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Full text of "Bulletins de la Société royale de botanique de Belgique"

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BULLETIN 



DS Là 



SOCIÉTÉ ROYALE DE BOTANIQUE 



DE BELGIQUE 



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Gand, imp. C. Annoot-Braeckman. 



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BULLETIN 



DS Là 



SOCIÉTÉ ROYALE DE BOTANIQUE 



DE BELGIQUE 



FONDÉE LE 1" JUIN 1862 



TOME ONZIÈME 




BRUXELLES 

AU SIÈGE DE LA SOCIÉTÉ 
JABDIN BOTANIQUE DE l'ÉTAT 

1872 



Conseil d'administration de la Société pour 

Tannée 1872. 



Président : M. B.-G. Du Mortier. 
Vice-présidents : 

MM. J. PUTZEYS. — F. MULLER. 



Secrétaire général : 

M. J.-E. BOMMER. 



Secrétaire des publications : 
M. F. Grépin. 



Trésorier : M. L. Goomans. 

Conseillers : 

MM. A. Drvos. mm. J.-J. Kic.kx. 

Gh. Gilbert. L. Pire. 



LISTE DES MEMBRES 



DB 



LA SOCIÉTÉ ROYALE DE BOTANIQUE DE BELGIQUE. 



MEMBRES EFFECTIFS. 

Baetens (E.), fabricant, à Lokeren. 

Baguet (G.), avocat, place du Peuple, à Louvain. 

Bamps (C), étudiant en médecine, à la Pédagogie, à Louvain. 

Barlet (G.), docteur en médecine, rue de THôpital, 12, à 

Bruxelles. 
Bauwens(L.), rue des Sables, 19, à Bruxelles. 
Beaujean (R.), directeur de TËcole moyenne, k St-Hubert. 
Belleroche (J.), professeur, rue de TÉvéque, 68, à Anvers. 
Bellynck (A.), de la Compagnie de Jésus, professeur d'histoire 

naturelle au Collège N.-D. de la Paix, à Namur. 
Bernard (C), chaussée de Yleurgat, à Ixelles. 
Bertrand, percepteur des postes, à Havelange. 
Blondiau, régent k l'École moyenne, k Thuin. 
BoDDAERT (G.), docteur en médecine, rue Bassc-des-Champs,67, 

à Gand. 



( viii ) 

BoDSON (L.), pharmacien, rae des Guillemins, 17, à Liège. 

BoiGELOT (l'abbë), chapelain, à Ghampion-Gognelée. 

BoMMER (J.-E.), conservateur des collections du Jardin bota- 
nique de rÉtat et professeur à lUniversité, rue de la Chan- 
cellerie, 18, à Bruxelles. 

BoNNAERT (Raoul), ruc de la Rëunion, 5, à Mons. 

BouiLLOT, professeur d'arboriculture, à Cou vin. 

Britten (James), assistant à Therbier du Jardin royal, à Kew. 

Broquet (B.), commissaire d'arrondissement, à Ath. 

BuLS (Ch.), marché aux Herbes, 103, à Bruxelles. 

Campion (F.), à Vilvorde. 

Candéze, professeur h TUniversitë, à Liège. 

Carnoy (l'abbé J.-B.), docteur en sciences naturelles, curé, à 
Bauffe, près de Brugelette. 

Carron (G.), rue Coppens, & Bruxelles. 

Cerf (H.), rentière, rue des Champs-Elysées, 41, à Ixelles. 

Ghabaut (Ludg.), régisseur, à Solre-sur-Sambre. 

Chalon (J.),. docteur en sciences naturelles, place du Palais, à 
Namur. 

Chapuis, docteur en médecine et membre de l'Académie, & 
Verviers. 

Charlier (Eug.), docteur en médecine, faubourg St-Gilles, 19, 
& Liège. 

CoENÇN (Arm.), & Heer, près de Maestricht. 

CoGNiAux (A.), aide-naturaliste au Jardin botanique de l'État, à 
Bruxelles. 

GooMANS (L.), pharmacien, rue du Poinçon, 62, à Bruxelles. 

GooMANS (Y.), rue du Poinçon, 62, h Bruxelles. 

Couturier (L.), régent à TÉcole moyenne, à Neufchateau. 

CoYON, professeur au Collège, à Dinant. 

Granincx (Ose), rue Lèopold, 1, & Louvain. 

Crépin (F.), conservateur au Musée royal d'histoire naturelle, 
rue de Louvain, 28, h Bruxelles. 



(«) 

Dardbnne (E.), régent à TÉcole moyenne, à Andenne. 
Daron (P.), rentier, rue Royale-Ste-Marie, 67, h Bruxelles. 
DE Brutelettb (B.), membre de la Société botanique de France, 

rue St-Gilles, & AbbcTille. 
DE BuLLEMONT (E.), rue du Président, 60, à Ixelles. 
DE Gannàrt-d'Hamale, sénateur, & Malines. 
DE Contreras (F.), ex-consul, rue de Vienne, 15, à Ixelles. 
DE DiEtjDONNÉ (Osc), doctcur en sciences naturelles, rue des 

Vaches, 7, & Louvain. 
DE Kercrove (Osw.), avocat, quai au Blé, 15, à Gand. 
De Keysbr (Edg.), avocat, rue de la Calandre, il, & Gand. 
Delbastaille, étudiant, rue du Pont-d'Avroy, à Liège. 
DE L*EscAiLLE (J.), ingénieur, rue de la Station, & Louvain. 
Delogne (C), aide-naturaliste au Jardin botanique de l'État, 

à Bruxelles. 
DE Looz-CoRSWAREM (G.), ruc Louvrcx, 61, & Liège. 
Demoor (V.), médecin-vétérinaire, à Alost. 
DE PiTTEURs(Cb.), docteur en sciences naturelles, à Zepperen, 

par St-Trond. 
DE Prins (A.), docteur en droit, place du Peuple, à Louvain. 
De RiDDER (fabbé P.), directeur de Thospice St-Antoine, à 

Gand. 
DE Sélys-Longchamps (Edm.), sénateur, à Longchamps-sur- 

Geer, près de Waremme. 
Detbrmb (T.), à Mariembourg. 
Devos (A.), régent à TËcole moyenne communale, rue Ste-Vé- 

ronique, 24, & Liège. 
Dewael (J.), docteur en sciences naturelles, rue Otto Vcnius, 

h Anvers. 
DE WoELMONT (H.), rcntiërc, rue Marnix, 25, à Bruxelles. 
DoucET (H.), secrétaire du Conseil de surveillance du Jardin 

botanique de l'État, rue de la Loi, 27, & Bruxelles. 



Dubois (£.), répétiteur à TÉcole du génie civil annexée à 

l'Université, à Gand. 
DucoFFRE (A. -G.), régent à TÉcole moyenne, à Jodoigne. 
Du Mortier (B.-G.), membre de la Ghambre des représentants 

et ministre d'Etat, à Tournay, et Montagne du Parc, 15, à 

Bruxelles. 
DuMORTiER (E.), rue des Palais, 75, à Bruxelles. 
Dupont (Éd.), directeur du Musée royal d'histoire naturelle, k 

Bruxelles. 
DuvERGiEB DE Hauranne (E.), membre de la Société botanique 

de France, rue de Tivoli, 5, à Paris. 
Firket (Gh.)) étudiant, rue Fragnée, 35, à Liège. 
Fischer (E.), médecin-vétérinaire, à Luxembourg. 
Fontaine (A.), colonel au 4™* rég. de ligne, boulevard Frère- 

Orban, 27, à Gand. 
Fontaine (G.), bourgmestre, à Papignies. 
FuNCK (N.), directeur du Jardin zoologique, à Gologne. 
FusNOT, chaussée de Waterloo, 129, à Ixelles. 
Gaujard (N.), horticulteur, à Ledeberg-lez-Gand. 
Gielen (J.), rentier, à Maeseyck. 
Gilbert (Ch.), rentier, rue du Nord, 29, à Anvers. 
GiLLE (N.), professeur à l'École de médecine vétérinaire, à 

Gurcghem. 
GiLLEKENS, directeur de l'École d'horticulture, à Vilvorde. 
GiLLON [J.], consul de Gosta-Rica, rue de Bériot, 52, à St-Josse- 

ten-Noode. 
GoETHALS, pharmacien, rue de Bruges, 9, k Gand. 
GRAVET(Fréd.), k Louette-St-Pierre, près de Gedinne. 
GRiviLLER(y.), instituteur, à Tournay. 
Grùn (K.), docteur en sciences naturelles, rue Lairesse, 121, 

Quartier Longdoz, k Liège. 
GuiLMOT (l'abbé), curé, à Bourseigne-Neuve. 



(xi) 

Hànon (F.), docteur en médecine, rue du Marais-Meyboom, à 

Bruxelles. 
Hardy (A.), régent à TÉcole moyenne, k Visé. 
Hecking (Ose.), étudiant & TUniversité, & Louvain. 
Henfling (J.), étudiant, rue St-Séverin, 10, à Liège. 
HoBKiRK (Gh.-P.), Arthur Street, 7, Fitzwilliam Street, à Hud- 

dersfield. 
HouzEAu DE Lehàye, profcsscur & TÉcole des mines, k Hyon, 

près de Mons. 
HowsE, membre de la Société Linnéenne de Londres, St-PauFs 

Church Yard, 19, à Londres. 
Ingels (R.-C), directeur de la maison des aliénés, hors la porte 

de Bruges, k Gand. 
Jacquemin (G.), capitaine, à Mons. 
JoLY (A.), chimiste, rue du Conseil, 7â, à Ixelles. 
JoRissENNB, docteur en médecine, faubourg StpGiiles, 145, à 

Liège. 
Kegeuan (Ferd.), banquier, à Namur. 
RicKx (J.-J.), professeur de botanique à TUniversité, rue 

St-Georges, 28, à Gand. 
Rnuttel (S), Heerengracht, 169, à Amsterdam. 
Laboulle, inspecteur des écoles communales, à Yerviers.' 
Lacroix, géomètre, rue de Stassart, 75, à Ixelles. 
Lagasse, professeur de chimie k TÉcole normale, à Nivelles. 
Lagasse (Ern.), rue de TArbre-Bénit, à Ixelles. 
Laharche de Rossids (Ose), rue Louvrex, à Liège. 
Lebrun, instituteur à TÉcole moyenne, à Spa. 
Le Comte (Théophile), membre de plusieurs Sociétés savantes, 

à Lessines. 
Lecoyer (J.), instituteur, k Wavre. 
Ledegancr (K.), docteur en médecine, rue des Longs-Chariots, 

à Bruxelles. 



(Mi) 

Lejeune (Ph.), directeur de Tlnstitut agricole, à Gembloux. 

Lenars (G.), capitaine pensionné, rue des Guillcmins, 54, 
à Liège. 

Lenoir, régent à TËcole moyenne, à Stavclot. 

Léonard, capitaine au rég. du génie, au Camp de Beverloo. 

LiNDBN (J.), directeur honoraire du Jardin zoologique, à 
Bruxelles. 

Louis (H.), horticulteur, hôtel d'Arenberg, Petit-Sablon, à 
Bruxelles. 

LouvEiGNé (H.), professeur au Collège, k Lierre. 

Lubbers (L.), secrétaire de la Société royale de Flore, rue du 
Berger, 26, à Ixelles. 

Malaise (C), membre correspondant de TAcadémie et profes- 
seur d'histoire naturelle à l'Institut agricole, à Gembloux. 

Marchal (É.), professeur à l'École d'horticulture de Vilvorde 
et aide-naturaliste au Jardin botanique de l'État, à Bruxelles. 

Martens (Éd.), professeur de botaniqueà l'Université, à Louvain. 

Massangb (L.), à Malmedy. 

Maubert (le frère), professeur, faubourg Ste-Marguerite, à 
Liège. 

Meyer (J.), chimiste, à Eisch, près de Luxembourg. 

MicHOT (l'abbé), à Mons. 

Miégeville (l'abbé), à Notre-Dame-de-Garaison (dép* des Hautes- 
Pyrénées). 

Miller (H.), professeur, chaussée de Wavre, h Ixelles. 

MoNHEiM (V.), conseiller communal, à Aix-la-Chapelle. 

MoRREN (Éd.), professeur de botanique à l'Université, k la 
Boverie, i, à Liège. 

Muller(F.), président de la Société royale Linnéenne, rue au 
Laines, 22, à Bruxelles. 

NoEFNET, régent à l'École moyenne, à Thuin. 

Orban (F. née baronne de VivARio),à Castelalne, par Havelange 
(prov. de Namur). 



( WM ) 

Parthon-Dbvon, ex-consul, k Braxelles. 

PéTERS (Ém.), rue du Pûnt-d*Ile, 46, à Liège. 

Petit (E.), étudiant, Gour-du-BailIy, 9, k Mons. 

PiRé(L.) professeur à TAthénëe, rue Keyenveld, ili, à Ixelles. 

PiRENNE (Fabbë J.), directeur de TÉcoIe normale, à St-Roch, 

près de Ferrières. 
PoMERiNCKE, étudiant en pharmacie, àLi^e. 
PoNciN (J.-J.), professeur de sciences commerciales k TAthénée, 

à Arlon. 
PoTZEYS (J.), secrétaire général au Ministère de la Justice, rue 

de Naples, 55, k Bruxelles. 
Pynaert (Éd.), architecte de jardins et professeur à l'École 

d'horticulture, rue de Bruxelles, 142, à Gand 
RoBiE, instituteur, à Forest, près de Bruxelles. 
RoDiGAs (Ém.), professeur k l'École d'horticulture, place d'Arte- 

velde, 25, k Gand. 

RoNDAY (H.), capitaine au 2»« rég. des chasseurs à pied, à 
Menin. 

Rossignol (Alph.), professeur au Collège, k Chimay. 

RoTHERMEL fils, pharmacicu, à Luxembourg. 

Sauvage (l'abbé V.), à Celles, près de Tournay. 

ScHAMBERGER (P.), régcut à l'Écolc moycnuc, k Boom. 

SiRAux, directeur du Parc, à Fnghien. 

SoHiER (Adr.), étudiant en médecine, rue du St-Esprit, 88, à 

Liège. 
Stephens (H.), architecte de jardins, rue St-Sèverin, à Liège. 
Strail (l'abbé Ch.), curé, à Magnée. 
Stratton (Fred.), à Newport (Ile de Wight. — Angleterre). 
Thielens (Arm.), docteur en sciences naturelles, à Tirlemont. 
Thys (J.), jardinier en chef, au château de Dongelberg. 
TiLMAN, régent à l'École moyenne, à Visé. 
TosQDiNET (l'abbé), curé, à Bure, près de Rochefort. 



( x»v ) 

TosQuiNET (J.), médecin de riment, à Bruges. 

Tournât, étudiant en pharmacie, à Liège. 

Van Bahbeke, docteur en médecine, rue Haute, 5, à Gand. 

Van Bastelaer (D.-A.), pharmacien, Ville-Haute, à Charleroy. 

Van Beneden (Éd.), professeur à TUniversité, à Liège. 

Vandenborn (Pabbé H.),professeur à FÉcole normale,à St-Trond. 

Vanden Broeck, secrétaire de la Société centrale d'agriculture 

de Belgique, rue des Palais, i2i, à Bruxelles. 
Vanden Broeck (Ernest), étudiant, rue Terre-Neuve, 124, à 

Bruxelles. 
Vander Rindere (L.), docteur en droit, à Uccle. 
Vander Maesbn, étudiant en médecine, passage Lemonnier, 19, 

à Liège. 
Vander Meersch, docteur en médecine, rue de Bruges, 42, à 

Gand. 
Van Haesendonck (G.-G.), docteur en médecine, à Tongerloo. 
Van Hecrck (H.), professeur de botanique au Kruidkundig 

Genootschap, rue de la Santé, 8, à Anvers. 
Van Horen (F.), aide-naturaliste au Musée royal d'histoire 

naturelle, rue de la Pépinière, à Bruxelles. 
Van Horen (H.), étudiant en pharmacie, k Sd-Trond. 
Van Meerbeeck (£.), rue Vieille-Bourse, à Anvers. 
Vanpé, régent à TËcole moyenne, à Bruxelles. 
Van Segvelt (Edm.), pharmacien, rue du Serment, il, à 

Malines. 
Van Volxem (C), boulevard duAégent, 52, à Bruxelles. 
Van Zuylen (Alb.), avocat, rue Porte-aux- Vaches, 49, à Anvers. 
Verheggen (H.), régent à TÊcole moyenne, à Maeseyck. 
Warsage (W.), répétiteur d*histoire naturelle et de zootechnie 

à rinstitut agricole, à Gembloux. 
Wesmael (A.), architecte de jardins, à Nimy. 
Weyers(J.-L.), industriel, rue du Persil, 3, à Bruxelles. 



(XV) 

WiLLEHS (A.), horticulteur et architecte de jardins, chaussée 

de Vleurgat, 97, à Ixelles. 
WiLLEMAERs (Alph.), profcsscur au Collège communal , à 

Louvain. 



MEMBRES ASSOCIES. 



ALLEMAGNE. 



Braun (Al.), professeur de botanique à TUniversité, à Berlin. 
De Bary (A.), professeur de botanique à TUniversité, à Stras- 
bourg. 

EiCHLER (A.-W.), professeur de botanique à TUniversité, à 
Gratz. 

Fensu., professeur et directeur du Jardin botanique, à Vienne. 
Garcke (A.), professeur et conservateur de Therbier royal, à 

Berlin. 
KocH (K.), professeur à TUniversité, Potsdamer Strasse, 31* , 

à Berlin. 
LÔHR (M.-J.), pharmacien, à Cologne. 
Pringsheim (N.), à l'Académie des sciences, à Berlin. 
Reicuenbach (L.), ancien professeur de botanique, à Leipzig. 
Reichenbach fils, professeur et directeur du Jardin botanique, 

à Hambourg. 
ScHiHPER (W.-Ph.), professeur à V Université, à Strasbourg. 
ScHULTz (le docteur F.), membre de plusieurs Académies et 

Sociétés savantes, à Wissembourg (Alsace). 
Stossich, secrétaire de la Société d'horticulture, à Trieste. 



(xvi ) 

ANGLETERRE. 

Babington (Ch.-C), professeur de botanique k TUaiversitë, à 

Cambridge. 
Baker (J.-G.), assistant k Therbier du Jardin royal, à Kew. 
Benthah (G.), président de la Société Linnéenne, Wilton Place, 

25, S. W., à Londres. 
HooKER (Joseph-Dalton), directeur du Jardin royal, à Kew. 
MooRB (D.), directeur du Jardin botanique, k Dublin. 

AUSTRALIE. 

MÛLLBR (Ferd. von), directeur du Jardin botanique^ k Mel- 
bourne. 

DANEMARK. 

Lange (J.), professeur et directeur du Jardin botanique, à 
Copenhague. 

FRANCE. 

Boreau (A.), professeur et directeur du Jardin botanique, à 

Angers. 
Brongniart (A.), professeur au Muséum d^histoîre naturelle, 

rue Cuvier, à Paris. 
Cordier (F.-S.), docteur en médecine, quai St-Michel, 19, à 

Paris. 
Cosson(£.), docteur en médecine, rue du Grand-Chantier, 12, 

à Paris. 
Decaisne (J.), professeur au Muséum d'histoire naturelle, rue 

Cuvier, à Paris. 
Des Moulins (Ch.), président de la Société Linnéenne, rue de 

Gorgues, à Bordeaux. 
DuRiEu DE Maisonneuve, directeur du Jardin des plantes, à 

Bordeaux. 



( XVII ) 

DucHARTRE (P.), membre de Plnstitut, rue Grenelle-St-Ger- 

main, 84, à Paris. 
DuvAL-JouvE (J.), inspecteur de TAcadémie, rue de TArgen- 

terie, 20, à Montpellier. 
Germain de Saint-Pierre (E.), docteur en médecine, rue des 

Beaux-Arts, il, à Paris, et au château de Saint-Pierre-des- 

Horts, près d'Hyères (dép* du Var). 
GoDRON (D.-A.), doyen de la Faculté des sciences, rue de la 

Monnaie, 4, à Nancy. 
Grenier (Ch.), professeur à la Faculté des sciences, GrandVue 

106, à Besançon. 
Jordan (A.), rue de TArbre-Sec, 40, à Lyon. 
Le Jolis (V.), président de la Société des sciences naturelles, 

à Cherbourg. 
Lestiroudois (Th.), membre de l'Institut, rue de la Victoire, 92, 

à Paris. 
Nylander, ancien professeur de botanique,chez M. Triana, place 

St-Victor, 23, à Paris. 
Planchon (J.-ë.), professeur à la Faculté des sciences, à Mont- 
pellier. 
Tulasne (L.-R.), membre de Tlnstitut, à Chaville (dép' de 

Seine-et-Oise). 

HOLLANDE. 

Oudehans (C.-A.-J.-A.), professeur à TAthénée illustre, à Am- 
sterdam. 

SuRiNGAR, professeur de botanique à l'Université, à Leyde. 

Yandersande-Lacoste, à Amsterdam. 

Van Hall (H.-C), professeur de botanique émérite, à Beg-en- 
Dal, près de Nimègue. 



( XVIII ) 

ITALIE. 

De Notaris (G.), professeur de botanique, à Gènes. 
Parlatore (F.), professeur de botanique au Musée d'bistoire 
naturelle, à Florence. 

RUSSIE. 

Regel (£.), directeur des Jardins impériaux, à Saint-Péters- 
bourg. 

SUÈDE. 
Fries (£1.), ancien professeur de botanique, à Upsal. 

SUISSE. 

BoissiER (Edm.), à Genève. 

De Candolle (Alph.), ancien professeur de botanique, à Genève. 

Fischer, professeur et directeur du Jardin botanique, à Berne. 



Liste des publications périodiques que la Société reçoit en 

échange de son Bulletin^ 

Abhandiungen herausgegeben vooi naturwissenschaftiiehen 

Vereine zu Bremen. 
Bericht der Oberhessischen Gesellschaft fiir Natur-und Heil- 

kund. 
Botanische Zeitung. 

Jahrbiicher des Nassauischen Vercins fur Naturkunde. 
L'Amîco dei Campi. 
Oesterreischische botanische Zeitschrift. 



( 3UX ) 

Schriften der Kôniglichen physikalisch-ôkonomischen Gesell- 

schaft zu Rônigsberg. 
Yerhandlungen des botanischen Vereins fur die ProvinzBran- 

denburg und die angrenzenden Lander. 
Yerhandlungen des naturwissenschaftlichen Vereins in Garls- 

rhue. 

Natural history Transactions ofNorthumberland and Durham. 
The Journal of the Linnean Societv. 
The Journal of Botany. 

Annales de la Société Entomologique de Belgique. 

Annales de la Société Malacologique de Belgique. 

Bulletin de l'Académie royale des Sciences, des Lettres et des 

Beaux-Arts de Belgique. 
Bulletin de la Fédération des Sociétés d'Horticulture de 

Belgique. 
Mémoires et publications de la Société des Sciences, Arts et 

Lettres du Hainaut. 



Botanisk Tidsskrift udgivet af den botaniskc Forening i 
Kjobenhavn. 

ÉlalS'IJiiU d'Amérique. 

Publications de The Boston Society of Natural History. 
Publications de The Smithsonian Institution. 



(XX) 
France. 

Actes de la Société Linnéenne de Bordeaux. 

Bulletin de la Société algérienne de Climatologie, Sciences 
physiques et naturelles. 

Bulletin de la Société Botanique de France. 

Bulletin de la Société des Amis des Sciences naturelles de 
Rouen. 

Mémoires de TAcadémie des Sciences, Inscriptions et Belles- 
Lettres de Toulouse. 

Mémoires de la Société Académique de Maine-et-Loire. 

Mémoires de la Société des Sciences naturelles de Cherbourg. 

Revue Savoisienne. 

Grand-dvehé de liUembovrir. 

Bulletin de la Société des Sciences naturelles du Grand-duché 
de Luxembourg. 

Italie. 

Atti délia Societa italiana di Scienze naturali. 
Giornale di Scienze naturali ed economiche. 
Nuovo giornale botanico italiano. 

Bvssle. 

Bulletin de la Société impériale des Naturalistes de Moscou. 



BULLETIN 



JL #. 



DE LA 

SOCIÉTÉ ROYALE DE BOTANIQUE 

DE BELGIQUE. 



wMtMi 



1872. —NM. 



Séance du 5 mai 1872. 

M. B.-G. Du Mortier, président. 

M. J.-E. BoMMER, secrétaire général. 

Sont présents: MM. G. Baguet, L. Bauwens, G. Bernard, 
L. Bodson, E. de BuIIemont, G. Garron, A. Gogniaux, 
L. Coomans, L. Gouturier, F. Crépin, P. Daron, 
A. Devos, 0. de Dieudonné, H. Doucet, Gh. Firket, 
A. Fontaine, Gh. Gilbert, N. Gille, A. Hardy, A. Joly, 
Ern. Lagasse, Th. Le Gomte, J. Lecoyer, Louveigné, 
É. Marchai, Éd. Morren, E. Petit, L. Pire, P. Scham- 
berger, A. Thielens, Tilman, Vandermeersch, G.-G. Van 
Haesendonck, G. Van Volxem, J.-L. Weyers, A. Willems. 

Le Secrétaire général donne lecture du procès-verbal 
delà séance du 3 décembre 1871. Ge procès-verbal est 

adopté. 
Il fait ensuite l'analyse de la correspondance. 

M. le Président fait part à rassemblée d'une proposition 
du Gonseil concernant la nomination de MM. Boissier et 



(2) 

A.-W. Ëichicr comme membres associés en remplacement 
de MM. Passy et Franquinet décédés. Cette proposition 
est adoptée. 

L ordre du jour appelle les projets d'herborisation. Les 
projets indiqués sont les suivants : 
^. Environs de Huy. 

2. — — Philippeville. 

3. — — Maestricht. 

4. Flandre zélandaise. 

Ces différents projets sont peu discutés^ mais sur la 
proposition de M. Thielens, M. le Président développe les 
avantages d'une herborisation dans TEifel. Ce nouveau 
projet est mis aux voix et il est adopté à Funanimité. 
Quant à la fixation de la date de cette excursion, M. le 
Président déclare qu'il est impossible de prendre une 
décision séance tenante, à cause des élections communales 
dont répoque n est pas encore fixée. 

M. Ed. Morren fait remarquer que Tannée étant 
précoce, il est nécessaire de déterminer la date de Therbo- 
risation. M. Thielens croit que le mois de juillet serait 
avantageux pour la récolte des composées et des ombel- 
lifères. De nombreux avis sont encore émis sur les 
époques qui seraient le plus favorables à l'excursion pro- 
jetée; plusieurs membres désirent qu'elle se fasse en juin, 
d'autres préfèrent le mois de juillet. Ce dernier mois 
serait préférable selon l'opinion de la plupart des membres. 

Sur la proposition de M. le Président, l'herborisation 
annuelle se fera dans les premiers jours de juillet et il sera 
donné connaissance de la date de l'excursion par une cir- 
culaire adressée à tous les membres. 

M. Morren, Thielens et Van Voixem sont nommés 



(3) 

commissaires pour Torganisation de l'herborisation : ils se 
rendront dans TEifel pour y choisir les localités qui pré- 
senteront le plus d'avantages à l'exécution du projet. 

Les travaux suivants sont présentés : 

Monographie des Roses européennes et de l'Orient y 
par Michel Gandogcr. (Sont nommés commissaires : 
MM. Devos, Crépin et Baguet,) 

Primitiae MonographiaeRosarum (Suiie)y par F. Crépin. 
(Sont nommés commissaires : MM. Marchai^ Gogniaux 
et Chalon.) 

Les vieux Oliviers de Blidah, par J. Chalon. (Sont 
nommés commissaires : MM. Doucet, Linden et de Cannart 
d'Hamale.) 

Reliquiae Libertianaej par E. Marchai. (Sont nommés 
commissaires : MM. Pire, Cogniaux et Delogne.) 

Les membres suivants ont été reçus par le Conseil : 
MM. Joseph de L'Escaille, ingénieur, rue de la Station, 
à Louvain. 
Oscar Craninx, rue Léopold, 1, Louvain. 
Bertrand, percepteur des postes, à Havelange. 
A.-C. Ducoffre, régenta l'École moyenne, à Jodoigne. 



COMMUNICATIONS ET LECTURES. 

Reliquiae Libertianae, par E. Marchai. 

Le Jardin botanique de l'État, comme établissement 
national, devait tenir à honneur de rassembler, avant tout, 
le plus grand nombre possible des collections formées par 



(4) 

les anciens botanistes belges : aussi grâce au zèle intelligent 
de ses réorganisateurs, avons-nous vu ajouter successive- 
ment aux herbiers de Nyst, Galéotti et Lejeune, ceux de 
Bové, PoUaert, Libert, Coemans, et tout récemment le 
précieux herbier cryptogamique formé par le comte 
A. de Limminghe. 

Comme ces richesses scientiques sont tout spécialement 
à la disposition des botanistes belges, je crois leur être 
utile en faisant connaître le résultat des observations 
bryologiques que j'ai faites dans la collection de Mademoi- 
selle Libert, de Malmedy, la plus riche en cryptogames 
indigènes et en matériaux inédits; ce qui me permet en 
outre de répondre aux désirs d'un contemporain et ami 
de cette femme célèbre, de notre vénérable Président, en 
publiant un premier fragment des Reliquiae Libertianae, 

En déterminant ou révisant une partie des Mousses, 
j'ai été émerveillé à la vue du grand nombre et de la rareté 
des espèces; mon étonnement était d'autant plus naturel 
que l'éminente cryptogamiste, habitant une localité très- 
reculée, était pour ainsi dire abandonnée à ses propres 
lumières, ne disposant que d'un petit nombre d'ouvrages, 
ayant peu de matériaux pour la comparaison et cela à une 
époque où la bryologie était loin d'être arrivée au degré de 
perfection qu'elle a atteint aujourd'hui. Ainsi, j'ai trouvé 
dans sa collection 45 espèces signalées dans ces derniers 
temps comme nouvelles pour la flore, et qu'elle avait déjà ! 

découvertes il y a peut-être plus de trente ans, et 8 espèces 
ou variétés encore nouvelles maintenant. Parmi celles-ci, 
il en est qui, comme le Splachnum sphaericunij Oligotri- 
chum hercynicum, Schistolega osmumdaceay sont très- 
curieuses en ce qu'elles montrent à la dernière évidence 
le caractère subalpin de la végétation de cette intéressante ! 

région. 



(S) 

« 

Je ne mentionne pas, dans cette notice, toutes les 
Mousses comprises dans les Plantae cryptogamicae Ar- 
duennae, et dont la plupart étaient nouvelles pour notre 
flore au moment de leur publication ; elles ont été en 
grande partie signalées dans les excellents travaux bryolo- 
giques de notre confrère, M. Pire. 

Pour terminer, je crois bon de faire connaître la signi- 
fication de quelques signes que j'ai employés : les guille- 
mets indiquent ce que j'ai transcrit littéralement des 
étiquettes de Therbier; un astérisque indique les espè- 
ces qui étaient certainement nouvelles au moment où 
M"' Libert les a récoltées, car elles n'avaient pas encore 
été signalées à lëpoque de sa mort; deux astérisques 
servent à désigner les espèces qui, malgré les minutieuses 
recherches faites dans ces derniers temps, sont encore 
nouvelles pour notre flore. 

I. _ MOUSSES ACROCARPES. 

*Epheiiieraiii serratam Hnmpc. a Phascum Herb. Lib. » 

« Croît en automne dans les lieux humides. » 
*PhyseoiiiUrella patens Schimp. a Phascum Herb. Lib. n 

« Sur la terre en Martyr, -r- Été. » 
**Phaseuiii pllireram Schreb. S cemmaerornie Necs BryoL Germ., 
p. 68. 
Plante humble, à feuilles denses, les inférieures étalées, les supérieures 
conniventes en gemme. 

Hab. Lieux cultivés. — Malmedy. 
*Plearldlaiii nltldniu Br. et Sch. a Phascum Herb. Lib. « 

« Sur la terre, en été, près de Werbomont et de la Warge. » 
*SysteglDiii erlspam Schimp. a Phascum Herb. Lib. » 

u Champs au Rondthier. — Abondant. » 
Gymnostomam mlerostomain Hdw. « Weisia. Herb. Lib. « 
« In rupibus. — Majo. » 
Obs, — Forme très-voisine de la variété p obliquum Bryl. Eur., qui se 



(6) 

distingue du type par sa capsule oblique, cylindrique, à oper- 
cule étroitement conique. 
UTelslA faffAx Hdw. 

« In saxis et rupibus. — iCstate. » 

— facAz, forme à feuilles nettement denliculées aueommei. 
« Rochers au bord de la rivière aux Trous Marets. n 

Obs, — Quoique les feuilles soient très-distinctement denticulces au som- 
met, je n^hésite pas à rapporter, au Weisia fugax, cette plante 
que M^i" Libert avait nommée Weiêia deniiculata : ses gazon- 
nemcnts très-derues et son péristome fugctee Pcloignent tout à 
fait de cette dernière espèce. 

— DIeksonI Libert Pi. CrypL Ard,, fasc. I, n® 5. 

Obs, — Je crois devoir attirer Tattention de mes confrères sur cette espèce, 
confondue chez nous avec le Weisia cirrhata, dont elle a le faciès. 
Diaprés M"« Libert, elle s'en distingue : i^ par ses capsules 
plus petites, cylindriques et non ovales ; 2® par les dents du 
péristome blanchâtres et non rougeâtres et enfin 3<» par son 
genre d'habitat : elle croit exclusivement sur les poutres en 
décomposition, tandis que le Weisia cirrhata croit généralement 
sur les troncs d'arbres vivants. 
**Cynoiidotlaiii polyrarpam Schimp. a Dicranum Herb. Lib. n 

Plante à gazonncroent dense, d'un vert généralement foncé. Tige 
rameuse, radicante à la base. Feuilles linéaires-lancéolées, papilleuses sur 
les deux faces, dentées au sommet, à nervure excurrentc. Capsule oblon- 
gue, presque droite, à col muni d'un goitre très-apparent, opercule 
obliquement rostre, à bord crénelé. Anneau caduc. 

Hab, a Rochers près de la carrière du Mont^ «> 
Obs. — Cette belle espèce, nouvelle pour la flore, diffère du Cynodontium 
Bruntoni (auquel elle ressemble le plus par son faciès), par ses 
feuilles et sa capsule p/tM allongées et surtout par son col capsu- 
lairc it^égulier, goitreux. 
*Dlehoilontlaiii pellaeldaiii Schimp. 

u Lieux humides et ombragés en Martyr. ^ 
Obs, — Il y a eu erreur matérielle dans les Plantae Cryptogamicae Arduen- 
nae, fasc. I, n<*6 : l'échantillon publié appartient au Dichodontium 
pellucidum Schimp., et non à V Oncephor us squarrosusBr id. ! 
*Dleraiiella Sehreberl Schimp. « Dicranum Herb. Lib. « 
« Au bord des rigoles dans les prés du Pouxhon des Iles. 



(7) 

DleranellA squarroMi Schimp. « Dicranum Herb. Lib. » 

a Sur les rochers qui bordent la Miarge, à gauche, au-dessous du pré 
des Grous. » 

— cerTlenlate Schimp. « Dieranum Herb. Lib. « 
« Tourbières de Difflot et Maupas. — Été. • 

Obs, — Il y a deux formes : Tune à tige assez élevée, Pautre, qui semble 
provenir d*un endroit sec, est restée petite et pourrait bien con- 
stituer la var. P pusillum du Bryohgia Europaea. 

— ▼•rlA Schimp. a Dicranum Herb. Lib. » 
« Ad terram. — Vere. » 

Obt. — 11 y a diverses formes en mélange avec le type. 

^Dieranum naontaBiina Hdw. « Dicranum ipurium var. y Brid. Herb. 

Lib. • 

« Vieilles souches dans les bois de PHermitage. * 

— na«|us Tu m. 

« Bois humide en Gondoufat. » 

— spHrlnnaHdw. 

Environs de Malmedy. — Stérile. 
CanapylopHs iorimceum Br. et Sch. « Campyloput flexuoêvs Brid. Herb. 
Lib. « 

« [n turfosis. — Vcrc. • 
Obs. — La plante publiée par M"* Libcrt sous le nom de Campyloput 
arduennae, comme l*a très-bien fait remarquer M. Pire, dans 
ses savantes Recherches bryologiques, doit être rapportée au 
Campyloput flexuosus Brid. ; tout ce que j'ai vu dans Pherbier 
et provenant de diverset localités n*en est qu*une forme à tige 
et à feuilles généralement plus fermes, plus robustes, que dans 
le type. 
FlMldens adlaiitholdetf Hdw. 

« In paludosis ad rivulos. — Vere. » 
""Scllserla pnsllla Br. et Sch. a Weisia Herb. Lib. • 

« Ad rupes calcareas, Gondoufat et Martyr. « 
PoUlA eavirolla Ehrh. a Gymnoslomum ovatum Herb. Lib. » 
o Sur la terre argileuse. » 

— tmiieate var. ^ naajor. « Gymnoslomum Herb. Lib. » 
« Sur la terre au Rondthier, Montbijoux, etc. « 

lynaodoB mhclliis Br. et Sch. « Weisia curvirostraBrid. Herb. Lib. 
« Rochers et lieux rocailleux des bois. « 



(8) 

Obs. — Outre la forme typique, il y a des échantillons récoltés sur les 

rochers de Rondthier présentant des capsules courtes et ovales 

et qui appartiennent à la variété o globosn de VAnacalypta 

recurvirostris Nées Bryol. Germ., p. 156, tab. XXXVIII, fig. 6. 

""^Dldyniodoii barbaloldes Libert (inéd.). 

a Caule erecto ramoso-fastigiato, foliis lanceolatis carinatis striatis 
a patulo-recurvis colore viride flavescentc lurido, nervo crasso continuo; 
tt pcrichaetialibus longe acuminatis ; pedunculo e vaginula cylindrica 
a pseudolaterali ex innovatione solitario interdum gemello tergeminove 
« rubro; theca erecta cylindrica; peristomii dentibus triginta duobus 
« linearibus rubellis trabeculatis rigidis ; operculo conico suberecto theca 
a breviore ; calyptra cuculliformi pallida apice nigra. » 

Hab. « In rupibus arenariis umbrosis. — Autumno. » 
Obs. — Cette espèce inédite, que la savante cryptogamiste avait récoltée 
en nombreux spécimens, pourrait être prise, à première vue, 
pour une forme robuste du Trichoiiomum riyidvlum Sm., mais 
outre les différences marquées dans la diagnose ci-dessus, elle 
s^cn distingue par ses gazon nements plut étendus, ses tiges 
plus robustes et fasligiées-rameuses. 
"lieptotrlehnio flcvlcaale Hampe. « Didymodon Herb. Lib. » 

In saxis. — Semper stérile. » 
"BarbaU rlglda Schuitz. 

« Ad rupes caicareas. — Vere fructificat. » 
— aloldcsBr. etSch. « Trichostomum Herb. Lib. » 
o In rupibus arenosis et ad terram. — Autumno. » 
Obs. ^ Mi<« Libert avait recueilli et soigneusement étudié un très-grand 
nombre de formes des polymorphes Barbula fcUlax et unguicu- 
/ata ; elles sont conservées dans son herbier et pour la plupart 
accompagnées d^une description ou de notes très-intéressantes. 
** — rallav Hdw. var. Tlnealoldes Nob. « B. vinealis Herb. Lib. » 
o Chaumont. — Vere. » 
Obs. — La plante nommée par Mn« Libert Barbula vinealis ne peut être 
cette espèce, bien que sa coiffe soit grande et descende souvent 
jusqu^au milieu de la capsule, et que Topercule soit deux fois 
plus court que celle-ci : il lui manque un caractère de première 
importance, Vanneau^ qui entoure Porifice capsulaire du 
B. vtnea/i« Brid. 
Je la raj»porte au B. fallax, dont elle est une variété très-remar- 
quable et qui me parait inédite. 



(9) 

Bartonla eoBTOlnte Hdw. 

« Murs, endroits rocailleux et sur la terre aride en Martyr, près du pont. » 

* — Inellnate Schwagr. 

Environs de Malmedy. 

*— tortnoMi W. et M. 

« Rochers en Martyr et à Rhenastein. » 
— laeTlpIla Brid. « Syntrichia Herb. Lib. » 

o Sur les arbres près Beaufays du côté de Liège et non loin du Thier du 
« Mont. — Obê. — Cette espèce me parait différer de notre Tùrtula rura- 
« lis : elle croit sur les arbres et est plus petite ; ses soies ne me paraissent 
« point dentées et ses feuilles sont plus larges et non bordées. » 
^Cirlnmila confcrte Funck. « Grimmia plagiopoda Herb. Lib. » 
« Sur les rochers, au-dessous de la ville près Montbijoux. » 
* — sracllls Schwagr. 

« Feuilles ouvertes-réfléchies, tournées d*un même côté, lancéolées, 
« en caréné, entières, à bords recourbés en dehors, non diaphanes au 
« sommet. Capsule oblongue, axillaire, jaune; feuilles du périchèze 
« terminées par un poil blanc, court, un peu dentelé au sommet. Pédicelle 
« n^atteignant pas 1 millim. de longueur. Opercule convexe terminé par 
« une pointe droite adhérente au pistil. Coiffe campaniformc déchirée 
« à la base en 5-6 lanières, très-rouges» » 

Hab, « Sur les pierres à Rhenastein. » 
Obs, — Cette espèce n*est qu*une variété du Grimmia apocarpa à tigeê 
très-allongées et grêles; on la rencontre assez fréquemment sur 
les rochers calcaires ombragés de la province de Liège. 
*— apocarpa Hdw. var. 7 rlvnlarls Schimp. 
a Bord des ruisseaux. » 

— crinita Brid. 

a Vieux murs du château de Cronenbourg. » 

— orblcHlarls Br. et Sch. 

Obs. — Cette espèce, qui se trouve dans Therbier sans étiquette, provient 

certainement des environs de Malmedy. 
*^ irichophylla Grev. 
Même observation. 
* — Bioniaiia Br. et Sch. 
Même observation. 
^MacoBiUrlani aelenlare Brid. 
« In saxis humidis rivulorum. — Vere. » 



(10) 

^Haeemltrlani hclerosClehiini Brid. 

«Rochers et pierres du chemin de Rhenastein. — Trouvé en septembre. • 

06». — Récolté moi-même sur les rochers en face de Bcvcrcé, où il croît 

en abondance avec le Melzgeria pubetcens var. dongata Nées et 

plusieurs Lichens, notamment le beau Sphcierophoron fragile. 

* var. 7 sracllescema Sch. « RctcomUrium aquaticum Brid. Herb. 

Libert. » 

« Rochers près de remplacement de Tancien chAteau de Weisme ! » 
*~- foflCleHlare Brid. « Trkhostotnum Herb. Lib. » 

a Sur les pierres en Martyr. * 
06». — En juillet 1870, j'ai trouvé cette espèce en abondance dans THer- 
togenwald , sur des blocs de pierres, près de Orossart. 

— laniislBiMiBni Brid. « Trkhoilomum Herb. Lib. » 
a Rochers de la Falisse. » 

Vlote crispa Brid. 

« Troncs d'arbres. — Printemps. • 
^Oriliolrlchani MULaille Woods. 

« Ad saxa et muros. » 
HcdwIsiA dllAta Hdw. « Schistidium Herb. Lib. » 

« Ad saxa. — Hieme. » 
finealypta «(reptoearpa Hdw. 

« In mûris vctustis. — iEstatc. » — Bien fructifié! 

— elllata Hdw. a £. fimbriata Herb. Lib. » 

tt Malmedy. » — Le péristome n'est pas persistant, v 
^itehlstotesa osmandacea W. et M. 

« Rochers de la Falisse et au Rhonthier. » 
Ohê, — Cette magnifique espèce alpine, nouvelle pour la flore, a été 

trouvée en grande quantité et parfaitement fructifiée ! 
^^SplaehnHBi sphaerleiiiii Hdw. 

Touffes lâches, d'un vert intense. Tige droite, courte, rameuse, émettant 
des radicelles rousses à l'insertion des feuilles inférieures. Feuilles éparscs, 
peu rapprochées, étalées, obovales-acuminécs, entières ou irrégulièrement 
dentées, à côte généralement évanouissante sous le sommet. Pédicelle 
terminal, rougeâtre à la base, allongé (de 3 à 10 centim.). Capsule dressée, 
subcylindrique, à apophyse ovale, globuleuse aussi longue qu'elle, plissée 
en séchant. Opercule convexe, papillcux. Dents du péristome lancéolées, 
obtuses, rapprochées par paires, parfois trouées sur la ligne divisurale. 
Columellc exserte, dilatée en disque. 



(11 ) 

Bab. a Lieux tourbeux à Baileu et Maupas. — Trouvé en mai » 
Obs. — On n'observe cette belle espèce dans la partie centrale de TEurope 

que dans les régions alpine et subalpine. 
Splachnuin aupallaceuRi L. « S. Tumerianum Herb. Lib. » 

« Marais en Maupas. — Trouvé en mai. » 
^Entliostodoii erlectorniii Schimp. « Gymnostomum Herb. Lib. » 

« Trouvé en août 1833, au pré des Glous, sur le rocher dit : le Bodet. » 

Mélangé avec d*autres Mousses. 
— ftwclenlAre Schimp. a Gymnoitomum Herb. Lib. » 

« Terre argileuse près Wavreumont et au Rondthier. » 
^Webera elonsate Schwagr. « PoMia Herb. Lib. » 

« Rochers de TEau Rouge. » 
*^ nntaiisHdw. 

« In ericetis et turfosis. » 
'^* var. £ loBsIsete Schimp. « Meesia longiseia Herb. Lib. » 

Plante humble, à tige simple, à feuilles supérieures plus grandes étalées, 
à capsule pendante, plus courte que dans le type, portée par un pédicelle 
très-long. — Cette variété est spéciale aux endroits tourbeux. 

Bab, a In turfosis. — iËstate. « 
* — ernda Schimp. « Bypnum crudum Herb. Lib. » 

Sur les rochers à Montbijoux et près de la carrière du Mont. » — Fructifié. 
— •buoCIba Schwagr. 

« Au grand pré. » 
Obs. — Un second échantillon présentant les fleurs mâles porte celte indi- 
cation : « Sur les pierres à P£au Rouge. » 
-« earnea Schimp. 

Environs de Malmedy. 
Bryam Inellnatani Br. et Sch. « Pohlia elongata Herb. Lib. •> 

« Croit en Martyr au bord des rigoles et sous Chaumont. « Été et au- 
tomne, n 
**^ Fankll Schwagr. (Bryum indéterminé de l'Herb. Lib.) 

Gazonnement peu dense. Rameaux amentacés. Feuilles ovales, cochléari- 
formes, à aréolation du tissu cellulaire lâche, à nervure dépassant un peu 
le sommet. Capsule inclinée, obovale ou globuleuse-pyriforme, semblable 
par la grandeur et la couleur à celle du B, caespiticium, 

Bab, tt Mur d'un jardin à Sleinbach. • 
Obs, — Ce Bryum, Pun des plus rares de la flore d^Europe, offre la plus 
grande ressemblance avec la var. ^ gracilescens Schimp. du 



(12) 

B, caespilicium ; on Pen distingue très-bien, diaprés M. Schimper, 
par ses feuilles terminées par une pointe beaitcoup plus courte^ 
entièrement planes, à aréolation du tissu cellulaire moins dense, 
par le péristome extérieur de sa capsule qui laisse sortir, entre 
les interstices des dents, les processus du péristome intérieur, chose 
qui ne se voit dans aucune variété du B. caespiticiumi^). 
Brynm paeudotrIqiaetriiRi Schwagr. 
a In locîs humidis. — Vere. » 

— pallena Sw. 

a En Gondoufat, au bord de l*étang, mêlé au B. pseudotriquetrûm. » 
06s. — Cette espèce parait assez répandue dans cette partie de la région 
ardennaise ; je Pai rencontrée abondamment, mais toujours 
stérile, à Polleur, La Reid et dans PHertogenwald. 

— roaeam Schreb. 

Environs de Malmedy. — Stérile. 

Obs. — Abondant dans la vallée de la Vesdre, de POurthe et dans PHer- 
togenwald, où il se montre très- indifférent quant à la nature de 
ses stations, car je Pai observé dans les lieux secs des bois à fond 
rocailleux et dans les endroits très-humides mélangé au Philonolis 
fontana et Aulacomnium palustre! 

BarCramla Uhyphylla Brid. 
tt Rochers. » 

Obs. — En juillet i871, j*ai récolté cette espèce en petite quantité sur les 
rochers de Rhenastein, où elle croissait avec le B. Oederi qui y 
est très-abondant dans le voisinage immédiat des ruines. 

— pomirormU L. var. ^ crispa Sw. 

a Sur les rochers en Martyr et le long de la Warge. » 
"^""Ollsotrlcham hereynleum Lmk ; DC. Fl. fr,, I, p. i92. « Polytri- 

chum crassisetum Herb. Lib. » 

Tiges florifères dressées, simples, peu élevées. Feuilles inférieures 
petites, ovales-acuminées ; les supérieures serrées, linéaires-lancéolées 
incurvées, concaves, dentées au sommet ; côte munie de lamelles nom- 
breuses, fortement ondulées, portant des excroissances en crête dentée sur le 
revers. Pédicelle dressé, tordu à droite. Capsule dressée, régulière, ovale- 
cylindrique, ferrugineuse, déformée sur le sec, anguleuse et un peu 



(I) Bryologia Europaea, vol. IV, p. 78. 



(13) 

rctrécie sous Pouvertare. Péristome à dents courtes, irrégulières, blan- 
châtres. Opercule conique, aigu. Coiffe peu poilue quelquefois ciliée à la 
base. Dioîque. 

Hab. « Entre Xhoffraix et Baileu. » 
Ohs. — Cette belle espèce, nouvelle pour la flore, appartient exclusivement 

aux régions alpine et tubalpin», 
*PolytrlcliHni aloldes P. Beauv. ^ mlnmi Sch. « Polytrichum 
Herb. Lib. » 
Environs de Malmedy. 
* — sracllc Menzl. 
« In turfosis ! Maupas et Baraque-Michel. » 
•— formiMiiini Hdw. var. Imneo-dlvlso. 
« In rupibus schistosis. — Vere. » 

— •IrleiHBi Menzl. 

« Environs de Malmedy. » 
BnxlMiiinila apliyllA Haller. 
a Sur la terre au-dessous du bois de sapins en Moussepine. — Printemps. » 

II. MOUSSES PLEUROCARPES. 

Pontlnalla antlpyreCIca L. 

« Ruisseaux, bords des fontaines, v 
Obs, — C'est une forme à tige courte, dressée et non ramifiée. 
LeveodoB «cluroldes Schwâgr. « Trichostomum Herb. Lib. » 

a Troncs d'arbres. » 
PIcrlsophyllHBi Ineenii Schimp. « Hypnum Herb. Lib. » 

« Ad terram in sylvishumidis umbrosisque. — Vere. 

Bien fructifié ! 
Lcskea polyearpa Ehrh. 

« Troncs d'arbres. » 
*AiioRiodoii lonsirollnii Hartm. 

Rochers de la Falisse. 

— AUenaataa Hartm. 

a Rochers en Gondoufat, et sur les troncs d'arbres. » 
CllniAcliim dendroldcs W. et M. 

« Prairies humides. » — Fructifié. 
^Braeliytheclaiii rlvnlare Schimp. 

Lieux humides en Gondoufat. 



( 14) 

*Br«ehytlicelani MUcbrosBai Schimp. « Hypnum Herb. Lib. » 
« Rochers dans les lieux ombragés eo Gondoufat. » 

— alblcaiis Schimp. « Hypnum Herb. Lib. » 

« Sur les pierres dans les lieux sablonneux à THermitage. » 

— p^palcam Schimp. « Hypnum Herb. Lib. » 
« Sur les pierres à Stavelot, Malmedy, etc....» 

— plmuosmii Schimp. 

« Dans les fossés des bois en Gondoufat. » 
EarbyiichlaRi nayosaroldes Sch. « Hypnum Herb. Lib. » 

* Troncs d^arbres et rochers à Rhenastein. » 
^■yoeomlum llasellare Br. et Sch. « Hypnum Herb. Lib. » 

a Pierres dans la Warge. » 

Obt. — J^ai découvert, en juin 1S69, une habitation de cette rarissime 
espèce dans THertogenwald, au bord de la Gileppe, en amont du 
barrage actuellement en construction. 
*PlASlotheelaiii •lIculACHna Br. et Sch. a Hypnum Herb. Lib. » 

a Sur les vieilles poutres et les troncs d'arbres à Rhenastein. > 
* — sylvatlciini Br. et Sch. 

Lieux ombragés. 

— «ndHlaiuiii Br. et Sch. « Hypnum Herb. Lib. » ' 

a Bois humides ei^ Gondoufat. — Printemps. » — Fructifié. 
^Amblystcslatti IrrlfiiHni Schimp. 

Pierres dans les ruisseaux. 
'*' — flnvlatlle Schimp. « Hypnum Herb. Lib. > 

Même indication. 
■ypnnni slellatiiiii Schreb. « Hypnum proUnsum Brid. Herb. Lib. • 

« Dans les tourbières sous la Palisse. 

— nnelBalnni Hdw. 

a Lieux ombragés. — Eté. * — Fructifié. 
* — revolvcna Sw. a Hypnum aduneum var. revolvens Herb. Lib. • 

« Prés, le long des ruisseaux. » 
* — praCenae Roch « Hypnum cupressiforme Herb. Lib. v 

« Sur la terre le long des ruisseaux. » 
* — crlste-caaCreBsla L. 

« Ad terram saxaque in sylvaticis humidis. — Autumno. » Très-abon- 
dant et chargé d*urnes ! 
* — palvstre L. 

« Rochers le long de la Warge. » 



(15) 

^Hypnnin slsantenni Schimp. « Hypnum cordifolium Herb. Lib. • 

« Dans les marais en Martyr. » — Fructifie. 
* Andraea pelrophlla Ehrh. a Andraea rupestris Herb. Lib. » 

« In rupibus. — iEstate. » 
* — r«pea4rl« Schimp. 

« In rupibus. — Vere. • 
SphAsnniii flinbrlatani Wils. « Sphagnutn palustre var. B. Herb. Lib. » 

« Bois bumides aux Trous Marets. » 
Obi. — Se trouve en mélange avec d'autres espèces moins rares. 



Primitiae Monographiae Rosarum. — Matériaux pour servir 
à l'Histoire des Roses, par François Crépin. 

DEUXIÈME FASCICULE. 

VIII. — Révision des Roses de l'herbier de Willdenow. 

Pour élucider Thistoire des Roses, il est indispensable 
de consulter l'herbier de Willdenow. Grâce à !a bienveil- 
lante intervention de MM. Garcke et Ascherson, conser- 
vateurs au Musée botanique de Èerlin, les Roses de 
Therbier de Willdenow, ainsi que toutes les autres Roses 
conservées dans THerbier royal de Berlin, m'ont été 
confiées pour en faire la révision. Cette précieuse com- 
munication m'a permis d'étudier avec le plus grand soin 
les Roses décrites par Willdenow. 

Ces Roses sont renfermées dans un carton assez 
volumineux. Les spécimens de chaque espèce sont réunis 
dans une feuille double ou chemise en papier bleu. Sur 
le recto du premier feuillet de chaque chemise, il y a, 
au coin gauche supérieur, un numéro d'ordre général, et 
au coin droit inférieur, une étiquette portant le nom et 



( 16 ) 

la diagnose de Tespèce. Les étiquettes collées sur les 
chemises, et qui sont écrites par Willdenow, ont été 
découpées dans les anciennes chemises spécifiques de 
Therbier, qui étaient en papier blanc. Au verso du 
même premier feuillet, se trouvent fixées des étiquettes 
se rapportant à des échantillons attachés sur les feuilles 
simples. Ces dernières sont numérotées au coin droit 
supérieur et portent, au coin droit inférieur, un W., 
parfois accompagné de certaines indications. Les inscrip- 
tions faites directement sur les feuilles simples sont de 
récriture de von Schlechtendal. Ce botaniste, après la 
mort de Willdenow, avait été chargé de mettre en ordre 
rherbier délaissé par ce dernier. 

Dans la révision que j'ai faite, au lieu de suivre 
Tordre des numéros de l'herbier, j'ai rangé les espèces 
d'après leurs sections ou tribus. J'ai eu soin de trans^* 
crire textuellement toutes les indications qui concernent 
les espèces et leurs échantillons. 

Qu'il me soit permis d'exprimer ici ma profonde recon- 
naissance à MM. les Administrateurs de l'Herbier royal 
de Berlin, qui ont bien voulu me confier les matériaux 
précieux, dont une partie a servi dé base à cette notice. 
En Allemagne, pays où la science est en si grand 
honneur, les administrateurs des Musées scientifiques 
ont compris tout l'avantage que la science peut retirer 
du prêt des collections confiées à leur garde, et, dans 
cette excellente voie, ils n'ont pas été arrêtés par les 
risques que peuvent courir ces collections dans les 
transports à longue distance. Lorsqu'il s'agit d'un groupe 
difiicile et nombreux en espèces,Jl est souvent impossible 
d'en aborder l'étude pendant les courts séjours faits dans 
les Musées étrangers, et puis il arrive fréquemment que 



( 17) 

le naturaliste ne peut aller consulter les collections en 
dehors de son pays. Dans ce cas, les prêts à lextérieur 
sont d'autant plus précieux qu'ils donnent lieu à des 
observations mieux faites et plus approfondies. En effet, 
les objets communiqués peuvent être confrontés avec 
ceux faisant partie de la collection particulière du 
savant auquel ils sont confiés , et ils sont étudiés à 
Taide d'une bibliothèque spéciale formée dans le but 
d'élucider les objets soumis à l'examen. Appréciant les 
grands avantages de ces prêts à l'extérieur, les adminis- 
trateurs de plusieurs institutions scientifiques de notre 
pays ont imité l'exemple que leur donne l'Allemagne et, 
dès aujourd'hui, au moyen d'inventaires soigneusement 
dressés, le Musée royal d'histoire naturelle de Belgique 
et le Jardin botanique de Bruxelles sont en mesure de 
communiquer une partie de leurs collections aux savants 
étrangers. 

Sect. STlVSTTLâE. 

W 9S45. — Rosa moschata. (Copie de la diagnose de 
YHortus Kewensis d'Aiton, 2, 207.) — Habitat 

Ce numéro est représenté par une feuille simple, por- 
tant un rameau florifère, et au bas de laquelle on lit : 
« a Heyne. W, » 

Ce rameau florifère, qui est à fleurs semi-doubles, appar- 
tient bien au R, moschata Ait. Axe glabre, mais muni 
de quejlques fines glandes ; folioles à côte et à nervures 
secondaires un peu velues, à dents un peu glanduleuses; 
réceptacle un peu glanduleux dans sa moitié inférieure. 

Jusqu'à ces derniers temps, la patrie du R. moschata 
était restée douteuse. Lindley, dans sa Monographie, cite. 



( i8) 

comme patrie de cette espèce, le royaume de Tunis,d après 
Desfonlaines , le midi de l'Espagne , d'après Quer et 
Tile de Madère, d'après Staunton ; cet auteur considère 
l'espèce comme véritablement indigène dans le nord de 
l'Afrique, où elle s'étendrait de TÉgypte à Mogador et de 
ce dernier point jusque dans l'île de Madère. Seringe, dans 
le Prodromusy indique le royaume de Tunis comme patrie 
douteuse et dit que l'espèce est.plulôt originairedu Népaul. 
Je ne découvre pas sur quoi il s'est fondé pour faire cette 
dernière supposition. Lindley, à propos de l'opinion 
exprimée par Thory sur l'origine de cette espèce, écrit : 
« But there is no ground for Mr Thory 's assertion, that it 
is a native of Hindostan. Roxburgh, who describes it under 
the name of glandulifera in his MSS, was uncertain bow 
it found its way into tbe Botanic Garden at Calcutta; but 
guessed it might bave been introduced frômCbina.» Trat- 
tinnick en parle de la façon suivante : « Hab. in Barbaria, 
Gallia et Hispania. Golitur in toto Oriente, et ex India 
orientali propagata fuisse videtur. » Tout récemment, 
M. K. Koch, dans sa Dendrologie, en parle dans ces 
termes : « Warscheinlich Persien und (?) Nordafrika, 
wo sic vielleicht nur verwildert wâchst. » 

La supposition de Seringe était fondée, car cette espèce 
habite bien le Népaul, d'où elle paraît être originaire. 
MM. Hooker et Thomson l'ont observée dans cette région 
à une altitude de 3 à 8000 pieds. Antérieurement, Wal- 
lich avait déjà envoyé en Europe des spécimens provenant 
de cette contrée. 

Ce qui me porte à croire que l'espèce est bien réel- 
lement originaire de l'Inde, c'est qu'en Perse, à l'île de 
Candie, dans l'Afrique septentrionale, d'après les spéci- 
mens que j'ai pu examiner, la fleur est plus ou moins 



(19) 

pleine, ce qui indique apparemment qu'il y a eu introduc- 
tion : au Népaul, la fleur est simple. Meyen a rapporté le 
R. moschata (fl. plen.) de la Cordillière St-Fernand du 
Chili. La plante croissait à 3000 pieds d'altitude. Dans 
Therbier du Musée de Leyde, j'ai vu un beau spécimen du 
R. moschata à fleurs simples récolté dans Tune des lies 
Moluques : il est probable que la plante y a été introduite. 
Miquel (Annales Musei Rotanici Lugduno-Rataviy t. III, 
p. 39) signale le /{. moschata au Japon, mais le D' Sava- 
tier ne l'y a jamais observé et jusqu'ici je n'en ai pas 
vu d'exemplaires dans les herbiers que j'ai consultés. 

Lindley et après lui plusieurs auteurs de mérite ont cru 
que le R. Rrunonii Lindl. était une forme spécifiquement 
distincte du R. moschata] or Tétude approfondie que j'ai 
faite de nombreux échantillons de ces deux prétendues 
espèces m'a démontré, d'une façon incontestable, que ce 
ne sont que deux simples variétés du même type, se reliant 
insensiblement par des formes intermédiaires. Le R. Rru- 
nonii est simplement une variété glanduleuse du R. mo- 
schata. Plus tard, dans un travail spécial sur les Roses 
de l'Asie, je m'étendrai longuement sur ces deux formes. 
Le R. Rrunonii est originaire du Népaul, ce qui vient 
confirmer l'opinion exprimée précédemment au sujet de 
la patrie du R. moschata. 

N*" 9S69. — Rosa sempePTlrens. (Copie de la diagnosc 
de VHortus Kewensis d^Aiton, 2, 205.) — Habitat in 
Germania. 

Au verso du premier feuillet de la chemise, se trouve 
l'étiquette suivante : « Hunneman. W. » 

Ce numéro est représenté par deux feuilles simples. 

Fol. 1). Un rameau florifère. — Réceptacle florifère 
ovoïde-arrondi j colonne stylique velue. 



(20) 

Fol. 2). Un rameau fructifère. — Réceptacle fruc- 
tifère petit et globuleux ; colonne stylique velue. 

Ces deux spécimens appartiennent à la forme du 
R. sempervirens L. que M. Déséglise décrit sous le nom 
de R. scandens Mill. 

N" 9S61. — Rosa pepens germinibus oblôngis glabris, 
pedunculis glandulosis, caule repente petiolisque acu- 
leatis. — Habitat in Austria. 

Ce numéro est représenté par trois feuilles simples. 

Fol. 1). Un rameau florifère et un long fragment de 
tige muni de deux ramuscules florifères. — Ces deux 
spécimens appartiennent à la forme du R. arvensis Huds. 
que Ton désigne sous le nom de R. repens Scop. Au 
milieu de la feuille, il y a un ramuscule qui appartient 
au petit groupe des Sepiaceae et qui parait voisin du 
R. Jordani. 

Au bas de la feuille, sont fixées deux étiquettes écrites 
par Kitaibel. L'un d'elles porte : < 171. Rosa an sem- 
pervirens? Rami longissimi, ad 2 et amplius orgyas 
extensif in terram decumbentes et radicantes^ subinermes. 
— In fruticetis Hungariae, Slavoniae, Ranatus, sub 
finem majo. » L'autre étiquette porte : « /// 39 Rosa 
(repens), campestris alba. C. Rauhin Pin., p. 484, n** 18. 
Scop. Carn. 2 n** 610. Ich schicke dièse Art unter n" 171 
mit den Frage : an sempervirens ? Sie antworteten : is 
von die R. collina. » 

L'échantillon de Sepiaceae se trouve évidemment égaré 
sur cette feuille. 

Fol. 2). Un rameau florifère. — Appartient au 
R. repens Scop. 

Fol. 3). Trois rameaux florifères, accompagnés d'une 



(21 ) 

étiquette écrite probablement par Wibel et portant ; 
Rosa serpem fl. Werth. — Ces trois spécimens appar- 
tiennent encore au R. repens Scop. 

W" 9S60. — Rosa aPTenals germinibus globosts peduncu- 
lisque glabrts, caule petiolisque aculeatis, floribus cymo- 
sis. Lin. Syst., ed R.y 2, p. 526. — Habitat in Anglia, 
Scania, Dania, Germania. 

Au verso du premier feuillet de la chemise, on lit : 
« Roth. W. » 

Ce numéro est représenté par cinq feuilles simples. 

Fol. 1). Un rameau florifère. — Ce spécimen est trop 
incomplet pour bien juger de la forme du R. arvensis à 
laquelle il appartient. 

Fol. 2). Un rameau florifère. — C'est une forme de 
la section des Caninae^ trib. Riserratae et voisine du 
R. oblonga Ripart. 

Fol. 3). Un rameau florifère accompagné d'un récep- 
tacle fructifère. — C'est une forme de la section des Ca-- 
ninae, trib. Riserratae et voisine du R. oblonga Rip. 

Fol. 4). Un rameau fructifère. — C'est une forme de 
la section des Caninae^ trib. Riserratae et qui peut être 
rapportée au R. viridicata Puget. 

Fol. 5). Un rameau fructifère avec réceptacles encore 
verts. — Ce spécimen est accompagné d'une étiquette de 
Schultz ainsi conçue: a Rosa sylvestris Schrank? — In 
dumet. advias public. Flor. Starg. » — C'est une forme 
de la section des Caninae, trib. Pubescentes et voisine du 
R. pyriformis Déségl. 



( 22 ) 

W 9§S1. — Rosa tagarioram germinibus subrotundis 
glabriSy peduncults hispidis, calycibus pilosiSy petioHs 
villosis aculeatiSy caule aculeis sparsis. — Hab,... 

Ce numéro est représenté par une feuille simple portant 
un ramuseule florifère. 

Sprengelet Steudel rapportent cette espèce de Willdenow 
au R. arvensis. M. K. Koch la rapporte au R. repens. Elle 
me paraît être une hybride {R. arvensis X gallica?). 

Voici la description que j'ai faite sur le spécimen pré- 
cité, sur un second spécimen qui se trouve attaché sur la 
première feuille du R. cinnamomea N** 9819, et enfin sur 
deux autres, N'* 9837, fol. 1 et 2. 

R. tuguriorum^^ iWd, — Pas d^aiguillons crochas. Ramuscules flori- 
fères à entrenœud supérieur chargé de très-petits aiguillons assez peu 
nombreux. Folioles rappelant celles du R. arvensis, glabres en dessus, 
à ncrvMres velues, portant quelques rares poils sur le parenchyme, à 
dents accompagnées d*un ou deux denticules glanduleux accessoires. 
Pétioles pubescents-glandulcux, inermes. Stipules à oreillettes très- 
divergentes. Fleurs réunies par trois, longuement pédicellées. Pédi- 
celles longs de 15 à 25 mill., modérément bispides-glanduleux. Récep- 
tacle florifère obovoïde, court, lisse. Sépales assez courts, à pointe 
courte, les trois extérieurs pourvus de pinnules assez nombreuses. 
Corolle petite, à pétales paraissant avoir été d^un rouge assez foncé, 
nombreux et rendant la fleur presque pleine et sans étamines. Styles 
saillants, non réunis en colonne, fortement velus. 

Sect. INDICAE. 

Sous le nom d'Indicae, j'ai réuni, dans THerbier royal 
de Berlin, les diverses formes qu'on a nommées R. indica, 
R. semperflormsy R. diversifoliay R. longifolitty R. chi- 
nensiSf R. Lawranceana, etc. Selon moi, ces Roses 
méritent de constituer une section spéciale. Celle-ci, 



(23) 

caractérisée par des styles plus ou moins saillants, par 
des stipules toutes étroites, par le mode d'inflorescence, 
a sa place marquée à côté de la section des Synstylae. — 
Trattinnick avait déjà établi cette section sous le nom de 
Smithianay mais il y avait introduit une espèce qui ne 
peut en faire partie, le R. sinica. 

La section des Indicae est composée de formes dont 
la délimitation spécifique est encore très-obscure, ce qui 
est dû à ce qu'elles ont été toutes primitivement décrites 
sur des plantes cultivées et plus ou moins profondément 
modifiées par une longue culture, non-seulement dans 
les jardins d'Europe, mais dans ceux de la Chine et 
du Japon. 

H'' 9§7S. — Rosa indien germinibus ovatis peduncu- 
lisque glabris, caule subînermiy petiolis aculeatis. Lin, 
Syst.f éd. E., 2, p. 531. — Habitat in China. 

Ce numéro est représenté par deux feuilles simples. 

Fol. 1). Un rameau florifère. — Ne se rapporte aucu- 
nement à la diagnose de Linné reproduite par Willdenow. 
Il doit appartenir à la même forme que le R. indica 
humilis publié par Seringe dans ses Roses desséchéesy 
n° 39, seulement les folioles sont un peu plus grandes. 
Rameau ne présentant qu'un petit aiguillon; ramuscule 
inerme; folioles tout à fait glabres, à dents accompagnées 
d'une glande ; deux fleurs, la médiane à pédicelle muni 
de 3 ou 4 fines glandes; réceptacle florifère ovoïde- 
allongé, lisse. Les pétales sont aigus comme dans la 
planche 1762 du Rotanical Magazine, ce qui rapproche 
cette forme du R. Lawranceana Sweet. 

Fol. 2). Un rameau muni d'un ramuscule foliifère. 
— Appartient au R. sinica Murr. {R. laevigata Mx, 
R, hystrix Lindl.). 



(24) 

IV** 9871. — Rosa semperloreas germinibus oblongts 
pedunculisque hispidis, catUe petiolisqiie aculeato-his- 
pidis, foliis subternaiis. — Rosa sehperflorens cavk 
aculeato, foliis subternis ^ pedunculisque subunifloris 
aculeatO'hispidiSy calycis laciniis integris. Curt. Mag.y 8, 
t. 284. -^ Habitat in China. 

Au verso du premier feuillet de la chemise, on lit : 
« Eyserbeck. W. » 

Ce numéro est représenté par trois feuilles simples. 

Fol. 1). Trois ramuseules florifères. — Appartiennent 
au R. semperflorens Curt. Folioles ternées (dans Tun 
des ramuseules, les deux feuilles supérieures sont uni- 
foliolées), ovales, brièvement aiguës, glabres en dessus, 
à côte un peu velue en dessous, à dents assez souvent 
accompagnées d'un denticule glanduleux ; pétioles velus, 
un peu glanduleux, aiguillonnés; fleurs semi-doubles, 
solitaires; pédicelles longs (40-45 mill.), chargés de 
glandes très-flnes et peu nombreuses ; sépales entiers. 

Fol. 2). Un rameau florifère à deux ramuseules flori- 
fères et accompagné d'une feuille détachée à 5 folioles. 
— Il est possible qu'il appartienne au R. semperflorem, 
mais ce n'est pas la même forme que la précédente. 
Folioles plus amples, longuement aiguës, à côte glabre ; 
pétioles seulement un peu pubescents dans le sillon; 
fleurs plus doublées; pédicelles plus épais, paraissant 
lisses; réceptacle plus gros, ovoïde; sépales extérieurs 
pinnulés; styles glabres dans toute leur partie exserte. 
Cette forme pourrait bien appartenir au R. indica décrit 
par Lindley. 

Fol. 3). Un ramuscule florifère. — Appartient au 
R. nrtidaWilld.! 



(25) 

]y<* 9§72. — Rosa ionglfoUtk germinibits oblongis glabris, 
pedunculis glanduloso-subaculeaiis y caule subinermiy 
petiolis aculeattSy foliolis glabris ovatis acumtnatts. 
— Habitat in India. 

Au verso du premier feuillet de la chemise^ sont fixées 
les deux étiquettes suivantes : « Wendland. W.n — « Rosa 
indica. (W.) » 

Ce numéro est représenté par deux feuilles simples. 

Fol. 1). Deux rameaux florifères ^ accompagnés de 
1 étiquette suivante : « Rosa longifolia Willd. var. florib. 
atro-rubris Red Hills Nvmbr. 25,99 Jf' Call's Garden 
(Klein). » Au bas de la feuille, on lit : « Klein. Ind. 
1796. W. » 

Folioles ternées ou quinées selon leur point d'insertion 
ou la vigueur des ramuscules, parfaitement glabres sur 
les deux faces, ovales, lancéolées, acuminées, toujours 
plus d'une fois plus longues que larges, assez souvent 
une fois et demie à deux fois plus longues que larges, 
atténuées-arrondies à la base ou même assez sensiblement 
atténuées, ordinairement longuement aiguës-acuminées, 
à dents larges, peu profondes, superficielles, simples, ou 
parfois accompagnées d'un denticule accessoire ; pétioles 
glabres, églanduleux, presque toujours inermes, rarement 
munis d'un petit aiguillon ; stipules étroites, ciliées-glan- 
duleuses, à oreillettes petites et divergentes ; bractée 
inférieure étroite, terminée par une pointe largement 
foliacée ; pédicelles longs (40-55 mill.) , chargés de 
glandes fines et modérément nombreuses, les latéraux 
munis à la base de deux petites bractées alternes; récep- 
tacle florifère ellipsoïde-allongé, lisse ; sépales extérieurs 
un peu pinnulés, à pointe assez large, denticulée; disque 
conique et saillant; styles glabres, assez longuement sail- 



(26) 

lants, plus ou moins divergents et égalant presque les 
étamines. — Sur ces deux rameaux, il n'y a pas d'aiguil- 
lons. 

Fol. 2). Un rameau florifère , accompagné d'une éti- 
quettede Roxburgh portant : « China Rose. i> — Me parait 
devoir se rapporter parfaitement au R. longifolia Willd. 

Je pourrais m'étendre en de très-longues remarques sur 
la synonymie des formes de cette section, sur la valeur des 
diverses formes au point de vue spécifique, mais com- 
me je ne possède pas encore les éléments suffisants pour 
élucider ce groupe extrêmement obscur, je préfère passer 
sous silence les nombreuses observations que j'ai déjà 
faites sur les Indicae. 

Sect. PinPINELLIfOLIAE. 

]W<> 9§20. — Rosa pimplnellifolia germinibus globosis 
pedunculisque glahris , caule aculeis sparsis rectis , 
petiolis glabriSy foliolis obtusis. Lin. Syst., éd. R.^ 2, 
p. 526. — Habitat forte in Europa. 

Au verso du premier feuillet de la chemise, on lit : 
« Rouché. W. » 

Ce numéro est représenté par quatre feuilles simples. 

Fol. 1). Un rameau florifère. — Ce spécimen me 
paraît appartenir au R. spinosissima L. (ped. et recept. 
glabr.) cultivé. A l'aisselle de la feuille supérieure des 
deux ramuscules florifères et à côté du pédicelle terminal, 
se trouve un long pédicelle latéral muni de deux bractées. 

Fol. 2). Un rameau florifère. — Appartient au vrai 
R. spinosissima (ped. et recept. glabr.). 

Fol. 3). Deux rameaux après floraison. — Appartien- 
nent également au R. spinosissima (ped. et recept. glabr.). 



(27) 

Fol. 4). Un rameau florifère, accompagné de rétiquette 

suivante: « Rosa pimpinellifolia fl Caucas. » — 

Appartient encore au R. spinosissima et c est probable- 
ment la forme que Marschall von Bieberstein appelle 
R. pimpinellifolia. Les pédicelles sont hispides-glanduleux 
dans toute leur longueur ou seulement dans leur moitié 
inférieure; les réceptacles sont lisses, ainsi que les sépales; 
les styles sont entièrement velus. 

]M<* 9S25. — Rosa spinosissima germinibm globoêis 
glabrisy pedunculis hispidis, caule petiolisque aculea-- 
tissimis. Lin, Syst., éd. R., 2, p. 526. — Habitat in 
Europa. 

Au verso du premier feuillet de la chemise, on lit : 
« In Thuringia lect. W. » 

Ce numéro est représenté par trois feuilles simples. 

Fol. 1). Deux rameaux florifères. — Appartiennent au 
R. spinosissima. Pédicelles munis de quelques rares soies 
glanduleuses ; folioles assez grandes, ovales-suborbiculai- 
res ; styles hérissés-velus. 

Fol. 2). Un petit ramuscule florifère. — N^appartient 
pas, je pense, aux Pimpinellifoliae. Axe raméaire chargé de 
nombreux aiguillons sétacés, très-fins et longs, devenant 
plus délicats sur le ramuscule; folioles rappelant celles 
des Alpinae, mais plus petites, à dents composées-glandu- 
leuses, glabres sur les deux faces, à côte un peu glandu- 
leuse ; pétioles glabres, glanduleux ; stipules à oreillettes 
plus larges que dans les Pimpinellifoliae ; pédicelles soli- 
taires, un peu hispides-glanduleux; réceptacle ovoïde- 
arrondi; sépales entiers, les extérieurs à pointe assez 
longue, foliacée, denticulée-glanduleuse; styles velus. 

Fol. 3). Deux rameaux florifères. — Appartiennent 
typiquement au R. spinosissima. L'un des rameaux a les 



(28) 

pédicelles lisses ou munis de quelques rares glandes ; les 
styles sont presque glabres, avec quelques rares poils 
visibles ; les pétioles sont glabres et presque églanduleux. 
L'autre rameau a les pédicelles hispides-glanduleux^ les 
styles velus, les pétioles pubérulents et un peu glandu- 
leux, les folioles très-petites. 

N** 9S9!t« — Rosa altaieii germinibus globosis peduncu- 
lisque glabriSy caule hispidù-aculeato, petiolis parce 
hispidis. — Habitat in Sibiria. 

Ce numéro est représenté par deux feuilles simples. 

Fol. 1). Un rameau florifère. — Au bas delà feuille, 
on lit : « Hort. bot. Berol. W. » — Cette forme ne pré- 
sente rien de distinctif, même pour en faire une simple 
variété ; elle appartient au type du R. spinosissima. Sur 
ce rameau, il existe trois fleurs, dont Tune a le pédicelle 
hispide-glanduleux et les deux autres, le pédoncule lisse. 

Fol. 2). Un rameau florifère, accompagné de l'étiquette 
suivante : ^ Rosa pimpinellifolia PalL fl. ross. — Educavi 
ex seminibus auctoris. Accedit proprius ad R. spinosissi- 
mam. Mihi videtur sp. nov. Frutex plus quam sexpe- 
dalis. Corolla aiba. » Cette étiquette est de Pott. Le 
spécimen présente quelque chose de particulier dans le 
faciès, sans cependant offrir de différences essentielles qui 
le distinguent du R. spinosissima. Les folioles ne sont 
pas a subrotundo-ellipticis, » comme le dit Willdenow 
(Enum.), mais ovales, assez allongées et assez souvent 
sensiblement atténuées à la base. Dans le rameau fixé sur 
la première feuille, les folioles peuvent être dites « subro- 
tundo-ellipticis » et sont arrondies à la base. 

A en juger d'après ce qui précède, le R. altaica Willd. 
ne serait au fond qu'un simple synonyme du R. spino- 
sissima. 



(29) 

N^ 9S54. — Rosa reversa germinibus oblongis peduncu- 
lisque hispidis, foliis glabris, aculeis caulinis reversis. 
— Habitat in Hungaria. 

Ce numéro est représenté par une feuille simple, portant 
un ramuscule florifère, et au bas de laquelle, on lit : 
« Hort. bot. BeroL W. » 

Cet échantillon provient probablement d'un semis du 
type de Waldstein et Kitaibel. Par ses caractères, il répond 
bien à la description et à la figure que ces derniers auteurs 
ont données de leur B. reverm. Willdenow décrit les fo- 
lioles comme étant glabres, mais elles ont la côte et les 
nervures secondaires velues. Les dents foliaires ne sont 
pas très-composées-glanduleuses : chaque dent n'étant 
accompagnée ordinairement que de 1 ou 2 denticules 
accessoires et même certaines dents sont simples. Sur le 
ramuscule, il y a deux fleurs réunies au sommet de Taxe. 

m*' 9S07. — Bosa glandoloaa inermis, foliolis lanceo- 
latiSy germinibus ovatis pedunculisque hispidis. BelL 
App.y 24. — Habitat in Gallia, Italia. 

Ce numéro est représenté par une feuille simple, portant 
un spécimen accompagné d'une étiquette de Bellardi ainsi 
conçue : « Rosa glandulosa Nob. Append. » 

Gomme le R. glandulosa de Bellardi est une forme liti- 
gieuse, dans laquelle beaucoup d'auteurs ont voulu voir 
une espèce de la section des Montanae et pour laquelle 
on prend fréquemment le vrai R. montana de Chaix, je 
crois bien faire en donnant la description détaillée du 
rameau authentique conservé dans l'herbier de Will- 
denow. 

Rosa glandulosa Beli. — Aiguillons et soies nuls. Écorce paraissant 
avoir été violacée, ainsi que les stipules et les bractées. Folioles par- 



(30) 

faitement glabres, à côte un peu glanduleuse, ovales-elliptiques, les 
inférieures subobtuses, les supérieures brièvement aiguës, arrondies 
ou arrondies un peu atténuées à la base, sessiles, à dents irrégulière- 
ment composées-glanduleuses, les unes simples, les autres accom- 
pagnées de 1-3 denticules accessoires. Pétioles glabres, un peu 
glanduleux, inermes ou munis de quelques rares et très-fins aiguillons. 
Stipules rappelant plutôt celles des Alpinae que celles des Pimpin^lU- 
foliae, à bords glanduleux. Pédicclle solitaire, muni à la base d*une 
feuille ou d^une bractée unifoliolée, dressé, roide, hispide-glanduleux. 
Réceptacle florifère ovoïde, bispide-glanduleux. Sépales hispides- 
glanduleux, un des extérieurs munis d*une pinnule à la base, les 
autres entiers. Styles velus. 

Cette forme semble être une hybride (B. alpina X 
spinosis8ima)y mais en présence de ce spécimen assez 
incomplet et de Textréme variabilité du /{. alpina, je n'ose 
affirmer que la plante décrite par Bellardi soit spécifique- 
ment distincte du R. alpina^ ou soit un produit hybride. 
Dans la plupart des formes du R. alpina, formes que 
Ion a élevées au rang d'espèce, les folioles sont ordinaire- 
ment plus d'une fois plus longues que larges^ plus atté- 
nuées à la base, plus longuement aiguës et à dents très- 
composées-glanduleuses. 

Ce que Ton constate dans Therbier de Willdenow au 
sujet du R. glandulosa de Bellardi vient, en quelque sorte, 
confirmer ce qu'avance M. Grenier, au sujet de cette for- 
me, qu'il réunit au -R. alpina. Ce dernier auteur (FI. 
Jur., p. 229) se base, pour réunir le R. glandulosa au 
R. alpina, sur ce que Bertoloni et M. Rapin ont vu des 
échantillons authentiques du type de Bellardi dans lesquels 
ils ont reconnu le R. alpina. Que le R. glandulosa soit 
une hybride des R. alpina et R. spinosissima, ou une 
simple forme du R. alpina, il est incontestable qu'il est 
tout à fait différent de l'espèce que MM. Déséglise, Puget 



(31 ) 

et autres désignent sous le nom de R. glandulosa et qui 
est le R. montana de Ghaix ! 

Le R- montana Ghaix a été Fobjet d'une longue obser- 
vation synonymique et phytographique dans un opuscule 
intitulé : Herborisations à Salève, par le Dr. Gh. Faueo- 
net; in-8% Genève, 1867. 

Vi"" 9§4S. — Rosa saawls. 

L'étiquette fixée sur le recto du premier feuillet de la 
chemise n'est pas de récriture de Willdenow et ne porte 
pas de diagnose; mais sur la feuille simple^ qui représente 
ce numéro et sur laquelle est fixé un ramuscule florifère, 
se trouve une étiquette écrite, je pense, par Willdenow 
et portant : « Rosa suavis. » 

Voici comment le R. suavis est caractérisé dans le sup- 
plément de YEnumeratio plantarum horti regii botanici 
Berolinensis de Willdenow, p. 37 : R. germinibus oblon- 
gis glabrisy pedunculis petiolisque glandulosis hispidis, 
foliis glabris subtus glaucescentibus, caule hispido. — 
Petala saturate purpurea, brevissime biloba. 

M. K. Koch, dans sa Dendrologie, rapporte le R. suavis 
Willd. au R. reversa W. et K. En se basant sur Téchan- 
lilloii représentant le n" 984S, on est porté à admettre 
cette identification ; cependant, dans cet échantillon, les 
folioles sont une fois plus petites que dans le spécimen 
du R. reversa n*" 9854, à côte seule un peu velue et 
glanduleuse. Dans ce même échantillon n"" 9848, le 
pédicelle mesure 25 mill. et est modérément hispide- 
glanduleux; le réceptacle florifère est ovoïde, contracté 
au sommet, lisse et non hispide. 

Dans l'herbier de Link, n" 208, se trouve un ramuscule 
en boutons du R. suavis, récolté dans le Jardin botanique 



(32) 

de Berlin, identique avec le spécimen du n** 9848 de 
rherbier de Willdenow. 

Dans rherbier de Kunth, n"* 162, la même espèce, 
récoltée en 1806 dans le même Jardin botanique, est 
représentée par un rameau florifère et qui semble appar- 
tenir à la même forme que les deux spécimens précédents; 
toutefois le réceptacle florifère est un peu plus arrondi 
et les pédicelles mesurent de 10 à 16 mill. 

Les folioles, dans ces divers échantillons du R. suavis, 
sont plus petites que dans le R. revet^sa et rappellent plus 
celles des Pimpinellifoliae, 

Wallroth, qui a examiné les Roses de Therbier de 
Willdenow, a mis, sur la feuille simple du n*" 9848, une 
étiquette portant : « Comparando cum R. marginata 
Herb. w° 9824 quae eadem ! » 

VU"* 9S24. — Rosa marginata germimbus globoais pedun- 
culisque glanduloso-hispidiSy caule petiolisque hispi- 
dis. — Habitat 

Ce numéro est représenté par une seule feuille simple, 
portant un ramuscule florifère, et au bas de laquelle on 
lit : « Hort. bot. BeroL W. » 

Ce R. marginata, qui n'a pas été publié, est rapporté 
par Wallroth (in Herb. Willd.) à son R. suavis « dolosa 
Hist., 128. 

Il est bien possible que cet auteur ait eu raison en 
faisant cette assimilation. Ce n*" 9824 offre à peu près 
le même genre de folioles que le n** 9884 (R. reversa)^ 
à côte glanduleuse, peu ou point velue ; il a les stipules 
larges comme dans le R. alpina ; les deux fleurs réunies 
au sommet du ramuscule ont des pédicelles longs de 
18 à 20 mill., Fun d'eux étant accompagné d'une bractée; 



(33) 

le réceptacle florifère est obovoïde-arrondi, assez gros et 
lisse; les sépales extérieurs sont terminés par une pointe 
un peu foliacée. 

Dans ce R. marginata et les échantillons du R. suavis, 
dont j'ai parlé, les axes sont finement hispides. 

Il me parait que les R. reversay R. suavis et R. mar- 
ginata Willd. Herb. n** 9824 non Wallr. sont des formes 
très-affines et probablement des produits du croisement 
des R. spinosissima eiR. alpina. 

Le R. marginata Wallr., qui paraît être une hybride 
d'une Canine et de Tune ou l'autre forme du R. gallica, 
est tout à fait différent du R. marginata de Willdenow. 

Sect. ÂLPINÂE. 

N"* 9S50. — Rosa alplna germinibus ovatis glabris^ 
pedunculis petiolisque hispidis, caule inermi. Lin. 
Sysî.,ed. B.^ 2,/). 529. — Habitat in alpibus Helvetiae, 

Au verso du premier feuillet de la chemise, on lit: 
« Lutz W. » 

Ce numéro est représenté par quatre feuilles simples. 
Fol. 1). Un ramuscule florifère. — C'est une forme 
du R. alpina. Folioles moyennes glabres en dessous, à 
côte seule un peu glanduleuse; réceptacle florifère 
allongé et lisse. 

Fol. 2). Un rameau florifère. — C'est une forme du 
R, alpina. Folioles grandes, plus ovales, moins allongées, 
glabres en dessous, à côte seule un peu glanduleuse, à 
dents plus grandes. 

Fol. 3). Un ramuscule florifère, accompagné d'une 
petite étiquette de Willdenow portant: « R. fraxinea. » 
— C'est une forme du R. alpina. Folioles moyennes 



(34) 

glabres en dessous, à côte et à nervures secondaires 
glanduleuses ; stipules inférieures glanduleuses en des- 
sous ; pétioles plus glanduleux que dans les deux spécimens 
précédents. 

Ce ramuscule, fixé sur la 3* feuille simple, se rapporte- 
t-il bien au R. fraxinea tel qu'il est caractérisé dans 
le supplément de VEnumeratio de Willdenow, p. 37 
{R. germinibus ellipticis glabris, pedunculis glanduloso- 
hispidisy petiolis subaculeatis glanduloso-hispidis, foliis 
glabris, caule aculeis sparsis. — Petala obcordata, satu- 
rate rubra.) ? A part Tabsence d'aiguillons, la diagnose du 
R. fraxinea peut s'appliquer à ce spécimen, mais, d'un 
autre côté, cette même diagnose peut s'appliquer en partie 
aux échantillons du même herbier renfermés dans la 
chemise n"" 9818 (R. blanda) et qui appartiennent au 
R. fraxinifolia Gmel. Je reviendrai sur le R. fraxinea 
en examinant le n*" 9818. 

Fol. 4). Un rameau florifère, accompagné d'une petite 
étiquette de Willdenow portant : « Rosa lagenaria ? » — 
C'est une forme du R. alpina. Réceptacle florifère ovoïde, 
non contracté au sommet, plus court que dans les spéci- 
mens précédents; pédicelles plus courts; folioles de 
grandeur moyenne, glabres en dessous ou à côte un peu 
velue ; côte et un certain nombre de nervures secondaires 
glanduleuses; stipules inférieures un peu glanduleuses en 
dessous ; pétioles assez abondamment glanduleux. 



.■ 



(35) 

N"" 9§5t . — Rosa pyreoalea germinibus ovatis peduneu- 
lisque hhpidts coloratis , petiolis hispid(Hzculeati8 y 
calycibus omnino foliosis. Gouan lUmtr.y p. 51, 
tab. 19. RosA HispiDA Krockeri. — Habitat in Gallia, 
Silesia. 

Au verso du premier feuillet de la chemise, on lit : 
« Starcke. W. » 

Ce numéro est représenté par trois feuilles simples. 

Fol. 1). Un ramuscule florifère, — Aiguillons nuls; 
folioles grandes, allongées, munies de quelques poils en 
dessus , un peu velues en dessous sur toute la sur- 
face, non glanduleuses ; pétioles glanduleux, inermes, 
avec quelques longs poils en dessus ; stipules abondam- 
ment ciliées-glanduleuses ; réceptacle florifère obovoïde- 
arrondi, abondamment hispide-glanduleux. 

Fol. 2). Un ramuscule en boutons. — Aiguillons 
nuls; folioles moyennes un peu pubescentes en dessus, 
très-peu velues en dessous sur toute la surface; pétioles 
un peu velus en dessus, munis de quelques rares glandes, 
inermes ; réceptacle florifère hispide-glanduleux. 

Fol. 3). Un ramuscule très-incomplet, accompagné d'une 
étiquette de Kitaibel ainsi conçue : « Rosa an alpina? vix 
dubitareniy si germina cssent glabra^ licet in sylvis Matrae 
crescat quae a climate alpino longe distant, Initio maji 
lecttty ab flore nondum expliciti exeunt. Pedunculi non casu 
sed ex natura recurvi sunt» » C'est évidemment une forme 
du R. alpina, mais lechantillon est trop incomplet pour 
déterminer exactement la forme. Folioles à côte et à ner- 
vures secondaires un peu velues. 

Ce sont là trois formes différentes qui peuvent, à la 
rigueur, être rapportées à ce que Ton désigne fréquem- 



(56) 

ment SOUS lenom de R. pyrenaica. Dans le type de Gouan, 
qui n'est du reste pas spécifiquement distinct du R. 
alpina L.y les axes sont un peu aiguillonnés. 

W 9S59. — Rosa pendalina inermiSy germinibus oblofi" 
giSy peduncvlis petiolisque hispidis^ caule ramisque 
glahris, fructibus penduUs. Ait. Kew., 2, p. 205. — 
Habitat in A merica boreali. 

Ce numéro et représenté par une feuille simple, por- 
tant un grand rameau florifère, et au bas de laquelle, on 
lit : « Sello. W. » 

Ce spécimen provient probablement d'un pied cultivé. 
Folioles de dimensions moyennes, à 3 ou 4 paires par 
feuille, glabres, à côte un peu glanduleuse, à nervures 
secondaires parfois un peu glanduleuses ; pétioles glabres , 
modérément glanduleux , inermes ; stipules inférieures 
glanduleuses en dessous ; pédicelles assez longs, se re- 
courbant fortement après Fanthèse , lisses ; réceptacle 
florifère ovoïde-allongé, modérément hispide-glanduleux, 
plus rarement lisse; styles velus. 

Il est plus que douteux que cette plante, qui n'est 
qu'une forme du R, alpina, soit d'origine américaine. 

N° 9§49. — Rosa lageoarla germinibus obovatis glabris 
petiolis pedunculisque hispidis , caule inermi. — 
Habitat in Gallia, Helvetia. 

Ce numéro est représenté par une feuille simple, por- 
tant un ramuscule fructifère, et au bas de laquelle, on 
lit : « Schleicher W. » 

Folioles glabres sur les deux faces, à côte glanduleuse ; 
pétioles assez abondamment glanduleux, inermes ; récep- 
tacle (encore vert) obovoïde, non étranglé au sommet, 
presque entièrement lisse, un peu hispide a l'extrême 



(37) 

base ; styles très-velus. C'est une forme du R. alpina qui 
ne peut être rapportée au R, lagenaria de Villars. Du 
reste eelui-ci n'est pas spécifiquement distinct du R, alpina, 

Sect. «ALLICâNAE. 

IV* 9840. — Rosfi gallicfi germinibus ovatis peduncu- 
lisque hispidis, caule petiolisque hispido-aculeatis. 
Lin. Syst.j éd. R.^ 2, p. 529. — Habitat in Europa. 

Au verso du premier feuillet de la chemise, on lit : 
« Passim in hortis. » 

Ce numéro est représenté par cinq feuilles simples. 

Fol. 1). Un ramuscule florifère. — Paraît être le 
R. gallica tel qu'oui Tentend ordinairement, mais je n'ose- 
rais me prononcer. Réceptale florifère ovoïde-allongé ; 
folioles grandes, ovales-arrondies. 

Fol. 2 et 3). Deux ramuscules florifères appartenant 
à la même forme. — Le réceptacle est ovoïde et ne diffère 
pas de celui de l'échantillon de laS^'feuille duR. provincia- 
lis n*" 9837; mais, dans celui-ci, les folioles ont une autre 
forme. Les fleurs paraissent être simples ; les folioles sont 
grandes, ovales-arrondies. Ces deux spécimens rappellent 
assez le Rosa cultivé au Jardin botanique d'Angers que 
M. Boreau désigne sous le nom de R. provincialis. 

Fol. i). Un ramuscule florifère. — Je n'ose me pro- 
noncer sur cette forme. Réceptacle ovoïde, assez atténué 
à la base ; fleurs semi-doubles ; folioles épaisses et coriaces. 

Fol. 5). Un ramuscule florifère, accompagné d'une 
étiquette de Wibel ainsi conçue : « Rosa gallica FL 
Werth. » — Paraît devoir être rapporté au R. pumila. Il 
ressemble beaucoup au R. pumilaWihel, n**9859, fol. 3, 
ci-après, seulement ses folioles sont plus larges. 



(38) 

IV* 9959. — Rosa pamlla germinibus ovatis, pedun- 
culia hispidiSf petiolis cauleque aculeatis, foliis subtus 
glaucis serraturis glandulosis, fructibus pyriformibus, 
Alton Kewens., 2, p. 206. — Habitat in Austria, 
Italia. 

Au verso du premier feuillet de la chemise, on lit : 
« Schmidt. Pragae. W, » 

Ce numéro est représenté par cinq feuilles simples. 

Fol. 1). Un ramuscule florifère, à côté duquel Wallroth 
a écrit : « R. alpina ! Cf. Hist, mea. » — Appartient au 
R. alpina L. 

Fol. 2). Un ramuscule florifère. — Paraît appartenir 
au R. pumila, mais il est trop incomplet pour pouvoir 
garantir Tassimilation. 

Fol. 3). Un ramuscule florifère, accompagné de Téti- 
quette suivante de Wibel : Rosa pumila FL Werth. in 
apricis. » — Comme je Fai dit ci-dessus, cette forme 
ressemble beaucoup au R. gallica Wibel, dont il est ques- 
tion à la o' feuille du n° 9840, et Tun et l'autre pourraient 
bien appartenir au même type; cependant, dans le R. gal- 
lica, le spécimen semble être un rameau détaché, rameau 
chargé d'aiguillons sétacés nombreux droits ou un peu 
arqués, tandis que le spécimen du R. pumila parait être 
une tige, "dont Taxe est plus grêle, inerme inférieu rement, 
et chargé de très-fins aiguillons sétacés droits dans le 
haut. Dans Tun et l'autre, les réceptacles paraissent être 
semblables, et les fleurs sont solitaires. 

Fol. 4). Un rameau florifère , accompagné de l'éti- 
quette suivante de Wibel : « Rosa pumila F. W. variet. 
sylvestris, » La destruction des styles dans ce spécimen 
m'empêche de bien juger de celte forme, qui paraît être 
bien voisine du R. virescens Déségl. 



( 39 ) 

Fol. 5). Un ramuscule florifère, accompagné de 1 éti- 
quette suivante de Wibel : « Rosa pumila deflorata. » — 
Cest la même forme que le R. pumila Wibel, fol. 3 ; 
seulement les deux entrenœuds supérieurs ont des aiguil- 
lons sétaeés assez nombreux comme ceux du R. gallica 
Wibel. 

N"" 9M7. — Rosa proTineialis germinihus subrotundis 
pedunculis petiolisque hispidis, aculeis ramorum spar- 
sis redis subreflexis, foliolis ovatis subttis villosis, ser- 
raturis glandulosis. Aiion Kewens.y 2, p. 264. — Habi- 
tat in Rispania, Italia. 

Au verso du premier feuillet de la chemise, on lit : 
« Krausse. W. » 

Ce numéro est représenté par dix feuilles simples. 

Fol. 1 et 2). Deux ramuscules florifères appartenant 
à la même forme. Sur la première feuille, Wallroth a 
écrit : « R. Chamaerhodon S pomponia Hist. 283 » et 
sur la seconde : a Eadem cum antécédente Cf. H. » Ces 
deux spécimens appartiennent au R, tuguriorum Willd. 
Chez eux la glandulosité est plus marquée que dans le 
A. tuguriorum n*" 9831 ; les dents foliaires sont souvent 
accompagnées de deux glandes ; les pédicelles sont plus 
glanduleux; les styles mesurent 2 1/2 mill. au-dessus 
du disque. 

Fol. 3). Un rameau florifère, à côté duquel Wallroth 
a écrit : « R. Chamaerhodon var. caucasica monstrum 
muscorum Hist, 280. » — Je ne puis me prononcer sur 
cette forme, dont le faciès ne rappelle aucunement les 
Gallicanae. Styles exserts et velus; ramuscules chargés 
de nombreuses glandes mêlées avec de fines soies ; pédi- 
celles extrêmement glanduleux ; folioles étroites, ovales- 



(40) 

elliptiques y acuminées, à dents très-composées-glandu- 
leuses ; stipules à ailes très-étroites, à oreillettes longues, 
étroites, euspidées, divergentes. C'est probablement une 
hybride. 

Fol. i). Un ramuseule florifère, à côté duquel Wallroth 
a écrit : « R, Chamaerhodon v. gallicae var. S quae se- 
quenta. » — C'est une Gallicane. Folioles ovales, assez 
allongées, non larges et arrondies comme dans \e R. pro- 
vincialiê cultivé au Jardin botanique d'Angers. Le récep- 
tacle peut être dit ovoïde. 

Fol. 5). Un ramuseule florifère. — Réceptacle ovoïde ; 
un ou deux pétales supplémentaires. C'est la même forme 
ou à peu près que la précédente et toutes deux peuvent à 
la rigueur être rapportées au R. gallica tel qu'on l'entend 
ordinairement. 

Fol. 6). Un ramuseule florifère portant sept fleurs 
doubles. — Pourrait bien appartenir au R. centifolia L. 

Fol. 7). Un ramuseule florifère portant douze fleurs 
doubles, et à côté duquel Wallroth a écrit : « R. Cha- 
maerhodon à damascena belgica Hist. 285. » Pourrait 
bien avoir quelques rapports avec le R. damascena. Le 
réceptable est campanule. 

Fol. 8). Un ramuseule florifère, accompagné de l'éti- 
quette suivante : « Rosa suaveolens Oed. B. » Wallroth 
a écrit à côté : « R. Chamaerhodon austriaca (3 humilis H. 
p. 260. » — Pourrait bien être une forme du R. pumila. 

Fol. 9). Un ramuseule florifère, accompagné de l'éti- 
quette suivante écrite par Pott : « Rosa holosericea MilL 
Folia paulo rotundioray et calycinis magis pinnatifidis 
quam in R. provinciali. — Horl. » Wallroth a écrit 
à côté du spécimen : « Conf. Hist. 264 est... tristis atro- 
purpurea. » Fleurs un peu doublées, paraissant avoir été 



(i\ ) 

d'une teinte très-foncée; folioles assez grandes, ovales- 
arrondies ; réceptacle florifère ovoïde un peu arrondi. 
Me parait être à peu près la même forme que le R. pro- 
vincialis cultivé au Jardin botanique d'Angers ; seulement 
les folioles sont un peu pubescentes en dessous sur toute 
la surface. 

Fol. 10). Un ramuscule florifère. — Appartient pro- 
bablement au R. gallica; le réceptacle florifère est ovoïde. 

D'après ce qui précède, on voit quel mélange de formes 
hétérogènes sont réunies sous le nom de R, provincialis, 
II est probable que Wildenow n'avait pas une idée bien 
nette de son R. provincialis, pas plus que de ses R. gallica 
et R. pumila. II est du reste fort diflicile de s'entendre 
sur les diverses formes qui constituent une partie de la 
section des Gallicanae, à cause de leur extrême polymor- 
phie. II me parait vraisemblable que toutes les formes 
désignées sous les noms de pumila, austriaca, Czackiana , 
provincialis, incarnata, eminens, mirabilis, cordifolia, 
decipiens, etc., ne sont que des variétés du R, gallica L., 
dont la forme spontanée la plus répandue est le R. pumila 
L. fil. 

IV"* 9957* — Rosa adeoophylla germinibus ùvatis caly- 
cibus pedunculisque glandulosis, ramis aculeatis, 
foliolis subtus glauciformibus, simpliciter serratiSy 
margine glandulosis. — Habitat..., 

Ce numéro est représenté par une feuille simple portant 
un rameau florifère. 

D'après les cicatrices laissées à la base du seul pédicelle 
qui termine le ramuscule, il est probable que cette forme 
présente parfois des fleurs en corymbe pauciflore. Sépales 
glanduleux sur le dos, peu pinnulés; corolle peut-être 



(42) 

simple, à grands pétales ; stipules à ailes courtes et très- 
étroites; folioles épaisses, arrondies et comme un peu 
cordées à la base, glabres en dessus, glaucescentes en 
dessous, à côte et nervures secondaires saillantes en 
réseau, velues et avec quelques poils sur le parenchyme, 
à dents abondamment glanduleuses comme dans les R. 
gallica et très-souvent accompagnées d*un denticule 
accessoire; axe du ramuscule chargé de quelques petits 
aiguillons sétacés. L*axe de la branche sur laquelle est 
inséré ce ramuscule est marqué de nombreuses cicatrices 
d'aiguillons, qui ont du être petits et fins. Cette espèce 
parait être une Gallicane à folioles petites et probablement 
produites dans les cultures. 

IV* 9870. — Rosfi parvifolia germinibm ovatis nudius- 
cuUsy pedunculis glandulosiSy petiolia cauleque te- 
nuissime aeuleatiSy foins suhius villosis, serraturis 
glandulosis. Ehrh. Beitr., 6, p. 97. — Habitat in 
Europa. 

Ce numéro est représenté par une feuille simple, por- 
tant un rameau florifère, et au bas de laquelle, on lit : 
« Fintelmann. W. » 

Ce spécimen ne présente aucune trace d'aiguillons; le 
réceptacle florifère n'est pas ovale, mais bien ovale-cam- 
panulé. Il parait appartenir à la même forme qu'un 
R. remensis conservé dans l'herbier de Kunth sous le 
n*" 135 ; seulement dans celui-ci il y a quelques soies glan- 
duleuses ou non glanduleuses sur l'axe du ramuscule 
florifère. 



(43) 

N^ 9941. ^~ Rosa damaseeiia calycibu$ semipinnatiSy 
germinibus ovatis turgidis pedunculisque hispidiSj 
caule petiolisque aculeatis, foliolis ovatis acuminatis 
subtils villosis. Alton Kewens., 2, p. 205. — Habitat 
in Europa australi. 

Ce numéro est représenté par une feuille simple, por- 
tant un ramuseule florifère, et au bas de laquelle on lit: 
« TegeL W. » 

Lindley, dans son Rosarum Monographia, ne cite le 
synonyme de Willdenow qu'avec doute. 

L'échantillon de Thcrbier de Willdenow appartient bien 
au R. damascena Mill. 

IV"* 9955. — Rosa tarbinata germinibus turbinatis 
pedunculisque pilosis, petiolis villosiSy aeuleis sparsis 
recurvis. Sp. pL, 1075. — Habitat in Europa, 

Au verso du premier feuillet de la chemise, on lit : 
« Hort.bot. BeroL W. » 

Ce numéro est représenté par trois feuilles simples. 

Fol. 1). Un ramuseule florifère. 

Fol. 2). Un ramuseule florifère. 

Fol. 3). Un ramuseule florifère. 

Aucun de ces spécimens n'appartient au R. turbinata! 
et je pense qu'on peut les rapporter tous les trois au 
R. damascena» 

Wallrolh a joint une étiquette ainsi conçue: « iV" 1-3 
inter se longe discrepant. N^ \ etZ R. austriacae nostrae 
polyphylla. iV" 2 R. albae (Hist. 296) repraesentant » 



( ** ) 

]tf<* 9SS9. — Rosa centifolia germinibu$ ovatis peduncu- 
lisque hispidisy caule hispidcHJicuhatOj petiolis inermi- 
bus. Lin. Syst.y éd. A., 2, p. 528, — Habitat 

Ce numéro est -représenté par deux feuilles simples. 

Fol. 1). Un ramuseule florifère. Au bas de la feuille, 
on lit : « Vulgaris in hortis. W. » — Appartient-il au 
R. centifolia L. ? Je n'oserais me prononcer sur lui. 

Fol. 2). Spécimen atteint de monstruosité (sépales trans- 
formés en folioles) dont il m'est impossible de déterminer 
le type spécifique. 

m** 9964* — Ro«a mascosa germinibus ovatis calycibus 
pedunculis peliolis ramulisque hispidis glanduloso- 
viscosisy spinis ramorum sparsis rectis. Ait. K.y â, 
207. — Habitat 

Ce numéro est représenté par une feuille, portant un 
ramuseule florifère du R. muscosa Ait., et au bas de la- 
quelle on lit : « Wûrtzer. W. » 

IV** 9S56. — Rosa pnlchella germinibus subrotundo-obova- 
tis pedunculis calycibusque glanduloso-hispidiSypetiolis 
glandulosO'pubescenlibus, foliis subtus pilosis, aculeis 
sparsis. — Habitat 

Ce numéro est représenté par une feuille simple, por- 
tant un rameau florifère, et au bas de laquelle, on lit : 
« Hort. bot. Rerol. W. » 

La même forme et portant le même nom se trouve 
dans rherbier de Kunth sous le n° 164. 

Sur Téchantillon de Therbier de Willdenow, il y a trois 
fleurs disposées en corymbe comme dans le R. centifolia^ 
dont il est probablement une forme. Les réceptacles 
florifères ne sont pas «subrotundo-obovatis», mais cunea- 



to-carapanulés; les pétioles ne peuvent pas être rigou- 
reusement dits < inermibus », car ils sont munis de quel- 
ques rares petits aiguillons. L*axe du ramuscule est 
chargé de petits aiguillons droits mêlés avec des soies 
glanduleuses. Willdenow y dans son Enumvratio, fait 
contraster son R, pulchella avec son R. turbinata, or, 
nous savons que le R. turbinata de Willd. doit être rap- 
porté au R. damascena. Dans sa comparaison, il dit, en 
parlant du R, pulchella • foliola subrotunda, quae in 
praecedente (R. iurbinata) subrotundo-ovata ». C'est 
plutôt le contraire qu'il fallait dire, car dans la l""" et la 
S"* feuilles de son faux R. turbinata, les folioles sont plus 
arrondies que dans le R. pulchella. 

IV*^ tISSS. — Rosa hybrida germinibns subrotundis gta- 
bris, pedunculis glanduloso-hispidis, caule petîolisque 
aculeatis, foins subtus tomentosis, — Habitat in Hel- 
vetia. 

Ce numéro est représenté par une feuille simple, por- 
tant un rameau florifère accompagné d'une étiquette 
imprimée de la collection de Schleicher : « 54. Rosa 
hy brida Schleich. — Au bois de Ratie Genevae. » Wall- 
rothajoint Tétiquette suivante : « Rosa Chamaerhodon 
damascena ^ gerninata. Bist. 285. • 

Les folioles ne sont pas « tomentosis » comme l'écrit 
Willdenow, mais glaucescentes à la face inférieure, avec 
la côte pubescente et d'assez rares poils sur les nervures 
secondaires. Cette forme ressemble beaucoup à celle que 
Seringe a distribuée dans ses Roses desséchées n" 34 sous 
le même nom. Seulement dans le spécimen de l'herbier 
de Willdenow, les folioles sont un quart plus petites et 
les pédicelles sont plus courts. Le R. hybrida Schleich. 

5 



( 46) 

est une hybride produite par le croisement d'une forme 
du R. gaUica avec le R. arvensis. 

m** 9944. — Rosa pygmiiea germinibus oblongis pedun- 
culisque hispidis, foUis ellipticis 8ubtu$ tomentosis, 
peliolis glandvlosO'Subpubescentibus. — I/abital in Cati- 
casio. — Entre Thabilat et la diagnose , Scbicchtendal 
a écrit : Species indeterminata diversa a R. pygmaea 
Bieberst. 

Ce numéro est représenté par une feuille simple^ por- 
tant un ramuscule extrêmement incomplet et privé de 
fleurs, et au bas de laquelle, on lit : « Bieberstein. W. » 

Ce fragment d'échantillon est tellement incomplet qu'il 
est fort difficile d'exprimer une opinion sur son compte. 
On peut cependant dire que ce n'est pas le vrai R. pyg- 
maea M. B. C'est peut-être un produit hybride d'une 
Gallicane et d'une Tomenteuse. Axe entièrement chargé 
d'une fine et abondante glandulosité non mélangée d'ai- 
guillons ou de poils; folioles petites, ovales, obtusius- 
cules-mucronées , glabres en dessus et églanduleuses, 
tomenteuses en dessous, sans glandes éparses, à côte 
glanduleuse, à nervures secondaires saillantes en réseau, 
à dents glanduleuses; stipules glanduleuses en dessous, 
les supérieures étroites; pédicelle glabre, finement glan- 
duleux. C'est une forme qui parait très-curieuse et qui 
est peut-être inédite. 

W tISSS. — Rosa pygmaea. (Cette étiquette, réduite à 
ce seul nom, n*est pas de l'écriture de Willdenow.) 

Ce numéro est représenté par une feuille simple, por- 
tant un ramuscule florifère accompagné d'une étiquette 
écrite par Marschall von Bieberstein. Cette étiquette ne 



( 47 ) 

comprend que le simple nom de : « Rosa pygmaea, » Wall- 
roth a joint une autre étiquette ainsi conçue : « R. pyg- 

maea M. R. quam in aliis tïdi, longe distatj 

haec vero potius ad R. Chamaeroh. c. thuriugiae a colli- 
nam pertinet. Cf. Hist. 298. » 

L'aspect de cette forme rappelle tout à fait celui de 
certaines formes appartenant aux Caninacy trib. Hispidae. 
II ressort de la description de Marschall von Bieberstein 
que le R. pygmaea est assez variable, ce qui s explique 
fort bien si, comme je le soupçonne, le R, pygmaea est 
une hybride d'une Canine avec le R. pumila. Voici la 
description détaillée de Técliantillon de Therbier de 
Willdenow. 

Rota pygmaea M. B. — Ramuscule loug de i cent., tout à fait iaenue 
et églaoduleux. Folioles tout à fait glabres sur les deux faces, de dimen- 
sions moyennes, ovales, une demi-fois plus longues que larges, celles 
des feuilles inférieures et moyennes très-brièvement aiguës, celles de 
la feuille supérieure plus longuement aiguës et un peu cuspidées, 
toutes arrondies un peu atténuées à la base, brièvement pétiolulées, 
à nervures secondaires saillantes, à côte modérément glanduleuse, 
inerme, à dents composées-glanduleuses (2-3 glandes au bord inférieur, 
parfois une au bord supérieur). Pétioles glabres, assez abondamment 
glanduleux, munis de quelques fins aiguillons, à glandes se pour- 
suivant plus ou moins entre les ailes stipulai res. Stipules de largeur 
moyenue, églanduleuses et glabres en dessous, ciliées-glanduleuses 
aux bords, paraissant avoir été un peu rougeâtres, les inférieures à 
oreillettes lancéolées, acuminées, divergentes, les supérieures à oreil- 
lettes dressées et à bords un peu rentrants. Fleur solitaire Pédicelle 
long de iO mill , modérément hispide-glanduleux, accompagné d*une 
bractée ovale-lancéolée , à pointe plus ou moins foliacée , ciliée- 
glanduleuse , égalant presque le sommet du réceptacle. Réceptacle 
florifère ovoïde, àj^ase atténuée et un peu hispide-glanduleuse. Corolle 
médiocre (30-33 mill. de diamètre). Sépales hispides-glanduleux sur 
le dos, les extérieurs munis de 3-4 pinnules, à pointe un peu élargie- 
denticulée égalant ou peut-être dépassant parfois la corolle. Disque 
peu saillant. Styles velus. 



(48) 

Dans riierbier de Link, n° 253, il existe un spécimen 
du R, pygmaea accompagné d'une étiquette de Steven. 
Ce spécimen ressemble beaucoup à celui de Therbier de 
Willdenow,mais il n'appartient pas à une forme identique. 

Sect. Cinnamonieae. 

Cette section telle que Tentend Lindley est mal carac- 
térisée et comprend des espèces qui ne peuvent rester 
associées. En prenant le R. cinnamomeae, L. pour tyjse 
de ce groupe, on ne peut conserver, dans celui-ci, les 
R.carolina, R. parviflora, R, nitida, R. lucida, etc., qui 
font partie d'une ou de plusieurs autres sections natu- 
relles. Si j'ai provisoirement conservé ces dernières espèces 
dans l'ancienne section Cinnamomeae, c'est qu'en ce mo- 
ment je ne suis pas encore en mesure de bien caractériser 
les nouvelles sections auxquelles je viens de faire allusion. 

Ili° 9S19. — RoAii cinminioinea germinibus globosis 
pedunculisque glahrisy caule aculets stîpularibuSy 
petiolis subinermibus. Lin. Syst», éd. R,, ^^ p. 525. — 
Habitat in Europa australi. 

Au verso du premier feuillet de la chemise, sont fixées 
les deux étiquettes suivantes : « Hort. bot. Berol. W. » 
— « 8. Rosa cinnamomea? in dumet. Flor. Starg. » 

Ce numéro est représenté par huit feuilles simples. 

Fol. 1). Petit ramuscule florifère , au sujet duquel 
Wallroth a écrit. « Longe distat a R. cinnamomea! » — 
Appartient au R. tuguriorum Willd. 

Fol. 2 et 3). Deux ramuscules florifères à fleurs semi- 
pleines. — Appartiennent au R. cinnamomea L. 



(49) 

Fol. 4). Un rameau florifère à fleurs semi-pleines. — 
C'est une variété du R. cinnamomea. 

Fol. ÎJ). Un rameau florifère à fleurs pleines. — Ap- 
partient au R. cinnamomea. 

Fol. 6). Un ramuscule florifère. — C'est évidemment 
à ce spécimen que se rapporte la deuxième étiquette fixée 
au verso du premier feuillet de la chemise. Me paraît être 
une forme du R. tomentella Lcm. 

Fol. 7) Un ramuscule après floraison. — Au bas de 
la feuille, se trouve une étiquette portant : « e Sibiria an 
Caucasica PaH.?» Wallrotha écrit: Rosamajalis a. sibirica, 
foliolis magis oblongis. Bist, 162. » Pourrait bien être une 
forme du R, cinnamomea à folioles amples, allongées, mais 
je n'ose rien affirmer. 

Fol. 8). Un ramuscule après floraison, accompagné de 
l'étiquette suivante de Schullz : « Rosa cinnamomea ? 
alio loco col. in dumet. fl. Starg. » — N'appartient pas 
aux Cinnamomeae ; pourrait bien être le R, coriifolia 
Fries. 

N<*9MS. — Rosa nkierop^^Wtkgerminibusglobosis nudisy 
caule aculeato, foliolis lineari-oblongis sernUatis. — 
Habitat ad mare Caspium. 

Ce numéro est représenté par une feuille simple, portant 

un ramuscule florifère , et au bas de laquelle on lit : 

« Bieberstein, W. » Une étiquette de Steven accompagne le 

spécimen ; elle est ainsi conçue : « Rosa arenaria Hbr. 

Marschall Bieb. — ex Sibiria nec regione caspis. » Wall- 
roth a joint une étiquette que je ne puis déchiffrer. 

Sprengel ayant consulté l'herbier de Willdenow y 

découvrit cette forme qui était inédite et comme déjà 

le nom de microphylla avait été employé pour une Rose 



(50) 

asiatique, il décrivit ce R. microphylla Willd. Herb. sous 
le nom de R. Willdenowii (Spr. Syst., II, p. 547). Ce 
R. Willdenowii a été admis et de nouveau décrit par 
Seringe et Ledebour. Seringe n'a fait que reproduire la 
diagnose de Sprengel ; mais Ledebour a publié, dans son 
Flora Rossica, une description nouvelle faite sur lëchan- 
tillon que je vais moi-même décrire avec le plus grand 
soin. 

Rosa [ViUdenowii Spr. Sytt., II, 847; R. microphylla Willd. in 
Berb. — Axe raniéaire grêle, à aiguillons géminés, petits, grêles, un 
peu arqués, assez épaissis à la base. Ramuscules florifères extrêmement 
courts, à entrenœuds très -rapprochés et inermes. Feuilles très-petites, 
à 3-7 folioles. Folioles très-petites (2-5 mill. de larg. sur 3-13 mill. de 
long.), simplement dentées, glabres en dessus, velues en dessous sur 
toute la surface et abondamment glanduleuses sur le parenchyme 
interposé entre les nervures secondaires, peu glanduleuses sur celles- 
ci et à côte paraissant églanduleuse, i bords enroulés en dessous, 
celles de la feuille inférieure de chaque ramuscule relativement assez 
larges et obtuses, les moyennes oblongues, atténuées à la base, briève- 
ment aiguës, les supérieures elliptiques, assez longuement aiguës. 
Pétioles velus, inermes, les inférieurs églanduleux, les moyens 
glanduleux en dessus, les supérieurs glanduleux tout autour. Stipules 
toutes glabres et églanduleuses en dessous, les inférieures et les 
moyennes des ramuscules florifères et toutes celles des petits ramus- 
cules foliifères finement denticulées aux bords, à denticules terminés 
par une callosité noire non glanduleuse, les supérieures des ramuscules 
florifères bordées de nombreuses glandes résineuses, à ailes assez 
élargies, à oreillettes larges, courtes et modérément convergentes. 
Fleurs solitaires. Pédicelle court (7 mill.), lisse, dépassé par une 
bractée unifoliolée. Réceptacle florifère très-petit (3 mill. de larg. sur 
3 mill. de long.), presque sphérique, un peu resserré à la gorge, lisse. 
Sépales entiers, les extérieurs chargés de glandes résineuses sur le dos 
et sur les bords. Corolle assez petite. 

Cette forme est très-curieuse à cause de la petitesse de 
ses folioles et s'il n'existait pas d'antres différences, on 



(M) 

pourrait dire qu elle est au R, cinnamomea, ce que le 

R. aciphylla Rau est aux formes ordinaires du A. canina. 

Dans le R. WilldenowH, la glandulosité suit une marche 

contraire à celle qu'on observe dans d'autres espèces^ car 

au lieu de diminuer en intensité de bas en haut sur 
les ramuscules florifères, elle augmente' de bas en haut. 

Cette espèce a été créée sur Tunique spécimen conservé 
dans rherbier de Willdenow et je ne sache pas qu'elle ait 
été retrouvée en Sibérie. Avant de pouvoir se prononcer 
sur sa valeur, il faudrait en voir des échantillons plus 
complets. Par ses folioles à bords enroulés en dessous et 
par ses nombreuses glandes résineuses à la face infé- 
rieure, elle se rattache à diverses formes de la Sibérie, de 
la Mongolie et de la Mandchourie, que je décrirai dans un 
article spécial sur les Roses de l'Asie. 

N"" 9SS0. — Rasa kamtAchfitica. (Je ne connais pas 
récriture de Tétiquetle fixée sur le recto du premier 
feuillet de la chemise.) 

Ce numéro est représenté par une feuille simple, por- 
tant un petit rameau avec un bouton'et accompagné d'une 
étiquette qui est peut-être de Willdenow. Cette étiquette 
est réduite au seul nom de l'espèce « R. kamtschatica. » 

Ce spécimen parait bien appartenir à ce qu'on décrit 
ordinairement sous le nom de R, kamtschatica Vent. 

L'histoire du R. kamtschatica est très-obscure et mérite 
de nous arrêter quelques instants. 

C'est en l'an VIII de la première République française 
qu'il aété décrit par Ventenat, dans la Description des 
plantes nouvelles et peu connues, cultivées dans le jardin de 
J,'M. Cels. La description est accompagnée d'une belle 



( S2) 

planche dessinée par Redouté. Ventenat nous apprend que 
cette espèce croit naturellement au Kamtschatka. 

Plus tard Thory et Redouté ont décrit et figuré la 
même plante dans : Les Roses. En comparant les deux 
planches, on observe entre les deux plantes figurées des 
différences assez marquées et à première vue on croirait 
avoir affaire à deux espèces plus ou moins distinctes. Ces 
différences sont du reste signalées par Thory qui dit, dans 
Les Roses : « En comparant cet individu (celui figuré dans 
Touvrage de Ventenat) avec celui qui accompagne notre 
desci'iption^on verra facilement que, depuis moins de dix- 
huit ans, le Rosier a subi des modifications assez impor- 
tantes sous le rapport de la longueur ou de la densité des 
aiguillons et de la forme des folioles. » 

Dans son Prodromus l'onographiae generis Rosae 
(1820), Thory donne le R. rugosa de Thunberg comme 
synonyme du R. kamtschalica de Ventenat, ainsi que le 
R. ferox d'Andrews. 

Dans sa Monographie, Lindley maintient comme espèce 
distincte le R, kamtschalica Ventenat et rappelle la pre- 
mière figure qui a été faite par Redouté; mais quant à la 
figure de la même plante publiée dans Les Roses il Ta rap- 
porte à son R. ferox, qu'il dit originaire du Caucase. Le 
même auteur décrit une prétendue troisième espèce, le 
/?. rugosa Thunberg, qu'il accompagne de la copie d'un 
dessin japonais. Lindley voit donc trois types où Thory 
n*en voit qu'un seul. 

Trattinnick décrit le R. rugosa Thunb., avec lequel il 
constitue sa section Hoppeana; il lui rapporte le R. kamt- 
schalica décrit et figuré dans Les Roses, en critiquant 
Redouté et Thory d'avoir réuni ce dernier au R. kamt- 
schalica de Ventenat. Il place celui-ci dans sa section 



(î$3) 

Woodsiana en compagnie du R. spinosissima L. Pour lui, 
le R. ferox de Lindiey et d'Andrews n*est qu'un simple 
synonyme du R, rugosa. 

Seringe admet le R. kamtschalica Vent., auquel il attri- 
bue trois variétés : la var. a ou typique est représentée 
par la forme décrite par Ventenat et figurée la première 
fois par Redouté ; la var. (3 ferox, à laquelle il rapporte 
le R. ferox d'Andrews et de Lindiey et le R, kamtschatica 
décrit et figuré dans Les Roses; la var. 7 nitens qui est figu- 
rée dans le Botanical Register, tab. 924. Le £. rugosa 
Thunb. est décrit par Seringe sur la figure qu'en a pu- 
bliée Lindiey et la diagnose est terminée par ces mots : 
< An R. kamtschaticae var. ? » Seringe n'admettait donc 
qu'une seule espèce où Lindiey en voyait deux. 

Dans le Botanical Magazine, t. LIX, IS.'i^, tab. 3149, 
Curtis et Hooker ont figuré et décrit le R. kamtschatica 
Vent. D'après la synonymie, on reconnaît que Hooker 
distingue le R. kamtschatica du R. rugosa. 

M. K Koch, dans sb Dendrologie, considère les R. kamt- 
schatica Vent, et R. rugosa Thunb. comme deux espèces 
distinctes. 

En voyant des auteurs tels que Lindiey et Hooker 
admettre les R. kamtschatica et R. rugosa comme deux 
types spécifiques distincts, en considérant que Trattinnick 
place ces deux types dans deux sections différentes, on est 
autorisé à croire à l'existence de deux espèces véritables et 
bien caractérisées ; mais quand on en vient à l'analyse des 
plantes que ces phytographes ont décrites , on arrive 
bientôt au doute et une étude attentive conduit l'observa- 
teur à réunir ces deux prétendues espèces, qui ne sont, 
selon moi, que deux formes appartenant au même type 
spécifique, formes qui se relient l'une à l'autre par des 



(84) 

variations intermédiaires. Ainsi se confirme Tassertion de 
Redouté et Thory au sujet des modifications qu'avait 
éprouvées la plante décrite par Ventenal et qui, de laforme 
R. kamtschatica, était devenue^ après dix-huit ans, la forme 
R. rugosa. Du reste quand on considère le vrai H. kamt- 
schatica tel que Ta décrit Ventenat, avec ses aiguillons 
petits et peu inégaux, ses folioles allongées, sa corolle et 
son réceptable fructifère de dimensions moyennes et le 
vrai R. rugosa, avec ses aiguillons plus robustes, ses 
folioles plus élargies et relativement plus courtes, sa 
corolle plus grande et son réceptacle fructifère plus gros, 
on ne peut voir, dans ces différences, de vrais caractères 
distinctifs ; dans Tun et dans l'autre, on constate les mêmes 
caractères essentiels et qui en constituent une seule et 
unique espèce. 

A propos du R. ferox de Lindley qui est le type du 
R. rugosa, je dois faire remarquer que le monographe 
anglais a commis une erreur en lui attribuant le Cau- 
case pour patrie. Il existe bien un R, ferox dans la 
région du Caucase, mais c'est une autre espèce décrite 
par Marschall von Bieberstein, espèce appartenant à la 
section des Rubiginosae et dont il sera question plus loin 
sous le nom de R. rigida Willd. Herb. 

Tout me porte à croire que le R. rugosa décrit par 
Lindley sur un dessin japonais est encore le type de 
Thunberg. L'artiste a évidemment oublié de figurer les 
stipules et, pour bien montrer les fleurs, il a négligé de 
représenter la feuille florale ou les bractées. 

Dans le Botanical Register, ainsi qu'il a été dit ci- 
dessus, Lindley a décrit une var. nitens du R. kamt- 
schatica à folioles luisantes et glabres. Cette variété pour- 
rait bien être le B. corwsrans Waitz, que Link a décrit 



dans son Enumeratio plantarum horti régit botanici Bero- 
linensisy n*" S53. D'après un bel échantitlon que j*ai vu 
dans THerbier royal de Berlin, le R, coruscans Waitz 
serait, selon moi, une forme presque glabre du R. rugosa 
et qu'on pourrait appeler var. glahriuscula. Les folioles 
nont de villosité que sur la côte; les aiguillons sont 
glabres, et lepi derme des axes floraux n'est chargé que 
d'une légère villosité. 

Le R. rugosa, ce beau type de l'extrême Orient, a été 
tout récemment encore enrichi d'un nom nouveau. L'an- 
née dernière, les rédacteurs de Vllluslration horticole, 
croyant avoir affaire à une espèce inédite, ont décoré le 
vieux type de Thunberg du nom de R. Regeliana. Dès la 
publication de cette prétendue nouvelle espèce, dont la 
dénomination était malheureuse, puisqu'antérieurement 
Reuter avait décrit un Jt. Regelii, je fis remarquer aux 
auteurs, MM. Linden et André, que leur R. Regeliana 
me paraissait être le R. rugosa, espèce cultivée depuis 
longtemps dans les Jardins botaniques et connue en Angle- 
terre sous le nom de Hedge-hog rose. Depuis lors, j'ai pu 
étudier le R. Regeliana dans les deux établissements hor- 
ticoles de M. Linden, h Gand et à Bruxelles, et j'ai acquis 
la conviction qu'il représente le vrai type de Thunberg, 
tel qu'il est cultivé dans les Jardins botaniques d'Europe 
et tel qu'il existe à l'état indigène au Japon. M. André, 
l'un des créateurs du R. Regeliana, a consacré un nouvel 
article à cette plante, dans le tome XIX de Vllluslration 
horticole, pages 43 et 44 (1872), dans lequel il s'efforce 
de démontrer que la Rose qu'il a nommée n'est pas le 
R. rugosa de Thunberg et Siebold. Sa démonstration 
est loin d'être suffisamment claire et dénote que l'étude 
des Roses n'est pas familière à son auteur. Le R. Regeliana 



(56) 

tel que je Fai vu dans rétablissement horticole de M. Lin- 
den, à Bruxelles, a les tiges bien dressées et non demi- 
couchées : dans les pieds cultivés en pots à Pétabiis- 
sement du même horticulteur, à Gand, les tiges sont 
parfois un peu ascendantes , mais ce n est là qu'un 
accident individuel. Les feuilles caulinaires sont à 5-9 
folioles; les stipules sont identiques à celles du type de 
Thunberg et de Siebold. Si les (leurs sont parfois en 
corymbe multiflore, cest quand elles se développent 
anomalement au sommet des tiges, car quand elles nais- 
sent normalement sur les ramuscules de deuxième géné- 
ration, elles sont ordinairement solitaires comme dans le 
type de Thunberg et de Siebold. Si les pédicelles sont 
hispides ou plus hispides, cest également une conséquence 
de rinflorescence anomale dont il vient d'être question. 
Si les sépales sont parfois au nombre de 6, 7 ou 8, c'est 
un état monstrueux dû au développement anomal de 
l'inflorescence. Les sépales ne sont pas réfléchis sur le 
réceptacle fructifère, mais ils se redressent après l'anthèse ; 
ils sont persistants et couronnent le réceptacle fructifère 
comme dans le type de Thunberg. Du reste, d'après la 
description même du R. Regeliana et comme au surplus 
le démontre la figure jointe à cette description, les sépales 
sont redressés sur le fruit. Les sépales restent réfléchis, 
quand les réceptacles florifères jaunissent après l'anthèse 
et ne fructifient pas, comme je l'ai vu dans le jardin 
de M. Linden, à Bruxelles ; mais ce n'est là qu'un simple 
accident. Quant à la couleur de la corolle, elle est 
identiquement la même dans les deux formes. L'exa- 
men très-attentif que j'ai fait du R, Regeliana et l'étude 
que j'ai faite du vrai R, rugosa, tant indigène que 
cultivé, m'autorisent à affirmer que le premier non- 



(57) 

seulement n'est pas spécifiquement distinct du second, 
mais qu'il n'en constitue même pas une variation : il y a 
identité parfaite entre les deux plantes. Le /t. Rege- 
liana ne diffère en rien du R.'rugosa qui était cultivé au 
Jardin des plantes de Paris, en 1838, sous le nom de 
R. kamtschatica Vent, et dont j'ai vu un beau spécimen 
dans rherbier de Kunth; il ne diffère en rien du R, rugosa 
cultivé depuis longtemps dans plusieurs autres Jardins 
botaniques. Il est à remarquer que la planche de Vlllustra" 
tion horticole représente un spécimen plus ou moins 
monstrueux, c'est-à-dire une extrémité de tige devenue 
florifère. Le R, rugosa cultivé produit assez souvent des 
fleurs au sommet de ses axes caulinaires et les inflores- 
cences terminales, qui sont accidentelles, sont bien 
différentes des inflorescences normales naissant sur les 
ramuscules florifères partant, soit de la tige, soit des 
ramifications de celle-ci. 

Pour les R, ferox, R. rugosa et R. kamtschatica, qui 
au fond ne représentent, selon moi, qu'un seul et même 
type spécifique , Lindley avait constitué une section 
spéciale, celle des Féroces ; or ce n'est pas là une section 
naturelle et c'est ce que je démontrerai dans un article 
spécial sur les Roses asiatiques. Le R. rugosa a les folioles 
à bords plus ou moins enroulés en dessous et à face 
inférieure plus ou moins abondamment glanduleuse, 
comme diverses formes de la Mongolie, de la Mandchou- 
rie et de la Sibérie que je décrirai plus tard. 



( S8) 

IV° 9SIS. — Rosa blanda germinibus globosis, caulibus 
adullis pedunculisque taevibus inermibus. Ait, Kew,, 2, 
p. 202. — Habitat in Terra Nova et Sinu Hudsoni, 

Au verso du premier feuillet de la chemise^ sont fixées 
les deux étiquettes suivantes : < Scholt. W. • — c Rosa 
fraxiiiea. » Celte deuxième étiquette, qui est peut-être de 
récriture de Willdenow, se rapporte probablement à 
1 échantillon attaché sur la deuxième feuille. 

Ce numéro est représenté par deux feuilles simples. 

Fol. 1). Un ramuscule florifère. 

Fol. 2.) Un ramuscule florifère. 

Ces deux spécimens appartiennent au A. fraxinifolia de 
Gmelin. Le type de Gmelin, qui a été créé sur la plante 
cultivée en Europe et devenue subspontanée çà et là, 
est souvent confondu avec le R. fraxinifolia de Bork- 
hausen. D'après Trattinnick, ce dernier serait une forme 
originaire d'Europe à folioles obscurément doublement 
dentées que Redouté et Thory auraient figurée et décrite 
sous le nom de R. alpina var. laevis. Les termes de la 
diagnose de Thory < foliolis bidentatis » ne permettent 
aucunement de rapporter ce R, alpina var. laevis au 
R. fraxinifolia Gmel., qui a toujours les dents foliaires 
parfaitement simples. Seringe ( élanges botaniques^ p, 33 
et Prodr.y tome II, p. 606) a donc eu tort de rapporter 
la planche de Redouté au type de Gmelin. Lindiey a 
commis la même faute. Il reste maintenant à voir si le 
nom de Gmelin est le nom princeps de lespèce en ques- 
tion. Selon Trattinnick, Jacquin, dans son Fragmenta 
Rotanica (1764), aurait décrit le R, fraxinifolia avant 
Gmelin et lui aurait donné le nom de R. blanda. 
Ce nom de R. blanda fut plus tard employé par Aiton 



( S9) 

(Hortus Kewensis, cd. 1, 1789) cl d'après ce que nous 
apprend Lindley, cet auteur avait consulté les manuscrits 
du Dr Solander, qui réunissait, sous la désignation de 
R. blanda, deux plantes différentes : Tune qui est le 
R. fraxinifolia et Fautre qui est la forme décrite par 
Lindley sous le nom de R. blanda. Il suivrait donc de là, 
si l'assertion de Trattinnick est fondée à propos du 
R. blanda de Jacquin, que le nom de R. blanda est le 
nom princeps du R. fraxinifolia de Gmelin et que les 
R. blanda Lindl. et R. blanda Ait. (pro parte) doivent 
devenir de simples synonymes et être remplacés par le 
nom deR.Solandriy proposé par Trattinnick pour désigner 
la Rose si répandue dans l'Amérique septentrionale et 
généralement connue sous le nom de R. blanda. 

Nous avons vu qu'il existe dans la chemise du R, alpina 
n** 9850 une feuille simple, sur laquelle est attaché un 
spécimen accompagné d'une étiquette portant le nom de 
R, fraxinea, et, d'autre part, nous voyons ici, s'appliquant 
à l'un ou l'autre spécimen du n" 98l8, une étiquette por- 
tant également le même nom de R. fraxinea. A quelle for- 
me doit se rapporter ce nom de R. fraxinea? Willdenow 
a-t-il voulu désigner sous ce nom une forme du R. alpina 
ou bien le R. fraxinifolia, La diagnose et la description 
du R. blanda reproduites dans son Species plantarum s'ap- 
pliquent parfaitement aux deux spécimens du R. blanda, 
n° 9818 de son herbier, R. blanda qui est donc le R. 
fraxinifolia de Gmelin ; tandis que la description de son 
R. fraxinea renferme plusieurs caractères, lels que « ger- 
minib\is ellipticis, pedunculis glanduloso-hispidis, petio- 
lis subculeatis glanduloso-hispidis, » qu'on observe point 
dans le R. fraxinifolia type de Gmelin et dans les 
deux spécimens du n*» 9818 de l'herbier de Willde- 
now, mais bien dans l'échantillon attaché sur la S*' feuille 



(60) 

du R. alpina n" 9850. La diagnose du R. fraxinea (Enum. 
pi. hort. BeroL SuppL, p. 37), publiée après la mort de 
Willdenow, renferme un caractère « aculeis sparsis » qui 
n'existe pas dans le type du R. alpina^ mais qui se pré- 
sente dans plusieurs de ses variétés et il se peut bien que 
le ramuscule inerme du R. alpina, n^'OSSO, fol. 3, ait été 
recueilli sur un pied dont Taxe caulinaire portait quelques 
aiguillons épars. Du reste ce caractère d'aiguillons épars 
ne peut s'appliquer aux deux spécimens du R blanda 
n'*9818, qui sont parfaitement inermes. Si les éléments 
fournis par Therbier et les ouvrages de Willdenow ne 
sont pas suffisants pour élucider d'une façon complète 
cette question de synonymie, on peut cependant dire 
qu'il y a plus de raisons pour rapporter le nom de R. 
fraxinea à une forme du R. alpina qu'au R. blanda Ait. 
(R. fraxinifolia Gmel.). Sprengel rapporte sans le moindre 
doute le R. fraxinea Willd. au R. blanda Ait., mais pour 
établir cette synonymie il s'est uniquement basé sur le 
n° 9818 de Willdenow; s'il avait consulté la description de 
VEnumeratio et remarqué le spécimen fixé sur la 3' feuille 
du jR. alpina n*" 9850 et nommé R. fraodnea, il eut été 
moins affirmatif dans son assimilation. Seringe rapporte 
avec doute le /?. fraxinea Willd. au R. blanda Ait. 

Il resterait à rechercher si le R. fraxinifolia Gmel. est 
une. espèce autonome, ou si ce n'est pas une simple 
variété d'un type américain produite par une longue 
culture en Europe. Jusqu'à présent, l'existence en Amé- 
rique du vrai R, fraxinifolia Gmel., tel que nous le con- 
naissons en Europe, est restée douteuse. En étudiant les 
nombreuses formes du R, Solandri Tratt. (R. blanda 
Auct. non Jacq.), l'idée m'est venue que le R. fraxinifolia 
pourrait bien être une variété de ce dernier. Avant de me 



(61 ) 

prononcer sur cette délicate question, j'ai de nouvelles 
recherches à faire. Si mon soupçon était fondé, on s'expli- 
querait facilement comment le B, fraxinifolia a élc vaine- 
nement recherché en Amérique, et le nom de blanda, 
créé par Jacquin en 1764, resterait définitivement appli- 
qué à Fespèce américaine qui est généralement connue 
sous ce nom et que Tratlinnick a proposé d'appeler 
R. Solandri. 

AT*" 9§S4. — • Roftii earolina germinibus globosis hispidisy 
pedunculis subhtspidis , caule aculeis stipularibus, 
petiolis aculeatis. Lin, SysU, éd. R., p. 527. — Habi- 
tat in America septentrionali. 

Au verso du premier feuillet de la chemise, on lit : 
« Krausse. IF. » 

Ce numéro est représenté par six feuilles simples. 

Fol. 1). Un ramuscule florifère. — Appartient au 
R. earolina L. Sépales extérieurs entiers ou munis de 1-2 
pinnules très-petites et supérieures ; réceptacle hispide- 
glanduleux. 

Fol. 2). Un ramuscule florifère. — Appartient au R. 
lucida Ehrh. Fleurs simples. 

Fol. 3). Un ramuscule florifère. — Wallroth a écrit à 
côté : «.. ad R. majalem potius pertinet. » Appartient la à 
forme que Willdenow a décrite sous le nom de R. gemella. 

Fol. 4). Un rameau florifère. Au bas de la feuille, se 
trouve fixée une étiquette de Willdenow portant : R. penn- 
sylvanica, » — Je n'ose me prononcer sur cet échantillon 
qui appartient peut-être au R. parviflora Ehrh. Il présente 
six fleurs disposées en corymbe, mais ce nombre de fleurs 
est probablement anomal ; les pédicelles sont lisses ainsi 
que les réceptacles; les sépales sont un peu glanduleux 



(62) 

sur le dos. Dans son Species plantarum , Willdenow 
rapporte le R. pennsylvanica Wangenh. au B. parvi- 
flora Ehrh. 

Fol. 5). Un ramuseule florifère, accompagné d'une 
petite étiquette portant: « Kien, 166. » — CVst une forme 
à fleurs semi-pleines, et au nombre de quatre au sommet 
du ramuseule. Aiguillons géminés, grêles et droits; folioles 
simplement dentées, rappelant celles du R, lucida, mais 
paraissant avoir été peu au point luisantes, quelques-unes 
munies de quelques poils en dessus, toutes à face infé- 
rieure entièrement velue; pétioles un peu velus, inermes 
ou un peu aiguillonnés; réceptacle florifère campanule, 
ordinairement très-hispide-glanduleux ; pédicelles assez 
abondamment hispides-glanduleux ; sépales extérieurs 
munis d'une paire de pinnules. Corolle large de 35 mill. 
Semble se rapprocher du R. Râpa tel que le décrit Lind- 
ley, mais dans le R. Râpa de cet auteur les folioles sont 
glabres. 

Fol. 6). Un ramuseule florifère, accompagné d^une 
petite étiquette portant : « 490 (Mûhlenberg misit.). » — 
Appartient au R. carolina L. 

JW*" 9S99. — Rosii parTllom germinibus globosis pedun- 
cutisque hispidiSy petiolis subaculeatis, cavle glabro 
aculeis redis, foliolis ellipticis, floribus subgeminatis, 
— RosA PARViFLORA i^ArA.^ 4, p. 21. — Habitat in 
Carolina. 

Au verso du premier feuillet de la chemise, sont fixées 
les deux étiquettes suivantes : « Noak. ÎF. » — « 492 
(^Mûhlenberg misit,), » 

Ce numéro est représenté par trois feuilles simples. 



(63) 

Fol. 1). Une extrémité de ramuscule florifère dépour- 
vue de feuilles. — On ne peut guère se prononcer sur ce 
fragment. Celui-ci porte deux fleurs doubles, à pédicelles 
finement et abondamment hispides-glanduleux ; les sépales 
extérieurs sont appendiculés ; les aiguillons sont grêles, 
droits ou un peu inclinés, mais non recourbés. Appartient 
probablement au R. parviflora Ëlirh. 

Fol. 2). Un ramuscule florifère. — Il est probable que 
cet échantillon appartient au R. parviflora Ehvh. 

Fol. 3). Un ramu seule florifère. — Parait appartenir 
au R. parviflora Ëhrh. G est à peu près la même forme 
que la précédente. 

N^ 9§S9. — Rosa Incida germinibus depresso-globosis pe- 
dunculisque subhispidis, aculeis stipularibuSy foliolis 
nitidis glabrtf. Ehrh, Beitr,, 4, p. 22. — Habitat in 
America. 

Au verso du premier feuillet de la chemise, sont fixées 
les deux étiquettes suivantes : < Bouché. W. i» — « 491 
(Mûhlenberg misit). » 

Ce numéro est représenté par trois feuilles simples. 

Fol. 1) Un ramuscule florifère à fleurs pleines ou très- 
doubles. — Ce n'est pas le R. lucida Ehrh. Paraît être 
la forme dont M. K. Koch, dans sa Dendrologte, fait men- 
tion en ces termes : < Irn botanischen Garten in Berlin 
v^ird eine Form des R. lucida mit gefùllten Blumen 
kultivirt, welche dicht mit steifen, geraden und ungleiehen 
Stacheln besetzt ist und einen kreiselfôrmigen Frucht- 
knoten besilzt. Von der Turnips-Rose unterseheidet sie 

sich ebenfalls durch flache Blumen. Sie ist fur Boskets zu 
empfehlen, \\'eil sie buschig ^âchst und sich End Juni, 

zum Theil noch Juli dicht mit Blûthen, welche ausserdem 



A I 



( 64) 

noch eine lange Dauer haben, bedeckt. » Il est bien possi- 
ble que le R. lucida soit intervenu dans la production de 
celte curieuse forme, qui pourrait être une hybride. 
Comme elle n'a pas encore été décrite, que je sache du 
moins, je vais en faire la description d'après le spécimen 
conservé dans l'herbier de Willdenow. 



Rosa Écorce verte. Ramuscule long de lM/2cent., 

inerme, à entrenœuds supérieurs chargés d^assez nombreuses glandes 
stipitées. Folioles rappelant celles du R. lucida j mais ne paraissant pas 
avoir élé luisantes et aussi épaisses, à dents ordinairement moins larges, 
beaucoup de celles ci accompagnées d*un ou deux denticules acces- 
soires glanduleux, à côte glanduleuse avec quelques rares poils, à 
nervures secondaires un peu glanduleuses. Pétioles glabres, modéré- 
ment glanduleux, les inférieurs un peu aiguillonnés. Stipules moins 
dilatées que dans la forme ordinaire du A. /t/ctda. Fleurs au nombre 
de deux au sommet du ramuscule, la médiane à pédicelle dépassant 
presque une fois la stipule de la feuille supérieure, la latérale à pédi- 
celle muni à sa base de deux*bractées presque opposées et une fois plus 
courtes que lui. Pédicelles longs de. 23 et 19 mill., abondamment 
hispides-glanduleux, à glandes Gnes entremêlées sur le pédicelle médian 
de quelques soies. Réceptacle florifère campanule, court, très-hispide- 
glanduleux, à glandes sétuliformes. i)épales assez allongés, hispides- 
glanduleux sur le dos, les extérieurs munis de 1 ou2pinnuIes. Corolle 
grande, ayant environ 60 mill. de diamètre et dépassant les sépales. 

Fol. 2). Un ramuscule florifère et un fragment de 
rameau — Appartiennent à la forme ordinaire du fl. lucida 
Ehrh. 

Fol. 3). Un ramuscule florifère. — Appartient à la 
forme ordinaire du £. lucida Ehrh. 

Comme le R, lucida^ découvert par Treviranus dans 
l'île de Rûgen, a été l'objet de la création d'une espèce 
nouvelle par Roth, sous le nom de R. baltica, je pense 



(6B) 

queThistoire de ce dernier, restée obscure pour beaucoup 
de botanistes^ ne sera pas déplacée dans ce paragraphe. 
Cette histoire, outre qu elle démontre Tinanité de la créa- 
tion de Roth, me fournit l'occasion de faire une obser- 
vation d'un grand intérêt. J'ai puisé les premiers détails 
de cette histoire dans une notice intitulée : Uebcr einige 
Rosen besonders die Rosa baltica Roth , von D' Koch 
und D'Treviranus, insérée dans le Flora(de Regensburg), 
année 1832, part. I, pages 129-131. Cette notice, rédigée 
par Koch, confient des renseignements que Treviranus avait 
fournis sur le R. baltica et qui sont reproduits textuelle- 
ment. Je les traduits : a Mon digne ami Roth, dans son 
Nov. plant, spec, p. 134, et postérieurement, dans le 
2* volume de son Enum. pL phanerog, Germaniae, p. 464, 
décrit, sous le nom de R, baltica, une Rose, qui, dit-il, 
aurait été découverte par moi sur le rivage de la mer près 
de Rostock. Plus tard, dans son Deutschl. Flora, III, 
p. 459, il annonce tout d'abord que l'examen de quelques 
exemplaires de cette Rose lui avait fait reconnaître que 
celle-ci se rapportait assez bien, par ses divers carac- 
tères, au R. lucida, en second lieu, que le D' Detharding 
{Comp. pLM, Duc. Megalop., p. 37) n'avait pu la retrou- 
ver sur le rivage oriental près de Warnemûndc sous 
Rostock, et en troisième lieu, que cette Rose, d'origine 
américaine, peut-être introduite accidentellement, ne pou- 
vait pas provisoirement être considérée comme une espèce 
germanique. Je regrette beaucoup d'avoir été, mais certes 
contrairement à ma volonté, la cause de la création d'une 
fausse nouvelle espèce dans un genre déjà si embrouillé 
que l'est le genre Rosa. Pendant mon séjour à Rostock, 
je découvris, en juin 1813, dans les sables dos dunes 
maritimes près de Warnemûndc, un petit buisson de R. 



(66) 

canina qui se distinguait par ses grandes fleurs d'un 
beau rouge et agréablement odorantes : elles sont, dans le 
R. canina ordinaire, d'une médiocre grandeur, d'un rose 
pâle et peu odorantes. En comparant les deux plantes, 
je découvris que les folioles étaient plus arrondies que 
dans le R. canina ordinaire et que les réceptacles 
étaient plus courts et plus arrondis. Quant aux 
autres organes, je ne leur trouvai pas de différences, 
en sorte qu'après avoir recueilli quelques spécimens de 
cette forme, je la renseignai, dans mon calepin, sous le 
nom de R, canina var. germin. subglobosis. Deux années 
après, en juillet 1815, dans une excursion à Tile de 
Mgen, je découvris, sur une colline, entre Putbus et 
Geviz, une Rose que je reconnus pour le R. lucida L. 
Je me rappelle parfaitement avoir envoyé, au D' Both, 
un exemplaire de la première Rose (de Warnemûnde) 
avec le nom susdit, mais je n'ai aucun souvenir de lui 
avoir communiqué des spécimens de la deuxième. Cepen- 
dant la chose parait avoir eu lieu, puisque sa description 
se rapporte exactement à cette plante (de l'ile de Rugen) 
et, le cas échéant, il faut croire qu'il y a eu une confusion 
matérielle dans les étiquettes. Ce que je puis assurer, 
c'est que jamais je n'ai considéré l'une ou l'autre de ces 
deux formes comme une espèce particulière et que si un 
exemplaire de celle de l'île de Rûgen, envoyé par moi, 
existe bien dans l'herbier de Mertens, sa désignation 
comme R. baltica ne lui a pas été donnée par moi. » — 
Il résulte de ce qui précède que le R. baltica n'a pas été 
réellement trouvé près de Rostock, ainsi que l'avait écrit 
Roth et que l'avaient répété Trattinnick, Seringe et Koch 
et que ce type a été créé sur une plante de l'ile de Rûgen 
et considérée par Treviranus comme appartenant au 



(67) 

R. lucida. Désirant me renseigner plus amplement sur le 
R. balticay j'écrivis au vénérable professeur Rôper, de 
Rostock, afin d'obtenir des échantillons de la Rose de 
Rostock et de celle de File de Rûgen. Mon correspondant, 
avec sa bonté habituelle, se hâta de me répondre en me 
faisant parvenir des spécimens de la plante de Rostock, 
auxquels la note suivante était jointe : < Haec specimina 
def. Dethardingius in arenosis prope Warnemûnde legit 
et Rosam caninam y glandulosam Rau nuncupavit, addita 
schedula in qua sequentia leguntur : Rosa. ... an 
baltica? — West- Warnemûnde. — Crediderim hanc 
formam R, caninaç, foliis saepius rubentibus floribusque 
laete (nec pallide) roseis praeditam, eandem esse ac Rosam 
beat. Trevirano a. 1813, in syrtis Warnemundensibus 
lectam et in diaro « Flora (1832, p. 131-132) descriptam. 
— Rosa baltica Rothii a nullo botanicorum Rostochien- 
siuni prope Warnemûnde reperta est. Th.-Fr. Marsson 
(Flora von Neii-Vorpommern und den Insein Rûgen u, 
Vsedom, Leipzig 1869), hujus plantae nullam fecitmen- 
tionem. » — Les deux échantillons en fleurs de la Rose 
de Rostock, qu'a bien voulu m'envoyer M. Rôper, appar- 
tiennent à une forme très-voisine de ce que j'ai appelé 
A. scabrata et sont même peut-être identiques avec cette 
petite espèce démembrée du R, canina. — Il résulte 
donc une seconde fois que Rostock ne doit plus être 
cité, soit à propos du R. baltica, soit à propos du R. 
lucida. Koch, dans son Synopsis, éd. 3, p. 195, considère 
le R. baltica Roth comme synonyme du R. lucida, qu'il 
indique sur les rives de l'Elbe près de Hambourg. J'ai vu 
des échantillons provenant de cette habitation. M. Boreau, 
dans une publication dont il va être question, proteste 
contre cette assimilation des R. baltica et R. lucida, en 



(68) 

invoquant plusieurs caractères qui distingueraient le R. 
baltica du R. lucida. Cet auteur a surtout en vue le R. 
baltica signalé sur les côtes françaises. 

L'histoire de ce dernier mérite de nous arrêter quelques 
instants. En 1862^ M. Boreau lisait, en séance de la 
Société académique d'Angers, une notice intitulée : Précis 
des principales herborisations faites en Maine-et-Loire en 
1862, dans laquelle il annonce la découverte d*un Rosier 
nouveau pour la flore de France, le R. baltica Roth. 
D'après ce botaniste (loc. cit., p. 20), c'est Desvaux, 
qui, le premier, l'avait découvert dans les sables de la 
Loire-Inférieure, au Pouliguen ; il lui avait donné le noni 
de R. spinosissima Pesn. Cat. Loir. -In f. SiippL (1841), 
p. 181. En 1862, rapporte M. Boreau, MM. Ledantec et 
Provost le trouvaient, le 29 juin, dans les sables de Porni- 
chet, loin de toute culture et formant de petites forêts ou 
groupes très-étendus. C'est de cette localité que provien- 
nent les échantillons fructifères publiés par M. Déséglise, 
dans son Herbarium Rsarum, sous le n"" 42. En présence 
de l'indication de M. Boreau, on pouvait s'imaginer que 
cette Rose devait être, sinon indigène, du moins intro- 
duite depuis assez longtemps et bien établie dans les 
sables de Pornichet ^ mais on se serait trompé. Voici en 
substance ce que m'écrivait M. Lloyd au sujet de cette 
prétendue Rose française. — Les renseignements fournis 
à M. Boreau ne sont pas exacts et cet auteur a été induit 
en erreur, chose qu'il a du reste reconnue depuis lors. 
Aux deux localités signalées comme habitations françaises 
du R. baltica, celui-ci a été planté par le régisseurd'un châ- 
teau^ de la bouche duquel M. Lloyd tient ce renseigne- 
ment. Au Pouliguen, le Rosa est très-rare; à Pornichet, il 
est assez commun, mais avant 1844, la localité indiquée 



(69) 

était une dune ne nourrissant que les plantes maritimes 
propres à cette région du littoral. Aujourd'hui cette dune a 
complètement changé; on y voit des maisons, des jardins, 
des bois de Pins, des carrés d'Asperges, le Populus nigra 
et alba, TAlaterne, plusieurs Saules et enfin le R. baltica. 
— M. Lloyd est un savant trop consciencieux, un bota- 
niste trop expert et connaissant trop bien de longue date 
la flore de son département, pour élever le moindre doute 
sur les assertions qui précèdent et pour voir autre chose 
dans le/{. baltica français qu'un Rosier sorti des cultures. 

Dans le R, baltica des côtes françaises, provenant, soit 
du Pouliguen, soit de Pornichet, les folioles, du moins 
dans les échantillons que j'ai examinés, ne sont pas poi- 
lues en dessous sur les nervures, comme le dit M. Boreau; 
la côte seule est un peu velue et devient à la (in presque 
glabre, et les autres nervures ainsi que le parenchyme 
interposé sont parfaitement glabres. Ceci ne concorde pas 
tout à fait avec les termes de la description de Roth repro- 
duite par Trattinnick t costa venisque foliolorum pilosis. b 

Le R. baltica de France donne lieu a une observation 
morphologique qui n'est pas sans importance et dont il sera 
prudent de tenir compte pour apprécier la valeur de cer- 
taines formes de Roses. Les tiges, et j'entends par tiges 
les pousses qui s'élèvent directement de la souche, sont 
chargées de très-nombreux aiguillons épars, dont le plus 
grand nombre sont grêles et sétacés mêlés avec quelques- 
uns plus robustes; de plus, à la base des feuilles, il y a 
deux aiguillons géminés plus robustes que les autres. Si 
les tiges restent courtes, ces nombreux aiguillons sétacés 
s'élèvent jusque dans les entrenœuds supérieurs; si les 
tiges s'allongent, les aiguillons sétacés épars disparaissent 
en tout ou en partie dans les entrenœuds supérieurs, qui 



(70) 

sont ordinairement réduits aux seuls aiguillons géminés.. 
D'un autre côté, si la tige donne directement naissance, la 
seconde année, à des ramuscules florifères, on voit ceux-ci 
également chargés d'aiguillons sétacés épars dans leurs 
entrenœuds inférieurs et moyens, aiguillons devenant plus 
rares ou disparaissant dans les entrenœuds supérieurs, 
qui, dans ce dernier cas, sont réduits aux seuls aiguillons 
géminés. Du reste l'abondance des aiguillons sétacés 
varie d'un pied à un autre pied et sur certains individus 
ces aiguillons sont très-peu nombreux ou rares. Si enfin 
les ramuscules florifères naissent sur des ramifications de 
second ordre et non plus directement sur la tige, ils sont 
ou peuvent être réduits à leurs seuls aiguillons géminés^ 
sans la moindre trace d'aiguillons sétacés épars. On 
reconnaît là que plus les axes s'éloignent , soit de la 
souche, soit de la tige, moins ils sont aiguillonnes et 
qu'ainsi l'armature des axes est sous la dépendance du degré 
de végétation, ou, en d'autres termes, sous la dépendance 
du développement que peuvent prendre les individus. 
Le R. baltica peut donc nous offrir des ramuscules flori- 
fères de second degré de végétation plus ou moins sétigè- 
res, et des ramuscules de 3' ou de 4° degré de végétation 
réduits aux seuls aiguillons géminés. — Un fait analogue 
s'observe dans le R, lucida cultivé ou subsponlané. Les 
tiges de cette espèce peuvent être chargées, dans leurs 
entrenœuds inférieurs, de nombreux aiguillons sétacés 
épars, aiguillons mélangés avec quelques-uns plus robus- 
tes : ce n'est qu'à une certaine distance de la base que les 
aiguillons géminés apparaissent sur l'axe. Gomme, dans 
cette forme, la végétation est plus puissante que dans le 
R. baltica, du moins le R. baltica des côtes françaises, les 
ramuscules florifères sont ordinairement de 3° ou de 4" 



(71 ) 

degré de végétation et sont dépourvus d'aiguillons 
sétacés épars : ces mêmes ramuseules sont même presque 
toujours complètement inermes et privés d'aiguillons 
géminés. Il suivrait de là que la différence tirée de Tar- 
mature des axes, qui a servi de caractère spécifique 
pour distinguer le R. baltica des côtes française du 
R. lucida, se réduit au fond à une simple différence dans 
la vigueur delà végétation. Cette différence d'où provient- 
elle? Témoigne-t-elle de l'existence de deux types spécifi- 
ques distincts? Tout me porte à croire qu'elle n'est 
probablement que le résultat de la culture. En effet, on 
doit s'attendre à ce que le R, baltica français cultivé dans le 
sable des dunes reste un arbrisseau petit, et que le 
R. lucida, ordinairement cultivé dans la terre fertile des 
Jardins botaniques, soit de taille plus élevée. Le R. baltica 
des côtes françaises se distingue cependant encore de la 
forme ordinaire du R, lucida cultivé dans les jardins par 
des folioles plus petites, moins épaisses, moins allongées, 
obovales, mais je ne pense pas que ces caractères soient 
réellement distinctifs et je suis disposé à ne voir dans ces 
caractères, comme dans les autres invoqués par les au- 
teurs, que de simples différences marquant des variétés 
d'un même type. D'après ce que je vois sur de beaux 
matériaux que j'ai récemment reçus d'Amérique, le R. 
lucida serait un type assez polymorphe, produisant des 
tiges très-grêles , peu élevées , ou robustes , à folioles 
variables dans leurs contours , tout à fait glabres ou 
plus ou moins abondamment pubescentes, à fleurs soli- 
taires ou en corymbe, etc., etc. Ces mêmes matériaux 
me font même pressentir la réunion du R. parviflora 
£hrh. au R, lucida Ehrh., assimilation du reste déjà 
faite par MM. Torrey et Gray (F/, of Norlh Americ). 



(72) 

Je me réserve de discuter ce point intéressant dans un 
article spécial sur les Roses américaines. 

N** 9S8S. — Rosa nlllda germinibus calycibus peduncults 
ramisque hispidiSy foliis utrinque nifidis glaherrimis, 
— ffab.... 

Ce numéro est représenté par deux feuilles simples. 

Fol. 1). Un ramuscule foliifère. — Au bas delà feuille, 
on lit : « Hort. bot. Berol. W. » Wallroth a joint une 
étiquette portant : c Rosa sinica a nivea Hist. 96. Stipulis 
jam longe a R, nilida recedii. » — C'est un ramuscule 
du R. sinica Murr. (R, hystrix Lindl., R. laevigataMx). 
Torrey, qui a examiné les Roses de Therbicr de Willde- 
now, écrivait : « The spécimen named R. nitida in 
Willdenow's herbarium is R. laevigata Michx! » (F/, of 
North Americ). Celte confusion, ainsi que plusieurs 
autres que je constate dans l'herbier de Willdenow ne 
peuvent être le fait de cet auteur et ont dû avoir lieu 
après sa mort, lors de l'arrangement de sa collection. 

Fol. 2). Sur cette feuille, au bas de laquelle on lit : 
« Rosa nitida? W. », se trouvent trois échantillons. L'un 
d'eux, marqué (a), me parait appartenir au vrai R. nitida 
Willd.; les deux autres, marqués (b) et (c), n'appartiennent 
pas au R. nitida^ du moins à la forme typique, et pour- 
raient bien appartenir à une forme sétigère du R. parti- 
flora Ehrh. 

Ce mélange de diverses formes sous le nom de R. 
nitida fait naître quelques doutes sur la plante que Will- 
denow a décrite sous ce nom, d'autant plus que la diagnoso 
de VEnumeratio, p. 544, peut s'appliquer assez bien 
à cette forme sétigère que je viens de citer et qui 



( 73 ) 

semble appartenir au /{. parviflora. L'herbier de Link 
nous offre heureusement le moyen d'écarter tout doute 
sur le R. nitida. Sous le n° 212, il y existe un ramuscule 
florifère recueilli au Jardin botanique de Berlin, nommé 
R. nitida, et identique au spécimen du R. nitida marqué 
(a) de la deuxième feuille du n° 9833. Comme Link a été 
le successeur de Willdenow au Jardin botanique de 
Berlin, nous pouvons croire que le R, nitida décrit dans 
VEnumeratio plantarum horti botanici Rerolinensis de 
1821-1822 et représenté parle spécimen n"212 ci-dessus 
est bien le type de Willdenow. Celui-ci est le même qu'a 
décrit et figuré Lindley ! Dans l'herbier de Kunth, il 
existe, sous le n** 114, un spécimen du R, nitida étiqueté 
par le monographe anglais. 

M. Asa Gray (Man. Bot.y 1866, p. 122), contrairement 
à l'opinion d'un grand nombre d'auteurs, considère le 
R, nitida comme une forme du R. lucida Ehrh. Je me 
réserve de me prononcer plus tard sur cette assimilation. 

N** 9SS5. — Rosfi gemellfi germinibus depresso-globosis 
pedunculisqve glabrisy flortbus subgeminatis, foliolis 
oblongis acutis serratis petiolis venisque subtus pubes- 
centibus, aculeis caulinis geminis. — Habitat,,.. 

Ce numéro est représenté par deux feuilles simples. 

Fol. 1). Un ramuscule florifère. — Appartient au R. 
carolina L. ! C'est probablement ce spécimen auquel 
Meyer a fait allusion dans une communication à Seringe, 
communication à la suite de laquelle Seringe a considéré 
le R. gemella Willd. comme la var. gemella de son R, 
cinnamomea (Vid. Prodr.y II, p. 608, n° 39). Meyer en 
rapportant ce spécimen au R. gemella Willd. Enum. a 
certainement commis une erreur, car ses caractères ne se 



( 74) 

rapportent pas à ceux de la diagnose. C'est un délicat 
ramuscule du R. carolina uniflore^ à stipules très-étroites, 
à folioles dont la côte est seule velue et à pédicelle muni 
de quelques rares glandes. 

Fol. 2). Un rameau florifère. — Dans ce spécimen, les 
folioles sont finement pubescentes en dessus et pubescentes 
en^ dessous sur toute la surface. Ce dernier caractère ne 
concorde pas avec les termes de la diagnose < foliolis... 
venisque subtus pubescentibus. » Malgré cela celte forme 
paraît bien représenter le R. gemella dq Willdenow. Dans 
rberbier de Link, n" 214, il y a deux spécimens de ce R. 
gemella provenant du Jardin botanique de Berlin ; dans 
rberbier de Kunth, n*» 163, il y a également deux échantil- 
lons de la même forme et accompagnés de cette étiquette : 
€ Rosa gemella (teste Willd.). Hort. Berol. 1806-12.» 
Seringe, comme nous l'avons vu, fait du R, gemella une 
variété du R. ctnnamom^a; Lindiey le place parmi ses 
Species incertae sedis; Sprengel le considère comme une 
espèce propre et le range entre les R. Woodsii et R. 
carolina; Trattinnick ladmet également comme espèce 
et le range^ dans sa section Linkiana. Link (Enum. hort. 
bot. Berol ) le distinguait comme un type particulier et 
différent des R. blanda {R. Solandri) et R. fraxinifolia 
Lindl. Pendant quelque temps, j'ai cru qu'il était une 
forme du R. cinnamomea à folioles assez amples, mais 
ayant depuis reçu d'Amérique de beaux et nombreux 
spécimens du R. Solandri^ je ne suis pas éloigné de penser 
que l'espèce créée par Willdenow est une forme de ce 
dernier type. Avant de me prononcer définitivement, 
je dois réétudier ce R. gemella sur des échantillons re- 
cueillis au Jardin botanique de Berlin, où la plante de 
Willdenow a été sans doute conservée jusqu'aujourd'hui. 



(75) 

L'identité spécifique que je soupçoone est d'autant plus 
probable que Willdenow n'a pas décrit le R. Solanéri 
Tratt. {R. blanda Auct. non Jacq.), qui devait probable- 
ment exister, de son temps, dans le Jardin botanique de 
Berlin. Du reste Torrey, qui avait, comme je l'ai dit, 
examiné l'herbier de Willdenow, rapporte le R. gentella 
Willd. pro parle ex spec. au R. blanda {R. Solandri). 

Segt. HONTANAE. 

N** MJ). — Rosa montanii germinibus oblongis pedun- 
culisque hispidis, petiolis aculeatisy caule aculeis stipu- 
laribus uncinatiSy foliis glabrts obovatis glanduloso- 
serratis fVilld. — Habitat in Delphinatu, Helvetia, 

Ce numéro est représenté par une feuille simple, por- 
tant un ramuscule florifère, et au bas de laquelle on lit : 
« Schleicher. W. ^ — Le spécimen, accompagné d'une 
étiquette moderne ainsi conçue : « Rosa glandulosa BelL 
teste K. », appartient au R. montana Ghaix. 

N^ dSJS. — Rosa Reynlerl germinibus ellipticis hispi- 
dis y ramis aculeatis petiolis pedunculisque nudis 
foliis ellipticis glabris arguto-serratis. — Habitat in 
Helvetia. — Entre Thabitat et la diagnose, von Schlech- 
tcndal a intercalé : c Rosa montana. » 

Ce numéro est représenté par une feuille simple, por- 
tant un échantillon florifère, et au sommet de laquelle 
on lit : R. Reynieri. R. montana. Au bas de la feuille, 
est attachée une étiquette imprimée de la collection de 
Schleicher : « 55. Rosa Reynieri. Hall. fil. — Ad viam 
Chemin neuf dictam supra Aven. » — C'est encore le 
R. montana Ghaix. Dans les n*^ 9842 et 9843, les deux 



(76) 

échantillons appartiennent identiquement à la même 
forme ! et cependant les deux diagnoses de WiHdenow sont 
différentes. 

At" 9S46. — Roua glaacescens ger minibus oblongis 
pedunculisfjue glabris, caule petiolisque aculeatts, folio- 
lis oblongis serratis subtus glaucis. — Habitai in Hun- 
gariae altis montibus. 

Ce numéro est représenté par deux feuilles simples. 

Fol. 1) Un ramuscule florifère, aceompa^i^né de l'éti- 
quette suivante de Kitaibel : « F. 21. Rasa glaucescens 
Mihi, In altis montibvs. » — Appartient au R. rubrifolia 
Vill. Pédicelles courts et lisses; réceptacle florifère ovale 
et lisse; sépales entiers etéghnduleux; pas de teinte rou- 
geàtre sur les organes foliacés. 

Fol. 2). Un rameau foliifère, accompagné d*une éti- 
quette portant : « balsamea, » Wallroth y a joint une 
étiquette ainsi conçue : « Minime! ad R. alf/inam per- 
tinet, » — Folioles minces rappelant celles des Âlpinae, 
à dents composées-glanduleuses, glabres en dessus, à 
côte et nervures secondaires munies de quelques poils 
entremêlés de glandes peu nombreuses; quelques rares 
aiguillons sétacés à la base du rameau. Ce rameau appar- 
tiendrait-il à la forme que WiHdenow a nommée (in Enum. 
SuppL p. 38) R. balsamica et que Sprengel a décrite 
dans son Systema ptantarum, II, p. 549, n° 32? En pré- 
sence d'un simple rameau foliifère, il n'est guère possible 
de se prononcer. Les termes employés par Sprengel pour 
caractériser les folioles « foliolis duplicato-serratis subtus 
pubescentibus » s'appliquent en partie à l'échantillon 
que nous avons sous les yeux. Trattinnick décrit également 
ce R. balsamica Willd. (Rosac. Unogr., II, p. 221). 



(77) 

N'* 9S47. — Roua rabrifolla germinibus ovatis pedun- 
culisque glabris, petiolis aculeatis, caule inermi. Vill, 
— Habitat in Helvetia, Gallia, 

Au verso du premier feuillet de la chemise, sont fixées 
les deux cliquettes suivantes : t Schleicher. IF. » — 
« Rosa rubrifolia. In montibus Idriae. » 

Ce numéro est représenté par cinq feuilles simples. 

Fol. 1). Un rameau florifère. — Appartient au R. 
rubrifolia Vill. Pédicelles et réceptacles lisses (un des 
pédicelles porte cependant une glande) ; sépales munis de 
quelques glandes. 

Fol. 2). Un rameau florifère. — Je n'ose me prononcer 
sur ce spécimen. 

Fol. 3). Un rameau florifère. — Appartient au R. 
rubrifolia. 

Fol. 4). Un ramuscule florifère, accompagné de l'éti- 
quette suivante : a Rosa pruinata FL Rei dem Dorfe 
Rrandberg in Zillerthal 98. » — Appartient au R. rubri- 
folia. Sépales glanduleux ; quelques glandes sur certains 

pédicelles ; réceptacle florifère ovoïde. 
Fol. 5). Un rameau florifère, accompagné de Téliquette 

suivante de Bellardi : « Rosa rubrifolia VilL FL append. 

planta culta, » — Appartient au R. rubrifolia. 

IV<* 9S9t. — Rosa llvida germinibus globosis peduncu- 
lisque glabris, caule petiolisque aculeatis. — Habitat 
in Croatia. 

Ce numéro est représenté par une feuille simple, sur 
laquelle est attaché un ramuscule fructifère (fruits encore 
verts), accompagné de Fétiquetle suivante de Kitaibel : 
« D. 52. Rosa livida. In rupibus calcareis Croaliae. » 
Wallroth y a joint une étiquette ainsi conçue : « R. majalis 



(78) 

V. glauca fol. ovalis! Hist. 164. — Ce ramuscule est 
très-incomplet ; il ne présente que sa feuille supérieure, 
une bractée et six réceptacles arrivés à mi -maturation. 
Malgré cela, on y reconnaît le vrai R. rubrifolia Vill. 
Réceptacles sphériques, même un peu plus larges que 
hauts; pédicelles munis de quelques rares glandes ; sépales 
églanduleux. 

Sect. CAMINAE. 

N*" 9S66. — Rosa ari^ata germinibus oblongis peduncu- 
lisque hispidis, petiolis cauleque aculeatis. — Habitat 
ad Caucasum» 

Ce numéro est représenté par une feuille simple, por- 
tant un rameau florifère, et au bas de laquelle on lit : 
< Mussin-Purschkin. W. » 

Sprengel (Syst. pLy II, p. 549) rapporte le R. arguta 
Muss.-Puschk. in W. herb. au R. livescens Bess., mais 
cette assimilation ne me parait guère admissible. Le R. 
livescens de Besserse rapproche des Gallicanaey tandis que 
le R. arguta parait être une véritable Canine. Comme ce 
dernier n'a pas encore été décrit, du moins que je sache^ 
je vais en faire une description détaillée. 

Rosa arguta Mussin-Purschkin in Willd. Herb, — Rameau sinueux, 
à entrenœuds rapprochés, munis d*aiguillons légèrement arqués ou pres- 
que droits et appartenant au type de ceux des Caninae, ordinairement 
rapprochés par deux sous les feuilles. Ramuscules sinueux, assez 
grêles, longs de 6 cent. , à aiguillons semblables aux raméaires, mais 
plus petits, rapprochés par deux sous la plupart des feuilles. Folioles 
presque toutes ovales-elliptiques, de dimensions moyennes (11-13 Ofiill. 
de larg. sur 22-23 mill. de long.), ordinairement une fois plus longues 
que larges, presque toutes aiguës, celles de la feuille supérieure assez 
longuement aiguës, toutes un peu atténuées à la base, à dents simples, 
étroites, acuminées et assez appliquées, assez rarement une petite dent 



(79 ) 

accompagnant une dent plus grande et simulant une dent double ; folio- 
les de la feuille la plus inférieure de chaque ramuscule un peu pubes- 
centes en dessus, un peu pubescentes sur toute la surface en dessous ; 
folioles de la feuille suivante glabres en dessus , à côte et ner- 
vures secondaires un peu pubescentes ; folioles des feuilles supérieures 
à côte seule un peu pubescente ] côte présentant parfois quelques trèç- 
rares glandes. Pétioles inférieurs et moyens velus tout autour, surtout 
à la naissance des folioles, à poils longs se prolongeant sur les pétiolules; 
les supérieurs presque complètement glabres ; tous finement aiguillon- 
nés en dessous, un peu glanduleux aux bords du sillon. Stipules à ailes 
étroites, à bords supérieurs munis de denticules très-fins et'calleux à la 
pointe, à oreillettes divergentes ou plus ou moins dressées, triangulaires 
ou lancéolées , aiguës ou acuminées. Fleurs solitaires, accompagnées 
d'une ou de deux bractées et, dans ce dernief cas, bractée inférieure 
terminée par une petite foliole. Bractées ovales-acuminées, égalant 
environ le pédicelle. Pédicclles longs de iO-i2 mill., modérément 
hispides-glandulcux sur toute leur longueur. Réceptacle florifère ellip- 
soïde, assez abondamment hispide-glanduleux sur toute sa surface. 
Sépales hispides-glanduleux sur lé dos, très-tomenteux à la face interne, 
les extérieurs munis de 2-5 paires de pinnules denticulées, mais non 
ciliées-glanduleuses. Corolle assez grande. Disque peu saillant. Capitule 
stigmatique glabre. 

La pubescence des feuilles allant en diminuant graduel- 
lement de la base au sommet des ramuscules florifères 
embarrasse, pour le classement de cette forme dans les 
Caninae, et fait hésiter entre la tribu des Hispidae et celle 
des Collinae 

Le R. arguta n est vraisemblablement qu'une forme du 
R, caninùy mais c'est une forme curieuse et qui méritait 
d'être décrite. 



( 80 ) 

N"" •S6S. — Rosa canina germimbus ovatis pedunculis- 
que glahris, caule petiolisque aculeatis. Lin, Syst., 
éd. R., 2, p. 530. — " Habitat in Europa. 

Au verso du premier feuillet de la chemise, on lit : 
€ Jungfernheide. W. » 

Ce numéro est représenté par deux feuilles simples. 

Fol. i). Un rameau florifère. — Cest une forme du 
R. canina. Feuilles inférieures et moyennes à dents com- 
posées, la feuille supérieure ou les deux feuilles supé- 
rieures à dents simplement doubles; pétioles un peu glan- 
duleux, aiguillonné^, glabres ; stipules à ailes étroites, à 
oreillettes divergentes; fleurs solitaires; pédicelles de 
longueur moyenne, lisses; réceptacle florifère ovoïde, 
lisse; sépales églanduleux; disque conique, saillant; styles 
hérissés. Cette forme, à laquelle je ne puis appliquer 
rigoureusement aucun nom connu, appartient à la petite 
tribu artificielle Biserratae de la section des Caninae. 

Fol. 2). Un ramuscule florifère. — Appartient à la 
tribu Biserratae et vient se ranger dans le voisinage du 
R. oblonga Rip. C est également une forme du R. canina. 

N'' •§63. — Rosa colllna germinibus ovatis subglabris, 
pedunculis petiolisque glanduloso-hispidisy caule acu- 
lato. Host Synop.y 280. — Habitat in Austria. 

Au verso du premier feuillet de la chemise, sont atta- 
chées les deux étiquettes suivantes : « Host. W.* — •Rosa 
arvensis Flora Werth. (Wibet).* 

Ce numéro est représenté par deux feuilles simples. 

Fol. 1). Un grand rameau florifère à sept ramuscu- 
les. — Ce spécimen, qui provient probablement de Host, 
n'appartient pas au R. collina de Jacquin et ne répond du 
reste pas aux caractères de la diagnose reproduite par 



(81 ) 

Willdenow. Rameau et ramuscules inermes; pétioles un 
peu aiguillonnés dans les feuilles supérieures ; pédicelles 
de longueur moyenne, lisses ; réceptacle florifère ovoïde, 
lisse ; sépales églanduleux ; styles hérissés. Les stipules 
supérieures sont modérément élargies, à oreillettes dres- 
sées, à bords un peu rentrants. Il y a une teinte violacée 
sur les stipules supérieures, les bractées, les pédicelles, le 
réceptacle et les sépales, et je pense que la corolle a été 
d'un rose assez vif. Si ce n est pas une forme du R, corii- 
folia Pries, c'est une forme appartenant à la tribu des 
Pubescentes et se rapprochant du R. dumetorum Thuill. 

Fol. 2). Un long rameau presque inerme chargé de plu- 
sieurs ramuscules dépourvus de fleurs et de fruits. Il y a un 
petit bouton sur Tun de ces derniers. — Wibel avait bien 
nommé cet échantillon, en lui appliquant le nom de R. 
arvensis. C est une forme du R. arvensis d'Hudson à 
folioles petites, un peu pubescentes à la face supérieure, 
modérément pubescentes sur toute la face inférieure, mais 
d'une façon très-apparente et à villosité rappelant celle 
des Pubescentes. Pétioles pubescents, abondamment aiguil- 
lonnés et glanduleux. 

D'après les matériaux de son herbier, il est bien difficile 
de sisivoir ce que Willdenow entendait par son R. collina. 

N"* 9S76. -^ Rosa alba germinibus ovatis glabris, pedun- 
culis hispidis, caule petiolisque aculeatis. L%n% Syst.y 
éd. R.y 2, p. 531. — Habitat in Europa. 

Ce numéro est représenté par une feuille simple, 
portant un ramuscule florifère du R. alba. — Folioles 
grandes , ovales-arrondies ; stipules à ailes larges de 
5 mill., à oreillettes dressées un peu divergentes; pédi- 
celles longs de 28 et 38 mill. ; réceptacle florifère médian 
étroitement pyriforme-ellipsoïde. 



(82) 

IV** 986S. — Rosa mexlcana. (Ce nom, qui n'est pas de 
récriture de Willdenow, est la seule indication qui se 
trouve sur le recto du premier feuillet de la chemise.) 

Ce numéro 'est représenté par une feuille simple, por- 
tant un rameau florifère accompagné d'une étiquette de 
Willdenow sur laquelle on lit : « Rosa mexicana. » 

Sprengel (5^5^ veget., II, p. 555) rapporte ce nom de 
A. 7?iexicana comme synonyme au R. monteztimaeH. B. K. 
et en faisant cette assimilation il a eu parfaitement raison, 
car l'échantillon de Therbier de Willdenow appartient au 
type décrit par von Humboldt, Bonpland et Kunth. Comme 
celui-ci est encore peu connu, je crois bien faire en décri- 
vant le spécimen en question. 

Rosa montezumae H. B. K. — Rameau inerine. Ramusculcs très- 
courts (15 miil.), inermes, à eiitrenœuds rapprochés et très-courts. 
Feuilles à 1-2 paires de folioles. Folioles petites^ ovales-elliptiques, 
parfaitement glabres sur les deux faces, avec quelques cils aux bords 
inférieurs, assez épaisses, à dents paraissant être toutes doubles (dans 
un assez grand nombre de dents, le petit denticule accessoire et 
calleux à la pointe semble avoir disparu), à côte églanduleuse, celle 
des folioles terminales parfois munie d*un très-petit aiguillon à la 
base ; les feuilles les plus inférieures à folioles un peu atténuées à la 
base, subobtuses au sommet ; les autres feuilles, à folioles un peu 
atlénuées-arrondies à la base, aiguës au sommet. Pétioles un peu 
pubescents tout autour, mais surtout en dessus, à pubescence se 
prolongeant entre les ailes stipulaires, munis de 5'i petits aiguillons 
et un peu glanduleux. Stipules à ailes assez larges surtout la supérieure, 
finement ciliées-glanduleuses, à oreillettes courtes, aiguës , à bords 
rentrants et à pointes dressées. Fleurs solitaires. Pédicelles avant la 
floraison cachés par les stipules supérieures et la bractée. Réceptacle 
florifère avant Tanthèse ovoïde et lisse. Sépales églanduleux, les 
extérieurs munis de 2-5 pinnules. 

Les caractères fournis par ce spécimen, la figure qu'a 
publiée Redouté dans Les Roses, les descriptions de 



(83) 

Thory, Kunth et d'autres auteurs ne me fournissent pas 
les éléments suffisants pour assigner à cette espèce sa 
véritable place dans la classification. Gonstitue-t-elle un 
représentant américain de nos Caninae Pou bien serait- 
elle un type de la section des Montanae? Dans le Nova 
gênera et species plantarutnj VI, p. 222, on lit: « Frutex 
statura et habitû Rosae rubiginosae. » C'est peut-être à 
cause de ces termes que Lindiey a classé cette espèce, 
mais à tort, dans sa division Rubiginosae. Thory, dans 
son Prodromiis, p. 106, en fait une variété du R. canina. 
Seringe (Prodr., II, p. 614, n" 76) Fadmet comme espèce 
et la décrit à côté du R. canina. Trattinnick Ta placée 
dans sa section Thoryana en compagnie de diverses 
Alpinae. Avant de pouvoir la classer naturellement, elle 
doit être réétudiée, soit sur des matériaux indigènes suffi- 
samment complets, soit sur la plante cultivée. D'après ce 
que je puis voir, elle semble diff'érer sectionnellement 
de toutes les autres espèces américaines connues. 

Le R, montezumae a été découvert par von Humboldt 
et Bonpland, à la cime du Cerro-Ventoso, dans les Andes 
du Mexique, entre la ville de Mexico et Moran, à l'alti- 
tude d'environ 9300 pieds. Placée sous le 19' degré, cette 
habitation est la plus rapprochée de l'équateur où l'on ait 
découvert, en Amérique, des Roses à l'état indigène. 
Dans l'ancien monde, il existe des habitations de Roses 
plus méridionales encore. C'est ainsi que le R. Schimpe- 
riana Hochst etSteud., qui paraît être identique avec le 
R. abyssinica R. Br., croît en Abyssi nie entre le 15" et 
le 10' degrés; que dans l'Inde, le R. Leschenaultiana 
Wight existe sur le Nila-Giri (Dekan), vers le 12' degré. 



(84) 

ni° 9890. — Rasn hlbernlca germiaibus globosis pedun- 
culisqxe glabris, aculeis stipularibus, foliotis ettiplicis 
aeutis argule serralis. — Habitat in Hibernia. 
Ce numéro est représenté par une feuille simple, 
portant un rameau florirère, accompagné d'une étiquette de 
Turner ainsi conçue : a Roia hibernica no'ca nec dum des- 
cripla specie» ex Hibernia. » Une étiquette de Walirolh porte 
« R. campestris var. spiuosissima, fol. sublus pelîolisque 
parce pubescenlib . Hisl. 119. • — Appartient au R. hiber- 
nica Sm. Les courts ramuscules flonfères sont inermes; 
le rameau porte quelques rares petits aiguillons ; les 
folioles sont un bon tiers plus petites que dans la flgure 
de YEnglish Botany, lab. 708, simplement dentées, 
glabFfs, à l'exception de la côte qui est velue; pétioles un 
peu velus; stipules supérieures larges, à bords rentrants; 
sépales se redressant après l'anlhèse; réceptacle dorifère 
rappelant celui du R. spinositsima. 

Le R. hibernica, qui est extrêmement polymorphe, 
parait être un produit hybride de diverses formes du 
R. canina croisées avec le R. apinosisstma. 

Sect. RCBIftiniOSAE. 

N* 9SS3> — Rosa rlglda gerininihus globosis peduitcu- 

tisque glabris, caute tincinato-aculeato, peliolis pubes- 

cenlibus, foliotis subrotundîs serrntix rigidis. — Habitat 

ad Caucasum. 

Ce numéro est représenté par une feuille simple, portant 

deux rameaux fructifères, accompagnés de deux étiquettes. 

L'une de celles-ci est fixée sur le côté de la feuille; elle 

est probablemenl de Marschall von Bieberstein et est 



(85) 

ainsi conçue : < Rosa ferox M. B. non a Caucaso sed ex 
Tauria.9 La seconde éciquecte, qui est du même botaniste, 

et fixée au bas de la feuille, porte : • Rosa Alupka- 

Temirkci. » Il est probable que lorsque Marscball von 
Biebersteiii a envoyé la première fois la plante à VV^illde- 
now, celle-ci n'avait pas encore reçu de nom. Wallroth 
a écrit : « Cf. HUt. 266. » — » Wiildenow s'était trompé 
quand il écrivait « pedunculis glabris, » car, dans les deux 
spécimens de son herbier, les pédieelles sont hispides- 
glanduleux. Le rameau attaché au bas de la feuille pré- 
sente le caractère distinctif si saillant du R. ferox M. B., 
celui de très-nombreux aiguillons sétacés-glanduleux 
recouvrant Taxe des rameaux et des ramusculcs, aiguillons 
sétiformes accompagnés d'aiguillons plus robustes et 
arqués. Dans le rameau attaché à la partie supérieure de 
la feuille, ces soies glanduleuses manquent à peu près 
complètement, non-seulement sur l'axe raméaire, mais 
sur les axes ramusculaires. Sur les dix ramuscules de 
l'échantillon, huit sont parfaitement églanduleux et deux 
présentent seulement quelques soies glanduleuses dans 
un ou deux entrenœuds supérieurs; l'axe raméaire est 
complètement dépourvu de soies. A part cette différence, 
les deux spécimens semblent bien appartenir à la même 
forme. Dans le rameau dont il vient d'être question en 
dernier lieu, les réceptacles, qui sont bien murs, sont 
petits (8-10 mill. de largeur), un peu plus larges que 
hauts et sont parsemés de quelques glandes; les sépales 
ont complètement disparu ; les pédieelles sont courts 
(4-5 mill.); les styles paraissent glabres; les folioles sont 
petites, tout à fait glabres, à face supérieure lisse et 
sans glandes. Les deux spécimens paraissent avoir été 
récoltés sur un arbrisseau bas et tortueux. 



(86) 

Cette Rose a été décrite par Marschall von Bieberstein, 
en 1808 (FI. Taur.-Cauc.y II, p. 396), sous le nom de 
R, provincialis. En 1819 (loc. cit., Il, p. 329), le même 
auteur, ayant reconnu qu'elle ne pouvait pas être identifiée 
au R. provincialis, la rapporta au R. ferox de Law- 
rance et d'Aiton. Cette seconde assimilation n'était pas 
plus heureuse que la première, car la plante de Marschall 
von Bieberstein ne paraît avoir aucune ressemblance avec 
le /t. ferox des deux auteurs anglais susdits et qui est le 
R. ru^o^a Thunb., si j'en juge d'après la description qu'en 
donne Lindiey. Je ne comprends pas comment Aiton ait 
pu attribuer le Caucase comme patrie à cette dernière 
espèce qui est originaire de l'extrême Orient. En admet- 
tant que le nom de R. firox ne soit qu'un simple syno- 
nyme du R. rugostty il faut adopter, pour la Rose du 
Caucase en question, le nom de R. horrida que lui avait 
donné Fischer (Ca^ hort, Gorenk., 1812, p. fi6). Ce nom 
de horrida a été employé plus lard par Sprengel (Syst. 
veget., II, p. 549, 1^25) pour désigner le R. viminea 
Lindl. 

Ledebour (F/. Ross., II, p. 80) considère le 15. horrida 
Fisch. (R. ferox M.B.) comme une variété du R. rubi- 
ginosa, variété qu'il désigne sous le nom de minor. Cet 
auteur rapporte comme synonyme, à ce /t. horrida, le 
R. arguta Willd. Herb. n** 9866, or nous avons vu que 
ce dernier est une Canine et j'ajouterai qu'il n'a aucun 
rapport avec la forme que Marschall von Bieberstein a 
décrite sous le nom de R. ferox. Celte dernière est une 
vraie Rubigineuse et qui n'est peut-être au fond qu'une 
forme orientale de notre R. rubiginosa L. J'en reparlerai 
quand je traiterai les Roses de la flore d'Orient. 



(87 ) 

!V" 9866. — Rosn rnblslnosii germinibus ovatis pedun- 
culisque hispidis, pelioUs cauleque aculeatis : acvleis 
recurvis, foliolis ovatis, subtus glanduloso-piiosis. Ait, 
Kew.j 2, p, 206. — Habitat in Europa. 

Au verso du premier feuillet de la chemise, sont fixées 
les trois étiquettes suivantes : « Jungfernheide Thier- 
garten Grûnewald. fF. » — « 494 Mûhlenberg misit.) » — 
« 7 Rosa rubiginosa L. FL Star g, (SchuUz). » 

Ce numéro est représenté par six feuilles simples. 

Fol. 1). Un ramuscule florifère. — Appartient à la 
variété du R, rubiginosa que M. Ripart a nommée R. 
echinocarpa. C'est une forme à grandes folioles, très- peu 
pubescentes, à côte et à nervures secondaires un peu 
velues. Trois feuilles ont les folioles glanduleuses en 
dessus. 

Fol. 2). Un ramuscule florifère. — Appartient au R. 
echinocarpa Rip. Folioles petites, plus pubescentes en 
dessus que dans la forme précédente, à glandes supra- 
foliaires rares, à côte et nervures secondaires un peu 
velues. 

Fol. 3). Un ramuscule florifère. — Forme ordinaire 
du R. rubiginosa à réceptacle lisse. 

Fol. 4). Un ramuscule florifère. — Peut être rapporté 
au R. rubiginosa. Folioles très-peu pubescentes à la face 
supérieure, qui est parfois munies de glandes rares ; 
réceptacle lisse ou muni de très-rares soies glanduleuses. 

Fol. 5). Un rameau fructifère. — Torme ordinaire du 
R. ru6t(5fino*a. Réceptacle fructifère lisse, non couronné 
par les sépales qui ont disparu. 

Dans les cinq formes précédentes, les styles sont plus 
ou moins hérissés. 

Fol. 6). Un rameau florifère et un rameau foliifère, 



(88) 

accompagnés de Tétiquette suivante : « 6. Rosa glutino- 
sa Mihi, FI. Stag. In collibus apricis (Schultz). » Au bas 
de la feuille, on lit: ^Rosa rubiginosa? ÏF. » — Appar- 
tient à la tribu des Sepiaceae et parait être identique avec 
le R. inodora Fries. Folioles assez grandes, ovales-ellip- 
tiques, un peu atténuées à la base; celles des feuilles 
inférieures et moyennes un peu pubescentes en dessus ; 
pétioles densément pubescents; réceptacle ovoïde-arrondi; 
sépales paraissant se relever promptement après Tanthèse. 

Sect. TOMElVTOSâE et VILLOSAE. 

JV"" 9897. — Rosa cnspldata germinibus globosis pedun- 
culisque corymbosis, hispidis, caule petiolisque aculeatis, 
foliolis acuminaixs sublus pubescentibus. — Habitat 
propre Kislar, 

Ce numéro est représenté par une feuille simple, por- 
tant deux ramuscules défleuris dont Tun est attaché à un 
fragment de rameau. Au bas de la feuille, on lit : « Rie- 
berstein. W, » 

Gomme ces deux spécimens sont authentiques et que 
d'autre part le type de Marschall von Bieberstein est géné- 
ralement mal connu, je crois devoir rédiger une nouvelle 
description. 

Rosa cuêpidata M. B. — Ramuscales longs de 10 cent, environ, assez 
fortement aiguillonnés, à aiguillons arqués un peu crochus, munis de 
quelques fines soies glanduleuses dans les deux entrenœuds supé- 
rieurs. Folioles ovales-elliptiques, plus tVune fois plus longues que 
larges, un peu atténuées-arrondies à la base, celles des feuilles 
inférieures brièvement aiguës, celles des feuilles moyennes et supé- 
rieures assez longuement aiguSs-acuminées, toutes un peu pubescentes 
en dessus ou presque glabres, munies de rares glandes suprafoliaires, 
pubescentes sur la côte et les nervures secondaires, à face inférieure 



(89) 

entièrement chargée de glandeê nombretues, brunâtres et très-visibles 
à Vœ'il nu, à deots très-fortement glanduleuses. Pétioles tomenteux, 
aiguillonnés et très-glanduleux. Stipules toutes fortement glanduleuses 
en dessous, assez étroites ou assez larges, à oreillettes longues, étroites, 
cuspidécs, dressées-divergentes. Bractées toutes très-glanduleuses en 
dessous, étroites, cuspidécs, Tinférieure égalant environ les pédicelles, 
les secondaires plus petites et longuement dépassées par les pédicelles 
latéraux. Fleurs réunies par 3-4, longuement pédicellees. Pédicelles 
(15-18 mill.) abondamment hispides-glanduleux, glabres. Réceptacle 
florifère ovoïde, atténué à la base, trèê-abondamment hispide-glanduleux 
sur toute ea surface (paraissant devoir donner naissance à un récep- 
tacle fructifère ovoïde-arrondi). Sépales resisini réfléchis après l'ant/ièse, 
très-glanduleux. Disque peu saillant. Styles modérément hérissés. 

Marschall von Bieberstein a décrit tout d'abord cette 
forme dans le !•' volume de sa Flore et plus tard, dans 
le Z^ volume du même ouvrage, il à refaitla diagnose et la 
description. Ces deux dernières s'appliquent parfaitement 
aux spécimens conservés dans l'herbier de Willdenow, 
qui du reste sont authentiques. Ceux-ci présentent cepen- 
dant un caractère qui n'a sans doute pas été aperçu par 
Marschall von Bieberstein, celui de glandes suprafoliaires. 
Dans l'herbier général de Berlin, n° 297, se trouve un 
échantillon de ce même R. cuspidata accompagné d'une 
étiquette de Wallroth portant : R. villosae var, glabrala. 
p. 253. — Caucasus. » 

Le R. cuspidata M. B., qui est une des nombreuses 
formes du R, tomentosa Sm., n'est pas le même que celui 
décrit par les botanistes français, comme du reste on peut 
s'en assurer en comparant la description précédente avec 
celles qui ont été faites du R, cuspidata de la partie occi- 
dentale de l'Europe. En conséquence, celui-ci, à titre de 
petite espèce, doit recevoir un nom nouveau : R. pseudo- 
cuspidata. 



(90) 

N"* 9§S6. — Roua Tlllosa germinibus globosts peduncu- 
lisque hispidiSy caule aculeis sparsis, petiolxs aculeatiSy 
foliolis tomentosis. Lin, Syst., éd. R., 2, p. 527. — 
Habitat in Europa. 

Au verso du premier feuillet de la chemise, on lit : 
« Jungfernheide W. » 

Ce numéro est représenté par cinq feuilles simples. 

Fol. 1). Un rameau florifère. — Appartient peut-être 
au R. mollissima Fries, mais le spécimen est trop peu 
complet pour pouvoir se prononcer sur lui avec quelque 
certitude. Pédicelles très-courts, un peu hispides-glandu- 
leux ; réceptacle florifère petit, sphérique, muni de rares 
soies glanduleuses ; folioles non glanduleuses en dessous. 

Fol. 2). Un ramuscule florifère. — Me parait être une 
forme du R. tomentosa Sm., à folioles afi'ectant la forme 
allongée de celles du R. pomifera, à nervures secondaires 
un peu glanduleuses et avec de rares glandes éparses sur 
le parenchyme, à pédicelles allongés, grêles, un peu his- 
pides-glanduleux, à réceptacle florifère ovoïde-arrondi, 
très-peu hispide-glanduleux, à pétales à bords églandu- 
leux, et à styles velus. 

Fol. 3). Deux rameaux florifères. — Appartiennent au 
R. pomifera Herrm. type! Folioles à face inférieure 
chargée de glandes blanchâtres. 

Fol. 4). Un rameau florifère. — Forme appartenant 
à la section des Tomentosae, très-voisine du R. omissa 
Déségl. Ramuscules florifères courts (3-3 1/2 cent.). 
Folioles un peu plus petites que celles du R. omissa, un 
peu moins obtuses ou un peu moins brusquement aiguës, 
à nervures secondaires un peu glanduleuses, à glandes 
éparses peu nombreuses. Stipules toutes glanduleuses 



(91 ) 

en dessous, les moyennes et les supérieures glabres à la 
face inférieure. Bractées glanduleuses et glabres à la face 
inférieure. Fleurs solitaires ou géminées, brièvement 
pédicellées. Pédicelles courts, hispides-glanduleux , le 
médian longuement dépassé par les stipules supérieures 
ou la bractée. Réceptacle florifère obovale-arrondi, modé- 
rément hispide-glanduleux. Sépales hispides-glanduleux. 
Pétales à bords églanduleux. A part une légère différence 
dans la grandeur et la forme des folioles, dont les glandes 
sont moins nombreuses en dessous, et la glabriété de la 
face inférieure des stipules moyennes et supérieures et des 
bractées, tous les caractères de cet échantillon sont les 
mêmes que ceux du R. omissa. 

Fol. 5). Un rameau florifère, accompagné de l'étiquette 
suivante: « 12 Rosa villosa var. ? germinibiis pedunculis- 
que hispidis. — In dumetis fl, Starg. (Schultz). — C'est 
une forme de la section des Tomentosae. Folioles petites, 
ovales, tomenteuses sur les deux faces, celles des feuilles 
inférieures à nervures secondaires glanduleuses, mais sans 
glandes sur le parenchyme, celles des feuilles moyennes 
et supérieures à côte seule glanduleuse. Stipules inférieures 
et moyennes très-glanduleuses en dessous, les supérieures 
à ailes seulement un peu glanduleuses en dessous vers le 
sommet, et glabres à la face inférieure. Bractées glabres et 
églanduleuses en dessous. Fleurs réunies par trois, briève- 
ment pédicellées. Pédicelles un peu hispides-glanduleux. 
Réceptacle florifère médian ellipsoïde, lisse, les latéraux 
hispides-glanduleux à la base. Cette forme semble se 
rapprocher du R. annesiensis Déségl. 



(92) 
N** 98S6 A. — Rosa tIIIosa varielas |3 germinibus glabris, 

ROSA MOLLISSIHA Ptod. 

Au verso du premier feuillet de la chemise, on lit : 
« SprengeL W.. » 

Ce numéro est représenté par trois feuilles simples. 

Fol. 1). Un ramuscule florifère — Aiguillons grêles, 
droits et ressemblant à ceux des Villosae. Folioles ovales, 
assez allongées, pubescentes sur les deux faces, toutes 
glanduleuses à la face inférieure. Pétioles aiguillonnés. 
Fleur solitaire. Pédicelle très-court (4 mill.), chargé de 
quelques rares glandes. Réceptacle obovoïde-arrondi, lisse 
à la base, un peu hispide-glanduleux dans sa moitié supé- 
rieure. Sépales extérieurs un peu pinnulés. Styles velus. 
Il est bien difficile de se prononcer sur un spécimen aussi 
petit. Appartiendrait-il aux Villosae ? Son faciès me porte 
à y voir une forme du ït. tomentosa Sm., type, comme on 
le sait, extrêmement polymorphe et que Ton a démembré 
en un grand nombre d'espèces secondaires. 

Fol. 2). Un rameau florifère. — Appartient aux Tomen- 
tosae! Folioles à face inférieure chargée de glandes éparses 
très-apparentes, surtout dans les feuilles inférieures. Pé- 
tioles aiguillonnés. Stipules étroites, toutes glanduleuses 
et tomenteuses en dessous. Bractée petite, beaucoup plus 
courte que le pédicelle, trés-tomenteuse en dessous et à 
villosité empêchant probablement d'apercevoir les glandes. 
Pédicelle grêle, allongé (12 mill.), modérément hispide- 
glanduleux. Réceptacle florifère ovoïde-arrondi, lisse. 
Corolle moyenne (4 cent, de diamètre), à pétales à bords 
églanduleux. Styles velus. Pourrait bien appartenir au 
Jft. ctispidatoides Crép. in Scheutz 5A:andm. Rosa, p. 37. 

Fol. 3). Un ramuscule florifère, accompagné de Téti- 



(93) 

quelle suivante : « Rosa dubia fl. Werlh, variet. villosae 
(^Wibel), — Apparlient à la seclion des Tomentosae, el 
constitue une forme voisine du fi. cuspidatoides Grép. 
Folioles lomenleuses en dessus, un peu glanduleuses en 
dessous, mais à glandes éparses el en apparence peu nom- 
breuses. Pétioles inermes. Stipules très-tomenteuses en 
dessous, les inférieures pourvues de glandes visibles à la 
face inférieure, les supérieures et les bractées peut-être 
également chargées de glandes à la face inférieure, mais 
que la villosité empêche d'apercevoir. Fleurs réunies par 
trois. Pédicelles longs (atteignant jusqu a 24 mill.), grêles, 
modérément hispides-glanduleux, dépassant la bractée. 
Réceptacle florifère ovoïde-arrondi, lisse. Corolle grande 
(5 cent, de diamètre), paraissant avoir été d'un rose pâle. 
Styles velus. 

D'après l'étiquette fixée sur la chemise de ce 
n** 9836, c'est bien parmi les spécimens représentant 
ce numéro que nous devons rechercher ce que peut- 
être le R, mollissima que Willdenow a décrit dans son 
Florae Berolinensis Prodromus (1787). Dans cet ouvrage, 
Willdenow décrit tout d'abord, dans la subdivision **ger- 
minibus globosis, un Jft. villosa L., à réceptacles florifères 
«globosis... hispidis, » qu'il signale: « In der Jungfern- 
heide, prope Spandau, etc., » et dans l'addenda du même 
ouvrage, il décrit son R. mollissima, à réceptacles flori- 
fères « subglobosis glabris, » qu'il signale : « Prope Span- 
dau passim. » Il dit que cette espèce ressemble au Jft. 
villosa, mais qu'elle en diffère par son réceptacle lisse et 
il demande si ce n'est pas une variété de ce dernier type. 
Plus tard, dans son Species plantarum et il rapporte ce 
R. mollissima comme var. (3 au R. villosa L. En 1813, 
dans son Enumeratio plantarum horti regii bolanici Bero- 

8 



(94) 

linensis, il décrit le R. villosa L. sans plus faire mention 
du R, mollissima, qui n est plus rappelé que nominative- 
ment dans le supplément du même catalogue publié par 
von Schlechtendal. Link, dans une nouvelle édition du 
catalogue du Jardin botanique de Berlin, ne parle pas du 
R. mollissima de Willdenow, ce qui doit nous faire penser 
que cette plante n'a pas été cultivée dans ce Jardin bota- 
nique. 

Le R. mollissima de Willdenow est-il bien Tespèce que 
M. Fries a décrite sous ce nom et qui est spécifiquement 
distincte du R. tomentosa Sm.? J'ai tout lieu de croire 
que non. Les termes de la description de Willdenow 
(FL BeroL Prodr,, pages 437-4»58) ne permettent de 
tirer aucun argument en faveur de Tune ou Tautre opi- 
nion, vu qu'ils peuvent aussi bien s'appliquer au R, mol- 
lissima Fries qu'au R. tomentosa^ dernière espèce, qui, 
en 1787, n'avait pas encore été démembrée ou distinguée 
du type complexe que Linné avait décrit sous le nom de 
R. villosa. Il faut donc recourir à l'herbier de Willdenow 
pour trouver la solution du problème : malheureusement 
les matériaux de cet herbier nous laissent quelques doutes. 
Nous avons vuqueWilldenowavaittoutd'abord admis deux 
types, R. villosa et R, mollissima, et que ces deux types ont 
été plus tard fondus en un seul sous le nom de R, villosa, 
ce qui prouve qu'il n'avait pas eu une idée bien nette du 
R. tomentosa, espèce très- distincte qu'il confondait avec 
le A. pomifera et qu'il a fait ainsi la même confusion que 
Linné, celle de comprendre, sous le nom de R. villosa, 
les R. pomifera Herrm., R. mollissima Fries et R. 
tomentosa Sm. L'herbier de Willdenow témoigne suffi- 
samment de cette confusion, puisque nous y voyons réunis, 
sous le nom de R. villosa, quatre spécimens appartenant 



(95) 

certainement au JR. tomentosa Sm., deux spécimens du 
R. pomifera Herrm. et enfin deux échantillons douteux 
qui appartiennent peut-être au R. moUissima Fries, mais 
que je soupçonne être des formes du R, tomentosa Sm. 
L'un de ceux-ci est rangé sous le n" 9856a, numéro 
représentant, dans rherbicr, le R. moUissima de WiUde- 
now qui est considéré comme une variété du R. villosa 
n"* 9856. Or, ce deuxième spécimen douteux étant associé 
à deux formes du R. tomentosa, on peut conclure, en 
admettant même que ce spécimen douteux appartienne 
véritablement au R. moUissima, que Willdenow, sous le 
nom de R, moUissima, n'a pas eu en vue Tespèce décrite 
plus tard sous ce nom par M. Pries, mais qu'il a eu l'inten- 
tion de distinguer une forme quelconque du R. villosa de 
Linné ayant le réceptacle lisse. Mon sentiment estque Will 
denow a décrit, sous le nom de R. moUissima, une forme 
du R. tomentosa, et ce sentiment est renforcé par ce fait 
qu'aux environs de Berlin et peut-être dans tout le Bran- 
debourg le R, moUissima Pries n'existe pas. M. Ascher- 
son, dans sa Flore de la province du Brandebourg, ne 
signale pas cette espèce, et dans l'herbier de cette province, 
conservé au Musée botanique de Berlin, je n'ai vu aucune 
trace de ce type. Je crois donc qu'il est prudent de ne 
plus rapporter à Willdenow la paternité du type généra- 
lement connu aujourd'hui sous le nom de R. moUissima 
et qu'il faut, pour se conformer aux règles de la nomen- 
clature, désigner dorénavant ce type sous le nom de R. 
mollis Sm. (1812), qui parait être le nom princeps de 
l'espèce. 



(96) 

N^ 9868. — Rosa tomentosii germinibus oblongts petto- 
lisque hispidis^ folxxs utrinque tomentosis, aculeis recur- 
vis sparsts. — Habitat in Helvetia. Entre la dîagnose 
et rhabitat, on a intercalé : « Smith Brit., t. 559. » 

Ce numéro est représenté par une feuille simple, por- 
tant un rameau florifère, et au bas de laquelle, on lit : 
« jR. tomentosa (Schleicher). » — Appartient au R. ctis- 
pidata Auct. Gall. non M. B. Réceptacles assez abon- 
damment hispides-glanduleux; styles hérissés. 

Sect. BRACTEATAE. 

Cette section, créée par Lindley, comprend les R. 
involucrata Roxb., jR. 6rac/eato Wendl. et fi. Lyellii Lindl. 
Elle est mal caractérisée par Tauteur anglais, car la villo- 
sité des axes et des réceptacles existe dans des espèces 
appartenant à d'autres sections et de plus cette section 
n'est pas vraiment homogène dans ses représentants : le 
R. Lyellii s'éloigne assez bien des deux autres types par 
son faciès et plusieurs de ses caractères. 

K" 9874. — Rosa tomentosa germinibus ovatis peduncu-- 
lisque tomentosis, foliolis obtusis subtus tomentosis, 
caule aeuleato. — Habitat in India orientali. Entre la 
diagnose et Thabitat, on a intercalé : « Rosa incana > 
et entre parenthèses, il est écrit : « d. Schleehtendal p. > 

Ce numéro est représenté par une feuille simple, por- 
tant un rameau florifère accompagné d'une étiquette de 
Roxburgh ainsi conçue : « Rosa bracteata, »; au sommet 
de la feuille, on lit : < Rosa tomentosa. — incana » , et 
au bas, : « Roxburgh. W. » 

Ce spécimen appartient au JR. involucrata Roxb. ! Il a 



(97) 

sans doute été envoyé à Willdenow avant que Roxburgh 
eût distingué son R. involucrcUa du R. brticteata de 
Wendiand et ainsi s'explique Tidentification vicieuse qui 
avait tout d'abord été faite de Tespéee de Tlnde. 

N'' 9S75. — Rosa bracteata germtnibus ohlongis sericeis 
bracteatis, caule sericeo-aculeato j petiolis aculeatis, 
foliolis glabris subaculeatts. WendL Ohs.j 50. — Habi- 
tat in China. 

Ce numéro est représenté par une feuille simple^ por- 
tant deux ramuseules florifères provenant de Wendiand, 
comme l'indique l'inscription du bas de la feuille. — Ils 
appartiennent au A. bracteataWend\.y mais ils constituent 
une forme délicate, à ramuseules grêles, munis d'aiguil- 
lons géminés grêles, droits, horizontaux ou même un peu 
relevés. Cette forme se rapproche de la var. (3 scabri- 
caulis décrite par Lindley et peut-être lui est-elle identique. 

Sect. LUTEAE. 

Les Roses à fleurs jaunes semblent mériter de con- 
stituer un petit groupe spécial. Déjà Trattinnick avait 
établi, pour le R. lutea Mill. (B. Eglanteria L. pro 
parte), un petit groupe particulier sous le nom de 
Roessigianaj et plus tard M. Déséglise a créé, pour la 
même espèce, la section Eglanteriae, qu'il a rangée à côté 
de la section Pimpinellifoliae. Cette section des Luteae, 
qui comprend les R. lutea et R. sulfurea, est caractérisée 
par sa corolle jaune, par l'ouverture du réceptacle 
dépassée par une couronne velue qui entoure la base du 
capitule stigmatique, par ses anthères très-allongées et par 
divers autres caractères que je ferai ressortir plus tard* 
Les Pimpinellifoliae se rapprochent des Luteae par leurs 



(98) 

anthères allongées, par les poils intérieurs du réceptacle 
qui tapissent souvent Touverture, mais sans la dépasser, par 
leurs fleurs ordinairement solitaires, à pédicelles munis à 
leur base d'une feuille et privés de bractées. 

« 

W 9§16. — Rosa Intea germinibus globosis pedunculisque 
glabris, calycibus petiolisque spinulosis, aculets ramo- 
rum redis. Alton Kewens,j 2, p. 200. Rosa Eglan- 
TERiA L, — Habitat in Europa, 

Au verso du premier feuillet de la chemise, on lit : 
« Bouché. W. » 

Ce numéro est représenté par trois feuilles simples. 

Fol. 1). Un ramuscule florifère. — Appartient au 
R. lutea. Folioles un peu pubescentes sur les deux faces et 
un peu glanduleuses en dessous; aiguillons droits: deux 
fleurs. 

Fol. 2). Un rameau florifère. — A peu près la même 
forme que la précédente. 

Fol. 3). Un rameau à réceptacles fructifères jeunes, 
accomgagné de l'étiquette suivante : « Rosa Eglanteria 
(petata non vidi). In sylvaticis FI. Starg. (Schultz). » 
Wallroth a écrit : « Rosa Cynorhodon, dumetorum mitis. » 
— C'est une forme appartenant aux Caninae, trib. Pubes- 
centes. Réceptacle fructifère assez petit et arrondi ; dents 
foliaires simples, rarement quelques-unes doubles. 

]|[«> 9§17. — Rosa anlflnrea germinibus globosis, petiolis 
cauleque aculeatis : aculeis caulinis duplicibus tnajoribus 
minoribusque numerosis, foliis ovatibus. Aiton Ke- 
wens.f 2, p. 201. — Habitat in Oriente. 

Au verso du premier feuillet de la chemise, on lit : 
« Bouché, W, » 



(99) 

Ce numéro est représenlé par deux feuilles simples. 

Fol. 1). Un rameau florifère. — Appartient au iî. «m/- 
furea. Axe inerme; folioles obovales, finement pubescentes 
sur les deux faces et églanduleuses, à dents simples 
s'arrêtant vers le tiers inférieur du limbe; fleur solitaire, 
pleine; pédicelle lisse. 

Fol. 2). Un ramuseule florifère et un fragment de 
ramuscule sans fleurs. — Même forme que la précédente. 

La véritable patrie des R. lutea et R. sulfurea est restée 
longtemps inconnue. Lindley indiquait quelques points de 
l'Europe où le premier aurait été observé à Tétat indigène, 
et le second, il le donnait, d'après Clusius, comme vrai- 
semblablement originaire de TOrient; Seringe ignorait la 
patrie du premier et supposait le second originaire de 
rOrient; Trattinnick indiquait le premier en Europe et, 
pour le second, il a répété ce qu'on avait déjà avancé sur 
son origine orientale. Tout récemment, M. K. Koch, dans 
sa Dendrologie, rapporte que le premier est réputé ori- 
ginaire de la Turquie et surtout de la Turquie d'Asie, mais 
que pendant ses voyages, dans cette dernière contrée, il ne 
l'a jamais rencontré à l'état spontané; pour le second, il 
dit qu'il est vraisemblablement originaire de l'Orient et 
que, d'après la tradition, il aurait été importé de la Perse, 
au 16° siècle, tout d'abord à Constantinople et puis de là 
à Vienne. Dans son Flora Rossica, Ledebour indique le 
R. lutea en Crimée, d'après Parrot. 

Les recherches faites en Orient par les botanistes mo- 
dernes devaient amener la découverte de la véritable 
patrie du B. sulfurea. 

En 1849, M. de Tchihatcheff découvrait celte espèce sur 
le Kuredagh en Galatie (Asie mineure), à l'altitude de 
1200 m. Je ne sais quelle forme ce botaniste a observée 



( 100 ) 

et cil quoi elle se distingue du R. Rapini Boiss. et Bal., 
que M. Boissier considère maintenant comme le type, la 
forme spontanée, du R. sulfurea Ait. Ce R. Rapiniy avec sa 
variété caesarea, a été trouvé en divers lieux de TAsie 
mineure par MM. Tchihatcheff et Balansa. La Rose que 
M. Buhse a décrite sous le nom de R. Bungeanaf si j'en 
juge d'après un spécimen qu'il a bien voulu me commu- 
niquer, est encore une forme du R» Rapini. Le R. sulfurea 
(fi. Rapini) s'étendrait donc à travers toute l'Asie 
mineure, l'Arménie et jusque dans le nord de la Perse. 

Quant au Jî. lutea, M. Tchihatcheff le signale (Asie 
J/inewre, 3® partie, p. 125) autour de Baibut, en Arménie, 
et Kotschy l'a découvert en plusieurs endroits de l'Orient. 
M. Thomson l'a recueilli aux environs de Kischtwaar, 
dans l'Himalaya occidental, à l'altitude de 7500 pieds. 

Il reste à savoir si ces botanistes ont observé l'espèce à 
l'état spontané. M. Koch, ainsi qu'il est rappelé ci-dessus, 
n'a jamais pu découvrir le R, lutea à l'état indigène et 
M. le D*^ Haussknecht, qui a parcouru tout l'Orient, n'a 
vu cette Rose qu'à l'état cultivé, soit dans les jardins, soit 
dans les vignes. 

Je crois que M. Boissier a parfaitement raison de con- 
sidérer le R. Rapini comme la forme spontanée, le type, 
du R, sulfurea. LeB, Bungeana Buhse, si j'en juge d'après 
un échantillon que m'a donné l'auteur et d'après la des- 
cription qu'il en a publiée, est une forme du R. Rapini. 
Celui-ci varie assez bien dans plusieurs de ses organes. 

Les R. sulfurea et R. lutea ont été tenus séparés, par 
quelques auteurs, dans deux sections différentes. Lindley 
et Sprengel rangent le R. sulfurea dans la division des 
Pimpinellifoliae et le R. lutea, dans celle des Rubiginosae ; 
Trattinnick place le premier dans sa série Du Pontiana et 



( 101 ) 

le second, dans sa série Roessigiana. M. Buhse considère 
son R. Bungeana comme une espèce appartenant à la 
section des Cinnamomeae. D'après cela, on pourrait croire 
que ces deux espèces sont extrêmement différentes par 
leurs caractères et leur faciès. Il n'en est rien cependant et 
Tune et Tautre ont tant d'affinité même qu'on pourrait se 
demander si ce ne sont pas deux formes dérivées d'un 
même type spécifique. Plus tard, je démontrerai que cette 
supposition n'est pas aussi étrange qu'elle en a l'air à 
première vue. M. K. Koch, dans sa Dendrologicy a du reste 
mieux apprécié ces deux formes en les décrivant l'une à 
côté de l'autre dans sa section des Pimpinellifoliae ; en 
parlant du R. sulfurea Ait. (1788), qu'il appelle R. hemis- 
p^aenca Herrm. (1762), il demande si cette espèce ne serait 
pas une variété du R. lutea. 

Le R. hispida Sims (R. lutescens Pursh) à en juger, 
d'après la figure publiée dans le Botanical Magazine^ 
tab. 1570, paraît avoir une très-grande affinité avec l'une 
ou l'autre des deux espèces précédentes. 

Il pourrait bien se faire qu'un jour toutes les espèces à 
fleurs jaunes fussent reconnues comme appartenant à un 
seul et unique type spécifique. 

Sect. SIMPLICirOLIAE. 

IV»9§15. — Rosa berberifolia foliis simpticibus ovatis 
dentaiisj caule aculeato, — Habitat in fiossia. 



Au verso du premier feuillet delà chemise, il y a quatre 
étiquettes : « Stephan IF. » — Rosa berberifolia Mihi 
(puis un nom en caractères russes) (Sievers). » — Rosa 
berberifolia P, i> — a Flos odorus. — Ad. fl. Ulsharcum 
Rheo nana fruticos. sesquipedalis, radix stolonibus longis- 
sim. reptans. D' Sievers (JPalL). 



( 102 ) 

Ce numéro est représenté par une feuille simple, portant 
un rameau muni de deux ramuscules. — Appartient au 
R.simpltcifoliaS^Msh,, \796^ {R.berberifoliaPM., 1797). 

Cette espèce constitue bien certainement un type spéci- 
fique qu'on ne sera jamais tenté de subdiviser en plusieurs 
petites espèces, comme on Fa fait pour plusieurs autres 
types linnéens. Cependant il offre des variations assez 
remarquables et qui ont, selon moi, une égale valeur à 
celles d'autres types avec lesquelles on a constitué de petites 
espèces. C'est ainsi que ses axes peuvent être sétigères ou 
non sétigères, glabres ou pubérulents; que ses aiguillons 
peuvent être glabres ou pubérulents ; que ses folioles peu- 
vent être glabres ou abondamment pubérulentes sur les 
deux faces, ovales ou ovales-elliptiques, arrondies à la base 
et comme subcordées, elliptiques ou oblongues-allongées, 
à dents étroites ou larges ; que les pédicelles sont courts 
(S mill.) ou allongés (20 mill.), glabres ou pubérulents, 
înermes ou un peu aiguillonnés ; que les sépales sont 
glabres ou pubérulents sur le dos. 

Il existe un autre type asiatique qui est bien autrement 
instructif sous le rapport des variations et qui fournit des 
preuves péremptoires contre la validité spécifique d'une 
foule de créations modernes faites dans le genre Rosa. Ce 
type, qui est le R, sericea Lindl., varie d'une façon extraor- 
dinaire dans plusieurs de ses organes. Ses axes sont com- 
plètement inermes ou fortement aiguillonnés. Dans ce 
dernier cas, l'armature affecte deux états distincts ;ou bien 
les aiguillons ont cette forme étrange qu'on n'observe que 
dans cette seule espèce, aiguillons très-aplatis, largement 
triangulaires, à pointe horizontale, ordinairement géminés 
ou ternes sous les feuilles, sans être accompagnés d'aucune 
autre production de l'écorce ; ou bien les grands aiguillons 



( *03 ) 

sont plus étroits que les précédents, à pointe fortement 
relevée, accompagnés de nombreux aiguillons sétacés et 
de soies glanduleuses recouvrant tous les entrenœuds. Par- 
fois les aiguillons géminés deviennent petits, peuvent 
même disparaître et alors les axes sont seulement sétigères. 
Les folioles sont velues-tomenteuses sur les deux faces, 
velues en dessous et glabres en dessus, ou bien leur villosité 
peut être bornée aux seules nervures et même à la côte ; 
elles sont églanduleuses en dessous, ou chargées de glandes 
abondantes qui recouvrent toute leur face inférieure ; leurs 
dents sont simples ou composées-glanduleuses. Les pédi- 
celles sont courts ou allongés, glabres ou velus, églaudu- 
leux ou glanduleux. Les réceptacles florifères et fructifères 
sont ovoïdes, obovoïdes ou sphériques. Les sépales sont 
à dos glabre ou pubescent, églanduleux ou glanduleux. 
En somme, ce type nous montre clairement que la même 
espèce peut être inerme ou aiguillonnée, à feuilles presque 
entièrement glabres ou fortement velues, églanduleuses ou 
abondamment glanduleuses, à folioles à dents simples ou à 
dents composées, à pédicelles glabres ou velus, églanduleux 
ou glanduleux, ainsi que les sépales, à réceptacles ovoïdes 
ou sphériques. Il existe encore d*autres variations plus ou 
moins importantes au point de vue où se placent les 
phytographes de la nouvelle école, variations dans la forme 
des folioles, qui sont très-variables dans leurs contours, 
variations dans le point d'attache des folioles latérales 
supérieures, qui peuvent être plus ou moins décurrentes 
sur le rachis, variations dans le nombre, la forme des dents 
foliaires et la place qu'elles occupent. En tenant compte 
de ces nombreuses modifications, on pourrait démembrer 
artificiellement le R. sericea en une douzaine au moins 
de petites espèces ; mais ce type est tellement bien dis- 



^ I 



( 104 ) 

tinct par ses caractères biologiques et morphologiques, 
tellement bien reconnaissable sous ses diverses livrées, 
qu'on ne peut le démembrer sans être Jaxé d'absurdité. 
Avec la forme inerme, Bertoloni a constitué son R. inerma. 
Je dois ajouter que le R. sericea a été étrangement 
méconnu par Lindiey, qui Tavait rangé dans sa division 
des Caninae, Ce type, l'un des mieux caractérisés du genre 
tout entier, doit constituer une section particulière : dans 
l'herbier de von Martius et dans l'Herbier royal de Berlin, 
j'ai désigné cette section nouvelle sous le nom (TEbrac- 
teatae. 



IX. — Considérations sur l'étude des Roses. 

En présence de la confusion qui règne dans la science au 
sujet de l'espèce, je crois devoir rappeler quelques prin- 
cipes qui, à mon sens, peuvent utilement diriger le phyto- 
graphe dans l'étude des Roses. . 

Après avoir lu le premier fascicule des Primitiae Mono- 
graphiae Rosarum, plusieurs botanistes se sont imaginé 
que j'étais devenu partisan de la subdivision des types 
dits linnéens, que j'avais renié les principes qui m'avaient 
toujours guidé dans l'appréciation des formes végétales, 
pour adopter les principes de l'école moderne. Ces bota- 
nistes ont sans doute compris bien mal divers passages de 
mon travail, car j'y marque clairement et sans ambages 
mon opinion, bien connue du reste, sur la plupart des 
créations spécifiques de l'école moderne. Si dans ce 
premier fascicule, j'ai, à mon tour, distingué spécifique- 
ment des formes secondaires, de petites espèces, ce n'est pas 
dans le but de les maintenir au rang des véritables espèces, 
mais, comme je l'ai fait remarquer, c'est, au contraire, 



( 105 ) 

pour parvenir plus facilement à démontrer que ces mêmes 
formes secondaires ne sont pas de vrais types spécifiques. 
En employant cette méthode, j'espère arriver à convaincre 
les partisans de Fécole moderne de Tinanilé de la plupart 
de leurs créations et à les forcer à reconnaître que leurs 
principes de spécification les conduisent fatalement à la 
distinction spécifique de l'individu. 

Le genre Rosa, groupe dont les espèces véritables ont 
peut-être été le plus divisées, sera probablement le genre 
un peu important qui, le premier, servira à renverser 
définitivement la théorie spécifique de Técole moderne. 

On a prétendu que le genre Rosa était plus que tout 
autre polymorphe dans ses espèces ; mais cette opinion 
est-elle réellement fondée? Je ne le crois pas. Dans ce 
groupe, la polymorphie est très-grande, il est vrai, mais 
elle ne Test sans doute pas plus que dans une foule d'autres 
groupes dont on ne fait aucunement mention sous ce 
rapport ; si cette polymorphie est mieux connue, mieux 
constatée, elle le doit, d'une part, à la nature des espèces 
qui sont ligneuses et, d'autre part, à des recherches plus 
actives et en même temps plus anciennes. En effet, depuis 
très-longtemps, les Roses ont attiré l'attention des botanis- 
tes et les formes spontanées de même que les formes 
cultivées ont fait l'objet d'une foule d'ouvrages, qui 
aujourd'hui composent une bibliothèque tout entière; d'un 
autre côté, les espèces étant ligneuses, souvent fortement 
buissonnantes et d'un accès facile, il a été possible de 
revoir, d'année en année, la même forme sur place, de 
l'étudier dans ses moindres détails, d'en distribuer de 
nombreux spécimens et de fixer ainsi sur elle Tattention 
des botanistes. Toute forme plus ou moins intéressante a 
pu devenir l'objet de recherches spéciales qui lui ont 



( 106 ) 

donné une importance systématique que n'ont point 
acquise des formes de même valeur, mais appartenant à 
des genres moins étudiés. Une forme annuelle qui parait 
et disparait, qui change de place d'une année à Tautre, 
une forme vivace, mais herbacée, représentée peut-être 
par un seul pied ou une seule touffe, une forme ligneuse 
à tige élevée, ne sont pas dans des conditions aussi favo- 
rables que les Roses pour être étudiées avec soin et pour 
acquérir Timportance systématique de ces deruièrcs. 
J estime donc qu'un grand nombre de genres^ livrés aux 
mêmes investigations que le genre Rosa, nous dévoile- 
raient une polymorphie aussi marquée que ce dernier. 
C'est, au surplus, à ces conditions favorables a l'étude et 
a la récolte de nombreux spécimens qu'est due, en grande 
partie, la multiplication extraordinaire de petites espèces 
dans le genre Rosa. 

L'histoire de la botanique nous apprend qu'au siècle 
dernier la flore d'Europe s'est successivement enrichie 
d'une foule d'espèces véritables, que les anciens botanistes 
n'avaient pas découvertes ou qu'ils avaient méconnues ; 
que Linné a distingué, dans un grand nombre de cas, plu- 
sieurs espèces où ses devanciers n'avaient vu qu'un seul 
type spécifique. Elle nous apprend que les successeurs du 
célèbre réformateur suédois ont démembré, et avec raison, 
des espèces linnéennes qui étaient complexes. Considérant 
ce progrès continu, cette marche ascendante, les adeptes 
de l'école moderne, dite des subdivisions, ont cru que cet 
accroissement dans le nombre des espèces ne devait pas 
s'arrêter; ils ont même prétendu que la flore euro- 
péenne n'avait été étudiée avant eux que d'une manière 
très-superflcielle, qu'en la soumettant à un examen 
approfondi et en employant une méthode d'analyse plus 



( 107 ) 

rigoureuse, elle fournirait encore un très-grand nombre 
de types spécifiques nouveaux. En effet, cette étude plus 
approfondie, dirigée avec une méthode d'analyse plus 
subtile, a produit le résultat prévu et Ion peut assurer 
que dans un temps très-rapproché la flore européenne 
verra le nombre de ses espèces au moins décuplé. 
Le genre Rosa, par exemple, compte actuellement des 
espèces par centaines et il n'y aura rien d'étonnant à ce 
que dans peu d'années le nombre des Roses s'élève à 
mille et même à quinze cents ! Mais sont-ce là de véritables 
espèces, des types réellement distincts? En général, 
parmi les créations spécifiques faites par l'école nouvelle, 
il se trouve certainement des types spécifiques véritables, 
types aussi bien caractérisés, aussi distincts que les meil- 
leurs types admis par Técole linnéennc ; mais, selon moi, 
la majeure partie de ces espèces nouvelles ne sont, au 
fond, que des formes secondaires, de simples variétés et 
même des variations. 

m 

Pour ce qui concerne les formes secondaires élevées au 
rang d'espèces dans le genre Rosa, mon intention n'est pas 
d'en discuter la valeur en m'appuyant uniquement sur des 
principes ou sur des théories, qui ne peuvent guère in- 
fluer sur l'esprit de ceux qui ont établi ces petites espèces, 
car l'école moderne y oppose d'autres théories et d'autres 
principes, mais de les discuter surtout avec des faits. 
Aussi me suis-je placé dans le champ des faits et ai-je 
suivi les novateurs pas à pas sur leur propre terrain. Pour 
le genre Rosa, en adoptant la nouvelle méthode, j'ai en 
quelque sorte devancé ces derniers en fait d'analyses sub- 
tiles. Dès aujourd'hui, je puis leur démontrer, avec de 
nombreuses preuves à l'appui, que leurs principes de spé- 
cification les conduisent déjà à la distinction spécifique du 



( 108) 

buisson^ de l'individu; je pourrais même leur prouver que 
les caractères distinctifs qu'ils emploient permettent 
parfois de distinguer plus d'une de leurs petites espèces sur 
le même buisson. Ces petites espèces qu'ils se sont efforcés 
de caractériser ne sont pas, le plus souvent, de vrais types 
secondaires homogènes dans leurs représentants, mais des 
associations artificielles de formes plus ou moins voisines 
qui, à leur tour, peuvent être démembrées. Du reste, et ici 
je parle d'après un assez longue expérience et en connais- 
sance de cause, il est souvent très-difficile d'identifier d'une 
façon satisfaisante deux spécimens provenant de deux 
individus différents, tant les caractères des petites espèces 
sont devenus subtiles : dans un très-grand nombre de cas, 
on n'arrive plus qu'à faire des rapprochements, mais non 
des identifications. 

Tout en critiquant les principes et la méthode de l'école 
moderne, gardons-nous de méconnaître les services que 
celle-ci a rendus directement ou indirectement à la science. 
Animée d'une foi scientifique très-ardente, cette école ne 
laisse échapper aucune forme; elle cherche et découvre 
beaucoup plus que celle qui l'a précédée. Par elle, chaque 
espèce véritable sera connue dans ses moindres variations et 
par conséquent mieux connue qu'elle rie l'était auparavant. 

La lutte aujourd'hui engagée entre les deux écoles 
rivales sera très-favorable aux progrès delà science ; grâce 
à elle, la photographie tend à reprendre le rang qu'elle 
occupait autrefois et qu'elle avait perdu, en grande partie, 
parce qu'au lieu de progresser rapidement à l'égal des 
autres branches de la botanique, elle s'était traînée long- 
temps dans les voies battues et faciles. 

Pour dresser l'inventaire jijénéral de certaines flores exoti- 
ques, pour les ouvrages généraux destinés à inventorier les 



( 109 ) 

formes principales, on sera forcé encore assez longtemps de 
suivre la méthode ancienne, qui consiste à passer assez légè- 
rement sur chaque type en le caractérisant par une courte 
phrase diagnostique. Mais ces travaux seront, comme la plu- 
part de ceux qui les ont précédés, des travaux en quelque 
sorte préparatoires, limitant le champ qui doit être 
définitivement défriché par les pionniers de lavenir. 
Grande me paraît Terreur des savants qui s'imaginent que 
la science est fixée par les travaux déjà publiés, car la 
majeure partie de ceux-ci doivent être remaniés et com- 
plétés par des études et des recherches plus étendues, plus 
approfondies. La nature est pour ainsi dire inépuisable et 
etquelle qu'ail été l'activité déployée par les naturalistes qui 
nous ont devancés, ceux-ci ont encore laissé une immense 
quantité de faits à élucider. 

Dans les conditions où se trouve actuellement la phy- 
tographie, le botaniste qui veut sérieusement faire avancer 
la science doit se borner dans ses travaux et n'embrasser 
qu'un sujet assez étroitement limité. Le temps n'est 
plus où le même phytographe pouvait successivement 
toucher à une foule de points, élaborer plusieurs mono- 
graphies et rédiger des ouvrages généraux ; il faut 
aujourd'hui creuser profondément le même sujet et l'épui- 
ser si c'est possible, sous peine de voir tout travail remis 
de nouveau sur le métier et refait peu de temps après 
sa publication. 

Le genre Rosa nous fournit un exemple frappant de 
ce qui vient d'être avancé. Ce groupe est peut-être celui 
qui a été le plus souvent traité, sur lequel on a le plus 
écrit, dont les espèces et les variétés ont été le plus fré- 
quemment représentées par le crayon ou le pinceau, et 
chose étrange ! c'est peut-être le genre le plus mal connu 



9 



( **o ) 

et sur le compte duquel ont été exprimées les opinions les 
plus contradictoires. Les confusions sans nombre qui 
fourmillent dans beaucoup de Jardins botaniques et dans 
la plupart des herbiers, les assimilations plus que sur- 
prenantes faites par les botanistes voyageurs, et, d'un 
autre côté, les quelques dixaines d'espèces, admises par 
les uns, opposées aux centaines de types, acceptés par les 
autres, témoignent surabondamment de la vérité de la 
proposition précédente. D'où vient que ce genre, qui a été 
traité par un grand nombre d'hommes de talent, soit encore 
dans l'état déplorable où nous le voyons ? Gela vient de ce 
que ces hommes de talent n'ont pas consacré au genre 
Rosa un temps suffisamment long pour arriver à la con- 
naissance des espèces véritables. 

C'est précisément à cause de l'état imparfait dans lequel 
est resté le genreRosa que j'ai entrepris l'étude approfondie 
de ce groupe intéressant. En abordant cette étude entourée 
de difficultés presque insurmontables, mon but est mul- 
tiple. Mon intention est d'élucider complètement ce groupe 
au point de vue morphologique, de tracer l'aire géogra- 
phique de ses espèces, de combattre les tendances et les 
excès de l'école moderne et de montrer dans quelle voie 
il faudrait que la phytographie fût dorénavant engagée. 
Un tel sujet embrassé de cette façon ne peut être traité 
avec la concision que réclament les botanistes qui ne 
voient dans la phytographie qu'une branche tout à fait 
secondaire de la botanique et dont le seul but est de 
fournir le moyen de déterminer les formes végétales; 
aussi qu'on ne soit pas surpris de me voir donner aux 
matériaux que je publie sur l'histoire des Roses un déve- 
loppement considérable. 

La phytographie, telle qu'on doit la comprendre, ne 



( m) 

peut avoir pour unique but l'arrangement systématique 
et la simple description des espèces ; elle est appelée à 
étudier les formes végétales dans toutes leurs modifica- 
tions^ à reconnaître la limite des modifications et à décou- 
vrir les lois sous l'empire desquelles ces dernières se 
produisent. Envisagée de cette façon, la phytographie sort 
du cadre étroit où les simples descripteurs voudraient la 
tenir confinée. 

Il ne sera pas hors de propos de rappeler ici deux faits 
d'une importance capitale, surtout quand il s'agit de l'étude 
des espèces et de leurs variétés : la solidarité des caractères 
et l'existence des variations parallèles. 

Déjà en 1861, dans la préface delà l'" édition du 3fantie/ 
de la flore de Belgique, j'ai dit quelques mots touchant la 
solidarité des caractères. Par solidarité des caractères, 
j'entends la liaison qui existe entre les caractères qui se 
manifestent dans plusieurs organes de la même plante. 
Pour bien préciser ma pensée, je vais citer un exemple. 
Ainsi, dans les Roses, que la glandulosîté apparaisse et nous 
la verrons assez souvent se produire à la face inférieure 
des folioles, des stipules et des bractées, sur les pétioles, 
les pédicelles, le réceptacle et les sépales ; si elle est intense, 
elle pourra atteindre la face supérieure des folioles, des 
stipules et des bractées et même certaines portions des 
axes. Beaucoup de phytographes voient dans les divers 
sièges de cette glandulosité tout une série, de caractères 
distinctifs, alors que réellement il n'existe qti'un seul et 
unique caractère, celui de la glandulosité. Celle-ci, dans 
les Roses, est fréquemment liée avec la double dentelure 
des folioles. La villosité, dans le genre Rosa, offre le même 
phénomène que la glandulosité. D'un autre côté, un cer- 
tain degré d'hypertrophie ou d'atrophie nontératologique, 



( H2 ) 

Télongation, le nanisme, le géantisme, sont, à leur tour, la 
source de modifications qui se produisent dans les divers 
organes de la même plante, modifications hees entre elles et 
dont beaucoup de pbytographes constituent autant de 
caractères différentiels. Ici encore, au lieu de plusieurs 
caractères, il peut n'en exister qu'un seul et qui disparaît 
de tous les organes si la cause qui Ta produitvient h cesser. 
Cest certainement à l'ignorance de ces faits généraux que 
nous devons, en partie, la création d'une foule de petites 
espèces qui n'ont d'existence que dans nos livres. 

Dès 1863, dans le 3" fascicule de mes Notes sur quelques 
plantes rares ou critiques de la Belgique, j'avais fait prévoir 
l'heureux parti qu'on pouvait tirer, au point de vue de la 
spécification, de l'existence des variations parallèles. Deux 
ans après, M. Duval-Jouve, qui ne paraissait pas avoir eu 
connaissance de ce que j'avais écrit à se sujet, a traité cette 
question avec beaucoup de talent en étudiant les variétés des 
Juncus. A son tour, M. Franchet abordait ce point inté- 
ressant dans ses études sur les Verbascum hybrides. L'exis- 
tence des variations parallèles jette un jour tout nouveau sur 
cette foule de petites espèces qu'on croit distinctes et qui ne 
sont au fond que les variations parallèles d'un nombre beau- 
coup plus restreint de véritables types spécifiques. 



X. — Revue des publications régentes sur les Roses. 

Depuis que le premier fascicule des Primitiae Mono- 
graphiae Rosarum a paru (14 novembre 1869), trois 
publications plus ou moins importantes ont été faites sur 
les Roses. Je vais les soumettre à l'examen, en suivant 
l'ordre chronologique. 



( H3 ) 

Supplément à la Flore du Jura suisse et français, par 
Ch.-H. Godet; in-8% Neufchàtel, 1869. 

Dans sa Flore du Jura (1853), M. Godet avait déjà 
décrit avec beaucoup de soin les Roses de la région juras- 
sique et il les avait rangées d'après une nouvelle classi- 
fication. Celle-ci comprenait deux sections : les Diastylae, 
à styles libres ou presque libres et les Systylae, à styles 
soudés en colonne. Ces deux groupes primordiaux ont été 
reconnus depuis longtemps et généralement adoptés. La 
section des Diastylae est partagée en deux divisions basées 
sur Tabsence ou la présence d'un pédicule aux ovaires^ et 
chacune de celles-ci est subdivisée en tribus établies 
principalement sur la forme des aiguillons. Appliquée aux 
espèces du Jura ou de l'Europe centrale, cette classi- 
fication n'est pas sans mérite; elle permet de déter- 
miner avec une assez grande facilité les types spécifiques. 
Elle ne rompt pas un grand nombre d'affinités naturelles, 
comme l'a prétendu un auteur; bien au contraire, elle 
laisse associées les espèces qui ont le plus de caractères 
communs entre elles. 

Dans son Supplément, M. Godet s'étend très-longuement 
sur le genre Rosa et lui consacre même plus de pages que 
dans l'ouvrage primitif. On voit que l'auteur a étudié le 
groupe avec passion et en a fait l'objet de recherches 
longues et soigneuses. Avant d'aborder la description des 
nouvelles espèces ajoutées à sa Flore, M. Godet entre dans 
quelques considérations sur les organes qui peuvent servir 
de base aux classifications et, à ce propos, il examine la 
classification fondée sur le disque qu'avait récemment 
proposée M. Du Mortier (Monographie des Roses de la 
flore belge). La classification qu'il adopte est une modifi- 
cation de celle qu'il avait suivie dans sa Flore, et les 



( H4) 

principales divisions sont basées sur la forme des aiguillons. 
Comme cette classification peut intéresser des botanistes 
qui ne possèdent pas Texcellent Supplément à la Flore du 
Jura, je vais la reproduire textuellement. 

I. HeterAeABihAe. Aiguillons très-inégaux, grêles, sétacés ou subulés, 

ou de deux sortes, les uns vf^ouretia; droits ou un peu arqués, les autres 
grêles et sétacés, les uns et les autres disparaissant quelquefois sur 
les vieilles tiges. 

A. Lkptacanthab. Aiguillons inégaux, grêles, sétacés et subulés, ou nuls. 

Sépales entiers, persistant sur le fruit. 

R. pimpinellifolia L. — R. rubella Sm. — R. alpina L. 

B. DiMORPHACANTHAK. Aiguillous, les uns vigouretUB droits ou un peu 

arqués, les autres grêles et sétacés. Un ou deux des sépales pt'nna- 
tifidesj les autres entiers. 
m) Sépales persistants. 

^Anthères sagittées ; fleurs jaunes. 

A. Eglanteria L. 
^^Anthères égtUes ; fleurs rosées . 

R. Sabini Woods. — R, sabauda Rap. 
b) Sépales caducs. 

R. gallica L. — R. hy brida Schl. 

II. DlACABlhAe. Aiguillons des rameaux non florifères courts, arqués, 
géminés et oppoiés sous les stipules, ceux de la base des tiges grêles, 
sétacés et droits, facilement ciducs. Stipules étroites, à bords conni- 
vents et tubuliformes. Sépales persistants. Feuilles soyeuses-cendrées 
en dessous. 

R, einnamomea L. 

III. Homoecanlhae. Aiguillons de même nature, uniformes, droits, 
arqués ou crochus ; point d^aiguillons sétacés sur les tiges ou les 
rameaux. 

A. Orthacanthab. Aiguillons droits ou faiblement arqués, du moins 
ceux des parties supérieures. 
m) Glandulosae. Folioles glanduleuses en dessous, du reste glabres- 
centes ou pubescentes sur les nervures en dessous. 
R. Pugeti Rap. — R. spinulifolia Dematr. (R. marginal a 
Wallr.). 



( us ) 

b) Villosae, Folioles pubescentes en dessus ou pubescentes-tomen- 
teuses sur les deux faces. Sépales persistants (plus promp- 
tement caducs dans les R. tomentosa et foetida). 
R, pomifera Herrm. — R, vestita God. — R, moUissima 
Pries. — R. tomentosa Sm. — R, foetida Bast. 
e) Ambiguae, giahrivsculae. Folioles glabres ou glabrescentes. Ai- 
guillons tantôt droits, tantôt plus ou moins arqués, 
*Styles glabres, 

R, mucronata Déségl. 
*^Styles poilus ou velus, 

R.dolosa God. — R. rubrifolia \i\\.-~R, montana Chaix.— 
R salevensis Rap. — R. Chapusii God. — R. Godeti Gren. 
B. Gamptlacanthae. Aiguillons très-arqués ou crochus, à large base 
(Caninae Auct.). 

a) Styles glabres, plus ou moins soudés en colonne, 

R. arvensis Huds. — R. stylosa Desv. 

b) Styles velus ou poilus, courts, libres. 

^Sépales persistants jusqu'à la coloration du fruit et redressés. 
*|* Folioles glabres ou glabrescentes. 
R. alpestris Rap. — R. Reuteri God. 
f-f Folioles pubescentes et cendrées. 
R, coriifolia Fries. 
'^* Sépales promptement caducs, 

f Folioles et pétioles glabres, glanduleux ou non glanduleux. 
R. eanina L. — R. biserrata Mérat. — R. Chavini Rap. — 
R, trachyphylla Rau. 
ff Folioles et pétioles pubescents ; face inférieure des folioles 
non glanduleuse, ou glanduleuse seulement sur les 
nervures. 
R. collina Jacq. — R. affinis Rau. — R. iomeniella Lem. 
*ff*f* Folioles fortement glanduleuses en dessous sur toute la 
face inférieure sur et entre les nervures (Rubiginosae). 
*Styles velus, 

R. rubiginosa L. — R. graveolens Gren. {R, KluckiiBessA). 
**Styles glabres ou glabrescents. 

R, micrantha Sm. — R. sepium Tbuill. 

Cette nouvelle classification permet, comme celle qui 
Ta précédée, de déterminer avec facilité les espèces juras- 



( H6 ) 

siques, mais, dans certains cas, elle ménage moins les 
affinités naturelles. L'auteur a supprimé les deux gran- 
des divisions naturelles des Systylae et des Diastylae 
qu'il avait adoptées primitivement, et, probablement in- 
fluencé par l'exemple donné par M. Grenier {Flore de la 
chaîne jurassique), il a rangé le R. arvensis parmi les 
Caninae. Dans une classification vraiment naturelle, cette 
espèce ne peut pas être associée aux Caninae. 

La division Leptacanthae est constituée par deux espèces 
affines : R, pimpinellifolia et R. a/pina. L'auteur y main- 
tient le R. rubelta Sm. comme espèce légitime, mais, 
malgré ce qu'il avance, je ne puis voir dans cette forme 
qu'une hybride des R, spinosissima et R. alpina, 

La division Dimorphacanthae n'est certainement pas na- 
turelle et les espèces dont elle se compose doivent être 
réparties dans trois sections naturelles différentes. Il est en 
outre probable que le R. sabauda n'est qu'une variété du 
R. Sabini» 

Le groupe Diacanthae ne renferme qu'une espèce, le 
R.cinnamomea, qui est le type d'une section naturelle qui 
pourra conserver le nom de Cinnamomeae, mais qui devra 
être constituée d'une tout autre manière que ne l'avaient 
entendu Lindley et les autres monographes. 

La division Orthacanthae n'est pas naturelle, car le 
R. Pugeti Rap., si c'est bien le même que le R. Pugeti 
Bor., ne peut rester associé aux autres espèces. Contrai- 
rement à ce que pense l'auteur, le R, marginataWMr.y 
que j'ai étudié sur un échantillon authentique, ne peut 
être considéré comme une forme du R. spinulifolia : tout 
me fait croire que c'est une hybride du R. gallica et 
d'une Canine. Lefi. vestita God. n'est vraisemblablement 
qu'une forme pubescentç du R, spinulifolia. Les observa- 



( 117 ) 

tions que fait M. Godet sur la persistance et la caducité 
des sépales, à propos du R. mollissima Fries, fait soup- 
çonner qu'il a confondu certaines formes du R. tomentosa 
avec le type de M. Frics et c'est du reste ce qu'il a fait, si 
j'en juge par des échantillons qu'il a bien voulu me 
communiquer. Cette confusion, qui a été faite également 
par d'autres botanistes, s'explique par l'extrême ressem- 
blance apparente de certaines formes du R. tomentosa avec 
le R. mollissima. Dans celui-ci, les sépales sont toujours 
indéfiniment persistants, tandis que dans le R. tomen- 
tosa ils ne sont qu'accidentellement persistants. Le R. po- 
mifera Herrm. et le vrai R. mollissima Fries sont deux 
formes étroitement affines ; elles sont tellement voisines 
même que je ne serais pas surpris de les voir un jour 
réunies comme appartenant au même type spécifique. Le 
R. foetida de la région jurassique n'est pas la même forme 
que celle de la France occidentale décrite sous ce nom par 
Bastard. Les R. mucronata et R. dolosa ne sont au fond 
que des variétés du R. canina. 

Le R. Chapusii God., si j'en juge par des spécimens 
que m'a communiqués son auteur, parait être une forme 
délicate appartenant à la tribu des Pubescentes (sect. 
Caninae)y à ramuscules florifères inermes, à pubescence 
légère et diminuant de la base au sommet des ramuscules. 
Elle parait devoir se ranger dans le voisinage du A. urbica 
Lem. Le R. Godeti Gren., sur la valeur spécifique duquel 
je n'oserais encore me prononcer, semble appartenir à la 
section que j'ai désignée sous le nom de Glandulosae. Les 
nervures secondaires sont un peu glanduleuses en dessous; 
les pédicelles sont assez courts (12 mill.) et dépassés par 
les stipules de la feuille supérieure ou par la bractée, ou 
allongés (26 mill.) et dépa3S9nt longuement les stipules 4e 
la feuille supérieure. 



( 118 ) 

La division Campy laçant hae est composée d'espèces plus 
ou moins hétérogènes. Le R. arvensis ne peut rester 
associé au R. canina. Remarquons que le vrai R. rubigi- 
nosa présente souvent, sur ses tiges, de nombreux aiguil- 
lons grêles et parfaitement droits mêlés avec de robustes 
aiguillons crochus. Le A. trachyphylla décrit par M. Godet 
n est pas la forme que Rau a désignée sous ce nom. 

La conclusion de ce qui précède, c'est que les aiguil- 
lons quelle que soit leur importance au point de vue de la 
spécification ne peuvent guère servir de base à une classi- 
fication naturelle des Roses. Du reste M. Godet n'a pas eu 
la prétention de jeter les bases d'une classification générale 
du genre ) il n'a eu en vue, comme il le dit lui-même, que 
de donner un guide pour la détermination des espèces. 
Malgré ses imperfections, qui s'expliquent par l'extrême 
difiiculté du sujet, le nouvel article consacré au Rosa par 
M. Godet est rempli de détails intéressants et de remarques 
judicieuses dont tout monographe devra tenir compte 
pour traiter le genre. 

A Monograph of the Rritish Roses, by J.-G. Baker; 
in-8°, de 47 pages, 1870. (Extrait de : Linnean Society's 
Journal. — Rotany, vol. XL) 

Cette monographie, qui avait été précédée d'un essai 
(Review of the Rritish Roses, 1864) plein de mérite, est 
le travail le plus complet et le plus savant publié sur les 
Roses des Iles Britanniques. L'auteur a repris la tâche de 
Smith, Woods, Lindiey et Borrer, botanistes bien connus 
par leurs belles études sur les Roses d'Angleterre, tâche 
qu'il a complétée d'une façon remarquable. Pour traiter 
le suj€t, M. Baker s'est trouvé dans des circonstances 
extrêmement heureuses. Après avoir étudié, dans la nature, 



( il») 

les formes du nord de l'Angleterre, qui sont nom- 
breuses et intéressantes, il a pu consulter les vastes 
collections de Kew et de Londres, où se trouvent con- 
servés un grand nombre de types authentiques. 

M. Baker adopte les sections de Lindley, qu'il carac- 
térise avec beaucoup de soin. Voici le tableau de ces 
sections et des espèces dont elles sont composées. 



I. 


SPINOSISSIMAB. 


III. 


BUBIGINOSAB. 




R, spinosùsima L. 




R. rubiginosa L. 




A. rubella Sm. 




R. micrantha Sm. 




R, involuta Sm. 




R. pulvertUenla M. B 




R. hihemicaSm, 


IV. 


Ganinab. 


II. 


VlLLOSAB. 




R. canina L. 




R. pomifera Herrm. 


V. 


Ststylab. 




R. moUissima Willd. 




R. atylosa J>esy . 




R, tomentosa Sm. 




R. arœnsiB Huds. 



Gomme on le voit par ce tableau, M. Baker n'appar- 
tient pas à l'école nouvelle qui admet comme espèces 
une foule de formes secondaires; il ne considère comme 
vrais types spécifiques que les formes bien tranchées et 
qui sont caractérisées par un ensemble de différences ou 
de signes morphologiques et biologiques^ ensemble per- 
sistant dans chacune des variétés de ces types. En général, 
je partage les idées de cet auteur en fait de spécification. 

Je vais passer brièvement en revue les diverses sections 
traitées dans cette monographie. 
I. — Spinosissimae. 

R, spinosissima L. — M. Baker signale cette espèce en 
Islande et dans le Kaschmir. Est-ce bien ce type qui existe en 
Islande? Son existence dans le Kaschmir me parait extrême- 
ment douteuse. Ce qu'on a indiqué dans l'Himalaya sous 
ce nom appartient à un autre type spécifique ! 



( 120 ) 

R. rubella Sm. — Cette forme est décrite comme un 
type autonome, mais, ainsi que je Tai déjà marqué ailleurs, 
' ce doit être une hybride des R. spinosissima et R. alpina, 
hybride très-variable et ayant reçu un assez grand nombre 
de noms en diverses contrées. — M. Baker n'est pas 
éloigné de lui rapporter le R. Webbiana Wall., mais ici 
je ne puis partager son sentiment, car le type de Wallich 
est certainement différent du R, rubella et du B. spino- 
sissima , non-seulement spécifiquement , mais encore 
sectionnellement. 

R. involuta Sm. — Ce type comprend neuf variétés : 
var. Sabini (R. Sabini Woods, R. coronata Crép.), var. 
Doniana (R. Doniana Woods), var. gracilescens, var. 
Robertsoniy var. Smithii (R. involuta Sm.), var. laevigata, 
var. Moorei. var. occidentalis, var. Wihoni (R. Wilsoni 
Borrer). 

R. hibemica Sm. — ^ M. Baker admet celte forme 
comme une espèce légitime. J'ai déjà exprimé des doutes 
sur la légitimité de cette Rose, que je soupçonne devoir 
être une hybride. 

II. VlLLOSAE. 

R. pomifera Herrm. — Selon M. Baker, Texistence de 
cette forme dans les Iles Britanniques à Tétat vraiment 
indigène serait 'assez douteuse. — Le R. ciliato-petala 
Bess. , que Fauteur rapporte comme synonyme, est une 
autre forme, car d'après un échantillon authentique que 
j'ai vu, ce doit être une forme appartenant spécifique- 
ment au R. mollissima Fries; mais le R. ciliato-petala 
publié par M. Reichenbach, sous le n*" 2567, appartient 
bien au type du fi. pomifera! Le R. resinosa Sternb., 
également rapporté comme synonyme au R. pomifera^ si 
j'en juge par la description originale de Sternberg et par 



(121 ) 

des échantillons recueillis en Styrie, n^appartient pas au 
type d'Herrmann, mais doit être une forme glanduleuse 
du R. mollissima Pries. Il est vrai que le R. resinosa 
publié par M. Reicbenbach, sous le n** 1271, appartient 
bien au type du R, pomifera. Pour rapporter les R, ciliato- 
petala Bess. et R. resinosa Sternb. au R. pomifera, 
M. Baker semble avoir accordé un peu trop de con- 
fiance à M. Reichenbach qui n'avait, à Tépoque de ses 
publications , qu'une connaissance assez confuse des 
Roses. — M. Baker attribue au R. pomifera des rameaux 
arqués (arching branches), ce qui ne peut être normale- 
ment, car ce type a les tiges et les rameaux ordinairement 
dressés et roides, comme le R. mollissima Pries. 

R. mollissima Willd. — LeR. recondita Pug., rapporté 
comme synonyme à cette espèce, appartient au R. pomi- 
fera Herrm. ! — M. Baker attribue à son R. mollissima, 
qui est celui de M. Pries non Willd., deux variétés : 
var. coertilea et var. pseudo-rubiginosa (fi. pseudo-rubigi- 
nosa Lej., R. arduennensis Grép.). 

R. tomentosa Sm. — Malgré Textrème ressemblance 
apparente de ce type avec le R. mollissima, ces deux 
espèces ne peuvent pas, à mon sens, rester étroitement 
associées. Le R. tomentosa forme en quelque sorte le 
passage des Ft7/o«aeaux Caninae et pourrait aussi bien être 
réuni à celles-ci qu'aux autres. — D'après un échantillon 
authentique que j'ai examiné, le R. Andrzeiouskii Steven, 
rapporté comme synonyme et qui n'est pas le même que 
celui des botanistes français, me parait appartenir aux 
Villosae : c'est probablement une forme du R, mollissima 
Pries. — M. Baker décrit les variétés suivantes : var. 
subglobosa (fi. subglobosa Sm.), var. farinosa (fi. farinosa 
Rau), var. scabriuscula (fi. scabriuscula Sm.), var. syl- 



( 122 ) 

vestris (fi. sylvestris Lindl., R. britannica Déségl.), var. 
obovata. 

III. RUBIGINOSAE. 

R. rubiginosa L. — M. Baker rapporte à ce type, et 
avec raison, les R. echinocarpa Rip. et R. comosa Rip., 
mais je ne puis approuver l'assimilation qu'il fait du R.per- 
mixta Déségl., qui est une forme du R. miarantha^ ei du 
R. sylvicola Déségl. et Rip., qui est une forme que j'ai 
classée dans ma tribu des Gtandulosae. 

R. micrantha Sm. — Deux variétés sont attribuées à ce 
type : var. Rriggsii, var. hyêtrix {R. hystrix Lem., 
R. Lemanii Bor.). 

R. pulverulenta M. B. — En choisissant le nom de 
R. pulverulenta, qui date de 1808, pour désigner le 
R. inodora de M. Fries, qui a été établi en 1814, je crois 
que M. Baker a commis une erreur. Pour établir cette 
synonymie, il se base sur un échantillon du R, pulveru- 
lenta recueilli en Crimée par Steven et sur un échantillon 
du R. pulverulenta décrit par Lindley. Mais il reste à voir 
si la plante de Grimée est bien la même forme que celle 
du Caucase décrite par Marschall von Bieberstein ; quant 
à celle décrite par Lindley, ce n'est pas la même forme 
que celle de Marschall von Bieberstein, car, après la 
publication de sa monographie, Lindley a reconnu lui- 
même que son R. pulverulenta était différent de celui de 
Marschall von Bieberstein et il en a distribué des spécimens 
sous le nom de R. pruinosa. Un échantillon de celui-ci, 
étiqueté par Lindley, est conservé dans l'herbier de von 
Martius sous le n** 1522a. J'ai examiné deux spécimens du 
R. pulverulenta M. B., que je crois authentiques. L'un 
provient du Caucase et est étiqueté par Besser, qui l'avait 
sans aucun doute reçu de Marschall von Bieberstein; 



( 123 ) 

Tautre provient également de Besser et a été recueilli 
sur un pied cultivé. Ces échantillons ne ressemblent 
aucunement au R. inodora Pries; ils constituent une 
forme qui appartient au groupe du R. glutinosa Sibth. 
— M. Baker attribue deux variétés à son R. pulverulenta : 
var. Billietii (R. Billietii Pug.), var. cryptopoda (fi. cryp- 
topoda Bak.). 

IV. — Caninae. 
R. canina L. — Les nombreuses formes de ce type 
sont classées de la façon suivante : 

Seb. 1. EcRiSTATAB. Foiloles non glanduleuses; sépales restant 
réfléchis, 
vai*. luletiana (R. iutetiana Lem.). 
var. surcutota (R. surculosa Woods). 
Tar. êphaerica (R. sphaerica Gren.). 
var. seniieosa (R. senticosa Ach., R. aciphylia Rau). 
var. dumalii (R. dumalis Bechst.). 
var. biserrata (R. biserrata Mérat). 
var. urbica (R. urbica Lem.). 
var. frondosa (R. frondosa Stev.). 
var. arvalica (R. arvatica fiak. non Pug.). 
var. dumelorum (R. dumetorum Thuill.). 
var. pniinota (R. pruinosa Bak.). 
var. incana (R. tomentosa var. incana Woods), 
var. tomentella (R. tomentella Lem.). 
var. andegavensis (R. andegavensis Bast.). 
var. verticillacantha (R. verticiliacantha Mérat). 
var. coUina (R. collina Jacq.). 
var. caesia (R. caesia Sm.). 
var. concinna. 

var. decipiens (R. tomentella var. decipiens Dmrt.). 
Seb. 2. Scbcbistatab. Folioles non glanduleuses ; sépales se redres- 
sant après Tanthèse et couronnant le réceptacle fructifère 
jusque vers sa complète maturité, 
var. Reutet^ (R. Reuteri God.). 



( 124) 

var. êubcrisiala (R. subcristata Bak., R. stephanocarpa Déségl. 
et Rip.). 

var. HaiUtoni(K. HailstoniBak.). 
var. implexa (R. solstitiaiis var. denudata Greu.). 
var. coriifolia (R. coriifoiia Pries). 
var. Waitoni (R. Watsoni fiak.). 
var. eeleraia, 
Sbr. 5. SoBauBiGiNOSAK. Folioles à côte et à nervures secondaires un 
peu glanduleuses, 
var. Borreri (R. Borreri Woods). 
var. Bakeri (R. Bakeri Déségl.). 

var. marginata (R. marginata Wallr., R. trachyphylla Wirtg., 
R. Blondaeana Rip). 

Je ne suis pas éloigné de partager complètement l'opi- 
nion de M. Baker sur la valeur de toutes ces formes 
rangées dans sa section des Caninae. 
V. — Systylae. 

R. stylosa Desv. — Cinq variétés sont rapportées à ce 
type : var. systyla (R. systyla Bast.), var. Desvauxi (R. 
stylosa Desv.), var. opaca, var. gallicoides, var. Monsoniae. 

R. arvemis Huds. — M. Baker rapporte à ce type, à 
titre de variété, le R. bibracteata Bast. Le vrai R. bibrac- 
teata existe-t-il bien dans les Iles Britanniques? Je suis 
porté à croire que non, parce que, d'après des échantillons 
authentiques que j'ai étudiés, il me parait être une hybride 
des R. sempervirens et R, arvemis. Il est probable qu'on 
prend en Angleterre, comme on le fait en Suisse, une 
simple variété du R. arvensis pour le R, bibracteata Bast. 

Malgré ces légères critiques touchant les détails, la 
monographie de M. Baker n'en reste pas moins un très- 
bon travail, travail basé sur des recherches originales et 
traité dans un excellent esprit scientifique. 



( *25 ) 

Studier ôfver de skandinaviska artema af slàgtet Rosa, 
af N.J. Scheutz; in-4% de 46 pages, Wexjô, 1872. 

Ces études sur les Roses de la Scandinavie doivent pré- 
céder un travail définitif, c'est-à-dire une monographie, 
que M. Scheutz publiera en latin. 

Dans son travail, Tauteur débute par un aperçu sur 
rhistoire littéraire du genre Rosa, dans lequel il passe 
succinctement en revue les principaux ouvrages qui ont été 
publiés sur les Roses et il s y étend longuement sur les 
travaux des auteurs Scandinaves. La préface se termine 
par des considérations générales sur les organes des Roses 
et sur Tespèce dans ce genre. 

Le tableau suivant donne une idée de la façon dont 
Tauteur comprend les espèces de la Scandinavie. J y ai 
reproduit, traduites du suédois en latin, les phrases des 
divisions et les diagnoses des espèces nouvelles. 

ROSA. 

A) Gaules omnino acuieati ; aculei sparsi distantesque ; sepala 
plerumque pinnatisecta. 
a) Aculei truncoram plerumque uncinati. 

I. RCBIGINOSAB. 

i . R, rubiginoêa L. 

^. horrida Lange. 

y. comosa (R. comosa Rip.). 

S, echinocarpa (R. echinocarpa Rip.). 

e. grandi folia God. 

Ç. parvifolia God. 

ri, aUba Mortens. 

2. R, inodora Pries (R. Klukii Bess. sec. Pries). 

3. R. sclerophylla (Scheutz loc. cit., p. âO) aculeis trunconim 

UDcinatis, conformibus ; foliolis K-7, elliptico-ovatis, 
duplicato-serratis, infra parce glandulis adspersis 

10 



( 126 ) 

Costa et nervis secundariis pubescentibus • floribus 

solîtariis; pedicellis erectis, glabns, eglandulosrs; 

receptaculis fructiferis Icvibus, ovato-rotundatis; 

sepalis reflexis, deciduis. 
II. Camnae. 

i. R. Reuieri God. 

^. miligata Scheutz. 
y. imponens (R. imponcns Rip.). 
5. R. canina L. 

a. nitens Desv. (R. sarmentacea Sw., R. Swartzii Biilb., 

R Swartziana Fries). 
/3. glaucescetu Desv. (R. Afzeliana Fries, R. canina 

j3 opaca Fries). 
y. transUoria Scheutz. 
0. dumalis (R. dumalis ficchst.). 
s. glaucophylla Dmrt. 
ç. biserrata (R. bisçrrata Mérat). 
y;, «ca&ra/a (R scabrata Crép.). 
0. senticosa (R. senticosa Acbar.). 
i. mitis Scheutz. 
(). R. Raui Tratt. (R. canina y hirtella Gren. et Godr.). 

7. R. alba L. 

8. R. dumetorum Thuill. (R. coUina Wahinbg, R. campestris 

Sw., R. agrestis Sw.). 
^. pallens Fries. 
V- pyriformis (Ut pyriformis Déségl.). 

9. R. pubescens A Bl)^tt. 
fO. R. tomcnlella Lem. 

11. /{. clivorum (Scheutz ioc. cit., p. 2S; R. collina Jacq. et plur. 
auct. saltim pro parte) aculeis truncorum falcatis; 
foliolis 5-7, ellipticis, obovatis vei ovatis, pubescen- 
tibus, saepe infra griseis (in var. ^ fere glabris), 
simpliciter serratisj pedicellis hispido-glandulosis ; 
receptaculis fructiferis ovatis vel obovatis, plus 
minusve hispido-glandulosis, erectis ] sepalis reflexis, 
deciduis. 
/S. glabrescens (Scheutz) foliolis laete viridibus, infra 
nervis pubescentibus. 



( *27 ) 

12. A. coriifolia Pries (R. sepium Sw., R. sepineolt Sw., R. cras- 

sifolit Wtllm.). 
«• tyjMca Scheati. 
/I. vaeiUanê ScheuU. 

y. icanfca Crëp. (in litt. td scriptor. 1871). 
b) Aculei trancorum plerumque recti. 

III. ViLLOSAB. 

13. R. pomifera Hernn. 
U. H. moUiêêima Willd. 

a. typica Scheoti. 
f, grandi/loraSehevLti. 
y. foeiida (R. foetidt Bast.). 
i. glabrata ScheuU. 
t. êubrubiginoêa Larss. et Aresch. 
Ç. eaiydda Aresch. 
«}. fiemora/i« Lange. 

0. arenaria Lange. 

1. micraïUAa Schentz. 

15. A. refifUMa Stem. 

fi. arenaria Scheutz. 
y. glabrata Pries, 
d. pgrifera Scheutz. 

16. A. twfUM/a (Scheutz ioc. cit., p. 36.) aculeis truncorum satis 

gracilibus, debilis ; foliolis 5-7, ovato-lanceolatis vel 
lanceolalis, acutis, saepe basi attenuatis, viridibus, 
tomentosis, iufra glandulis adspersis, duplicato- serra- 
tis, dentibus acutis ^ floribus saepe solitariis, rarius 
coryuibosis ; pedicellis hispido-glaudulosis ; sepalis 
paululum pinnatisectis , corolla saturate rubra 
longioribus, post anthesim erectis vel patulis, per- 
sistentibus ; receptaculis fructiferis ovatis vel 
rotundatis , levibus , rarius hispido-gIandulosiS| 
paululum coriaceis, duris. 

17. A. euipidatoideê (Crëpin Ioc. cit., p. 37) aculeis truncorum 

rectis vel paululum falcatis; foliolis 5-7, ovatis, ellip- 
tico-oblongis vel lanceelatis, moUiter tomentosis 
(raro cinereis), infra glandulis adspersis, duplicato- 
serratis ; floribus corynibosis, rarius solitariis ; bractcis 



( 128 ) 

satis majoribus; receptaculis fructiferis elliptico- 
rotundatis vel ovatis, erectis, levibus vcl bispido- 
glandulosis, duris ; sepalis post anthesim patulis, 
demum décidais. 

a. elafior (Scheutz) foliis duplo majoribus ; foliolis 
lanceolato-ovatis, subobtusis. 

/3. minor (Scheutz) foliis minoribus ; foliolis lanceolatis, 
acutis. 

18. A. tomentota Sm. 

^. icabritueula (R. scabriuscula Sm.). 

19. R. Frtent (Scbeulz loc. cit., p. 39; R. coUina Pries Herb. 

norm., YI, i2 ; Summ. veget. Scand., p. i3 et 173) 
aculeis truncorum falcatis ; foliolis S-?, ellipticis vel 
ovatis, griseo vel virido-tomentosis (in var. /3 gla- 
bris), infra eglandulosis, patenter duplicato-serratis, 
dentibus saepc glandulosis ; pedicellis bispido-glan- 
dulosis, plerisque solitariis; receptaculis fructiferis 
oblongis, ellipticis ovatisve, plerisque levibus, coria- 
ceis, serotinis (sec. Pries), cernuis ; sepalis post 
anthesim reflexis, deciduis. 

a. typica (Scheutz) foliolis utrinque griseo vel virido- 
tomentosis. 

^. Acharii (K. .\charii Billb.) foliolis utrinque glabris, 
supra laete viridibus, duplicato-serratis, denticulis 
glandulosis; petalis profundc bilobis, saturate roseis, 
basi pallide roseis. 

20. H. commutaia (Scheutz) aculeis truncorum non copiosis, 

rectis vcl paululum deflexis; foliolis 5-9, ovatis, 
viridibus, utrinque glabris, infra pallidis glandulis 
adspersis, duplicato-serratis, dentibus copiose glan- 
dulosis ; floribus solitariis vel ternatis ; sepalis coroUa 
pallide rubra paululum brevioribus, post anthesim 
ascendentibus, patulis, dorso dense glandulosis; pe- 
dicellis hispido-glandulosis; receptaculis fructiferis 
erectis, rotundatis, hispido-glandulosis. 
B) Gaules omnino vel ex parte deose aculeati; aculei saltim in 
turiouibus graciles vel setacet; sepala plerumque 
intègre . 



( 129 ) 

a) Folia 5-7 foliotât a. 

IV. CiNNAHOMEAB. 

21. A. cinnamomea L. 

I a. cinnamomea Sw. 

! 

jS. einerea (R. cinerea Sw.). 
y. turbinella (R. turbinella Sw.). 
a. fluvialiê (R. fluvialis FI. Dan.), 
s. alvarenth Pries. 

22. /î. cnrelica Pries. 
b)Polia7-fl foliolata. 

V. PlHPlNELLIFOLlAB. 

23. R, alpina L. 
2i. R, pimpinelli folia L. (R. spinosissima L.). 

. Comme ce mémoire ne constitue qu'un travail prépa- 
ratoire et que des modifications seront probablement appor- 
tées relativement à la valeur de certaines espèces nouvelles 
proposées, j attendrai, pour juger celles-ci, que fauteur 
nous ait fait connaître son opinion définitive à leur égard. 
Du reste, pour bien discuter, dès maintenant, la valeur 
de ces nouvelles espèces, j'aurais dû prendre connais- 
sance des nombreuses observations que fait leur créateur, 
chose que je n'ai pu encore faire jusqu'ici à cause des 
difficultés de la traduction. 

Quoique je n'aie pu prendre qu'une connaissance très- 
imparfaite de ce prodrome, j'estime qu'il constitue un 
travail beaucoup plus savant, beaucoup plus complet 
sur les Roses Scandinaves que ceux qui l'ont précédé. 
Depuis les belles études de M. Fries, dont les dernières 
s'arrêtent à la date de 1846, les formes du genre Rosa 
ont fait l'objet de très-nombreuses recherches en France, 
en Angleterre, en Belgique, en Suisse et en Allemagne, 
recherches qui ont enrichi ce groupe d'un grand nombre 
de formes nouvelles. Stimulé par l'exemple des botanistes 



( 130 ) 

étrangers, M. Scheutz a repris la tâche de ses prédéces- 
seurs et il a soumis à un nouvel examen les Roses Scandi- 
naves. Déjà ses premières recherches ont été fructueuses, 
puisqu'il .nous a fait connaître plusieurs formes remar- 
quables inédiles ou nouvelles pour la flore de son pays. 
Je fais des vœux pour qu'il continue ses observations et 
pour qu'il nous donne prochainement une monographie 
élaborée avec cette science et cette sage méthode qui 
distinguent les travaux des botanistes du Nord. 

BIBLIOGRAPHIE. 

Grevillea. — A monthly Record of Cryptogamic Botany 
audits literature, edited by M.-C. CookeO. 

L'éditeur de ce recueil, dédié à l'illustre cryptogamiste 
Greville, nous apprend, dans une courte préface, qu'il se pro- 
pose de publier mensuelleineiit les descriptions des espèces 
nouvelles de Cryptogames découvertes en Angleterre, de 
signaler les habitations des formes rares ou intéressantes, et, 
autant que l'espace le permettra, de donner la description 
des espèces exotiques nouvelles, et tout spécialement celles 
des colonies anglaises et des États-Unis d'Amérique. Il sera 
accordé une place k la bibliographie botanique (cryptoga- 
mique), aux listes de desiderata, aux offres d'échange, etc. 

Ce programme a été parfaitement suivi dans les quatre 
livraisons qui ont déjà paru, lesquelles sont remplies d'obser- 
vations intéressantes et de faits nouveaux qui y sont exposés 



(I) La souscription est de 6 shillings par an. Adresser les demandes à 
M. Cooke, Cbaring Cross, 2, Grosvenor Villas, Junetion Road, N., London. 



( *31 ) 

par des cryptogamistes d'un talent reconnu, tels que 
IMM. Leighlon , Kitton, Braithwaite, Berkeley, Crombie, 
Cooke, etc. Voici un aperçu du contenu de chacune de ces 
quatre livraisons : 

iV° 7. Juillet. Pages 1 à 16. avec i planche. 

i, New-York Fungi, décrits par C.-H. Peck. 

€et article reproduit les diagnose de 15 espèces nouvelles d^Agnrics 
croissant aux environs de New- York, et décrites par M. C.-H. Peck in 
Appendix C. to the Twefily -Ihird Report of the Regentt of the Univprsity on 
the New-York State Cabinet of \atural History for theyear 1869. — (.41- 
bany, N. Y., 1872.) 

2. Pezizae americanae, par M.-C. Cooke et C.-H. Peck. 

Des 12 espèces de Pézizes, nouvelles pour l'Amérique, décrites par ces 
auteurs, 7 sont inédiles et figurées dans une belle planche coloriée placée 
en tête de cette 1" livraison. 

3. British Fungi, par iW.-C. Cooke. 

M. Cooke, qui est Pau leur du Handbook of Britith Fungi, se propose de 
décrire, dans le Grevillea, les espèces nouvelles de Champignons découvertes 
en Angleterre depuis la publication de son livre. Sa notice comprend 
6 espèces appartenant à Tordre des Coniomycètes. 

4. Lichenological memorabitia; par le Rév. W.-A. Leighton. 

Le savant lichénologue anglais fait d'abord une intéressante dissertation 
sur le Pilophoron Fibula Tuck. Jusque dans ces derniers temps, on considé- 
rait ce Lichen comme confiné dans les Montagnes Blanches de PAmérique 
du Nord ; mais il Ta découvert abondamment en Angleterre, où il avait été 
jusqu'ici confondu avec le Stereocaulon condensalum Ach. Cependant 
Texamen des spores permet de distinguer facilement ces deux plantes : dans 
le Hlophoron, elles sont eltipsotdes et simples, tandis que dans le Stereo- 
caulon elles sont fusiformes et ( — 7 — ) septées. Il a aussi découvert, dans 
un herbier soumis à son examen, un très-beau spécimen fructifié, portant 
le nom de Stereocaulon Cereolinum, et récolté en Ecosse. Ceci l'auto- 
rise à penser que la plupart des habitations de ces deux plantes indiquées 
en Angleterre et en Ecosse seront, après une étude attentive, rapportées au 
Pilophoron Fibula Tuck. Nous sommes porté à croire qu'il pourrait égale- 
ment bien en être ainsi en Belgique, où notre région montagneuse possède 
les deux Stereocaulon en question. 



( 132 ) 

5. Bryology, par R. Braithwaite. 

L*auteur rapporte Tessai de classificatioD générale des Mousses le plus 
récent, celui du Dr E. Hampe, extrait des Verhandl, zooL bot. GeselUeh. 
in Wien, vol. XXI, page 375 (1871). 

6. On a minute Noêtoe with spores, par W. Archer (avec fig.). 

Le Nostoe, objet de cette notice, rappelle beaucoup, par sa petite taille, 
le JV. minimum Gurrey, mais il en diffère par la forme de ses cellules 
et la grandeur de ses bétérocystes. Il pourrait bien être le N, paludosum 
Kûtz., bien que 91. Rûtzing n^insiste pas sur les caractères tirés des 
bétérocystes. Grâce à Texiguité de sa taille, il se prétait admirablement 
à l'étude microscopique, pouvant être observé en entier sous les forts 
grossissements du miscroscope. C^est ce qui a permis à Pauteur de con- 
stater qu^il présentait de vraies spores analogues à celles que Ton 
remarque dans le Sphaerozyga, etc., mais avec cette différence que ces 
spores étaient toujours placées entre deux hélérocystes ; qu^elles étaient 
grandes, largement elliptiques, 1-3 fois plus longues que larges ; leur 
diamètre était au moins 2 fois plus grand que celui des bétérocystes et 3 fois 
celui des cellules ordinaires. 

Un tel exemple de Nostoc présentant des spores est très-intéressant, 
en présence des nouvelles théories sur la nature des Lichens, diaprés 
Pune desquelles les gonidies des Nostoc, entre autres, unies à un Cham- 
pignon parante constitueraient les Collema ! 

7. Chicago hydrant Water. 

Sous ce titre, sont consignées quelques observations extraites du second 
numéro du a Lens » concernant plusieurs Diatomées découvertes dans 
Peau d*un appareil hydraulique à Chicago. 

8. New American Polysiphonia, 

Diagnose d^une espèce nouvelle de Polysiphonia, le P, subcontorta 
Peck, voisine du P. fastigiata. 

9. Série de renseignements botaniques, parmi lesquels nous notons 
celui-ci : 1S espèces nouvelles d^Hépatiques sont décrites par C.-F.-A. 
Austin in The Bulletin of the ' Torrey Botanical Club, for March, 1872; 
quatre sont dédiées à M. Sullivant. 

10. Cryptogamic literature. 

Ënumération des articles de cryptogamie les plus importants contenus 
dans les derniers numéros des principales publications anglaises et 
étrangères. 



( 133) 

N° II. Août. Pages \6 à 32, avec \ planche. 

1. New-York Fungi, décrits par C.-H. Peck. 

Continuation de Particle portant le même titre dans le numéro précé- 
dent (page 1) : Fauteur y donne les diagnoses de 15 espèces nouvelles 
d^Agarics. 

2. Brilith Fungi, par M.-G. Gooke. 

Dans cet article, Tauteur continue Texposé de ses additions h la flore 
roycologique d^Angleterre : 13 espèces appartenant au groupe des Hypho- 
mycètcs sont décrites, dont 2 inédites. 

5. Récent obiervaiions on Cotlema, etc., par W. Archer. 

L^auteur expose brièvement, en les appréciant, les vues de MM. Schwen- 
dener, Reiss, De Bary, etc., relativement aux Lichens collémacés, etc.; il 
cite plusieurs expériences de ces savants, et il en discute les résultats. 

Voici en résumé Popinion si curieuse de M. Schwendcner sur la nature 
des Lichens. D*après le résultat de ses recherches, ce ne sont pas de sim- 
ples plantes, ni des individus, dans le sens ordinaire du mot ; ce sont plu- 
tôt des co/oni»,qui consistent en centaines et en milliers d^individus, dont 
cependant un setU joue le rôle de maître, tandis que les autres, en perpé- 
tuelle captivité, préparent la nourriture pour eux et pour leur maître. 
Ce maître, c*est un Champignon de la classe des Ascomycètes, c*est un 
parasite habitué à vivre du travail d'autrui; ses esclaves sont des Algues 
vertes qu^il a cherchées, ou, à vrai dire, surprises et quM a obligées à le 
servir. 11 les entoure, comme une araignée, sa proie, d*un réseau fibreux 
de mailles étroites, qui se transforme graduellement en une impénétrable 
enveloppe ; mais tandis que Taraignce suce sa proie et Pabandonne morte, 
le Champignon parasite excite les Algues que Ton trouve dans son sein à 
une plus rapide activité, bien plus, à un accroissement plus vigoureux. 

i. A New MosB from Ireland, par le Dr R. Braithwaite. 

Il s^agit d^une Mousse appartenant à un genre exotique : du Splachno^ 
Iryum Wrightii C. Mûller trouvé récemment en Irlande. Après avoir relaté 
cette remarquable découverte, M. Braithwaite rapporte une note intéres- 
sante du professeur Lindberg, dans laquelle celui-ci crée, pour Pespèce 
en question, la dénomination à!* Amblyphyllum hibernicum, 

5. Novara Diatome. 

Descriptions d*espèces et genres nouveaux, recueillis pendant le voyage 
autour du monde de la frégate impériale autrichienne « Novara » par 
M. A Grunow (traductio« en anglais par F. Ritton). Dans la première partie 

11 



( 134 ) 

qui a paru, il n^cst mentionné que 9 Diatomées, dont 5 sont décrites 
comme nouvelles par M. Grunow ; toutes sont figurées. 
6. Cryptogamic literature, 

A'" ///. Septembre. Pages 33 à 48, avec i planche. 

1. Notice of No7'th American Fungi, par le Rév. M.-J. Berkeley. 

Cet important mémoire est la continuation d*un autre, resté inachevé 
dans les Annals of Saturai History, Octobre i859. L^auteur y donne 
notamment les descriptions d*une partie des espèces nouvelles, publiées 
sans diagnoses par M. H.-W. Ravenel, dans ses Pungi Caroliniani, ainsi 
que celles de beaucoup d^autres Champignons de TÂmérique du Nord ; il 
décrit en tout 30 formes. 

2. A New Britith Weisia. 

Quelques mots sur la découverte, en Angleterre, du Weisia truncicola 
De Notaris Epil. del. BrioL Ital., p. 598, espèce rappelant assez, par son 
faciès, le W, cirrhata et le Cynodonlium Bruntoni. 

3. Britiêh Fungi j par M.-C. Cooke. 

Dans ce 3^ article, Pauteur mentionne, avec descriptions, 5 espèces du 
groupe des Gastéromycètes. 

i, Novara Diatoms. 

Descriptions d'espèces, etc. (Continuation de la page 32 du numéro pré- 
cédent). Huit espèces inédites sont décrites par M. Grunow et le genre 
nouveau Graticula Grun. y est établi. 

5. Note on Acalyptospora, par C.-J Mûller. 

Suivant M. Mûller, VAcalyptospora nervisequia Desmaz. n'est pas un 
Champignon, mais une production de Tépiderme que Pon rencontre sur 
les feuilles de POrme commun, à tous les états de développement. 
En faisant macérer les feuilles dans la potasse et les lavant ensuite à Peau, 
les tissus sont rcndu« transparents et il devient évident, dit-il, que cette 
production n'est qu'une espèce de poil, qui n'a aucun des caractères des 
Champignons, pas plus que les poils glanduleux que l'on rencontre sur les 
feuilles des Vicia Faba, Sambucus nigra, etc. 

6. Thegenus Tetrapedia (Reinsch) wiih tvoo new form», par W. Archer. 

Considérations intéressantes sur le genre Tetrapedia, suivies de la des- 
cription, par l'auteur, de deux espèces inédites appartenant à ce genre et 
recueillies aux environs de Dublin. 

7. Lichens in Sowerby^s Herbarium, 

Le Rév. J.-M. Crombie a commencé, dans le Journal ofBotany, du mois 



( i53) 

d^août, une série de notes sur les Lichens conservés dans Pherbier de 
Sowerby. A en juger par Textrait qu^en donne le Grevitlia, cet- article a 
une certaine importance; il fait connaître d^une manière exacte les 
Lichens auxquels s^appiiquent les figures de VEnglish Botany et par là 
même il rectifie plusieurs erreurs. 
8. Cryptogarnic litei*ature, 

N^ IV. Octobre. Pages 49 à 64, avec 1 planche. 

1. Notice of North American Fungi, par le Rév. ^L.-i. Berckeley. 

Suite de la page 39 du u^ 5. 65 espèces y sont renseignées, dont 29 
avec descriptions. 

2. British Fungi, par M.-G. Gookc. (Suite de Tarticle inséré à la page iO 
du n^ 3.) 

Description de 9 espèces d*Hyménomycètes. 

3. Lichenological Memorabilia, par le Rév. W.-A. Leighton. 
Les Lichens de Bettws-y-Goed, Galles du Nord. 

En juin dernier, le savant lichénologue anglais fit une exploration cryp- 
togamique d'une quinzaine de jours dans la pittoresque vallée de Conway 
aux environs de Bettws-y-Coed ; il en a rapporté de nombreux et rares 
Lichens dont il publie ici la liste avec d'intéressantes observations sur 
plusieurs espèces. Parmi celles-ci, nous citerons VArthonia aspenella 
Leight., espèce inédite, et les Lecidea occulta Kôrb. et Arthonia proximetla 
Nyl., espèces nouvelles pour TAngleterre. 

4f. New British Lichens, communiqués parle Rév. J.-M. Grombie. 

Les 10 nouvelles espèces de Lichens britanniques suivantes ont été dé- 
crites par le D' W. Nylander, dans le Flora, numéro du mois d'août de 
celte année : Obryzum dolichoteron Nyl., Lecidea asemea îiyl., L. meso- 
iropoides Nyl., L. subfurva Nyl., L. confusula Nyl., L, deparcula'Syl.y 
L. atro-badia Nyl., Verrucaria submicans Nyl., V. analeptella Nyl. et 
V. spilobottt'Syl. 

5. Thenew conspectua of the Families and Gênera of Diatomaceae, pair 
H.-L. Smith. 

Le nombre des genres auxquels Tauteur avait affaire dans ce conspectus 
est de 299 : il en a abandonné 189, c'est-à-dire près des deux tiers ! On 
jugera encore parfaitement de l'importance des réductions opérées par ce 
moDographe, en comparant, au nouveau conspectus, le St/nopsis of British 



( 156) 

Diatomaceae : des 59 genres décrits dans ce dernier, 23 ont été aban- 
donnés. 
6. Cryptogamic literature. 

La courte analyse qui précède montre que cette nouvelle 
publication est un supplément indispensable aux Flores cryp- 
togamiques anglaises et américaines, et qu'elle est en outre 
d*un très-grand intérêt pour les botanistes du continent, par 
les éléments précieux qu'elle renferme pour Tétude de diver- 
ses familles de la Cryptogamie : aussi la recommandons-nous 
vivement à tous ceux de nos confrères qui s'occupent de cette 
partie de la botanique. 

É. Mârchal. 



Monographie der Gattung Saxifraga L. mil besonderer 
Beriicksichtigung der geographischen VerhàUnisse^ 
von D' A, EnglerjO). 

L'auteur a déjà publié, sur le genre Saxifraga, plusieurs 
mémoires importants qui attestent que depuis longtemps il se 
préparait à cette remarquable monographie, entre autres : 

i" Beitrâge zur Naturgeschichte und Verbreitung des Genus 
Saxifraga L. {Linnaea, 4866, t. XXXY, 124 p. et 2 cartes.) — 
M. £ngler y passe d'abord en revue ce que les auteurs ont dit 
des Saxifrages depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos 
jours; puis il répartit les 98 espèces d'Europe en i4 sec- 
tions et étudie spécialement la section Dactyloides Tausch ; 
enfin il entre dans diverses considérations sur la diffusion du 
genre. 



(1) Un vol. in-S», de IV-2J2 pages avec une carte; Breslau, 1872. 



( 137 ) 

2° Beobachtungen ûber die Bewegung der Staubblàiier bei 
den Arten des Genus Saxifragâ L. und Begrundung der 
Annahme des Genus Bergbfiia Mônch. {Botanische Zeitung, 
1868, pages 835-842, 1 pi.). — De ses études sur la fëcondation 
de 40 espèces de Saxifrages, Tauteur conclut à l'adoption du 
genre Bergeniay qui a pour type le Saxifragâ erassifotia L., 
parce que, dans cette espèce, c'est Torgane femelle qui se 
développe le premier, tandis que dans les vraies Saxifrages ce 
sont les étamines. Il décrit ensuite quatre espèces de Bergenia. 

Z"* Index criticus specierum aîque synonymorum genus 
Saxifragâ L. {Verh, der zooL-bot. Gesellsch. in Wien, 4869). 

Il s*est d'ailleurs trouvé dans les meilleures conditions pour 
traiter avec autorité ce genre si difficile : outre les Saxifrages 
des Musées botaniques de Berlin, de Vienne et de Munich, il 
a eu à sa disposition celles des principaux herbiers particuliers 
d'Allemagne et de Suisse. Il a tiré un excellent parti de ces 
riches matériaux etsa monographie nous parait très-savamment 
traitée. 

L'ouvrage est divisé en deux grandes parties. 

La première comprend toutes les généralités et est très- 
dévelopéc, car elle n'occupe pas moins de 7i pages. Après 
quelques mots sur l'ensemble de la famille, l'auteur étudie 
successivement les différents organes et leurs modifications 
dans les diverses espèces du genre, puis il s'occupe de 
la distribution géographique. Ce dernier chapitre est 
tout particulièrement soigné. Dans une série de tableaux, 
l'auteur donne la dispersion de chaque espèce et de ses 
variétés les plus notables dans les 50 principales régions 
où croissent les Saxifrages, puis, le nombre d'espèces de 
chaque section que l'on trouve dans ces différentes régions. 
Enfin pour faire saisir d'un seul coup d œil la dispersion géné- 
rale du genre, une carte des plus curieuses nous montre tous 



( 138) 

les pays habités par des Saxifrages, et chacun d'eux est figuré 
par une teinte d'autant plus foncée qu'il nourrit plus d'espèces. 
Nous voyons immédiatement que ce genre est répandu dans 
toute l'Europe, dans le nord de l'Asie et l'Himalaya, en Afrique 
(le long de la Méditerrannée,dans les montagnes de l'Abyssioie 
et dans les îles du Nord-Ouest), en Amérique (tout le nord jus- 
qu'aux États-Unis, et les Cordillères du Chili). Nous voyons aux 
teintes sombres des montagnes qu'elles sont beaucoup plus 
fiches en espèces que les plaines : ainsi les Alpes ont jusqu'à 
42 espèces, les Pyrénées en ont 30, les Apennins, i9, les Car- 
pathcs, 25 et l'Himalaya, 55. 

La seconde partie est consacrée à la description des espèces, 
qui sont au nombre de 166, plus H9 variétés, 14 hybrides 
et 2 formes insuffisamment connues; le tout est distribué en 15 
sections dont 5 établies par l'auteur, lequel a en outre décrit 
2 espèces nouvelles, 25 variétés et 2 hybrides. Remarquons 
en passant que le nombre des espèces serait plusieurs fois 
aussi considérable, si M. Engler avait sur l'espèce les mêmes 
idées que beaucoup de botanistes modernes; mais il l'envisage 
au contraire d'une manière extrêmement large, comme la 
plupart des auteurs anglais. Ainsi pour donner comme exem- 
ple une espèce de notre flore, voici les synonymes qu'il rap- 
porte au S. decipiens £hrh. et à ses variétés : 

S. caespitosa Koch ; — S. petraea Roth, S, villosa Willd., 
S. Lapeyrousii Sternb., S. latifida Don, S. tridentata Don, 
S, denudata Don, S. latif'olia Ser., S. Steinmanni T'AUsch^ 
S. hypnoides d villosa Walk.-Arn. et Ser., 5. atropurpurea 
Hort. Jen., S. geranioides Hort. Goett., S. serrata Hort. Paris., 
S. Staphaniana Hort. Bruxel. (non Sternb.); — S, palmata 
Panz., 5. Sternbergii Willd., S. elongata Panz., S. palmata 
Sm., S. flirta Don, S. hibernica Haw., 5. incurvifolia Don, 
5. intermedia Tausch, S. geranioides Hort. Turic, S. laevis 



( <^9 ) 

Mack. ; — 5. quinquefida Haw., S. sponhemica Gmcl., S. con- 
densata Gmel., S. hypnoides Oub., S. platypetala Sm., 
S, elongata Sm., S. decipiens var. acutiloba Sternb., S. laevis 
Haw., S. hirta Don, 5. hirta et S, irifida Haw., S. caespitosa 
y sponhemica Roch, S. afjinis et S. laetaevirens Don, 5. sectoe- 
des Hort., S. ceratophylla Hort. Hamb., 5. pedatifida Hort. 
Goett. ; — S. groenlandica L. ; — 5. caespitosa L., S. i*Mt- 
/Zora R. fir. 

En tête du genre, se trouvent deux tableaux analytiques des 
sections et, à chaque section, le tableau analytique des espèces 
qu'elle renferme, ce qui abrège beaucoup les déterminations. 
Après le nom de chaque espèce, vient d'abord la synonymie 
établie avec soin et très-souvent basée sur Texamen d'échan- 
tillons authentiques, puis la description, Tindicalion des 
figures, des exsiccata, la dispersion. Enfin de longues remarques 
critiques ou un complément de la description termine Tarticle. 
Nous pensons que la dispersion générale des espèces 
indiquées dans les Flores belges, donnée d'une manière très- 
sommaire, intéressera nos confrères : 

S. tridactylites L. — Toute l'Europe, mais assez rare dans 
le Midi ; Asie mineure et Sibérie ; Amérique anglaise. 

S, granulata L. — La plupart des contrées de l'Europe, 
mais M. Engler ne l'indique ni en Belgique, ni en Hollande ; 
en Afrique, près d'Alger; en Asie, dans l'Himalaya, de 5000 à 
4500 m. d'altitude. 

S. rotundifolia L. — Régions subalpine et alpine : des Pyré- 
nées au Caucase et de la Sicile aux Vosges. 

S. decipiens Ehrh. var. quinquefida (la synonymie est 
rapportée plus haut). — Dans le Jura, les Vosges, les contrées 
Rhénanes, la Belgique, les Iles Britanniques. 

S. hypnoides L. — Deux habitations en Portugal, quatre en 
en Espagne; France, le Midi depuis la Méditerranée jusqu'à 
l'Auvergne et le Dauphiné : région montagneuse. 



( IM ) 

D'après ce qui précède, il y aurait lieu de ne considérer que 
comme naturalisés chez nous, les S. rotundifolia et S. hyp- 
noides; mais n'est-il pas étrange de voir notre pays exclu 
de Taire de dispersion du 5. granulata? C'est évidemment 
un oubli. Nous constatons aussi l'absence, dans la synonymie, 
des S. palmata Lej. FI. 5pa, 5. confusa «t S. aggregata 
Lej. Revtie. M. Engler n'a pas non plus relevé les espèces 
décrites par M. Jordan et figurées dans ses magnifiques 
/conés ; notons encore l'omission du S. tellimoides Maxim., 
du Japon (in Bull. Acad. imp, des Se, de St-Pétersbourg y 
t. XVI, février 1871) et du «S. Maweana Baker, du Maroc (Gar- 
dener's Chroniclcy 1871, n" 42); il est vrai que la publication 
de ces deux espèces a précédé de très-peu le livre de M. Engler, 
puisque sa préface est datée du 51 décembre 1871. 

Malgré ces légères erreurs ou omissions, inévitables dans 
un ouvrage qui a nécessité des recherches immenses, nous 
n'hésitons pas à répéter que la monographie des Saxifrages est 
digne des plus grands éloges et est indispensable à tous ceux 
qui veulent étudier ce genre important. 

Alfred Cogniâux. 



Hepaticae Gallicâe. — Herbier des Hépatiques de France , 
publié par Th. Husnot. Fascicule H, n" 26-SO. 

Le second fascicule de cette intéressante publication n'est, 
sous aucun rapport, inférieur au premier, dont nous avons 
parlé précédemment; le même soin a présidé au choix des 
échantillons, souvent fructifies et parfois donnés de plusieurs 
localités sous le même numéro. Nous nous bornerons donc à 
énumérer les espèces qu'il renferme,en indiquant les localités 
belges d'où proviennent certaines d'entre elles : 

Scapania compacta ^ S. nemorosa v. gemmifera (de Louette* 



( iil ) 

St-Pierre), Jungermannia obtusifolta, J. Dicksoni, /. exsectay 
J. crenulata (éch. (B) de Maeseyck), V. Hornschuchiana, 
J, ventricosa, /. ventricosa v. gemmifera, J. minutaf J, diva- 
ricata, J. bicuspidata (éch. (A) de Maeseyck), J, connivens, 
J. setacea v. Schultzii (de Maeseyck), /. trichophyllay Sphag^ 
noecetis communis (de Maeseyck) , Lophocolea bidentata , 
"Lepidozia tumidula Taylor, Ptilidium ciliare (de Lanklaer), 
P. ciliare v. ericetorum^ Madotheca laevigata, M. Porella, 
Marchantia polymorpha, Targionia hypophylla, Anthoceros 
laevis. 

La plupart de ces espèces se trouvent en Belgique ; il n'y a 
que les deux marquées d'un astérisque qui n'y ont pas encore 
été observées. Nous croyons utile de rappeler la synonymie du 
Lepidozia tumidula Taylor, renvoyant, pour les autres espèces, 
à notre Catalogue des Hépatiques de Belgique : 

Jungerniannia reptans ^pinnata Hook. Brit. Jung, (1847). 

Pleuroschisma reptans j3 pinnata Dmrt. Sylloge (1831). 

Lepidozia pinnata Dmrt. Rec. d'obs. (1835). 

Lepidozia tumidula Taylor MSS. in Synop. Hep. (1845). 

Il en résulte que le nom qui a la priorité est Lepidozia 

pinnata Dmrt. 

Alfred Gogniâux. 



Catalogue de la flore de Belgique, par F. Crépin, F. Gravet 

et C. Delogne W. 

Sous ce titre, vient de paraître un petit travail réellement 
utile et qui comble chez nous une véritable lacune. Depuis 
nombre d'années, nous nous servions d'un ouvrage analogue, 
le Catalogue des plantes vasculaires de M. Lamotte; mais ce 

(I) Grand in-8«, de 32 pages; Bruxelles, Mayolez, rue de Tlmpératrice. 

«2 



( 142) 

dernier opuscule, spécialement écrit pour la France, l'Allé- 
magne et la Suisse, renfermait pour nous trop et trop peu. 
En effet, nous n'avions pas à nous occuper des espèces 
du Midi, et d'un autre côté bien des types de notre pays n'y 
étaient pas renseignés. II nous manquait donc un catalogue des 
plantes de Belgique, soit pour favoriser nos échanges en nous 
dispensant de dresser de longues listes manuscrites, soit pour 
servir de répertoire à nos herbiers ou de recueil d'annotations 
de toute espèce. Le catalogue que nous recommandons à 
l'attention de nos confrères atteint parfaitement ce but. Il con- 
tient, outre les Phanérogames et les Cryptogames vasculaires, 
les Mousses et les Hépatiques, et peut donc convenir au bryo- 
logue aussi bien qu'au phanérogamiste. Nous ne doutons point 
du succès de ce petit travail et nous nous permettons d'émettre 
un vœu : c'est que dans une prochaine édition qui ne tardera 
pas, nous l'espérons, à être nécessaire, les auteur» compléte- 
ront leur œuvre par le catalogue des Lichens de notre flore. 

Louis Pire. 



Introduction to the Sludy of Palœontological Botany, by 

John-IIutton BalfourO). 

Comme la paléontologie végétale tend à se populariser, 
qu'elle n'est plus seulement étudiée par quelques rares 
adeptes, le besoin d'ouvrages élémentaires se faisait de plus 
en plus sentir. M. Schimper, en publiant son beau Traité de 
Paléontologie végétale, a voulu répondre à ce besoin; mais 
ce traité est volumineux; il est en outre d'un prix relativement 



(I) Un vol. in-8», de H 8 pages, avec i planches et 102 figures interca- 
lées dans le texte; Edinhurgh, 1872. 



( iiô) 

élevé, ce qui fait qu'il y avait place pour un manuel élémen- 
taire destiné à renseignement. M. Balfour a fait prendre cette 
place par son petit traité. 

Dans son Introduction à Tétudc de la paléontologie bota- 
nique, M. Balfour traite, dans une suite de paragraphes, de la 
détermination des plantes fossiles, de leurs divers modes de 
conservation, de leur structure, des roches fossilifères, des 
classes auxquelles appartiennent les plantes fossiles; puis il 
passe en revue la flore des diverses époques géologiques, et il 
termine par une récapitulation succincte des points principaux 
concernant les végétaux fossiles. A la suite de cette récapitu- 
lation, se trouve le catalogue des ouvrages les plus utiles à 
consulter pour étudier la paléontologie végétale. 

Dans les chapitres consacrés aux flores anciennes, Taulcur 
ne donne pas la description des espèces, ce qui du reste ne 
pouvait se faire dans un manuel, mais il entre dans des 
détails suflîsamment étendus pour qu'on puisse apprécier le 
caractère de chaque flore ; il nous y montre les différences 
ou les ressemblances qui existent entre les groiTpes anciens 
et les groupes encore vivants. 

Les figures intercalées dans le texte permettent au commen- 
çant de se faire promptement une idée des caractères et du 
faciès des genres les plus richement représentés dans les 
flores anciennes. 

Nous sommes convaincu que le petit traité de M. Balfour 
deviendra classique et qu'il sera bien accueilli non-seulement 
des étudiants, mais des professeurs et des spécialistes. 



( tu ) 

De quelques Juncus à feuilles cloisonnées et en particulier 
des J. LAGENARius et FoNTANESii Gay et du J. striatus 
Schsb., par J. Duval-JouveO). 

Dans ce nouveau mémoire, M. Duval-Jouve poursuit ses 
études sur les Glumacées en employant, pour la distinction 
des espèces, les caractères fournis par la structure anato- 
mique des tissus. La première partie de son travail concerne 
les Juncus lagenarius Gay et J. striatus Schsb., dont Thistoire 
est exposée avec beaucoup de clarté et d*érudition. Les 
recherches auxquelles s'est livré Fauteur lui ont démontré 
que le 7. lagenarius n'a été fondé que sur une déformation 
du J. Fontanesil Gay, due à la présence d'un insecte dans la 
capsule. 

Un paragraphe est consacré à l'étude des stolons et des 
rhizomes au moyen desquels se propagent les Juncus vivaces 
h feuilles cloisonnées. Au sujet des rhizomes, nous croyons 
devoir reproduire textuellement une observation d'un grand 
intérêt : 

« Ce qui a été attribué aux rhizomes comme caractère général, savoir : 
que, « en raison de leur structure anatomique », ils sont de la nature 
des tiges, n^est pas entièrement confirmé par la structure des rhizomes 
des Joncs et des Graminées ; car ces rhizomes, bien que portant des 
écailles ou expansions foliacées, n^ont point Torganisation de leurs 
tiges, mais bien plutôt, par leurs deux zones concentriques, celle des 
racines des Palmiers et autres Monocotylédones, décrite par plusieurs 
auteurs. De plus, les rhizomes des Juncus que j*ai pu examiner n^ont 
point de cloisons transversales vers le point où naît une feuille-écaille; 
et, en cela, leur structure ressemble plus à celle des extrémités des 
rhizomes de VArundo Donax qu'à celle des rhizomes de la plupart des 
Graminées. » 



(1) In-io, de iO pages, avec 2 planches; Paris, 1872. (Extrait de la 
Revue des Sciences naturelles, Septembre 1872.) 



(145) 

Le dernier paragraphe se compose d'un tableau synoptique 
des espèces françaises appartenant aux Juncus vivaces à 
feuilles cloisonnées. Nous allons en reproduire ce qui concerne 
nos espèces belges. 

A. Se propageant par stolons. 

J. svpinusMônch Enum. Hess., 296, tab. 3 (1777). 

a. Tiges jeunes non stolonifèrcs , un peu gazonnantes, étalées. 

o Cuimo ereeto bumiliore » Willd. ^ J. supinus Mônch. 
p. Tiges décombantes, radicantes et prolifères. « CuImo folioso 

repente, ad florum glomcrulos proiifcro. » ^ «/. uliginosus Roth 

Teni. fl. germ.y !I, 405-^06. 
y. Tiges allongées et flottantes. = J. fluitans Lmk Dici, Enc, III, 270. 
S. Six étamines; capsule plus courte, plus ventrue, subdéprimée au 

sommet. = /. nigritellus Koch Syn.j éd. 1, 730 (non Don), 

ramené par Tauteur au J. supinus (Syn., éd. 3, 634). 
Chaque forme varie à glomérules petits et gros. 

B. Se propageant par rhizomes. 

J. lampocarpos Ehrh. (*). 

a. Glomérules nombreux et petits; forme la plus ordinaire. 

/S. Glomérules peu nombreux et très-gros. = /. tricephalos Gay in 
Lab. Mon. Jonc, 'ii\J. macrocephalus Viv. Diagn. Cors., 5; 
Boreau 1»* Not. Cors., 9. 

y. Tiges coucbécs et radicantes. C'est à cette forme que Laharpe, 
loc. cit., 37, rapporte le J. repens DC. FL Fr., Vï, 308; rame- 
nant à tort le J. repens Req. de Pherbier de Gay au J. acutiflo- 
rus Ebrh. 

8. Forme un peu fluitante. = Var. fluitans Rocb Syn., éd. 3, 633, 
à laquelle M. Duby {Bot. Gall., il!) rapporte à tort le /. hete- 
rophyllus Duf. 



(1) £brbart a écrit /. lampocarpos, et comme ce nom est étymologique- 
ment correct, en doit, selon M. Duval-Jouve, Tadopter au lieu de /. lam- 
provarpvs employé par beaucoup d^auteurs récents. 



( 14G ) 

J. acutiflorus Ehrh.(^). 

a. Ânthèle assez dense, brune. 

fi, Ânthèle dense, brune, à glomérules plus gros; capsules à bec 

moins long. = J. breviroslris Nées ab Es. in Bluff Comp. fl. 

germ., éd. 1 , 88i. 
y. Anthèle très-diffuse, pâle et presque verte. := Var. pallescens 

Roch. 
/. alpinus Vill. 

a. Anthèle diffuse ; glomérules petits et noirs. = J. fusco-ater 

Schreb.; J. airatus Hoppe; /. alpestri» Hartm. 
/S. Anthèle réduite. = J. nodutosus Wahinbg. 
y. Glomérules pâles. ^ J. rariflortis Hartm. 
J. obiusiflorus Ehrh. 

a. Anthèle très-diffuse, à rameaux réfractés ; glomérules petits et 

nombreux. 
/3. Anthèle resserrée, k rameaux dressés; glomérules gros et peu 

nombreux. 

Les variations parallèles de ces divers types font faire à 
M. Duval-Jouve les réflexions suivantes : 

u Ou bien il faut ériger en autant d^espèces chacune des variations 
présentées parallèlement par ces types qui conservent au-dessous d'elles 
une organisation identique; ou bien il faut admettre que, avec la 
persistance de cette organisation fondamentale, il y a pour chaque type 
possibilité de subir des variations extérieures, variations qui se repro- 
duisent parallèlement et à peu près les mêmes sur chacun d'eux, parce 
que les combinaisons des conditions extérieures, doivent aussi, dans 
une même période, se reproduire à peu près les mêmes et amener 
ainsi sur des types congénères des modifications parallèles. A notre 
avis, l'hésitation n'est pas possible. Mais, les pièces du procès étant 
réunies, il appartient aux compétents de les examiner, de les apprécier 
et de se prononcer. » 



(i) M. Duval-Jouve croit qu*on doit hbandonner le nom de J. sylvaiicus 
Reich. souvent appliqué au J. acutiflorus, parce que le type de Reichard 
est obscur. 



( 147 ) 

Malgré la longueur des extraits faits au mémoire de 
M. Duval-Jouve, nous croyons devoir encore lui emprunter 
quelques réflexions extrêmement judicieuses sur Tabsence de 
figures de certaines espèces. Après avoir rappelé les figures 
représentant les espèces françaises appartenant à la section 
des Junçus vivaces à feuilles cloisonnées, cet auteur dit : 

« Comme on le voit, les figures sont peu nombreuses, dispersées dans 
des ouvrages peu répandus et quelquefois même erronées. Celles de 
Hostf si souvent admirables, sont ici trop imparfaites pour avoir la 
moindre autorité; et enfin, si nous avons quelques figures pour les 
es|)èces les mieux connues, nous en manquons absolument pour les 
espèces nouvelles ou litigieuses. Or, à mon avis, la publication d*une 
espèce, non appuyée d*une figure, ofiire de tels inconvénients, engendre 
tant de discussions inutiles et fatigantes, fait perdre tant de temps aux 
botanistes et tant de crédit à la botanique, que je voudrais qu^on pût 
s'accorder pour que nul nom spécifique nouveau ne fût admis dorénavant 
à avoir cours et droit de priorité, s'il n'était accompagné d'une figure. 
Je sais bien que cette exigence paraîtrait exagérée; et pourtant elle ne 
Test pas, si Ton tient compte de la facilité que présente aujourd'hui sa 
réalisation avec les recueils scientifiques existant sur tous les points et 
le bon marché de la lithographie; mais, la réalisation en fut-elle dix fois 
plus difficile, que je maintiendrais encore ce que j'en dis, au moins 
comme expression de la répugnance que me causent et les discussions 
oiseuses et les instants employés à se demander, sans solution possible, 
si c'est bien là la plante d'un tel auteur. Le temps qu'on perd à se 
contredire et l'argent qu'on dépense à demander des renseignements 
auraient suffi dix fois pour publier un bon dessin, ou pour l'acheter s'il 
était publié. » 

11 est incontestable que si la mesure proposée par 31. Duval- 
Jouve pouvait être prise, ce qui malheureusement est impos- 
sible, la science en retirerait grand profit. Si on était forcé 
de dessiner ou de faire dessiner toutes les formes nouvelles 
proposées comme espèces, on se montrerait plus prudent, plus 
circonspect, en fait de spécification. On ne verrait probable- 
ment point nos catalogues d'espèces se gonfler incessamment 



( 148 ) 

d'une foule de prétendus types spécifiques établis sur des 
caractères souvent obscurs et à peine perceptibles. Les Sociétés 
scientifiques et les éditeurs de recueils, avant d'accepter la 
publication de nouveautés et de faire la dépense de gravure, 
soumettraient les espèces dites nouvelles à un examen sévère 
et rejeteraient celles dont les caractères ne paraissent pas 
suflBsamment tranchés. 



Le Jardin d'Essai d'Alger, par J. Chalon(l). 

Notre confrère, M. Cbalon, dans un récent voyage fait dans 
le midi de TEurope et dans le nord de l'Afrique, a recueilli 
de nombreuses notes sur le caractère de la végétation de ces 
contrées. Sous le titre qui précède, il a réuni toutes celles qui 
concernent le Jardin d'Essai ou du Hamma, situé aux portes 
d'Alger. Il nous fait, de ce magnifique Jardin, une description 
colorée et vivante, dont la lecture est fort attachante. Il a vu 
les choses non-seulement en botaniste instruit, mais aussi en 
touriste sensible au beau et au pittoresque. Nous voudrions 
pouvoir donner une idée des splendides cultures de ce Jardin, 
signaler les plantes remarquables qui y sont introduites, mais 
nous devrions alors reproduire presque en entier la notice de 
M. Chalon, chose impossible : nous ne pouvons donc que 
renvoyer nos confrères au travail du botaniste-voyageur. 



(1) In-8o, de 31 pages ; Gand, 1872. (Extrait de La Belgique horticole, IS7%) 



( U9 ) 

Sur une espèce spéciale de tubes existant dans le tronc du 
Sureau (Sambucis nigra L.) et pris jusqu'ici pour un 
Champignon (Rhizomorpha parallela Roberge), par 
C.-A.-J,-A. Oudemans (*). 

Les recherches morphologiques, organogénétiques et chi- 
miques auxquelles M. Oudemans a soumis le Rhizomorpha 
parallela lui ont fait reconnaître, dans ce prétendu Cham- 
pignon, un élément anatomique de la moelle et de Técorce du 
Sureau. Voici textuellement les conclusions auxquelles il est 
arrivé : c Que les stries brunes à la surface de la moelle et 
c dans récorce du Sureau n'appartiennent pas aux Champl- 
t gnons, ni par conséquent au genre Rhizomorpha, mais que 
c ce sont des tubes ou vaisseaux, provenant toujours d*une 
c série verticale de cellules et offrant les particularités sui- 
c vantes : i*^ qu'ils sont oblitérés aux points où se montraient 

< primitivement des cloisons horizontales, et 2** que leur 

< paroi se compose de deux couches ou tuniques, dont 
c rinterne, en connexion lâche avec l'externe, doit être 
c rangée sous la rubrique générale c cellulose, > mais se 
« distingue de toutes les modifications connues de cette 
« matière par une série de propriétés spéciales, surtout en 

< ce qui concerne la faculté de se gonfler et de se contracter, i 



Beitràge zur Flora der Pfalz, von Dr F.-W. Sehultz(2). 

Le Dr Scbultz continue toujours avec un zèle que l'âge ne 
ralentit pas ses recherches botaniques dans le Palatinat, 



(1) In-8o, de 20 pages, avec 1 planche. (Extrait des Archives Néerlan- 
daises, tome VU, 1872.) 

(2) In-8o, de 83 pages j Regensburg, 1871-72. (Extrait du Flora, 1871-72.) 



( 130 ) 

contrée dont il a publié une excellente Flore. Cet ouvrage a 
déjà reçu plusieurs suppléments importants qui ont été ana- 
lysés dans notre Bulletin. Les additions, dont le titre précède, 
renferment de nombreuses indications de localités, des notes 
phytograpbiques et synonymiques. Le grand nombre d'objets 
traités ne permet pas d'entrer dans une analyse détaillée du 
nouveau travail de notre savant confrère. 

A propos de quelques Hieracium du Palatinat, il décrit 
une nouvelle espèce appartenant à ce genre et découverte par 
M. Fritze dans les Riesengebirge (H. Fritzei). 



Abhandlungen hn^ausgegeben vom naturwissenschaftlicheu 
Vereine zu Bremen, — III Bd. II Heft (1872). 

Voici quels sont les principaux articles contenus dans cette 
livraison. 

Ueber die Uaide. — Beoimchtungen und Folgerungen^ von Dr Bernard 

Borggrcve. 
Veber die Einwirkung des Slurmes auf die Bnumvegetation, von Dr B. 

Borggrevc. 
Einige ûcinerkungcn ûber Wald und Uaide, von Dr W.-O. Focke. 
i'fber dos Vot^kommen von Lithium im P/lanzenreiche, von Dr W.-O. 

Focke. 
Viola hirla X odorata, von Dr W.-O. Focke. 

Benwrkungen ûber die Flora ton Fûntcnau, von Dr Franz Buchcnau. 
Zwei neue Juncxiê- Arien uus drm Himalaya vnd eine mcrkwûrdige 

Bildungê-Ahweichung im Blûthenslande der einen Art, bescbrcibcu 

von Dr Franz Buchensu. 

Les deux espèces nouvelles décrites dans ce dernier article 
sont : Juncus ochracevs et /. Griscbachii, 



( 151 ) 

BuUetla de la Société d'études scientifiques d'Angers. — 

Première année, 1871. 

L'année dernière, six jeunes naturalistes se sont réunis à 
Angers dans Fintention de fonder une Société scientifique, où 
chaque membre conservera sa liberté d'action, repoussant toute 
pression extérieure et ne subissant aucune sorte d'influence. 
La jeunesse studieuse d'Angers a répondu à l'appel qui lui a 
été fait par MM. Bouvet, Iluttemin, Millet, Mareau et Préaubert, 
et, des la même année, la Société était constituée avec un 
nombre respectable d'adhérents. Les séances , qui ont lieu 
deux fois par mois, ont été remplies par des communications 
fort intéressantes et par des discussions sur les sujets les plus 
élevés des sciences naturelles. 

L'esprit de liberté et de libre examen qui anime la jeune 
Société d'études scientifiques présage les plus heureux fruits 
pour l'avenir. 

La botanique tient une large part dans les diseussions et les 
travaux de la Société, qui a nommé, pour son Président 
d'honneur, un botaniste de grande réputation, M. Boreau, 
directeur du Jardin botanique d'Angers. 



Mittheilungen aus dem Gesammtgebicte der Botanik, 
herausgegeben von Prof. Dr A. Schenk und Dr Chr. 
Luerssen. — Fasc. I et II, Leipzig, 1871. 

Ce nouveau recueil botanique débute par deux mémoires 
d'un grand intérêt. Le premier, intitulé : Zur Entwickelungs- 
geschichte der Andreaeaceeti, est de M. Emil Kûhn; le second 
intitulé : Filices Graeffeanae, — Beitrag zur Kenntniss der 






( '32 ) 

Farnflora der Viti-, Samoa-, Tonga- xmd Ellice's Insein, est 
du Dr Chr. Luerssen. L'un et l'autre sont accompagnes de 
belles planches lithographiées. 



Statistica botanica délia Toscana ossia saggio di studi 
aulla distribuzione geographica délie piante toscane, per 
Teodoro CarueKO. 

Personne n'était mieux à même que M. Caruel de traiter la 
géographie botanique de la Toscane. Cette belle contrée de 
l'Italie a fait depuis longtemps l'objet de ses recherches bota^ 
niques, recherches qui nous ont valu le Prodromo délia Flora 
Toscana (1860-64). 

Le chapitre premier traite de la topographie, de l'orogra- 
phie, de l'hydrographie, de la minéralogie, de la géologie 
et de la météorologie de la Toscane. 

Le chapitre II est consacré aux botanistes qui ont étudié 
la flore de cette province. Parmi ces botanistes, on compte 
beaucoup de savants de grande réputation. 

Le chapitre III nous donne un aperçu du caractère général 
de la flore de Toscane, qui y est comparée avec la flore de 
l'Italie et avec celle de l'Europe. La flore de Toscane compte : 
i^ pour les plantes phanérogames, 125 familles, représentées 
par 725 genres et 2566 espèces; 2^ pour les cryptogames 
vasculaires, 5 familles, représentées par 25 genres et 
56 espèces. D'après la Flora Jtalica de Bertoloni, la flore 
entière de l'Italie compte : i** pour les phanérogames, 
129 familles, représentées par 805 genres et 4227 espèces; 



(1) Un vol. in-8®, de 374 pages, avec i planche j Firenze, 1871. 



( 153 ) 

^2** pour les cryptogames vasculaircs, 5 familles, représentées 
par 27 genres et 80 espèces. Chose bien curieuse pour une 
contrée aussi restreinte, la flore de Toscane comprend 32 ou 
54 espèces qui lui sont tout à fait propres et 51 ou 55 espèces 
qu'on n'observe pas dans les autres parties de l'Italie. Des 
statistiques dressées par l'auteur, on peut en tirer la conclusion 
que la flore de Toscane est extrêmement riche en espèces. 

Le chapitre IV est consacré aux régions botaniques, qui 
sont établies par M. Caruel d'après l'altitude. Ces régions sont 
au nombre de cinq : des Maremmes, champêtre, sous-mon- 
tagneuse, montagneuse et alpestre. Des tableaux ingénieuse- 
ment dressés indiquent quelles sont les espèces communes ou 
propres à ces diverses régions et quelle est la proportion des 
genres et des espèces que chacune d'elles possède. 

Dans les chapitres V, VI, VII, VIII et IX, chaque région 
botanique est traitée avec beaucoup de développements. Dans 
le chapitre consacré à la région champêtre, se trouve un 
• calendrier de Flore très-détaillé. 

Le chapitre X traite de la flore des gabbri de la Toscane. On 
désigne sous le nom de gabbri des roches éruptives qui, 
au contact des roches sédimentaires, ont été profondément 
modifiées. L'épilhète de gabbri leur a été donnée parce que 
ces roches forment une colline dans le pays de Gabbro, près 
de Livourne. Ces gabbri nourrissent plusieurs espèces ou 
variétés particulières. 

Enfin le dernier chapitre concerne les modifications que la 
flore de Toscane a éprouvées depuis les siècles derniers, par 
la disparition d'espèces indigènes ou par l'apparition d'espèces 
introduites. 

A moins d'entrer dans des détails nombreux en faisant de 
la géographie botanique comparée, nous devons nous borner 
à ne donner qu'une sorte de table des matières de l'ouvrage 



( 154 ) 

de M. Caruel. Cet ouvrage, fruit de recherches longues et 
consciencieuses, tant dans la nature que dans la riche littéra- 
ture botanique de la Toscane, sera consulté avec grand profit 
par tous ceux qui élodient la géographie botanique ; il vient 
se ranger à côté des excellents travaux de MM. Watson, Moore 
et More sur la géographie botanique des Iles Britanniques. 



Niiovo giornale botanico ilaliano. 

Ainsi que nous Tavons déjà annoncé, cet excellent recueil 
est, depuis le départ de M. Beccari pour la Nouvelle Guinée, 
publié par M. Caruel. Sous la direction de l'habile professeur 
de Pise, ce recueil n'a rien perdu de son intérêt et de sa 
valeur scientifique. Le dernier numéro, qui a paru en juillet 
dernier, renferme les articles suivants : 

Passerini (G.). — Funghi Parmensi. (Suite.) 

Caruel (T.). — Illustrazione di una Rubiacea dcl génère Myrmecodia. 

(Avec une planche double.) 
-^ Biographia di Pictro Savi. (Avec un portrait.) 

II viaggio dcl Dott. Beccari alla Nuova Guinea. (Lettre 
datée de Wahai adressée à M. Caruel par M. Beccari.) 
Saccardo (P.-A ) — Florula spontanea horti botanici Patavini. 

Di una nuova classazione dellc Crittogtme proposta dal 
Prof. Cohn. 
Cesati (V.). — Note giuslificative délia sinonimia per le Monoclamidee 

dcl « Compendio délia flora italiana. » 

Le numéro se termine par des articles bibliographiques et 
des nouvelles. 



( 1^5) 
Bulletin de la Société royale Linnéenne de Bruxelles, 

Le Conseil d'administration de la Société rovalc Linnéenne 
a eu une inspiration très-heureuse en décidant la publication 
d'un Bulletin, qui viendra, sans aucun doute, imprimer plus 
d'activité encore aux travaux de celte Société. De belles expo- 
sitions horticoles, agricoles et botaniques, des conférences 
sur des sujets touchnnt a Thorticulture, à la botanique et à 
Tagriculture, et des excursions scientifiques dirigées par des 
spécialistes instruits, ont donné à cette Société une importance 
incontestable; mais il lui manquait un organe de publicité. 
Le Bulletin a fait disparaître ce desideratum. C'est M. le 
professeur L. Pire qui est le rédacteur en chef de cette 
nouvelle publication, et le comité de rédaction se compose 
de MM. Muller, Barbanson, Vanneck, Janssens, C. Bernard, 
Carron, E. Bernard, Van Campenhout et De Middeleer. Une 
livraison, composée d'une feuille d'impression, parait tous les 
deux mois. 

La première livraison débute par un excellent article de 
chimie agricole rédigé par M. le capit*iine Ronday. Cet article 
est suivi d'une intéressante notice sur les forets par M. Pire, 
d'une note de M. Barbanson sur : Les phosphates azotés, d'un 
article, accompagné de figures, sur une nouvelle méthode de 
cultiver l'asperge, par M. Spruyt, d'une note sur la multipli- 
cation des plantes de parterres, par M. Louis, du compte • 
rendu d'une herborisation, par M. Carron. 

Dans la 2" livraison, les articles de MM. Ronday et Pire 
sont continués; M. Janssens y donne une note sur la culture 
des Auricules; M. A. Preudhomme de Borre y commence la 
traduction d'un ouvrage allemand de M. J. Kunstler sur les 
insectes nuisibles aux plantes cultivées. Cette livraison se 



( 156 ) 

termine par le compte-rendu d*uue excursion de la Société, 
par M. Bernard. 

Outre la suite des articles de MM. Ronday et Pire, la 
5* livraison renferme : Des Marantacées, par Aug. Devenster; 
Du Rosier, par Louis Dekerck. 

Nous ne doutons aucunement que sous l'impulsion des 
membres du Comité de rédaction, le Bulletin de la Société 
royale Linnéenne ne prenne bientôt plus de développement 
et paraisse tous les mois. 

Ajoutons que l'exécution typographique de ce nouveau 
recueil ne laisse rien à désirer. 



Die Salicornien der deutschen Nordseckûste, von Prof. 
Fr. Buchenau und Dr W.-O. Focke(i). 

Dans cette notice, les auteurs, mettant à profit les récentes 
études de MM. Du Mortier et Duval-Jouve sur les Salicorniay 
examinent les espèces de ce genre croissant en Allemagne le 
long de la mer du Nord. Ces espèces sont : 5. patula Duval- 
Jouve, 5. procumbens Sm., S, stricta Dmrt. De nombreux 
détails de synonymie et de phytographie rendent cette note 
fort intéressante. 



(1) In-8®, de 15 pages. (Extrait des Abhandlungen herausgegeben vom 
natw^wissenschaftlichen Vereine zu Bremen, i872.) 






( 1S7) 
iMËLANGES. 



Les llniclnées des anciennes taorblères de 
Belgiqae. — Dans des fragments de tourbes provcuiant des 
tourbières du littoral que le Musée royal d'bistoire naturelle a 
communiques à M. Gravet, ce bryologue distingué y a reconnu 
l'existence des Hypnum giganteum Sch., Camptothecium nitem 
Sch. et Sphagnum cymbifolium Ëhrh. Ces trois espèces 
végètent encore de nos jours en Belgique. On sait que les 
tourbières du littoral, recouvertes par les dépôts assez puissants 
de l'argile bleue d'Ostende, remontent à une assez haute anti- 
quité et alors que le Pinus sylvestris existait encore à l'état 
indigène en Belgique. — M. l'ingénieur Cornet a découvert, 
dans les terrains quaternaires de La Louvière (Hainaut), une 
Mousse formant plusieurs minces couches recouvertes par 
5 à 6 mètres de limon de l'âge du Mammouth {Elephas primi- 
genius» A cette Mousse, se trouvaient associées des coquilles 
appartenant aux genres Cyclas, Lymnea et Planorbis. M. Gravet 
a reconnu dans cette Mousse YHypnum Sendtneri Sch., espèce 
vivant encore aujourd'hui en Belgique dans les marais de la 
région jurassique et qui se rencontre sporadiquement dans la 
région ardennaise. 

Nos tourbières anciennes réclament encore leur histoire 
sous les rapports botanique, entomologique et malacologique. 
Il est à souhaiter que l'un de nos confrères entreprenne 
bientôt l'étude des restes végétaux ensevelis dans les dépôts 
tourbeux du littoral et de l'intérieur du pays. Les résultats de 
cette étude seraient fort intéressants au point de vue de )a 
géographie botanique. 

Expérienees de cnltnre an Jardin b#taiili|ae 
de Brnxellea. — Sous l'inspiration de M. Du Mortier, 

13 






(188) 

président du Conseil d'administration du Jardin botanique de 
l'Etat, MM. Marchai et Gogniaux, aides-naturalistes dans cet 
établissement scientifique, vont commencer une série d*expé- 
riences de culture sur les formes de certains genres & espèces 
litigieuses. Ils débuteront par les formes appartenant aux 
Hieracium de la flore de Belgique. Il est à peu près 
superflu de faire ressortir l'intérêt qui se rattache à ce genre 
d'expériences. Tous ceux qui connaissent les besoins de la 
phytographie ou qui étudient sérieusement l'espèce en général 
comprendront l'importance des résultats qui peuvent être 
obtenus d'expériences culturales faites avec soin et intelligence. 



NOUVELLES. 



— Le 13 octobre dernier, un grand nombre de botanistes s^étaient 
réunis dans la salle des herbiers au Jardin botanique de Bruxelles, pour 
offrir à M. Du Mortier un album renfermant les portraits des membres de 
la Société royale de Botanique de Belgique. Cet album, véritable œuvre 
d^art, a été remis à M. le Président de la Société comme un témoignage 
d^estime et de reconnaissance de la part des botanistes belges. Dans un 
discours prononcé en cette circonstance, M. Morren a été Tintcrprète de 
ses confrères en faisant ressortir les services que M. Du Mortier a rendus 
à la science et à la Société, dont il est le Président depuis sa fondation. 
Ajoutons que la commission qui s^était constituée pour recueillir les 
souscriptions à Talbum se composait de MM. Morren, Muller et Doucet, et 
que c^est M. Morren qui a inspiré et dirigé les artistes qui ont confectionné 
Talbum. 

— Au mois de mai dernier, M. Decaisne, professeur au Jardin des plantes 
de Paris, et M. Parlatore, directeur du Musée botanique de Florence, ont 
assisté aux fêtes qui ont eu lieu à Toccasion du Centenaire de TAcadémie 
royale de Belgique. Ces deux savants botanistes ont profité de leur séjour 
à Bruxelles pour visiter les riches collections du Jardin botanique. 

— Au mois d^août, le même Jardin a été visité par deux botanistes 
français, MM. le marquis de Vibraye et Franchet. Le premier a promis 



( <S9 ) 

(renrichir les collections du Jardin d*une riche série de fruits de 
Conifères. On sait que ce savant naturaliste s*occupe depuis longtemps de 
Pintroduction de Conifères exotiques dans les boisements du centre de la 
France. 

— Le Jardin botanique et le Musée royal d*histoire naturelle de 
Bruxelles ont été visités, au mois de septembre, par M. le professeur 
Caruel, de Pise. Ce botaniste venait de visiter les principaux Jardins bota- 
niques de PAllemagne et il devait, en quittant la Belgique, voir ceux de 
Hollande et d^Angleterre. 

— M. Tabbé Puissant, professeur, h Troy, a été revenu quelques 
semaines en Belgique. Il a rapporté, à plusieurs de ses anciens confrères 
de la Société royale de Botanique de Belgique, un beau choix de plantes de 
rÉtat de New-York. 

— M. Franchet est en ce moment occupé d^un travail important sur la 
flore du Japon. 

— On nous annonce que le deuxième volume du Flora Orientalis de 
M. Boissicr ne tardera pas de paraître. 

— M. l^abbé Boulay vient de publier son importante Flore bryologique 
de l'Est. 

— M. le professeur Julius Sachs prépare une 3« édition de son Lehrbuch 
der Botanik et une 2« édition de son Experimentalphysiologie, 

— Le 2" fascicule des Bieracia Scandinaviae Exsiccata de M. C.-J. 
Lindeberg vient de paraître. Il renferme SO espèces, dont 7 sont données 
comme nouvelles. Le prix de ce fascicule est de 15 Rdr. On peut se procu- 
rer cet exsiccata par Tintermédiaire de M. le professeur Lange, de 
Copenhague. 

— Notre confrère le Dr Schultz, de Wissembourg (Alsace), s^est associé 
M. F. Winter, pour publier une nouvelle série de centuries de son 
Herbarium normale. Ces botanistes comptent publier, en 8 ou 10 ans, 
douze centuries. Il a paru au mois d*avril dernier trois centuries : 2 de 
phanérogames et 1 de cryptogames. A plusieurs reprises, nous avons fait 
ressortir les grands mérites des collections de plantes sèches de M. le Dr 
Schultz, qui n^épargne rien pour rendre celles-ci parfaites, tant sous le 
rapport de la préparation matérielle que sous le rapport scientifique. 
Nous ne craignons pas de dire que ces collections sont admirables sous 
ces deux rapports; aussi engageons>nous vivement nos confrères à y 



( 160) 

souscrire. Le prix est de 25 francs par centurie pour les souscripteurs à 
la collection entière des 12 centuries. Le paiement se fait après réception 
des fascicules, soit par un mandat sur la poste, soit par une traite sur une 
bonne maison de banque de Paris. 

^— M. Alfred Cogniaux est en ce moment occupé à préparer les plantes 
recueillies dans son voyage dans les Pyrénées espagnoles. Il ne tardera 
pas à en faire la distribution. 

— M. C.-F. Austin a mis en vente, sous le titre de Muici Afipnlachiani, 
une collection de Mousses desséchées recueillies dans TEtat de New-Jersey. 
Cette collection renferme 450 espèces ou variétés et se vend 25 dollars. 
S'adresser à Tauteur, à Clostcr (New-Jersey. — États-Unis). 

— M. P. Reinsch, de Zweibrûken, annonce la publication d*une collec- 
tion de Mousses desséchées de PAIlemagne et de la Suisse, sous le titre de : 
Herbarium Muscorum frondoêorum Europne mediae. 

— M. Paillot, de Besançon, annonce la continuation de VExnceata Billot. 

— M. le Dr Fr. Schmitz a été nommé assistant au laboratoire botanique 
de PUniversité de Strasbourg. 

— M. le Dr G. Rraus a été nommé professeur de botanique et directeur 
du Jardin botanique de Halle. 

— M. le Dr Cohn, de professeur extraordinaire, a été nommé professeur 
ordinaire à TUniversité de Breslau. 

— M. le Dr Hofmeister a été appelé à remplacer Hugo von Mohl à 
rUniversité de Tûbingen. 

— MM. les Drs E. Pfitzer et J. Sachs ont été nommés professeurs de 
botanique à TUniversité de Heidelberg. 

— M. le Dr Rerner a été nommé professeur de botanique systématique 
à rUniversité de Prague. 

— M. le Dr Hegelmaier a été nommé professeur à PUniversité de Riei. 

— M. le professeur Faivre a été nommé directeur du Jardin botanique 
de Lyon. 

— M. le Dr Strasburger, de professeur extraordinaire, a été nommé 
professeur ordinaire à PUniversité d*Iéna. 

— L'Institut de France a nommé, comme membres correspondants, 
dans la section de botanique, M Planchon, de Montpellier, en remplace- 
ment de Lecoq, et M. Weddel, en remplacement de Hugo von Mohl. 



i 



( 16i ) 

— M. le professeur De Notaris a été élu associé étranger de la Société 
Linnéenne de Londres. 

— M. G.-F. Reuter, directeur du Jardin botanique de Genève, est mort 
le SS2 mai dernier. 

— M. Robert-Creaser Kingston, aide à l^Herbier des Jardins royaux de 
Kew, est mort le 21 juin, a l^âge de 25 ans. 

— Le Dr G. -M. von Martens, auteur de la Flore du Wurtemberg, est 
mort k Stuttgard, le 24 février, à Page de 8i ans. 

— Le Dr M. -A. Curtis, cryptogamiste américain, est mort le 10 avril, 
à rage de 6i ans. 

— Le Dr G. Dolliner, Aoriste allemand, est mort le 16 avril deinier. 

— M. Robert JVight , auteur d*ouvrages importants sur la flore de 
rinde, est mort à Grazeley Lodge, près de Reading, le 26 mai, à Page de 
76 ans. 

— M. Mark-Jobn Mcken, directeur du Jardin botanique de Natal, est 
mort le 20 avril, à l*Age de iS ans. C'est M. William Reit, de Dublin, qui 
le remplace. 

— M. Alphonse de Brébisson, bryologue bien connu et auteur d'une 
excellente Flore de la Normandie, est mort à Falaise, le 26 avril, à Tâge de 
74 ans. 

— M. Andreas-S. Oersted, professeur de botanique à TUniversité de 
Copenhague, est mort le 3 septembre, à Page de 56 ans. 

— Artur Gris, aide-naturaliste au Muséum de Paris, est mort le 18 août, 
à Page de 42 ans. 

— M. le Dr Christener, de Berne, est mort tout récemment. Son herbier 
a été acquis par M. Schuttleworth. 

— Le Dr Hénon, botaniste distingué, est mort à Montpellier au m ois de 
mars dernier. 

— Le 11 décembre dernier, est mort à Vire (Calvados), M. René Lenor- 
maod. Ce vénérable et savant botaniste était parvenu à un âge avancé. 

— L'herbier et les instruments scientifiques du célèbre botaniste Hugo 
von Mohl ont été donnés à l'Université de Tûbingen. 

— L'herbier de Hoppe a été acquis par le Gymnase de Salzburg. 

— M. le professeur Fée, qui a quitté Strasbourg pour s'établir à Nancy, 
a cédé son herbier au Musée de Rio-Janeiro. 



( 162 ) 

— LMierbier et la bibliothèque délaissés par le Dr Spring ne tarderont 
pas à être mis en vente. 

— Au printemps de 187i, doit avoir lieu à Florence une grande exposi- 
tion internationale d'horticulture organisée par la Société d'horticulture 
de Toscane, dont notre savant confrère M. Parlatore est le président. 
A l'occasion de cette exposition, il y aura un congrès de botanique, dont 
le programme sera rédigé par MM. Parlatore et Caruel. 

— La Société vogéso-rhénane d'échange s'est reconstituée sous la 
présidence de M. le professeur Becker, de Mulhouse. La cotisation 
annuelle des membres est de 5 francs et chacun de ceux-ci, pour 6 espèces 
recueillies à 50 échantillons, reçoivent 300 espèces. 

— Il s'est fondé récemment à Barcelone une Société botanique (Societad 
botanica Barcelonesa), dont le but est l'échange de plantes entre les 
membres qui la composent. 

— M. V.-F. Brolherus a fait, l'été passé, un voyage dans la Laponie 
russe pour y récolter des Mousses et des Phanérogames qui sont offertes 
en souscription. S'adressera M. Adalbert Geheeb, à Geisa (Saxe-Weimar). 

— M. le Dr Herrich-Schâffer a, pour cause de santé, remis la direction 
du Flora à M. le Dr Singer. 

— Dans tome I8« du Bulletin de la Société botanique de France, 
pages 190-i9i, M. le Dr Warion a publié le compte-rendu d'une herbori- 
sation qu'il a faite dans la Campine lim bourgeoise, au mois de juillet 1871, 
en compagnie de notre confrère M. Thiclens. — Dans le même tome, 
pages 329-550, M. Pérard a publié une clef dichotomique du genre 
Euphrasia qui sera bien utilisée par ceux de nos confrères qui 
veulent distinguer les nombreuses formes démembrées de V Euphrasia 
officinalis. — Le même photographe, dans le tome i7« du même Bulletin, 
pages 331-347, a publié un travail très-détaillé sur les âlenlfia de la flore 
française. Cette notice rendra les plus grands services à ceux qui cherchent 
à déterminer les formes si nombreuses de ce genre. 

— Notre confrère M. Lecoyer a fait, cette année, deux découvertes 
précieuses aux environs de Wavre. G^est ainsi qu'il a découvert deux 
pieds du rare Orehis Simia Lmk à la lisière du bois des Templiers à 
Wavre, qu'il a constaté une très-riche habitation du Liparis Loeselii 
Rich. dans les marécages de Pécrot. Ce même botaniste a observé, à 
plusieurs reprises, le Planlago ramosa Gilib. dans la gare de Louvain. 



( 163 ) 

— M. Gilbert, étudiant, à Louvain, a observé, dans le voisinage de 
cette ville, un pied de VAsperugo procumbens L. 

— Trois jeunes étudiants liégeois, MM. Henri Donckier, Emile et 
Théophile Durand, ont communiqué, au Secrétariat des publications de 
la Société, une liste des principales découvertes botaniques qu^ils ont 
faites dans leurs nombreuses herborisations aux bords de la Meuse, de 
rOurthe et de la Vesdre. Nous en extrayons les indications suivantes. 

Silène anglica L. — Pelouse aride au-dessus de la gare de Ncs- 

sonvaux. 
Géranium prateme L. — Quelques rares pieds le long de la route 

de Goffontaîne à Gornesse. 
Vicia villosa Roth. — A la lisière et dans un champ de Vicia saliva 

à Bouny (Romsée). 
Salvia verticillata L. — Dos-Fanchon et île Moncin (vallée de la 

Meuse). 
Melittis meliisophyllum L. — Deux habitations près de Tilff. 
Doronicum Pardalianches L. — Deux habitations bien fournies 
dans un bois à Brialmont. 
Ges zélés botanistes nous ont envoyé des exemplaires des Silène anglica, 
Géranium pratense, Vicia villosa et Melittie melissophyllutn, pour être 
déposés dans Pherbier de la Société. 

— Notre confrère M. le Dr R. Ledeganck est allé passer quelques jours de 
vacances, au mois de juillet dernier, à Poperinghe, pour étudier la végé- 
tation de cette contrée, qui est restée inconnue sous le rapport botanique. 
Parmi les espèces observées dont il nous a communiqué la liste, nous 
voyons le Juncus tennis Mônch, trouvé à Poperinghe au lieu dit Groelgat- 
Molen, VAmmophila arvnaria Link, trouvé dans le bois St-Sixte et le 
Polygonaium verticillatum Ail., trouvé dans le bois de Gasthuis-Molen. 

— M. Hardy a découvert en abondance. rOro6ii« niger L. dans d^épais 
fourrés à Petit-Lanaye. G^est là une très-précieuse trouvaille et qui nous 
permet de réintégrer cette rare espèce dans nos catalogues de la' flore 
belge. Ge même botaniste nous annonce la découverte faite par un de ses 
amis du Lythrum hytsopifolia L. à Tillesse, près de Nandrin. 

— Notre confrère M. Fontaine, bourgmestre, à Papignies, a découvert, 
au printemps dernier, a Brugelette, une riche habitation du très-rare 
Poa buibosa L. Nous avons déposé des échantillons de cette Graminée 
dans Therbier de la Société. 



(164) 
BIBLIOTHÈQUE. 

ns faite à la Société. 



De quelques Juncus à feuilles cloisonnées et en particulier 
des Juncus lagenâruis et Fontanesu Gay et du J. stuixtus Schsb,, 
par J. Duval-Jouve; Paris, 1872, in-4*», de 56 pages, avec 2 pi. 
— Sur quelques tissus de Joncées, de Cypéracées et de Grami^ 
nées, par J. Duval-Jouve; Paris, 1872, în-8^, de 9 pages, avec 
i pi. (De la part de Fauteur.) 

Notes d'un Touriste. — Le Jardin d'Essai d'Alger, par 
J, Ghalon; Gand, 1872, in-8'', de 51 pages. (De la part de 
Fauteur.) 

Relation de l'excursion faite par la Société Malacologique de 
Belgique à Orp-le-Grand, Folx-les-Caves, Wansin et autres 
localités voisines, par Armand Thielens, suivie de la descrip- 
tion de deux espèces nouvelles, par H. Nyst; Bruxelles, 1872, 
în-8", de 40 pages, avec 1 pi. (De la part de M. Thielens.) 

Sur une espèce spéciale de tubes existant dans le tronc du 
Sureau (Sâmbucus nigra L.) et pris jusqu'ici pour un Champi- 
gnon (Rhizomorpha parallela Roberge)^ par G.-A.-J.-A. Oude- 
mans; 1872, in-8% de 21 pages, avec 1 pi. (De la part de 
Fauteur.) 



ADDITIONS ET CORRECTIONS. 

Page XVII, après la ligne 4, ajoutez : Fée (A.), ancien professeur, à 

Nancy. 

» xviii, > 22, » Verhandlungenderkaiserlich- 

kôniglichen zoologisch-bota- 
nischen Gesellscbafl inWien. 

> 51, > 22, au lieu de n'> 9845, lisez : n» 9848. 

» 127, > 24, J» debilis, » debilibus. 



BULLETIN 



DE LA 



SOCIÉTÉ ROYALE DE BOTANIQUE 

DE BELGIQUE. 



■MMM 



1872. —N^ 2. 



Séance publique tenue dans les ruines de Casselburg 

{Eifel), le 7 juillet 1872. 

M. B.-C. Du Mortier, président. 

M. J.-E. BoMMER, secrétaire général. 

Sont présents : MM. Bodson, Burgers, Ghalon, G. de 
Looz-Corswarem, Ch. Firket, Ed. Morren, F. Muller, 
Pâques, Plateau, Petit, Schamberger, Tliielens, Weyers. 

Le Secrétaire général donne lecture du procès-verbal 
de la séance du 5 mai 1872. Ce procès-verbal est adopté. 

Il fait ensuite l'analyse de la correspondance. Plusieurs 
membres de la Société font savoir qu'ils regrettent vive- 
ment de ne pouvoir assister à Texcursion. 

L'ordre du jour appelle la lecture des travaux annoncés. 

M. A. De Vos fait présenter les travaux suivants : 
1° Comparaison entre la végétation des provinces de Namur 
et de Liège. (Sont nommés commissaires : MM. Ghalon, 



(jl66 ) 

Morren et Bellynck.) 2° Étude sur la naturalisation de 
quelques végétaux exotiques à la Montagne St-Pierrè lez- 
Maastricht. (Sont nommés commissaires : MM. Cogniaux^ 
Marchai et Hardy.) 

M. A. Thielens annonce une suite à ses Petites obser- 
vations sur quelques plantes nouvelles et rares de la flore 
belge, 

M. Ghalon présente une notice intitulée : Une visite aux 
Châtaigniers de VEtna. (Sont nommés commissaires : 
MM. Thielens, Muller et de Sélys-Lonchamps.) 

M. Du Mortier annonce une Monographie des Junger- 
mannes d'Europe. (Sont nommés commissaires ; MM. Mar- 
chai, Delogne et Cogniaux.) 



M. Morren demande la parole. Il donne lecture d'une 
note sur la perforation de Pommes de terre par les rhizo- 
mes du Chiendent. 

M. Chalon communique la découverte qu'il a faite à 
Lives de nombreux pieds de Cynoglossum montanum Lmk. 
Dans les habitations déjà connues de cette espèce, on 
n avait jusqu'ici constaté sa présence que par d'assez rares 
échantillons. 

M. Thielens émet une proposition d'échange de plantes 
avec MM. Forster et Matewhs, botanistes du Canada. 

M. Firket communique à la Société la découverte, faite 
à Tilff, par M. Henri Donckier, du Melittis melissophyl- 
lum L., que l'on croyait être disparu de cette localité. 

M. Thielens demande la parole. Il voudrait que le 
rapport de la présente excursion de la Société fut intitulé : 
Exploration dans VEifel; il désire aussi que l'on y fasse 
mention de tout ce qui a été trouvé en dehors même 



( 167 ) . 

du règne végétal. M. Weyers combat la proposition de 
M. Thielens. M. Muller appuie Topinion de M. Weyers. 

M. Weyers fait ressortir Tavantage de l'initiative qu'a 
prise la Société en adressant des invitations aux Sociétés 
MalacologiqueetEntomologique^ pour les engager à assister 
à Texcursion. C'est selon lui un témoignage de bonne et 
franche confraternité, dont il remercie vivement la Société 
et son Président au nom des deux Sociétés susdites, dont 
il est membre. 

M. le Président expose quelques considérations sur la 
spontanéité et la subspontanéilé des plantes. 

M. Morren, envisageant ce sujet au point de vue de la 
géographie botanique, engage, avec M. le Président, une 
longue discussion. 

MM. Chalon, Muller, Thielens et plusieurs autres mem- 
bres de la Société prennent successivement la parole sur 
le même sujet. Après de longs débats sur cette matière, 
M. le Président déclare la discussion close. 

Le Secrétaire général, n'ayant pu tenir note des opinions 
émises dans une discussion aussi animée, demande que 
tous les membres qui y ont pris part lui fassent un 
résumé de leurs idées, qui lui permette de rédiger un 
compte-rendu pour être inséré au présent procès- verbal. 

Cette proposition, mise aux voix, n'est pas adoptée. 

Quatre membres nouveaux sont reçus par le Conseil : 
MM. Burgers, pharmacien, faubourg St-Léonard, à Liège. 
Pâques, Erasme, pharmacien, rue de l'Université, à 

Liège. 
Plateau, professeur à l'Université de Gand. 
Hannon, étudiant en médecine, chaussée de Wavre, 
à Ixelles. 



(168) 



COMMUNICATIONS ET LECTURES 



Notes d'un touriste, par Jean Chalon. 

Une Yisite aux Châtaigniers de l'Etna. 

Malgré sa position entre le 37* et le 38' degrés de 
latitude et tout au centre de la Méditerranée, dont les 
rivages constituent une des régions botaniques les plus 
riches du globe, la Sicile possède une flore relativement 
très-pauvre. Sans doute, le voyageur venant directement 
de FEurope moyenne, transporté sans transition dans 
quelque vallée fertile de cette île, sera tout d'abord émer- 
veillé par l'exubérance de la végétation ; mais le botaniste 
qui, comme nous, a déjà parcouru en herborisant l'Al- 
gérie, le midi de l'Espagne, les côtes de la Provence et 
ritalie, sera plutôt frappé par le cachet général d'aridité 
imprimé à toute la contrée. 

La cause principale, c'est le manque d'eau ; l'île est 
.très-montagneuse ; les pentes sont rapides; quand la pluie 
tombe, elle s'écoule rapidement et elle séjourne d'autant 
moins à la surface du sol que les forêts, ces éponges, 
ces réservoirs naturels, qui jouent un si grand rôle dans 
Féconomie générale du globe, sont rares, et par une 
incroyable incurie des insulaires, ou plutôt par une 
coupable négligence du gouvernement, tendent encore 
à diminuer de jour en jour. En gravissant les flancs de 
l'Etna, on est douloureusement étonné de leur nudité; 
à peine quelques maigres buissons remplacent les antiques 
futaies, dont les plus vieux habitants gardent encore le 



( 169 ) 

souvenir; à Nicolosi, petit village sur la route que les 
touristes suivent d'ordinaire pour parvenir au sommet 
du volcan, un vieillard nous disait que toute la contrée 
était autrefois couverte de magnifiques forêts de Châ- 
taigniers ; aujourd'hui, Ton rencontre seulement ceux 
que Ton a replantés de loin en loin, et Ton pourrait les 
compter sans peine. Non loin de là, est le village de 
Tre Castagni, une appellation significative ; et cependant, 
pas la moindre trace des arbres qui ont donné leur nom 
à la bourgade ; c'est à peine un souvenir historique, car 
il nous a été impossible d'apprendre, sur les lieux mêmes, 
si ces trois Châtaigniers étaient remarquables par leur 
taille ou par leur grosseur. 

Il est certain que des forêts ombreuses de diverses 
essences d'arbres, aussi touffues que les forêts vierges 
du Brésil, s'étendaient encore vers le milieu du XVI'' siècle 
depuis le sommet de la montagne jusqu'à la vallée de 
Cantara;«le cardinal Bêmbo, qui a laissé des œuvres 
écrites dans le latin le plus pur, s'extasie sur les belles 
forêts de Platanes de l'Etna ; et enfin il résulte de docu- 
ments authentiques, aussi bien que des traditions qui 
se sont conservées dans les cabanes des pâtres, que lé 
tiers du versant oriental de la montagne était encore boisé 
il y a moins de cent ans. 

Mais Phomme est arrivé avec sa cognée; les arbres 
séculaires et les jeunes rejetons ont été impitoyablement 
coupés, et les croupes des montagnes, comme des brebis 
tondues, ont été exposées sans défense aux eaux du ciel ; 
car la luxuriante végétation de Pteri$ aqutlina, qui appa- 
raît drue et serrée après chaque défrichement, est loin de 
suffire pour absorber les pluies. Puis certaines éruptions 
du volcan, certaines coulées de lave, sont venues com- 



( 170) 

pléter Fœuvre de destruction; qu'on juge de leur puis- 
sance : on cile de ces coulées, véritables fleuves de feu, 
qui ont continué pendant plus d'une année leur marche 
lente mais irrésistible, et qui ont transformé, sur une 
étendue de trois ou quatre lieues, des campagnes fertiles 
et des villages entiers en un désert d'une absolue stérilité. 
De ces défrichements, tantôt inévitables, tantôt inintelli- 
gents, mais défrichements quand même, qu'est-ii résulté? 
Les pluies en Sicile sont rares, mais abondantes, et lors- 
qu'elles tombent, ce sont de véritables cataractes. Il y a 
d'abord la saison des pluies, correspondant à notre hiver de 
neige et de glace, mais beaucoup plus courte, puisqu'elle ne 
comprend guère que les mois de janvier et de février; puis 
en été, ce sont les orages, terribles ordinairement, et termi- 
nés par une averse redoutable. L'eau n'étant plus retenue 
sur la terre par l'intermédiaire des forêts, s'écoule sur les 
pentes abruptes des monts comme sur les ardoises d'un 
toit, et forme en quelques minutes des torrents «dont la 
puissance s'accroît avec une efl^rayanle rapidité. Les Sici- 
liens nomment fiumares les lits de ces torrents; ils sont à 
sec pendant la plus grande partie de l'année, car l'eau y 
disparait aussi vite qu'elle y arrive. Rien de plus curieux à 
voir que ces grands thalwegs desséchés, espèces de rivières 
pétrifiées, dans le lit et sur le bord desquelles des touffes 
rabougries de Lauriers roses attendent avec impatience la 
pluie prochaine; les digues en sont hautes et fortes et le 
chemin de fer les traverse sur des ponts immenses et 
soHdes, tels qu'on en pourrait jeter sur un grand fleuve. 
Mais vienne un orage : le monstre endormi se réveille, et 
l'on comprend aisément ce luxe de précautions ; dés masses 
d'une eau sale et bouillonnante se précipitent vers la mer, 
entraînant des blocs de pierre énormes et des arbres déra- 



(171 ) 

cinés; la crue est parfois tellement subite que des enfants 
et des troupeaux entiers, n'ayant pu gravir les berges 
à pic de la (iumare, ont trouvé la mort dans les flots du 
torrent instantanément formé; dansée cas, il est néan- 
moins probable que les neiges du sommet avaient été fon- 
dues en grande masse par uneboufl*éede chaleur du volcan. 
Nous ne parlons ici que des grandes fiumares, correspon- 
dant à des vallées d'une certaine étendue; il en existe 
aussi de plus petites, très-nombreuses, et naturellement 
moins à craindre que les précédentes. Lapparition de 
nouvelles fiumares, Taccroissement de celles existant déjà, 
ont été les conséquences immédiates du déboisement, et 
nous ne doutons pas qu'un certain nombre de plantes 
némorales, alpestres même, car TEtna est une haute mon- 
tagne (5515 m.) au sommet de laquelle la neige séjourne 
pendant toute Tannée, n'aient à jamais disparu de File en 
même temps que les forêts, leurs prolectrices. Quant à la 
stérilité générale qui en est résultée pour les flancs de la 
montagne, c'est un fait si naturel qu'il suffît de l'indiquer. 
En raison même de cette pauvreté dans le tapis végétal, 
les régions botaniques commandées par l'altitude sont 
moins apparentes sur les flancs de l'Etna que sur tout 
autre pic d'égale importance. Cependant on y reconnaît en 
général trois zones : tout en bas, la zone des terres culti- 
vées, des champs et des vignes, la plus riche naturelle- 
ment en plantes de toute espèce et sur laquelle nous dirons 
un mot tout à l'heure; au-dessus, les forêts; d'abord de 
Chênes et de Châtaigniers (Quercus pubescens et Q. IleXy 
Castanea vulgaris); plus haut, de Hêtres {Fagus sylvatica) 
et de Bouleaux (Betula alba et B, aelnensis); plus haut 
encore de Pins (Pinus sylvcstris)-, enfin la zone des laves, 
où toute végétation tend à disparaître. C'est le désert, 



( 172 ) 

d'un noir mat comme le velours, et faisant une profonde 
impression sur le voyageur qui le traverse pour la pre- 
mière fois. Dans quelques recoins où une mince couclie 
d'humus a pu s'accumuler, s'élèvent encore des touffes 
de verdure, mais le nombre d'espèces végétant au-dessus 
de la région némorale ne dépasse guère la trentaine. Nous 
avons particulièrement remarqué les plantes suivantes : 
comme arbustes, plusieurs Juniperus et Berberis; comme 
plante3 herbacées, les Viola gradlisy Saponaria depressa, 
Astragalus siculus, Senecio aetnensis, Anthémis aetnensis, 
Robertia taraxacoidcs, Tanacetum vulgaire. Les cinq der- 
nières s'élèvent seules le plus haut, alors que toutes les 
autres phanérogames ont depuis longtemps disparu ; le 
Senecio se retrouve jusqu'au pied du cône, parmi les 
rapilli où il se hâte de croître, avant qu'une bouffée de 
la vapeur sulfureuse exhalée sans cesse par le volcan 
vienne mettre fin à sa précaire existence. De toutes les 
plantes herbacées, une seule appartient à notre flore; c'est 
la Tanaisie. Nous avons trouvé ses touffes souffrantes et 
rabougries; elles paraissent regretter nos terres d'alluvion, 
où leur développement est si large et si rapide, et 
croître avec peine dans les scories volcaniques. L'Astra- 
gale, au contraire, est bien chez lui; ses grosses touffes 
arrondies, presque globuleuses, ont souvent plus d'un 
mètre de diamètre, mais elles ne portent de verdure et de 
fleurs qu'à l'extrémité des rameaux ; le centre de la touffe 
est occupé seulement par les liges nues. Les petites plan- 
tes de la Robertie, avec leurs grandes et belles fleurs 
jaunes, s'abritent volontiers dans le voisinage des Astra- 
gales. 

D'espèces alpines proprement dites, point. Les tapis 
spongieux des Sphaignes font absolument défaut; les 



( 173 ) 

Lichens sont rares et bien maigres, et 1 eau provenant de 
la fonte lente de la neige disparait au fur et à mesure 
dans les profondes crevasses de la lave. Combien les con- 
ditions de la vie végétale sont autres sur les montagnes 
élevées du continent, alors que Teau des pluies, de la rosée 
ou de la fonte des neiges est retenue, d'abord par les 
forêts, plus haut par la compacité du sol ^ compacité qui 
permet aux Cryptogames d y élire un domicile stable, et 
qui favorise ensuite le développement des végétaux 
supérieurs. 

Souvenir de nos excursions précédentes ou déductions 
tirées de ces mêmes souvenirs, telles étaient les pensées 
qui nous occupaient le 24 avril 1871, jour réservé exclu- 
sivement pour une visite aux grands Châtaigniers de 
TEtna. Au temps du cardinal Bembo, c'était sans doute 
une grosse affaire qu'un voyage en Sicile ; aujourd'hui, 
l'île se couvre peu à peu d'un réseau de chemins de fer et 
l'on peut déjà la parcourir assez commodément. De Catane 
ou de Messine, grâce à la voie ferrée qui relie maintenant 
Messine à Syracuse, il est possible de faire en moins 
d'une journée l'excursion des Châtaigniers, que nul tou- 
riste, si peu botaniste qu'il fut, ne devrait négliger. En 
effet, c'est une promenade agréable, peu fatigante, et qui 
offre, sans compter les colosses végétaux qui en sont le 
but principal, des points de vue nombreux et de splen- 
dides panoramas. 

Nous prenons donc à Catane le premier train qui doit 
nous conduire à la gare de Giarre-Riposto; malheureu- 
sement il est déjà près de huit heures du matin et le 
soleil fait pressentir une chaude journée; il eut été pré- 
férable de pouvoir partir à quatre heures, pour gravir les 
pentes de la montagne avant la grande chaleur du jour. 



(174) 

Enfin! on se console en songeant qu*il fallait faire, il n'y 
a pas bien longtemps, la route entière à pied ou à dos 
de mulet. 

Les trains ne marchent ou plutôt ne roulent guère 
mieux en Sicile qu en Espagne, et ce n'est pas peu dire. 
Si le voyageur pressé s'en impatiente, en revanche le 
flâneur y trouvé un grand charme; les paysages de la 
route et les menus détails des roches et des plantes peuvent 
être vus sans peine; pour celui qu'emporte un express 
anglais, au contraire, ce ne sont que des apparitions 
instantanées entre deux nuages de poussière. Commodé- 
ment assis dans notre compartiment, nous voyons ainsi 
défiler sous nos yeux toute la flore sicilienne que nous 
avons, il est vrai, appris à connaître déjà par de nom- 
breuses herborisations. A en juger par les faits, la saison 
végétale là-bas est en avance, sur la nôtre, d'environ 
six semaines, et le 24 avril, en Sicile, correspond au 
10 juin en Belgique; c'est, d'un côté comme de l'autre, 
l'époque de l'année la plus riche en plantes fleuries. Les 
Sureaux et les Robiniers avaient entièrement épanoui leurs 
corolles, mêlant leurs acres parfums qu'aucune brise 
n'emportait; le Froment était en épis, les champs d'Orge 
jaunissaient et dans maints endroits on faisait déjà la 
récolte du Lin. 

En sortant de Catane, on traverse plusieurs grandes 
coulées de lave, notamment celle de 1381 et plus loin 
celle de 1329. Depuis des siècles que ces laves sont refroi- 
dies, la vie a repris ses droits; de l'humus s'est accumulé 
dans les crevasses et une végétation souvent luxuriante 
s'y est installée ; citons au hasard quelques-unes des 
espèces les plus abondantes. 

Voici de grosses touffes de fleurs jaunes de deux nuan- 



(175) 

ces différentes : le Pastel {Isatis tinctoria), aux fleurs 
du jaune d or le plus pur, et la Rue (Rula bracteosa et 
R> graveolens), d'un jaune verdàtre, livide, qui, joint à 
son odeur repoussante^ suffit pour la signaler comme 
suspecte. Aux endroits les plus stériles, s'élèvent des 
Euphorbes arborescentes, feuillées, d'un ou de deux mètres 
de haut, et sur les pentes abruptes, sur les talus de roche 
nue, s étalent les longues tiges des Ficoïdes; leurs fleurs 
roses et jaunes, plus larges que la main, s'ouvrent par 
milliers au soleil et brillent comme de la soie ou comme 
un tissu de verre; dans leur riche floraison, ils constituent 
sans contredit la plus belle de toutes les plantes siciliennes. 
Souvent, dans nos serres, nous avons revu ces Ficoïdes, 
mais pauvres, étriqués, souffrants, épanouissant à peine, 
et encore d'une manière incomplète, une ou deux fleurs 
amoindries : tristes exilés, ils semblaient, comme Mignon, 
regretter le pays où fleurit l'Oranger. 

Tout auprès, s'élève le Genêt de l'Etna, dont certains 
pieds atteignent huit mètres de hauteur; sa forme ordi- 
naire est globuleuse, et comme il est feuille jusqu'en bas 
et très-rameux, rien n'est plus singulier que ces buissons 
ou que ces arbres en forme de boule, tout couverts de 
fleurs odorantes. A ses pieds, des Liserons (Convolvuhis 
siculus) dont les fleurs simulent un large cornet du rose 
le plus tendre, ne cherchent point à s'enrouler autour de 
ses rameaux, mais se contentent modestement de 
ramper sur le sol. Plus loin, ce sont des champs d'Aspho- 
dèles; leurs grandes panicules commencent à perdre leur 
parure et leurs pétales rosés tombent à mesure que gros- 
sissent les fruits; il est étonnant que cette belle espèce, 
d'une culture facile d'ailleurs, ne soit pas chez nous, à 
titre de plante d'ornement, plus répandue qu'elle ne l'est, 



( 176 ) 

Après les coulées de lave, où Ton cultive tout au plus 
la Vigne dans quelques recoins privilégiés, la voie ferrée 
traverse des terres fertiles, de grandes moissons de Fro- 
ment, où quelques Coquelicots se mêlent à des milliers 
de pieds de Glaïeuls et tranchent, par la vivacité de leur 
coloris, sur le ton vineux de ces derniers; et des champs 
de Lupins blancs et jaunes, excellent fourrage, au milieu 
desquels des Orobanches de plus d'un mètre de haut éta- 
lent leurs fleurs d'un blanc presque pur. Voici des haies 
de Nopals, redoutable barrière que le lion lui-même, en 
Afrique, hésite à franchir; quelques fruits, dits figues de 
Barbarie, oubliés de la récolte précédente ou abandonnés 
parce qu'ils étaient inabordables, surmontent encore leurs 
énormes raquettes hérissées d'épines. Parfois de grands 
carrés de terrain sont exclusivement occupés par ces 
Cactées gigantesques; d'étroits sentiers, ménagés à coups 
de hache, permettent de les parcourir; là se cultive la 
Cochenille. L'Agave américain, qui dans tout le bassin de 
la Méditerranée semble se trouver chez lui, prospère en 
Sicile à merveille et partage avec le Nopal la faculté de 
former des clôtures impénétrables; un certain nombre de 
pieds ont fleuri l'an dernier, et leurs hampes gigantesques 
s'élèvent desséchées, belles encore et gracieuses, comme 
les candélabres antiques, auxquels leurs congénères doi- 
vent avoir servi de modèle; d'autres se préparent à fleurir, 
et du sein de leur rosette immense s'élance la jeune tige 
toute succulente et semblable à une asperge de la grosseur 
d'une cuisse d'homme. Agaves et Nopals, quels types 
étranges et dont aucun analogue ne se retrouve chez nous ! 
Des touffes d'Asphodèles croissent aux alentours; nous 
oublions que l'Etna forme le fond du tableau, et la pensée 
nous reporte en Algérie, où de tels groupements se ren- 
contrent à chaque pas. 



( i77) 

Mais il n'est pas que les plantes herbacées ou sous- 
frutescentes qui attirent Tattention du botaniste placé au 
milieu de cette végétation méridionale ; bien des arbres 
méritent plus qu'un simple regard et sont dignes à coup 
sûr dexciter son étonnement. Icî ce sont des Figuiers 
comme nous n'en avons jamais vu ; leur tronc droit, haut 
de plusieurs mètres, de 50 ou 60 centimètres de diamètre, 
est surmonté d'une cime globuleuse toute feuillée et leur 
port rappelle celui d'un arbre forestier. Plus loin, s'élèvent 
d'antiques Caroubiers; des Amandiers séculaires, appar- 
tenant à cette variété qui produit les plus grosses amandes 
connues; des Oliviers, portant allègrement leur grand 
âge et se préparant à fleurir; des Néfliers du Japon, dont 
les feuilles ressemblent à celles du Châtaignier et dont les 
fruits jaunes, pleins d'un suc aigrelet, sont fort agréables 
dans les pays chauds. Plus loin encore, ce sont de grandes 
plantations d'Orangers; les arbres, plus serrés que les 
Pommiers dans les vergers d'Europe, souvent aussi gros 
qu'eux, étaient chargés, au moment de notre passage, de 
fleurs et de fruits ; le parfum délicieux des premières se 
répandait au loin, mais ce n'est guère que le soir qu'il 
atteint toute son intensité, après que les feux du jour en 
ont favorisé la sécrétion. On achevait la récolte des fruits : 
des hommes montés sur l'arbre cueillaient à la main ceux 
qu'ils pouvaient atteindre et abattaient à coups de gaule 
ceux qui étaient trop éloignés. Çà et là sur le sol, s'éle- 
vaient des pyramides de pommes d'or. De loin, les Citron- 
niers se reconnaissent à la forme plus irrégulière de leur 
cime, à leur tournure plus débraillée, s'il est permis de 
s'exprimer ainsi. Parmi ces Orangers, il en est de très- 
gros, bien vieux assurément; cependant nous n'en avons 
vu nulle part d'aussi beaux que dans un enclos auprès de 
Cordoue. 



(178 ) 

Mais voici à droite, au bord de la mer, le village de 
Riposto; à gauche, au pied de la montagne, le bourg plus 
considérable de Giarre ; le train s'arrête précisément entre 
les deux ; nous somn^es arrivé ; descendons. 

A peine sorti de Tenceinte protectrice de la gare, nous 
nous voyons assailli par les cochers de fiacre, les porteurs 
de bagages, les mendiants de toute espèce et pis encore ; 
les offres de service, répétées avec une rare importunité, 
ne manquent pas. Cuirassé, blindé même contre ces ten- 
tatives mercantiles par notre séjour antérieur dans la 
péninsule, et fort d*ailleurs de nos cartes routières, nous 
traversons impassible la foule de ces braillards des deux 
sexes, seul moyen de leur échapper ; si Ton a le malheur 
de leur répondre, même par un refus, voilà la discussion 
engagée et Ton ne s'en débarasse pas facilement. ^ 

Giarre est un grand village, d'une vingtaine de mille 
âmes, presque une petite ville, n'était sa tournure dégin- 
gandée. Deux longues rues le composent; Tune, perpen- 
diculaire à la mer, conduit par une pente douce de la gare 
vers la montagne; l'autre, plus importante, fait marteau 
avec celle-ci. Avant d'aller plus loin, il s'agissait de 
déjeûner; nous avisons la locanda qui nous parait la plus 
confortable; nous entrons, et averti par l'expérience, nous 
demandons des œufs. Point. Du laitage ? Impossible d'en 
trouver. De guerre lasse, nous laissons à l'hôte toute son 
initiative, une faiblesse hélas ! qui devait nous apprendre 
une fois de plus, comme on va le voir, à nous méfier de 
la cuisine sicilienne, atroce entre toutes les cuisines méri^ 
dionales. De la propreté, nous n'en parlerons pas ; il est 
convenu que dans toutes ces auberges indigènes, décorées 
des noms sonores d'albergo, traitoriay locanda, osteriay 
dispaccio, etc., elle n'existe pas même à l'état de théorie ; 



(179) 

il est convenu qu'une femme se peigne habituellement 
dans un coin de la salle à manger et que la vermine court 
jusque sur la nappe. Que Ion nous pardonne ces détails 
d'une couleur toule locale. 

Après une demi-heure d'attente, Thôte nous apporte 
un déjeuner dont voici le menu : 1° bouillon de poissons 
avec macaroni, le tout assaisonné par une dose énorme 
de safran; on voit bien que Ton se trouve dans le pays 
où il croit; 2° les poissons bouillis, colorés en jaune 
intense par le susdit safran, et un plat de macaroni; 
S"" des morceaux d'une viande inconnue, frits à l'huile 
quelque peu rance, et entourés de macaroni; après mûr 
examen, nous reconnaissons avoir affaire aux lanières 
coriaces taillées dans la cuisse d'une vieille bique. Il faut 
avoir faim pour avaler ces mets par trop nationaux, et 
bon estomac pour les digérer; heureusement, sous ce 
double rapport, nous n'avions pas à nous plaindre. 

Il est neuf heures et demie du matin; nous continuons 
notre route droit vers la montagne ; il n'y a qu'un chemin ; 
impossible de se tromper. Bientôt les dernières maisons 
deGiarre sont derrière nous; nous traversons une grande 
fiumare, et marchant toujours vers l'ouest, nous com- 
mençons à gravir les premières pentes de l'Etna. Pendant 
assez longtemps, la route monte entre deux murailles 
construites en pierre de lave et qui bornent complète- 
ment la vue; nous remarquons avec plaisir, entre les 
fentes des pierres, la présence du Ceterach officinarum 
en touffes magniGques. Les champs enclos par ces murs 
de lave sont plantés de Vignes, et l'on voit de temps à 
autre leurs pampres verts s'incliner, curieux, par dessus 
les noirs blocs de la clôture. La chaleur est déjà acca- 
blante : vingt-six degrés centigrades et pas un souffle de 
brise. 



( 180) 

Un peu avant d'arriver an village de San Giovanni, la 
vue s'ouvre tout à coup sur la gauche et l'on peut jouir 
à l'aise d'un magnifique panorama de PEtna. Au-dessus 
de la région cultivée et boisée, toute verdoyante, s'élève 
la masse imposante des laves stériles ; la transition est 
marquée par quelques taches d'un vert plus sombre, 
qui ne sont autres que des forêts de Pins. Sur les flancs 
de la grande montagne, flottent quelques nuages blancs, 
en ceinture ; plus haut, brillent au soleil d'immenses 
champs de neige ; plus haut encore, s'élève le cône vol- 
canique, lançant dans les airs un immense panache de 
fumée sulfureuse. Tout à gauche, on distingue parfaite- 
ment les Monti rossi, double cône, formé pendant la 
terrible éruption de 1669 5 plus près, et immédiatement 
sous le cratère principal, l'immense Val del Bove ou 
di Bue, cuve profonde d'une effrayante stérilité, et 
dont les parois mouvantes sont formées par une couche 
épaisse de scories et de cendres; enfin, plus près encore, 
les cônes soulevés pendant l'éruption de 1865 ; ils exhalent 
une acre fumée fauve, dont les volutes s'abattent lourde- 
ment sur les pentes de la montagne. Coup d'œil imposant, 
décor grandiose ! Que sont, auprès de ces tableaux de 
la nature, les œuvres des hommes ? 

Nous traversons le village de San Giovanni, sale et 
repoussant comme tous les villages de l'Italie méridionale 
et de la Sicile; sur la porte des cabanes, construites en 
pierre de lave, les femmes se livrent, sur la tête de leurs 
enfants, à des recherches d'une nature intime ; le porc, 
animal domestique privilégié, se vautre non loin de lu 
dans la fange du ruisseau. Partout la misère la plus sor- 
dide, la plus repoussante, et l'on peut prévoir que la 
paresse innée de ces lazzaroni la maintiendra longtemps 



( «81 ) 

encore à 1 état de fléau chronique. Enfin, une heure et 
demie après avoir quitte Giarre, nous arrivons à San Alfio, 
c'est-à-dire bien près d'atteindre le but de notre excursion. 
Ici nous prenons un guide qui nous sera une grande 
économie de temps; nous faisons, comme à l'ordinaire, 
nos conditions d'avance, mais, à notre grand étonnement, 
il nous demande tout d'abord un prix fort raisonnable, 
que nous acceptons sans être obligé de marchander ; de 
plus, les gens du village sont polis et nullement impor- 
tuns; chaque chose s'y paie sa valeur. Ce qui prouve 
hélas! combien l'on visite peu les Châtaigniers; leurs 
rares admirateurs n'ont point encore réussi à corrompre 
la simplicité naturelle des habitants. 

A partir de San Alfio, le chemin est des plus pittores- 
ques; on remonte le lit desséché d'une fiumare au milieu 
d'un bois de Châtaigniers, qui commençaient, au moment 
de notre visite, à se couvrir de feuilles. Ce devait être 
autrefois une belle foret, mais tous les vieux troncs ont été 
coupés à ras de terre et une génération nouvelle d'arbres 
jeunes et vigoureux leur a succédé. Souvent, un certain 
nombre de ces derniers, six, huit ou même davantage, 
égaux en grosseur et rejetons de l'ancêtre abattu, ont 
poussé en un cercle parfait, s'écartant légèrement vers le 
haut en manière d'entonnoir. On peut prévoir le temps 
plus ou moins rapproché où ces diverses tiges, par l'effet 
de la croissance, se souderont à commencer par le bas et 
finiront par former un seul tronc, immense et creux. Nous 
verrons dans un instant pourquoi il est utile d'insister sur 
celte particularité. 

A tout seigneur tout honneur; le guide nous mène 
d'abord au fameux Castagno di CeiUoCavalli,]e Châtaignier 
des Cent Chevaux. Commençons par rappeler ce que 

13 



( 182 ) 

M. Marion dit de cet arbre historique dans : Les Merveilles 
de la Végétation. 

« Cet arbre est connu sous le nom de Châtaignier des 
« Cent Chevaux à cause de la vaste étendue de son om- 
« brage. La tradition rapporte que Jeanne d'Aragon 
« visita l'Etna dans son voyage d'Espagne à Naples, et que 
« toute la noblesse de Catane l'accompagna dans son 
« excursion. Un orage étant survenu, la reine et sa suite 
« auraient trouvé un abri sous le feuillage de cet arbre 
« immense. 

« Cet arbre si vanté et d'un diamètre si considérable, 
« dit Jean Houel, le premier voyageur qui en ait donné la 
« description au siècle dernier, est entièrement creux ; 
« car le Châtaignier est comme le Saule, il subsiste par 
« son écorce; il perd en veillissant ses parties intérieures 
« et ne s'en couronne pas moins de verdure. La cavité de 
« celui-ci étant immense, des gens du pays y ont construit 
■ une maison où est un four pour sécher des châtaignes, 
« des noisettes, des amandes et autres fruits que l'on veut 
« conserver; c'est un usage général en Sicile. Souvent, 
« quand ils ont besoin de bois, ils prennent une hache et 
« et ils en coupent à l'arbre même qui entoure leur mai- 
u son; aussi ce Châtaignier est-il dans un grand état de 
« de destruction . 

« Quelques personnes ont cru que cette masse était 
« formée de plusieurs Châtaigniers, qui, pressés les uns 
« contre les autres et ne conservant plus que leur écorce, 
« n'en paraissent qu'un seul à des yeux inattentifs. Ils se 
« sont trompés, et c'est pour dissiper cette erreur que j'en 
« ai tracé le plan géométral ; toutes les parties mutilées par 
« les ans et par la main des hommes m'ont paru appartenir 
a à un seul et même tronc. 



(i83) 

« On a dit, en effet, comme le rappelle Houel, que 
« plusieurs arbres étaient réunis dans ce végétai gigan- 
« tesque; cependant, un examen attentif paraît détruire 
« cette objection. Brydone, qui le visita en 1770, rapporte 
« que ses guides, interprètes des traditions du pays, assu- 
a raient qu'à une époque très-ancienne une écorce con- 
« tinue et très-saine couvrait encore le tronc, dont on ne 
« voit plus aujourd'hui que les véritables ruines. Le cha- 
« noine Recupero, naturaliste sicilien, attesta en présence 
c( du voyageur anglais et de plusieurs autres témoins, que 
<c la racine de cet arbre colossal était unique. La meilleure 
« observation à l'appui de l'unité de ce végétal, c'est encore 
a l'exemple fourni par d'autres Châtaigniers de l'Etna qui 
« présentent jusqu'à 12 mètres de diamètre. 

« Celui que nous décrivons a cent soixante pieds de 
«circonférence; on ne saurait assigner la limite de son 
« âge probable. 

«Aujourd'hui une ouverture, assez large pour que 
« deux voitures y passent de front, le traverse de part en 
« part, ce qui n'empêche pas qu'il ne se couvre annuelle- 
« ment de fleurs et de fruits. 

« Nous devons cependant ajouter en terminant que 
« c'était la coutume chez les horticulteurs anciens de 
« rassembler autour d'une même pousse plusieurs autres 
« de même espèce, de manière à former l'apparence d'un 
« seul arbre, dont les années affermissaient la taille colos- 
« sale. On écorçait les côtés intérieurs, et bientôt une 
« seule écorce paraissait l'envelopper. Ce fait se rencontre 
« surtout chez les Oliviers. » 

Nous nous permettrons d'ajouter à cet article quelques 
observations. D'abord, il n'est pas probable que les horti- 
culteurs anciens se soient amusés à planter en rond de 



( 184') 

jeunes Châtaigniers; Tàge plus que légendaire des débris 
que nous avons visités rend cette hypothèse inadmissible, 
attendu que ces vénérables restes sont contemporains 
d'une époque où Ton ne s'occupait guère d'horticulture; 
la Sicile devait être alors une contrée sauvage, où les 
pâtres disputaient leurs troupeaux aux bêles fauves, se 
nourrissaient des châtaignes que la nature mettait à leur 
disposition, mais ne songeaient nullement à planter en 
rond les arbres qui les leur fournissaient si généreusement. 
Il est bien probable qu'autour d'un tronc immense déjà, 
détruit plus tard entièrement par l'action des siècles, des 
rejetons ont poussé, comme nous le disions tout à l'heure, 
et se sont rejoints; que leur racine soit unique, comme 
l'aflirmait le chanoine Recupero, cela doit être en effet, 
et rien n'est plus naturel. Dans la suite des siècles, de 
larges solutions de continuité se sont de nouveau formées 
dans la paroi de ce cylindre, creux dès son origine. Telle 
est du moins l'opinion que nous nous sommes faite après 
un mûr examen du colosse. 

Nous devrions dire des ruines du colosse; c'est à peine 
si quelques rameaux, envahis par les Mousses, le Lierre 
et un Gui à fruits jaunes (Viscum laxum), développaient 
péniblement leurs feuilles au moment de. notre venue; 
grâce au vandalisme des propriétaires du sol, la fin de ce 
monument végétal a été considérablement hâtée. La mai- 
sonnette et le four à sécher les châtaignes y sont réellement 
inclus et s'y appuient comme à un mur vivant; il n'est 
que trop vrai hélas! que la hache le frappe quand on a 
besoin de combustible ; de nombreuses entailles, toutes 
fraîches encore et mettant à nu son bois d'un brun doré, 
l'attestent. Mais le vieux est coriace, il tient bon, et l'on 
usera bien des haches avant d'extirper sa dernière souche. 



( 180) 

Qui sait pourtant? 11 est possible que les paysans se hâtent 
de le détruire; il se peut que nous soyons le dernier 
voyageur qui le décrive après lavoir visité. Mais non ; 
espérons qu'à un autre reviendra la tâche de composer 
son oraison funèbre, et que ces lignes inspireront à 
quelque botaniste errant le désir d'aller voir et toucher 
le colosse du mont Etna. 

Malgré son origine multiple, le tronc immense du 
Châtaignier des Cent Chevaux, creusé, décrépit, tors et 
noueux, enveloppé par ses parasites comme un vieillard 
s enveloppe de fourrures, fait une profonde impression 
à qui le voit pour la première fois. A ce sentiment 
d'instinctive admiration, succède un profond étonnement, 
lorsqu'on a exactement mesuré ses dimensions; à deux 
reprises différentes, car nous avions peine à croire que 
nous ne nous étions pas trompé dans notre première 
estimation, nous avons trouvé cinquante-six mètres de 
circonférence à la base (S6 !). Plus haut, il s'élargit en 
entonnoir, ce qui confirme l'hypothèse de sa formation. 
Et puis, un tronc simple de plus de 18 mètres de dia- 
mètre, ce n'est guère possible, même en supposant. les 
circonstances les plus favorables. A ce propos, une der- 
nière observation sur l'article de M. Marion : il n'existe 
nulle part sur les flancs de l'Etna de Châtaignier mesurant 
12 mètres de diamètre; le plus gros de ces géants mes!ire 
18 mètres de tour, soit environ 6 mètres de diamètre 
seulement, ce qui est déjà bien respectable. Nous allons 
immédiatement aborder la description sommaire des prin- 
cipaux d'entre eux. 

Peu de temps après avoir quitté les restes antiques du 
Châtaignier des Cent Chevaux, nous rencontrons trois 
arbres énormes, encore sains et vigoureux, malgré la 



( *8G ) 

masse des parasites qui les recouvrent; le sol est tout 
jonche des baies jaunes du Gui. Un chemin étroit et 
profondément encaissé, petite fîumare pendant les pluies 
d'orage, les sépare en deux groupes : du côté de FEtna, 
le moins gros des trois troncs; de l'autre, les deux plus 
gros, qui sont aussi les plus décrépits. Ils n'ont jamais 
été réunis, car une écorce saine entoure chacun d'eux 
à peu près de toutes parts. L'aîné des trois, mesuré à 
un mètre du sol, pour éviter les milliers de rejetons qui 
lui forment une base de broussaille, a 10"80 de circon- 
férence; il est creux en grande partie et ouvert du côté 
qui regarde le chemin. Son voisin, fortement penché vers 
lui, est de forme plus aplatie et assez difficile à décrire; 
sa cavité crée, par son inclinaison, une voûte magnifique. 
Le tronc principal se continue ensuite verticalement en se 
ramifiant; à mi-hatiteur du corps creux, un autre tronc 
plus jeune s'en sépare; enfin, tout à la base, un rejeton 
beaucoup plus jeune encore et couvert d'une écorce lisse 
semble attendre la disparition des vieux pour prendre 
tout son développement. 

Nous nous dirigeons à droite au travers des vignes et 
nous arrivons en quelques minutes auprès d'un arbre 
isolé, digne d'attirer notre attention. Du tronc primitif, 
la moitié seulement reste; toute la partie qui regarde la 
mer a été enlevée, mais bien que la cicatrice paraisse 
fraîche encore, nous n'avons pu apprendre de quelle 
manière. Du côté de l'Etna, une branche, un arbre entier, 
s'en détache; la cime en est régulière, bien garnie de 
rameaux, et porte quelques touffes de Gui. La face du 
tronc tournée vers la montagne est presque plane, de 
sorte que l'on peut sans trop de difficulté mesurer directe- 
ment son diamètre ; il dépasse 4"*50. Des planches sciées 



(187) 

dans celle énorme niasse de bois, remarquablement saine, 
suffiraient donc pour lambrisser d'une seule pièce et dans 
toute sa hauteur une chambre d'une grandeur ordinaire. 
Au pied du géant, des touffes de Cyclamens en pleine 
floraison répandaient leur délicieux parfum de vanille ; des 
tiges de Daphne Laureola, chargées de baies encore vertes, 
et de Rtiscîis aculeatus, avec ses cladodes piquants, for- 
maient çà et là broussaille. 

Nous continuons de marcher à travers champs ; nous 
escaladons une mauvaise clôture de lave et nous voici 
dans une moisson d'Orge auprès d'un autre Châtaignier 
colossal. Celui-ci est difficile à mesurer, parce que du 
côté de la fiumare qu'il surplombe il est absolument 
inabordable ; du côté opposé, son tronc énorme est creux; 
une dizaine de branches relativement jeunes s'en échap- 
pent et lui font une vaste cime, régulière et vivace, entiè- 
rement exempte de parasites. Des touffues compactes de 
Cyclamens l'entourent. Prise du fond de la flumare, la 
vue de ce bel arbre est réellement imposante. 

Dans le même enclos, se trouve le dernier colosse qu'il 
nous a été donné d'examiner. Il existe à la vérité dans 
la montagne d'autres arbres célèbres encore, mais ne les 
ayant point vus, nous ne pouvons les décrire; et puis, 
ce qui vient d'être dit suffira pour donner une idée des 
grands Châtaigniers et pour inspirer aux botanistes 
voyageurs le désir de leur faire en passant une visite. 

Ce dernier arbre est une véritable merveille. D'une 
base ligneuse parfaitement saine, sans la moindre cavité, 
bien plus, sans la moindre interruption dans l'écorce, 
haute de 2 à 3 mètres, et de 18™90 (!) de tour, s'élancent 
quatre troncs dont chacun est un grand arbre. Deux autres 
troncs, ou plus exactement deux autres maitresses-bran- 



( Ï88) 

clies, ont été coupées ou cassées, de sorte qu'il reste : une 
branche, simple dès son origine; une, se bifurquant un 
peu au-dessus de son insertion, et deux, primitivement 
bifurquées, mais aujourd'hui réduites à une seule tige. On 
circule sur le tronc principal et entre ces branches abso- 
lument comme sur un gros bloc de rocher. La petite foret 
fournie par ce Châtaignier seul est vraiment admirable; 
malgré son âge, qui doit être énorme, elle est encore 
pleine de santé et de vigueur. La partie supérieure des 
branches, principales parait seulement tronquée. Quelques 
grosses touffes de Viscum laocum mêlent leur verdure 
jaunâtre au vert gai des jeunes feuilles de leur support. 

Si nous insistons sur la présence de ce parasite sur les 
Châtaigniers de FElna (sur les très-vieux seulement; les 
jeunes en sont généralement dépourvus), c'est que nous 
ne la trouvons signalée nulle part. De Candolle, dans son 
Prodrome, l'indique seulement « sur le Pin sylvestre en 
Espagne. » 

Nous voici de retour à San Alfio, après avoir consacré 
une heure et demie à la tournée des Châtaigniers ; nous 
trouvons, non sans peine, un verre de mauvais vin et une 
croûte de pain noir. De certains points, dans les environs 
immédiats du village, la vue s'ouvre sur un splendide 
panorama. Adossé aux pentes de l'Etna , nous avions 
devant nous la mer, nappe d'or liquide sous les feux d un 
soleil ardent; des barques de pécheurs, avec leurs voiles 
latines, paraissaient de grands alcyons immobiles à sa 
surface. A gauche Taormina, l'antique Tauromcnium et 
ses blanches maisons dans une éehancrure de la montagne; 
à droite, les sombres coulées de lave derrière lesquelles 
est Catane ; en face, la plaine fertile, les bosquets d'Oran- 
gers, les villages de San Giovanni, Giarre, Riposto, La 



( i89) 

Macchia et bien d autres ; tout cela éclairé par une lumière 
vive et sous un ciel d'un bleu violent et sombre. Il est 
une heure et le thermomètre marque 30® à l'ombre; pas 
un souffle de brise. Que l'on se représente le mois d'août ! 

Nous redescendons en une heure à Giarre, course beau- 
coup plus agréable que notre ascension du matin, à cause 
des belles échappées que l'on a presque continuellement 
sur la mer et sur la plaine; les murs de lave du chemin 
et les Vignes encadrent merveilleusement ce tableau 
naturel. 

Nous n'eûmes pas longtemps à attendre le train qui 
devait nous ramener à Catane ; assez tôt pour confier au 
papier, le soir même, nos impressions de la journée. Le 
lendemain, nous partions à cheval pour la partie occidentale 
de l'île, afin de visiter les gisements de gypse et de soufre 
aux environs de Girgenti. 



Les vieux Oliviers de Blidah. 

L'Olivier, l'arbre de paix, est un des plus anciennement 
reconnus et dénommés par l'homme; c'est la première 
plante, croyons-nous, dont la Bible fasse mention en 
l'appelant par son nom, Saïth en hébreu. Sa vitalité et sa 
longévité sont énormes; les exemplaires du Jardin des 
Oliviers près de Jérusalem subsistent encore, et cependant, 
il y a plus de dix-huit siècles ils étaient déjà célèbres par 
leur grosseur, quand le Christ se promenait sous leurs 
ombrages. L'Olivier beaucoup plus vieux qui a présidé à la 
fondation d'Athènes vil encore au sommet de l'Acropole, 
et sa souche émet chaque année des pousses verdoyantes. 

Malgré l'extrême lenteur de sa croissance, — nous 



( *90 ) 

avons vu, en Andalousie, des troncs de cent ans ayant à 
peine un pied de diamètre — on peut donc s'attendre à 
rencontrer, dans les pays où il prospère, des individus 
remarquables par leur grosseur et dignes de figurer dans 
la liste des colosses végétaux. H faut les chercher surtout 
en dehors des champs cultivés, où l'homme les mutile 
pour en obtenir plus de fruits ou pour faciliter la récolte. 

Le midi de la France, et surtout le midi de TEspagne 
et du Portugal, — le nord de ces dernières contrées étant 
trop montagneux et par suite trop froid Thiver — offrent 
d'immenses plantations d'Oliviers; avec les Orangers, que 
l'on réserve pour les meilleurs sols et les mieux abrités, 
c'est la plus grande richesse de l'Andalousie, et les vastes 
plaines qui se développent autour de Cordoue, dans la si 
fertile vallée du Guadalquivir, peuvent être prises comme 
exemple. 

Tout d'abord la question parait assez complexe. On 
rencontre, il est vrai, quelques vieux troncs massifs, cul- 
tivés en têtards comme tous leurs voisins, et dont les 
dimensions exceptionnelles indiquent le grand âge ; et 
d'autres plus décrépits, entièrement creux, et qui offrent 
une tendance marquée à se partager en plusieurs segments 
rangés en cercle et pourvus d'écorce d'un côté seulement. 
Mais auprès de ces arbres, visiblement uniques dans l'ori- 
gine, l'on trouve des troncs fort anciens, tordus et con- 
tournés de manière a laisser à peine reconnaître Fécorcc 
et son orientation primitive, et disposés sur un grand 
rond qui a souvent 20 et 2S mètres de tour. Faut-il croire 
qu'ils dérivent d'un individu unique, dont chaque frag- 
ment a continué à grossir et à s'écarter du centre primitif, 
exactement comme s'il faisait encore partie d'un tronc 
d'arbre ordinaire et plein; ou bien que ce sont simplement 



( 191 ) 

des individus distincts, plantés en rond par le caprice de 
Thomme ? La première supposition, outre qu'elle est en 
désaccord avec le mode si tourmenté de croissance de 
lespèce, aurait Tinconvénient de donner à l'ensemble un 
âge vraiment fabuleux; quant à la seconde hypothèse, elle 
est d'autant plus séduisante, au premier abord, que Ton 
voit aujourd'hui les paysans espagnols pratiquer, sut une 
grande échelle, la culture de l'Olivier par cercles. Mais un 
examen attentif des faits, en Andalousie déjà, et surtout 
en Algérie, nous a démontré qu'il ne faut pas s'y arrêter 
plus qu'à la première. 

Parvenu à un certain âge, l'Olivier jouit de la propriété 
d'augmenter considérablement les dimensions de sa base, 
sans que le tronc proprement dit en soit le moins du 
monde influencé. Le Phytolacca dioica présente le même 
phénomène, et l'on voit ordinairement les troncs de cette 
espèce s'élever d'un véritable piédestal irrégulièrement 
mamelonné, qui n'est autre que l'empâtement de la souche; 
enfin nous venons d'expliquer, par un fait de même 
nature, la grosseur, au premier abord inadmissible, du 
Châtaignier des Cent Chevaux. Sur ces expansions ligneu- 
ses et dans les trois espèces végétales qui viennent d'être 
nommées, des bourgeons adventifs apparaissent volon- 
tiers, percent la rude écorce, se développent en ramilles, 
en branches, en troncs. Ces troncs se trouvent arrangés 
naturellement sur un cercle, et, dans la suite des âges, le 
corps central primitif disparait, comme un aïeul entouré 
de sa jeune et vivace famille. 

Nous venons de nommer l'Algérie. Sur cette terre où 
la civilisation n'est pas encore bien acclimatée, peu ou 
point de cultures d'Oliviers ; seulement çà et là de vieux 
exemplaires venus en toute liberté , sauvages , point 



( 192 ) 

greffés ; ils fleurissent vers le dix de mai ; leurs fleurs, 
d'un blanc verdàtre , sont innombrables et répandent, 
le soir surtout, une odeur douce et fade ; les fruits sont 
noirs, petits; ils donnent relativement peu d'huile à cause 
de la grosseur du noyau, mais cette huile est estimée. On 
rencontre déjà de beaux Oliviers dans les environs 
immédiats d'Alger : par exemple sur la colline non loin 
du champ des manœuvres, entre Isly et le Jardin d'Essai 
(3 kilomètres), et des deux côtés de la route de Constan- 
tine, un peu avant d'arriver à l'endroit dit le Ruisseau 
(6 kilom.). Mais les plus gros se trouvent à Blidah; 
ceux-là n'ont point de rivaux. 

Blidah, quoiqu'arabe de nom, est une petite ville toute 
française, bâtie au pied de l'Atlas à l'extrémité de la 
fertile plaine de la Mitidja ; on s'y rend d'Alger en deux ou 
trois heures de chemin de fer. A dix minutes des portes, 
car Blidah jouit(?) d'une enceinte fortifiée, s'étend un parc 
public dit Jardin des Oliviers; on peut y admirer une 
centaine de ces arbres, tous de première grandeur et 
comparables aux plus grands Chênes de nos forêts. Les 
troncs sont sains et entiers; point de ces groupes d'origine 
douteuse desquels nous avons parlé. Voici les dimensions 
des plus remarquables d'entre eux. 

Ceux de trois mètres de tour dans la partie la plus 
mince de leur tronc sont communs; non-seulement il 
faut éviter, dans ces mesures,' l'empâtement de la souche, 
mais encore la dilatation qui se produit sous les premières 
branches ; certains arbres ont ainsi l'air d'un sablier avec 
un étranglement à mi-hauteur. Nous avons noté des 
circonférences de 3"20, 3"25, 3'»40, 3""bO; cette der- 
nière mesure est prise à hauteur d'homme, parce que 
le tronc est beaucoup plus gros au-dessus et au-dessous. 



( 193 ) 

Certains corps ont une forme aplatie; un très-vieux, en 
partie brùlé à la base, mesure i'^SO dans son plus grand 
diamètre; un autre, moins avarié, l'^iO. Jl n'est pas 
rare de voir plusieurs troncs secondaires sortir d'une 
soucliQ commune, sans que Ton puisse affirmer que cette 
souche soit une dilatation de la racine; dans plusieurs 
cas même, sa hauteur et sa forme cylindrique la font 
reconnaître pour un gros tronc ; il y a des transitions. 
Ainsi, deux troncs sortent d'une base commune de plus 
de l^oO dans son plus grand diamètre; quatre, d'un 
tronc commun de S^IO de tour; trois, d'un tronc de 
A^SO de circonférence; deux, d'une base commune de 
5"*60 de tour. En fait d'empâtement des souches, nous 
avons mesuré une fois T^SO de circonférence; plus loin, 
12™60. De ce dernier piédestal, s'élevait un seul tronc 
parfaitement sain , presque cylindrique dans toute sa 
longueur, et de 3 mètres de tour à deux mètres au-dessus 
du sol. 

JVIais voici les véritables géants, les doyens parmi tous 
ces vieillards; il sont une demi douzaine au plus, et pour 
employer le cliché d'usage, leur âge doit se perdre dans 
la nuit des temps. C'est d'abord un tronc bien sain et 
bien plein de A'^SS de tour au plus étroit; un autre de 
i'^yO à hauteur d'homme et de plus de 9 mètres à la 
base; un troisième de 5°"60 à vingt-cinq centimètres du 
sol et de 4"*40 à hauteur d'homme. Ce dernier est tout 
creusé de cavités comme certains Ifs non dues à la pourri- 
ture, mais à un mode particulier de la croissance et tapissées 
intérieurement d'écorce vivante ; la cime en est immense 
et la souche ne s'est pas développée d'une façon exagérée. 
On ne peut hasarder sur leur âge aucune conjecture; 
malgré leur vieillesse, ils ont conservé une vitalité puis- 



( 194 ) 

sanle; on devine la sève courant sous leur jécoree bien 
nette et généralement exemple des parasites cryptogames, 
qui recouvrent, dans nos climats, la plupart des gros arbres. 
II se vend à Alger diverses photographies d'arbres 
colossaux; malheureusement, par ignorance ou mauvais 
vouloir, les marchands refusent de préciser l'endroit où 
ils croissent. 

BIidah,8mai 1872. 



Le Chêne de Montravail. 

« Mon travail près de Saintes, » dit M. Marion dans son 
livre : Les Merveilles de la Végétation. Nous nous sommes 
donc arrêté à Saintes, pour visiter le Chêne merveilleux 
de 26 mètres de tour. Mais voilà que personne ne peut 
nous renseigner sur la direction à prendre pour arriver 
au lieu dit Montravail ; quant au Chêne, à plus forte 
raison, nul n'en a entendu parler. Enfin un vieux bon- 
homme nous indique au delà de Surjon, à plus de25kilom. 
de Saintes, un petit hameau qui se nomme Montravail. 
Si tous les paysans français sont de cette force sur la géo- 
graphie du canton qu'ils habitent, nous ne leur en faisons 
pas notre compliment. 

Vingt-cinq kilomètres, autant pour revenir, c'est rude. 
Heureusement, les brouillards qui couvrent encore la 
Charente à cette heure matinale (6 h.) promettent une 
belle journée. En roule donc. 

A Pisany (13 kilom.), halle pour déjeuner et prendre 
langue. Heureuse inspiration ! Il se trouve que Montravail 
est un groupe de cinq ou six maisons, situé vers la 8*" borne 
kilométrique, et que nous avons par conséquent dépassé 
depuis une demi heure. 



( 198 ) 

Enfin, voici le Chêne (Quercus sessiliflora Sm.) dans 
la cour d'une ferme et tout au bord d'une mare qu'il 
surplombe; impossible donc de vérifier s'il a les vingt-six 
mètres de tour annoncés ; quoi qu'il en soit, c'est une 
énorme et belle ruine, et nous ne regrettons point la course. 
Le dessin qu'en donne M. Marion est de tous points 
inexact. L'arbre est mort en grande partie; seule, une 
maîtresse-branche a survécu et forme une cime globuleuse 
du côté opposé à la mare; d'autres branches desséchées 
se tordent vers le ciel, comme les bras des damnés du 
Dante. Le tronc est vraiment colossal, en diamètre, car 
sa hauteur est à peine de 2'"50. Il est entièrement creux ; 
son bois est mort en grande partie et labouré par des vers 
de la grosseur du pouce. On pénètre à l'intérieur du vieux 
Chêne par une ouverture étroite près de la mare; une 
autre ouverture plus élevée simule une fenêtre. Autrefois 
on avait garni ces fentes naturelles, Tune d'une porte, 
l'autre d'un châssis vitré; mais aujourd'hui tout cela a 
disparu. Un banc de pierre règne tout autour de la cavité 
centrale; on affirme que dix-sept personnes assises y ont 
diné ensemble. Certes, l'arbre est gros, mais ces dîneurs 
devaient être ou bien maigres ou bien serrés. Debout, 
vingt personnes de taille ordinaire tiendraient aisément 
dans cette chambre végétale. 

Le propriétaire de la ferme se nomme M. Fonteneau. 

Bordeaux, 22 février 1872. 



Les Tilleuls de Maibelle et de Oerolstein. 

Les grands arbres s'en vont; les générations actuelles, 
peu soucieuses des souvenirs du passé, positivistes avant 



( 196 ) 

tout, les suppriment par la hache ou par le feu pour 
aligner un chemin ou un mur, souvent pour moins 
encore. Certain habitant de Cortessem, et des notables s'il 
vous plait, ne nous a-t-il pas déclaré qu'il désirait voir 
disparaître le vieil Arbre du Bon Dieu, parce qu'il était 
tout gâté et tout décrépit ! 

Il est donc utile, et c'est presque un devoir, cfe les sauver 
de l'oubli et, si faire se peut, de les placer sous la protec- 
tion immédiate de l'autorité ; on conserve s.ouvent des 
choses moins dignes d'attention que ces irrécusables 
témoins des siècles passés; ici du moins, nulle contrefaçon 
possible. C'est ce qui nous a engagé, après avoir décrit 
ailleurs les Chênes de Liernu et de Cortessem, et en 
dehors de notre pays, beaucoup d'autres géants végétaux, 
à donner une note sur deux Tilleuls vraiment extraordi- 
naires. 

Maibelle, c'est un microscopique hs^meau de la province 
de Namur, à 20 minutes de la gare de Natoye, ligne de 
Bruxelles-Luxembourg. Au milieu d'un chemin, tout au 
centre de ce groupe d'habitations méritant à peine le nom 
de village, se trouve un magnifique Tilleul de l'espèce 
Tilia platyphylla Scop. Il est entièrement creux, ouvert 
par une large brèche; à 3 mètres de hauteur environ, le 
tronc est rompu et les bords du cylindre creux qui a 
survécu sont déchirés par des dentelures profondes et 
irrégulières; deux touffes de jeunes branches attestent 
seules que la sève y circule encore. Outre la grande 
brèche, large exactement de 2 mètres, qui donne accès 
dans la cavité, de nombreuses ouvertures existent vers la 
base sur tout le pourtour. Comme ce Tilleul croît sur un 
terrain vague, les voisins ont accumulé, dans son voisinage 
et aussi à l'intérieur, des fagots, des perches, des échelles. 



( 197 ) 

des instruments de culture de toute espèce, et il est abso- 
lument impossible den prendre les dimensions exactes; 
nous estimons sa circonférence à 9 mètres, en tenant 
compte de la partie — près d'un tiers — qui a disparu. 
L'ensemble de l'arbre est fort pittoresque ; il serait incon- 
testablement plus beau que le Chêne de Cortessem, si Ton 
parvenait à le débarasser de son affreux entourage. 

Tout près de là, est un mauvais bouchon, portant pour 
enseigne : « Au Tilleul » . Au moment où nous y entrions, 
les paysans, ayant fini leur journée de travail, y étaient 
rassemblés. Aucun ne parut se soucier beaucoup du vieil 
arbre, qui a vu se succéder trente générations peut-être; 
aucun ne put nous donner le moindre renseignement sur 
son âge ou son origine, et l'un d'eux nous fit seulement 
observer qu'on ferait aussi bien de l'abattre, puisqu'il 
n'était plus bon à rien. rus! 

En estimant à deux millimètres en moyenne, et c'est 
évidemment beaucoup trop, l'épaisseur des couches 
annuelles du bois, un arbre de 3 mètres de diamètre 
serait âgé de 750 ans. Les assises ligneuses formées dans 
ces derniers temps par le Tilleul de Maibelle ont à peine 
un millimètre; mais quand l'arbre éfait jeune, elles pou- 
vaient avoir de cinq à sept millimètres. La moyenne exacte 
est donc fort difficile à trouver. 

Namur, juillet 1871. 

Signalons encore à l'attention des naturalistes le magni- 
fique Tilleul de Gerolstein (Eifel). Le tronc, à hauteur 
d'homme, mesure 5"30 de circonférence et plus du 
double à la base; il est parfaitement sain et entier, çt 
il supporte une splendide couronne de feuillage; chacune 
de ses branches est tout un arbre, et nous estimons à 
80 mètres de tour la cime du colosse. Celui-ci a encore 

n 



(198) 

de longues années à vivre, à moins qu'un barbare ne 
vienne Fabattre. Son ombre protège les tables d'un café 
champêtre : Unter don Linden . 

Gerolstein, 6 juillet 1872. 



Étude sur la naturalisation de quelques végétaux exotiques 
à la Montagne St-Pierre lez Maastricht, par André 
De Vos. 

La Montagne St-Pierre est une localité classique dans 
les annales de la flore belge. Presque tous nos botanistes 
ont visité cet heureux coin de terre, qui possède, dans un 
espace très-restreint, un grand nombre de raretés végétales. 
On dirait que la nature s'est plu à jeter, dans ce joli 
parterre, les plus belles fleurettes de sa couronne. En effet, 
les Orchidées les plus rares s'y trouvent réunies; le 
Baguenaudier est semé sur les collines; le Gamérisier 
croit çà et là; dans les fourrés des bois, on peut 
recueillir la Gynoglosse printanière, le Thalictrum minus, 
le Senecio erucaefolius : on y a même observé les Orobes 
noir et printanier, le Doronic, la Pulmonaire offici- 
nale; sur les pelouses et dans les pâtures, croissent les 
Gentiana campestris, Eryngium campestre, Koeleria pyra- 
midata, et il parait qu'autrefois s'y montraient les Sedum 
Cepaea, Campanula latifolia, Coronilla varia. Géranium 
sanguineum et Polygala austriaca; dans les moissons et 
dans les champs, on a même prétendu avoir rencontré les 
Bunias Erucago, Senecio squalidus et Papaver hybridum; 
enfin on y a constaté la présence d'autres plantes plus ou 
moins rares, dont nous nous dispensons de donner Ténu- 
mération, parce que nous ne voulons pas faire ici la 
florule du Petersberg. 



( 199 ) 

Notre but est de rechercher si, parmi toutes les plantes 
rares que nos Aoristes signalent aux environs de iMaastricht, 
il n'en est pas plusieurs que nous devons exclure de la 
végétation indigène, attendu que quelques-unes ne peuvent 
y être que naturalisées et que d'autres n'y ont été intro- 
duites que passagèrement. Parmi les espèces signalées 
plus haut, nous admettons comme natives les Thalictrum 
minus, Senecio erucaefolius, Koeleria pyramidala, Gentiana 
campestrisy Eryngium campeslre; nous pourrions aussi 
accepter comme indigène le Géranium sanguineum, bien 
qu'il n'ait plus été retrouvé depuis longtemps, mais qui 
semble être ici à sa dernière habitation vers le nord dans 
le bassin de la Meuse. Nous soupçonnons même que nous 
pourrions avoir affaire à une échappée des jardins^ puisque 
la dernière habitation de cette plante, je long du fleuve, 
est Wépion, près de Namur, et, sur un espace de près de 
25 lieues qui séparent les deux localités, on ne nous 
signale aucune habitation intermédiaire. D'ailleurs encore, 
les rares habitations de l'espèce dans la province de Liège 
en sont bien éloignées; au surplus, nous n'avons jamais 
observé cette plante dans nos provinces méridionales que 
sur le calcaire carbonifère, roche de composition chimique 
toute différente de celle du tufeau de Maastricht. 

Noms considérons comme indigènes toutes les Orchidées 
qui croissent à la Montagne St-Pierre. Ce sont : Orchis 
militarisy 0. fusca, 0. coriophoruy 0. mascula, Ophrys 
api fera, Gymnadenia conopsea, G. vir^disy Platanlhera 
chlorantha, Cephalanthera grandiflora, Epipaclis alroru- 
bens? Spiranlhcs spiralis; plusieurs autres et des plus 
rares, telles que : Loroglossum hircinum, Aceras anthro- 
pophora, n'ont pas été revues depuis un demi-siècle au 
moins, mais elles paraissent y avoir été troutées, ce que 



( 200 ) 

nous aimons à croire. Il est vrai que ces jolies plantes ont 
toujours attiré l'attention de ceux qui ont eu le bonheur de 
les rencontrer. Aussi rcgreltons-nous avec M. L.-J.-G. Du- 
moulin (0, botaniste, à Maastricht, que les amateurs de 
jolies fleurs se soient permis, dans leurs promenades à la 
Montagne, de détruire les riches habitations d'Orchidées, 
en enlevant, à chacune de leurs pérégrinations printanières, 
un bouquet de ces charmantes plantes et des bulbes, pour 
les placer dans leurs jardins. 

Nous croyons ne pouvoir admettre, comme indigènes à 
la Montagne St-Pierre, les espèces suivantes : Colutea ar- 
borescens, Omphalodes verna, Doronicum Pardalianches, 
Coronilla varia, Sedum Cepaea, Ribes alpinum, Lonicera 
Xylosleum, Papaver hybridum, Senecio squatidus, Bunias 
Erucago, et nous doutons même de la spontanéité des 
Orobus niger, 0, vernus, Pulmonaria officinalis et Cam- 
pamila latifolia. 

Nous appuyant sur Texamen que nous avons fait, avec 
plusieurs de nos confrères, de la végétation des environs 
de Maastricht, et à Taide de nombreux renseignements 
que nous ont fournis les meilleures Flores anciennes et 
modernes de l'Europe, nous espérons pouvoir démontrer 
ce que nous avons avancé. Nous ferons remarquer, afin de 
ne pas rester dans un domaine trop circonscrit, que ces 
plantes ne sont pas plus indigènes à la Belgique qu'elles 
ne le sont à la localité qui nous occupe. 

A ceux qui nous feront observer que nous nous occu- 



(1)Nous avons consulté avec fruit saNoticesur les plantes les plus remar- 
quables des environs de Maastricht, présenté à la Société d'Horticulture de 
cette ville, manuscrit qui se trouve actuellement dans la bibliothèque de 
M. le Dr Éd. Morren, de Liège. 



( 201 ) 

pons de la flore d'un pays voisin, nous leur répondrons 
que Maastricht est à nos frontières, entre les provinces de 
Limbourg et de Liège, que géographiquement, il appar- 
tient autant à la Belgique qu'à la Hollande, et qu'enfin le 
botaniste peut se permettre une excursion en pays voisin, 
surtout lorsque le sol de celui-ci est de même constitution 
géologique que le sien : une simple annexion dans un 
but scientifique ne peut nuire à personne. 

Gomme le Colutea arborescens et VOmphalodes verna 
sont les espèces exotiques les plus abondamment répan- 
dues à la Montagne St-Pierre, c'est de ces deux plantes 
que nous nous occuperons spécialement et tout d'abord, 
en leur réservant la plus large part des observations cri- 
tiques que nous avons l'honneur de soumettre à nos 
confrères. 

Colatea arborencenii L. 

Les anciens botanistes ne croient pas que cet arbuste 
soit indigène dans nos contrées. Ils le disent tous origi- 
naire du midi et de l'est de l'Europe, cultivé dans nos 
jardins comme plante d'ornement et par les apothicaires 
comme succédané du Séné. Leonh. Fuchs (Hist, Stirp.y 
Bàle, 1542, p. 443) dit : « Satum utrumque in hortis pro- 
venit » ; ce que nous trouvons confirmé dans les Commen- 
taires sur VHistoire des Plantes de L. Fuchs, éd. 1549, par 
ces paroles : « Se plan le es jardins et y profite à merveilles » 
et éd. 1550 : « Semé es jardins et vient en abondance. » 
Dodoens (Pempt., p. 784) écrit : « Horlcnsis apud Belgas 
est stirps, et semine nascitur »; il considère donc cette 
plante comme cultivée en Belgique, où elle serait simple- 
ment semée dans les jardins. Le même auteur (in Cruydt-^ 



( 202 ) 

boeck, p. 1229) ajoute : « Dit ghewas wordt hier te lande 
in de lioven van syn saedt vermenighvuldight », et dans 
la traduction de son Histoire des Plantes par G. Ciusius, 
p. 516, il est dit: « Cette plante ne se trouve en ce 
pays, sinon en aucuns jardins ». Dalechanr)p(J7ts^ PL, I, 
p« 182, éd. 1658), rapportant ce qu'en dit Théophraste, 
écrit que le Baguenaudier croit en Lipari (au nord de la 
Sicile), que Matthiol Ta observé en plusieurs lieux et spé- 
cialement aux environs de Trente en Ananie (Gaule cisal- 
pine), et que lui-même Ta vu croître en France. Enfin, 
Linné (Sp., 5457) dit : « Habitat in Anglia, Gallia iNar- 
bonensi, Italia : copiose ad Vesuvium. » 

Les Aoristes belges du siècle dernier ne voient, dans 
le Baguenaudier, qu'un arbuste cultivé seulement pour 
Tornementation des jardins et des parcs. LeB^'^de Poederlé 
{Man. de l'Arbor., 1788, I, p. 169) dit qu'il vient 
naturellement en Autriche, en Italie et dans les provinces 
méridionales de la France. Roucel (F/. Nord Fr., Il, 
p. 145) écrit que cet arbre étranger est beaucoup cultivé 
dans nos jardins et nos bosquets. 

L'examen des Flores belges qui ont paru dans le courant 
de ce siècle ne peut non plus nous faire supposer que la 
plante soit indigène dans notre pays. Ainsi Lejeune (F/. 
Spa, 1811, II, p. 99) assure qu'elle se trouve en quantité 
dans les bois de la Montagne St-Pierre, mais qu'on l'y 
aura probablement semée; dans le Comp. fl, Belg., III, 
p. 58, il confirme sa première observation et ajoute que 
la plante y est tellement abondante qu'on pourrait la croire 
spontanée. M. Lestiboudois (Bot, Belg,, II, p. 136) parle 
du Colutea comme d*un arbuste originaire de la Provence 
et cultivé dans notre pays. P. Couret- Villeneuve (Hort, 
Gand.j 1802, p. 232) le dit de provenance italienne. 



( 203 ) 

M. Du Mortier (Prodr., p. 102) dit simplement : « In 
fissuris rupium Petersberg » et se tait sur la spontanéité 
de cette plante en ce lieu. Tinant (F/. Lux., p. 372) fait 
observer que la plante est cultivée dans le Luxembourg et 
est souvent sauvage autour des lieux habités. M. Michot 
(F/. Hain., p. 240) l'indique dans les bois du château de 
Morcourt (Nimy). Mathieu (F/. Belg., p. 139) la dit 
spontanée à la Montagne St-Pierre. M. Dumoulin (Not. 
man.y p. 10) a trouvé cet arbuste dans le bois prèsdu bos* 
quet de Gastert, sur le penchant oriental de la Montagne; 
mais, quelques lignes plus loin, il croit devoir faire ses 
réserves, car il s'empresse d'ajouter qti'on le voit fréquem- 
ment cultivé dans les bosquets d'agrément. Le même 
auteur {Guide bot, env. Maastr., p. 46) dit qu'on observe 
le Colutea le long du canal, près de la frontière; à Petit- 
Lanaye et dans les bois devant le château de Gastert. 
M. Fr. Grépin (Man. fl. Belg., éd. 1) ne fait nulle men^ 
tion de cette plante, parce qu'il n'ajoutait pas foi sans 
doute aux renseignements fournis par ses devanciers; 
dans la 2*^ édition de son ouvrage (p. 68), il la cite comme 
douteuse pour le pays. 

Ainsi qu'on vient de le voir, la généralité des auteurs 
tant anciens que modernes qui ont étudié la flore de notre 
pays ne reconnaît pas le Colutea comme un habitant ori- 
ginaire de nos climats. En Belgique et dans les contrées 
limitrophes, on le voit planté dans les parcs, les bosquets, 
d'où il aime à se jeter dans les haies et hors des limites 
que la culture lui a circonscrites; car, ainsi que nous le dit 
Willemet (Phyt., II, p. 889), il se naturalise volontiers 
dans les terrains où on le place. Lecoq (PL Fourr., éd. 2, 
p. 343) dit également qu'il se développe promptement 
dans les sols arides, sablonneux ou calcaires. Il n'est donc 



( 204 ) 

pas étonnant de le voir abondamment répandu aux alen- 
tours du château de Gastert, d'où, franchissant les limites 
du parc, ii a étendu son domaine dans le bois voisin, pour 
tomber ensuite sur les collines qui bordent la route, sur- 
tout vers le Coq rouge. Aussi le botaniste est-il émerveillé, 
lorsque, placé au pied des rochers, il voit au-dessus de sa 
tète pendre, à travers les larges fissures du tufeau, de 
beaux bouquets de Baguenaudier. Il crie ô prodige ! et 
s'empresse de mettre dans son calepin la note suivante : 
< Colutea arborescens, indigène à la Montagne St-Pierre » , 
puis d'en cueillir quelques beaux spécimens qui passeront, 
avec l'étiquette susdite, dans les herbiers de ses correspon- 
dants. Mais avant que d'accueillir cet étranger au même 
titre que son voisin le Nerprun, qui lui dispute la place, 
que ce botaniste refroidisse son enthousiasme et veuille 
bien nous suivre au sommet de la côte, d'où le Baguenau- 
dier le conduira du bois au parc du château. En chemin, 
il pourra admirer la Gynoglosse Omphalode, les Orobes 
noir et printanier, autres étrangers également, et plus 
nouvellement arrivé qu'eux, le Robinier Faux -Acacia, 
qu'on voit répandu partout. 

Nous ne croyons pas qu'on puisse sérieusement soutenir 
que le Colutea soit indigène à la Montagne St-Pierre. Pour 
qui a vu les lieux, il n'y a pas de doute qu'on ait affaire 
à une plante naturalisée, dont l'introduction parait même 
assez moderne, car Lejeune est le premier auteur qui en 
parle. Nous ignorons si les botanistes de la Renaissance 
ont herborisé aux environs de Maastricht, mais Dodoens, 
dans son Cruydt-boeck (édit. 1 55 l),dit qu'il a rencontré aux 
environs de Fauquemont, à quelques lieues de là, VActaea 
spicata (Christophoriana). Nous trouvons extraordinaire 
que le médecin malinois, dans son voyage de Brabant en 



( 205 ) 

Allemagne, ne cite pas quelques plantes rares observées 
par lui aux environs de Maastricht^ par où il a du cepen- 
dant passer. 

Nous avons appris par expérience à nous défier des 
plantes rares qu'on trouve aux alentours des châteaux et 
des parcs : beaucoup d'entre elles nous ont toujours paru 
suspectes, et si souvent elles revêtent un certain air d'in- 
digénat, une étude approfondie des lieux dira leur origine. 
C est ainsi que nous avons pu constater, Tan dernier, que 
la belle habitation deSedum dasyphyllum var. corsicum, 
trouvée autrefois par notre confrère M. Alfr. Gogniaux, 
en amont de TilfT, est tout simplement artificielle, car 
lespèce que Ton voit répandue sur les rochers au pied 
du château de Brialmont devient de plus en plus abon- 
dante au fur et à mesure qu'on s'approche des murs et 
surtout de la porte d'entrée. Cette plante étant cultivée 
sur les rocailles et en bordures dans les jardins, il est 
probable que les gens de service ont jeté par dessus les 
murs les mauvaises herbes, parmi lesquelles se trouvait 
mêlé rOrpin cité, et comme toutes les Grassulacées ont 
la vie dure et se propagent sans soin, il a pu ainsi couvrir 
tout un grand espace en quelques années. 

Le Baguenaudier a trouvé à la Montagne St-Pierre des 
conditions d'existence favorables à son développement et 
à sa rapide propagation. Il croit sur un sol où une végé- 
tation peu fournie lui a laissé assez d'espace que pour 
ne pas craindre la concurrence ; comme il se contente 
de tout terrain, il n'a pas eu grand' peine d'élire domicile 
sur la place qui lui était abandonnée ; enfin, une exposi- 
tion sudo-orientale lui a procuré la chaleur nécessaire à 
son accroissement, comme le voisinage des eaux du canal 
et de la Meuse, qui baignent presque le pied des rochers, 
lui a procuré la fraîcheur et la vie. 



( 206 ) 

Il nous reste maintenant à rechercher le lieu d'origine 
de celle espèce intéressante. Nous citerons ici les rensei- 
gnements que nous fournissent les meilleures FI ores. 

Flores d'Italie. — Bertoloni (F/or. liai., VII, p. S69) 
la dit commune dans les bois d'Italie, d'où on l'a prise pour 
la planter dans les massifs d'ornement. 

Flores de France. — Lamarck (Dkt. Encycl.^ 1., 
p. 353). 11 croît naturellement en Italie et dans les pro- 
vinces méridionales de la France. 

Lamarck et De Candolle (FI. Fr., V, p. 562). Cet 
arbrisseau croit dans les haies des provinces méridionales 
jusqu'aux environs de Genève; il est en Bourgogne, à 
Vautoux, et au Mont-Afrique, en Auvergne. 
De Candolle (Prodr., II, p. 270). In Europae australis et 
mediae sepibus et dumetis. 

Duby (Bot. Gall.y I, p. 440). A sepes in Gallia australi. 
Loiseleur-Deslongchamps (F/. GaU.,11, p. 1S3). In sylvis 
et dumetis regionum australium; circa Lutetiam quasi 
sponte. 

Willemet (Phyt., II, p. 889). Croît spontanément en 

Italie, Languedoc, Provence et autres lieux de la France. 

Grenier et Godron (FI. Fr., I, p. 454). Coteaux cal- 
caires de l'Alsace, de la Lorraine, de la Champagne, delà 
Bourgogne, du Lyonnais, du Dauphiné, de la Provence» 
des Cévennes, de la Nièvre, etc. 

Grenier (FI. Juras., I, p. 179). Pied du Jura, dans la 
vallée du Rhône au-dessous de Genève, çà et là aux envi- 
rons de Neufchàtel, Nyon, Genève; abondant dans les 
carrières du Mont Querelles à Cuse dans le Doubs, où il 
parait bien spontané. 

J. Thurmann (Phyt. Jura, II, p. 71). Coteaux secs, 
les régions inférieures, disséminé sur quelques points des 



( 207 ) 

Collines lorraines, sous-vosgiennes, sous- hercynien nés et 
dans les basses Alpes occidentales. Dans le Jura, à Schaff- 
house, Landeron, Neufchàtel, Boudry, Nyon, Genève, 
Grenoble; Savoie, Valais. 

Godron (FI. Lorr.y I, p. 190). Très rare: bois du cal- 
caire jurassique : Nancy, etc., St-Mihiel. 

Lecoq et Lamotte(6Wp/. Plat. Cen^r.,p. 138). Indiqué 
dans les bois des départements de la Lozère et du Gard, 
mais n'est que subspontané aux environs de Glermont. 

Chevallier (FI. env. de Paris, II, p. 754). Indigène de 
ritalie: il est maintenant commun dans les haies et les 
jardins. 

Cosson et Germain de St-Pierre (FI. env. de Paris, 
éd. % p. 157). Fréquemment planté dans les bosquets, 
les jardins et les promenades publiques. Quelquefois 
naturalisé dans les haies et les bois. 

Boreau (FI. Cenlr. Fr., II, p. 137). Bois montagneux, 
rochers calcaires : dans les départements de la Nièvre et 
de ITonne. On le trouve aussi dans les haies des jardins, 
où il est souvent cultivé. 

Flores d'Allemagne. — Hoffmann. (Deutschl. Flora, II, 
p^ 85). In collibus sylvaticis : Autriche, Carniole, Saxe, 
Thuringe, Ratisbonne. 

Reichenbach (FI. Germ. excurs.^ II, p. 514). Auf 
Waldhûgeln im ganzen sûdlichen Gebiete, in mittlern 
hier und da, bei Wien, Regensburg u. a. ûbrigens hâufig 
cultivirt und verwildert. 

A. Garcke (FI. Deutschl. y p. 102). Als Zierstrauch in 
Anlagen augepflanzt und bisweilen in Hecken verwildert. 

DôU (FI. Baden, III., p. 1147). Dans la Forêt Noire 
à Oberweiler et sur le Kaisersthul dans le Brisgau; mais 
subspontané sur le Schlossberge près de Fribourg. 



( 208 ) 

C. Koch (Dendrolog.,l,p, 63).Sùd-uud Mittel-Europa, 
nôrdiicher Orient. 

Ph, Wirlgen (F/, pr. Rheinpr., p. 123). Indiqué 
comme exotique. 

Flores d'Angleterre. — Curtis {Bot. Mag., 3-4, p. 81). 
A native of ihe South of France and Italy. 

Miller (Dict. Jard., II, p. 500). On le cultive ordi- 
nairement dans les pépinières, comme un arbrisseau à 
fleurs pour servir d'ornement dans les plantations; est ori- 
ginaire de TAutriche, de la France méridionale et de Tlla- 
lie, d'où ses semences ont été envoyées en Angleterre. 

Sweet {Hort, Brit.y p. 172). Introduit dans les cultures 
en Angleterre en 1568. 

06s. I. — Il n'en est pas fait mention dans le British 
Flora de W.-J. Hooker. 

Obs. II. — Nous trouvons singulier que Linné (5p., 5457) 
dise le Baguenaudier habitant l'Angleterre, alors qu'aucun 
des auteurs de ce pays ne le signale. 

De tous les extraits que nous venons de citer, il nous est 
permis de conclure que le C. arborescens est évidemment 
une espèce méridionale très-répandue dans la région médi- 
terranéenne. On la voit donc en Espagne, en France, en 
Italie, en Turquie et en Grèce; elle s'étend même jusqu'au 
Caucase. En France, elle est commune dans le midi, devient 
très-rare dans le centre, plus rare encore vers le nord, 
car ses dernières habitations naturelles sont en Alsace et en 
Lorraine, à St-Mihiel, par 49° de latitude. La dispersion 
est à peu près la même en Allemagne : abondante dans 
le midi de l'Autriche, très-rare au centre et son habitation la 
plus septentrionale est Ratisbonne (Regensburg) par 49° 
également. Entre Maastricht et les habitations de St-Mihiel 
et de Ratisbonne, il y aurait donc un écart de dpux 



( 209 ) 

degrés. Une distance aussi considérable donne beaucoup à 
réfléchir et commande une extrême prudence surla délicate 
question d'indigénat (Fr. Crépin NoL, fasc. V, p. 33). 

Omphalodes ¥erati Mônch. 

En 18H, Lejeune (Fl.Spa, I, p. 98) signale cette inté- 
ressante espèce dans les bois du château de Gaslor(Gastert) 
surla Montagne Sl-Pierre. En 1821, Nyst qui commu- 
niqua à Bory de St-Vincenl (Voyage souterrain à la Mont. 
St'Pierre) le catalogue des plantes que Ton rencontre aux 
environs de Maastricht, mentionne VO verna entre le Coq 
rouge et le château de Castert. La plante fut retrouvée 
par Michel (Revue FL Spa, p. 43) et ces découvertes sont 
confirmées par Lejeune et Courtois (Comp., I, p. 167), 
par M. Du Mortier (Prodr,, p. 40). Dans un mémoire 
manuscrit de M. Dumoulin, nous trouvons le renseigne- 
ment suivant : « Si vous prenez la route de Liège jusque 
près des haies du château de Castert et si vous entrez, un 
peu avant d'atteindre ces haies, dans le bois qu'on voit à 
gauche de la route, VO. verna s*ofl*re à vos regards. » Le 
même auteur (Guide bot. env. Maastr., p. 102) indique 
les bois près du château de Castert. 

Nous avons visité, ces deux dernières années (1871-72), 
Thabitation de cette belle petite Borraginée. Elle y couvre 
un espace d'un ou deux ares, se cache dans la partie la plus 
toufl'ue du bois, à un endroit où le sol se creuse profon- 
dément. Non loin de là, se trouvent la ferme et le château 
de Castert. La plante y est répandue avec une telle abon- 
dance que les herbacées indigènes lui ont cédé la place ; 
elle aime surtout à se mettre à lombre des bouquets de 
Noisetier, de Charme et de Chêne, mais chose remarquable 



( 210 ) 

elle reste dans une limite très-circonscrite : on la voit tout 
d'un coup couvrir le sol pour disparaître complètement 
aux alentours de son centre de dispersion, de sorte qu'au 
premier aspect on pourrait croire que quelqu'un s'est fait 
un plaisir de la répandre dans un espace donné. Nous 
l'avons cherchée en vain dans d'autres parties de la Mon- 
tagne. Nous nous sommes souvent demandé si cette plante 
est bien indigène à la place où on nous l'indique depuis 
près de trois quarts de siècle. Que parce qu'une plante se 
trouve dans un bois, au milieu d'une végétation native, 
doit-on en conclure, sans aucun examen, qu'elle appartient 
à la flore du pays? A ce propos, nous rappelons avoir 
trouvé dans un bois monlueux, sur le territoire de Marchin, 
dans la vallée du Houyoux, plusieurs centaines de pieds 
d'Euphorbia Lathyris croissant en toute liberté au milieu 
des buissons de la côte. Bien que cette plante ait pris 
là certains airs d'indépendance, on n'a nul droit de la 
considérer comme une indigène, à l'égal d'autres, telles 
que les Mercurialis perennis, Digilalis purpurea, etc., qui 
lui disputaient la place; elle nous offre un de ces cas de 
naturalisatio n extraordinaire dans le genre de celui qui 
nous occupe. 

Ici l'habitation de la plante nous semble peu naturelle. 
En effet, elle se trouve à peu de distance des lieux habités : 
une ferme, un château et un parc sont aux alentours. Il est 
possible qu'autrefois des promenades aient été tracées dans 
le boisy que, le long de ces chemins, certains végétaux 
exotiques y aient été plantés, qu'à la suite des temps, ces 
allées aient été négligées, puis abandonnées et qu'enfin la 
nature sauvage ait repris son empire. 

On ne peut expliquer autrement la présence en ces 
mêmes lieux des espèces suivantes : Orobus nlger, 0. ver- 



( 211 ) 

nus y Doronicum Pardalianches , Vinca major, toutes 
plantes étrangères qu'on introduit encore de nos jours 
dans les bosquets de nos pares. D'ailleurs encore, pour- 
quoi VOmphalodes a-t-il un domaine si circonscrit et, s'il 
était là indigène, pourquoi ne Tobserve-t-on pas dans 
d'autres lieux de la Montagne, pourquoi ne l'a-t-on pas 
trouvé également à Fauquemont, dont la constitution 
géologique est identique à celle du Petersberg? On re- 
trouve près de cette petite ville les Orchidées et plusieurs 
autres plantes rares que l'on rencontre au Petersberg : on 
aurait quelque droit de demander comment il se fait qu'on 
n'y voit pas croître le Baguenaudier, l'Omphalode, etc. 

Au surplus, l'abondance d'une plante dans un lieu 
donné n'augure rien en faveur de son indigénat, surtout 
si l'on sait que cette plante peut se répandre avec facilité 
et rapidement. En effet, POmphalode a des branches 
rampantes, qui poussent des racines de chacun de leurs 
nœuds et la plante se multiplie ainsi fortement par ce 
moyen. Ses fleurs sont rarement suivies de semences qui, 
au reste, sont inutiles, parce que l'espèce se propage con- 
sidérablement par ses branches traînantes (Miller Dict. 
Jard., II, p. 748). Cette remarque est concluante et 
explique suffisamment l'abondance de la plante à Gastert. 

C'est parce qu'ils n'ont pas bien étudié la station et 
l'habitation de la plante, qu'ils n'ont pas consulté les Flores 
générales de l'Europe, que nos auteurs belges se sont 
trompés sur la véritable patrie de YOmphalodes vema en 
lui assignant la Montagne St-Pierre, comme habitation na- 
turelle. Leur erreur a été même reproduite par quelques 
grands botanistes, tels que A. -P. De Candolle (Prodr., X, 
p. 162)etLoiseleur-DesIongchamps (FI. GalL, I, p. 136). 

Il ne paraît pas que cette espèce ait été trouvée en 



( 212 ) 

Belgique ailleurs que dans les lieux cultivés. M. Du Mor- 
tier Ta rencontrée dans le bois du château d'Anvaing 
(Michot FI. Hain,, p. 70) et Tabbé Voisin, à Tournay 
(Dmrt. Prodr,, p. 40) sans indication de station; J. Kickx 
(FL BruxelL, p. US) l'indique comme très-rare entre 
Elegem et Bygaerde. Mathieu (F/. Belg.y p. 361) la 
dit cultivée dans les jardins, se rencontrant quelquefois 
en dehors, mais accidentellement. 

Le D' Georges (FI. Centt\ Bclg., p. 121) Pa vue dans 
les bois vers Hal. M. Fr. Crépin, qui se tient toujours 
dans une prudente réserve, lorsqu'il s'agit de faire entrer 
des plantes étrangères dans notre flore, dit en note (Man. 
fl. Belg.y éd. 1, p. 87 et éd. 2, p. 148) qu'on cultive fré- 
quemment rOmphalode dansnos jardins, qu'il se retrouve 
eà et là, mais très-rarement dans le voisinage des cultures. 
Enfin pour terminer, nous constatons qu'aucun botaniste 
belge de la Renaissance et du dernier siècle n'en fait 
mention. 

L'examen des principales Flores des diverses contrées de 
l'Europe nous dira la patrie de cette plante et tes pays qui 
n'en sont pas dotés. 

. Flores de France. — Duby {Bot. Gall.j I, p. 336). 
Pedemontii nemôrosis indigena, fréquenter in hortis culta. 
Loiseleur-Deslongchamps {Fl. GalL, I, p. 156). In sylvis 
et dumetis Belgici, PedemontiiquC; probabiliter in Gallia 
orientali aut septenlrionali. 

Obs. — Cette Flore ayant paru en 1828, l'auteur s'est 
emparé des renseignements fournis par Lejeune, et de ce 
que la plante a été signalée en Belgique, il en conclut 
qu'elle pourra être probablement trouvée dans la France 
orientale et septentrionale. 

Lamarck (Dict. Encycl., II, p. 239). Cette plante croît 



( 213 ) 

naturellement dans le Portugal et la Garniole, au pied des 
montagnes, dans les bois : on ia cultive au Jardin du Roi. 

Lamarck et De Candolle (FI. Fr., III, p. 637). Cette 
plante est cultivée dans plusieurs jardins. Elle se trouve 
en Piémont, dans les bois autour du bourg de la Cà di 
Prà(All.). 

Willemet (Phyt., I, p. 174). Originaire de la Garniole 
et du Portugal; s'est naturalisée au Jardin des Plantes de 
Nancy. 

Grenier et Godron (F/. Fr., Il, p. 538). Ils ne citent 
que deux localités et cela encore sans désigner la station : 
environs de Lyon, et Russy-Montigny, près de Villers- 
Cotterets. 

Boreau (FL Centr. Fr., II, p. 366). Cultivée fréquem- 
ment en bordures et naturalisée dans plusieurs parcs. 

Cbsson et Germain de St-Pierre (F/, env. Parisy 
éd. 3, p. 333). Souvent cultivée et naturalisée dans quel- 
ques parcs. Bois entre Liancourt et Mogneville (Graves 
Cat. pi. de l'Oise). Petit bois de Russy-Montigny prés 
Crépy, où elle croit avec YAnemone Hepatica dans un 
espace restreint. Cette localité est éloignée de toute habi- 
tation et pour M. Queslier^ la plante y serait réellement 
spontanée; mais, d'après les notions fournies par la 
géographie botanique , nous sommes plutôt portés à 
admettre qu'elle y est seulement naturalisée depuis longues 
années. L'O. vema, originaire du Piémont, de l'Italie, de 
la Transylvanie et de la Carinthie, n a jamais été trouvé 
réellement spontané en France ; aux environs de Besançon, 
où Mutel l'indique dans les bois, M. Grenier (Cat. pL 
Doubs) ne l'a jamais vu qu'échappé des jardins. 

Obs. I. — Nous nous sommes plu à citer tout un long 
extrait de l'ouvrage de ces estimables savants français, parce 

J7 



(214) 

que leur opinion vient confirmer la nôtre et parce que les 
stations des localités citées nous paraissent semblables à 
celle de Maastricht. Nous profitons également de l'occasion 
qui nous est offerte pour rendre hommage à la science et 
à lexcellenle méthode dont MM. Cosson et Germain de 
St-Pierre ont fait preuve dans leur Flore des environs de 
Paris. Lés observations critiques de géographie botanique 
dont ils ont émaillé leurtravail seront souvent consultées et 
il serait à désirer que tous les Aoristes suivissent leur 
exemple. 

Obs, II. — Les auteurs suivants ne parlent pas de cette 
plante : F. Chevallier (F/, env. Paris)^ Grenier (F/. Juras.), 
Godron (F/. Lorr.)j J. Thurmann (P%/. Jura), Ch. Doisy 
(F/, dép. Meusé)y H. Lecoq (Géogr. bot. Eur.). 

Flores d'Allemagne. —A. Garcke(F/. Deutschl., p. 276). 
In sûddeutschen fiergwâldern einheimisch, wird nur in 
Gârten gezogen und verwildertselten. 

Obs. — N'est pas renseignée dans Gmelin (F/. Badensis), 
ni dans aucune Flore de l'Allemagne centrale et septen- 
trionale. 

Flores d'Angleterre. — Miller (Dict. Jard.^ II, p. 748). 
Elle nait sans culture dans les forets de l'Espagne et du 
Portugal, où elle fleurit ordinairement à la Noël. 

Curtis (Bot. Mag.y 7). A native of Spain, Portugal, and 
Garniola, and an habitant of woods and shady situations. 

Sweel {Hort. Brit., p. 488). Introduit dans les jardins 
d'Angleterre en 1633. 

Obs. — N'est pas signalée dans l'excellent British Flora 
de W.-J. Hooker. 

Ouvrages généraux. — Linné (Sp., 1090). Habitat in 
Lusitaniae, Carniolae nemorosis, ad radiées montium. 

De Candolle (Prodr., X, p. 162). In sykaticis montosis 



( 2i8 ) 

Lîguriae (Thom.), Pedemonlii (Ail.), Carniolae et prope 
Salzburg (Koch Syn.)^ nec non prope Besançon (Mutel 
FI. Fr., II, p. 223) et Spa (Lej. FI. Spa, I, p. 98 et 
Rev., p. 43). 

Obs. — Lejeune, dans sa Flore des environs de Spa, 
assigne comme habitation à VO. verna les bois de Castert 
et de Fraipont (prov. de Liège). Dans sa Revue, il ne 
rindique plus que dans la première localité et ce sur le 
témoignage de Bory de St-Vincent et de Michel. Dans 
le Comp. fl. Relg., il la mentionne aux environs de 
Maastricht. Pour ce qui est de l'habitation de Besançon, 
nous avons vu plus haut à quoi nous en tenir. D'ailleurs, 
M. Grenier passe sous silence cette localité dans sa Flore 
de France. 

De tous ces renseignements, il résulte donc que l'O/n- 
phalodes verna a pour lieu d'origine le centre et le sud- 
ouest de FEurope. On le trouve en Hongrie, en Transyl- 
vanie, dans la Garinthie^ la Garniole, la Lombardie, la 
Toscane, la Ligurie et le Piémont; à Touest, en Portugal 
et probablement en Espagne. Partout ailleurs, il n'est 
que subspontané ou naturalisé. 



Doroolcam PardaliaoeheA L. 



Gette plante est indiquée comme croissant dans les bois 
par plusieurs Aoristes belges du commencement de ce 
siècle. Lejeune {Fl. Spa, I, p. 173) l'indique à la Montagne 
St-Pierre; dans s^ Revue, p. 177, il ajoute Blistain et 
Soiron; dans le Comp. fl. Belg., III, p. 1S6, il mentionne 
en outre Ensival et Pepinster. M. Lestiboudois {Bot. Belg., 



( 216 ) 

II, p. 172) la dit originaire de Suisse, et Roucel {FL 
Nord Fr.y II, p. 247), des provinces méridionales de 
l'Europe, en ajoutant qu'on la cultive dans nos jardins. 
M. Du Mortier (Proir., p. 66), sur le témoignage de Tabbé 
Voisin, l'indique comme habitant les bois humides du 
Hainaut. Ce renseignement est reproduit par M. Michot 
(FI. Hain.y p. 272), qui dit de plus avoir semé la graine 
de cette plante dans le bois de St-Denis. Le Rév. P. A. 
Bellynck (F/. Namur, p. 127) la mentionne à Dave 
(F. Racot), où, malgré nos recherches, nous ne sommes 
jamais parvenu à la découvrir, et à Loyers (L.Deschamps), 
où elle existait le long d'un senlier conduisant à un pavil- 
lon construit au sommet d'un rocher et où elle n'a pu être 
que plantée. 

Nous-méme, avec notre ami M. J. Chalon, nous avons 
observé ce Doronic à une lieue de là, dans la vallée de 
Samson, vers Goyet : il venait en compagnie du Narcissus 
poeticusj dans un ancien jardin, redevenu aujourd'hui 
prairie, près des ruines d'une usine de fer. M. A. Wes- 
mael l'a vu à Grimberghen (Brabant), dans un parc, 
associé à VAsperula taurina. M. Dumoulin (iVof. man., 
p. 5) signale cette plante à la Montagne St-Pierre,dans un 
enfoncement au-dessus du bosquet où se trouve YOrobus 
niger. 

Nous avons revu ce dernier et son voisin VOmphalodes, 
mais nous n'avons pu retrouver le Doronic, qui, sans 
doute, n'a su se maintenir en cet endroit comme les deux 
précédents. Remarquons en passant que Tinant(F/. Lux.) 
ne signale pas cette plante dans l'Ardenne, ni dans le 
Grand-duché de Luxembourg. Pour M. Fr. Crépin ( \fan. 
fl. Belg.y éd. 1, p. 131 et éd. 2, p. 223) l'indigénat de 
cette espèce, dans nos provinces, lui paraît très-suspect. 



( 217 ) 

Nous sommes de Tavis de noire savant confrère. La 
plupart des habitations relatées dans nos diverses Flores 
n'ont pas été retrouvées dans ces derniers temps^ ce qui 
prouve que la plante est restée dans un rayon très-cir- 
eonscrit ou qu'elle a entièrement disparu. Nous sommes 
porté à croire qu'on ne Ta jamais trouvée hors des lieux 
soumis à l'influence de l'homme : on l'a vue dans des 
parcs, dans des bosquets, le long des sentiers des bois 
voisins des lieux habités, où elle se montre rebelle à la 
naturalisation, car on ne la rencontre jamais en colonies 
.nombreuses; quelquefois même on n'en a trouvé qu'une 
simple touffe et souvent si peu fournie qu'on pourrait 
croire qu'elle est restée telle qu'on l'y avait plantée. A ce 
propos, nous nous rappelons avoir vu l'habitation classique 
d'Andrimont vers Blistain. La plante était dans une 
prairie au coin d'une hai^? 6n pieds peu nombreux, vivant 
peu à son aise au milieu de la population indigène, qu'elle 
avait l'air de regarder d'un œil étonné, végétant médio- 
crement comme si elle était venue là de la veille. 

Il paraît que le Doronic existe en Hollande (Prodr. fl. 
Batav,, p. 122), dans les bois, mais là, comme chez nous, 
il est probable qu'il n'y est qu'introduit. MM. Babington et 
Watson le regardent comme d'origine étrangère dans la 
Grande-Bretagne. Miller (Dict.Jard., III, p. 84) le signale 
comme cultivé dans les jardins d'Angleterre, et ajoute 
qu'on le trouve en Hongrie et dans les montagnes de la 
Suisse. M. Fries ne l'admet pas non plus dans la péninsule 
Scandinave et le dit adventif en Danemark. Linné (Sp., 
6406) lui assigne pour patrie la Suisse, le Valais et la 
Pannonie, où Clusius l'indiquait déjà (Hist. PL, II, XIX). 
Dodoens {Hist. des PL, trad. de C. Clusius, p. 584) assure 
l'avoir trouvé au penchant d'une montagne en lieux om- 



( 218 ) 

bragés es Alpes de Savoie : il s'en trouve, eonlinue-l-il, 
aucune fois de planté es jardins de quelques apothicaires 
de France. Matthiole (Comm. sur Diosc, p. 883) dit qu'il 
l'a rencontré aux montagnes d'Ananie (Gaule cisalpine) en 
la terre de Trente, dans des lieux presque inaccessibles et 
malaisés. Si nous citons ces anciens auteurs, c'est surtout 
pour montrer combien leurs indications sont précises, 
exemple que devraient plus souvent suivre nos Aoristes 
modernes : si leurs renseignements étaient mieux détermi- 
nés, ils rendraient grand service aux botanistes qui s'occu- 
pent de géographie botanique. Lamarck {Dict. Encyc.y II, 
p. 312) dit qu'on trouve cette Composée en France, en 
Suisse, en Allemagne, aux lieux ombragés des montagnes. 
Il la dit commune dans les bois de l'Auvergne, obser- 
vation confirmée par Lecoq et M. Lamolte (Cat. pi. Plat. 
Centr.), Dans sa Flore Française, IV, p. 173, publiée en 
collaboration avec De Gandolle, il ajoute qu'elle croit dans 
les bois des montagnes, dans les Alpes, les Gévennes, les 
Pyrénées, les Monts-d'Or, le Forez, le Lyonnais, à Auray 
en Bretagne, etc. M. Boreau (F/. Centr., II, p. 28S) dit 
cette plante très-rare dans les départements du Loiret, de 
l'Yonne, de Saône-et-Loire, de la Creuse; elle ne devient 
abondante que dans le midi. M. Godron (FI. Lorr., I, 
p. 390) l'indique dans les forêts du versant oriental des 
hautes Vosges, dans les vallées de Guebwiller, de Stein- 
bach, de Munster, à Souitzbach et au Champ-du-Feu. 
D'après J. Thurmann (Phyt. Jura, II, p. 131), elle est 
disséminée dans les Vosges, les Basses Alpes, sur quelques 
points du bassin Suisse occidental et dans le Jura. Elle est 
très-rare aux environs de Paris, puisque MM. Cosson et 
Germain de St-Pierre (FI. env. Paris, éd. 2, p. 515) ne lui 
assignent que les bois de Malesherbes et comme cette 



( 219 ) 

plante est spéciale à la région montagnetise, ils ajoutent 
qu'elle a pu être introduite à la localité citée. Dans le 
rayon de cette Flore, elle est remplacée par sa congénère 
le D.plantagineum, qui est assez répandu. Enfin, Lecoq 
(Géogr, bot. Eur., VII, p. 104) assigne comme limites à 
cette espèce, au sud : les Pyrénées, l'Espagne ; au nord, 
l'Europe centrale, où elle est assez répandue; à Test, 
la Suisse, Tltalie, TAulriche, la Hongrie, la Turquie, la 
Grèce et le Caucase. 

Coronflla varia L. 

Signalée à la Montagne St-Pierre, la première fois par 
Lejeune (F/. Spa, 1, p. 99 ', cette plante y a été retrouvée 
par M. Dumoulin (iVo/. man.y p. 8) au-dessus de la ferme, 
derrière le château de Castert. 11 fait observer qu'il ne 
s'en trouve que peu de pieds et il est probable, ajoule-t-il, 
qu'elle y a été plantée : néanmoins elle s'y est conservée 
pendant plus de vingt ans et on peut la regarder comme 
entièrement naturalisée. 

Remarquons en passant que parmi toutes les espèces 
qu'il cfle dans son mémoire, c*est la seule sur laquelle il 
émette des doutes quant à la spontanéité. 

Plusieurs Aoristes belges parlent des stations de la 
plante, sans noter ses habitations, sans indiquer aucune 
localité où on la trouve, comme s'il s'agissait d'une espèce 
vulgaire. C'est ainsi que Roucel {FL Nord Fr., II, p. U6) 
dit qu'on la trouve aux bords des champs, que M. l'abbé 
Michot (F/. Bain., p. 241) la renseigne aux bords des 
fossés, que M. Du Mortier (Prodr., p. 10:2) l'indique dans 
les pâturages et C. Mathieu (F/. Belg., p. 140), dans les 
prés secs et aux bords des chemins, dans les provinces 



( 220 ) 

de Liège, de Luxemboiir|ç el de Namur. Ce sont là des 
données trop vagues, dont on ne pourrait faire aucun 
usage si Ton voulait dresser le catalogue exact des plantes 
indigènes du pays. Quelques botanistes ont cependant 
trouvé cette Goronille dans certaines localités déterminées 
de la Belgique. Lejeune (Comp., III, p. 59) Ta observée 
aux bords de la Vesdre, d'où elle a disparu; Stoffels (ex 
Van Haesend. Prodr. fl. Ànv.)y aux environs de Malines, 
où rhabitation est détruite; M. Gh. Baguet, à Louvain et à 
Aerschot(F/. centr. Belg.^ p. 60) et M. Arm. Thielens, à 
Tirlemont (ibid.); enfin, nous-méme, nous l'avons signalée 
sur les pelouses du rempart de TArsenal à Namur, où elle 
n'existe plus, par suite du démantèlement des fortifications. 
D'ailleurs nous n'avons jamais cru à l'indigénat de la 
plante en ce lieu : .elle croissait au pied du mur d'un jar- 
din et a du y être amenée avec les mauvaises herbes que 
le propriétaire jetait hors de son terrain. Nous nous rap- 
pelons même avoir vu pousser, en 1866, au milieu de ces 
détritus végétaux V Adonis hortemis et le Cachlearia Armo- 
racia, autres espèces exotiques. 

M. Fr. Crépin, qui ne croit pas non plus que la plante 
soit indigène en Belgique, cite, dans la l'*' édition de son 
Manuely p. 42, la plupart des localités que nous avons 
signalées plus haut, mais, dans la 2* édition, il ne rappelle 
plus que Namur. D'après ce que nous avons dit, il en 
résulte que cette espèce a probablement disparu de notre 
pays. Cette plante, étant souvent cultivée dans nos jardins, 
a pu se trouver à l'état subspontané auprès des cultures; 
elle pourrait aussi provenir avec des graines fourragères de 
la France, où elle est très-commune et se propager ainsi 
dans les prairies, sur les pelouses, aux bords des fossés 
et des chemins. 



( 221 ) 

Sednni Cepnefi L. 

Cette Grassulacée, dont la dispersion en Europe est très- 
capricieuse, n'est vraiment commune qu'en Italie et en 
Grèce. En France, elle manque à plusieurs flores par- 
ticulières : elle est assez répandue dans le centre et dans 
le rayon de la flore de Paris ; en Lorraine, elle est très- 
rare et indiquée seulement à Neufchàteau. En Suisse, 
on la voit à Genève. Elle manque à la vallée du Rhin, 
par exemple aux flores de Bonn, de Nassau, de Trêves 
(Schâfer) , de la Moselle (Holandre) , du Palatinat 
(F. Schuitz). On la signale sur quelques points du Grand- 
duché de Luxembourg (Lôhr Tascheèibuch); en Ardenne, 
sur les rochers schisteux des bords de la Vierre, entre 
Grand-Voir et Martilly (Tin. FL Lux., p. 221), où 
M. Crépin a fait de vaines recherches pour la retrouver. 
L'espèce manque aux Iles Britanniques, ainsi que dans les 
Pays-Bas, car c'est par suite d'une erreur que de Gorter 
(FL ni prov., p. 121) et Miquel (De distrib. pL, p. 71) 
l'y indiquent : tel est du moins l'avis des auteurs du 
Prodr. fi. Balav. (1850), I, p. 91. M. Lesliboudois (Bo^ 
Belg.yéd.iS^ly p. 389) ne l'indique pas en Belgique et la 
mentionne seulement à Douai. Roucel(F/. NordFr., I, 
p. 352) écrit qu'on la trouve dans les lieux pierreux et 
qu'elle est rare dans la contrée qu'il a explorée. Nous 
n'admettons pas plus ces renseignements que les suivants 
cités par Mathieu (FL Belg., I, p. 203) « sur les colli- 
nes pierreuses des provinces de Liège et de Luxembourg » ; 
par M. Du Mortier (Prodr. ^ p. 85) « in collibus lapi- 
dosis » . Toutes ces indications sont trop vagues et ne 
peuvent aider en aucune façon le botaniste qui désire 
connaître la population végétale de son pays. M. Fr. Crépin 



( 222 ) 

(Mail. fl. Belg., éd. i, p. 47 et éd. 2, p. 85) ne la signale 
pas comme indigène. Nous voyons aussi ce Sednm ren- 
seigné par Lejeune (FL Spa, l, p. 204) sur la Montagne 
St-Pierre. Cette indication est mieux spécifiée par M. 
Dumoulin {Not, man,, p. 8 et Guide du bot. env. Maastr., 
p. 139), qui dit Tavoir trouvée sous les haies de la 
vieille tour deLichtenberg et dans un effondrement de la 
prairie voisine. Malgré cette indication très-précise, les 
nombreux botanistes qui ont visité ces lieux ne sont pas 
encore parvenus à retrouver cette plante. Nous-méme, 
nous avons parcouru, pendant Tété de cette année, la 
localité désignée sans être plus heureux et nous n'y 
avons vu, comme plante remarquable, que CEryngium 
campestre. Il est possible que le Stdum Cvpaea ait 
pu être observé pendant quelques années à Lichten- 
berg, mais qu'il n'ait pu s'y maintenir par suite de 
circonstances dépendantes du climat, du sol, etc. S'il se 
fut trouvé dans des conditions favorables, nul doute 

qu'il ne se fut propagé aussi bien que certaine autre Cras- 
sulacée annuelle, le Sedum rubens, qui couvre les terrains 

calcaires du midi de la province deNamur, à Yvoir, Dinant, 
Anseremme, Waulsort, etc. Nous croyons donc qu'on 
peut rayer cet Orpin de la liste de nos plantes indigènes, 
et c'est par suite des fausses indications puisées dans les 
Flores du pays, que M. Alph. De Candotte (Géogr. Bot., 
1, p. 80) cite Maastricht comme le point le plus avancé 
vers le nord (S0° 3/4 lat.) pour cette plante. Nous pen- 
sons qu'elle ne dépasse pas Neufchàteau-sur-Meuse, les 
environs de Paris et peut-être le Grand -duché de Luxem- 
bourg. Nous ne savons trop quelle confiance il faut ac- 
corder au renseignement suivant fourni parDekin etPassy 
(FL BruxelL, p. 27.) « In locis, petrosis Forêt», puis- 






( 223 ) 

qu'aucun Aoriste belge ne Ta reproduit et que les botanis< 
tes bruxellois n ont pas retrouvé la plante au lieu indiqué. 

Rfbes alplnnni L. 

Cet arbrisseau est indigène près de nos frontières. 
Tinant (F/. Lux., p. 131) l'indique dans les bois et sur les 
rochers du Grand-duché de Luxembourg, sans indication 
de localités, attendu que la plante y est assez répandue, 
observation contrôlée par les botanistes belges dans leurs 
excursions à travers ce pays en 1869 (Bull. Soc. roy. Bot., 
t. VIII, n^ 3, pp. 377-403). Ce Groseillier est également 
très-répandu dans les montagnes de TEifel, ainsi qu'ont pu 
le constater cette année plusieurs de nos confrères, dans 
l'herborisation qu'ils ont faite aux environs de Gerolstein. 
Nous ne croyons pas qu'on ait jamais rencontré cette 
espèce sur le territoire belge en dehors des haies et des lieux 
cultivés. Lejeune (F/. 5pa, I, p. 121) prétend cependant 
l'avoir trouvée dans les bois du côté de Blistain et dans 
les haies près de Verviers. Dans sa Revue, p. 55, il ne 
signale plus que quelques pieds épars dans les bois entre 
Verviers etBIistain, mais dans leComp. fi. Belg., I, p. 197, 
il l'indique dans la région montagneuse de l'Ëifel, dans les 
vallées du Rhin, de la Meuse et de VOurthc. Nous avons 
parcouru pendant douze ans la vallée de la Meuse, et nous 
n'y avons vu le Groseillier des Alpes qu'en un seul endroit, 
où il avait du être planté : c'est dans un jardin abandonné 
d'une vieille usine, à Yvoir, dans la vallée du Bocq. Il se 
pourrait que l'on trouvât un jour cet arbrisseau dans 
l'Ardenne belge; il est d'ailleurs indiqué à rechercher par 
M. Fr. Crépin, dans son ouvrage intitulé VArdenne (Bull. 
Féd.Soc. Hort. Belg., 1862, p. 313); mais aucun botaniste 



( 224 ) 

résidant ne l'y signale et le compte-rendu de 1 exploration 
de la Société royale de Botanique faite, en 1866, dans le 
Luxembourg belge n'en parle pas. M. Du Mortier (JProdr.^ 
p. 88) dit que cette plante habite « in Arduenna et Eiflia » : 
l'auteur n'a voulu sans doute parler que du Luxembourg 
cédé. Mathieu (F/. Belg., p. 207), qui souvent copie les 
renseignements fournis par ses prédécesseurs, écrit qu'on 
la trouve dans les haies et les bois des environs de Ver- 
viers et dans le Luxembourg. M. Michot (F/. Hain., 
p. 90) la renseigne, sur le témoignage de son frère, à Solre- 
sur-Sambre; Roucel (F/. Nord Fr.y I, p. 179) ne Ta pas 
trouvée en Belgique et il assure qu'elle est souvent cultivée 
dans les parterres et les bosquets. Enfin, M. Dumoulin dit 
l'avoir trouvée dans un petit bois situé à droite du 
chemin avant d'arriver à Slavande, entre Maastricht et 
Lichtenberg. Les anciens auteurs se taisent sur la présence 
de ce Groseillieren Belgique. Incidemment, qu'il nous soit 
permis de dire ici que la lecture de Dodoens vient confir- 
mer ce que nous avons dit, il y a quelques années, sur la 
spontanéité du Ribes nigrum dans quelques localités de 
notre pays (Bull, Soc. roy. Bot,, t. V, n" 1, p. 6, t. VI, 
n" 3, p. 294 et Kickxia Belgica, n"* 79). Il assure (Hist. 
des PI, trad. de G. Glusius, p., 478) que cet arbrisseau croit 
de lui-même en lieux humides et mal cultivés, le long des 
fossés et des rivières, 

La dispersion du JSt&P5a/ptn?im en Europe est très-vaste. 
En voici les limites d'après H. Lecoq {Géogr, bot. Eur.y 
VI, p. 22S). Au sud, les Pyrénées, l'Espagne boréale et 
le midi de l'Italie; au nord, une partie du centre de 
l'Europe, toute la Scandinavie et l'Angleterre. A l'esf, 
il s'étend très-loin vers la Suisse, l'Italie, la Hongrie, le 
Caucase, la Hussie çt la Sibérie, $i on ne le trouve pas 



( 22S ) 

spontané en Belgique, c*est que nos collines n'ont pas une 
altitude assez considérable que pour pouvoir posséder cette 
espèce alpine. 

Lonleera Xylostenin L. 

M. Alfr. Gogniaux, en 1863, dans un travail intitulé 
Coup d'œil sur la végétation des environs de Visé {Bull, 
Soc. roy. Bot. , t. III , n" 1 , p. 81) est le premier 
botaniste qui signale ce Chèvrefeuille, dans cette partie 
du pays. Il l'indique sur les collines entre Argenteau et 
Cheratte, sur le calcaire de Visé et de Richelle et à la 
Montagne St-Pierre. Cependant M. Dumoulin , dans 
son Guide du botaniste aux environs de Maastricht, 
publié en 1868, n'en parle pas. Nous avons remarqué au 
Petersberg quelques buissons de cet arbuste souvent 
associé au Colutea arborescens, et, comme M. Crépin, nous 
le soupçonnons detre introduit en ce lieu. Nous ne 
pouvons assurer qu'il est indigène aux environs de Visé. 
La remarque suivante faite par Lejeune, dans sa Revue, 
p. 52, nous permet d'émettre quelque doute : « il est 
maintenant tellement naturalisé dans les bosquets de la 
province de Liège , qu'on croirait à son indigénat. » 
M. l'abbé Ch. Straii en a rencontré une seule touffe entre 
Forêt et Magnée, où probablement l'habitation est artifi- 
cielle. Il est une partie de la Belgique où ce Chèvrefeuille 
croit naturellement : c'est à l'extrême frontière méridionale 
du Luxembourg, aux environs de Lamorteaux, Torgny, 
Saint-Mard, Ruette et Virton, où il est très-abondant, 
mais localisé sur le calcaire jurassique. On le voit 
d'ailleurs communément près de là en Lorraine (Godron 
FL Lorr,, I, p. 353), dans les bois, les buissons et même 
jusqu'au sommet des hautes Vosges. 



( 22ft) 

Parmi les Aoristes belges, M. Du Mortier est le seul qui 
renseigne cet arbuste indigène près de nos frontières : 
il l'indique (Prodr., p. SS) dans TEifel et le Luxembourg. 
R. Dodoens paraît ne pas l'avoir trouvé dans nos contrées, 
puisqu'il écrit (HUt, des PLy (r. de C. Clusius, p. 548) : 
« Il croit en plusieurs endroits de la Savoie et au pays des 
Suisses. En ce pays (Belgique), les herboristes le plantent 
en leurs jardins. » 

Cette espèce est maintenant spontanée sur quelques 
points du midi de l'Angleterre, où elle a peut-être été 
transportée (Bromf. Phyl.y p. 422); mais elle n'était 
pas indiquée par les anciens botanistes Ray et Dillenius. 
Elle manque à l'Irlande, à la Hollande, à la Normandie; 
elle s'étend peu vers l'ouest et ne se trouve pas sur une 
grande partie du littoral de la France et du Nord, de 
Nantes à Hambourg. Au sud, elle est dans le centre et le 
midi de la France, en Espagne et en Italie. Au nord, 
elle existe en Allemagne et en Scandinavie, la Laponie 
exceptée. A l'est, on la trouve en Suisse, en Dalmatie, 
en Hongrie, dans le Caucase, la Turquie, la Russie et la 
Sibérie. 

Papsiver hybrldnm L. 

La présence de ce Pavot vers Maastricht a été signalée 
par M. Dumoulin (Guide, p. 108) dans les champs, près 
du château de Castert. Presque tous nos Aoristes indi- 
quent cette plante en Belgique et bien qu'ils ne la disent 
pas rare, on n'est pas encore parvenu à la retrouver dans 
ces derniers temps et peu d'amateurs la possèdent dans 
leur herbier. Roucel (FI. Nord Fr., I, p. 425) indique 
ce Pavot dans les champs, où, dit*il, il n'est pas rare. 



( 227 ) 

Ne le eonfond-il pas peut-cire avec le P. Argemone^ 

qu'il ne cite pas et qu'on voit cependant répandu abon* 

damment dans nos provinces : la description qu'il en 

donne et la synonymie qu'il relate nous portent à le 

croire. Dekin et Passy {FL BriixelL, p, 50) disent « in 

arvis et cultis, » et J. Kickx (FI. Bruxell,, p. 193) dit « in 

arvis Laeken, Jette, etc. ». Hocquart (F/, dép. Jpmm,, 

p. 181) le renseigne dans les moissons d'Ath, de Tournay 

et M. Lestiboudois (Bot. Belg., II, p. 74), vaguement dans 

les champs. Lejeune (FI. Spa, I, p. 240) l'indique dans 

les moissons, surtout près de Maastricht, dans les champs 

sablonneux à Bruxelles, à Tournay et dans la province de 

Luxembourg (Comp., II, p. 180). M. Du Mortier écrit 

laconiquement « in arvis, » et M. Michot (FI. Uain., 

p. 181) et Mathieu (FI. Belg., I, p. 32), le copiant sans 

doute, indiquent les blés et les champs en général : le 

dernier ajoute toutefois que Tespèce est rare, mais il ne 

cite aucune localité précise. F.-V. Marissal (Cat. phan. 

env, de Tournay, p. 61) le renseigne sur les voies à 

Vaulx. Quelques Aoristes belges se taisent sur celte plante; 

ce sont :1e Rév. P. A. Bellynck, auteur de la F/ore de iVamiir, 

MM. Pire et Muller, auteurs de la Flore du Centre de la 

Belgique et M. Fr. Crépin, qui, dans la première édition 

de son )!anuel, p. 21, la mentionne pour mémoire dans 

les provinces de Hainaut, de Brabant, d'Anvers et de la 

Flandre occidentale; dans la 2* édition de son ouvrage, 

il ajoute (p. 41) que celte espèce, signalée dans toutes 

nos Flores parait introuvable aujourd'hui ; néanmoins il 

engage les herborisateurs à la rechercher. 

Plusieurs contrées voisines de la Belgique paraissent 
ne pas posséder cette plante. M. Godron, dans sa Flore de 
Lorraine, ne l'indique que d'aprèsM.Doisy (F/, rfép. Meuse^ 



( 228 ) 

I^ p. 486), qui ditTavoir trouvée dans le département de 
la Meuse; elle est également à peine signalée dans le Jura 
(J. Thurm. Phyt. Jura, II, p. 24). Cependant MM. Gre- 
nier et Godron (F/. Fr.y I, p. 59) la renseignent dans les 
blés et les champs cultivés de presque toute la France. 
H. Lecoq (Ceogr. bot. Eur.y V, p. 7) donne sa dispersion 
de la manière suivante: commune dans le midi de la 
France, en Espagne, en Algérie, en Grèce, en Crimée et en 
Sicile; au nord, on Tobserve en Angleterre, en Irlande 
et elle devient rare en Allemagne. 

Seneelo squalldn» L. 

Lejeune (F/, Spa, II, p. 166) prétend avoir trouvé des 
pieds de cette plante annuelle, par-ci par-là, dans les 
environs de Verviers. On doit admettre que cette Com- 
posée exotique est venue du midi avec les laines brutes 
qu'on travaille sur les bords de la Vesdre. Elle y a végété, 
assure-t-il, de 1805 à 1816, mais comme 1 été de cette 
dernière année fut froid et pluvieux, beaucoup de plantes 
annuelles ne purent mûrir leurs graines; c'est probable- 
ment la cause qui fit disparaître ce Séneçon du pays. Plus 
tard, le même botaniste l'a encore rencontrée dans la 
vallée de l'Amblève, aux alentours de Sougnez et d'Ay- 
waille {Comp.y III, p. 168) où on ne la signale plus aujour- 
d'hui, il paraîtrait que M. Dumoulin {Guide bot. env. 
MacLstr.y p. 140) a également observé cette espèce dans les 
bois et les endroits arides de la Montagne St-Pierre; ce 
qui nous autorise à ne pas ajouter foi à cette trouvaille , ce 
sont les stations peu naturelles qui sontassignéesàla plante. 
L'espèce semontre très-peu vers le Nord. En Angleterre, 
elle fut d'abord découverte par sir J. Banks (Smith 



( 229 ) 

Engl. Fl.f III, p. 431) sur les vieux murs à Oxford et 
ensuite dans cinq comtés du midi. Elle n'a pu venir là 
quavec des graines du sud de l'Europe. Elle fait complè- 
tement défaut dans le nord de la France (De Gandolle 
Géogr. Bot., II, p. 669) et dans le midi, elle habite les 
champs, les vignes, les murs et les bords des chemins de 
la région méditerranéenne (Duby Bot. Gall., 1, p. 262). 

Bertoloni {FI. Ital., IX, p. 222) la signale en Calabre 
et au pied de TEtna, observation confirmée par Boccone et 
Gussone. Linné (Sp., 6289) lui assigne pour patrie TEu- 
rope australe. 

Banfas Erncago L. 

Cetïe espèce errante, maisessentiellement méridionale, 
est disséminée sur quelques points du sud de l'Europe et 
en Afrique. On la trouve dans la France australe, le 
Dauphiné, le Valais, la Savoie, Tltalie, la Sicile, l'Au- 
triche, la Grèce, la Russie (De Gandolle Prodr., II, p. 671 
et Lecoq Géogr. bot. Eur., V, p. 149). En France, elle 
s'avance jusque Lyon(Gren. et Godr. FI. Fr.j I, p. 135), 
et se trouve çà et là dans les champs, entre le pied du 
Jura et le lac de Genève (Grenier FI. Juras., I, p. 75). 
A l'ouest, elle parvient dans le département de la Loire- 
Inférieure jusque Chéméré et Fresnay (F/. Ouest Fr., 
p. 4t). 

En Belgique, cette Crucifère a élé découverte en 1862 
par M. L. Pire, dans un terrain vague à Ixelles : elle en 
a disparu l'année suivante. M. Dumoulin {Not. rnan., 
p. 11) dit qu'on l'a trouvée dans un champ d'avoine, 
sur les hauteurs qui dominent le bois de la Montagne 
St-Pierre, mais il n'assure pas l'avoir rencontrée. M. Du 

i$ 



( 230 ) 

Mortier (Prodr., p. 121), d'après Van lloorebeke, dit 
qu'elle croit dans les champs des Flandres, mais comme 
on ne peut avoir grande confiance dans les renseignements 
fournis par Van Hoorebeke qui n'était pas, semble-t-il, un 
botaniste bien sérieux, qu'il nous soit permis de ne pas ad- 
mettre son indication, surtout que cet auteur ne cite le 
nom d'aucune localité. 

Orobuft niger I. 

La Flore des environs de Spa (I, p. 101) renseigne 
cette plante dans les bois, près de Verviers et de Maastricht. 
M. Dumoulin (Not. man., p. 5 et Guide, p. 106) l'a 
observée près du bosquet de Castert, où cette année, nos 
confrères MM. A. Hardy, Ch. Minette et Ch Firket l'ont 
retrouvée. Elle vient au même lieu que VOmphalodes veraa, 
et non loin du Vinca major, espèce très-méridionale, qui 
se montre rarement dans notre pays hors des parcs et des 
lieux cultivés. Les pieds étaient peu nombreux (une dou- 
raine), mais de taille gigantesque. C'est là également qu'on 
a indiqué jadis les Orobus vernus et Doronicum Pardalian- 
ches. Nous avons dit plus haut notre avis sur la naturalisa- 
tion de ces espèces exotiques; c'est pourquoi nous nous 
dispensons de revenir sur cet objet pour la plante qui nous 
occupe. 

S'il faut en croire nos Aoristes, cet Orobe aurait été 
trouvé dans d'autres endroits du pays, et pour plusieurs 
d'entre eux, l'espèce serait si répandue qu'ils se dispensent 
même de citer des localités précises, se contentant de 
donner des indications générales, tout comme s'il s'agissait 
d'une plante commune. Roucel (F/. NordFr., II, p. 134) 
prétend l'avoir souvent observée dans la forêt de Soigne 



( 231 ) 

et du côté de Wavre; or, J. Kiekx (F/. BruxelL) et 
MM. Pire et Muller {FI. Centr. Belg., n'en parlent pas. 
M. Lestiboudois (Bot. Belg., II. p. |124) l'indique dans 
les bois; MM. Du Mortier {Prodr., p. 104) et Michot 
(F/. Hain., p. 246), dans les bois montueux; enfin Ma- 
thieu (F/. Belg., p. 152) est plus explicite en indiquant 
les bois montagneux des Ardennesetdu Luxembourg, où 
cependant aucun de nos confrères ne Ta vue. M. Chabaut 
la observée autrefois à Beaumont, au lieu dit Fontinette, 
mais elle en a disparu. On peut donc considérer TO. niger 
comme une .espèce très-rare en Belgique et Ton serait 
même porté à la croire douteuse pour notre flore, si on 
ne la trouvait pas répandue dans les contrées limitrophes et 
n y était signalée comme une plante assez vulgaire. Au 
reste, voici sa dispersion en Europe : au sud, ses limites 
d extension sont le midi de Titalie, les Pyrénées et l'Es- 
pagne; au nord, l'Europe centrale, le Danemark, la 
Suède, la Norwége et l'Angleterre; à l'est, la Suisse, 
l'Italie, l'Autriche, la Hongrie, le Caucase et la Russie. 
II. Lecoq Géogr. bot. Eur., V, p. 603). 

Oroboft Ternaft L. 

S'il faut en croire Lejeune (F/. Spa, I, p. 101 et 
Comp., III, p. 75), cette plante aurait été trouvée dans 
les bois de la Montagne St-Pierre, mais M. Dumoulin 
n'en parle dans aucun de ses travaux. Comme pour la 
précédente espèce, nos Aoristes ne nous fournissent que 
des renseignements incertains, qui ont besoin d'être con- 
firmés par des recherches ultérieures. D'après Nyst et 
Van Hoorebeke, M. Du Mortier (Prodr., p. 104) l'indique 
dans les bois; M. Lestiboudois (Bot. Belg., II, p. 124) la 
place dans les bosquets. Ce sont bien là les stations natu- 



( 252 ) 

relies de la plante, mais à quel endroit^ dans quelles 
localités IVt-on rencontrée? Mathieu (F/. Belg.^ I, 
p. 152), copiant ses devanciers et remarquant que l'espèce 
a été signalée par Nyst vers Maastricht et par Tinant aux 
environs de Habay et d'Herbeumont, écrit qu'on la trouve 
dans les bois des provinces de Liège et de Luxembourg, 
mais qu'elle est assez rare. Sur quels documents s'est-il 
fondé pour aller même jusqu'à spécifier le degré d'abon- 
dance ou de rareté de la plante, alors qu'elle est douteuse 
pour le pays. 

C'est résoudre un peu légèrement la question et nous 
faire supposer que cet amateur faisait simplement de la 
botanique dans son cabinet et rédigeait sa Flore en com- 
pulsant les œuvres de ses prédécesseurs. On ne doit pas 
noter au hasard une plante comme indigène: un contrôle 
sérieux est nécessaire avant de pouvoir procéder à cette 
admission et le Aoriste doit toujours se défier de ces 
étrangères, qui sont venues, pour un jour, nous demander 
un coin de notre champ, un rayon de notre soleil et végé- 
ter tristement comme des exilées regrettant la patrie 
lointaine. 

La dispersion de cette espèce en Europe est à peu près 
la même que celle de l'O. niger. Au midi, elle s'arrête au 
sud de l'Italie, de l'Espagne et de la Grèce. Au nord, elle 
croit dans l'Europe centrale, en Scandinavie et en Laponie. 
A l'ouest, elle n'atteint que la France centrale et à l'est, 
on la voit dans la Garpatlies,en Turquie, dans le Caucase 
et en Russie (Lecoq Géogr, bot. Eur., V, p. 599). Bien 
que son aire d'extension soit considérable, il reste plusieurs 
contrées de l'Europe qui n'en sont pas dotées et la Belgique 
est probablement de ce nombre. 



(235) 



ollicliialls L. 

Nous concédons volontiers que celte plante soit indi- 
gène dans un grand nombre d'habitations qu'elle pos- 
sède en Belgique ; on la trouve telle en Flandre, dans 
la vallée du ruisseau de Maerke près d'Audenarde , 
à Etichove, Eename, Rooborst, où elle est en très-grande 
abondance dans les bois montueux; on la voit également 
en Brabant, dans des dépendances de Tancienne forêt de 
Soigne, à Rouge-Cloître, Uccle, La Cambre et Tervueren; 
enfin dans le Bas Luxembourg, dans les bois assis sur le 
calcaire jurassique, à Latour, entre Ruette et Lamorteau 
(Fr. Crépin Not. fasc. IV, p. 32 et fasc. V, p. 50). 
Les indications fournies par les anciens botanistes pou- 
vaient faire supposer que lespèce est belge. Roucel 
(F/. Nord Fr,j I, p. 131) dit qu'il l'a observée dans la 
forêt de Soigne, du côté de Waterloo, La Hulpe et dans 
le parc de Tervueren, mais il ajoute {Traité des plantes, 
etc., p. IS) qu'il ne l'a vue en Flandre que par culture. 
Dekin et Passy (F/. Bruxell,, p. 17) écrivent « In siivulis 
propè La Cambre » et J. Kickx (F/. BruxelL, p. 116) note 
«In sylvae Soniae locishumidis, prope Rood-klooster, etc., 
noncommunis.» Si nous remontons plus haut, nous remar- 
quons que R. Dodoens {Hist. des F/., trad. de C. Clusius, 
p. 85) dit « croit es lieux humides et ombragés. » 

Les habitations aux alentours de Verviers, signalées par 
Lejeune, sont réputées suspectes par A. Donckier {Bull. 
Soc. roy. Bot. Belg., I, p. 234). La plante est-elle bien 
spontanée aux endroits suivants : Chercq, Enghien (Hocq. 
FI. Jemm., p. 123); bois du château d'Anvaing et à 
Hollain (Michot F/. Hain., p, 71); endroits couverts à 
Chercq et à Calonne (Marissal Cat. phan. env. Tournay^ 



( 254 ) 

p. 19); parc de Corroy-le-Chaleau (Bellynck FI. Nam., 
p. 172); bois de Bon-Secours (Lelièvre) en compagnie 
de VEranthis hyemalis^ où elle couvre un espace de 25 mè- 
tres. M. Dumoulin {Not. man.^ p. 4) dit qu'il Ta rencon- 
trée sous les buissons à la Montagne St-Pierre, avant de 
descendre dans le jardin de la maison connue sous le nom 
de Poule rouge. Enfin nous-méme, avec notre ami M. J. 
Glialon^ nous Tavons vue le long du ruisseau de Marche- 
les-Dames (Namur). Il est possible que plusieurs de ces 
fiabitations semblent être naturelles, mais si Ton considère 
que cette Borraginée est cultivée dans presque tous les 
jardins de la campagne, qu'elle est éminemment rustique 
et très-envahissante, on doit admettre, hormis les loca- 
lités citées en premier lieu, qu'elle n'est le plus souvent 
qu'une plante naturalisée. 

Campanola lattfolla L. 

La dispersion de cette espèce en Europe est très-vaste. 
Au nord, elle s'étend dans toute l'Europe, y compris la 
Scandinavie, la Laponie, l'Angleterre et l'Irlande. A 
l'est, elle est en Suisse, en Italie, en Autriche, en Tur- 
quie et en Russie (Lecoq Géogr, bot. Eur., VII, p. 314). 
En Belgique, cette plante est considérée comme une des 
plus rares de la flore: notre pays semble en quelque sorte 
en dehors de sa distribution et l'altitude de nos collines est 
peut-être trop peu élevée que pour être favorable 
à cette espèce essentiellement montagnarde. Lejeune est 
le seul botaniste qui dise l'avoir trouvée dans les bois de 
la vallée de l'Amblève, à Coo. Il prétend aussi l'avoir ren- 
contrée aux environs du village de Cannes-lez-Maastrichl 
(F/. Spa, I, p. 107). Mais M. Crépin nous assiwe qu'il est 



( 235 ) 

diiTicile de croire qu'elle soit indigène en ce lieu (M an. 
fl. Bclg.f cd. % p. 187). Cette plante devient douteuse 
pour notre flore, car il y a très-longtemps qu'on ne l'ait 
revue. Dans le Grand duché de Luxembourg, cette plante 
est également très-rare, car ïinant ne l'indique (F/. Lux.^ 
p. 122^ que dans les bois de Fischbach. 



BIBLIOGRAPHIE. 



Traité de Paléontologie végétale ou Flore du monde pri- 
mitif dans ses rapports avec les formations géologiques 
et la Flore du monde actuel, par W.-Ph. Schimper. — 
Tome II (0. 

Déjà dans le tome VIII, p. 160 du Bulletin, nous avons 
donné une analyse du premier tome de Timportant travail de 
M. Schimper. La première partie du tome JI, accompagnée 
d'un atlas de 25 planches, a paru en 1870. La deuxième 
partie devait paraître à la fin de la même année, mais la 
guerre franco-allemande, dont Strasbourg a eu tant à souffrir, 
n'a pas permis à Fauteur de réaliser sa promesse. C*cst cette 
année seulement que la 2^ partie, accompagnée d'un atlas de 
d5 planches, a été mise en vente. Un 5*"" tome, comprenant 
la fin de la partie descriptive, le tableau synoptique des 



(i) Un Tol. in-8°, de 966 pages, accompagne d*un atlas in-folio de 
40 planches; Paris, 1870-7^. 



( 236 ) 

diverses flores, et le supplément de Findex bibliographique de 
la paléontologie végétale, paraîtra à la Gn de Tannée 1872, 
accompagné des dernières planches de Tatlas. 

Le tome II de ce grand ouvrage comprend la description 
des végétaux fossiles depuis les Lycopodinées jusqu*aux Dios- 
py ri nées. 

Comme nous avons exprimé notre opinion sur la haute 
valeur du livre de M. Schimper, il devient donc superflu à 
propos de la publication de cette nouvelle partie que nous 
refassions Téloge du travail de Tillustre savant. 

Grâce au Traité du professeur de Strasbourg, Tétude de la 
paléontologie végétale est rendue véritablement accessible. 
Avant sa publication, il était extrêmement difficile de s'initier 
à la connaissance des flores anciennes, à cause de Tabsence 
d*un ouvrage méthodique général. Les éléments d'une flore 
paléontologique étaient disséminés dans une foule de mémoires 
très-coûteux et qu'on ne trouve réunis que dans les grandes 
bibliothèques. 



MELANGES. 



Perforation des Pommes de ierre par le 
Chiendent, — Pendant la récolte des pommes de terre, en 
i869, un fermier de M. le chevalier Charles de Ilarlcz, de 
Deulin, près Barvaux, sur TOurthe, fit voir à son proprié- 
taire un grand nombre de tubercules percés d'outre en outre 
par les rhizomes (soboles) du Chiendent (Triiicum repens), 
M. de Harlez remit quelques-unes de ces pommes de terre h 
son médecin, M. le Dr Heusch, notre collègue de l'Université 
de Liège, lequel voulut bien nous les communiquer. 

Cette perforation, quelque extraordinaire qu'elle paraisse. 



( 237 ) 

est parfaitement naturelle : elle a été fort commune cette 
année dans la localité. Les soboles du Chiendent traversent un 
tubercule en ligne droite, entrant d'un côté et sortant de l'autre, 
sans éprouver de modifications et sans paraître influencer 
autrement le tubercule : la pénétration n'est précédée d'aucune 
dépression. Le canal de perforation est droit, légèrement irré- 
gulier dans ses contours et simplement limité par une couche 
brunâtre d'un millimètre à peu près d'épaisseur. Souvent la 
même sobole transperce successivement plusieurs tubercules à 
la file l'un de l'autre. 

Ce fait est un des phis beaux exemples qu'on puisse citer 
de la pénétration des tiges. Il est, en outre, une curieuse 
manifestation de cette lutte pour la vie, qui se livre entre les 
êtres vivants aussi bien sous le sol qu'à la surface de la terre. 

Il a déjà été, à notre connaissance, signalé en i855, par 
Ch. Morren, à l'Académie royale des sciences (Bull, de l'Acad., 
4835, p. 350); en i839, à l'Académie de Bologne, par M. Ant. 
Santagata(l), et, en 1870, à la Société royale de Botanique 
de Belgique, par M. Fr. Crépin {BulL, VIII, p. 487). 

Éd. Morren. 

Genlsta prastrata Lmk. — Tinant, dans sa Flore 
Luxembourgeoise^ pages 558-339, décrit le Genista prostrata, 
qu'il signale comme étant commun dans le Luxembourg : 
c Les collines arides, le long des bois. » Malgré de nombreuses 
recherches faites pendant un grand nombre d'années dans 
toutes les parties du Luxembourg belge, jamais nous n'avons pu 
découvrir cette espèce ; nos confrères du Luxembourg allemand 
ne l'ont point non plus découvert dans le Grand-Duché. A la 
suite de ces recherches infructueuses, on pouvait suspecter 

(1) Ant. Santagata De nonnuUis plantarum fructibus abnormibus, (la 
Nov, Comment. Acad. scient, inatit. Bononiensis, t. III, p. 87, tab. X.) 

19 



( 238 ) 

avec quelques raisons Tindication de Tinant. Le doule est 
maintenant changé en certitude par l'examen qu*a fait M. Kolz, 
de Luxembourg, de la plante que Tinant a déterminée sous le 
nom de Genista prostrata^ plante qui n'est rien autre que le 
vulgaire G. pilosa L. — M. Kolz a eu la bonté de nous com- 
muniquer un petit fragment d'un échantillon conservé dans 
l'herbier de Tinant. 



NOUVELLES. 



— Une Société de Botanique s^est constituée à Luxembourg sous le titre 
de Société de Botanique du Grand^duché de Luxembourg. Cette Société a 
pour but d^étudier les matériaux de la flore de cette province et d'en 
composer Therbier. Ses statuts ont été arrêtés à la date du 17 février 1872. 
Son bureau se compose de : MM. Rrombacb, ^ère, président; Eug. Fischer, 
vétérinaire, vice-président; Ch. Siegen, vétérinaire, secrétaire; Jos. Faut- 
becker, réviseur à la Chambre des comptes, conservateur des collections, 
et Aug. Weber, étudiant, trésorier. A cette date, vingt-cinq personnes 
avaient déjà adhéré aux statuts de la nouvelle Société. Celle-ci, nous n'en 
doutons' aucunement, va imprimer une grande impulsion aux recherches 
botaniques dan» celte belle province, que notre Société a visitée en 1869. 
Ses herborisations, qui, pendant la belle saison, seront au nombre de deux 
par mois, lui donneront, en peu d'années, une connaissance approfondie de 
la végétation si curieuse et si riche du Luxembourg allemand. Elle a mis 
à sa tète le vétéran des botanistes luxembourgeois, le respecUble M. Krom- 
bach, l'ancien compagnon de Tinant, Marchand et Bové. 

— MM. Fischer et Kolz, membres de la Société de Botanique du Grand- 
duché de Luxembourg, sont occupés à la rédaction d'un catalogue général 
de la flore du Grand-duché de Luxembourg. 

— Notre confrère M. Van Heurck a enrichi son Musée botanique d'une 
collection de produits végétaux employés en médecine et dans les arts. Ces 
produits, au nombre de plus de trois mille, font l'objet d'un catalogue 
systématique qui paraîtra prochainement. 



( 239 ) 

— Notre confrère M. Van VoUem a récemment écrit à M. Weyers, pour 
lui donner un -aperçu de ses recherches au Brésil. Il faut savoir que 
M. Van Volxem s'est associé avec MM. Van Beneden fils et de Sélys-Long- 
champs fils, pour explorer une partie du Brésil. Ces naturalistes sont 
partis Pété dernier pour Rio-Janeiro ; ils resteront au Brésil jusque vers 
le mois de juin prochain. Leurs recherches sont surtout zoologiques; mais 
la botanique ne sera pas négligée par ces savants. 

— La collection des Fougères vivantes du Jardin botanique de Bruxelles 
s'enrichit de jour en jour d'espèces rares et précieuses, grâce à l'initiative 
et aux connaissances spéciales de notre confrère M. Bommer, chargé de la 
direction de cet établissement scientifique. 

— On annonce la publication d'une nouvelle Flore du Portugal, par 
le Senor Baroo de Castello de Paira. 

— Notre confrère associé M. le Dr Eichler, actuellement professeur h 
Gratz, est appelé à occuper l'une des chaires de botanique à l'Université 
de Kiel et à prendre la direction du Jardin botanique de cette ville. Il 
quittera Gratz aux vacances de Pâques. 

— Le savant botaniste -voyageur Friedrich Welwitsch est mort, à 
Londres, le 20 octobre dernier, à l'âge de 65 ans. , 

— La veuve du célèbre botaniste W.-J. Hooker est morte le 16 octobre 
dernier, à l'âge de 75 ans. Cette dame, qui était très-instruite, était la 
fille de Dawson Turncr, botaniste et archéologue bien connu. 

— Les élèves de l'École d'Horticulture de Vilvorde, dans leurs herbori- 
sations de cette année, ont fait plusieurs découvertes fort intéressantes, 
parmi lesquelles, nous citerons : 

Géranium phaeum L. — Bois près de Grimberghen {Boulanger), 
Ophrys muicifera Huds. — Bois à Melsbroeck (Deprez). 
Lycopodium Chamaecypar issus Al. Br.— ^Sapinière près d'Ëlewyt (Abon- 
dant. — Boulanger). — Celte habitation est la plus occidentale que 
l'on connaisse en Belgique pour cette plante. 



BULLETIN 



DE LA 



*• » 



SOCIETE ROYALE DE BOTANIQUE 



• ^ 



DE BELGIQUE. 



1872. — N°3. 



Séance extraordinaire du 13 octobre 1872, dans la gi*ande 
salle du Jardin botanique de Bruxelles. 

Sont présents : MM. G. Baguet, L. Bauwens, L. Bodson, 
J.-E. Bommer, G. Carron, A. Cogniaux, L. Coomans, 
0. Cranincx, P. Daron, 0. de Dieudonné, C. Delogne, 
A. de Prins, A. Devos, H. Doucet, Ch. Firket, C. Fon- 
taine, Gh. Gilbert, Gillekens, J^GilIon, A. Joly/J.Lecoyer, 
G. Lenars, H. Louveigné, L. Lubbers, £.^ Marchai, 
Ed. Morren, F. Muller, Noefnet, L. Pire, Putzeys, Robie, 

w 

Em. Rodigas, P. Sehamberger, Arm. Thielens, Vander 
Maesen, E. Van Meerbeek, H. Verheggen, A. Willems. 



A doux heures, une députation composée de MM. Put- 
zeys et Muller, vice-présidents et Doucet, administrateur 
délégué du Jardin botanique de Bruxelles, introduisent 
M. Du Mortier, président, qui est reçu aux acclamations 
de rassemblée. 

20 



( 2" ) 

La salle est ornée, pour la circonstance, de drapeaux 
en trophée et de plantes rares. M. Doucet, qui a dirigé 
cette décoration, a fait disposer, au fond de la salle, un 
groupe de plantes choisies, parmi celles qui ont reçu le 
nom de M. Du Mortier. 

M. de Gannart d'Hamale, membre de la Commission, 
fait exprimer ses vifs regrets de né pouvoir assister à la 
séance. 

M. Du Mortier prend place sur un fauteuil qui est 
situé en face du bureau. 

M. Ed. Morren remet à M. Du Mortier un magnifique 
album(0 que les botanistes belges ont résolu de lui 

(i) L'Album a été confectionné sur les plans de M. Éd. Morren. C*est 
un volume grand in-folio, richement relié. Sur les deux plats de la reliure 
sont encastrées deux plaques d*argent, formant, Tune frontispice, et 
Pautre le revers en épilogue. La première représente un joli paysage coupé 
par les méandres d*un ruisseau et offrant par groupes et massifs les fleurs 
et les plantes qui ont fait Tobjet des études et des travaux de M. Du Mortier. 

Au second plan, à droite, la Flore belge, figurine entière, dont les traits 
sont gracieux et le mouvement aisé, élève d*une main une couronne de 
fleurs au-dessus de Tinscription suivante : 

A B.-C. Do MotTIIB, 

LIS BOTANISTES BIL6BS, 

et tient de Tautre un bouquet d^HemerocaltM Dumoriieri. L*effet général 
de ce tableau, travaillé au repoussé, est des mieux réussis et tous les 
détails de fleurs et de feuilles sont exécutés avec une grande vérité de 
dessin et un goût exquis d'arrangement ; les contours se détachent d'une 
manière très^fine. L'auteur de cette œuvre remarquable est M. Henri 
Missair, artiste ciseleur à Liège, auquel a été confiée Texécution de toute 
la partie métallique du travail. 

Sur le haut de la plaque du revers est cette inscription : 

Ad pbbpbtuam Do Mobtikbi ukhobiam. 

Au-dessous, sont sculptés les titres des ouvrages du savant botaniste ou 



( 243 ) 

offrir et, prenant la parole en leur nom, il s'exprime dans 
les termes suivants : 



le rappel de faits qai se rattachent' à s«s -efforts en faveur de la Société 
royale de Botaniqne. Voici cette liste : 



Observalioru botaniqties • . 1822 

Agrostographie 1823 

Florula Belgiea .... 1827 

Structure comparée . . • 1829 

Motilité des végétaux . . . 1829 

Familles des plantes . • • 1829 

Sylloge Jungermannidearum. 1 83 1 

Essai carpograpkique, . • 1833 

Polypiers composés • • . 1836 

Embryogénie des mollusques, 1837 



Sociétébelge de Botanique, . 1862 
Classification des plantes . . 1 862 
Rubuset Batrachium, • ' . 1863 
Monographie des Roses • . f 8^ 
Études sur le MiûhelaHa, . 1868 
Monographie des Pulmonaria 1868 
Pomone toumaisienne • . 1869 
Bouquet du littoral ... 1869 
Fondation de Vherbier national 1871 
Jardin Botanique de Bruxelles 1871 



OPTUIUS IN MULTOS VITAM TIBl PROROGBT ANNOS. 
VALE ET NOS AMA. 

De beaux fermoirs cmaillés, en style Lous XIV, reproduisent les armoi- 
ries de la famille Du Mortier. 

En ouvrant le volume, on voit, sur la première page, les initiales calli- 
graphiées du donataire. 

Sur la page formant frontispice, est un beau travail du même style, 
représentant, parmi des fleurs et des plantes, les armes de Belgique et le 
sceau de la ville de Tournay. Ce travail d*enluminure a été exécuté par 
MM. Ch. Florenville et Ed. de Guaita, artistes de Liège, qui ont aussi 
calligraphié TAdresse rédigée par M. Morren et signée de tous les bota- 
nistes donateurs. 

Sur une des pages, on lit Pinscription suivante : 

BARTHOLOMBO-GAROLO DD MORTIER 

TORNACI NATO 3 APRILIS 1797 

HOC ADMIRATION» ET GRATITOOINIS DOGITMBNTDM 

OBTDLERUNT BOTANIGI BBLGICI 

MDCGGLXXII. 

Sur les autres pages, se trouvent 120 portraits photographiés des 
botanistes. 



( 244 ) 
Monsieur Du Mortier, 

« Votre premier ouvrage, les Commentationes botanicacy 
publié en 1822, est déjà Tœuvre d'une science solide unie 
au patriotisme le plus ardent. A partir de cette époque, 
vous vous êtes intéressé de plus en plus à 1 étude de la 
végétation de notre chère patrie. Il semble que vous ayez 
voulu PalTranchir dès entraves de Tignorance pour les 
temps, qui étaient proches alors, où la Belgique elle- 
même allait s élever libre et radieuse. Vous avez fondé la 
Flore nationale en 1827, et, à la même époque, étendant 
votre activité aux questions générales, vous avez embrassé 
d'un même regard l'ensemble du règne végétal. Vous avez 
parcouru les frontières vaguement définies qui le séparent 
du règne animal ; vous avez scruté les mystères de la 
motilité des plantes, et, pénétrant dans leur structure la 
plus intime, vous avez découvert le principe jusqu'alors 
inconnu de la division des cellulles. Dans le domaine de 
la cryptogamie, vous avez jeté les bases sur lesquelles 
sont établies nos connaissances actuelles des Jungerman- 
nidées. Vous avez ainsi fondé, sur des faits que la science 
universelle a consolidés, votre réputation, que nous 
revendiquons comme une gloire nationale Puis, pendant 
une longue, heureuse et féconde carrière, vous n'avez pas 
cessé un seul instant de consacrer toutes les énergies de 
votre âme au service de la science et de la patrie. Partout 
où vous avez passé, vous avez laissé l'empreinte indélébile 
de votre passage : c Religionis et patriae propugnalor 
strenuus, scientiarutn artiumque fautor munificus opéra 
scripjsM insignia merito posteris tradenda. » Plus que 
tout autre, vous avez contribué, par votre volonté inébran- 
lable et par votre infatigable activité, à établir la Société 



( 245 ) 

royale de Botanique, à créer l'Herbier national et à 
constituer le Jardin Botanique de TEtat. 

« Ce sont là des actes virils dont la patrie est appelée à 
recueillir les bienfaits et dont tous ceux qui honorent la 
science savent apprécier Timportance. Nous n*avons pas 
voulu que des événements aussi considérables s'accom- 
plissent sans que vous receviez le témoignage de notre 
vive reconnaissance. 

« Nous avons voulu, pour célébrer votre jubilé semi- 
séculaire et pour vous montrer notre sympathie, à vous le 
plus digne représentant de la botanique belge, vous offrir 
un gage de notre admiration. 

« Nos images héliographiées sont rassemblées dans cet 
album, comme nos cœurs sont unis dans la communion 
du vôtre. Puissiez-vous, pendant de nombreuses années 
de bonheur et de santé, feuilleter souvent ces pages, qui 
vous remémoreront les sentiments de sympathie et de 
gratitude de vos confrères et disciples. » 

Cette lecture est suivie d^applaudis^ements prolongés. 
' M. Du Mortier, d*une voix q«e dominait d'abord une 
vive émotion, a remercié ses confrères dans les termes 
suivants. 

« Messieurs, et chers confrères, ou pour mieux 
dire, mes chers et dignes amis, 

< Le témoignage de satisfaction dont vous voulez bien 
m'honorer en souvenir des travaux scientifiques com- 
mencés, il y a un demi-siècle, me pénètre de la plus 
vive reconnaissance. Dans le cours de ma vie politique, 
j'ai souvent eu l'occasion d'être l'objet de flatteuses dis- 
tinctions, mais il n^en est pas qui touchent plus profon- 
dément mon cœur que celle que vous voulez bien m'ac- 



( 246 ) 

corder aujourd'hui, parce qu'elle -émane de mes pairs 
dans la science. Gomme vous venez de le dire par la 
bouche de mon savant ami, M. Morren^ toute ma vie 
a eu un double mobile, servir la science et servir la 
patrie. Et, en effet, si vous voulez bien jeter les yeux 
sur les premières pages de fouvrage que j*ai publié, il 
y a cinquante ans, vous verrez qu'il débute par une 
pensée patriotique, celle de créer des genres de plantes 
pour rappeler les services des anciens botanistes du 
royaume des Pays-Bas. 

« Il faut avoir vécu sous TEmpire pour comprendre 
toutes les persécutions indignes dont notre pays était 
Tobjet. C'est alors qu'assis au foyer domestique, tous les 
Belges entendaient leur père et leur mère rappeler à 
leurs enfants les douceurs de l'ancien régime, mises en 
parallèle avec la tyrannie impériale. C'est ainsi qu'élevé 
par un père et une mère qui tous deux portaient très- 
haut les sentiments d'affection à nos anciennes instiiu* 
tions et l'antipathie pour l'étranger qui avait subjugé 
notre territoire, j'ai sucé, je puis le dire, avec le lait, 
l'amour de la patrie, et c'est cet amour de la patrie qui 
a guidé ma plume dans mes travaux d'histoire naturelle. 
Aussi, quand la chute de l'Empire arriva, ce fut pour 
toute la Belgique Un soulagement universel; on vit avec 
bonheur la réunion des anciennes dix-sept provinces des 
Pays-Bas et la formation de ce beau royaume que l'entéte- 
ment et le despotisme d'un roi sont seuls parvenus à 
briser. 

« Veuillez le remarquer, mes chers amis, jusqu'en 
1825, entièrement étranger à la politique et adonné à mes 
seules études, jamais je n'avais même lu un journal et je 
professais un véritable dédain pour ceux qui s'occupaient 



( 2*7 ) 

de politique. Mais en 1825, tandis que j'herborisais dans 
les dunes de la Hollande pour enrichir notre flore, paru- 
rent ces arrêtés révoltants qui frappaient les Belges dans 
leurs plus vives affections et nous traitaient en pays 
conquis. Je ne saurais vous dire, mes chers collègues, 
Teffet que ces arrêtés firent sur ma jeune intelligence ; 
le roi Guillaume, du botaniste avait fait un homme poli- 
tique, consacrant dorénavant tout son temps à la science 
et à la défense du pays. Survint la révolution, consé- 
quence légitime des fautes que le gouvernement avait 
commises; et bientôt après, je fus appelé au parlement, 
employant la moitié de mon temps à la science et Tautre 
moitié aux affaires publiques, jusqu'à Tépoque où Torga- 
nisation du pays dut m'absorber tout entier. 

« Ces événements m'avaient momentanément écarté 
des études qui ont toutes mes affections. C'est vous. 
Messieurs, qui m'y avez fait rentrer en constituant la 
Société de Botanique et en me faisant l'honneur de me 
mettre à votre tèie. Gomment pouvait-il en être autre- 
ment, entouré de tant de jeunes savants, de cœurs d'élite, 
pleins de l'amour de la science et dévoués à son avance- 
ment? Grâce à vous, la Société royale de Botanique a pris 
un développement auquel on ne pouvait s'attendre, et, 
par vos travaux, sa notoriété s'est étendue à tout le monde 
savant. 

« Vous me rappelez la création du magnifique établis- 
sement qui nous rassemble. Sans doute il a fallu bien des 
peines, résister à bien des tracasseries et montrer une 
bien grande ténacité pour réaliser en faveur de la botani- 
que un grand centre scientifique comme il en existe chez 
toutes les grandes nations de l'Europe. Secondé par mes 
excellents et dignes amis, les membres du Conseil du 



( 248 ) 

Jardin Botanique, j'ai eu le bonheur de pouvoir eoqpérer 
à cet important travail et de doter le pays d'un établisse- 
ment que la Qelgique pourra montrer avec orgueil à 
rétranger et qui réunit à de magnifiques séries de plantes 
vivantes, un des plus riches herbiers de TEurope^ puisque 
par des accroissements que l'administration lui a fait 
subir, il contient aujourd'hui environ cent mille espèces 
de plantes. Au magnifique herbier de von Martius , nous 
ayons adjoint les herbiers de Galeotti, de Nyst, de Lejeune 
et de M""* Libert, la riche collection cryptogamique réunie 
par le comte Alfred de Limminghe, celle de notre regretté 
collègue Ëug. Coemans et bien d'autres qu'il est inutile 
d'énumérer. Si, en aussi peu de temps, nous sommes 
arrivés à ce résultat, vous pouvez juger du développement 
que prendront par la suite, avec l'aide et la bienveillance 
d'un gouvernement éclairé, les riches collections qui nous 
sont confiées. 

« Je vous remercie de nouveau, mes chers collègues et 
amis, de la marque de satisfaction que vous voulez bien 
m'accorder en ce jubilé semi-séculaire. 

« Je vous remercie tous de la bonne pensée que vous 
avez eue de vouloir bien me donner chacun un portrait, 
qui me rappelleront mes bons ^niis. J'adresse mes remer- 
ciments particuliers à MM. les membres de la Commission 
et surtout à mon savant confrère, M. Morren, qui s'est 
.donné tant de peines pour réaliser votre pensée et m'accor- 
der ce témoignage^ qui sera toujours un des.piqs chers que 
Yme obtenus de^ ma vie. Je remercie encore MM. les 
artistes qui ont coopéré avec un si rare talent à l'exécution 
de cet album et en particulier M* Missair, dont l'œuvre 
indique un artiste de premier ordre dans l'art de la ciselure 
qu'il cultive avec un si remarquable succès. Merci donc, 



( 249 ) 

mes chers amis^ merci pour ce souvenir que je n'oublierai 
jamais. » 

De vifs applaudissements succèdent à ces paroles et, 
après la cérémonie, les membres de la Société, entourant 
leur Président, lui ont adressé individuellement leurs 
félicitations et renouvelé leurs témoignages de respect, de 
reconnaissance et de cordiale amitié. 

M. Pire, membre du Conseil, donne communication^ à 
rassemblée^ d*une lettre qui lui est adressée par M. Eug. 
Fournier, secrétaire de la Société botanique de France, 
lettre par laquelle il propose de nous associer aux mem- 
bres de cette Société pour faire une excursion botanique 
en Belgique en 1873. 

L'assemblée accueille cette proposition à Funanimité. 
Elle charge M. Pire de vouloir informer M. Fournier 
que le projet d'herborisation en commun avec la Société 
botanique de France, admis en principe, sera discuté 
dans notre séance du 1°' décembre prochain. 

La séance est levée à 3 heures. 



Séance du 1" Décembre 1872. 

(EXTRAIT DU PROCÈS-VERBAL) . 

M. B.-C. Du Mortier, président. 

M. J.-E. BoMMER, secrétaire général. 

Sont présents : MM. C. Baguet, C. Bamps, G. Barlet, 
L. Bauwens, C. Bernard, Bertrand, L. Bodson, Broquet, 
Ch. Buis, F. Campion, G. Carron, J. Chalon, Arm. 
Coenen, A- Gogniaux, L. Coomans, V. Coomans, L. 
Couturier, Ose. Cranincx, F. Crépin, P. Daron, E. de 



( 250 ) 

Bulleinont, Ose. de Dieudonné, Edg. de Keyser, G. De- 
logne, Gh. de Pitteurs, A. de Prîns, H. Doucet, A.-G. 
Ducoffre, Gh. Firket, A. Fontaine, Gh. Gilberl, N. Gille; 
Gillekens, J. Gillon, K. Grùn, Hartman, Hannon, Ose. 
Hecking, G. Jacquemin, A. Joly, J.-J. Kickx, Ern. 
Lagasse, J. Leeoyer, K. Ledeganck, J. Linden, H. Lou- 
veigné, L. Lubbers, G. Malaise, E. Marchai, Ed. Mar- 
tcns, H. Miller, F. Muller, Monteiro da Silva, Pâques, 
L. Pire, Ed. Pynaert, Robie, Em. Rodigas, Alph. Ros- 
signol, P. Sehamberger, Arm. Thielens, J. Thys, Tilman. 
Van Bambeke, L. Vanderkindere, Vander Meersch, 
Vanhassel, F. Van Horen, H. Van Horen, E. Van 
Meerbeek, L. Vanneek, Edm. Van Segvell, Alb. Van 
Zuyien, H. Verheggen, J.-L. Weyers. 

Le Secrétaire général donne lecture du procès-verbal 
de la séance du 7 juillet 1872. Ge procés-verbal est 
adopté sauf modification demandée par Tun des membres 
présents. 

Il fait ensuite Panalyse de la correspondance. 

Plusieurs membres de la Société annoncent qu'ils ne 
peuvent assister à la séance. 

M. Th. Le Gomte, par lettre du 2 juillet, propose 
réchange de nos publications avec celles de la Société 
des sciences naturelles de Graz. 

Gette proposition est adoptée. 

M. le D' J.-Dalton Hooker, directeur du Jardin royal 
de Kew, et M. E. Boissier, de Genève, font parvenir à 
la Société leurs remerciments pour leur nomination de 
membres associés. 

Mf de Borre, Secrétaire de la Société Entomologique 



( 251 ) 

de Belgique, adresse, au nom de eeUe Société, des remer- 
ciments, pour TinvitatioD qu'elle a reçue de la Société 
royale de Botanique à loccasion de son excursion dans 
TEifel. Il annonce en même temps Penvoi d'une collec- 
tion complète des Annales de la Société Entomologique 
en échange de nos publications. 

M. le Président accorde la parole à M. Pire, qui donne 
communication d'une lettre de M. Eug. Fournier, Secré* 
taire de la Société Botanique de France, concernant une 
excursion projetée entre les membres de la Société royale 
de Botanique de Belgique et ceux de la Société Botanique 
de France. 

M. le Président fait part à l'assemblée des propositions 
du Conseil relatives aux mesures à prendre lors de la 
\isite des botanistes français en Belgique. MM. Pire et 
Muller sont désignés comme commissaires pour faciliter 
la visite de nos confrères de la Société Botanique de 
France à Bruxelles. Sont nommés au même titre, 
MM. Kickx, pour Gand, Morren, pour Liège et Gilbert, 
pour Anvers. — Il propose d'admettre en principe que 
l'herborisation annuelle, dont la date sera ultérieurement 
fixée, aura lieu en commun avec la Société Botanique 
de France. 

L'assemblée accueillant la proposition due à l'initiative 
de M. Fournier, décide que l'herborisation de 1875 se fera 
en commum avec les membres de cette compagnie savante 
et elle laisse, au Conseil, le soin de s'entendre sur les 
détails avec la Société française et d'en rendre compte à la 
séance du mois de mai. 

M. Pire informera M. Eug. Fournier de la décision 
qui vient d'être prise. 



( 252 ) 

L*ordre du jour appelle le renouvellement partiel des 
membres du Conseil d*adnMnislralion (art. 12). 

M. le Président demande si Ton procédera à Télection 
par scrutin de liste ou sur un seul bulletin. 

L'assemblée décide que le scrutin se fera sur un seul 
bulletin. 

■ 

Le Secrétaire général procède à Tappel nominal: 
77 membres sont présents, la majorité absolue est de 39. 

Le scrutin donne le résultat suivant : M. F. Muller 
est réélu comme Vice-Président et M. F. Crépin, comme 
Secrétaire des publications; M. le professeur Martens, de 
Louvain, et M. le docteur Van Haesendonck^ de Tonger- 
loO| sont nommés membres du Conseil. 



M. le Président invite les membres qui ont des travaux 
à présenter d'en donner lecture. 

Les travaux suivants sont déposés : 

Note sur le Rreus suberectus Andcrs., par M. F. Crépin. 
(Commissaires : MM. Carron, L. Coomans et Hartman.) 

Contributions à la flore cryptogamique de la Belgique, 
par M. C.-H. Delogne. (Commissaires : MM. Pire, 
Marchai et Lecoyer.) 

Notice sur la Flore de Wavre et des environs, par 
M. C.-J. Lecoyer. (Commissaires : MM. Muller, Baguet 
et Robie.) 

Les Orchidées de Belgique et du grand-duché de Luocem- 
bourg, par M. A. Thielens. (Commissaires : MM. Morren, 
Kickx et Martens.) 

Examen critique des Êlatinées, par M. B.-C. Du Mortier. 
(Commissaires : MM Hardy, Delogne et Marchai.) 

Note sur un nouvel hybride entre deux espèces de genres 



( 2Î55 ) 

différents, j[iBr M. A. Gogniaux. (Commissaires : MiM. Gha- 
lon, Gilbert et Crépin.) 

Ê(ude sur l'herbier national de Belgique, l*' fascicule, 
par M. A. Gogniaux. (Commissaires : MM. Crépin, de 
Prins et Coomans.) 

M. le Président accorde la parole à M. A. Thielens 
qui donne lecture du compte-rendu de Tlierborisation 
dans TEifel. — L'assemblée vote des remerciments à 
M. Thielens et décide que ce compte-rendu, après certai- 
nes modifications, sera imprimé dans le Bulletin de la 
Société. 

M. Kickx, nonimé rapporteur par le Conseil, pour 
Texamen des comptes, fait son rapport à rassemblée sur 
letat financier de la Société. 

Les comptes sont approuvés. 

Des remerciments sont adressés à M. L. Coomans, pour 
sa bonne gestion financière. 

Les membres suivants ont été reçus par le Conseil : 
MM. Alport (Morton), membre des Sociétés Zoologique 

et Linnéenne de Londres, à Hobart-Town 

(Tasmanie). 
Monteiro da Silva (R.)^ étudiant en sciences, 83^ 

Chaussée de Wavre, à Ixelles. 
Hartman (Louis), 32, rue Keyenveld, à Ixelles. 
Durand (Emile), élève en pharmacie, 12, rue 

Lambert Lebègue, à Liège. 
Van der Wee, candidat en pharmacie, à Lierre. 
Vanneck (Louis), Grand'Place, à Bruxelles. 
Vanhassel, étudiant en médecine, 19, rue de 

Bavière, à Bruxelles. 



( 554 ) 

Donckier (Henri), étudiant, 81 rue du Paradis, à 

Liège. 
Dekierek, horticulteur, à St-Josse-ten-Noode. 
De Beile, rentier, 36, rue Sl-Alphonse, à Sl-Josse- 

ten-Noode. 
Ross (Alex. Nilton) , docteur en médecine , à 

Toronto (Canada). 
Bloex (fabbé), professeur au collège de St-Rom- 

baut, à Matines. 



Eocamen critique dés Êlatinées, par B.-C. Du Mortier, 

président de la Société. 

I. 

Qu^il nous soit d'abord permis de revendiquer nos 
droits de priorité. 

Dans tous les ouvrages de botanique, on attribue la 
création de la famille des Ëlatinées à Cambessedes ; c'est 
là une erreur que nous devons d'abord rectifier. Nous 
avons, le premier, séparé les genres Elatine et Bergia des 
Garyophyllées, pour en créer une famille distincte sous le 
nom d'Elatineae. Cette création remonte à 1827 ; elle a eu 
lieu dans notre Prodrome de la Flore Belge, p. 111. 
Non-seulement nous y avons le premier créé la famille 
des Élatinées, mais, le premier, nous avons divisé le genre 
en sous-genres, et, le premier, nous avons employé les 
caractères tirés des graines pour en définir les espèces, et 
distingué deux espèces nouvelles, jusqu'alors confondues. 
Ce n'est que deux ans plus tard, en 1829, que Cambes- 
sedes, dans le XVIII" volume des Mémoires du Muséum 
de Paris, p. 225, érigea, à son tour, les Élatinées en 



( 255 ) 

famille distincte, en adoptant le nom que nous lui avions 
imposé deux ans auparavant. C'est donc bien à tort qu'on 
attribue à Gambessedes la création de la famille des 
Elatinées, puisque nous Tavions établie deux ans avant lui. 
En 1829, dans notre Analyse des familles des plantes, 
p. 49, nous avons modifié cette désinense et indiqué la 
nouvelle famille sous le nom d'Elatinideae, pour ne pas 
confondre le genre avec la famille par une trop grande 
analogie de nom. La désignation primitive que nous 
avions donnée à celle-ci, dans notre Prodrome, ayant 
prévalu, nous croyons bien faire de la maintenir. Mais la 
question de priorité de la création de la famille des 
Elatinées ne fait pas de doute; elle appartient à notre 
Prodrome, comme on peut s'en assurer par le rapproche- 
ment des dates. 

II. 

Les Elatinées sont restées inconnues aux anciens ; ni 
Fuchs, ni Dodoens, ni Glusius, ni Lobel, ni Dalechamps, 
ni même les Bauhin, n'en font aucune mention. Le genre 
qui nousoccupe a été créé par Tournefort, dans ses Inslitu- 
tiones rei herbariae, p. 244, sous le nom A^Alsinastrum. 
Tournefort ne lui rapporte que deux formes : YAlsinastrum 
gratiolaefolio et YAlsinastrum galiifolio, qui sont l'E. Alsi" 
nastrum de Linné. Ce genre fut adopté par Vaillant, qui, 
dans son Botanicon Parisiense, y ajouta deux espèces, 
les Akinastrum serpillifolium flore tetrapetalo et tripetato. 
Bientôt après Buxbaum, dans sa deuxième centurie des 
plantes d'Orient, publiée en 1729, décrivit, p. 36, et 
figura, t. 37, f. 3, sous le nom d'Hydropiper, une Élatine 
tétramèreà fleurs sessiles trouvée par lui près d'Astrakan. 
Cette plante, dit-il, est la même que Ray, dans sa méthode, 
a nommée Graminifolia palustris vasculis granum Piperis 



( 556 ) 

aemulanttbus, figurée dans Plukenet, et comme Ray 
compare ses fruits à des grains de poivre, Buxbaum lui 
donne le nom d'Hydropiper. Nous verrons tout à Theure 
quelle incroyable balourdise a donné naissance à ce nom. 
Les choses en étaient là, lorsque Linné entreprit la 
réforme de la botanique. A cette époque^ qui est celle de 
la formation des genres^ les botanistes, pour trouver des 
noms génériques, avaient pris l'habitude de les former 
d'un nom de plante analogue en lui donnant une désinense 
en oides, en astrum, en ella, etc. On comptait alors 
105 genres de plantes terminés en oides, 21 en astrum, 17 
en ella, ce qui rendait la nomenclature de la botanique 
réellement ridicule. J'ai souvent, dit Linné, dans sa Critica 
bolanica, p. 34, entendu des philosophes et des médecins, 
en ouvrant un ouvrage de botanique, nous objecter ces 
oideSf en disant que nous n'étions plus des botanistes, 
mais des botanicoïdes. C'est ce que le grand réformateur 
entreprit de corriger, en supprimant tous les noms géné- 
riques terminés en oides, en astram, en ella, etc.,» pour 
les remplacer par des noms pris dans les anciens auteurs, 
ou trouvés dans les ouvrages des naturalistes grecs et 
romains. C'est ainsi qu'il changea le nom A' Al$ina$trum 
en celui d'Elatine, puisé dans Dioscoride, et qui était 
sans emploi. Linné explique cette désignation dans sa 
Flora Lapponica, p. 118, en ces termes : Hydropiper, 
Buxb. et Potamopithys, Bùxb., ejvsdem generis sunt, 
nomen utrumque dimitto {Fund. Bol., n** 225) et vacuum 
ELATINES vocabulum recipio. Mais il faut reconnaître 
que le choix de ce nom, soit qu'il dérive d'eXarj?, sapin en 
grec, soit qu'il provienne du radical s^uvo), pousser avec 
mouvement, ne s'applique en rien aux plantes auxquelles 
Linné le rapporte. 



( 287 ) 



IH. 



Linné n'a décrit que deux espèces d'Élatinés^ V£, Àlsi- 
nastrum et VE. Hydropiper, La première, avec ses feuil- 
les verticilléesy est parfaitement connue, mais qu'est-ce 
que son £. Hydropiper? La solution de cette question est 
difficile, parce que Linné n'a donné, à cette espèce, pour 
toute diagnose, que ces deux mots seulement : foliis 
oppositis, sans aucune autre indication ; aussi le nom 
diHydropiper a-t-il été appliqué à presque toutes les 
espèces modernes à feuilles opposées, ce qui établit une 
étrange confusion, YHydropiper de l'un n'étant pas celui 
des autres. La première mention faite par Linné de cette 
espèce, est dans sa Flora Lapponica, publiée en 1737. On 
y lit à la page 1 18 ce qui suit : 

156. EiKTim foliis oppositis, 

Hydropiper, Buxb., cent. 3, p. 3S, t. 37, f. 3. 

Alsinastrum serpillifoliumy flore albo tetrapetalo,\d\\\. 
Bot. Paris, 5, t. 2, f. 2. 

Ad margines fluvii vastissimi Luiensis non raro sese 
obtulit. 

Et voilà tout. — La première édition de la Flora Sue- 
cica de Linné offre le même texte, sans changer un seul 
mot, et sans en dire davantage, seulement elle fait con- 
naître que la plante n'est pas rare en Suède. 

Remarquons que dans cette première indication de son 
E, Hydropiper, Linné confond déjà deux espèces entière- 
ment distinctes, celle de Buxbaum, qui a les fleurs sessiles 
et celle de Vaillant, qui les a pédonculées. On ne peut donc 
tirer aucune conséquence spécifique ni de h Flora Lappo- 
nica, ni de la Flora Suecica, puisqu'elles confondent deux 

21 



( 258 ) 

espèces distinctes. Les considérations présentées par 
M. Fries pour déterminer lespèce archétype de Linné, 
sont donc de nulle valeur, en présence de ce texte répété, 
qui constate la confusion des espèces. Peu importe quelle 
est celle la plus répandue en Suède, lorsque Linné lui- 
même, dans ses propres écrits, établit la confusion des 
espèces. 
C*est en 1753, dans la première édition de ses Species 
Plantarumy que Linné, en créant ses noms spécifiques, 
donneà sa plante celui d*£. Hydroptper^ nom évidemment 
emprunté à Buxbaum. Il y ajoute, comme variété j3, YAlsi- 
nastrum serpillifolium flore roseo Iripetalo de Vaillant, qui 
est VE. hexandra, mais sans aucun autre éclaircissement. 
La seconde édition des Species et tous les ouvrages posté- 
rieurs de Linné gardent le même silence. Il suit de là, que 
tout cequ'on sait relativement à VE, Hydropiper de Linné, 
c'est qu*il appartient à Toctandrie tétragynie, que ses fleurs 
sont tétramères et ses feuilles opposées, mais que sous 
ce nom Linné a confondu deux espèces distinctes et 
même trois espèces avec sa variété |3; que, par conséquent, 
lespèce linnéenne désignée sous ce nom est collective, et 
que, dans son propre texte, elle comprend trois espèces 
distinctes. Au delà^ on ne sait rien, en sorte qu'il est 
impossible de rapporter ce nom spécifique à aucune des 
espèces modernes. 

Il reste à examiner si le nom de Tespèce ne peut sub- 
venir au défautdes caractères, pour déterminer la plante de 
Linné. Hydropiper signifie Poivre d'eau; il semble donc 
que ce nom spécifique doive indiquer une saveur pipéracée, 
comme dans le Polygonum Hydropiper, don t la saveur 
est acre et brûlante. Le même nom spécifique semblerait 
indiquer les mêmes qualités; or, il n'en est rien, car dans 



( 259 ) 

tous les Elatinés nous avons toujours remarqué une 
saveur insipide, et Wahlenberg a fait la même observa- 
tion pour les Élaiinés de la Suède; là encore rien de 
poivré. Quelle peut donc élre Torigine d'un nom aussi 
caractéristique? Gomment se fait-il qu'une plante qui n'a 
rien de poivré, porte le nom de Poivre d'eau ? Wahlen- 
berg, dans sa Flora Suecica, p. 245, dit que ce nom lui a 
été donné à cause de ses capsules qui sont de la grosseur 
et de la flgure d'un grain de poivre : capsulas magniiudine 
et figura fere grani Piperis^ unde nomen. C'est là une bien 
mauvaise raison, car les capsules de VE. Hydropiper n'ont 
aucune ressemblance, ni pour la grosseur, ni pour la 
nature, ni pour la forme, avec un grain de poivre. Voilà 
pourtant comment ce nom, si opposé à la vérité, a été 
donné à cette plante. Nous allons voir que c*est le fait 
d'une incroyable balourdise commise par Buxbaum, 
balourdise à laquelle on est loin de s'attendre, et que l'exa- 
men des sources nous a fait découvrir. L'intérêt de la 
science exige de mettre en lumière celte incroyable 
bêtise. 

IV. 

VElaline Hydropiper n'ayant rien qui ressemble au 
poivre, ni pour la forme, ni pour le goût, nous avons été 
curieux de remonter aux sources, pour connaître l'origine 
et la cause de ce nom, et voici le fruit de nos recherches. 
D'où vient le nom à' Hydropiper donné aux Elatinés à 
feuilles opposées? L'auteur de ce nom est Buxbaum, à qui 
Linné l'a emprunté, pour en faire une dénomination spé- 
cifique, dans la première édition de ses Species Plantarum. 
Ayant trouvé, dans les étangs des environs d'Astrakan, une 
espèce du genre qui nous occupe à feuilles opposées et à 



( 260 ) 

fleurs sessiles télramères, Buxbaum la publia en 1728, 
dans la deuxième centurie de ses plantes rares d'Orient, 
p. 36, sous ce nom unique : Hydropiper, et il en donna 
la figure, planche 37, fig. 3. Il lui donne pour synonyme 
le Graminifolia palustris repens, vasciilis granorum 
Piperis aemulis de Ray, Meth, Plant,, en renvoyant pour la 
figure à ÏAlmagestum de Plukenet. Il nous apprend lui- 
même que c'est sur celte désignation de Ray, assimilant 
les fruits à des grains de poivre, qu'il a attribué à sa plante 
le nom d'Hydropiper. Donnons le texte de Buxbaum, il 
en vaut bien la peine; son ouvrage d'ailleurs, publié à 
St-Péiersbourg, est très-rare. Après sa description de 
l'espèce, il ajoute : Similis est planta Raii Meth. quam 
vocat Graminifoliam palustrem vasculis granum Piperis 
aemulantibus, eu jus fig. vide ap. Plukenet. Ob vascula 
illa quae Raiuis Piperi comparât, Hydropiper salutavimus. 
Ainsi. voilà l'Ëlatiné désigné sous le nom à la fois géné- 
rique et spécifique (ï Hydropiper, à cause de l'analogie de 
ses capsules avec des grains de poivre. M. Seuberl va plus 
loin; il diterronément que c'est Ray qui lui a donné le nom 
d' Hydropiper: huicce speciei Hydropiperis nomen dédit cel. 
Rajus,ob vascula granorum Piperis aemula (Seub. Monogr. 
Elatin., p. 48). Pour nous, ne pouvant voir aucune analo- 
gic entre un grain de poivre et une capsule d'Elatiné, 
nous conçûmes des doutes, et nous résolûmes, pour les 
éclaircir, de recourir aux ouvrages de Ray et de Plukenet, 
cités par Buxbaum. 

D'abord, en ouvrant les Methodus Plantarum de Ray, 
p. 14, notre surprise fut grande de trouver son Gra- 
minifolia palustris repens, vasculis granorum Piperis 
aemulis, classé parmi les plantes dépourvues de fleurs 
{flore carentes), c'est-à-dire, dans les cryptogames, à 



( 261 ) 

la suite des Fougères. L'EIaliné devenue un crypto- 
game! comment Buxbaum a-t-il pu faire une telle bévue? 
Remarquons d'ailleurs que la plante de Ray a les feuilles 
capillaires {folia capillacea), ce qui Téloignc entièrement 
des Elatinés. Plukenet, de son côté, dans son Almagestum 
Bolanicum, p. 246* place le Graminifolia de Ray parmi 
les mousses, sous le nom de Muscus aureus capillaris 
palustris inter folia folliculis rotundis (ex sententia 
D. Doody) quadripartiiisy et il en donne le dessin plan- 
che 48 fig. 1. Tout cela n'a rien de commun avec la plante 
phanérogamique décrite et figurée par Buxbaum. Il 
fallait donc rechercher ce que c'est que Graminifolia 
vasculis granorum Piperis aemulis de Ray? Vous allez 
rire de la balourdise de Buxbaum, c'est tout bonnement la 
Pilulaire, Pilularia globulifera, qui a réellement les fruits 
semblables à des grains de poivre. Ouvrez les Species Plan- 
tarum de Linné, p. 1563, et VEnglish Flora de Smith, 
IV, p. 342, vous en aurez la preuve. Ainsi Buxbaum a 
commis l'étrange bévue de donner la Pilulaire comme 
synonyme à son Elatiné, et puis il a commis celte seconde 
bévue de donner à un Elatiné un nom emprunté à la Pilu- 
laire. Prendre la Pilulaire pour un Elatiné et donner à 
cet Elatiné le nom de la Pilulaire, c'est par trop fort. 
Riez-en tant que vous voudrez, mais c'est ainsi. Et voilà 
pourtant comment le nom d'Hijdropiper est devenu 
spécifique chez les Elatinés, C'est incroyable, mais tenez 
pour certain que la grosse balourdise de Buxbaum occu- 
pera un rang distingué dans le grand bêtisier scientifique. 
De tout ce qui précède, nous concluons : 1** Que VE. 
Bydropiper de Linné est une espèce collective, compre- 
nant toutes celles à feuilles opposées, et sans caractères 
applicables à aucunes d'elles en particulier. 2° Que les 



^ I 



( 262 ) 

considérations données par M. Pries, dans sa Stimma^ 
p. 161, pour déterminer l'espèce archétype de Linné, 
considérations tirées de la plus ou moins grande abon- 
dance de telle ou telle forme en Suède et en Lapponie, 
ne sont d'aucune valeur, en présence du texte formel de la 
Flora Lapponica, de la Flora Suecica et des Species Plan- 
tarum, où Linné réunit l'espèce à fleurs sessiles à celle à 
fleurs pédonculées et même celle à fleurs trimères, ce qui 
constitue, au plus haut degré, une espèce collective. S"" Que 
le nom d'^j/cfroptper est le fait d'une incroyable balourdise 
de Buxbaum, confondant l'Elatiné avec la Pilulaire et 
donnant au premier le nom caractéristique du second, en 
sorte que VElatine Hydropiper doit son nom à la Pilularia 
globulifera. 4® Que ce nom, ne s'appliquant à aucune 
espèce en particulier, a été attribué à toutes les espèces 
tétramères nouvelles, et a jeté ainsi la confusion parmi ces 
espèces. En sorte que, dans cette situation, ce nom col- 
lectif, qui ne s'applique à aucune espèce en particulier, 
doit être rejeté comme nom spécifique, ainsi qu'on l'a fait 
pour le Valeriana Locusla, le Medicago polymorpha, 
YOphrysinsectiferay etc., sauf à le réserver pour indiquer 
la série entière des espèces à feuilles opposées. 

V. 

Nous avons dit que VE. Hydropiper de Linné est une 
espèce collective et comprenant un grand nombre d'es- 
pèces distinctes parfaitement caractérisées. M. Hardy, 
dans sa Monographie des Elatine de la flore Belge^ en a 
donné l'historique et nous ne pouvons qu'y renvoyer, en 
nous bornant à donner le tableau chronologique des 
espèces formées aux dépens de VE. Hydropiper de Linné. 
Ce tableau prouvera que cette espèce est collective. 



( 263 ) 

179t. Elatine triandra Schk. Handb,, i, p. 3i5, t. 109b. 

1808. Elatine hexandra DG. le, rar., p. U, t. i3, f. 1. 

18. .. Elatine major Al. Braun in Syll.pl. nov., I, p. 83. 

182i. Elatine tripetala Sm. Engl. FI., H, p. 243. 

1827. Elatine siphosperma Dmrt. Prodr, Fl. Belg., p. 111. 

1827. Elatine roajuscula Dmit. Prodr. Fl. Belg., p. 111. 

1827. Elatine macropoda Guss. Prodr. Sicul., p. 475. 

1832. Elatine Schkuhriana Hayne in Rchb. Fl. exe, p. 639. 

1837. Elatine Hydropiper-pedunculata Moris Fl. Sard., \, p. 287, 

. 20, f. 2. 
1839. Elatine orthosperma Diiben ex Pries Summ., p. 161. 
1839. Elatine Fabri Grenier Mém. Soc. ic. Besanç., 1839. 
18... Elatine nodosa W. Arnott. in Edimb. Joum. nat, se, I, p. 431. 
18... Elatine spathulata Gorski in Eichwald yaturhitt, Skizze v. 

Lithauen. 
1842. Elatine paludosa Seub. Elalinarum monographia, p. 52. 
1842. Elatine caropylosperma Seub. ibid., p. 49. 

Voilà donc quinze espèces d'Europe créées aux dépens 
de rjE". Hydropiper de Linné. Il faut y ajouter trois 
espèces étrangères à TEurope, les £. minima, ambigua et 
gratioloides. Sans doute parmi ces espèces il y a des dou- 
bles emplois, comme c'est toujours en pareil cas, avant 
qu'elles soient bien définies, mais parmi elles il s'en 
trouve beaucoup qui sont parfaitement caractérisées. 
Examinons donc les caractères qui les distinguent entre 
elles et débrouillons ces quinze espèces. 



VI. 



r 

Les Elatinés à feuilles opposées ont tous un port sem- 
blable ; ce sont de très-petites plantes rampantes sur le 
limon, qu'un œil inattentif confondrait entre elles. Mais en 
examinant leurs caractères et en les étudiant de près, on 



^ 



( 264) 

y voitdes différences considérables. La plupart ont la fleur 
à quatre divisions, d'autres à trots divisions; les unes ont 
huit étamines, d'autres six, d'autres seulement trois; le 
calice, ordinairement à quatre divisions, en présente trois 
dans d'autres, quelquefois deux seulement; les fleurs ordi- 
nairement sessiles, sont parfois longuement pcdonculées. 
Tout cela oITre des caractères entièrement diffcrenls, 
mais les graines présentent des dissimilitudes non moins 
grandes. Parfois elles sont à peu près droites, souvent on 
les trouve légèrement arquées, d'autres fois elles pré- 
sentent la forme d'un hameçon, enfin on trouve d'autres 
espèces où elles sont recoquillées sur cUes-mèmes en une 
spire unique. Ces caractères des graines sont de la plus 
haute importance pour la distinction des espèces. 

La première espèce qui ail été détachée de l'E. Hydro- 
piper de Linné, est VE. triandra de Schkuhr, si bien 
carnclérisée par ses trois étamines, mais surtout par son 
calice à deux sépales, qui ne se retrouve que dans cette 
seule forme. Srhkubr et après lui Drèves et Hayne con- 
servent le nom d'£. Hydropiper pour l'espèce tétramère 
à graines recourbées en siphon, qui est notre E. aiphot- 
perma. 

Peu après, De Candolle dans ses Icônes planlarum 
rariorum Galliae, p. 14, fait, à son tour, de la variété 
^ des Speciea àe Linné, son E. hexandra, conservant le 
nom spécifique d'Hydropiper pour l'espèce lélramère à 
graines droites, qui est celle de Vaillant, citée par Linné. 
VE. hexandra a été désignée plus tard par Sir James 
Smith, dans son English Flora, sous le nom d'£. tripetala 
qui en est synonyme. En créant son E. hexandra, De 
Candolle déclare que jamais il ne se transforme dans 
l'autre. J'ai vu, dil-il, plus de six cent plantes de cette 



( 265 ) 

espèce dans les environs de Nantes, sans jamais y avoir 
observé la moindre modification : Sexcenta specimina vidi 
circa Nannetes et nullam aberrationem discernere potui. 
Il ajoute que Vaillant et Desportes ont constaté la même 
constance spécifique. Gela n'a pas empêché M. Seubert 
de réunir plus tard ces deux espèces sous le nom d'E. pa- 
ludosa, en quoi il a été suivi par MM. Grenier et Godron, 
dans leur Flore de France. Cette réunion n'est nullement 
foiidée, et les deux espèces de De G'indoIIe sont parfaite- 
ment distinctes. En voici la preuve. VE. hexandra est 
très-répandue en Belgique, dans le pays de Beaumont et 
de Ghimay, dans la Gampine et en Flandre, or jamais on 
n'y a rencontré un seul pied de VE. Hydropiper de 
De Gandolle, qui est notre E. majusctda. Voilà bien la 
preuve que ces deux plantes ne sont pas des variétés, 
mais des espèces bien distinctes. 

En 1827, reconnaissant que, sous le nom d'£. Hydro- 
piper ^ on confondait des espèces essentiellement différentes, 
et ayant observé que leurs graines, entièrement dissem- 
blables, caractérisaient ces espèces en les distinguant 
facilement l'une de l'autre, nous avons créé, dans notre 
Prodrome de la Flore Belge, p. 111, \esE,siphospermati 
majuscula. La première, remarquable par ses graines 
courbées en siphon, représente l'espèce d'Allemagne 
figurée par Schkuhr; la seconde, dont les graines sont à 
peine courbées et presque droites, est l'espèce française 
décrite et figurée par De Gandolle. L'f. siphosperma a 
été plus tard, en 1833, désignée par Hayne, dans la 
Flora excursoria de M. Reichenbach, sous le nom d'i?. 
Schkuhriana, qui en est synonyme. Quant à notre 
E. majvsculay plusieurs lui donnent pour synonyme 
!'£. major de M. Alex. Braun, mais toutes nos recherches 



( 266 ) 

ne nous ont pas fait découvrir Touvrage où il Fa décrite, 
qui n'est pas même cité par M. Pritzel. Tout ce que nous 
en savons est par le Compendium de Bluff et Fingerhutt, 
vol. 1, p. 5H, où se trouve rapportée la phrase spécifique 
de M. Alex. Braun, ainsi conçue : E. major^ foliis oppo- 
sitiSf floribus alternis pedunculatis, i-petaliSy S-andris, 
i gynis, calyce tetraphytlo. Cette diagnose, ne donnant pas 
la forme des graines, peut s'appliquer à la plupart 
des espèces téiramères, en sorte qu'on ne peut rien pré- 
ciser à son égard. 

La même année 1837, Gussone, dans son Prodromus 
Florae Siculae, p. 475, décrivait son E. macropoda. Une 
forme de cette espèce a été publiée en 1839 par M. Grenier 
sous le nom d'E. Fabri, dans les Mémoires de la Société 
des Sciences de Besançon.En\8Z9,D\iben dans leBotaniska 
Notiser de Lindblom, publia son E, orthospermaj très- 
voisin de VE. siphosperma^ dont il ne diffère que par ses 
graines droites et que M. Frics, dans sa Summa, pp. 39 et 
161, regarde comme en étant une variété. VE. spathulata 
de Gorski parait lui appartenir, comme YE. nodosa de 
W. Arnolt appartient à rJE". sfphosperma. Enfin, en 1837, 
Moris, dans sa Flora Sardoa, publia une plante voisine de 
VE, macropoda de Gussone, sous le nom d'i?. Hydropiper- 
pedunculata, plante dont M. Seubert a fait son E.cam- 
pylosperma. C'est peut-être la plante de M. Alex. Braun. 

Après toutes ces découvertes, il manquait une mono- 
graphie des Elatinées; c'est ce qu'entreprirent M. Seubert 
et M- Hardy. VElatinarvm Monographia de M. Seubert, 
publiée dans les mémoires de l'Académie des curieux de la 
nature, et dont Walpers a reproduit les diagnoses dans son 
Repertoriumy 1. 1, p. 283, contient dix espèces d'Elatinés, 
dont trois sont exotiques, les £. minirnuy ambigua^ et 



( 267 ) 

gratioloides. Parmi les sept espèces d'Europe, deux lui 
sont propres : les E, campylosperma, dont nous venons de 
parler^ et paludosa. Nous avons dit que cette dernière est 
mal établie et réunit deux espèces distinctes qui ne con- 
fondent jamais, lesf. majiisculaei hexandra, La monogra- 
phie des Elatinés de M. A. Hardy, publiée dans le 
Bulletin de la Société royale de Botanique de Belgique^ 
séance de décembre 1871, est très-intéressante, parles 
soins qu'il a misa recueillir tout ce qui concerne riiistori- 
que de ces petites plantes. Il en décrit huit espèces, toutes 
propres à l'Europe; aucune d'elles n'est nouvelle. Les 
localités y sont indiquées avec le plus grand soin. 

VIL 

Après avoir fait Texamen critique des espèces d'Elatinés 
publiées jusqu'à ce jour, il nous reste à parler d^une 
espèce nouvelle qui fait l'objet essentiel de cette notice ; 
Notre jeune confrère M. Hardy est doué d'une incroyable 
puissance attractive pour les Elatinés ; partout où il va, il 
en trouve ; ces rares petites plantes semblent naître sous 
ses pas. A l'automne dernier, en visitant les étangs situés 
à Sautin entre Sivry, Rance et Montbiiart, dans le pays de 
Chimay, il mit la main sur un petit Elatiné tétramère 
qui y croit en abondance sur la vase des schistes. M. Hardy 
voulut la soumettre à notre examen, et nous y reconnûmes 
une espèce inédite, bien caractérisée, que nous crûmes 
devoir dédier à l'auteur de celte découverte et de la mono- 
graphie des Elatinés, en la nommant £/aa'ne Hardyana. 

VE.Hardyana est une petite espèce rampante, croissant 
en abondance sur le limon asséché des étangs en 
Hamaut, à Sivry, Rance et Montbiiart. Ses tiges, qui n'ont 
que quelques pouces de longueur, sont nombreuses, très- 



( 268 ) 

rameuses, couchées, radicantes, et munies de feuilles 
opposées. Feuilles lancéolées, obiuses, atténuées en pétiole 
plus court que le limbe. Fleurs axillaires, sessiles, tétra- 
mères, alternes, calice à qxiatre divisions; quatre pétales, 
huit étamines et quatre styles. Capsule déprimée, s'ou- 
vrant en trois valves. Graines recourbées sur elles-mêmes, 
involutes et comme coquillées, celles du bas recourbées 
en siphon. 

Celte espèce, qui se distingue au premier coup d'œil, 
diffère de toutes les autres par la forme de ses graines. 
Ses rapports sont avec YE, siphosperma et surtout avec la 
forma lerrestris de Seubert, mais jamais nous n'avons 
observé, dans cette plante, la disposition des graines que 
nous trouvons ici. VE, siphosperma a les graines en 
fer à cheval ou en forme d'un hameçon, avec une de ses 
extrémités plus longues que Tautre. C'est ainsi qu'elles ont 
été figurées par Schkuhr, par Drèves et Hayne, par Seu- 
bert et que nous même les avons toujours observées. 
L'£. Hardyanaj au contraire, a les graines enroulées, ce 
qui est tout différent. Il nous parait impossible de réduire 
à une seule espèce des plantes douées de graines si dis- 
semblables. 

M. Hardy nous annonce encore qu'il a observé en Hai- 
naut une espèce d'Ëlatiné triandre à calice composé de trois 
sépales. A cette forme, appartient, sans aucun doute, 
VE. triandra de M. Grenier {Flore de la chaîne Jurassique^ 
p. 1^9), qui reproduit ces caractères et surtout celui du 
calice à trois sépales sous une fleur triandre. Elle est 
répandue dans la Bresse parmi tous^ les étangs du canton 
de Chaussin , où elle parait avoir été découverte par 
Michalet. Mais M. Grenier fait erreur en disant qu'il a pu 
constater avec Michalet, et sans contestation possible^ que 



( 269 ) 

YE. triandra a toujours le calice à trois sépales et « que 
le calice diphylle, indiqué pour celte espèce par Schkuhr, 
Koch, Drèves et Hayne, etc., est une anomalie, un état 
exceptionnel, si ce n'est point une erreur. » Il est évident 
que iM. Grenier n'a jamais observé le véritable E, triandra^ 
dont le calice est toujours à deux sépales. S'il l'avait étudié, 
il aurait vu que cette prétendue anomalie y oiïre un carac- 
tère constant et spécifique, invariable dans tous les exem- 
plaires de Tespèce. M. Hardy a déjà critiqué avec raison 
cette opinion de iM. Grenier, dans sa monographie des 
Elatinés, p. 16, en faisant remarquer que le calice à deux 
sépales est Tétat normal de YE. triandra, comme le disent 
tous les auteurs. Il y a donc ici très-probablement une 
espèce confondue, que nous nommerions volontiers E. ter- 
nata, mais nous attendrons de Tavoir étudiée vivante pour 
nous prononcer définitivement à son égard. 

VIII. 

Il suffit d'avoir étudié ces petites plantes, pour voir 
qu'à travers une similitude apparente, elles offrent des 
caractères distinctifs de premier ordre. Si on les range 
suivant le nombre desétamines, on aura les divisions sui- 
vantes : 

*HdI4 éiamliies. 

1. Elatine Alsinastrum L. 

2. — sîphosperma Dmrt. 

3. ~ campylosperma Seub. 

4. — majuscula Dmrt. 

5. — roacropoda Guss. 

6. — orthosperma Dûben. 

7. — Hardyana Dmrt. 

**Slx étamliies. 

8. Ëlatine hexandra DC. 



( 270 ) 



f** 



Trolii éiantlnes. 

9. Elatine triandra Schk. 

10. — minima Fischer et Meyer. 

11. — ambigua Wight. 

12. — gratioloides Cuoningham. 

Si^ au contraire, on les range diaprés la forage des grai- 
nes, on aura les divisions suivantes : 



^GRAINES PRESQUE DROITES, LÉGÈREMENT COURBÉES. 

a) Esjpèeea téiramèrea. 

1. Elatine Âlsinastrum L. 
â. — majuscula Dmrt. 
3, — orthosperma Dûben. 
i. — macropoda Guss . 

b) Espèces trlnaères. 

tf. Elatine hexandra DC. 

6. — triaudra Schk. 

7. — ambigua Wight. 

8. — minima Fischer et Meyer. 

9. — gratioloides Gunningham. 



*♦, 



GRAINES RECOURBÉES SUR ELLES-MÊMES. 



a) Eapèeea tétranières. 



10. Elatine siphosperma Dmrt. 

11. — campylosperma Seub. 

12. — HardyanaNob. 



( 271 ) 

On voit par là les différences sensibles que présentent 
les diverses espèces d'Elatinés à feuilles opposées, car 
pour ce qui est de VE. Alsinastrum^ sont port et ses 
feuilles verticillées en font un être à part. Toutes les 
espèces ont d'ailleurs les feuilles stipulées, que leurs 
feuilles soient opposées ou quaternées. Mais VE. Alsinas- 
trum diffère des autres par un caractère particulier : son 
placentaire est globuleux, tandis qu'il est étroit et lan- 
céolé dans les espèces à feuilles opposées. Ce caractère 
déterminera la section des espèces à feuilles verticillées. 

IX. 

Parmi les espèces d'Elatinés que nous venons d*énu- 
mérer, il s'en trouve trois étrangères à l'Europe, les 
£*. minimaj arnbigua et gratioloides. VE, minima de 
Fischer et Meyer, qui est le Crypta minima de Nuttall, est 
une plante de l'Amérique septentrionale, habitant depuis 
New- York jusqu'au Missouri; VE. ambiguade R. Wight 
est une plante des Indes orientales croissant près de Tan- 
jore; enfin VE. gratioloides de Gunningham appartient à 
la Nouvelle-Zélande; toutes celles-ci ont le calice trifide 
et sont à trois étamines. Pour ce qui est des neuf autres 
espèces, elles appartiennent à l'Europe. Parmi elles, il 
s'en trouve deux caractérisées par leurs pédoncules plus 
longs que les feuilles, les E. macropoda et campylosperma^ 
qui habitent les régions méridionales de l'Europe. Ces 
espèces à longs pédoncules se trouvent depuis la Sicile 
jusqu'à la Loire, et n'ont pas encore été observées au nord 
de cette ligne, qui semble être l'extrémité septentrionale 
de leur aire de dispersion, et où M. Lloyd les a recueillies 
(JFl.de l'Ouestj éd. 2, pp. 98 et 99). VE. campylosperma^ 



( 272 ) 

qui est VE. Hydropiper de Perneau el VE. Hydropiper- 
pedunculata de Moris, y est abondante et s'avance jusque 
dans le Morbihan, ce qui fait croire qu'on pourra peut 
être la trouver un jour en Belgique. 

Nous ne donnerons pas ici la description des diverses 
espèces d'Elatinés; on les trouve, tant dans la monographie 
de M. Seubert, que dans celle de M. Hardy, ainsi que dans 
le Repertorium boianices systematicae de Walpers. Nous 
renvoyons à ces ouvrages. Mais nous ne pouvons nous 
empêcher de parler des espèces de notre flore ; ce sera 
une occassion de montrer combien celle-ci a été appauvrie 
dans ces derniers temps. Dans notre Prodrome, publié 
en 1827, c'est-à-dire, il y a 46 ans, nous avions déjà indi- 
quée cinq espèces belges d'Elatinés : les E. triandra, 
hexandra, siphosperma, majuscula et Atsinastrum. Le- 
jeune et Courtois, dans leur Compendium, avaient repro- 
duit ces cinq espèces : Hannon, dans sa F/ore Belge, en 
énumère quatre espèces : les E. hexandra, siphosperma, 
majuscula et Alsinastrum, L'auteur du Manuel de la Flore 
de Belgique, au contraire, qui a adopté pour système 
d'effacer tous les travaux de ses devanciers, en est arrivé 
à réduire, dans son ouvrage, le nombre des Elatinés indi- 
gènes à une seule espèce, VE, hexandra. Afin de montrer 
combien ce système, tout personnel, est préjudiciable à 
l'étude des plantes indigènes, nous allons donner l'indica- 
tion, les caractères, et les localités de nos espèces indigènes, 
que nous extrayons de notre Flore Belge, jusqu'ici inédite. 
.Celte comparaison pourra être utile pour montrer la 
richesse réelle de notre flore, si malheureusement appau- 
vrie par la prétention d'effacer les travaux des anciens. 



( 273 ) 

ÉL4TINÉS DE LA FLORE BELGE. 

ELATINEAE Dnirt. (i827); Camb. (1829). 

Elalineae Dmrt.. Prodr. FL Belg,, p. iH, (1827); Cambessè- 
des in Mém. Mus., XVII, p. 225 (1829). 

ELATINE L. 

§ i. Potamopitys Dmrt.,1. c. (1827); Seub. Elatin, Monogr., 

p. 56(1842). 

Placentariam globulare. Folia verticiliata. 

1. E. AUinaêtrum L. foliis floribasque verticillatis. 

Alsinastrum galiifolio Vaill. Bot. Paris,, p. 6, t. 1, fig. 6. 

E. Alsinastrum L. 5p. PL, 527; Seob. EUitin. Monogr,, p. 66, t. V; 
Dmrt. Prodr,, p. 111 ; Hardy Monogr., p. 19. 

Habite aux bords des étangs et des fossés dans le Luxembourg (Tinant ! 
Linden!), dans le Limbourgaux lieux marécageux du Ravclbosch (Nyst !), 
en Flandre près de Gand (Desmazières ! Hocquart), de Condé (Hécart), 
dans la vallée de la Moselle près de Trêves (Scbafer, Wirtgen), près -de 
Cologne (Sehimeyer !). 

§ 2. Elaf inotypus Dmrt. 1. c. (1827); Elalinella Seub. 1. c, 

p. 46 (1842). 

Placentarium lanceolatum. Flores tetramerî) octandri. Folia opposita. 

2. E, iiphosperma Dmrt. floribus subsessilibus tetrameris octandris, 
semioibus hamato-recurvatis. 

E. Hydropiper L. pro parte; Schkubr Handb., T, p. ZiH, t. 106 f. 1; 
DrèvesetHayneP/.d^^iir., III, p. 3i, t. 71, fig. A; Seub. Elatin. Monogr., 
p. 46, t. 3, f. 1-8. 

E. siphosperma Dmrt. Prodr,, p. 111 (1827); Hann. FI. Belg,, I, p. 80; 
Hardy Monogr., p. 23. 

E. Sehkuhriana Hayne in Rchb. Ft. exeurs., p. 639 (1832). 

Habite les fossés sablonneux près d^Utrecht au Bildt ! près Dortrechl, 
Papendrecbt, Stiedrecht, Krimpen, etc. (van der Sande Lacoste), dans la 
campine hollandaise vers Bois le Duc (Hoven). 

3. E, Hardyana Dmrt. floribus sessilibus tetrameris octandris, semini- 
bus involutis. 

â2 



( 274 ) 

Habite en abondance les étangs asséchés entre San tin, Rance et Mont- 
bliart en Hainaut (À. Hardy !). 

i. E. majuscula Dmrt. floribus pedunculatis tctrameris octandris, 
seminibus rectiusculis subarcuatis. 

Alsinastrumserpyllifolium flore aibo tetrapetalo. Vaill. Bot. Paris., p. 5, 

t. 2, f. 2. 

E. Hydropiper L. pro parte; DC. /c. GalL, p, 13, t. -(3, f. 2; Schkubr 
Handb., t. i09«î Lmk Fl. Fr., p* OS, t. 320, f. 2. 

E. majuscula Dmrt. Prodr., p. 11 Ij Hann. Fl. Belg , T, p. 80; Hardy 
Monogr., p. 22. 

An E. major Al. Braun. Syll. pi. nov., p. 8^, ex BluflF et Fingerh. Comp.jlj 
p. 513? (dubia species). 

E. paludosa ^ Seub. Elatin. Monogr, y p. Si. 

Habite des étangs marécageux près Mons (Desmazières !). 

§ 3. Birolia Dmrt. I. c. (i827); Birolia Bell. Mém.Acad. Tur., 

1809, p. 403. 

Placcntai'ium lanceolatum. Flores trimeri 3-6<andri. Folia opposita. 

5. E. lœxandra DG. floribus pedunculatis trimeris hexandris, seminibus 
rectiusculis. 

Alsinastrum serpyllifolium flore roseo tripetalo. Vaill. Bot. Paris., p. 5, 
t. 2,fig. 1. 

E. Hydropiper /3 L. Sp. PL, p. 527. 

E. Hydropiper Sm. Engl. Bot», t. 93S. 

E. hexandra DG. te. Gali., p. 14, t. 43, fig. 1; Dmrt. Prodr., p. 111; 
Hann. Fl. Belg., I, p. 80; Hardy Monogr., p. 20. 

Birolia paludosa Bell. Mém. Àcad. Turin, 1809, p. 403. 

£. tripetalaSm. Engl. Fl., Il, p. 243. 

£. paludosa a Seub. Elatin. Monogr., p. 52, t. 4. 

Habite les étangs en Gampine ! en Flandre ! dans le pays de Gbimay, à 
Aance, Sivry et Gouvin (Hardy!), en Eifel (Wirlgen!). 

6. E. triandra Schk. calycc disepalo, floribus trimeris triandris^ semi- 
nibus rectiusculis. 

E. triandra Schkubr Handb., I, p. 345, t. \Ù9b, f. 2; Drèves et Hayne 
PI. d'Eur., m, p. 36, t. 71, fig. B ; Seub. Elatin. Monogr., p, 42, t. 2, 
fig. 1-8 ; Dmrt. Prodr., p. 111; Hardy Monogr., p. 24. 

Habite les fossés limonneux, à Frahan près Bouillon (Delogne !), Rance 
(Hardy), Durtrecht, Sliedrecht et Rrimpen (van der Sande Lacoste), dans 
rEifel(Wirtgenî). 



( 275 ) 

Notice sur la flore de Wavre et de ses environs, par 

C.-J. Lecoyer. 

Le territoire de Wavre et des localités voisines, arrosé 
par la Dyle et quelques petits affluents, est généralement 
accidenté; de vastes prairies, parfois fangeuses, comme 
celles du Manil, de Rosières, Tombeek et Pecrot, occu- 
pent les parties basses, mais ces fanges, souvent intéres- 
santes au point de vue botanique, tendent à disparaître 
rapidement par Texhaussement continuel du sol, les 
travaux d'assèchement et les progrès de la culture. Les 
collines voisines, couronnées la plupart de pins sylvestres, 
et dont les points culminants atteignent environ 1 30 mètres 
d'altitude, offrent divers sables plus ou moins ferrugineux^ 
mélangés, çà et là, d'argile, de marne ou de grès. La 
culture s'est emparée des moindres replis du terrain et 
l'on n'y rencontre plus guère que de loin en loin d'in- 
signifiants espaces arides et absolument vierges, où la 
physionomie végétale s'est conservée à peu près intacte; 
là encore, est-il difficile de saisir le véritable caractère de 
la flore, si l'on n'a pas la chance de devancer la faucille 
ou les premières chaleurs desséchantes de l'été. 

Plusieurs botanistes distingués ont, à diverses reprises, 
parcouru cette région, exploré chaque localité et fait 
connaître amplement la florule de Wavre, sauf pour 
quelques espèces rares échappées à leurs recherches, et 
que je me propose de renseigner ici, tout en confirmant 
les indications relatives aux plantes intéressantes connues, 
déjà signalées, et que la culture n'a pas encore fait 
totalement disparaître. 

Parmi les espèces rares que je signale ci-dessous, 



( 276 ) 

j*aUire particulièrement Tattention de mes confrères sur 
deux dVntre elles, qui sont nouvelles pour la florule de la 
zone argilo-sablonneuse. Ces espèces sont les Orchis 
Simia et Liparis Loeselii. 



OleauUlfi ¥lialba L. — Assez abondant par places surtout dans le 
bois de Laurensart (Gastuche). 

Hyoaaras mlBlmaa L. — A. R. 

Bananealiia bederaeens L. — Biergcs, dans le ruisseau deChampIes; 
près de la Lasne à Tombeek (Isque). R. 

— dlvarlcalDs Schrk. — A. C. 

— panclaiaiiilBeas Tausch. — Ruisseau du pré de Querelles 

à Wavre. R. R. 

Obt. — J*ai comparé cette plante à celle provenant de Haeren, et toutes 
deux m*ont paru identiques. 

— lilngiiaL. — Dans les fanges du Manil, Limai et celles dePecrot. B. 

— peljantbemaa L. var. iienaoroaaa DG. — Bois de Beumont 

à Wavre. R. 

— seeleratus L. — G. 

lilseila damaseena L. — Espèce subspontanée sur les rives de la 
Dyle à Bierges. R. 

— arvenaia L. — Limai (Dandois), Je ne suis pas encore parvenu 
à retrouver cette espèce. 

Dlantbua Armerla L. — Wavre, Bierges et Limai. R. 

Sapanarla attelnalla L. — Assez répandu par places à Wavre, Limai 
et Gastuche. 

— ¥aecarla L. — Quelques pieds dans un champ de seigle, en 1871, 
vis-à-vis de la maison Gaule à Wavre. 

Silène veneMi Gil. — Wavre. R. 

Spergttlarla megeimUm FenzI. — Abondant çà et là dans les moissons 
à Limai, Wavre et Bierges. 

«laf Ina elllata Pries. — Assez commun dans les moissons à Limai, 
Bierges et Wavre. , 



• ( 277 ) 

Saslna nodoMi L. — Prairies à Rosières et dans les fanges de Pecrot. R. 
■olosleam nmbellatnni L. — A. C. 
StellarlA nemoram L. — Wavre. A. R. 

— stoncA With. — Fanges de Pecrot. R. 
Ceraatloni pamllam Curt. — A. C. 

— «4 a Aliénai L. — Bords de la Dyle à Bierges et Limai. A. R. 

Radlola malllllora Lmk. — Dans le ravin d*Angottssart à Bierges. 

GerABlam pralense L. — Dans une saussaie, derrière le moulin de 
Bierges où il est assez abondant; pelouses du château de Bonlez. 

Brodlnm plmptnellAerollani Sibth. — G. 

■Al TA erlsiyi L. — Çà et là derrière la Bawette à Wavre. Espèce 
subspontanée. 

■onolroiyi Hypopltys L. — Au centre du bois de Beumont à Wavre R. 

AndroflAcmam ofleluAle L. — Un buisson dans la station de la 
Hulpe. Espèce introduite. 

Byperleain moiilAnani L. — Sur la berge gauche du chemin allant 
d^Ottenbourg à Terlaenen (Isque). R. 

DroserA roInadirollA L. — Lieux humides à Rixeusart, Archennes, 

Pecrot et Tombeek (Isque). 

PArnAMilA lyilnslrls L. — Répandu çà et là dans la vallée de la 
Lasne à Rosières, etc. 

PyrAlA rAlnodirollA L. — Dans le bosquet du Chénoità Bonlez. R. 

— mlnor L. — Les Saussaies à Bierges. R. R. 

KesedA LnleolA L. — Bierges et Gastuche. R. 

OorydAllls sAlldA Sm. — Haies à Wavre, Ottenbourg et Terlaenen 
(Isque). A. G. 

FamArlA CApreolalA L. — Un pied sur le bord de lu Dyle à Bierges. 

— dcBflUiorA DG. — Assez abondant par plaees vers le Godru à 
Wavre. 

BArbAreA lyrAlA Gil. var. slrlcUi. — Bord d*un fossé près de la 
Dyle à Limai. 

DIplolAxIs leoniroilA DC. — Talus du chemin de fer entre Gastuche 
et Archennes A. G. 



. ( ^278 ) 

Lepldlnm campeatre R. Br. — Bierges, Wavre et entre Gastuche 
et Arcbennes. R. et A. R. 

QeDlfllA ABsllca. L. — C. 

— pllosa L. — Rare dans le ravin Gaule à Wavre et assez com- 
mun sur les collines de Gistoux. 

•oobU repens L. — A. C. 

■elllotofl •flicliMillfl Desr. — Très-rare à Wavre et moins rare entre 
Gasluche et Arcbennes. 

vida lAlhyroldea L. — Moissons derrière la Bawctte à Wavre. R. 

liAthyriis «ylveslrlfl L. — Bords de la route de Limai ; lisière infé- 
rieure du bois de Beumont à Wavre. A. R. 

— Aphaea L. ~ Entre Bylande et Terlaenen. 
PeplU Porinla L. — Le Plaigneau à Limai. R. 

Bemlarla hlrsnla L. — Assez répandu çà et là à Wavre et Bierges. 
Sednoi elesans Lej. — Sur les murs d*une vieille chapelle près de la 
ferme Demolder à Wavre. R. 
SeoiperTlviini teelomoi L. — A. G. 
€oni«riini pAlnstre L. — Fange du Plaigneau à Limai R. R. 
Alcheoillla valsarls L. — Près du chemin de fera Bierges. R. 

Myrlophyllam TerItcltiAtiiiii L. var. plnnatlAdam et peellna- 

Inm Wallr. - A. C. 

Hydrocalyle TolirarU L. — Tombeek et Terlaenen. A. R. 

•enanthe aqaailea Lmk. var. latlfolla. — Bierges, Wavre et 
Gastuche. A. G. 

RIbea VTa-crlapa L. — Le Manil (Limai). A. R. 

Chryaaaplealnni oppaallirollnm L. ~ Le Manil, Bierges, et pro- 
bablement ailleurs. A. R. 

Cenlnneulna mlnlnana L. — Près de la fange du Plaigneau à 
Limai. A. R. 

PlanlaKO naedla L. — Vers Bonlcz. A. G. 

Coaeiila majar DG. — Sur le houblon aux Quatre-Ghemins à Wavre, 
et à Limai. 



( 279 ) 

Cuflcnla Epllhymniii Murr. — C. C. 
Lycopalfl arvensls L. — A. C. 

Cynoftlosaaiii oflicliiale L. — Berge vis-à-vis de la ferme de 
WoelmoDt à Gastuche. R. 

Wtcandra physaloldes L. — Répandu dans plusieurs jardins à 
Wavre. Espèce introduite. 

I^yelnni harbaram L. — C C. 

Verbaseum nlsrnm L. — Cimetières de Grez et Bonlez. R. 

Veronlea manlmaa L. — Bois de Rixensart et de Laurensart (Gas- 
tuche). A. R. 

DlSlIalU parporea L. — Wavre. R. R. 

Vlrlenlarla neslecla Lehm. — Abonde dans la fange du Plaigneau 
à Limai; assez rare au Manil et à Pecrot. 

Culamlnlha Actnaa Glairv. — Abondant vis-à-vis de la maison Caule 
à Wavre. 

Nepela Calarla L. — Wavre et Bierges. A. C. 

Galeopala vlllaaa Huds. — Abonde à Angoussart (Bierges). 

Marrahtam volgare L. - Çà et là à Limai, Bierges, Wavre et 
Ottenbourg. 

liconarua Cardiaea L — Répandu par places à Rixensart vers le 
Bourgeois. 

Phyleonia •plcalnm L. — C. 

var. nlffram. — fionicz et Gistoux. A. R. 

Vlhurnam Lantana L. — Bois de Laurensart (Gastuche). R. R. 
Dlpaacaa ptloaua L. — Abondant dans un endroit du bois de Lau- 
rensart (Gastuche). 

•napordon Acanthlani L. — Wavre, Florival (Archennes). R. R. 

Clralam oleraceam Scop. — Abondant dans la vallée de la Lasue à 
Rosières, etc. 

Anlennarla dioeca Gartn. — Wavre et Gistoux. A. R. 

Fllaso apleulata G.-E. Smith. — Wavre. C. 

— arvenala L. — Vis-à-vis de la maison Caule à Wavre! R. R. 



( 280 ) 

akDBeelo Foehsll Gmcl. — Bois et haies sur la rive droite de la Lasne 
à fiicrges, Rosières, Ottenbourg et Tombeek (Isque). A. R. 

■ypochoeris iplAbra L. — Ottenbourg. A. R. 

LeonlodoB hkipidns L. — C. C. 

liAeloea ma rails Less. — Chemin encaissé descendant d*Ottenbourg 
à Terlaenen. R. R. 

CrepU pa Indosa Honch. — Vallée de la Lasne. A. G. 

Eoxolaa Ylrldls Moq.-Tand. ^ Infeste le jardin de PEcole moyenne 
à Wavrc. 

Cheaopodlani morale L. — Rixensart, vers le Bourgeois et 
Pecrot. A. R. 

Blltnm Bonaa-Bearleua Rchb. — Limai et Ottenbourg. R. 

Polyironani Blalorla L. — Assez répandu par places dans la vallée 
de la Lasne et vers Gistoux. 

CeraCaphylInm demerflom L. — Le Plaigneau à Limai et Wavre. 

BaCanaas ambellaina L. — Rixensart. R. R. 

Alltnni aralnam L. — Abonde dans le bois de Bylande à Wavre et 
celui de Laurensart (Gastuche). 

Tanaaa eommoalfl L. — Bois de Laurensart (Gastuche). R. R. 
Or«htfl pnrparea Huds. — Bois de Laurensart, vis-à-vis du canal. 
Obê. — Cette intéressante espèce a déjà été signalée par M. Baguet. 

— ainila Lmk. — Sur la lisière au bois des Templiers à Wavre 
(2 pieds). 

— taearnata L. — Entre Florival et Pecrot. A. R. 

Gymnadeala. eonopaea R. Br. — Tombeek (Isque) et dans les fanges 
de Pecrot. A. C. 

— Tirldifl Rich. — Limai, Rosières, Gistoux et Pecrot. A. C. 
Plataathera blfalla Rchb. — Pecrot. R. R. 

— moBiaoa Rchb. — Bois de Laurensart (Gastuche). A. R. 

BpIpactU painsirifl Crantz. — Tombeek et Pecrot. A. C. 

IVeotlIa ividafl-avlfl Rich. — Derrière le Chalet au bois de Laurensart 
(Gastuche). R. 

I^lparls l^acaelll Rich. — Assez abondant dans les fanges de Pecrot. 



( 281 ) 

Bydrocharis Morsao-ranae L. — Je ne l*ai encore rencontré 
qu'à Wecrt-S»- Georges. 

Trlglochln palostrU L. — Le Plaigneau à Limai et Pecrot. A. R. 

Polaoiogetoii alptnas fialb. - Abondant dans les fossés du Manil 
à Limai. 

— pecllnalns L. — Dans la Lasne à Terlacnen (Isque). A. C. 
ZaBBlehellU palosIrU L. — Abonde dans un étang à Rixensart. 

Jnneaseapi talus Weig. — Assez abondant dans un champ sous le 
Ri de Fétry à Rosières. 

— obtafllllorna Ehrh. — Dans la vallée de la Lasne au Plaigneau, 
Rosières, etc. C. C. 

Losula fljrlTallea Huds. — Rois de Rixensart, à la source du 
missel et. R. 

Carex pnIlearU L. — Tombeek et Pecrot. A. R. 

~ paatenlala L. — Le Plaigneau à Limai. A. C. 

var. flimpllelor. — Le Plaigneau. C. 

— Paeoda*€ypern« L. — Pecrot. R. 

— spadloea Roth. — A. C. 

— riparla Gurt. — Le Manil et Rierges. R. 

•ctrpofl paoelllorna Lightf. — Rare au Plaigneau et assez commun 
à Pecrot. 

— aetaeena L. — Limai et Rosières. A. R. 
Corynephorns emnemeemm P. B. — C. 

Danlhoata deennibenfl DC. — fiicrges et Rosières. A. R. 

■cilea naMora Retz. — Bois de Laurensart (Gastuche). C. C. 

CatabroMi a^uallea P. B. — Abondant par places à Limai ; assez 
commun à Wavre, Biergcs, Gastuche et Pecrot. 

Feslaea laltaeea Curt. — Sous le moulin de Bierges sur rive droite 
de la Dyle. A. C. 

— irigantea Vill. ~ Les Saussaies à Bierges. A C. 

Braehypodiom flylYalteam P. B. — A. C. 

Asrapyraoi eanlnam R. et S. — Bois de Boulez, Laurensart et vers 
Isque. R. 



1 



( 282 ) 

A««lopeBdrliini vulgAre Symons. — Environs d'Isquc. R. 

Asplenlnm Adlanthnm-Dtgrnm L. — Près de Vieux-Sart. R. R. 

Cynlopterla fragllls Rernh. — G. 

Polyatlcham Thetyplerls Roth. — Le Plaigneau et Pecrot. R. 

Aspldlain lobalmn Huds. — Près de Vieux-Sart, à Terlaenen 
(Isque). R. 

Botryehlam liOnarla Sw. — Au Chénoit à Bonlez, près du bosquet. R. 

BquIflelunisylTalleiiiii L. — Assez abondant à la lisière du bois de 
Rixensart. 



Relation d'un voyage au Laacher-see en juin i 872, par 

Armand Thielens. 

Nous sommes partis en compagnie de nos amis et 
collègues MM. C. Vanvoixem et Haye^ pour nous rendre 
directement à Mayence, d'où nous avons descendu le 
Rhin jusqu'à Andernach, après nous être arrêtés à Co- 
blence et à Ems. 

A 2 lieues environ d'Andernach, nous fumes visitera 
Bleidt, d'immenses carrières de trass el à Niedermendig 
(une lieue plus loin) les exploitations de lave dont Ton 
extrait les pierres meulières; les galeries sont à iOO m. 
environ sous terre et les carrières abandonnées sont louées 
aux fabricants de bière de IVeuwied, Mùlheim, etc., qui 
en font leurs entrepôts; seulement il est prudent, quand 
on y pénètre, de se prémunir contre le froid qui y est 
très-vif et la bière qu'on y boit est tellement glacée qu'on 
est obligé de la chauffer avant de la prendre. 

De ce village, pour se rendre au Laacher-see, (but 
principal de notre voyage dans cette contrée), on passe 
au-delà d'Obermendig, près de Bell, où s'exploite une 
carrière de pierres à four qui résistent au feu. 



( 283 ) 

Après avoir gravi une forte cote, on découvre tout à 
coup l'immense lac, aux bords duquel est bâtie la belle et 
riche abbaye de Maria-Laar. 

Rien d'imposant comme cette grande masse d'eau de 
deux lieues environ de circonférence, de 2900 mètres de 
longueur sur 2633 mètres de largeur, avec une profon- 
deur de 71 mètres, et située à 222 mètres au dessus du 
niveau du Rhin; ses eaux, d'un beau bleu et d'une 
admirable clarté, sont extrêmement froides et nourrissent 
d'excellents poissons. 

Au nord et à l'est, les collines sont abruptes et entière- 
ment boisées,- à l'ouest leur pente est douce et des 
prairies s'étendent du bord de l'eau jusqu'à la lisière de la 
forêt, qui couronne leurs croupes ; au sud, se dressent des 
hauteurs nues et incultes, dont l'aridité contraste avec la 
riche végétation de celles qui leur font face. 

On ne peut douter que ce lac ne soit le cratère d'un 
ancien volcan ; ses bords sont couverts de scories, de laves 
et de cendres. 

Après un excellent dîner composé de poissons du lac 
et arrosé d'un bon vin du pays, nous allâmes sonner à la 
porte de l'abbaye. Bâtie en 1093, elle devint bientôt la 
résidence des moines Bénédictins; sécularisée pendant la 
domination française, elle fut détruite, sauf l'église, par 
un violent incendie ^ui éclata pendant l'hiver de 1855: 
rebâtie quelque temps après par ordre du Gouvernement, 
elle fut louée à l'ordre des Jésuites, qui, après l'avoir 
habitée jusqu'à ce jour, viennent, par le récent décret de 
Monsieur de Bismark, de s'en voir expulsés. 

Un Belge, le père Renard, naturaliste distingué, nous 
fit, avec beaucoup de complaisance, les honneurs du 
couvent: il nous fit voir notamment la bibliothèque, une 



( 284 ) 

des plus riches de l'Allemagne, et les collections scientifi- 
ques dont il est le conservateur. 

Disons en passant que le savant religieux nous fit 
cadeau d*une belle collection de produits volcaniques et 
d*un exemplaire de sa Florule du Laacher-see; celle-ci 
comprend une liste de 1 174 phanérogames. 

Après avoir visité leglise^ dont Tarchitecture nous offre 

un des échantillons les plus parfaits et les plus complets 
qui existent du style roman et où Ton entend un écho 

multiple unique dans le monde entier, nous primes congé 
du père Renard^ puis nous traversâmes le lac en barquette, 
afin d*aller visiter sur la rive septentrionale une MoffetUy 
espèce dVntonnoir d'un mètre environ de profondeur, 
d*où se dégage parfois un air méphitique qui tue les 
oiseaux et les petits mammifères qui s'aventurent sur les 
bords. 

Bien que nous allions visiter le Laacher-See en simples 
amateurs, nous n'oubliâmes point la botanique et nous 
pûmes observer les plantes suivantes : 

Actaea spicata L. Bromiis asper Hurr. 

Agrimonia Eupatoria L. — mollis L. 

Agrostis alba L. Calepina Gorvini Desv. (2 pieds). 

— canÎDa L. Caltha palustris L. 
Alchemilla vulgaris L. Campanula glomerata L. 
Alopecuras fulvas Sm. — persicifolia L. 

— geniculatus L. — 'A'achelium L. 
Anthyllis Vnlneraria L. Cardamine impatieos L. 
Asperugo procumbeDS L. — sylvatica Link. 
Asperula odorata L. Garex acuta L. 
Asplenium Filix-fœmina Bernh. — ampullacea Good. 

— Trichomanes L. — canescens Good. 
Avena flavescens L. — Oederi Ehrh. 
Barbarea vulgaris R. fir. — elongata L. 
BetODica officinalis L. — flava L. 
Borrago officinalis L. — hlrta L. 



( 288 ) 



Garex leporina L. 

— muricala L. 

— paludosa Gond. 

— paniculataL. 

— pilulifera L. 

— pseudo-Cyperas L. 

— pulicaris L. 

— remota L. 

— ripariaL. 

— stellulata Good. 

— teretiu9cala Good. 

— vesicaria L. 

— vulpina L. 
CenUurea Cyanus L. 

— Jacea L. 
Chelidonium majus L. 
ChenopodiuiD vu I varia L. 
Choudrilla juncea L. 
Girsium palustre Scop. 

— sp. ? 
Gorynephorus canesccns P. fi. 
Delphinium Consolida L. 
Ëchium vulgare L. 
Eleocharis palustris R. fir. 
Epilobium hirsutum L. 

— palustre L. 

— roseum L. 
Epipaetis latifolia Âll. 

— palustris. Grantz. 
Equisetum hyemale L. 

— sylvaticum L. 
Eupatorium cannabinum L. 
Euphorbia Gyparisias L. 

— EsuIaL. 

— helioscopia L. 

— stricta L. 
Euphrasia officinalis L. 

^estuca arundinacea Schrcb. 

— giganteaVill. 



Fiiago spathalata Presl. 
Fragaria coilina Ehrh. 

— vesca L. 
Fumaria offiniealis L. 

— Vaillantit Lois. 
Géranium molle L. 
Geum rivale L. 
Glyceria aquatica Presl. 

— fluitans R. Br. 

— spectabjlis M. et K. 
Gymnadenia conopsea R. Br. 
Helleborus viridis L. 
Herniaria glabra L. 
Uieracium muroram L. 

— Peleterianum Mcrat. 

— PiloselIaL. 
Uolosteum umbellatum L. 
Juneus bufonius L. 

— effusus L. 

— glaucus Ehrh. 

— lamprocarpus Ehrh. 

— squarrosus L. 

— supinus L. 
Rnautia arvensis Coult. 
Lactucamuralis Fries. 
Lathyrus Aphaca L. 
Lemna trisulca L. 

— minor L. 
Leontodon hastile L. 
LoliuDi multiflorum Lmk. 

Luzula maxima DC. 

Lychnis diarna Sibth. 

— Flos-cuculi L. 
Lycopsis arvensis L. 
Lycopus Europœus L. 
Lysimachia nemorum L. 

— vulgaris L, 
Lythrum Salicaria L. 
Maianthemum bifolium DG. 



( 286 ) 



Melica nutans L. 

— uniflora Retz. 
Melilotus ofTicinalis Willd. 
Mentha aquatica L. 
Menyanthes trifoliata L. 
Milium effusam L. 
Montia rivularis Gmel. 
Myosotis caespitosa Schultz. 

— palustris Wilh. 

— versicolor Pers. 
Nasturtium amphibium R. Br. 

— anceps Rchb. 

— officinale R. Br. 
Neottia ovata Bluff et Fing. 

— Nidus-avis Rch. 
Nuphar luteiiin SibthctSm. 
Nymphsa alba L. 

Orchis fusca Jacq. 

— latifolla L. 

— maculata L. 

— Morio L. 

— ustulata L. 
Orobus tuberosus L. 
Oxalis Acetosella L. 
Paris quadrifolia L. 
Petasites ofiicinalis Mœnch. 
Phragmites communis Trin. 
Phyteuma nigrum Scbmidt. 
Platanthera chlorantha Cust. 

— bifolia Rchb. 
Poa Sudetica Hânke. 
Polygala depressa Wend. 

— vuIgarisL. 
Polygonum amphibium L. 

— fiistorta L. 
Polypodium Dryopteris L. 

— vulgare L. 
Polystichum Filix-mas Roth. 

— spinulosum DC. 



Potamogcton crispus L. 

— iucens L. 

— natans L. 

— pectinatus L. 

— perfoliatus L. 
Potentilla argenteaL. 

— Tormentilla Nestl. 
Pteris aquilina L. 
Pyrola minor L. 
Ranunculus aquatilis L. 

— arvensis L. 

— Flammula L. 

— fluitans Lmk. 

— hederaceus L. 

— sceleratus L. 
Rhinanlhus Alectorolopbus Gmd. 

— minor Ehrh. 

Rosa ; sp. ? (diverses espèces). 
Rubusjsp. ? (id.)< 

Rumex crispus L. 

— sanguineus L. 

Salix; sp. ? (diverses espèces). 
Sanicula europaea L. 
Saxifraga rotundifolia L. 
Scirpus lacustris L. 

— maritimus L. 

— svivaticus L. 
Scolopendrium officinale Sm. 
Senecio aquaticus Huds. 

— Jacobaea L. 

— sylvaticus L. 

— vulgaris L. 
Silène inflata Sm. 
Sonchus asper Vill. 
Sparganium ramosum Huds. 

— simplex Huds. 

Var. ^ natans Wilh. 

Specularia spéculum DG. 
Spiraea Ulmaria L. 



( 287 ) 

Stachys arvensis L. Valeriana dioica L. 

— palustris L. — officinalis L. 
Stellaria glauca With. Valerianella dentata Koch. 

— ulig'nosa Murr. Veronica Beccabunga L. 
Symphitum officinale L. — hederaefolia L. 
Tcesdalia nudicaulisR. fir. — officinalis L. 
Tragopogoii minor Gries. — triphyllos. L. 

— pratensis L. Vicia cracca. 
Trifolium fragiferum L. — hirsuta Koch. 

— pratense L. — tenuifolia Roth. 

— repens L. Viola odorata L. 
Triglochiu palustre L. — sylvestris Lnik. 
Tussilago Fai'fara L. — tricolor L. 
Typha angustifolia L. Vulpia sciuroides Gmel. 

— latifoiia L. 

Nous avons noté ces plantes aux environs immédiats du 
làe et sur la route qui y conduit en venant d'Andernach 
par Niedermending et enfin du lac à Andernach, en passant 
par le BrohlhaL 

Nous traversâmes ensuite Tœnistein, célèbre par ses 
eaux minérales sulfureuses, semblables aux eaux de Seitz, 
puis nous nous engageâmes dans le Brohthal, vallée 
pittoresque, devenue célèbre dans les annales de la science 
par les travaux de Gollini, de Deluc^ de Poster, de 
de Humboldtet de Nôgerath. 

On y remarque avec beaucoup d'intérêt des carrières 
de tuf et des moulins à trass, (matières volcaniques sem- 
blables, employées comme ciment et ressemblant à la 
Pouzzolane de Naples), qu'on exporte en quantités consi- 
dérables en Hollande pour la construction des digues. 

De retour à Andernach, nous prîmes le chemin de fer 
pour Bonn et Cologne et enfin pour Dûren, où une autre 
voie ferrée devait nous transporter à Gérolstein, but 
principal de notre voyage. 



i 



( 288 ) 

Nous explorâmes pendant plusieurs jours les environs 
de cette localité, afin d'y étudier la végétation qu'un mois 
après nos confrères devaient venir visiter à leur tour. 

Nous retrouvâmes en juillet la majeure partie des 
plantes que nous avions observées en juin; toutefois les 
espèces suivantes, disparues à cause de la coupe des 
foins, de Tétat plus avancé de la saison ou pour d'autres 
motifs, n'ont pas été rencontrées lors de l'herborisation de 
la société. 

Géranium pratense L. Orchis militaris L. 

Lychnis viscaria L. — ustulata L. 

Orchis fusca Jacq. Ncslia paniculata Desv, 



Compte-rendu de la onzième herborisation générale de la 
Société royale de Botanique de Belgique (1872), par 
Armand Thielens. 

Lorsqu'un botaniste habite une contrée aux limites 
politiques restreintes, comme est la Belgique, il est néces- 
saire qu'il étende le domaine de ses explorations dans les 
pays voisins, surtout si ceux-ci offrent un sol, des altitudes 
et un climat semblables au sien. Le naturah'ste pour 
parler en connaissance de cause de la flore de sa patrie 
doit avoir non seulement étudié la végétation des provinces 
qu'il habite, mais encore celle des pays limitrophes; il 
peut ainsi juger par comparaisqj^de la richesse ou de la 
pauvreté du sol de son pavs ; il éiSbIit mieux la statistique 
générale de son domaine&peui voir plus facilement les 
végétaux qui lui sont réellSnent acquis, ceux qu'il espère 
encore y découvrir, enfin il^ourra se faire une idée plus 
nette de la rareté ou de l'abondance de telle espèce donnée, 
et identifier plus facilement les formes critiques de sa flore 
par leur comparaison avec celles des contrées voisines. 

Tels sont les résultats que le botaniste obtient en pous- 



I 



( 289 ) 

sant ses recherches au-delà de ses frontières. Eo concen- 
trant ses recherches sur un espace trop restreint, le Aoriste 
peut verser dans Terreur; s*il n'étudie que les plantes de 
son pays, il est à craindre qu'il se trompe dans ses appré- 
ciations sur le type, qu'il reconnaisse comnne espèce ce 
qui n est qu'un jeu ou un caprice de la nature, erreur 
d'où naît souvent cette multiplicité de formes qu*on voit 
décrites comme types spécifiques dans beaucoup de Flores. 

A notre avis, on ne devrait plus s'occuper de la flore de 
tel ou tel pays, de telle ou telle province ; les bouleverse- 
ments politiques qu'on voit se produire depuis trois quarts 
de siècle en Europe, nous prouvent suffisamment que les 
limites conventionnelles tracées par les traités, n'étant pas 
respectées par les conquérants, le botaniste peut à' son 
tour et avec plus de raison, se permettre des annexions; 
du moins celles-ci ne porteront ombrage à personne, puis- 
qu'elles sont faites au nom de la science, et la science, 
toujours libre, toujours indépendante, n'atlend pas un 
congrès de souverains pour fixer les limites de son domaine. 
Comme preuve que nous ne voulons plus de Flores trai- 
tant exclusivement de la végétation d'un pays donné, nous 
citerons un exemple choisi entre cent autres. 

La France, vaste empire sous le premier Napoléon^ 
réduite sous les Bourbons et les d'Orléans à ses limites 
anciennes, se voit, sous le second empire, ravir deux belles 
provinces, mais s'agrandit au midi par l'annexion de Nice 
et de la Savoie. 

Lorsque de tels changements s'opèrent dans une con- 
trée, les Flores doivent nécessairement se modifier. Celles 
de de Lamarck et de De Gandolle s'appliquent à la grande 
France d'autrefois : celle de MxM. Grenier et Godron à un 
empire moins vaste, enfin il est réservé aux botanistes 

33 



f 290 ) 

français de Tavenir, de la voir diminuer encore, puisqu'ils 
ne pourront plus mentionner dans leurs ouvrages, les 
excellents travaux de Kirschleger sur la flore de FAIsace 
et de M. Godron sur la Lorraine, dont ils devront 
distraire la partie orientale. 

Si les botanistes devaient suivre les fluctuations que la 
politique fait subir aux Etats, nos Flores seraient comme 
ces ouvrages de géographie, que les auteurs se voient 
obligés de modifier chaque fois que des événements de 
guerre viennent remanier la carte de l'Europe, et Ton 
verrait s'étaler à la première page de nos ouvrées des 
titres singuliers dans le genre de celui-ci « Flore de tel 
pays, mise en concordance avec les derniers traités » ou 
c modifiée d'après les événements qui se sont produits 
dans les années.... » etc. 

, On ne peut donc raisonnablement admettre que I on 
édite la Flore d'un pays donné, que pour autant que les 
limites politiques de la contrée correspondent avec ses 
limites géographiques. 

Pour les pays qui, comme la Belgique, sont renfermés 
dans des limites conventionnelles, les Flores régionales 
sont seules admissibles. Les auteurs belges devraient donc 
publier la Flore des bassins des deux grandes fleuves qui 
traversent notre pays, ou s'occuper de la Florule de telle 
espèce de terrain, dont certains d'entr'eux, le terrain 
crétacé, le terrain dévonien, sont parfaitement bien repré- 
sentés chez nous. 

Les ouvrages de ce genre aideraient puissamment à élu- 
cider la qiiestion si intéressante de la végétation dans ses 
rapports avec le sol; ils mettraient de l'ordre et de la 
méthode dans les recherches et feraient cesser ce chaos 
inextricable que l'on voit régner dans les Flores qui ont 
paru jusqu'à ce jour. 



( 291 ) 

Que le lecteur nous pardonne la longueur de noire 
introduction, mais elle nous était commandée par le sujet 
même que nous allons traiter. 

La Société royale de Botanique avait décidé que Tlier- 
borisation de cette année, aurait lieu dans les montagnes 
de r£ifel, aux environs de Gérolstein. 

Nous ne pouvions qu'applaudir à cette heureuse idée 
de faire une exploration dans TArdenne Prussienne, qui 
offre plus d'une analogie avec les Ardennes belges et 
françaises; en effet une grande partie du sol appartient 
au terrain dévonien; les altitudes, la configuration du 
sol, le climat, la flore^ la faune, tout semble être de 
la même formation que dans notre pays ; seulement la 
grande chaîne de montagnes volcaniques qui traverse 
l*Eifel, se trouve couverte, sur de larges espaces, de ballons, 
de lacs, de laves, et offre aux regards étonnés du voyageur 
un sol tourmenté dont Taspecl est imposant et grandiose; 
les montagnes se sont élevées et ont donné un refuge 
plus assuré aux plantes alpestres, que les modestes 
collines de nos Ardennes; par suite de ces élévations 
d'altitude, le climat y est généralement plus froid que 
dans notre pays, et la végétation parait avoir un retard de 
quinze jours au moins sur la nôtre. 

Quant à la flore, pour qui a parcouru nos Ardennes, il 
a pu remarquer que TEifel à une flore identique, avec cet 
avantage qu'il possède plusieurs espèces qui n'ont pas 
encore été signalées dans la. Belgique orientale: il nous 
suffira de citer Aconitum eminens^ Campanula patula, 
Phyteuma orbicularc, Ribes alpinum et Sediim villosum , 
les vraies patriciennes de l'Eifel, qu'on ne trouve pas sur 
notre territoire ou qu*on n'y renseigne qu'avec doute. 

L'époque choisie pour faire notre exploration avait été 



( 292 ) 

fixée aux premiers jours de juillet. Nous avons le regret 
de dire que le moment avait été mal choisi et la triste 
expérience que nous avons faite nous a appris que 
quiconque désirerait faire une excursion botanique dans 
cette contrée, devra choisir une saison plus propice. 
Les plantes printannières avaient fini leur évolution, 
et les Orchidées surtout, ces admirables fleurs qui 
font frémir d^une vraie émotion le plus insensible des 
botanistes, avaient disparu. Une seule, le Cypripedium 
calceolus, fut trouvée par iM. le Président, dont nous 
admirons toujours le flair du véritable chasseur de plantes, 
mais malheureusement, il n'en observa qu'un pied' et en- 
core n'était-il plus en fleurs. Les plantes estivales n'avaient 
pas encore paru, de sorte que nous étions arrivés à une 
époque où il était bien difficile de juger de la végétation de 
la contrée. Ensuite, arrivés dans un pays que la plupart 
d'entre nous n'avaient pas encore vu, être sans guide, 
sans renseignements exacts, est un inconvénient très-grave : 
on perd bien du temps à s'orienter, à chercher sa roule, 
à songer au giie et aux repas, à gravir des montagnes, 
traverser des bois, longer des prairies, surtout lorsqu'on 
erre à l'aventure, à la recherche de l'inconnu qui souvent 
ne se présente pas, alors que quantité de plantes rares se 
trouvent sur les montagnes, dans les prés et les bois voi- 
sins, mais que l'on n'a pas visités, parce que le hasard a 
voulu qu'on s'en écartât. Lorsqu'une Société se propose 
de faire une exploration en pays voisins et inconnus, il 
faut de toute nécessité qu'un botaniste régnicole soit son 
guide ; il peut ainsi abréger les courses, rendre les her- 
borisations plus attrayantes et plus fructueuses en indi- 
quant d'une façon certaine, les endroits que l'on doit 
visiter et ceux qu'il faut écarter du programme. Tous 



( 293 ) 

nous savons par expérience que la première herborisation 
que Ton fait dans une contrée inconnue, donne de bien 
médiocres résultats^ et que ce n'est qu'après des visites 
réitérées que l'on parvient à rencontrer des plantes que 
Ton était loin de soupçonner de trouver dès Tabord. 
Nous avions bien avec nous notre vénérable Président 
qui avait exploré FEifel autrefois, mais après 50 années, 
on ne se rappelle plus que vaguement ce que Ton a 
observé, car après un demi siècle de distance, la topo- 
graphie, les stations des bonnes plantes, peuvent bien 
glisser de la mémoire. 

Afln de combler cette lacune, et dans le but de faire une 
reconnaissance de la contrée, nous avions été dépêchés 
par mandat de la Société pour préparer la grande her- 
borisation projetée. 

Qu'il nous soit permis, avant d'aborder le compte rendu 
de noire herborisation, de donner un aperçu sur la consti- 
tution géologique, Torographie et l'hydrographie de l'Eifel, 
aGn d'en instruire ceux de nos confrères qui n'ont pas 
encore visité cette intéressante contrée. 

L'Eifel est une chaîne de montagnes des provinces 
rhénanes qui s'étend entre les hautes fagnes et la rive 
gauche du Rhin : il appartient aux bassins du Rhin, de la 
Moselle et de la Meuse. Les points culminants sont : 
tErmlberg (700 mètres), le Schneeeifel (690 m.), le Kel- 
berg (630 m.), le M eyenber g (600 m.); de nombreuses 
rivières : rAhr, l'Elz, lErft, la Kyll, la Lieser, la Nette. 
la Roer, l'Uhr, y prennent leurs sources et l'arrosent. 
Elevée et froide, couverte de neige pendant plusieurs 
n.ois de l'hiver, celte région ne semble peuplée que dans 
ses vallées étroites, où le climat est plus doux et le sol 
plus fertile. Les forêts y sont encore vastes et peuplées 



( 294 ) 

de sangliers et de loups: son caractère sauvage ne manque 
ni de grandeur, ni d'originalité, mais ce qui la rend sur- 
tout intéressante, c'est la constitution géologique. 

Toutes ses éminences coniques sont d'origine volcani- 
que, et quelques uns de leurs cratères éteints ont été 
transformés en lacs, appelés Maare. 

Ce pays est intéressant à plus d*un titre : les minéralo- 
gistes, les géologues, les botanistes et les artistes peuvent 
y trouver de nombreux sujets d'étude, et le touriste flâneur 
ne regrettera pas d'avoir consacré quelques jours de ses 
vacances à parcourir cette région sauvage et 'pittoresque. 

Le départ de Bruxelles avait été fixé dans la matinée du 
samedi 9 juillet; aux stations de Louvain et de Liège, 
plusieurs de nos confrères vinrent renforcer notre petite 
troupe. A Aix-la-Chapelle, nous nous comptâmes : nous 
étions au nombre de 17. Etaient présents : MM. Dumor- 
tier, Muller, Morren, Orban, Weyers, Bommer, Chalon, 
de Looz , Bodson , Léon Coomans , Firket , Burgers , 
Plateau, Pàque, Petit, Schambcrger et Thielens. 

A la station d'Aix, les botanistes allemands MM. Kalten- 
bach et Monheim et M. Forster, le célèbre entomologiste, 
étaient venus saluer leurs confrères de Belgique. 

Pendant que notre Président et M. Georges de Looz 
s'entretenaient avec ces savants étrangers, le train pour 
Dûren, dans lequel nous étions placés, fila à toute vapeur 
et ces Messieurs qui n'avaient pu avoir leurs bagages, en- 
fermés dans le wagon de Cologne, durent se résigner à 
prendre la correspondance suivante, pour arrivera Gérol- 
stein vers onze heures du soir. 

Gérolstein est un petit village de 1000 habitants, pittores- 
quement situé aux bords de la Kyll, dans une vallée 
formée par des collines de calcaire et de dolomie qui 



( 295 ) 

présentent des escarpements abrupts : les rochers dolo- 
niitiques offrent un aspect triste et sombre , la végétation 
y est bien rare, et leurs flancs sont tapissés de larges 
plaques de lichens et de mousses; ils sont percés de 
neuf grottes, appelées dans le pays Buchenloch : au nord 
est un cratère nommé Papenkaule, livré aujourd'hui à la 
culture. 

On peut encore citer comme curiosités des environs, la 
glacière de Roth, la source minérale de Brudeidreis, d'où 
s'échappe un jet d'acide carbonique, et le château de 
Casselbourg (488 mètres d'altitude), qui a appartenu 
successivement aux seigneurs de Gasselberg, aux comtes 
de Wanderscheid et aux ducs d'Arenberg. 

Le village de Gérolstein forme une seule rue dominée 
par une haute montagne, sur laquelle on aperçoit les ruines 
d'un vieux château ; il possède une modeste église et un 
hôtel confortable, Hôtel de la Poste, dont le propriétaire, 
Hernn Von Landenberg, fait les honneurs avec une poli- 
tesse et une obligeance dont nous lui savons gré; cet 
homme connaît les touristes et leurs besoins, et la modes- 
tie de ses notes est un des plus beaux apanages de son 
caractère. 

La journée du dimanche, 7 juillet, fut consacrée à her- 
boriser dans les environs immédiats de Gérolstein : nous 
nous dirigeâmes d'abord vers le Hohenberg, grande mon- 
tagne isolée, de forme bizarre et dont le sommet simule 
la ruine d'une tour d'un vieux castel. 

En sortant du village, nous remarquâmes tout d'abord 
un vieux tilleul d'une circonférence de S mètres 30 centi- 
mètres à hauteur d'homme, et dont les rameaux puissants 
ombragent un petit jardin public bien frais et tout coquet. 

Dans les broussailles qui bordent la route, MM. Du Mor- 



( 296 ) 

lier et Muller trouvent chacun un pied de Campanula 
patula (1). 

Une aussi belle trouvaille était de bon augure. Nous 
arrivons bienlôlan pied du Hohenberg (où Auberg comme 
quelques-uns récrivent), un des plus riches gites à fossiles 
dévoniens de TEifel. / 

Pendant que quelques-uns de nos confrère remplissent 
leur sacs de Cyathophyllum, de Calceola, de Terebratula, 
etc., d'autres herborisent et récoltent : 

Anagalis cocrulea Lmk. Gymnadenia conopsea R. Br. 

Anthyllis vulneraria L. Heliantbemum vulgare GSrtn. 

Asperula cynanchica L. Linum catharlicum L. 

Brunella grandiflora Môacli. Litbospermum officinale L. 

Campanula glomerata L. Myosotis coronaria Dmrt. 

Carex ornilbopoda? Willd. Orobancbe Epithymum DG. 

— panicea L. Polygala calcarea Schuitz. 
Carum Bulbocastanum Koch. Poterium muricatum Spach. 
Gentaurea Scabiosa L. Sedum acre L. 

Ceterach officinarum Willd. — album L. 

Girsium acaule AIL Teucrium Botrys L. 

Guscuta major DC. Thymus citratus Dmrt. 

Ëuphorbia Cyparissias L. Trifolium filiforme L. 
Eupbrasia officinalis L. — montanum. L. 

Geum rivale L. 

Dans les prairies humides, au pied de la montagne, 
croissent : 

Betonica officinalis L. Garex vulpina L. 

Garex Hornscbucbiana Hoppe. Garum Garvi L. 

-^ Oederi Ehrh. Golchicum autumnale L 

— panicea L. 



(1) Observée pour la première fois dans PEifel; elle manque dans le 
« Ueber die Végétation der hohen und vulfcanischen Eifel n de Pb. Wirtgen. 



( 297 ) 

Eriophorum angustifolium Roth. Polygonum Bistorta L. 

— latifolium Hoppe. Salix Hélix L. 
Gymnadenia conopsea R. Br. Silaus pratensis Bess. 
Orchis latifolia L. Valeriana dioFca L. 

Dans les moissons, nous rencontrons : 

Carum Bulbocastanum Koch. Tussilago Farfara L. 

Echium vulgare L. Vicia angustifolia Ail. 
Melilotus oQicinalis Willd. — Cracca L. 

Rhinanthus Alectorolophus Pall. — gracilis Lois. 

— angustifolius Gmel. (I) — hirsuta Koch. 
Trifolium montanum L. — tetrasperma Schreb. 

Dans les baies des prairies, nous recollons en abondance 
un Acotiitum dans lequel M. Du Mortier crut reconnaître 
VAconititm eminens Koch; malheureusement aucun 
spécimen n^était en fleurs; cette plante n'a donc pu être 
déterminée avec certitude : disons toutefois que la plante 
publiée sous ce nom dans VHerbarium de Wirtgen, avait 
élé récoltée aux environs de Gérolstein. 

Ici la caravane se partagea en deux bandes; les plus 
intrépides gravirent les rochers du Buchenloch : les autres 
crurent plus prudent de contourner la montagne. 

En grimpant aux rochers du Buchenloch, la montagne 
est parsemée de gros blocs de pierre aux vives arêtes, que 
la pluie et la gelée ont probablement détachés de ces 
rochers, et qui forment des amas qui nous rappellent les 
moraines des glaciers, n'était Therbe rase qui croit tout 
à Tentour. 

Dans les fissures des rochers, on aperçoit de nombreux 
lichens crustacés rongeant la pierre, et quelques fougères 



(f) Indiqué par Wirtgen dans son dernier ouvrage sur l'Eifel ; c^est 
lui sans doute qui, dans sa Flora der Preussischen RheinprovinZj cet 
auteur avait décrit sous le nom de R. alpinus. 



C 298 ) 

d'un aspect rachi tique : Ceterach officinarum Wild., 
Cystopteris fragilis Bernh., Polypodium vidgare L. 

La chaleur est extrême; aussi est-ce avec bonheur que 
nous atteignons le sommet du Buchenloch, d'où Ton jouit 
d'un panorama sans pareil. 

La seconde bande nous rejoignit bientôt^ elle rapportait 
la moisson suivante: 

Antennaria dioîca Gartn. Medicago minima Lmk. 

Anthyliis Vuhieraria L. Ooobrycbys saliva L. 

Asplenium Tricbomanes L. Polygala oxyptera Rchb. 

Campanuia persicifolia L. Polygonatum multiflorum AU. 

Cratœgiis monogyna Jacq. Rosa rubiginosa L. 

— Oxyacantba L. Sanguisorba officinal is L. 

Dianlbus deltoïdes L. Sedum aureum Wirtg. 

Galium anisophyllum Vill. Trifolium aureum Pâli. 

Au bord des champs, M. Du Mortier nous fait récoller 
une Valerianella de la section de VOlitoria et qu'il consi- 
dère comme un type distinct sous le nom de F. decipiens. 

Nous voilà de nouveau réunis ; en nous rapprochant 
des rochers, nous observons, dans les broussailles, les 
Ribes Uva crispa L., et £. alpinum L., chétifs^ rabougris et 
dont plusieurs lichens ont envahi l'écorce ; plus loin, 
nous retrouvons, mais cette fois en grande abondance, 
le Campanuia patula L., enfin tout en causant et en mar- 
chant le long d'une route construite avec des laves, nous 
arrivons au Papenkaule. 

Impossible de nier ici l'existence d'un ancien volcan : 
le sol entier est couvert d'énormes blocs de pierre, espèces 
de scories, gisant là comme un éternel témoignage des 
éruptions terribles qui ont soulevé l'Ëîfel ; c'est au milieu 
de ces débris de laves, que nous cueillons : 

Alyssum calycinum L. Arenaria leptoclados Guss. 

Amelancbier vulgaris Mônch. Asperula cynancbica L. 

Arabis arenosa Scop. Campanuia glomerata L. 



( 299 ) 

Carduus nutans L. Genîsta sagittalis L. 

Cirsium eriophorum Scop. Herniaria glabra L. 

Cota tinctoria Gay. Orobancbe Epithymum DC. 

Dianthus deltoïdes L. Sorbus Aria Crantz. 

— proiifer L. Trifolium aureum Poli. 
Filago arvensis L. Verbascum Lycbnitis L. 

— germauica L. 

Dix minutes de marche nous amènent sur le plateau du 
Judenkirchhofj ancien camp romain, où Ton rencontre 
fréquemment des monnaies et d'autres objets indiquant 
le séjour d'une station en ces lieux. 

Dans un petit massif, nous trouvons plusieurs beaux 
buissons de Cotoneaster vu/^amLindl.et, à quelques pas, 
un pied unique de Gentiana germanica Willd. le seul 
d'ailleurs que nous ayons rencontré dans toute notre 
herborisation. 

Nous traversons de grands champs couverts d'abon- 
dantes moissons et dans lesquelles pullulent : 

Anagallis coerulea Lmk. Melampyrum arvense L, 

Antirrbinum Orontium L. Rbinanthus Alectorolophus Poil. 

Cota tinctoria Gay. 

et nous nous engageons ensuite dans un grand bois, d'un 

site accidenté, qui fait l'admiration de tous nos confrères. 

Nous y récoltons tant à l'intérieur que sur la lisière : 

Aconitun eminens? Roch. Campanula persicifolia L. 

Actœa spicata L. Cardamine impatiens L. 

Artcmisia Absinthum L. Cuscuta minor DC. 

— pontica L. Epilobium montanuin L. 

Arum maculatum L. Galium sylvaticum L. 

Asperula odorata L. Géranium sylvaticum L. 

Asplenium Ruta-muraria L. Geum rivale L. 

— Trichomanes L. Gnaphalium sylvaticum L. 
Campanula patula L. Lactuca muralis Fres. 



( 300 ) 

Luzula albida DC. Pulmonaria obscura Dmrt. 

— maxîma DC. Pyrola minor L. 
Mercurialis perennis L. Ribes alpinum L. 
Moehriagia trinervia Clairv. Salvia pratensis L. 
Millum effusum L. Thymus Acinos L. 
Neottia Nidus-avis Rich. Trifolium Alpestre L. 

— ovala Bulflf et Fing. — médium L. 
Orobus tuberosus L. Uimus effusa Willd. 
Paris quadrifolia L. Viola hirta L. 
Pbyteuma nigrum Schmidt. — mirabilis L. 
Platanthera cblorantha Cust. — sylvatica Pries. 
Polypodiumvulgare L. 

Ah mois de juin, nous avions trouvé dans ce bois le 
Phyteuma orbicutare L. en fi;rande abondance, ainsi 
qu'un pied presque fleuri de Cypripedium Calceolus L. 
Au sortir du bois, les ruines du Château de Cassetbourg 
apparurent subitement à nos yeux ébahis. 

C'est une remarque curieuse à faire que de voir presque 
toutes les localités de FEifel posséder de vieux castels, 
donjons ou abbayes. Comme dans le Luxembourg, on y 
rencontre à chaque pas des débris du moyen-âge; mais 
aussi le pays, avec des éminences présentant des points de 
défense inexpugnables, offrait des demeures assurées aux 
chevaliers belliqueux de l'autre âge, et procurait un asile 
tranquille au moine, qui réclame, pour prier et travailler, 
la solitude et le silence et son éloignement des hommes et 
du bruit des grandes cités. De tous les débris de celte 
époque, le château de Casselbourg est celui qui en impose 
le plus au voyageur, par sa remarquable situation et son 
bel état de conservation. 

Ainsi que nous en avions donné l'ordre le matin, avant 
notre départ de Gérolstein, un excellent déjeuner froid 
nous attendait sur des tables rustiques placées dans l'an- 
cienne cour d'honneur du château. 



\ 



1 h 




(30i ) 

Pendant la première heure, le plus grand rôle fut laissé 
à la fourchette, car l'appétit du botaniste en course fait 
envie à celui du chasseur; puis quand Teslomac fut lesté 
d*excellen(es tranches de veau et de jambon, arrosées 
d'un petit vin rafraîchissant de la Moselle, le Président 
déclara la séance extraordinaire ouverte. Le procès- 
verbal, le dépouillement de la correspondance, la présen-r 
tation des mémoires, enfin tout ce qui est du ressort de 
Tadministration, fut lestement expédié; puis, comme Ton 
se trouvait si bien assis et heureux de la chasse de la 
matinée, on se prit à disserter sur quelques objets rela- 
tifs à Texploralion que nous avions organisée si loin de 
notre pays. Naturellement on devait parler de géographie 
botanique, cette science, si belle et si vaste, que nous ont 
appris à étudier et à connaître, les travaux mémorables de 
de Humbold, de De Candolle, de Lecoq et de tant d'autres 
savants. 

Ce fut pendant une heure un échange vif et animé 
d'observations, de critiques, d'idées neuves ou plus ou 
moins originales, dont il ne nous appartient pas de repro* 
duire ici les débats, cette partie rentrant dans les attribu*- 
tions du secrétaire. 

Ces intéressantes discussions que nous désirerions se 
voir reproduire plus souvent, ont été d'un grand profit 
pour la plupart d'entre nous; en effet il y a dix ans que 
nous ne faisons qu'étiquettcr et collectionner des plantes; 
pour plusieurs, il n'a pas encore été permis de pénétrer 
les Arcanes de la science et leur bagage de connaissances 
botaniques est bien mince et peu lourd. 

De Gasselbourg, on descend vers Pelm, petit village 
situé sur les bords de la Kyll. Chemin faisant, nous récol- 
tons quelques beaux pieds de Phelipaea coerulea Mey.^ 



( 302 ) 

que nous retrouverons plus tard en grande abondance, 
puis : 

Alyssam calyciiium L. Fragaria magna Thuill. 

BrachypodiuiD pinnatum P. B. Impatiens noii-langere L. 

Carduus nutans L. Senecio erucaefolius L. 

Cirsium acaule AU. Senecio Fuchsii Gmel. 

— eriophorum Scop. Stachys recta L. 

A Pelm, nous traversons la rivière sur un beau pont de 
pierres et nous repassons sur la rive gauche que nous 
avions quittée depuis Gérolslein. Nous achetons de fos- 
siles au maître d école et aux enfants du village, lesquels 
trouvent plus avantageux de les vendre aux Franzosen 
qu'au magister qui ne les paye guère, mais qui les vend, 
lui, fort chers. 

La bourse lestée de quelques Silbergroschen et le 
havre-sac bien rempli, nous gravissons une côte assez 
forte pour remonter vers Giess, Nous parcourons leste- 
ment un vaste champ bien connu dans le pays comme 
Tun des gites à Trilobites les plus abondants dé TEifel ; 
quelques-uns de nos confrères en font une ample provi- 
sion, car certains d'entre eux poursuivaient un double 
but dans leur voyage, et lorsque la botanique chômait, on 
faisait de la paléontologie. 

Bientôt nous nous engageons dans un bois, en suivant 
le cours d'un petit ruisseau où nous trouvons en 
abondance YAconitum eminens Koch et la Pulmonaria 
obscvra Dmrt. ; on grimpe toujours, car ce n'est que 
plateaux sur plateaux où Ton rencontre des prairies 
humides, des marécages et des tourbières. 

Nous récoltons en chemin : 



( 303 ) 

1"* A la lisière^ dans le bois et les pelouses qu'il 
renferme : 



Aconitum eminens ? Koch. 
Actaea spicata L. 
iEgopodium Podagraria L. 
Ântennaria dioîca Gârta. 
Aquilegia vulgaris L. 
Betonica officinalis L. 
Bromus asper L. 
Gallha palustris L. 
Carex distans L. 

— Oedcri Ehrh. 

— panicea L. 
Gircœa iiitermedia Ehrh. 
Crépis paludosa Môncb. 
Daphne Mezereum L. 
Elymus arenarius L. 
Galium sylYaUcum L. 
Genista sagittalis L. 
Géranium syhaticum L. 
Glyceria aquatica Whibg. 
Hordeum secalinum Schreb. 
Juncus lamprocarpus Ehrh. 
Lonicera Xylosteam L. 

2^ Dans les marécages et 

Aira caryophyilea. L. 
Alchamilla vulgaris L. 
Arnica montana L. 
Avena Sp? 

Cardamine pratensis L. 
Carex diandra Rotb. 

— ecbinata Murr. 

— flacca Schreb. 

— Goudenoughii J. Gay. 

— glauca Scop. 

— Oederi Ehrh. 



Lonicera Gaprifoliam L. 
Lycopus Europaeus L. 
Lysimachia nemorum L. 
Melica nutans L. 
Ncottia Nidus-avis Rich. 
Orchis niaculata L. 
Platanthcra chlorantha Gust. 
Polygonatum verticillatum Ail. 
Pfimula elatior Jacq. 
Prunus insititia L. 
Pyrola minor L. 

— rotundifolia L. 
Ranunculus lanuginosus L. 

— Lingua L. 
Ribes alpinum L. 
Rubus Saxatilis L. 
Scirpus fluitans L. 

— selaceus. L. 
Stacbys sylvatica L. 
Valeriana dioîca L. 
Veronica officinalis L. 

les tourbières : 

Garex panicea L. 

— paniculata L. 

— pulicaris L. 

— spadicea Roth. 

— vesicaria L. 
Drosera rotundifolia L. 
Equiselum sylvaticum L. 
Erigeron acre L. 
Eriophorum angustifolium Rotb. 

— latifolium Hoppe. 

— vaginatum L. 



( 304 ) 

Galium uliginosum L. Orcbis macalata L. 

Geum rivale L. Oxycoccos palastris Pers. 

Heleocharis palustris R. Br. Pedicularis palustris L. 

Hypericum c}ujdranguluin Pries. — sylvatica L. 

Juncus liimprocarpus Ehrb. Plathanthera bifolia Rchb. 

— obtusiflorus Ëbrb. Ranunculus flammuia L. 

— squarrosus L. — sceleratus L. 

— supinus L. Scirpas caespitosus L. 

— sylvaticus Moncb. — comprcssus Pers. 

— Tenageia L. — fluitans L. 
Luzula conjesta Lej. — pauciflorus Lightf. 
Lycopodium clavatam L. Sedum villosum L. 
Myosotis caespitosa Scbultz. Rhyuchospora alba VabI 

— strigulosa Rchb. — fusca R. et S. 
Orcbis incarnata L. 

Le Sedum viltosunif que la plupart d'entre nous n'avaient 
jamais vu vivant, était fort abondant et chacun a pu en 
faire une ample provision. 

Toujours courant, nous arpentons une bruyère où Ion 
trouve le Genisla germanica L. et la majeure partie des 
plantes de nos hautes Fagnes, sauf cependant r£rica Tetra- 
Hx L. que Ton ne rencontre guère que sur le Schneeeifel 
et qui est très-rare dans tout le reste de la contrée. 

Vamos. comme disent les Portugais , de bruyère en 
bruyère, et de tourbière en tourbière, nous redescendons 
vers Gérolstein. 

Sur la lisière d'un bois, nous récoltons : Géranium pa- 
lustre L., G, sylvaticum L., Polygonatum verticillatum AIL 

Dans une prairie, nous admirons de magnifiques pieds 
de Gtjmnadenia conopsea R Br. mêlés avec des Hélianthe- 
mum, remarquables par les grandes dimensions de leurs 
fleurs, et enfin un Scleranthus d'un aspect tout particulier. 

Ce Sderanthus qu'on avait d'abord appelé 5. inter médius 
Kitt., a, depuis notre visite dans TEifel, été soumis à Tappré- 



( 305 ) 

ciation de M. Reichenbach^ qui y a reconnu une espèce 
inédite qu'il appelle 5. ramulosus. 

Wirlgen, dans sa Reise Flora, page 100, désigne la 
plante que nous avons recueillie sous le nom de Scleran- 
thus intermedius Kitlel (et non Kitaibel); dans son livre 
intitulé Ueber die Végétation der hohen und vulkanischen 
Eifel, page 219 ; il l'indique à Ormont, à Dreis et à Daun, 
où nous la trouverons à notre tour. 

D'après M. Reichenbach, le Scleranthus intermedius 
de Wirtgen n'est donc pas celui de Kittel, espèce toujours 
herbacée et très-répandue, tandis que celui de Wirlgen 
a la base ligneuse et est beaucoup moins commun. 

Dix minutes de marche nous conduisent au milieu des 
ruines du vieux château qui domine Gérolstein ; on y 
récolle : 

Achillea sctacea Ritaib. Malva Alcea L. 

Alchemilla vulgaris L. Onobrychis saliva L. 

Brachypodium pinnatum P. B. Ribes alpinum L. 

Campanula elliptica Kit. Rosa cinerasccns Dmrt. 

— glomerata L. Sileue inflata Sm. 

— persicifolia L. — nulans L. 

— rapunculoides L. Sorbus Aria Crantz. 
Gentaurea Scabiosa L. Tragopogon pralense L. 
Gonium maculalum L. Trifolium alpestre L. 
Gotoneaster vulgaris Lindl. — hybridum L. 
Lamium mutabile Dmrt. — médium L. 

Il est huit heures du soir Nous reprenons donc le 

chemin de l'hôtel. M. von Landenberg avait servi un diner 
succulent, mais comme on peut attendre un diner et 
qu'un diner ne doit jamais attendre, nous nous mimes 
immédiatement à table. Donc, en avant les fourchettes, 
et vive le petit vin blanc, la botanique, les histoires et les 
calembourgs. 

u 



( 306 ) 

Après le repas, on organisn une soirée musicale. II y a 
des pianos dans les hôtels de TEifel, et notre propriétaire 
avait mis gracieusement à noire disposition celui de sa 
demoiselle. Nous profilâmes largement du permis qu'il 
nous avait octroyé. On est si heureux de se délasser par 
un peu de musique, quand on a le corps endolori par les 
fatigues d'une longue course! 

Et puis quelle musique peuvent faire des botanistes en 
vacances surtout quand ils sont à Gérolstein : ce nom ne 
peut éveiller que d'agréables souvenirs et rappeler Fori- 
ginal compositeur allemand Oiïenbach, qui, dans ces 
derniers temps, est venu se poser comme une note discor- 
dante au milieu de ses compatriotes, dont les œuvres, 
toujours sérieuses, contrastent si singulièrement avec 
celle du iMaëstro quia su acquérir Part de captiver tout le 
monde. La cour et le peuple, Thomme grave et Pamateur 
de théâtres, la jeunesse et la vieillesse; tous à Tenvi Tun 
de Tautre, ont assisté à Faudition des opérettes de ce 
musicien excentrique. 

En souvenir de cet illustre compositeur, qui a su si 
souvent exciter nos rires et provoquer nos applaudisse- 
ments, nous nous mimes joyeusement au clavecin pour 
exécuter l'ouverture de la Grande Duchesse de Gérolstein, 
et, en chœur, nous chantâmes la partition de Popérette. 

Comme la soirée était chaude, nous avions ouvert les 
fenêtres de la salle du concert improvisé ; aussitôt toute 
la population vint nous écouter et témoigner par des 
bravos la joie qu'elle éprouvait d'entendre une musique 
bouiïe, à laquelle leurs oreilles n'étaient pas habituées. Le 
lendemain, les aiilochtonesqui avaient entendu nos chants, 
mais qui n'avaient rien compris du sujet de l'opérette, 
furent bien étonnés d'apprendre que nous avions chanté 



( 307 ) 

la gloire et les caprices de la noble Dame de Gérolstein. 
Ces naïves gens ignoraient qu'autrefois, au château de 
leur souveraine, il avait existé un sergent du nom de Fritz, 
un général du nom de Boum, etc., et ils n'en purent 
croire leurs oreilles, lorsque nous leur dîmes que le nom 
de leur modeste village était connu aux quatre coins de 
FEurope et même par delà les mers. 

Heureux montagnards! Et que cette douce ignorance 
nous montre qu'il y a encore, par ci par là, un petit coin 
de terre où Ton rencontre ces vertus patriarchales, dont 
nous chercherions en vain la trace dans nos villes ! 

Le soleil du 8 juillet était brillant comme celui d'Auster- 
litz et brûlant comme celui d'Egypte : il nous promettait 
une journée chaude pour faire la visite des grands lacs 
de Daun. 

A 8 heures, trois extra-post nous attendaient à la porte 
de rhôlel. Bien que nous fusions à 528 mètres d'altitude, 
il nous en restait encore presque autant à gravir pour 
atteindre le but de notre course: aussi, omnium consensu, 
il avait été décidé que la montée^ longue d'ailleurs de 
i lieues, se ferait en voiture. On se case tant bien que 
mal dans les trois véhicules, et le claquement du fouet 
des postillons fit marcher rondement les chevaux. 

La route était bonne, le paysage ravissant, le temps nous 
favorisait, enfin tout s'annonçait bien. On traverse Pelm, 
en suivant la Kyll et le chemin de fer; tout à coup, un peu 
au delà de ce village, les trois voitures s'arrêtent avec un 
touchant accord et de chacune s'élance un botaniste: nous 
longions un champ de trèfle, sur les bords duquel croissait, 
parasite sur l'Achillée, le Phelipœa cœrulea Mey., dont 
nous avions trouvé quelques rares pieds la veille. Ici la 
planté est abondante et chacun en fait une ample provi- 



( 308 ) 

sion, puis l'on regagne sa place, les postillons sonnent 
une fanfare, et les chevaux prennent le grand trot. 

Après un nombre incalculable de montées et de des- 
centes^ après avoir traversé les villages dcEssingen, Ilolien- 
felz, Petteldorf et Dockweiler, nous faisons une halte au 
milieu des bois, à une lieue environ de Daun,et nous com- 
mençons rherborisation. laissant les postillons continuer 
leur chemin à leur aise jusqu'au village, où ils devaient 
nous attendre. Ici chacun de nous put constater que nous 
étions à une altitude très-élevée, car Tair était vif et la 
chaleur bien moins forte qu'à notre départ. 

Dans les bois, nous notons : 

Asperula odorata L. Junîperus commanis L. 

Asplenium Filix-fœmina Bernh. Lactaca muralis Pries. 

(Exemplaires énormes.) Luzula albida DG. 

Epilobium spicatum L. — maxima DC. 

Equisetum sylvaticum L. Lysimachia nemorum L. 

Hieracium boréale Pries. Vaccinium Myrtillus L. 

— murorumL. Veronica officinalis L. 
Hypericum pulchrum L. 

Sur la bruyère : 

Antennaria dioîca Gartn. Platanthera bifolia Rich. 

Arnica montana L. Trifolium médium L. 

Genista sagittalis L. 

Dans les fonds macérageux : 

Carex cancscens L. Garex ta rf osa Pries (t) 

— flava L. Galium saxatile L. 

— Goudenoughii J. Gay. Gymnadenia conopsea R. Br. 

— Oederi Ehrh. — viridis Rich. 

— panicea L. Juncus lamprocarpus Ehrh. 

— stellulata Good. 



(1) Le Carex turfosa Pries n*a jamais été signalé en Belgique ; Wirtgen 
ne rindique pas non plus dans I^Eifel. C^est une excellente espèce qui a 
été trouvé en Hollande à Roosmalen et à Bambrugge et qu^on pourrait par 
conséquent fort bien rencontrer dans notre pays. 



( 309 ) 

Juncus squarrosu» L. Pedicularis palustris L. 

— sylvaticus Reich. — sylvalica L. 

Orchis maculata L. Ranuculus hedcraceus. L. 

En quittant les hauteurs pour descendre vers Daun, nous 
longeons un talus aux bord duquel nous retrouvons le 
Géranium sylvaticiim L., puis nous traversons une grande 
prairie, où nous cueillons un Phyteuma qui occasionne 
des discussions et qu'on reconnaît, après mure délibéra- 
tion, être le vulgatissime P. spicqtum L. 

A l'entrée du village, on observe les Coronilla varia L. 
et Genista tinctoria L. 

En somme, nous n'avions pas gagné notre déjeuner 
quand nous nous mimes à table à Daun, ce qui n'em- 
pêcha néanmoins pas les convives de fonctionner des 
mâchoires, comme s'ils eussent fait la campagne de Russie. 

Grâce à deux énormes buissons d'écrévisses dont il ne 
resta que les pinces, et aux nombreux flacons de Pisporter 
très-jeune (trop jeune hélas ! car bientôt chacun s'en 
ressentit), dont l'hôtelier nous abreuva, nous fûmes recon- 
fortés; seulement il nous réclama la modique somme de 
sept francs par tète : mais nous avions mangé des brochets 
péchés dans le Schalkenmaar, et on ne mange pas tous les 
jours des poissons d'origine volcanique : ensuite la pre- 
mière règle d'un bon hôtelier qui rédige sa note, c'est 
qu'il faut faire payer l'étiquette. Oui, ainsi que le disait 
un de nos spirituels confrères, grand amateur de calem- 
bourgs et doué du vis comica qui éclate à chaque instant, 
Karl Gandner notre hôtelier, venait de donner à notre 
bourse une bonne chiquenaude (chique note), que nous 
redirons à ceux de nos amis à qui il prendrait fantaisie de 
visiter ces parages dé TEifel. 

Daun est un petit village de 800 habitants, situé sur la 



( 310 ) 

Lieser; son vieux château, encore habité, vit naître le 
Feld-maréchal Daun qui commanda les armées autri- 
chiennes pendant la guerre de sept ans, et qui battit 
Fréderic-le-Grand à Rolin. Celte localité ressemble à nos 
petites villes d'Ardenne; elle possède une source d'eau 
minérale que nous reconnûmes très-agréable et chacun 
s'en fut à tour de rôle, faire sa cour à la naiade du lieu^ 
représentée par un de nos compagnons à longue barbe, 
qui, pour le moment, était le seul possesseur d'un gobelet 
en cuir bouilli. 

Puis l'on se mit décidément en route pour les lacs. 
Quelques-uns de nos confrères, chez qui le Pisporter des- 
cendait particulièrement dans les muscles cruraux, se 
remirent par prudence en voiture; MM Bodson et Pàque 
les deux âmes joyeuses de la bande, s'instituèrent gardes 
du corps des fatigués, et se postèrent debout derrière la 
voiture, dans la tenue classique des laquais de bonne 
maison ; il ne leur manquait que les bas de soie et quel- 
ques autres accessoires de faible importance. 

Le chemin était malaisé : aussitôt que nous quittâmes 
la grande route, le soleil dardait d'aplomb sur la nuque, 
et l'acide carbonique du maudit Pisporter bouillonnait 
dans notre cerveau ; malgré cela nous gravissions une 
route à pente raide, taillée dans une roche grisâtre et 
d'aspect schisteux. Heureusement que nous n'avions pas 
à jeter les yeux de côté, car la végétation est bien pauvre 
dans cette solitude, où nous ne notons que pour mémoire 
YEuphrobia Cyparissias L. et le Gnaphalium sylvalicnm L. 

Tout à coup un brusque changement s'opère dans le 
tableau : nous voici arrivés au sommet de la montagne, 
haute de 570 mètres. Thalassa! Thalassa!... noU'S avions 
devant' nous le Gemûndermaar^ un grand lac, presque une 



( 311 ) 

pelite nier, occupant le vaste entonnoir d'un ancien cratère, 
dont les laves bouillonnantes ont été remplacées par des 
eaux tranquilles, que vient caresser une brise légère. Tout 
est silencieux sur les bords de cette eau : les oiseaux se 
taisent, la bète fauve vient rarement s'y désaltérer, et 
rhomme n'y parait que sous la forme du touriste à la 
recherche du beau et du sublime dans la nature. Les 
pentes de ce lac-cratère sont tapissées de bois dont la 
fraîche verdure contraste étrangement avec la côte escar- 
pée» aride et brûlante que nous venions de quitter; c'est 
ainsi que, par un geste de fée, la nature nous fait passer 
d'une transition à l'autre. 

Nous restâmes longtemps à contempler ce spectacle et 
involontairement nous avions cessé de parler en présence 
de ce majestueux silence : enfin il fallut partir et tout 
en nous baissant pour cueillir quelques plantes en souvenir 
du Gemûndermaar nous vîmes en abondance: Alyssum 
calycimim L., Filago canescens Jord.^ Herniaria glabra L. 
et le curieux Scleranthus ramulosus Rchb. que nous avions 
déjà trouvé la veille à Gérolslein. 

Au bord du lac, les paysans ont défriché péniblement 
quelques arpents de terre où ils cultivent l'avoine, le 
seigle et le trèfle. Le pays est beau à coup sur, mais il est 
bien pauvre; la terre est difficile à labourer, le chmaty 
est trop froid pour la culture du froment : cependant les 
indigènes n'ont pas l'air trop. misérable. 

C'était l'époque de la fenaison et l'on voyait quelques 
chariots de foin trainés par des bœufs rouges (tous les 
bœufs sont rouges dans TEifel), et conduits par de forts 
gaillards fumant paisiblement leur grande pipe de faïence. 
Tous semblaient contents de leur sort, mais n'importe 
nous ne croyons pas que si feu Virgile avait v^cu dans 



(312) 

rËifel comme garçon de ferme, il eût jamais écrit sa 
célèbre phrase : fortunatos nimiwn ! 

Décidément notre bavardage ne ressemble guère à un 
compte-rendu, mais comme il faut être vrai, nous croyons 
que notre herborisation n'a guère été, à Daun du moins, 
qu'un prétexte à joyeuse vie, car si jamais on vit pauvre 
végétation, c'est à coup sur de ce côté. 

Donc puisqu'il faut herboriser à tout prix, notons que 
nous avons recueilli, au bord du chemin que nous sui- 
vions, plusieurs pieds de Dianthus pro/t/er L., dans un 
champ de trèfle, le Cuscuta Mulleri Strail, qui embrasse 
de ses étreintes mortelles sa pauvre victime et couvre la 
terre de plaques d'un rouge jaunâtre, et dans les moissons, 
les Euphrasia OdontUes L. et Viola arvensis Murr. 

Depuis quelque temps nous cherchions notre hôte de 
Daun qui avait bien voulu nous servir de guide, mais il 
avait disparu. 

Avait-il eu raison, le pauvre homme, de nous quitter! 
\]ïï attentat sur sa personne avait été commis en chemin, 
non pas qu'on eut voulu le jeter à l'eau (les noyades ne 
sont plus de notre temps), mais l'un des nôtres, par 
mégarde, avait communiqué, avec sa pipe, l'incendie 
dans les vêtements de Karl Gandner, et le malheureux 
craignant que les Franzosen ne fissent un auto-dafé de 
son individualité teutonique, avait pris la poudre d'es- 
campelte. 

D'aucuns prétendent, fama volât ! et Dieu sait s'il y a 
de méchantes langues parmi les botanistes, que l'incen- 
diaire se livra à cet acte barbare pour se venger de son 
hôte qui lui avait fait payer deux thalers un simple 
déjeuner. 

Que Flore veuille que cette accusation soit fausse et 



( 313 ) 

pour la sécurité du prétendu coupable et pour Thonneur 
de notre corps ! 

Enfin nous atteignons une petite église abandonnée et 
le cimelière de Weinfeld^ un trop beau nom pour Fasile 
des morts; les chauves-souris et les hiboux habitent seuls 
le bâtiment à demi ruiné. 

La croupe de la montagne est nue et rocailleuse; le 
vent y souffle avec force et malgré Pardeur d'un s^eil de 
juillet, on trouve la brise glacée. Tandis que plusieurs 
s'étendent sur le sol dans les positions les plus variées, 
d'autres, sous prétexte d'un grand zèle pour la botanique, 
mais en réalité craignant un refroidissement, herborisent 
dans le cimetière et dans les environs. Cet endroit sert 
encore de sépulture aux habitants des villages voisins 
car de nombreuses croix toutes neuves y sont dressées, au 
milieu d'un fouillis d'herbes sauvages. 

La vieille chapelle est ouverte à tous, et ses fenêtres, 
veuves de leurs vitraux, laissent une facile entrée à tous 
les vents : quelques bouquets de fleurs fraîchement 
cueillies sont placés sur la table chancelante de l'autel, 
dans des vases de lous genres, excepté du genre religieux; 
tout dans ces lieux porte un cachet de désolaiion et 
d'abandon. Du point où nous sommes, sur le seuil de la 
chapelle, on ne voit que des montages dénudées dont les 
rochers grisâtres fatiguent l'œil parleur monotonie : autour 
de nous, les croix du cimetière et à nos pieds le Weinfelder 
Maavy vaste lac aux eaux silencieuses, occupant comme le 
précédent le cratère d'un volcan éteint. Ici les parois de 
l'entonnoir sont plus évasées, mais on n'y voit pas de 
verdure ; rien que de laves et des roches de schiste 
ardôisier. 

La tristesse menace décidément de nous envahir et nous 



( 314 ) 

quittons notre funèbre observatoire pour aller explorer 
les bords du lac. 

Mentionnons d'abord le Sedum aureum Wirtg., en très 
beaux pieds recueillis sur la montagne, et au milieu du 
cimetière les Artemisia pontica L., Hyoscyamus agrestris 
Kit et Turritis glabra L. 

Les flancs de l'ancien cratère sont peuplés d'Echium 
vulgare L. et sa variété albiflorùy de Sderantlius ramiilosus 
Rchb., (ÏOnonis repens L. et de Verbascum Lychnitis L. 

Sur les bords du lac, nous récoltons. 

Arundo Phragmiles L. Polygonum amphibium L. 

Carex inflata Uucls. Scirpus lacustris L. 

Ueleocharis multicaulis Koch. 

Les casse-cailloux se chargent de morceaux de laves et 
de débris volcaniques. Le gros de la bande est déjà 
descendu du côté du troisième lac, qui doit son nom de 
Schalkenmaar, au village bâti sur ses bords et qui ressemble 
plutôt à un marais qu'à une eau profonde. 

Nous nous contentons d'y jeter de loin un regard et 
nous nous empressons de gravir la plus élevée des collines 
(le Mœsberg) qui environnent le Weinfeldermaar. I^es 
Arrêtes-bœuf y foissonnent, comme nous le constatons 
douloureusement en cherchant à nous asseoir, mais nous 
nous consolons en récoltant les Ajuga Genevensis L., 
Coronilla varia L., Trifolium Alpestre L., Viola Riviniana 
Rechb. 

Pendant que nous étions là devisant de diverses choses 
pleines d'intérêt, et tachant notamment de nous rendre 
compte d'un singulier eflet d'acoustique que nous venions 
d'observer, un orage fondit sur la vallée. Heureusement le 
ciel, qui voulait sans doute récompenser notre dévouement 
à la science, suspendit bientôt pour nous le cours de ses 



(315) 

cataractes, et aspergés seulement de quelques gouttelettes 
rafraîchissantes, nous nous mîmes à contempler à Taise 
le beau tableau qui s'oiïrait à nos yeux. 

On entendait et Ton voyait la pluie fouetter les eaux du 
lac, le tonnerre grondait dans le lointain et les nuages 
noirs, qui s'amoncelaient dans la vallée, dérobaient à nos 
regards tout le pays d'alentour. Daun, avec ses petites 
maisons blanches, ne nous apparaissait plus qu'à travers 
un brouillard; l'horizon était devenu couleur d'encre et 
les innombrables cimes de l'Eifel se confondaient avec les 
sombres nuages que lèvent emportait vers l'ouest. Derrière 
nous, le ciel était pur et le soleil jetait sur le paysage des 
torrents de lumière ; c'était un contraste magnifique, et 
placés sur la lisière, entre la pluie et le beau temps, nous 
jouissions en sécurité de ce beau spectacle et nous mar- 
mottions quelques souvenirs de rhétorique: 

Dulce mari magno, turbantibus acquore sentis. 
K ripa magnam alterius spectare laborem. 

AUerius, c'étaient les paysans occupés à faner le foin 
dans la vallée et qui certes ne riaient guère. 

Enfîn l'orage cesse et nous redescendons la montagne au 
pied de laquelle nous attendaient nos compagnons, qui 
avaient été explorer le Schalkenmaar. Leurs récoltes, peu 
nombreuses, consistaient en : 

Bryonia dioica L. Trifolium alpestre L. 
Coronilia varia L. — médium L. 

Ranunculus Lingua L. Utricularia negiecta Lehm. 

Senccio viscosus L. Veronica opaca Pries. 

Sorbus Aria Crantz. Vicia Sp. 

Avant de quitter le Weinfeldermaar, MM. Bodson et 
Pâque, nos deux pharmaciens, in naturalibus, prennent 
un bain, et font fuir les poissons du lac, qui n'ont jamais 
vu pareils canards. 



(316) 

Enfin nous redescendons vers Daun, où la bière de 
Bavière et d'excellents cordiaux couronnent Texcursion. 

La nuit approchait et juchés sur le siège de la malle- 
poste, nous eûmes grande peine à nous réchauffer, car la 
température de TEifel, le soir, n est pas du tout semblable 
à celle que donne le soleil de midi. Plus d'un d'entre 
nous se mirent à battre le briquet et à allumer une vieille 
pipe, afin d'oublier le froid qui commençait à nous saisir 
et la faim qui tiraillait nos estomacs. 

La nuit était close quand nous nous mimes à table à 
Gérolstein. Le repas fut joyeux comme celui de la veille : 
on l'arrosa d'une grande quantité de bouteilles de Bock- 
steiner, auquel on associa de l'eau minérale de la source 
de Gérolstein, et comme notre musique avait si bien amusé 
les habitants de la localité, nous la reprimes avec un nou- 
veau cœur, 

A 10 heures, les plus intrépides s'aventurèrent aux 
ruines du vieux château, et sans crainte de réveiller les 
mânes de la Grande Duchesse et de son illustre entou- 
rage, ils se mirent à lancer un feu d'artifice, sous l'habile 
direction de l'artificier en litre de la Société, M. Lucien 
Bodson. 

Cette petite fête de nuit plût aux indigènes, qui parta- 
gèrent notre joie, et la nature elle-même prit part à nos 
divertissements, puisqu'elle nous gratifia d'une superbe 
aurore boréale; c'était donc fête partout, dans le ciel et 
sur la terre, surtout pour Gérolstein. 

A la même heure, l'un de nos confrères, l'auteur du 
triste méfait relatif à notre hôte de Daun, bourrelé sans 
doute par les remords, avait fui ses compagnons de plai- 
sir, et triste et solitaire, il s'était acheminé vers le Hohe- 
berg pour en faire l'ascension : il fut trois heures absent! 



(317) 

Bien des commentaires circulèrent, dans nos rangs, 
sur celte étrange disparition. Aujourd'hui encore, la 
cause de la fugue de notre confrère est un mystère pour 
nous tous! 

La quatrième journée, celle du 9 juillet, fut, au point 
de vue de la botanique, la meilleure de notre exploration; 
elle fut consacrée à parcourir le pays, de Gérolstein à 
Buscheid. 

Au sortir du village, outre les Salvia pratensis L. et 
Trifolium monianum L., nous récoltons, au bord d'un 
champ, le Veronica opaca Pries et bientôt nous arrivons 
à une vaste prairie, où croit en abondance le Phyteuma 
orbiculare L. 

Cette fois tout le monde est d'accord; c'est bien la 
curieuse espèce que nous nous attendions de découvrir et 
que nous avait renseignée la Flore de Wirtgen. Le capitule 
de couleur d'indigo était tout à fait globuleux sur les 
plantes en fleurs, et un peu allongé sur certains pieds 
défleuris. 

Cette magnifique découverte faite, on discuta sur le 
chemin à suivre : on décida bientôt de se rendre d'abord 
à Buschappelle dans le Geroldsteiner-Wald, où Wirtgen 
signalait Viola arenaria D. C. 

Nous obliquons en conséquence vers la droite, récoltant 
le long d'un chemin le Géranium sylvaticum L. ; puis nous 
nous engageons dans des terrains humides, tout couverts 
de joncs. 

Là devait se faire la plus belle trouvaille de toute 
l'herborisation. 

M. le Président nous fit récolter un Juncus dont 
le faciès tout particulier fixa immédiatement son attention; 
il avait cru reconnaître le Juncus diffusus Hoppe. C'était 



(318) 

lui en eiïet. Cette belle espèce a déjà été indiquée dans le 
Compendium^ puis biffée de notre flore par M. Crépin. 
Elle n'est pas indiquée par WirJgen ; on ne Ta trouvée 
jusqu'ici en Allemagne que dans la Thuringe et la région 
de la Baltique. 

Son port ressemble à celui du Juncus glaucusEhrh., 
dont il se dislingue par sa ténuité, sa panicule lâche, 
étalée, et par sa capsule obtuse et mucronée. 

Il est à regretter que peu de membres aient récollé 
cette rarissime espèce. Nous traversons ensuite une petite 
plaine couverte d'une herbe rase et du plus beau vert sur 
laquelle tranche vivement le pourpre foncé des capitules 
du Sanguisorba officinalis L. et les charmantes hampes 
rosées du Gymnadenia conopsea R. Br. Cette jolie Orchi- 
dée atteint ici des proportions extraordinaires, et Tair vif 
des montagnes nous arrivait tout chargé de son suave 
parfum. 

A la lisière d'un bois, dans un endroit légèrement 
humide et que des coupes récentes avaient mis à décou- 
vert, nous récoltons: Egnisetum sylvalicum L., Galium 
sylvestre Poil. clTfiesium pratense Ehrh.,* un peu plus avant 
nous trouvons une station abondante de Pyrola rotundi- 
folia L., puis nous pénétrons dans le bois qui n'est d'abord 
qu'un taillis en coupe où le Mdampyrum pratense L. 
brille comme chez nous par son excessive abondance. 

Le sol sablonneux se trahit par la présence du Teesdalia 
nudicaulis R. Br. Aux taillis, succèdeni les bois de sapin 
où la flore est bien pauvre ; nous y notons seulement 
l'Antennaria dioica Gârtn. Ënfln nous arrivons à 
Buschapelle, petite chapelle perdue au milieu des bois, 
où, dans une niche, est placée la statue d'une madone 
que les rares passants ornent de fleurs. 



(319) 

A quelques pas, un de nos amis, amateur distingué 
d'areliéologie, nous fit remarquer une colonne rongée 
par le temps et sur les faces de laquelle on pouvait encore 
observer deux écussons armoriés; c'était probablement 
une borne de démarcation entre les possessions de deux 
anciens seigneurs du pays. 

Le tribut payé aux souvenirs du passé, nous songeons au 
présent, représenté par la recherche du Viola arenaria DC. 
Pendant une demi heure, nous nous écarquillons les yeux 
pour la découvrir, mais elle échappe à nos regards. Nous 
enfilons ensuite un sentier ombreux qui a Tair de nous 
annoncer d'excellentes plantes, et qui, chose rare, a tenu 
ses promesses. 
Le terrain sablonneux a disparu, les grands arbres ont 
succédé aux taillis et aux sapinières, et le petit sentier 
s'engage solitaire dans le grand bois, sous un dôme épais 
de verdure qui annonce Tombre et la fraîcheur. 

C est là que nous récoltons successivement : 

Aconitum eniinens Roch. Neottia Nidus-avis Rich. 

Daphne Hczercum L. Polygonatum multiflnrum AIL 

Dentaria bulbifera L. Polypodium Dryopteris L. 

Digilalis purpurea L. Pulmonaria obscura Dmrt. 

Genista gcrmanica WiUd. Ribes alpinus L. 

Géranium sylvaticum L. Rubus saxatilîs L. 

Lonicera Xylosteum L. Sorbus Aria Crantz. 

HaiaQthemum bifolium D. C. Stellaria nemorum L. 

Myosotis sylvatica Hoffm. Trifolium médium L. 

et enfin le rarissime Cypripedium Calceolus L., dont un 
seul exemplaire, malheureusement défleuri, fut découvert 
par notre honorable Président. 

Après avoir admiré les belles dimensions de quelques 
vieux chênes, nous emboîtons le pas, pour rejoindre le 



( 320 ) 

guide qui nous accompagnait, et qui, lui, n'herborisant 
pas, tient toujours la tète de la colonne. 
Tout en continuant à suivre le sentier, nous cueillons : 

Cardamine Impatiens L. Sanicula Europsa L. 

Lactuca muralis Fres. Rjbes AlpÎDum L. 

Poa Sudetica Hâake. 

Cette fois nous avions bien gagné un instant de repos ; 
nous nous étions assis si souvent les jours précédents sans 
y avoir nul droit ! On se met donc en rang d'oignons sur 
un petit talus au bord de la route, car le sentier est devenu 
voie charretière, et Ton savoure silencieusement de larges 
rondelles empruntées à un excellent saucisson de Gourtrai 
qu'un de nos confrères avait eu la précaution d'apporter 
dans sa gibecière. Ce semblant de réfection nous rappelle 
que nous boirions volontiers quelque chose pourvu que 
ce ne soit pas de Feau. On interroge sur ce chapitre inté- 
ressant notre guide, qui nous répond que vingt minutes 
environ nous séparent d'un petit vin blanc très-potable. 
Cette nouvelle nous rendit tout aises et bieatôt nous nous 
empressâmes de nous remettre en marche : nous descen- 
dîmes à travers bois, récoltant chemin faisant de magni- 
fiques pieds A'Orobanche Rapum Thuill. 

Enfin nous débouchons sur la grand'route, propre et 
unie comme le sont toutes les routes d'Allemagne, et nous 
arrivons bientôt à Buscheid, où nous retrouvons sur les 
talus le Dianthus deltoïdes L., que nous avions déjà vu le 

dimanche au Papenkaule. 

Nous entrons dans un cabaret, où un bon verre de vin 
nous est servi ; quelques affamés se jettent sur des tranches 
de pain noir dont la vue seule, en des temps meilleurs, 
aurait suffi pour apaiser la faim, et les voilà qui jouent des 
mâchoires à qui mieux mieux ^ mais un sybarite, pris 



( 321 ) 

tout à coup d'une idée lumineuse s'avisa de demander si« 
par hasard, il n'y avait pas de fraises dans la localité; la 
fraise, le solaiiolum herborisantium par excellence^ qui 
guérit de la goutte Linné et bien d'autres encore. 

En quelques instants, une quinzaine de gamins du 
village étaient à notre porte, avec de gros cabas remplis 
de la petite fraise des bois si parfumée et si savoureuse. 
Notre bonne étoile nous à procuré du sucre, d'immenses 
assiettes de faience et des cuillers à soupe, et en prévision 
de la goutte à venir, nous avalons force fraises nageant 
dans du vin sucré. 

C'était très-bon et nous nous amusions comme des 
collégiens en goguette! 

Cette fois, notre nationalité ne demeura pas inconnue; 
nous avions trouvé là un marchand de moutons, que ses 
affaires avaient souvent conduit en Belgique, et qui nous 
pria de chanter la Brabançonne, ce que nous fîmes de 
bon cœur. 

11 nous témoigna sa reconnaissance en donnant l'acco- 
lade à notre vénérable Président, et nous nous amusâmes 
beaucoup de la familiarité grande de cet étranger, qui, 
inter pocula, pressait dans ses bras un Ministre d'Etat du 
Royaume de Belgique! Si le bonhomme avait su qu'il 
traitait sur le pied de Pégalité une de nos grandes illustra- 
tions scientifiques et politiques, il en aurait perdu l'équi- 
libre, en se confondant en excuses, mais.... à la table d'un 
cabaret, c'est comme au champ de repos, tous les rangs 
sont confondus. 

Cependant notre joie prenait des proportions homéri- 
ques; le nombre incalculable de raies que notre confrère 
M. Jean Chalon avait tracées sur la table de la pointe de 
son poignard; expliquait suffisamment notre enthousiasme; 

35 



( 322 ) 

mais est modus in rebus^ l'on jugea prudent de lever la 
séance et Ton se remit en marciie. 

Dne pointe poussée dans la vallée dans la direction du 
Salmerwald nous 6t récolter, outre une foule d espèces 
déjà signalées, les Malca mosch^ita L., Melilotus alba Lmk. 
et M. arvensis Wallr.,ce dernier en excessive abondance. 
Mais la forêt était encore loin, notre temps était compté; 
nous revînmes donc au logis, en suivant la grand' route 
qui traverse le Gerolsteiner-Wald. 

Nous nous mimes à table à 4 heures, puis nous fîmes 
nos adieux à Géroisrein, en partant avec Theureux souvenir 
d^avoir passé quelques jours de bonheur dans ce coin 
perdu de TEifel. Notons ici, afin d'être complet, que 
pendant cette dernière journée M. Georges de Looz alla 
seul à Murlerbach pour chercher des fossiles,- il herborisa 
quelque peu et voici les principales espèces qu'il observa: 

Aconitum Lycoctonum L. Malva moschata L. 

Aquilegia yulgaris L. Neottia ovata Bluff et Fing. 

Betonica 3tricta Ait. Orobus tuberosus L. 

Campanula persicifolia L. Phyteuma nigrum Schmidt. 

var. albiflora. Salvia pratensis L. 

— Trachelioides L. Sanguisorba officinalis L. 

Centaurea montana L. Senecio viscosus L. 

Chenopodium glaucum L. Ti ifolium Alpestre L. 
Digitalisgrandiflora Ail. — aureum Poil. 

— purpurea L. Verbascum nigrum L. 

Presque tous les excursionnistes se dirigèrent vers 
Trêves pour aller visiter les monuments romains que 
renferme cette ville : la Porta nigra, les Thermes, l'Am- 
phithéâtre, la vieille et si remarquable Basilique, etc., etc. 

Dans les ruines des bains, nous observâmes 5t7ene 
inflata Sm. et Reseda lulea L., à l'amphithéâtre, Anthyllis 
Vulneraria L., Cota tinctoria J. Gay., Stachys recta L., 



( 523 ) 

Trifolium aureum Poil, et sur les hauteurs qui dominent 
la rive gauche de la Moselle^ au pied de la statue de la 
Vierge, le Bromus tectorum L. — Nous remarquâmes aussi 
que toutes les hauteurs sont plantées de Châtaigniers. 

Le 10 juillet, à 1 heure après diner, nous primes le 
train pour Luxembourg et la Belgique et la nuit chacun 
de nous rentrait dans ses foyers. 

A. Trêves, MM. Chalon et Firket nous quittèrent pour 
se rendre à Coblence et à la forteresse d'Ehrenbreitstein ; 
en face de cette ville, ils nous signalèrent dans les brous- 
sailles qui bordent la rampe militaire taillée dans le cal- 
caire^ les espèces suivantes: 

Artemisia Âbsinlhum L. Isatis tinctoria L. 

— campestris L. Lactuca pcrennis L. 

Asperula cynanehica L. Melica ciliata L. 

Bupleurum falcatum L. Sisymbrium Sophia L. 
Géranium rotundiToIium L. 

Tandis que nous voyagions vers Trêves, le Luxembourg 
et la Belgique. iMM. Du Mortier et F. Muller restaient 
dans TEifel, pour se diriger sur Mào9ter-Etf«l, oo une 
riche moisson les attendait. 

Mûnster-Eifel est une petite ville, jadis siège d'une ab- 
baye célèbre, et aujourd'hui d'un, collège renommé dans le 
pays^ elle est située sur la rivière TErft, à quelques lieues 
de sa source. 

Pour y arriver, il faut descendre du convoi à la station 
d'Euskirken, où , un service de malle-poste mène les 
voyageurs à Mûnster-Eifel. 

Cette contrée, située au nord-est delà région volcanique, 
forme l'extrémité de l'Eifel. Sa végétation diffère entière- 
ment de celle de ce pays, dont elle constitue le versant 
oriental et terminal ; là, plus de plantes des terrains 



( 324 ) 

volcaniques : elles y sont remplacées par celles des coteaux 
de la Moselle^ ce qui est un fait trés-digne d^observation. 

Arrivés à Mûnster-Eifel, nos confrères, après s'être 
installés à Thôtel Hildebrand, Grent visite à M. Stephinsky^ 
zélé botaniste, qui leur donna des renseignements précieux 
sur la flore de cette contrée. 

Il leur indiqua, comme croissant aux environs de Mùn- 
ster-Eifel, les Orchidées en abondance, puis les rares espè- 
ces suivantes : Afuga pyramidalii L., Anémone praten- 
sis L., A. Pulsatilla L., Corydalis cava Schweig., Denta- 
ria bulbifera L., Globularia vulgaris L., Leucoium 
vernum L., Lonicera Caprifolium L.,et surtout le Pingui- 
cula vulgaris L., très-abondant à Galcar dans une prairie 
marécageuse en compagnie du Menyanthes trifoliata L. 
C'était une plante bien tentante, mais, par malheur, 
Tèpoque de sa floraison était passée; il fallut donc prendre 
une autre direction et guidés par M. Stephinsky, ils se 
rendirent dans la vallée d'Eschweiler, à une lieue de 
Mûnster-Eifel, et leur pèlerinage fut bien récompensé par 
les raretés qu'ils trouvèrent!^ ). 



(i) Notre rapport était terminé lorsque M. Du Mortier nous a fait parve- 
nir la liste suivante des Orchidées croissant dans la vallée d*Eschweiler. 
Cette liste lui a été adressée tout récemment par M. Stephynsky. 

Cephalanthera pallens Rich. Ophrys apifera Huds. 

Epipactis latifolia Ail. — muscifcra Huds. 

— palustris Rich. Orchis latifolia L. 
63rmnadenia conopsea R. Br. — macuiata L. 

— viridis Rich. — Morio L. 
Liparis Loeselii Rich. — purpurea. Huds. 
Listera ovata R. Br. Platanthera bifolia Rchb. 
Neottia nidus avis Rich. 



( 325 ) 

En sortant de la ville, la première plante qui frappa 
leurs yeux fut le Phitadelphus coronarius L.y croissant à 
une grande hauteur dans les fentes des vieux murs de 
Tancienne forteresse. Le Matricaria Parlhemium L.> croit 
en abondance dans les murs de revêtement de TErft^ et il 
est répandu partout dans les broussailles aux environ des 
la ville, où il constitue une espèce vulgaire. 

En gravissant le coteau, on trouve : 

Bromus tectonim L. Rosa dumalis Bechst. 

Gimpanula rapunculoidesL. — glaucescens Desv. 

Dianthus deltoïdes L. — micrantha Sm. 

Lathyrus sylvestris L. — mollissima Willd. 

Potentilla argentea L. — rubiginosa L. 

Reseda lutea L. Trifolium aureum Poil. 

Ribes Uva-cripa. L. Verbascum Lychnitis L. . 

La vallée d'Eschweiler, vers laquelle nos confrères diri» 
geaient nos pas, prend ce nom d'un petit village qu'il ne 
faut pas confondre avec la ville du même nom, située dans 
le pays de Juliers. Cette délicieuse vallée est traversée par 
un ruisseau bordé de prairies : elle est épaulée par deux 
larges coteaux, Fun sur la rive gauche, regardant le sud- 
est, Tautre sur la rive droite, faisant face au nord-ouest. 

Le coteau de la rive gauche présente une végétation 
remarquable, qui rappelle celle des rives de la Moselle; 
là croit partout et en abondance le Géranium sangui- 
neum L., et avec lui le Melampyrum cristatum L., et le 
LUhospermum pHrpure(hcœruleum L., espèces caractéri- 
stiques des coteaux de la Moselle. 

C'est vraiment chose curieuse que de retrouver, au 
revers des montagnes de TEif^I et à leur extrémité septen- 
trionale, la végétation si remarquable des bords du fleuve 
qui coule entre Trêves et Coblence. 






( 326 ) 

Les espèces les plus remarquables récoltées par nos con- 
frères dans cette riche vallée sont : 



Aquilegîa yulgaris L. 
Asclepias Vincetoxicum L. 
Bei'beris vulgaris L. 
Bromus asper L. 
Campanuia Trachelium L. 
Géranium sanguineum L. 
Galium ercctum. Huds. 

— sylvaticum L. 
Hypericum montanum L. 
Lithospermum purpureo-cœru- 

leum L. 
Malas accrba Hérat . 



Medicago falcata L. 
Helica uniflora Retz. 
Melampyrum cristatom L. 
Mercurialis perenuis L. 
Pulmonaria obscura var. Dmrt. 
Rosa alba L. 
Scabiosa Columbaria L . 
Sorbus Aria Crantz. 

— torminalis Crantz. 
Viburnum Lantana L. 
Vinca minor L. 
Viola hirta L. 



Dans les prairies : 

Campanuia glomerata L. 
Carum Car?i L. 
Hentha geotilis L. 

Sur le coteau de la rive droite 



Phytenma orbiculare L. 
Scrophularia umbrosa Dmrt 



Anthyllis Vulneraria L. 
Daphne Mezereum ti. 
Crépis Nicœensis Balb. 
Genista tinctoria L. 



Géranium sylvaticum L. 
Hypericum hirsutum L. 
Trifolium montanum L. 
Viola sylvestris Roch. 



Les champs de trèfle, au retour vers Mûnster-Eifel, 
offrent çà et là d*énormes plaques orbiculaires de Cuscula 
Mulleri Strail, qui y ravagent toute la végétation et res- 
semblent de loin à des endroits consumés par le feu. Cette 
remarquable Cuscute n'est pas du tout une variété de 
VEpithymuniy mais une espèce parfaitement distincte et 
que Ton reconnaît au premier coup-d*œil. 

Le jeudi 1 1 juillet nos confrères regagnaient la Belgique, 
chargés d'une riche moisson qui leur laissera de TEifel 
un attachant souvenir. 



( 327 ) 

En terminant ce rapport, qu'il nous soit permis de 
remercier nos conTrères, notamment MM. Du Mortier, 
Muller, Ghalon et Firket, qui ont bien voulu nous com- 
muniquer leurs noies et leurs listes de plantes; c'est en 
grande partie grâce à leur obligeance que nous avons pu 
mener à bonne fin notre travail. 



Note sur le caractère botanique de CEifely par B.-G. Du 

Mortier. 

Ce qui caractérise TEifel, au point de vue de la botani- 
que, et qui distingue ce pays de TArdenne, dont il est la 
partie orientale, c'est une végétation plus alpestre qui est 
signalée par les plantes suivantes : 

Ribet alpinum L. — Bois et haies, partout. 

Trifolium alpeiire L. — Lieux rocailleux, partout. 

AeonUum eminens Koch. — Lieux marécageux, partout. 

Phyleuma orbiculare L. — Prairies, partout. 

Géranium $ytoaticum L. — Broussailles, partout. 

Prunel^a grandiflora Jacq. — Pelouses, partout. 

Sedum villosum L. — Marécages, abondant. 

Campanula rapunculoide$ L. — Berges, partout. 

Petaêitei albus GSrtn. — Bords des ruisseaux dans le Schneeifel. 

Ces plantes des régions élevées, qui ne s'observent pas 
dans l'Ardenne, donnent à la végétation de l'Eifel un 
remarquable caractère des vallées alpestres qu'il çst 
curieux de signaler. 



( 328 ) 



BIBLIOGRAPHIE 



Flore cryptogamique de FEst. — Muscinées (Mousses, 
Sphaignesy Hépatiques)^ par FAbbé Boulay (*). 

Cet ouvrage s'adresse à tous les botanistes qui aiment à 
enrichir leurs collections, mais plus encore à se rendre un 
compte exact des faits. 

Jusqu'ici les études bryologiques étaient fort difficiles en 
France ; on manquait d'un ouvrage à la fois élémentaire et 
sérieux qui pût guider les commençants et intéresser en outre 
les savants. 

Ce premier volume de la Flore cryptogamique que nous 
avons le plaisir d'annoncer, satisfait dans une large mesure à 
ce double but. 

Des considérations préliminaires sur l'organographie, la 
distribution géographique, le rôle des Mousses, des Sphaignes 
et des Hépatiques dans la nature, et les divers procédés à 
suivre dans leur étude mettent à même d'entreprendre avec 
succès l'étude de ces intéressants végétaux. Ces notions ne 
sont pas une simple compilation d'articles empruntés ça et là; 
elles constituent un travail entièrement original et d'ailleurs 
étendu : elles n'occupent pas moins de 200 pages de Touvrage. 
L'article consacré à la distribution géographique des Mousses 
dans l'Est mérite particulièrement d'attirer l'attention des 
botanistes. 

La seconde partie est consacrée à la description des espèces. 



(I) UnvoI.in-8»; Paris, 1873. 



( 329 ) 

Elle s^ouvre par un tableau synoptique des familles et des 
genres. L'auteur s'est appliqué à décrire avec le plus grand 
soin les espèces comprises dans sa circonscription florale, 
c^est-à-dire, dans les montagnes des Vosges et du Jura et 
dans les plaines voisines de l'Alsace, de la Lorraine et de la 
Franche-Comté. Il a cherché, d'une part, à mettre en relief 
les caractères extérieurs saisissables à Tœil nu ou à Taide 
d'une simple loupe, afin de vulgariser autant que possible la 
connaissance des Muscinées ; de l'autre, il a signalé les carac- 
tères microscopiques dont l'observation est indispensable pour 
acquérir la science proprement dite. 

Le cadre primitif accusé par le titre de l'ouvrage s*est élargi 
de fait par l'admission, à leur place méthodique, et la descrip- 
tion de toutes les espèces de France et d'un grand nombre 
d'autres appartenant à l'Europe moyenne. En réalité, c'est 
une description des Muscinées de France. 

Jusqu'ici cet ouvrage est le plus propre à familiariser les 
commençants avec l'étude des Muscinées; il est, de plus, un 
terme de comparaison sérieux pour aider à une révision 
approfondie des espèces européennes en général. 

La Flore cryptogamique de l'Est forme un fort volume in-8° 
de 880 pages d'un texte serré. Il est écrit en français et le 
prix en est très-modique (15 francs). 

Ajoutons, pour terminer, que cet ouvrage est indispensable 
à tous ceux de nos confrères qui s'occupent d'études bryolo- 
giqucs. 

Frédéric Gravet. 



( 330 ) 
A Synopsis ofthe British Masses^ by Ghas.-P. Hobkirk(*). 

Ce petit ouvrage nous parait recommandable sous tous les 
rapports. Ce o*cst point une Flore bryologique complète des 
Iles Britanniques; c*est, comme Tindique le titre, une sorte 
de vade-mecum pour le bryologue en excursion ou bien un 
guide pour le commençant. Toutes les Mousses qui ont été 
recueillies dans la Grande Bretagne et en Irlande, s'y trouvent 
mentionnées dans un ordre systématique. Les descriptions 
sont concises et claires et les habitations indiquées avec soin. 
Le livre se termine par un petit glossaire, qui comprend 
Texplication des termes employés dans le volume. Nous ne 
pouvons que féliciter Tauteur de cette publication qui, nous 
n*en doutons point, contribuera puissamment à \ulgariscr en 
Angleterre Tune des branches les plus intéressantes de la 
Cryptogamie. Louis Pire. 



Les Mousses de VArdennej recueillies et publiées par 
C. Delogne et F. Gravel. Fascicule S. 

Ce bel exsiccata dont nous avons déjà, à plusieurs reprises, 
fait réloge, en est arrivé à son cinquième fascicule non moins 
intéressant que ses prédécesseurs. Les amateurs de bryologie 
peuvent en juger d*après la liste suivante : 

Amblystegîum fluviatile Sw., Archidium alternifolium 
Dicks., Aulacomnium palustre L. var. polycephalum Sch., 
Barbula convoluta Fldw., Muelleri Brch, Bryum atropurpu- 
reum W. et M., caespiticium L., capillare L., gemmiparum 
DeNot., Campylopus fragilis Dicks., Cynodontium Bruntoni 



( I) Un vol. in-12«, de ¥11196 pages, cartonné ; London, 1873. 



( 33i ) 

Sm., Dicranella ru fescens Tutti, ^ subulata Hdw., Entostho-- 
don ericetorum De Not., Eurhynchium crassinervium Tayl., 
Fissidens decipiens De Not., Grimmia leucophaea Grev., Gym- 
nostomum microstomum Hdw., Hedwigia ciliata Dicks. var. S. 
viridis Sch., Homalia trichomanoides Schreb., Hylocomium 
brevirostre Ehrh., Hypnum cuspidatum L., Sommerfeltii 
Myr., uncinatum Hdw., Leptotrichum homomallum Hdw., 
Orthotrichum pulchellum Sm., Phascum cuspidatum Schreb., 
Philonotis fontana L., Plagiothecium Gravetii Pire, late- 
bricola Wils., silesiacum Sclig., Pterignandrum filiforme 
Zimm., Racomitrium heterostichum Hdw., Rynchostegium 
rotundifolium Scop., Schistostega osmundacea Dicks.jSphag- 
num cymbifolium var. purpurascens Russ., Girgensohnii var. 
stnctum Russ., mbsecundum N. ab E. var. squarrosulum 
Gravet, Ulota Ludwigii Eriâ.y Zieria julacea Sch. 

Louis PiRë. 



Les Champignons du Jura et des Fos^ex, par L.Quelet (i). 

Sous ce titre, l'auteur décrit les Hyménomycètes qu*il a 
observé dans ta région qui s*étend du Chasserai au ballon 
d'Alsace et qui comprend donc une partie du Jura septen- 
trional et des Vosges méridionales. Une assez longue intro- 
duction initie le lecteur à Torganograpbie de ces curieux 
végétaux. La description des espèces est précédée d'un tableau 
synoptique présentant les caractères des familles de la classe 
des Champignons et d'un conspcctus systématique des genres 
décrits dans l'ouvrage. La classification et la synonymie sont 
celles de M. Pries, avec cette différence cependant que plusieurs 



(I) ln-8<*, avec planches. (In Mémoires de la Société d'Émulation de 
Montbétiard.) 



( 332 ) 

sous-genres de cet auteur sont élevés au rang des genres. Sur 
le nombre d'environ 700 espèces décrites, il y en 18 nouvelles. 
Dix ont été créées par M. Pries sur des échantillons que lui 
avait envoyés Fauteur; les autres sont signées de Fauteur lui- 
même. 

C. Delogne. 



9 

Prodromus Bryologiae Mexicanae, ou Enumération des 
Mousses du Mexique avec description des espèces nou- 
velles, par Em. Bescherelle (1). 

Cet important travail peut être considéré comme le synopsis 
des Mousses du Mexique, car il comprend toutes les espèces qui 
ont été découvertes jusque maintenant dans cette région. 

Mais le territoire du Mexique est loin d*avoir été exploré en 
entier : les végétaux supérieurs ayant surtout attiré Fattention 
des botanistes-voyageurs. Le plus grand nombre des récoltes 
ont eu lieu le long de la route de la Vera Cruz à Mexico. 
Liebmann, Galeotti, MM. F. MûUer et Sartorius ont visité plus 
particulièrement les environs du Pic d*Orizaba ; les environs 
de Mexico paraissent avoir été le centre des recherches de 
M. Bourgeau, tandis que M. Andrieux visitait Oajaca, M. Salle, 
Cordova et M. Hahn, Jalapa. En dehors de ces localités, on ne 
connaît presque rien. Malgré le peu d'étendue de la zone 
explorée, M. Bescherelle constate Fexistcnce de 99 genres com- 
prenant 54â espèces, dont un grand nombre n'avaient pas 
encore été décrites. Les espèces nouvelles sont très-bien 
décrites. 



(1) In-8'. (In Mémoires de ta Sodélé naiionale de$ Sciencee ntUurelles 
de Cherbourg, t. XVI, <871-1872.) 



( 333 ) 

L*auteur établit les 2 genres nouveaux : Campylochaetium et 
Rozea. 

On rencontre dans ce travail plusieurs des espèces de la flore 
de l'Europe : 

Dicranum flagetlare Hedw., Eustichum norvegicum Br. et 
Sch., Trichostomum crispulum Bruch, Barbula caespitosa 
Schwgr., Funaria calvescens Schwgr., — qui remplace au Mexi- 
que le Funaria hygrometrica — Leptohryum pyri forme Sch., 
Bryum argenteum L., Mnium rostratum Schrad., Neckera pen- 
nata Hedw., Daltonia splachmoides Hook. et Tayl. et. Thui- 
dium minutulum Br. et Sch. 

Mais on n*y signale aucune espèce appartenant aux genres 
Cynodontium, Dicranodontium^ Tetraphis et Dislichium. Les 
familles ou tribus des Phascacées, Seligëriées, Blindiées, Splach- 
nacées, Meesiacccs^ Aulacom niées, Timmiées et Buxbaumiacées 
n'ont aucun représentant connu au Mexique. Certains genres 
de la flore européenne sont remplacés par des genres voisins 
qui en tiennent lieu. Ainsi les genres Leucobryum, Ortho- 
trichum et Utota sont remplacés par les genres Octobtepharuniy 
Macromitrium et Schtotheimia, 

Les genres exotiques propres au Mexique sont les suivants : 

MicroduSy Campylochaetium, Micromitrium, Acrocryphaea, 
DendropogoUy Haplohymenium et Rozea. 

C. Delogne. 



Flora OrientaliSf auctore Edmond Boissier. — Volumen 

seeundum(i). 

Dans le tome sixième de notre Bulletin, pages 254-243, 
nous avons déjà fait ressortir l'importance scientifique de 

(1) Un volame grand in-8«, de il 89 pages; Genève et Bâie, 1872. 



( 334 ) 

Tœuvre colossale entreprise par notre savant confrère 
M. Boîssier. 11 est parfaitement inutile de répéter les éloges 
que nous avons faits de cette magnifique publication, qui doit 
trouver place dans la bibliothèque de tous les amateurs de 
phytographie et de géographie botanique. 

Le volume 11 de la Flore Orientale comprend la description 
de toutes les Calyciflores. 



Diaphragmes vasculifères des Monocolylédones aquatiques, 

par J. Duval-Jouve(0. 

Ainsi que nous Tavons déjà fait pour plusieurs autres 
mémoires de notre infatigable confrère M. Duval-Jouve, nous 
allons reproduire textuellement les conclusions de ce nouveau 
travail, qui vient enrichir Thistotaxie de faits inédits. 

i» L*organisation de feuilles cloisonnées par des diaphragmes n*est 
pas réduite aux Juncus, comme on I*avait cru d^abord ; elle n*y est 
qu*un cas particulier d^une loi commune aux Monocotylédones 
aquatiques et à quelques Dicotylédones aquatiques. 

2* Dans ces plantes, les diaphragmes des tiges, des pétioles e( des 
feuilles, sont disposés de diverses manières : 

. a. Ils ne s*étendent que sur une seule lacune ayant à son pouitour 
au moins autant de faisceaux longitudinaux que de faces; ex. : Lvzula 
maxima DC, Scirpuê lacuttrU L., Cyperus fuscus L., serotinut 
Rottb.,etc. 

6. Ils s'étendent sur plusieurs lacunes qui n*ont pas un faisceau 
longitudinal à chacun de leurs angles, et ils relient entre eux les 
faisceaux disséminés; ex. : Cyperus Papyrus L.. SagiUaria lancifoUtt 
L., sagittifoHa L., Acorus Calamus L., etc. 

e. Un seul diaphragme relie tous les faisceaux longitudinaux épars 



(1) In-i», de 21 pages, avec i planche; Paris, 1875. (Extrait des 
Mémoires de l'Académie des Sciences et Lettres de Montpellier,) 



( 338 ) 

au pourtour d^une seule lacune centrale; ex. : Juncus lampacarpot 
Ehrh., etc. 

3* Les réseaux vasculaîres qui accompagnent les diaphragmes 
occupent diverses positions : 

a. Ils sont accolés au-dessous; ex. : Scirpus lacuêtn't L., etc. 

b. Ils s'interculent dans Tunique assise du diaphragme qu*ils 
interrompent ; ex. : Sagitlaria^ etc. 

c. Ils rampent dans ^épaisseur du diaphragme composé de plusieurs 
assises de cellules; ex. : Cyperui Pnpyrut L., etc. 

d. Ils courent contre les bords des grands diaphragmes; ex. : les 
pétioles des StrelUzia^ 

i» La forme des cellules d*un diaphragme diffère toujours de celle 
du reste du parenchyme ; cette forme, assez rigoureusement déter- 
minée sur une même espèce, varie à i*exeès d*une espèce à Pautre. 

5® Cependant cette forme est toujours telle qu^elle présente de 
grands méats pour permettre le passage des gaz, fonction qui, avec la 
consolidation de la tige ou des feuilles, était la seule qu*on attribuât 
précédemment aux diaphragmes. 

G** Comme ces diaphragmes sont accompagnés de faisceaux trans- 
versaux, leur fonction parait être aussi de fournir des points d^appui 
à ces faisceaux qui mettent en communication les faisceaux longitu- 
dinaux. Ces derniers, sur les Monocot3'lédones aquatiques, ne sont 
donc ni aussi isolés, ni aussi indépendants qu*on Tavait cru d^abord, 
en n*attribuant un réseau vasculaire, avec anastomoses, qu*à quelques 
groupes d*Aracées, d^Asparagées et autres. 

T** Dans un même genre, les espèces aquatiques ou des lieux très- 
humides ont des diaphragmes avec des faisceaux transversaux, tandis 
que les espèces congénères tout à fait terrestres en sont privées ; ce qui 
montre que l*influence du milieu se fait sentir non-seulement à 
Textérieur, mais jusque dans Torganisation la plus intime. « Les 
changements de circonstances font naître et développent certaines 
parties, tandis qu*clles atténuent et font disparaître plusieurs autres. » 
Lamarck Phil. ZooL, 1, p. 218. 



( 336 ) 

Algetneene beschrijvende Cafalogus der Boulsoorten van 
Nederlandsch Oost-Indië, aanwezig in het Koloniaal 
MusELM, ophet Paviljoen te Uaaiieniy door F.-W. Van 
Eeden (i). 

Ce catalogue contient rënumëration de 890 espèces de bois 
provenant des Indes néerlandaises et conservées dans le nou- 
veau Musée colonial de Haarlem, dont M. Van Eeden est le 
directeur. Chaque espèce énumérée est accompagnée de ren- 
seignements technologiques et de notes synonymiques. 

La première partie consacrée aux espèces qui ont pu être 
déterminées spécifiquement ou génériqùement , est suivie 
d'une liste de près de 500 espèces qui n*ont pas encore été 
déterminées et qui sont seulement connues par leurs noms 
vernaculaires. 

Ce catalogue est non-seulement un guide précieux pour 
Tamateur qui visite le Musée colonial de Haarlem, mais il 
rendra des services à tous les établissements scientifiques qui 
possèdent des collections de bois. 



The Fossil Flora of Great Britainy by John Lindley et 

William Hulton. 

Cet ouvrage, depuis longtemps épuisé, atteignait dans les 
ventes des prix extrêmement élevés. M. l'éditeur Quaritch a 
eu rheureuse idée de le faire réimprimer en employant les 
cuivres qui avaient servi à l'édition originale. Ces cuivres 
ont donné des planches excellentes et qu'on ne peut dis- 
tinguer de celles qui ont été imprimées il y a près de 40 ans. 



(1) In-8«, de IV-146 pages ; Haarlem, 1872. 



( 357 ) 

La pnrtie typographique de la nouvelle édition est en quelque 
sorte le fac-similé de la première. 

La réimpression de cet ouvrage célèbre est une bonne for- 
tune pour les amateurs de paléontologie, qui maintenant 
peuvent enrichir leur bibh'othèque de Tœuvre de Lindiey et 
de Hutton. Cette nouvelle édition se vend sur le continent 
150 francs. 

Le même éditeur s*est entendu avec M. Carruthers pour 
publier un volume supplémentaire, qui renfermera les nouvelles 
acquisitions qu*a faites la paléontologie végétale des lies Britan- 
niques depuis 1857. Ce volume supplémentaire ne contiendra 
pas moins de 40 planches gravées sur bois. 

Cette publication est attendue avec une vive impatience par 
tous les phytopaléontologues. 



Die Rose. — Geschichte und Symbolik in ethnographischer 
und kullurhistorischer Bezieiiung. — Ëin Versuch,von 
M.-J. Schleiden(l). 

L'histoire littéraire des Roses a été maintes fois traitée, 
mais jamais elle ne Ta été aussi complètement que dans le 
nouvel ouvrage de M. Schleiden. Celui-ci a certes mis à profit 
les recherches de ses devanciers, mais son livre contient le 
résultat de nombreuses lectures faites h un point de vue spé- 
cial. On peut dire qu'il a épuisé le sujet. 

L'histoire de la Rose est suivie, dans la littérature des divers 
peuples^ depuis les temps historiques les plus reculés jusqu'à 
nos jours. 



(i) Un vol. in-8*, de X-322 pages, avec une planche chromolilhogra- 
phiée et 7 figures sur bois intercalées dans le texte ; Leipzig, 1873. 



96 



( 338 ) 

Quand on parcoure la liste des nombreuses sources consul- 
tées pour retracer riiistoîre de la reine des fleurs, on doit 
reconnaître que Fauteur a fait preuve d'une vaste érudition. 

Parmi les détails purement littéraires, il y a des renseigne- 
ments scientifiques fort intéressants et qui méritent de fixer 
Fattention des botanistes. 



Les Roses. (Histoire, culture, description)^ par H. Jamain 
et E. ForneyC*). 

Comme on le voit, les Roses ne cessent d'occuper Fattention 
des savants et des horticulteurs. C'est comme jardiniers que 
MM. Jamain et Forney ont principalement traité leurs Roses. 
Dans une suite de paragraphes préliminaires, les auteurs 
exposent, avec leur longue expérience de rosiéristcs, les meil- 
leurs procédés de culture, de multiplication, de greffage, de 
taille, appliqués au Rosier. 

La description de 60 variétés remarquables occupe la plus 
grande partie de l'ouvrage : chaque variété étant décrite sur 
une page faisant face à une planche chromolithographiéc. 

11 est regrettable que ce livre estimable sous le rapport 
horticole n'ait pas été illustré par un artiste comprenant bien 
la peinture des fleurs. Les planches sont extrêmement mé- 
diocres, pour ne pas dire mauvaises, tant sous le rapport du 
dessin que sous le rapport de la couleur. Elles ne peuvent 
même être comparées avec les petits chefs-d'œuvre qui sortent 
journellement des presses des Van Houtte, des Severeyns, 
des De Pannemaeker et des Stroobandt. 

Ajoutons que les auteurs ont puisé h des sources bien peu 

(1) Un Tol. grand in-8<>, de IV-267 pages, a?ec 60 chromolithographies 
et 60 gravures sur bois intercalées dans le texte ; Paris, 1873. 



( 339 ) 

scientifiques pour rédiger leur chapitre consacré aux considé- 
rations générales sur les espèces du genre Rosa et sur leur 
distribution géographique. Ce chapitre est rempli d'erreurs 
et d'inexactitudes presque inexplicables. 



Mission scientifique au Mexique et dans V Amérique cen- 
trale. — Ouvrajse publié par ordre du iVlinislre de 
rinstruction publique. — Recherches botaniques pu- 
bliées sous la direction de M. J. Decaisne, membre de 
rinstitut. — Première partie. — Cryptogamie, par 
M. Eug. Fournier, avec la collaboration de MM. W. 
Nylander et Ein. Beseherelle (0. 

Le beau mémoire dont M. Fournier a enrichi la bibliothèque 
de notre Société contient la catalogue raisonné des Lichens, des 
IMuscînécs et des Cryptogames vasculaires découverts jusqu'à 
ce jour tant au Mexique que dans TAmérique centrale. Les 
Lichens ont été traités par M. le docteur Nylander; les Musci- 
nées, Tout été par M. Beseherelle; et M. Fournier a élabore 
tout ce qui concerne les Fougères, Ëquisétacées, Rhizocarpées 
et Lycopodiacées. 

Les auteurs n'ont pas seulement étudié et catalogué les maté- 
riaux recueillis par les botanistes qui ont accompagné l'expédi- 
tion française au Mexique, mais ils ont consulté les herbiers 
et les collections qui renferment des matériaux récoltés 
antérieurement dans la circonscription américaine qu'ils ont 
embrassée dans leur travail. Dans celui-ci, nous voyons fré- 
quemment cités les herbiers de nos compatriotes MM. Linden 
et Van Heurck. 

(1) Un vol. grand in i», de 166 pages, avec six planches; Paris, 1872. 



(340) 

Les espèces déjà décrites sont seulement énumérées avec des 
détails synonymîques et géographiques; quant aux espèces 
nouvelles, elles sont accompagnées de descriptions et plusieurs 
sont figurées. 

Ce mémoire, imprimé avec un grand luxe, constitue une 
importante addition pour la flore de l'Amérique centrale. 



Botanique Japonaise. — Livres Kwa-Wi, traduits du japo- 
nais, avec Taide de M. Saba, par le D' L. Savatier (^). 

Le nom de M. Savatier n'est pas inconnu h nos confrères; 
ils savent que ce naturaliste, depuis qu'il habite le Japon, a 
envoyé en Europe des collections extrêmement importantes de 
plantes, d'insectes, de coquilles, etc. 

La connaissance que ce savant possède de la langue japonaise 
lui a permis de traduire un livre japonais des plus curieux et 
formant une sorte de Flore du Japon. 

Les livres Kwa-Wi ont été écrits vers le milieu du siècle 
dernier par Yonan-den-Téroufsa. Le premier livre est consacré 
aux plantes herbacées et les 2" et 5" livres, aux plantes ligneu- 
ses. Dans Touvrage original, les espèces sont représentées par 
des figures empruntées & des publications antérieures ou ont 
été faites d*après des dessins de Fauteur. 

(1) Un vol. in-8«, de 1S{6 pages ; Paris, 1875. 



(34f ) 



MELANGES. 



Concours quinquennal des sciences naturelles. — Période de 
1867-1871. --Rapport du Jury à M. le Ministre de l' Inté- 
rieure. 

Bruxelles, le 12 novembre 1872. 
Monsieur le Ministre, 

Le jury nommé par arrêté royal du 6 décembre 1871, à 
Teffet de décerner le prix des sciences naturelles au meilleur 
ouvrage publié pendant la dernière période quinquennale, a 
rhonncur de vous présenter le résultat de ses travaux. 

C'est pour la cinquième fois que le concours en question est 
ouvert, et jamais, depuis son institution, les concurrents de 
mérite n*ont fait défaut. 11 est même à remarquer que le prix 
de la première période a été partagé entre trois compétiteurs (2), 
et celui de la deuxième a été scindé en quatre parts (3). — 
Depuis cette époque, un arrêté ministériel a déclaré les pri<x 
quinquennaux désormais indivisibles(^). Par suite de ce décret, 
la mission du jury est devenue plus difficile et plus pénible; 
dans ce dernier concours, qu'il était appelé à juger, un bon 
nombre de travaux remarquables, sur les sujets les plus divers 
et par conséquent les plus difficiles à comparer entre eux, se 
trouvaient en présence ; aussi le vote du jury a-t-il été loin 
d*étre unanime. — Il est de toute justice de rappeler au moins 



(1) Le Conseil de la Société, dans une récente réunion^ a décidé ({ne ce 
rapport sérail reproduit dans le Bulletin. 

(2) Bull, de l'Académie, t. 19, p. 604, 1852. 
(5) Id., 2« série, t. 3, p. »06, 1857. 

(i) Id , 2« série, t. 14, p. 522, 1862. 



( 342 ) 

les plus importants de ces travaux, avec le regret de devoir 
nous borner à une mention toutefois très-honorable. 

La Géologie, la Zoologie et la Botanique ont fourni leur 
contingent pendant celte période de cinq années. 



1. 



Les TRAVAUX Gi^OLOGiQUES out cu unc large part dans les inves- 
tigations de nos savants. — La magnifique carte géologique 
d*André Dumont,qui fait tant d'honneur à la Belgique, deman- 
dait un interprète; le Prodrome de M. G. Dewalque(l) répon- 
dit à cet appel ; cet excellent guide n*est pourtant que le prélude 
d'un ouvrage beaucoup plus étendu qu*on attend avec impa- 
tience. On connaît les travaux importants de M. £. Dupont, 
les fouilles qu*il a dirigées avec tant dlntclligence et dont il a 
consigné les résultats et coordonné les faits dans un travail 
remarquable : L^ Homme pendant les âges de ta pierre. — Nous 
mentionnerons aussi en passant les intéressantes Observations 
de MM. G. Malaise et J. Gossclct sur le terrain silurien de 
l'Ardennei^). — Enfin, nous rappellerons les travaux géologi- 
ques de MM. A. Briart et F.-L. Gornet, sur lesquels notre 
Illustre Président a particulièrement insisté : ils ont surtout 
pour objet Yétage inférieur du terrain crétacé (^) et la craie 
blanche du HainautW^ la description de la meule de Brac- 
quegnies(^)y et les fossiles du calcaire grossier de Mons (6). 

(1) Prodrome d'une deicription géologique de la Belgique; ia-8«, 
Bruxelles, 1868. 

(2) Bull, de l'Académie, 2« série, t. 26. 

(3) Mém. det savants étrangers, t. 53. 
(^)Id.,t.35. 

(5) Id., t. 34. 

(6) Id., t. 36. 



( 345 ) 

IJ. 

La Zoologie qui, dans les deux premiers concours, avait 
obtenu sa part de récompense, et qui, dans les deux derniers, 
a remporté le prix sans partage, n'a pas cessé de produire des 
auvres importantes. L'Académie royale a reçu dans ses recueils 
des travaux remarquables; les rapports des commissaires 
chargés de; les apprécier en ont fait ressortir le mérite et la 
publicité de ces comptes-rendus nous dispense d'y insister 
longuement. — Nous signalerons en particulier les Recherches 
de M. le D' Van fiambeke sur te développement du Pélobate 
brunW; — les Recherches de M. F. Plateau sur les Crustacés 
d^eau douce de la Belgique (^), sur les articulés aquatiquesi^) etc., 
— M. Van Beneden père, qui a fourni déjà tant de beaux 
travaux, n*est pas resté oisif pendant cette période de cinq 
années, et les annales de la science ont enregistré avec bonheur 
son curieux travail sur les Poissons des côtes de Belgique y leurs 
parasites et leurs commensaux {^) y ainsi que son Mémoire sur 
une Balénoptère capturée dans l'Escaut en \S6d(^). 
' Il appartenait surtout à M. Edouard Van Beneden d'entrer 
en lice pour disputer le prix; ses Recherches sur la compo- 
sition et la signification de l'œuf y etc. (6), avaient été couron- 
nées en 1868; néanmoins, le jury n'a point regardé cette 
récompense académique comme un obstacle au concours. Les 
savants rapports de MM. Gluge et Schwann (7) ont fait ressortir 
ce qu'il y a de neuf dans ce beau travail, et ils en ont montré 



(i) Mém. dei savante étrangef*$, t. 34. 

(2) Id., t. Zi et 35. 

(3) Id., t. 36. 
(i) Id., t. 38. 

(5) Id.,t.39. 

(6) Mém, couronnés, t. 34. 

(7) Bail, de l'Académie, 2« sér., t. 26, pp. 507, 517. 



( 344 ) 

toute la portée scientifique. La lutte du concours a été vive, 
et ce n*est que par une voix de majorité que la balance a fiai 
par s'incliner vers la botanique. 

III. 

La Botanique a toujours été une étude de prédilection en 
Belgique; cette étude a pris un nouvel essor par la création 
de la Société royale de Botantquey et par le zèle infatigable 
de son illustre Président. On accourt h Tenvi pour mettre en 
commun le fruit de ses recherches, et chacun demande au 
Bulletin sa petite part de publicité. Toutes ces productions, 
sans avoir une égale importance, présentent néanmoins un 
ensemble imposant. 

Parmi les nombreux travaux publiés par des botanistes 
belges pendant les cinq dernières années, nous rappellerons 
ceux qui ont surtout attiré l'attention du jury. 

Jean Kickx, que l'Université de Gand comptait au nombre 
de ses professeurs les plus distingués, avait été l'un des propa* 
gateurs les plus ardents des études cryptogamiques dans le 
pays. En i857, les cinq Centuries de cryptogames, qu'il avait 
décrites dans les Mémoires de rAcadémie (1), avaient eu leur 
part du prix quinquennal. Depuis cette époque, Fauteur a 
refondu et complété son travail; il en a fait un ouvrage nou- 
veau, bien coordonné, et où chaque famille est précédée d'une 
introduction résumant les progrès récents de la science. Il 
n'eut pas la consolation de publier lui-même son œuvre, mais 
son fils et successeur ne voulut pas laisser inédite la Flore 
cryptogamique des Flandres. Ce travail est le plus complet 
que possède jusqu'ici la Belgique, et quoiqu'il n'embrasse 
qu'une partie de son territoire, il est d'une grande utilité pour 



(I) Mêm. derAcadémie, 1. 13, 17, 20, 23et 29« 



( 345 ) 

toutes localités du pays; aussi le jury Ta-t-il accueilli avec 
faveur pour le concours, et s'il a cédé la palme à un travail 
beaucoup moins volumineux, c'est que ce dernier renferme 
des idées plus neuves et plus originales. Cette victoire rem^ 
portée sur le travail de J. Kickx n'ôte pourtant rien à son 
mérite réel, et la Flore cryptoyamiqtie des Flandres est tou- 
jours encore le manuel indispensable des cryptogamistes 
belges (1). 

Avant de passer au travail qui doit spécialement nous occuper, 
nous devons mentionner une autre publication qui fait égale- 
ment saillie parmi les nombreux écrits qui ont pour objet la 
science des végétaux : nous voulons parler de La Vie d'une 
planiCy par M. J. Chalon, docteur en sciences naturelles. 
Ce livre, qui sort de la vieille ornière, est du petit nombre 
de ceux qui font véritablement progresser la science (2). 

IV. 

Enfin, nous arrivons au travail qui fait surtout l'objet de 
ce rapport, étant celui auquel le grand prix a été décerné. — 
Ce mémoire a pour litre : Recherches anatomiques et physio- 
logiques sur les Champignons ; son auteur, M. Jean-Baptiste 
Carnoy, docteur en sciences naturelles, Ta publié en 1870, 
dans le Bulletin de la Société royale de Botanique de Bel- 
gique(^), sur les rapports très-favorables de M. le professeur 
Martens, de Louvain, et du regretté professeur Spring, de 
Liège. 

Les champignons ont de tout temps attiré Tattention ; la 
singularité de leurs formes et la variété de leurs couleurs, la 

(1) Flore cryptogamique dei Flandres ; 2 vol. in-8®, Gand, 1867. 

(2) La Vie d'une plante ; in-8«, Naruur, 1871. 

(3) Tome IX, pp. 1 87-321, avec IX -planches doubles. 



,* 



( 346 ) 

rapidité proverbiale de leur croissance, les propriétés alimen- 
taires d*un grand nombre d'entre eux et les qualités toxiques 
de beaucoup d'autres, les avaient signalés au vulgaire long- 
temps avant que la science s'en emparât. — Les anciens n'ont 
guère parlé des champignons au point de vue de la botanique; 
leurs investigations n'avaient pour but que de reproduire les 
espèces recherchées pour la table; quant à leur nature, ils 
n'en avaient aucune idée. 11 ne faut pas même remonter 
jusqu'au siècle dernier pour rencontrer encore les opinions 
les plus discordantes et les plus singulières au sujet des 
champignons ; beaucoup de botanistes n'en voulaient pas 
dans le règne végétal; les zoologistes ne les acceptaient que 
sous caution, enfin, des conciliateurs prétendaient les caser 
dans un règne intermédiaire; bref, on en était aux conjectures 
par rapport à ces êtres singuliers qu'on croyait engendi'és 
spontanément, et on se contentait de décrire leur forme exté- 
rieure. — Nous aimons à rappeler ici qu'un des livres les 
plus importants de ce genre parut en Belgique il y a deux 
siècles; François Van Sterbeeck, son auteur, publia en 
flamand, en i675, son Theatrum Fungorum accompagné 
de nombreuses figures (1). Depuis ce temps, la science a fait 
bien du chemin , et nous ne savons où elle s'arrêtera. 
A partir surtout du commencement de ce siècle, le domaine 
mycologique s'est fort étendu ; aux gros champignons connus 
du vulgaire, sont venues s'adjoindre une foule de produc- 
tions minimes que le microscope nous a dévoilées. Ici^ des 
moisissures envahissent toutes les matières qui se corrompent, 
pour les faire disparaître; là, elles dévastent nos champs de 
pommes de terre et nos vignes; la rouille, le charbon, Yergot, 



(I) Theatrum Fungorum, oft het Tooneel der Campemoelien; in-i», 
Antwerpen, J675. 



# 






( 347 ) 

s attaquent à nos céréales ; les fermentSy à leur tour, jouent 
un rôle des plus importants. Nous passons sous silence des 
milliers d'autres parasites dont on ignore la mission. Tous ces 
êtres mystérieux ont fait invasion dans cette grande classe des 
champignons, et les labeurs de la science ont assigné leur place 
aux plus infimes d'entre eux et enregistré leur signalement, 
afin de ne les plus méconnaître; on leur a reconnu des organes 
reproducteurs comme aux plantes les plus élevées, et la géné- 
ration spontanée s'est de nouveau retirée confuse. 

La science semblait progresser et les catalogues s'enrichis- 
saient chaque jour d'espèces nouvelles. Cependant , depuis 
quelques années, on s'aperçoit qu'on a fait fausse route. Ces 
êtres, tout petits qu'ils sont, ou plutôt à cause de leur petitesse 
même, ont mystifié les savants. Les mêmes espèces sont venues 
se faire inscrire plusieurs fois sous des formes diverses; mais 
la police scientifique, toujours aux aguets, en a surpris un 
certain nombre, elle a suivi pas à pas toutes leurs démarches 
et dévoilé leurs ruses. A partir de ce moment, les botanistes 
de tous les pays sont en éveil, et toute découverte en ce genre 
est une bonne fortune. 

Le mémoire de M. Carnoy, qui nous occupe en ce moment, 
répond à cet appel général et, comme nous le verrons, aucun 
travail en ce genre n'a apparu aussi complet et n^a été conduit 
avec plus de prudence et de sagacité. 

V. 

Historique. — Il importe avant tout de reconnaître les pre- 
miers pas que la science avait faits dans la voie des transfor- 
mations au moment ou parut le travail de M. Carnoy. Ici, nous 
sommes obligés d'entrer dans des détails purement scientifiques 
et de recourir à des termes qui ne seront bien compris que 
des initiés. 



( 548 ) 

A.-i. CoBDA, de Prague, a le premier trouvé plusieurs espèces 
de fructifications ou spores sur un même champignon (sur le 
Pénicillium glaucum, en 1837, et sur VAscophora elegans, 
en 1839), mais sans y attacher d'importance : il regardait la 
chose comme purement fortuite (1). 

En 1852 (2), le docteur Spring avait rencontré une Mucédinée 
dans un œuf de poule frais; il ne put la déterminer, parce que 
les organes de fructification y faisaient défaut. Il fit entrer 
une partie de ce champignon dans un tnhe en verre contenant 
quelques gouttes d*eau distillée, et il obtint un Periconia; une 
autre partie, introduite dans un tube avec du bbnc d'œuf, lui 
donna un Periconia et un Aspergillus. L'intérieur de la coque 
de Tœuf donna naissance à un Aspergillus et à un Sporotri- 
chum. Il inocula aussi diverses fractions de la Mucédinée 
primitive à des œufs frais, dans lesquels il récolta ensuite des 
Hemiscyphey des AspergilluSy des Periconia, des Mucor.., Il 
est k remarquer que la portion inoculée était restée intacte, 
et se trouvait placée à Topposite des nouvelles productions. 
Des fragments détachés des différentes formes obtenues du 
protée en question furent enfermés dans des tubes, et d'autres 
productions apparurent. — Spring comptait poursuivre ses 
recherches (p. 570), et il promit de les faire connaître dès 
qu'il aurait entrevu une règle là où, comme il le disait, 
tout semblait être caprice. Il se contenta de conclure à la 
mutabilité des formes c non-seulement dans les limites du 
genre, mais dans celles de la famille et même de Tordre » 
(p. 571). Deux ans plus tard, il revint sur cette conclusion 
qu'il maintient contre ses adversaires (3). — Comme on le voit. 



(1) Icônes Fung,^ I,p. 2J ; III, p. U. 

(2) Bull, de l'Académie, t. 19, I; pp. S33-573: Des champignons qui se 
développent dans les œufs de poule. 

(3) Ib., t. 21, I, p. 213 : Rapport sur une dissertation relative à Cespèoe 
et aux variétéê. 



( 349 ) 

ces expériences, faites sans précautions suffisantes, ne don- 
nèrent que des résultats douteux, ce qui explique pourquoi la 
science n*a pu en tenir compte. 

Il faut arriver à M. L. Tulasne (i86i) pour voir comnaencer 
les recherches sérieuses sur le pléomorphisme des champi- 
gnons, c'est-à-dire, sur la faculté qu'ils ont de se reproduire 
par plusieurs sortes de semences (0. Il a surtout étudié les 
Ascomycètes. Il a découvert à côté des thèques d'autres appa- 
reils fructifères de nature mucédinécnne et connus sous le 
nom de conidies, mais il n*ose assurer Tidentité de ces appareils 
avec ceux des vraies Mucédinécs; il les considère seulement 
comme un mode accessoire de reproduction, et non comme des 
Mucédinécs véritables (p. 75). 

M. DE Bary (2) ne va pas même aussi loin que M. Tulasne, et 
il recommande beaucoup de prudence dans les conclusions 
à tirer sur ce point. 

Eugène Coehans refusait aussi d'admettre la métamorphose 
des Mucédinétis véritables en Ascomycètes et Hyménomycètes. 
c La chose est impossible, > disait-il, et c'est pour ce motif qu'il 
n'a jamais consenti à présenter le travail de M. Carnoy à 
l'Académie. 

Pour arriver à une conclusion aussi extraordinaire, M. Car- 
noy a d'abord étudié le développement des Ascomycètes et des 
Hyménomycètes; ensuite, il a semé ses Mucédinées, et suivi 
leur développement heure par heure jusqu'à l'enroulement des 
tubes mycéliens et leur transformation en corps polycellu- 
laires : ces corps sont la première étape des Ascomycètes et des 
Hyménomycètes. Pour n^étre pas victime d'une illusion^ il a 
renouvelé son expérience plus de cent fois. 

Déjà les Mucorinées avaient présenté plusieurs fructifications 



(1) Selecta Fung. Carp., t. l,Proleg., c. VI, p. iô,... 

(2) Morph. undPhyiiol, der PiUe, p. 174. 



( 3o0 ) 

iDucédinéennes : — M. db Bary avait trouvé ÏAspergillus 
maximys avec le SyzyjUes megaiorarpusW; M. Wopo.nin a 
rencontré le Chaelocladium sur le Mucor Mucedo (2) ; E. Coe- 
MANS a découvert, à sou tour, une forme inucédinéenne (3). 
Enfin M. Bail^^j prétend avoir trouvé de la levure de bière 
(llormiscium Cerevisîae) provenant du Mucor Mucedo, M. de 
Bary proteste contre celte production de levure, malgré les 
assertions positives de M. Hoffmann, de Giessen et de M. Hal 
LIER, d'Iéna(5). — M. Hallier(<>) a montré que le Rhizopus 
nigricansy semé sur des tranches de pommes de terre, donne 
la levure connue sous le nom de Micrococcus (p. 298). Il fait 
voir aussi (p. 296) qu'un Pénicillium donne un Botrytis, 
que VOidium de la vigne donne un Botrytis et un Pénicil- 
lium (p. 298), et que le Stysanus a également deux formes 
(p. ^56); enfin il a trouvé que le Pénicillium crustaceum 
donne des macroconidies d*où sort le Mucor racemosus 
(p. 265). Dans tout ce que M. Hallier a publié, il n'y a qu'un 
seul point qui touche à la transformation des Mucédinées 
en Mucorinées, k savoir les macroconidies du Pénicillium 
crustaceum qui y en germant, donnent un Mucor; tout le reste 
n'a trait qu'à des transformations de Mucédinées en Mucédi- 
nées ou d'Ustilaginées en Mucédinées, ce qui revient au même, 
attendu que les Ustilaginées ne sont, par leurs spores externes 
et en chapelet, que de vraies Mucédinées. 

Ce n'est pas tout : la manière de procéder de M. Hallier, 
dans ses expériences, n'est pas à l'abri de l'erreur : il sème en 



(i) Beitrag e Zur MorphoL , I. . . 

(2) Ibid, n,p. 18. 

(3) Mon. du genre Pilobolus, 

{i) Novaacta Acad, Naturae Cur., t. 28, p. 175. 

(5) Choiera Contngium. 

(6) Phylopaloiogie. 



( 381 ) 

vase clos des semences qu'il croit pures, puis il examine le 
résultat final ; ce mode d'opérer a donné prise aux critiques de 
MM. de fiary et Hoffmann et de M. Carnoy lui-même (0. On sait 
qu'il est presque impossible d'avoir des semences à l'état de 
pureté; en outre, des corps reproducteurs de toutes les sortes 
sont en suspension dans l'air, et peuvent se mêler aux semis 
au moment où l'on y prend des préparations. — Une seule 
méthode est véritablement scientifique et irréprochable, c'est 
de voir de ses yeux le tissu s'accroUre et se transformer. 
Cette méthode n'était pourtant pas ignorée et plusieurs fois on 
l'avait mise en usage, mais dans des limites fort restreintes; 
M. Carnoy seul a eu le courage et la patience de l'employer 
pendant deux années consécutives, enchaîné en quelque sorte 
à son microscope, consacrant quatorze heures chaque jour à 
ses recherches, et menant de front jusqu'à cent cultures k la 
fois dont il suivait pas k pas le dévcloppement4 

Le docteur Léveillé avait dit (2) « qu'on aurait résolu le plus 
difficile problème de la mycologie, si on était parvenu à faire 
lever, croître et fructifier une seule spore ; > or, ce sont des 
milliers de spores que l'auteur est parvenu à faire lever, 
croître et fructifier dans tous les milieux possibles. 

VI. 

Mais il est temps de faire connaître plus en détail l'impor- 
tant mémoire de M. Carnoy. « Les recherches de l'auteur, dit 
le D*" Spring dans son rapport inédit, ont porté principale- 
ment sur une nouvelle et remarquable espèce de Mucor, qu'il 
a rencontrée lors de son séjour k Rome, et que, a cause de 
cela, il appelle Mucor romanus. Il en a étudié la structure au 



(1) Introd. à son mémoire, p. 6,... 

(2) Ann. des Se, nat,, 2« série, t. 8, p. 321 



( 552 ) 

moyen des meilleurs procédés en usage dans Phistologie 
végétale moderne; il en a suivi les diverses phases de dévelop- 
pement, et, h Taide de patients essais de culture, il a non- 
seulement élucidé tout ce qui concerne la maturation et la 
germination des spores, mais encore démontré le polymor- 
phisme de Tespèce, en le rattachant à Tinfluence des milieux 
où les individus se développent. » — Telles sont les paroles 
de Spring, que nous aimons h reproduire, parce qu'il était 
nommé pour faire partie du jury lorsque la mort est venue 
nous Tenlever. 

Écoutons maintenant Fauteur lui-même : — < Tour à tour 
simples cellules sous forme de levure, humbles Mucédinées 
sous les dehors les plus variés, gracieux Mucor, Ascomy cèles 
ou Hyménomycètes des plus parfaits, ces petites plantes se 
jouent de la patience la plus héroïque. > — Nous avons dit 
que Fauteur ne connaît ici qu'un seul critérium de certitude : 
il faut voir de ses yeux la transformation s'opérer. Les pré- 
cautions de M. Pasteur auraient été complètement inutiles; 
elles auraient, en outre, mis la plante dans un état violent 
et contraire à la nature. : la continuation de tissu peut seule 
donner la certitude en cette matière. 

Les modernes ont divisé les Champignons en cinq classes : 
les Mucédinées, les Mucorinées, les Ascomy cèles, les GaslérO' 
my cèles et les Hyménomycètes. — Le travail de M. Carnoy 
regarde plus spécialement les Mucorinées, qu'il étudie surtout 
dans leur plus illustre représentant, le Mutor romanus, et les 
pages qu'il lui a consacrées renferment un petit traité d'ana- 
tomie et de physiologie comparées des Mucorinées. 

VU. 

i'« Partie. — Anatomte, — Dans cette partie, nous signa- 
lerons particulièrement comme propres à Fauteur : 



( 35S ) 

i** La découverte d'une cuhci//e chez les Mucorinées (pp. 16 
et 17); 

2<* La découverte des couches (tépaississement qui s'effeuil- 
lent sous riiifluencc des réactifs (pp. 18 et 19) : ceci est fonda- 
mental pour rhîstologie des iVIucorinées ; 

5*> On prétendait que Tiode et Tacide sulfurique ne colo- 
raient pas en bleu la membrane des Champignons ; Coemans 
n'a cédé qu'à l'évidence d'une préparation faite sous ses yeux 
par l'auteur ; 

4*> On ignorait la constitution d'un sporange chez les Muco- 
rinées ; l'auteur l'a dévoilée, grâce à l'exfoliation des mem- 
branes tubuiaires et sporangiales (pp. 29, 30, 1 14 et 115); il a 
montré que la membrane sporangiale demeure ce qu'elle était 
lorsque la columelle s'est formée ; 

5*> Il a fait connaître également la structure de la columelle, 
sa formation par une cloison analogue k celles du mycélium, 
et son développement par couches d'épaississement déposées 
seulement à sa face inférieure (pp. 5:2, 112 et 115). A propos de 
cette découverte, M. le D^ firefeld, de Halle, écrivait à l'auteur 
qu'il avait, contre toute attente, tranché le nœud gordien des 
Mucorinées; qu'on sentait, enlisant les pages 112 et 115,. 
que c'était bien la vérité (0. 

Vin. 

2« Partie. — Physiologie. — Voici la thèse de l'auteur : 
< Une espèce quelconque de champignons doit, pour par- 
courir le cycle entier de son développement, passer par diffé- 
rents milieux, et revêtir successivement quatre ou cinq formes 

(1) Lorsque Pauteur parle de la membrane primitive et des couches 
tTépaisiittemenl, i\ n'a nullement Pintention de se prononcer en faveur de 
raccroissement par juxlapotilion; comme M. le professeur Nageli, de 
Munich, il admet des couches superposées, formées primitivement, les- 
quelles se nourrissent ensuite par iniusstuception, 

27 



( 354 ) 

générales, dont on avait fait jusqu'ici autant de classes». 
— Il range toutes ces formes en deux groupes : i" formes 
mucoréennes, 2* formes mucçdînéennes : cette division est 
propre k l'auteur. — 11 regarde la forme mucédinéenne 
ordinaire (Mucédinées), la forme ascomycélienne {Ascomy- 
cètes, PyrénomycèieSj etc.) et la forme hyménomycélienne, 
comme des fructifications mucédinéennes se développant sur 
un seul et même mycélium mucédinéen : celui-ci , après 
avoir donné une Mucédînée ordinaire, donne Tune ou 
l'autre des deux autres formes (pp. 164 et 165). — La forme 
mucoréenne, k son tour, comprend différentes formes prove- 
nant d'un mycélium mucoréen, — On peut passer de diverses 
manières d'une de ces formes à l'autre. — Une espèce mycolo- 
gique a donc deux vies, l'une mucoréenne et l'autre mucédi- 
néenne, qui correspondent aux deux mycéliums que l'auteur 
définit et caractérise nettement (pp. 142-150). La transforma- 
tion de ces deux mycéliums donne la raison, inconnue jus- 
qu'ici, des faits isolés de transformation observes par d'autres. 

!. Vie mucoréenne. — Tout ce qui concerne le déveljppc- 
ment des tubes sporangifèrcs est entièrement neuf (pp. 45-81): 
c'est le résultat d'un travail incessant et pénible, tant de nuit 
que de jour ; fatigant surtout pour la vue, h cause des mesures 
sans nombre qu'il a fallu prendre, et des grossissements con- 
sidérables auxquels il a fallu avoir recours. 

Le développement des tubes sporangifèrcs est divisé en trois 
périodes bien distinctes (p. 48). On ne peut lire sans le plus 
vif intérêt les lois de ces différentes périodes, ainsi que les 
détails sur les effets du grand allonf;emcnt qui sVffectue dans 
la troisième période (p. 71), et sur la cause qui le produit, de 
même sur la part de la t^te dans ce pbénoniène. •— A ce 
propos, nous rappellerons encore quelques mots de Spring : 
« M. Carnoy, dit-il, a surtout bien compris ce point ; il s'est 
élevé, k propos des limites qui séparent les unes des autres 



( 3S5 ) 

les forces physiques et la force vitale, à des considérations 
philosophiques que j*osc particulièrement recommander k 
rotlf'ntion du lecteur. > (Rapport inédit,) 

La formation des spores (pp. 90-95, 97-105), ainsi que leur 
nutrition et leur mnturntion n*avaicnt pas été traitées sérieuse- 
ment jusqu'alors. — Coemans avait fait connaître la déhisccnce 
chez le Pilobolus; on n'avait rien de fixe pour les autres 
genres avant que Tauteur eût démontré le grand allongement 
et la diminution des spores pendant leur maturation, etc. 

Un autre point très-important résulte de la distinction entre 
les formes mucoréennes principales et les formes secondaires 
(p. 128). La forme principale se reproduit directement; il n'en 
est pas de même des formes secondaires; elles ne sont donc 
pas autonomes, mais destinées a reproduire directement la 
forme principale. M. Carnoy divise ces formes secondaires en 
deux groupes: 1" formes sporangiules (le Thamnidium et les 
Hydrophora, parmi lesquels il range le Mortierella polycephala 
de Coemans) ; 2" formes non sporangiales ou acrogènes (macro- 
conidies). A propos des formes secondaires du Mucor romanus. 
Fauteur étudie à fond la formation si curieuse des macroco- 
nidies et leur segmentation ; il les divise en plusieurs groupes : 

1» Macroconidies tiibulaires ou chlamydospores (p. 129), qui 
se développent sur place, en un rameau latéral portant un 
sporange ; 

2** Macroconidies mycéliennes, qui se produisent sur le 
mycélium (p. 150); 

5** Macroconidies sans mycélium (p. 155). 

Jusqu'ici on n'avait sur ce point que des idées très-confuses 
et tout à fait erronées. 

IL ViEMUCÉDiNÉENNE — Ici Pautcur abordc les véritables nte/a- 
morphoses. Les formes mucoréennes primaires et secondaires 
ne sont pas les seules que revêt le Mucor romanus; dans bien 



( 356 ) 

des circonstances, sa mélninorpliose est complète, et il faut 
avoir assisté à son travestissement pour y ajouter foi. — Les 
transformations signalées jusqu^ici par quelques mycologues 
n'étaient que des faits isolés que rien n'expliquait, que rien ne 
reliait entre eux, et puis, la plupart ne donnaient que des 
résultats incertains par défaut de bonnes méthodes. L*auteur a 
cherché le pourquoi^ le comment^ en un mot, les lois qui pré- 
sident aux métamorphoses, et il parait avoir atteint ce but. 
Cest l'influence du milieu où Von cultive les champignons qui 
détermine l'apparition de telle ou telle forme (p. 150); c'est 
ainsi qu'un Mucor donnera une Mucédinée, puis un Ascomy- 
cète ou un Hyménomycète, etc. En général, les formes muco- 
réennes exigent un sol riche; si la nourriture vient à manquer, 
la forme mucor revêtira la forme pénicillienne^ ou une autre 
forme mucédinéenne inférieure. 

Pour chaque transformalion, l'auteur détermine nettement 
les conditions requises; il montre comment on peut passer 
d'une forme à l'autre et revenir à la première, et il est amené 
par une foule d'expériences à ériger en loi générale cette 
transformation des Mucor. Jamais pareil travail n'avait été 
fait, et lorsqu'on a avancé que plusieurs formes donnaient le 
Pénicillium, on n'a jamais décrit cette transformation, ni 
étudié ses circonstances, ni formulé ses lois. 

Qui ne voit ici l'analogie frappante qui existe entre les trans- 
formations des champignons dévoilées par M. Carnoy, et celles 
qu'a si bien démontrées M. P. Van fieneden chez les vers 
intestinaux? C'est dans les rangs inférieurs des deux règnes 
que ces métamorphoses ont lieu, et c'est le changement de 
milieu qui les détermine. 

Quant k la forme Botrylis, aucun mycologue n'avait trouvé 
une Mucédinée qui, en germant, donnât directement un 
Mucor; l'auteur en a découvert trois formes. Cette transfor- 



( 357 ) 

mation est fondamentale, puisqu'elle nous fait voir une Mucé- 
dinée \éri(ablc, et en mc^mc temps une des plus caractéristiques 
du groupe, qui, au Heu de se reproduire, donne toujours la 
forme Mucor dans un milieu convenable. C'est aussi sur cette 
forme Dotrytis que l'un rencontre le plus facilement les tubes 
enroulés par ou débutent les Ascomycètcs et les Hyménomy- 
cètes. L'auteur trouve donc ici réunies sur un même mycélium 
les trois grandes classes de Champignons, connues sous les 
noms de Mucédinées, MucorinéeSy Thécasporées. » Récemment 
encore, dit M. le professeur Murtens, de Louvain, nous avons 
vu M. de Bary nier rexistence d'une parenté entre le Mucor, 
le Pénicillium et le Bolrytis : M. Carnoy me semble établir 
cette parenté d'une manière péremptoire (Rapport inédit). » 

Nous nous résumons : les formes fondamentales des Mucédi- 
nées dérivent directement des Mucor, Tout champignon a un 
mycélium mucoréen et un mycélium mucédinéen, qui passent 
l'un à l'autre suivant le milieu où ils se trouvent. Tout cham- 
pignon a une forme levure. La forme levure, la forme mucédi- 
néenne véritable, et les formes oscomycétienne et hyménomy^ 
cétienne dérivent toutes du mycélium mucédinéen, qui, après 
avoir donné des Mucédinées, enroule ses tubes et forme ces 
amas cellulaires, qui ne sont que le commencement d'un Asco^ 
mycète ou d'un ffyménomycète. 

Enfin, le travail de M. Carnoy est accompagné d'un grand 
nombre d'excellentes figures, toutes dessinées au microscope 
au moyen de la chambre claire, avec la plus scrupuleuse exac- 
titude, et k un grossissement très-exactement mesuré : ce qui, 
aux yeux de Schacht {Das Mikroscop)^ est absolument néces- 
saire pour donner aux dessins microscopiques une yaleur réelle 
et sérieuse. 



( 358 ) 

IX. 

L*eiposë que nous venons de faire nous montre un travail 
entièrement origfnal, bien conçu, bien coordonné cl menant 
à des résultats très-importants et tout à fait inattendus. Telle 
est aussi Topinion des deux commissaires nommés par la 
Société royale de Botanique. — C'est, aux yeux de M. le pro- 
fesseur iMartens, c une monographie fuite avec une habileté 
et un savoir auxquels il se plaît à rendre hommage, et pleine 
de faits, les uns entièrement nouveaux pour la science, les 
autres rais dans une lumière nouvelle par d'habiles recher- 
ches (Rapport inédit), » — Le D^ Spring, à son tour, apprécie 
c la solidité et la valeur exceptionnelle de ce mémoire. > 

< Letude anatomique et physiologique des Hyphomycètes, 
ajoute-t-il, mérite d'être encouragée, tant au point de vue des 
doctrines générales qu*à celui des applications extrêmement 
importantes qu'en attend la pathologie générale ou philoso- 
phique. En effet, par la simplicité de leur structure et la 
rapidité de leur développement, ces végétaux inférieurs 
dévoilent, mieux que les autres, les lois de la cellule et les 
conditions essentielles de la vie, tandis que^ giâce au rôle 
pseudo-parasitaire qu'ils jouent évidemment dans le plan de 
la création, ils nous font pour ainsi dire assister aux phéno- 
mènes de la déchéance organique qu'on appelle la maladie...» 

c Je crois avoir été des premiers (c'est toujours Spring qui 
parle) k signaler le polymorphisme des Mucédinées, fait que 
M. Haljier a élevé depuis au rang de doctrine, sans s'arrêter aux 
objections d'autres mycologues, pas même k celles de M. de 
Bary. D'accord avec le premier commissaire, je pense que le 
mémoire de M. Carnoy servira k établir cette doctrine d'une 
manière péremptoire.... » — Enfin, Spring termine en disant : 

< Il n'est pas besoin d'insister sur la portée très-grande 
qu'auront nécessairement les résultats qu^il a obtenus. •» 



( 3S9 ) 

Telles sont, M. le Ministre, les considérations qui ont motivé 
' le jugement du jury. — Les connaissances de Tauteup, son 
habileté consommée dans le maniement du microscope, le 
temps et les soins qu'il a prodigués à son œuvre, sont un sûr 
garant de la portée scientifique de son travail. En 4849, M. £1. 
Pries faisait ressortir l'importance de Tétude d*une seule espèce 
dans toutes les phases de son développement (0; M. Garnoy 
n*apas craint d'aborder une pareille tâche, et nous avons vu 
avec quel succès. Sans doute la science n'a pas dit son dernier 
mot sur cette question; mais la manière claire et méthodique 
dont le sujet est traité en rend le contrôle facile à quiconque 
aurait le temps et la patience de répéter les expériences de 
Pauteur. Aussi, les mycologues de profession, qui, depuis deux 
ans, ont entre les mains le travail de M. Garnoy, n'ont-ils 
jusqu'ici contesté aucune de ses assertions (2). — On peut 
considérer le mémoire en question comme le travail d'ana- 
tomie et de physiologie végétale le plus remarquable qui 
ait paru jusqu'ici en Belgique, et si une œuvre aussi difficile 
et aussi rebutante n'avait pas été encouragée, aucun auteur 
n'aurait pu se résoudre à aborder désormais de pareilles 
questions, et leur mise au concours n'aurait plus rien de 
sérieux. 

Agréez, Monsieur le Ministre, l'assurance de nos sentiments 
respectueux^ 

MM. J.-fi.-J. d'Omalius, président; £. Candèze; 
fi. DU fius; fi. Du Mortier; T. Gluge, membres ; 
J.PuTZEYS, secrétaire; A. BellVnck, rapporteur. 

(i) Summa Veg. Scand,, p. 427. 

(2) M. Hoffmann, de Giessen, dans sa Revue Mycologique, vient de consa- 
crer tout récemment un long article au travail de M. Carnoy ; il en donne 
une analyse complète et s'étend avec complaisance sur les plus petits 
détails. (Mykologfsche Berichte, von Herm. Hoffmann, IÎI, 1871, pp. 6-15, 
n» 9, 1872.) 



( 360 ) 

Notes de wojfkge recaelllles par T. Caroel mur 
quelques Jardins el llla«ées bolanlqoes. — Dans 
un voyage que j*ai fait cet automne en Angleterre, en 
passant par rAilomagne et revenant par la France, j ai eu 
Toccasion de recueillir quelques notes sur des Jardins et des 
Musées botaniques qui ne sont pas généralement connus en 
Italie; je les transcris ici, convaincu que les botanistes Italiens 
seront heureux de les connaître; ces notes, à raison de la ma- 
nière dont elles ont été recueillies, ne peuvent être ni aussi 
complètes, ni aussi précises que celles que pourraient fournir 
les directeurs des Jardins et Musées s'ils s'imposaient la tâche 
de s'assurer de la véritable situation des établissements qui 
leur sont confiés et d'en donner connaissance au public. 

I. Belgique. 

Dans ce pays, si remarquable pour la science horticole, j'ai 
visité tous les principaux Jardins tant scientifiques que de 
commerce. Le nouveau Jardin botanique de Bruxelles prime 
tous les autres. Il y a peu de temps encore, il appartenait à une 
Société d'horticulture, mais au commencement de 4870, il fut 
acquis par le Gouvernement pour la somme d'un million de 
francs, dans le but d'y créer un établissement scientifique de 
premier ordre. Il a une étendue de plus de 5 hectares et est 
placé dans une situation remarquable, le long d'une des ave- 
nues qui entourent la ville, sur le penchant d'une colline, qui, 
par tles terrasses régulières, descend du point le plus élevé, où 
sont les serres, jusque dans le bas, où se trouve un petit lac 
entouré de pelouses et de bosquets naturels. Il sert de prome- 
nade publique et ainsi que je l'ai dit, il était il y a peu de temps 
un Jardin d'horticulture ; c'est ce qui explique la prédominance 
que l'on y remarque de la partie ornementale dans les cultures 
et la présence de beaucoup de plantes de vente, tandis que 



( 361 ) 

rÉcole de botanique est assez restreinte; mais nous croyons 

* 

que le Directeur du Jardin, M. le professeur Boni mer, a l'in- 
tention d'y porter un prompt remède en plantant une nouvelle 
Ecole botanique plus étendue et plus complète; cependant 
qurint à ce qui regarde la partie décorative, il ne lui sera 
probablement pas facile de se soustraire à cette influence 
prépondérante de rhorticulturc sur la botanique , qui est 
très-sensible dans ce pays ainsi qu*en Hollande. Tel qu'il 
est, le Jardin a un fort bel aspect auquel contribue beaucoup la 
grande serre. qui est vraiment monumentale ; c'est un palais de 
cristal, s*étcndant sur une longue ligne, d'une hauteur bien 
proportionnée et dans le milieu duquel se trouve une grande 
coupole. Cette serre ainsi que les autres plus petites qui sont 
nombreuses, sont toutes de bonne et moderne construction, 
c'est-à-dire, de fer et verre, avec une lumière également répar- 
tie et de bons systèmes de chauffage. On y voit réunies de 
remarquables collections de plantes dont la belle végétation 
provoque Tadmiration. Là se trouvent les grands Palmiers et 
les Cicadécs qui ne font défaut dans aucun Jardin du Nord, 
des plantes rares de tous genres et surtout d'innombrables 
Fougères; en somme, pour les plantes de serre chaude, c'est 
une des premières collections de l'Europe. 

Derrière une partie de la grande serre, se trouve une galerie 
spacieuse et bien ornée que l'on dispose en ce moment pour y 
réunir les herbiers déjà importants possédés par le Jardin. Ce 
sont d'abord l'herbier général du célèbre von Martius, acquis 
récemment parle Gouvernement Belge pour la somme de 52 
mille francs; ensuite ceux de Lejeune, de Galeotti, de Clausen, 
de MademQiselle Libert et du comte de Limminghe, très-riches 
en cryptogames, d'autres où se trouvent les plantes de Bové, de 
Thuillier, etc. Tous ces herbiers vont être réunis en un seul ; 
c'est là une mesure très-avantageuse certainement pour l'étude 



( 362 ) 

et qui devrait être prise pour tous les herbiers à Texception de 
ceux qui auraient servi à la rédaction de quelque travail spécial. 
Dans rherbier de firuxelles, un timbre particulier apposé 
sur rétiquctte indique duquel des herbiers ci-dessus cités 
provient chaque exemplaire. Les étiquettes sont collées sur le 
papier sur lequel les plantes se trouvent fixées au moyen de 
bandelettes de papier gommé; c*est le système généralement 
suivi pour les herbiers dans ce pays, en Allemagne, en 
Hollande, etc. 

Des collections déjà considérables de produits végétaux, de 
fruits, etc., devront prendre place dans le même local. 

Le Jardin dispose d'un budget annuel d*environ 50 mille 
francs, dojit trois cinquièmes pour le personnel et le reste 
pour le matériel. Le personnel comprend : un conservateur 
ou directeur, trois aides-naturalistes, un préparateur, un chef 
des cultures, un portier, deux gardiens et 19 jardiniers de 
divers grades. Les dépenses pour le Jardin se montent à 
environ 10 mille francs; sept mille francs sont consacrés à des 
acquisitions pour les collections; le reste est appliqué aux 
réparations intérieures et aux dépenses imprévues. 

Pour les dépenses considérables de restauration, d*autres 
allocations sont accordées. Ainsi, en ce moment, on renouvelle 
l'appareil de chauffage des grandes serres dont les frais 
s'élèveront k 100 mille francs (I). Le produit de la vente des 
plantes est alloué k l'établissement pour augmenter ses 
ressources (2). 



(1) Les dépenses de cet appareil sont évaluées trop haut. Le travail 
n*étant pas encore terminé, il n*est pas possible d*en fixer le prix 
exactement, mais il restera certainement beaucoup au-dessous de cette 
évaluation. {^ole du traducteur.) 

(2) Autrefois, il en était de même dans les Jardins botaniques d*ItaIiCf 
qui avaient recours à la vente des plantes pour augmenter un peu leur 



( 363 ) 

Avec de telles ressources, il n'est pas douteux qu'avec 
une direction intelligente et active le Jardin de Bruxelles ne 
devienne en peu damnées un des premiers centres des études 
botaniques en Europe. Là, comme à Kew, se rendront les 
botanistes qui voudront entreprendre ces travaux qui néces- 
sitent de grandes collections de plantes vivantes, de plantes 
sèches et do livres. La seiense conservera un souvenir recon- 
naissant de rintelligentc libéralité du Gouvernement Belge, 
qui a eu la bonne fortune d*avoir été éclairé, en cette occasion, 
des conseils d'un botaniste bien connu^ IVI. Du Mortier, prési- 
dent de la Société de Botanique de Belgique, qui est en même 

temps un homme politique influent dans son pays 

H. D*"**. 

Aperçn mnr la flore bryologiqae da Ben-Lawers. 
— Le BenLawcrs est la montagne la plus remarquable des Iles 
Britanniques par la richesse de sa flore. Grâce aux facilités 
des communications, il est aujourd'hui fréquemment visité 
par les botanistes anglais. Comme il peut arriver qu'un jour 
la Société royale de Botanique fasse une excursion dans les 
montagnes de TÉcosse, je crois que mes honorables confrères 
accueilleront avec faveur le résultat de quelques recherches 
bryologiques que j*ai faites sur le Ben-Lawers. 

Le Ben-Lawers est d'une ascension facile. Du côté méridio- 
nal, ses pentes gazonnées ou couvertes de bruyères sont peu 
rapides ; des autres côtés, se trouvent des rochers peu escarpés 
et qu'il est facile d'escalader. 

budget toujours restreint et souvent misérable; ju«:qu*au jour où la sagesse 
fiscale de notre Gouvernement ordonna que le produit de ces ventes ne 
profiterait plus aux Jardins, mais serait versé dans la caisse de TÉtat. A 
partir de ce moment, la vente des plantes cessa naturellement en. peu de 
temps et partout (si je ne me trompe) TÉtat n*y gagne rien et les Jardins 
y perdent. 



( 364 ) 

C'est probablement à la nature minéralogique de ses roches, 
qui sont formées de mîeascbiste, que eclte montagne doit, en 
grande partie, ses rîrhesscs bryologiques. Sous le rapport 
phanërognmique, le Ben-Lawers est également remarquable, 
mais les espèces rares, autrefois abondantes, sont devenues 
clair-semées à cause des (ré(|uentes herborisations dos bota- 
nistes et surtout par suite des récoltes qu*y viennent faire 
certains marchands de plantes alpines. 

Le massif du Ben-Lawers présente trois sommets, dont le 
plus élevé, placé k Touest, est le Ben-Lawers proprement dit: 
les deux autres portent les noms de Craig-na-Lochan et Craig- 
na-Gour. Au pied de ce massif, se trouve le petit lac nommé 
Loch-na-Gat. 

Le plus élevé de ces sommets est le plus riche sous le rapport 
floral et c*est principalement du côté de Touest, où il domine 
un profond ravin, qu*on trouve les Mousses les plus rares. 

En remontant le ravin, à partir de la grande route qui le 
traverse, à une demi lieue il Touest de Tauberge du Lawers, 
on observe le Bryum cirrhatum. Mais c'est surtout en arrivant 
à la naissance du ravin, au pied du sommet du Ben-Lawers, 
qu'on commence k observer de rares espèces. Tout au fond de 
la vallée supérieure, sur les rochers à droite, on découvre les 
Timmia norvegica, Ifypnum cirrhosum, Grimmia funalîs et 
Bryum demissum. Dans les pelouses et les fentes des rochers, 
on remarque les espèces suivantes : 



Spbagnum Girgensobnii, 
Dicranum longifolium, 

— fuscescens, 
Toitula fragilis, 
Heterocladium dimorpbum, 
Leskea nervosa, 

— atrovirens, 



Hypnum imponens, 

— glareosani, 
Myu relia julacea, 

— apiculata, 
Hylocomium umbratum, 

— Oakesii. 
Bracbythecium reflezum, 



Mnium spinosum, | Campylopus deosos. 

Hypnum plicatum, j 



( 365 ) 

Le sommet du Ben-Lawers peut être facilement atteint. Sa 
mousse la plus remarquable est VEncalypta rhabdocarpa. Si 
Ton redescend du côté du nord-ouest, on doit suivre un petit 
ravin appelé Ordnance Ravine 0), qui est très-riche en 
mousses. Entre autres espèces, on y trouve le Zygodon lappo- 
nicus et le très-rare Slylostegium raespititium, qu'il ne faut 
pas confondre avec les petites formes du Blindia acuta, 
espèce très-abondante dans cette localité. ' 

Les bords du Loch-na-Gat peuvent faire Tobjet d*une seconde 
excursion. On parvient facilement à ce lac en suivant un sen- 
tier qui traverse la vallée à Test de Tauberge du Lawers. 

Dans les tourbières le long du sentier, on observe les 
Bryum turbinalumy Splachnum sphaerkum et Polytrichum 
septentrionale • 

Si du lac, on fait Tascension du Graig-na-Gour, on trouvera 
à la base de celui-ci les Plagiotheciuui Muehlenbeckii, P. puU 
ehellum^ P, syhaticum et Grimmia païens; vers le sommet, 
les Weisia crispula, Racomitrium sudeticum et Conostomum 
boréale. 

Si Ton remonte le ruisseau qui descend du Ben-Lawers dans 
le lac, on rencontrera, dans sa partie supérieure, les Hypnum 
arcticum et Cinclidium stygium. 

Sur les rochers qui dominent les bords du lac, on observe 
les Hypnum trifarium, Orthothecium rufescens et Cynodon- 
tium virens, 

A un quart de lieue au-dessus de Tauberge du Lawers, sur 
les flancs du Ben-Lawers, se trouve un petit bois de sapins, le 
seul qui existe sur cette montagne. Dans ce bois, sur les 
rochers, on observe les Beterocladium heteropterum et Cam- 



{[) Ce nom a ëté donné à ce ravin, parce que des ingénieurs chargés de 
travaux géodéaiques y avaient fait élever des cabanes. 



( 366 ) 

pyloptts densus; dans les tourbières qui sont situées à la 
lisière, végètent les Sphaynum Girgensohnii et 5. teres. 
Au-dessus du hoîs, sur les flânes de la montagne, on rencontre 
les espèces suivantes : Mnium cinclidioides^ Dissodon splach- 
noides, Catoscopium nigritum , Plerogonium filiforme et 
Webera Ludwigii, 

Le versant vers le Glen-Lyon a été jusqu'ici peu exploré, 
et cependant il parait fort intéressant. J'y ai découvert le 
Bryum Duvalii et un grand nombre de Jungermanniées. 
L'exploration de ce versant exige une journée entière. 

Les environs de Killin, non loin du Ben-Lawers, sont riches 
en Mousses. Sur un Érable Faux-Platane, vis-à-vis de rauber|;e 
Macpherson, j'ai récolté YHabrodon Noiarisii. Sur les murs, 
j'ai constaté la présence de : Racomiirium polyphyllvm , 
R, helerostichum, Diphysci'um foliosum, Orthotrkhum ru- 
pestre, Grimmia trichophylla et Tetraplodon mnioides. Enfin 
sur les rochers de la rive méridionale du Loeh-Tay, j'ai vu 
les Grimmia Hartmamiii et G, subsquarrosa. 

La flore bryologique du Ben-Lawers est beaucoup plus nom- 
breuse que celle des montagnes voisines, qui sont cependant 
de même formation géologique, mais d'une altitude moins 
considérable, et cependant les espèces qui manquent à celles-ci 
croissent sur le Ben-Lawers à des niveaux que ces dernières 
atteignent. Peut-être faut-il attribuer cette plus grande richesse 
du Ben-Lawers à une humidité plus grande due à une altitude 
plus considérable. 

Le Ben-Lawers est non moins remarquable par sa flore 
lichénographique, qui a fourni de nombreuses espèces rares 
aux publications de notre savant lichénologue M. Leighton. 

Je crois en avoir assez dit pour donner à mes honorables 
confrères belges l'envie de visiter le Ben-Lawers. 

P. HowsE. 



( 367 ) 

L^Oerbier de Beiçiqne an Jardin botaniqne 
à Braxelles. — Ainsi qu'on le sait, on est occupe, au 
Jardin botanique de Bruxelles, à former un herbier national. 
Déjà on a réuni en une seule collection toutes les plantes' 
belges qui faisaient partie des herbiers de Lejeune, Coemans, 
M"" Libert, Nyst et autres botanistes. Mais ces herbiers quelque 
précieux^ quelque riches qu'ils soient, sont loin d'avoir pu 
fournir les matériaux suffisants pour composer un herbier 
national tel qu'on puisse le désirer pour faire une étude 
complète de notre flore. Au point où en est arrivée la 
photographie, on peut même dire que les matériaux réunis 
actuellement dans Therbier national ne forment eu quelque 
sorte qu'un noyau, noyau autour duquel doivent venir s'accu- 
muler une foule de formes que les recherches modernes ont 
fait découvrir et qui avaient été méconnues ou négligées par 
les ancieus botanistes. Pour que l'herbier national belge 
devienne une collection importante, et dans laquelle on puisse 
trouver tous les éléments nécessaires à une étude approfondie 
de notre flore, il faut que tous les butanistes belges se mettent 
activement à l'œuvre pour l'enrichir. Il ne s'agit pas seulement 
de l'augmenter de plantes rares qui souvent sont mieux repré- 
sentées que les espèces vulgaires; il faut l'enrichir de plantes 
communes, de formes litigieuses, de variétés, de variations et 
même de simples formes individuelles. Dans l'intérêt de la 
science, il est à désirer que tous les membres de notre Société 
fournissent, au Jardin botanique, une collection complète des 
espèces qui existent dans les diverses localités du pays. Outre 
l'avantage qu'on retirerait, pour l'étude phytographique, de la 
comparaison d'un grand nombre d'échantillons d'une même 
espèce ou d'une même forme, on trouverait ainsi, dans l'her- 
bier national, les matériaux de la distribution géographique 
des plantes en Belgique. Il importerait aussi que tous nos con- 



( 368 ) 

frères qui publient des notices phytograpbiques, des mono- 
graphies et des catalogues, se fissent une règle de déposer, 
dans cet herbier, une collection complète d(.'S espèces et 
variëlcs qu'ils ont décrites ou cnumérées dans leurs travaux. 
De cette façon, l'herbier national deviendrait une collection 
extrêmement importante et précieuse. Tous nous devons faire 
tous nos efforts et n'épargner aucune peine pour que l'herbier 
national devienne le dépôt général, où chacun pourra, à tout 
moment, trouver les éléments d'un travail quelconque sur les 
plantes belges. 

Le Stratiotbs ALoiDBS femelle exiftte-t-ll en Belg^lqne? 
— Tout récemment, notre confrère M. Oudcmans nous deman- 
dait si la plante femelle du StratioteSy existait en Belgique. Cette 
question nous prit au dépourvu et cependant nous avons, pen- 
dant dix ans, vu des milliers et des milliers de pieds de cette 
Hvdrocharidée dans les Flandres et surtout aux alentours de 
Gand, où elle est extrêmement abondante par places. Rappelant 
nos souvenirs, nous en sommes venu à croire que nous n'avions 
jamais récolté ou fait récolter par nos élèves que des échan- 
tillons mâles. A l'exception de la Flore du Nord de la France, 
par Roussel, où celui-ci dit qu'il n'a jamais pu découvrir 
de plantes femelles, tous nos ouvrages sur la flore de Bel- 
gique ne nous apportent aucune lumière sur l'existence ou 
la non-existence de la plante femelle dans notre pays. Dans 
l'herbier belge du Jardin botanique de Bruxelles, il se trouve 
des exemplaires femelles recueillis par Nyst, mais sans indica- 
tion des localités. Ces échantillons proviennent-ils de Belgique 
ou bien de la Hollande? Afin de pouvoir donner quelques ren- 
seignements positifs à notre correspondant, nous nous adres- 
sâmes à nos amis de Gand, mais notre question les surprit 
autant que nous avait surpris celle que nous faisait M. Oude- 
man. Comme nous, ils n'ont jamais récolté que la plante mâle 



( 569 ) 

et ne peuvent nous assurer si la plante femelle existe ou 
n*existe pas dans les environs de Gand. Il paraîtrait que feu le 
professeur Kickx Vy avait autrefois découverte. 

L'ignorance dans laquelle nous nous trouvons à propos de 
la plante femelle est assez étrange et il n*est pas moins étrange 
que tous nos Aoristes, à Texcoprion de Roussel, n'aient fait 
aucune mention de Tabsence ou de Texlréme rareté du Stra- 
tioies femelle. Nous attirons l'attention de nos confrères $ur ce 
point intéressant et nous les engageons à faire des recherches 
spéciales, afin de résoudre le petit problème posé par M. le 
professeur Oudemans. 

La synoDymle de TAtriplex laciniatum L. — Lors de 

son retour d'Angleterre en 1870, M. le professeur Ascberson 

nous fit connaître que les recherches qu'il avait faites dans 

l'herbier de Linné, lui permettaient de rapporter, à Y A triplex 

laciniatum de Linné, l'Arroche des rivages occidentaux de 

l'Europe décrite sous les noms d' A triplex arenariuy A. craêêi^ 

foliaeiA, maritimum. Ce savant botaniste, dans VAppendix 

observationnm botanicarum ad indicem seminum in horto 

Berolinensi anno 1872 collectorum, rétablit la synonymie de 

l'espèce linnécnne de la façon suivante : 

Atriplbx laciniatum L. 
Atriplex taciniata L. Spcc. Plant., éd. I, p. 1055, n^ 5 (cxcl. syn. FI. 

Sacc.) et herb. ! PI. Dan., tab. 1284 ! non L. Ft. Suec., H, nec Roch 

Syn. nec Mocq.-Tand. in DC. Prodr., XIII, II, p. 93. 
A. arenaria Woods in Babingt. Man. of Brit. Bot, éd. HI, p. 271 ; Lange 

Haandb. i. d. danske Flora, III. Udg., p. 710. 
A. emtêifoiia Gren. et Godr. FI. Fr., III, p. 10 (excl. pi. medilmrrime» ?) 

non C.-A. Mey. nec Pries. 
il. mariUmum Haliier Bot. Zeit. v. Mobl. n. ^. Âobleeliid., 1865, 

Bcil.,p. 10. 
Obione laeiniata Noite in litt. ad Cl. Al. Braun. 

C'est cette même espèce que M. Du Mortier a désignée sous 
le nom d'il, farinosa, 

â8 



( 370 ) 



NOUVELLES. 



— Nos confrères apprendront avec plaisir que deux membres de notre 
Société Tiennent d^étre chargés de la rédaction de deux articles importants 
pour le Flora Bragiliemii. M. le docteur Eichler, le directeur de celte 
vaste etsptendide publication, a confié la monographie des Cucurbitacées 
brésiliennes à M. Cogniaux et celle des Araliacées, à M. le professeur 
Marchai. 

— Notre confrère M. le professeur Louis Pire vient d*étre chargé par 
LL. MM. de donner renseignement des sciences naturelles à S. A. B. la 
Princesse Louise. Cette nomination est un grand honneur pour notre 
confrère et sera accueillie avec une vive satisfaction par les membres de 
notre Société. 

— La dernière livraison du Bulletin de la Société royale Lirméenne de 
Bruxelles renferme une intéressante biographie de Linné due à la plume 
de M. L. Pire. Celte biographie est accompagnée d'un beau portrait du 
célèbre botaniste suédois reproduit par la phototypie et sorti des presses 
de M. Toovey. 

— M. Lange nous écrivait le mois dernier de Copenhague que M. le 
professeur Willkomm se disposait à partir pour les îles Baléares et le midi 
de TEspagne. Cette exploration botanique, qui fournira à M. le docteur 
Willkomm de nouveaux matériaux pour le Prodromus Florae Hiëpanicae, 
durera jusqu*à Pautomnc prochain. 

— Le British Muséum vient d*acquérir Therbier de Mousses délaissé par 
Wilson, Pauteur du Bryofogia Britannica, C*est probablement la collec- 
tion de Mousses la plus précieuse qui existe. 

— Notre confrère M. Verbeggen nous signale quelques heureuses 
découvertes qu^il a faites aux environs de Maeseyck, parmi lesquelles nous 
citerons i 

Carum verticillatum Roch. — Très-abondant dans plusieurs prairies 

à Op-Oeteren. 
Erica cinerea L. — Commun dans les landes à Neer-Oeteren. 
Malaseiê paludota Sw. — Marais à Op-Oeteren. 
Carex dioeca L. — Op-Oeteren. 



(371 ) 

— M. Bommer nous a rapporté qu^un jeune amateur de botanique 
bruxellois, un des Gis de M. le professeur Tiberghien, a récemment décou- 
vert à Berchcm-Stc-Agathe le Lfucotuni vernum L. Celte plante rare, nou- 
velle pour la Qore des environs de Bruxelles, est assez abondante dans 
un verger. 

— M. Roitz ne tardera pas à faire paraître un Catalogue raisonné de la 
flore du Grand-Duché de Luxembourg. Cette publication est attendue avec 
impatience par les botanistes beiges. 

— Notre confrère M. F. Van Horen vient d*étre nommé conservateur au 
Musée royal d^histoire naturelle de Belgique. 



BIBLIOTHEQUE. 

Dons ffalls à la Société. 

Annales de la Société des Sciences naturelles du Grand- 
Duché de Luxembourg ; tomes 1, 2, 5 et 4. (Don de M. Koltz.) 

A Sjnopsis of the British Mosses, by Chas. -P. Hobkirk ; 
London, 1873, i vol. in-IS*». (De la part de rauteur.) 

Biographie de P.-J, Redouté, psiV A. Devos; Gand, 1873. 
(De la part de rauteur.) 

Revision of the Gênera and Specieji of Scilleae and Chloro- 
galeae, by J.-G. fiaker. (Delà part de Fauteur.) 

Diaphragmes vasculifères des Monocotylédones aquatiques, 
par J. Duval-Jouve; Paris, 1873, in-4*», avec 1 pi. (De la part 
de Fauteur.) 

Observations sur les bulbes des Lis; in-8^, avec 3 pi. — 
Note sur une monstruosité de la fleur du Violier (Cheiranthus 
Cheiri L.); in-8**, avec 1 pi. — Réflexions sur les expériences 
du général américain Pleasonton relatives à l'influence de la 
lumière bleue ou violette sur la végétation ; in-8". — Qu'est'Ce 
qu'un Poireau qui oig nonne? Réponse à cette question; in-8*». 
— Observations sur la structure et la multiplication par caïeux 
deVoignon c^t^ Liliuh Thomsonia.num (LindL); in-S". (Delà part 
de l'auteur M. P. Duchartre.) 



(372) 

Mission scientifique au Mexique et dans V Amérique cen- 
trale. — Recherches botaniques publiées sous la direction de 
M. J. Dccaisne. — Première partie. — Cryptogamie, par 
M. Eug. Fournier, avec la collaboration de MM.W. Nylander et 
£m. Bcsclierelle; Paris, 1872, i vol. grand in-i"", avec 6 pi. 
(De la part de M. Fournier.) 

Supplément au Catalogue raisonné des plantes vasculaires 
du département de la Somme, par Éloy de Vicq et Blondin de 
Brutelette; Abbeville, 1873, in-S**. (De la part des auteurs.) 

Vreemde planten in Nederland inheemsch geworden, door 
H.-C. Van Hall; în-8». (Delà part de Fauteur.) 

Ueber Kalk- und Salzpflanzen, von H. Hoffmann ; in-8». 
(t)e la part de Fauteur.) 

De quelques principes d'organographie végétale ; in-S*' , — 
De la disposition adoptée en 1869-i870 dans la replantation 
de l'École de botanique du Jardin des plantes de Toulouse; 
in-S"*. (De la part de Vauteur, M. D. Clos.) 

Kàrpéti képek; Pesl, 1870, in-8". — As Erjedés es az ûj 
Gomba-Elmélet; Pcst, 1870, in-8*». — Éluztôképzôdés vonat- 

kozâssal a ragàlykérdésre; Pest, 1870, in-8'*. — Milliô-Èves 
Élet; Pest, 1872, in-8o. (De la part de l'auteur M. le D' Szon- 
taghMiklostôl.) 

Les anomalies dans le règne végétal, par A. Bellynck; 
Bruxelles, 1871, in-12<*. (De la part de l'auteur.) 

Bidrag til kundskaben om Vegetationen i den lidt sjjdfor 
og under Polarkreds^n Ifggende Del af Norge, af A. Blytt; 
in-8". — Christiania omegns phanerogamer og bregner med 
angivelse afderes udbredelse samt en indledning om végéta- 
tionens afhaengighed af undnlaget^ af A. Blytt; Christiania, 
1870, in-8"». — Spiselige Lavarter, ved A. Blytt; Christiania, 
1870, in-18*», avec 1 pi. (Don de l'Université royale de 
Christiania.) 



( 373 ) 



TABLE DES MATIERES 



CONTENUES DANS LE TOME XI. 



Composition du Conseil d*iidininistralion de la Société pour Paqnée 

1872 V 

Liste des membres effectifs et associes de la Société vu 

Liste des publications périodiques que la Société reçoit en échanjge 

de sou Bulletin xviti 

Procè^verbaux des séances 1» 16ï(, 2^1, 249 

Beliquiae Libcrtianae, par É, Marchai 3 

PsiMiTiAE MoKOGRAPHiAB RosARUM. — MatcHaux pour servir à PHistoire 
des Roses, par François Crépin. ~ Deuxième fascicule. ... 15 

Notes d'un touriste, par Jean Chalon 168 

Etude sur la naturalisation de quelques végétaux exotiques à la 

Montagne St Pierre lez Maastricht, par André Devos .... 198 
Examen critique des Elatinées, par B.-C. Du Mortier • . . . 255 
Notice sur la flore de Wavre et de ses environs, par C.-J. Lecoyer . 275 
Relation d'un voyage au Laacber-See en juin 1872, par Armand. 

Thirlens 282 

Compte-rendu de la onzième herborisation générale de la Société 

royule de Botanique de Belgique (1872), par Armand Thiclens . 288 
Note sur le caractère botanique de l*£ifel, par B.-G. Du Mortier . 327 
Bibliographie : 

GreoiUea, — A monthly Record of Cryptogamic Ootany audits 

Literature, edited by M.-C. Cooke 150 

Monographie dcr GaUung Saxiprasa L, mit beionderer Berûchieh- 

ligung der geographiathen VerfiâUnisse, von Dr. A. Engler . 156 
Hepatigab Galligab. — Herbier des Hépatiquet de France, publié 
par Th. Ilusnot. Fascicule II 110 



(374) 

Caialogue de la flore de Belgique, par F. Crépin, F. Gravet et 

C. Delognc Ut 

Introduction to the Sludy of Palœontologieal Botany, by John- 

Hutton Balfour U2 

De quelques Jciicrs à feuillee cloiâonnéee et en particulier des 

J. LAGE?iABius et FoNTANisii Gaj/ et du â. Stbiatvs Schtb., par 

J. DuvaUJouve i^d 

Le Javdin d'Essai d'Algfr, par J. Cbalon 1^ 

Sur une espèce spéciale de tubes erislant dans le tronc du Sureau 

(SAMircDS HiGaA L.) et pris JusquUci pour un Champignon 

(RmzoMoaPHA PAaALLBLA Ilo6ery0), par C.-A.-J.-A. Oudemans. i49 
Beitrâge zur Flora der Pfalz, von Dr. F.-W. SchuIU. . . . il9 
Ahhandlungenherausgegeben voir naturwissensehafiliehen Vereine 

zu Bremen 150 

Bulletinde la Société d'études scientifiques d'Angers . . . . ISl 
AÊitt/teilungen aus dem Gtsammtijebiele der Botanik, herausgege- 

ben von Prof. Dr. A. Schenk und Dr. Ghr. Luerssen . . . 151 
Statistica botanica delta Toscana ossia saggio di studi sulla distri- 

buzione geographiea délie plante toscane, per Teodoro Caruel . i52 

Nuovo giornale botanico ita/iano 15i 

Bulletin de la Société royale Linnéenne de Bruxelles .... 155 
Die Salieormen der deutsehen NordseekHste, von Prof. Fr. Bacbe- 

uau und Dr W.-O. Focke 156 

Trailé de Paléontologie végétale, par W.-Ph. Schimper ... 235 

Flore eryptogamique de l'Est, pirVAbhéBonhy 528 

A Synofisis of I/m Bntish Uosses, by Chas.- P. Hobkirk ... 330 
Lfs Mousses de VArdenne, par C. Delogne et F. Gravet . . . 330 
Les Champignons du Jura et des Vosg^, par L. Quelet. .331 

Prodromus Bryologiae âfesHcanae, par Em. Bcscherelte. . 33:2 

Fiora Orientalis, auclore Edmond Boissier. • 333 

Diaphragmes vasculiftm des Monocotylédones aquatiques, par 

J. Duval-JoQve 33i 

Atgemeene besehrijtiende CaUtlogus der Houtsoorten'van Neder- 

landseh Oo^t-IndiS, aanwezig in het Roloniaal Muséum, op /let 

PavVjom te Baarlem, door F.-W. Van Eeden 336 

The Fossil Flora of Great Britain, by John Lindley et William 

Hutton 336 

Die Base, von M.-J. Schlciden 337 



( 375 ) 

Le* Rosei, par U, âamsiin et E. Forney 338 

Mission scientifique au Mexique, etc. ^ Cryptogamie, par Eug. 

Fournier 339 

Livres Kwa-Wi, traduits par le Dr. L. Savatier 3^ 

»IÉLA»CES 157,236,3^1 

Nouvelles 158, 238, 370 

BlBLIOTHBQlTB 16i, 371 



BULLETIN 



DE L\ 




ROYALE DE BOTANIQUE 



DE BELGIQUE 

i*'ONU.ÉE LE i" JUIN 18()2 



TOME XI. — II'"' ANNEE, 



W I 




BRUXELLES 



_^ ' 



AU SIEGE DE LA SOCIETE 
JARDIN BOTANIQUE DE l'ÉTAT 



A paru le 7 novembre i872. 

Changement d'adresses : 

M BOMMER, secrétaire général, rue de la Chancellerie, 18. 



M 



CHÉPIN, secrétaire des publications, rue du Commerce, 16- 



s, 

-I 



Ti 



[■ 



Table de» matièpea contenae» daDS ce nam^ro. 

Pages. 

Composition du Conseil d'administration de la Société pour 

i/année 1872 1, . . . V 

Liste des membres effectifs et associés de la Soc i été , . vu 

Procès-verbal de la séance du 5 mai 1872 . . , . 1 

Reliquiae Libertianae, par É. Marchai 3 -, 

3Ialcriaux pour servir à Thistoirc des Roses (2" fase.), par 

François Ciépin ' lo 

Bibliographie « 130 

GrevilUa, — A montfify Record of Cryplogamie Botany and ils 
niera lu rCj cdiicd by M.-C. Cooke. — Monographie der Guttung 
Saxipraga L. mit besonderei* Beriisichtigung der geographischefi 
Verhâllnissef von Dr A. Engler. — Catalogue de la flore de 
Belgique, par Fr. Crcpin, Fréd. Gravet et C. Delognc. — 
De quelques Jukccs à feuilles cloisonnées et en parliculier des 
J. LAGEXARius el Fo>'TANESii Goy et (/m J. STRiATus Scftsh.y par 
J. Duvtil- Jouve. — Le Jardin d'Essai d'Alger, par J. Chai on. 
— Sur une espèce spéciale de tube existant dans te tronc du 
Sureau (SxMBvcvs mgra L,) el pris Jusqu'ici pour un Cham- 
pignon (RnizoMORPiiA PARALLELA Robcrge) , par C.-A.-J.-A. Oudc- 
maiis. — Beitrâge zur Flora der Pfalz, von D' F.-\V. Schultz. 
Abhandlungen herausgegeben vom naturwissenschaftlichen Ve- 
reine zu Bremen. — Bulletin de la Société d'études scieultfiqties 
d'Angers. — Mittheilungen aus dem Gesammtgebiele der Bota- 
nik. — Statistica botanica délia Toscana ossia saggio di sludi 
sulla distribu ztone geographica délie piante toscana ^ pcr 
Teotloro Caïuel. — Nuovo giornule botanivo italiano. — Bulle- 
tin de la Société royale Linnéemie de Bruxelles. — Die Salico?"- 
nien der deuischen Nordscekiisle, von Prof. Franz Buchcnau 
iind Dr W^-O. Focke. 

Mélanges ^ ^y 

Nouvelles ^ ^g 

Bibliothèque ^ iQA. 



BULLETIN 



DE LA. 



SOCIÉTÉ ROYALE DE BOTANIQUE 



DE BELGIQUE 



FONDEE LE 1" JUIN 1862 



TOME XI — ir° ANNEE 



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BRUXELLES 

AU SIÈGE DE LÀ SOCIÉTÉ 
JARDIN BOTANIQUE DE l'ÉTAT 






A paru le 21 novembre 1872 
Changement d'adresses : 

M. BGMMER, secrétaire général, rue de la Chancellerie, 18 

M. CRÉPIN, secrétaire des publications, rue du Commerce, 16 



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Table de» matièpes cooteonea dana ce nnmépo 



Pages. 

Procès-verbal de la séance publique du 7 juillet 1872 . 165 

Notes d'un touriste, par Jean Chalon 168 

Étude sur la naturalisation de quelques végétaux exoti- 
ques à la Montagne St-Pierre lez-Maastricht, par 

André De Vos 198 

Bibliographie • 255 

Traité de Paléontologie végétale, par W.-P. Scbimper. 

mélanges 256 

Nouvelles 258 









BULLETIN 



DE LA 



SOCIÉTÉ ROYALE DE BOTANIQUE 



DE BELGIQUK 



fondef: le 1" JUIN 1862 



TOME XI — 11"" ANNEE 



r 3 




BRUXELLES 

AU SIÈGE DE LA SOCIÉTÉ 
JARDIN BOTANIQUE DE l/ÉTAT 

A paru le 30 avril 1875 

Les publications destinées à la bibliothèque de la Société doi- 
vent être adressées : Au Secrétariat de la Société royale de Bota- 
nique de Belgique. — Jardin botanique de PÊtat à Broxelles. 



Table de. matU^re» «oi.*en«e« rfa-» «« 

Pages. 
PrOCÈS-VEBBAL DE LA SÉANCE EXTRAORDINAIRE DU 15 OCTO - 

241 
BREi872 

_ DU l"' DÉCEMBRE 1872 . * ^*^ 

Examen critique des Élatinées, par B.-C. Du Mortier . 253 
Notice sur la flore de Wiivrr et de ses environs, par 

27-i 
C.-J. Lccoyer 

Relation d'un voyage au Laacher-See en juin 1872, 

par Armand Thielens • ^^^ 

Compte-rendu de la onzième herborisation générale de 
la Sociélé royale de Botanique de Belgique (1872;, 
par Armr.nd ïhielens 288 

Note sur le caractère botanique de l'Eifel, par B.-C- 

I)u Mortier. '>27 

BlBLIOGHAPHIE 328 

Flore cryplogamique dt t'Est, par PAbbê Boulay. — A Synopsis of Ihe 
B ritis h Musses j hy Chas. -P. Ilobkirk. — Les Moussas de TArdenne, 
par C. Delogne et F. Grave t. — Les chafnpignons du Jurant des Vosges^ 
par L. Quelet. — Prodromus Bryologine Mexicanae, par Eni. Besche- 
relle.- Flora Orientalis, auct. EdmoniJ Boissier. — Diapht'agmesvus- 
culffèrts des Monocofylédones aqualiqites, par J. Duval-Jouve. — Alge- 
iiu^cne incvhrijvende Catalogus der HoiUsoorten van yrderiandsch Oost- 
Ihdtë, (tanwezig in het Koloniaal MrsEUM, op hft Pavil/opfi le Uaarieniy 
door F -W. Van Ecden. — The Fossil Flora of Gveat Brilain, by 
John Lindley et William Uutton. — Die Rose, von M.-J. Schleideii. 
— Lfs lioses, par II. Jamaiii et E. Foi ney. — Mission scientifique au 
Mexique, elc. - Crypfoyamic, par Eug. Foui nier. — Livres Kwa-Wi, 
traduits par le D*^ L. Savaiier. 

MÉLANGES i . . . . 34i 

Nouvelles -«^ 

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Bibliothèque ~^m 



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