offrir un grand intérêt, à divers points
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— 429 —
de vue. J'ai dit en commençant que Thypertrophie générale deTutérui
se divisait en essentielle et en symptomalique. À laquelle des deux es*
pèces avons-nous affaire ici? Si Ton se lient à la définition que j'en ai
donnée, il n'est pas douteux qu'on doive classer ce fait parmi les
hypertrophies symptomatiques, puisqu'il existe un corps fibreux dans
la cavité utérine. Toutefois, en examinant la pièce, en considérant ce
petit corps fibreux et cet énorme utérus, on est étonné que le premier
ait pu provoquer le développement du second ; je n'en suis pas, pour
mon compte, parfaitement convaincu, et je pense que d'autres obser-
vations seraient nécessaires pour faire admettre autre chose qu'une
coïncidence. Cette hypertrophie syraptomatique se concevrait plus aisé-
ment si Tutérus avait tenté de vains efforts, pendant de longues années,
pour chasser ce corps étranger; mais j'ai déjà dit que la malade
n'avait jamais éprouvé de douleurs expulsives.
. L'hypothèse d'une hypertrophie par arrêt d'évolution rétrograde,
telle que l'a décrite Simpson, ne pouvait pas être émise, car la ma-
lade n*avait jamais eu d'enfant.
Nous nous sommes trouvés en présence d'un symptôme fort insolite,
l'augmentation et la diminution périodiques de la tumeur. Les auteurs
qui traitent de l'hypertrophie utérine n'ont pas noté ce signe. 11 serait
d'une haute utilité de savoir s'il est constant dans les cas de ce
genre, puisqu'il donnerait au diagnostic une grande précision. Les
fibromes étant très-peu vasculaires et par conséquent incapables de
produire ces variations de volume, on pourrait peut-être, lorsqu'il y
a coïncidence d'une hypertrophie et d'un corps fibreux, reconnaître
ce qui revient à Tunet à l'autre de ces états morbides, par la différence
de volume de la tumeur, avant et après la période de congestion.
La thérapeutique chirurgicale tirerait, certes, un grand bénéfice de
la notion plus rigoureuse du diagnostic.
DISCUSSION
M. Despbés. J'ai observé à l'hôpital de Lourcine deux malades qui
ont présenté les mêmes phénomènes que M. Tiilaux a remarqués chez
la sienne. J'avais d'abord pensé à l'existence de corps fibreux, qui
avaient diminué considérablement de volume, comme dans le cas
signalé par M. Béhier à la Société de médecine des hôpitaux. J'aban-
donnai bientôt cette manière de voir, et je pus me convaincre qu'il
s'agissait de rétention du sang dans l'utérus, par suite de la déviation
de cet organe.
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— 430 —
Uoede mes malades, après une époque prolongée, vit disparaître la
tumeur ; on né sentait plus rien au niveau de i'hypogastre.
Deux mois après, il était de nouveau faèile de sentir une tumeur
grosse comme le poing; puis un mois plus tard, tout avait de nouveau
disparu, et la malade quittait Thôpital, ayant un utérus parfaitement
normal.
, Dans le deuxième cas, il existait une antéflexion de Tulérus. L'utérus
^vait doublé de volume, les souffrances étaient très-vives. Au bout de
. deux jours, le sang, en partie coagulé; sortit tout d*un coup. Et tout
rentra dans Tordre.
. En me rappelant les travaux de M. Puech, et en comparant le fait
de M. Tillaux avec ceux qui ont été cités par ce médecin, je pense qu'il
s'agit là d'un cas d'hypertrophie de Tutérus, développée par suite de
l'écoulement incomplet des règles. L'écoulement était rendu difficile,
à cause de Texistence d'un corps fibreux au niveau de l'union du coi
avec le corps.
A chaque époque, l'utérus était obligé de se contracter violemment
..pourchasser le sang; de là est venue l'hypertrophie dé ses fibres. Plus
t^rd est arrivée une période où l'écoulement sanguin a été très-abon-
. dant ; car cet écoulement était constitué par le sang des règles accu-
mulé dan^ l'utérus, et par le sang qui s'écoulait sous l'influence d'un
corps fibreux développé dans l'épaisseur de la paroi utérine.
M. GuÉNioT. Dans l'observation de M. Tillaux, il y a deux faits im-
portants à noter : 1* l'hypertrophie du tissu utérin; 2" les modifica-
tions alternatives survenant dans le volume de l'utérus.
Il faut d'abord remarquer que cette hypertrophie est très-considé-
rable. L'utérus pesait 2,000 grammes, et dans la moyenne des cas
d'hypertrophie, il ne dépasse pas 800 a 1,000 grainnjes.
Relativement à la cause productrice de l'hypertrophie, je dois faire
observer qu'il existe une disproportion très-grande entre cette hyper-
trophie et le volume du corps fibreux, de sorte que je ne pense pas
qu'on puisse rattacher l'hypertrophie à la présence du corps fiibreux.
11 me paraît légitime d'admettre là une cause que, il faut bien l'avouer,
nous ne pouvons encore précisei^. '
. M. Després pense que les efforts de contraction de la matrice à
l'époque de la période menstruelle suffii'aient pour expliquer ce dé-
veloppement anormal. Je ne pense pas qu'on puisse invoquw une
pareille raison, car les règles coulaient et la tumeur fibreuse n'obs-
truait pas le canal cervical.
Le second point, celui qui est relatif aux modifications alternatives
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- 431 -
qui survenaient .xlûûâ le YOlume de l'utérus, à l'époque de la'mens-
truation, est très-intéressant, à propos de la question d'influencè'que '
' peut avoir la présence du corps fibreux sur la grossesse.
MM. Guyon et fiailly ont fait connsdtre à la'Sôciéié des cas ana-
logues.
Les femmes qu'ils avaient observées présentaient une augmentation
de l'utérus à chaque période menstruelle. La matrice renfermait un
petit corps fibreux. Lorsque la période menstruelle était terminée,
la matrice diminuait notablement de volume.
M. Guy on a interprété ces changements de volume de la, manière
suivante. 11 a cru à l'augmentation du corps fibreux sous rinfiuence de
la menstruation.
J'ai cru pouvoir répondre à M. Guyon que ces faits ne devaient pas
être interprétés de cette façon. Je pense que l'on doit rapporter l'aug-
mentation de volume au tissu utérin lui-même qui, peut-être déjà,
avait acquis un certain degré de développement par suite de Texîs-
d'un corps fibreux.
Je crois que les faits de MM. Guyon et Bailly doivant être inter-
prétés de cette façon, et le fait de M. Tillaux me paraît donner, à cette
manière de voir, une confirmation pleine et entière. Il est^évident que,
dans ce dernier cas, le changement de volume était bien dû au tissu
utérin.
Je ne pense donc pas qu'on soit autorisé à admettre d'après ces
faits que les corps fibreux se ramollisseut et augmentent de volume
pendant les époques menstruelles.
M. D£S0RaiËA.uXp he^ fait rapporté par M. Tillaux me rappelle un
cas que j'ai observé, il y a longtemps, avec Chomel. 11 s'agissait d'une
dame chez laquelle on sentait une tumeur considérable, qui apparais-
sait au niveau du bas-ventre à l'époque menstruelle. Puis une hémot-
rhagie se déclarait, elle était abondante et souvent suivie de syncope.
La tumeur disparaissait, et le mois suivant, on observait la même
succession.de phénomènes.
Cette dame a guéri après plusieurs années.
J'ai eu occasion d'observer plusieurs corps fibreux considérables,
qui ont eu l'air de diminuer très-notablement; mais je crois, avec
M.Guéaiot, que c'est bien plutôt l'utérus hypertrophié qui a diminué
de volume que le corps fibreux lui-même. L'accroissement temporaire
est dû à la congestion et quelquefois à l'infiammatiou de la matrice.
Dans certains cas, Ton peut croire à la diminution d'une tumeur
fibreuse, parce que celle-ci s'est enfoncée dans le petit bassin et est
moins accessible aux moyene d'exploration.
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— 432 —
IL TBÉL4T. Je crds q^t les observations de IIM. Désormeaux et
Després n'ont qu'un rapport éloigné arec le fait qui nous a été pré-
senté.
M. Després, pour expliquer Fhypertrophie, a signsdé une cause qui
est bien réelle. Chaque fois, a-t-il dit, que Touverlure d'un ré&ervoir
est rétréci, les parois de ce réservoir s'bypertrophient. Oui, ceci est
vrai ; mais ce n'est pas applicable au cas de M. Tillaux.
Chez la malade de M. Tillaux, il n'y a jamais eu d'accidents de ré-
tention, ni rétention véritable.
Je dis, d'autant plus volontiers, que cette explication n'est pas va-
lable pour les cas de ce genre, que j'ai eu l'occasion d'observer trois
cas remarquables d'hypertrophie de l'utérus, et dans aucun d'eux, on
ne pouvait invoquer une pareille étiologie.
Dans un de ces cas, la malade avait été reçue dans le service de
M. Nélaton, dont j'étais alors l'interne. Le diagnostic était très-diffî-
cile, et M. Nélaton avait prié plusieurs confrères, entre autres M. Paul
Dubois, d'examiner la malade.
M. Dubois penchait vers l'existence d'une grossesse; mais M. Nélaton
s'éloignait de cette idée.
La malade succomba après deux mois de séjour dans le service, et
l'on put constater quelle était la véritable lésion.
Il n'y avait pas traces de corps fibreux; mais il existait une véri-
table hypertrophie qui portail presque exclusivement sut la paroi pos-
térieure de la matrice.
J'ai observé deux autre» cas qui me permettent de dire qu'il existe
des hpyerlrophies en dehors de la grossesse. J'ai enlevé avec M. Âxen-
feld une tumeur hypertrophique énorme du col utérin. J'en ai enlevé
une autre moins considérable.
Dans le fait de M. Tillaux, il faut le remarquer, l'hypertrophie
était générale, non limitée à un point, comme dans la plupart des cas.
Je me résume en disant que l'on ne peut accepter l'hypothèse phy-
siologique proposée par M. Després, et qu'il faut bien reconnaître que
dans ces cas il s'agit d'une hypertrophie datant généralement de loin
et développée sous l'influence de causes qui nous échappent encore.
M. Després. Si j'avais des pièces pathologiques, sur lesquelles je
montrerais le sang retenu dans l'utérus, mon hypothèse serait une
j-éalité. Cependant, en considérant bien l'état de la malade de M. Til-
laux, l'état de la pièce, et surtout en les comparant avec ce qui
se passe pour d'autres malades atteints de rétrécissement arrêtant
l'écoulement des liquides normaux, on arrive à la conclusion que
dans ce cas le sang ne s'écoulait pas normalement.
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— 433 —
MM. Trélat et Guéuiot digent qu'il n'y avait pas de rétention du
sang , puisqu'il s*écoulait du sang et même des caillots. Mais ces
caillots mêmes sont une preuve de la rétention du sang dausTutérus.
Quand j'examine, en effet, des malades au spéculum, pendant qu'elles
ont une perte, je vois quelquefois sortir des caillots par le col. Il suffit
d'ailleurs que l'on ait vu la matrice augmenter, puis diminuer, et que
la diminution coïncidât avec une perte de sang, pour qu'on admette
UDC rétention.
A un autre égard, la rétention complète du sang des règles dans
les antécédents de la malade n'est pas nécessaire. La malade peut
avoir eu ses règles pendant les premiers jours par regorgement, puis
progressivement, la résistance étant vaincue, les règles coulaient. Alors
l'hypertrophie de Tulérus s'explique comme l'hypertrophie de la vessie,
qui existe chez des individus qui ont un rétrécissement de l'urèthre,
sans avoir jamais eu de rétention complète d'urine.
M. GuTON. Je désire faire une petite rectification à ce qu.e vient de
dire M. Guéniot. La tumeur fibreuse, dont j'ai entretenu la Société,
n'était plus fort petite, mais au contraire fort volumineuse.
Je trouve l'interprétation donnée par M. Guéniot, pour expliquer
raccroissement de volume, aux époques menstruelles, fort logique,
cependant, je crois avoir bien constaté que c'était la tumeur fibreuse
elle-même qui augmentait de volume et non la matrice.
Les cas d'hypertrophie cités par M. Tillaux, par M. Trélat, ne
viennent pas à l'appui de la manière de voir de M. Guéniot, ils sont
parfaitement indépendants de l'existence d'un corps fibreux.
M. Després vient de dire que dans les faits qu'il a observés, il exis-
tait bien réellement une rétention des menstrues, et il a attribué cette
rétention à un rétrécissement qui existait à la jonction du col et du
corps de l'utérus. Mais ce rétrécissement, il ne l'a pas démontré.
J'ai observé un grand nombre d'utérus, eh bien ! je dis que cette
atrésie est excessivement rare. Je n'ai rencontré les rétrécissements de
l'isthme de l'utérus que trois fois sur le cadavre et, en même temps,
il existait une déviation . C'était, dans tous les cas, une rétro-flexion
avec latéro-flexion, c'est-à-dire une véritable torsion du col; mais je
n'ai jamais vu d'an téfiiexion compliquée de rétrécissement. Cette dévia-
tion ne peut jamais aller assez loin pour empêcher la cavité du corps
de communiquer librement avec celle du col, ou du moins pour pro-
duire un rétrécissement permanent.
M. DEMARQUAT. J'ai eu occasion d'observer dernièrement une hy-
pertrophie considérable de l'utérus, compliquée de kyste dans l'épais-
seur de la paroi utérine, sans que j'aie pu trouver l'épine, le corps
2« série. — tome ix. 55
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— 4S4 —
fij^etix qui aurait été le point de départ àt cette hypertrophie.
Daûs mon service» entra, il y a quelque temps une dame de 40 ans,
vierge, qui me fut envoyée pour subir l'opération de l'ovariotomle.
J*eîaminai la malade, je constatai Texislence d'une tumeur ovalaire,
volumineuse, qui remplissait une grande partie de Tabdomen. Les
règles avaient toujours été régulières, mais la santé était notablement
modifiée.
Je fis une ponction et je retirai six litres de liquide.
D'autres confrères avaient vu la malade et tout le monde avait
admis Texislence d'un kyste de l'ovaire.
Je pratiquai l'opération en faisant l'incision de l'abdomen sur la
Dgne médis^ne ; une première ponction avec un gros trocart n'amena
que du sang; une seconde ponction fit sortir une certaine quantité de
liquide, mais la tumeur ne perdit pas notablement de son volume; je
fus obligé d'agrandir l'incision de l'abdomen, et je constatai que j'avais
affaire à un utérus considérablement hypertrophié. Je terminai néan-
moins l'opération.
M. Depaul. Il y a un point qui a été soulevé dans cette discussion,
c*e8t celui relatif à la réalité de l'hypertrophie de la matrice, en dehors
de la grossesse. J'ai écouté avec plaisir les faits relatés par M. Trélat,
parce qu'il y a quelques années encore, on professait que ces hyper-
trophies ne pouvaient exister. J'ai été élevé dans ces idées; mais, plus
tard, il m'a bien fallu me rendre à l'évidence des faits.
Pour prouver qi^e cette hypertrophie peut s'observer dans quelques
circonstauces assez particulières, je ne citerai qu'un seul exemple.
Il y a quelques années, je fus appelé à voir une jeune femme, âgée
de 24 ans environ, qui était accouchée depuis six mois.
Elle souffirait dans le ventre, ne pouvait pas marcher et perdait ea
blanc.
La palpation à travers la paroi abdominale laissait constater Taxis-
tence d'une tumeur médiane, allongée, et je crus que j'avais sous
les yeux un utérus disteiidu par un produit de conception. Le col
était un peu plus gros que dans l'état normal, il était un peu plus
béant.
Cette dame était nourrice, et celte circonstance a une très-grande
importance. Depuis cette première observation, en effet, j'ai vu plu-
sieurs fois des hypertrophies de la matrice pendant la nourriture;
aussi il reste, pour moi, bien établi que l'allaitement ne contribue, en
aucune façon, à hâter le retour de la matrice à son état iMrmal.
Je demandai à cetta dame si elle pensait être enceinte; elle me ré-
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— 485-^
pondit que cela était impossible, et j'avais toutes raisons de croire à
Ja véracité de ses paroles.
Cependant T utérus était bien volumineux comme dans une grossesse
de quatre mois >et demi à cinq mois. Cette (iame n'avait pas eu sç^
règles depuis le commencement de sa première grossesse.
L'idée me vint de juger la question à Taide ducathétèrisme utérin,
dont je ne me sers jamais qu'avec une extrême réserve. Au bout de
trois ou quatre jours, je revins voir cette dame et je trouvai les choses
dans le même état. J'introduisis alors la sonde utérine et je la fis pé*
nétrer facilement à plus de 10 centimètres.
Il s'agissait là d'une véritable hypertrophie comme celle qui accom-
pagne la grossesse ; il y avait épaississement des parois et élargisse-
ment de la cavité.
Je dis à cette malade qu^elle devait cesser d'allaiter i^n'enfant; puis
je la soumis au repos et j'employai quelques moyens résolutifs aux-
quels j'attachais une médiocre importance.
A partir de ce moment, je vis la matrice revenir sur elle-même,
comme chez une femme nouvelleflaeiii a^ouehée; mais le retrait se Si
plus lentement.
Les règles se rétablirent, la malade est devenue enceinte depuis, je
l'ai accouchée, et après ce nouvel accouchement, l'utérus a repris ses
dimensions habituelles dans le temps normal.
Quant à ce qui est des hypertrophies partielles, elles «ont. très^
nombreuses. Celles qui existent au niveau de la paroi postérieure de
l'utérus sont surtout très-fréqueotes,
COHMISSION DU PRIX PUVAL.
La Société procède à l'électioft de cinq membres chargés d'examiner
les thèses qui ont été adressées à la Société par le concours du pridu
ùavaL
Cette commission sera composée de MM. Cruveilhier fils, Marc Séè,
Guéniot, Duplay et Tarnier.
COUIIUNIOATION.
MM. Legros et Onimus communiquent un mémoire intitulé :
Moyen de combattre les accidents dus au chloroforme par les courants,
électriques cwtinus.
Ce travail est renvoyé à une commission composée de MM. Liégçoii.
et Paulet.
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— 436 -
PRESENTATION DE MALADE.
M. DEMARQUAT présente un malade auquel il a pratiqué la Irachéo-
tùmie pour une tumeur syphilitique du cou,
M. TiLLAux. J'ai fait une opération analogue sur un jeune homnae
qui avait des accidents syphilitiques et chez lequel il survint un œdènae
des cordes vocales.
Ce malade a guéri, mais il a conservé très-longtemps la canule.
PÉSENTATION DE PIÈCE.
M. DÉsoRMEAvx présente une pièce de spina-veiUosa du péroné, au
sujet de laquelle il communique Tobservation suivante, recueillie par
M. Bloch, interne dans son service.
Spina-Tentosa da .péponé.
La nommée B... (F.), âgée de 36 ans, entre à Thôpital Necker, le
4 novembre 1868, salle Sainte-Marie, dp 13, pour une tumeur de la
jambe droite.
La malade a commencé, au mois de mars 1866, à ressentir de vives
douleurs, sous forme d'élancements, à la partie supérieure et externe
de la jambe droite. Au mois d'août suivant, la malade découvrit, dans
le point douloureux, une tumeur dure, du volume d*une noisette. Il
résulte des détails qu'on obtient de la malade que cette tumeur avait
son siège au tiers supérieur du péroné. Cette tumeur fit peu de pro-
grès jusqu^au mois de mars 1868. Dans celte intervalle, la malade de-
vint enceinte, et, pendant toute la durée de la grossesse (du mois
d'avril 1867 au 4 janvier 1868), la tumeur, qui jusque-là était le siège
de vives douleurs, devint complètement indolente et resta statiounaire.
Ce ne fut que deux mois après l'accouchement, au mois de mars 1868,
que la tumeur augmenta d'une manière évidente et redevint doulou-
reuse.
Le 27 mai 1868, la malade se présenta à la consultation; mais ne
voulut pas entrer à l'hôpital. À ce moment, la tumeur avait déjà acquis
un volume considérable; la peau qui la recouvrait était saine; elle
n'était pas douloureuse à la pression; mais elle était, par moments, le
siège d'élancements, de pincements, de tiraillements extrêmement dou-
loureux, surtout pendant k nuit.
Le volume de la tumeur augmentant rapidement, la malade se dé-
cide à entrer à l'hôpital, le 4 novembre 1868.
 ce moment, la tumeur occupe presque toute la circonférence du
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— 437 —
mraibre, ne laissant libre que le tibia, et faisant saillie surtout dans
la région externe et postérieure. La peau qui la recouvre présente des
plaques violacées, sillonnées par des capillaires dilatés. Les veine;;
cutanées sont également le siège d'une dilatation considérable, qui
s'étend assez loin dans les régions voisines. Cette dilatation date du
mois d'août dernier. La consistance de cette tumeur est presque par-
tout élastique, excepté dans le point le plus saillant , où elle offre une
mollesse qui donne presque la sensation de fluctuation.
Dans différents points, on trouve à sa surface des plaques d'une
dureté osseuse. Elle n'est pas douloureuse à la pression ; mais elle est
le siège de violentes douleurs spontanées. Elle s'étend de haut en bas,
depuis l'angle inférieur du creux poplité jusqu'au niveau de la réunion
du tiers moyen avec le tiers inférieur de la jambe. Son volume entier
peut être comparé à celui d'une tète d'adulte. On peut assez facilement
isoler par le toucher les bords antérieur et interne du tibia, qui ne
paraît pas participer à la lésion. Les ganglions du creux proplité et du
pli de l'aine sont sains.
Depuis plusieurs mois, la malade avait le pied engourdi et presque
paralysé, au point de ne plus sentir le soi en marchant. Deux mois
avant l'entrée à l'hôpital, la marche devint complètement impossible.
Depuis le mois d'août, la malade a subi un amaigrissement consi-
dérable; l'appétit s'est pourtant conservé. La face est pâle, mais
n'offre pas la teinte caractéristique de la cachexie cancéreuse. Dans le
deux derniers mois,il y a eu de fréquents accès de fièvre, surtout le soir.
Comme antécédents, la malade a eu la fièvre typhoïde à 2i ans, et a
fait, en 1853, une chute sur la jambe droite; mais il n'en est pas ré-
sulté de fracture, et la marche, n'a pas été interrompue; il n'en est
résulté aucune douleur persistante.
Du 4 au 10 novembre, la tumeur augmente rapidement de volume ;
son diamètre horizontal s'accroît de deux centimètres, et son extré-
mité supérieure s'élève en arrière, jusqu'au niveau de la ligne inter-
arliculaire.
On diagnostique un spina-venlo$a de nature colloïde ou fibro -plas-
tique.
En raison de l'accroissement rapide de la tumeur, il n'était pas
possible de retarder l'opération sansT s'exposer à amputer le membre
dans un point plus élevé, et M. Desormeaux pratique l'amputation de
la cuisse au tiers inférieur, le 10 novembre 1868.
Examen de la tumeur.
La jambe fut disséquée le même jour.
Afin de conserver exactement les rapports de la tumeur avec le tibia
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- 438 ^
et h péroné, on en fit îa section oblique d'arrière en avant et de
dehors en dedans, en sorte que les os de la jambe furent sciés tous
les deux verticalement en deux parties à peu près égales. Au moyen
de cette section, on remarque que le péroné a été primitivement en-
vahi, car toute la moitié supérieure est détruite. Il reste cependant à
la partie supà^ieure une portion osseuse, qui semble être la tête du
péroné, ayant subi une augmentation de volume.
La tumeur adbère au tibia; mais elle peut facilemenl en être sépa-
rée; puis en se reportant en arrière, elle refoule les muscles, ainsi
que cela se constate par la dissection. La tumeur est dure et présente
des incrustations calcaires dans sa partie profonde, du côté du tibia ;
mais à la superficie, elle est ramollie dans uoe étendue peu considé-
rable, ainsi qu'on Tavait déjà remarqué avant l'amputation.
Lea incrustations calcaires de la partie dure se sentent nettement au
toucher et encore mieux lorsqu'on y introduit la pointe du bistouri.
Les portions dures que Ton sentait à travers la peau sont pour la plu-*
part des portions de la tumeur renfermant une plus grande quantité
de sels calcaires. Nous avons examiné au microscope diverses parties
de la tumeur, et nous y avons trouvé tous les éléments qui caracté-
risent une tumeur fibro-plastique*
En même temps, nous avons fait prier le docteur Ranvier de vou-
loir bien examiner plusieurs parties de la tumeur, et cet histologiste a
étudié des parties dures et des parties molles de la tumeur, ainsi qoe
différentes rondelles osseuses du tibia et du péroné avec le tissu qui
y adhérait. Voici la note qu'il a eu Tobligeance de nous communiquer :
Dans les fragments qui nous ont été apportés, on reconnaît l'exis-
tence d'un tissu formé par des cellule^ fusiform«(S> réunies de manière
à constituer des faisceaux qui s'entrecroisent suivant différentes direc-
tions; au milieu de ce tissu, existe de l'inflUrnlion caloaire sous forme
de traînées ou d'aiguilles
On constate aussi Texisienoe de qudques îlots cartilagineux^ peu
étendus, qui subissent eux-mêmes presque tous l'infiltration calcaire.
Les fra^ents osseux du tibia et du périmé sont infilU-és d'un tissu
en tout semblable aux masses périphériques.
Sarcome fascicule du périoste et du péroné infiltré de sels calcaires,
avec petits Ilots cartilagineux, reconnaissant pour cause une fracture?
Synonymie. -^ Tumeur fibro-plastique. Sarcome fibroïde recurriog
de Paget.
La séance est levée à cinq heures trois quarts.
li$ secrétaire, U' LéoN Laws.
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— 439 —
I
SBANCfi DU 25 NOVEMBRE 1868
Présidenee de M. LEGOUfiST
Le pre>cès-yerbal de la précédente séance est tu et adopté.
CORRESPONDANCE.
La correspondance comprend :
— Les journaux de ia semaine.
— L'Aifi dentaire,
'^ Le BiUletin des travaux de la Société impériate de médeme de
ManeiUe,
— Le premier fascicule du tome VH des Mémoire» dee eoncmfrs et
des savants étrangers de r Académie royale de médecine de Beigiqae.
M. MoNTBiLS (de Monde), membre correspondant, adresse à la
Société plusieurs observations intéressantes.
L €aiie«v de 1« vergue. — L'amputation de la verge a été faite en
un seul temps avec un couteau à amputation. Puis, le chirurgien a
incisé Turèthre à sa partie inférieure, a renversé la muqueuse et Ta
maintenue par deux points de suture. Le résultat de cette opération a
été très-satisfaisant.
II. Cancer à, mmtéhe nigué. -* M. Monteils fait connaître deux
cas de cancer à marche très-ral^ide.
L'un des malades était affecté de tancer cutané de la joue, de Taiie
du nez et de la paupière inférieure du côté gauche. L*autoplastie par
déplacement d*un lambeau frontal fut pratiquée. La guérison parut
obtenue et se maintint pendant deux mois. Au bout de ce temps la ré-
cidive eût lieu dans le globe oculaire et la mort arriva très*rapid»-
ment.
Chez un autre malade, il s'agissait d*un cancer épithèlîal de la
langue. La cautérisation avait été employée plusieurs fois infructueuse-
ment. M. Monteils enleva la tumeur à Taide de Técraseur linéaire.
La guérison parut certaine pendant deux mois; mais bientôt la réci-
dive avait lieu dans les gangHous sous- maxillaires du c6tégauehe> et
le malade mourait rapidement.
M. Monteils fait remarquer que, dans ces deux derniers cas^ si Ton
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— 440 —
retranche de la durée totale du mal la durée de temps de la guérison
apparente, ou trouve que le cancer épithélial de la face a été mortel
au bout d'un an, et celui de la langue au bout de sept mois.
DISCUSSION.
Hypertrophie de rateras.
M. TiLLAux. Je désire répondre en' quelques mots aux observations
qu'ont bien voulu faire plusieurs de mes collègues sur ma communi-
cation.
L'hypertrophie générale de Tutérus, que je vous ai présentée, sou-
lève, à mon avis^ trois questions :
1° M'adressant à nos collègues qui s'occupent plus spécialement
d'accouchements et de maladies utérines, je leur ai demandé si Thy-
pertrophie générale de l'utérus, portant sur le corps et le col, ne cens -
tituait pas, en dehors de la grossesse, une lésion extrêmement rare ;
£• Faut-il ranger ce fait parmi les hypertrophies symptomatiques,
puisqu'il existait, en même temps que l'hypertrophie, un corps
fibreux inclus dans une des lèvres du col, ou bien n'y a-t-il là qu'une
coïncidence; devons-nous conclure à une hypertrophie essentielle?
3** Le symptôme qui nous a si vivement frappé, c'est-à-dire la va-
riation périodique dans le volume de la tumeur, peut-il être considéré
comme spécial à l'hypertrophie utérine ?
Ces diverses questions ne me paraissent pas avoir été résolues dans
la dernière séance. M. Després a donné de la pathogéuie et de la symp-
tomatologie de la tumeur une explication qui n'est pas acceptable.
Pour lui, les choses se seraient passées de la manière suivante : le
corps fibreux bouchait rorifice de l'utérUs et formait obstacle à l'écou-
lement des règles, qui, à chaque époque menstruelle, s'accumulaient
dans la cavité utérine , la matrice, se contractant fortement pour vaincre
cet obstacle, a fini par s'hypertrophier.
Il explique ainsi et les variations périodiques dans le volume et
l'hypertrophie, qui est pour notre collègue symplomatique de la réten-
tion du sang menstruel dans la cavité utérine.
Un certain nombre de raisons m'empêchent d'admettre cette expli-
cation.
Et d'abord, le sang coulait très-facilement, trop facilement même,
puisque la malade avait des pertes abondantes.
Le corps fibreux oblitérait si peu l'orifice de la matrice, que j'ai pu,
sans aucune difficulté, pratiquer le cathétérisme utérin avec une grosse
sonde en gomme élastique.
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- 441 -
La m^laiie n'^YJiit \jiN^ éprouvé de douleu^i ej;pj)9jirç9, f^ f|ui
serait arrivé si l'utérus $e fût péniblémept débarrassé de sou coot^j^.
L'hypothèse d'uA épjUDcheineot de saug 4aos la cavité utérine ou
dans une poche ^dentelle avait été émise dorant la vie de la n^ade
et rejetée pour la raison suivante: c'est que ra^gjED^ntatioa de vobimis
était telle, qu'il edt fallu un litre ^u moins de swg pour la produire.
Or si une teUe hémarrhagie eût eu lieu, la malade, loin d'éprouver
mie amélioration notable h. ce moment, eût préseiité les signiç^ ordi-*
naires des hémorrhagies internes.
J'ajoute que si le phénomène a été obscur du^^t la vie, H neTost
plps en présence de la pièce anatomique.
L'utérus, traversé en tous sens par de gros si^us veineux, ^ei^mb^e
à une véritable éponge. 11 ne peut y avoir doute pour €;eu^ q^i ont
vu la pièce ; les variations de volume étaient manifestement le résultat
de la congestion utérine.
M . Després. Depuis la dernière séance, j'ai consulté les ouvraget
dies auteurs que j'avais cités. Dans le mémoire de JSf. Pueçjb, j'ai ^i
l'observation d'une malade chez laquelle il existait une atrésis 4u col
et un écoulement difficile des menstrues. L'incision du cql fut pra-
tiquée et la jeune fille se maria. Au bout de quelque temps, l'ateésie re-
parut, et avec elle les écoulements de sang plus ou moins iocomple^s.
A la suite d'une troisième opération, la malade succoa^)a, et Jtf» Tru-
met de Foutarce put pratiquer l'autopsie. U existait; un rétrécii^scmejus^t
notable à l'union du corps avec le col de l'utérus. On put co^tate^
l'existence de deux cavités, une grande au niveau du corps et une petite
au niveau du col. Chez cette femme, l'utérus était uQlablemeint aug-
menté de volume.
Chez la malade dont je viens de retracer l'histoire, il exis^it un
obstacle à la jonction du col avec le corps de l'utérus, et cette di^ppsi*
tien s'observait aussi chez la malade de M. Tiilaux; on comprend donc
que chez cette dernière une hypertrophie se soit établie lentement,
progressivement.
Je n'hésite pas à maintenir ma première opinion. Je voudrais savoir
si la malade a présenté des règles douloureuses dès le jeune â^; s'il
en avait été ainsi, on comprendrait facilement le développemeu-t lent
et successif de l'hypertrophie.
M. Tillaux pense que le développement intermilteM de l'i^érus
était dû à l'accumulation du sang dans les veines volumineuses qu'il
nous a montrées; mais rien ne prouve ce qu'il avance.
Dans ce cas, Thypertrophie a été due aux règles difgciles et à la
présence du corps fibreux.
2« série, — tome ix. 56
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— 442 -
M. Chassaignac. Sf j'avais en Thonneur d'être consulté par M.Tillaux,
pendant. la vie de sa malade, j'aurais songé immédiatement à l'exis-
tence d'un corps fibreux. Dans le cas de corps fibreux, j*ai vu en efiet
quelques-uns de ces accidents de l'époque pré-menstruelle, et ces acci-
dents embarrassent beaucoup les chirurgiens.
Une dame, qui était soumise à l'observation de notre regretté con-
frère le docteur Marcé, de Nantes, voyait survenir, dans la période qui
précédait l'époque de ses règles, un développement considérable de
l'utérus ; puis, au bout de quelque temps, une perte abondante avait lieu,
et tout rentrait ensuite dans l'état normal.
Ces phénomènes s*étant renouvelés à plusieurs reprises, la malade
allait de mal en pis. Elle me fiit alors adressée, et je fus témoin de
l'une de ses crises. L'utérus devint gros, un peu douloureux, puis sur-
vint une perte abondante.
MM. Cruveilhier et Velpeau furent appelés en consultation. Le
diagnostic ne fut pas précisé, et on résolut d'attendre une nouvelle
crise. A la première période menstruelle, je pus introduire mon doigt
dans l'utérus et sentir un corps fibreux, dont l'existence n'avait pas
été soupçonnée.
Plus tard, le corps fibreux tpmba en gangrène, fut éliminé par lam-
beaux et la malade guérit.
Les cas qui se rapprochent de celui-là et de celui de M. Tillaux sont
encore trop* rares pour que Ton ait la prétention d'en donner une des-
cription dogmatique.
Je crois qu'entre le fait de M. Tillaux et le mien, il y avait analogie,
sous ce rapport que dans les deux cas, il existait un corps fibreux de
l'utérus; mais le siège de ce corps fibreux était diiTérent.
Je pense que, chez ma malade, il n'existait pas une hypertrophie
pai'eilie à celle que l'on a pu observer sur la pièce qui nous a été
présentée par notre collègue.
Je ne puis me ranger à l'opinion défendue par M. Després. Pour
expliquer le développement de l'hypertrophie, j'attache plus d'impor-
tance à la présence du corps fibreux qu'à la rétention des menstrues.
M. GuÉNioT. M. Després insiste tellement sur son opinion et je
suis si peu disposé à l'admettre, que je veux encore vous soumettre
quelques observations.
Je veux d'abord vous rappeler que l'hypertrophie que vous avez eue
BOUS les yeux était en dehors de toute proportion avec ce que nous
observons habituellement. Nous savons que l'utérus hypertrophié phy-
siologiquement, au terme de la grossesse, pèse à peine 1,000 grammes,
tandis que la matrice qui nous a été présentée pesait le double.
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-~ 443 —
J'admets bien que s'il existait une hypertrophie légère, comme on
le voit souvent à la suite du déyeloppement des corps fibreux , on
pourrait accuser, pour Texpliquer^ratrésie du caual cervical, la diffi-
culté que le réservoir aurait à expulser son contenu ; mais la dispro-
portion qui existe entre l'hypertrophie et les causes invoquées pour
son développement rendent cette manière de voir inadmissible.
M. Després paraît embarrassé pour expliquer l'augmentation consi*
dérable de la matrice qui précédait l'écoulement sanguin ; il pense que
la matrice diminuait parce que le sang s'écoulait au dehors. Il ne se
passait là cependant qu'un phénomène physiologique, pour ainsi dire
exagéré. A l'époque menstruelle la congestion delà matrice et de ses
annexes n'arrive pas en même temps que l'écoulement sanguin.
Celui-ci est pour ainsi dire critique, il correspond à l'époque où la
congestion tend à diminuer.
M. Després pense que les veines énormes que nous avons eues sous
les yeux n'étaient pas capables, même lorsqu'elles étaient distendues,
de produire l'augmentation de volume de la matrice qui a été ob-
servé. Eh bienl je pense qu'un utérus dans l'état où se trouvait celui
DQis sous nos yeux par M. Tiilaux peut parfaitement être assimilé à un
tissu érectile; or l'on sait quelle disproportion, quant au volume,
existe dans ce tissu pendant Tétat de congestion et hors de cet état.
M. Tiilaux demande si Ton doit attacher de la valeur au signe tiré
de l'augmentation et de la diminution du volume de l'utérus.
Oui, assurément, il faut attacher de l'importance à ce signe. On ne
peut, en effet, le rencontrer que dans deux circonstances : dans le cas
de rétention des règles ou dans celui de développement considérable
du tissu veineux et, par suite, du tissu musculaire de l'utérus.
Ceci admis, ce signe acquiert une très-grande valeur diagnoi-
tique.
M. TuxAux. Si M. Després avait vu la malade, il croirait volontiers
à la congestion, et il ne soutiendrait pas qu'il s'agit simplement là
d'une réplétion de la cavité du corps de la matrice. D'ailleurs la ca-
pacité de celte cavité était très -peu considérable.
Je crois que le fait de M. Chassaignac présente avec le mien de
grandes analogies; seuleinent, il a assisté à la période de début, tandis
que j'ai vu la maladie à une période très-avancée.
M. Dëspbës. m. Tiilaux m'a fourni un des meilleurs arguments
qu'il me soit possible d'invoquer, en me disant que depuis dix ans la
tumeur augmentait. La tumeur a pris naissance, parce que depuis
longtemps les règles étaient difficiles.
M. Trélat. mm. Bernutz et Goupil ont consacré dans leur livre un
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— 444 —
long arttele à la rétention des règles. Ss n'indiquent pasTopinlôn mu-
tenue par notre eollègue. Â-t-il la démonstration que toutes les fols
qtt*il y a eu rétention des règles, il y ait eu hypertrophie consécutive?
M. tARNiER* M. Tillaux nous e fait voir une hypertrophie considé-
rable de Tutérus. Yoilà le fait incontestable, indéniable.
Il existe un second fait întéi-essant, c*est Taugmentation et la dimi-
nution alternative de Tutérus. Quelle valeur faut-41 accorder à ce
symptôme? voilà ce que nous a demandé notre collègue, et Ton a peu
k^épcfhdu à sa demande.
Pour M. Desprès, c'est un signe de la rétention des règles.
Quant à moi, je me rapproche de Topinion de M. Guéniot, je crois
qu'il s'agit surtout d'une congestion.
Mais il ne faut pas voir là un symptôme nouveau , inconnu ; c'est
un fait qui a été observé par tous ceux qui se sont occupés de mala-
dies utérines.
On sait qu'à l'époque menstruelle, Putérus se congestionne, et quel-
quefois cette congestion détermine une notable augmentation de vo-
lume de l'organe qui peut doubler.
Une jeune fille vint me trouver, il y a quelques années, en me
demandant si une jeune fille pouvait avoir une maladie de l'utérus. Je
la touchai et trouvai le col ramolli. Le fond de Tutérus atteignait
presque le niveau de l'ombilic. Je pensai à l'existence d'une grossesse.
Mais des règles abondantes étant venues, la tuméfaction de l'utérus
dispaVut; puis elle reparut de nouveau, pour cesser ensuite. Ces alter-
natives se reproduisirent un certain nombre de fois.
Depuis cette époque j'ai vu chez des jeunes filles ou des femmes
mariées un grand nombre d^exemples analogues.
Ces jours derniers, j'ai observé un fait à peu près semblable à ce-
lui que je viens de rapporter.
Ces exemples démontrent d'une façon bien certaine que tous les
mbis il y a congestion de l'utérus, et cette congestion est d'autant
plus grande, que l'utérus est déjà plus volumineux.
Je suis convaincu que les phénomènes observés par M. Tillaux
étaient dus à la congestion qui avait lieu tous les mois à l'époque des
règles.
On doit noter, en outre, que l'utérus peut augmenter de volume
sous riofluence des rapprodiements sexuels, sous l'influence aussi de
causes pathologiques, en un mot sous d'autres influences que les
époques menstruelles.
Ces i6oiigestioA& iateraiitteiites peuvent quelquefois devenir perma-
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-- 446 --
nenteS) et, pour interpréter i*aagmeat4itk>ii de volame de l%téru&, il
faut tenir compte de la congestion.
L'utérus de la malade de M. Tillaux est comparable à Fntérus d'une
femme qui Viendrait d'accoucher; et le volume de l'utérus n'est pas
très- éloigné de ce qu'il peut être après un accouchement; en effet,
contre l'avis de M. Guéniot, je pense qu'après l'accouchement on peut
voir àe» utérds qui atteignent le poids de 1,400, 1,500 grammes et
plus.
Reste la question de la tumeur fibreuse et du rôle de celle-ci par
rapport aux accidents observés.
Je croîs qu'il n'y a là qu'un simple fait de coïncidence, et je ne puis
pas admettre quMl ait existé une gêne de la menstruation par obs-
tacle.
M. Depaul. Je n'avais pas assisté au commencement de la commu-
nication de M. Tillaux, et je suis étonné que Ton discute autant sur
ce fait qui d'ailleurs, je l'avoue, est intéressant.
Je suis étonné qu'on ait l'air de donner comme nouveau le fait de
l'augmentation de la matrice aux époques menstruelles.
Mais dans le cas actuel, il ne s'agit pas de cette augmentation pé-
riodique, il s'agit d'une maladie rare, exceptionnelle, et qui n'a aucun
rapport avec le fait que j'ai rapporté dans la dernière séance.
Il est en effet tout à fait exceptionnel de voir ce qui existe sur la
(Hèoe de M. Tillaux, des sinus tellement larges, qu'ils formaient de
véritables lacs au milieu du tissu de la matrice* 11 existait là un véri-
table état variqueux des veines de l'utérus.
Cette maladie n'a rien à faire avec le corps fiiyFeux, sur letpiel
insiste tant M. Després. C'est là, je le répète, une observation tout à
£ait exceptionnelle; car nods n'avons vraiment pas affaire à une hy-
pertrophie de la matrice; dans la véritable hypertrophie, en effet, les
vaisseaux de l'utérus ne prennent pas ce développement.
M. Despbés. Je vois une cavité dans Futérus et un corps fibreux à
l'orifice du col ; je constate une augmentation de toluone de la tumeur,
lorsqu'il ne coule rien ; une diminution, quand il y a des pertes.
Depais dix ans, la malade avait des règles pénibles, douloureuses.
SU n'y a pas de faits isolés, je ne pûîs m'empêcher de comparer cette
hypertrophie utérine aux hypertrophies du réservoir urinaire, suite de
dysurie.
S'il y a, au contraire, des faits isolés, on peut admettre que la pré«
«ence d'un corps fibreux cause rhypertrophie, sans qu'en puisse en
cliquer le mécanisme.
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— 446 -^
Mais alors, Texplication est simplement la constatation du fait. Pour
ma part, je ne saurais me contenter de cetîe raison. Si i*avais vula
malade de M. Tillaux, peut-être je trouverais des signes capables de
confirmer mon opinion sur ce fait d'hypertrophie utérine.
M. FoRGET. M. Després ne tient pas compte d'un des éléments les
plus importants du problème. Il admet Texistence d'une cavité où le
sang se serait accumulé, et en réalité cette cavité n'existait pas.
LEGTORB^
M. Laurent, interne des hôpitaux, donne lecture d'un travail inti-
tulé :
Plaie de V artère popUtée, Ligature des deux bovis. Phlegmon diffu$.
Mort.
Ce travail est renvoyée l'examen de M. Le Fort.
PRÉSENTATION d'iNSTRUMENTS.
M. DuPLAY présente un spéculum nasi, construit sur ses iadicalions,
par MM. Robert et Collin, et appelle l'attention de la Société sur les
services que cet instrument lui paraît destiné à rendre en pratique, soit
pour le diagnostic, soit pour le traitement des maladies des fosses na-
Ge spéculum est formé de deux valves, dont Ttine, un peu aplatie
et immobile à son extrémité, doit répondre à la cloison des fosses
nasales, et dont l'autre, plus convexe et appropriée à la forme de la
narine, peut s'écarter de la première, à l'aide d'un curseur mobile
sur une vis.
L'instrument étant introduit jusqu'à Tonvcrtiire postérieure de la
narine, on dilate celle-ci au degré voulu, par Técartement de la valve
externe, et, grâce au curseur, cet écarlement reste permanent et l'ins-
trument demeure fixé.
Pour explorer Tintérieur des fosses nasales, on peut placer la ma-
lade devant une fenêtre bien éclairée; mais l'examen pratiqué de cette
manière est toujours incomplet. Il faut de toute nécessité avoir recours
à la lumière réfléchie, soit la lumière solaire, soit la lumière artifi-
cielle.
A cet effet, on peut faire usage du miroir laryngoscopique mobile, à
l'extrémité d'une tige métallique que l'on fixe sur une table, maisjecon-
seille d'employer de préférence un miroir frontal, monté sur une paire
de lunettes, et qui peut servir ei même leiupî? poui J'e^Humn des
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- 447 —
oreilles, de la gorge, etc., avec cet avantage de laisser les mains libres
et de permettre ainsi de faire certaines opérations.
A l'aide de ce mode d'éclairage et avec le spéculum nasû j*ai pu,
chez un certain nombre d'individus, chez qui les fosses nasales étaient
assez larges et normalement conformées, examiner ces cavités dans
toute leur étendue, et même découvrir et faire voir à d'autres per-
sonnes une partie de la paroi postérieure du pharynx.
Cependant les anomalies si fréquentes dans la conformation des
fosses nasales ne permettent pas toujours un examen aussi étendu ;
mais même dans les cas de déviation de la cloison ou de saillies con-
sidérables d'un ou de plusieurs cornets, on parvient à explorer les
fosses nasales à une assez grande profondeur.
J'ai pu ainsi^^ommeucer une étude toute nouvelle des symptômes
objectifs de quelques maladies des fosses nasales, étude que j'espère
compléter par la suite. Je me borne à indiquer aujourd'hui l'existenco
assez fréquente d'ulcérations spécifiques ou autres, siégeant à la paroi
supérieure el sur les cornets.
La thérapeutique des aSections des fosses nasales me paraît devoii
bénéficier de l'emploi du spéculum nasù C'est ainsi que j'ai pu traiter
et guérir assez rapidement quelques cas d'ozène, à l'aide de topiques
portés directement sur les parties malades et ulcérées.
Enfin, c'est surtout pour le traitement chirurgical des polypes mu-
queux que le specuktm nasi me paraît devoir être utile. Cette opinion,
que j'émettais déjà lors de la présentation de cet instrument à l'Aca-
démie de médecine (avril 1868), a été confirmée par l'étude des
faits.
L'emploi du spéculum nasi i^ermeiûe substituer à la pratique, géné-
ralement aveugle et presque barbare, de Tarçachement, des opérations
plus sûres et plus méthodiques, puisque le chirurgien pourra recon-
naître, de visu, le siège exact des polypes el les saisir directement,
sans intéresser les parties voisines.
Mais, avec le spéculum, les instruments en usage pour l'arrache-
meni des polypes sont beaucoup trop volumineux et ne peuvent être
d'aucune utilité. J'ai donc dû modifier les pinces à polypes ordinaires,
et après de nombreux essais, je me suis arrêté aux deux modèles sui-
vants, qui ont été construits par MM. Robert et CoUin, et que j'ai
l'honneur de vous présenter.
L'un de ces modèles ressemble beaucoup aux pinces ordinaires. Elles
en difièrent :
1" Par le petit volume des cuillers et des branches;
2" Par la courbure, qui est très-courte;
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— 44» —
dP Par l'aiikalfttioii des branebes , (fui est pbitée trèshprès des
cuillers. Il est bon d'avoir à sa disposition deux xmi trois pinces de oe
modèle, dont les cuiilers seront plus ou moins larges, suivant le ro-
lume des polypes.
Le second modèle ressemble à un forceps. Les branches, qui s'arti^
cillent coDune oelles de ee dernier, se terminent par des eoillere large*
ment fenètrées et qui s'a4)pliquent eiactement l'une contre l'autre par
leur bce interne» La courbure est beaucoup plus longue que dups le
modèle précédent, et l'articulation des branches, qui ne doit pas entrer
dans le spéculum, est beaucoup plus éloignée des cuillers. Les deux
branches s'introduisent isolément et s'articulent à l'aide d'une vis.
Cette pince sert dans les cas de poljpes très- volumineux.
Je fois en ce moment quelques essais pour mettre en usage la liga-
ture extemporanée des poiypes; mats je ne sois encore arrivé à aucua
résultat satisfaisant.
La séance est levée à cinq heures et demie. x
Le Secrétaire. D^ Léon Labbé.
SÉANCE DU 2 DECEMBRB 1868
Pré«ideiiee de M* LEGOUEST
Le procès-verbal de la précédente séance est lu et adopté.
câaRESPONDANGB "
La eckrrespondance comprend :
Les journaux de la semaine. — Le Bulletin de thérapeutique. — Les
4r€hives générales de médecine, numéro de décembre. — La Gazette
médicale de Strasbourg. — L'Union médicale de la Provence, — Lu
Revue médicale de Toulouse.
M. GiRALDÈs dépose sur le bureau, au nom de M. Logan, le
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— 449 r-
iome VU! à' Army^tmeéioai deparimént Report far ike year ÏM6. Londres,
i^8^ ÎD-^^; volume ^ocmsidérabieoeDfeîrmàiit) un grand nombre de
doemnenl» knpoi^nts i^r Thygiène et kiDédeèœe'ixiiiiiaires.
•M.Êé^tiLiBbé^setite/de'ia part tleMi Oré (de Bordeaux), lès
^ux* èttifâ^es JniiVànts' :
'4!<» Le pl'enfîef fii^iettlp du- C&rhpte'rMu''du' sertftce IfhîruitèfihU ûe
M. Oré à IMpital-Acflnt'André de B^oref^ôtla? ' Ce ' fàsdferiie 'k^eiàferme
pluèîéitVs'faîts d'iitiè hfeiiile'impoHanee/M. Lri»b'é apif^elle rattéfetion
delà Soeîièté'sùr lèfsapparéîlsinlénietrx (Ijue M. Oréa'^fàil dôn^thlit^
pdtir^tflaëer les meriSbrés sur léscîuels'^tf'aitifàfJifué^idés'féséclftWs,
notamment la résection du genou et celle du coUde.
'S'^Uri outrage'itnpbrtàiit âUr là •Transfusion du sang. Daiiâ Ce lAvail
sôttt relatés Fôs travaux o^rginaux^ùe M. Oré a fait connùitre* à plu-
sieurs ¥épWites= à la^Société de 'ébinil'gie,'et sur lesquels la SocSélé'a
erilétidu les rapports de 'MM. Brôea et Labbé. En outre/ l'Hiélorique
de la 'questi<yn est présenté dails ses 'plus grands détails.
Hy^é'rtrôlplile^itfë ral;éiÉ>us.
A^ropès du procès-verbal :
M. Després. Messieurs, je n'ai pas voulu prolonger ta diseussion
dbns'la dernière séance, je^ésire répondre aujourd'bui quelques' mots.
M. Forget disait que) pouiftj^u'il y eùi 'rétention dans l'Utérus, il fallait
qu'il >y eût une cavité. J'ai relu l'obiservation de M. Tillaux et j'ai
constaté que la cavité otérioeavait 8 centimètres de largeur. M. Tréiat
a dit que MM. Bernutz et Goupil n'avaiebt point vu d'bypertrophie à
la suite de la rétention tles règles, cela devait être, car ces médecins
parlent de cas de rétention complète des règles, alors qu'il y avait une
grande dilatation de l'utérus.. M. filiaux tire un de ses arguments
contre la supposition d'une rétention des règles, de la vacuité delà
cavité utérine. Je le prierai de songer à la dilatation du col qu'il a
pratiquée, il en concluera que c'est à ce moment que l'utérus s'est
vidé.
M. Trélàt. Dans le cours de la discussion, j'ai énoncé cette opinion
que les corps fibreux de l'utérus et les hypertrophies musculaires par^-
tieMes, sans être semblables de tout point, procèdent néanmoins d'un
même mode de déviation organique et se rapprochent au point de vue
du mode de tdrmation.
Cette proposition me parait confirmée à aouveau par un fait que
j'ai observé ces jours derniers et qui a eu sa conclusion ce matin
2« série, — tome ix. 57
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-T 450 —
même. J'avais reçu dans mou service une femme atteinte d'un polype
utérin qui me parut devoir être considéré comme un corps fibreux.
Ce polype, aUongé, volumineux, s'insérait juste au-dessus et en avant
de l'orifice supérieur du col et faisait saillie dans le vagin sur une
longueur de 10 centimètres. Je l'enlevai avec l'écraseur linéaire. Aus-
sitôt après son ablation, je l'examinai et il me sembla reconnaître les
caractères du tissu musculaire utérin. Je priai donc M. Muron, Fun
de mes internes, fort au courant des recherches histologiques, de faire
l'examen complet de la tumeur. Il importait en eSei d'établir nette-
ment si elle n'était pas constituée par du tissu glandulaire ou par une
hypertrophie des glandules muqueuses du col. Yoici la note qui m'a
été remise par M. Muron :
oc Ce polype offre sur la coupe une coloration grisâtre, semi-trans-
parente. On trouve quelques cavités à parois paraissant au premier
abord assez régulières» mais parcourues par des brides fibreuses.
« Par le raclage on amène sur le rasoir un liquide grisâtre, trouble,
qui se coagule sous rinfluence de Tacide acétique et de l'alcool. Ce
dernier réactif lui donne en outre une teinte blanche.
« Ce liquide, examiné au microscope, contient des noyaux libres et
des noyaux entourés d'une masse de protoplasma. Les noyaux libres
sont de forme ovoïde et ofirent dans leurs plus grandes dimensions
de 0,008 à 0,015.
tt Ceux qui sont entourés d'une masse de protoplasma sont pour la
plupart des éléments embryonnaires de 0,010 à 0,012.
« Le raclage des parois de la cavité ne montre aucune cellule épi-
théliale, mais bien les mêmes éléments déjà indiqués.
<K Si on prend les brides fibreuses qui traversent la cavité, on trouve
qu'elles sont constituées uniquement par des cellules musculaires de
la vie organique. Leurs noyaux caractéristiques sont facilement décelés
par l'action de Tacide acétique qui leur donne la forme d'une S
allongée.
Une coupe pratiquée sur la tumeur montre que cette tumeur est
composée d'un très-grand nombre de faisceaux de forme et de dimen-
sions variables. Parmi ces faisceaux, les uns sont uniquement formés
par des cellules embryonnaires, les autres par des cellules muscu-
laires de la vie organique.
« Des vaisseaux en grand nombre parcourent la tumeur en divers
sens; ils sont entourés d'une paroi propre.
<K En somme,. ce polype doit être rangé dans les lebdomyômes ou
tumeurs constituées par du tissu musculaire lisse. Mais ici c'est un
tissu musculaire en voie de développement, ce qu'attestent les nom-
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- 451 —
breux faisceaux de cellules cmbryoDDaires. De plus» tous ces faisceaux
sont imprégnés d'une substance muqueuse qui a déterminé la forma-
tion de cavités spontanées dans son intérieur, ce que démontrent les
réactions du liquide obtenu par le raclage. »
Cet examen histologique démontre donc une fois de plus qu'il existe
de véritables tumeurs bypertrophiques musculaires de l'utérus. Les
hypertrophies localisées, limitées, semblent beaucoup plus fréquentes
que les hypertrophies étendues ou totales. Cette pièce et son étude
microscopique n'ont pas d'autre objet que de fixer l'attention sur ce
point.
Àbeès dans l'épaisseur dn fond de la matrice, avee
déTeloppement énorme des fibres charnues.
M. Hervez de Chégoin. Une femme de 46 ans entra à la Charité
dans le mois de juin 1827, salle Saint-Joseph, pour une tumeur du
ventre dont le commencement datait de huit mois. Cette femme était
accouchée sept ou huit ans auparavant.
La tumeur était placée immédiatement au milieu et au-dessus du
pubis et s'étendait jusqu'à l'ombilic. Elle était du volume d'une gros-
sesse de six mois, mobile, élastique et assez ferme pour laisser incer-
tain sur la présence d'un liquide. M. Roux avait cru à une hydropîsie
de l'ovaire. Le toucher par le vagin faisait trouver le col utérin dans
l'état naturel.
A l'autopsie on constata ce qui suit : Quand les parois de l'abdo-
men furent incisées, on découvrit une tumeur isolée de forme oblongue;
sa surface était lisse, d'apparence charnue, parsemée sur le côté et en
bas d'arborisations qui partaient d'un tronc commun inférieur.
On fit une incision verticale et on arriva dans une cavité aussi
grande que la matrice au cinquièofte mois de la grossesse, contenant
du pus bien lié, légèrement verdâtre, fade et sans odeur putride. Il y
avait dans le fond des flocons nombreux, un, ehtre autres, gros comme
une fioix et ferme. La paroi interne de celte cavité était tapissée par
une membrane d'un jaune sale, tomenteuse, épaisse d'une demi-ligne;
le fond de la csivité avait un pouce et demi d'épaisseur, un pouce au
milieu et un demi-pouce en bas. Les fibres, quoique infiltrées, étaient
évidemment charnues. Quand on eut incisé la tumeur jusqu'au vagin,
on vit que le col utérin était très-allongé et que la cavité de la matrice
existait. Sa face interne était rouge et son cul-de-sac bien visible. Les
trompes de Falloppe naissaient sur les côtés et enfin on voyait la
moitié de l'épaisseur des fibres de la matrice se continuer avec son
fond, de manière que l'abcès s'était développé au milieu des fibres de
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— 452 —
cel organe. Les ovaires étaient petits, granulés^ les/ vaisseaux des
ligament3 larges étaient très-nombreux et jemplis de sang noir.
M^ CiiissAiaNÂG. Je désire présenter quelques olMiervalioDt relative-
ment à la vascularité des corps Obreux. D^ns une opération pendani
laquelle je divisais par tranobeis un.;cor!|Bi$ fibreux de l'utérus Je vis
surveniii ou^ hémorrhagie très-oçtanidérab^^ Lorsque >ropièn3Utloa fut
tenminée^jd pus coosiater. qu'ili 's'agissait èiend'uotvériitaWe corps
fibreux..
' M^^iBqinbt. En 18&I, j'ai enlevé use tumeur, qui, a^ait été prise pour
un kyste de Fovaire. Lorsque la tumeur fut mise à découvert, untro^
cart fut enfoncé dans son épaisseur, et la ponction donna issue à une
quantité énorme de- sang. Je f tfs èbfigé de recotfrir à quelques moyens
hémostatiques inusités pour arrêter le sang, puis je fis une sec/onde
ponction. qui fut égalemept suivie, 4'bémorrhagie*.
.: L-îopépaiion. étant trè^'îa^ao«éie<:nae3 collègues, pa«mit lesquels, se
trâuvait Cazeaux, m'eogagèrertit a la teuminer» Je pijatiqiiai la section
du pédicule. La plaie donna uuej itelle quan^té de* sang,' malgré une
fcirteiliptiure e|iiii;a«ait été mise,«urde pédie^le^^qu^ la ms^lade mourut
ai^.b^ulflQ, dix, heures. Celle. obse«y<5^iÂaq a. été .puWiée. dans mon
Traii4 4M ml<idm de V^nam^
M^.HpfiiYB* Dip. Ci^é^0ïN(4 jJe..;nçj.peqi9e.TpaS:.que .les>.tm[nieprs doni
p^rjl^nt cm mie^%ie^r$.fl^^Qut-(les ituD(iiBurs,gl^r^use&->Jej)eQspquçla,
source de l'hémorrhagie était dans l'enveloppe charnue, q^hA^^lftW^®
coïjstatPBflçntleftcar^tiis fibreiux..
M« CHKSSxhtmhCy L'autorité de M.. Hervez.de CbégoiAiestMd'ai)^
grande vAlepr en pareil cas^.,raai6,(4aosle,fait queji'^i pb^er-y^j^puis;
bien convaincH. qy/9 p',é<taiV4u? ; corps . fibreux lu,i(7m,êroe. quelle «aog
venait. . ,. . ,
M. Bi^jacA., La 4|^epUP».ique, i'oft. discute «ei;! ce, montent, peut être
exami«éft^Qpsjde«x pwtade.vue/^ i^.sopSiJe poin.tde irueide la pr»r
tique;» S^sQusrie^pciiiHide vue de i'analomie.paitbolpgique-pure.i.
'.iAu.^Qii)t,, dfi .vue,,pratiqvijB», il imp<>i:te peu -(^e j>r.éQieer d'oùoiVieot
l;ké«aiôrrhagieM J'ai j8<)uyflfi>r>d'a¥QirrVu dans la. pra^tique .particulière'
(l€^,Thienry.unei>mai^e qui.iavAÎt 4'ftbqrd reguiies.^Qins.du doo^ri
Reeurt* Oetise. (ww^avait été i considérée .^oBoroe étant en .cojucbes
4epi?is plai8ieimsijoBr:Si Recprti reconnut quiil s'agissait, non.4)Pne,
grossesse, naaîfi/d'iuneitamem' fibreuse pédiouléei fû, voie, d'exputeioa»
J'asisistai M^.Tbierry qui avait été appelé pour ropér.aMoï^, et , nous
canstalânaes qu-U exi^aitdes batU)mQQitsauîiiveau:du pédicule ^Nous:
nous detnandÀQ^ si-c'étajt bieiii sous le pédiculeiou dans les* parties
voisiner qu'était.leisiége de.ces-bAttenoenti'i Mais en tou^.cas^au poi^t
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— 468 —
de.vuede.êa pratique^ il nous Jmporlait peu de «avoir silos vaisseaux
étaient développés dans la substasee mémo du corps. fibreux ou dans
la soiisteBee qui Teotoure.
Thierry imagina. un procédé nouveau pour, enlever cette tumeur
très^ volumineuse.' Ce procédé a été peu- mis en lumière. Il fil cons-
truire en" quelquosibeures, cliez Gbarrjère« une pinc(^ articulée à une
de ses extrémités comme la pince à disséquer. A Tautre extrémité se
tQOUvait une vis qui permettait de rappi^ocber à volonté le9 deux
branches. On .fit entrer la tume^uri entre les deux branches fortement
écartées et loff6q^!o^^eutfraQchi.sQn éq|L(9(teiuvon£ti:emoqter la pince
jusqu'au, pôdv^iep. Çetta piiice n'avait pu serrer qu'en produisait un
atkaiasement. assez, «notable de 1^, matrice; aussi, lorsque le pédicule
fut .étreifit d^s la, pipce, nous ipûmes constater qu'il était beaucoup
plus facile de l'atteix^dre qu'auparavai^t. On saisit alors la /tumeur avec
des pinces ^ griffes.eton pratiqua l'excision à l'aide de ciseaux courbes.
La pince li^t Jais^ée ep place pendant environ 36i. heures et .il.ne,,8ur«»
vint» {»a& , d'^éfnoniidgie.
Lorsque j,^>pra4iquai l'autopsie de Aa tumeuTt jepu^cons^ter très*
netitem^ntjre^fstenc^e de, vj^sseaux idansi la tumeur fibreuse, mais ils
n'j^taient .pas as/sez yolii^qûneux pour donner naissanee au^ batteipents
que nous avions perçus. Ces battements devaient avoir pour sié^ àef^
vs49seaux.dé¥|sloppés flfins l'épai^eur de l'envelpppe. .utérine, hyper-
trophiée.
AuipQintdevue.de l'anatomie pathologique» il ^t incontestable que
le^.iuvawrs fibreuses deVutérus (qçs tuçoeurs que j'ai désignées sowk
le nom d'bystérômes et qui n'ont auQuoe analogie avec les, véritables
tao^^rs fibi:eqs8s) n'pnt pas une vaacularisaJion proportionnelle à
leuK; volume.; J'ai ffût plusieurs fois avec^Mt Lebert l'injection, d'utérus
qui renfermaient de^ corps fibreux, eti'ii^ectloxvs'arrétait toujojurs sur
la limite decescocps^.
Je neicoanaîs.p^ d'exep^ dUnjeotÎQn réussie daiis un corps
fibreux de la oiatrice* t
Je dois dif» quOtSur une femme mçf^ da e^érsit et dgnt l'9téru8
peafevmMtdeaeorp^ fibreux» j'^i pu constater que des vaisseiiux dis-
posés en aread^/se prolongeaisiLtà plusieurs piiUimètres dans Tépais-
seHVide 0estiQ0rps.ile^l doinQimpossible{pl«,nier leiar vasculari^atioo ,
OBiaiArQn doitt^marqqef quMl existe'Une disproportion.très-grande entre,
leur volume et le degré de leur vascularisation.
M. GluÉNiof'.rU suffit de ilire4e livre de M.^Cr^Y^ilbier pour trou-
ver unei4ieseriptfoa> O^o^i^èie^deJa di^poaitioa des vfiisseaux dans les
cuMrps i6breuxi.ll y a deux espètses de. vaisseaux» Içs unSiSupfîrfifiielâtatf
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— 464 —
/es autres profonds. Les deux réseaux coannaniquent ensemble. Ces
vaisseaux sont tous veineux. C'est là un fait assurément très-singulier
que cette absence d'artères dans un tissu parfois très-vasculaire;
mais quelque inexplicable qu'il paraisse.il me semble être incontestable,
au moins d'après Texamen des tumeurs à l'œil nu. Quoi quMl en soit,
les corps fibreux sont susceptibles d'arriver à un grand degré de vas-
cularisation.
M. HouEL. Je ne crois pas que jusqu'ici M. Cruveilbîer ait jamais
fait d*injection dans des tumeurs fibreuses. Je crois que' ce <(ui a été
décrit sous le nom de vaisseaux sont en réalité des lacunes.
J'ai moi-même essayé de faire des injections et j'ai réussi quand j'ai
voulu injecter les petits vaisseaux^ mais janiais quand j'ai tenté de
faire pénétrer l'injection dans les lacunes. Dans un cas que M. Robin
a étudié, j'avais cru avoir réussi^ mais mon erreur tenait à ce que
l'injecflon avait été poussée dans le tissu interposé à deux tumeurs
fibreuses étroitement accolées. Dans les cas où l'on a observé de
graves hémorrhagies, semblant prendre leur source à la surface ilnême
du corps fibreux, peut-être avait-on eu affaire à des corps' fibreux
accolés, comme dans le fait que je viens de rappeler. Or, la consta-
tation de cette disposition anatomique présente de véritables diffi-
cultés.
Je suis disposé à croire que les véritables tumeurs fibreuses sont
très-peu vasculaires.
M. GuÉNioT. J'admets bien que les veines et lacunes ne soBt pas
cbose identique. Mais il serait bon de s'entendre sur lès difféï*ences
qui séparent ces deux ordres de cavités.
M. Marc Séb. Je crois qu'on se fait très-souvent illusion lorsqu'on
cherche à faire une distinction entre les artères et les veines sur la
coupe d'une tumeur. Souvent on aperçoit un vaisseau dilaté et Ton
pense qu'il s'agit d'une veine, tandis que, en réalité, il s'agit souvent
d'un capillaire- dilaté. Il existe évidemment dés artères qui amènent le
sang dans ces capillaires et des veines qui le reprennent.
M. Brocà. Je suis très-heureux que M. Mate Séeait dit que le mot
de capillaire n'est pas applicable seulement à un vaisseau normal; on
peut en effet rencontrer des vaisseaux très- volumineux, dilatés, et qui
cependant présentent la structure des vaisseaux capillaires. J'avais
signalé cette disposition il y a longtemps, dans mon mémoire sur le
cancer.
Quant aux véritables lacunes, elles peuvent reconnaître plusieurs
modes d'origine. Elles sont assez souvent ccmstituées par de véritables
bourses muqueuses; mais indépendamment de ces lacunes, il s'en
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— 455 .
produit d'autres dans le parenchyme même du corps fibreux par la
suite de Tabsorption qui résulte de la nutrition peu active qui a lieu
dans ce néoplasme. Les parties centrales du corps fibreux se nour-
rissent mal, les fibres passent à Tétat granuleux, et elles finissent par
disparaître. Je crois que les cavités qui, dans les corps fibreux» affectent
la forme de vaisseaux, se développent principalement par ce méca-
nisme.
M. Trjblat. Dans la pièce que j'ai mise sous les yeux de la Société,
Texamen microscopique a démontré qu'il y avait de véritables lacunes
et non des glandules anormalement développées.
LBGTUBB.
M. SiSTACH, membre correspondant, fait une lecture sur deux
observations à*anéury9me poplité spontané :
Là faveur toujours croissante qu'obtient la chirurgie non-opérante
dans le traitement desanévrysmes, nous engage à communiquer, d'une
manière sommaire, à la Société de chirurgie, les résultats divers que
nous avons obtenus dans cette voie.
Obs. 1. — Anétnrytnne artériel poplité gauche^ datant de deux mm et
demi, et guéri par la flexion forcée, au bout de trois jours.
B..., zouave, âgé de 31 ans, ayant douze ans de services militaires,
ayant passé onze anBen Afrique et un an au Mexique, exerce, depuis
l'âge de 11 ans, la profession de tailleur d'habits, et spécialement
celle de coupeur, depuis qu'il est sous les drapeaux.
En dehors de ces dernières fonctions, qui l'obligeaient à travailler
constamment debout, B... était encore tenu à faire souvent en ville
de nombreuses courses assez fatigantes. D'ailleurs, pomt d'habitudeâ^
alcooliques. En juin 1867, pour la première fois, la marche provoquait
sur le mollet gauche une fatigue, suivie bientôt après de douleur très-
vive. Progressivement, la marche devint de plus en plus difficile, im-
possible même dès le 5 juillet, ce qui obligea le malade à entrer, le
24 juillet, dans notre service, à l'hôpital militaire de Gonstantine.
Tumeur du volume d'un œuf de poule, siégeant à la partie inférieure
du creux poplité gauche, molle et compressible, offrant des battements
isochrones au pouls et visibles à l'œil, donnant lieu à un bruit de
souffle intermittent, qui se percevait à l'aide du stéthoscope, et, finale-
ment, gène dans les mouvements du genou, extension douloureuse de
la jambe, au point de nécessiter sa légère flexion, accroissement d'un
centimètre et demi de la circonférence du mollet gauche au niveau de
la tumeur . tels sont les divers signes qui nous permirent de diagnos-
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4lquer/iiD anéTrynne popUté artériel. Telletfot aussi Topitiionde
If.Viital, n»tre'méd6eiaenolief,:etdeM» Marv7,>inédeoitt'Gâde«4na|or.
Par soite d'une iadispositioa fébrile do aîalade,* oe ne futqaete
SI aoûtj^tà bail' heures du matin, '»c[ue noas appliquâmes le* bandage
aniTaÉt uaprèsavoirenvelo^ de otiateet d'une bamie siiÉplement
eomoitive lecmcmbretinféneur^iviepiiis ^ies orteils jiiiM[u'à'im^«imse,
nous assujettîmes la jambe, dans la fleiion à angle aigu, à Taide de
qivètqnes tours de' bande, qui ^'embrassaient q«e ie'flîèrs' inférieur de
la cuisse et le «tiers -supérieur ée ta jambe; puts,(fout le membre fut
placé dans l'abduction, et reposant sur sa* face externe. Une^emi-
beore après, douleurs assez vives, siégeant sur le côté interne du
genou, et persistant pendant deU4c ^^leures. Pendant la nuit, sommeil
interrompu par des douleurs passagères.
Le 22 août, même état de flexion ; douleurs faibles, revenant à rares
intervalles, même pendant la nuit.
Le 23 août. Nous recommandons au imaMe de Ûéchir davantage et
progressivement la jambe, sans toucher au bandage. Douleurs ^lus
vives i pendant la nuit et» simulianéoient, Hengourdiasement du pied
avec fourmillements.
Leifi4xiioût,'ablation du bandage à la visite du oiatia. Absence' de
battement et de brait doisottlfle; solidifioatioa complète de la tumeur.
Après avoir fait constater ce lésuUat par MM. Vidal et Marvy, o^us
mainlenofis la demi^fleiion. pendant six jours. ^
Dès.le i«' septembre, tout bandage est supprimé et le malade 8*ap-
plique à étendre progR^^saiMement sa jambe, résultat qu'il obtient d'une
manière complète le 10.
A la date du 18 saptewbre, B... se lève et marche sans douleur ni
difficulté. La 'tumeui?' diminue sensiblement de volume, et sa solidifi-
cation est complète.
Obs. U. — Anévrusme ùrtéri^ popUté droit: mnccès de la flexion
f(^cée et de lu eofnpresmn digàtale; ligature de l-tmière fémorale dam
le canal du Ufoisième adducUur; chate du fil à H^tvre au dèx^neu-
vièmejour; hémorrhagie$ consécutives , deux et trois jours après; gan-
§Hons eu pied et de la jambCy survenant vingt-^w jours après la liga-
ture. Mort.
Le ^iiijet de cette, observation est ce même B..., >qui, après avoir
i^^is toutiM ses oceupations pendant deux mois.> a ressenti, dès les
premiers jours de décembre 4867, une fatigue de la jambe droite, avec
léger gonflement du mollet» survenant après quelques instants de
marche; puis, aggravation de ces phénomènes et, successivement, dif«
fifittlté et impossibilité d'étendre la jaaibe.
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— 45Tf —
Le 12 décembre, constatation d'un nouvel anévrysme artériel, sié-
geant à la partie moyenne du creux poplité droit, offrant le volume
d'une grosse noix et caractérisé par une tumeur circonscrite, molle et
compressible, animée de battements intermittents visibles à l'œil nu
et donnant lieu à un bruit de souffle intermitlent. Flexion de la jambe
à angle aigu et sans nul bandage pendant cinq jours ; puis, compres-
sion indirecte de Tartère fémorale, pendant quarante-huit heures, à
l'aide de compresses graduées et d'un bandage qui maintenait, de
plus, la jambe dans la flexion : tels furent les moyens employés avant
l'entrée de ce malade à l'hôpital, qui eut lieu le 23 décembre. A cette
époque, nous constatons les phénomènes morbides mentionnés plus
haut, avec la seule différence que la tumeur nous paraît légèrement
augmentée de volume.
Le 24 décembre, à huit heures et demie du matin, nous soumettons
ce membre à la flexion forcée, à l'aide du même bandage que nous
avions appliqué précédemment. Douleurs intermittentes le jour, plus
intenses et persistantes la nuit, provoquant une insomnie presque corn*
plète, malgré une potion opiacée.
Le 4 janvier 1868, douleurs tellement vives pendant la nuit, que la
flexion du membre a dû être ramenée à angle droit. Dans la nuit du 5,
le malade souffre tellement, qu'il enlève complètement le bandage.
Le 15 janvier, persistance de douleurs excessives, malgré l'absence
de tout bandage. Accroissement considérable de la tumeur anévrys-
mate qui, semblant bilobée, proémine à la fois et sur le côté interne
et postérieur du genou, dans une étendue longitudinale de 12 centi-
mètres sur H centimètres d'étendue transversale médiane, et sur le
côté externe du creux poplité, sous la forme d'une tumeur offrant le
volume d'un œuf de poule; ces deux poches anévrysmales offrent des
battements isochrones aux pulsations artérielles et visibles à l'œil nu,
ainsi qu'un bruit de souffle intermittent et très-intense. La partie mé-
diane du creux poplité offre à peu près la dépression normale, et une
pression digitale légère y perçoit un frémissement vibratoire, dans
l'étendue de 6 centimètres. La circonférence médiane du genou droit
est de 424 millimètres, et celle du genou gauche, de 366 millimètres.
Absence d'œdème du pied et nul indice d'inflammation superficielle ou
profonde de la région poplitée ; impossibilité d'étendre complètement
la jambe ; mouvements du genou très-douloureux ; pas de flexuosités
des veines de la jambe et du pied, et, enfin, bruits du cœur normaux :
tel est, à la date du 16 janvier, l'état du malade, à qui nous adminis-
trons 3 centigrammec} de poudre de digitale.
Le 16; quatre séances de compression digitale, de deux heures cha-
2* série. — tomb ix, $8
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— #8 —
cuDe,€t Réparées qbaque f^is par un intervalle, égal. La compression
est aiternatiTefngnt pratiquée survie pubis et vers la partie moyenne
4e {a cuisse.
Le 17f 4 ceatigramm^s de poudre de ^i^ltale. Trpis séances décom-
pression, de trois l^eures ohacpne. La compression est plus difficile-
ment supportée que la veUle.
Le 18, 5 centigrammes de poudre de digitale; compression, digitale,
alternative, sur le trsget ç^e la fémorale, commencée le ins^tin, à.bujit
heures, et continuée, sans nulle interruption, jusqu'au 22 janvier, à
çept heures du ma^m.
Pendant les deux premiers jours, rapplicatjou p^rmanpnte, sur le
lobe iAterne de la tumeur, d*un cornet en d^ehyloh, .sujçpaonté.d'un
filament de ouate, indiquait suffisamment, parsesoscil^a^ipns^ripsuf-
fisance de la compression.
Nous nous bornerons à ajouter que la compreasion, assez bien sup-
portée le premier Jour, provoqua, dès le lendemain, des douleurs très-
intenses, siégeant sur la tumeur, la jambe et le pied, s'exaspéraut
chaque jour davantage, et donnant lieu, à plusieurs reprises, dès le
cinquième jour, à une imminence de syncope. D'autre part, à la date
du 22 janvier, la tumeur anévrysmale était tr^p-dure dans ses parties
iatéraies externe et interne; maïs elle avait sa pollesse habituelle dans
la partie médiane du creux poplité. L'artère fémorale formait un cor-
dop épaissi, roulant facilement sous les doigts et rendant la compres-
sion exacte très-difficile. La japbe droite était (Bd^matiée, et le ma-
lade, tout à fait démoralisé, réclamait instamment la cessation de la
compression, ce qui nous obligea d'accéder à ses désirs.
Du 23 au 29 janvier, exaspération des douleurs du membre infé-
rieur; imminence fréquente de syncope; insomnie presque complète;
accroissement de 4 centimètres de la circonférence médiane du genou
droit. Sur le côté interne du genou, ecchymose jaunâtre, ayant
18 centimètres de longueur verticale sur 2 centimètres de largeur ; nou-
velle ecchymose jaunâtre sur la partie médiane du creux poplité; dis-
ten^ion de l'articulation du genou, quiofire une fluctuation manifeste.
Température du creux poplité droit, 36*,2, et du gauche, 35*»,4. Cir-
conférence du mollet droit, 365 millimètres, et du gauche, 326. Les
mouvements volontaires de la jambe Jont complètement impossibles.
Rien d'anormal dans les bruits du coe^ur. Moral abattu et anxieux. Ce
même jour, 29 janvier, nous pratiquons la ligature de la fémorale
dans le canal du troisième adducteur; des veines flexueuses, largement
dilatées et anastomosées entre elles, recouvraient complètement l'ar-
tère que nous parvenons h isoler minutieusement et à lier, sans nulle
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— 45d —
effusion sangàine. L'amaigrissement du membre n'avail point permis
d'apprébier Je relief du couturier pendant l'opération, ce qui nous
obligea à ne prendre pour guides, dans la recherche du vaisseau, que
sa direction et ses battements, qui, vers le tiers Inférieur de la cuisse,
étaient très-faibles et intermittents. Après là ligature, cassation des
battements dé la tumeur anévrysmale; réunion de la plaie extérieure
à Taide de cinq serre-fines; emmaillottement dans la ouate du tnembre,
le long duquel cinq cruchons d'eau chaude sont placés en perma-
nence.
Le i«' février, ablation des serre-fihes; absence de réunion immé-
diate ; plaie compKquée d'érysipèle.
Le IT février, chute du fil à ligature; pMie vermeille ; excellent ap-
pétit; disparition de Térysipèle et diminution croissante de la tumeur
anévrysmale.
Le 20, dans la nuit, hémorrhagie paria plaie, évalnéeà 160 grammes.
Le 21, nouvelle hémorrhagie, à neuf heures du soir, évaluée à
300 graihmes. ' '
Le 24, diminution de la chaleur ei de la sensibilité du pied et de la
moitié inférieure de la jambe.
Le 25, la gangrène humide est confirmée et s'étend, le lendemain,
jusqu'au tiers supérieur de la jambe.
Le. 27 février, B... meurt à deux heures de l'après-midi.
L'autopsie, pratiquée le lendemain matin, à huit heures, nous révèle
les particularités suivantes :
A. Membre inférieur droit. — Dans le éuî'-de-sac artériel, situé au-
dessus de la ligature de la fémorale, existe un caillot de 5 centimètres,
en grande partie décoloré et friable, qui n'adhère à la tunique interne
que par son extrémité terminale.
' L'exti*émité inférieure du bout supérieur de l'artère offre; dans une
étendue de 3 centimètres, un épaississement assez notable; les deux
extrémités de Tartèfe fémorale, éloignées de 14 millimètres, sont
réunies par un cordon fibreux trés-mince. Absence de caillot à l'extré-
mité supérieure du bout infêrieui* de l'artère.'
La dissection dé la région po^litée donne Heu, immédiatement après
l'ablation de la peau et de l'aponévrose, à un écoulement de sang noi-
râtre, évalué à 100 grammes. L'incision de la poche anévrysmale
découvre une vaste cavité irrégulîère et anfractueuse; s'étendant de-
jHiis le quart inférieur de la face postérieure de la cuisse jusqu'au
cincfaième supérieur de la jambe, comprenant toute la largeur de la
surface osseuse fémoro-tibiale, et renfermant du sang liquide et
des caillots noirâtres, mous et excessivement friables. L'intérieur de
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— 460 —
l'articulation du genou offre une imbibition sanguine très-prononcée.
Le bord postérieur des surfaces articulaires tibiale et fémorale offre
une érosion des cartilages dans retendue d'un centimètre; la facepos-
lérieure du fémur présente la môme altération osseuse dans l'étendue
de 3 centimètres. Un caillot volumineux et décoloré occupait toute
rétendue de l'artère iliaque interne et des veines fémorale, iliaques pri-
mitive, interna et externe. Les veines sont géiiéralenient vides de
sangt à l'ejiception des veines axillaires qui en étaient gorgées. L'ar-
tère humérale gaûcbe renfermait un petit caillot filiforme de 2 cenli-
paètres (|e longueur, qui. commençait à se. décolorer.
B. Membre inférieur gan€he.— Caillot fibrioem et décolore dans les
veines iliaques primilive, interne et externe, ainsi que dans le tiers
inférieur de la veine fémorale, dans une étendue de 18 centimètres.
Caillot de même nature, ayant 4 centimètres de longueur, dans l'inté-
rieur de l'artère iliaque externe. .
L'artère poplitée, plus .volumineuse qu'à l'état normal, offre un
épaississement notable ;tlans sa moitié inférieure, elle diminue de ca-
libre et se continue par une tuipeur ayant 3 centimètres de longueur
sur 18 millimètres de largeur. Cette tumeur est située immédiatemeul
au-dessous du lignnr^ent transverse postérieur articulaire, entre les
deux tubérosités postérieures du tibia et immédiatement au-dessus du
bord supérieur du muscle poplité; elle a la forme d une petite pyra-
paide triangulaire, dont la base serait sa face açitérieurcquiest plane,
lisse et en rapport immédiat avec la surface tibiale.
L'oreillette droite du eœur renferme un caillot ambré, très-YoIuoii-
Tieux; tandis que dans l'oreillette gauche existe un caillot moins volu-
mineux, semi-cruorique, semi-fibrineux.
L'examen micrographique de l'artère fémorale, fait par M. le docteur
Arnould, sur les deux bouts résultant de la ligature, lui a révélé les
détails suivants ; ,
(f Après quelques heures de m^icération dans Teau, les tuniques
peuvent être séparées par larges lambeaux, l'interne sans son épitbé-
lium et entraînant à sa face profonde des fibres dC; la moyenne. La
tunique interne p?traît un peu grenue au moment de l'examen. La
tunique moyenne .se montre avec ses fibres élastiques (lexueuses, à
contour net, ramifiées, et ses fibres musculaires lisses, de distance en
distance parallèles; mais le fond de la préparation est finement gra-
nuleux et présente quelques globules graisseux, clair-semés. Ce détail,
ajoute M. Arnould, ne suffît pas à faii:e naître l'idée d'athérome ou
d'artérite chronique. »
M. le docteur Kelsch, qui a examiné un fragment d'artère enlevé à
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— 461 —
a hauteur du triangle de Scarpa du côté droit, conclut, au contraire,
à une dégénérescence graisseuse, qui a envahi les éléments contrac-
tiles de l'artère. Yoici, d'ailleurs, le résultat de son examen :
« Dans répaisseur des trois tuniques, dit-ii, on trouve enchâssés de
petits globules graisseux, brillants, transparents, qui mesurent en
moyenne de 6 à8 millimètres de diamètre. Ce processus morbide, peu
marqué dans les tuniques interne et externe, est surtout concentré sur
la moyenne ou musculaire. Toutefois, là encore, il n'est pas également
réparti. Des coupes nombreuses, pratiquées sur les divers points de la
circonférence de l'artère, m*ont fait voir des points où les globules
gras étaient extrêpdçment cçsi^i^fxte, 9ans jamais, cependant, se réunir
sous forme de nids de graisse; d'autres où ils se trouvaient beaucoup
plus clair-semés ; d'autres, enin, au l'on en voyait à peine des traces.
Les noyaux des fibres-cellules étaient pâles, comme flétris, à contours
vagues. Quant au contour de la fibre-lisse, il disparaissait entière-
ment sous Faction de l'acide acétique étendu. »
En résumé, ces deux observations nous ont paru intéressantes à des
titres divers. '
Le premier cas, nous offre un exemple de la prompte efQcacité de la
flexion forcée dans le traitement des ànévrysmes poplités. Cest un fait
à ajouter aux succès déjà obtenus^ à l'aide du même moyeu thérapeu-
tique, par Maunoir, Hart et Shaw, dont les Archives de médecine ont
rapporté les observations, en 1859, et par M. Yerneuil, dans le fait
qu'il a communiqué récemment à l'Académie de médecine.
Dans le second anévrysme, faut-il attribuer à la flexion forcée sa
rupture dans l'articulation du genou, ainsi que pareille relation a été
établie pour le malade de M. Moore, dont les 4rchive8 de médecine ont
également mentionné le fait? Pour nous, nous serions d'autant moins
disposé à reconnaître chez notre malade une telle influence, que cet
anévrysme a présenté les particularités suivantes ; 1* développement
excessivement rapide dès le début; 2" rupture dans l'articulation,
vingt-quatre jours après la flexion^ lorcée; eit S^" infiltration graaulo-
graisseuse des tuniques artérielles. Nqus ne serions même pas éloigné
de rapporter en grande partie à cette altération granulo^graisseuse^ et
l'insuccès des diverses méthodes thérapeutiques employées etJes hé^
morrhagies consécutives à la ligature, puisque, d'après Follin (i)yrin-
fiUration granulo-graisseuse est le premier degré des métamorphoses
rétrogrades des tissus, métamorphoses qui peuvent dépendre, sous
(1) Traité de pathologie externe, t. II, !'• partie, p. 234.
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— 462 —
rinfluence d'une nutrition insuffisante, de toutes les maladies qui
nuisent à la plasticité du sang. ^
La séance est levée à cinq heures et demie*
Le Secrétaire, 0^ Léon Labbk.
SÂJLKOB DU 9 DÊC&ttBSt'S 18^8
PVééVAeÉÈtë de ■•• lifi&OtE^T
Le procès-verbal de la précédente séance eaMa'et adopté»
CORRBSPONDÀNGE.
Là correspondance comprend :
— Les journaux de la semaine.
— La Uevite d^hydrologie médicale française' et étrangère,
— Lé Journal de mê^dèïine dé VÔuést.
— Le Montpellier fnédicd.
— M. Ed. Cruveilher oETie, de la part de M.'le docteur Bley nie, la
première année de la Revue médicale de' Limoges,
— Le Bulletin de la Société des sciences médicales de l'arrondissement
de Gannntj vingl-deuïîème année^. 18'68.
— Le Bulletin de la Société médicale deT Yonne.
RAPPORT VERBAL.
Mi GnBNiOT fait' un irapport verbal sur Tobsertation suivante;
admséepar AL Gastex^ médecia-^^major de Tannée d'Afrique.
Dans ce fait, • il s'agit d'un cavalier en état "d'iTfésse, qui',' voularift
franchir le mor desa caserne, fit une chute de'troii^ mètres de^'hàut
sur la face dorsale du'tronc. ii.en résulta : !• une fracture de Tapo-
physe épineuse "de l«i septième vertèbre -^ dorsale^ 2* une fracturé
obtiqueiéa eorpst «de cette même vertèbre ; fet d'après lès résultats de
l'autopsie , 3° une luxation en arrière, qui rétrécit considérablement le
canal vertébral.
De là, paralysie du membirer inféi^kur f «uehed'tebopd ; puis, quel-
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-m-
ques jours plus tard, du membre inférieur droit; rétention d'urine et
incontinence des matilèreflPfécak&.> Comme» trÉttemént : émiuion» san-
guineSy purgatif, frictions stimulantes sur.les meipbres in|^iem>et
repos horizontal sur la face dorsale du tronc. Bqs phlyctènes se pro-
duisirent bientôt sur le membre gauche œd^m^tié, puis des escharres
dans les régions sacrées et trochantériennes, un^^lilegmon gangreneux
dans la cuisse droite, etc., et le malade supop^iha le cinquante-qua-
trième jour après Taccident.
Les deux particularités siii^Ji^uell^iHK Castex appelle spécialement
Tattention sont : 1* la production des accidents gangreneux et 2» la
multiplicité des lésions osseuses ' (fktteture -complexe et luxation) au
nivQ^u 4U)PqiRt, tr^qm^^Usé.
Pourjtf» Guénigt, les accidents, gangreneux wonnwrent rraisem-
blabl,ei»ent pour ç,£^uses, dans.jce cas, Vœi^ ^es tissus,. si cornmuo
jçLans.les membres paralysés, et \[irritation pi^Q^uite ^i^r l,apeau p^r les
c^crétjons inyolontair.es. Les émissions sanguines, pif^^ti^ujées 4u dé-
but,,et les fractions stimulai^tes, çmplojées plus tard, Qpt peut-è^e
concouru ajjssi,. d'une façpn indirecte, à la ii^anifest^tion de cette com-
plication. Quant à la luxation de la vertèbre, il est difficile de s'en
expliquer le mécaniso^e.
M. Gastex fait à cet égard deux hypothèses, auxquelles on peut
adresser beaucoup d'objections. V. .Cuéniot serait disposé à penser
que l'un des (}eux fragments de la fracture vertébrale était seul' luxé
eu arrière, çl que Tautre fragment, ou fragmjQnt antéro-infér^ur était
réellement resté en place. ,0n comprendrait aipsi Texistence d'une
luxation qui, d'après les détails de Tobservalion, parait inexplicable
autrement.
M. Guéniot conclut à l'adoptiqn des deM^ propositions suivantes :
l"" Adresser des remerciements à l'auteur;
2° Déposer son intéressante observation dans les archives.
Ces deux propositions sont mises aux voix et adoptées.
NOiUNÂTIOM DE COMMISSIONS.
Commission des Membres eùrrespondants nationauâf :
3oiit (^Iqs : MM. Chassaigne^;.
Tillaux.
Broca.
Verneuil.
Tréjat.
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— 464 —
Commission des Membreê corretp^ndante éirtmfen :
Sont élus : MM. Giraldès.
Lefort.
Panas.
Duplay.
Trélat.
GOHKUNIGATTON.
RéfteedoB du e^sde.
M. Ybrneuil. 11 y a quelques mois, j'ai communiqué une obserra-
tion de résection du coude, pratiquée presque immédiatement après
l'accident qui ayait déterminé une plaie pénétrante de l'articulation.
J'ayais obtenu une guérison complète. Ma conduite a cependant été
l'objet des critiques de quelques-uns de nos collègues; j'ai été sen-
sible à ces critiques, et un nouvel exemple de plaie pénétrante s'étant
présenté à mon observation, j'ai voulu faire de la chirurgie expec-
tante, mais malheureusement j'ai perdu mon malade.
Le blessé dont il s'agit était un employé au chemin de fer, il eut le
coude pris entre deux tampons.
Lorsque je le vis, le coude était très-gros et il existait uue petite
plaie qui donnait issue à une graude quantité de sang veineux. Je
crus d'abord à une luxation du coude, puis je rejetai ce diagnostic.
Je fis établir une irrigation continue. Il y eut d'abord du soulage-
ment, mais le troisième jour, je vis qu'une partie de la peau était des-
tinée à tomber en sphacèle. Je profitai de l'existence de cette large
escharre pour faire undébridement de 10 centimètres. Par cette ouver-
ture> je ramenai un fragment osseux gros comme une noisette, et je
pus m'assurer qu'il existait une fracture du coude, pénétrant dans l'ar-
ticulation.
Le malade était alors dans un état général des plus satisfaisants. Je
fus tenté de faire la résection séance tenante ; mais je pensai qu'on
pourrait m'accuser d'avoir agi trop vite, et je différai^ puis je changeai
mon système de pansement.
J'avais gardé le souvent d'un blessé qui, dans un cas très-grave,
avait été guéri par l'usage du bain continu avec un mélange désinfec-
tant.
Je mis le bras de mon malade dans un bain préparé de cette façon ;
je l'y ai laissé pendant vingt- huit jours. Son état a été très-satisfai-
sant et j'ai cru un moment qu'il allait guérir. Cependant, il sortait
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— 465 -
quelques petites esquilles et il se forma une collection purulente qui
fut ouverte.
La température, qui avait été notée très-exactement» montait tou-
jours. On avait noté 39',2, puis 39%3 et, dans les derniers jours,
iO"* le soir. Chose très-importante à signaler au point de vue du pro-
nostic, la fièvre apparente ne se montra que lorsque, depuis trois
jours déjà, la température avait atteint 39*,5.
Vendredi dernier, on m'annonça que le malade avait eu un graud
malaise et un vomissement. A ce moment, il existait un gonflement du
bras et une rougeur diffuse mal caractérisée. Le thermomètre attei-
gDait 40*.
Je me suis alors décidé à pratiquer la résection. J'ai enlevé la cupule
du radius et abattu l'olécrâne et environ 3 centimètres de Thumérus.
J'avais utilisé, pour aller à la recherche des surfaces osseuses, l'ou-
verture résultant de la chute de l'escharre. Le malade a perdu peu de
sang et s'est bien remis de l'opération.
Je dois noter un phénomène fort important quoique léger en appa-
rence. La veille du jour oii le malade avait eu un vomissement, il
avait eu un petit crachement de sang, et cependant l'examen de la
poitrine n'avait rien révélé de suspect.
Je donnai une potion à Taconit et à la teinture de digitale. Elle jo/ê
put être supportée ; mais cependant la soirée se passa très-bien.
Vingt et une heures après l'opération, le malade était malaise, il
était couvert de sueur.
Le pansement était fait avec de la charpie imbibée d'alcool et de
liqueur de Labarraque, et un drain avait été placé pour faciliter l'écou-
lement des liquides.
Dans la journée du samedi, le malade eut des étouffements, de
l'anxiété, du délire, et à neuf heures du soir, il était mort.
Autopsie, — Il n'existait aucunes traces de phlébite, ni d'angiole-
mite, ni de phlegmon diffus. La rougeur diffuse, que j'avais observée,
était due à un érjrsipèle.
Les viscères étaient en assez mauvais état. La rate était volumi*
neuse, friable; le foie en voie de régression graisseuse; les reins
étaient rouges et congestionnés, les poumons, tellement congestionnés,
que l'on aurait cru à un commencement d'hépatlsation. La congestion
occupait toute l'étendue des deux poumons, et c'est à cette lésion que
le malade a succombé.
La résection ne me parait pas avoir déterminé la mort, et je regrette
de ne l'avoir pas pratiquée beaucoup plus tôt, soit le quatrième jour
après Taccident, soit au moment où j'ai retiré un séquestre*
2« iérie. — toma ix. 59
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— 466 ^
PRESENTATION D'INSTRUMENTS.
if. TfLLAtrx présente, au nom de M. Nicaise, prosecteur de Fam-
pbithéàtris des hôpitaux, une aiguille élasiiquey destinée à passer la
scie à chaîné dans les résections.
M. Ghassaignag. Je crois être le promoteur de l'emploi de raigùîllë
d'Astley Cooper, pour le passage de la scie à chaîné dans les résec-
tions. J'avais fait construire des aiguilles spéciales pour répondre aux
différents fcas. Il est toujours difficile de passer la scie à chaîne, et il
faudrait trouver des lùoyens dé section qUî permissent d'ahaudonner
cet instrument. Je crois que l'aiguille de M. Nicaise péchera par 6on
défaut de rigidité, de solidité, lorsqu'on voudra lui faire contourner
un os incomplètement dénudé.
M. FoRKïËT. Je m'associe tout à fait à la dernière rém^i'que de
H. Ghassaignac^ et je crois que Taiguille pourra s'incurver contre les
plans musculaires ou fibreux.
M. Depaul. Je suis étonné d'entendre M. Tillaux dire que lldée de
faire construire une aiguille coUrbe flexible est dne idée nouvelle. Il
y a quinze ans, j'en ai Mi consiruire une potir passer lascfe à chaîne
autour du cou; maisj'ai dû y renoncer et donner la préférence à rerii-
ploi de grandes et fortes cisailles.
M. Broca. La nature des obstacles qui ont fait èchouei^ M. Depaul
étaient tout spéciaux au cou de l'enfant sur lequel il portait l'instru-
ment.
Ils ne se présenteront pas dans les réfections, parée qu'il y a une
surface dure que suivra l'instrument.
M. Tillaux. Gette aiguille a la même courbure que la sonde d'As-
tley Cooper, et, de plus, cette courbure peut devenir plus grande et la
pointe de rinstruiûent n'abandonne jamais l'os. Pour se servir de cet
instrument, il faut d'abord bien dénuder l'os.
PRÉSENTATION DE PIÈCES.
Présentation d'un pied Mteint d*éléphantiasis des Greeo.
M. SiSTACu. J'ai l'honneur d'offrir à la Société de chirurgie le pied
d'un Arabe, qui est atteint d'éléphtintiasis des Grecs, maladie exces-
sivement rare en France et même en Algérie. Voici les quelques ren-
seignements que j'ai pu recueillir, dans ce cas, sur l'origine et la
marche de cette affection.
H... K.-G., âgé de 45 ahs, né a Gonslanline, a été atteint, vers l'âge
de 8 ans, d'ulcères au cou, qu'indiquent encore des cicatrices régu-
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-m -
Hères. Nul indice, d'ailleurs, d'affection syphilitique ancienne ou ré-
cente, et aveux négatifs du malade à ce sujet. Les parents de cet Arabe
n'ont jamais été atteints d'éléphantiasis.
En 1857, H.^part pour TÉgypte et habite, pendant quatre ans, suc-
tessivement la Mecque et le Caire, où il exerce le métier dç cordon-
nier, sans avoir jamais été malade.
De retour en Algérie, en 1861, H... fait, pendant la Iraversée de la
MédiUsTanéo, une fbute, qui produit sur le cou-de-pied gauche une
plaie contuse, dont la guérison ne survient qu'au bout de trois mois.
Environ deux mois après, apparition sur la cicatrice d'un ulcère,
qui s'étend progressivement en largeur et en profondeur, et déter-
termine sur t^a os di;; tarse des l^si^i^ o^euses multiples, malgré les
diverses médications générales et locales (huile de foie de morue, iodure
de potassium, préparai tione mercurielles, jpjectio:i;is et topiques variés)
qui ont été employées pendant un séjour de trois années consécutives
qu'il a passées presque complètement dans un hôpital. Un séjour d'un
mois et demi à l'établissement thermal d'Hammam-Meskoutin ne pro-
duisit également nulle améliopation. Et, de temps en temps, il y avait
issue par l'ulcère de lamelles osseuses nécrosées.
Depuis deux ans. H... n'était plus entré dans les bôpitaui^, lors-
qu'il vint réclamer mes conseils en juillet 1S67. I^e 20 i^ même mois,
il entrait dans mon ç^rvice, à l'hôpital militaire de Coi^stantine. Après
avoir soumis ce malade, sans résultat, à Tiodure d^ potassium, à
doses progressivement croissantes, ainsi qu'à Tbiiile de foie de morue
et à de» injections variées de teinture d'iode, je me décidai d'autant
mieux au sacrifice du membre, que le mal prenait toujours d^ l'exten-
sion, et que les ulcérations et les tubercalcs remontaient jusque vers
la partie moyenne de la jambe, où la peau offrait déjà une dureté
spéciale.
Le 30 août 1867, je pratiquai l'amputation de la jambe au lieu
d'élection,' par la méthode ovalaire, et, deux mois après, le malade
sortait de Fhôpital eomplétement guéri et sans que nulle ecmiplication
eût entravé la marche naturelle de la cicatrisation du moignon.
Si l'on tient compte, et des lésions osseuses qui existent principale-
ment sur le tarse, de la déformation et des distorsiop» de^ orteils et du
pied, ainsi (}ue 4^ 1^ présence de queli|ues tubercules aux environs de
l'ulcère, nous avons ici, d'après MM. Danielsen et Boeck (1), qn
exemple de l'association des forrpes tuberculeuse et anesthiésique de
(I) TraUé d^ la ipéi^ltkhêd. Paris, ^848.
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- 468 —
Félépbantiasis. Mais dous devons ajouter que nous avons TainemeDl
recherché, chez notre malade, l'insensibilité des nnembres, du tronc et
du visage, qu'un de nos collègues de Tarmée, M. Poocet a, de soa
eôté, constatée au Mexique (1) dans la forme anesthésique de cette
affection.
La séance est levée à cinq heures et demie.
Le Secrétaire, D' Léon Labbb.
SiANCE DU 16 DBCBMBBB 1868
Preftldeiie« de M. LEGOUEST
Le procès-Yerbal de la précédente séance est lu et adopté.
CORRBSPONDANCB.
La correspondance comprend :
— Les journaux de la semaine.
— Le Bulletin général de thérapeutique.
— Le journal de médecine et de chirurgie jMratique.
-^ La Galette médicale de Strasbourg,
•^ Contagion de la phthisie pulmonaire. Rapport lu à la Société de
médecine, chirurgie et pharmacie de Toulon, par le docteur Armieux.
— Trattato teorico-pratico suite mallatie veneree^ par le docteur
J. Galligo, de Florence. In-8 de 1,000 pages.
RAPPORTS
M. Ybrnbuil lit un rapport sur un travail, de M. Louis Thomas, de
Tours, intitulé : Polype naso-pharyngien à embran€hem£i^ niumplet,
traité et guéri par arrachement, avec résection préalable du numi/atr^
supérieur et tamponnement préliminaire de la fosse nasaie correspon-
dante.
Messieurs,
Sous le titre modeste de Note sur un cas d^ablation du maociUêire
supérieur, M. Louis Thomas vous a adressé un fait qui mérite, à plu-
sieurs titres, de fixer votre attention.
11 s'agit d'un polype fibreux nàso- pharyngien, redoutable affeclion
(1) A«c. d$ mém. deméd., chir,, militairu, 1864, t.l3, p. 307.
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- 469 —
qui, depuis plusieurs années, est robjetderos études. En second lieu,
. ayant à choisir entre les nombreux procédés que l'on emploie contre
ces tumeurs, M. Thomas a opté pour Tablation de Tos maxillaire
supérieur en totalité, en respectant toutefois le plancher de Torbite.
Enfin, pour éviter un des inconvénients principaux de cette résec-
tion et pour accorder au patient les bienfaits de Fanesthésie, notre
confrère a utilisé un perfectionnement récemment introduit par votre
rapporteur lui-même. Je veux parler du tamponnement préliminaire
de la fosse nasale du côté malade.
Le succès qui a couronné la conception et Texécution de ce plan
opératoire atteste déjà la sagacité et Thabileté de Tauteur, mais il
n'est pas superflu de montrer que la réussite n'a pas été un hasard
heureux, et qu'en pareille occurrence il conviendrait d'imiter scrupu-
leusement la conduite du jeune chirurgien de Tours.
Un petit paysan d'Indre-et-Loire, âgé de 16 ans, maigre et pâle,
était affecté de son mal depuis 18 mois environ quand il fut amené
à M, Thomas en février 1868. Des douleurs violentes, des hémorrba-
gies répétées et abondantes, une déformation notable du côté gauche
de la face, indiquaient nettement la nature du mal.
Le médecin ordinaire avait extrait déjà de la narine gauche l'e n -
branchement qui obturait cette cavité, laquelle était redevenue mo-
mentanément perméable.
M. Thomas, après un examen minutieux, porta le diagnostic sui-
vant :
lo Fibrome occupant la partie supérieure du pharynx du côté
gauche, sMnsérant dans le point le plus élevé de cette cavité, sans
qu'on puisse préciser davantage le lieu d*implantation ;
2» Prolongement volumineux dans l'épaisseur de la joue, et refou-
lant le cul-de-sac gengivo-labial ;
3' Prolongement probable dans l'intérieur du sinus maxillaire.
Avec ce diagnostic, que la suite confirma pleinement, M. Thomas
pensa que toute opération préliminaire à voie étroite serait insuffi-
sante, et qu'il fallait résolument sacrifier le maxillaire. Votre rap-
porteur, ayant toujours soutenu les mêmes principes, ne peut qu'ap-
prouver ces choses, et il serait prêt, aujourd'hui même, à l'appuyer
de son autorité.
Mais quoique innocente en elle-même et d'une exécution assez
facile, la résection du maxillaire n'est pas sans inconvénients, elle
provoque un écoulement de sang notable, et comme on redoute
l'entrée de ce sang dans les voies aériennes ou dans les voies diges-
tives, on est encore dans Thabitude d'opérer sans endormir les ma-
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-410-
ladea» o« du moinB de u's^itniajfitrer le chloroforme q^ufi pendant les
premiers temps de Topération.
Or, le patient n'avait accepté Faction chirurgicale qu'à la condition
de ne point souffrir, et M. Thomas lui avait promis qu'il en serait
ainsi, .
Pour tenir sa promesse et pour pouvoir achever l'opération sans
souci de I4 pénétration du sang dans Tarrière-gorge, notre confrère
songea k utiliser quelques préceptes que j'ai formulés pour des cas
analogues et que je vous demande la permission de reproduire ici :
1" TaoïipQimer préalablement l'arrière-narine du côté affecté ;
2^ X)étacber d'abord l'os maxillaire en haut et en dehors à la fa-
veur des incisions externes^ et sans pénétrer dans la bouche;
30 géserver, pour le dernier temps, la section de la voûte palatine
afin que la cavité buccale ne soit ouverte que quelques instants avant
la fin de l'opération.
Ce programme fut suivi de point en point. Le tamponnement fut
d'abord pratiqué, puis le chloroforme administré, ensuite les incisions
externes furent pratiquées, à peu de choses près, comme dans le pro-
cédé de Gensoul. Le lambeau relevé, on sectionna la branche mon-
tante, puis la connexion à l'os malaire, et enfin la voûte palatine. Le
tout fut promptement achevé. Tout cela fut fait rapidement, et Tos
maxillaire, sain, avec un davier, fut luxé avant que le malade ne fût
éveillé. Dans l'arrachemçnt de l'os, le plancher de l'orbite resta en
place, ce que M. Thomas ne regretta point. 11 fallait encore détacher
avec les ciseaux quelques parties molles que retenait le maxillaire en
arrière du col du voile- du palais. Mais tout cela se fit sans difficultés
et très-rapidement.
Restait à pratiquer l'ablation du poljpe. Grâce à la large voie ou-
verte, le pédicule était devenu facilement accessible. Ënergiquement
saisi avec un très-fort davier à résection et tordu à plusieurs reprises
et en fens inverse, il céda apréa quelques efforts^ et amena avec lui le
corps fibreux tout entier.
H n'en résulta qu'un écouleçjent sanguin très-léger. L'ér^ication
parut si complète, et tes points d'ineection si netSi qu'aucune cautéri-
sation ne parut pécessûre.
Ainsi s'était achevée, en quelques minutes, et sans aucun accident,
cette importante extirpation. Le patient n'avait rien senti pendant
toute l'opération, et n'avait conservé de celle-ci aucun souvenir^ On
procéda à la réunion des lambeaux, et la guérison s^effeçtua très-aisé-
ment.
Pour vous couvaiQcre de l'utilité de la résection du maxillaire, il
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TOUS suffira de jetei* les yeui sur deux figures très-bien exécutées ef
qui sont jointes à l'observation. Vous serez persuadés, cotntfie moi,
que nui autre procédé n'aurait permis une éradieatîoû aussi simple,
aussi prompte et aussi radicale.
Permettez-moi d'insister encore sur deut petits points do Manuel
opératoire. Je veux parler de la con^rvatîot) du plancher de f orbite et
de la section de la voûte palatine.
Alors même qu'on a besoin d'une large voie pour aborder le pha-
rynx, et que dans ce but on sacrifie l'os tnaiillaire, il est bon de mé-
nager le plancher de Torbile, c^ar sa destruction prive Toôfl d'iun point
d^appui fort utile sans faciliter notablement l'ablation du polype.
Or, cette conservation est facile à obtenir. iNwir cela, après etYOit
divisé l'apophyse montante et séparé l'os malaife, on conduit à petits
coups le ciseau parallèlement au bord inférieur de l'orbite et à quel-
ques aûUioaètres de ce bord, Oa sectionike aisisi la paroi antérieure du
sinus, et on laisse en place tout le plancher orbitaire.
La section de la voûte palatine peut également se faire de la narine
vers la bouche ou de haut en bas avec une scie droite et forte, ou
d'avant en arrière avec le ciseau ou la pince de Liston. De toute façon,
sans qu'il soit besoin d'écarter les mâchoires pour introduire et faire
manœuvrer la scie à chaîne, instrument dont pour ma part je ne me
sers plus pour ce genre d'opération.
Les connexions osseuses du maxillaire étant détruites, l'os est alors
énergiquement ébranlé; et lorsqu'il cède, retenu seulement par ses
liens muqueux (voile du palais et membrane gengivo-génale), on divise
vivement ceux-ci avec des ciseaux, et la masse tout entière se détache
sans peine.
C'est alors seulement que le sang coule dans la cavité buccale, mais
en petite quantité, si l'on a soin de remplacer aussitôt la pièce osseuse
par un volumineux tampon de charpie fortement appliqué dans le rfde
produit.
Je ne vous cacherai pas, Messieurs, la satisfaction que j'ai éprouvée
en voyant avec quel succès M. Thomas a appliqué à la résection du
maxillaire sain des préceptes opératoires que j'avais expérimentés et
préconisés pour des cas pathologiques différents. Il me semble, en effet,
que si l'on est heureux de tirer soi-même parti des innovations qu'on
a imaginées, on s'affermit davantage dans ses convictions quand les
innovations' susdites réussissent en d'autres mains.
Peu conclus que dans le cas spécial où s'est trouvé notre jeune con-
frère, le tamponnement préalable des fosses nasales et l'ouverture
tardive de la cavité buccale sont d'une utilité incontestable. J'en con-
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— 4% —
dus encore que M. Thomas a mené à bien une entreprise toujours
malaisée, en metlaut à profit, avec hardiesse et sagacité, toutes les
ressources que Fart opératoire lui offrait.
J'ajoute qu'il ne s'agit poiat ici d'un de ces succès passagers , trop
communs dans l'histoire clinique des polypes naso-pharyngiens. Tout
fait présager une guérison complète. En effet, le petit malade a
été reru au mois de novembre dernier, rien ne faisait présager la ré-
cidive.
. Votre Commissission a l'honneur de vous proposer :
l*" De renvoyer l'observation de M. Louis Thomas au bulletin ;
2o D'inscrire If. Thomas sur la liste des candidats au titre de
membre correspondant national.
Ces conclusions, mises aux voix, sont adoptées.
Kote sur nn eas d*ablatloB de maxillaire ««périeer
Par M. Louis Thomas (de Tours).
La crainte de voir le sang s'introduire dans les voies aériennes et
par suite produire l'asphyxie fait rejeter, par la majorité des chirur-
giens, l'emploi des anesthésiques pour un très-grand nombre des
opérations qui se pratiquent sur la face.
Dans l'article Anesthésie du nouveau Dictionnaire de médecine et de
chirurgie pratiques, M. Giraldès considère cette crainte comme tout à
fait illusoire. Pour lui, la seule contre-indication à l'emploi des anes-
thésiques est la position assise du patient. Toutes les fois que l'opé-
ration peut être faite, le malade étant placé dans la position horizon-
tale, il y a utilité à employer l'anesthésie. « Dans cette position,
dit-il, le sang coule plutôt dans le pharynx et dans l'œsophage que
dans les voies aériennes. J'ai eu maintes fois l'occasion de m'en as-
surer, en pratiquant chez des enfants des opérations au fond du gosier
ou des becs-de-lièvre compliqués même de l'ablation de la mâchoire
supérieure. »
On peut objecter à M. Giraldès que si le sang coule plutôt dans le
pharynx et dans l'œsopbage, il ne s'ensuit pas cependant qu'il ne
puisse jamais couler dans les voies aériennes. Qui peut répondre en
effet qu'un caillot sanguin situé dans le pharynx, au niveau de l'orifice
supérieur du larynx, ne sera pas entraîné à travers leslèvres.de la glotte
pendant l'inspiration? Aussi l'absence d'accidents, dans les opérations
que rapporte M. Giraldès, ne suffit pas, à mon avis, pour établir
l'innocuité complète de l'anesthésie en pareil cas. Pour ces raisons.
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les assertions de M. Oiraldès ne me semblent pas ée natare à «tissiper
eoiffpfét«metit les craintes des chirurgiens, et je pense que 4es meyei»
capables de prévenir, pendant les opérations qui se pratiquent i^r k
face, récoulefuerit du sang dans le pbarjnx et par suite dane les voies
aériennes, eo&tribueront mieux k rassurer les opérateurs «t à étendre
à ces opérations l'usage des anestbésiques.
Dans un travait réeent lu à l'Académie de médecine (séance du
6 a^ût 1867), sur les moyens propres à atténuer les inœnvénimts de
Péeoukment sangmn dans certaines opérations prafiqaées sur la face,
M. ie professeur Verneuil' signale « les services que peut rendra le
tamponnement des fosses nasales dans les opérations sanglantes pra-
-tiquées sur Tauvent nasal, l'intérieur ^s fosses nasales, ie sinus
maxillaire, les parties élevées de la mâchoire supérieure, dans tous les
cas où le sang menace de s'inb^nlviire éans le pharynx. Ge tampon-
Mmeot, dit'-il^ en sopprimani f écoulement sanguin postérieur, rend
|X>ssible Tanesthéâie pendant toute la durée de l'opération. »
J'ai eu dernièrement occasion de metti^e en pratique les conseils
domés par IL Verneuii. Il m'a été possible d'endormir mon malade
complètement et sans crainte d'écoulement sanguin dans les voies
aériennes, pendant toute la durée de celte terrible opération. A ce
litre, le procédé «nquel j'ai eu recours m'a paru digne d'être signalé;
on eu trouvera la description dans l'observation •suivanle
Le nemmé G..., de Saint-Nicolas-de-Bourgueit (Indre-et-Loire), ftgé
de 16 ans, maigre et grêle, mm doué d'une bonne santé 4iafoituelle
et issu de parents bien portants, commença à éprouver, il y a dix-buil
mois environ, de la gêne de la respiration nasale, et de l'enchifrône-
ment de la narine gaHChe. L% voix était on même lempe devenue na-
sonnée. Espérant que «es aoeidents cesseraient spontanément, «e jeune
homme resta longtempo sans s'en préoccuper; mais, loin de d48pa-'
raitre, chaque jour yi» étaient plus prononcés. La joue gaoche deve*
nait en outre plus saillante que celle du c6té droit, et il eiistai^t en
même temps un peu de gêne pour écarter les mâchoires.
Survinrent alors, à des intervalles irréguliers, mais assee éloignés,
des douleurs très-vives, irradiant dans teut le côté gauche de la faœ
et du crâne. Ces douleurs, qui duraient quelquefois plusieurs jours,
cessaient ordinairement apr^ l'apparition subite d'une bémorrhagie
par le nez et la bonobe. Le malade estime qu'il perdait environ un
plein verre de sang, puis ThéraorrhagiB s'arrêtait spontanément
LereiOQivde ces douleurs et de ces hémorrhagies devenant plus fré^
quent, le malade réclama «a^m les soins du docteur i.eiaesie (de Bour^
gueil) qui, ayjAt reconnu dans la fosse nasale gauebe la présence d'une
2« série. — TOMB IX. 60
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^ 474 —
production morbide, ea tenta i' arrachement. Il réussit ainsi à débar-
rasser la fosse nasale d'une partie de son contenu et à en rétablir la
perméabilité.
Cette opération ne produisit qu'une très-faible amélioration dans
rétat du malade, que M. Lemesle me fit l'honneur de m*adresser dans
les premiers jours du mois de février 1868.
A première vue, je fus frappé du défaut de symétrie qui existait
entre les deux moitiés de la face. La partie gauche était plus saillanle
que celle du côté opposé et le nez notablement dévié à droite. Les
fosses nasales ne paraissaient contenir aucune production morbide et
l'air les traversait assçz facilement. L'intérieur de la bouche ne pré-
sentait non plus rien d'anormal ; la voûte palatine était très-élevée et-
très-étroite, le voile du palais non déprimé et la cavité pharyngienne
complètement libre. J'introduisis alors le doigt derrière le voile du
palais, et je constatai en ce point la présence d'une tumeur dure, un
peu irrégulière, ayant le volume d'une petite noix et descendant
presque jusqu'au bord libre du voile du palais. Le doigt pouvait être
promené autour de la tumeur, mais je ne pus reconnaître en quel
point se trouvait son implantation.
Explorant ensuite avec le doigt introduit dans le sillon gîngivo-la-
bial la face externe du maxillaire supérieur gauche, je reconnus
l'existence d'une autre tumeur qui venait s'épanouir dans l'épaisseur
de la joue en contournant le bord postérieur du maxillaire. Celte tu-
meur était dure, iodolenie^, un peu aplatie latéralement pour s'appli-
quer sur la face externe dû maxillaire, et avait à peu près le volume
du pouce.
Le diagnostic n'était pas douteux, je me trouvais en présence d'un
polype naso-pharyngien, ayant ua embranchement pharyngien et un
embranchement géniea. La saillie exagérée du maxillaire supérieur
gauche était-elle due en outre à la distension du sinus de cet os par
un prolongement du polype? C'est ce qu'il était permis de supposer.
Restait à résoudre une question importante, celle du traitement à
mettre en pratique. Une opération préliminaire était nécessaire pour
faire l'ablation de ce polype. A laquelle devais-je donner la pré-
férence ?
La résection de la partie postérieure de la voûte palatine, suivant
la méthode de M. Nélaton, ne pouvait me permettre d'atteindre tons
les prolongements de la tumeur. La voûte palatine présentait en outi'e
une disposition ogivale peu favorable pour pratiquer cett^ opération.
11 y avait bien des raisons de penser que la résection partielle du
maxillaire ne fournirait non plus qu'une voie insuffisante pour faire
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— 4*75 —
rabiation du polype. Auf^si est-ce à la résection totale du maxillaire
que je crus devoir donner la préférence.
M. le professeur Yerneuil, auquel j'eus l'occasion de montrer ce
malade quelques jours après, partagea mon opinion. Comme moi, il
jugea l'ablation du maxillaire nécessaire et seule capable d'assurerl
guérison. Cette opération fut acceptée parle malade, mais il réclamait
instamment d'être endormi. Pour satisfaire cette exigence sans courir
la chance de l'introduction du sang dans les voies aériennes, voici le
procédé auquel j'eus recours le 12 mars 1868, en présence et avec
l'aide des docteurs Lemesie (de Bourgaeil), Dugenet (de Tours), et
Thomas (de Ligueil).
Le malade étant couché, je pratiquai le tamponnement de la fosse
nasale gauche, puis le chloroforme fut administré, et c'est seulement
lorsque le malade fut complètement endormi que je procédai à l'opé^
ration.
Je fis une première incision horizontale ou très-légèrement oblique
en haut, partant de l'aile du nez et ayant une étendue de 3 à 4 centi-
mètres. Pour faire cette incision, j'avais saisi la lèvre supérieure
entre le pouce et riûdex gauches, et je m'étais ainsi assuré que le
sillon gingivo-labial serait respecté. Des extrémités de cette première
incision j'en fis partir deux autres : l'une dirigée en haut et en dedans
suivant le sillon naso-génien et ayant envûron 3 centimètres ; l'autre
dirigée en haut et en dehors vers la saillie de l'os malaire dans une
étendue de 4 centimètres. Je respectai ainsi l'intérieur de la bouche,
j'évitai la lésion du canal de Sténon et je ménageai quelques-uns des
filets du nerf facial qui se rendent à la paupière inférieure.
Je procédai ensuite à la dissection du lambeau circonscrit par ces
incisions, puis je pratiquai à l'aide de la scie à chaîne la division de
l'os malaire et de l'apophyse montante du maxillaire. Ces différents
temps de l'opération s'accomplirent pendant l'anesthésie du patient
et, grÀce au tamponnement de la fosse nasale correspondante, sans
qu'une seule goutte de sang pût couler dans le pharynx.
Il me restait à faire la section de la voûte palatine et du bord al-
véolaire, et, pour pouvoir entretenir l'anesthésie sans danger, il fallait
éviter encore l'écoulement du sang dans le pharynx. Pour cela je di-
visai la lèvre supérieure dans toute sa hauteur par une incision verti-
cale parlant de l'extrémité interne de l'incision horizontale que j'avais
faite au début. Puis, je fis serrer fortement, entre les doigts, par deux
aides, les lambeaux résultant de cette incision, de façon à s'opposer
à l'écoulement sanguin, et, ayant arraché la deuxième incisive laté-
rale gauche, je tentai, avec une petite scie à main introduite dans la
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— 416 —
fOBse nasale de diviser le bord ahéolaire et la voûte palatine. Je mt
proposais de pratiquer cette section rapidement en intéressaDl le nt&m
possible la muqueuse, par suite de la facilité avec laquelle se déeolie
le périoste de la voûte palatine ; j'aurais pu ainsi ébranler le maxil*-
taire et en produire la luxation sans qu'il y eût un éoouledoe&t san-
guin notable dans le pharynx. Mais je ne pus réaliser mon programme,
je n'avais à ma disposition qu'une scie à main trop grande et trop
flexible, tandis qu'une scie à main étroite et solide eût été nécesbaire
pour pratiquer cette partie de l'opération. Aussi, reneofntraAi quelques
difficaltés j'eus recours à la soie à ebatne introduite aveo la sondé de
Belloc par une incision du voile du palais. Ce temps de TopératiOb
s'exécuta rapidement et je pus produire la luxation du maxillaire
avant que le malade de fût éveillé. La paroi inférieure du sinus maxil-
laire céda 60US la pression du davier avec kquel j'avais saisi i'os
pour le luxer, et la paroi inférieure de l'orbite fut ainsi presque com-
plètement ménagéOi
Lorsque le malade commença à s'éveiller, je divisai, en terminant
par le voile du palais, les parties molles qui seul^ retenaient le maxil-
laire en place.
J'eus alors lieu de m'applaudir de l'ablation totale du maxillaire ;
le polype était plus volumineux qu'il n'était permis de le supposer
Atant Topération; Je détachai quelques adhérences contractées avec
les parties voisines par rembranchement géuien qui envoyait un pro-
bbgement jusque dans la fosse sygomatique. Poissaisissltnl fortement
le polype, aussi près que possible de son pédicule, avèo un très-fort
davier à résection^ j'en fis la torsion en Tatttrant à moi. Après pla-
sieurs tentatives, mes efforts furent couronnés de succès et j'entraînai
complètement le polypOi €et arrachement ne donna lieu qu'à un très-
léger éeouteïkie&t sanguin. La eavité du sinus sphénoïde qui aurait pu
recevoir une noix éteu conlpilètement dépouillée de son périoste» Le
doigt porté sur le corps du spbénoïde et l'apophyse basilaire ne ren-
contre aucua débris de la tumeur. Je ne crus pas nécessaire de faire
de cautérisation au oiveaù de l'inseriioii du pédicule, «t après m'être
assuré que L'éboulement tangutn avait cessé, je procédai à la réunion
des lambeaux.
Quatorze points du suture furent nécessairas pour obtenir lëurco-
aptalion exacte.
•Les suites de cette opération furent très-simples. !1 y «la uneséaâ-
iioii très légèrt;. Le sixième jour J'ealovai lies âls ovét'tihques. La réu-
nion eut lieu par première ik^tention pour les incisions supérieures et
la plus grande partie de l'incision horizontale. La réuni<m eut lieu
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— 4W —
é^letneM pw première intention dans le tiers infériesr du niveao de
kl lèvre et au niveau de soft bord lil^.
Le mafade qtiitta Tours eomplétemeat guéri dans les premiers jours
du mois d*avrii. Il m'a souvent répété qu'il n'avait pas souffert pen-
dant ropèratioa et n'en avait gardé aucun souvenir.
J'ai eu depuis tors foecasion de l'examiiier avee le miroir pharyn-
gien, il n'y a pas d'apparence de récidive. La créatrice de l'incision
horizontale est déprimée et la lèvre supérieure attirée en haut^il existe
même une encoche, par rétraction de la cicatrice, au niveau de son
bord libre. L'application d'une pièce prothétiqii« pourra reimédier en
partie à cette difformité.
L'examen du polype me montra qu'il avait bien été enlevé complè-
tement. Les figures, que je dois à l'obligeance de M. Blanchet, in-
terne à l'hôpital de Tours, en sont la reproduction exacte et de
grandeur naturelle* Ce polype présentai! l» un embranchement
pharyngien; ^ un embranehement génien, ayant traversé le trou
sphéno-palaCin et 1« fente ptérygo-maxillaire et envoyant un prolon-
gement daBA la fosse. Kygomatique (au-dessous de l'arcade de ee
nom ; cette partie de ia tumeur présente une sorte d'étranglemeoit) ;
3"* un «oibranehement dans la cavité du sinus maxillaire; 4o un
embranchement, peu volumineux, dans la fosse nasale gauche;
5'> enfin un prolongement dans le sinus du sphénmde. Le pédicule
avait à peine l'étendue d'une pièee d'un franc, et sur une partie de sa
circonférence, il etistait de petites lamelles osseuses qui avaient été
arrachées avec lui. Ce polype était très-dur, peu vasculaire et sem-
blait bien évidemment de nature fibreuse. Il présentait cette particu-
larité quii eofvoyalt un prolongement génien trèfr* volumineux , tandis
qu'il ne présentait que des dimensicms assez restreintes du c6té des
fosses nasaies. L*examen de cette pièce justifiait donc bien l'opération
préliminaire que j'avaie pratiquée.
Cette opération a pu être faite pendant l'anesthésie, sans exposer le
patieni aux dangers de la pénétration du sang dans les voies aéri^nes
Dans ce but, j'ai eu recours à un procédé qui m'a été inspiré par la
lecture d'un travail de M. le professeur Yerneuil, dans lequel ce. chi-
rurgien signale les services que peut rendre le tamponnement des
fosses nasales dans un grand nombre des opérations sanglantes qui se
pratiquent sur la face. Ce procédé se rapproche de oeki de Gensoul
par la dh^eetion des incisions, mais il en diffère par leur moiodi'C
étendue et surtout par ia succession des temps de l'opération. Ainsi
au lieu de ûdre d'aliord la section des parties iiiolies , puis celle des
08, l'ai divisé les attaches supérieures du maxillaire et oisuite aei
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— éTO-
pardes inférieures, de façon à ne pénétrer dans la cavité buecale que
pendant le dernier temps de l'opération et seulement après avoir fait
toutes les sections osseuses, ébranlé et luxé le maxillaire qui oe se
trouve plus alors maintenu que par les parties moUes. Grftce au tamr
f»9nnement des fosses nasales, le sang ne peut couler dans le pharynx.
Il n'y a donc plus à redouter sa pénétration dans Jes voies aénennes,
d'où plus de contre-indication à l'emploi des aneBtbéaiques.
BAPPORT.
M. Pavlet lit un rapport sur un travail, de M. Rouge, de Laueanne,
intitulé : Anévrysme de la carotide primitive droite, guéri par la cm-
pre$si0 digitale indirecte et intermittente.
Messieurs ,
Dans le courant du mois d'octobre dernier, la Société de cfairurd^e
a reçu de M: le docteur Rouge, cbinirgien en cbef de l'hôpital can-
tonal de Lausanne, un travail intitulé : Anévrysme de la caroHàe
primitive droite, guéri par la compression digitalCy indirecte et ixdermU-
tente. Ce travail a été renvoyé à l'examen d'une commission composée
de MM. Després, de Saint-Germain, Paulet, et c'est comme rapporteur
de cette commission que je viens aujourd'hui vous ea rendre compte.
Plaeé à la tète d*un important service de chirurgie, l'auteur a eu
plusieurs fois déjà l'occasion d'observer des tumeurs anévrysmales;
c'est ainsi qu'il rappelle, mais brièvement et à titre de simple men-
tiAi^ uo anévrysme du tronc brachio-cépbalique, un autre de l'artère
sous-clavière, un anévrysme sacciforme de l'aorte tboracique et enfin
un anévrysme poplité qu'il a traité et guéri après 120 heures de
compression digitale et mécanique indirecte, intermittente.
L'intéressante observation dont j'ai à vous entretenir est relative à
un anévrysme de l'artère carotide primitive droite. Le malade a
68 ans ; il est vigoureux et a toujours joui d'une excellente santé. Eo
i854, un'lknon de voiture l'atteint à la partie supérieure de la poi-
trine et le renverse évanoui ; mais malgré la violence de cette contu-
èiop, il se rétablit en quelques jours et ne parait pas s'être jamais
ressenti de cet acident.
C'est seulement en 1865 qu'apparut au côté droit du cou une tumeur
d a volume d?ïine noisette; mais l'afiTection était indolente, il là né-
gligea. Deux ans après, en <867, la tumeur s'accroissait rapidement
en même iexûgs qu'apparaissaient des douleurs de plus en plus vives.
Pressé par la souffrance, il se présentait à M. Rouge, qui, assisté de
• deax confrères, diagnostiqua sans peine un anévrysme de la carotide
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Primitive. Le malade se refusa d'aillaurs à toute espèce de traitement
jusqu'à la fin de l'hiver suivant et n'entra à Thôpital de Lausanne
que le 6 mars 1868. A cette époque la tumeur avait acquis 12 centi-
mètres de long sur 11 de large, elle était située sous le sterno-mas-
toïdien droit et s'étendait depuis le bord inférieur du cartilage csir
coïde jusqu'au sommet de Tapophyse mastoïde; son point le plus
volumineux correspondait au niveau de l'angle de la mâchoire. Grâce
aux belles photographies qui accompagnent la relation de M. Rouge,
on peut d'un seul coup d'ceil se rendre un compte exact dtt dévelop-
pement de la tumeur. Quant à sa nature, il n'y avait pas le» moindr#
doute; pulsations, mouvement expansif, bruit de souffle un peu rude,
tous les symptômes caractéristiques des dilatations anévif smales
existaient au plus haut degré et disparaissaient ensemble par la com-
pression de la carotide à sa partie inférieure. La peau n'était ni adhé-
rente ni altérée dans sa couleur. La voix était normale ; la respiration
et la déjglutition s'exécutaient sans gêne. D'après Tau teury^l'anéyrysme
avait son point d'origine à la hauteur du bord supérieur du cai-tjl^tge
thyroïde, c'est-à-dire aji point de bifurcation de la carotide primitive.
Le cou était maigre, l'artère s'isolait facilement et sa longueur au-
dessous de la tumeur était suffisante pour qu'on pût songer à prati-
quer la compression digitale. C'est en effet ce qui fut exécuté à partir
du i2 mars. Le nombre et la durée des séances furent modifiés sui-
vant la tolérance du malade, cependant, en moyenne, la compression
fut maintenue pendant sept ou huit heures chaque jour, on alla même
jusqu'à neuf heures et demie. Dès le second jour, diminution évid^le
des battements. A partir du septième, la tumeur revient notablement
sur elle-même, le sterno-mastoîdien reprend sa direction normale.
Bientôt les battements, les mouvements expansifs et le brujt de souffle
disparaissent. Enfin, le 29 mars, on peut considérer le malade comme
guéri. La compression digitale avait été appliquée pendant dix-sept
jours. Elle avait duré cent trente heures et demie. Toutefois, par
mesure de précaution, on continua à comprimer du 2 dga 25 avril,
mais d'une façon très-intermittente et seulement une heure et demie
par jour.
La guérison a été constatée le 8 mai par tous les membres. de la
société vaudoise de médecine, et depuis cette époque le malade est
resté bien portant.
Tel est en quelques mots le résumé du fait intéressant rapporté par
M. Rouge. Je veux maintenant appeler votre attention sur quelques
judicieuses remarques faitespar l'auteur lui-même et sur certaines par-:
iicularités curieuses qu'a présentées le malade pendant sontraitemeût^.
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Lorsqu'il s'agit de comprimer lu carotide prtmitifo, il semble tovt
oatwrel d'appliquer directement les doigts sar la foee antérieure du Tus-
seau et d'apktir celui-d contre le plan résistant formé par i'apofh jse
transYerse de la sixième Tertèbre cervicale. C'est ainsi que procéda
d'abord le chirurgien de Lausanne; mais les douleurs excessires
oocasionnées par la compression du pneumo-gastrique, l'obligèrent
bientôt à abandonner ce moyen. Le même fait avait déjà été loté
par Gioppi, par D^re, et il l'aura certainement été par tous les ob*
servateurs-qui auront voulu agir de la même façon.
' La compression de Fartère contre le tubercule carotidien suspend
complètement le cours du sang, avesi restepa4^1e toujours comme
une excellente ressource dans les bémorriiagies de la tète et du cou.
Ma» si cette compression doit être maintenue ionglemps, eomme
lorsqu'il s'agit de traiter un anévrysme par la compression indirect»,
elle devient absolument insupportable pour les malade» et doit être
rejetée. *
La même reproche est évidemment applicable à la compression
mécanique de la carotide primitive, car tous les.compresseurs inventés
jusqu'à ce jour n'ont pas d*autre action que d'aplatir l'artère contre la
colonne vertébrale et partant de comprimer en même temps le pneumo*
gastrique. Il est juste d'ajouter que les fâcheux effets de cette com-
pression ne se manifestent pas aussi souvent qu*on serait porté à le
croire, grftce à l'extrême facilité avec laquelle se déplacent les pelotes
de ces instruments. En résumé, quand l'instrument agit, il est iatolé*
raUe; quand il est toléré, c'est qu'il n'agit pas.
M. Rouge voulut aussi faire usage d'un compresseur, mais il dut y
renoncer, Quant à la compression digitale^ il parvint à la rendre sup-
portable pour son malade eu la pratiquant latéralement^ oomme l'avait
déjà fait Gioppi en 1856. Le pouce était placé sous le bord antérieur
du sterno-mastoldien, les trois doigts suivants sous le boixl postérieur
du même muscle^ et l'artère était saisie et comprimée dans cette sorte
de pince. Malgré cette précaution il ne fut pas toujours possible de
maintenir le pneumo-gastrîque isolé du vaisseau, et à plusieurs re*
prises le pincement du nerf occasionna des accès de toux.
Un autre inconvénient résulte de la nécessité d'appliquer les doigts
toujours sur le même point des téguments. L'artère fémorale, l'artère
humérale sont accessibles à la compression dans une asses grande
étendue de leur trajet, et l'on peut, en variant les points d'application
de la force, éviter les excoriations et les escharres de la peau. Au cou,
il n'en est pas de même, ce n'est que sur une tnèfr>petite longueur
qu'on peut agir effioacement sur la carotide : aussi est-il iûenidifffîcile*
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— 481 -
sinon iippQssible^ de conçenrer ^u t^^umeut ]toute i^on intégrité.
Dès le troisième jour Iq malade çU M. JSiQuge avait 4as excoria-
tioqs. Néanmoins, en employant quelques moyens prégervii^ifs iels
quç la poudre de lycopode, le collodion, on put mener à bonn^ fin ce
traitement dont je vous ai déjà fait connaître les bejwux résultais,
interruption subite du cours du sang dans la çarotidç ne parais
pas avoir déterminé d'accidents sérieux du côté de l'encéphale, comme
on Ta observé trop souvent à la suite de la ligature. Le malade s'est
plaint seulement d'un peu de céphalalgie pendant quelques jourç.
Par contre, voici un fait assez singulier que semble avoir produit
Tarrêt de la circulation artérielle. Lors de son entrée à l'hôpital^ l6
malade portait à la face, au point de jonction de la narinç droite ayec
le sillon naso-Iabial, une excroissance verruqueuiBe très-vaspulaire,
grosse comme une noisette. Pendant }b cours de la compression, cette
petite tumeur se flétrit, se sphacéla, çt rulçératipn qui réj5ulta dç Ja
chute de Fescharre devint le point de départ d'un érysipèle qui ^agna
le cuir chevelu, la face entière et le cou. Preuve évidente qu? {^9
anastomoses artérielles entre les deux moitiés de la face ne sont pas
toujours suffisantes pour rétablir rapidement te cours du sangl
Enfin, il existait une cataracte double, un peu plus avancée h
droite qu'à gauche. Après la «juérison de l'anévrysme, la cataracte
était restée stationnaire du côté gauche, tandis que l'opacité du cris-
tallin était devenue complète du côté où la carotide avait été com*
primée.
M. Rouge termine son travail en rappelant sommairement )çs cas
connus jusqu'ici et dans lesquels la compression digitale a été appli-
quée au traitement des anévrjsmes de la tête et du cou. Ces ca^ ^oni
au nombre de quatre. Le premier appartient à Gioppl de Padoue, n
est relalit à une femme de 42 ans, guérie en quatre jours d^un ané-
vrysme de Tartère ophthalmique gauche par la compre&sion de la ca«
rotide primitive (fiioniale d*oftalmotogia iîaliano 1858, fasc. 4 et 5. —
Annales d'octUistique 1858, 5« et 6« livraisons).
Au mois d'avril 1858, Vanzetli guérit une femme de 49 ans atteinte
d'anévrysme de Tartère ophthalmique gauche. Quinze jours de traite-
ment, sept heures vingt minutes de compression en tput, suffisent pour
amener la guérison (Petiteau, Thèse de Paris, 1858, n*» 255. — Ar-
chives générales de médecine^ décembre 1858).
En 1860, Deiore essaye la compression digitale sur un homme de
63 ans. L'anévrysme siégeait sur la carotide primitive gauche, il avait
le volume d'une orange. Il fut impossible de saisir l'artère en passant
derrière le sterno-mastoïdien, il fallut comprimer directement contre
9' sérU. — TOME IX. 61
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— 182 —
a colonne rerlébrale, et les douleurs furent tellement vives que le
malade refusa de continuer (Gazette des Hôpitaux, 1860).
En 1863, Scheppard obtint un beau succès après cinq semaines de
compression. L'anévrysme siégeait sur la carotide droite {Médical
tmes^ 1863. — Gazette hebdomadaire, 19 février 1864. — France mé-
dicale^ 30 mars 1864).
 ces quatre cas nous en joindrons un cinquième, communiqué à
TÂcadémie de médecine en 1864 par M. Legouest. T\ s'agissait d'un
anévrysme de Tartère ophtbalmîque contre lequel la compression di-
gitale resta sans résultat, et dont la ligature de la carotide amena la
guérison.
En somme, fur six malades traités par la compression digitale,
quatre ont guéri. Malgré leur petit nombre, ces chiffres suffisent pour
placer ce moyen en première ligne, d'autant plus qu'il n'a jusqu'à
présent occasionné aucun accident sérieux. D'ailleurs, en cas d'insuc-
cès, le chirurgien est toujours le maître d'avoir recours à la ligature
s'il la juge praticable.
Outre le travail manuscrit dont je viens de vous rendre compte,
M. Rouge a encore adressé à la Société un certain nombre de bro-
chures dont nous avons pris connaissance avec le plus vif intérêt,
mais dont je ne puis que vous signaler les titres pour ne pas augmen-
ter outre mesure les dimensions de ce rapport. Ce sont :
10 Quelques mots sur l'uréthrotomie interne^ avec observations à
l'appui.
2« Une observation d'anévrysme poplité guéri par la compression
digitale et mécanique, indirecte, intermittente.
3"" Une observation de rhinoplastie, dont il vous a déjà été rendu
compte par M. le secrétaire général, et dans laquelle a été employé
un très-ingénieux procédé qu'on pourrait appeler : procédé par glis-
sement d'un pont cutané.
4» Un travail sur la palato-plastie avec trois observations,
"ae brochure intitulée : Âutoplasties diverses de la face,
ifin, une série d'articles insérés dans le Bulletin de la Société
3 delà Suisse romande, journal dont Fauteur est le rédacteur
ss ces publications renferment des observations sérieusement
3 et des appréciations critiques d'une valeur réelle,
t à l'observation d'anévrysme carotidien sur laquelle je me
plus longuement étendu, elle constitue un fait important, d'une
icité incontestable, et contribuera pour une large part à établir
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— 483 —
la valeur de la compression digilale pour le traitement des ané-
vrysmes de la carotide primitive ou de Tune de ses branches.
En conséquence, votre commission a Thonneur de vous proposer
4° D'adresser des remerciements à M. le docteur Rouge pour sa
communication ;
2"" D'inscrire son nom siur la liste des candidats au titre de membre
correspondant étranger;
S** De donner place à son observation dans vos bulletins.
AnéTrysme de la carotide primitive droite. Guérlson par la
compreflaioii dl|fitale iadireete interanittente,
Par M. le D' Rouge (de Lausanne).
Dans notre pays les anévrysmes sont rares. Grâce au concours de
circonstances diverses, j'ai cependant eu l'occasion d'en voir plusieurs
en quelques mois. Le premier était un auévrysme sacciforme de l'aorte
descendante ; la tumeur faisait saillie en arrière à gauche, entre le
bord spinal de l'omoplate et les apophyses épineuses des premières
vertèbres dorsales. Le malade, âgé de 41 ans, avait été occupé pen-
dant deux ans à charger des wagons de ballast sur une ligne de che-
min de fer; depuis il avait quitté ce pénible métier pour exercer la
profession de jardinier.
A plusieurs reprises, il ressentit de vives douleurs dans le côté
gauche ; on les traita comme points pleurétiques. Un jour, à Fran-
gins, il arrachait des arbres qu'il devait traîner tout seul à une cer-
taine distance jusqu'au chemin. Après un effort vigoureux, il ressentit
des battements à l'épaule et fut forcé de quitter son ouvrage. Il vint
alors à l'hôpital de Lausanne. Le malade présentait derrière l'épaule
gauche une tumeur ayant 42 centimètres dans le sens vertical, 7 dans
le sens horizontal; elle était le siège de battements isochrones à ceux
du pouls; on entendait des bruits aussi éclatants qu'à la région du
coeur; il existait un léger souffle au premier temps. Ce malheureux
mourut subitement, après avoir craché quelque peu de sang.
A l'autopsie on constata, ce qui d'ailleurs avait été facilement dia-
gnostiqué, que la quatrième et la cinquième côtes sont fracturées et
livrent un large passage à la tumeur; la troisième côte est érodée,
ainsi que le corps des troisième, quatrième, cinquième et sixième ver-
tèbres dorsales; on remarque l'intégrité des disques intervertébraux
qui sont conservés et font saillie sur le profil de la colonne; il y a
donc eu un travail de résorption rendu impossible dans les cartilages
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— 484 — .
par ràbsence de vaisseaux, facilité aa contraire par la vascularîsation
du tissu osseux. La poche anévrjsniale énorme présente une large
perforation à l'endroit qui s'appuie au rentricule gauche ; cette solu-
tion de continuité n'est-elie pas le résultat d'une sorte d'usure égale-
ment due à un trarail de résorption activé par les chocs que se don-
naient réciproquement le ventricule et la tumeur ? L'anévrysme con-
tient une épaisseur notable de caillots stratifiés. Le poumon gauche,
aplati, comprimé, réduit à Tépaisseur d'une feuille de papier d'embal-
lage, a perdu les quatre cinquièmes au moins de son volume normal.
Pau d« tMDp» aprô» je nç«» ùam sioa Btrviû» un honmo d^ ^% aa»,
atteint d'Mérnjsma poplifeé; il guérit on dii JMuni, après iSO heures
de compression digitale et mécanique^ indirecta, intermittente (1).
M. le docteur Fonjailaz nous amena un jour à la consultation de
l'hôpital un vigneron d'âge mûr, porteur d'un anévrysme du tronc
brachio-céphalique ; cet individu a succombé chez lui à une lente
asphjiie.
Nous venons de voir un anévrysme de la sous-clavière chez un
jeune Italien vigoureux^ âgé de 30 ans ; la tumeur est énorme, elle
s'étend du tiers externe de la clavicule jusqu'au bord supérieur du
sternum, derrière lequel elle disparaît, ce qui me fait croire que le
tronc innominé est aussi compromis; il existe des vertiges et des
accès de sufiTocalion. Nous avons -conseillé, sans grand espoir à la
vérité, le traitement de Valsalva et la digitaline à la dose de 3 milli-
grammes par jour.
En janvier, M. Fonjailaz me présente un second malade» voisin du
premier ; il était atteint d'un anévrysme de la carotide. C'est lui qui
sera le sujet de l'observation suivante.
Louis F... est âgé de 68 ans. Il habite le village de Grandvaux,
situé sur le flanc de ces riants coteaux dont les pentes rapides relient
les hauteurs boisées du Sorat au bassin du Léman. Yigneron et fils de
vignerons, il raconte que dans sa famille on ne connaît que la santé;
son excellente constitution vient appuyer son dire Robuste et bien
musclé, il est d'une taille au-dessus de la moyenne ; ses yeux sont bruns,
vifs; ses cheveux abondants et foncés; son teint hàlé par le soleil.
En 1^54, il aidait un de ses voisins à manœuvrer un char pesant,
il fut alors violemment frappé, par l'extrémité du timon à la partie su-
périeure de la poitrine; il s'évanouit, car le choc avait été rude, et le
médecin appelé constata, dit-il, une luxation de l'extrémité steroale
(1) ÙuUetm d*la Société vaudoi$e de médecine, 1867, n» 10.
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. - 485 ^
de la clavicule droite. Peu après il reprit ses laborieuses occupations
et ne se ressentit point de cet accident.
n y a trois ans, F... s'aperçut un jour de la présence au côté droit
du cou d'une tumeur grosse tout au plus comme une noisette; elle
était située sous le sterno-mastoïdîen, à peu près à la hauteur de
Textrémité supérieure du tiers inférieur de ce muscle. La tumeur
augmenta de volume d'une manière insensible. Elle n'éveilla aucune
douleur jusqu*en septembre 1867. A dater de cette époque, elle devînt,
dans les mouvements de rotation de la tête, le siège d'élancements ;
toutefois ces a lancées », comme il les appelle, n'étaient pas cons-
tantes. Â la fin de Tannée 1867, la tumeur prit un développement
plus rapide ; en même temps la douleur se répétait à intervalles plus
rapprochés, les mouvements de rotation du cou devenaient plus diffi-
ciles, le cou était souvent a raîde ». Je vis F... à ce moment, en con-
sultation avec M. le docteur Fonjallaz et M. de la Harpe, médecin en
chef de ThÔpital cantonal. H n'y eut pas d'hésitation sur le diagnostic,
on reconnut un anévrysmede la carotide. L'un de nous émit l'avis de
lier le plus tôt possible vu le développement rapide de la tumeur; il
était selon lui ^ craindre qu'en temporisant la poche ne s'étendit, de
manière à rendre plus grands les dangers de la ligature, qui devien-
drait peut-être impossible. Le malade refusa les secours de l'art ayant
pleine confiance dans la vigueur de sa constitution. Cependant à la fin
de février 1868, l'augmentation de la tumeur et l'intensité croissante
des douleurs inquiètent assez notre vigneron pour le décider à prendre
place à l'hôpital de Lausanne, tl y fut adnûs le 6 mars dernier, voici
dans quel état.
La santé générale est bonne, les diverses fonctions s'accomplissent
bien. Sans l'existence au côté droit du cou d'une tumeur de la gros-
seur du poing, F... s'estimerait heureux. Cette tumeur suit la direc-
tion du sterno-mastoîdien ; elle commence à la hauteur du bord infé-
rieur du cartilage cricojde et remonte jusqu'au sommet de l'apophyse
mastoïde. A son point le plus large, elle est limitée en dedans par le
cartilage thyroïde, en dehors par le sterno-mastoîdien, qu'elle dépasse
un peu» renaplissant ainsi toute la région comprise entre l'oreille et le
maxillaire inférieur en haut, le sterno-mastoîdien en arrière, le larynx
en avant. Elle mesure 12 centimètres de longueur, 11 de largeur.
Elle est arrondie, oblongue plutôt ; son sommet répond à l'apophyse
mastoïde ; en se développant, elle a repoussé en dehors et en arrière
le muscle sterno-mastoîdien à sa partie moyenne; sa circonférence
n'est point partout la même, et sa partie la plus saillante se trouve à
la hauteur de l'angle de la mâchoire, qui est enlièremcnt effacée. La
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— 486 —
peau a sa coloration normale, elle est sillonnée par quelques rides
ayant dans leur ensemble une direction oblique de haut en bas et
d*arrière en avant. La pression, la palpitation ne sont pas doulou-
reuses. La tumeur est animée de pulsations isochrones aux battements
du cœur. Elle présente des mouvements d'expansion appréciables à
Fœil; les doigts appliqués sur deux points opposés constatent de la
manière la plus nette cette augmentation delà tumeur pendant la sys-
tole ventriculaire. A Tauscultation, on perçoit un bruit de souffle assez
rude au premier temps, plus doux au second. Tous ces phénomènes,
pulsation, expansion, bruit de souffle disparaissent parla compression
de la carotide. Il n'existe pas de gêne dans la déglutition, la respira-
tion est libre, le timbre de la voix normal. Le malade est sujet aux
vertiges, il a des bourdonnements fatigants dans les oreilles, il ne
peut dormir du côté droit à cause du bruit occasionné par les batte-
ments.
Je priai M. le docteur Recordon, médecin de Tasile des aveugles de
Lausanne, de bien vouloir examiner les yeux de F... M. Recordon
constata l'existence, à l'éclairage oblique, d'une double cataracte à
son début, plus avancée à droite qu'à gauche; en outre l'ophthalmos-
cope vint révéler une scléro-choroïdile postérieure (gtaphyloma pos-
ticum) de l'œil droit. Ajoutons encore qu'à la face, au point de jonction
du sillon naso-labial avec la narine, il y avait à droite une excrois-
sance verruqueuse assez considérable, sillonnée de petites varices. Le
cœur, ausculté avec le plus grand soin par plusieurs de nos confrères,
par notre collègue M. de la Harpe, médecin en chef de l'hôpital, et par
nous, n'a présenté aucun bruit anormal. Le pouls, un peu irrégulier,
était à 80. Les battements de la temporale étaient bien plus faibles à
droite qu'à gauche.
Voici le tracé des pulsations de la radiale pris du côté malade et
du côté sain, dans la môme séance, avec le sphygmographe de M. Marey.
Tous les phénomènes que nous venons d'exposer ont été constatés,
vérifiés et contrôlés par un grand nombre de médecins, parmi lesquels
je citerai MM. Fonjallaz, médecin du malade; Zinmier, ancien in-
terne de l'hôpital cantonal; de le Harpe père et fils; Recordon; Ma-
zelet, membre du conseil de santé; Chavannes, professeur; Morax et
Odier, tous deux anciens internes des hôpitaux de Paris; Joël, mé-
decin de l'hôpital des Enfants, et bien d'autres encore. Tous véri-
fièrent l'exactitude du diagnostic posé en premier lieu par M. Fon-
jallaz, puis par nous. Les signes d'un anévrysme de la carotide
droite étaient tellement évidents, si nombreux, qu'il n'y avait pour
personne d'hésitation possible.
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— 487 ^
Il restait à préciser plus complètement le diagnostic. La tumeur
descendait, avons -nous dit, au-dessous du bord supérieur du carti-
lage thyroïde. Or, on sait, et M. Richet Ta bien établi, que c'est, chez
rhomme, à cette hauteur que se trouve la bifurcalion de la caro-
tide (!)• Il n'y avait aucune difficulté dans la déglutition, et Ton ne
sentait aucune tumeur, aucun battement dans le pharynx ; l'ané-
vrysme de la carotide interne devait être écarté ; la tumeur qui des-
cendait sur la carotide primitive partait évidemment de sa bifurcation,
de ce renflement qui, au dire des auteurs, est le siège de prédilection
des anévrysmes de cette artère {2) ; je diagnostiquai un anévrysme
sacciforme partant de ce point du tronc carotidien droit.
Je résolus de traiter mon malade par la compression digitale. Le
cou était maigre, le sterno-masloïdien se dessinait avec netteté, for-
mant un relief bien accentué ; le vaisseau s'isolait assez facilement ;
sa longueur au-dessous de la tumeur était suffisante pour qu'on put
comprimer l'artère avec les doigts. Je n'eus pas de peine à décider
F..., homme résolu, tenace et patient. Sa persévérance ne se démentit
pas un instant pendant le cours du traitement, elle soutint la nôtre et
nous conduisit au succès.
Je rassemblai quelques aides. Ceux-ci, qui avaient encore présente
à la mémoire la guérison par la compression d'un anévrysme poplité,
se prêtèrent avec complaisance à Texécution de mon plan ; je comptais
sur M. Guibert, interne de service, qui eut soin de prendre des notes
et de veiller en mon absence à la bonne marche du traitement ; sur
M. Mercanton, élève en médecine; sur mes infirmiers et sur les per-
sonnes de bonne volonté qui voudraient bien se dévouer avec nous.
Je dois dire que ce dernier espoir ne se réalisa point, nous restâmes
réduits à nos propres forces; je dois même constater, car c'est un fait
qui sert à expliquer peut-être pourquoi la compression digitale n'est
pas appliquée plus fréquemment, que l'hôpital fut privé quelque temps
de ses visiteurs habituels, qui craignaient les ennuis d'une réqui-
sition.
La compression digitale est, en effet, ennuyeuse et pénible. Quoi-
qu'il en soit, secondé par la bonne volonté du malade et de mon per-
sonnel, encouragé par un succès récent, on se mit, le 12 mars, à la
besogne.
(1) Nottviou Dictionnaire de médecine et de cMrwrgie pratiques, — Carotide.
(2) D'après quelques pathologistes, les dégénérescences atbéromateuses de
la carotide primitive se trouvent le plus souvent à Tangle que forment entre
elles ses deux branches secondaires.
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— 488 —
Qu'on ipe perm^tt^ quelques mots. J*ay{iis cherché quel était le
ipfjeii Je moins douloureux de comprimer Tarière. J*eus recours à la
çoropreçsion contre la «ixième yertèbre cervicale ; ce procédé me pa-
raissait le moips fatigant, mais il causait une douleur si vive que
»otre homme ne put le supporter. Je pris alors la carotide entre le
pouce de la m^n gauche placé en avant sur rartère, et les deux ou
trois doigts suivants appliqués en arrière sur la face postérieure du
du vaisseau qu'on serrait ainsi en Tisolant de la jugulaire et même du
pneumo-gaslrique. C'est ce procédé qui fut employé. Son mécanisme
fut rapidement saisi par nos gens, qui se rendaient d'ailleurs parfai-
tement compte à vue d'mil de la manière dont ils comprimaient, h Tap-
p^ition comme à la disparition des battements de la tumeur. Chacun
faisait la compression pendant un quart d'heure à peu près; on pou-
vait tenir plus longtemps si l'on changeait de main, on parvenait aussi
)t soulager les doigts occupés en les serrant avec ceux de la main
Le malade était commodément assis sur un fauteuil^ la tète
loi^enue par un dossier; la personne qui comprimait restait ordiïiâi-
rement debout ; assise, elle pouvait agir, mais avec moins de facilité.
Le patient me £t renvoya deux aides qui lui causaient une douleur
atroce. Il préflérait mourir^ disait-il, plutôt que de subir la compres-
sion faite par ces employés, plus vigoureux qu'intelligents. Celte
double élimination nous réduisit à cinq. C'était assez ; nous étions
tous pleins de;^le etd'e^oir.
d2 mars ; 7 heures de compression. — On commence la compres-
sion le 13 max^ à dix heures du matin. Nous avons recouvert de
poudre de lycopode l'endroit où les doigts s'appliquent. Au bout de
deux heures, 1^ malade, qui n'a jusqu'ici présenté aucun symptôme
du côté des o]:gaîies de la respiration, est pris d'accès de toux, dus
probablement h la compression du pneumo-gastrique. Cette toux nous
gène beaucoiip^ car à chaque effort les mouvements déplacent l'artère
qui parfois nous échappe. F... supporte l)ien le traitement. A deux
heures, je luiXais donner un verre de vin; à cinq heures, on suspend
la compression. La peau est ropge, l'épiderme s'enlève, compresses
4'eau dp Goujiard.
13 mars î 7 heures. — F... raconte que, pendant la nuit, il s'est
couché parfois sur l'oreille droite pour constater s'il était survenu
quelque changement dans son état ; il prétend que les battements sont
moins forts, moins btuyants, La auueur paraii un i^eu plus d<ufe k ia
pression. Les pulsations sont évidemment moins énergiques. Le bruit
de souffle au premier temps semble avoir perdu sa rudesse. La com-
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pression est faite sans interruption de neuf heures du matin à quatre
heures du soir. Gollodion sur les points comprimés.
14 mars : 7 heures. — La compression est reprise à dix heures du
matin. Aujourd'hui le pouls est inégal et yif sans cause appréciable.
Le malade a pu constater les bons effets du traitement ; c'est toujours
lanuitqu'ilfait ses petites obseryalions en appuyant le côté maladesur
son coussin; lés battements, le bruit de Toreille diminuent. Toutefois
le soir à cinq heures, lorsqu'on cesse la compression, nous ne consta-
tons depuis hier aucun progrès.
15 mars ; 6 heures. — Ce matin, diminution marquée dans Tinten-
sité des pulsations; la tumeur paraît aussi moins volumineuse. F...
nous dit qu'étant couché, il y ayait des moments oii il lui était im-
possible de distinguer, par la perception des battements, le côté de
l'anévrysme. Commencée à 7 heures du matin la compression est sou-
tenue jusqu'à une heure ; elle est alors abandonnée jusqu'à cinq heures
du soir et reprise pendant une heure. M. le docteur Recordon, qui n'a
pas vu notre malade depuis le début du traitement, trouve une dimi-
nution manifeste dans le volume de la tumeur. La peau est excoriée,
compresses d'eau de Goulard.
16 mars : 7 h. 3/4. — On comprime de huit heures et demie à midi
et quart, repos jusqu'à une heures, on reprend jusqu'à quatre heures,
nouvelle interruption jusqu'à cinq heures trois quarts, sé.ance d'une
heure. La compression est très-douloureuse à cause de l'ulcération de
la peau, en arrière comme en avant.
18 mars : 7 h. i/4. Les excoriations sont recouverles d'une couche
de eoUodion. La compression est faite de huit heures et quart du
matin à midi un quart. M. le docteur Fonjallaz, qui vient voir le ma-
lade, est surpris des progrès que la compression a provoqués; il
trouve que c'est surtout à sa partie inférieure que la tumeur a dimi-
nué ; il constate aussi que l'expansion est considérablement.amoindrie.
Séance de trois heures à six heures un quart.
18 mars : 9 heures. — Pas de changements appréciables depuis
hier. Compression continuée pendant neuf heures.
19 mars : 10 heures. — Ce matin, les modifications sont sensibles.
La tumeur est plus dure et sa forme a changé ; elle est devenue glo-
buleuse, sphérique. Le sterno-mastoïdien, qui se trouvait repoussé en
arrière, a repris sa direction normale. Les pulsations ne sont presque
plus appréciables àl'orâl. Le retrait de la tumeur a démasqué la saillie
du maxillaire inférieur. La compression est exercée sans interription
de huit heures à, quatre heures» puis suspendue jusqu'à cinq heures
^•térie, — tome ix. ^i*
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T- 490 —
et pepri»fi jusc^u'à Mpt beurea <lu soir. Le malade éprouye des yer-
tigei.
90 mars : 9 heures. — Compression de huit heures et demie àn^idi.
Le sillom entrç Taaéyrysme et la mâchoire s'est accusé dayantage, La
tumeur ue xqesure plus que 9 centimètres en hauteur sur 9 1/2 en
largeur. Après midi, compression pendant cinq heures et demie. Cé-
phalalgie légère, accès de toux pendant la compression.
31 marn : 9 h. 1/2. — Séance de huit heures et quart à midi et
quart. La tumeur a diminué, elle a 8 centimètres de hauteur et 9 de
largeur. Apparition de rides nouvelles et prononcées sur Tanévrysme.
Cinq heures et demie de compression après midi. Céphalalgie conti-
nue, mais légère.
22 mars : 7 heures. — Quatre heures de compression le matin.
Trois heures après midi. Pas de changements.
23 mars : 9 h. 1/2. — On comprime trois heures et deiple le matin
et six heures après-midi. Le sillon entre le maxillaire et la tumeur se
creuse de plus en plus. Apparition de nouveaux plis à la peau. L'ex-
pansion n'est plus perçue qu'à la face externe de Fanévrysme.
24 mars : 9 heures. Trois heures de compression le matin. La tu-
meur est de consistance Qbreuse : 8 centimètres sur 8 1/2. Disparition
du bruit de souffle au second temps. Six heures de compression le
soir.
25 mars : 7 heures. -— Deux heures de compression le matin. M. le
docteur Odier, de Genève, constate avec nous la disparlSûn îles bat-
tements, qui persistaient encore hier dans la partie externe de la tu-
meur. Après midi, on comprime cinq heures.
Notons ici qu'à partir du second jour ^e la oompreuion, F... s'est
plaint de picotements et de douleurs landuantes dans le bras droit,
le tout suivi d'engourdissement momentané du membre, résultat du
pincement de quelques filets nerveux.
: 26 mars : 7 heures. — Compression pendant sept hearcs. Plus de
céphalalgie depuis quatre jours.
27 mars : 7 heures. — Sept heures de eompresiion trèa-dntermât-
tente.
S8 mars : é h. i/2. — - Quatre hem^s et demie de compretaion. La
tumeur est excessivement dure. Plus d'expansion, plus de batieoaenta.
Le malade dort indifféremment sur l'un ou l'autre côté. On ces^e la
compression. Mon personnel, dont la persévérance n'a été égalée que
par la patience du malade, est tpès-fat^é« Pendant le cours du trai-
tement j'avais fait exécuter un appareil pour suppléer à nos deigts;
C'était un collier en toile, convenablement mûtelassé, qui se fixait bo*
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— 491 —
lidement à faide de courroietr passant ààut les bras; deoi^s pour«
Tues &e pel<ytes éïaâtnt disposées de façon à prendre la cai^tide, t'une
par devaiil et Tautre par derrière. Màlbetireusemen! cet- appawil, tnri
établi par le fabricant, ne put jamais remplir son but. J'ali regfrette^ô
de ne pas avoir à ma disposition le compresseur à premlon éla6t^[Ué
de Duval, <|tiî me ](yaràtt devoir être mfftnx supl^é (|Ué le cOUfbr.
C'est pe*t-Ôtre ici le lieu de dîre qrfà plusieurs ïeprise* Jéf tctfitAl lu
compression de Tartère contre la siiîème cervicale. Ellé^ était 'éf deih
loureuse qu'on dut toujours l'abandonner, et, malgré la présence des
plaies, oblitérer le yaisseawén le nétifmt^mmleB doigts.
Gomme tout allait bien, je laissai le malade pendant quatre jours en
observation ; je ne fis qu'appliquer sur Tanévrysme une latge COi:^be
de collodion ; on prescrivit quelques granules de digitaline.
2 avril. — La compression digitale, reprise par prudence, efft faite
en moyenne une heure et demie par jour d^e manière très«intermit-
tente jusqu'au 25 avril.
La guérison de l'anévrysme fut accompagnée d*un fait assez singu-
lier. J'ai dit ^e F... avait à la joue droite, au coin du nez, une ex-
croissance verruqueuse de la grosseur d'une noisette et richement
vascularisée. Or, pendant le Cours de la compression, cette tumetfr
se flétrit et se sphacéla. L'ulcération qui résulta dé la chute de Tes-
chare devint le point de départ d'un éfysipèle, qm' gagna h cuir die-
velu, la face entière et le cou. *^
8 mai. -* Je présente V... à la Société vaudoise de médecine. T6us
les membres constatent l'entière guérison de l'anèvrysme carotidien.
Il n'y a plus de bruit de souffle dans la tumeur, qui offlre !a dureté
du squirrhe; fl n'existe plus de battement». M. le docteerr' RecordoA
veut bien examinera nouveau les yeux de lùon malade. La cataracte
à gauche est restée stationnaire, tandis qtf à droite (côté malade}
Popacité complète du cristallin empêche l'examen do fond de roeïï.
F... sort te lendemain de l'hôpital. Je l'ai revu depuis : la guérisoti
ne s'est pas démentie; Il persiste un peu d'enronetnent.
Voici le tracé sphygmographique pris ce jour aux deux radiales. Il
diffère d'une manière bien remarquable de celui que j'ai donné pAus
haut.
En résumé, notre malade a subi 16S heures de compression qui se
répartissent ainsi quil suit : 130 h. 1/2 en 17 jours et 34 h. 1/âl en
23 jours. Pendant 16 jours, on a comprimé de 7 à 9 heures de temps
en moyenne (une fois pendaùt lô heures). Un jour la compression
a duré i h. 1/2 et pendant une série de 23 jours on ne comprime que
1 h. 1/2.
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— 492 -
M. ViUiNBUiL. Grâce au cas de M. Rouge et à quelques autres ob-
servationi rassemblées par M. Paulet, le pronostic de L'anévrjsme de
la carotide devient moias grave. On pourrait rapprocher de ce fait un
cas de M. Giniselli, dans lequel la compression fut faite, pour ainsi
dire, en jouant.
Je veux rappeler que lesanévrysmes peuvent guérir sans qu'on fasse
de compression trop fatigante et trop prolongée, ainsi que le démontre
d'ailleurs le rapport de M. Paulet.
PâBSBNTATION DB PIÈGES.
M. le docteur Pbestat (de Pontoise), membre correspondant, pré-
sente k la Société les deux pièces anatomiques relatives aux deux faits
suivants :
1* Polype fibreux de l'utérus enleTé à Talde de réerasenr
linéaire.
Dans les premiers jours de novembre, je fus appelé à Puyseux,
près d'une femme de 35 ans, domestique, qui, depuis plusieurs mois ,
perdait incessamment eu quantité modérée.
Elle avait éprouvé dans la nuit une perte très- abondante.
Cette femme, qui jusque-là avait refusé de se laisser examiner, y
consentit, vaincue par la nécessité.
Je constatai la présence d'un poljrpe volumineux, engagé dans Tori-
fice de r utérus et remplissant la cavité du col. Le museau de tanche
était fortement serré sur le polype et ne permettait pas Tintroduction
du doigt. La perte était suspendue au moment de mon examen.
Le seigle ergoté, pendant quarante-huit heures, à la dose de
8 grammes par jour, dans une potion, favorisa la sortie du polype au
dehors de Tutérus» et le surlendemain, le toucher m'apprit que le po-
lype était implanté sur la paroi antérieure du col. Le pédicule, que
circonscrivait facilement le doigt, avait environ 1 centimètre d'épaisseur
et avait très-peu de longueur.
A l'examen au spéculum, la partie visible de h tumeur paraissait
couleur de lie de vin, saignante, vasculaire.
Des injections très-froides furent pratiquées pendant trois jours, que
je jugeai nécessaires pour rétablir un peu les forces de la malade,
affaiblie par la perte de sang.
Avec un écraseur linéaire, aidé de mon confrère le docteur Thibaut,
ex-médecin princifal de la marine, j'embrassai le pédicule de la tu-
meur préalablement amenée avec des érignes, et la section en fut faite
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— 493 —
avec beaucoup de lenteur» dans la crainte que le pédicule ne contint
des vaisseaux volumineux et pour me mettre à Tabri d'une hémor-
rhagie.
La section n*amena pas d'écoulement de sang. Pendant quelques
jours, il y eut un écoulement à apparence lochiale.
Les suites de cette opération ont été aussi simples et aussi heureuses
que possible.
Le quinzième jour, cette malade se levait, et aujourd'hui, elle est
complètement rétablie.
La tumeur que j'ai enlevée avait S centimètres de long sur 2 1/2
de large. Elle criait sous le scapel. La partie inférieure laisse voir à
la coupe dQ petits foyers hémorrhagiques et de nombreux vaisseaux
près de la surface de la tumeur. 11 est probable qu'une partie de
l'écoulement sanguin se faisait par ces vaisseaux.
M. Heryez de Chégoin. Je doute que ce soit un polype fibreux
que M. Prestat nous ait présenté.
M. Prestat. Après l'excision delà tumeur, il n'y a pas eu d'écoule-
ment de sang, et je suis bien convaincu qu'il s'agissait d'un polype
fibreux, mais je dois avouer que certains points de la tumeur étaient
très-vasculaires.
2* Consolidation spontanée d'une firactnre da col du ffémar
en deux mois et demi» chez une femme de 96 ans.
J'ai observé, au commencement de cette année, un cas de fracture
du col du fémur, qui présente quelque intérêt à cause du grand âge
de la malade.
Madame L..., âgée de 96 ans et demi, fit, en se levant, dans les
premiers jours de février, une chute dans sa chambre. Elle tomba sur
le côté gauche. Je fus immédiatement appelé, et je constatai une frac-
ture extra-capsulaire du col du fémur gauche. Notre confrère, le doc-
teur Maisonneuve, appelé en consultation, conseilla de maintenir le
membre au moyen d'un appareil composé d'une attelle articulée au
niveau des articulations de la hanche et du genou et maintenue par
une ceinture et fixée sur la cuisse et au-dessus du genou. L'indocilité
de la malade rendit cet appareil complètement inutile.
La malade ne garda le lit que quelques jours et passait ses journées
assise dans un fauteuil.
Au bout de deux mois, la fracture était consolidée avec un raccour-
cissement de 4 à 5 centimètres, et au commencement du troisième
mois, madame L..., soutenue par deux domestiques, commença à
marcher. La faiblesse des mains excluait l'emploi de béquillei.
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— 494 —
Depuis le sixième mois, à partir de l'accident, madame L... put
marcher arec une canne.
Il est très-important de noter que cette dame, malgré ses 96 ans, est
bien conservée, qu^elle a sa mémoire, son înteUigence, et ne semble
pas atoir plus de 80 ans.
LlCTUll.
M. DuMÉNiL, chirurgien en chef de rflôtel-Weu dfe Rouen, lit «il
travail intitulé i Corp fibreux de Fuiêrus, Mminatwn sporHùnêô, à ita-
vers tes parois ûMominales^ ^vne partie de la imneur,
HadaiheX..., d'EHyeuf, josq^e-là trèB^bien portante, mariée, ha^^
tuellement bien réglée, maisf n'ayant pas eu d'cwfanfir, oémmença à
éprontef , vers Fflge de 3f7 ans, des dolilerfrs dans le cdté gatiehé du
bas-ventre. Ces douleurs s'accompagaèrent d'un dérangement dans les
règles cartetérisé par des retards de deux on trois mois sdternant avec
des pertes simulant de véritables faudsescouehes. Ceë pertes se renou-
velèrent pendant deol onti'ois ans, puis les règles se rétablirent d'une
façon normale jusqu'au mois d'août 1867, époque à laqtielleeHes ces-
sèrent définitivement.
Un an après le début des douleurs, qui eurent toujours leur siège
principal à gauche, le ventre commença à se développer par Tappari-
tion d'une tumeur qoi s^aecrut lentement et progressivement de bas
•n haut.
Quatre ans après le début de la maladie, il y eut une recrudescence
assez violente des doaleurs habftuelles avec accompagnement de fièvre
et de Tomissement. Le médecin qui donnait des soins à la tnalade re-
connut une péritonite partielle. Ces accidents inflammatoires se renou-
velèrent à deux ou trois reprises et cédèrent à une médication assez
simple. Dans Tintervalle de ces récidives de souffrances aiguës, cette
femme, très-courageuse et très-patiente, reprenait son travail d'ou-
vrière de fabrique.
Vers le milieu de f867, sOd médecin, croyant à l'existence d^an
kyste de Fovaire et espérant la soulager, fit une ponction, mais il ne
s'écoula pas une goutte de liquide.
La malade me fut adressée par mon confrère et ami le docteur
Bertrand^ peu de temps après cette ponction en août 1867. Sa santé
générale ne paraissait pas avoir souffert sensiblement; elle était
maigre, mais d'une maigreur inhérente à sa consfftullon plutôt que le
résultat d'un dépérissement maladif, foute la moitié inférieure de ta
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— 49& —
eavité abdominale jusqu'à Tombilic était occupée par une tumeur
d'un déyeloppement égal dans tous les sens, sans bosselures; le
yentre était saillant en pointe; la tumeur avait une certaine élasticité,
mais il n'y avait pas de fluctuation distincte. Elle conservait, par rap-
port aux parois abdominales, une fixité absolue dans toutes les posi-
tions, ne se déplaçait nullement par lés pressions ; Fombilic cédait à
peine aux tractions exercées dans tous les sens; il y avait donc des
adhérences très-étendues à la paroi abdominale antérieure.
Le toucher me fît constater Fétat d'intégrité du col et du segment
inférieur du corps de Tutérus. Le col était à la hauteur normale, sans
déviation, sans augmentation de volume, jouissant d'une assez grande
mobilité, mais qui me parut cependant un peu restreinte. La pression
exercée sur la partie la plus saillante du yentre se transmettait au
doigt appliqué sur le col, mais la pression sur celui-ci ne se faisait
pas sentir à Tautre main. Aucune partie de la tumeur n'était acces-
sible du côté du vagin ni du côté du rectum. La miction s'exécutait
bien ainsi que lei, défécation. Le ventre était à ce moment peu doulou-
reux, la marche facile. Je conseillai de simples palliatifs.
Deux mois environ plus tard, cette femme vint me revoir. L'état
général était le même, le ventre n'était ni plus développé, ni plus
douloureux, mais il s'était formé sur plusieurs points de la partie la
pl«s saillante de )a tumeur des plaques brunâtres où la peau était très-
amincie et où la pression produisait une crépitation gazeuse des plus
manifestes. Il y avait en outre de la sonoréité sur toute la partie anté-
rieure de la tumeur, où précédemment existait la matité la plus
complète.
Ces plaques brunâtres s'ulcérèrent, et le 6 février 1868 je trouvai,
à gauche et au dessous de l'ombilic, une ulcération d'au moins iS à
15 centimètres à travers laquelle faisait saillie un énorme champignon
applati répandant un liquide ichoreux d'odeur infecte. D'autres ulcé-
rations semblables, mais plus petites, existaient sur difPèrents points
de la tumeur. Jamais il ne s'était échappé de liquide autre que la
sanie produite par le travail d'ulcération et de gangrène. Le volume
général du ventre avait très-notablement diminué, l'état général com-
mençait à s'altérer profondément, l'appétit faisait défaut.
Je prescrivis des toniques, des pansements chlorurés, et je congé-
diai la malade, convaincu que je ne la reverrais pas et qu'elle suc-
comberait rapidement.
Grand fut mon élonnement lorsaue, vers le commencement d'octo-
bre, je reçus la visite de cette femme débarrassée de sa tumeur et avec
les apparences de 1^ meilleure santé. Yoici, cuvant de signaler ce que
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— 496 —
'observai alors, comment les choses s'étaient passées, au rapport du
docteur Bertrand qui avait pu suivre le travail d'élimination : La
masse sanieuse, saillante à travers l'ulcération abdominale, avait
grossi progressivement au point que la malade était obligée de la sou-
tenir avec une serviette qui contenait la tumeur comme un véritable
sac. Celle-ci, d'odeur repoussante, noirâtre, comme formée d'une
masse filamenteuse macérée et desséchée, était rattachée à son siège
primitif dans l'abdomen par un pédicule paraissant flétri comme le
reste de la tumeur. La malade s'opposa à la section de ce pédicule
qui eût été très-facile, et la masse tomba spontanément. Les ulcéra-
tions se cicatrisèrent très-rapidement, l'appétit se ranima et les forces
se rétablirent promptement.
Lorsque je revis la malade au mois d'octobre, le volume du ventre
était revenu à l'état normal, il était parfaitement souple, indolent, et
présentait à la place des ulcérations des cicatrices dont la principale,
située entre l'ombilic et l'épine iliaque gauche, recouvrait une solu-
tion de continuité des plans musculaires et aponévrotiques, de forme
arrondie, à bords tranchants, comme un anneau herniaire fortement
dilaté, permettant l'introduction de trois ou quatre doigts. Dans les
efforts, le contenu de l'abdomen faisait saillie dans cette ouverture.
Profondément dans la région hypogastrique, on sentait encore une
tumeur du volume du poing environ, transmettant au col de l'utérus
les mouvements qu'on lui imprimait par la pression.
Je recommandai à la malade l'usage d'un appareil analogue aui ban-
dages pour hernie ombilicale.
Cette observation est, après celle que le docteur Loir a cûmmuni
quée à la Société de chirurgie en 1847, le seul cas que je connaisse
d'élimination spontanée d'une tumeur de l'utérus à travers les parois
abdominales, et ce fait a sur celui de M. Loir l'avantage, sinon d'une
guérison complète, au moins de l'éloignement de dangers qui mena-
çaient immédiatement l'existence.
C'est aux adhérences de la tumeur avec la paroi abdominale qu'il
faut évidemment attribuer l'absence d'accidents dans ce travail de
destruction si long et si effrayant. Ces adhérences, en effet, lorsqu'elles
sont très-étendues et très-soudes, transforment en quelque sorte une
tumeur interne en une tumeur extérieure, lorsque, d'ailleurs, elle n'a
pas de connexions trop intimes avec les viscères.
11 me semble qu'il ne peut y avoir ici aucun doute sur la nature et
le point de départ de la tumeur. Les irrégularités de la menstruation
et les pertes du début, le mode de développement de bas en haut, les
rapports de cette production morbide avec l' utérus se traduisant par
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— 495 ~
h transmiaiioii' flot; iiuiufim«nts dt Time à Tantes k résiillat négatif
d*une ponction, Fabsence d'écoulement de diqviéekyBtfap» pendant le
tcaTatl d'élimiiialioni attestent nffifanment <pi'tl 8*11911 dHme piodnc-
tian fita'enae de ruténie»
Peut-on:ieonsid^ree fait coottuneim exemple de guérison complèteT
Évidemment non, puisqu'il reste encore une masse relatitement peu
considérable, il est vrai, mais JôBeeptibie de subir un nouyeau déve-
loppement et de proToquer qi^elques accidents* Cependant, comme la
menslruation parait définitivement supprimée et que cette suppression
est le résultat de Fâge autant, sinon plus, que de la maladie, nous
avons Ileiik d'espérer que ce qui reste de la tumeur persistera dans les
limites actuelles ou même subira ce trayail d'atrophie qu'on ^serve
quelquefois dans des masses plus considérables après la oiénopause.
l^lÉSEMTÀTiON VaPMJUI^*
M* Dbsormeaux présente, au nom de M. le docteur Heni^quin, un
appareil imaginé pour servir dans le traitement des fractures du fémur
et de la coxalgie.--.
Appaveil du doetenr Henneqn^.
Dans les fractures de cuisse et daûs les coxalgies, on peut mettre
le membre en trois positions ,
!*> En position rectiligne ;
2* En double plan incliné à divers degrés;
3* En équerre.
Quelle que soit celle que l'on adopte, l'appareil se prête à tous les
caprices du membre. T
La gouttière inférieure devient inutile lorsque le men&re inférieur
est placé en troisième pojâiiûn.
Extension. —Dans la position rectiligne, l'extension se fait au
moyen :
l^" Du bracelet appliqué à l'extrémité inférieure delà caisse ; il prend
ses points d'appui sur les condyles du fémur;
2"* De différents bandages et appareils appliqués sur la jambe et sur
le pied.
La traction est faite à l'aide de tissus élastiques, qui vont se ré-
fléchir sur les galets des cadres de la pédale et se fixer auxvboucles.
Dans les deux autres positions, l'tutension se fait au moyen :
!• Du bracelet appliqué comme dans le cas pi^éfcédèîït;' ;
8* D'un« tiiollétfère à rigide, 4td émbfalsàb & tà^e ttdâtërîeure dei
2* série, — tome ix. 63
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— 496 —
junMWtt» jet ittmrfoime €tt traetion le poids de la jambe^CestUD^
wbtie de pcNiMs de^réâezioh.
Lee poinle d^plieatâim de i*exteMiaay se troava&t constamiBeat
apr deux régions au moins, on peut, si le besoin s'en fait sentir, sou-
lager Vva» on l'antre, sans miire à Tefficacité de Texteosiont
(Fïo. I.
A* — Gontti^ fomcale. s .
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— 499 —
C"G^r<-n Çoimofits à tu d^' prtelioii teirttit à «nHfr Us ■
rotation et de va-et-vient de ktig6 09iidé«« . .
P. -^ Tige coudée portant.ni^e oo^uiUo et pouvant m placer à dxoiie ou
à gauche de la gouttière^
£. — Coquille bivalve à charnière renfermant une sphère en bois.
F F'. — Tiges qui travjwrsent Ui sphère et portent les pelotes. '
0 G\ — Pelotes iHaques.
H. — Conseîn pubien.
I. -^ Cousnii isohiatique en ferme de droiMaat. ' •' '
L L*. — Coulisses destinées à recevoir les boutons N IT di VmnoÊÈw Ml^
. . ; rieure.
çsiBé n.)
M M*. — Bandelettes arquées s'adaptant à la gouttière ierurale dâui tovtea
les positions, au moyen des bouloMi N N*^
0 0*. — Cadres, placés de e]iaqQeo5té de lapàdale.
P. — Pédale.
R R\ •— Galets servant de poulies de réflexion aux élastiques, lorsqu'on
fait l'extension dans la position rectiligne.
S S*. "-« Boudes destinées à arrêter les élastiques.
(Fio. III.)
a a*. — Bracelet se fixant à Textrémité inférieure de la cuisse,
b bV — Points fortement rembourrés en rapport avec les condyles du fémur,
c c^< — Muscles artificiels terminés par des. lanières percées de trous,
d 4'. — Rubans gradués indiquant en kilogr. là force de traction.
(F». IV.) .
e e\ — Molletière à rigole,
f . — Rigole destinée, à protéger les vaisseaux et les nerfs du creux po-
plité. '
g g'. — Petites lanières venant se fixer au bracelet aux points dVtttaohe
des muscles artificiels.
Contre-extension. — Quelle que soit la position du membre, ia contre-
extension sera toujours répartie au moins sur deux régions, le plus
souvent sur trois, qui sont : la tubérosité isdiiatique, ia fosse iliaque
externe et la bra^che pubienne, 4u côté du bass^i correspondant au
membre malade ou du côté opposé.
Dans les fractures de cuisse, sans lésion grave des os duimssin, la
contre- extension sera supportée par la tubérosité ischiatique, la fosse
iliaque e:i;terne et la branche du pubis, correspondant au membre
fracituré. L'une jOu l'autre de ces régions pourra (Ire dégrevée, sans
nuire à la contre-extension» . ,, ,
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^ 500 —
0& diiipmmra lés plèem de l'appareil 4e la même manière dans les
eoxalgies, sansdévfottfon'dul^ssli].
Dahs les eoxàlgies atecdétiation pelvièniie, on disposera les pièces
de rappareil sur les réjfions qui peutent favoriser le redressement du
membre.
Si le bassin est incliné latéralement, on fera suppprtejr presque
toute la contre-extension par la fosse iliaque diA e6té abaissé:
1* S'il est enclavé m arrière, Tischion Mul si^porisra toute la
ccaHre-Mlensten; . . ^,, ^.
2» S'il est incliné en avant, les branches horizontales du pubis de-
viendront les seuls points d*appuî delà contre-extension.
Vaiq^^ireil n'empèdiera jamais auGon des mouvements du membre
inférieur sain, ni ceux du troue.
Le membre malade sera a découvert; on pourra, par eonséqueot^
suivre la marche de la lésion et faire des pansements. •
tè malade peut s'asseoie.
Observation I. — M... (Victor), 42 ans, entre le 3^ novembre 1867,
atteint d*une fracture de cuisse au ti^rs inférier. 4 centimètres de rac-
courcissement. Application de Tappreil dix-huit jours après Taccident,
pas la moindre triace de consolidation.
Le 9 février, cinquante jours après la pose de l'appareil, le malade
se promène sans béquilles. Le membre est parfaitement conformé et
mesure à peine 1/2 centimètre de moins que l'autre. Le procédé
Giraud-Teulon donne le même- résultat.
Départ pour Yincennes.
Obs. il —Y... (Ilenri), 52 ans. Fracture de la cuisse droite, à
l'union du tiers moyen 4vec le t^ers supérieur. Application de l'appa-
reil huit jours après. Aucune trace de consolidation.
L'appareil reste appliqué près de trois mois.
Ap^ès guédson, 1/2 centimètre d'allongement, vérifié par de nom-
breuses mensurations. .
Obs. nr. ^ 15... (Jean), 37 ans, entre le 20 avril. Fracture de cuisse
an tiers moyen, par contraction musculaire (en mettant sa botte).
3 centimètres de raccourcissement. Pôsede l'apparefl, vingt jours après
son entrée. Cal volumineux et solide. Le malade soulève sa cuisse sans
le secours de ises membres supérieurs*
Le 12 juin, levée de fajypareil. Le membre mesurée ^dne 1 centi-
mètre de moihs que Pàtrtr^ malgré la solidité du ca) au moéeiit de là^
pose de l'appareil.
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~ 501 -
Coxalgie.
Obs. IV. — T... (R.), 10 ans. Coxalgie da (Aie |;atiebe; déviation
du bâfl8fnvraoâonrciS0eikient du membre; saillie énorme énorme de la
région troelianfétienne ; ankylose ligamenteuse de l'articulation coxo-^
ttmoraleel féniMO^tibiale; Inxaiion probable de la tôte fémorale dans
la ftese iliaque «sterne. Àpfilieationdel'apptiréitdleMàfifelinetderaiiP
pareil deitriné lalDs le moindre soecèfl.
Raccourcissement apparent 10 cept. 1/2
— réel 1 r- 4/2
Constitution cacbectique.
application de rapparefl.
L'extension est faite sur le membre malade; la contre-extension sur
le bassin du côté opposé; Quelques jours suffirent pour redtessei* le
bassin, fitire disparaître la saillie de la région trochantérienne, rétablir
les mouvements de Tarticulation coxo'fèmoraleet faire disparaître les
douleurs voisines et éloignées de la lésion articulaire.
L*apj;>areil est enlevé : tous ces désordres reparaissent. On réapplique
^appareil : ils disparaissent.
Survient :
i"* Une tumeur osseuse de Thumérus, qui sN^fface.
2« Un gonflement considérable du grand trocbanter, carie, suppu-
ration abondante, épuisement de la malade, déviation du bassin,
saillie trochantérienne, fièvre hectique, ankylose de Tarticulation fémo-
rale supérieure. La mort paraît certaine.
Réapplication deTappareil. Les douleurs disparaissent petit à petit;
la déviation du bassin se corrige; la saillie trochantérienne s'efface;
la suppuration diminue; Tappétit revient. L'ankylose n'a pas encore
cédé. Les nuits sont bonnes; la constitution s'améliore; l'appétit re-
vient.
Tel est l'état actuel.
Ces observations ont été prises dans le service de M. Desormeaux, à
l'hôpital Necker.
M. Desphès. Lorsqu'on a présenté aux sociétés savantes la boite de
Baudens, Tappareil polydactyle de J. Roux, l'appareil à double plan
incliné, on a annoncé des résultats magnifiques. Malgré ce que nous
dit M. Desormeaux, je ne doute pas que cet appareil aille rejoindre
ses devanciers dans le « magasin à ferraille ».
M. Desormbaijx. J'ai employé plusieurs fois l'appareil de Raudens
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— 502 —
et j*eii aï obtenu d'excellents résultats. .|e ne prétends pas que Tappa-
rell de M. Hennequin doive être substitué à tous les autres, mais je
pense ^'il peut rendre de grands seryicesw
M. Lefort. U est toujours difficile de f#re quelques observations
relativenaent à un apppareil que Ton a pas encore tu appliquer. J'avoua
cependant que je voudrais avoir quelques reoseignementA sur Tutilité
du point d'ai^ ischiattque pris comme il Test dan» cet appareil. Si
je ne me trompe, le point d'appui de Tappareil parait poster sur le pli
fessier et non sur l'ischion.
Je pense que lorsqu'on aura trouvé un appareil tout à fait satisfai-
sant, on en reviendra à l'extension continue dans les fractures de la
cuisse.
M. Despeès. m. Desormeaux pense qu'^ emplcja^nt cet appaleil
dans le traitement des fraetures de caisse, j'(^tieiidrai la craérison avec
un très-léger raccourcissement. Mais avec un appareil queLeonqne, je
me fais fort d'obtenir dans les cas favorables une consolidation .avec
un raccourcissement qui ne passera pas i centitimètre à i ;eenttfflètre
et demi.
M. Broca. Je ue puis laisser passer ce que vient de dire M. Des-
près. Selon lui, on guérit avec n'importe quel appareil les fractures
de caisse, de manière à n'avoir que 1 centimètre à 1 oentimètre et
demi. C'est là une énormité, que nous ne pouvons laisser insérer dans
nos bulletins, sans protestation. Même avec les meilleurs appareils à
extension, on n'arrive pas à ce résultat. Assurément, il existe sur ce
point une lacune dans la thérapeutique chirurgicale, et nous devons
encourager les efforts de ceuxqni tendent à la combler.
M. Dbsprès.. J'ai voulu dire qu'il y avait un certain nombre de frac-
tures de cuisse non obliques, qui guérissaient avec 1 centimètre de
raccourcissement, quel que fût l'appareil employé; mais je reconnais
que d'autres ne guérissent qu'avec un très-grand raccourcissement,
même lorsqu'on a recours aux appareils à extension; car avec ceux-ci»
comme avec les autres, il faut faire des tractions que la peau ne peut
supporter, si Ton veut arriver à un faibte raccourcissement,
LECTURE.
M. HoRTBLOUP fils iît une note relative à un effet bizarre, non enr
eore indiqué, de Hnhdation du chloroforme. Étemuements répétés, ayant
succédé à V emploi du chloroforme.
Renvoyé à M. Paulet. .
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PRESENTATION DE PIÈGES.
Corps fibreux de l'atérns.
M. Broga. La malade sur laquelle cette tumeur a été enlevée était
dans le service de M. Bernutz. Depuis longtemps, on avait constaté
que la tumeur fai^t sailUé cltlnsle vagihet était t>édiculée, lorsque
un matin survint une hémorragie abondante.
La malade prétendit qu'elle avait ses r^les, et ne voulut pas entendre
parler d'opérfjtloii* r
Cependant, au bout de huit jours, elle a suivi nos conseils, et je l'ai
opérée.
Avant l'opération, je constatai que la tumeur était plus molle que
ne le sont habituellement les hystérômes, e.t je pensai alora que ion
séjour prolongé dans le vagin était la cause de cette diminution de
consistance. -
Lonqoe je pnoAiqubi T^Gq^tioii, je tk«ocrôai ia tumeur plus molle
encore que je ne m*y attendais. Voulant la saisir avec des pinces à
griffes^ }eila:4échirai À plunéurs reprises^ et je fus obligé 4é recourir
à quelques manteuwes particulières pour la fiiire saillir à la vulve; je
passai deux doigts au niveau de son pédicule, je la baj?poiinai et je ter-»
minai 4'<9pératton..La^ difficulté que j'ai eu à Saire^sortir totumeur
s'explique par rétfoitt»8d du vagin..
Lorsque la tumeue aété à la v«dvë, je Tai sectionnée avéé le fil
galvano-caustique ; it ne s'est pas écoulé une goutte de sang.
ÉUti.ée la iimeur. — La partie postérieure de la tumeur était gan-^
grenée;dc là s'écoulait ùQ ichop roux, aësez fétide, que la malade
appelait ses r^les^ Les parties qui eatouraie&t la portion gangrenée
étaient violacf^, et d«ipa^ t^s ces points^ il existait des vaisseaux que
Fou pouvait suivre jusqu'à ^i^vlivoio. a ceAtyxi^le^sde la surface* Ceux-^oi
étaient peu volumineux, et comme je Tai déjà dit, ils n'ont pas domi^
lieu à un éeoul^ent.^aQguio» .
La séance est levée à cinq heures un quart.
' ^ S«(T^/aire» P'^ LÉON {«ABBE.
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— 604 —
SÉANOB DU 23 DBOBMBBB 1868
Le procès-yélrbal de la précédente séance est lu et tdopté^
CORHBSPONDANCB.
La correspondance comprend : '
— Les journaux de la semaine.
r- Le Recueil det àck» du comUé mèHcàl de$ Bomhes-ânhÉMie
pour 1867 et 1868. . . > .
— Étude cUtiique et ettpérimaOalê de» tmboUa Mpidoiref, par
Y. Feltz, agrégé de la Faculté de Straaboijarg, aTec huit planches en
diromo*litliogra|ihîe.
T- idapka»o96opie ou e^splaratUm par traméparénce dtàs orgànu du
basm de la femme, par J. Lazarewitcb, de KlÂrkoff.
— M* Lamdit dépose sur le bureaa ; le i^wlenegro et us haMants,
par le docUur Alfred Boolongne; une lettre de M. le docteur Yézien,
médecin militaire, arec des échantillons d'une yariélède LamiMOia
digitaiat qu'cm trouve en abondance sur la plage de Dunkenlue.
t^ M» le docteur Letièrant, diirurgien en chef désigné de THÔlel*
Bieu de Lyon, adresse un mémoire intitulé : Études sur les secîkms
du uerfmédiau^ au» points i4 uue opérateire, patholoffique et physioUh
gique.
Renvoyé à une commission composée de MM. Paolet, Tillauz,
Liégeois.
— M* LéoNLABBÉ transmet; de la part de M. 6. Simon, dUeidelberg,
une note sur des Olfservatiotié historiques sur les procédés opératoires
de rocdusiott du vaginy par la réunion de ses parois Çiolpokleisis), pour
rétablir la continence de Purine dans les cas de fistules urinaires inopé^
râbles, suivies de quelques remarques sur Vétat actuel de la question des
opérations de fistiûes vaginales en Allemagne.
Cette lettre est adressée à M. le docteur Nathan Bozeman, à Nonr-
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— 506 —
York, par M. Simon, professeur à la Faculté de médecine d*Heidel-
berg.
M. Simon a fait, en 1855, sa première opération d-ocelûsîon du
vagin. II avait obtenu 4 succès avant que Bozeman, qui opérait
en 1859 pour la première fois, songeât à lui constester la priorité. Céfi
t)bservations se trouvent dans le numéro 35 du Journal de la clinique
aUemande. Un mémoire plus étendu sur cette matière a été publié par
M. Simon dans le Recueil mensuel de gynécologie, en 1858.
Tous les traités de chirurgie et de médecine opératoire, publiés de-
puis cette époque en Allemagne, ont mentionné sa méthode. '
M. Simon a imaginé cette méthode après qu'il lui a été démontré
que répisioraphie (occlusion de la vulve ou de Touverlure vaginale),
proposée par Vidal, ne donnait aucun succès.
Jusqu'à ce jour, M. Simon a pratiqué avec succès 18 fois son pro-
cédé. Il fait Tocclusion immédiatement au-dessous de Fouverture fîs-
tulaîre. (Les, indications et les détails sont décrits dans les Mémoires
de chirurgie plastique, ôe Simon (Prague, 1868.)
En ce qui concerne l'opération de la fistule vésico-vaginale ou
urétro-vaginale, M. Simon agrandit l'ouverture et avive dans toute
la profondeur.
Il réunit avec des fils de soie très-fins.
Il a renoncé à l'attitude américaine. Il donne à la femme l'attitude
exagérée de la taille périnéale. Il retire la sonde au bout de vingt-
quatre heures; la réunion se fait plus rapidement. Il réunit en plu-
sieurs formes — en T, en Y — quand la réunion linéaire transversale
oblique ou longitudinale n'est pas applicable, à cause de l'étendue ou
de la forme de l'ouverture.
Depuis 1853-1859, par l'ancienne méthode (à Darmstadt) :
Il a opéré 22 fistules : 14 guérisons complètes; 5 avec permanence
d'une petite ouverture ; 1 sans aucun changement; 2 décès.
Par le procédé modifié de 1859-1861 :
13 fistules avec 12 guérisons.
1861-1866 (à Rostock) :
53 cas de fistules avec 49 succès ; 2 décès; 2 insuccès.
1866-1868 :
30 fistules : 26 succès; 2 insuccès; 2 décès.
En somme, sur 118 opérations, 104 guérisons complètes.
PRÉSENTATION d'APPAKEILS.
M. LÉON Lefort présente tm appareil à eitension permanente poui^
les fractures de la cuisse.
2* série. — tome ix. 64
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— 506 -^
Vtj^itnma permanente dans les fractures de la cuisse a été i^e^
généralement abandonnée en France, bien qu'elle eût été employé^
comjne tr^tement habituel pendant La première moitié de ce siècle. Ce
revirement dans les idées n'est pas dû, comme on pourrait le croire, à
ce que la simple contention, mieux dirigée, donne aujourd'hui des ré-
sultats satisfaisants; il n'est pas de chirurgien, ayant un peu de pra-
tique, qui ne sache avec quelle difficulté on arrive à prévenir un rac-
jk
Ci
c
courcissement notable, et l'on peut dire que toute fracture du corps
du fémur laisse après sa consolidation un certain degré de raccour-
cissement.
Ce qui a fait abandonner l'extension permanente, c'est que les ap-
pareils de Desault, de Boyer et ceux construits sur les mêmes don-
nées ne remplissent pas le but qulls semblent devoir atteindre. La
çontrercxtension, faite au moyen d'une bande, d'un sous-cuisse passé
en écharpe dans le pli génito-croral, prenant son pcHnt d'appui sur
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-- 507 —
riflchion et sur Tattelle externe ou même sur une ceinture, est tout
à fait illusoire', et c'est faute de pouYOir l'appliquer d'une manière
convenue que les chirurgiens français ont renoncé à Textension per-
manente*
L'appareil dont nous donnons le dessin est destiné à permettre
l'emploi de cette méthode thérapeutique. 11 se compose des parties
suivantes : une ceinture de cuir, renforcée par un arc métallique et
formée de deux valves séparables en avant et en arrière, peut être
plus ou moins élargie, suivant qu'on a affaire à un individu plus ou
moins fortement chargé d'embonpoint. Ces deux valves glissent sur
une lame'horizontale, qui sert en môme t^nps de plan de sustentation
et pare à Taflletissement inégal des matelas; elle peut aussi servir à
soulever le malade, lorsqu'il est besoin de placer sous le si^e un vase
ou des alèzes. Cette ceinture, doublée d'un coussin matelassé, s'ap''^
plique exactement sur les sûllies et les dépressions du bassin, et
donne déjà un point d'appui à la contre-extension. Mais les deux
principaux points d'appui sont pris sur l'ischion et, si besoin est, dans
l'aisselle.
Le point d'appui ischiatique est pris au moyen d'un arc métallique
disposé de manière à s'appliquer sur l'ischion par une face et non par
un bord tranchant. Cette pièce, fixée au côté interne de la gouttière,
est mobile au niveau de sa jonction avec la tige qui la supporte, au
moyen d'une double articulation, et peut ainsi suivre, sans quitter
l'ischion, tous les mouvements qu'on imprime au membre. La pression
qu'elle exerce sur l'ischion peut être augmentée ou diminuée au moyen
de la crémaillère que porte la tige.
Le point d'appui axillaire est pris au moyen de deux béquillons,
dont on augmente à volonté la longueur et qui peuvent être fadle-
ment enlevés.
La gouttière métallique, sur laquelle repose le membre, se rattache
à la ceinture au moyen d'une articulation à noix, ce qui permet tous
les mouvements.
Un serre-frises, en frein d'écrou, serré au moyen de deux vis, im-
mobilise cette articulation dans la position que lui a donnée le chi-
rurgien.
L'extension peut être faite de plusieurs manières. Si on veut prendre
point d'appui sur le mollet, la jambe étant fléchie sur la cuisse, il
suffit d'agir au moyen d'une clé sur la crémaillère dont sont munis
les bords de la gouttière, pour allonger la partie crurale de l'appareiL
Si l'on veut prendre point d'appui sur la jambe et le pied, on laisse
le membre dans la rectitude et l'on allonge, soit la partie crurale, au
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508
moyen des crémaillères, soit la partie jambière, au moyen d'une tIs
placée sous rappareil.
On peut aussi prendre son point d'appui sur le fémur lui-même et
sur le fémur seul ; il suffit alors de dévisser les deux écrous mobiles
qui existent au nircau du genou, pour supprimer toute la partie infé-
rieure de l'appareil.
Pour appliquer les liens extenseurs, il n'est pas besoin d'exercer de
compression au-dessus des condyles da fémur avec un bracelet forte-
ment serré, il est un moyen très-simple et trop peu connu d'obtenir ce
résultat.
On coupe des bandelettes de diacbylon, ayant environ detix fois la
longueur delà cuisse du malade. Prenant successivement cbacune des
bandelettes, on en applique une des extrémités sur la face antérieure
de la cuisse, vers la racine du membre au niveau, par exemple, de
l'épine iliaque; on la mène obliquement en bas, en suivant le trajet du
couturier, jusqu'à ce qu'on soit arrivé au niveau de la tubérosité in*
terne du fémur; là, on la replie sur elle-même et on la ramène en
baut^ sur la face postérieure de la cuisse, jusque vers l'ischion. A côté
de cette bandelette, on en applique une autre, en ayant soin de la faire
arriver en bas, au même point que la précédente. En opérant ainsi des
deux côtés et entourant la cuisse de quelques bandelettes circulaires
non serrées, on a, au niveau du genou, deux anses latérales solides,
dans lesquelles on passe un lien que Ton fixe aux anneaux qui ter-
minent en bas les tiges latérales de la gouttière crurale. Nous
avons eu plusieurs fois recours à ce mode d'application des liens
extenseurs, et nous pouvons affirmer que loin de glisser, ils résistent
à des tractions de plus de 100 kilogrammes; force, il est inutile de le
dire, qu*on n'aura jamais à employer dans les cas où on exerce l'exten-
sion permanente.
Ajoutons qu'il suffit de dévisser l'écrou qui poxte l'articulation de
la ceinture avec la gouttière et de changer de côté les tiges à cré-
maillères pour rendre l'appareil applicable à droite et à gauche.
. Gomme tous ceux analogues, cet appareil à rinconvénient de ne pou-
voir être fabriqué extemporanément; maison peut, sur le même prin-
cipe, construire partout et très-simplement un appareil qui remplira,
à peu près, les indications. Il n'est besoin, pour cela, que d'une
béquille, d'une attelle, d'un morceau de bois et de quelques clous. On
coupe une béquille ou un manche à balais, auquel on adapte un bé-
quillon, de manière à ce que sa longueur dépasse de 20 à 30 centi-
mètres la distance de l'aisselle à la plante du pied. On cloue à son
extrémité inférieure une planchette, de 20 centimètres de longueur.
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— 509 —
dans le milieu de laquelle on perce deux trous, et dans cette planche,
on fixe Tattelle interne qui, par son extrémité supérieure échancrée et
bien rembourréç^ doit appuyer sur l'ischion. Des bandelettes, de dla-
cbyion, appliquées le long de la jambe et se repliant sous le pied, où
elles forment une anse, servent à laisser passer une .corde, qu'on en-
gage dans les deux trous de Fétrier et qu'on noue solidement. Un
b&ton, passé dans cette anse de corde^ fait ofOce de garrot et donne le
moyen de pratiquer, avec autant de foroe qu'on le désire, l'exteiosion
permanente. Nous avons pu, il y a quelques années, avec un appareil
si simple, guérir, par une énergique extension, une pseudarthrpse
du fémur.
La chirurgie américaine est, depuis longtemps, revenue ài'empiloi
dcvla méthode d'extension dans les fractures de la cuisse; mais les ap-
pareils de Gross, Gilbert, Hodge^.Buck et Swinburne ne nous ont pas
paru remplir toutes les indications que nécessite le traitement des
fractures obliques du fémur; c'est ce qui nous a amené à laire cons-
truire, par M. Guillot, qui a très-bien compris nos indications, l'appa^
reil dont nous donnons le dessin. .
M. Desprès. En observant l'appareil qui nous a été présenté par
M. Lefort, je ne change pas l'opinion que j'ai manifestée dans la der-
nière séance. L'appareil que je vois ici, par soi) cuissard et sa jam-
bière ressemble à beaucoup d'autres appareils. Il y a une ceinture au
niveau du bassin et un point d'appui sur les aisselles. Cette modifica-
tion est celle qui distingue l'appareil dit américain, que j'ai vu appli-
quer dans le service de M. Nélaton. Cet appareil est en effet constitué
par une longue attelle, qui dépasse le pied en bas et qui en haut est
pourvue de deux ceintures bouclées : une qui entoure le bassin, une
qui entoure le thorax.
Je ferai deux reproches à l'appareil de M. Lefort, comme à tous les
autres : c'est d'avoir des proportions convenables seulement pour les
individus de même taille ou à peu près. L'extension est faite à l'aide
de cercles de bandages roulés qui, pour ne pas se relâcher, doivent
être très-serrés, trop serrés; et vous en comprenez la conséquence.
C'est ce qui a été évité dans cet appareil américain, qui est une simple
modification de l'attelle de Boyer. On emploie des bandes de diachyîon
collées sur la peau, depuis la fracture jusqu*au pied, sans exercer de
contraction curculaire. Ainsi l'on évite les effets de la constriction sur
les points où des tractions sont faites d'une manière continue.
Je ne veux pas insister. J'accuse en passant ces appareils de pro-
mettre beaucoup plus qu'ils ne tiennent.
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— 510 —
ÉUCTIONS.
La Société procède aux élections pour le renouTellement du bureaa
et la nomination de dÎTerses commissions pour Texercice 1869.
Sont nommés:
Président : M. Vemeuîl.
tîce-président : M. Alphonse Guérîn.
Secrétaires : MM. Lefort, Panas.
' Bîbliothécaire-archiyiste : M. Liégeois.
Trésorier : Crureilhier fils.
Comité de publication : MM. Broca, Blot, Lefort.
Commission des congés : MM. Houel, Boinet, Tarnier.
NOIfINATION DE VEIEBIIB HONORAIRE.
M. YoujjBiiiER est nommé memJtre honoraire par 15 Toix sur
24 votants.
LECTURE.
M. Baillt lit une note sur une observation de dystocie causée par
une hyperthrophie du segment inférieur de la matrice ch&k une femme
primipare.
PRÉSENTATION DE PIEGES.
M. GuÉNioT montre des pièces d'ostéites euppurées des estrimiiés
diaphysaires des os ou décollement des cartilages épiphysaires chez m
enfant nouveau-né,
M. LÉON Lefort montre à la Société une tumeur corné» qtie
M. Golson, de Noyon, membre correspondant, a enlevé de la paupière
supérieure d'un homme de 50 ans. M. Colson joint à cette pièce la
note suivante :
Il y a environ quinze jours qu'un paysan d'environ 50 ans, d'une
bonne constitution, du village de Mondescourt, entra à l'Hôtel-Dieu de
Noyon, pour s'y faire opérer d*une petite tumeur située au milieu de
la paupière supérieure gauche et me paraissant adhérer au cartilage
tarse. Je me proposais d'abord de l'enlever en coupant la paupière su-
pôrieure, à droite et à gauche de la tumeur, par une incision en Y,
comme pour l'opération du cancer de la lèvre, et de réunir la plaie par
la suture entortillée; ma» avant de commencer TopéralioD, je crus
m'apercevoir que je pourrais disséquer la tumeur à sa base et la dé-
tacher du cartilage tarse. Cela réduisait Topération à une simple
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- _ 611 _
dissection, et c'est là Topératioa qae je fis, en respectant le cartilage*
Il en résulta une simple plaie OTalaire, que j'abandonnai à elle-
même. Elle se recouYrit d'une croûte qui tarda à se détaçberj et
comme le malade roulait quitter l'hôpital avant sa cicatrisation com-
plète, je fis tomber la croûte avec un cataplasme de fromage mou, et
j^ la cautérisai avec le nitrate d'argent. Je recommandai au malade
de venir me voir au bout de huit jours, et j'ai la confiance qu'alors la
plaie sera cicatrisée.
C'est la seconde fois depuis vingt et un ans que je pratique cette
petite opération. La première fois, tétait chez an marinier du vil-
lage de Pont^rÉvèque, qui portait une petite tumeur cornée semblable
à celle que j'ai envoyée et sitnéeégalement sur la paupière supérieure.
L'opération et ses suites furent les mêmes qu'ici. Le malade a bien
gnéri.
La séaiiee est lerée à cinq heures et demie.
Le «ecr^atr^, D* LÉON Labbb.
s£aNOB du 30 DBOBXBRB 1868
PrteldoMe de M. LEGOIIEST
Le procès-verbal de la précédente séance est lu et adopté.
GORRESPOia)AMCB
La correspondance comprend :
— Les journaux de la semaine.
— L'Art dentaire.
— M. YERNBinL dépose sur le bureau, de la part de M. le docteur
Darbez, un travail intitulé : S^es lipmnes et de la diathèse Upomatenêe^
et appelle l'attention de la Société sur une méthode particulière de
diagnostic et sur des tentatives de traitement nouvelles.
-^ Lefk'Mémeîree et BuUetim de la Sociité médieo^Mmrgkale dek
hâpUauûP de Bordeaux (1868, tome III, 1^' fasdeule).
^ L^.iMettn de VAcadémie royale de médeme de Belgique. Anné^
8, tcane II, n?',6, 6, 7, 8 et 9.
COMMISSION POUR l'jçXAMSN DBS , ARCHIY]». [
Sfont nommés : MM. Ghassaignac, Desormeaux et Houel. '
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— 512 —
RAPPOET VEilBAL.
M. Desprès fait an rapport verbal sur une obsenration de division
complète de$ oê longs par iinstrtmeiU tranchant ^ communiquée par
M. le docteur Thomas, de Tours.
Oe la dlTksIoii complète des os lon^^s par les Instnimeiits
tranehants»
Le 13 mars 1868, le nommé N... (Henri)» soldat armurier an
%• régiment de ligne, se porta, par in^vertanee, en trarailliBt, un
eoiip noient,, sur la première i^aiange éa pouœgitaehe, atec Fextrè^
mité tranchante et étroite d'un marteau. Je fus.apfdié quelques ins**
tants après l'accident, et je constatai, à la face dorsale de la premièi^
phalange du pouce, à TuniK^n du tiers supérieor jgt/du tiei» moyen de
cet os, unç plaie transver^uJe, très-nette, d'un centimètre d'étendue.
L'os ayait été divisé dans toute son épaisseur, et à la face palmaire, il
existait une plaie également très-nette et transversale, mais un peu
moins étendue que celle de la face dorsale. L'instrument avait donc
traversé la phalange dans toute son épaisseur; les tendons des muscles
fléchisseur et eittenseurdu ponce avaient été divisés; seules les par-
ties molles latérales avaient été respectées et avec elles les artères col-
latérales : aussi n'y eut-il qu'un écoidement sanguin peu abondant.
Après avoir appliqué un pansement provisoire, je dirigeai cet
homme sur l'hôpital militaire, où il fut placé dans le service de chi-
rurgie, dont mon collègue le docteur Bodin se trouvait chargé jusqu'au
!•' avril, époque à laquelle j^en devais à mon tour prendre la direc-
tion.
Dès l'entrée du malade à l'hôpital, le doigt, placé sur une plan-
chette, fut immobilisé; des bandelettes agglutinatives maintinrent au
contact les bords des plaies dont on tenta d'obtenir la réunion par
première intention. Mais les plaies suppurèrent et leur cicatrisation était
sbulcment complète le 1*' avril, lorsque je {«ris le service. Il n'existait
pas alors trace de consolidation entre les extrémités osseuses divisées;
lamobilîté anormale était cependant moins prononcée qu'au tnoment de
l'accident, par suite de la cicatrisation des parties molles, mais on
pouvAit toi^oors imprimer au fragment inf^eur, des mouvements
anormaux dans toutes les directions, et cela sains douleur. J'âEppli^u&î
un appareil inamovible avec des lanières de peau recouvertes de col-
lodion. Cet appareil, qui présentait une grander solidité, resta appliqué
jusqu'au 16 avril. A cçktte époque, aucun ehnûgement n'étaîit survenu;
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— 513 —
la mêaoae mobilité existait entre lesiragmenis^ dooties extrémités ne
présentaient aucune augmentation de volume ejtparaispiaientaeolemeni
réunies par du tissu fibreux.
Le lendemain* 17 avril, j'appliquai un appareil amidonné, je Ten-
levai le 3 mai,' et je reconnus qu'il n*y avait encore aucune apparence
de consolidation. Ayant aldrs, à plusieurs reprises, pendant deux
fois, frotté, Tun contre l'autre, les fragments dansTespoir de déve^
lopper à leur surface une irritation favorable à. leur cons^^lldation,
j'appliquai un nouvel appareil inamovible. Le 9 juin, par conséquent,
plus d'un mois après son application^ j'enlevai l'a^ppareil; aucune amé-
lioration ne s'était produite. La solution de continuité se trouvait das^
le môme état .qu'fku commencement du mois d'avril; les fragments
étaient réunis par du tissu fibreux, sans trace. d'ossificatiQjfi; leurs
extjrémités libres ne présentaient aucun gonflemementet.leur mobilité
anormale était aussi prononcée.
L'immobilisation prok>ngée.des fragments et leur frottement n'ayant
produit aucun résultjat, il y avait lieu de recourir à un autre mode de
traitement. J'eus alors l'idée d'çn^ployer racupuDCtfj^e» ce moyen (étant
à la. fois le plus simf^e et le plus inQffepsif de tous cgux qui ont été
proposés pour la cure des pseudartbroses, et la position superficielle
des extrémités osseuses en rendajQt ici l'application très*facile.
Le 9 juin, j'immobilisai, à l'aide d'un appareil dextriné, la.main ,
sur une planchette, en laissant le pouce découvert, et j'introduisis
entre les fragments, à travers le tissu fibreux qui les réunissait et dans
toute son épaisseur^ une grosse aiguille à coudre. Le lendemain, une
nouvelle aiguille fut enfoncée entre les fragments, à quelques milli-
mèires de la première., La présence de ces aiguilles détermina, dès le
le lendemain, un peu de douleur^ de rougeur et de gonflement du
pouce. Ces symptômes augmentèrent les jours suivants et le 16 juin,
alors qu'ils commençaient à perdre un peu de leur intensité, je retirai
' les aiguilles, huit jours par conséquent après leur application, et je
compris le pouce dans l'appareil dextriaé qui immobilisait déjà lamain
et le poignet. Cet appareil fut enlevé 1^ 10 juillet, vingt-cinq jours
après son application; il y avait alors un commencement de consolida-
tion. Je replaçai Tappareil. L'immobilité fut de nouveau continuée
jusqu'au 10 août, et j'.eus alors la satisfaction de constater que la
consolidation était complète.
Par suite de la section des tendons de ses muscles fléchisseur et
extenseur, le pouce ne jouit pas des mouvements de flexion et d'exten-
sion; les mouvements d'adduction et d'opposition^ qui lui sont ^m-
^ muniftu^ par (es muscle^: de }'émi;^ence thénar» exi^te^ sq^ls. Mais
2« série. — TOMK ix. 65
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- 514 —
grâce à la coosolidatiôQ de la eolation de continuHé, la phalange pré-
Bente un point d'appui solide pour la préhension des objets.
Ce fait est un nouvel exemple de l'absence ou tout au moins du re*
tard de la consolidation qui suit le plus souveut la division complète
des os longs par les instrumenta tranchants. Des faits de cette nature
ont été rapportés par Lamotte et récemment par M,. Legouest, dans
son Traité de cMrurgie d'armie ; le plus souvent, la consolidation n'est
venue que très-tardivement ; quelquefois, elle a manqué complètement.
Deux explications ont été données.
^ < J'aurais cru, dit Lamotte, qu'un os coupé aurait été infiniment
plus aisé à guérir que lorsqu'il est rompu, parce qu'étant coupé, les
extrémités de l'os se rapprochent plus facilement, et qu'étant plus
unies, la matière du calus fait plus son effet que quand l'os est frac-
turé, l'inégalité des extrémités paraisssant s'opposer à l'union; mais
l'expérience m'a fait connaître que ces extrémités si unies se dérangent
au moindre mouvement et frottent l'une contre Tautre; en sorte que
le calus ne se forme que très-difficilement, par la peine qu'il y a à 1^
tenir en repos, quelque attention que j'eusse à lé faire et le blessé à y
contribuer, parce qu'il ne faut qu'une toux un peu foMé ou un éier-
nuèment pour tout déranger ; au lieu qu'un os fracturé ne peut être
sans inégalités, et les Inégalités étant une fois bien réduites, elles s'en-
châssent et s'emboltént si exactement les unes dans les autres, que la
matière du calus s'y conserve plus aisément et a plus de facilité à en
faire la réunion que quand il est coupé. »
Pour Boyer les différences qui existent entre la facilité de guérison
des plaies des os et les fractures tiennent à cette circonstance qtie
« les fractures sont l'effet d'une force qui tend à produire ou a aug-
menter quelque courbure dans les os, en sorte qu'on peut démontrer
rigoureusement qu'elles résultent toujours d'une distension eu sens
inverse dans la longueur des fibres osseuses, tandis que les plaies, au
contraire, sont produites par l'action d'un corps tranchant, qui tend à
pénétrer entre les molécules constitutives de Tos, action inséparable
d'une certaine violence locale et, par conséquent, d'un certain degré de
contusion dans le lieu de l'os où elle se passe. »
A l'explication de Boyer, je ferai une seule objeiction, si la contusion
était l'unique cause ou même Tune des principales causes des difficultés
qui existent à la consolidation d'un os long divisé par un instrument
tranchant, il est évident que cette contusion, résultat de l'action de
l'instrument, ne pouvant jamais faire défaut, toutes les divisions com-
plètes des os longs par instruments tranchants devraient rencontrer
les mêmes obstacles à leur consolidation. Or, c'est ce qui n'existe pas.
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— 515 —
et j'en citerai pour preuve le fait suirant rapporté par La Paye dana
le cours d'opérations de Dionis :
a Un homme reçut au bras un coup de hache, qui avait coupé obli-
quement Tos même du bras, et tous les muscles qui Tenvironnent, ne
laissant d'entier que le cordon des vaisseaux, revêtu d'une bande de
peau de la largeur du pouce. Le blessé ayant le bras pendant, de sorte
que la main descendait près du genou, eut la force de le prendre avec
sa main droite et de la rapprocher lui-même du haut de Tépaule par
un pur mouvement de la nature. On enveloppa la partie de beaucoup
de linge, et. on amena leblesséàM. de laPeyronie, qui trouva la plaie
remplie de linge et des caillots de sang, une distance de huit pouces
entre les deux parties coupées, et la portion inférieure du bras, froide,
livide et sans sentiment, aussi bien que Tavant-bras et la main ; dans
cet état, il était si facile d'achever l'amputation, et si peu vraisem-
blable de conserver le membre, que plusieurs chirurgiens, qui accom-
pagnaient M. de la Peyronie, proposèrent de le couper tout à fait ^
mais. M. de la Peyronie, fondé sur quelques exemples de réunion qu'on
n'aurait osé espérer, voulut tenter celle-ci; pour cela, il ôta quelques
petites portions d'os détachées, affronta les parties autant qu'il lui fut
possible et les soutint avec un appareil convenable, en observant de
le faire fenestrer pour pouvoir panser la plaie, sans toucher à ce qui
tenait les os en sujétion. 11 employa pour topique l'eau-de-vie, animée
d'un peu de sel ammoniac, et mit en usage tout ce qu'il fallait, soit
pour rappeler la chaleur naturelle, soit pour prévenir les accidents.
« Le deuxième jour, le bras parut un peu gonflé au-dessus de la
plaie; il n'y avait point de pouls à la main. Le troisième, un peu de
gonflement à la main et à l'avant-bras, et le gonflement augmenté et
un peu de chaleur à la main. Du cinquième au huitième, la chaleur
augmenta par degrés; le huitième, la fenestre du bandage fut ouverte
et la plaie parut s'animer. Le pansement fut fait avec des plumasseaux
trempés dans une dissolution de colcotar et des compresses imbibées
d'un vin aromatique animé ; ce qui fut continué jusqu'au quatorze,
que l'appareil fut levé pour la seconde fois, et la plaie parut disposée à
la réunion. Le dix*huit, la cicatrice se trouva avancée; la partie
presque dans son état naturel, et le battement du pouls sensible. Alors
M. de la Peyronie substitua lin bandage roulé au fenestre. On eut soin
de lever l'appareil de dix en dix jours; ^près cinquante jours, on Tôta
entièremeut ; et au bout de deux mois de la blessure, le malade fut
entièrement guéri, à un peu d'engourdissement près dans la partie. »
Voici donc un exemple de division complète de l'humérus, produite
par un instrument tranchant et dontla consolidation a exigé deux mois
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— 516 —
à peine, c'est-à-dire moins qne le temps ordinairement nécessaire pour
obtenir la consolidation d'une fracture compliquée de plaie. Et cepen-
dant» dans ce cas, la cause signalée par Boyer pour expliquer la dif-
férence qui existe entre la facilité de guérison des fractures et des
plaies des os, n'aurait pas dû faire défaut. Mais cette cause n'existe
pas. Comment, en effet, rapporter à l'intensité de la contusion, la
non-consoHdation des plaies des os? N'est-il pas éyident que la contu- ^
éîon est bien plus intense dans les fractures que dans les cas qui nous
éccopënt, et que la division des solutions de continuité en plaies par
îfistruments tranchants et en plaies contuses(qui sont ici les fractures)
est aussi vraie pour le tissu osseux que pour les autres tissus.
• Avant d'examiner si l'explication de Lamotté est plus fondée, j'ap-
pellerai d'abord l'attention sur une circonstance dont l'importance à
été, jusqu'à présent, méconnue, et qni peut contribuer à élucider cette
question, je veux parler de la direction de solution de continuité de
Fos. Celle-ci, en effet, n'est pas sans influence sur la consolidation. Est-
eMe oblique, la consolidation sera rapide -et ne demandera pas plus de
temps que s'il s'agissait d'une fracture compliquée de plaie, ainsi que
cela a eu lieu dans l'observation de La Faye, que je viens de rappor-
ter. La solution de continuité est-elle, au contraire, transversale?
La consolidation n'aura lieu que tardivement et pourra même faire
complétemet défaut.
Lamofie, dans son Traité de chirurgie, rapporte trois observations
de division complète des os par instruments tranchants. L'une a pour
objet la division des métatarsiens et est peu concluante, au point de
vue qui nous occupe ; mais il n'en est pas de même des deux autres.
Dans l'une, le cubitus fut divisé transvermlement d'un coup de sabre,
à sa partie moyenne et inférieure (assez proche du poignet). « Les
]f^nsemenfs durèrent longtemps, dit Lamotte. et furent fort ennuyeux,
tant j'eus de peine à parvenir à la réunion de cet os coupé de la sorte,
}e suis très-persuadé que j'aurais guéri deux fractures compliquées
pendant que je pansai cellc'^i, avant que la réunion fût bien et solide-
ment faite, fi tl s'agit, dan» l'autre obtiei^vation, d'une division com-
plète du tibia par une cognée, en sa partie moyenne et inférieure et
endommageait le péroné. La direction de la solution de continuité ne
ee trouve pas ici mentionnée; mais à cause du siège de la blessure
sur le tissu inférieur de la jambe, il est permis de supposer que si sa
direction n'était pas tout à fait transversale, elle était du moins très-
légèrement oblique, car autrement elle eût intéressé l'articulation
tiblo-tarsienne, ou tout au moins Tarticulation tibio-péronière, et non
le péroné j comme il est dit dans l'observation. La consolidation fut
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— 517 —
très-tardive, c Le blessé, dit Lamotte, n'ayant pu se soutenir sur des
béquilles que près de six mois après, quelque soin que j'eusse pris à
le panser pour le tirer d*affaire aussi heureusement qu'il le fut. »
J'ajouterai que dans ce cas l'intégrité du péroné eût dû favoriser la
consolidation du tibia.
M. Legouest a fait représenter, dans son Traité de cMnirgie d*armée :
lo un avant-bras gauche, sur lequel le radius et le cubitus furent to-
talement divisés par un coup de sabre appliqué sur la face dorsale du
membre. La consolidation des os ne s'était pas faite et les extrémités
des fragments chevauchant les unes sur les autres, de façon à donner à
l'avant -bras une courbure assez prononcée à concavité antérieure,
étaient réunies par une pseud arthrose; 2» un cubitus divisé complète-
ment à sa partie supérieure. On n'y rencontre pas même les traces
d'une consolidation ; un lambeau de tissu fibreux s'étend en pont d'ime
extrémité à l'autre. Sur le premier dessin, il est difficile de recon-
naître la direction exacte des divisions osseuses ; elle semble être
légèrement oblique. Sur la seconde figure, la solution de continuité est
transversale.
Enfin, dans l'observation qui m'est personnelle et que j'ai rapportée
au début de ce travail, la division de la phalange du pouce était
transversale et tout à fait perpendiculaire à l'axe de l'os.
L'influence de la direction de la plaie de Vos sur sa consolidation
ressort bien évidemment de ces faits. En opposition, en effet, au cas
rapporté par La Paye, dans lequel une division complète, mais oblique,
de l'humérus, guérit en moins de deux mois, nous trouvons trois faits
de pseudartbroses consécutives, deux fois à la division transversale du
cubitus et de la première phalange du pouce, et une fo.s à fa division
iégèreinent oblique des deux os de l'avant-bras, plus deux exemples
de consolidation tardive à la suite, dans Uu cas de la division tram-
versale du cubitus et dans l'autre de la division du tibia, dans une
direction non indiquée, mais qu'on peut considérer, sinon comme
transversale, du moius comme légèrement oblique. Le rôle de la direc-
tion de la solution de continuité est donc suffisamment démontré et je
crois pouvoir, d'après ces faits et malgré leur petit nombre, affirmer
que le défaut ou, tout au moins, le retard de la consolidation est d'au-
tant plus à re(^outer que ces solutions de continuité sont moins
obliques et se rapprochent davantage d'une direction perpendiculaire
à l'axe de l'os.
L'opinion de Lamotte se trouve confirmée par cette circonstance,
car cette influence de la direction de la plaie ne peut s'expliquer que
par J'exiguïié des surfaces osseuses divisées, qui sont aussi peu éten-
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_ 518 —
dues que possible, lorsque la solution de cootiDuîté est transyersale,
d*où, pour les fragments , une facilité plus grande de s'abandonner.
Enfin, dans le cas d'une plaie oblique, un bandage compressif, appli-
qué autour du membre, maintient forcément, au contact, les surfaces
diyisées; tandis que si leur direction est transversale, le même baa-
dage est impuissant à prévenir leur écartement.
Il me reste encore une particularité importante à signaler. Lors-
qu'un os long a été divisé complètement par un instrument tranchant,
deux cas peuvent se présenter : iMa solution de continuité est due
complètement à l'action du tranchant de l'instrument : ce sont ces cas
que nous avons eu seulement en vue jusqu'à présent; 2"* une partie de
l'os seulement a été divisée par le tranchant de l'instrument, tandis
que le reste de son épaisseur a éclaté sous l'influence du choc de l'ins-
trument, agissant alors comme instrument contondant ou sous l'in-
fluence de toute autre cause. La solution de continuité participe alors
des caractères des plaies des os dans une partie de son étendue et des
caractères des fractures dans l'autre partie, et la consolidation en est
rendue plus facile, ainsi qu'il résulte du fait suivant que j'emprunte à
Lamolte :
A Au mois d'août i696, deux grenadiers, l'un du régiment d'Oleron
et l'autre de Hainaut, se battant à coups de sabre, celui de Hainaut en
déchargea un si grand coup sur celui d'Oleron, qu'il lui coupa environ
les deux tiers de Thumérus, assez près du coude; le reste de l'os de
l'épaule se trouva éclaté, comme il arrive à un morceau de bois quand
on veut le séparer et que sans se couper entièrement le reste s'éclate.
Le blessé fut amené à l'hôpital des troupes. Comme heureusement cette
plaie ne fut accompagnée d*aucun accident, je la pansai comme une frac-
ture simple et compliquée, que je ne pansais que de quatre à cinq fois
en quatre à cinq jours. Il ne se fit aucune exfoliaton à cet os, du moins
qui fût sensible; la réunion se trouva parfaitement accomplie et le
blessé guéri en trois mois. »
Il est permis de penser que dans ce cas la consolidation a été
prompte et facile, grâce à la présence, sur une partie de la surface
osseuse divisée, d'inégalités et de saillies ayant favorisé la coaptation
des fragments. A ce titre, ce fait plaide encore en faveur de l'opinion
de Lamotte, qui se trouve être ainsi la seule admissible.
De tout ce qui précède, on peut tirer quelques conséquences pra-
tiques relatives au traitement des divisions des os longs par les ins-
truments tranchants.
Plusieurs cas peuvent, comme nous l'avons dit déjà, se présenter:
1« La solution de continuité de l'os,, quoique complète, n'a pas été
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— 519 —
produite tout ^tière par le tranchant de rinstrument, une partie de
l'osa éclaté;
2^ La solution de continuité est due complètement à Taction de
rinstrument tranchant, mais sa direction est oblique ;
30 La solution de continuité, reconnaissant la même cause, est
transversale ou légèrement oblique.
Deux observations, Tune de Lamotle et l'autre de La Paye, que
nous avons rapportées, nous ont montré que la consolidation des so-
lutions de continuité des os longs, dues en partie ou même en totalité
{pourvu qu'elles soient obliques), à Taction d'un instrument tranchant,
pouvait se produire aussi rapidement et avec autant de facilité que s'il
s'agissait d'une fracture compliquée de plaie. Pour de pareilles solu-
tions de continuité des os longs, on n'aura donc pas à recourir à
d'autres moyeoB qu'à ceux qui sont mis habituellemoit en pratique
pour les fractures compliquées de plaie.
Lorsque la solution de continuité sera transversale ou légèrement
oblique, il n'en sera plus de même, et l'expérience a suffisamment dé-
montré l'infidélité des moyens habituels de contention des fractures.
Le chirurgien devra-t-ii alors placer le membre dans une immobilité
aussi complète que possible et attendre patiemment une consolidation
très-incertaine et tout au moins tardive, ou bien, au contraire, faire
appel à des moyens capables d'assurer et de hâter la consolidation.
Le chirurgien devra tout faire poui^ prévenir la formation d'une pseu-
parthrose, et il sera d'autant plus autorisé à agir ainsi, quelesinoyens
qu'il mettra en pratique seront plus inofiTensifs.
La cause du défaut ou du retard de la consolidation des divisions
complètes et transversales des os longs est surtout, selon moi, l'écarle-
ment des fragments, suivant Taxe du membre, d'où la formation d'un
cal fibreux, comme dans les fractures transversales de la rotule et de
l'olécràne. G*e8t donc ce déplacement, dû à l'absence d'aspérités sur
les surfaces divisées, et contre lequel les appareils qu'on emploie or-
dinairement pour les fractures des membres sont impuissants, qu'il
faudra s'efforcer de combattre. Aussi, dans ce but nthésîterais-je pas,
en pareil cas, à pratiquer la suture des fragments. Ceux-ci se trouvant
à ciel ouvert, par le fait de la plaie, il ne peut y avoir aucun inconvé-
nient à les traiter comme s'il s'agissait d'une pseudarthrose. Par cette
pratique, qui n'augmenterait en rien les chances défavorables du
blessé, on maintiendrait sûrement au contact les surfaces osseuses
divisées, en même temps qu'on provoquerait à leur niveau, par la
présence d*un corps étranger, une irritation que je considérerais volon-
tiers comme favorable à leur consolidation. On éviterait ainsi, sans
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— 520 —
nul doute, la formation d^une pseudarthrose, contre laquelle ne réus-
sira pas toujours un moyen aussi simple que celui que j*ai employé,
Tacupimcture, et dont la cure pourra peut-être réclamer plus tard la
suture des fragments, mais alors, en faisant courir au malade des
dangers que n'eût pas présentés cette opération, si elle eût été prati-
quée au moment même de Taccident.
Lorsque l'os divisé sera sous-cutané, on pourra peut-être remplacer
la suture par Tapplication delà griffe de Malgaigne.
Il est bien clair que ces considérations ne sauraient s'appliquer aux
cas dans lesquels les nerfs et les vaisseaux principaux ont été divisés
en même temps que Tos; en pareille circonstance, le chirurgien n'a
d'autre conduite à tenir que de séparer le membre, en régularisant la
Extrait du rajpport de H. Desfirès.'
Le travail de M. Thomas, de Tours, offre un intérêt réel au point de
vue de la répajpaiion des fractures causées par des instruments tran-
chants et contondants. Il s'agit, en effet, d*une fracture d'une pha-
lange causée par le côté tranchant d'un marteau. La fracture ne s'est
point consolidée dans le temps habituel; cinq mois ont été nécessaires
pour que la consolidation eût lieu.
Parmi les interprétations fournies par M. Thomas, de Tours, em-
pruntées à Lamotte.et-^Boyer, il en est une que l'auleur est plus
disposé à accepter : c'est celle de Lamotte. Je penche, pour ma part,
en faveur de celle de Boyer. Voici pourquoi : Boyçr disait que la len-
teur de la consolidation de la fracture était due à la contusion des
surfaces fracturées par l'instrument tranchant et contondant qui a
divisé l'os. Sans doute, Boyer avait remarqué des décollements du
périoste des parcelles d'os à moitié détachées des surfaces divisées, et
il avait conclu qu'il y avait contusion* Aujourd'hui, grâce aux re-
cherches microscopiques, il est possible de mieux préciser les lésions
et souvent de constater des lésions sur des os en apparence sains. Je
conçois tout à fait ce genre de contusion de l'os, et comme les portions
contusionnées, mortifiées^ doivent être éliminées, comme cette élimi-
nation dure un certain temps, six semaines ou deux mois, on conçoit
que ce travail éliminateur entrave la consolidation.
J'ai montré à la Sociéié de chirurgie, il y a cinq ans, des faits de
fracture du col du fémur, où le coi était, pour ainsi dire, réduit en
une sorte de poussière; j'ai fait voir que cette poussière osseuse ou dé-
bris d'os, formant de véritables corps étrangers entre les surfaces
fracturées, empêchait la consolidation.
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— 521 —
Je crois que chez le malade de M. Thomas il ^ a eu quelque chose
d'analogue. Il s'est élimiué une porliou de chaque surface de section;
tout ce qui était mortifié par la contusion a été éliminé avec le pus, et
pendant que cette élimination avait lieu, la consolidation était impos-
sible et a commencé seulement au moment où la plaie a commencé à
se fermer. Et c'est à peu près là ce que nous voyons dans les cas de
fracture comminutive avec plaie.
Eu résumé, je propose de maintenir M. Thomas, de Tours, sur la
liste des candidats au titre de membre correspondant, oii il est déjà *
placé, et de renvoyer son travail au Bulletin.
M. Yerkeuil. 11 y a bien longtemps que cette question des plaies
des os n'a été soulevée. Puisque l'on est obhgé d mvoquer les opinions
des auteurs des siècles passés, il me parait qu'il y aurait lieu de
mettre la discussion de cette question à Tordre du jour.
P&ÉSBNTATION d'iNSTRUMBNT.
M. Verneuil présente :
Un écraseur linéaire muni de deux chaînes qui peuvent agir simul-
tanément et pratiquer ainsi deux sections à la fois. Cet instrument
peut rendre et a rendu déjà des services dans Textirpation du col de
l'utérus, de certaines tumeurs des grandes lèvres, de la langue, etc..
Cet instrument n'augmente pas l'arsenal chirurgical. Il a été cons-
truit par M. Mathieu de façon qu'on peut manœuvrer à volonté avec
les deux chaînes ou l'une seulement.
Modification pour évacuer et injecter les collecliom des cavités séreuses* '
— M. Verneuil montre encore un petit appareil dont il a conçu l'idée
à propos d'un cas d'épanchement purulent dans la plèvre. Dans ce
cas, on laissa dans la plèvre un tube de caoutchouc, à l'aide duquel
on pratiqua, pendant fort longtemps, des iujections chlorurées. La
guéridon eut lieu; mais l'air s'introduisait librement dans le foyer et il
semble qu'il eût été avantageux d'empêcher ce contact permanent du
pus et de l'air atmosphérique.
Ce petit appareil ne renferme rien de neuf. Il se distingue seule-
ment par la réunion de tout ce qui peut assurer l'écoulement continu
les injections réitérées, tout en prévenant, du commencement jusqu'à
la fin du traitement, l'introduction de l'air.
M. Mathieu m'a fourni à très-bon marché toutes les pièces néces-
saires à ce procédé.
2' s. m*. — TOME IX.
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— 522 —
AfpareU mirumental.
1« Trocart droit assez court et assez volumineux;
2? Tube de caoutchouc, long de 30 à 35 centimètres, remplissant
exactement la canule du trocart. Il n'est pas perforé de distance en
distance comme les drains ordinaires, mais présente seulement près de
Tune de ses extrémités, et dans l'étendue de 4 à 5 centimètres, une
série de trous de 3 millimètres environ;
L'extrémité du tube, qui doit plonger dans la cavité, est convertie
en cul-de-sac par une fine ligature de soie appliquée circulairement;
3<> Un mandrin en fil de fer, une bougie de baleine, une petite ba-
guette de bois, fine, lisse, flexible ;
4* Un condom attaché sur une petite virole de cuivre ou de toute
autre substance ; elle est creuse et de volume tel qu'elle puisse s'en-
gager dans le tube en caoutchouc et y êflre maintenue par la pression
élastique de ce dernier;
5" Du coUodion; un bassin de petite dimension.
Manuel opératoire. —On plonge à l'ordinaire le trocart dans la col-
lection. Le poinçon retiré, le liquide s'écoule. Avant que le jet diminue,
on introduit le tube en caoutchouc avec Taide du mandrin et on le fait
pénétrer à la profondeur de plusieurs centimètres. On retire alors la
canule du trocart; puis le mandrin et le tube en caoutchouc restent
seuls en place. Le liquide s*écoule peu à peu ; on introduit la virole,
qui termine le condom, dans l'extrémité libre du tube élastique, et
désormais le contenu de la tumeur s'échappe par la cavité du condom.
Quand on veut faire une injection dans la cavité, on enlève le con-
dom, on serre le tube de caoutchouc entre la pouce et l'iodex de la
main gauche, à 2 centimètres à peu près de son extrémité libre; on
introduit dans ce tube la canule de la seringue, après s'être assuré
qu'elle ne renferme pas d'air, et on pousse le liquide médicamenteux.
Avant de retirer la seringue, on pince de nouveau le tube élastique
pour retenir le liquide injecté. On replace le condom et on laisse
écouler l'injection.
Pour peu qu'on prenne les précautions nécessaires, on peut réitérer
les injections aussi souvent qu'on voudra, sans qu'une seule bulle d'air
s*iutroduise dans la cavité séreuse ou purulente.
J'ai déjà mis en pratique deux fois ce petit appareil, qui m'avait été
confectionné par M. Mathieu. Une fois, il s'agissait d'un très-volumi-
neux abcès par congestion de l'aine. Une autrefois, d'un abcès du foie,
renfermant deux litres de pus. Ces deux cas étant encore en traite-
menty je ne puis prévoir quelle en sera l'issue; mais cependant je puis
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— 523 —
dire que Tintroduction de Taîr a été parfaitement prévenue depuis
une douzaine de jours que les tubes sont en place.
Dans un troisième cas et sur mon indication, le même appareil a
été employé dans une petite opération, qui, malgré son peu d'impor-
tance, donne trop souvent lieu à des accidents d'infection putride. Je
veux parler de hm perforation de Thymen avec rétention du sang
menstruel. J'ai conseillé de faire lentement l'évacuation du foyer, à
Tabri du contact de Tair, pour permettre à la matrice distendue de
revenir sur elle-même (ce qu'on favorise d'ailleurs avec de petites
doses de seigle ergoté) et de ne procéder qu'alors à la création d'une
ouverture large et permanente.
Je crois néanmoins que c'est dans le paracentèse thoracique que
l'appareil rendra les plus sérieux services, quand il s'agira de pleuré-*
sies purulentes exigeant l'issue continuelle du liquide.
M. Ghassaignâc. Je me garderai bien de combattre les inventions
de M. Yerneuil, et je ne puis m'opposer à des essais faits dans une
voie où je suis entré le premier.
Relativement à l'emploi du tube à drainage, je dois dire que la pra-
tique des chirurgiens anglais a prouvé que le tube à drainage, placé
en forme d'anse et à demeure dans le cas d'épanciiement dans la
plèvre, donnait des résultats remarquables et presque constants.
Quant à l'emploi du drainage dans le cas de distension de la cavité
vaginale par le liquide des règles, il peut donner des résultats satisfai-
sants. Je l'ai mis en usage avec succès, dans un cas de ce genre, chez
une fille de 17 ans, traitée dans mon service, à l'hôpital Lariboi-
sière.
Je dois faire remarquer que les tubes à drainage, qui sont tout à
fait inoffensifs quand ils sont disposés en anse, ne le sont pas au même
point lorsqu'ils sont laissés en liberté. '
Je crois que Too ne sera pas exposé à observer Taccident dont
nous a fait part M. Yerneuil, après l'emploi de i'écraseur linéaire,
lorsqu'on aura eu soin de limiter la partie à atteindre avec une ai*
guiile.
On pourra abaisser l'utérus avec des érignes, mais il ne faut pas
demander à cette méthode plus qu'elle ne peut donner.
M. Lahrby. Je me permets de rappeler à M. Yerneuil la sonde qui
a été employée par mon père et qui ressemble à celle qu'il a mise en
usage. Après avoir fait une ponction avec un trocart assez volumineux,
mon père introduisait une sonde élastique qu'il laissait à demeure. Il
avait aussi employé ce procédé après la ponction abdominale et après
celle des abcès froids.
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— 524 —
M. GuÉRiN, Je veux faireàrinsirument de M. Mathieu une objection
pnrenïent théorique. Je ne puis y voir un perfectionnement de Tins-
trumentde M. Chassaignac, La chaîne que nous présente M. Verneuil
scie les tissus et ne les coupe pas en les rapprochant peu à peu,.
Son action, par conséquent, ne repose pas du tout sur le même
principe que celle de Tinstrument de M. Chassaignac,
Je ne sais pas exactement ce que donnera la pratique, mais à priori
je craindrais de voir survenir la déchirure de quelques vaisseaux.
M. BoiNET. M. Verneuil a ajouté une petite vessie à son drain pour
empêcher l'introduction de Tair. Je ne pense pas qu'il faille autant
redouter Tintroduction de l'air; ce qu'il faut redouter, c'est que l'air
ne séjourne et n'amène la décomposition des h'quîdes avec les-
quels il est en contact; pour éviter cet inconvénient, il faut faire des
lavages convenables.
M. Brocà. L'objection que M. Guérin vient de faire au nom de la
théorie, à l'erap'oi de Técrasetir présenté par M. Verneuil, a déjà été
faite par la pratiqua.
Il y a une dizaine d'années, M. Charrière fils avait imaginé un écra-
seur, analogue comme principe à celui que l'on vient de mettre sous
nos yeux. Au premier abord, cet instrument semblait devoir agir
comme (ielui de M. Chassaignac; cependant, il n'en était rien, et j'ai
souvenir que M. Verneuil lui-même fut obligé de lier une artère sur
une verge qu'il avait sectionnée à l'aide de cet écraseur.
Relativement à l'existence des deux chaînes juxtaposées, je dirai
que les deux sections se faisant en même temps manquent de préci-
sion.
Enfin, c'est là un instrument nouveau à ajouter encore à notre ar-
senal.
M. Vernbuil, L'honneur de toutes ces petites tentatives revient en
partie au drainage. Seulement, je tiens à faire remarquer que le drai-
nage n'empêche pas l'introduction de l'air.
Je répondrai h M. Larrey qu'entre ce que faisait son père et ce que
je fais, il n'y a de ressemblance que l'introduction de la canule élas-
tique dans la canule métallique.
Dans un grand nombre de cas, l'on a observé, il faut l'avouer, des
héraorrhagies après remploi dç récra«eur linéaire; mais, pour mon
compte, j'estime que la faute en est tout entière aux chirurgiens, qw.
n'ont pas eu la patience de se servir de l'instrument, en suivant es
règles formulées par l'inventeur.
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- 525 —
COMITÉ SECRET.
 cinq heures, la Société se forme en comité secret pour entendre
les rapports sur les titres des candidats aux places de membres cor-
respondants étrangers et nationaux.
CORRESPONOANTS ÉTRANGERS.
M. Lefort, rapporteur de la commission des membres correspon-
dants étrangers, présente la liste suivante :
1"* M. firodhurst, à Londres;
2® M. Krassouwski, à Saint-Pétersbourg ;
3° M. Santo-Pado, à Urbino;
4« M. Bardeleben, à Berlin.
correspondants nationaux.
M. TiLLAux. rapporteur de la commission des membres correspon-
dants nationaux, présente la liste suivante :
1° M. Dubois, à Abbeville;
2« M. Dauvé, chirurgien de Farmée;
30 M. Duménil, à Rouen;
40 M. Gayet, à Lyon;
5" M. Lannelongue, à Bordeaux;
6» M. Thomas (Louis), à Tours.
La séance est levée è cinq heures un quart.
lA Secrétaire : D' Léon Larbé.
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COMPÏE-RENDU
SES
TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ DE CHIRURGIE
PENDANT l'année 1868
Par H. LÉON LABBÊ, seerélaire annsel
Messieurs,
Appelé par vos suffrages à Thonneur de rédiger vos bulletins peu-
dant rannée 1868, je viens aujourd'hui retracer, dans un résumé ra-
pide, les points priucipaux qui ont fait Tobjet de vos études. Après
avoir apporté le soin le plus scrupuleux à rendre dans toute sa vérité
la pensée de chacun de vous, je ferai encore des efforts pour mettre en
relief les communications les plus importantes que notre Société a dues
au zèle d'un grand nombre de ses membres.
Sans qu'il spit permis d'indiquer des limites à nos travaux, il me pa*
rait juste cependant de faire remarquer que pendant le cours de cette
année la nature de ceux-ci a été plus complètement en rapport avec
l'esprit qui a présidé à la fondation de la Société de chirurgie, avec la
direction qui a été donnée à ses efibrts par nos devanciers. Dans les
années précédentes, de longues et savantes discussions ont donné la
mesure du talent de plusieurs de nos orateurs, et l'on ne pourrait sans
injustice méconnaître l'importance des questions dont l'examen a ainsi
quelquefois occupé nos séances pendant plusieurs mois ; mais, d'un
autre côté, tout esprit impartial doit reconnaître qu'à ces époques l'ac-
tivité, l'assiduité du plus grand nombre de nos membres s'était singu-
lièrement refroidie. En effet, ce que la plupart d'entre nous venons
chercher dans cette enceinte, ce qu'espère trouver dans nos bullclios
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hebdomadaires le public médical si DoiQbreux qui suit régulièrement la
publication de nos séances, c^est la relation des faits les plus importants
de la pratique chirurgicale de chacun. Sous ce rapport, la richesse du
-Bulletin de Tannée 1S68 laisse peu à désirer, aussi dois-je, dès à pré-
sent, réclamer votre indulgence, si, voulant rendre à tous la justice qui
eur est due, je me vois dans la nécessité de n'insister que très-peu
sur chaque fait en particulier.
L'un de nos membres les plus actifs, M. Desprès, après avoir, en
1867, défendu avec une grande insistance les opinions qu'il professe
relativement à rinutilité du traitement de la syphilis par le mercure, a
essayé cette année de raviver une discussion encore récente en venant
faire part à la Société des résultats observés par lui dans son service
de Lourcine. M. Desprès, comme il le dit lui-môme, ne s'est pas laissé
effrayer par le concert d'oppositions qu'il avait rencontré au sein de
notre Société, et il demeure convaincu que ses opinions finiront par
triompher. L'ardeur avec laquelle M. Desprès a de nouveau défendu
sa manière de voir, n'a pu vaincre le silence de ses contradicteurs.
Nous devons encore à notre zélé collègue une intéressante commu-
nication sur le régime des opérés dans nos hôpitaux. Dans cette note,
où il défend l'intérêt de nos malades, M. Desprès a courageusement
revendiqué pour le corps des médecins et des chirurgiens des hôpi-
taux une plus large part dans les délibérations administratives qui
touchent directement au traitement des malades.
A la suite du dépôt sur le bureau par M. Broca, de la part de M. le
directeur de l'Assistance publique, des deux premiers volumes de la
Statistique médicale des hôpitaux de Paris (années 1861 et 1862)^ vous
avez nommé, sur la proposition de M. Lefort, appuyée par MM. Lar-
rey et Marjolin, une Commission dite Commission permanente de sta-
tistique chirurgicale. Sa mission est de dresser le cadre dans lequel
on devra ranger tous nos documents statistiques, et lorsque ce travail
important sera terminé^ la Société en accueillera la communication
avec la plus grande faveur.
. A toutes les époques, les difficultés de diagnostic que présentent
certains lipomes ont été signalées par les chirurgiens. M. Trélat vous
a fait connaître une erreur qu'il avait commise dans un cas de lipome
de la main simvkmt un kyste synovial. La tumeur, limitée à la paume
de la main, laissait percevoir la sensation de fluctuation avec une in-
contestable netteté/ et, en la pressant, on obtenait une sorte de frôle-
ment rugueux et prolongé.
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Cette présentation a donné lien à une discussion rapide dans la-
quelle M. Holnet a tenté de faire admettre, contrairement k Topinion
très-absolue de M. Chassaignac, que dans certains cas de lipomes l'on
pouvait percevoir exactement la même s^sation que celle que Ton
constate lorsqu'il existe un kyste synovial.
M. Demarquay a mis sous vos yeux un bel exemple de (utneur
hfipertrophique des glandes sudoripares. Cette tumeur avait été d*abord
prise pour un cancer, et les faits de ce genre, ainsi que Va fait remar-
quer M. Verneuil, dont vous connaissez les travaux sur ce sujet, per-
mettent d'expliquer les idées anciennes sur la non reproduction et la
bénignité de certaines tumetirs de la peau dites cancéreuses.
M. Harjolin nous a communiqué une observation d'hypertrophie
diffuse de la glande mammaire, à marche rapide, survenue chez une
jeune fille de quinze ans et demi, de petite taille, non réglée. Le sein
droit, qui dut être enlevé, pesait 1 kilogramme 510 grammes. Dans
ce cas Thypertrophie, quoique déjà considérable, était loin d'at-
teindre les proportions qu'elle avait prises chez la jeune fille opérée
par M. Manec en 1859 pour une hypertrophie générale des deux ma-
melles. Chez elle, en effet, Fun des seins pesait qninze livres et l'autre
seize.
Nous devons à M. Guyon la relation d'un fait très-intéressant d'en-
ekondrâme pur de la parotide. La tumeur observée chez une jeune
fille de 17 ans et demi, avait mis un peu plus de sept ans à se
développer. Après la dissection, elle mesurait 24 centûnètres de cir-
conférence. Elle était constituée par du tissu cartilagineux vrai
en abondance, à côté de tissus cartilagineux en voie de forma-
tion.
En opposition à la marche lente qu'a présentée cette tumeur carti-
lagineuse, je dois vous signaler les faits û^enchondrômes à marche
rapide que nous ont fait connaître MM. Tillaux et Trélat. Chez la ma-
lade de M. Tillaux, les deux maxillaires supérieurs avaient été en-
vahis et la résection partielle de ces deux os avait dû être pratiquée.
La tumeur, grosse comme un œuf de poule, n'avait commencé à pa-
raître que trois mois auparavant. Examinée par MM. Laboulbène, Ran-
vier, Tillaux, elle ne contenait que du cartilage à différents états de
développement^ et cependant elle s'était comportée comme les pro
ductions que nous sommes habitués à considérer comme de mauvaise
nature.
Chez l'une des opérées de M. Trélat, jeune femme de 29 ans, la
tumenr, qui occupait d'abord la partie latérale droite du cou "et dont
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les Kmites, au moment de ropération, étaient la plèvre, le pharynx,
les gros vaisseaux du eou et les apophyses épineuses des vertèbres
cervicales, avait acquis un volume énorme en moins de dix-huit mois.
Un enchondrôme de la parotide, enlevé par ce chirurgien sur une
autre femme, s'était développé en trois ans.
En présence du fait de M. Tillaux et des siens, M. Trélat s*est de-
mandé s'il n'y avait pas lieu de réviser la question de la rapidité ou
de la lenteur de développement des tumeurs cartilagineuses. L'on doit
s'associer à Tidée émise par notre collègue^ mais à la condition, ainsi
qne l'a fait observer M. Giraldès, que tous les fiaits seront soumis à
un mode d'investigation Identique : l'examen microscopique. Dès lors,
on le comprend, une partie des faits anciens devront être laissés de
côté dans le débat.
M. Marjolin nous a montré des pièces importantes se rattachant à
l'histoire d'un cas de gangrène spontanée des extrémités inférieures
chez un enfant de 26 mois y ayant une communication congénitale à la
base des deux ventricules du coeur. Ces faits sont très-rares, et dans
l'ouvrage de IHM. fiarthez et Riiiiet on n'en trouve que six de men-
tionnés.
M. Demarquay a vu mourir entre ses mains, par suite d'une hémor-
rhagie due à la blessure d'une artère intercostale^ un jeune homme
sur la poitrine duquel il avait pratiqué un très-léger débridement
destiné à faciliter l'emploi d'injections détersives dans la cavité pleu-
rale. Il faut noter que les rapports normaux des espaces intercostaux
avaient été notablement modifiés par la maladie, et la blessure du
vaisseau se comprend facilement lorsqu'on sait qu'une partie du re-
bord inférieur de la côte supérieure manquait; l'artère n'était plus en
eflTet protégée.
A celle occasion, M. Panas a exposé rapidement l'histoire d'un in-
dividu observé par*^lui dans le service de M. Laugier. Ce malade
mourut à la suite d'une hémorrhagie de l*artère intercostale blessée
par un fragment de côte fracturée.
M. Tillaux a payé son tribut à l'histoire des plaies du cœur» Il nous
a fait voir une tige métallique longue de 16 centimètres, large de
2 millimètres, qui avait traversé d'avant en arrière et de gauche à
droite la paroi postérieure du ventricule gauche dans toute son éten-
due et tout le lobe inférieur du poumon droit. La tige n'avait nulle-
ment pénétré dans les cavités du cœur. Elle a séjourné pendant
13 mois dans la poitrine sans amener dans le tissu du cœur aucune
modification appréciable. Le chirurgien ayant pu observer le malade
2* série. — TOME IX. 67
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peu de temps après l'iatroductioa 4u corps étranger daas le thorax,
devait^il rester inacUf ou intervenir immédiatement. Cette question,
soulevée par plusieurs membres, a été résolue dans le sens de Tinter-
yention par la plupart d* entre eux; malgré cette opinion, for-
mulée d'ailleurs avec quelques réserves, U serait difficile de critiquer
la conduite de notre collègue.
Vhistoire thérapeutique des anévrysmes a été profondément modi-
fiée depuis quelques années, et plusieurs des membres de notre So-
ciété, notamment MM. Broca et Yanzetti de Padoue peuvent à bon
droit reyendiquer une large part dans les progrès accomplis dans
cette yoie. Cette année, Tun de nos correspondants étrangers les plus
actifs, M. Giniselli, de Crémone, nous a adressé la relation d'un fait
remarquable qui recule encore les limites de Tart relativement à ce
point important de pratique chirurgicale. Chez un homme de 46 ans,
M. Çiniselli a guéri un anévrysme de Taorte ascendante à l'aide de la
gaWano-puncture. On ne saurait trop recommander la lecture de cette
observation, qui renferme des enseignements nombreux et donne
une haute idée de la science et de Tingéniosité de notre confrère
italien.
L'un de nos nouveaux collègues, M. le docteur Paulet, a lu, à l'ap-
pui de sa candidature, un important mémoire intitulé Étude sur les
suites immédiates ou éloignées des, lésions traumatiques des nerfs. Peu
de jours après, M. Tillaux, dans un consciencieux rapport, faisait
ressortir devant vous tout ce que ce travail renfermait d'intéressant.
La physiologie nous enseigne que le bout périphérique d'un nerf
sectionné a perdu toutes ses propriétés conductrices, et qu'en consé-
quence les parties auxquelles il se distribue sont privées et de senti-
ment et de mouvement jusqu'à ce que les deux bouts soient réunis.
Eh bien! M. Paulet nous a fait connaître des observations qui sont
de nature à ébranler sur ce point les conyictions \ts plus fermes. Il a
réuni vingt-huit cas de névrotomie avec résection dans lesquels les
fonctions se sont rétablies quelquefois après un temps très-court,
d'autres fois après plusieurs mois il est vrai, mais alors .que la perte
de substance faite au tronc nerveux égalait trois ou quatre ))0uces, ce
qui exclut toute possibilité de restauration, d'après les lois posées par
la physiologie. Enfin, dans certains cas, la résection d'un nerf im-
portant n'a troublé en rien la sensibilité ni le mouvement volon-
taire.
Assurément ces faits sont exceptionnels ; mais, tels qu'ils sont, ils
ont naturellement conduit l'auteur du mémoire et fon rapporteur à
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émettre la proposition suivante : Vite partie du corps peut comerver
sa sensibilité^ bien que le tronc Hervevx qui s'y distribue ne présente
plus ses communicaiicns habilutUes avec l'encéphale. Reste aux phy«
Biologistes à résoudre le problème qui leur est posé en ces termes*
M. Liégeois, metts^nt à profit ses études de physiologie, a fait con-
struire un nouvel esihésiomèlrej a Taide duquel il a tenté d'établir une
distinction nette f ntre les diverses sensations tactiles. Quoique ce soit
là plutôt un sujet de physiologie que de chirurgie, il s'y attache ce-
pendant un véritable intérêt pratique, et l'on comprend le parti que
peuvent tirer les chirurgiens de l'emploi de cet instrument, notam-
ment dans rétode du retour de la sensibilité dans le cas de plaies des
nerfs.
Les communications qui vous ont été faites sur les maladies des
08 et des arHculations ont été nombreuses, variées et intéressantes.
M. Liégeois vous a longuement ejpoaé l'histoire de trois malades
sur lesquels il pratiqua la résection du masiUaire supérieur pour des
tumeurs fibreuses et fibro-plastiques. Ces trois fumeurs, consfituées
par des éléments des tissus cellulaires, embryonnaires ou complète-
ment développés, ont été observées dans les trois déparlements cel-
lulaires de la mâchoire, si l'on pf*ut dire ainsi, dans lesquels les
fibromes peuvent prendre naissance. La prenjière était née, très-
vraisemblablement, dans le canal dentaire; la seconde, dans le pé«
rioste qui enveloppe l'os; la troisième dans le périoste alvéolo-
dentaire.
Dernièrement, M. Panas soumettait à votre examen une tumeur de
la mâchoire inférieure, dont l'apparence, la coloration splénique rap-
pelaient, à s*y méprendre, les tumeurs à myéloplaxes bien décrites
par M. Eugène Nélaton. On n'avait pas afijaire cependant à un myélo-
piaxe, mais à ce que Ton désigne aujourd'hui sous le nom de sar-
come ossifiant, c'est-à-dire à une production morbide due au dévelop-
pement anormal d'éléments embryo-plastiques dans la moelle, avec
accompagnement de travées osseuses dans son épaisseur.
Cette observation intéressante prouve, à n'en pas douter, que l'exa-
men à l'œil nu ne suffit pas, comme le voulaitM. Eugène Nélaton, pour
caractériser let» tumeurs à myéloplaxes. Mais -q uelle est sa véritable
signification par rapport à l'bistoire générale des tumeurs? Question
difficile à résoudre, d'autant plus que l'on voit en lisant avec soin
l'observation de notre collègue, qu'il s'agissait là d'une tumeur à élé-
ments multiples et composée de parties encore en voie d'évolution.
A l'occasion d'un travail important lu dans une autre enceinte par
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Tan de dos collèges, M. Broca, sur les od&niàmeseémentaireSy M. Le-
tumeur, de Nantes, nous a fait parvenir une observation d'odmiàme
cémetUaire radiculaire. La tumeur avait mis vingtrsix ans à acquérir
son développement. L'observation avait été déjà communiquée à la
Société de cbîrurgie, sous le ûire à' esoitose éburnée^ mais elle n'avait
pas été publiée. M. Letenneur possédait encore la pièce anatomique,
et la lecture du travail de M. Broca, lui fit penser tiu'il pouvait bien
«'agir de Tune de ces productions morbides désignées par notre col-
lègue sous le nom d*odon(6me eémentaire. L'examen, à l'aide du mi-
croscope, d'une coupe très-fine de la tumeur, a en effet démontré à
M. to)ca qu'il s'agissait bien là d'un T)doDt6me eémentaire, production
pathologique qui constitue une variété des tumeurs dentaires étudiées
et décrites pour la première fois chez l'homme par notre collègue
M. Forget, dans un mémoire original couronné en i859 par l'Académie
des sciences, sur le rapport de M. Yelpeau.
les doubles fractures verlicales du bassin bien décrites par Mal-
gaigne, présentent parfois de grandes difficultés de diagnostic. Notre
collègue, M. Panas, après avoir au lit du malade établi d*une façon
précise la nature de la lésion, a pu à l'autopsie constater de visu Texis-
tence d'une quadruple fracture de cette cavité. Les pièces ont été mises
sous vos yeux et vous avez pu voir qu'une cinquième fracture sépa-
rait la quatrième pièce du sacrum d*avec la cinquième.
A cette occasion, M. Larrey demanda à M. Panas, si en même temps
que la fracture, il n'existait pas une disjonction, même partielle, des
symphyses, soit sacro- iliaques, soit pubiennes, rappelant que dans
la plupart de ces traumatismes l'on rencontrait cette double lésion.
Quelques jours après, M. Dolbeau venait apporter l'appui de son
expérience à l'opinion soutenue par M. Larrey. Notre collègue, nous
faisait savoir qu'ayant observé quatre fois les fractures doubles verti-
cales du bassin, trois fois il avait remarqué que la fracture postérieure
intéressait l'articulation sacro-iliaque, et en même temps,*il signalait
à voire attention une lésion bien exceptionnelle, consistant dans la
luxation complète ou double de fos iliaque, ^ effet, dans le fait re-
cueilli par M. Dolbeau, il s'agissait bien d'une luxation ou disjonction
de toutes les articulations du bassin. Notre collègue, fort de sou expé-
rience, crut pouvoir, dans cette circonstance, diagnostiquer une frac-
ture double du bassin, ahrs qu'il s'agissait réellement d'un déplace-
ment articulaire. M. Dolbeau pense que dans l'avenir, il serait possible
d'éviter cette erreur, en précisant davantage le siège exact des points
douloureux et en recherchant avec grand soin la mobilité anormale.
Le 6 janvier 1868, un individu, qui avait été enlevé par l'arbre de
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couche d'une machine à vapeur, fut apporté à Th^pital Saint*Ântoine,
dans le service de M. Panas. On apprit qu'il avdt perdu connaissance
immédiatement après l'accident, et qu'il avait été bientôt en proie à
un état d'excitation violente. Une saignée avait été faite; lorsque le
blessé entra à l'hôpital, il était encore agité, il délirait, avait des mou-
vements désordonnés dans les bras et dans les jambes, et l'on put ob-
server quelques contractions convulsives.
Du reste, on ne remarqua aucune trace de violence, point d'ecchy-
moses. La face était rouge, le pouls fort et plein. L'état d'excitation
dura jusqu'à trois heuresBu matin, puis la respiration devint à ce mo-
ment un peu difficile, puis s'embarrassa tout à fait, et le malade
mourut vers six heures.
La cause de la mort, qui n'avait pu être soupçonnée, fut découverte
à l'autopsie. Il s'agissait d'une luaiation de la septième vertèbre cer-
vicale. Dans le point correspondant, la dure-mère était intacte; mais
le cordon médullaire paraissait légèrement étranglé, présentait dans
une hauteur de 1 centimètre environ, une teinte violacée, ecchymo-
tique, et le tissu de la moelle était manifestement ramolli dans la
même hauteur.
Dans le même hôpital, notre collègue M. Tillaux a observé en com-
mun avec M. le docteur Millard, un cas de luxation spontanée de la
sixième vertèbre cerûcale sur la septième^ dans lequel les difficultés de
diagnostic n'ont pas été moins grandes, quoique le patient ait été penj
dant plus longtemps soumis à l'examen de nos confrères. Le malade
avait, il est vrai, fait une chute, mais celle-ci avait été légère; il
avait pu reprendre ses jeux, lorsque tout à coup, quatre heures après
cet accident en apparence insignifiant, il s'affaissa eu s'écriant: a Sou-
tenez-moi, je ne puis me porter. » A partir de ce moment, il exista
une paraplégie absolue. La mort arriva quatre jours après le début des
accidents.
Il est bien évident que cette observation doit être rattachée à ces cas
si fâcheux, dans lesquels des lésions déjà anciennes des surfaces arti-
laires vertébrales échappent aux chirurgiens les plus sagaces, et se
révèlent tout à coup entourées d'un cortège de symptômes des plus
effrayants.
Les luxations du poignet, admises si facilement par les chirurgiens
du dernier siècle, et rejetées à peu près complètement depuis les tra-
vaux dç Dupuytren, ne peuvent cependant être niées. C'est à Mal-
gaigne qui, dès 1834^ put en réunir trois exemples, que l'on doit
d'avoir démontré que ces luxations existent réellement, tout en étant
fort rares.
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Les luxations en arrière sont les plus communes; des exemples
non douteux en ont été publiés par M. René Marjolin dans sa thèse
inaugurale, en i839, par MM. Voîllcmier, Lenoir, et M. Guyon est
venu mettre sous vos yeux un nouvel exemple de cette rare lésion.
Chez un homme qui fut apporté à l'hôpital des Clinique&» il prit im-
médiatement le moule du membre, avant toute tentative de réduction.
C*est ce moule que vous avez pu tous examiner. Eh bien! cette lé-
sion est quelquefois si difficile à reconnaître, que plusieurs d'entre
nous ont voulu contester à M. Guyon Texactiiude de £on diagnostic.
Cependant, notre collègue a cru pouvoir maintenir qu*it était en droit
d'affirmer l'existence d'uDcJuxation du poignei simple ou accompagnée
de petites fractures insignifiantes.
Cette dernière réserve était très-justifiée, puisque M. Guyon n'avait
pas été appelé à faire l'autopsie du membre blessé, car quelques jours
après, M. Chassaignac vous faisait voir une pièce fort importante re-
lativement à cette question. Il s'agissait d'un enfant chez lequel le ra-
dius et le cubitus avaient fait issue à travers la peau, la réduction
avait été impossible et l'on avait dû pratiquer la résection des deux
extrémités articulaires. Tout le monde croyait à l'existence d'une luxa-
tion type, cai Ton voyait les surfaces articulaires, et cependant l'exa-
men attentif de la pièce anatomo-pathologique démontra qu'une
couche très-mince de la surface inférieure du radius était resiée ac-
collée au carpe, que, par conséquent, il ne s'agissait pas là encore
d'une luxation pure du poignet.
À l'occasion de l'autopsie d'un malade affecté de luxation coxo-
fémorale ancienne, M. Tillaux a entrepris sur le cadavre une série
d'expériences fort intéressantes et destinées à déterminer le rôle
exact que joue la capsule par rapport à la variété de déplacement de
la tète fémorale. S'il n'est point encore prouvé, comme ont paru le
démontrer les objections de quelques-uns de ses contradicteurs,
MM. Broca, Després, etc., que les conclusions de M. Tillaux puissent
dès à présent être acceptées sans réserve, je dois dire cependant
qu'elles présentent un assez grand intérêt, pour que j'aie pensé à re-
produire ici celles qui ont plu^ particulièrement un cachet de nou-
veauté. Notre collègue estime que : A la capsule est l'agent qui limite
h peu près exclusivement la mijgration de la tète fémorale dans la
luxation en arrière; B, que la rupture de la capsule, en arrière seule-
ment, ou bien en arrière et en bas, donne toujours lieu à une luxa-
tion incomplète ischiatique ; C, que la rupture de la capsule^ en ar-
rière, en bas et en avant (la partie supérieure seule étant intacte),
donne toujours lieu à une luxation ischiatique; D, que la rupture de
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la capsule, en arrière, en bas et en haut (la partie antérieure ou liga-
ment de BertîQ étant seule intacte), donne toujours lieu ^une luxation
iliaque. Enfin, que ces deux types de luxation ischiatique et iliaque
sont tellement distincts qu'ils ne peuvent être transformés Tup ea
Tau Ire que par la rupture complète de la capsule.
M. Yerneuil a dernièrement, dans un cas de coxalgie avec suppura-
tion, fait la résection de la hanche. Son opéré est mort, mais notre
eollègue estime qu'il a trop tardé à pratiquer cette opération et qu'i^
aurait probablement réussi, s'il était intervenu deux mois plus tôt. 11
est toujours très-disposé à recourir à cette opération, qui malgré les
louables efforts de notre collègue M. Le Fort, n'est pas encore eutrée
dans la pratique usuelle des chirurgiens français.
Incidemment, M. Yerneuil a appelé l'attention de la Société sur te
raccourcissement réel que Ton peut observer dans certaines coxalgiea,
sans que pourtant lo, tête fémorale ait quitté la cavité cotyloïde. Ce
raccourcissement est dû alors à une sprte d*éculement de cette ca-
vité; cette disposition tendrait à faire admettre par M. Yerneuil, plus
qu'il ne Ta fait jadis, l'utilité de l'extension continue dans le traitement
de la coxalgie. Cette question de l'extension, ainsi que celle de l'op-
portunité de la résectiou, a donné lieu à une discussion intéressante,
à laquelle ont pris part MM. Yerneuil, Blot, Marjolin, Le Fort, Gi-
raldès,etc.; elle a permis de voir combien de desiderata existent en-
core dans le traitement de cette maladie redoutable. Nous avons va
en effet M. Le Fort abandonner des appareils américains qu'il nous
avait présentés autrefois avec de grands éloges, et M. Giraldès nous a
dit qu'à la vérité des chirurgiens américains très-autorisés, tels que
MM. Cosme, Sayre, Davis avaient fait construire des appareils pour
répondre à Tindication de l'extension continue, mais qu'en réalité, il
était facile, de se convaincre que tous ceux-ci n'agissaient qu'en iiumo<
biiisant la cuisse à Ea partie supérieure et non eu produisant une
traction qui éloignerait l'une de l'autre les surfaces articulaires ma-
lades. I -
Yous le voyez, la question est loin d'être épuisée; par son impor-
tance, elle mérite assurément d'être souvent mise à l'ordre du jour de
vos discussions.
Au commencement de cette année, M. Yerneuil nous présenta un
malade chez lequel il avait pratiqué avec succès la réaeclion du coude
dans un cas de fracture articulairCy avec plaie pénétrante de l*articu'
lation. Notre collègue avait été encouragé dans sa détermination par
l'avis de M. Yanzetti, de Padoue. Une discussion, à laquelle prirent
part MM. Guérin, Blot, Chassaignac, Guyon, Larrey, Le Fort, Panas,
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Foiget, Demarqoay, s'engagea sur ce point de pratique chirurgicale.
Tous nos collègues furent ^ peu près unanimes pour combattre la
manière de voir du cbirurgiea de Lariboisière. M. Verneuil a été
sensible à ces critiques; un nouvel exemple de plaie pénétrante
s'étant présenté à son observation, il a voulu faire de la chirurgie
eipectante, malheureusement, il a perdu son malade. Vous le voyez
messieurs, cette question des résections dans les cas de traumatismes
récents mérite de fixer toute votre attention, et nous ne saurions
trop vous engager à faire connaître à cette tribune tous les faits
capables d'infirmer ou de faire prévaloir Topinion de notre collègue.
Dans cette môme année, nous ont été communiquées deux observa*^
tions de fractures de la rotule avec plaie pénétrante du genau^ qui ont
été suivies de guérison. Dans les deux cas, les malades ont dû leur
salut à Tusage des larges débridements, des lavages répétés, elc.
L'une de ces observations a été recueillie par H. Duplay, Taùtre par
un chirurgien militaire, M. Baizeau. Sur ce dernier fait, vous avez
entendu un rapport de M. Dolbeau. Ce chirurgien n'a pu qu'approuver
l'usage du drainage, si heureusement mis à contribution par M. Bai-
zeau.
Nous devons à M. Letenneur la connaissance d'un fait bien excep-
tionnel. Il s'agit d'un cas de fracture du pubis par contraction muscur
laire. Les détails qui accompagnent l'observation ne peuvent laisser
aucun doute sur le mode de production de la fracture.
A plusieurs reprises, et Tannée dernière encore, la question de
l'opportunité de VapplicaiUm du trépan dans le cas de lésions trauma-
tiques de Vjencéphale a donné lieu à d'importantes discussions. M. Til-
laux vous a fait part d'un fait clinique, qui a une grande valeur rela-
tivement à celte question. Un jeune homme tomba sur le sol, d'une
hauteur environ d'un troisième étage. Il fut apporté à l'hôpital dans
un état voisin de la résolution. Sur le crftne, vers le sommet de la
tète, à 2 centimètres de la ligne médiane, existait une plaie contusepeu
étendue, au fond de laquelle on sentait les os à nu^ à f aide du stylet.
Le malade mourut ; la lésion capitale que l'on rencontra était due
à la présence d'un caillot sanguin situé sur les côtés du cerveau, au
niveau de la fosse temporale, entre la dure-mère et la boîte crâ-
nienne.
La mort paraît bien avoir été déterminée par la formation brusque
de ce caillot; or, comme l'a très -judicieusement fait remarquer notre
collègue, ce caillot eût pu se former plus lentement, et le malade eût
pu vivre avec une hémiplégie gauche. Dans cette hypothèse, le chirur-
gien pouvait songer à intervenir à l'aide du trépan ; alors, il eût été
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indiqué d'apptiqaer eekil^et dans le poiot du crftne où était la plaie
extérieure, où ie choc avait dû porter ; cependant l'agent compres-
seur, le caillot, s*en trourait à une telle distance, que l'opération eût
été nécessairement inutile.
Chez un autre malade, il existait une fracture du crftne avec un
fragment légèrement déprimé et une plaie aux téguments. Quelle plus
belle occasion pour pratiquer la trépanation? Cependant le malade
meurt d'infection purulente, et à l'autopsie on décourre que l'hémi-
plégie, qui existait chez lui , était due, non pas à la dépression des
fragments ni aux éclats de la lame vitrée, mais bien à la présence
d'un caillot qui, par sa situation, son volume, soti étendue, ses adhé-
rences, était inaccessible à la trépanation.
Quelques jours plus tard, M. Panas vous communiquait un fait très-
important au point de vue qui nous Occupe en ce moment , et vous
faisait part d'expériences tentées sur les animaux et destinées à con-
trôler les résultats expérimentaux annoncés autrefois par Malgaigne.
M. Panas a conclu de ses riecherches que l'injection pratiquée entre
la dure-mère et lés 08, déterminait plus rapidement des accidents et
la mort, que celle faite dans la cavité arachnoïdienne.
La présentation par M. Demarquay d'un enfant affecté dé bec-de-
lièvre d&nble compUqué, nous a valu la lecture d'un travail de M. Broca :
Sur rapplicatUm de la sutvre osseuse au traitement du hee-de-lièvre
double compliqué de saiUie de Vos intermaa:iilaire ; le travail de M. Broca
s'appuie sur deux observations qui sont personnelles à l'auteur.
M. Broca a voulu prouver que la méthode qui consiste à conserver
le tubercule osseux, dans le cas de bec-de-lîèvre double, compliqué
de la saillie de ce tubercule, a été trop facilement abandonnée par les
chirurgiens; sans prétendre que la conservation de ce tubercule
soit toujours possible, il pense avoir démontré qu'il y a des cas où
elle peut réussir d'une manière complète, à la faveur de l'avivement
du tissu osseux et de l'emploi de la suture osseuse.
Plusieurs communications relatives aux maladies des yeux nous ont
été faites par des médecins étrangers à la Société. Ainsi M. Meyer,
nous a présenté un malade sur lequel il a obtenu la guérison d'un
staphylôme peUudde de la cornée après avoir mis en usage le procédé
de son maître, M. de Graëfe, procédé destiné à déterminer un aplatis-
sement de la cornée à la suite de la production artificielle d'un petit
abcès dans l'épaisseur de cette membrane.
Nous avons inséré dans nos bulletins Une observation très-com-
2«sérié'. — TOMEix. 68
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- 538 —
piète de double LusiUmn^ aiêtaUin recueUlie (^r II. Che^uevier, pro-
fesseur à rÉoole de médeoine de Besançon. Notre coafrère pense que
Ton doit admettre deux espèces distinctes de luxation du cristallin :
4** la luxation de Tappareil cristallinien tout entier; 2p H luxation du
cristallin, la capsule conseryant ses rapports normaux. M. Dplbeau,
cbargé de faire un rapport sur le travail de M. Gheunevier, a cru de-
voir faire des réserves relativement à cette interprétation des faits, il a
émis ropiuion que la manière de voir de notre confrère demandait une
démonstration plus rigoureuse.
Un de nos membres associés les plus éminents, le professeur de
Graêfe, de Berlin, a fait passer sous nos jeux une série de dessins
représentant des lésions rares de l'appareil oculaire; ainsi, un cas
d'irrégularité congéniale du cristallin : un kyste séreux de la chambre
antérieure; un polype méianeux de l'œil, etc., etc.
Enfin, il y a quelques jours à peine, M. Panas nous a montré un
exemple irrécusable d'ossification de l'iris.
. Plusieurs communications importantes et relatives aux maladies
des femmes, nous ont été faites dans le cours de cette année.
M. Depaul nous a donné la relation détaillée d'un fait de déchirure
centrale du périiaée thez une primipare. Cette lésion, en apparence si
. grave, guérit généralement par les seuls efforts de la nature. Dans le
. cas dont il s*agit, M. Depaul avait annoncé que des soins de propreté
suffiraient pour amener une guérison complète; l'événement a justi-
fié ce pronostic favorable. Un magnifique dessin annexé à nos bulle-
tins rend plus saisissante cette lésion assez rare.
Gomme cela arrive souvent lorsque l'attention est appelée sur un
fait exceptionnel par une communication à la Société de chirurgie,
des cas analogues nous ont été adressés par plusieurs confrères.
M. Auger (de Pithiviers), et M. Stolz, l'éminent accoucheur de Stras-
bourg, auquel vous venez de conférer le titre de membre correspon-
dant, nous ont envoyé deux belles observations de cette lésion, assez
rare pour avoir pu être niée par certains accoucheurs ayant cepen-
dant une longue pratique.
M. Depaul, au nom de M. le docteur Faliu, nous a communiqué une
observation de corps fih'eus de la matrice expulsé après le travail de
P accouchement, M. Depaul s'était demandé s'il ne s'agissait pas là d'un
cas de monstruosité fœtale, si Ton n'avait pas affaire à l'un de ces
monstres que Ton a décrits sous le nom d'anidiens. L'examen mi-
croscopique fait par M. Robin n'a pas laissé subsister de doute relati-
vement à la nature fibreuse de la tumeur.
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— 539 —
Quelques jeiirs apr^, à l'oecasion de cette présentation, H. Porget
nous lisait une note étendue intitulée : Des eorpg fibreux et des polypes
de Vntértês amsidérés pendant la grossesse et après raeconckemeiU.DdJiB
ce travaii sont passés en revue plusieurs points intéressants de l'his-
toire des tumeurs fibreuses de Futéras et sont discutées avec Boia les
indications chirurgicales qui peuvent se présenter à la suite de l'ae-
couchement lorsqu'il existe un corps fibreux on un polype accessible à
Faction instrumentale.
M. Guéniot a exposé longuement devant vous un fait d*aecouche'
ment heureux par les voies naturelles dans un cas d'obstructUm presque
complète du petit bassin par un corps fibreux, M. Guéniot terminait son
intéressante communication par l'analyse d'un grand nombre d'obser-
vations appartenant à divers auteurs, et concluait que la réalité des
modifications iiuprimées à certains fibromes par la gestation, quoique
très- vraisemblable, manquait cependant encore d'une rigoureuse dé-
monstration.
Enfin, M. Depaul nous a soumis une observation qui présentait la
plus grande analogie avec la précédente et dans laquelle la terminai-
son ne fut pas moins heureuse. Notre collègue a en outre combattu Tas-
sertion de M. Guéniot tendant à nier l'augmentation des corps fibreux et
leurs modifications de consistance pendant la grossesse, il a rappelé,
à ce sujet, les observations lues devaut nous par MM. Guyon et Bailly.
M. Depaul termina son intéressante communication par une longue
série de conclusions qu'il serait impossible de reproduire ici; la der-
nière était ainsi formulée : Certains fibromes utérins péritonéaux
constituent une des plus graves complications de la grossesse et sou-
lèvent les questions les plus embarrassantes de l'obstétrique. La
science est loin d'être faite sur ce point important, qui est digne de
toutes les méditations des chirurgiens.
Je ne saurais passer sous silence le fait remarquable que nous a
fait connaître dernièrement M. Dumesnil, de Rouen, d'une tumeur
fibreuse dont l'élimination spontanée et partielle a eu lieu à travers la
paroi abdominale.
Vous avez tous présente à l'esprit la pièce si curieuse d^hypertro*
phie générale de l utérus que M. Tiilaux nous montrait il y a quelques
semaines. A la suite de cette présentation, s'est élevée dans le sein de
la Société une discussion qui a mis eu lumière des fsdts assez peu con-
nus jusqu'à ce jour de variations plus ou moins périodiques dans le
Tolume de l'uté/us. Dans ce cas le poids de la matrice était de deux
kilogrammes, et son volume représentait à peu près celui d'une tète
de jeune garçon de huit à dix ans.
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— 540 ^
Le diagnostic des eakwU urininrê», ^larfois « diffidle, peut, âans
quelques drconstances, deTenir tout à fait impessible malgré l'explo-
ration le plus miDutieuse et la plus méthodique. Notre collègue
M.fifaijolia a dû méconnaître chez un enfant de deux ans un calcul qui
était recouvert par des couches nombreuses et épaisses de fibrine et
de mucus coagulé. Bien que certains symptômes eussent éveillé l'at-
tention du chirurgien, la sonde ne donnant d'autre sensation que celle
qui résulte d'une colonne charnue plus ou moins saillante, oelui-d dut
abandonner l'idée de l'existence d'un calcul.
Quelques jours après, notre coHègue a mis sous nos jeux un cal-
cul volumineux qu'un jeune garçon de 44 ans et demi, taillé neuf ans
auparavant par M. Déguise dis, avait rendu spontanément par le pé-
rinée. À la suHe de l'issue de ce calcul a persisté une fistule urinaire
qui a mis cinq ou six mois à se fermer.
M. Liégeois nous a présenté un calcul énorme de l'nrèthre qui lui
avait été remis par M. Bouché, médecin à Spincourt (Lorraine). Ce cal-
cul présentait plusieurs particularités remarquables : il siégeait dans la
partie initiale de l'urèthre et y avait séjourné vraisemblablement de^
puis une quarantaine d'années. Il était divisé en trois fragments irré-
guliers mais s'adaptaot exactement l'un à l'autre; enfin le fragment
le plus volumineux, le dernier enlevé, celui qui par conséquent était le
plus proche de la vessie, était creusé dans toute son étendue d'un
canal complet s'ouvrant aux deux extrémités de ce conduit par deux
orifices très-régulièrement configurés, si ce n'est l'orifice postérieur,
qui était surmonté d'une saiUie conique en forme de luette, A propos
. de la fragmentation de ce calcul, M. Liégeois s'est livré à une longue
et savante discussion relative à la posmbiliié de la fragmentation spon-
tanée des calculs. Dans le cas actuel, M. Liégeois repousse l'idée de
ce mode de fragmentation et admet que les calculs ont été projetés
dans l'urèthre à des époques diverses, et que, par suite de frottements
répétés, leurs facettes se sont adaptées.
La pUimiction et le trichiasis des voies urimires ont été l'objet d'un
travail d'ensemble que Rayer publia en 1850 dans les bulletins de la
Société de biologie. Il crut, comme ses prédécesseurs, devoir admettre
deux sortes de cas se rattachant les uns à la pilimiciion proprement
dite les autres au trichiasis simple :ou essentiel des voies urinaires. Le
iriohiasis est constitué par des poils nés sur la muqueuse urinaire,
la pilimiçtion est symptômatique d'un kyste fœtal ouvert dans la ves-
sie. M. Broca vous a fait connaître un cas fort intéressant dans le-
quel Tex^men à l'aide du microscope des parties expulsées a servi à
déterminer d'une façon très-nette qu'il s'agissait bien d'un cas de
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— 541 ~
pilimiciion alors qu'il eût été possible d'admettre l'existence d'un
simple trichiasis; nous devons reconnaître avec notre collègue
que s'il n'y a aucune raison pour nier à priori la possibilité d*une
production de poils par la muqueuse urinaire, en fait les preuves de
cette possibilité font complètement défaut jusqu'à ce jour.
MM. Liégeois et Boinet ont lu devant vous deux observations d'ovario^
tomies terminées par la guérison. Ce dernier nous a exposé avec détails
plusieurs modifications heureuses qu'il a fait subir à quelques temps de
cette opération et vous a communiqué sa statistique personnelle. Les
résultats que notre confrère a obtenus sont dignes de fixer votre
attention et d'encourager les chirurgiens à entrer dans une voie utile
et trop délaissée jusqu'à ce jour dans notre pays.
M. Guyon nous a présenté un malade à qui il a pratiqué me am-
putationsus-malléolaire par un procède nouveau.
Ce procédé a essentiellement pour but de supprimer complètement
le lambeau antérieur dont M. Guyon a eu l'occasion de constater la
défectuosité, de prendre à la partie postérieure du membre le plus
possible de parties molles, enfin de rester dans les limites de l'opéra-
tion sus-malléolaire. Le lambeau postérieur, taillé d'après le pro-
cédé de M. Guyon, contient dans son épaisseur tout le tendon d'Achille,
dont la gaine n'est pas ouverte, et les tendons deâ muscles de la ré-
gion postérieure^ dont les gaines sont intactes jusqu'au point de la
section inférieure; l'artère tibiale y est également comprise dans sa
gaine. Ce procédé, mis une fois en pratique avec succès par notre
collègue, mérite, messieurs, de fixer sérieusement notre attention.
Je termine en signalant les instruments que nous a montrés M. Du-
play, et qui sont destinés à régulariser les opérations exécutées dans
Vintérieur des fosses nasales. Notre confrère a fait construire un spé-
culum qui permet de bien éclairer Tintérieur de ces cavités, et des
pinces à polypes qui ont quelques avantages évidents sur les instru-
ments analogues que nous avions jusqu'à ce jour à notre disposition.
Vous le voyez, messieurs, j'avais raison de vous le dire, l'acti-
vité n'a pas été bannie de nos séances. Anciens etjiouveaux, les
membres de notre Société ont montré qu'ils avaient une grande
ardeur pour la science; nous devons plus particulièrement des
remerdments à ceux de nos anciens qui veulent bien ne pas déserter
nos réunions et ,iio\is faire profiter de leur expérience déjà longue.
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— 542 —
, Permettez-mei, en terminant, de vous remercier de la grande bien-
veillance que vous m'avez tous montrée et qui a rendu ma tâche si
facile.
ALLOCUTION DE M. LE PRÉSIDENT LEGOUEST.
J'ai le devoir de vous fdire le compte rendu moral et administratif
des actes de la Société de ciiirurgie pour l'année 486S.
Si la prospérité des Sociétés savantes se mesurait à la prospérité
de leurs finances, la Société de chirurgie n'aurait que des félicitations
à s'adresser. En effet, elle ferme Fexercice budgétaire de Tannée qui
vient de s*écouler sur un excédant de recette de 2,000 francs . Cest
aux modifications introduites dans nos statuts, c'est aux soins appor-
tés par notre trésorier à leur exécution que nous devons cette petite
fortune à l'emploi de laquelle le nouveau bureau devra aviser. Je crois
être l'interprète bien inspiré de la Société tout entière en priant
M. Houêl de vouloir bien accepter nos remerclments du zèle et du
dévouement avec lesquels il a rempli, pendant quatorze ans, la tâche
délicate de trésorier. Il mettra, nous l'espérons, les conseilâ de son
expérience au service de son successeur, et tiendra ainsi à bien mé*
ritei encore de la Société de chirurgie.
Pour la première fois, messieurs, votre président ne vous annoncera
pas, dans cette réunion, la publication de vos travaux. Ni nos mé-
moires, ni notre bulletin n'ont paru. Le Comité de publication, pas
plus que vos secrétaires ne sont responsables de cette lacune, due
à la grève des ouvriers imprimeurs.
Pour la première fois aussi, le rapport sUr les thèses envoyées au
concours du prix Duval ne vous sera pas présenté : une indisposiiioa
n'a pas permis au rapporteur de la commission d'achever sou travail
en temps utile et nous prive d'une des plus douces satisfactions de
cette journée, celle de réi^ompenser le mérite. Dans quelques jours, je
l'espère, cette omission sera reparée.
Un mouvement notable a eu lieu dans le personnel de la Société pen-
dant le cours de l'année dernière : nous avons eu le regret de perdre
un de nos membres honoraires, M. le professeur Jarjavay, inopiné-
ment enlevé à la science, à la pratique et à ses amis ; et quatre mem-
bres correspondants nationaux, MM. Gfot-Bey, Ange Duval, Loiret
Tfaore; deux membres tiiuiaires, MM. Cullerier et VoiUemier ont de-
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— 543 —
mandé et obtenu Thonorariat; enfin, une jeune phalange que je salue,
MM. Guéniot, Sée, CruTeilhier, Duplay et Paulet, a pris place parui
nous et a déjà payé à la Société un large tribut scientifique.
J'ai la satisfaction de vous annoncer que le catalogue de notre bi-
bliothèque, sous l'active impulsion de notre bibliothécaire-archiviste,
touche à son terme, et que l'acte de la donation faite à la Société par
la veuve de notre regretté collègue Laborie est à la veille de nous re-
venii' du Conseil d'État. Dès aujourd hui, nous pouvons donc mettre
au concours pour la séance annuelle de 1870 le prix Edouard Labo-
rie, dont la valeur est de 1,200 francs.
Vous savez, messieurs, que la volonté de la donatrice est que le
prix Edouard Laborie soit donné annuellement au meilleur mémoire
de chirurgie présenté à la Société dans Tannée courante, mais que
néanmoins, tous les six ans, le sujet du mémoire serait donné par la
Société et choisi parmi ceux dont le docteur Laborie s'est particu-
lièrement occupé.
Le bureau a pensé que pour rendre hommage à la mémoire de
notre collègue autant qu'à la générosité de sa veuve, il convenait
d'appliquer cette clause au premier concours du prix Edouard Labo-
rie et il propose la question suivante : Déterminer par des recherches
cliniques la valeur de l'amputation sus-malléolaire aux divers points
de vue : 1° de la mortalité consécutive à cette opération; 2« des pro-
cédés opératoires ; 3<> de l'utilité des moignons dans la marche ; 4® des
moyens prothétiques que comportent ces derniers.
A la veille de quitter le fauteuil que j'occupe depuis deux ans, le
bureau auquel j'appartiens depuis prèa de sept aus, je remercie la
Société de la bienveillance qu'elle m'a témoignée ; je ne crois pas pou-
voir lui donner un meilleur gage de ma reconnaissance qu'en m' asso-
ciant plus intimement encore à ses travaux.
FIN.
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TABLE
ALPHABÉTIQUE ET ANALYTIQUE
DES MATIÈRES
RÉDIGÉE PAR LE SBGRBTAIRE ANNUEL
Amputation sus-malléolaire au lieu d'éleclJon, 84.
— à la partie moyenne par ur procédé noiitveaut 33i.
-^ spontanée de la jambe, 2.
Ànéorisme, aorte ascendante galvano^puncture, 359.
— carotide primitive droite, compression digitalût gaérisoa, 478, 483.
— carotide primitive, 269.
Appareil ^ extension pour le membre inférieur, 497, 505.
Astragale, luxation, 2.
Autoplastie de la face, 140.
^Appareil pour éyacuer et injecter les collections d^ cavKés séreuses, 521
•^ discussion, 523.
jéUocttltofi du président, 542.
Bassin (Luxation du), 128.
Biceps j luxation du tendon de la longue portion, 116.
£ec-d0-ltéure, présentation, 110.
— discussion, 112.
— procédés opératoires, HT.
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-^ 546
Cakul vé&ica), 183, 5i.
— discussion, 56.
. — de rurèlbre, 50.
— rendu par le périnée, 73,
Cancer du testicule, 115.
Cristallin, luxation spoiitauée, 347.
Commission pourTexameu des archives, 51 î.
Coa^resseur artériel, 399.
Corps étrangers de Toreille, 181.
— dUcussion, 185.
— nbreox utérins: observations ttt discussions, 213, 217, 229, 282, 292,
312, 330, 492, 494. 503, 513
Coxalgie suppurée, résectiofi, 352.
~ discussion, 355, 385, 390, 402.
Crâne, fracture, 90.
-> discussion, 94.
Compte-rendu des travaux de la Société de chirurgie pendant l'année 1808, 5i6.
Déchirure centrale du périnée chei une primipare, 75.
— discussion, 78.
Décor tication de rbematocèle, 139.
— ^ discussion, 145.
Demande d'ordre du jour, 9.
Dentition prématurée, 185.
— Elimination spontanée des deux incisives siipér cures, 176.
Division des os longs par tes instrxi^icnts trancbànis, 512.
Élection d'un membre titulaire, 16, 273.
— d*un comité de publication, 17.
— d'une commission te congés, 37.
pour le renouvellement du bureau et. la nomination des commis-
sions, 510.
Enchondrome parotide, 217, 199.
~ •- des deux maxillaires supéi'i.iurs, 181.
Fibrome calcifié du maxillaire inférieur, 208.
Fistules vésico-vaginales incurables, 504,
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— -547 '—
Pracim-es, baissio, :25.
-^ crâne, 90.
— discussion, 92.
— col du fémur chez une centenaire, 493.
— rotule avec plaie pénétrante du ^euou, 21, 167.
— du pubis par contraction musculaire, 326.
GUmdes suJohpares (Tumeur hypeitrophique des), 49.
Gangrène spontanée des extrémités, 87.
H
Hématocèle vaginale, présentation de pièces, 139.
— discussion, 145.
Hémorrhagie d'une artère intercostale, 97.
— discussion, 100.
Hydatide du rein rendue par l'urèthre, 281,"^
Hypertrophie des cartilages d'ossification, 50.
— de la mamf lie, 34Î.
I
/«jecWo» jodo-taniiique dans les veines, 136.
J
Jambe (Voyez Amputation).
— artificielle, présentation, 66.
Liffome de la main simulant un kyste synovial, 173.
— discussion, 175^
Liqueur de Vjllate, injection, mor», 186.
Luxation de Tastragale, 2.
— du bassin, 128.
— discussion, 133.
— coxo-fémorale, 260.
— de la sixième vertèbre cervicale, 202.
— ne la septième vertèbre cervicale, 20.
— du poig^e^, 206.
M
Maxillaire inférieur (Voyez Résection).
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— 548 —
Maxillaire supérieur et inférieur : affection singulière des arcades alvéoio*
dentaires^ 162.
jf-,; Nomination d'un membre honoraire, t7.
^ii" — d'une commission permanente de statistique chirurgicale, SO.
!#■- iVer^», lésion trauraatiaue, 108.
^;>. ' ■ D . .
'V « Odontome radicnlaire cémentaire, 69.
Œsthésiomètre, S.
■^^■' OpAt^almoIo^te, présentation de dessins, 383^.
Ossification irido-papillaire, 4t7.
Ovortotomie, 369, 404.
Périnée, perforation centrale dans IWcouvbeoHînt, :â85.
T^ilimiction (Voyez Tric/ktoais des^oics urinatres).
Ptotd non pénétrante du cœur, 118.
— discussion, 124.
Polype utérin enlevé par récrascnr, 492.
— de la vessie, 9.
Présentation dMnstruments, 43.
Prix Laborie (lettre de création), 184.
Bapport sur un mémoire de Paule^ sur les affections chirurgicales «Icn
nerfs, 103.
— sur la division des os longs par leslnstroiuents tranchants, 520.
— de la commission des ni^mires correspoHdaut^ nationaux et élritt^
gers, 525.
Régime des malades dans les hôpitaux, 17.
Résection du maxillaire inférieur pour une tumoui»^ ûbreuso, 23.
•— discu-sion, 31 .
— de la hanche, 29â. -
— radio-carpienne, 9.
~ dans les cas de fractures ajrUculaires,
Rhinoplastiey 340.
Rupture centrale du périnée, 108.
s
Sarcome ossifiant du maxillaire inférieur, 419.
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. - 549 —
Staphylome p^llucide de la cornée, 4i*
Statistique de3 hôpitaux, discussion, 45, 51.
Syphilis, traitement, 241 .
Tépan^ opportunité, 79.
TricMasis des voies arinaires, 260.
Tumeur adénoïde dn sein, présentation, 38k
— cornée de la paupière supérieure, 510.
— hypertrophiiue des glandes sudoripares,
— à myéloplaxe, .
— sarcomateuse onkystée, 307.
— muUiplts de la tace, 257.
Urëthrotomie, présentation, 33.
FIN DE LA TABLB DES MATIÈRES
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1
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TABLE DES AUTEURS
AutiÉ, 102.
Baixeai], 168.
Blot, 78.
BOINET, 404.
Broca, 45, 47,50, 113, 147,260, 503
Chassaignac, 2, 37, 51, 55, 101. 1 CimsELLi,269, 359.
CllENNEVIER, 347 I COLSON ((Jc Novoii), 510.
Demarqitay, 32, 83, 49,97, 109, 111,
114, 183, 208, 281.
Depaul. 52, 75, 213, 312, 3^10.
désormeavx, 436.
D£SPRëz,'17, 46, 241, 253, 520.
DoLBE^u, 128, 167.
DuMESNiL (de Rouen), 491.
DOPLAY, 22, 446.
FoRGET, 31, 40,229.
GiRALDÈs, 47, 56, 57. 113, 184.
Graefe, 382,
GuÉNiOT, 176, 292.
Gdérin, 36, 40i
Guersant, 9.
GoTON, 84, 205,217, 326,3.^4.
Heknequin, 497.
Hervez de ("hecoin, 251 .
Horel,. 115.
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— 552 —
Labbé, 40, 162, 527.
Labret, 40, 45, 54, 100.
Le Fort, 38, 46, 48, 53, 66, 84,
85, 109, 181, 381, 505.
Lecolëst, 109, 542.
Letenneur, 69.
Liégeois^ 3, 23, 39.
Marjoun, % 46, 53, 54, 57, 87, 182. 1 Meyer, 4i.
222, 307, 342, 390. I Hiraolt (d*Angers), 3i0.
NOTTA, 186.
Pablet, 103, 478.
Perr», 37.
Prestat (de Ponloisi'), 282, 492^
493.
Rouge (de Lauzanne), 483.
SiuoM (de Heidelbcrg), 504.
SiSTACH, 455, 466.
Stoix,
Tardieu, 43.
Thomas, 51^.
TiLLABx, 79, 85, 103, 118, 161,
196, 202, 266, 423, 440
Trélat, 37, 47, 53.
Vanzetti, 14.
I Verseuil, 9, 34, 40,
9, 461
468,521.
I>AKIS. -^ IMPRIMERIE L. POUPART-DAYYL, RUE OU BAC, M
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