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BULLETIN
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SOCIÉTÉ ROYALE DE BOTANIQUE
DE BELGIQUE
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Gand, imp. C. Annoot-Braeckman.
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BULLETIN
DS Là
SOCIÉTÉ ROYALE DE BOTANIQUE
DE BELGIQUE
FONDÉE LE 1" JUIN 1862
TOME ONZIÈME
BRUXELLES
AU SIÈGE DE LA SOCIÉTÉ
JABDIN BOTANIQUE DE l'ÉTAT
1872
Conseil d'administration de la Société pour
Tannée 1872.
Président : M. B.-G. Du Mortier.
Vice-présidents :
MM. J. PUTZEYS. — F. MULLER.
Secrétaire général :
M. J.-E. BOMMER.
Secrétaire des publications :
M. F. Grépin.
Trésorier : M. L. Goomans.
Conseillers :
MM. A. Drvos. mm. J.-J. Kic.kx.
Gh. Gilbert. L. Pire.
LISTE DES MEMBRES
DB
LA SOCIÉTÉ ROYALE DE BOTANIQUE DE BELGIQUE.
MEMBRES EFFECTIFS.
Baetens (E.), fabricant, à Lokeren.
Baguet (G.), avocat, place du Peuple, à Louvain.
Bamps (C), étudiant en médecine, à la Pédagogie, à Louvain.
Barlet (G.), docteur en médecine, rue de THôpital, 12, à
Bruxelles.
Bauwens(L.), rue des Sables, 19, à Bruxelles.
Beaujean (R.), directeur de TËcole moyenne, k St-Hubert.
Belleroche (J.), professeur, rue de TÉvéque, 68, à Anvers.
Bellynck (A.), de la Compagnie de Jésus, professeur d'histoire
naturelle au Collège N.-D. de la Paix, à Namur.
Bernard (C), chaussée de Yleurgat, à Ixelles.
Bertrand, percepteur des postes, à Havelange.
Blondiau, régent k l'École moyenne, k Thuin.
BoDDAERT (G.), docteur en médecine, rue Bassc-des-Champs,67,
à Gand.
( viii )
BoDSON (L.), pharmacien, rae des Guillemins, 17, à Liège.
BoiGELOT (l'abbë), chapelain, à Ghampion-Gognelée.
BoMMER (J.-E.), conservateur des collections du Jardin bota-
nique de rÉtat et professeur à lUniversité, rue de la Chan-
cellerie, 18, à Bruxelles.
BoNNAERT (Raoul), ruc de la Rëunion, 5, à Mons.
BouiLLOT, professeur d'arboriculture, à Cou vin.
Britten (James), assistant à Therbier du Jardin royal, à Kew.
Broquet (B.), commissaire d'arrondissement, à Ath.
BuLS (Ch.), marché aux Herbes, 103, à Bruxelles.
Campion (F.), à Vilvorde.
Candéze, professeur h TUniversitë, à Liège.
Carnoy (l'abbé J.-B.), docteur en sciences naturelles, curé, à
Bauffe, près de Brugelette.
Carron (G.), rue Coppens, & Bruxelles.
Cerf (H.), rentière, rue des Champs-Elysées, 41, à Ixelles.
Ghabaut (Ludg.), régisseur, à Solre-sur-Sambre.
Chalon (J.),. docteur en sciences naturelles, place du Palais, à
Namur.
Chapuis, docteur en médecine et membre de l'Académie, &
Verviers.
Charlier (Eug.), docteur en médecine, faubourg St-Gilles, 19,
& Liège.
CoENÇN (Arm.), & Heer, près de Maestricht.
CoGNiAux (A.), aide-naturaliste au Jardin botanique de l'État, à
Bruxelles.
GooMANS (L.), pharmacien, rue du Poinçon, 62, à Bruxelles.
GooMANS (Y.), rue du Poinçon, 62, h Bruxelles.
Couturier (L.), régent à TÉcole moyenne, à Neufchateau.
CoYON, professeur au Collège, à Dinant.
Granincx (Ose), rue Lèopold, 1, & Louvain.
Crépin (F.), conservateur au Musée royal d'histoire naturelle,
rue de Louvain, 28, h Bruxelles.
(«)
Dardbnne (E.), régent à TÉcole moyenne, à Andenne.
Daron (P.), rentier, rue Royale-Ste-Marie, 67, h Bruxelles.
DE Brutelettb (B.), membre de la Société botanique de France,
rue St-Gilles, & AbbcTille.
DE BuLLEMONT (E.), rue du Président, 60, à Ixelles.
DE Gannàrt-d'Hamale, sénateur, & Malines.
DE Contreras (F.), ex-consul, rue de Vienne, 15, à Ixelles.
DE DiEtjDONNÉ (Osc), doctcur en sciences naturelles, rue des
Vaches, 7, & Louvain.
DE Kercrove (Osw.), avocat, quai au Blé, 15, à Gand.
De Keysbr (Edg.), avocat, rue de la Calandre, il, & Gand.
Delbastaille, étudiant, rue du Pont-d'Avroy, à Liège.
DE L*EscAiLLE (J.), ingénieur, rue de la Station, & Louvain.
Delogne (C), aide-naturaliste au Jardin botanique de l'État,
à Bruxelles.
DE Looz-CoRSWAREM (G.), ruc Louvrcx, 61, & Liège.
Demoor (V.), médecin-vétérinaire, à Alost.
DE PiTTEURs(Cb.), docteur en sciences naturelles, à Zepperen,
par St-Trond.
DE Prins (A.), docteur en droit, place du Peuple, à Louvain.
De RiDDER (fabbé P.), directeur de Thospice St-Antoine, à
Gand.
DE Sélys-Longchamps (Edm.), sénateur, à Longchamps-sur-
Geer, près de Waremme.
Detbrmb (T.), à Mariembourg.
Devos (A.), régent à TËcole moyenne communale, rue Ste-Vé-
ronique, 24, & Liège.
Dewael (J.), docteur en sciences naturelles, rue Otto Vcnius,
h Anvers.
DE WoELMONT (H.), rcntiërc, rue Marnix, 25, à Bruxelles.
DoucET (H.), secrétaire du Conseil de surveillance du Jardin
botanique de l'État, rue de la Loi, 27, & Bruxelles.
Dubois (£.), répétiteur à TÉcole du génie civil annexée à
l'Université, à Gand.
DucoFFRE (A. -G.), régent à TÉcole moyenne, à Jodoigne.
Du Mortier (B.-G.), membre de la Ghambre des représentants
et ministre d'Etat, à Tournay, et Montagne du Parc, 15, à
Bruxelles.
DuMORTiER (E.), rue des Palais, 75, à Bruxelles.
Dupont (Éd.), directeur du Musée royal d'histoire naturelle, k
Bruxelles.
DuvERGiEB DE Hauranne (E.), membre de la Société botanique
de France, rue de Tivoli, 5, à Paris.
Firket (Gh.)) étudiant, rue Fragnée, 35, à Liège.
Fischer (E.), médecin-vétérinaire, à Luxembourg.
Fontaine (A.), colonel au 4™* rég. de ligne, boulevard Frère-
Orban, 27, à Gand.
Fontaine (G.), bourgmestre, à Papignies.
FuNCK (N.), directeur du Jardin zoologique, à Gologne.
FusNOT, chaussée de Waterloo, 129, à Ixelles.
Gaujard (N.), horticulteur, à Ledeberg-lez-Gand.
Gielen (J.), rentier, à Maeseyck.
Gilbert (Ch.), rentier, rue du Nord, 29, à Anvers.
GiLLE (N.), professeur à l'École de médecine vétérinaire, à
Gurcghem.
GiLLEKENS, directeur de l'École d'horticulture, à Vilvorde.
GiLLON [J.], consul de Gosta-Rica, rue de Bériot, 52, à St-Josse-
ten-Noode.
GoETHALS, pharmacien, rue de Bruges, 9, k Gand.
GRAVET(Fréd.), k Louette-St-Pierre, près de Gedinne.
GRiviLLER(y.), instituteur, à Tournay.
Grùn (K.), docteur en sciences naturelles, rue Lairesse, 121,
Quartier Longdoz, k Liège.
GuiLMOT (l'abbé), curé, à Bourseigne-Neuve.
(xi)
Hànon (F.), docteur en médecine, rue du Marais-Meyboom, à
Bruxelles.
Hardy (A.), régent à TÉcole moyenne, k Visé.
Hecking (Ose.), étudiant & TUniversité, & Louvain.
Henfling (J.), étudiant, rue St-Séverin, 10, à Liège.
HoBKiRK (Gh.-P.), Arthur Street, 7, Fitzwilliam Street, à Hud-
dersfield.
HouzEAu DE Lehàye, profcsscur & TÉcole des mines, k Hyon,
près de Mons.
HowsE, membre de la Société Linnéenne de Londres, St-PauFs
Church Yard, 19, à Londres.
Ingels (R.-C), directeur de la maison des aliénés, hors la porte
de Bruges, k Gand.
Jacquemin (G.), capitaine, à Mons.
JoLY (A.), chimiste, rue du Conseil, 7â, à Ixelles.
JoRissENNB, docteur en médecine, faubourg StpGiiles, 145, à
Liège.
Kegeuan (Ferd.), banquier, à Namur.
RicKx (J.-J.), professeur de botanique à TUniversité, rue
St-Georges, 28, à Gand.
Rnuttel (S), Heerengracht, 169, à Amsterdam.
Laboulle, inspecteur des écoles communales, à Yerviers.'
Lacroix, géomètre, rue de Stassart, 75, à Ixelles.
Lagasse, professeur de chimie k TÉcole normale, à Nivelles.
Lagasse (Ern.), rue de TArbre-Bénit, à Ixelles.
Laharche de Rossids (Ose), rue Louvrex, à Liège.
Lebrun, instituteur à TÉcole moyenne, à Spa.
Le Comte (Théophile), membre de plusieurs Sociétés savantes,
à Lessines.
Lecoyer (J.), instituteur, k Wavre.
Ledegancr (K.), docteur en médecine, rue des Longs-Chariots,
à Bruxelles.
(Mi)
Lejeune (Ph.), directeur de Tlnstitut agricole, à Gembloux.
Lenars (G.), capitaine pensionné, rue des Guillcmins, 54,
à Liège.
Lenoir, régent à TËcole moyenne, à Stavclot.
Léonard, capitaine au rég. du génie, au Camp de Beverloo.
LiNDBN (J.), directeur honoraire du Jardin zoologique, à
Bruxelles.
Louis (H.), horticulteur, hôtel d'Arenberg, Petit-Sablon, à
Bruxelles.
LouvEiGNé (H.), professeur au Collège, k Lierre.
Lubbers (L.), secrétaire de la Société royale de Flore, rue du
Berger, 26, à Ixelles.
Malaise (C), membre correspondant de TAcadémie et profes-
seur d'histoire naturelle à l'Institut agricole, à Gembloux.
Marchal (É.), professeur à l'École d'horticulture de Vilvorde
et aide-naturaliste au Jardin botanique de l'État, à Bruxelles.
Martens (Éd.), professeur de botaniqueà l'Université, à Louvain.
Massangb (L.), à Malmedy.
Maubert (le frère), professeur, faubourg Ste-Marguerite, à
Liège.
Meyer (J.), chimiste, à Eisch, près de Luxembourg.
MicHOT (l'abbé), à Mons.
Miégeville (l'abbé), à Notre-Dame-de-Garaison (dép* des Hautes-
Pyrénées).
Miller (H.), professeur, chaussée de Wavre, h Ixelles.
MoNHEiM (V.), conseiller communal, à Aix-la-Chapelle.
MoRREN (Éd.), professeur de botanique à l'Université, k la
Boverie, i, à Liège.
Muller(F.), président de la Société royale Linnéenne, rue au
Laines, 22, à Bruxelles.
NoEFNET, régent à l'École moyenne, à Thuin.
Orban (F. née baronne de VivARio),à Castelalne, par Havelange
(prov. de Namur).
( WM )
Parthon-Dbvon, ex-consul, k Braxelles.
PéTERS (Ém.), rue du Pûnt-d*Ile, 46, à Liège.
Petit (E.), étudiant, Gour-du-BailIy, 9, k Mons.
PiRé(L.) professeur à TAthénëe, rue Keyenveld, ili, à Ixelles.
PiRENNE (Fabbë J.), directeur de TÉcoIe normale, à St-Roch,
près de Ferrières.
PoMERiNCKE, étudiant en pharmacie, àLi^e.
PoNciN (J.-J.), professeur de sciences commerciales k TAthénée,
à Arlon.
PoTZEYS (J.), secrétaire général au Ministère de la Justice, rue
de Naples, 55, k Bruxelles.
Pynaert (Éd.), architecte de jardins et professeur à l'École
d'horticulture, rue de Bruxelles, 142, à Gand
RoBiE, instituteur, à Forest, près de Bruxelles.
RoDiGAs (Ém.), professeur k l'École d'horticulture, place d'Arte-
velde, 25, k Gand.
RoNDAY (H.), capitaine au 2»« rég. des chasseurs à pied, à
Menin.
Rossignol (Alph.), professeur au Collège, k Chimay.
RoTHERMEL fils, pharmacicu, à Luxembourg.
Sauvage (l'abbé V.), à Celles, près de Tournay.
ScHAMBERGER (P.), régcut à l'Écolc moycnuc, k Boom.
SiRAux, directeur du Parc, à Fnghien.
SoHiER (Adr.), étudiant en médecine, rue du St-Esprit, 88, à
Liège.
Stephens (H.), architecte de jardins, rue St-Sèverin, à Liège.
Strail (l'abbé Ch.), curé, à Magnée.
Stratton (Fred.), à Newport (Ile de Wight. — Angleterre).
Thielens (Arm.), docteur en sciences naturelles, à Tirlemont.
Thys (J.), jardinier en chef, au château de Dongelberg.
TiLMAN, régent à l'École moyenne, à Visé.
TosQDiNET (l'abbé), curé, à Bure, près de Rochefort.
( x»v )
TosQuiNET (J.), médecin de riment, à Bruges.
Tournât, étudiant en pharmacie, à Liège.
Van Bahbeke, docteur en médecine, rue Haute, 5, à Gand.
Van Bastelaer (D.-A.), pharmacien, Ville-Haute, à Charleroy.
Van Beneden (Éd.), professeur à TUniversité, à Liège.
Vandenborn (Pabbé H.),professeur à FÉcole normale,à St-Trond.
Vanden Broeck, secrétaire de la Société centrale d'agriculture
de Belgique, rue des Palais, i2i, à Bruxelles.
Vanden Broeck (Ernest), étudiant, rue Terre-Neuve, 124, à
Bruxelles.
Vander Rindere (L.), docteur en droit, à Uccle.
Vander Maesbn, étudiant en médecine, passage Lemonnier, 19,
à Liège.
Vander Meersch, docteur en médecine, rue de Bruges, 42, à
Gand.
Van Haesendonck (G.-G.), docteur en médecine, à Tongerloo.
Van Hecrck (H.), professeur de botanique au Kruidkundig
Genootschap, rue de la Santé, 8, à Anvers.
Van Horen (F.), aide-naturaliste au Musée royal d'histoire
naturelle, rue de la Pépinière, à Bruxelles.
Van Horen (H.), étudiant en pharmacie, k Sd-Trond.
Van Meerbeeck (£.), rue Vieille-Bourse, à Anvers.
Vanpé, régent à TËcole moyenne, à Bruxelles.
Van Segvelt (Edm.), pharmacien, rue du Serment, il, à
Malines.
Van Volxem (C), boulevard duAégent, 52, à Bruxelles.
Van Zuylen (Alb.), avocat, rue Porte-aux- Vaches, 49, à Anvers.
Verheggen (H.), régent à TÊcole moyenne, à Maeseyck.
Warsage (W.), répétiteur d*histoire naturelle et de zootechnie
à rinstitut agricole, à Gembloux.
Wesmael (A.), architecte de jardins, à Nimy.
Weyers(J.-L.), industriel, rue du Persil, 3, à Bruxelles.
(XV)
WiLLEHS (A.), horticulteur et architecte de jardins, chaussée
de Vleurgat, 97, à Ixelles.
WiLLEMAERs (Alph.), profcsscur au Collège communal , à
Louvain.
MEMBRES ASSOCIES.
ALLEMAGNE.
Braun (Al.), professeur de botanique à TUniversité, à Berlin.
De Bary (A.), professeur de botanique à TUniversité, à Stras-
bourg.
EiCHLER (A.-W.), professeur de botanique à TUniversité, à
Gratz.
Fensu., professeur et directeur du Jardin botanique, à Vienne.
Garcke (A.), professeur et conservateur de Therbier royal, à
Berlin.
KocH (K.), professeur à TUniversité, Potsdamer Strasse, 31* ,
à Berlin.
LÔHR (M.-J.), pharmacien, à Cologne.
Pringsheim (N.), à l'Académie des sciences, à Berlin.
Reicuenbach (L.), ancien professeur de botanique, à Leipzig.
Reichenbach fils, professeur et directeur du Jardin botanique,
à Hambourg.
ScHiHPER (W.-Ph.), professeur à V Université, à Strasbourg.
ScHULTz (le docteur F.), membre de plusieurs Académies et
Sociétés savantes, à Wissembourg (Alsace).
Stossich, secrétaire de la Société d'horticulture, à Trieste.
(xvi )
ANGLETERRE.
Babington (Ch.-C), professeur de botanique k TUaiversitë, à
Cambridge.
Baker (J.-G.), assistant k Therbier du Jardin royal, à Kew.
Benthah (G.), président de la Société Linnéenne, Wilton Place,
25, S. W., à Londres.
HooKER (Joseph-Dalton), directeur du Jardin royal, à Kew.
MooRB (D.), directeur du Jardin botanique, k Dublin.
AUSTRALIE.
MÛLLBR (Ferd. von), directeur du Jardin botanique^ k Mel-
bourne.
DANEMARK.
Lange (J.), professeur et directeur du Jardin botanique, à
Copenhague.
FRANCE.
Boreau (A.), professeur et directeur du Jardin botanique, à
Angers.
Brongniart (A.), professeur au Muséum d^histoîre naturelle,
rue Cuvier, à Paris.
Cordier (F.-S.), docteur en médecine, quai St-Michel, 19, à
Paris.
Cosson(£.), docteur en médecine, rue du Grand-Chantier, 12,
à Paris.
Decaisne (J.), professeur au Muséum d'histoire naturelle, rue
Cuvier, à Paris.
Des Moulins (Ch.), président de la Société Linnéenne, rue de
Gorgues, à Bordeaux.
DuRiEu DE Maisonneuve, directeur du Jardin des plantes, à
Bordeaux.
( XVII )
DucHARTRE (P.), membre de Plnstitut, rue Grenelle-St-Ger-
main, 84, à Paris.
DuvAL-JouvE (J.), inspecteur de TAcadémie, rue de TArgen-
terie, 20, à Montpellier.
Germain de Saint-Pierre (E.), docteur en médecine, rue des
Beaux-Arts, il, à Paris, et au château de Saint-Pierre-des-
Horts, près d'Hyères (dép* du Var).
GoDRON (D.-A.), doyen de la Faculté des sciences, rue de la
Monnaie, 4, à Nancy.
Grenier (Ch.), professeur à la Faculté des sciences, GrandVue
106, à Besançon.
Jordan (A.), rue de TArbre-Sec, 40, à Lyon.
Le Jolis (V.), président de la Société des sciences naturelles,
à Cherbourg.
Lestiroudois (Th.), membre de l'Institut, rue de la Victoire, 92,
à Paris.
Nylander, ancien professeur de botanique,chez M. Triana, place
St-Victor, 23, à Paris.
Planchon (J.-ë.), professeur à la Faculté des sciences, à Mont-
pellier.
Tulasne (L.-R.), membre de Tlnstitut, à Chaville (dép' de
Seine-et-Oise).
HOLLANDE.
Oudehans (C.-A.-J.-A.), professeur à TAthénée illustre, à Am-
sterdam.
SuRiNGAR, professeur de botanique à l'Université, à Leyde.
Yandersande-Lacoste, à Amsterdam.
Van Hall (H.-C), professeur de botanique émérite, à Beg-en-
Dal, près de Nimègue.
( XVIII )
ITALIE.
De Notaris (G.), professeur de botanique, à Gènes.
Parlatore (F.), professeur de botanique au Musée d'bistoire
naturelle, à Florence.
RUSSIE.
Regel (£.), directeur des Jardins impériaux, à Saint-Péters-
bourg.
SUÈDE.
Fries (£1.), ancien professeur de botanique, à Upsal.
SUISSE.
BoissiER (Edm.), à Genève.
De Candolle (Alph.), ancien professeur de botanique, à Genève.
Fischer, professeur et directeur du Jardin botanique, à Berne.
Liste des publications périodiques que la Société reçoit en
échange de son Bulletin^
Abhandiungen herausgegeben vooi naturwissenschaftiiehen
Vereine zu Bremen.
Bericht der Oberhessischen Gesellschaft fiir Natur-und Heil-
kund.
Botanische Zeitung.
Jahrbiicher des Nassauischen Vercins fur Naturkunde.
L'Amîco dei Campi.
Oesterreischische botanische Zeitschrift.
( 3UX )
Schriften der Kôniglichen physikalisch-ôkonomischen Gesell-
schaft zu Rônigsberg.
Yerhandlungen des botanischen Vereins fur die ProvinzBran-
denburg und die angrenzenden Lander.
Yerhandlungen des naturwissenschaftlichen Vereins in Garls-
rhue.
Natural history Transactions ofNorthumberland and Durham.
The Journal of the Linnean Societv.
The Journal of Botany.
Annales de la Société Entomologique de Belgique.
Annales de la Société Malacologique de Belgique.
Bulletin de l'Académie royale des Sciences, des Lettres et des
Beaux-Arts de Belgique.
Bulletin de la Fédération des Sociétés d'Horticulture de
Belgique.
Mémoires et publications de la Société des Sciences, Arts et
Lettres du Hainaut.
Botanisk Tidsskrift udgivet af den botaniskc Forening i
Kjobenhavn.
ÉlalS'IJiiU d'Amérique.
Publications de The Boston Society of Natural History.
Publications de The Smithsonian Institution.
(XX)
France.
Actes de la Société Linnéenne de Bordeaux.
Bulletin de la Société algérienne de Climatologie, Sciences
physiques et naturelles.
Bulletin de la Société Botanique de France.
Bulletin de la Société des Amis des Sciences naturelles de
Rouen.
Mémoires de TAcadémie des Sciences, Inscriptions et Belles-
Lettres de Toulouse.
Mémoires de la Société Académique de Maine-et-Loire.
Mémoires de la Société des Sciences naturelles de Cherbourg.
Revue Savoisienne.
Grand-dvehé de liUembovrir.
Bulletin de la Société des Sciences naturelles du Grand-duché
de Luxembourg.
Italie.
Atti délia Societa italiana di Scienze naturali.
Giornale di Scienze naturali ed economiche.
Nuovo giornale botanico italiano.
Bvssle.
Bulletin de la Société impériale des Naturalistes de Moscou.
BULLETIN
JL #.
DE LA
SOCIÉTÉ ROYALE DE BOTANIQUE
DE BELGIQUE.
wMtMi
1872. —NM.
Séance du 5 mai 1872.
M. B.-G. Du Mortier, président.
M. J.-E. BoMMER, secrétaire général.
Sont présents: MM. G. Baguet, L. Bauwens, G. Bernard,
L. Bodson, E. de BuIIemont, G. Garron, A. Gogniaux,
L. Coomans, L. Gouturier, F. Crépin, P. Daron,
A. Devos, 0. de Dieudonné, H. Doucet, Gh. Firket,
A. Fontaine, Gh. Gilbert, N. Gille, A. Hardy, A. Joly,
Ern. Lagasse, Th. Le Gomte, J. Lecoyer, Louveigné,
É. Marchai, Éd. Morren, E. Petit, L. Pire, P. Scham-
berger, A. Thielens, Tilman, Vandermeersch, G.-G. Van
Haesendonck, G. Van Volxem, J.-L. Weyers, A. Willems.
Le Secrétaire général donne lecture du procès-verbal
delà séance du 3 décembre 1871. Ge procès-verbal est
adopté.
Il fait ensuite l'analyse de la correspondance.
M. le Président fait part à rassemblée d'une proposition
du Gonseil concernant la nomination de MM. Boissier et
(2)
A.-W. Ëichicr comme membres associés en remplacement
de MM. Passy et Franquinet décédés. Cette proposition
est adoptée.
L ordre du jour appelle les projets d'herborisation. Les
projets indiqués sont les suivants :
^. Environs de Huy.
2. — — Philippeville.
3. — — Maestricht.
4. Flandre zélandaise.
Ces différents projets sont peu discutés^ mais sur la
proposition de M. Thielens, M. le Président développe les
avantages d'une herborisation dans TEifel. Ce nouveau
projet est mis aux voix et il est adopté à Funanimité.
Quant à la fixation de la date de cette excursion, M. le
Président déclare qu'il est impossible de prendre une
décision séance tenante, à cause des élections communales
dont répoque n est pas encore fixée.
M. Ed. Morren fait remarquer que Tannée étant
précoce, il est nécessaire de déterminer la date de Therbo-
risation. M. Thielens croit que le mois de juillet serait
avantageux pour la récolte des composées et des ombel-
lifères. De nombreux avis sont encore émis sur les
époques qui seraient le plus favorables à l'excursion pro-
jetée; plusieurs membres désirent qu'elle se fasse en juin,
d'autres préfèrent le mois de juillet. Ce dernier mois
serait préférable selon l'opinion de la plupart des membres.
Sur la proposition de M. le Président, l'herborisation
annuelle se fera dans les premiers jours de juillet et il sera
donné connaissance de la date de l'excursion par une cir-
culaire adressée à tous les membres.
M. Morren, Thielens et Van Voixem sont nommés
(3)
commissaires pour Torganisation de l'herborisation : ils se
rendront dans TEifel pour y choisir les localités qui pré-
senteront le plus d'avantages à l'exécution du projet.
Les travaux suivants sont présentés :
Monographie des Roses européennes et de l'Orient y
par Michel Gandogcr. (Sont nommés commissaires :
MM. Devos, Crépin et Baguet,)
Primitiae MonographiaeRosarum (Suiie)y par F. Crépin.
(Sont nommés commissaires : MM. Marchai^ Gogniaux
et Chalon.)
Les vieux Oliviers de Blidah, par J. Chalon. (Sont
nommés commissaires : MM. Doucet, Linden et de Cannart
d'Hamale.)
Reliquiae Libertianaej par E. Marchai. (Sont nommés
commissaires : MM. Pire, Cogniaux et Delogne.)
Les membres suivants ont été reçus par le Conseil :
MM. Joseph de L'Escaille, ingénieur, rue de la Station,
à Louvain.
Oscar Craninx, rue Léopold, 1, Louvain.
Bertrand, percepteur des postes, à Havelange.
A.-C. Ducoffre, régenta l'École moyenne, à Jodoigne.
COMMUNICATIONS ET LECTURES.
Reliquiae Libertianae, par E. Marchai.
Le Jardin botanique de l'État, comme établissement
national, devait tenir à honneur de rassembler, avant tout,
le plus grand nombre possible des collections formées par
(4)
les anciens botanistes belges : aussi grâce au zèle intelligent
de ses réorganisateurs, avons-nous vu ajouter successive-
ment aux herbiers de Nyst, Galéotti et Lejeune, ceux de
Bové, PoUaert, Libert, Coemans, et tout récemment le
précieux herbier cryptogamique formé par le comte
A. de Limminghe.
Comme ces richesses scientiques sont tout spécialement
à la disposition des botanistes belges, je crois leur être
utile en faisant connaître le résultat des observations
bryologiques que j'ai faites dans la collection de Mademoi-
selle Libert, de Malmedy, la plus riche en cryptogames
indigènes et en matériaux inédits; ce qui me permet en
outre de répondre aux désirs d'un contemporain et ami
de cette femme célèbre, de notre vénérable Président, en
publiant un premier fragment des Reliquiae Libertianae,
En déterminant ou révisant une partie des Mousses,
j'ai été émerveillé à la vue du grand nombre et de la rareté
des espèces; mon étonnement était d'autant plus naturel
que l'éminente cryptogamiste, habitant une localité très-
reculée, était pour ainsi dire abandonnée à ses propres
lumières, ne disposant que d'un petit nombre d'ouvrages,
ayant peu de matériaux pour la comparaison et cela à une
époque où la bryologie était loin d'être arrivée au degré de
perfection qu'elle a atteint aujourd'hui. Ainsi, j'ai trouvé
dans sa collection 45 espèces signalées dans ces derniers
temps comme nouvelles pour la flore, et qu'elle avait déjà !
découvertes il y a peut-être plus de trente ans, et 8 espèces
ou variétés encore nouvelles maintenant. Parmi celles-ci,
il en est qui, comme le Splachnum sphaericunij Oligotri-
chum hercynicum, Schistolega osmumdaceay sont très-
curieuses en ce qu'elles montrent à la dernière évidence
le caractère subalpin de la végétation de cette intéressante !
région.
(S)
«
Je ne mentionne pas, dans cette notice, toutes les
Mousses comprises dans les Plantae cryptogamicae Ar-
duennae, et dont la plupart étaient nouvelles pour notre
flore au moment de leur publication ; elles ont été en
grande partie signalées dans les excellents travaux bryolo-
giques de notre confrère, M. Pire.
Pour terminer, je crois bon de faire connaître la signi-
fication de quelques signes que j'ai employés : les guille-
mets indiquent ce que j'ai transcrit littéralement des
étiquettes de Therbier; un astérisque indique les espè-
ces qui étaient certainement nouvelles au moment où
M"' Libert les a récoltées, car elles n'avaient pas encore
été signalées à lëpoque de sa mort; deux astérisques
servent à désigner les espèces qui, malgré les minutieuses
recherches faites dans ces derniers temps, sont encore
nouvelles pour notre flore.
I. _ MOUSSES ACROCARPES.
*Epheiiieraiii serratam Hnmpc. a Phascum Herb. Lib. »
« Croît en automne dans les lieux humides. »
*PhyseoiiiUrella patens Schimp. a Phascum Herb. Lib. n
« Sur la terre en Martyr, -r- Été. »
**Phaseuiii pllireram Schreb. S cemmaerornie Necs BryoL Germ.,
p. 68.
Plante humble, à feuilles denses, les inférieures étalées, les supérieures
conniventes en gemme.
Hab. Lieux cultivés. — Malmedy.
*Plearldlaiii nltldniu Br. et Sch. a Phascum Herb. Lib. «
« Sur la terre, en été, près de Werbomont et de la Warge. »
*SysteglDiii erlspam Schimp. a Phascum Herb. Lib. »
u Champs au Rondthier. — Abondant. »
Gymnostomam mlerostomain Hdw. « Weisia. Herb. Lib. «
« In rupibus. — Majo. »
Obs, — Forme très-voisine de la variété p obliquum Bryl. Eur., qui se
(6)
distingue du type par sa capsule oblique, cylindrique, à oper-
cule étroitement conique.
UTelslA faffAx Hdw.
« In saxis et rupibus. — iCstate. »
— facAz, forme à feuilles nettement denliculées aueommei.
« Rochers au bord de la rivière aux Trous Marets. n
Obs, — Quoique les feuilles soient très-distinctement denticulces au som-
met, je n^hésite pas à rapporter, au Weisia fugax, cette plante
que M^i" Libert avait nommée Weiêia deniiculata : ses gazon-
nemcnts très-derues et son péristome fugctee Pcloignent tout à
fait de cette dernière espèce.
— DIeksonI Libert Pi. CrypL Ard,, fasc. I, n® 5.
Obs, — Je crois devoir attirer Tattention de mes confrères sur cette espèce,
confondue chez nous avec le Weisia cirrhata, dont elle a le faciès.
Diaprés M"« Libert, elle s'en distingue : i^ par ses capsules
plus petites, cylindriques et non ovales ; 2® par les dents du
péristome blanchâtres et non rougeâtres et enfin 3<» par son
genre d'habitat : elle croit exclusivement sur les poutres en
décomposition, tandis que le Weisia cirrhata croit généralement
sur les troncs d'arbres vivants.
**Cynoiidotlaiii polyrarpam Schimp. a Dicranum Herb. Lib. n
Plante à gazonncroent dense, d'un vert généralement foncé. Tige
rameuse, radicante à la base. Feuilles linéaires-lancéolées, papilleuses sur
les deux faces, dentées au sommet, à nervure excurrentc. Capsule oblon-
gue, presque droite, à col muni d'un goitre très-apparent, opercule
obliquement rostre, à bord crénelé. Anneau caduc.
Hab, a Rochers près de la carrière du Mont^ «>
Obs. — Cette belle espèce, nouvelle pour la flore, diffère du Cynodontium
Bruntoni (auquel elle ressemble le plus par son faciès), par ses
feuilles et sa capsule p/tM allongées et surtout par son col capsu-
lairc it^égulier, goitreux.
*Dlehoilontlaiii pellaeldaiii Schimp.
u Lieux humides et ombragés en Martyr. ^
Obs, — Il y a eu erreur matérielle dans les Plantae Cryptogamicae Arduen-
nae, fasc. I, n<*6 : l'échantillon publié appartient au Dichodontium
pellucidum Schimp., et non à V Oncephor us squarrosusBr id. !
*Dleraiiella Sehreberl Schimp. « Dicranum Herb. Lib. «
« Au bord des rigoles dans les prés du Pouxhon des Iles.
(7)
DleranellA squarroMi Schimp. « Dicranum Herb. Lib. »
a Sur les rochers qui bordent la Miarge, à gauche, au-dessous du pré
des Grous. »
— cerTlenlate Schimp. « Dieranum Herb. Lib. «
« Tourbières de Difflot et Maupas. — Été. •
Obs, — Il y a deux formes : Tune à tige assez élevée, Pautre, qui semble
provenir d*un endroit sec, est restée petite et pourrait bien con-
stituer la var. P pusillum du Bryohgia Europaea.
— ▼•rlA Schimp. a Dicranum Herb. Lib. »
« Ad terram. — Vere. »
Obt. — 11 y a diverses formes en mélange avec le type.
^Dieranum naontaBiina Hdw. « Dicranum ipurium var. y Brid. Herb.
Lib. •
« Vieilles souches dans les bois de PHermitage. *
— na«|us Tu m.
« Bois humide en Gondoufat. »
— spHrlnnaHdw.
Environs de Malmedy. — Stérile.
CanapylopHs iorimceum Br. et Sch. « Campyloput flexuoêvs Brid. Herb.
Lib. «
« [n turfosis. — Vcrc. •
Obs. — La plante publiée par M"* Libcrt sous le nom de Campyloput
arduennae, comme l*a très-bien fait remarquer M. Pire, dans
ses savantes Recherches bryologiques, doit être rapportée au
Campyloput flexuosus Brid. ; tout ce que j'ai vu dans Pherbier
et provenant de diverset localités n*en est qu*une forme à tige
et à feuilles généralement plus fermes, plus robustes, que dans
le type.
FlMldens adlaiitholdetf Hdw.
« In paludosis ad rivulos. — Vere. »
""Scllserla pnsllla Br. et Sch. a Weisia Herb. Lib. •
« Ad rupes calcareas, Gondoufat et Martyr. «
PoUlA eavirolla Ehrh. a Gymnoslomum ovatum Herb. Lib. »
o Sur la terre argileuse. »
— tmiieate var. ^ naajor. « Gymnoslomum Herb. Lib. »
« Sur la terre au Rondthier, Montbijoux, etc. «
lynaodoB mhclliis Br. et Sch. « Weisia curvirostraBrid. Herb. Lib.
« Rochers et lieux rocailleux des bois. «
(8)
Obs. — Outre la forme typique, il y a des échantillons récoltés sur les
rochers de Rondthier présentant des capsules courtes et ovales
et qui appartiennent à la variété o globosn de VAnacalypta
recurvirostris Nées Bryol. Germ., p. 156, tab. XXXVIII, fig. 6.
""^Dldyniodoii barbaloldes Libert (inéd.).
a Caule erecto ramoso-fastigiato, foliis lanceolatis carinatis striatis
a patulo-recurvis colore viride flavescentc lurido, nervo crasso continuo;
tt pcrichaetialibus longe acuminatis ; pedunculo e vaginula cylindrica
a pseudolaterali ex innovatione solitario interdum gemello tergeminove
« rubro; theca erecta cylindrica; peristomii dentibus triginta duobus
« linearibus rubellis trabeculatis rigidis ; operculo conico suberecto theca
a breviore ; calyptra cuculliformi pallida apice nigra. »
Hab. « In rupibus arenariis umbrosis. — Autumno. »
Obs. — Cette espèce inédite, que la savante cryptogamiste avait récoltée
en nombreux spécimens, pourrait être prise, à première vue,
pour une forme robuste du Trichoiiomum riyidvlum Sm., mais
outre les différences marquées dans la diagnose ci-dessus, elle
s^cn distingue par ses gazon nements plut étendus, ses tiges
plus robustes et fasligiées-rameuses.
"lieptotrlehnio flcvlcaale Hampe. « Didymodon Herb. Lib. »
In saxis. — Semper stérile. »
"BarbaU rlglda Schuitz.
« Ad rupes caicareas. — Vere fructificat. »
— aloldcsBr. etSch. « Trichostomum Herb. Lib. »
o In rupibus arenosis et ad terram. — Autumno. »
Obs. ^ Mi<« Libert avait recueilli et soigneusement étudié un très-grand
nombre de formes des polymorphes Barbula fcUlax et unguicu-
/ata ; elles sont conservées dans son herbier et pour la plupart
accompagnées d^une description ou de notes très-intéressantes.
** — rallav Hdw. var. Tlnealoldes Nob. « B. vinealis Herb. Lib. »
o Chaumont. — Vere. »
Obs. — La plante nommée par Mn« Libert Barbula vinealis ne peut être
cette espèce, bien que sa coiffe soit grande et descende souvent
jusqu^au milieu de la capsule, et que Topercule soit deux fois
plus court que celle-ci : il lui manque un caractère de première
importance, Vanneau^ qui entoure Porifice capsulaire du
B. vtnea/i« Brid.
Je la raj»porte au B. fallax, dont elle est une variété très-remar-
quable et qui me parait inédite.
(9)
Bartonla eoBTOlnte Hdw.
« Murs, endroits rocailleux et sur la terre aride en Martyr, près du pont. »
* — Inellnate Schwagr.
Environs de Malmedy.
*— tortnoMi W. et M.
« Rochers en Martyr et à Rhenastein. »
— laeTlpIla Brid. « Syntrichia Herb. Lib. »
o Sur les arbres près Beaufays du côté de Liège et non loin du Thier du
« Mont. — Obê. — Cette espèce me parait différer de notre Tùrtula rura-
« lis : elle croit sur les arbres et est plus petite ; ses soies ne me paraissent
« point dentées et ses feuilles sont plus larges et non bordées. »
^Cirlnmila confcrte Funck. « Grimmia plagiopoda Herb. Lib. »
« Sur les rochers, au-dessous de la ville près Montbijoux. »
* — sracllls Schwagr.
« Feuilles ouvertes-réfléchies, tournées d*un même côté, lancéolées,
« en caréné, entières, à bords recourbés en dehors, non diaphanes au
« sommet. Capsule oblongue, axillaire, jaune; feuilles du périchèze
« terminées par un poil blanc, court, un peu dentelé au sommet. Pédicelle
« n^atteignant pas 1 millim. de longueur. Opercule convexe terminé par
« une pointe droite adhérente au pistil. Coiffe campaniformc déchirée
« à la base en 5-6 lanières, très-rouges» »
Hab, « Sur les pierres à Rhenastein. »
Obs, — Cette espèce n*est qu*une variété du Grimmia apocarpa à tigeê
très-allongées et grêles; on la rencontre assez fréquemment sur
les rochers calcaires ombragés de la province de Liège.
*— apocarpa Hdw. var. 7 rlvnlarls Schimp.
a Bord des ruisseaux. »
— crinita Brid.
a Vieux murs du château de Cronenbourg. »
— orblcHlarls Br. et Sch.
Obs. — Cette espèce, qui se trouve dans Therbier sans étiquette, provient
certainement des environs de Malmedy.
*^ irichophylla Grev.
Même observation.
* — Bioniaiia Br. et Sch.
Même observation.
^MacoBiUrlani aelenlare Brid.
« In saxis humidis rivulorum. — Vere. »
(10)
^Haeemltrlani hclerosClehiini Brid.
«Rochers et pierres du chemin de Rhenastein. — Trouvé en septembre. •
06». — Récolté moi-même sur les rochers en face de Bcvcrcé, où il croît
en abondance avec le Melzgeria pubetcens var. dongata Nées et
plusieurs Lichens, notamment le beau Sphcierophoron fragile.
* var. 7 sracllescema Sch. « RctcomUrium aquaticum Brid. Herb.
Libert. »
« Rochers près de remplacement de Tancien chAteau de Weisme ! »
*~- foflCleHlare Brid. « Trkhostotnum Herb. Lib. »
a Sur les pierres en Martyr. *
06». — En juillet 1870, j'ai trouvé cette espèce en abondance dans THer-
togenwald , sur des blocs de pierres, près de Orossart.
— laniislBiMiBni Brid. « Trkhoilomum Herb. Lib. »
a Rochers de la Falisse. »
Vlote crispa Brid.
« Troncs d'arbres. — Printemps. •
^Oriliolrlchani MULaille Woods.
« Ad saxa et muros. »
HcdwIsiA dllAta Hdw. « Schistidium Herb. Lib. »
« Ad saxa. — Hieme. »
finealypta «(reptoearpa Hdw.
« In mûris vctustis. — iEstatc. » — Bien fructifié!
— elllata Hdw. a £. fimbriata Herb. Lib. »
tt Malmedy. » — Le péristome n'est pas persistant, v
^itehlstotesa osmandacea W. et M.
« Rochers de la Falisse et au Rhonthier. »
Ohê, — Cette magnifique espèce alpine, nouvelle pour la flore, a été
trouvée en grande quantité et parfaitement fructifiée !
^^SplaehnHBi sphaerleiiiii Hdw.
Touffes lâches, d'un vert intense. Tige droite, courte, rameuse, émettant
des radicelles rousses à l'insertion des feuilles inférieures. Feuilles éparscs,
peu rapprochées, étalées, obovales-acuminécs, entières ou irrégulièrement
dentées, à côte généralement évanouissante sous le sommet. Pédicelle
terminal, rougeâtre à la base, allongé (de 3 à 10 centim.). Capsule dressée,
subcylindrique, à apophyse ovale, globuleuse aussi longue qu'elle, plissée
en séchant. Opercule convexe, papillcux. Dents du péristome lancéolées,
obtuses, rapprochées par paires, parfois trouées sur la ligne divisurale.
Columellc exserte, dilatée en disque.
(11 )
Bab. a Lieux tourbeux à Baileu et Maupas. — Trouvé en mai »
Obs. — On n'observe cette belle espèce dans la partie centrale de TEurope
que dans les régions alpine et subalpine.
Splachnuin aupallaceuRi L. « S. Tumerianum Herb. Lib. »
« Marais en Maupas. — Trouvé en mai. »
^Entliostodoii erlectorniii Schimp. « Gymnostomum Herb. Lib. »
« Trouvé en août 1833, au pré des Glous, sur le rocher dit : le Bodet. »
Mélangé avec d*autres Mousses.
— ftwclenlAre Schimp. a Gymnoitomum Herb. Lib. »
« Terre argileuse près Wavreumont et au Rondthier. »
^Webera elonsate Schwagr. « PoMia Herb. Lib. »
« Rochers de TEau Rouge. »
*^ nntaiisHdw.
« In ericetis et turfosis. »
'^* var. £ loBsIsete Schimp. « Meesia longiseia Herb. Lib. »
Plante humble, à tige simple, à feuilles supérieures plus grandes étalées,
à capsule pendante, plus courte que dans le type, portée par un pédicelle
très-long. — Cette variété est spéciale aux endroits tourbeux.
Bab, a In turfosis. — iËstate. «
* — ernda Schimp. « Bypnum crudum Herb. Lib. »
Sur les rochers à Montbijoux et près de la carrière du Mont. » — Fructifié.
— •buoCIba Schwagr.
« Au grand pré. »
Obs. — Un second échantillon présentant les fleurs mâles porte celte indi-
cation : « Sur les pierres à P£au Rouge. »
-« earnea Schimp.
Environs de Malmedy.
Bryam Inellnatani Br. et Sch. « Pohlia elongata Herb. Lib. •>
« Croit en Martyr au bord des rigoles et sous Chaumont. « Été et au-
tomne, n
**^ Fankll Schwagr. (Bryum indéterminé de l'Herb. Lib.)
Gazonnement peu dense. Rameaux amentacés. Feuilles ovales, cochléari-
formes, à aréolation du tissu cellulaire lâche, à nervure dépassant un peu
le sommet. Capsule inclinée, obovale ou globuleuse-pyriforme, semblable
par la grandeur et la couleur à celle du B, caespiticium,
Bab, tt Mur d'un jardin à Sleinbach. •
Obs, — Ce Bryum, Pun des plus rares de la flore d^Europe, offre la plus
grande ressemblance avec la var. ^ gracilescens Schimp. du
(12)
B, caespilicium ; on Pen distingue très-bien, diaprés M. Schimper,
par ses feuilles terminées par une pointe beaitcoup plus courte^
entièrement planes, à aréolation du tissu cellulaire moins dense,
par le péristome extérieur de sa capsule qui laisse sortir, entre
les interstices des dents, les processus du péristome intérieur, chose
qui ne se voit dans aucune variété du B. caespiticiumi^).
Brynm paeudotrIqiaetriiRi Schwagr.
a In locîs humidis. — Vere. »
— pallena Sw.
a En Gondoufat, au bord de l*étang, mêlé au B. pseudotriquetrûm. »
06s. — Cette espèce parait assez répandue dans cette partie de la région
ardennaise ; je Pai rencontrée abondamment, mais toujours
stérile, à Polleur, La Reid et dans PHertogenwald.
— roaeam Schreb.
Environs de Malmedy. — Stérile.
Obs. — Abondant dans la vallée de la Vesdre, de POurthe et dans PHer-
togenwald, où il se montre très- indifférent quant à la nature de
ses stations, car je Pai observé dans les lieux secs des bois à fond
rocailleux et dans les endroits très-humides mélangé au Philonolis
fontana et Aulacomnium palustre!
BarCramla Uhyphylla Brid.
tt Rochers. »
Obs. — En juillet i871, j*ai récolté cette espèce en petite quantité sur les
rochers de Rhenastein, où elle croissait avec le B. Oederi qui y
est très-abondant dans le voisinage immédiat des ruines.
— pomirormU L. var. ^ crispa Sw.
a Sur les rochers en Martyr et le long de la Warge. »
"^""Ollsotrlcham hereynleum Lmk ; DC. Fl. fr,, I, p. i92. « Polytri-
chum crassisetum Herb. Lib. »
Tiges florifères dressées, simples, peu élevées. Feuilles inférieures
petites, ovales-acuminées ; les supérieures serrées, linéaires-lancéolées
incurvées, concaves, dentées au sommet ; côte munie de lamelles nom-
breuses, fortement ondulées, portant des excroissances en crête dentée sur le
revers. Pédicelle dressé, tordu à droite. Capsule dressée, régulière, ovale-
cylindrique, ferrugineuse, déformée sur le sec, anguleuse et un peu
(I) Bryologia Europaea, vol. IV, p. 78.
(13)
rctrécie sous Pouvertare. Péristome à dents courtes, irrégulières, blan-
châtres. Opercule conique, aigu. Coiffe peu poilue quelquefois ciliée à la
base. Dioîque.
Hab. « Entre Xhoffraix et Baileu. »
Ohs. — Cette belle espèce, nouvelle pour la flore, appartient exclusivement
aux régions alpine et tubalpin»,
*PolytrlcliHni aloldes P. Beauv. ^ mlnmi Sch. « Polytrichum
Herb. Lib. »
Environs de Malmedy.
* — sracllc Menzl.
« In turfosis ! Maupas et Baraque-Michel. »
•— formiMiiini Hdw. var. Imneo-dlvlso.
« In rupibus schistosis. — Vere. »
— •IrleiHBi Menzl.
« Environs de Malmedy. »
BnxlMiiinila apliyllA Haller.
a Sur la terre au-dessous du bois de sapins en Moussepine. — Printemps. »
II. MOUSSES PLEUROCARPES.
Pontlnalla antlpyreCIca L.
« Ruisseaux, bords des fontaines, v
Obs, — C'est une forme à tige courte, dressée et non ramifiée.
LeveodoB «cluroldes Schwâgr. « Trichostomum Herb. Lib. »
a Troncs d'arbres. »
PIcrlsophyllHBi Ineenii Schimp. « Hypnum Herb. Lib. »
« Ad terram in sylvishumidis umbrosisque. — Vere.
Bien fructifié !
Lcskea polyearpa Ehrh.
« Troncs d'arbres. »
*AiioRiodoii lonsirollnii Hartm.
Rochers de la Falisse.
— AUenaataa Hartm.
a Rochers en Gondoufat, et sur les troncs d'arbres. »
CllniAcliim dendroldcs W. et M.
« Prairies humides. » — Fructifié.
^Braeliytheclaiii rlvnlare Schimp.
Lieux humides en Gondoufat.
( 14)
*Br«ehytlicelani MUcbrosBai Schimp. « Hypnum Herb. Lib. »
« Rochers dans les lieux ombragés eo Gondoufat. »
— alblcaiis Schimp. « Hypnum Herb. Lib. »
« Sur les pierres dans les lieux sablonneux à THermitage. »
— p^palcam Schimp. « Hypnum Herb. Lib. »
« Sur les pierres à Stavelot, Malmedy, etc....»
— plmuosmii Schimp.
« Dans les fossés des bois en Gondoufat. »
EarbyiichlaRi nayosaroldes Sch. « Hypnum Herb. Lib. »
* Troncs d^arbres et rochers à Rhenastein. »
^■yoeomlum llasellare Br. et Sch. « Hypnum Herb. Lib. »
a Pierres dans la Warge. »
Obt. — J^ai découvert, en juin 1S69, une habitation de cette rarissime
espèce dans THertogenwald, au bord de la Gileppe, en amont du
barrage actuellement en construction.
*PlASlotheelaiii •lIculACHna Br. et Sch. a Hypnum Herb. Lib. »
a Sur les vieilles poutres et les troncs d'arbres à Rhenastein. >
* — sylvatlciini Br. et Sch.
Lieux ombragés.
— «ndHlaiuiii Br. et Sch. « Hypnum Herb. Lib. » '
a Bois humides ei^ Gondoufat. — Printemps. » — Fructifié.
^Amblystcslatti IrrlfiiHni Schimp.
Pierres dans les ruisseaux.
'*' — flnvlatlle Schimp. « Hypnum Herb. Lib. >
Même indication.
■ypnnni slellatiiiii Schreb. « Hypnum proUnsum Brid. Herb. Lib. •
« Dans les tourbières sous la Palisse.
— nnelBalnni Hdw.
a Lieux ombragés. — Eté. * — Fructifié.
* — revolvcna Sw. a Hypnum aduneum var. revolvens Herb. Lib. •
« Prés, le long des ruisseaux. »
* — praCenae Roch « Hypnum cupressiforme Herb. Lib. v
« Sur la terre le long des ruisseaux. »
* — crlste-caaCreBsla L.
« Ad terram saxaque in sylvaticis humidis. — Autumno. » Très-abon-
dant et chargé d*urnes !
* — palvstre L.
« Rochers le long de la Warge. »
(15)
^Hypnnin slsantenni Schimp. « Hypnum cordifolium Herb. Lib. •
« Dans les marais en Martyr. » — Fructifie.
* Andraea pelrophlla Ehrh. a Andraea rupestris Herb. Lib. »
« In rupibus. — iEstate. »
* — r«pea4rl« Schimp.
« In rupibus. — Vere. •
SphAsnniii flinbrlatani Wils. « Sphagnutn palustre var. B. Herb. Lib. »
« Bois bumides aux Trous Marets. »
Obi. — Se trouve en mélange avec d'autres espèces moins rares.
Primitiae Monographiae Rosarum. — Matériaux pour servir
à l'Histoire des Roses, par François Crépin.
DEUXIÈME FASCICULE.
VIII. — Révision des Roses de l'herbier de Willdenow.
Pour élucider Thistoire des Roses, il est indispensable
de consulter l'herbier de Willdenow. Grâce à !a bienveil-
lante intervention de MM. Garcke et Ascherson, conser-
vateurs au Musée botanique de Èerlin, les Roses de
Therbier de Willdenow, ainsi que toutes les autres Roses
conservées dans THerbier royal de Berlin, m'ont été
confiées pour en faire la révision. Cette précieuse com-
munication m'a permis d'étudier avec le plus grand soin
les Roses décrites par Willdenow.
Ces Roses sont renfermées dans un carton assez
volumineux. Les spécimens de chaque espèce sont réunis
dans une feuille double ou chemise en papier bleu. Sur
le recto du premier feuillet de chaque chemise, il y a,
au coin gauche supérieur, un numéro d'ordre général, et
au coin droit inférieur, une étiquette portant le nom et
( 16 )
la diagnose de Tespèce. Les étiquettes collées sur les
chemises, et qui sont écrites par Willdenow, ont été
découpées dans les anciennes chemises spécifiques de
Therbier, qui étaient en papier blanc. Au verso du
même premier feuillet, se trouvent fixées des étiquettes
se rapportant à des échantillons attachés sur les feuilles
simples. Ces dernières sont numérotées au coin droit
supérieur et portent, au coin droit inférieur, un W.,
parfois accompagné de certaines indications. Les inscrip-
tions faites directement sur les feuilles simples sont de
récriture de von Schlechtendal. Ce botaniste, après la
mort de Willdenow, avait été chargé de mettre en ordre
rherbier délaissé par ce dernier.
Dans la révision que j'ai faite, au lieu de suivre
Tordre des numéros de l'herbier, j'ai rangé les espèces
d'après leurs sections ou tribus. J'ai eu soin de trans^*
crire textuellement toutes les indications qui concernent
les espèces et leurs échantillons.
Qu'il me soit permis d'exprimer ici ma profonde recon-
naissance à MM. les Administrateurs de l'Herbier royal
de Berlin, qui ont bien voulu me confier les matériaux
précieux, dont une partie a servi dé base à cette notice.
En Allemagne, pays où la science est en si grand
honneur, les administrateurs des Musées scientifiques
ont compris tout l'avantage que la science peut retirer
du prêt des collections confiées à leur garde, et, dans
cette excellente voie, ils n'ont pas été arrêtés par les
risques que peuvent courir ces collections dans les
transports à longue distance. Lorsqu'il s'agit d'un groupe
difiicile et nombreux en espèces,Jl est souvent impossible
d'en aborder l'étude pendant les courts séjours faits dans
les Musées étrangers, et puis il arrive fréquemment que
( 17)
le naturaliste ne peut aller consulter les collections en
dehors de son pays. Dans ce cas, les prêts à lextérieur
sont d'autant plus précieux qu'ils donnent lieu à des
observations mieux faites et plus approfondies. En effet,
les objets communiqués peuvent être confrontés avec
ceux faisant partie de la collection particulière du
savant auquel ils sont confiés , et ils sont étudiés à
Taide d'une bibliothèque spéciale formée dans le but
d'élucider les objets soumis à l'examen. Appréciant les
grands avantages de ces prêts à l'extérieur, les adminis-
trateurs de plusieurs institutions scientifiques de notre
pays ont imité l'exemple que leur donne l'Allemagne et,
dès aujourd'hui, au moyen d'inventaires soigneusement
dressés, le Musée royal d'histoire naturelle de Belgique
et le Jardin botanique de Bruxelles sont en mesure de
communiquer une partie de leurs collections aux savants
étrangers.
Sect. STlVSTTLâE.
W 9S45. — Rosa moschata. (Copie de la diagnose de
YHortus Kewensis d'Aiton, 2, 207.) — Habitat
Ce numéro est représenté par une feuille simple, por-
tant un rameau florifère, et au bas de laquelle on lit :
« a Heyne. W, »
Ce rameau florifère, qui est à fleurs semi-doubles, appar-
tient bien au R, moschata Ait. Axe glabre, mais muni
de quejlques fines glandes ; folioles à côte et à nervures
secondaires un peu velues, à dents un peu glanduleuses;
réceptacle un peu glanduleux dans sa moitié inférieure.
Jusqu'à ces derniers temps, la patrie du R. moschata
était restée douteuse. Lindley, dans sa Monographie, cite.
( i8)
comme patrie de cette espèce, le royaume de Tunis,d après
Desfonlaines , le midi de l'Espagne , d'après Quer et
Tile de Madère, d'après Staunton ; cet auteur considère
l'espèce comme véritablement indigène dans le nord de
l'Afrique, où elle s'étendrait de TÉgypte à Mogador et de
ce dernier point jusque dans l'île de Madère. Seringe, dans
le Prodromusy indique le royaume de Tunis comme patrie
douteuse et dit que l'espèce est.plulôt originairedu Népaul.
Je ne découvre pas sur quoi il s'est fondé pour faire cette
dernière supposition. Lindley, à propos de l'opinion
exprimée par Thory sur l'origine de cette espèce, écrit :
« But there is no ground for Mr Thory 's assertion, that it
is a native of Hindostan. Roxburgh, who describes it under
the name of glandulifera in his MSS, was uncertain bow
it found its way into tbe Botanic Garden at Calcutta; but
guessed it might bave been introduced frômCbina.» Trat-
tinnick en parle de la façon suivante : « Hab. in Barbaria,
Gallia et Hispania. Golitur in toto Oriente, et ex India
orientali propagata fuisse videtur. » Tout récemment,
M. K. Koch, dans sa Dendrologie, en parle dans ces
termes : « Warscheinlich Persien und (?) Nordafrika,
wo sic vielleicht nur verwildert wâchst. »
La supposition de Seringe était fondée, car cette espèce
habite bien le Népaul, d'où elle paraît être originaire.
MM. Hooker et Thomson l'ont observée dans cette région
à une altitude de 3 à 8000 pieds. Antérieurement, Wal-
lich avait déjà envoyé en Europe des spécimens provenant
de cette contrée.
Ce qui me porte à croire que l'espèce est bien réel-
lement originaire de l'Inde, c'est qu'en Perse, à l'île de
Candie, dans l'Afrique septentrionale, d'après les spéci-
mens que j'ai pu examiner, la fleur est plus ou moins
(19)
pleine, ce qui indique apparemment qu'il y a eu introduc-
tion : au Népaul, la fleur est simple. Meyen a rapporté le
R. moschata (fl. plen.) de la Cordillière St-Fernand du
Chili. La plante croissait à 3000 pieds d'altitude. Dans
Therbier du Musée de Leyde, j'ai vu un beau spécimen du
R. moschata à fleurs simples récolté dans Tune des lies
Moluques : il est probable que la plante y a été introduite.
Miquel (Annales Musei Rotanici Lugduno-Rataviy t. III,
p. 39) signale le /{. moschata au Japon, mais le D' Sava-
tier ne l'y a jamais observé et jusqu'ici je n'en ai pas
vu d'exemplaires dans les herbiers que j'ai consultés.
Lindley et après lui plusieurs auteurs de mérite ont cru
que le R. Rrunonii Lindl. était une forme spécifiquement
distincte du R. moschata] or Tétude approfondie que j'ai
faite de nombreux échantillons de ces deux prétendues
espèces m'a démontré, d'une façon incontestable, que ce
ne sont que deux simples variétés du même type, se reliant
insensiblement par des formes intermédiaires. Le R. Rru-
nonii est simplement une variété glanduleuse du R. mo-
schata. Plus tard, dans un travail spécial sur les Roses
de l'Asie, je m'étendrai longuement sur ces deux formes.
Le R. Rrunonii est originaire du Népaul, ce qui vient
confirmer l'opinion exprimée précédemment au sujet de
la patrie du R. moschata.
N*" 9S69. — Rosa sempePTlrens. (Copie de la diagnosc
de VHortus Kewensis d^Aiton, 2, 205.) — Habitat in
Germania.
Au verso du premier feuillet de la chemise, se trouve
l'étiquette suivante : « Hunneman. W. »
Ce numéro est représenté par deux feuilles simples.
Fol. 1). Un rameau florifère. — Réceptacle florifère
ovoïde-arrondi j colonne stylique velue.
(20)
Fol. 2). Un rameau fructifère. — Réceptacle fruc-
tifère petit et globuleux ; colonne stylique velue.
Ces deux spécimens appartiennent à la forme du
R. sempervirens L. que M. Déséglise décrit sous le nom
de R. scandens Mill.
N" 9S61. — Rosa pepens germinibus oblôngis glabris,
pedunculis glandulosis, caule repente petiolisque acu-
leatis. — Habitat in Austria.
Ce numéro est représenté par trois feuilles simples.
Fol. 1). Un rameau florifère et un long fragment de
tige muni de deux ramuscules florifères. — Ces deux
spécimens appartiennent à la forme du R. arvensis Huds.
que Ton désigne sous le nom de R. repens Scop. Au
milieu de la feuille, il y a un ramuscule qui appartient
au petit groupe des Sepiaceae et qui parait voisin du
R. Jordani.
Au bas de la feuille, sont fixées deux étiquettes écrites
par Kitaibel. L'un d'elles porte : < 171. Rosa an sem-
pervirens? Rami longissimi, ad 2 et amplius orgyas
extensif in terram decumbentes et radicantes^ subinermes.
— In fruticetis Hungariae, Slavoniae, Ranatus, sub
finem majo. » L'autre étiquette porte : « /// 39 Rosa
(repens), campestris alba. C. Rauhin Pin., p. 484, n** 18.
Scop. Carn. 2 n** 610. Ich schicke dièse Art unter n" 171
mit den Frage : an sempervirens ? Sie antworteten : is
von die R. collina. »
L'échantillon de Sepiaceae se trouve évidemment égaré
sur cette feuille.
Fol. 2). Un rameau florifère. — Appartient au
R. repens Scop.
Fol. 3). Trois rameaux florifères, accompagnés d'une
(21 )
étiquette écrite probablement par Wibel et portant ;
Rosa serpem fl. Werth. — Ces trois spécimens appar-
tiennent encore au R. repens Scop.
W" 9S60. — Rosa aPTenals germinibus globosts peduncu-
lisque glabrts, caule petiolisque aculeatis, floribus cymo-
sis. Lin. Syst., ed R.y 2, p. 526. — Habitat in Anglia,
Scania, Dania, Germania.
Au verso du premier feuillet de la chemise, on lit :
« Roth. W. »
Ce numéro est représenté par cinq feuilles simples.
Fol. 1). Un rameau florifère. — Ce spécimen est trop
incomplet pour bien juger de la forme du R. arvensis à
laquelle il appartient.
Fol. 2). Un rameau florifère. — C'est une forme de
la section des Caninae^ trib. Riserratae et voisine du
R. oblonga Ripart.
Fol. 3). Un rameau florifère accompagné d'un récep-
tacle fructifère. — C'est une forme de la section des Ca--
ninae, trib. Riserratae et voisine du R. oblonga Rip.
Fol. 4). Un rameau fructifère. — C'est une forme de
la section des Caninae^ trib. Riserratae et qui peut être
rapportée au R. viridicata Puget.
Fol. 5). Un rameau fructifère avec réceptacles encore
verts. — Ce spécimen est accompagné d'une étiquette de
Schultz ainsi conçue: a Rosa sylvestris Schrank? — In
dumet. advias public. Flor. Starg. » — C'est une forme
de la section des Caninae, trib. Pubescentes et voisine du
R. pyriformis Déségl.
( 22 )
W 9§S1. — Rosa tagarioram germinibus subrotundis
glabriSy peduncults hispidis, calycibus pilosiSy petioHs
villosis aculeatiSy caule aculeis sparsis. — Hab,...
Ce numéro est représenté par une feuille simple portant
un ramuseule florifère.
Sprengelet Steudel rapportent cette espèce de Willdenow
au R. arvensis. M. K. Koch la rapporte au R. repens. Elle
me paraît être une hybride {R. arvensis X gallica?).
Voici la description que j'ai faite sur le spécimen pré-
cité, sur un second spécimen qui se trouve attaché sur la
première feuille du R. cinnamomea N** 9819, et enfin sur
deux autres, N'* 9837, fol. 1 et 2.
R. tuguriorum^^ iWd, — Pas d^aiguillons crochas. Ramuscules flori-
fères à entrenœud supérieur chargé de très-petits aiguillons assez peu
nombreux. Folioles rappelant celles du R. arvensis, glabres en dessus,
à ncrvMres velues, portant quelques rares poils sur le parenchyme, à
dents accompagnées d*un ou deux denticules glanduleux accessoires.
Pétioles pubescents-glandulcux, inermes. Stipules à oreillettes très-
divergentes. Fleurs réunies par trois, longuement pédicellées. Pédi-
celles longs de 15 à 25 mill., modérément bispides-glanduleux. Récep-
tacle florifère obovoïde, court, lisse. Sépales assez courts, à pointe
courte, les trois extérieurs pourvus de pinnules assez nombreuses.
Corolle petite, à pétales paraissant avoir été d^un rouge assez foncé,
nombreux et rendant la fleur presque pleine et sans étamines. Styles
saillants, non réunis en colonne, fortement velus.
Sect. INDICAE.
Sous le nom d'Indicae, j'ai réuni, dans THerbier royal
de Berlin, les diverses formes qu'on a nommées R. indica,
R. semperflormsy R. diversifoliay R. longifolitty R. chi-
nensiSf R. Lawranceana, etc. Selon moi, ces Roses
méritent de constituer une section spéciale. Celle-ci,
(23)
caractérisée par des styles plus ou moins saillants, par
des stipules toutes étroites, par le mode d'inflorescence,
a sa place marquée à côté de la section des Synstylae. —
Trattinnick avait déjà établi cette section sous le nom de
Smithianay mais il y avait introduit une espèce qui ne
peut en faire partie, le R. sinica.
La section des Indicae est composée de formes dont
la délimitation spécifique est encore très-obscure, ce qui
est dû à ce qu'elles ont été toutes primitivement décrites
sur des plantes cultivées et plus ou moins profondément
modifiées par une longue culture, non-seulement dans
les jardins d'Europe, mais dans ceux de la Chine et
du Japon.
H'' 9§7S. — Rosa indien germinibus ovatis peduncu-
lisque glabris, caule subînermiy petiolis aculeatis. Lin,
Syst.f éd. E., 2, p. 531. — Habitat in China.
Ce numéro est représenté par deux feuilles simples.
Fol. 1). Un rameau florifère. — Ne se rapporte aucu-
nement à la diagnose de Linné reproduite par Willdenow.
Il doit appartenir à la même forme que le R. indica
humilis publié par Seringe dans ses Roses desséchéesy
n° 39, seulement les folioles sont un peu plus grandes.
Rameau ne présentant qu'un petit aiguillon; ramuscule
inerme; folioles tout à fait glabres, à dents accompagnées
d'une glande ; deux fleurs, la médiane à pédicelle muni
de 3 ou 4 fines glandes; réceptacle florifère ovoïde-
allongé, lisse. Les pétales sont aigus comme dans la
planche 1762 du Rotanical Magazine, ce qui rapproche
cette forme du R. Lawranceana Sweet.
Fol. 2). Un rameau muni d'un ramuscule foliifère.
— Appartient au R. sinica Murr. {R. laevigata Mx,
R, hystrix Lindl.).
(24)
IV** 9871. — Rosa semperloreas germinibus oblongts
pedunculisque hispidis, catUe petiolisqiie aculeato-his-
pidis, foliis subternaiis. — Rosa sehperflorens cavk
aculeato, foliis subternis ^ pedunculisque subunifloris
aculeatO'hispidiSy calycis laciniis integris. Curt. Mag.y 8,
t. 284. -^ Habitat in China.
Au verso du premier feuillet de la chemise, on lit :
« Eyserbeck. W. »
Ce numéro est représenté par trois feuilles simples.
Fol. 1). Trois ramuseules florifères. — Appartiennent
au R. semperflorens Curt. Folioles ternées (dans Tun
des ramuseules, les deux feuilles supérieures sont uni-
foliolées), ovales, brièvement aiguës, glabres en dessus,
à côte un peu velue en dessous, à dents assez souvent
accompagnées d'un denticule glanduleux ; pétioles velus,
un peu glanduleux, aiguillonnés; fleurs semi-doubles,
solitaires; pédicelles longs (40-45 mill.), chargés de
glandes très-flnes et peu nombreuses ; sépales entiers.
Fol. 2). Un rameau florifère à deux ramuseules flori-
fères et accompagné d'une feuille détachée à 5 folioles.
— Il est possible qu'il appartienne au R. semperflorem,
mais ce n'est pas la même forme que la précédente.
Folioles plus amples, longuement aiguës, à côte glabre ;
pétioles seulement un peu pubescents dans le sillon;
fleurs plus doublées; pédicelles plus épais, paraissant
lisses; réceptacle plus gros, ovoïde; sépales extérieurs
pinnulés; styles glabres dans toute leur partie exserte.
Cette forme pourrait bien appartenir au R. indica décrit
par Lindley.
Fol. 3). Un ramuscule florifère. — Appartient au
R. nrtidaWilld.!
(25)
]y<* 9§72. — Rosa ionglfoUtk germinibits oblongis glabris,
pedunculis glanduloso-subaculeaiis y caule subinermiy
petiolis aculeattSy foliolis glabris ovatis acumtnatts.
— Habitat in India.
Au verso du premier feuillet de la chemise^ sont fixées
les deux étiquettes suivantes : « Wendland. W.n — « Rosa
indica. (W.) »
Ce numéro est représenté par deux feuilles simples.
Fol. 1). Deux rameaux florifères ^ accompagnés de
1 étiquette suivante : « Rosa longifolia Willd. var. florib.
atro-rubris Red Hills Nvmbr. 25,99 Jf' Call's Garden
(Klein). » Au bas de la feuille, on lit : « Klein. Ind.
1796. W. »
Folioles ternées ou quinées selon leur point d'insertion
ou la vigueur des ramuscules, parfaitement glabres sur
les deux faces, ovales, lancéolées, acuminées, toujours
plus d'une fois plus longues que larges, assez souvent
une fois et demie à deux fois plus longues que larges,
atténuées-arrondies à la base ou même assez sensiblement
atténuées, ordinairement longuement aiguës-acuminées,
à dents larges, peu profondes, superficielles, simples, ou
parfois accompagnées d'un denticule accessoire ; pétioles
glabres, églanduleux, presque toujours inermes, rarement
munis d'un petit aiguillon ; stipules étroites, ciliées-glan-
duleuses, à oreillettes petites et divergentes ; bractée
inférieure étroite, terminée par une pointe largement
foliacée ; pédicelles longs (40-55 mill.) , chargés de
glandes fines et modérément nombreuses, les latéraux
munis à la base de deux petites bractées alternes; récep-
tacle florifère ellipsoïde-allongé, lisse ; sépales extérieurs
un peu pinnulés, à pointe assez large, denticulée; disque
conique et saillant; styles glabres, assez longuement sail-
(26)
lants, plus ou moins divergents et égalant presque les
étamines. — Sur ces deux rameaux, il n'y a pas d'aiguil-
lons.
Fol. 2). Un rameau florifère , accompagné d'une éti-
quettede Roxburgh portant : « China Rose. i> — Me parait
devoir se rapporter parfaitement au R. longifolia Willd.
Je pourrais m'étendre en de très-longues remarques sur
la synonymie des formes de cette section, sur la valeur des
diverses formes au point de vue spécifique, mais com-
me je ne possède pas encore les éléments suffisants pour
élucider ce groupe extrêmement obscur, je préfère passer
sous silence les nombreuses observations que j'ai déjà
faites sur les Indicae.
Sect. PinPINELLIfOLIAE.
]W<> 9§20. — Rosa pimplnellifolia germinibus globosis
pedunculisque glahris , caule aculeis sparsis rectis ,
petiolis glabriSy foliolis obtusis. Lin. Syst., éd. R.^ 2,
p. 526. — Habitat forte in Europa.
Au verso du premier feuillet de la chemise, on lit :
« Rouché. W. »
Ce numéro est représenté par quatre feuilles simples.
Fol. 1). Un rameau florifère. — Ce spécimen me
paraît appartenir au R. spinosissima L. (ped. et recept.
glabr.) cultivé. A l'aisselle de la feuille supérieure des
deux ramuscules florifères et à côté du pédicelle terminal,
se trouve un long pédicelle latéral muni de deux bractées.
Fol. 2). Un rameau florifère. — Appartient au vrai
R. spinosissima (ped. et recept. glabr.).
Fol. 3). Deux rameaux après floraison. — Appartien-
nent également au R. spinosissima (ped. et recept. glabr.).
(27)
Fol. 4). Un rameau florifère, accompagné de rétiquette
suivante: « Rosa pimpinellifolia fl Caucas. » —
Appartient encore au R. spinosissima et c est probable-
ment la forme que Marschall von Bieberstein appelle
R. pimpinellifolia. Les pédicelles sont hispides-glanduleux
dans toute leur longueur ou seulement dans leur moitié
inférieure; les réceptacles sont lisses, ainsi que les sépales;
les styles sont entièrement velus.
]M<* 9S25. — Rosa spinosissima germinibm globoêis
glabrisy pedunculis hispidis, caule petiolisque aculea--
tissimis. Lin, Syst., éd. R., 2, p. 526. — Habitat in
Europa.
Au verso du premier feuillet de la chemise, on lit :
« In Thuringia lect. W. »
Ce numéro est représenté par trois feuilles simples.
Fol. 1). Deux rameaux florifères. — Appartiennent au
R. spinosissima. Pédicelles munis de quelques rares soies
glanduleuses ; folioles assez grandes, ovales-suborbiculai-
res ; styles hérissés-velus.
Fol. 2). Un petit ramuscule florifère. — N^appartient
pas, je pense, aux Pimpinellifoliae. Axe raméaire chargé de
nombreux aiguillons sétacés, très-fins et longs, devenant
plus délicats sur le ramuscule; folioles rappelant celles
des Alpinae, mais plus petites, à dents composées-glandu-
leuses, glabres sur les deux faces, à côte un peu glandu-
leuse ; pétioles glabres, glanduleux ; stipules à oreillettes
plus larges que dans les Pimpinellifoliae ; pédicelles soli-
taires, un peu hispides-glanduleux; réceptacle ovoïde-
arrondi; sépales entiers, les extérieurs à pointe assez
longue, foliacée, denticulée-glanduleuse; styles velus.
Fol. 3). Deux rameaux florifères. — Appartiennent
typiquement au R. spinosissima. L'un des rameaux a les
(28)
pédicelles lisses ou munis de quelques rares glandes ; les
styles sont presque glabres, avec quelques rares poils
visibles ; les pétioles sont glabres et presque églanduleux.
L'autre rameau a les pédicelles hispides-glanduleux^ les
styles velus, les pétioles pubérulents et un peu glandu-
leux, les folioles très-petites.
N** 9S9!t« — Rosa altaieii germinibus globosis peduncu-
lisque glabriSy caule hispidù-aculeato, petiolis parce
hispidis. — Habitat in Sibiria.
Ce numéro est représenté par deux feuilles simples.
Fol. 1). Un rameau florifère. — Au bas delà feuille,
on lit : « Hort. bot. Berol. W. » — Cette forme ne pré-
sente rien de distinctif, même pour en faire une simple
variété ; elle appartient au type du R. spinosissima. Sur
ce rameau, il existe trois fleurs, dont Tune a le pédicelle
hispide-glanduleux et les deux autres, le pédoncule lisse.
Fol. 2). Un rameau florifère, accompagné de l'étiquette
suivante : ^ Rosa pimpinellifolia PalL fl. ross. — Educavi
ex seminibus auctoris. Accedit proprius ad R. spinosissi-
mam. Mihi videtur sp. nov. Frutex plus quam sexpe-
dalis. Corolla aiba. » Cette étiquette est de Pott. Le
spécimen présente quelque chose de particulier dans le
faciès, sans cependant offrir de différences essentielles qui
le distinguent du R. spinosissima. Les folioles ne sont
pas a subrotundo-ellipticis, » comme le dit Willdenow
(Enum.), mais ovales, assez allongées et assez souvent
sensiblement atténuées à la base. Dans le rameau fixé sur
la première feuille, les folioles peuvent être dites « subro-
tundo-ellipticis » et sont arrondies à la base.
A en juger d'après ce qui précède, le R. altaica Willd.
ne serait au fond qu'un simple synonyme du R. spino-
sissima.
(29)
N^ 9S54. — Rosa reversa germinibus oblongis peduncu-
lisque hispidis, foliis glabris, aculeis caulinis reversis.
— Habitat in Hungaria.
Ce numéro est représenté par une feuille simple, portant
un ramuscule florifère, et au bas de laquelle, on lit :
« Hort. bot. BeroL W. »
Cet échantillon provient probablement d'un semis du
type de Waldstein et Kitaibel. Par ses caractères, il répond
bien à la description et à la figure que ces derniers auteurs
ont données de leur B. reverm. Willdenow décrit les fo-
lioles comme étant glabres, mais elles ont la côte et les
nervures secondaires velues. Les dents foliaires ne sont
pas très-composées-glanduleuses : chaque dent n'étant
accompagnée ordinairement que de 1 ou 2 denticules
accessoires et même certaines dents sont simples. Sur le
ramuscule, il y a deux fleurs réunies au sommet de Taxe.
m*' 9S07. — Bosa glandoloaa inermis, foliolis lanceo-
latiSy germinibus ovatis pedunculisque hispidis. BelL
App.y 24. — Habitat in Gallia, Italia.
Ce numéro est représenté par une feuille simple, portant
un spécimen accompagné d'une étiquette de Bellardi ainsi
conçue : « Rosa glandulosa Nob. Append. »
Gomme le R. glandulosa de Bellardi est une forme liti-
gieuse, dans laquelle beaucoup d'auteurs ont voulu voir
une espèce de la section des Montanae et pour laquelle
on prend fréquemment le vrai R. montana de Chaix, je
crois bien faire en donnant la description détaillée du
rameau authentique conservé dans l'herbier de Will-
denow.
Rosa glandulosa Beli. — Aiguillons et soies nuls. Écorce paraissant
avoir été violacée, ainsi que les stipules et les bractées. Folioles par-
(30)
faitement glabres, à côte un peu glanduleuse, ovales-elliptiques, les
inférieures subobtuses, les supérieures brièvement aiguës, arrondies
ou arrondies un peu atténuées à la base, sessiles, à dents irrégulière-
ment composées-glanduleuses, les unes simples, les autres accom-
pagnées de 1-3 denticules accessoires. Pétioles glabres, un peu
glanduleux, inermes ou munis de quelques rares et très-fins aiguillons.
Stipules rappelant plutôt celles des Alpinae que celles des Pimpin^lU-
foliae, à bords glanduleux. Pédicclle solitaire, muni à la base d*une
feuille ou d^une bractée unifoliolée, dressé, roide, hispide-glanduleux.
Réceptacle florifère ovoïde, bispide-glanduleux. Sépales hispides-
glanduleux, un des extérieurs munis d*une pinnule à la base, les
autres entiers. Styles velus.
Cette forme semble être une hybride (B. alpina X
spinosis8ima)y mais en présence de ce spécimen assez
incomplet et de Textréme variabilité du /{. alpina, je n'ose
affirmer que la plante décrite par Bellardi soit spécifique-
ment distincte du R. alpina^ ou soit un produit hybride.
Dans la plupart des formes du R. alpina, formes que
Ion a élevées au rang d'espèce, les folioles sont ordinaire-
ment plus d'une fois plus longues que larges^ plus atté-
nuées à la base, plus longuement aiguës et à dents très-
composées-glanduleuses.
Ce que Ton constate dans Therbier de Willdenow au
sujet du R. glandulosa de Bellardi vient, en quelque sorte,
confirmer ce qu'avance M. Grenier, au sujet de cette for-
me, qu'il réunit au -R. alpina. Ce dernier auteur (FI.
Jur., p. 229) se base, pour réunir le R. glandulosa au
R. alpina, sur ce que Bertoloni et M. Rapin ont vu des
échantillons authentiques du type de Bellardi dans lesquels
ils ont reconnu le R. alpina. Que le R. glandulosa soit
une hybride des R. alpina et R. spinosissima, ou une
simple forme du R. alpina, il est incontestable qu'il est
tout à fait différent de l'espèce que MM. Déséglise, Puget
(31 )
et autres désignent sous le nom de R. glandulosa et qui
est le R. montana de Ghaix !
Le R- montana Ghaix a été Fobjet d'une longue obser-
vation synonymique et phytographique dans un opuscule
intitulé : Herborisations à Salève, par le Dr. Gh. Faueo-
net; in-8% Genève, 1867.
Vi"" 9§4S. — Rosa saawls.
L'étiquette fixée sur le recto du premier feuillet de la
chemise n'est pas de récriture de Willdenow et ne porte
pas de diagnose; mais sur la feuille simple^ qui représente
ce numéro et sur laquelle est fixé un ramuscule florifère,
se trouve une étiquette écrite, je pense, par Willdenow
et portant : « Rosa suavis. »
Voici comment le R. suavis est caractérisé dans le sup-
plément de YEnumeratio plantarum horti regii botanici
Berolinensis de Willdenow, p. 37 : R. germinibus oblon-
gis glabrisy pedunculis petiolisque glandulosis hispidis,
foliis glabris subtus glaucescentibus, caule hispido. —
Petala saturate purpurea, brevissime biloba.
M. K. Koch, dans sa Dendrologie, rapporte le R. suavis
Willd. au R. reversa W. et K. En se basant sur Téchan-
lilloii représentant le n" 984S, on est porté à admettre
cette identification ; cependant, dans cet échantillon, les
folioles sont une fois plus petites que dans le spécimen
du R. reversa n*" 9854, à côte seule un peu velue et
glanduleuse. Dans ce même échantillon n"" 9848, le
pédicelle mesure 25 mill. et est modérément hispide-
glanduleux; le réceptacle florifère est ovoïde, contracté
au sommet, lisse et non hispide.
Dans l'herbier de Link, n" 208, se trouve un ramuscule
en boutons du R. suavis, récolté dans le Jardin botanique
(32)
de Berlin, identique avec le spécimen du n** 9848 de
rherbier de Willdenow.
Dans rherbier de Kunth, n"* 162, la même espèce,
récoltée en 1806 dans le même Jardin botanique, est
représentée par un rameau florifère et qui semble appar-
tenir à la même forme que les deux spécimens précédents;
toutefois le réceptacle florifère est un peu plus arrondi
et les pédicelles mesurent de 10 à 16 mill.
Les folioles, dans ces divers échantillons du R. suavis,
sont plus petites que dans le R. revet^sa et rappellent plus
celles des Pimpinellifoliae,
Wallroth, qui a examiné les Roses de Therbier de
Willdenow, a mis, sur la feuille simple du n*" 9848, une
étiquette portant : « Comparando cum R. marginata
Herb. w° 9824 quae eadem ! »
VU"* 9S24. — Rosa marginata germimbus globoais pedun-
culisque glanduloso-hispidiSy caule petiolisque hispi-
dis. — Habitat
Ce numéro est représenté par une seule feuille simple,
portant un ramuscule florifère, et au bas de laquelle on
lit : « Hort. bot. BeroL W. »
Ce R. marginata, qui n'a pas été publié, est rapporté
par Wallroth (in Herb. Willd.) à son R. suavis « dolosa
Hist., 128.
Il est bien possible que cet auteur ait eu raison en
faisant cette assimilation. Ce n*" 9824 offre à peu près
le même genre de folioles que le n** 9884 (R. reversa)^
à côte glanduleuse, peu ou point velue ; il a les stipules
larges comme dans le R. alpina ; les deux fleurs réunies
au sommet du ramuscule ont des pédicelles longs de
18 à 20 mill., Fun d'eux étant accompagné d'une bractée;
(33)
le réceptacle florifère est obovoïde-arrondi, assez gros et
lisse; les sépales extérieurs sont terminés par une pointe
un peu foliacée.
Dans ce R. marginata et les échantillons du R. suavis,
dont j'ai parlé, les axes sont finement hispides.
Il me parait que les R. reversay R. suavis et R. mar-
ginata Willd. Herb. n** 9824 non Wallr. sont des formes
très-affines et probablement des produits du croisement
des R. spinosissima eiR. alpina.
Le R. marginata Wallr., qui paraît être une hybride
d'une Canine et de Tune ou l'autre forme du R. gallica,
est tout à fait différent du R. marginata de Willdenow.
Sect. ÂLPINÂE.
N"* 9S50. — Rosa alplna germinibus ovatis glabris^
pedunculis petiolisque hispidis, caule inermi. Lin.
Sysî.,ed. B.^ 2,/). 529. — Habitat in alpibus Helvetiae,
Au verso du premier feuillet de la chemise, on lit:
« Lutz W. »
Ce numéro est représenté par quatre feuilles simples.
Fol. 1). Un ramuscule florifère. — C'est une forme
du R. alpina. Folioles moyennes glabres en dessous, à
côte seule un peu glanduleuse; réceptacle florifère
allongé et lisse.
Fol. 2). Un rameau florifère. — C'est une forme du
R, alpina. Folioles grandes, plus ovales, moins allongées,
glabres en dessous, à côte seule un peu glanduleuse, à
dents plus grandes.
Fol. 3). Un ramuscule florifère, accompagné d'une
petite étiquette de Willdenow portant: « R. fraxinea. »
— C'est une forme du R. alpina. Folioles moyennes
(34)
glabres en dessous, à côte et à nervures secondaires
glanduleuses ; stipules inférieures glanduleuses en des-
sous ; pétioles plus glanduleux que dans les deux spécimens
précédents.
Ce ramuscule, fixé sur la 3* feuille simple, se rapporte-
t-il bien au R. fraxinea tel qu'il est caractérisé dans
le supplément de VEnumeratio de Willdenow, p. 37
{R. germinibus ellipticis glabris, pedunculis glanduloso-
hispidisy petiolis subaculeatis glanduloso-hispidis, foliis
glabris, caule aculeis sparsis. — Petala obcordata, satu-
rate rubra.) ? A part Tabsence d'aiguillons, la diagnose du
R. fraxinea peut s'appliquer à ce spécimen, mais, d'un
autre côté, cette même diagnose peut s'appliquer en partie
aux échantillons du même herbier renfermés dans la
chemise n"" 9818 (R. blanda) et qui appartiennent au
R. fraxinifolia Gmel. Je reviendrai sur le R. fraxinea
en examinant le n*" 9818.
Fol. 4). Un rameau florifère, accompagné d'une petite
étiquette de Willdenow portant : « Rosa lagenaria ? » —
C'est une forme du R. alpina. Réceptacle florifère ovoïde,
non contracté au sommet, plus court que dans les spéci-
mens précédents; pédicelles plus courts; folioles de
grandeur moyenne, glabres en dessous ou à côte un peu
velue ; côte et un certain nombre de nervures secondaires
glanduleuses; stipules inférieures un peu glanduleuses en
dessous ; pétioles assez abondamment glanduleux.
.■
(35)
N"" 9§5t . — Rosa pyreoalea germinibus ovatis peduneu-
lisque hhpidts coloratis , petiolis hispid(Hzculeati8 y
calycibus omnino foliosis. Gouan lUmtr.y p. 51,
tab. 19. RosA HispiDA Krockeri. — Habitat in Gallia,
Silesia.
Au verso du premier feuillet de la chemise, on lit :
« Starcke. W. »
Ce numéro est représenté par trois feuilles simples.
Fol. 1). Un ramuscule florifère, — Aiguillons nuls;
folioles grandes, allongées, munies de quelques poils en
dessus , un peu velues en dessous sur toute la sur-
face, non glanduleuses ; pétioles glanduleux, inermes,
avec quelques longs poils en dessus ; stipules abondam-
ment ciliées-glanduleuses ; réceptacle florifère obovoïde-
arrondi, abondamment hispide-glanduleux.
Fol. 2). Un ramuscule en boutons. — Aiguillons
nuls; folioles moyennes un peu pubescentes en dessus,
très-peu velues en dessous sur toute la surface; pétioles
un peu velus en dessus, munis de quelques rares glandes,
inermes ; réceptacle florifère hispide-glanduleux.
Fol. 3). Un ramuscule très-incomplet, accompagné d'une
étiquette de Kitaibel ainsi conçue : « Rosa an alpina? vix
dubitareniy si germina cssent glabra^ licet in sylvis Matrae
crescat quae a climate alpino longe distant, Initio maji
lecttty ab flore nondum expliciti exeunt. Pedunculi non casu
sed ex natura recurvi sunt» » C'est évidemment une forme
du R. alpina, mais lechantillon est trop incomplet pour
déterminer exactement la forme. Folioles à côte et à ner-
vures secondaires un peu velues.
Ce sont là trois formes différentes qui peuvent, à la
rigueur, être rapportées à ce que Ton désigne fréquem-
(56)
ment SOUS lenom de R. pyrenaica. Dans le type de Gouan,
qui n'est du reste pas spécifiquement distinct du R.
alpina L.y les axes sont un peu aiguillonnés.
W 9S59. — Rosa pendalina inermiSy germinibus oblofi"
giSy peduncvlis petiolisque hispidis^ caule ramisque
glahris, fructibus penduUs. Ait. Kew., 2, p. 205. —
Habitat in A merica boreali.
Ce numéro et représenté par une feuille simple, por-
tant un grand rameau florifère, et au bas de laquelle, on
lit : « Sello. W. »
Ce spécimen provient probablement d'un pied cultivé.
Folioles de dimensions moyennes, à 3 ou 4 paires par
feuille, glabres, à côte un peu glanduleuse, à nervures
secondaires parfois un peu glanduleuses ; pétioles glabres ,
modérément glanduleux , inermes ; stipules inférieures
glanduleuses en dessous ; pédicelles assez longs, se re-
courbant fortement après Fanthèse , lisses ; réceptacle
florifère ovoïde-allongé, modérément hispide-glanduleux,
plus rarement lisse; styles velus.
Il est plus que douteux que cette plante, qui n'est
qu'une forme du R, alpina, soit d'origine américaine.
N° 9§49. — Rosa lageoarla germinibus obovatis glabris
petiolis pedunculisque hispidis , caule inermi. —
Habitat in Gallia, Helvetia.
Ce numéro est représenté par une feuille simple, por-
tant un ramuscule fructifère, et au bas de laquelle, on
lit : « Schleicher W. »
Folioles glabres sur les deux faces, à côte glanduleuse ;
pétioles assez abondamment glanduleux, inermes ; récep-
tacle (encore vert) obovoïde, non étranglé au sommet,
presque entièrement lisse, un peu hispide a l'extrême
(37)
base ; styles très-velus. C'est une forme du R. alpina qui
ne peut être rapportée au R, lagenaria de Villars. Du
reste eelui-ci n'est pas spécifiquement distinct du R, alpina,
Sect. «ALLICâNAE.
IV* 9840. — Rosfi gallicfi germinibus ovatis peduncu-
lisque hispidis, caule petiolisque hispido-aculeatis.
Lin. Syst.j éd. R.^ 2, p. 529. — Habitat in Europa.
Au verso du premier feuillet de la chemise, on lit :
« Passim in hortis. »
Ce numéro est représenté par cinq feuilles simples.
Fol. 1). Un ramuscule florifère. — Paraît être le
R. gallica tel qu'oui Tentend ordinairement, mais je n'ose-
rais me prononcer. Réceptale florifère ovoïde-allongé ;
folioles grandes, ovales-arrondies.
Fol. 2 et 3). Deux ramuscules florifères appartenant
à la même forme. — Le réceptacle est ovoïde et ne diffère
pas de celui de l'échantillon de laS^'feuille duR. provincia-
lis n*" 9837; mais, dans celui-ci, les folioles ont une autre
forme. Les fleurs paraissent être simples ; les folioles sont
grandes, ovales-arrondies. Ces deux spécimens rappellent
assez le Rosa cultivé au Jardin botanique d'Angers que
M. Boreau désigne sous le nom de R. provincialis.
Fol. i). Un ramuscule florifère. — Je n'ose me pro-
noncer sur cette forme. Réceptacle ovoïde, assez atténué
à la base ; fleurs semi-doubles ; folioles épaisses et coriaces.
Fol. 5). Un ramuscule florifère, accompagné d'une
étiquette de Wibel ainsi conçue : « Rosa gallica FL
Werth. » — Paraît devoir être rapporté au R. pumila. Il
ressemble beaucoup au R. pumilaWihel, n**9859, fol. 3,
ci-après, seulement ses folioles sont plus larges.
(38)
IV* 9959. — Rosa pamlla germinibus ovatis, pedun-
culia hispidiSf petiolis cauleque aculeatis, foliis subtus
glaucis serraturis glandulosis, fructibus pyriformibus,
Alton Kewens., 2, p. 206. — Habitat in Austria,
Italia.
Au verso du premier feuillet de la chemise, on lit :
« Schmidt. Pragae. W, »
Ce numéro est représenté par cinq feuilles simples.
Fol. 1). Un ramuscule florifère, à côté duquel Wallroth
a écrit : « R. alpina ! Cf. Hist, mea. » — Appartient au
R. alpina L.
Fol. 2). Un ramuscule florifère. — Paraît appartenir
au R. pumila, mais il est trop incomplet pour pouvoir
garantir Tassimilation.
Fol. 3). Un ramuscule florifère, accompagné de Téti-
quette suivante de Wibel : Rosa pumila FL Werth. in
apricis. » — Comme je Fai dit ci-dessus, cette forme
ressemble beaucoup au R. gallica Wibel, dont il est ques-
tion à la o' feuille du n° 9840, et Tun et l'autre pourraient
bien appartenir au même type; cependant, dans le R. gal-
lica, le spécimen semble être un rameau détaché, rameau
chargé d'aiguillons sétacés nombreux droits ou un peu
arqués, tandis que le spécimen du R. pumila parait être
une tige, "dont Taxe est plus grêle, inerme inférieu rement,
et chargé de très-fins aiguillons sétacés droits dans le
haut. Dans Tun et l'autre, les réceptacles paraissent être
semblables, et les fleurs sont solitaires.
Fol. 4). Un rameau florifère , accompagné de l'éti-
quette suivante de Wibel : « Rosa pumila F. W. variet.
sylvestris, » La destruction des styles dans ce spécimen
m'empêche de bien juger de celte forme, qui paraît être
bien voisine du R. virescens Déségl.
( 39 )
Fol. 5). Un ramuscule florifère, accompagné de 1 éti-
quette suivante de Wibel : « Rosa pumila deflorata. » —
Cest la même forme que le R. pumila Wibel, fol. 3 ;
seulement les deux entrenœuds supérieurs ont des aiguil-
lons sétaeés assez nombreux comme ceux du R. gallica
Wibel.
N"" 9M7. — Rosa proTineialis germinihus subrotundis
pedunculis petiolisque hispidis, aculeis ramorum spar-
sis redis subreflexis, foliolis ovatis subttis villosis, ser-
raturis glandulosis. Aiion Kewens.y 2, p. 264. — Habi-
tat in Rispania, Italia.
Au verso du premier feuillet de la chemise, on lit :
« Krausse. W. »
Ce numéro est représenté par dix feuilles simples.
Fol. 1 et 2). Deux ramuscules florifères appartenant
à la même forme. Sur la première feuille, Wallroth a
écrit : « R. Chamaerhodon S pomponia Hist. 283 » et
sur la seconde : a Eadem cum antécédente Cf. H. » Ces
deux spécimens appartiennent au R, tuguriorum Willd.
Chez eux la glandulosité est plus marquée que dans le
A. tuguriorum n*" 9831 ; les dents foliaires sont souvent
accompagnées de deux glandes ; les pédicelles sont plus
glanduleux; les styles mesurent 2 1/2 mill. au-dessus
du disque.
Fol. 3). Un rameau florifère, à côté duquel Wallroth
a écrit : « R. Chamaerhodon var. caucasica monstrum
muscorum Hist, 280. » — Je ne puis me prononcer sur
cette forme, dont le faciès ne rappelle aucunement les
Gallicanae. Styles exserts et velus; ramuscules chargés
de nombreuses glandes mêlées avec de fines soies ; pédi-
celles extrêmement glanduleux ; folioles étroites, ovales-
(40)
elliptiques y acuminées, à dents très-composées-glandu-
leuses ; stipules à ailes très-étroites, à oreillettes longues,
étroites, euspidées, divergentes. C'est probablement une
hybride.
Fol. i). Un ramuseule florifère, à côté duquel Wallroth
a écrit : « R, Chamaerhodon v. gallicae var. S quae se-
quenta. » — C'est une Gallicane. Folioles ovales, assez
allongées, non larges et arrondies comme dans \e R. pro-
vincialiê cultivé au Jardin botanique d'Angers. Le récep-
tacle peut être dit ovoïde.
Fol. 5). Un ramuseule florifère. — Réceptacle ovoïde ;
un ou deux pétales supplémentaires. C'est la même forme
ou à peu près que la précédente et toutes deux peuvent à
la rigueur être rapportées au R. gallica tel qu'on l'entend
ordinairement.
Fol. 6). Un ramuseule florifère portant sept fleurs
doubles. — Pourrait bien appartenir au R. centifolia L.
Fol. 7). Un ramuseule florifère portant douze fleurs
doubles, et à côté duquel Wallroth a écrit : « R. Cha-
maerhodon à damascena belgica Hist. 285. » Pourrait
bien avoir quelques rapports avec le R. damascena. Le
réceptable est campanule.
Fol. 8). Un ramuseule florifère, accompagné de l'éti-
quette suivante : « Rosa suaveolens Oed. B. » Wallroth
a écrit à côté : « R. Chamaerhodon austriaca (3 humilis H.
p. 260. » — Pourrait bien être une forme du R. pumila.
Fol. 9). Un ramuseule florifère, accompagné de l'éti-
quette suivante écrite par Pott : « Rosa holosericea MilL
Folia paulo rotundioray et calycinis magis pinnatifidis
quam in R. provinciali. — Horl. » Wallroth a écrit
à côté du spécimen : « Conf. Hist. 264 est... tristis atro-
purpurea. » Fleurs un peu doublées, paraissant avoir été
(i\ )
d'une teinte très-foncée; folioles assez grandes, ovales-
arrondies ; réceptacle florifère ovoïde un peu arrondi.
Me parait être à peu près la même forme que le R. pro-
vincialis cultivé au Jardin botanique d'Angers ; seulement
les folioles sont un peu pubescentes en dessous sur toute
la surface.
Fol. 10). Un ramuscule florifère. — Appartient pro-
bablement au R. gallica; le réceptacle florifère est ovoïde.
D'après ce qui précède, on voit quel mélange de formes
hétérogènes sont réunies sous le nom de R, provincialis,
II est probable que Wildenow n'avait pas une idée bien
nette de son R. provincialis, pas plus que de ses R. gallica
et R. pumila. II est du reste fort diflicile de s'entendre
sur les diverses formes qui constituent une partie de la
section des Gallicanae, à cause de leur extrême polymor-
phie. II me parait vraisemblable que toutes les formes
désignées sous les noms de pumila, austriaca, Czackiana ,
provincialis, incarnata, eminens, mirabilis, cordifolia,
decipiens, etc., ne sont que des variétés du R, gallica L.,
dont la forme spontanée la plus répandue est le R. pumila
L. fil.
IV"* 9957* — Rosa adeoophylla germinibus ùvatis caly-
cibus pedunculisque glandulosis, ramis aculeatis,
foliolis subtus glauciformibus, simpliciter serratiSy
margine glandulosis. — Habitat...,
Ce numéro est représenté par une feuille simple portant
un rameau florifère.
D'après les cicatrices laissées à la base du seul pédicelle
qui termine le ramuscule, il est probable que cette forme
présente parfois des fleurs en corymbe pauciflore. Sépales
glanduleux sur le dos, peu pinnulés; corolle peut-être
(42)
simple, à grands pétales ; stipules à ailes courtes et très-
étroites; folioles épaisses, arrondies et comme un peu
cordées à la base, glabres en dessus, glaucescentes en
dessous, à côte et nervures secondaires saillantes en
réseau, velues et avec quelques poils sur le parenchyme,
à dents abondamment glanduleuses comme dans les R.
gallica et très-souvent accompagnées d*un denticule
accessoire; axe du ramuscule chargé de quelques petits
aiguillons sétacés. L*axe de la branche sur laquelle est
inséré ce ramuscule est marqué de nombreuses cicatrices
d'aiguillons, qui ont du être petits et fins. Cette espèce
parait être une Gallicane à folioles petites et probablement
produites dans les cultures.
IV* 9870. — Rosfi parvifolia germinibm ovatis nudius-
cuUsy pedunculis glandulosiSy petiolia cauleque te-
nuissime aeuleatiSy foins suhius villosis, serraturis
glandulosis. Ehrh. Beitr., 6, p. 97. — Habitat in
Europa.
Ce numéro est représenté par une feuille simple, por-
tant un rameau florifère, et au bas de laquelle, on lit :
« Fintelmann. W. »
Ce spécimen ne présente aucune trace d'aiguillons; le
réceptacle florifère n'est pas ovale, mais bien ovale-cam-
panulé. Il parait appartenir à la même forme qu'un
R. remensis conservé dans l'herbier de Kunth sous le
n*" 135 ; seulement dans celui-ci il y a quelques soies glan-
duleuses ou non glanduleuses sur l'axe du ramuscule
florifère.
(43)
N^ 9941. ^~ Rosa damaseeiia calycibu$ semipinnatiSy
germinibus ovatis turgidis pedunculisque hispidiSj
caule petiolisque aculeatis, foliolis ovatis acuminatis
subtils villosis. Alton Kewens., 2, p. 205. — Habitat
in Europa australi.
Ce numéro est représenté par une feuille simple, por-
tant un ramuseule florifère, et au bas de laquelle on lit:
« TegeL W. »
Lindley, dans son Rosarum Monographia, ne cite le
synonyme de Willdenow qu'avec doute.
L'échantillon de Thcrbier de Willdenow appartient bien
au R. damascena Mill.
IV"* 9955. — Rosa tarbinata germinibus turbinatis
pedunculisque pilosis, petiolis villosiSy aeuleis sparsis
recurvis. Sp. pL, 1075. — Habitat in Europa,
Au verso du premier feuillet de la chemise, on lit :
« Hort.bot. BeroL W. »
Ce numéro est représenté par trois feuilles simples.
Fol. 1). Un ramuseule florifère.
Fol. 2). Un ramuseule florifère.
Fol. 3). Un ramuseule florifère.
Aucun de ces spécimens n'appartient au R. turbinata!
et je pense qu'on peut les rapporter tous les trois au
R. damascena»
Wallrolh a joint une étiquette ainsi conçue: « iV" 1-3
inter se longe discrepant. N^ \ etZ R. austriacae nostrae
polyphylla. iV" 2 R. albae (Hist. 296) repraesentant »
( ** )
]tf<* 9SS9. — Rosa centifolia germinibu$ ovatis peduncu-
lisque hispidisy caule hispidcHJicuhatOj petiolis inermi-
bus. Lin. Syst.y éd. A., 2, p. 528, — Habitat
Ce numéro est -représenté par deux feuilles simples.
Fol. 1). Un ramuseule florifère. Au bas de la feuille,
on lit : « Vulgaris in hortis. W. » — Appartient-il au
R. centifolia L. ? Je n'oserais me prononcer sur lui.
Fol. 2). Spécimen atteint de monstruosité (sépales trans-
formés en folioles) dont il m'est impossible de déterminer
le type spécifique.
m** 9964* — Ro«a mascosa germinibus ovatis calycibus
pedunculis peliolis ramulisque hispidis glanduloso-
viscosisy spinis ramorum sparsis rectis. Ait. K.y â,
207. — Habitat
Ce numéro est représenté par une feuille, portant un
ramuseule florifère du R. muscosa Ait., et au bas de la-
quelle on lit : « Wûrtzer. W. »
IV** 9S56. — Rosa pnlchella germinibus subrotundo-obova-
tis pedunculis calycibusque glanduloso-hispidiSypetiolis
glandulosO'pubescenlibus, foliis subtus pilosis, aculeis
sparsis. — Habitat
Ce numéro est représenté par une feuille simple, por-
tant un rameau florifère, et au bas de laquelle, on lit :
« Hort. bot. Rerol. W. »
La même forme et portant le même nom se trouve
dans rherbier de Kunth sous le n° 164.
Sur Téchantillon de Therbier de Willdenow, il y a trois
fleurs disposées en corymbe comme dans le R. centifolia^
dont il est probablement une forme. Les réceptacles
florifères ne sont pas «subrotundo-obovatis», mais cunea-
to-carapanulés; les pétioles ne peuvent pas être rigou-
reusement dits < inermibus », car ils sont munis de quel-
ques rares petits aiguillons. L*axe du ramuscule est
chargé de petits aiguillons droits mêlés avec des soies
glanduleuses. Willdenow y dans son Enumvratio, fait
contraster son R, pulchella avec son R. turbinata, or,
nous savons que le R. turbinata de Willd. doit être rap-
porté au R. damascena. Dans sa comparaison, il dit, en
parlant du R, pulchella • foliola subrotunda, quae in
praecedente (R. iurbinata) subrotundo-ovata ». C'est
plutôt le contraire qu'il fallait dire, car dans la l""" et la
S"* feuilles de son faux R. turbinata, les folioles sont plus
arrondies que dans le R. pulchella.
IV*^ tISSS. — Rosa hybrida germinibns subrotundis gta-
bris, pedunculis glanduloso-hispidis, caule petîolisque
aculeatis, foins subtus tomentosis, — Habitat in Hel-
vetia.
Ce numéro est représenté par une feuille simple, por-
tant un rameau florifère accompagné d'une étiquette
imprimée de la collection de Schleicher : « 54. Rosa
hy brida Schleich. — Au bois de Ratie Genevae. » Wall-
rothajoint Tétiquette suivante : « Rosa Chamaerhodon
damascena ^ gerninata. Bist. 285. •
Les folioles ne sont pas « tomentosis » comme l'écrit
Willdenow, mais glaucescentes à la face inférieure, avec
la côte pubescente et d'assez rares poils sur les nervures
secondaires. Cette forme ressemble beaucoup à celle que
Seringe a distribuée dans ses Roses desséchées n" 34 sous
le même nom. Seulement dans le spécimen de l'herbier
de Willdenow, les folioles sont un quart plus petites et
les pédicelles sont plus courts. Le R. hybrida Schleich.
5
( 46)
est une hybride produite par le croisement d'une forme
du R. gaUica avec le R. arvensis.
m** 9944. — Rosa pygmiiea germinibus oblongis pedun-
culisque hispidis, foUis ellipticis 8ubtu$ tomentosis,
peliolis glandvlosO'Subpubescentibus. — I/abital in Cati-
casio. — Entre Thabilat et la diagnose , Scbicchtendal
a écrit : Species indeterminata diversa a R. pygmaea
Bieberst.
Ce numéro est représenté par une feuille simple^ por-
tant un ramuscule extrêmement incomplet et privé de
fleurs, et au bas de laquelle, on lit : « Bieberstein. W. »
Ce fragment d'échantillon est tellement incomplet qu'il
est fort difficile d'exprimer une opinion sur son compte.
On peut cependant dire que ce n'est pas le vrai R. pyg-
maea M. B. C'est peut-être un produit hybride d'une
Gallicane et d'une Tomenteuse. Axe entièrement chargé
d'une fine et abondante glandulosité non mélangée d'ai-
guillons ou de poils; folioles petites, ovales, obtusius-
cules-mucronées , glabres en dessus et églanduleuses,
tomenteuses en dessous, sans glandes éparses, à côte
glanduleuse, à nervures secondaires saillantes en réseau,
à dents glanduleuses; stipules glanduleuses en dessous,
les supérieures étroites; pédicelle glabre, finement glan-
duleux. C'est une forme qui parait très-curieuse et qui
est peut-être inédite.
W tISSS. — Rosa pygmaea. (Cette étiquette, réduite à
ce seul nom, n*est pas de l'écriture de Willdenow.)
Ce numéro est représenté par une feuille simple, por-
tant un ramuscule florifère accompagné d'une étiquette
écrite par Marschall von Bieberstein. Cette étiquette ne
( 47 )
comprend que le simple nom de : « Rosa pygmaea, » Wall-
roth a joint une autre étiquette ainsi conçue : « R. pyg-
maea M. R. quam in aliis tïdi, longe distatj
haec vero potius ad R. Chamaeroh. c. thuriugiae a colli-
nam pertinet. Cf. Hist. 298. »
L'aspect de cette forme rappelle tout à fait celui de
certaines formes appartenant aux Caninacy trib. Hispidae.
II ressort de la description de Marschall von Bieberstein
que le R. pygmaea est assez variable, ce qui s explique
fort bien si, comme je le soupçonne, le R, pygmaea est
une hybride d'une Canine avec le R. pumila. Voici la
description détaillée de Técliantillon de Therbier de
Willdenow.
Rota pygmaea M. B. — Ramuscule loug de i cent., tout à fait iaenue
et églaoduleux. Folioles tout à fait glabres sur les deux faces, de dimen-
sions moyennes, ovales, une demi-fois plus longues que larges, celles
des feuilles inférieures et moyennes très-brièvement aiguës, celles de
la feuille supérieure plus longuement aiguës et un peu cuspidées,
toutes arrondies un peu atténuées à la base, brièvement pétiolulées,
à nervures secondaires saillantes, à côte modérément glanduleuse,
inerme, à dents composées-glanduleuses (2-3 glandes au bord inférieur,
parfois une au bord supérieur). Pétioles glabres, assez abondamment
glanduleux, munis de quelques fins aiguillons, à glandes se pour-
suivant plus ou moins entre les ailes stipulai res. Stipules de largeur
moyenue, églanduleuses et glabres en dessous, ciliées-glanduleuses
aux bords, paraissant avoir été un peu rougeâtres, les inférieures à
oreillettes lancéolées, acuminées, divergentes, les supérieures à oreil-
lettes dressées et à bords un peu rentrants. Fleur solitaire Pédicelle
long de iO mill , modérément hispide-glanduleux, accompagné d*une
bractée ovale-lancéolée , à pointe plus ou moins foliacée , ciliée-
glanduleuse , égalant presque le sommet du réceptacle. Réceptacle
florifère ovoïde, àj^ase atténuée et un peu hispide-glanduleuse. Corolle
médiocre (30-33 mill. de diamètre). Sépales hispides-glanduleux sur
le dos, les extérieurs munis de 3-4 pinnules, à pointe un peu élargie-
denticulée égalant ou peut-être dépassant parfois la corolle. Disque
peu saillant. Styles velus.
(48)
Dans riierbier de Link, n° 253, il existe un spécimen
du R, pygmaea accompagné d'une étiquette de Steven.
Ce spécimen ressemble beaucoup à celui de Therbier de
Willdenow,mais il n'appartient pas à une forme identique.
Sect. Cinnamonieae.
Cette section telle que Tentend Lindley est mal carac-
térisée et comprend des espèces qui ne peuvent rester
associées. En prenant le R. cinnamomeae, L. pour tyjse
de ce groupe, on ne peut conserver, dans celui-ci, les
R.carolina, R. parviflora, R, nitida, R. lucida, etc., qui
font partie d'une ou de plusieurs autres sections natu-
relles. Si j'ai provisoirement conservé ces dernières espèces
dans l'ancienne section Cinnamomeae, c'est qu'en ce mo-
ment je ne suis pas encore en mesure de bien caractériser
les nouvelles sections auxquelles je viens de faire allusion.
Ili° 9S19. — RoAii cinminioinea germinibus globosis
pedunculisque glahrisy caule aculets stîpularibuSy
petiolis subinermibus. Lin. Syst», éd. R,, ^^ p. 525. —
Habitat in Europa australi.
Au verso du premier feuillet de la chemise, sont fixées
les deux étiquettes suivantes : « Hort. bot. Berol. W. »
— « 8. Rosa cinnamomea? in dumet. Flor. Starg. »
Ce numéro est représenté par huit feuilles simples.
Fol. 1). Petit ramuscule florifère , au sujet duquel
Wallroth a écrit. « Longe distat a R. cinnamomea! » —
Appartient au R. tuguriorum Willd.
Fol. 2 et 3). Deux ramuscules florifères à fleurs semi-
pleines. — Appartiennent au R. cinnamomea L.
(49)
Fol. 4). Un rameau florifère à fleurs semi-pleines. —
C'est une variété du R. cinnamomea.
Fol. ÎJ). Un rameau florifère à fleurs pleines. — Ap-
partient au R. cinnamomea.
Fol. 6). Un ramuscule florifère. — C'est évidemment
à ce spécimen que se rapporte la deuxième étiquette fixée
au verso du premier feuillet de la chemise. Me paraît être
une forme du R. tomentella Lcm.
Fol. 7) Un ramuscule après floraison. — Au bas de
la feuille, se trouve une étiquette portant : « e Sibiria an
Caucasica PaH.?» Wallrotha écrit: Rosamajalis a. sibirica,
foliolis magis oblongis. Bist, 162. » Pourrait bien être une
forme du R, cinnamomea à folioles amples, allongées, mais
je n'ose rien affirmer.
Fol. 8). Un ramuscule après floraison, accompagné de
l'étiquette suivante de Schullz : « Rosa cinnamomea ?
alio loco col. in dumet. fl. Starg. » — N'appartient pas
aux Cinnamomeae ; pourrait bien être le R, coriifolia
Fries.
N<*9MS. — Rosa nkierop^^Wtkgerminibusglobosis nudisy
caule aculeato, foliolis lineari-oblongis sernUatis. —
Habitat ad mare Caspium.
Ce numéro est représenté par une feuille simple, portant
un ramuscule florifère , et au bas de laquelle on lit :
« Bieberstein, W. » Une étiquette de Steven accompagne le
spécimen ; elle est ainsi conçue : « Rosa arenaria Hbr.
Marschall Bieb. — ex Sibiria nec regione caspis. » Wall-
roth a joint une étiquette que je ne puis déchiffrer.
Sprengel ayant consulté l'herbier de Willdenow y
découvrit cette forme qui était inédite et comme déjà
le nom de microphylla avait été employé pour une Rose
(50)
asiatique, il décrivit ce R. microphylla Willd. Herb. sous
le nom de R. Willdenowii (Spr. Syst., II, p. 547). Ce
R. Willdenowii a été admis et de nouveau décrit par
Seringe et Ledebour. Seringe n'a fait que reproduire la
diagnose de Sprengel ; mais Ledebour a publié, dans son
Flora Rossica, une description nouvelle faite sur lëchan-
tillon que je vais moi-même décrire avec le plus grand
soin.
Rosa [ViUdenowii Spr. Sytt., II, 847; R. microphylla Willd. in
Berb. — Axe raniéaire grêle, à aiguillons géminés, petits, grêles, un
peu arqués, assez épaissis à la base. Ramuscules florifères extrêmement
courts, à entrenœuds très -rapprochés et inermes. Feuilles très-petites,
à 3-7 folioles. Folioles très-petites (2-5 mill. de larg. sur 3-13 mill. de
long.), simplement dentées, glabres en dessus, velues en dessous sur
toute la surface et abondamment glanduleuses sur le parenchyme
interposé entre les nervures secondaires, peu glanduleuses sur celles-
ci et à côte paraissant églanduleuse, i bords enroulés en dessous,
celles de la feuille inférieure de chaque ramuscule relativement assez
larges et obtuses, les moyennes oblongues, atténuées à la base, briève-
ment aiguës, les supérieures elliptiques, assez longuement aiguës.
Pétioles velus, inermes, les inférieurs églanduleux, les moyens
glanduleux en dessus, les supérieurs glanduleux tout autour. Stipules
toutes glabres et églanduleuses en dessous, les inférieures et les
moyennes des ramuscules florifères et toutes celles des petits ramus-
cules foliifères finement denticulées aux bords, à denticules terminés
par une callosité noire non glanduleuse, les supérieures des ramuscules
florifères bordées de nombreuses glandes résineuses, à ailes assez
élargies, à oreillettes larges, courtes et modérément convergentes.
Fleurs solitaires. Pédicelle court (7 mill.), lisse, dépassé par une
bractée unifoliolée. Réceptacle florifère très-petit (3 mill. de larg. sur
3 mill. de long.), presque sphérique, un peu resserré à la gorge, lisse.
Sépales entiers, les extérieurs chargés de glandes résineuses sur le dos
et sur les bords. Corolle assez petite.
Cette forme est très-curieuse à cause de la petitesse de
ses folioles et s'il n'existait pas d'antres différences, on
(M)
pourrait dire qu elle est au R, cinnamomea, ce que le
R. aciphylla Rau est aux formes ordinaires du A. canina.
Dans le R. WilldenowH, la glandulosité suit une marche
contraire à celle qu'on observe dans d'autres espèces^ car
au lieu de diminuer en intensité de bas en haut sur
les ramuscules florifères, elle augmente' de bas en haut.
Cette espèce a été créée sur Tunique spécimen conservé
dans rherbier de Willdenow et je ne sache pas qu'elle ait
été retrouvée en Sibérie. Avant de pouvoir se prononcer
sur sa valeur, il faudrait en voir des échantillons plus
complets. Par ses folioles à bords enroulés en dessous et
par ses nombreuses glandes résineuses à la face infé-
rieure, elle se rattache à diverses formes de la Sibérie, de
la Mongolie et de la Mandchourie, que je décrirai dans un
article spécial sur les Roses de l'Asie.
N"" 9SS0. — Rasa kamtAchfitica. (Je ne connais pas
récriture de Tétiquetle fixée sur le recto du premier
feuillet de la chemise.)
Ce numéro est représenté par une feuille simple, por-
tant un petit rameau avec un bouton'et accompagné d'une
étiquette qui est peut-être de Willdenow. Cette étiquette
est réduite au seul nom de l'espèce « R. kamtschatica. »
Ce spécimen parait bien appartenir à ce qu'on décrit
ordinairement sous le nom de R, kamtschatica Vent.
L'histoire du R. kamtschatica est très-obscure et mérite
de nous arrêter quelques instants.
C'est en l'an VIII de la première République française
qu'il aété décrit par Ventenat, dans la Description des
plantes nouvelles et peu connues, cultivées dans le jardin de
J,'M. Cels. La description est accompagnée d'une belle
( S2)
planche dessinée par Redouté. Ventenat nous apprend que
cette espèce croit naturellement au Kamtschatka.
Plus tard Thory et Redouté ont décrit et figuré la
même plante dans : Les Roses. En comparant les deux
planches, on observe entre les deux plantes figurées des
différences assez marquées et à première vue on croirait
avoir affaire à deux espèces plus ou moins distinctes. Ces
différences sont du reste signalées par Thory qui dit, dans
Les Roses : « En comparant cet individu (celui figuré dans
Touvrage de Ventenat) avec celui qui accompagne notre
desci'iption^on verra facilement que, depuis moins de dix-
huit ans, le Rosier a subi des modifications assez impor-
tantes sous le rapport de la longueur ou de la densité des
aiguillons et de la forme des folioles. »
Dans son Prodromus l'onographiae generis Rosae
(1820), Thory donne le R. rugosa de Thunberg comme
synonyme du R. kamtschalica de Ventenat, ainsi que le
R. ferox d'Andrews.
Dans sa Monographie, Lindley maintient comme espèce
distincte le R, kamtschalica Ventenat et rappelle la pre-
mière figure qui a été faite par Redouté; mais quant à la
figure de la même plante publiée dans Les Roses il Ta rap-
porte à son R. ferox, qu'il dit originaire du Caucase. Le
même auteur décrit une prétendue troisième espèce, le
/?. rugosa Thunberg, qu'il accompagne de la copie d'un
dessin japonais. Lindley voit donc trois types où Thory
n*en voit qu'un seul.
Trattinnick décrit le R. rugosa Thunb., avec lequel il
constitue sa section Hoppeana; il lui rapporte le R. kamt-
schalica décrit et figuré dans Les Roses, en critiquant
Redouté et Thory d'avoir réuni ce dernier au R. kamt-
schalica de Ventenat. Il place celui-ci dans sa section
(î$3)
Woodsiana en compagnie du R. spinosissima L. Pour lui,
le R. ferox de Lindiey et d'Andrews n*est qu'un simple
synonyme du R, rugosa.
Seringe admet le R. kamtschalica Vent., auquel il attri-
bue trois variétés : la var. a ou typique est représentée
par la forme décrite par Ventenat et figurée la première
fois par Redouté ; la var. (3 ferox, à laquelle il rapporte
le R. ferox d'Andrews et de Lindiey et le R, kamtschatica
décrit et figuré dans Les Roses; la var. 7 nitens qui est figu-
rée dans le Botanical Register, tab. 924. Le £. rugosa
Thunb. est décrit par Seringe sur la figure qu'en a pu-
bliée Lindiey et la diagnose est terminée par ces mots :
< An R. kamtschaticae var. ? » Seringe n'admettait donc
qu'une seule espèce où Lindiey en voyait deux.
Dans le Botanical Magazine, t. LIX, IS.'i^, tab. 3149,
Curtis et Hooker ont figuré et décrit le R. kamtschatica
Vent. D'après la synonymie, on reconnaît que Hooker
distingue le R. kamtschatica du R. rugosa.
M. K Koch, dans sb Dendrologie, considère les R. kamt-
schatica Vent, et R. rugosa Thunb. comme deux espèces
distinctes.
En voyant des auteurs tels que Lindiey et Hooker
admettre les R. kamtschatica et R. rugosa comme deux
types spécifiques distincts, en considérant que Trattinnick
place ces deux types dans deux sections différentes, on est
autorisé à croire à l'existence de deux espèces véritables et
bien caractérisées ; mais quand on en vient à l'analyse des
plantes que ces phytographes ont décrites , on arrive
bientôt au doute et une étude attentive conduit l'observa-
teur à réunir ces deux prétendues espèces, qui ne sont,
selon moi, que deux formes appartenant au même type
spécifique, formes qui se relient l'une à l'autre par des
(84)
variations intermédiaires. Ainsi se confirme Tassertion de
Redouté et Thory au sujet des modifications qu'avait
éprouvées la plante décrite par Ventenal et qui, de laforme
R. kamtschatica, était devenue^ après dix-huit ans, la forme
R. rugosa. Du reste quand on considère le vrai H. kamt-
schatica tel que Ta décrit Ventenat, avec ses aiguillons
petits et peu inégaux, ses folioles allongées, sa corolle et
son réceptable fructifère de dimensions moyennes et le
vrai R. rugosa, avec ses aiguillons plus robustes, ses
folioles plus élargies et relativement plus courtes, sa
corolle plus grande et son réceptacle fructifère plus gros,
on ne peut voir, dans ces différences, de vrais caractères
distinctifs ; dans Tun et dans l'autre, on constate les mêmes
caractères essentiels et qui en constituent une seule et
unique espèce.
A propos du R. ferox de Lindley qui est le type du
R. rugosa, je dois faire remarquer que le monographe
anglais a commis une erreur en lui attribuant le Cau-
case pour patrie. Il existe bien un R, ferox dans la
région du Caucase, mais c'est une autre espèce décrite
par Marschall von Bieberstein, espèce appartenant à la
section des Rubiginosae et dont il sera question plus loin
sous le nom de R. rigida Willd. Herb.
Tout me porte à croire que le R. rugosa décrit par
Lindley sur un dessin japonais est encore le type de
Thunberg. L'artiste a évidemment oublié de figurer les
stipules et, pour bien montrer les fleurs, il a négligé de
représenter la feuille florale ou les bractées.
Dans le Botanical Register, ainsi qu'il a été dit ci-
dessus, Lindley a décrit une var. nitens du R. kamt-
schatica à folioles luisantes et glabres. Cette variété pour-
rait bien être le B. corwsrans Waitz, que Link a décrit
dans son Enumeratio plantarum horti régit botanici Bero-
linensisy n*" S53. D'après un bel échantitlon que j*ai vu
dans THerbier royal de Berlin, le R, coruscans Waitz
serait, selon moi, une forme presque glabre du R. rugosa
et qu'on pourrait appeler var. glahriuscula. Les folioles
nont de villosité que sur la côte; les aiguillons sont
glabres, et lepi derme des axes floraux n'est chargé que
d'une légère villosité.
Le R. rugosa, ce beau type de l'extrême Orient, a été
tout récemment encore enrichi d'un nom nouveau. L'an-
née dernière, les rédacteurs de Vllluslration horticole,
croyant avoir affaire à une espèce inédite, ont décoré le
vieux type de Thunberg du nom de R. Regeliana. Dès la
publication de cette prétendue nouvelle espèce, dont la
dénomination était malheureuse, puisqu'antérieurement
Reuter avait décrit un Jt. Regelii, je fis remarquer aux
auteurs, MM. Linden et André, que leur R. Regeliana
me paraissait être le R. rugosa, espèce cultivée depuis
longtemps dans les Jardins botaniques et connue en Angle-
terre sous le nom de Hedge-hog rose. Depuis lors, j'ai pu
étudier le R. Regeliana dans les deux établissements hor-
ticoles de M. Linden, h Gand et à Bruxelles, et j'ai acquis
la conviction qu'il représente le vrai type de Thunberg,
tel qu'il est cultivé dans les Jardins botaniques d'Europe
et tel qu'il existe à l'état indigène au Japon. M. André,
l'un des créateurs du R. Regeliana, a consacré un nouvel
article à cette plante, dans le tome XIX de Vllluslration
horticole, pages 43 et 44 (1872), dans lequel il s'efforce
de démontrer que la Rose qu'il a nommée n'est pas le
R. rugosa de Thunberg et Siebold. Sa démonstration
est loin d'être suffisamment claire et dénote que l'étude
des Roses n'est pas familière à son auteur. Le R. Regeliana
(56)
tel que je Fai vu dans rétablissement horticole de M. Lin-
den, à Bruxelles, a les tiges bien dressées et non demi-
couchées : dans les pieds cultivés en pots à Pétabiis-
sement du même horticulteur, à Gand, les tiges sont
parfois un peu ascendantes , mais ce n est là qu'un
accident individuel. Les feuilles caulinaires sont à 5-9
folioles; les stipules sont identiques à celles du type de
Thunberg et de Siebold. Si les (leurs sont parfois en
corymbe multiflore, cest quand elles se développent
anomalement au sommet des tiges, car quand elles nais-
sent normalement sur les ramuscules de deuxième géné-
ration, elles sont ordinairement solitaires comme dans le
type de Thunberg et de Siebold. Si les pédicelles sont
hispides ou plus hispides, cest également une conséquence
de rinflorescence anomale dont il vient d'être question.
Si les sépales sont parfois au nombre de 6, 7 ou 8, c'est
un état monstrueux dû au développement anomal de
l'inflorescence. Les sépales ne sont pas réfléchis sur le
réceptacle fructifère, mais ils se redressent après l'anthèse ;
ils sont persistants et couronnent le réceptacle fructifère
comme dans le type de Thunberg. Du reste, d'après la
description même du R. Regeliana et comme au surplus
le démontre la figure jointe à cette description, les sépales
sont redressés sur le fruit. Les sépales restent réfléchis,
quand les réceptacles florifères jaunissent après l'anthèse
et ne fructifient pas, comme je l'ai vu dans le jardin
de M. Linden, à Bruxelles ; mais ce n'est là qu'un simple
accident. Quant à la couleur de la corolle, elle est
identiquement la même dans les deux formes. L'exa-
men très-attentif que j'ai fait du R, Regeliana et l'étude
que j'ai faite du vrai R, rugosa, tant indigène que
cultivé, m'autorisent à affirmer que le premier non-
(57)
seulement n'est pas spécifiquement distinct du second,
mais qu'il n'en constitue même pas une variation : il y a
identité parfaite entre les deux plantes. Le /t. Rege-
liana ne diffère en rien du R.'rugosa qui était cultivé au
Jardin des plantes de Paris, en 1838, sous le nom de
R. kamtschatica Vent, et dont j'ai vu un beau spécimen
dans rherbier de Kunth; il ne diffère en rien du R, rugosa
cultivé depuis longtemps dans plusieurs autres Jardins
botaniques. Il est à remarquer que la planche de Vlllustra"
tion horticole représente un spécimen plus ou moins
monstrueux, c'est-à-dire une extrémité de tige devenue
florifère. Le R, rugosa cultivé produit assez souvent des
fleurs au sommet de ses axes caulinaires et les inflores-
cences terminales, qui sont accidentelles, sont bien
différentes des inflorescences normales naissant sur les
ramuscules florifères partant, soit de la tige, soit des
ramifications de celle-ci.
Pour les R, ferox, R. rugosa et R. kamtschatica, qui
au fond ne représentent, selon moi, qu'un seul et même
type spécifique , Lindley avait constitué une section
spéciale, celle des Féroces ; or ce n'est pas là une section
naturelle et c'est ce que je démontrerai dans un article
spécial sur les Roses asiatiques. Le R. rugosa a les folioles
à bords plus ou moins enroulés en dessous et à face
inférieure plus ou moins abondamment glanduleuse,
comme diverses formes de la Mongolie, de la Mandchou-
rie et de la Sibérie que je décrirai plus tard.
( S8)
IV° 9SIS. — Rosa blanda germinibus globosis, caulibus
adullis pedunculisque taevibus inermibus. Ait, Kew,, 2,
p. 202. — Habitat in Terra Nova et Sinu Hudsoni,
Au verso du premier feuillet de la chemise^ sont fixées
les deux étiquettes suivantes : < Scholt. W. • — c Rosa
fraxiiiea. » Celte deuxième étiquette, qui est peut-être de
récriture de Willdenow, se rapporte probablement à
1 échantillon attaché sur la deuxième feuille.
Ce numéro est représenté par deux feuilles simples.
Fol. 1). Un ramuscule florifère.
Fol. 2.) Un ramuscule florifère.
Ces deux spécimens appartiennent au A. fraxinifolia de
Gmelin. Le type de Gmelin, qui a été créé sur la plante
cultivée en Europe et devenue subspontanée çà et là,
est souvent confondu avec le R. fraxinifolia de Bork-
hausen. D'après Trattinnick, ce dernier serait une forme
originaire d'Europe à folioles obscurément doublement
dentées que Redouté et Thory auraient figurée et décrite
sous le nom de R. alpina var. laevis. Les termes de la
diagnose de Thory < foliolis bidentatis » ne permettent
aucunement de rapporter ce R, alpina var. laevis au
R. fraxinifolia Gmel., qui a toujours les dents foliaires
parfaitement simples. Seringe ( élanges botaniques^ p, 33
et Prodr.y tome II, p. 606) a donc eu tort de rapporter
la planche de Redouté au type de Gmelin. Lindiey a
commis la même faute. Il reste maintenant à voir si le
nom de Gmelin est le nom princeps de lespèce en ques-
tion. Selon Trattinnick, Jacquin, dans son Fragmenta
Rotanica (1764), aurait décrit le R, fraxinifolia avant
Gmelin et lui aurait donné le nom de R. blanda.
Ce nom de R. blanda fut plus tard employé par Aiton
( S9)
(Hortus Kewensis, cd. 1, 1789) cl d'après ce que nous
apprend Lindley, cet auteur avait consulté les manuscrits
du Dr Solander, qui réunissait, sous la désignation de
R. blanda, deux plantes différentes : Tune qui est le
R. fraxinifolia et Fautre qui est la forme décrite par
Lindley sous le nom de R. blanda. Il suivrait donc de là,
si l'assertion de Trattinnick est fondée à propos du
R. blanda de Jacquin, que le nom de R. blanda est le
nom princeps du R. fraxinifolia de Gmelin et que les
R. blanda Lindl. et R. blanda Ait. (pro parte) doivent
devenir de simples synonymes et être remplacés par le
nom deR.Solandriy proposé par Trattinnick pour désigner
la Rose si répandue dans l'Amérique septentrionale et
généralement connue sous le nom de R. blanda.
Nous avons vu qu'il existe dans la chemise du R, alpina
n** 9850 une feuille simple, sur laquelle est attaché un
spécimen accompagné d'une étiquette portant le nom de
R, fraxinea, et, d'autre part, nous voyons ici, s'appliquant
à l'un ou l'autre spécimen du n" 98l8, une étiquette por-
tant également le même nom de R. fraxinea. A quelle for-
me doit se rapporter ce nom de R. fraxinea? Willdenow
a-t-il voulu désigner sous ce nom une forme du R. alpina
ou bien le R. fraxinifolia, La diagnose et la description
du R. blanda reproduites dans son Species plantarum s'ap-
pliquent parfaitement aux deux spécimens du R. blanda,
n° 9818 de son herbier, R. blanda qui est donc le R.
fraxinifolia de Gmelin ; tandis que la description de son
R. fraxinea renferme plusieurs caractères, lels que « ger-
minib\is ellipticis, pedunculis glanduloso-hispidis, petio-
lis subculeatis glanduloso-hispidis, » qu'on observe point
dans le R. fraxinifolia type de Gmelin et dans les
deux spécimens du n*» 9818 de l'herbier de Willde-
now, mais bien dans l'échantillon attaché sur la S*' feuille
(60)
du R. alpina n" 9850. La diagnose du R. fraxinea (Enum.
pi. hort. BeroL SuppL, p. 37), publiée après la mort de
Willdenow, renferme un caractère « aculeis sparsis » qui
n'existe pas dans le type du R. alpina^ mais qui se pré-
sente dans plusieurs de ses variétés et il se peut bien que
le ramuscule inerme du R. alpina, n^'OSSO, fol. 3, ait été
recueilli sur un pied dont Taxe caulinaire portait quelques
aiguillons épars. Du reste ce caractère d'aiguillons épars
ne peut s'appliquer aux deux spécimens du R blanda
n'*9818, qui sont parfaitement inermes. Si les éléments
fournis par Therbier et les ouvrages de Willdenow ne
sont pas suffisants pour élucider d'une façon complète
cette question de synonymie, on peut cependant dire
qu'il y a plus de raisons pour rapporter le nom de R.
fraxinea à une forme du R. alpina qu'au R. blanda Ait.
(R. fraxinifolia Gmel.). Sprengel rapporte sans le moindre
doute le R. fraxinea Willd. au R. blanda Ait., mais pour
établir cette synonymie il s'est uniquement basé sur le
n° 9818 de Willdenow; s'il avait consulté la description de
VEnumeratio et remarqué le spécimen fixé sur la 3' feuille
du jR. alpina n*" 9850 et nommé R. fraodnea, il eut été
moins affirmatif dans son assimilation. Seringe rapporte
avec doute le /?. fraxinea Willd. au R. blanda Ait.
Il resterait à rechercher si le R. fraxinifolia Gmel. est
une. espèce autonome, ou si ce n'est pas une simple
variété d'un type américain produite par une longue
culture en Europe. Jusqu'à présent, l'existence en Amé-
rique du vrai R, fraxinifolia Gmel., tel que nous le con-
naissons en Europe, est restée douteuse. En étudiant les
nombreuses formes du R, Solandri Tratt. (R. blanda
Auct. non Jacq.), l'idée m'est venue que le R. fraxinifolia
pourrait bien être une variété de ce dernier. Avant de me
(61 )
prononcer sur cette délicate question, j'ai de nouvelles
recherches à faire. Si mon soupçon était fondé, on s'expli-
querait facilement comment le B, fraxinifolia a élc vaine-
nement recherché en Amérique, et le nom de blanda,
créé par Jacquin en 1764, resterait définitivement appli-
qué à Fespèce américaine qui est généralement connue
sous ce nom et que Tratlinnick a proposé d'appeler
R. Solandri.
AT*" 9§S4. — • Roftii earolina germinibus globosis hispidisy
pedunculis subhtspidis , caule aculeis stipularibus,
petiolis aculeatis. Lin, SysU, éd. R., p. 527. — Habi-
tat in America septentrionali.
Au verso du premier feuillet de la chemise, on lit :
« Krausse. IF. »
Ce numéro est représenté par six feuilles simples.
Fol. 1). Un ramuscule florifère. — Appartient au
R. earolina L. Sépales extérieurs entiers ou munis de 1-2
pinnules très-petites et supérieures ; réceptacle hispide-
glanduleux.
Fol. 2). Un ramuscule florifère. — Appartient au R.
lucida Ehrh. Fleurs simples.
Fol. 3). Un ramuscule florifère. — Wallroth a écrit à
côté : «.. ad R. majalem potius pertinet. » Appartient la à
forme que Willdenow a décrite sous le nom de R. gemella.
Fol. 4). Un rameau florifère. Au bas de la feuille, se
trouve fixée une étiquette de Willdenow portant : R. penn-
sylvanica, » — Je n'ose me prononcer sur cet échantillon
qui appartient peut-être au R. parviflora Ehrh. Il présente
six fleurs disposées en corymbe, mais ce nombre de fleurs
est probablement anomal ; les pédicelles sont lisses ainsi
que les réceptacles; les sépales sont un peu glanduleux
(62)
sur le dos. Dans son Species plantarum , Willdenow
rapporte le R. pennsylvanica Wangenh. au B. parvi-
flora Ehrh.
Fol. 5). Un ramuseule florifère, accompagné d'une
petite étiquette portant: « Kien, 166. » — CVst une forme
à fleurs semi-pleines, et au nombre de quatre au sommet
du ramuseule. Aiguillons géminés, grêles et droits; folioles
simplement dentées, rappelant celles du R, lucida, mais
paraissant avoir été peu au point luisantes, quelques-unes
munies de quelques poils en dessus, toutes à face infé-
rieure entièrement velue; pétioles un peu velus, inermes
ou un peu aiguillonnés; réceptacle florifère campanule,
ordinairement très-hispide-glanduleux ; pédicelles assez
abondamment hispides-glanduleux ; sépales extérieurs
munis d'une paire de pinnules. Corolle large de 35 mill.
Semble se rapprocher du R. Râpa tel que le décrit Lind-
ley, mais dans le R. Râpa de cet auteur les folioles sont
glabres.
Fol. 6). Un ramuseule florifère, accompagné d^une
petite étiquette portant : « 490 (Mûhlenberg misit.). » —
Appartient au R. carolina L.
JW*" 9S99. — Rosii parTllom germinibus globosis pedun-
cutisque hispidiSy petiolis subaculeatis, cavle glabro
aculeis redis, foliolis ellipticis, floribus subgeminatis,
— RosA PARViFLORA i^ArA.^ 4, p. 21. — Habitat in
Carolina.
Au verso du premier feuillet de la chemise, sont fixées
les deux étiquettes suivantes : « Noak. ÎF. » — « 492
(^Mûhlenberg misit,), »
Ce numéro est représenté par trois feuilles simples.
(63)
Fol. 1). Une extrémité de ramuscule florifère dépour-
vue de feuilles. — On ne peut guère se prononcer sur ce
fragment. Celui-ci porte deux fleurs doubles, à pédicelles
finement et abondamment hispides-glanduleux ; les sépales
extérieurs sont appendiculés ; les aiguillons sont grêles,
droits ou un peu inclinés, mais non recourbés. Appartient
probablement au R. parviflora Ëlirh.
Fol. 2). Un ramuscule florifère. — Il est probable que
cet échantillon appartient au R. parviflora Ehvh.
Fol. 3). Un ramu seule florifère. — Parait appartenir
au R. parviflora Ëhrh. G est à peu près la même forme
que la précédente.
N^ 9§S9. — Rosa Incida germinibus depresso-globosis pe-
dunculisque subhispidis, aculeis stipularibuSy foliolis
nitidis glabrtf. Ehrh, Beitr,, 4, p. 22. — Habitat in
America.
Au verso du premier feuillet de la chemise, sont fixées
les deux étiquettes suivantes : < Bouché. W. i» — « 491
(Mûhlenberg misit). »
Ce numéro est représenté par trois feuilles simples.
Fol. 1) Un ramuscule florifère à fleurs pleines ou très-
doubles. — Ce n'est pas le R. lucida Ehrh. Paraît être
la forme dont M. K. Koch, dans sa Dendrologte, fait men-
tion en ces termes : < Irn botanischen Garten in Berlin
v^ird eine Form des R. lucida mit gefùllten Blumen
kultivirt, welche dicht mit steifen, geraden und ungleiehen
Stacheln besetzt ist und einen kreiselfôrmigen Frucht-
knoten besilzt. Von der Turnips-Rose unterseheidet sie
sich ebenfalls durch flache Blumen. Sie ist fur Boskets zu
empfehlen, \\'eil sie buschig ^âchst und sich End Juni,
zum Theil noch Juli dicht mit Blûthen, welche ausserdem
A I
( 64)
noch eine lange Dauer haben, bedeckt. » Il est bien possi-
ble que le R. lucida soit intervenu dans la production de
celte curieuse forme, qui pourrait être une hybride.
Comme elle n'a pas encore été décrite, que je sache du
moins, je vais en faire la description d'après le spécimen
conservé dans l'herbier de Willdenow.
Rosa Écorce verte. Ramuscule long de lM/2cent.,
inerme, à entrenœuds supérieurs chargés d^assez nombreuses glandes
stipitées. Folioles rappelant celles du R. lucida j mais ne paraissant pas
avoir élé luisantes et aussi épaisses, à dents ordinairement moins larges,
beaucoup de celles ci accompagnées d*un ou deux denticules acces-
soires glanduleux, à côte glanduleuse avec quelques rares poils, à
nervures secondaires un peu glanduleuses. Pétioles glabres, modéré-
ment glanduleux, les inférieurs un peu aiguillonnés. Stipules moins
dilatées que dans la forme ordinaire du A. /t/ctda. Fleurs au nombre
de deux au sommet du ramuscule, la médiane à pédicelle dépassant
presque une fois la stipule de la feuille supérieure, la latérale à pédi-
celle muni à sa base de deux*bractées presque opposées et une fois plus
courtes que lui. Pédicelles longs de. 23 et 19 mill., abondamment
hispides-glanduleux, à glandes Gnes entremêlées sur le pédicelle médian
de quelques soies. Réceptacle florifère campanule, court, très-hispide-
glanduleux, à glandes sétuliformes. i)épales assez allongés, hispides-
glanduleux sur le dos, les extérieurs munis de 1 ou2pinnuIes. Corolle
grande, ayant environ 60 mill. de diamètre et dépassant les sépales.
Fol. 2). Un ramuscule florifère et un fragment de
rameau — Appartiennent à la forme ordinaire du fl. lucida
Ehrh.
Fol. 3). Un ramuscule florifère. — Appartient à la
forme ordinaire du £. lucida Ehrh.
Comme le R, lucida^ découvert par Treviranus dans
l'île de Rûgen, a été l'objet de la création d'une espèce
nouvelle par Roth, sous le nom de R. baltica, je pense
(6B)
queThistoire de ce dernier, restée obscure pour beaucoup
de botanistes^ ne sera pas déplacée dans ce paragraphe.
Cette histoire, outre qu elle démontre Tinanité de la créa-
tion de Roth, me fournit l'occasion de faire une obser-
vation d'un grand intérêt. J'ai puisé les premiers détails
de cette histoire dans une notice intitulée : Uebcr einige
Rosen besonders die Rosa baltica Roth , von D' Koch
und D'Treviranus, insérée dans le Flora(de Regensburg),
année 1832, part. I, pages 129-131. Cette notice, rédigée
par Koch, confient des renseignements que Treviranus avait
fournis sur le R. baltica et qui sont reproduits textuelle-
ment. Je les traduits : a Mon digne ami Roth, dans son
Nov. plant, spec, p. 134, et postérieurement, dans le
2* volume de son Enum. pL phanerog, Germaniae, p. 464,
décrit, sous le nom de R, baltica, une Rose, qui, dit-il,
aurait été découverte par moi sur le rivage de la mer près
de Rostock. Plus tard, dans son Deutschl. Flora, III,
p. 459, il annonce tout d'abord que l'examen de quelques
exemplaires de cette Rose lui avait fait reconnaître que
celle-ci se rapportait assez bien, par ses divers carac-
tères, au R. lucida, en second lieu, que le D' Detharding
{Comp. pLM, Duc. Megalop., p. 37) n'avait pu la retrou-
ver sur le rivage oriental près de Warnemûndc sous
Rostock, et en troisième lieu, que cette Rose, d'origine
américaine, peut-être introduite accidentellement, ne pou-
vait pas provisoirement être considérée comme une espèce
germanique. Je regrette beaucoup d'avoir été, mais certes
contrairement à ma volonté, la cause de la création d'une
fausse nouvelle espèce dans un genre déjà si embrouillé
que l'est le genre Rosa. Pendant mon séjour à Rostock,
je découvris, en juin 1813, dans les sables dos dunes
maritimes près de Warnemûndc, un petit buisson de R.
(66)
canina qui se distinguait par ses grandes fleurs d'un
beau rouge et agréablement odorantes : elles sont, dans le
R. canina ordinaire, d'une médiocre grandeur, d'un rose
pâle et peu odorantes. En comparant les deux plantes,
je découvris que les folioles étaient plus arrondies que
dans le R. canina ordinaire et que les réceptacles
étaient plus courts et plus arrondis. Quant aux
autres organes, je ne leur trouvai pas de différences,
en sorte qu'après avoir recueilli quelques spécimens de
cette forme, je la renseignai, dans mon calepin, sous le
nom de R, canina var. germin. subglobosis. Deux années
après, en juillet 1815, dans une excursion à Tile de
Mgen, je découvris, sur une colline, entre Putbus et
Geviz, une Rose que je reconnus pour le R. lucida L.
Je me rappelle parfaitement avoir envoyé, au D' Both,
un exemplaire de la première Rose (de Warnemûnde)
avec le nom susdit, mais je n'ai aucun souvenir de lui
avoir communiqué des spécimens de la deuxième. Cepen-
dant la chose parait avoir eu lieu, puisque sa description
se rapporte exactement à cette plante (de l'ile de Rugen)
et, le cas échéant, il faut croire qu'il y a eu une confusion
matérielle dans les étiquettes. Ce que je puis assurer,
c'est que jamais je n'ai considéré l'une ou l'autre de ces
deux formes comme une espèce particulière et que si un
exemplaire de celle de l'île de Rûgen, envoyé par moi,
existe bien dans l'herbier de Mertens, sa désignation
comme R. baltica ne lui a pas été donnée par moi. » —
Il résulte de ce qui précède que le R. baltica n'a pas été
réellement trouvé près de Rostock, ainsi que l'avait écrit
Roth et que l'avaient répété Trattinnick, Seringe et Koch
et que ce type a été créé sur une plante de l'ile de Rûgen
et considérée par Treviranus comme appartenant au
(67)
R. lucida. Désirant me renseigner plus amplement sur le
R. balticay j'écrivis au vénérable professeur Rôper, de
Rostock, afin d'obtenir des échantillons de la Rose de
Rostock et de celle de File de Rûgen. Mon correspondant,
avec sa bonté habituelle, se hâta de me répondre en me
faisant parvenir des spécimens de la plante de Rostock,
auxquels la note suivante était jointe : < Haec specimina
def. Dethardingius in arenosis prope Warnemûnde legit
et Rosam caninam y glandulosam Rau nuncupavit, addita
schedula in qua sequentia leguntur : Rosa. ... an
baltica? — West- Warnemûnde. — Crediderim hanc
formam R, caninaç, foliis saepius rubentibus floribusque
laete (nec pallide) roseis praeditam, eandem esse ac Rosam
beat. Trevirano a. 1813, in syrtis Warnemundensibus
lectam et in diaro « Flora (1832, p. 131-132) descriptam.
— Rosa baltica Rothii a nullo botanicorum Rostochien-
siuni prope Warnemûnde reperta est. Th.-Fr. Marsson
(Flora von Neii-Vorpommern und den Insein Rûgen u,
Vsedom, Leipzig 1869), hujus plantae nullam fecitmen-
tionem. » — Les deux échantillons en fleurs de la Rose
de Rostock, qu'a bien voulu m'envoyer M. Rôper, appar-
tiennent à une forme très-voisine de ce que j'ai appelé
A. scabrata et sont même peut-être identiques avec cette
petite espèce démembrée du R, canina. — Il résulte
donc une seconde fois que Rostock ne doit plus être
cité, soit à propos du R. baltica, soit à propos du R.
lucida. Koch, dans son Synopsis, éd. 3, p. 195, considère
le R. baltica Roth comme synonyme du R. lucida, qu'il
indique sur les rives de l'Elbe près de Hambourg. J'ai vu
des échantillons provenant de cette habitation. M. Boreau,
dans une publication dont il va être question, proteste
contre cette assimilation des R. baltica et R. lucida, en
(68)
invoquant plusieurs caractères qui distingueraient le R.
baltica du R. lucida. Cet auteur a surtout en vue le R.
baltica signalé sur les côtes françaises.
L'histoire de ce dernier mérite de nous arrêter quelques
instants. En 1862^ M. Boreau lisait, en séance de la
Société académique d'Angers, une notice intitulée : Précis
des principales herborisations faites en Maine-et-Loire en
1862, dans laquelle il annonce la découverte d*un Rosier
nouveau pour la flore de France, le R. baltica Roth.
D'après ce botaniste (loc. cit., p. 20), c'est Desvaux,
qui, le premier, l'avait découvert dans les sables de la
Loire-Inférieure, au Pouliguen ; il lui avait donné le noni
de R. spinosissima Pesn. Cat. Loir. -In f. SiippL (1841),
p. 181. En 1862, rapporte M. Boreau, MM. Ledantec et
Provost le trouvaient, le 29 juin, dans les sables de Porni-
chet, loin de toute culture et formant de petites forêts ou
groupes très-étendus. C'est de cette localité que provien-
nent les échantillons fructifères publiés par M. Déséglise,
dans son Herbarium Rsarum, sous le n"" 42. En présence
de l'indication de M. Boreau, on pouvait s'imaginer que
cette Rose devait être, sinon indigène, du moins intro-
duite depuis assez longtemps et bien établie dans les
sables de Pornichet ^ mais on se serait trompé. Voici en
substance ce que m'écrivait M. Lloyd au sujet de cette
prétendue Rose française. — Les renseignements fournis
à M. Boreau ne sont pas exacts et cet auteur a été induit
en erreur, chose qu'il a du reste reconnue depuis lors.
Aux deux localités signalées comme habitations françaises
du R. baltica, celui-ci a été planté par le régisseurd'un châ-
teau^ de la bouche duquel M. Lloyd tient ce renseigne-
ment. Au Pouliguen, le Rosa est très-rare; à Pornichet, il
est assez commun, mais avant 1844, la localité indiquée
(69)
était une dune ne nourrissant que les plantes maritimes
propres à cette région du littoral. Aujourd'hui cette dune a
complètement changé; on y voit des maisons, des jardins,
des bois de Pins, des carrés d'Asperges, le Populus nigra
et alba, TAlaterne, plusieurs Saules et enfin le R. baltica.
— M. Lloyd est un savant trop consciencieux, un bota-
niste trop expert et connaissant trop bien de longue date
la flore de son département, pour élever le moindre doute
sur les assertions qui précèdent et pour voir autre chose
dans le/{. baltica français qu'un Rosier sorti des cultures.
Dans le R, baltica des côtes françaises, provenant, soit
du Pouliguen, soit de Pornichet, les folioles, du moins
dans les échantillons que j'ai examinés, ne sont pas poi-
lues en dessous sur les nervures, comme le dit M. Boreau;
la côte seule est un peu velue et devient à la (in presque
glabre, et les autres nervures ainsi que le parenchyme
interposé sont parfaitement glabres. Ceci ne concorde pas
tout à fait avec les termes de la description de Roth repro-
duite par Trattinnick t costa venisque foliolorum pilosis. b
Le R. baltica de France donne lieu a une observation
morphologique qui n'est pas sans importance et dont il sera
prudent de tenir compte pour apprécier la valeur de cer-
taines formes de Roses. Les tiges, et j'entends par tiges
les pousses qui s'élèvent directement de la souche, sont
chargées de très-nombreux aiguillons épars, dont le plus
grand nombre sont grêles et sétacés mêlés avec quelques-
uns plus robustes; de plus, à la base des feuilles, il y a
deux aiguillons géminés plus robustes que les autres. Si
les tiges restent courtes, ces nombreux aiguillons sétacés
s'élèvent jusque dans les entrenœuds supérieurs; si les
tiges s'allongent, les aiguillons sétacés épars disparaissent
en tout ou en partie dans les entrenœuds supérieurs, qui
(70)
sont ordinairement réduits aux seuls aiguillons géminés..
D'un autre côté, si la tige donne directement naissance, la
seconde année, à des ramuscules florifères, on voit ceux-ci
également chargés d'aiguillons sétacés épars dans leurs
entrenœuds inférieurs et moyens, aiguillons devenant plus
rares ou disparaissant dans les entrenœuds supérieurs,
qui, dans ce dernier cas, sont réduits aux seuls aiguillons
géminés. Du reste l'abondance des aiguillons sétacés
varie d'un pied à un autre pied et sur certains individus
ces aiguillons sont très-peu nombreux ou rares. Si enfin
les ramuscules florifères naissent sur des ramifications de
second ordre et non plus directement sur la tige, ils sont
ou peuvent être réduits à leurs seuls aiguillons géminés^
sans la moindre trace d'aiguillons sétacés épars. On
reconnaît là que plus les axes s'éloignent , soit de la
souche, soit de la tige, moins ils sont aiguillonnes et
qu'ainsi l'armature des axes est sous la dépendance du degré
de végétation, ou, en d'autres termes, sous la dépendance
du développement que peuvent prendre les individus.
Le R. baltica peut donc nous offrir des ramuscules flori-
fères de second degré de végétation plus ou moins sétigè-
res, et des ramuscules de 3' ou de 4° degré de végétation
réduits aux seuls aiguillons géminés. — Un fait analogue
s'observe dans le R, lucida cultivé ou subsponlané. Les
tiges de cette espèce peuvent être chargées, dans leurs
entrenœuds inférieurs, de nombreux aiguillons sétacés
épars, aiguillons mélangés avec quelques-uns plus robus-
tes : ce n'est qu'à une certaine distance de la base que les
aiguillons géminés apparaissent sur l'axe. Gomme, dans
cette forme, la végétation est plus puissante que dans le
R. baltica, du moins le R. baltica des côtes françaises, les
ramuscules florifères sont ordinairement de 3° ou de 4"
(71 )
degré de végétation et sont dépourvus d'aiguillons
sétacés épars : ces mêmes ramuseules sont même presque
toujours complètement inermes et privés d'aiguillons
géminés. Il suivrait de là que la différence tirée de Tar-
mature des axes, qui a servi de caractère spécifique
pour distinguer le R. baltica des côtes française du
R. lucida, se réduit au fond à une simple différence dans
la vigueur delà végétation. Cette différence d'où provient-
elle? Témoigne-t-elle de l'existence de deux types spécifi-
ques distincts? Tout me porte à croire qu'elle n'est
probablement que le résultat de la culture. En effet, on
doit s'attendre à ce que le R, baltica français cultivé dans le
sable des dunes reste un arbrisseau petit, et que le
R. lucida, ordinairement cultivé dans la terre fertile des
Jardins botaniques, soit de taille plus élevée. Le R. baltica
des côtes françaises se distingue cependant encore de la
forme ordinaire du R, lucida cultivé dans les jardins par
des folioles plus petites, moins épaisses, moins allongées,
obovales, mais je ne pense pas que ces caractères soient
réellement distinctifs et je suis disposé à ne voir dans ces
caractères, comme dans les autres invoqués par les au-
teurs, que de simples différences marquant des variétés
d'un même type. D'après ce que je vois sur de beaux
matériaux que j'ai récemment reçus d'Amérique, le R.
lucida serait un type assez polymorphe, produisant des
tiges très-grêles , peu élevées , ou robustes , à folioles
variables dans leurs contours , tout à fait glabres ou
plus ou moins abondamment pubescentes, à fleurs soli-
taires ou en corymbe, etc., etc. Ces mêmes matériaux
me font même pressentir la réunion du R. parviflora
£hrh. au R, lucida Ehrh., assimilation du reste déjà
faite par MM. Torrey et Gray (F/, of Norlh Americ).
(72)
Je me réserve de discuter ce point intéressant dans un
article spécial sur les Roses américaines.
N** 9S8S. — Rosa nlllda germinibus calycibus peduncults
ramisque hispidiSy foliis utrinque nifidis glaherrimis,
— ffab....
Ce numéro est représenté par deux feuilles simples.
Fol. 1). Un ramuscule foliifère. — Au bas delà feuille,
on lit : « Hort. bot. Berol. W. » Wallroth a joint une
étiquette portant : c Rosa sinica a nivea Hist. 96. Stipulis
jam longe a R, nilida recedii. » — C'est un ramuscule
du R. sinica Murr. (R, hystrix Lindl., R. laevigataMx).
Torrey, qui a examiné les Roses de Therbicr de Willde-
now, écrivait : « The spécimen named R. nitida in
Willdenow's herbarium is R. laevigata Michx! » (F/, of
North Americ). Celte confusion, ainsi que plusieurs
autres que je constate dans l'herbier de Willdenow ne
peuvent être le fait de cet auteur et ont dû avoir lieu
après sa mort, lors de l'arrangement de sa collection.
Fol. 2). Sur cette feuille, au bas de laquelle on lit :
« Rosa nitida? W. », se trouvent trois échantillons. L'un
d'eux, marqué (a), me parait appartenir au vrai R. nitida
Willd.; les deux autres, marqués (b) et (c), n'appartiennent
pas au R. nitida^ du moins à la forme typique, et pour-
raient bien appartenir à une forme sétigère du R. parti-
flora Ehrh.
Ce mélange de diverses formes sous le nom de R.
nitida fait naître quelques doutes sur la plante que Will-
denow a décrite sous ce nom, d'autant plus que la diagnoso
de VEnumeratio, p. 544, peut s'appliquer assez bien
à cette forme sétigère que je viens de citer et qui
( 73 )
semble appartenir au /{. parviflora. L'herbier de Link
nous offre heureusement le moyen d'écarter tout doute
sur le R. nitida. Sous le n° 212, il y existe un ramuscule
florifère recueilli au Jardin botanique de Berlin, nommé
R. nitida, et identique au spécimen du R. nitida marqué
(a) de la deuxième feuille du n° 9833. Comme Link a été
le successeur de Willdenow au Jardin botanique de
Berlin, nous pouvons croire que le R, nitida décrit dans
VEnumeratio plantarum horti botanici Rerolinensis de
1821-1822 et représenté parle spécimen n"212 ci-dessus
est bien le type de Willdenow. Celui-ci est le même qu'a
décrit et figuré Lindley ! Dans l'herbier de Kunth, il
existe, sous le n** 114, un spécimen du R, nitida étiqueté
par le monographe anglais.
M. Asa Gray (Man. Bot.y 1866, p. 122), contrairement
à l'opinion d'un grand nombre d'auteurs, considère le
R, nitida comme une forme du R. lucida Ehrh. Je me
réserve de me prononcer plus tard sur cette assimilation.
N** 9SS5. — Rosfi gemellfi germinibus depresso-globosis
pedunculisqve glabrisy flortbus subgeminatis, foliolis
oblongis acutis serratis petiolis venisque subtus pubes-
centibus, aculeis caulinis geminis. — Habitat,,..
Ce numéro est représenté par deux feuilles simples.
Fol. 1). Un ramuscule florifère. — Appartient au R.
carolina L. ! C'est probablement ce spécimen auquel
Meyer a fait allusion dans une communication à Seringe,
communication à la suite de laquelle Seringe a considéré
le R. gemella Willd. comme la var. gemella de son R,
cinnamomea (Vid. Prodr.y II, p. 608, n° 39). Meyer en
rapportant ce spécimen au R. gemella Willd. Enum. a
certainement commis une erreur, car ses caractères ne se
( 74)
rapportent pas à ceux de la diagnose. C'est un délicat
ramuscule du R. carolina uniflore^ à stipules très-étroites,
à folioles dont la côte est seule velue et à pédicelle muni
de quelques rares glandes.
Fol. 2). Un rameau florifère. — Dans ce spécimen, les
folioles sont finement pubescentes en dessus et pubescentes
en^ dessous sur toute la surface. Ce dernier caractère ne
concorde pas avec les termes de la diagnose < foliolis...
venisque subtus pubescentibus. » Malgré cela celte forme
paraît bien représenter le R. gemella dq Willdenow. Dans
rberbier de Link, n" 214, il y a deux spécimens de ce R.
gemella provenant du Jardin botanique de Berlin ; dans
rberbier de Kunth, n*» 163, il y a également deux échantil-
lons de la même forme et accompagnés de cette étiquette :
€ Rosa gemella (teste Willd.). Hort. Berol. 1806-12.»
Seringe, comme nous l'avons vu, fait du R, gemella une
variété du R. ctnnamom^a; Lindiey le place parmi ses
Species incertae sedis; Sprengel le considère comme une
espèce propre et le range entre les R. Woodsii et R.
carolina; Trattinnick ladmet également comme espèce
et le range^ dans sa section Linkiana. Link (Enum. hort.
bot. Berol ) le distinguait comme un type particulier et
différent des R. blanda {R. Solandri) et R. fraxinifolia
Lindl. Pendant quelque temps, j'ai cru qu'il était une
forme du R. cinnamomea à folioles assez amples, mais
ayant depuis reçu d'Amérique de beaux et nombreux
spécimens du R. Solandri^ je ne suis pas éloigné de penser
que l'espèce créée par Willdenow est une forme de ce
dernier type. Avant de me prononcer définitivement,
je dois réétudier ce R. gemella sur des échantillons re-
cueillis au Jardin botanique de Berlin, où la plante de
Willdenow a été sans doute conservée jusqu'aujourd'hui.
(75)
L'identité spécifique que je soupçoone est d'autant plus
probable que Willdenow n'a pas décrit le R. Solanéri
Tratt. {R. blanda Auct. non Jacq.), qui devait probable-
ment exister, de son temps, dans le Jardin botanique de
Berlin. Du reste Torrey, qui avait, comme je l'ai dit,
examiné l'herbier de Willdenow, rapporte le R. gentella
Willd. pro parle ex spec. au R. blanda {R. Solandri).
Segt. HONTANAE.
N** MJ). — Rosa montanii germinibus oblongis pedun-
culisque hispidis, petiolis aculeatisy caule aculeis stipu-
laribus uncinatiSy foliis glabrts obovatis glanduloso-
serratis fVilld. — Habitat in Delphinatu, Helvetia,
Ce numéro est représenté par une feuille simple, por-
tant un ramuscule florifère, et au bas de laquelle on lit :
« Schleicher. W. ^ — Le spécimen, accompagné d'une
étiquette moderne ainsi conçue : « Rosa glandulosa BelL
teste K. », appartient au R. montana Ghaix.
N^ dSJS. — Rosa Reynlerl germinibus ellipticis hispi-
dis y ramis aculeatis petiolis pedunculisque nudis
foliis ellipticis glabris arguto-serratis. — Habitat in
Helvetia. — Entre Thabitat et la diagnose, von Schlech-
tcndal a intercalé : c Rosa montana. »
Ce numéro est représenté par une feuille simple, por-
tant un échantillon florifère, et au sommet de laquelle
on lit : R. Reynieri. R. montana. Au bas de la feuille,
est attachée une étiquette imprimée de la collection de
Schleicher : « 55. Rosa Reynieri. Hall. fil. — Ad viam
Chemin neuf dictam supra Aven. » — C'est encore le
R. montana Ghaix. Dans les n*^ 9842 et 9843, les deux
(76)
échantillons appartiennent identiquement à la même
forme ! et cependant les deux diagnoses de WiHdenow sont
différentes.
At" 9S46. — Roua glaacescens ger minibus oblongis
pedunculisfjue glabris, caule petiolisque aculeatts, folio-
lis oblongis serratis subtus glaucis. — Habitai in Hun-
gariae altis montibus.
Ce numéro est représenté par deux feuilles simples.
Fol. 1) Un ramuscule florifère, aceompa^i^né de l'éti-
quette suivante de Kitaibel : « F. 21. Rasa glaucescens
Mihi, In altis montibvs. » — Appartient au R. rubrifolia
Vill. Pédicelles courts et lisses; réceptacle florifère ovale
et lisse; sépales entiers etéghnduleux; pas de teinte rou-
geàtre sur les organes foliacés.
Fol. 2). Un rameau foliifère, accompagné d*une éti-
quette portant : « balsamea, » Wallroth y a joint une
étiquette ainsi conçue : « Minime! ad R. alf/inam per-
tinet, » — Folioles minces rappelant celles des Âlpinae,
à dents composées-glanduleuses, glabres en dessus, à
côte et nervures secondaires munies de quelques poils
entremêlés de glandes peu nombreuses; quelques rares
aiguillons sétacés à la base du rameau. Ce rameau appar-
tiendrait-il à la forme que WiHdenow a nommée (in Enum.
SuppL p. 38) R. balsamica et que Sprengel a décrite
dans son Systema ptantarum, II, p. 549, n° 32? En pré-
sence d'un simple rameau foliifère, il n'est guère possible
de se prononcer. Les termes employés par Sprengel pour
caractériser les folioles « foliolis duplicato-serratis subtus
pubescentibus » s'appliquent en partie à l'échantillon
que nous avons sous les yeux. Trattinnick décrit également
ce R. balsamica Willd. (Rosac. Unogr., II, p. 221).
(77)
N'* 9S47. — Roua rabrifolla germinibus ovatis pedun-
culisque glabris, petiolis aculeatis, caule inermi. Vill,
— Habitat in Helvetia, Gallia,
Au verso du premier feuillet de la chemise, sont fixées
les deux cliquettes suivantes : t Schleicher. IF. » —
« Rosa rubrifolia. In montibus Idriae. »
Ce numéro est représenté par cinq feuilles simples.
Fol. 1). Un rameau florifère. — Appartient au R.
rubrifolia Vill. Pédicelles et réceptacles lisses (un des
pédicelles porte cependant une glande) ; sépales munis de
quelques glandes.
Fol. 2). Un rameau florifère. — Je n'ose me prononcer
sur ce spécimen.
Fol. 3). Un rameau florifère. — Appartient au R.
rubrifolia.
Fol. 4). Un ramuscule florifère, accompagné de l'éti-
quette suivante : a Rosa pruinata FL Rei dem Dorfe
Rrandberg in Zillerthal 98. » — Appartient au R. rubri-
folia. Sépales glanduleux ; quelques glandes sur certains
pédicelles ; réceptacle florifère ovoïde.
Fol. 5). Un rameau florifère, accompagné de Téliquette
suivante de Bellardi : « Rosa rubrifolia VilL FL append.
planta culta, » — Appartient au R. rubrifolia.
IV<* 9S9t. — Rosa llvida germinibus globosis peduncu-
lisque glabris, caule petiolisque aculeatis. — Habitat
in Croatia.
Ce numéro est représenté par une feuille simple, sur
laquelle est attaché un ramuscule fructifère (fruits encore
verts), accompagné de Fétiquetle suivante de Kitaibel :
« D. 52. Rosa livida. In rupibus calcareis Croaliae. »
Wallroth y a joint une étiquette ainsi conçue : « R. majalis
(78)
V. glauca fol. ovalis! Hist. 164. — Ce ramuscule est
très-incomplet ; il ne présente que sa feuille supérieure,
une bractée et six réceptacles arrivés à mi -maturation.
Malgré cela, on y reconnaît le vrai R. rubrifolia Vill.
Réceptacles sphériques, même un peu plus larges que
hauts; pédicelles munis de quelques rares glandes ; sépales
églanduleux.
Sect. CAMINAE.
N*" 9S66. — Rosa ari^ata germinibus oblongis peduncu-
lisque hispidis, petiolis cauleque aculeatis. — Habitat
ad Caucasum»
Ce numéro est représenté par une feuille simple, por-
tant un rameau florifère, et au bas de laquelle on lit :
< Mussin-Purschkin. W. »
Sprengel (Syst. pLy II, p. 549) rapporte le R. arguta
Muss.-Puschk. in W. herb. au R. livescens Bess., mais
cette assimilation ne me parait guère admissible. Le R.
livescens de Besserse rapproche des Gallicanaey tandis que
le R. arguta parait être une véritable Canine. Comme ce
dernier n'a pas encore été décrit, du moins que je sache^
je vais en faire une description détaillée.
Rosa arguta Mussin-Purschkin in Willd. Herb, — Rameau sinueux,
à entrenœuds rapprochés, munis d*aiguillons légèrement arqués ou pres-
que droits et appartenant au type de ceux des Caninae, ordinairement
rapprochés par deux sous les feuilles. Ramuscules sinueux, assez
grêles, longs de 6 cent. , à aiguillons semblables aux raméaires, mais
plus petits, rapprochés par deux sous la plupart des feuilles. Folioles
presque toutes ovales-elliptiques, de dimensions moyennes (11-13 Ofiill.
de larg. sur 22-23 mill. de long.), ordinairement une fois plus longues
que larges, presque toutes aiguës, celles de la feuille supérieure assez
longuement aiguës, toutes un peu atténuées à la base, à dents simples,
étroites, acuminées et assez appliquées, assez rarement une petite dent
(79 )
accompagnant une dent plus grande et simulant une dent double ; folio-
les de la feuille la plus inférieure de chaque ramuscule un peu pubes-
centes en dessus, un peu pubescentes sur toute la surface en dessous ;
folioles de la feuille suivante glabres en dessus , à côte et ner-
vures secondaires un peu pubescentes ; folioles des feuilles supérieures
à côte seule un peu pubescente ] côte présentant parfois quelques trèç-
rares glandes. Pétioles inférieurs et moyens velus tout autour, surtout
à la naissance des folioles, à poils longs se prolongeant sur les pétiolules;
les supérieurs presque complètement glabres ; tous finement aiguillon-
nés en dessous, un peu glanduleux aux bords du sillon. Stipules à ailes
étroites, à bords supérieurs munis de denticules très-fins et'calleux à la
pointe, à oreillettes divergentes ou plus ou moins dressées, triangulaires
ou lancéolées , aiguës ou acuminées. Fleurs solitaires, accompagnées
d'une ou de deux bractées et, dans ce dernief cas, bractée inférieure
terminée par une petite foliole. Bractées ovales-acuminées, égalant
environ le pédicelle. Pédicclles longs de iO-i2 mill., modérément
hispides-glandulcux sur toute leur longueur. Réceptacle florifère ellip-
soïde, assez abondamment hispide-glanduleux sur toute sa surface.
Sépales hispides-glanduleux sur lé dos, très-tomenteux à la face interne,
les extérieurs munis de 2-5 paires de pinnules denticulées, mais non
ciliées-glanduleuses. Corolle assez grande. Disque peu saillant. Capitule
stigmatique glabre.
La pubescence des feuilles allant en diminuant graduel-
lement de la base au sommet des ramuscules florifères
embarrasse, pour le classement de cette forme dans les
Caninae, et fait hésiter entre la tribu des Hispidae et celle
des Collinae
Le R. arguta n est vraisemblablement qu'une forme du
R, caninùy mais c'est une forme curieuse et qui méritait
d'être décrite.
( 80 )
N"" •S6S. — Rosa canina germimbus ovatis pedunculis-
que glahris, caule petiolisque aculeatis. Lin, Syst.,
éd. R., 2, p. 530. — " Habitat in Europa.
Au verso du premier feuillet de la chemise, on lit :
€ Jungfernheide. W. »
Ce numéro est représenté par deux feuilles simples.
Fol. i). Un rameau florifère. — Cest une forme du
R. canina. Feuilles inférieures et moyennes à dents com-
posées, la feuille supérieure ou les deux feuilles supé-
rieures à dents simplement doubles; pétioles un peu glan-
duleux, aiguillonné^, glabres ; stipules à ailes étroites, à
oreillettes divergentes; fleurs solitaires; pédicelles de
longueur moyenne, lisses; réceptacle florifère ovoïde,
lisse; sépales églanduleux; disque conique, saillant; styles
hérissés. Cette forme, à laquelle je ne puis appliquer
rigoureusement aucun nom connu, appartient à la petite
tribu artificielle Biserratae de la section des Caninae.
Fol. 2). Un ramuscule florifère. — Appartient à la
tribu Biserratae et vient se ranger dans le voisinage du
R. oblonga Rip. C est également une forme du R. canina.
N'' •§63. — Rosa colllna germinibus ovatis subglabris,
pedunculis petiolisque glanduloso-hispidisy caule acu-
lato. Host Synop.y 280. — Habitat in Austria.
Au verso du premier feuillet de la chemise, sont atta-
chées les deux étiquettes suivantes : « Host. W.* — •Rosa
arvensis Flora Werth. (Wibet).*
Ce numéro est représenté par deux feuilles simples.
Fol. 1). Un grand rameau florifère à sept ramuscu-
les. — Ce spécimen, qui provient probablement de Host,
n'appartient pas au R. collina de Jacquin et ne répond du
reste pas aux caractères de la diagnose reproduite par
(81 )
Willdenow. Rameau et ramuscules inermes; pétioles un
peu aiguillonnés dans les feuilles supérieures ; pédicelles
de longueur moyenne, lisses ; réceptacle florifère ovoïde,
lisse ; sépales églanduleux ; styles hérissés. Les stipules
supérieures sont modérément élargies, à oreillettes dres-
sées, à bords un peu rentrants. Il y a une teinte violacée
sur les stipules supérieures, les bractées, les pédicelles, le
réceptacle et les sépales, et je pense que la corolle a été
d'un rose assez vif. Si ce n est pas une forme du R, corii-
folia Pries, c'est une forme appartenant à la tribu des
Pubescentes et se rapprochant du R. dumetorum Thuill.
Fol. 2). Un long rameau presque inerme chargé de plu-
sieurs ramuscules dépourvus de fleurs et de fruits. Il y a un
petit bouton sur Tun de ces derniers. — Wibel avait bien
nommé cet échantillon, en lui appliquant le nom de R.
arvensis. C est une forme du R. arvensis d'Hudson à
folioles petites, un peu pubescentes à la face supérieure,
modérément pubescentes sur toute la face inférieure, mais
d'une façon très-apparente et à villosité rappelant celle
des Pubescentes. Pétioles pubescents, abondamment aiguil-
lonnés et glanduleux.
D'après les matériaux de son herbier, il est bien difficile
de sisivoir ce que Willdenow entendait par son R. collina.
N"* 9S76. -^ Rosa alba germinibus ovatis glabris, pedun-
culis hispidis, caule petiolisque aculeatis. L%n% Syst.y
éd. R.y 2, p. 531. — Habitat in Europa.
Ce numéro est représenté par une feuille simple,
portant un ramuscule florifère du R. alba. — Folioles
grandes , ovales-arrondies ; stipules à ailes larges de
5 mill., à oreillettes dressées un peu divergentes; pédi-
celles longs de 28 et 38 mill. ; réceptacle florifère médian
étroitement pyriforme-ellipsoïde.
(82)
IV** 986S. — Rosa mexlcana. (Ce nom, qui n'est pas de
récriture de Willdenow, est la seule indication qui se
trouve sur le recto du premier feuillet de la chemise.)
Ce numéro 'est représenté par une feuille simple, por-
tant un rameau florifère accompagné d'une étiquette de
Willdenow sur laquelle on lit : « Rosa mexicana. »
Sprengel (5^5^ veget., II, p. 555) rapporte ce nom de
A. 7?iexicana comme synonyme au R. monteztimaeH. B. K.
et en faisant cette assimilation il a eu parfaitement raison,
car l'échantillon de Therbier de Willdenow appartient au
type décrit par von Humboldt, Bonpland et Kunth. Comme
celui-ci est encore peu connu, je crois bien faire en décri-
vant le spécimen en question.
Rosa montezumae H. B. K. — Rameau inerine. Ramusculcs très-
courts (15 miil.), inermes, à eiitrenœuds rapprochés et très-courts.
Feuilles à 1-2 paires de folioles. Folioles petites^ ovales-elliptiques,
parfaitement glabres sur les deux faces, avec quelques cils aux bords
inférieurs, assez épaisses, à dents paraissant être toutes doubles (dans
un assez grand nombre de dents, le petit denticule accessoire et
calleux à la pointe semble avoir disparu), à côte églanduleuse, celle
des folioles terminales parfois munie d*un très-petit aiguillon à la
base ; les feuilles les plus inférieures à folioles un peu atténuées à la
base, subobtuses au sommet ; les autres feuilles, à folioles un peu
atlénuées-arrondies à la base, aiguës au sommet. Pétioles un peu
pubescents tout autour, mais surtout en dessus, à pubescence se
prolongeant entre les ailes stipulaires, munis de 5'i petits aiguillons
et un peu glanduleux. Stipules à ailes assez larges surtout la supérieure,
finement ciliées-glanduleuses, à oreillettes courtes, aiguës , à bords
rentrants et à pointes dressées. Fleurs solitaires. Pédicelles avant la
floraison cachés par les stipules supérieures et la bractée. Réceptacle
florifère avant Tanthèse ovoïde et lisse. Sépales églanduleux, les
extérieurs munis de 2-5 pinnules.
Les caractères fournis par ce spécimen, la figure qu'a
publiée Redouté dans Les Roses, les descriptions de
(83)
Thory, Kunth et d'autres auteurs ne me fournissent pas
les éléments suffisants pour assigner à cette espèce sa
véritable place dans la classification. Gonstitue-t-elle un
représentant américain de nos Caninae Pou bien serait-
elle un type de la section des Montanae? Dans le Nova
gênera et species plantarutnj VI, p. 222, on lit: « Frutex
statura et habitû Rosae rubiginosae. » C'est peut-être à
cause de ces termes que Lindiey a classé cette espèce,
mais à tort, dans sa division Rubiginosae. Thory, dans
son Prodromiis, p. 106, en fait une variété du R. canina.
Seringe (Prodr., II, p. 614, n" 76) Fadmet comme espèce
et la décrit à côté du R. canina. Trattinnick Ta placée
dans sa section Thoryana en compagnie de diverses
Alpinae. Avant de pouvoir la classer naturellement, elle
doit être réétudiée, soit sur des matériaux indigènes suffi-
samment complets, soit sur la plante cultivée. D'après ce
que je puis voir, elle semble diff'érer sectionnellement
de toutes les autres espèces américaines connues.
Le R, montezumae a été découvert par von Humboldt
et Bonpland, à la cime du Cerro-Ventoso, dans les Andes
du Mexique, entre la ville de Mexico et Moran, à l'alti-
tude d'environ 9300 pieds. Placée sous le 19' degré, cette
habitation est la plus rapprochée de l'équateur où l'on ait
découvert, en Amérique, des Roses à l'état indigène.
Dans l'ancien monde, il existe des habitations de Roses
plus méridionales encore. C'est ainsi que le R. Schimpe-
riana Hochst etSteud., qui paraît être identique avec le
R. abyssinica R. Br., croît en Abyssi nie entre le 15" et
le 10' degrés; que dans l'Inde, le R. Leschenaultiana
Wight existe sur le Nila-Giri (Dekan), vers le 12' degré.
(84)
ni° 9890. — Rasn hlbernlca germiaibus globosis pedun-
culisqxe glabris, aculeis stipularibus, foliotis ettiplicis
aeutis argule serralis. — Habitat in Hibernia.
Ce numéro est représenté par une feuille simple,
portant un rameau florirère, accompagné d'une étiquette de
Turner ainsi conçue : a Roia hibernica no'ca nec dum des-
cripla specie» ex Hibernia. » Une étiquette de Walirolh porte
« R. campestris var. spiuosissima, fol. sublus pelîolisque
parce pubescenlib . Hisl. 119. • — Appartient au R. hiber-
nica Sm. Les courts ramuscules flonfères sont inermes;
le rameau porte quelques rares petits aiguillons ; les
folioles sont un bon tiers plus petites que dans la flgure
de YEnglish Botany, lab. 708, simplement dentées,
glabFfs, à l'exception de la côte qui est velue; pétioles un
peu velus; stipules supérieures larges, à bords rentrants;
sépales se redressant après l'anlhèse; réceptacle dorifère
rappelant celui du R. spinositsima.
Le R. hibernica, qui est extrêmement polymorphe,
parait être un produit hybride de diverses formes du
R. canina croisées avec le R. apinosisstma.
Sect. RCBIftiniOSAE.
N* 9SS3> — Rosa rlglda gerininihus globosis peduitcu-
tisque glabris, caute tincinato-aculeato, peliolis pubes-
cenlibus, foliotis subrotundîs serrntix rigidis. — Habitat
ad Caucasum.
Ce numéro est représenté par une feuille simple, portant
deux rameaux fructifères, accompagnés de deux étiquettes.
L'une de celles-ci est fixée sur le côté de la feuille; elle
est probablemenl de Marschall von Bieberstein et est
(85)
ainsi conçue : < Rosa ferox M. B. non a Caucaso sed ex
Tauria.9 La seconde éciquecte, qui est du même botaniste,
et fixée au bas de la feuille, porte : • Rosa Alupka-
Temirkci. » Il est probable que lorsque Marscball von
Biebersteiii a envoyé la première fois la plante à VV^illde-
now, celle-ci n'avait pas encore reçu de nom. Wallroth
a écrit : « Cf. HUt. 266. » — » Wiildenow s'était trompé
quand il écrivait « pedunculis glabris, » car, dans les deux
spécimens de son herbier, les pédieelles sont hispides-
glanduleux. Le rameau attaché au bas de la feuille pré-
sente le caractère distinctif si saillant du R. ferox M. B.,
celui de très-nombreux aiguillons sétacés-glanduleux
recouvrant Taxe des rameaux et des ramusculcs, aiguillons
sétiformes accompagnés d'aiguillons plus robustes et
arqués. Dans le rameau attaché à la partie supérieure de
la feuille, ces soies glanduleuses manquent à peu près
complètement, non-seulement sur l'axe raméaire, mais
sur les axes ramusculaires. Sur les dix ramuscules de
l'échantillon, huit sont parfaitement églanduleux et deux
présentent seulement quelques soies glanduleuses dans
un ou deux entrenœuds supérieurs; l'axe raméaire est
complètement dépourvu de soies. A part cette différence,
les deux spécimens semblent bien appartenir à la même
forme. Dans le rameau dont il vient d'être question en
dernier lieu, les réceptacles, qui sont bien murs, sont
petits (8-10 mill. de largeur), un peu plus larges que
hauts et sont parsemés de quelques glandes; les sépales
ont complètement disparu ; les pédieelles sont courts
(4-5 mill.); les styles paraissent glabres; les folioles sont
petites, tout à fait glabres, à face supérieure lisse et
sans glandes. Les deux spécimens paraissent avoir été
récoltés sur un arbrisseau bas et tortueux.
(86)
Cette Rose a été décrite par Marschall von Bieberstein,
en 1808 (FI. Taur.-Cauc.y II, p. 396), sous le nom de
R, provincialis. En 1819 (loc. cit., Il, p. 329), le même
auteur, ayant reconnu qu'elle ne pouvait pas être identifiée
au R. provincialis, la rapporta au R. ferox de Law-
rance et d'Aiton. Cette seconde assimilation n'était pas
plus heureuse que la première, car la plante de Marschall
von Bieberstein ne paraît avoir aucune ressemblance avec
le /t. ferox des deux auteurs anglais susdits et qui est le
R. ru^o^a Thunb., si j'en juge d'après la description qu'en
donne Lindiey. Je ne comprends pas comment Aiton ait
pu attribuer le Caucase comme patrie à cette dernière
espèce qui est originaire de l'extrême Orient. En admet-
tant que le nom de R. firox ne soit qu'un simple syno-
nyme du R. rugostty il faut adopter, pour la Rose du
Caucase en question, le nom de R. horrida que lui avait
donné Fischer (Ca^ hort, Gorenk., 1812, p. fi6). Ce nom
de horrida a été employé plus lard par Sprengel (Syst.
veget., II, p. 549, 1^25) pour désigner le R. viminea
Lindl.
Ledebour (F/. Ross., II, p. 80) considère le 15. horrida
Fisch. (R. ferox M.B.) comme une variété du R. rubi-
ginosa, variété qu'il désigne sous le nom de minor. Cet
auteur rapporte comme synonyme, à ce /t. horrida, le
R. arguta Willd. Herb. n** 9866, or nous avons vu que
ce dernier est une Canine et j'ajouterai qu'il n'a aucun
rapport avec la forme que Marschall von Bieberstein a
décrite sous le nom de R. ferox. Celte dernière est une
vraie Rubigineuse et qui n'est peut-être au fond qu'une
forme orientale de notre R. rubiginosa L. J'en reparlerai
quand je traiterai les Roses de la flore d'Orient.
(87 )
!V" 9866. — Rosn rnblslnosii germinibus ovatis pedun-
culisque hispidis, pelioUs cauleque aculeatis : acvleis
recurvis, foliolis ovatis, subtus glanduloso-piiosis. Ait,
Kew.j 2, p, 206. — Habitat in Europa.
Au verso du premier feuillet de la chemise, sont fixées
les trois étiquettes suivantes : « Jungfernheide Thier-
garten Grûnewald. fF. » — « 494 Mûhlenberg misit.) » —
« 7 Rosa rubiginosa L. FL Star g, (SchuUz). »
Ce numéro est représenté par six feuilles simples.
Fol. 1). Un ramuscule florifère. — Appartient à la
variété du R, rubiginosa que M. Ripart a nommée R.
echinocarpa. C'est une forme à grandes folioles, très- peu
pubescentes, à côte et à nervures secondaires un peu
velues. Trois feuilles ont les folioles glanduleuses en
dessus.
Fol. 2). Un ramuscule florifère. — Appartient au R.
echinocarpa Rip. Folioles petites, plus pubescentes en
dessus que dans la forme précédente, à glandes supra-
foliaires rares, à côte et nervures secondaires un peu
velues.
Fol. 3). Un ramuscule florifère. — Forme ordinaire
du R. rubiginosa à réceptacle lisse.
Fol. 4). Un ramuscule florifère. — Peut être rapporté
au R. rubiginosa. Folioles très-peu pubescentes à la face
supérieure, qui est parfois munies de glandes rares ;
réceptacle lisse ou muni de très-rares soies glanduleuses.
Fol. 5). Un rameau fructifère. — Torme ordinaire du
R. ru6t(5fino*a. Réceptacle fructifère lisse, non couronné
par les sépales qui ont disparu.
Dans les cinq formes précédentes, les styles sont plus
ou moins hérissés.
Fol. 6). Un rameau florifère et un rameau foliifère,
(88)
accompagnés de Tétiquette suivante : « 6. Rosa glutino-
sa Mihi, FI. Stag. In collibus apricis (Schultz). » Au bas
de la feuille, on lit: ^Rosa rubiginosa? ÏF. » — Appar-
tient à la tribu des Sepiaceae et parait être identique avec
le R. inodora Fries. Folioles assez grandes, ovales-ellip-
tiques, un peu atténuées à la base; celles des feuilles
inférieures et moyennes un peu pubescentes en dessus ;
pétioles densément pubescents; réceptacle ovoïde-arrondi;
sépales paraissant se relever promptement après Tanthèse.
Sect. TOMElVTOSâE et VILLOSAE.
JV"" 9897. — Rosa cnspldata germinibus globosis pedun-
culisque corymbosis, hispidis, caule petiolisque aculeatis,
foliolis acuminaixs sublus pubescentibus. — Habitat
propre Kislar,
Ce numéro est représenté par une feuille simple, por-
tant deux ramuscules défleuris dont Tun est attaché à un
fragment de rameau. Au bas de la feuille, on lit : « Rie-
berstein. W, »
Gomme ces deux spécimens sont authentiques et que
d'autre part le type de Marschall von Bieberstein est géné-
ralement mal connu, je crois devoir rédiger une nouvelle
description.
Rosa cuêpidata M. B. — Ramuscales longs de 10 cent, environ, assez
fortement aiguillonnés, à aiguillons arqués un peu crochus, munis de
quelques fines soies glanduleuses dans les deux entrenœuds supé-
rieurs. Folioles ovales-elliptiques, plus tVune fois plus longues que
larges, un peu atténuées-arrondies à la base, celles des feuilles
inférieures brièvement aiguës, celles des feuilles moyennes et supé-
rieures assez longuement aiguSs-acuminées, toutes un peu pubescentes
en dessus ou presque glabres, munies de rares glandes suprafoliaires,
pubescentes sur la côte et les nervures secondaires, à face inférieure
(89)
entièrement chargée de glandeê nombretues, brunâtres et très-visibles
à Vœ'il nu, à deots très-fortement glanduleuses. Pétioles tomenteux,
aiguillonnés et très-glanduleux. Stipules toutes fortement glanduleuses
en dessous, assez étroites ou assez larges, à oreillettes longues, étroites,
cuspidécs, dressées-divergentes. Bractées toutes très-glanduleuses en
dessous, étroites, cuspidécs, Tinférieure égalant environ les pédicelles,
les secondaires plus petites et longuement dépassées par les pédicelles
latéraux. Fleurs réunies par 3-4, longuement pédicellees. Pédicelles
(15-18 mill.) abondamment hispides-glanduleux, glabres. Réceptacle
florifère ovoïde, atténué à la base, trèê-abondamment hispide-glanduleux
sur toute ea surface (paraissant devoir donner naissance à un récep-
tacle fructifère ovoïde-arrondi). Sépales resisini réfléchis après l'ant/ièse,
très-glanduleux. Disque peu saillant. Styles modérément hérissés.
Marschall von Bieberstein a décrit tout d'abord cette
forme dans le !•' volume de sa Flore et plus tard, dans
le Z^ volume du même ouvrage, il à refaitla diagnose et la
description. Ces deux dernières s'appliquent parfaitement
aux spécimens conservés dans l'herbier de Willdenow,
qui du reste sont authentiques. Ceux-ci présentent cepen-
dant un caractère qui n'a sans doute pas été aperçu par
Marschall von Bieberstein, celui de glandes suprafoliaires.
Dans l'herbier général de Berlin, n° 297, se trouve un
échantillon de ce même R. cuspidata accompagné d'une
étiquette de Wallroth portant : R. villosae var, glabrala.
p. 253. — Caucasus. »
Le R. cuspidata M. B., qui est une des nombreuses
formes du R, tomentosa Sm., n'est pas le même que celui
décrit par les botanistes français, comme du reste on peut
s'en assurer en comparant la description précédente avec
celles qui ont été faites du R, cuspidata de la partie occi-
dentale de l'Europe. En conséquence, celui-ci, à titre de
petite espèce, doit recevoir un nom nouveau : R. pseudo-
cuspidata.
(90)
N"* 9§S6. — Roua Tlllosa germinibus globosts peduncu-
lisque hispidiSy caule aculeis sparsis, petiolxs aculeatiSy
foliolis tomentosis. Lin, Syst., éd. R., 2, p. 527. —
Habitat in Europa.
Au verso du premier feuillet de la chemise, on lit :
« Jungfernheide W. »
Ce numéro est représenté par cinq feuilles simples.
Fol. 1). Un rameau florifère. — Appartient peut-être
au R. mollissima Fries, mais le spécimen est trop peu
complet pour pouvoir se prononcer sur lui avec quelque
certitude. Pédicelles très-courts, un peu hispides-glandu-
leux ; réceptacle florifère petit, sphérique, muni de rares
soies glanduleuses ; folioles non glanduleuses en dessous.
Fol. 2). Un ramuscule florifère. — Me parait être une
forme du R. tomentosa Sm., à folioles afi'ectant la forme
allongée de celles du R. pomifera, à nervures secondaires
un peu glanduleuses et avec de rares glandes éparses sur
le parenchyme, à pédicelles allongés, grêles, un peu his-
pides-glanduleux, à réceptacle florifère ovoïde-arrondi,
très-peu hispide-glanduleux, à pétales à bords églandu-
leux, et à styles velus.
Fol. 3). Deux rameaux florifères. — Appartiennent au
R. pomifera Herrm. type! Folioles à face inférieure
chargée de glandes blanchâtres.
Fol. 4). Un rameau florifère. — Forme appartenant
à la section des Tomentosae, très-voisine du R. omissa
Déségl. Ramuscules florifères courts (3-3 1/2 cent.).
Folioles un peu plus petites que celles du R. omissa, un
peu moins obtuses ou un peu moins brusquement aiguës,
à nervures secondaires un peu glanduleuses, à glandes
éparses peu nombreuses. Stipules toutes glanduleuses
(91 )
en dessous, les moyennes et les supérieures glabres à la
face inférieure. Bractées glanduleuses et glabres à la face
inférieure. Fleurs solitaires ou géminées, brièvement
pédicellées. Pédicelles courts, hispides-glanduleux , le
médian longuement dépassé par les stipules supérieures
ou la bractée. Réceptacle florifère obovale-arrondi, modé-
rément hispide-glanduleux. Sépales hispides-glanduleux.
Pétales à bords églanduleux. A part une légère différence
dans la grandeur et la forme des folioles, dont les glandes
sont moins nombreuses en dessous, et la glabriété de la
face inférieure des stipules moyennes et supérieures et des
bractées, tous les caractères de cet échantillon sont les
mêmes que ceux du R. omissa.
Fol. 5). Un rameau florifère, accompagné de l'étiquette
suivante: « 12 Rosa villosa var. ? germinibiis pedunculis-
que hispidis. — In dumetis fl, Starg. (Schultz). — C'est
une forme de la section des Tomentosae. Folioles petites,
ovales, tomenteuses sur les deux faces, celles des feuilles
inférieures à nervures secondaires glanduleuses, mais sans
glandes sur le parenchyme, celles des feuilles moyennes
et supérieures à côte seule glanduleuse. Stipules inférieures
et moyennes très-glanduleuses en dessous, les supérieures
à ailes seulement un peu glanduleuses en dessous vers le
sommet, et glabres à la face inférieure. Bractées glabres et
églanduleuses en dessous. Fleurs réunies par trois, briève-
ment pédicellées. Pédicelles un peu hispides-glanduleux.
Réceptacle florifère médian ellipsoïde, lisse, les latéraux
hispides-glanduleux à la base. Cette forme semble se
rapprocher du R. annesiensis Déségl.
(92)
N** 98S6 A. — Rosa tIIIosa varielas |3 germinibus glabris,
ROSA MOLLISSIHA Ptod.
Au verso du premier feuillet de la chemise, on lit :
« SprengeL W.. »
Ce numéro est représenté par trois feuilles simples.
Fol. 1). Un ramuscule florifère — Aiguillons grêles,
droits et ressemblant à ceux des Villosae. Folioles ovales,
assez allongées, pubescentes sur les deux faces, toutes
glanduleuses à la face inférieure. Pétioles aiguillonnés.
Fleur solitaire. Pédicelle très-court (4 mill.), chargé de
quelques rares glandes. Réceptacle obovoïde-arrondi, lisse
à la base, un peu hispide-glanduleux dans sa moitié supé-
rieure. Sépales extérieurs un peu pinnulés. Styles velus.
Il est bien difficile de se prononcer sur un spécimen aussi
petit. Appartiendrait-il aux Villosae ? Son faciès me porte
à y voir une forme du ït. tomentosa Sm., type, comme on
le sait, extrêmement polymorphe et que Ton a démembré
en un grand nombre d'espèces secondaires.
Fol. 2). Un rameau florifère. — Appartient aux Tomen-
tosae! Folioles à face inférieure chargée de glandes éparses
très-apparentes, surtout dans les feuilles inférieures. Pé-
tioles aiguillonnés. Stipules étroites, toutes glanduleuses
et tomenteuses en dessous. Bractée petite, beaucoup plus
courte que le pédicelle, trés-tomenteuse en dessous et à
villosité empêchant probablement d'apercevoir les glandes.
Pédicelle grêle, allongé (12 mill.), modérément hispide-
glanduleux. Réceptacle florifère ovoïde-arrondi, lisse.
Corolle moyenne (4 cent, de diamètre), à pétales à bords
églanduleux. Styles velus. Pourrait bien appartenir au
Jft. ctispidatoides Crép. in Scheutz 5A:andm. Rosa, p. 37.
Fol. 3). Un ramuscule florifère, accompagné de Téti-
(93)
quelle suivante : « Rosa dubia fl. Werlh, variet. villosae
(^Wibel), — Apparlient à la seclion des Tomentosae, el
constitue une forme voisine du fi. cuspidatoides Grép.
Folioles lomenleuses en dessus, un peu glanduleuses en
dessous, mais à glandes éparses el en apparence peu nom-
breuses. Pétioles inermes. Stipules très-tomenteuses en
dessous, les inférieures pourvues de glandes visibles à la
face inférieure, les supérieures et les bractées peut-être
également chargées de glandes à la face inférieure, mais
que la villosité empêche d'apercevoir. Fleurs réunies par
trois. Pédicelles longs (atteignant jusqu a 24 mill.), grêles,
modérément hispides-glanduleux, dépassant la bractée.
Réceptacle florifère ovoïde-arrondi, lisse. Corolle grande
(5 cent, de diamètre), paraissant avoir été d'un rose pâle.
Styles velus.
D'après l'étiquette fixée sur la chemise de ce
n** 9836, c'est bien parmi les spécimens représentant
ce numéro que nous devons rechercher ce que peut-
être le R, mollissima que Willdenow a décrit dans son
Florae Berolinensis Prodromus (1787). Dans cet ouvrage,
Willdenow décrit tout d'abord, dans la subdivision **ger-
minibus globosis, un Jft. villosa L., à réceptacles florifères
«globosis... hispidis, » qu'il signale: « In der Jungfern-
heide, prope Spandau, etc., » et dans l'addenda du même
ouvrage, il décrit son R. mollissima, à réceptacles flori-
fères « subglobosis glabris, » qu'il signale : « Prope Span-
dau passim. » Il dit que cette espèce ressemble au Jft.
villosa, mais qu'elle en diffère par son réceptacle lisse et
il demande si ce n'est pas une variété de ce dernier type.
Plus tard, dans son Species plantarum et il rapporte ce
R. mollissima comme var. (3 au R. villosa L. En 1813,
dans son Enumeratio plantarum horti regii bolanici Bero-
8
(94)
linensis, il décrit le R. villosa L. sans plus faire mention
du R, mollissima, qui n est plus rappelé que nominative-
ment dans le supplément du même catalogue publié par
von Schlechtendal. Link, dans une nouvelle édition du
catalogue du Jardin botanique de Berlin, ne parle pas du
R. mollissima de Willdenow, ce qui doit nous faire penser
que cette plante n'a pas été cultivée dans ce Jardin bota-
nique.
Le R. mollissima de Willdenow est-il bien Tespèce que
M. Fries a décrite sous ce nom et qui est spécifiquement
distincte du R. tomentosa Sm.? J'ai tout lieu de croire
que non. Les termes de la description de Willdenow
(FL BeroL Prodr,, pages 437-4»58) ne permettent de
tirer aucun argument en faveur de Tune ou Tautre opi-
nion, vu qu'ils peuvent aussi bien s'appliquer au R, mol-
lissima Fries qu'au R. tomentosa^ dernière espèce, qui,
en 1787, n'avait pas encore été démembrée ou distinguée
du type complexe que Linné avait décrit sous le nom de
R. villosa. Il faut donc recourir à l'herbier de Willdenow
pour trouver la solution du problème : malheureusement
les matériaux de cet herbier nous laissent quelques doutes.
Nous avons vuqueWilldenowavaittoutd'abord admis deux
types, R. villosa et R, mollissima, et que ces deux types ont
été plus tard fondus en un seul sous le nom de R, villosa,
ce qui prouve qu'il n'avait pas eu une idée bien nette du
R. tomentosa, espèce très- distincte qu'il confondait avec
le A. pomifera et qu'il a fait ainsi la même confusion que
Linné, celle de comprendre, sous le nom de R. villosa,
les R. pomifera Herrm., R. mollissima Fries et R.
tomentosa Sm. L'herbier de Willdenow témoigne suffi-
samment de cette confusion, puisque nous y voyons réunis,
sous le nom de R. villosa, quatre spécimens appartenant
(95)
certainement au JR. tomentosa Sm., deux spécimens du
R. pomifera Herrm. et enfin deux échantillons douteux
qui appartiennent peut-être au R. moUissima Fries, mais
que je soupçonne être des formes du R, tomentosa Sm.
L'un de ceux-ci est rangé sous le n" 9856a, numéro
représentant, dans rherbicr, le R. moUissima de WiUde-
now qui est considéré comme une variété du R. villosa
n"* 9856. Or, ce deuxième spécimen douteux étant associé
à deux formes du R. tomentosa, on peut conclure, en
admettant même que ce spécimen douteux appartienne
véritablement au R. moUissima, que Willdenow, sous le
nom de R, moUissima, n'a pas eu en vue Tespèce décrite
plus tard sous ce nom par M. Pries, mais qu'il a eu l'inten-
tion de distinguer une forme quelconque du R. villosa de
Linné ayant le réceptacle lisse. Mon sentiment estque Will
denow a décrit, sous le nom de R. moUissima, une forme
du R. tomentosa, et ce sentiment est renforcé par ce fait
qu'aux environs de Berlin et peut-être dans tout le Bran-
debourg le R, moUissima Pries n'existe pas. M. Ascher-
son, dans sa Flore de la province du Brandebourg, ne
signale pas cette espèce, et dans l'herbier de cette province,
conservé au Musée botanique de Berlin, je n'ai vu aucune
trace de ce type. Je crois donc qu'il est prudent de ne
plus rapporter à Willdenow la paternité du type généra-
lement connu aujourd'hui sous le nom de R. moUissima
et qu'il faut, pour se conformer aux règles de la nomen-
clature, désigner dorénavant ce type sous le nom de R.
mollis Sm. (1812), qui parait être le nom princeps de
l'espèce.
(96)
N^ 9868. — Rosa tomentosii germinibus oblongts petto-
lisque hispidis^ folxxs utrinque tomentosis, aculeis recur-
vis sparsts. — Habitat in Helvetia. Entre la dîagnose
et rhabitat, on a intercalé : « Smith Brit., t. 559. »
Ce numéro est représenté par une feuille simple, por-
tant un rameau florifère, et au bas de laquelle, on lit :
« jR. tomentosa (Schleicher). » — Appartient au R. ctis-
pidata Auct. Gall. non M. B. Réceptacles assez abon-
damment hispides-glanduleux; styles hérissés.
Sect. BRACTEATAE.
Cette section, créée par Lindley, comprend les R.
involucrata Roxb., jR. 6rac/eato Wendl. et fi. Lyellii Lindl.
Elle est mal caractérisée par Tauteur anglais, car la villo-
sité des axes et des réceptacles existe dans des espèces
appartenant à d'autres sections et de plus cette section
n'est pas vraiment homogène dans ses représentants : le
R. Lyellii s'éloigne assez bien des deux autres types par
son faciès et plusieurs de ses caractères.
K" 9874. — Rosa tomentosa germinibus ovatis peduncu--
lisque tomentosis, foliolis obtusis subtus tomentosis,
caule aeuleato. — Habitat in India orientali. Entre la
diagnose et Thabitat, on a intercalé : « Rosa incana >
et entre parenthèses, il est écrit : « d. Schleehtendal p. >
Ce numéro est représenté par une feuille simple, por-
tant un rameau florifère accompagné d'une étiquette de
Roxburgh ainsi conçue : « Rosa bracteata, »; au sommet
de la feuille, on lit : < Rosa tomentosa. — incana » , et
au bas, : « Roxburgh. W. »
Ce spécimen appartient au JR. involucrata Roxb. ! Il a
(97)
sans doute été envoyé à Willdenow avant que Roxburgh
eût distingué son R. involucrcUa du R. brticteata de
Wendiand et ainsi s'explique Tidentification vicieuse qui
avait tout d'abord été faite de Tespéee de Tlnde.
N'' 9S75. — Rosa bracteata germtnibus ohlongis sericeis
bracteatis, caule sericeo-aculeato j petiolis aculeatis,
foliolis glabris subaculeatts. WendL Ohs.j 50. — Habi-
tat in China.
Ce numéro est représenté par une feuille simple^ por-
tant deux ramuseules florifères provenant de Wendiand,
comme l'indique l'inscription du bas de la feuille. — Ils
appartiennent au A. bracteataWend\.y mais ils constituent
une forme délicate, à ramuseules grêles, munis d'aiguil-
lons géminés grêles, droits, horizontaux ou même un peu
relevés. Cette forme se rapproche de la var. (3 scabri-
caulis décrite par Lindley et peut-être lui est-elle identique.
Sect. LUTEAE.
Les Roses à fleurs jaunes semblent mériter de con-
stituer un petit groupe spécial. Déjà Trattinnick avait
établi, pour le R. lutea Mill. (B. Eglanteria L. pro
parte), un petit groupe particulier sous le nom de
Roessigianaj et plus tard M. Déséglise a créé, pour la
même espèce, la section Eglanteriae, qu'il a rangée à côté
de la section Pimpinellifoliae. Cette section des Luteae,
qui comprend les R. lutea et R. sulfurea, est caractérisée
par sa corolle jaune, par l'ouverture du réceptacle
dépassée par une couronne velue qui entoure la base du
capitule stigmatique, par ses anthères très-allongées et par
divers autres caractères que je ferai ressortir plus tard*
Les Pimpinellifoliae se rapprochent des Luteae par leurs
(98)
anthères allongées, par les poils intérieurs du réceptacle
qui tapissent souvent Touverture, mais sans la dépasser, par
leurs fleurs ordinairement solitaires, à pédicelles munis à
leur base d'une feuille et privés de bractées.
«
W 9§16. — Rosa Intea germinibus globosis pedunculisque
glabris, calycibus petiolisque spinulosis, aculets ramo-
rum redis. Alton Kewens,j 2, p. 200. Rosa Eglan-
TERiA L, — Habitat in Europa,
Au verso du premier feuillet de la chemise, on lit :
« Bouché. W. »
Ce numéro est représenté par trois feuilles simples.
Fol. 1). Un ramuscule florifère. — Appartient au
R. lutea. Folioles un peu pubescentes sur les deux faces et
un peu glanduleuses en dessous; aiguillons droits: deux
fleurs.
Fol. 2). Un rameau florifère. — A peu près la même
forme que la précédente.
Fol. 3). Un rameau à réceptacles fructifères jeunes,
accomgagné de l'étiquette suivante : « Rosa Eglanteria
(petata non vidi). In sylvaticis FI. Starg. (Schultz). »
Wallroth a écrit : « Rosa Cynorhodon, dumetorum mitis. »
— C'est une forme appartenant aux Caninae, trib. Pubes-
centes. Réceptacle fructifère assez petit et arrondi ; dents
foliaires simples, rarement quelques-unes doubles.
]|[«> 9§17. — Rosa anlflnrea germinibus globosis, petiolis
cauleque aculeatis : aculeis caulinis duplicibus tnajoribus
minoribusque numerosis, foliis ovatibus. Aiton Ke-
wens.f 2, p. 201. — Habitat in Oriente.
Au verso du premier feuillet de la chemise, on lit :
« Bouché, W, »
(99)
Ce numéro est représenlé par deux feuilles simples.
Fol. 1). Un rameau florifère. — Appartient au iî. «m/-
furea. Axe inerme; folioles obovales, finement pubescentes
sur les deux faces et églanduleuses, à dents simples
s'arrêtant vers le tiers inférieur du limbe; fleur solitaire,
pleine; pédicelle lisse.
Fol. 2). Un ramuseule florifère et un fragment de
ramuscule sans fleurs. — Même forme que la précédente.
La véritable patrie des R. lutea et R. sulfurea est restée
longtemps inconnue. Lindley indiquait quelques points de
l'Europe où le premier aurait été observé à Tétat indigène,
et le second, il le donnait, d'après Clusius, comme vrai-
semblablement originaire de TOrient; Seringe ignorait la
patrie du premier et supposait le second originaire de
rOrient; Trattinnick indiquait le premier en Europe et,
pour le second, il a répété ce qu'on avait déjà avancé sur
son origine orientale. Tout récemment, M. K. Koch, dans
sa Dendrologie, rapporte que le premier est réputé ori-
ginaire de la Turquie et surtout de la Turquie d'Asie, mais
que pendant ses voyages, dans cette dernière contrée, il ne
l'a jamais rencontré à l'état spontané; pour le second, il
dit qu'il est vraisemblablement originaire de l'Orient et
que, d'après la tradition, il aurait été importé de la Perse,
au 16° siècle, tout d'abord à Constantinople et puis de là
à Vienne. Dans son Flora Rossica, Ledebour indique le
R. lutea en Crimée, d'après Parrot.
Les recherches faites en Orient par les botanistes mo-
dernes devaient amener la découverte de la véritable
patrie du B. sulfurea.
En 1849, M. de Tchihatcheff découvrait celte espèce sur
le Kuredagh en Galatie (Asie mineure), à l'altitude de
1200 m. Je ne sais quelle forme ce botaniste a observée
( 100 )
et cil quoi elle se distingue du R. Rapini Boiss. et Bal.,
que M. Boissier considère maintenant comme le type, la
forme spontanée, du R. sulfurea Ait. Ce R. Rapiniy avec sa
variété caesarea, a été trouvé en divers lieux de TAsie
mineure par MM. Tchihatcheff et Balansa. La Rose que
M. Buhse a décrite sous le nom de R. Bungeanaf si j'en
juge d'après un spécimen qu'il a bien voulu me commu-
niquer, est encore une forme du R» Rapini. Le R. sulfurea
(fi. Rapini) s'étendrait donc à travers toute l'Asie
mineure, l'Arménie et jusque dans le nord de la Perse.
Quant au Jî. lutea, M. Tchihatcheff le signale (Asie
J/inewre, 3® partie, p. 125) autour de Baibut, en Arménie,
et Kotschy l'a découvert en plusieurs endroits de l'Orient.
M. Thomson l'a recueilli aux environs de Kischtwaar,
dans l'Himalaya occidental, à l'altitude de 7500 pieds.
Il reste à savoir si ces botanistes ont observé l'espèce à
l'état spontané. M. Koch, ainsi qu'il est rappelé ci-dessus,
n'a jamais pu découvrir le R, lutea à l'état indigène et
M. le D*^ Haussknecht, qui a parcouru tout l'Orient, n'a
vu cette Rose qu'à l'état cultivé, soit dans les jardins, soit
dans les vignes.
Je crois que M. Boissier a parfaitement raison de con-
sidérer le R. Rapini comme la forme spontanée, le type,
du R, sulfurea. LeB, Bungeana Buhse, si j'en juge d'après
un échantillon que m'a donné l'auteur et d'après la des-
cription qu'il en a publiée, est une forme du R. Rapini.
Celui-ci varie assez bien dans plusieurs de ses organes.
Les R. sulfurea et R. lutea ont été tenus séparés, par
quelques auteurs, dans deux sections différentes. Lindley
et Sprengel rangent le R. sulfurea dans la division des
Pimpinellifoliae et le R. lutea, dans celle des Rubiginosae ;
Trattinnick place le premier dans sa série Du Pontiana et
( 101 )
le second, dans sa série Roessigiana. M. Buhse considère
son R. Bungeana comme une espèce appartenant à la
section des Cinnamomeae. D'après cela, on pourrait croire
que ces deux espèces sont extrêmement différentes par
leurs caractères et leur faciès. Il n'en est rien cependant et
Tune et Tautre ont tant d'affinité même qu'on pourrait se
demander si ce ne sont pas deux formes dérivées d'un
même type spécifique. Plus tard, je démontrerai que cette
supposition n'est pas aussi étrange qu'elle en a l'air à
première vue. M. K. Koch, dans sa Dendrologicy a du reste
mieux apprécié ces deux formes en les décrivant l'une à
côté de l'autre dans sa section des Pimpinellifoliae ; en
parlant du R. sulfurea Ait. (1788), qu'il appelle R. hemis-
p^aenca Herrm. (1762), il demande si cette espèce ne serait
pas une variété du R. lutea.
Le R. hispida Sims (R. lutescens Pursh) à en juger,
d'après la figure publiée dans le Botanical Magazine^
tab. 1570, paraît avoir une très-grande affinité avec l'une
ou l'autre des deux espèces précédentes.
Il pourrait bien se faire qu'un jour toutes les espèces à
fleurs jaunes fussent reconnues comme appartenant à un
seul et unique type spécifique.
Sect. SIMPLICirOLIAE.
IV»9§15. — Rosa berberifolia foliis simpticibus ovatis
dentaiisj caule aculeato, — Habitat in fiossia.
Au verso du premier feuillet delà chemise, il y a quatre
étiquettes : « Stephan IF. » — Rosa berberifolia Mihi
(puis un nom en caractères russes) (Sievers). » — Rosa
berberifolia P, i> — a Flos odorus. — Ad. fl. Ulsharcum
Rheo nana fruticos. sesquipedalis, radix stolonibus longis-
sim. reptans. D' Sievers (JPalL).
( 102 )
Ce numéro est représenté par une feuille simple, portant
un rameau muni de deux ramuscules. — Appartient au
R.simpltcifoliaS^Msh,, \796^ {R.berberifoliaPM., 1797).
Cette espèce constitue bien certainement un type spéci-
fique qu'on ne sera jamais tenté de subdiviser en plusieurs
petites espèces, comme on Fa fait pour plusieurs autres
types linnéens. Cependant il offre des variations assez
remarquables et qui ont, selon moi, une égale valeur à
celles d'autres types avec lesquelles on a constitué de petites
espèces. C'est ainsi que ses axes peuvent être sétigères ou
non sétigères, glabres ou pubérulents; que ses aiguillons
peuvent être glabres ou pubérulents ; que ses folioles peu-
vent être glabres ou abondamment pubérulentes sur les
deux faces, ovales ou ovales-elliptiques, arrondies à la base
et comme subcordées, elliptiques ou oblongues-allongées,
à dents étroites ou larges ; que les pédicelles sont courts
(S mill.) ou allongés (20 mill.), glabres ou pubérulents,
înermes ou un peu aiguillonnés ; que les sépales sont
glabres ou pubérulents sur le dos.
Il existe un autre type asiatique qui est bien autrement
instructif sous le rapport des variations et qui fournit des
preuves péremptoires contre la validité spécifique d'une
foule de créations modernes faites dans le genre Rosa. Ce
type, qui est le R, sericea Lindl., varie d'une façon extraor-
dinaire dans plusieurs de ses organes. Ses axes sont com-
plètement inermes ou fortement aiguillonnés. Dans ce
dernier cas, l'armature affecte deux états distincts ;ou bien
les aiguillons ont cette forme étrange qu'on n'observe que
dans cette seule espèce, aiguillons très-aplatis, largement
triangulaires, à pointe horizontale, ordinairement géminés
ou ternes sous les feuilles, sans être accompagnés d'aucune
autre production de l'écorce ; ou bien les grands aiguillons
( *03 )
sont plus étroits que les précédents, à pointe fortement
relevée, accompagnés de nombreux aiguillons sétacés et
de soies glanduleuses recouvrant tous les entrenœuds. Par-
fois les aiguillons géminés deviennent petits, peuvent
même disparaître et alors les axes sont seulement sétigères.
Les folioles sont velues-tomenteuses sur les deux faces,
velues en dessous et glabres en dessus, ou bien leur villosité
peut être bornée aux seules nervures et même à la côte ;
elles sont églanduleuses en dessous, ou chargées de glandes
abondantes qui recouvrent toute leur face inférieure ; leurs
dents sont simples ou composées-glanduleuses. Les pédi-
celles sont courts ou allongés, glabres ou velus, églaudu-
leux ou glanduleux. Les réceptacles florifères et fructifères
sont ovoïdes, obovoïdes ou sphériques. Les sépales sont
à dos glabre ou pubescent, églanduleux ou glanduleux.
En somme, ce type nous montre clairement que la même
espèce peut être inerme ou aiguillonnée, à feuilles presque
entièrement glabres ou fortement velues, églanduleuses ou
abondamment glanduleuses, à folioles à dents simples ou à
dents composées, à pédicelles glabres ou velus, églanduleux
ou glanduleux, ainsi que les sépales, à réceptacles ovoïdes
ou sphériques. Il existe encore d*autres variations plus ou
moins importantes au point de vue où se placent les
phytographes de la nouvelle école, variations dans la forme
des folioles, qui sont très-variables dans leurs contours,
variations dans le point d'attache des folioles latérales
supérieures, qui peuvent être plus ou moins décurrentes
sur le rachis, variations dans le nombre, la forme des dents
foliaires et la place qu'elles occupent. En tenant compte
de ces nombreuses modifications, on pourrait démembrer
artificiellement le R. sericea en une douzaine au moins
de petites espèces ; mais ce type est tellement bien dis-
^ I
( 104 )
tinct par ses caractères biologiques et morphologiques,
tellement bien reconnaissable sous ses diverses livrées,
qu'on ne peut le démembrer sans être Jaxé d'absurdité.
Avec la forme inerme, Bertoloni a constitué son R. inerma.
Je dois ajouter que le R. sericea a été étrangement
méconnu par Lindiey, qui Tavait rangé dans sa division
des Caninae, Ce type, l'un des mieux caractérisés du genre
tout entier, doit constituer une section particulière : dans
l'herbier de von Martius et dans l'Herbier royal de Berlin,
j'ai désigné cette section nouvelle sous le nom (TEbrac-
teatae.
IX. — Considérations sur l'étude des Roses.
En présence de la confusion qui règne dans la science au
sujet de l'espèce, je crois devoir rappeler quelques prin-
cipes qui, à mon sens, peuvent utilement diriger le phyto-
graphe dans l'étude des Roses. .
Après avoir lu le premier fascicule des Primitiae Mono-
graphiae Rosarum, plusieurs botanistes se sont imaginé
que j'étais devenu partisan de la subdivision des types
dits linnéens, que j'avais renié les principes qui m'avaient
toujours guidé dans l'appréciation des formes végétales,
pour adopter les principes de l'école moderne. Ces bota-
nistes ont sans doute compris bien mal divers passages de
mon travail, car j'y marque clairement et sans ambages
mon opinion, bien connue du reste, sur la plupart des
créations spécifiques de l'école moderne. Si dans ce
premier fascicule, j'ai, à mon tour, distingué spécifique-
ment des formes secondaires, de petites espèces, ce n'est pas
dans le but de les maintenir au rang des véritables espèces,
mais, comme je l'ai fait remarquer, c'est, au contraire,
( 105 )
pour parvenir plus facilement à démontrer que ces mêmes
formes secondaires ne sont pas de vrais types spécifiques.
En employant cette méthode, j'espère arriver à convaincre
les partisans de Fécole moderne de Tinanilé de la plupart
de leurs créations et à les forcer à reconnaître que leurs
principes de spécification les conduisent fatalement à la
distinction spécifique de l'individu.
Le genre Rosa, groupe dont les espèces véritables ont
peut-être été le plus divisées, sera probablement le genre
un peu important qui, le premier, servira à renverser
définitivement la théorie spécifique de Técole moderne.
On a prétendu que le genre Rosa était plus que tout
autre polymorphe dans ses espèces ; mais cette opinion
est-elle réellement fondée? Je ne le crois pas. Dans ce
groupe, la polymorphie est très-grande, il est vrai, mais
elle ne Test sans doute pas plus que dans une foule d'autres
groupes dont on ne fait aucunement mention sous ce
rapport ; si cette polymorphie est mieux connue, mieux
constatée, elle le doit, d'une part, à la nature des espèces
qui sont ligneuses et, d'autre part, à des recherches plus
actives et en même temps plus anciennes. En effet, depuis
très-longtemps, les Roses ont attiré l'attention des botanis-
tes et les formes spontanées de même que les formes
cultivées ont fait l'objet d'une foule d'ouvrages, qui
aujourd'hui composent une bibliothèque tout entière; d'un
autre côté, les espèces étant ligneuses, souvent fortement
buissonnantes et d'un accès facile, il a été possible de
revoir, d'année en année, la même forme sur place, de
l'étudier dans ses moindres détails, d'en distribuer de
nombreux spécimens et de fixer ainsi sur elle Tattention
des botanistes. Toute forme plus ou moins intéressante a
pu devenir l'objet de recherches spéciales qui lui ont
( 106 )
donné une importance systématique que n'ont point
acquise des formes de même valeur, mais appartenant à
des genres moins étudiés. Une forme annuelle qui parait
et disparait, qui change de place d'une année à Tautre,
une forme vivace, mais herbacée, représentée peut-être
par un seul pied ou une seule touffe, une forme ligneuse
à tige élevée, ne sont pas dans des conditions aussi favo-
rables que les Roses pour être étudiées avec soin et pour
acquérir Timportance systématique de ces deruièrcs.
J estime donc qu'un grand nombre de genres^ livrés aux
mêmes investigations que le genre Rosa, nous dévoile-
raient une polymorphie aussi marquée que ce dernier.
C'est, au surplus, à ces conditions favorables a l'étude et
a la récolte de nombreux spécimens qu'est due, en grande
partie, la multiplication extraordinaire de petites espèces
dans le genre Rosa.
L'histoire de la botanique nous apprend qu'au siècle
dernier la flore d'Europe s'est successivement enrichie
d'une foule d'espèces véritables, que les anciens botanistes
n'avaient pas découvertes ou qu'ils avaient méconnues ;
que Linné a distingué, dans un grand nombre de cas, plu-
sieurs espèces où ses devanciers n'avaient vu qu'un seul
type spécifique. Elle nous apprend que les successeurs du
célèbre réformateur suédois ont démembré, et avec raison,
des espèces linnéennes qui étaient complexes. Considérant
ce progrès continu, cette marche ascendante, les adeptes
de l'école moderne, dite des subdivisions, ont cru que cet
accroissement dans le nombre des espèces ne devait pas
s'arrêter; ils ont même prétendu que la flore euro-
péenne n'avait été étudiée avant eux que d'une manière
très-superflcielle, qu'en la soumettant à un examen
approfondi et en employant une méthode d'analyse plus
( 107 )
rigoureuse, elle fournirait encore un très-grand nombre
de types spécifiques nouveaux. En effet, cette étude plus
approfondie, dirigée avec une méthode d'analyse plus
subtile, a produit le résultat prévu et Ion peut assurer
que dans un temps très-rapproché la flore européenne
verra le nombre de ses espèces au moins décuplé.
Le genre Rosa, par exemple, compte actuellement des
espèces par centaines et il n'y aura rien d'étonnant à ce
que dans peu d'années le nombre des Roses s'élève à
mille et même à quinze cents ! Mais sont-ce là de véritables
espèces, des types réellement distincts? En général,
parmi les créations spécifiques faites par l'école nouvelle,
il se trouve certainement des types spécifiques véritables,
types aussi bien caractérisés, aussi distincts que les meil-
leurs types admis par Técole linnéennc ; mais, selon moi,
la majeure partie de ces espèces nouvelles ne sont, au
fond, que des formes secondaires, de simples variétés et
même des variations.
m
Pour ce qui concerne les formes secondaires élevées au
rang d'espèces dans le genre Rosa, mon intention n'est pas
d'en discuter la valeur en m'appuyant uniquement sur des
principes ou sur des théories, qui ne peuvent guère in-
fluer sur l'esprit de ceux qui ont établi ces petites espèces,
car l'école moderne y oppose d'autres théories et d'autres
principes, mais de les discuter surtout avec des faits.
Aussi me suis-je placé dans le champ des faits et ai-je
suivi les novateurs pas à pas sur leur propre terrain. Pour
le genre Rosa, en adoptant la nouvelle méthode, j'ai en
quelque sorte devancé ces derniers en fait d'analyses sub-
tiles. Dès aujourd'hui, je puis leur démontrer, avec de
nombreuses preuves à l'appui, que leurs principes de spé-
cification les conduisent déjà à la distinction spécifique du
( 108)
buisson^ de l'individu; je pourrais même leur prouver que
les caractères distinctifs qu'ils emploient permettent
parfois de distinguer plus d'une de leurs petites espèces sur
le même buisson. Ces petites espèces qu'ils se sont efforcés
de caractériser ne sont pas, le plus souvent, de vrais types
secondaires homogènes dans leurs représentants, mais des
associations artificielles de formes plus ou moins voisines
qui, à leur tour, peuvent être démembrées. Du reste, et ici
je parle d'après un assez longue expérience et en connais-
sance de cause, il est souvent très-difficile d'identifier d'une
façon satisfaisante deux spécimens provenant de deux
individus différents, tant les caractères des petites espèces
sont devenus subtiles : dans un très-grand nombre de cas,
on n'arrive plus qu'à faire des rapprochements, mais non
des identifications.
Tout en critiquant les principes et la méthode de l'école
moderne, gardons-nous de méconnaître les services que
celle-ci a rendus directement ou indirectement à la science.
Animée d'une foi scientifique très-ardente, cette école ne
laisse échapper aucune forme; elle cherche et découvre
beaucoup plus que celle qui l'a précédée. Par elle, chaque
espèce véritable sera connue dans ses moindres variations et
par conséquent mieux connue qu'elle rie l'était auparavant.
La lutte aujourd'hui engagée entre les deux écoles
rivales sera très-favorable aux progrès delà science ; grâce
à elle, la photographie tend à reprendre le rang qu'elle
occupait autrefois et qu'elle avait perdu, en grande partie,
parce qu'au lieu de progresser rapidement à l'égal des
autres branches de la botanique, elle s'était traînée long-
temps dans les voies battues et faciles.
Pour dresser l'inventaire jijénéral de certaines flores exoti-
ques, pour les ouvrages généraux destinés à inventorier les
( 109 )
formes principales, on sera forcé encore assez longtemps de
suivre la méthode ancienne, qui consiste à passer assez légè-
rement sur chaque type en le caractérisant par une courte
phrase diagnostique. Mais ces travaux seront, comme la plu-
part de ceux qui les ont précédés, des travaux en quelque
sorte préparatoires, limitant le champ qui doit être
définitivement défriché par les pionniers de lavenir.
Grande me paraît Terreur des savants qui s'imaginent que
la science est fixée par les travaux déjà publiés, car la
majeure partie de ceux-ci doivent être remaniés et com-
plétés par des études et des recherches plus étendues, plus
approfondies. La nature est pour ainsi dire inépuisable et
etquelle qu'ail été l'activité déployée par les naturalistes qui
nous ont devancés, ceux-ci ont encore laissé une immense
quantité de faits à élucider.
Dans les conditions où se trouve actuellement la phy-
tographie, le botaniste qui veut sérieusement faire avancer
la science doit se borner dans ses travaux et n'embrasser
qu'un sujet assez étroitement limité. Le temps n'est
plus où le même phytographe pouvait successivement
toucher à une foule de points, élaborer plusieurs mono-
graphies et rédiger des ouvrages généraux ; il faut
aujourd'hui creuser profondément le même sujet et l'épui-
ser si c'est possible, sous peine de voir tout travail remis
de nouveau sur le métier et refait peu de temps après
sa publication.
Le genre Rosa nous fournit un exemple frappant de
ce qui vient d'être avancé. Ce groupe est peut-être celui
qui a été le plus souvent traité, sur lequel on a le plus
écrit, dont les espèces et les variétés ont été le plus fré-
quemment représentées par le crayon ou le pinceau, et
chose étrange ! c'est peut-être le genre le plus mal connu
9
( **o )
et sur le compte duquel ont été exprimées les opinions les
plus contradictoires. Les confusions sans nombre qui
fourmillent dans beaucoup de Jardins botaniques et dans
la plupart des herbiers, les assimilations plus que sur-
prenantes faites par les botanistes voyageurs, et, d'un
autre côté, les quelques dixaines d'espèces, admises par
les uns, opposées aux centaines de types, acceptés par les
autres, témoignent surabondamment de la vérité de la
proposition précédente. D'où vient que ce genre, qui a été
traité par un grand nombre d'hommes de talent, soit encore
dans l'état déplorable où nous le voyons ? Gela vient de ce
que ces hommes de talent n'ont pas consacré au genre
Rosa un temps suffisamment long pour arriver à la con-
naissance des espèces véritables.
C'est précisément à cause de l'état imparfait dans lequel
est resté le genreRosa que j'ai entrepris l'étude approfondie
de ce groupe intéressant. En abordant cette étude entourée
de difficultés presque insurmontables, mon but est mul-
tiple. Mon intention est d'élucider complètement ce groupe
au point de vue morphologique, de tracer l'aire géogra-
phique de ses espèces, de combattre les tendances et les
excès de l'école moderne et de montrer dans quelle voie
il faudrait que la phytographie fût dorénavant engagée.
Un tel sujet embrassé de cette façon ne peut être traité
avec la concision que réclament les botanistes qui ne
voient dans la phytographie qu'une branche tout à fait
secondaire de la botanique et dont le seul but est de
fournir le moyen de déterminer les formes végétales;
aussi qu'on ne soit pas surpris de me voir donner aux
matériaux que je publie sur l'histoire des Roses un déve-
loppement considérable.
La phytographie, telle qu'on doit la comprendre, ne
( m)
peut avoir pour unique but l'arrangement systématique
et la simple description des espèces ; elle est appelée à
étudier les formes végétales dans toutes leurs modifica-
tions^ à reconnaître la limite des modifications et à décou-
vrir les lois sous l'empire desquelles ces dernières se
produisent. Envisagée de cette façon, la phytographie sort
du cadre étroit où les simples descripteurs voudraient la
tenir confinée.
Il ne sera pas hors de propos de rappeler ici deux faits
d'une importance capitale, surtout quand il s'agit de l'étude
des espèces et de leurs variétés : la solidarité des caractères
et l'existence des variations parallèles.
Déjà en 1861, dans la préface delà l'" édition du 3fantie/
de la flore de Belgique, j'ai dit quelques mots touchant la
solidarité des caractères. Par solidarité des caractères,
j'entends la liaison qui existe entre les caractères qui se
manifestent dans plusieurs organes de la même plante.
Pour bien préciser ma pensée, je vais citer un exemple.
Ainsi, dans les Roses, que la glandulosîté apparaisse et nous
la verrons assez souvent se produire à la face inférieure
des folioles, des stipules et des bractées, sur les pétioles,
les pédicelles, le réceptacle et les sépales ; si elle est intense,
elle pourra atteindre la face supérieure des folioles, des
stipules et des bractées et même certaines portions des
axes. Beaucoup de phytographes voient dans les divers
sièges de cette glandulosité tout une série, de caractères
distinctifs, alors que réellement il n'existe qti'un seul et
unique caractère, celui de la glandulosité. Celle-ci, dans
les Roses, est fréquemment liée avec la double dentelure
des folioles. La villosité, dans le genre Rosa, offre le même
phénomène que la glandulosité. D'un autre côté, un cer-
tain degré d'hypertrophie ou d'atrophie nontératologique,
( H2 )
Télongation, le nanisme, le géantisme, sont, à leur tour, la
source de modifications qui se produisent dans les divers
organes de la même plante, modifications hees entre elles et
dont beaucoup de pbytographes constituent autant de
caractères différentiels. Ici encore, au lieu de plusieurs
caractères, il peut n'en exister qu'un seul et qui disparaît
de tous les organes si la cause qui Ta produitvient h cesser.
Cest certainement à l'ignorance de ces faits généraux que
nous devons, en partie, la création d'une foule de petites
espèces qui n'ont d'existence que dans nos livres.
Dès 1863, dans le 3" fascicule de mes Notes sur quelques
plantes rares ou critiques de la Belgique, j'avais fait prévoir
l'heureux parti qu'on pouvait tirer, au point de vue de la
spécification, de l'existence des variations parallèles. Deux
ans après, M. Duval-Jouve, qui ne paraissait pas avoir eu
connaissance de ce que j'avais écrit à se sujet, a traité cette
question avec beaucoup de talent en étudiant les variétés des
Juncus. A son tour, M. Franchet abordait ce point inté-
ressant dans ses études sur les Verbascum hybrides. L'exis-
tence des variations parallèles jette un jour tout nouveau sur
cette foule de petites espèces qu'on croit distinctes et qui ne
sont au fond que les variations parallèles d'un nombre beau-
coup plus restreint de véritables types spécifiques.
X. — Revue des publications régentes sur les Roses.
Depuis que le premier fascicule des Primitiae Mono-
graphiae Rosarum a paru (14 novembre 1869), trois
publications plus ou moins importantes ont été faites sur
les Roses. Je vais les soumettre à l'examen, en suivant
l'ordre chronologique.
( H3 )
Supplément à la Flore du Jura suisse et français, par
Ch.-H. Godet; in-8% Neufchàtel, 1869.
Dans sa Flore du Jura (1853), M. Godet avait déjà
décrit avec beaucoup de soin les Roses de la région juras-
sique et il les avait rangées d'après une nouvelle classi-
fication. Celle-ci comprenait deux sections : les Diastylae,
à styles libres ou presque libres et les Systylae, à styles
soudés en colonne. Ces deux groupes primordiaux ont été
reconnus depuis longtemps et généralement adoptés. La
section des Diastylae est partagée en deux divisions basées
sur Tabsence ou la présence d'un pédicule aux ovaires^ et
chacune de celles-ci est subdivisée en tribus établies
principalement sur la forme des aiguillons. Appliquée aux
espèces du Jura ou de l'Europe centrale, cette classi-
fication n'est pas sans mérite; elle permet de déter-
miner avec une assez grande facilité les types spécifiques.
Elle ne rompt pas un grand nombre d'affinités naturelles,
comme l'a prétendu un auteur; bien au contraire, elle
laisse associées les espèces qui ont le plus de caractères
communs entre elles.
Dans son Supplément, M. Godet s'étend très-longuement
sur le genre Rosa et lui consacre même plus de pages que
dans l'ouvrage primitif. On voit que l'auteur a étudié le
groupe avec passion et en a fait l'objet de recherches
longues et soigneuses. Avant d'aborder la description des
nouvelles espèces ajoutées à sa Flore, M. Godet entre dans
quelques considérations sur les organes qui peuvent servir
de base aux classifications et, à ce propos, il examine la
classification fondée sur le disque qu'avait récemment
proposée M. Du Mortier (Monographie des Roses de la
flore belge). La classification qu'il adopte est une modifi-
cation de celle qu'il avait suivie dans sa Flore, et les
( H4)
principales divisions sont basées sur la forme des aiguillons.
Comme cette classification peut intéresser des botanistes
qui ne possèdent pas Texcellent Supplément à la Flore du
Jura, je vais la reproduire textuellement.
I. HeterAeABihAe. Aiguillons très-inégaux, grêles, sétacés ou subulés,
ou de deux sortes, les uns vf^ouretia; droits ou un peu arqués, les autres
grêles et sétacés, les uns et les autres disparaissant quelquefois sur
les vieilles tiges.
A. Lkptacanthab. Aiguillons inégaux, grêles, sétacés et subulés, ou nuls.
Sépales entiers, persistant sur le fruit.
R. pimpinellifolia L. — R. rubella Sm. — R. alpina L.
B. DiMORPHACANTHAK. Aiguillous, les uns vigouretUB droits ou un peu
arqués, les autres grêles et sétacés. Un ou deux des sépales pt'nna-
tifidesj les autres entiers.
m) Sépales persistants.
^Anthères sagittées ; fleurs jaunes.
A. Eglanteria L.
^^Anthères égtUes ; fleurs rosées .
R. Sabini Woods. — R, sabauda Rap.
b) Sépales caducs.
R. gallica L. — R. hy brida Schl.
II. DlACABlhAe. Aiguillons des rameaux non florifères courts, arqués,
géminés et oppoiés sous les stipules, ceux de la base des tiges grêles,
sétacés et droits, facilement ciducs. Stipules étroites, à bords conni-
vents et tubuliformes. Sépales persistants. Feuilles soyeuses-cendrées
en dessous.
R, einnamomea L.
III. Homoecanlhae. Aiguillons de même nature, uniformes, droits,
arqués ou crochus ; point d^aiguillons sétacés sur les tiges ou les
rameaux.
A. Orthacanthab. Aiguillons droits ou faiblement arqués, du moins
ceux des parties supérieures.
m) Glandulosae. Folioles glanduleuses en dessous, du reste glabres-
centes ou pubescentes sur les nervures en dessous.
R. Pugeti Rap. — R. spinulifolia Dematr. (R. marginal a
Wallr.).
( us )
b) Villosae, Folioles pubescentes en dessus ou pubescentes-tomen-
teuses sur les deux faces. Sépales persistants (plus promp-
tement caducs dans les R. tomentosa et foetida).
R, pomifera Herrm. — R, vestita God. — R, moUissima
Pries. — R. tomentosa Sm. — R, foetida Bast.
e) Ambiguae, giahrivsculae. Folioles glabres ou glabrescentes. Ai-
guillons tantôt droits, tantôt plus ou moins arqués,
*Styles glabres,
R, mucronata Déségl.
*^Styles poilus ou velus,
R.dolosa God. — R. rubrifolia \i\\.-~R, montana Chaix.—
R salevensis Rap. — R. Chapusii God. — R. Godeti Gren.
B. Gamptlacanthae. Aiguillons très-arqués ou crochus, à large base
(Caninae Auct.).
a) Styles glabres, plus ou moins soudés en colonne,
R. arvensis Huds. — R. stylosa Desv.
b) Styles velus ou poilus, courts, libres.
^Sépales persistants jusqu'à la coloration du fruit et redressés.
*|* Folioles glabres ou glabrescentes.
R. alpestris Rap. — R. Reuteri God.
f-f Folioles pubescentes et cendrées.
R, coriifolia Fries.
'^* Sépales promptement caducs,
f Folioles et pétioles glabres, glanduleux ou non glanduleux.
R. eanina L. — R. biserrata Mérat. — R. Chavini Rap. —
R, trachyphylla Rau.
ff Folioles et pétioles pubescents ; face inférieure des folioles
non glanduleuse, ou glanduleuse seulement sur les
nervures.
R. collina Jacq. — R. affinis Rau. — R. iomeniella Lem.
*ff*f* Folioles fortement glanduleuses en dessous sur toute la
face inférieure sur et entre les nervures (Rubiginosae).
*Styles velus,
R. rubiginosa L. — R. graveolens Gren. {R, KluckiiBessA).
**Styles glabres ou glabrescents.
R, micrantha Sm. — R. sepium Tbuill.
Cette nouvelle classification permet, comme celle qui
Ta précédée, de déterminer avec facilité les espèces juras-
( H6 )
siques, mais, dans certains cas, elle ménage moins les
affinités naturelles. L'auteur a supprimé les deux gran-
des divisions naturelles des Systylae et des Diastylae
qu'il avait adoptées primitivement, et, probablement in-
fluencé par l'exemple donné par M. Grenier {Flore de la
chaîne jurassique), il a rangé le R. arvensis parmi les
Caninae. Dans une classification vraiment naturelle, cette
espèce ne peut pas être associée aux Caninae.
La division Leptacanthae est constituée par deux espèces
affines : R, pimpinellifolia et R. a/pina. L'auteur y main-
tient le R. rubelta Sm. comme espèce légitime, mais,
malgré ce qu'il avance, je ne puis voir dans cette forme
qu'une hybride des R, spinosissima et R. alpina,
La division Dimorphacanthae n'est certainement pas na-
turelle et les espèces dont elle se compose doivent être
réparties dans trois sections naturelles différentes. Il est en
outre probable que le R. sabauda n'est qu'une variété du
R. Sabini»
Le groupe Diacanthae ne renferme qu'une espèce, le
R.cinnamomea, qui est le type d'une section naturelle qui
pourra conserver le nom de Cinnamomeae, mais qui devra
être constituée d'une tout autre manière que ne l'avaient
entendu Lindley et les autres monographes.
La division Orthacanthae n'est pas naturelle, car le
R. Pugeti Rap., si c'est bien le même que le R. Pugeti
Bor., ne peut rester associé aux autres espèces. Contrai-
rement à ce que pense l'auteur, le R, marginataWMr.y
que j'ai étudié sur un échantillon authentique, ne peut
être considéré comme une forme du R. spinulifolia : tout
me fait croire que c'est une hybride du R. gallica et
d'une Canine. Lefi. vestita God. n'est vraisemblablement
qu'une forme pubescentç du R, spinulifolia. Les observa-
( 117 )
tions que fait M. Godet sur la persistance et la caducité
des sépales, à propos du R. mollissima Fries, fait soup-
çonner qu'il a confondu certaines formes du R. tomentosa
avec le type de M. Frics et c'est du reste ce qu'il a fait, si
j'en juge par des échantillons qu'il a bien voulu me
communiquer. Cette confusion, qui a été faite également
par d'autres botanistes, s'explique par l'extrême ressem-
blance apparente de certaines formes du R. tomentosa avec
le R. mollissima. Dans celui-ci, les sépales sont toujours
indéfiniment persistants, tandis que dans le R. tomen-
tosa ils ne sont qu'accidentellement persistants. Le R. po-
mifera Herrm. et le vrai R. mollissima Fries sont deux
formes étroitement affines ; elles sont tellement voisines
même que je ne serais pas surpris de les voir un jour
réunies comme appartenant au même type spécifique. Le
R. foetida de la région jurassique n'est pas la même forme
que celle de la France occidentale décrite sous ce nom par
Bastard. Les R. mucronata et R. dolosa ne sont au fond
que des variétés du R. canina.
Le R. Chapusii God., si j'en juge par des spécimens
que m'a communiqués son auteur, parait être une forme
délicate appartenant à la tribu des Pubescentes (sect.
Caninae)y à ramuscules florifères inermes, à pubescence
légère et diminuant de la base au sommet des ramuscules.
Elle parait devoir se ranger dans le voisinage du A. urbica
Lem. Le R. Godeti Gren., sur la valeur spécifique duquel
je n'oserais encore me prononcer, semble appartenir à la
section que j'ai désignée sous le nom de Glandulosae. Les
nervures secondaires sont un peu glanduleuses en dessous;
les pédicelles sont assez courts (12 mill.) et dépassés par
les stipules de la feuille supérieure ou par la bractée, ou
allongés (26 mill.) et dépa3S9nt longuement les stipules 4e
la feuille supérieure.
( 118 )
La division Campy laçant hae est composée d'espèces plus
ou moins hétérogènes. Le R. arvensis ne peut rester
associé au R. canina. Remarquons que le vrai R. rubigi-
nosa présente souvent, sur ses tiges, de nombreux aiguil-
lons grêles et parfaitement droits mêlés avec de robustes
aiguillons crochus. Le A. trachyphylla décrit par M. Godet
n est pas la forme que Rau a désignée sous ce nom.
La conclusion de ce qui précède, c'est que les aiguil-
lons quelle que soit leur importance au point de vue de la
spécification ne peuvent guère servir de base à une classi-
fication naturelle des Roses. Du reste M. Godet n'a pas eu
la prétention de jeter les bases d'une classification générale
du genre ) il n'a eu en vue, comme il le dit lui-même, que
de donner un guide pour la détermination des espèces.
Malgré ses imperfections, qui s'expliquent par l'extrême
difiiculté du sujet, le nouvel article consacré au Rosa par
M. Godet est rempli de détails intéressants et de remarques
judicieuses dont tout monographe devra tenir compte
pour traiter le genre.
A Monograph of the Rritish Roses, by J.-G. Baker;
in-8°, de 47 pages, 1870. (Extrait de : Linnean Society's
Journal. — Rotany, vol. XL)
Cette monographie, qui avait été précédée d'un essai
(Review of the Rritish Roses, 1864) plein de mérite, est
le travail le plus complet et le plus savant publié sur les
Roses des Iles Britanniques. L'auteur a repris la tâche de
Smith, Woods, Lindiey et Borrer, botanistes bien connus
par leurs belles études sur les Roses d'Angleterre, tâche
qu'il a complétée d'une façon remarquable. Pour traiter
le suj€t, M. Baker s'est trouvé dans des circonstances
extrêmement heureuses. Après avoir étudié, dans la nature,
( il»)
les formes du nord de l'Angleterre, qui sont nom-
breuses et intéressantes, il a pu consulter les vastes
collections de Kew et de Londres, où se trouvent con-
servés un grand nombre de types authentiques.
M. Baker adopte les sections de Lindley, qu'il carac-
térise avec beaucoup de soin. Voici le tableau de ces
sections et des espèces dont elles sont composées.
I.
SPINOSISSIMAB.
III.
BUBIGINOSAB.
R, spinosùsima L.
R. rubiginosa L.
A. rubella Sm.
R. micrantha Sm.
R, involuta Sm.
R. pulvertUenla M. B
R. hihemicaSm,
IV.
Ganinab.
II.
VlLLOSAB.
R. canina L.
R. pomifera Herrm.
V.
Ststylab.
R. moUissima Willd.
R. atylosa J>esy .
R, tomentosa Sm.
R. arœnsiB Huds.
Gomme on le voit par ce tableau, M. Baker n'appar-
tient pas à l'école nouvelle qui admet comme espèces
une foule de formes secondaires; il ne considère comme
vrais types spécifiques que les formes bien tranchées et
qui sont caractérisées par un ensemble de différences ou
de signes morphologiques et biologiques^ ensemble per-
sistant dans chacune des variétés de ces types. En général,
je partage les idées de cet auteur en fait de spécification.
Je vais passer brièvement en revue les diverses sections
traitées dans cette monographie.
I. — Spinosissimae.
R, spinosissima L. — M. Baker signale cette espèce en
Islande et dans le Kaschmir. Est-ce bien ce type qui existe en
Islande? Son existence dans le Kaschmir me parait extrême-
ment douteuse. Ce qu'on a indiqué dans l'Himalaya sous
ce nom appartient à un autre type spécifique !
( 120 )
R. rubella Sm. — Cette forme est décrite comme un
type autonome, mais, ainsi que je Tai déjà marqué ailleurs,
' ce doit être une hybride des R. spinosissima et R. alpina,
hybride très-variable et ayant reçu un assez grand nombre
de noms en diverses contrées. — M. Baker n'est pas
éloigné de lui rapporter le R. Webbiana Wall., mais ici
je ne puis partager son sentiment, car le type de Wallich
est certainement différent du R, rubella et du B. spino-
sissima , non-seulement spécifiquement , mais encore
sectionnellement.
R. involuta Sm. — Ce type comprend neuf variétés :
var. Sabini (R. Sabini Woods, R. coronata Crép.), var.
Doniana (R. Doniana Woods), var. gracilescens, var.
Robertsoniy var. Smithii (R. involuta Sm.), var. laevigata,
var. Moorei. var. occidentalis, var. Wihoni (R. Wilsoni
Borrer).
R. hibemica Sm. — ^ M. Baker admet celte forme
comme une espèce légitime. J'ai déjà exprimé des doutes
sur la légitimité de cette Rose, que je soupçonne devoir
être une hybride.
II. VlLLOSAE.
R. pomifera Herrm. — Selon M. Baker, Texistence de
cette forme dans les Iles Britanniques à Tétat vraiment
indigène serait 'assez douteuse. — Le R. ciliato-petala
Bess. , que Fauteur rapporte comme synonyme, est une
autre forme, car d'après un échantillon authentique que
j'ai vu, ce doit être une forme appartenant spécifique-
ment au R. mollissima Fries; mais le R. ciliato-petala
publié par M. Reichenbach, sous le n*" 2567, appartient
bien au type du fi. pomifera! Le R. resinosa Sternb.,
également rapporté comme synonyme au R. pomifera^ si
j'en juge par la description originale de Sternberg et par
(121 )
des échantillons recueillis en Styrie, n^appartient pas au
type d'Herrmann, mais doit être une forme glanduleuse
du R. mollissima Pries. Il est vrai que le R. resinosa
publié par M. Reicbenbach, sous le n** 1271, appartient
bien au type du R, pomifera. Pour rapporter les R, ciliato-
petala Bess. et R. resinosa Sternb. au R. pomifera,
M. Baker semble avoir accordé un peu trop de con-
fiance à M. Reichenbach qui n'avait, à Tépoque de ses
publications , qu'une connaissance assez confuse des
Roses. — M. Baker attribue au R. pomifera des rameaux
arqués (arching branches), ce qui ne peut être normale-
ment, car ce type a les tiges et les rameaux ordinairement
dressés et roides, comme le R. mollissima Pries.
R. mollissima Willd. — LeR. recondita Pug., rapporté
comme synonyme à cette espèce, appartient au R. pomi-
fera Herrm. ! — M. Baker attribue à son R. mollissima,
qui est celui de M. Pries non Willd., deux variétés :
var. coertilea et var. pseudo-rubiginosa (fi. pseudo-rubigi-
nosa Lej., R. arduennensis Grép.).
R. tomentosa Sm. — Malgré Textrème ressemblance
apparente de ce type avec le R. mollissima, ces deux
espèces ne peuvent pas, à mon sens, rester étroitement
associées. Le R. tomentosa forme en quelque sorte le
passage des Ft7/o«aeaux Caninae et pourrait aussi bien être
réuni à celles-ci qu'aux autres. — D'après un échantillon
authentique que j'ai examiné, le R. Andrzeiouskii Steven,
rapporté comme synonyme et qui n'est pas le même que
celui des botanistes français, me parait appartenir aux
Villosae : c'est probablement une forme du R, mollissima
Pries. — M. Baker décrit les variétés suivantes : var.
subglobosa (fi. subglobosa Sm.), var. farinosa (fi. farinosa
Rau), var. scabriuscula (fi. scabriuscula Sm.), var. syl-
( 122 )
vestris (fi. sylvestris Lindl., R. britannica Déségl.), var.
obovata.
III. RUBIGINOSAE.
R. rubiginosa L. — M. Baker rapporte à ce type, et
avec raison, les R. echinocarpa Rip. et R. comosa Rip.,
mais je ne puis approuver l'assimilation qu'il fait du R.per-
mixta Déségl., qui est une forme du R. miarantha^ ei du
R. sylvicola Déségl. et Rip., qui est une forme que j'ai
classée dans ma tribu des Gtandulosae.
R. micrantha Sm. — Deux variétés sont attribuées à ce
type : var. Rriggsii, var. hyêtrix {R. hystrix Lem.,
R. Lemanii Bor.).
R. pulverulenta M. B. — En choisissant le nom de
R. pulverulenta, qui date de 1808, pour désigner le
R. inodora de M. Fries, qui a été établi en 1814, je crois
que M. Baker a commis une erreur. Pour établir cette
synonymie, il se base sur un échantillon du R, pulveru-
lenta recueilli en Crimée par Steven et sur un échantillon
du R. pulverulenta décrit par Lindley. Mais il reste à voir
si la plante de Grimée est bien la même forme que celle
du Caucase décrite par Marschall von Bieberstein ; quant
à celle décrite par Lindley, ce n'est pas la même forme
que celle de Marschall von Bieberstein, car, après la
publication de sa monographie, Lindley a reconnu lui-
même que son R. pulverulenta était différent de celui de
Marschall von Bieberstein et il en a distribué des spécimens
sous le nom de R. pruinosa. Un échantillon de celui-ci,
étiqueté par Lindley, est conservé dans l'herbier de von
Martius sous le n** 1522a. J'ai examiné deux spécimens du
R. pulverulenta M. B., que je crois authentiques. L'un
provient du Caucase et est étiqueté par Besser, qui l'avait
sans aucun doute reçu de Marschall von Bieberstein;
( 123 )
Tautre provient également de Besser et a été recueilli
sur un pied cultivé. Ces échantillons ne ressemblent
aucunement au R. inodora Pries; ils constituent une
forme qui appartient au groupe du R. glutinosa Sibth.
— M. Baker attribue deux variétés à son R. pulverulenta :
var. Billietii (R. Billietii Pug.), var. cryptopoda (fi. cryp-
topoda Bak.).
IV. — Caninae.
R. canina L. — Les nombreuses formes de ce type
sont classées de la façon suivante :
Seb. 1. EcRiSTATAB. Foiloles non glanduleuses; sépales restant
réfléchis,
vai*. luletiana (R. iutetiana Lem.).
var. surcutota (R. surculosa Woods).
Tar. êphaerica (R. sphaerica Gren.).
var. seniieosa (R. senticosa Ach., R. aciphylia Rau).
var. dumalii (R. dumalis Bechst.).
var. biserrata (R. biserrata Mérat).
var. urbica (R. urbica Lem.).
var. frondosa (R. frondosa Stev.).
var. arvalica (R. arvatica fiak. non Pug.).
var. dumelorum (R. dumetorum Thuill.).
var. pniinota (R. pruinosa Bak.).
var. incana (R. tomentosa var. incana Woods),
var. tomentella (R. tomentella Lem.).
var. andegavensis (R. andegavensis Bast.).
var. verticillacantha (R. verticiliacantha Mérat).
var. coUina (R. collina Jacq.).
var. caesia (R. caesia Sm.).
var. concinna.
var. decipiens (R. tomentella var. decipiens Dmrt.).
Seb. 2. Scbcbistatab. Folioles non glanduleuses ; sépales se redres-
sant après Tanthèse et couronnant le réceptacle fructifère
jusque vers sa complète maturité,
var. Reutet^ (R. Reuteri God.).
( 124)
var. êubcrisiala (R. subcristata Bak., R. stephanocarpa Déségl.
et Rip.).
var. HaiUtoni(K. HailstoniBak.).
var. implexa (R. solstitiaiis var. denudata Greu.).
var. coriifolia (R. coriifoiia Pries).
var. Waitoni (R. Watsoni fiak.).
var. eeleraia,
Sbr. 5. SoBauBiGiNOSAK. Folioles à côte et à nervures secondaires un
peu glanduleuses,
var. Borreri (R. Borreri Woods).
var. Bakeri (R. Bakeri Déségl.).
var. marginata (R. marginata Wallr., R. trachyphylla Wirtg.,
R. Blondaeana Rip).
Je ne suis pas éloigné de partager complètement l'opi-
nion de M. Baker sur la valeur de toutes ces formes
rangées dans sa section des Caninae.
V. — Systylae.
R. stylosa Desv. — Cinq variétés sont rapportées à ce
type : var. systyla (R. systyla Bast.), var. Desvauxi (R.
stylosa Desv.), var. opaca, var. gallicoides, var. Monsoniae.
R. arvemis Huds. — M. Baker rapporte à ce type, à
titre de variété, le R. bibracteata Bast. Le vrai R. bibrac-
teata existe-t-il bien dans les Iles Britanniques? Je suis
porté à croire que non, parce que, d'après des échantillons
authentiques que j'ai étudiés, il me parait être une hybride
des R. sempervirens et R, arvemis. Il est probable qu'on
prend en Angleterre, comme on le fait en Suisse, une
simple variété du R. arvensis pour le R, bibracteata Bast.
Malgré ces légères critiques touchant les détails, la
monographie de M. Baker n'en reste pas moins un très-
bon travail, travail basé sur des recherches originales et
traité dans un excellent esprit scientifique.
( *25 )
Studier ôfver de skandinaviska artema af slàgtet Rosa,
af N.J. Scheutz; in-4% de 46 pages, Wexjô, 1872.
Ces études sur les Roses de la Scandinavie doivent pré-
céder un travail définitif, c'est-à-dire une monographie,
que M. Scheutz publiera en latin.
Dans son travail, Tauteur débute par un aperçu sur
rhistoire littéraire du genre Rosa, dans lequel il passe
succinctement en revue les principaux ouvrages qui ont été
publiés sur les Roses et il s y étend longuement sur les
travaux des auteurs Scandinaves. La préface se termine
par des considérations générales sur les organes des Roses
et sur Tespèce dans ce genre.
Le tableau suivant donne une idée de la façon dont
Tauteur comprend les espèces de la Scandinavie. J y ai
reproduit, traduites du suédois en latin, les phrases des
divisions et les diagnoses des espèces nouvelles.
ROSA.
A) Gaules omnino acuieati ; aculei sparsi distantesque ; sepala
plerumque pinnatisecta.
a) Aculei truncoram plerumque uncinati.
I. RCBIGINOSAB.
i . R, rubiginoêa L.
^. horrida Lange.
y. comosa (R. comosa Rip.).
S, echinocarpa (R. echinocarpa Rip.).
e. grandi folia God.
Ç. parvifolia God.
ri, aUba Mortens.
2. R, inodora Pries (R. Klukii Bess. sec. Pries).
3. R. sclerophylla (Scheutz loc. cit., p. âO) aculeis trunconim
UDcinatis, conformibus ; foliolis K-7, elliptico-ovatis,
duplicato-serratis, infra parce glandulis adspersis
10
( 126 )
Costa et nervis secundariis pubescentibus • floribus
solîtariis; pedicellis erectis, glabns, eglandulosrs;
receptaculis fructiferis Icvibus, ovato-rotundatis;
sepalis reflexis, deciduis.
II. Camnae.
i. R. Reuieri God.
^. miligata Scheutz.
y. imponens (R. imponcns Rip.).
5. R. canina L.
a. nitens Desv. (R. sarmentacea Sw., R. Swartzii Biilb.,
R Swartziana Fries).
/3. glaucescetu Desv. (R. Afzeliana Fries, R. canina
j3 opaca Fries).
y. transUoria Scheutz.
0. dumalis (R. dumalis ficchst.).
s. glaucophylla Dmrt.
ç. biserrata (R. bisçrrata Mérat).
y;, «ca&ra/a (R scabrata Crép.).
0. senticosa (R. senticosa Acbar.).
i. mitis Scheutz.
(). R. Raui Tratt. (R. canina y hirtella Gren. et Godr.).
7. R. alba L.
8. R. dumetorum Thuill. (R. coUina Wahinbg, R. campestris
Sw., R. agrestis Sw.).
^. pallens Fries.
V- pyriformis (Ut pyriformis Déségl.).
9. R. pubescens A Bl)^tt.
fO. R. tomcnlella Lem.
11. /{. clivorum (Scheutz ioc. cit., p. 2S; R. collina Jacq. et plur.
auct. saltim pro parte) aculeis truncorum falcatis;
foliolis 5-7, ellipticis, obovatis vei ovatis, pubescen-
tibus, saepe infra griseis (in var. ^ fere glabris),
simpliciter serratisj pedicellis hispido-glandulosis ;
receptaculis fructiferis ovatis vel obovatis, plus
minusve hispido-glandulosis, erectis ] sepalis reflexis,
deciduis.
/S. glabrescens (Scheutz) foliolis laete viridibus, infra
nervis pubescentibus.
( *27 )
12. A. coriifolia Pries (R. sepium Sw., R. sepineolt Sw., R. cras-
sifolit Wtllm.).
«• tyjMca Scheati.
/I. vaeiUanê ScheuU.
y. icanfca Crëp. (in litt. td scriptor. 1871).
b) Aculei trancorum plerumque recti.
III. ViLLOSAB.
13. R. pomifera Hernn.
U. H. moUiêêima Willd.
a. typica Scheoti.
f, grandi/loraSehevLti.
y. foeiida (R. foetidt Bast.).
i. glabrata ScheuU.
t. êubrubiginoêa Larss. et Aresch.
Ç. eaiydda Aresch.
«}. fiemora/i« Lange.
0. arenaria Lange.
1. micraïUAa Schentz.
15. A. refifUMa Stem.
fi. arenaria Scheutz.
y. glabrata Pries,
d. pgrifera Scheutz.
16. A. twfUM/a (Scheutz ioc. cit., p. 36.) aculeis truncorum satis
gracilibus, debilis ; foliolis 5-7, ovato-lanceolatis vel
lanceolalis, acutis, saepe basi attenuatis, viridibus,
tomentosis, iufra glandulis adspersis, duplicato- serra-
tis, dentibus acutis ^ floribus saepe solitariis, rarius
coryuibosis ; pedicellis hispido-glaudulosis ; sepalis
paululum pinnatisectis , corolla saturate rubra
longioribus, post anthesim erectis vel patulis, per-
sistentibus ; receptaculis fructiferis ovatis vel
rotundatis , levibus , rarius hispido-gIandulosiS|
paululum coriaceis, duris.
17. A. euipidatoideê (Crëpin Ioc. cit., p. 37) aculeis truncorum
rectis vel paululum falcatis; foliolis 5-7, ovatis, ellip-
tico-oblongis vel lanceelatis, moUiter tomentosis
(raro cinereis), infra glandulis adspersis, duplicato-
serratis ; floribus corynibosis, rarius solitariis ; bractcis
( 128 )
satis majoribus; receptaculis fructiferis elliptico-
rotundatis vel ovatis, erectis, levibus vcl bispido-
glandulosis, duris ; sepalis post anthesim patulis,
demum décidais.
a. elafior (Scheutz) foliis duplo majoribus ; foliolis
lanceolato-ovatis, subobtusis.
/3. minor (Scheutz) foliis minoribus ; foliolis lanceolatis,
acutis.
18. A. tomentota Sm.
^. icabritueula (R. scabriuscula Sm.).
19. R. Frtent (Scbeulz loc. cit., p. 39; R. coUina Pries Herb.
norm., YI, i2 ; Summ. veget. Scand., p. i3 et 173)
aculeis truncorum falcatis ; foliolis S-?, ellipticis vel
ovatis, griseo vel virido-tomentosis (in var. /3 gla-
bris), infra eglandulosis, patenter duplicato-serratis,
dentibus saepc glandulosis ; pedicellis bispido-glan-
dulosis, plerisque solitariis; receptaculis fructiferis
oblongis, ellipticis ovatisve, plerisque levibus, coria-
ceis, serotinis (sec. Pries), cernuis ; sepalis post
anthesim reflexis, deciduis.
a. typica (Scheutz) foliolis utrinque griseo vel virido-
tomentosis.
^. Acharii (K. .\charii Billb.) foliolis utrinque glabris,
supra laete viridibus, duplicato-serratis, denticulis
glandulosis; petalis profundc bilobis, saturate roseis,
basi pallide roseis.
20. H. commutaia (Scheutz) aculeis truncorum non copiosis,
rectis vcl paululum deflexis; foliolis 5-9, ovatis,
viridibus, utrinque glabris, infra pallidis glandulis
adspersis, duplicato-serratis, dentibus copiose glan-
dulosis ; floribus solitariis vel ternatis ; sepalis coroUa
pallide rubra paululum brevioribus, post anthesim
ascendentibus, patulis, dorso dense glandulosis; pe-
dicellis hispido-glandulosis; receptaculis fructiferis
erectis, rotundatis, hispido-glandulosis.
B) Gaules omnino vel ex parte deose aculeati; aculei saltim in
turiouibus graciles vel setacet; sepala plerumque
intègre .
( 129 )
a) Folia 5-7 foliotât a.
IV. CiNNAHOMEAB.
21. A. cinnamomea L.
I a. cinnamomea Sw.
!
jS. einerea (R. cinerea Sw.).
y. turbinella (R. turbinella Sw.).
a. fluvialiê (R. fluvialis FI. Dan.),
s. alvarenth Pries.
22. /î. cnrelica Pries.
b)Polia7-fl foliolata.
V. PlHPlNELLIFOLlAB.
23. R, alpina L.
2i. R, pimpinelli folia L. (R. spinosissima L.).
. Comme ce mémoire ne constitue qu'un travail prépa-
ratoire et que des modifications seront probablement appor-
tées relativement à la valeur de certaines espèces nouvelles
proposées, j attendrai, pour juger celles-ci, que fauteur
nous ait fait connaître son opinion définitive à leur égard.
Du reste, pour bien discuter, dès maintenant, la valeur
de ces nouvelles espèces, j'aurais dû prendre connais-
sance des nombreuses observations que fait leur créateur,
chose que je n'ai pu encore faire jusqu'ici à cause des
difficultés de la traduction.
Quoique je n'aie pu prendre qu'une connaissance très-
imparfaite de ce prodrome, j'estime qu'il constitue un
travail beaucoup plus savant, beaucoup plus complet
sur les Roses Scandinaves que ceux qui l'ont précédé.
Depuis les belles études de M. Fries, dont les dernières
s'arrêtent à la date de 1846, les formes du genre Rosa
ont fait l'objet de très-nombreuses recherches en France,
en Angleterre, en Belgique, en Suisse et en Allemagne,
recherches qui ont enrichi ce groupe d'un grand nombre
de formes nouvelles. Stimulé par l'exemple des botanistes
( 130 )
étrangers, M. Scheutz a repris la tâche de ses prédéces-
seurs et il a soumis à un nouvel examen les Roses Scandi-
naves. Déjà ses premières recherches ont été fructueuses,
puisqu'il .nous a fait connaître plusieurs formes remar-
quables inédiles ou nouvelles pour la flore de son pays.
Je fais des vœux pour qu'il continue ses observations et
pour qu'il nous donne prochainement une monographie
élaborée avec cette science et cette sage méthode qui
distinguent les travaux des botanistes du Nord.
BIBLIOGRAPHIE.
Grevillea. — A monthly Record of Cryptogamic Botany
audits literature, edited by M.-C. CookeO.
L'éditeur de ce recueil, dédié à l'illustre cryptogamiste
Greville, nous apprend, dans une courte préface, qu'il se pro-
pose de publier mensuelleineiit les descriptions des espèces
nouvelles de Cryptogames découvertes en Angleterre, de
signaler les habitations des formes rares ou intéressantes, et,
autant que l'espace le permettra, de donner la description
des espèces exotiques nouvelles, et tout spécialement celles
des colonies anglaises et des États-Unis d'Amérique. Il sera
accordé une place k la bibliographie botanique (cryptoga-
mique), aux listes de desiderata, aux offres d'échange, etc.
Ce programme a été parfaitement suivi dans les quatre
livraisons qui ont déjà paru, lesquelles sont remplies d'obser-
vations intéressantes et de faits nouveaux qui y sont exposés
(I) La souscription est de 6 shillings par an. Adresser les demandes à
M. Cooke, Cbaring Cross, 2, Grosvenor Villas, Junetion Road, N., London.
( *31 )
par des cryptogamistes d'un talent reconnu, tels que
IMM. Leighlon , Kitton, Braithwaite, Berkeley, Crombie,
Cooke, etc. Voici un aperçu du contenu de chacune de ces
quatre livraisons :
iV° 7. Juillet. Pages 1 à 16. avec i planche.
i, New-York Fungi, décrits par C.-H. Peck.
€et article reproduit les diagnose de 15 espèces nouvelles d^Agnrics
croissant aux environs de New- York, et décrites par M. C.-H. Peck in
Appendix C. to the Twefily -Ihird Report of the Regentt of the Univprsity on
the New-York State Cabinet of \atural History for theyear 1869. — (.41-
bany, N. Y., 1872.)
2. Pezizae americanae, par M.-C. Cooke et C.-H. Peck.
Des 12 espèces de Pézizes, nouvelles pour l'Amérique, décrites par ces
auteurs, 7 sont inédiles et figurées dans une belle planche coloriée placée
en tête de cette 1" livraison.
3. British Fungi, par iW.-C. Cooke.
M. Cooke, qui est Pau leur du Handbook of Britith Fungi, se propose de
décrire, dans le Grevillea, les espèces nouvelles de Champignons découvertes
en Angleterre depuis la publication de son livre. Sa notice comprend
6 espèces appartenant à Tordre des Coniomycètes.
4. Lichenological memorabitia; par le Rév. W.-A. Leighton.
Le savant lichénologue anglais fait d'abord une intéressante dissertation
sur le Pilophoron Fibula Tuck. Jusque dans ces derniers temps, on considé-
rait ce Lichen comme confiné dans les Montagnes Blanches de PAmérique
du Nord ; mais il Ta découvert abondamment en Angleterre, où il avait été
jusqu'ici confondu avec le Stereocaulon condensalum Ach. Cependant
Texamen des spores permet de distinguer facilement ces deux plantes : dans
le Hlophoron, elles sont eltipsotdes et simples, tandis que dans le Stereo-
caulon elles sont fusiformes et ( — 7 — ) septées. Il a aussi découvert, dans
un herbier soumis à son examen, un très-beau spécimen fructifié, portant
le nom de Stereocaulon Cereolinum, et récolté en Ecosse. Ceci l'auto-
rise à penser que la plupart des habitations de ces deux plantes indiquées
en Angleterre et en Ecosse seront, après une étude attentive, rapportées au
Pilophoron Fibula Tuck. Nous sommes porté à croire qu'il pourrait égale-
ment bien en être ainsi en Belgique, où notre région montagneuse possède
les deux Stereocaulon en question.
( 132 )
5. Bryology, par R. Braithwaite.
L*auteur rapporte Tessai de classificatioD générale des Mousses le plus
récent, celui du Dr E. Hampe, extrait des Verhandl, zooL bot. GeselUeh.
in Wien, vol. XXI, page 375 (1871).
6. On a minute Noêtoe with spores, par W. Archer (avec fig.).
Le Nostoe, objet de cette notice, rappelle beaucoup, par sa petite taille,
le JV. minimum Gurrey, mais il en diffère par la forme de ses cellules
et la grandeur de ses bétérocystes. Il pourrait bien être le N, paludosum
Kûtz., bien que 91. Rûtzing n^insiste pas sur les caractères tirés des
bétérocystes. Grâce à Texiguité de sa taille, il se prétait admirablement
à l'étude microscopique, pouvant être observé en entier sous les forts
grossissements du miscroscope. C^est ce qui a permis à Pauteur de con-
stater qu^il présentait de vraies spores analogues à celles que Ton
remarque dans le Sphaerozyga, etc., mais avec cette différence que ces
spores étaient toujours placées entre deux hélérocystes ; qu^elles étaient
grandes, largement elliptiques, 1-3 fois plus longues que larges ; leur
diamètre était au moins 2 fois plus grand que celui des bétérocystes et 3 fois
celui des cellules ordinaires.
Un tel exemple de Nostoc présentant des spores est très-intéressant,
en présence des nouvelles théories sur la nature des Lichens, diaprés
Pune desquelles les gonidies des Nostoc, entre autres, unies à un Cham-
pignon parante constitueraient les Collema !
7. Chicago hydrant Water.
Sous ce titre, sont consignées quelques observations extraites du second
numéro du a Lens » concernant plusieurs Diatomées découvertes dans
Peau d*un appareil hydraulique à Chicago.
8. New American Polysiphonia,
Diagnose d^une espèce nouvelle de Polysiphonia, le P, subcontorta
Peck, voisine du P. fastigiata.
9. Série de renseignements botaniques, parmi lesquels nous notons
celui-ci : 1S espèces nouvelles d^Hépatiques sont décrites par C.-F.-A.
Austin in The Bulletin of the ' Torrey Botanical Club, for March, 1872;
quatre sont dédiées à M. Sullivant.
10. Cryptogamic literature.
Ënumération des articles de cryptogamie les plus importants contenus
dans les derniers numéros des principales publications anglaises et
étrangères.
( 133)
N° II. Août. Pages \6 à 32, avec \ planche.
1. New-York Fungi, décrits par C.-H. Peck.
Continuation de Particle portant le même titre dans le numéro précé-
dent (page 1) : Fauteur y donne les diagnoses de 15 espèces nouvelles
d^Agarics.
2. Brilith Fungi, par M.-G. Gooke.
Dans cet article, Tauteur continue Texposé de ses additions h la flore
roycologique d^Angleterre : 13 espèces appartenant au groupe des Hypho-
mycètcs sont décrites, dont 2 inédites.
5. Récent obiervaiions on Cotlema, etc., par W. Archer.
L^auteur expose brièvement, en les appréciant, les vues de MM. Schwen-
dener, Reiss, De Bary, etc., relativement aux Lichens collémacés, etc.; il
cite plusieurs expériences de ces savants, et il en discute les résultats.
Voici en résumé Popinion si curieuse de M. Schwendcner sur la nature
des Lichens. D*après le résultat de ses recherches, ce ne sont pas de sim-
ples plantes, ni des individus, dans le sens ordinaire du mot ; ce sont plu-
tôt des co/oni»,qui consistent en centaines et en milliers d^individus, dont
cependant un setU joue le rôle de maître, tandis que les autres, en perpé-
tuelle captivité, préparent la nourriture pour eux et pour leur maître.
Ce maître, c*est un Champignon de la classe des Ascomycètes, c*est un
parasite habitué à vivre du travail d'autrui; ses esclaves sont des Algues
vertes qu^il a cherchées, ou, à vrai dire, surprises et quM a obligées à le
servir. 11 les entoure, comme une araignée, sa proie, d*un réseau fibreux
de mailles étroites, qui se transforme graduellement en une impénétrable
enveloppe ; mais tandis que Taraignce suce sa proie et Pabandonne morte,
le Champignon parasite excite les Algues que Ton trouve dans son sein à
une plus rapide activité, bien plus, à un accroissement plus vigoureux.
i. A New MosB from Ireland, par le Dr R. Braithwaite.
Il s^agit d^une Mousse appartenant à un genre exotique : du Splachno^
Iryum Wrightii C. Mûller trouvé récemment en Irlande. Après avoir relaté
cette remarquable découverte, M. Braithwaite rapporte une note intéres-
sante du professeur Lindberg, dans laquelle celui-ci crée, pour Pespèce
en question, la dénomination à!* Amblyphyllum hibernicum,
5. Novara Diatome.
Descriptions d*espèces et genres nouveaux, recueillis pendant le voyage
autour du monde de la frégate impériale autrichienne « Novara » par
M. A Grunow (traductio« en anglais par F. Ritton). Dans la première partie
11
( 134 )
qui a paru, il n^cst mentionné que 9 Diatomées, dont 5 sont décrites
comme nouvelles par M. Grunow ; toutes sont figurées.
6. Cryptogamic literature,
A'" ///. Septembre. Pages 33 à 48, avec i planche.
1. Notice of No7'th American Fungi, par le Rév. M.-J. Berkeley.
Cet important mémoire est la continuation d*un autre, resté inachevé
dans les Annals of Saturai History, Octobre i859. L^auteur y donne
notamment les descriptions d*une partie des espèces nouvelles, publiées
sans diagnoses par M. H.-W. Ravenel, dans ses Pungi Caroliniani, ainsi
que celles de beaucoup d^autres Champignons de TÂmérique du Nord ; il
décrit en tout 30 formes.
2. A New Britith Weisia.
Quelques mots sur la découverte, en Angleterre, du Weisia truncicola
De Notaris Epil. del. BrioL Ital., p. 598, espèce rappelant assez, par son
faciès, le W, cirrhata et le Cynodonlium Bruntoni.
3. Britiêh Fungi j par M.-C. Cooke.
Dans ce 3^ article, Pauteur mentionne, avec descriptions, 5 espèces du
groupe des Gastéromycètes.
i, Novara Diatoms.
Descriptions d'espèces, etc. (Continuation de la page 32 du numéro pré-
cédent). Huit espèces inédites sont décrites par M. Grunow et le genre
nouveau Graticula Grun. y est établi.
5. Note on Acalyptospora, par C.-J Mûller.
Suivant M. Mûller, VAcalyptospora nervisequia Desmaz. n'est pas un
Champignon, mais une production de Tépiderme que Pon rencontre sur
les feuilles de POrme commun, à tous les états de développement.
En faisant macérer les feuilles dans la potasse et les lavant ensuite à Peau,
les tissus sont rcndu« transparents et il devient évident, dit-il, que cette
production n'est qu'une espèce de poil, qui n'a aucun des caractères des
Champignons, pas plus que les poils glanduleux que l'on rencontre sur les
feuilles des Vicia Faba, Sambucus nigra, etc.
6. Thegenus Tetrapedia (Reinsch) wiih tvoo new form», par W. Archer.
Considérations intéressantes sur le genre Tetrapedia, suivies de la des-
cription, par l'auteur, de deux espèces inédites appartenant à ce genre et
recueillies aux environs de Dublin.
7. Lichens in Sowerby^s Herbarium,
Le Rév. J.-M. Crombie a commencé, dans le Journal ofBotany, du mois
( i53)
d^août, une série de notes sur les Lichens conservés dans Pherbier de
Sowerby. A en juger par Textrait qu^en donne le Grevitlia, cet- article a
une certaine importance; il fait connaître d^une manière exacte les
Lichens auxquels s^appiiquent les figures de VEnglish Botany et par là
même il rectifie plusieurs erreurs.
8. Cryptogarnic litei*ature,
N^ IV. Octobre. Pages 49 à 64, avec 1 planche.
1. Notice of North American Fungi, par le Rév. ^L.-i. Berckeley.
Suite de la page 39 du u^ 5. 65 espèces y sont renseignées, dont 29
avec descriptions.
2. British Fungi, par M.-G. Gookc. (Suite de Tarticle inséré à la page iO
du n^ 3.)
Description de 9 espèces d*Hyménomycètes.
3. Lichenological Memorabilia, par le Rév. W.-A. Leighton.
Les Lichens de Bettws-y-Goed, Galles du Nord.
En juin dernier, le savant lichénologue anglais fit une exploration cryp-
togamique d'une quinzaine de jours dans la pittoresque vallée de Conway
aux environs de Bettws-y-Coed ; il en a rapporté de nombreux et rares
Lichens dont il publie ici la liste avec d'intéressantes observations sur
plusieurs espèces. Parmi celles-ci, nous citerons VArthonia aspenella
Leight., espèce inédite, et les Lecidea occulta Kôrb. et Arthonia proximetla
Nyl., espèces nouvelles pour TAngleterre.
4f. New British Lichens, communiqués parle Rév. J.-M. Grombie.
Les 10 nouvelles espèces de Lichens britanniques suivantes ont été dé-
crites par le D' W. Nylander, dans le Flora, numéro du mois d'août de
celte année : Obryzum dolichoteron Nyl., Lecidea asemea îiyl., L. meso-
iropoides Nyl., L. subfurva Nyl., L. confusula Nyl., L, deparcula'Syl.y
L. atro-badia Nyl., Verrucaria submicans Nyl., V. analeptella Nyl. et
V. spilobottt'Syl.
5. Thenew conspectua of the Families and Gênera of Diatomaceae, pair
H.-L. Smith.
Le nombre des genres auxquels Tauteur avait affaire dans ce conspectus
est de 299 : il en a abandonné 189, c'est-à-dire près des deux tiers ! On
jugera encore parfaitement de l'importance des réductions opérées par ce
moDographe, en comparant, au nouveau conspectus, le St/nopsis of British
( 156)
Diatomaceae : des 59 genres décrits dans ce dernier, 23 ont été aban-
donnés.
6. Cryptogamic literature.
La courte analyse qui précède montre que cette nouvelle
publication est un supplément indispensable aux Flores cryp-
togamiques anglaises et américaines, et qu'elle est en outre
d*un très-grand intérêt pour les botanistes du continent, par
les éléments précieux qu'elle renferme pour Tétude de diver-
ses familles de la Cryptogamie : aussi la recommandons-nous
vivement à tous ceux de nos confrères qui s'occupent de cette
partie de la botanique.
É. Mârchal.
Monographie der Gattung Saxifraga L. mil besonderer
Beriicksichtigung der geographischen VerhàUnisse^
von D' A, EnglerjO).
L'auteur a déjà publié, sur le genre Saxifraga, plusieurs
mémoires importants qui attestent que depuis longtemps il se
préparait à cette remarquable monographie, entre autres :
i" Beitrâge zur Naturgeschichte und Verbreitung des Genus
Saxifraga L. {Linnaea, 4866, t. XXXY, 124 p. et 2 cartes.) —
M. £ngler y passe d'abord en revue ce que les auteurs ont dit
des Saxifrages depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos
jours; puis il répartit les 98 espèces d'Europe en i4 sec-
tions et étudie spécialement la section Dactyloides Tausch ;
enfin il entre dans diverses considérations sur la diffusion du
genre.
(1) Un vol. in-S», de IV-2J2 pages avec une carte; Breslau, 1872.
( 137 )
2° Beobachtungen ûber die Bewegung der Staubblàiier bei
den Arten des Genus Saxifragâ L. und Begrundung der
Annahme des Genus Bergbfiia Mônch. {Botanische Zeitung,
1868, pages 835-842, 1 pi.). — De ses études sur la fëcondation
de 40 espèces de Saxifrages, Tauteur conclut à l'adoption du
genre Bergeniay qui a pour type le Saxifragâ erassifotia L.,
parce que, dans cette espèce, c'est Torgane femelle qui se
développe le premier, tandis que dans les vraies Saxifrages ce
sont les étamines. Il décrit ensuite quatre espèces de Bergenia.
Z"* Index criticus specierum aîque synonymorum genus
Saxifragâ L. {Verh, der zooL-bot. Gesellsch. in Wien, 4869).
Il s*est d'ailleurs trouvé dans les meilleures conditions pour
traiter avec autorité ce genre si difficile : outre les Saxifrages
des Musées botaniques de Berlin, de Vienne et de Munich, il
a eu à sa disposition celles des principaux herbiers particuliers
d'Allemagne et de Suisse. Il a tiré un excellent parti de ces
riches matériaux etsa monographie nous parait très-savamment
traitée.
L'ouvrage est divisé en deux grandes parties.
La première comprend toutes les généralités et est très-
dévelopéc, car elle n'occupe pas moins de 7i pages. Après
quelques mots sur l'ensemble de la famille, l'auteur étudie
successivement les différents organes et leurs modifications
dans les diverses espèces du genre, puis il s'occupe de
la distribution géographique. Ce dernier chapitre est
tout particulièrement soigné. Dans une série de tableaux,
l'auteur donne la dispersion de chaque espèce et de ses
variétés les plus notables dans les 50 principales régions
où croissent les Saxifrages, puis, le nombre d'espèces de
chaque section que l'on trouve dans ces différentes régions.
Enfin pour faire saisir d'un seul coup d œil la dispersion géné-
rale du genre, une carte des plus curieuses nous montre tous
( 138)
les pays habités par des Saxifrages, et chacun d'eux est figuré
par une teinte d'autant plus foncée qu'il nourrit plus d'espèces.
Nous voyons immédiatement que ce genre est répandu dans
toute l'Europe, dans le nord de l'Asie et l'Himalaya, en Afrique
(le long de la Méditerrannée,dans les montagnes de l'Abyssioie
et dans les îles du Nord-Ouest), en Amérique (tout le nord jus-
qu'aux États-Unis, et les Cordillères du Chili). Nous voyons aux
teintes sombres des montagnes qu'elles sont beaucoup plus
fiches en espèces que les plaines : ainsi les Alpes ont jusqu'à
42 espèces, les Pyrénées en ont 30, les Apennins, i9, les Car-
pathcs, 25 et l'Himalaya, 55.
La seconde partie est consacrée à la description des espèces,
qui sont au nombre de 166, plus H9 variétés, 14 hybrides
et 2 formes insuffisamment connues; le tout est distribué en 15
sections dont 5 établies par l'auteur, lequel a en outre décrit
2 espèces nouvelles, 25 variétés et 2 hybrides. Remarquons
en passant que le nombre des espèces serait plusieurs fois
aussi considérable, si M. Engler avait sur l'espèce les mêmes
idées que beaucoup de botanistes modernes; mais il l'envisage
au contraire d'une manière extrêmement large, comme la
plupart des auteurs anglais. Ainsi pour donner comme exem-
ple une espèce de notre flore, voici les synonymes qu'il rap-
porte au S. decipiens £hrh. et à ses variétés :
S. caespitosa Koch ; — S. petraea Roth, S, villosa Willd.,
S. Lapeyrousii Sternb., S. latifida Don, S. tridentata Don,
S, denudata Don, S. latif'olia Ser., S. Steinmanni T'AUsch^
S. hypnoides d villosa Walk.-Arn. et Ser., 5. atropurpurea
Hort. Jen., S. geranioides Hort. Goett., S. serrata Hort. Paris.,
S. Staphaniana Hort. Bruxel. (non Sternb.); — S, palmata
Panz., 5. Sternbergii Willd., S. elongata Panz., S. palmata
Sm., S. flirta Don, S. hibernica Haw., 5. incurvifolia Don,
5. intermedia Tausch, S. geranioides Hort. Turic, S. laevis
( <^9 )
Mack. ; — 5. quinquefida Haw., S. sponhemica Gmcl., S. con-
densata Gmel., S. hypnoides Oub., S. platypetala Sm.,
S, elongata Sm., S. decipiens var. acutiloba Sternb., S. laevis
Haw., S. hirta Don, 5. hirta et S, irifida Haw., S. caespitosa
y sponhemica Roch, S. afjinis et S. laetaevirens Don, 5. sectoe-
des Hort., S. ceratophylla Hort. Hamb., 5. pedatifida Hort.
Goett. ; — S. groenlandica L. ; — 5. caespitosa L., S. i*Mt-
/Zora R. fir.
En tête du genre, se trouvent deux tableaux analytiques des
sections et, à chaque section, le tableau analytique des espèces
qu'elle renferme, ce qui abrège beaucoup les déterminations.
Après le nom de chaque espèce, vient d'abord la synonymie
établie avec soin et très-souvent basée sur Texamen d'échan-
tillons authentiques, puis la description, Tindicalion des
figures, des exsiccata, la dispersion. Enfin de longues remarques
critiques ou un complément de la description termine Tarticle.
Nous pensons que la dispersion générale des espèces
indiquées dans les Flores belges, donnée d'une manière très-
sommaire, intéressera nos confrères :
S. tridactylites L. — Toute l'Europe, mais assez rare dans
le Midi ; Asie mineure et Sibérie ; Amérique anglaise.
S, granulata L. — La plupart des contrées de l'Europe,
mais M. Engler ne l'indique ni en Belgique, ni en Hollande ;
en Afrique, près d'Alger; en Asie, dans l'Himalaya, de 5000 à
4500 m. d'altitude.
S. rotundifolia L. — Régions subalpine et alpine : des Pyré-
nées au Caucase et de la Sicile aux Vosges.
S. decipiens Ehrh. var. quinquefida (la synonymie est
rapportée plus haut). — Dans le Jura, les Vosges, les contrées
Rhénanes, la Belgique, les Iles Britanniques.
S. hypnoides L. — Deux habitations en Portugal, quatre en
en Espagne; France, le Midi depuis la Méditerranée jusqu'à
l'Auvergne et le Dauphiné : région montagneuse.
( IM )
D'après ce qui précède, il y aurait lieu de ne considérer que
comme naturalisés chez nous, les S. rotundifolia et S. hyp-
noides; mais n'est-il pas étrange de voir notre pays exclu
de Taire de dispersion du 5. granulata? C'est évidemment
un oubli. Nous constatons aussi l'absence, dans la synonymie,
des S. palmata Lej. FI. 5pa, 5. confusa «t S. aggregata
Lej. Revtie. M. Engler n'a pas non plus relevé les espèces
décrites par M. Jordan et figurées dans ses magnifiques
/conés ; notons encore l'omission du S. tellimoides Maxim.,
du Japon (in Bull. Acad. imp, des Se, de St-Pétersbourg y
t. XVI, février 1871) et du «S. Maweana Baker, du Maroc (Gar-
dener's Chroniclcy 1871, n" 42); il est vrai que la publication
de ces deux espèces a précédé de très-peu le livre de M. Engler,
puisque sa préface est datée du 51 décembre 1871.
Malgré ces légères erreurs ou omissions, inévitables dans
un ouvrage qui a nécessité des recherches immenses, nous
n'hésitons pas à répéter que la monographie des Saxifrages est
digne des plus grands éloges et est indispensable à tous ceux
qui veulent étudier ce genre important.
Alfred Cogniâux.
Hepaticae Gallicâe. — Herbier des Hépatiques de France ,
publié par Th. Husnot. Fascicule H, n" 26-SO.
Le second fascicule de cette intéressante publication n'est,
sous aucun rapport, inférieur au premier, dont nous avons
parlé précédemment; le même soin a présidé au choix des
échantillons, souvent fructifies et parfois donnés de plusieurs
localités sous le même numéro. Nous nous bornerons donc à
énumérer les espèces qu'il renferme,en indiquant les localités
belges d'où proviennent certaines d'entre elles :
Scapania compacta ^ S. nemorosa v. gemmifera (de Louette*
( iil )
St-Pierre), Jungermannia obtusifolta, J. Dicksoni, /. exsectay
J. crenulata (éch. (B) de Maeseyck), V. Hornschuchiana,
J, ventricosa, /. ventricosa v. gemmifera, J. minutaf J, diva-
ricata, J. bicuspidata (éch. (A) de Maeseyck), J, connivens,
J. setacea v. Schultzii (de Maeseyck), /. trichophyllay Sphag^
noecetis communis (de Maeseyck) , Lophocolea bidentata ,
"Lepidozia tumidula Taylor, Ptilidium ciliare (de Lanklaer),
P. ciliare v. ericetorum^ Madotheca laevigata, M. Porella,
Marchantia polymorpha, Targionia hypophylla, Anthoceros
laevis.
La plupart de ces espèces se trouvent en Belgique ; il n'y a
que les deux marquées d'un astérisque qui n'y ont pas encore
été observées. Nous croyons utile de rappeler la synonymie du
Lepidozia tumidula Taylor, renvoyant, pour les autres espèces,
à notre Catalogue des Hépatiques de Belgique :
Jungerniannia reptans ^pinnata Hook. Brit. Jung, (1847).
Pleuroschisma reptans j3 pinnata Dmrt. Sylloge (1831).
Lepidozia pinnata Dmrt. Rec. d'obs. (1835).
Lepidozia tumidula Taylor MSS. in Synop. Hep. (1845).
Il en résulte que le nom qui a la priorité est Lepidozia
pinnata Dmrt.
Alfred Gogniâux.
Catalogue de la flore de Belgique, par F. Crépin, F. Gravet
et C. Delogne W.
Sous ce titre, vient de paraître un petit travail réellement
utile et qui comble chez nous une véritable lacune. Depuis
nombre d'années, nous nous servions d'un ouvrage analogue,
le Catalogue des plantes vasculaires de M. Lamotte; mais ce
(I) Grand in-8«, de 32 pages; Bruxelles, Mayolez, rue de Tlmpératrice.
«2
( 142)
dernier opuscule, spécialement écrit pour la France, l'Allé-
magne et la Suisse, renfermait pour nous trop et trop peu.
En effet, nous n'avions pas à nous occuper des espèces
du Midi, et d'un autre côté bien des types de notre pays n'y
étaient pas renseignés. II nous manquait donc un catalogue des
plantes de Belgique, soit pour favoriser nos échanges en nous
dispensant de dresser de longues listes manuscrites, soit pour
servir de répertoire à nos herbiers ou de recueil d'annotations
de toute espèce. Le catalogue que nous recommandons à
l'attention de nos confrères atteint parfaitement ce but. Il con-
tient, outre les Phanérogames et les Cryptogames vasculaires,
les Mousses et les Hépatiques, et peut donc convenir au bryo-
logue aussi bien qu'au phanérogamiste. Nous ne doutons point
du succès de ce petit travail et nous nous permettons d'émettre
un vœu : c'est que dans une prochaine édition qui ne tardera
pas, nous l'espérons, à être nécessaire, les auteur» compléte-
ront leur œuvre par le catalogue des Lichens de notre flore.
Louis Pire.
Introduction to the Sludy of Palœontological Botany, by
John-IIutton BalfourO).
Comme la paléontologie végétale tend à se populariser,
qu'elle n'est plus seulement étudiée par quelques rares
adeptes, le besoin d'ouvrages élémentaires se faisait de plus
en plus sentir. M. Schimper, en publiant son beau Traité de
Paléontologie végétale, a voulu répondre à ce besoin; mais
ce traité est volumineux; il est en outre d'un prix relativement
(I) Un vol. in-8», de H 8 pages, avec i planches et 102 figures interca-
lées dans le texte; Edinhurgh, 1872.
( iiô)
élevé, ce qui fait qu'il y avait place pour un manuel élémen-
taire destiné à renseignement. M. Balfour a fait prendre cette
place par son petit traité.
Dans son Introduction à Tétudc de la paléontologie bota-
nique, M. Balfour traite, dans une suite de paragraphes, de la
détermination des plantes fossiles, de leurs divers modes de
conservation, de leur structure, des roches fossilifères, des
classes auxquelles appartiennent les plantes fossiles; puis il
passe en revue la flore des diverses époques géologiques, et il
termine par une récapitulation succincte des points principaux
concernant les végétaux fossiles. A la suite de cette récapitu-
lation, se trouve le catalogue des ouvrages les plus utiles à
consulter pour étudier la paléontologie végétale.
Dans les chapitres consacrés aux flores anciennes, Taulcur
ne donne pas la description des espèces, ce qui du reste ne
pouvait se faire dans un manuel, mais il entre dans des
détails suflîsamment étendus pour qu'on puisse apprécier le
caractère de chaque flore ; il nous y montre les différences
ou les ressemblances qui existent entre les groiTpes anciens
et les groupes encore vivants.
Les figures intercalées dans le texte permettent au commen-
çant de se faire promptement une idée des caractères et du
faciès des genres les plus richement représentés dans les
flores anciennes.
Nous sommes convaincu que le petit traité de M. Balfour
deviendra classique et qu'il sera bien accueilli non-seulement
des étudiants, mais des professeurs et des spécialistes.
( tu )
De quelques Juncus à feuilles cloisonnées et en particulier
des J. LAGENARius et FoNTANESii Gay et du J. striatus
Schsb., par J. Duval-JouveO).
Dans ce nouveau mémoire, M. Duval-Jouve poursuit ses
études sur les Glumacées en employant, pour la distinction
des espèces, les caractères fournis par la structure anato-
mique des tissus. La première partie de son travail concerne
les Juncus lagenarius Gay et J. striatus Schsb., dont Thistoire
est exposée avec beaucoup de clarté et d*érudition. Les
recherches auxquelles s'est livré Fauteur lui ont démontré
que le 7. lagenarius n'a été fondé que sur une déformation
du J. Fontanesil Gay, due à la présence d'un insecte dans la
capsule.
Un paragraphe est consacré à l'étude des stolons et des
rhizomes au moyen desquels se propagent les Juncus vivaces
h feuilles cloisonnées. Au sujet des rhizomes, nous croyons
devoir reproduire textuellement une observation d'un grand
intérêt :
« Ce qui a été attribué aux rhizomes comme caractère général, savoir :
que, « en raison de leur structure anatomique », ils sont de la nature
des tiges, n^est pas entièrement confirmé par la structure des rhizomes
des Joncs et des Graminées ; car ces rhizomes, bien que portant des
écailles ou expansions foliacées, n^ont point Torganisation de leurs
tiges, mais bien plutôt, par leurs deux zones concentriques, celle des
racines des Palmiers et autres Monocotylédones, décrite par plusieurs
auteurs. De plus, les rhizomes des Juncus que j*ai pu examiner n^ont
point de cloisons transversales vers le point où naît une feuille-écaille;
et, en cela, leur structure ressemble plus à celle des extrémités des
rhizomes de VArundo Donax qu'à celle des rhizomes de la plupart des
Graminées. »
(1) In-io, de iO pages, avec 2 planches; Paris, 1872. (Extrait de la
Revue des Sciences naturelles, Septembre 1872.)
(145)
Le dernier paragraphe se compose d'un tableau synoptique
des espèces françaises appartenant aux Juncus vivaces à
feuilles cloisonnées. Nous allons en reproduire ce qui concerne
nos espèces belges.
A. Se propageant par stolons.
J. svpinusMônch Enum. Hess., 296, tab. 3 (1777).
a. Tiges jeunes non stolonifèrcs , un peu gazonnantes, étalées.
o Cuimo ereeto bumiliore » Willd. ^ J. supinus Mônch.
p. Tiges décombantes, radicantes et prolifères. « CuImo folioso
repente, ad florum glomcrulos proiifcro. » ^ «/. uliginosus Roth
Teni. fl. germ.y !I, 405-^06.
y. Tiges allongées et flottantes. = J. fluitans Lmk Dici, Enc, III, 270.
S. Six étamines; capsule plus courte, plus ventrue, subdéprimée au
sommet. = /. nigritellus Koch Syn.j éd. 1, 730 (non Don),
ramené par Tauteur au J. supinus (Syn., éd. 3, 634).
Chaque forme varie à glomérules petits et gros.
B. Se propageant par rhizomes.
J. lampocarpos Ehrh. (*).
a. Glomérules nombreux et petits; forme la plus ordinaire.
/S. Glomérules peu nombreux et très-gros. = /. tricephalos Gay in
Lab. Mon. Jonc, 'ii\J. macrocephalus Viv. Diagn. Cors., 5;
Boreau 1»* Not. Cors., 9.
y. Tiges coucbécs et radicantes. C'est à cette forme que Laharpe,
loc. cit., 37, rapporte le J. repens DC. FL Fr., Vï, 308; rame-
nant à tort le J. repens Req. de Pherbier de Gay au J. acutiflo-
rus Ebrh.
8. Forme un peu fluitante. = Var. fluitans Rocb Syn., éd. 3, 633,
à laquelle M. Duby {Bot. Gall., il!) rapporte à tort le /. hete-
rophyllus Duf.
(1) £brbart a écrit /. lampocarpos, et comme ce nom est étymologique-
ment correct, en doit, selon M. Duval-Jouve, Tadopter au lieu de /. lam-
provarpvs employé par beaucoup d^auteurs récents.
( 14G )
J. acutiflorus Ehrh.(^).
a. Ânthèle assez dense, brune.
fi, Ânthèle dense, brune, à glomérules plus gros; capsules à bec
moins long. = J. breviroslris Nées ab Es. in Bluff Comp. fl.
germ., éd. 1 , 88i.
y. Anthèle très-diffuse, pâle et presque verte. := Var. pallescens
Roch.
/. alpinus Vill.
a. Anthèle diffuse ; glomérules petits et noirs. = J. fusco-ater
Schreb.; J. airatus Hoppe; /. alpestri» Hartm.
/S. Anthèle réduite. = J. nodutosus Wahinbg.
y. Glomérules pâles. ^ J. rariflortis Hartm.
J. obiusiflorus Ehrh.
a. Anthèle très-diffuse, à rameaux réfractés ; glomérules petits et
nombreux.
/3. Anthèle resserrée, k rameaux dressés; glomérules gros et peu
nombreux.
Les variations parallèles de ces divers types font faire à
M. Duval-Jouve les réflexions suivantes :
u Ou bien il faut ériger en autant d^espèces chacune des variations
présentées parallèlement par ces types qui conservent au-dessous d'elles
une organisation identique; ou bien il faut admettre que, avec la
persistance de cette organisation fondamentale, il y a pour chaque type
possibilité de subir des variations extérieures, variations qui se repro-
duisent parallèlement et à peu près les mêmes sur chacun d'eux, parce
que les combinaisons des conditions extérieures, doivent aussi, dans
une même période, se reproduire à peu près les mêmes et amener
ainsi sur des types congénères des modifications parallèles. A notre
avis, l'hésitation n'est pas possible. Mais, les pièces du procès étant
réunies, il appartient aux compétents de les examiner, de les apprécier
et de se prononcer. »
(i) M. Duval-Jouve croit qu*on doit hbandonner le nom de J. sylvaiicus
Reich. souvent appliqué au J. acutiflorus, parce que le type de Reichard
est obscur.
( 147 )
Malgré la longueur des extraits faits au mémoire de
M. Duval-Jouve, nous croyons devoir encore lui emprunter
quelques réflexions extrêmement judicieuses sur Tabsence de
figures de certaines espèces. Après avoir rappelé les figures
représentant les espèces françaises appartenant à la section
des Junçus vivaces à feuilles cloisonnées, cet auteur dit :
« Comme on le voit, les figures sont peu nombreuses, dispersées dans
des ouvrages peu répandus et quelquefois même erronées. Celles de
Hostf si souvent admirables, sont ici trop imparfaites pour avoir la
moindre autorité; et enfin, si nous avons quelques figures pour les
es|)èces les mieux connues, nous en manquons absolument pour les
espèces nouvelles ou litigieuses. Or, à mon avis, la publication d*une
espèce, non appuyée d*une figure, ofiire de tels inconvénients, engendre
tant de discussions inutiles et fatigantes, fait perdre tant de temps aux
botanistes et tant de crédit à la botanique, que je voudrais qu^on pût
s'accorder pour que nul nom spécifique nouveau ne fût admis dorénavant
à avoir cours et droit de priorité, s'il n'était accompagné d'une figure.
Je sais bien que cette exigence paraîtrait exagérée; et pourtant elle ne
Test pas, si Ton tient compte de la facilité que présente aujourd'hui sa
réalisation avec les recueils scientifiques existant sur tous les points et
le bon marché de la lithographie; mais, la réalisation en fut-elle dix fois
plus difficile, que je maintiendrais encore ce que j'en dis, au moins
comme expression de la répugnance que me causent et les discussions
oiseuses et les instants employés à se demander, sans solution possible,
si c'est bien là la plante d'un tel auteur. Le temps qu'on perd à se
contredire et l'argent qu'on dépense à demander des renseignements
auraient suffi dix fois pour publier un bon dessin, ou pour l'acheter s'il
était publié. »
11 est incontestable que si la mesure proposée par 31. Duval-
Jouve pouvait être prise, ce qui malheureusement est impos-
sible, la science en retirerait grand profit. Si on était forcé
de dessiner ou de faire dessiner toutes les formes nouvelles
proposées comme espèces, on se montrerait plus prudent, plus
circonspect, en fait de spécification. On ne verrait probable-
ment point nos catalogues d'espèces se gonfler incessamment
( 148 )
d'une foule de prétendus types spécifiques établis sur des
caractères souvent obscurs et à peine perceptibles. Les Sociétés
scientifiques et les éditeurs de recueils, avant d'accepter la
publication de nouveautés et de faire la dépense de gravure,
soumettraient les espèces dites nouvelles à un examen sévère
et rejeteraient celles dont les caractères ne paraissent pas
suflBsamment tranchés.
Le Jardin d'Essai d'Alger, par J. Chalon(l).
Notre confrère, M. Cbalon, dans un récent voyage fait dans
le midi de TEurope et dans le nord de l'Afrique, a recueilli
de nombreuses notes sur le caractère de la végétation de ces
contrées. Sous le titre qui précède, il a réuni toutes celles qui
concernent le Jardin d'Essai ou du Hamma, situé aux portes
d'Alger. Il nous fait, de ce magnifique Jardin, une description
colorée et vivante, dont la lecture est fort attachante. Il a vu
les choses non-seulement en botaniste instruit, mais aussi en
touriste sensible au beau et au pittoresque. Nous voudrions
pouvoir donner une idée des splendides cultures de ce Jardin,
signaler les plantes remarquables qui y sont introduites, mais
nous devrions alors reproduire presque en entier la notice de
M. Chalon, chose impossible : nous ne pouvons donc que
renvoyer nos confrères au travail du botaniste-voyageur.
(1) In-8o, de 31 pages ; Gand, 1872. (Extrait de La Belgique horticole, IS7%)
( U9 )
Sur une espèce spéciale de tubes existant dans le tronc du
Sureau (Sambucis nigra L.) et pris jusqu'ici pour un
Champignon (Rhizomorpha parallela Roberge), par
C.-A.-J,-A. Oudemans (*).
Les recherches morphologiques, organogénétiques et chi-
miques auxquelles M. Oudemans a soumis le Rhizomorpha
parallela lui ont fait reconnaître, dans ce prétendu Cham-
pignon, un élément anatomique de la moelle et de Técorce du
Sureau. Voici textuellement les conclusions auxquelles il est
arrivé : c Que les stries brunes à la surface de la moelle et
c dans récorce du Sureau n'appartiennent pas aux Champl-
t gnons, ni par conséquent au genre Rhizomorpha, mais que
c ce sont des tubes ou vaisseaux, provenant toujours d*une
c série verticale de cellules et offrant les particularités sui-
c vantes : i*^ qu'ils sont oblitérés aux points où se montraient
< primitivement des cloisons horizontales, et 2** que leur
< paroi se compose de deux couches ou tuniques, dont
c rinterne, en connexion lâche avec l'externe, doit être
c rangée sous la rubrique générale c cellulose, > mais se
« distingue de toutes les modifications connues de cette
« matière par une série de propriétés spéciales, surtout en
< ce qui concerne la faculté de se gonfler et de se contracter, i
Beitràge zur Flora der Pfalz, von Dr F.-W. Sehultz(2).
Le Dr Scbultz continue toujours avec un zèle que l'âge ne
ralentit pas ses recherches botaniques dans le Palatinat,
(1) In-8o, de 20 pages, avec 1 planche. (Extrait des Archives Néerlan-
daises, tome VU, 1872.)
(2) In-8o, de 83 pages j Regensburg, 1871-72. (Extrait du Flora, 1871-72.)
( 130 )
contrée dont il a publié une excellente Flore. Cet ouvrage a
déjà reçu plusieurs suppléments importants qui ont été ana-
lysés dans notre Bulletin. Les additions, dont le titre précède,
renferment de nombreuses indications de localités, des notes
phytograpbiques et synonymiques. Le grand nombre d'objets
traités ne permet pas d'entrer dans une analyse détaillée du
nouveau travail de notre savant confrère.
A propos de quelques Hieracium du Palatinat, il décrit
une nouvelle espèce appartenant à ce genre et découverte par
M. Fritze dans les Riesengebirge (H. Fritzei).
Abhandlungen hn^ausgegeben vom naturwissenschaftlicheu
Vereine zu Bremen, — III Bd. II Heft (1872).
Voici quels sont les principaux articles contenus dans cette
livraison.
Ueber die Uaide. — Beoimchtungen und Folgerungen^ von Dr Bernard
Borggrcve.
Veber die Einwirkung des Slurmes auf die Bnumvegetation, von Dr B.
Borggrevc.
Einige ûcinerkungcn ûber Wald und Uaide, von Dr W.-O. Focke.
i'fber dos Vot^kommen von Lithium im P/lanzenreiche, von Dr W.-O.
Focke.
Viola hirla X odorata, von Dr W.-O. Focke.
Benwrkungen ûber die Flora ton Fûntcnau, von Dr Franz Buchcnau.
Zwei neue Juncxiê- Arien uus drm Himalaya vnd eine mcrkwûrdige
Bildungê-Ahweichung im Blûthenslande der einen Art, bescbrcibcu
von Dr Franz Buchensu.
Les deux espèces nouvelles décrites dans ce dernier article
sont : Juncus ochracevs et /. Griscbachii,
( 151 )
BuUetla de la Société d'études scientifiques d'Angers. —
Première année, 1871.
L'année dernière, six jeunes naturalistes se sont réunis à
Angers dans Fintention de fonder une Société scientifique, où
chaque membre conservera sa liberté d'action, repoussant toute
pression extérieure et ne subissant aucune sorte d'influence.
La jeunesse studieuse d'Angers a répondu à l'appel qui lui a
été fait par MM. Bouvet, Iluttemin, Millet, Mareau et Préaubert,
et, des la même année, la Société était constituée avec un
nombre respectable d'adhérents. Les séances , qui ont lieu
deux fois par mois, ont été remplies par des communications
fort intéressantes et par des discussions sur les sujets les plus
élevés des sciences naturelles.
L'esprit de liberté et de libre examen qui anime la jeune
Société d'études scientifiques présage les plus heureux fruits
pour l'avenir.
La botanique tient une large part dans les diseussions et les
travaux de la Société, qui a nommé, pour son Président
d'honneur, un botaniste de grande réputation, M. Boreau,
directeur du Jardin botanique d'Angers.
Mittheilungen aus dem Gesammtgebicte der Botanik,
herausgegeben von Prof. Dr A. Schenk und Dr Chr.
Luerssen. — Fasc. I et II, Leipzig, 1871.
Ce nouveau recueil botanique débute par deux mémoires
d'un grand intérêt. Le premier, intitulé : Zur Entwickelungs-
geschichte der Andreaeaceeti, est de M. Emil Kûhn; le second
intitulé : Filices Graeffeanae, — Beitrag zur Kenntniss der
( '32 )
Farnflora der Viti-, Samoa-, Tonga- xmd Ellice's Insein, est
du Dr Chr. Luerssen. L'un et l'autre sont accompagnes de
belles planches lithographiées.
Statistica botanica délia Toscana ossia saggio di studi
aulla distribuzione geographica délie piante toscane, per
Teodoro CarueKO.
Personne n'était mieux à même que M. Caruel de traiter la
géographie botanique de la Toscane. Cette belle contrée de
l'Italie a fait depuis longtemps l'objet de ses recherches bota^
niques, recherches qui nous ont valu le Prodromo délia Flora
Toscana (1860-64).
Le chapitre premier traite de la topographie, de l'orogra-
phie, de l'hydrographie, de la minéralogie, de la géologie
et de la météorologie de la Toscane.
Le chapitre II est consacré aux botanistes qui ont étudié
la flore de cette province. Parmi ces botanistes, on compte
beaucoup de savants de grande réputation.
Le chapitre III nous donne un aperçu du caractère général
de la flore de Toscane, qui y est comparée avec la flore de
l'Italie et avec celle de l'Europe. La flore de Toscane compte :
i^ pour les plantes phanérogames, 125 familles, représentées
par 725 genres et 2566 espèces; 2^ pour les cryptogames
vasculaires, 5 familles, représentées par 25 genres et
56 espèces. D'après la Flora Jtalica de Bertoloni, la flore
entière de l'Italie compte : i** pour les phanérogames,
129 familles, représentées par 805 genres et 4227 espèces;
(1) Un vol. in-8®, de 374 pages, avec i planche j Firenze, 1871.
( 153 )
^2** pour les cryptogames vasculaircs, 5 familles, représentées
par 27 genres et 80 espèces. Chose bien curieuse pour une
contrée aussi restreinte, la flore de Toscane comprend 32 ou
54 espèces qui lui sont tout à fait propres et 51 ou 55 espèces
qu'on n'observe pas dans les autres parties de l'Italie. Des
statistiques dressées par l'auteur, on peut en tirer la conclusion
que la flore de Toscane est extrêmement riche en espèces.
Le chapitre IV est consacré aux régions botaniques, qui
sont établies par M. Caruel d'après l'altitude. Ces régions sont
au nombre de cinq : des Maremmes, champêtre, sous-mon-
tagneuse, montagneuse et alpestre. Des tableaux ingénieuse-
ment dressés indiquent quelles sont les espèces communes ou
propres à ces diverses régions et quelle est la proportion des
genres et des espèces que chacune d'elles possède.
Dans les chapitres V, VI, VII, VIII et IX, chaque région
botanique est traitée avec beaucoup de développements. Dans
le chapitre consacré à la région champêtre, se trouve un
• calendrier de Flore très-détaillé.
Le chapitre X traite de la flore des gabbri de la Toscane. On
désigne sous le nom de gabbri des roches éruptives qui,
au contact des roches sédimentaires, ont été profondément
modifiées. L'épilhète de gabbri leur a été donnée parce que
ces roches forment une colline dans le pays de Gabbro, près
de Livourne. Ces gabbri nourrissent plusieurs espèces ou
variétés particulières.
Enfin le dernier chapitre concerne les modifications que la
flore de Toscane a éprouvées depuis les siècles derniers, par
la disparition d'espèces indigènes ou par l'apparition d'espèces
introduites.
A moins d'entrer dans des détails nombreux en faisant de
la géographie botanique comparée, nous devons nous borner
à ne donner qu'une sorte de table des matières de l'ouvrage
( 154 )
de M. Caruel. Cet ouvrage, fruit de recherches longues et
consciencieuses, tant dans la nature que dans la riche littéra-
ture botanique de la Toscane, sera consulté avec grand profit
par tous ceux qui élodient la géographie botanique ; il vient
se ranger à côté des excellents travaux de MM. Watson, Moore
et More sur la géographie botanique des Iles Britanniques.
Niiovo giornale botanico ilaliano.
Ainsi que nous Tavons déjà annoncé, cet excellent recueil
est, depuis le départ de M. Beccari pour la Nouvelle Guinée,
publié par M. Caruel. Sous la direction de l'habile professeur
de Pise, ce recueil n'a rien perdu de son intérêt et de sa
valeur scientifique. Le dernier numéro, qui a paru en juillet
dernier, renferme les articles suivants :
Passerini (G.). — Funghi Parmensi. (Suite.)
Caruel (T.). — Illustrazione di una Rubiacea dcl génère Myrmecodia.
(Avec une planche double.)
-^ Biographia di Pictro Savi. (Avec un portrait.)
II viaggio dcl Dott. Beccari alla Nuova Guinea. (Lettre
datée de Wahai adressée à M. Caruel par M. Beccari.)
Saccardo (P.-A ) — Florula spontanea horti botanici Patavini.
Di una nuova classazione dellc Crittogtme proposta dal
Prof. Cohn.
Cesati (V.). — Note giuslificative délia sinonimia per le Monoclamidee
dcl « Compendio délia flora italiana. »
Le numéro se termine par des articles bibliographiques et
des nouvelles.
( 1^5)
Bulletin de la Société royale Linnéenne de Bruxelles,
Le Conseil d'administration de la Société rovalc Linnéenne
a eu une inspiration très-heureuse en décidant la publication
d'un Bulletin, qui viendra, sans aucun doute, imprimer plus
d'activité encore aux travaux de celte Société. De belles expo-
sitions horticoles, agricoles et botaniques, des conférences
sur des sujets touchnnt a Thorticulture, à la botanique et à
Tagriculture, et des excursions scientifiques dirigées par des
spécialistes instruits, ont donné à cette Société une importance
incontestable; mais il lui manquait un organe de publicité.
Le Bulletin a fait disparaître ce desideratum. C'est M. le
professeur L. Pire qui est le rédacteur en chef de cette
nouvelle publication, et le comité de rédaction se compose
de MM. Muller, Barbanson, Vanneck, Janssens, C. Bernard,
Carron, E. Bernard, Van Campenhout et De Middeleer. Une
livraison, composée d'une feuille d'impression, parait tous les
deux mois.
La première livraison débute par un excellent article de
chimie agricole rédigé par M. le capit*iine Ronday. Cet article
est suivi d'une intéressante notice sur les forets par M. Pire,
d'une note de M. Barbanson sur : Les phosphates azotés, d'un
article, accompagné de figures, sur une nouvelle méthode de
cultiver l'asperge, par M. Spruyt, d'une note sur la multipli-
cation des plantes de parterres, par M. Louis, du compte •
rendu d'une herborisation, par M. Carron.
Dans la 2" livraison, les articles de MM. Ronday et Pire
sont continués; M. Janssens y donne une note sur la culture
des Auricules; M. A. Preudhomme de Borre y commence la
traduction d'un ouvrage allemand de M. J. Kunstler sur les
insectes nuisibles aux plantes cultivées. Cette livraison se
( 156 )
termine par le compte-rendu d*uue excursion de la Société,
par M. Bernard.
Outre la suite des articles de MM. Ronday et Pire, la
5* livraison renferme : Des Marantacées, par Aug. Devenster;
Du Rosier, par Louis Dekerck.
Nous ne doutons aucunement que sous l'impulsion des
membres du Comité de rédaction, le Bulletin de la Société
royale Linnéenne ne prenne bientôt plus de développement
et paraisse tous les mois.
Ajoutons que l'exécution typographique de ce nouveau
recueil ne laisse rien à désirer.
Die Salicornien der deutschen Nordseckûste, von Prof.
Fr. Buchenau und Dr W.-O. Focke(i).
Dans cette notice, les auteurs, mettant à profit les récentes
études de MM. Du Mortier et Duval-Jouve sur les Salicorniay
examinent les espèces de ce genre croissant en Allemagne le
long de la mer du Nord. Ces espèces sont : 5. patula Duval-
Jouve, 5. procumbens Sm., S, stricta Dmrt. De nombreux
détails de synonymie et de phytographie rendent cette note
fort intéressante.
(1) In-8®, de 15 pages. (Extrait des Abhandlungen herausgegeben vom
natw^wissenschaftlichen Vereine zu Bremen, i872.)
( 1S7)
iMËLANGES.
Les llniclnées des anciennes taorblères de
Belgiqae. — Dans des fragments de tourbes provcuiant des
tourbières du littoral que le Musée royal d'bistoire naturelle a
communiques à M. Gravet, ce bryologue distingué y a reconnu
l'existence des Hypnum giganteum Sch., Camptothecium nitem
Sch. et Sphagnum cymbifolium Ëhrh. Ces trois espèces
végètent encore de nos jours en Belgique. On sait que les
tourbières du littoral, recouvertes par les dépôts assez puissants
de l'argile bleue d'Ostende, remontent à une assez haute anti-
quité et alors que le Pinus sylvestris existait encore à l'état
indigène en Belgique. — M. l'ingénieur Cornet a découvert,
dans les terrains quaternaires de La Louvière (Hainaut), une
Mousse formant plusieurs minces couches recouvertes par
5 à 6 mètres de limon de l'âge du Mammouth {Elephas primi-
genius» A cette Mousse, se trouvaient associées des coquilles
appartenant aux genres Cyclas, Lymnea et Planorbis. M. Gravet
a reconnu dans cette Mousse YHypnum Sendtneri Sch., espèce
vivant encore aujourd'hui en Belgique dans les marais de la
région jurassique et qui se rencontre sporadiquement dans la
région ardennaise.
Nos tourbières anciennes réclament encore leur histoire
sous les rapports botanique, entomologique et malacologique.
Il est à souhaiter que l'un de nos confrères entreprenne
bientôt l'étude des restes végétaux ensevelis dans les dépôts
tourbeux du littoral et de l'intérieur du pays. Les résultats de
cette étude seraient fort intéressants au point de vue de )a
géographie botanique.
Expérienees de cnltnre an Jardin b#taiili|ae
de Brnxellea. — Sous l'inspiration de M. Du Mortier,
13
(188)
président du Conseil d'administration du Jardin botanique de
l'Etat, MM. Marchai et Gogniaux, aides-naturalistes dans cet
établissement scientifique, vont commencer une série d*expé-
riences de culture sur les formes de certains genres & espèces
litigieuses. Ils débuteront par les formes appartenant aux
Hieracium de la flore de Belgique. Il est à peu près
superflu de faire ressortir l'intérêt qui se rattache à ce genre
d'expériences. Tous ceux qui connaissent les besoins de la
phytographie ou qui étudient sérieusement l'espèce en général
comprendront l'importance des résultats qui peuvent être
obtenus d'expériences culturales faites avec soin et intelligence.
NOUVELLES.
— Le 13 octobre dernier, un grand nombre de botanistes s^étaient
réunis dans la salle des herbiers au Jardin botanique de Bruxelles, pour
offrir à M. Du Mortier un album renfermant les portraits des membres de
la Société royale de Botanique de Belgique. Cet album, véritable œuvre
d^art, a été remis à M. le Président de la Société comme un témoignage
d^estime et de reconnaissance de la part des botanistes belges. Dans un
discours prononcé en cette circonstance, M. Morren a été Tintcrprète de
ses confrères en faisant ressortir les services que M. Du Mortier a rendus
à la science et à la Société, dont il est le Président depuis sa fondation.
Ajoutons que la commission qui s^était constituée pour recueillir les
souscriptions à Talbum se composait de MM. Morren, Muller et Doucet, et
que c^est M. Morren qui a inspiré et dirigé les artistes qui ont confectionné
Talbum.
— Au mois de mai dernier, M. Decaisne, professeur au Jardin des plantes
de Paris, et M. Parlatore, directeur du Musée botanique de Florence, ont
assisté aux fêtes qui ont eu lieu à Toccasion du Centenaire de TAcadémie
royale de Belgique. Ces deux savants botanistes ont profité de leur séjour
à Bruxelles pour visiter les riches collections du Jardin botanique.
— Au mois d^août, le même Jardin a été visité par deux botanistes
français, MM. le marquis de Vibraye et Franchet. Le premier a promis
( <S9 )
(renrichir les collections du Jardin d*une riche série de fruits de
Conifères. On sait que ce savant naturaliste s*occupe depuis longtemps de
Pintroduction de Conifères exotiques dans les boisements du centre de la
France.
— Le Jardin botanique et le Musée royal d*histoire naturelle de
Bruxelles ont été visités, au mois de septembre, par M. le professeur
Caruel, de Pise. Ce botaniste venait de visiter les principaux Jardins bota-
niques de PAllemagne et il devait, en quittant la Belgique, voir ceux de
Hollande et d^Angleterre.
— M. Tabbé Puissant, professeur, h Troy, a été revenu quelques
semaines en Belgique. Il a rapporté, à plusieurs de ses anciens confrères
de la Société royale de Botanique de Belgique, un beau choix de plantes de
rÉtat de New-York.
— M. Franchet est en ce moment occupé d^un travail important sur la
flore du Japon.
— On nous annonce que le deuxième volume du Flora Orientalis de
M. Boissicr ne tardera pas de paraître.
— M. l^abbé Boulay vient de publier son importante Flore bryologique
de l'Est.
— M. le professeur Julius Sachs prépare une 3« édition de son Lehrbuch
der Botanik et une 2« édition de son Experimentalphysiologie,
— Le 2" fascicule des Bieracia Scandinaviae Exsiccata de M. C.-J.
Lindeberg vient de paraître. Il renferme SO espèces, dont 7 sont données
comme nouvelles. Le prix de ce fascicule est de 15 Rdr. On peut se procu-
rer cet exsiccata par Tintermédiaire de M. le professeur Lange, de
Copenhague.
— Notre confrère le Dr Schultz, de Wissembourg (Alsace), s^est associé
M. F. Winter, pour publier une nouvelle série de centuries de son
Herbarium normale. Ces botanistes comptent publier, en 8 ou 10 ans,
douze centuries. Il a paru au mois d*avril dernier trois centuries : 2 de
phanérogames et 1 de cryptogames. A plusieurs reprises, nous avons fait
ressortir les grands mérites des collections de plantes sèches de M. le Dr
Schultz, qui n^épargne rien pour rendre celles-ci parfaites, tant sous le
rapport de la préparation matérielle que sous le rapport scientifique.
Nous ne craignons pas de dire que ces collections sont admirables sous
ces deux rapports; aussi engageons>nous vivement nos confrères à y
( 160)
souscrire. Le prix est de 25 francs par centurie pour les souscripteurs à
la collection entière des 12 centuries. Le paiement se fait après réception
des fascicules, soit par un mandat sur la poste, soit par une traite sur une
bonne maison de banque de Paris.
^— M. Alfred Cogniaux est en ce moment occupé à préparer les plantes
recueillies dans son voyage dans les Pyrénées espagnoles. Il ne tardera
pas à en faire la distribution.
— M. C.-F. Austin a mis en vente, sous le titre de Muici Afipnlachiani,
une collection de Mousses desséchées recueillies dans TEtat de New-Jersey.
Cette collection renferme 450 espèces ou variétés et se vend 25 dollars.
S'adresser à Tauteur, à Clostcr (New-Jersey. — États-Unis).
— M. P. Reinsch, de Zweibrûken, annonce la publication d*une collec-
tion de Mousses desséchées de PAIlemagne et de la Suisse, sous le titre de :
Herbarium Muscorum frondoêorum Europne mediae.
— M. Paillot, de Besançon, annonce la continuation de VExnceata Billot.
— M. le Dr Fr. Schmitz a été nommé assistant au laboratoire botanique
de PUniversité de Strasbourg.
— M. le Dr G. Rraus a été nommé professeur de botanique et directeur
du Jardin botanique de Halle.
— M. le Dr Cohn, de professeur extraordinaire, a été nommé professeur
ordinaire à TUniversité de Breslau.
— M. le Dr Hofmeister a été appelé à remplacer Hugo von Mohl à
rUniversité de Tûbingen.
— MM. les Drs E. Pfitzer et J. Sachs ont été nommés professeurs de
botanique à TUniversité de Heidelberg.
— M. le Dr Rerner a été nommé professeur de botanique systématique
à rUniversité de Prague.
— M. le Dr Hegelmaier a été nommé professeur à PUniversité de Riei.
— M. le professeur Faivre a été nommé directeur du Jardin botanique
de Lyon.
— M. le Dr Strasburger, de professeur extraordinaire, a été nommé
professeur ordinaire à PUniversité d*Iéna.
— L'Institut de France a nommé, comme membres correspondants,
dans la section de botanique, M Planchon, de Montpellier, en remplace-
ment de Lecoq, et M. Weddel, en remplacement de Hugo von Mohl.
i
( 16i )
— M. le professeur De Notaris a été élu associé étranger de la Société
Linnéenne de Londres.
— M. G.-F. Reuter, directeur du Jardin botanique de Genève, est mort
le SS2 mai dernier.
— M. Robert-Creaser Kingston, aide à l^Herbier des Jardins royaux de
Kew, est mort le 21 juin, a l^âge de 25 ans.
— Le Dr G. -M. von Martens, auteur de la Flore du Wurtemberg, est
mort k Stuttgard, le 24 février, à Page de 8i ans.
— Le Dr M. -A. Curtis, cryptogamiste américain, est mort le 10 avril,
à rage de 6i ans.
— Le Dr G. Dolliner, Aoriste allemand, est mort le 16 avril deinier.
— M. Robert JVight , auteur d*ouvrages importants sur la flore de
rinde, est mort à Grazeley Lodge, près de Reading, le 26 mai, à Page de
76 ans.
— M. Mark-Jobn Mcken, directeur du Jardin botanique de Natal, est
mort le 20 avril, à l*Age de iS ans. C'est M. William Reit, de Dublin, qui
le remplace.
— M. Alphonse de Brébisson, bryologue bien connu et auteur d'une
excellente Flore de la Normandie, est mort à Falaise, le 26 avril, à Tâge de
74 ans.
— M. Andreas-S. Oersted, professeur de botanique à TUniversité de
Copenhague, est mort le 3 septembre, à Page de 56 ans.
— Artur Gris, aide-naturaliste au Muséum de Paris, est mort le 18 août,
à Page de 42 ans.
— M. le Dr Christener, de Berne, est mort tout récemment. Son herbier
a été acquis par M. Schuttleworth.
— Le Dr Hénon, botaniste distingué, est mort à Montpellier au m ois de
mars dernier.
— Le 11 décembre dernier, est mort à Vire (Calvados), M. René Lenor-
maod. Ce vénérable et savant botaniste était parvenu à un âge avancé.
— L'herbier et les instruments scientifiques du célèbre botaniste Hugo
von Mohl ont été donnés à l'Université de Tûbingen.
— L'herbier de Hoppe a été acquis par le Gymnase de Salzburg.
— M. le professeur Fée, qui a quitté Strasbourg pour s'établir à Nancy,
a cédé son herbier au Musée de Rio-Janeiro.
( 162 )
— LMierbier et la bibliothèque délaissés par le Dr Spring ne tarderont
pas à être mis en vente.
— Au printemps de 187i, doit avoir lieu à Florence une grande exposi-
tion internationale d'horticulture organisée par la Société d'horticulture
de Toscane, dont notre savant confrère M. Parlatore est le président.
A l'occasion de cette exposition, il y aura un congrès de botanique, dont
le programme sera rédigé par MM. Parlatore et Caruel.
— La Société vogéso-rhénane d'échange s'est reconstituée sous la
présidence de M. le professeur Becker, de Mulhouse. La cotisation
annuelle des membres est de 5 francs et chacun de ceux-ci, pour 6 espèces
recueillies à 50 échantillons, reçoivent 300 espèces.
— Il s'est fondé récemment à Barcelone une Société botanique (Societad
botanica Barcelonesa), dont le but est l'échange de plantes entre les
membres qui la composent.
— M. V.-F. Brolherus a fait, l'été passé, un voyage dans la Laponie
russe pour y récolter des Mousses et des Phanérogames qui sont offertes
en souscription. S'adressera M. Adalbert Geheeb, à Geisa (Saxe-Weimar).
— M. le Dr Herrich-Schâffer a, pour cause de santé, remis la direction
du Flora à M. le Dr Singer.
— Dans tome I8« du Bulletin de la Société botanique de France,
pages 190-i9i, M. le Dr Warion a publié le compte-rendu d'une herbori-
sation qu'il a faite dans la Campine lim bourgeoise, au mois de juillet 1871,
en compagnie de notre confrère M. Thiclens. — Dans le même tome,
pages 329-550, M. Pérard a publié une clef dichotomique du genre
Euphrasia qui sera bien utilisée par ceux de nos confrères qui
veulent distinguer les nombreuses formes démembrées de V Euphrasia
officinalis. — Le même photographe, dans le tome i7« du même Bulletin,
pages 331-347, a publié un travail très-détaillé sur les âlenlfia de la flore
française. Cette notice rendra les plus grands services à ceux qui cherchent
à déterminer les formes si nombreuses de ce genre.
— Notre confrère M. Lecoyer a fait, cette année, deux découvertes
précieuses aux environs de Wavre. G^est ainsi qu'il a découvert deux
pieds du rare Orehis Simia Lmk à la lisière du bois des Templiers à
Wavre, qu'il a constaté une très-riche habitation du Liparis Loeselii
Rich. dans les marécages de Pécrot. Ce même botaniste a observé, à
plusieurs reprises, le Planlago ramosa Gilib. dans la gare de Louvain.
( 163 )
— M. Gilbert, étudiant, à Louvain, a observé, dans le voisinage de
cette ville, un pied de VAsperugo procumbens L.
— Trois jeunes étudiants liégeois, MM. Henri Donckier, Emile et
Théophile Durand, ont communiqué, au Secrétariat des publications de
la Société, une liste des principales découvertes botaniques qu^ils ont
faites dans leurs nombreuses herborisations aux bords de la Meuse, de
rOurthe et de la Vesdre. Nous en extrayons les indications suivantes.
Silène anglica L. — Pelouse aride au-dessus de la gare de Ncs-
sonvaux.
Géranium prateme L. — Quelques rares pieds le long de la route
de Goffontaîne à Gornesse.
Vicia villosa Roth. — A la lisière et dans un champ de Vicia saliva
à Bouny (Romsée).
Salvia verticillata L. — Dos-Fanchon et île Moncin (vallée de la
Meuse).
Melittis meliisophyllum L. — Deux habitations près de Tilff.
Doronicum Pardalianches L. — Deux habitations bien fournies
dans un bois à Brialmont.
Ges zélés botanistes nous ont envoyé des exemplaires des Silène anglica,
Géranium pratense, Vicia villosa et Melittie melissophyllutn, pour être
déposés dans Pherbier de la Société.
— Notre confrère M. le Dr R. Ledeganck est allé passer quelques jours de
vacances, au mois de juillet dernier, à Poperinghe, pour étudier la végé-
tation de cette contrée, qui est restée inconnue sous le rapport botanique.
Parmi les espèces observées dont il nous a communiqué la liste, nous
voyons le Juncus tennis Mônch, trouvé à Poperinghe au lieu dit Groelgat-
Molen, VAmmophila arvnaria Link, trouvé dans le bois St-Sixte et le
Polygonaium verticillatum Ail., trouvé dans le bois de Gasthuis-Molen.
— M. Hardy a découvert en abondance. rOro6ii« niger L. dans d^épais
fourrés à Petit-Lanaye. G^est là une très-précieuse trouvaille et qui nous
permet de réintégrer cette rare espèce dans nos catalogues de la' flore
belge. Ge même botaniste nous annonce la découverte faite par un de ses
amis du Lythrum hytsopifolia L. à Tillesse, près de Nandrin.
— Notre confrère M. Fontaine, bourgmestre, à Papignies, a découvert,
au printemps dernier, a Brugelette, une riche habitation du très-rare
Poa buibosa L. Nous avons déposé des échantillons de cette Graminée
dans Therbier de la Société.
(164)
BIBLIOTHÈQUE.
ns faite à la Société.
De quelques Juncus à feuilles cloisonnées et en particulier
des Juncus lagenâruis et Fontanesu Gay et du J. stuixtus Schsb,,
par J. Duval-Jouve; Paris, 1872, in-4*», de 56 pages, avec 2 pi.
— Sur quelques tissus de Joncées, de Cypéracées et de Grami^
nées, par J. Duval-Jouve; Paris, 1872, în-8^, de 9 pages, avec
i pi. (De la part de Fauteur.)
Notes d'un Touriste. — Le Jardin d'Essai d'Alger, par
J, Ghalon; Gand, 1872, in-8'', de 51 pages. (De la part de
Fauteur.)
Relation de l'excursion faite par la Société Malacologique de
Belgique à Orp-le-Grand, Folx-les-Caves, Wansin et autres
localités voisines, par Armand Thielens, suivie de la descrip-
tion de deux espèces nouvelles, par H. Nyst; Bruxelles, 1872,
în-8", de 40 pages, avec 1 pi. (De la part de M. Thielens.)
Sur une espèce spéciale de tubes existant dans le tronc du
Sureau (Sâmbucus nigra L.) et pris jusqu'ici pour un Champi-
gnon (Rhizomorpha parallela Roberge)^ par G.-A.-J.-A. Oude-
mans; 1872, in-8% de 21 pages, avec 1 pi. (De la part de
Fauteur.)
ADDITIONS ET CORRECTIONS.
Page XVII, après la ligne 4, ajoutez : Fée (A.), ancien professeur, à
Nancy.
» xviii, > 22, » Verhandlungenderkaiserlich-
kôniglichen zoologisch-bota-
nischen Gesellscbafl inWien.
> 51, > 22, au lieu de n'> 9845, lisez : n» 9848.
» 127, > 24, J» debilis, » debilibus.
BULLETIN
DE LA
SOCIÉTÉ ROYALE DE BOTANIQUE
DE BELGIQUE.
■MMM
1872. —N^ 2.
Séance publique tenue dans les ruines de Casselburg
{Eifel), le 7 juillet 1872.
M. B.-C. Du Mortier, président.
M. J.-E. BoMMER, secrétaire général.
Sont présents : MM. Bodson, Burgers, Ghalon, G. de
Looz-Corswarem, Ch. Firket, Ed. Morren, F. Muller,
Pâques, Plateau, Petit, Schamberger, Tliielens, Weyers.
Le Secrétaire général donne lecture du procès-verbal
de la séance du 5 mai 1872. Ce procès-verbal est adopté.
Il fait ensuite l'analyse de la correspondance. Plusieurs
membres de la Société font savoir qu'ils regrettent vive-
ment de ne pouvoir assister à Texcursion.
L'ordre du jour appelle la lecture des travaux annoncés.
M. A. De Vos fait présenter les travaux suivants :
1° Comparaison entre la végétation des provinces de Namur
et de Liège. (Sont nommés commissaires : MM. Ghalon,
(jl66 )
Morren et Bellynck.) 2° Étude sur la naturalisation de
quelques végétaux exotiques à la Montagne St-Pierrè lez-
Maastricht. (Sont nommés commissaires : MM. Cogniaux^
Marchai et Hardy.)
M. A. Thielens annonce une suite à ses Petites obser-
vations sur quelques plantes nouvelles et rares de la flore
belge,
M. Ghalon présente une notice intitulée : Une visite aux
Châtaigniers de VEtna. (Sont nommés commissaires :
MM. Thielens, Muller et de Sélys-Lonchamps.)
M. Du Mortier annonce une Monographie des Junger-
mannes d'Europe. (Sont nommés commissaires ; MM. Mar-
chai, Delogne et Cogniaux.)
M. Morren demande la parole. Il donne lecture d'une
note sur la perforation de Pommes de terre par les rhizo-
mes du Chiendent.
M. Chalon communique la découverte qu'il a faite à
Lives de nombreux pieds de Cynoglossum montanum Lmk.
Dans les habitations déjà connues de cette espèce, on
n avait jusqu'ici constaté sa présence que par d'assez rares
échantillons.
M. Thielens émet une proposition d'échange de plantes
avec MM. Forster et Matewhs, botanistes du Canada.
M. Firket communique à la Société la découverte, faite
à Tilff, par M. Henri Donckier, du Melittis melissophyl-
lum L., que l'on croyait être disparu de cette localité.
M. Thielens demande la parole. Il voudrait que le
rapport de la présente excursion de la Société fut intitulé :
Exploration dans VEifel; il désire aussi que l'on y fasse
mention de tout ce qui a été trouvé en dehors même
( 167 ) .
du règne végétal. M. Weyers combat la proposition de
M. Thielens. M. Muller appuie Topinion de M. Weyers.
M. Weyers fait ressortir Tavantage de l'initiative qu'a
prise la Société en adressant des invitations aux Sociétés
MalacologiqueetEntomologique^ pour les engager à assister
à Texcursion. C'est selon lui un témoignage de bonne et
franche confraternité, dont il remercie vivement la Société
et son Président au nom des deux Sociétés susdites, dont
il est membre.
M. le Président expose quelques considérations sur la
spontanéité et la subspontanéilé des plantes.
M. Morren, envisageant ce sujet au point de vue de la
géographie botanique, engage, avec M. le Président, une
longue discussion.
MM. Chalon, Muller, Thielens et plusieurs autres mem-
bres de la Société prennent successivement la parole sur
le même sujet. Après de longs débats sur cette matière,
M. le Président déclare la discussion close.
Le Secrétaire général, n'ayant pu tenir note des opinions
émises dans une discussion aussi animée, demande que
tous les membres qui y ont pris part lui fassent un
résumé de leurs idées, qui lui permette de rédiger un
compte-rendu pour être inséré au présent procès- verbal.
Cette proposition, mise aux voix, n'est pas adoptée.
Quatre membres nouveaux sont reçus par le Conseil :
MM. Burgers, pharmacien, faubourg St-Léonard, à Liège.
Pâques, Erasme, pharmacien, rue de l'Université, à
Liège.
Plateau, professeur à l'Université de Gand.
Hannon, étudiant en médecine, chaussée de Wavre,
à Ixelles.
(168)
COMMUNICATIONS ET LECTURES
Notes d'un touriste, par Jean Chalon.
Une Yisite aux Châtaigniers de l'Etna.
Malgré sa position entre le 37* et le 38' degrés de
latitude et tout au centre de la Méditerranée, dont les
rivages constituent une des régions botaniques les plus
riches du globe, la Sicile possède une flore relativement
très-pauvre. Sans doute, le voyageur venant directement
de FEurope moyenne, transporté sans transition dans
quelque vallée fertile de cette île, sera tout d'abord émer-
veillé par l'exubérance de la végétation ; mais le botaniste
qui, comme nous, a déjà parcouru en herborisant l'Al-
gérie, le midi de l'Espagne, les côtes de la Provence et
ritalie, sera plutôt frappé par le cachet général d'aridité
imprimé à toute la contrée.
La cause principale, c'est le manque d'eau ; l'île est
.très-montagneuse ; les pentes sont rapides; quand la pluie
tombe, elle s'écoule rapidement et elle séjourne d'autant
moins à la surface du sol que les forêts, ces éponges,
ces réservoirs naturels, qui jouent un si grand rôle dans
Féconomie générale du globe, sont rares, et par une
incroyable incurie des insulaires, ou plutôt par une
coupable négligence du gouvernement, tendent encore
à diminuer de jour en jour. En gravissant les flancs de
l'Etna, on est douloureusement étonné de leur nudité;
à peine quelques maigres buissons remplacent les antiques
futaies, dont les plus vieux habitants gardent encore le
( 169 )
souvenir; à Nicolosi, petit village sur la route que les
touristes suivent d'ordinaire pour parvenir au sommet
du volcan, un vieillard nous disait que toute la contrée
était autrefois couverte de magnifiques forêts de Châ-
taigniers ; aujourd'hui, Ton rencontre seulement ceux
que Ton a replantés de loin en loin, et Ton pourrait les
compter sans peine. Non loin de là, est le village de
Tre Castagni, une appellation significative ; et cependant,
pas la moindre trace des arbres qui ont donné leur nom
à la bourgade ; c'est à peine un souvenir historique, car
il nous a été impossible d'apprendre, sur les lieux mêmes,
si ces trois Châtaigniers étaient remarquables par leur
taille ou par leur grosseur.
Il est certain que des forêts ombreuses de diverses
essences d'arbres, aussi touffues que les forêts vierges
du Brésil, s'étendaient encore vers le milieu du XVI'' siècle
depuis le sommet de la montagne jusqu'à la vallée de
Cantara;«le cardinal Bêmbo, qui a laissé des œuvres
écrites dans le latin le plus pur, s'extasie sur les belles
forêts de Platanes de l'Etna ; et enfin il résulte de docu-
ments authentiques, aussi bien que des traditions qui
se sont conservées dans les cabanes des pâtres, que lé
tiers du versant oriental de la montagne était encore boisé
il y a moins de cent ans.
Mais Phomme est arrivé avec sa cognée; les arbres
séculaires et les jeunes rejetons ont été impitoyablement
coupés, et les croupes des montagnes, comme des brebis
tondues, ont été exposées sans défense aux eaux du ciel ;
car la luxuriante végétation de Pteri$ aqutlina, qui appa-
raît drue et serrée après chaque défrichement, est loin de
suffire pour absorber les pluies. Puis certaines éruptions
du volcan, certaines coulées de lave, sont venues com-
( 170)
pléter Fœuvre de destruction; qu'on juge de leur puis-
sance : on cile de ces coulées, véritables fleuves de feu,
qui ont continué pendant plus d'une année leur marche
lente mais irrésistible, et qui ont transformé, sur une
étendue de trois ou quatre lieues, des campagnes fertiles
et des villages entiers en un désert d'une absolue stérilité.
De ces défrichements, tantôt inévitables, tantôt inintelli-
gents, mais défrichements quand même, qu'est-ii résulté?
Les pluies en Sicile sont rares, mais abondantes, et lors-
qu'elles tombent, ce sont de véritables cataractes. Il y a
d'abord la saison des pluies, correspondant à notre hiver de
neige et de glace, mais beaucoup plus courte, puisqu'elle ne
comprend guère que les mois de janvier et de février; puis
en été, ce sont les orages, terribles ordinairement, et termi-
nés par une averse redoutable. L'eau n'étant plus retenue
sur la terre par l'intermédiaire des forêts, s'écoule sur les
pentes abruptes des monts comme sur les ardoises d'un
toit, et forme en quelques minutes des torrents «dont la
puissance s'accroît avec une efl^rayanle rapidité. Les Sici-
liens nomment fiumares les lits de ces torrents; ils sont à
sec pendant la plus grande partie de l'année, car l'eau y
disparait aussi vite qu'elle y arrive. Rien de plus curieux à
voir que ces grands thalwegs desséchés, espèces de rivières
pétrifiées, dans le lit et sur le bord desquelles des touffes
rabougries de Lauriers roses attendent avec impatience la
pluie prochaine; les digues en sont hautes et fortes et le
chemin de fer les traverse sur des ponts immenses et
soHdes, tels qu'on en pourrait jeter sur un grand fleuve.
Mais vienne un orage : le monstre endormi se réveille, et
l'on comprend aisément ce luxe de précautions ; dés masses
d'une eau sale et bouillonnante se précipitent vers la mer,
entraînant des blocs de pierre énormes et des arbres déra-
(171 )
cinés; la crue est parfois tellement subite que des enfants
et des troupeaux entiers, n'ayant pu gravir les berges
à pic de la (iumare, ont trouvé la mort dans les flots du
torrent instantanément formé; dansée cas, il est néan-
moins probable que les neiges du sommet avaient été fon-
dues en grande masse par uneboufl*éede chaleur du volcan.
Nous ne parlons ici que des grandes fiumares, correspon-
dant à des vallées d'une certaine étendue; il en existe
aussi de plus petites, très-nombreuses, et naturellement
moins à craindre que les précédentes. Lapparition de
nouvelles fiumares, Taccroissement de celles existant déjà,
ont été les conséquences immédiates du déboisement, et
nous ne doutons pas qu'un certain nombre de plantes
némorales, alpestres même, car TEtna est une haute mon-
tagne (5515 m.) au sommet de laquelle la neige séjourne
pendant toute Tannée, n'aient à jamais disparu de File en
même temps que les forêts, leurs prolectrices. Quant à la
stérilité générale qui en est résultée pour les flancs de la
montagne, c'est un fait si naturel qu'il suffît de l'indiquer.
En raison même de cette pauvreté dans le tapis végétal,
les régions botaniques commandées par l'altitude sont
moins apparentes sur les flancs de l'Etna que sur tout
autre pic d'égale importance. Cependant on y reconnaît en
général trois zones : tout en bas, la zone des terres culti-
vées, des champs et des vignes, la plus riche naturelle-
ment en plantes de toute espèce et sur laquelle nous dirons
un mot tout à l'heure; au-dessus, les forêts; d'abord de
Chênes et de Châtaigniers (Quercus pubescens et Q. IleXy
Castanea vulgaris); plus haut, de Hêtres {Fagus sylvatica)
et de Bouleaux (Betula alba et B, aelnensis); plus haut
encore de Pins (Pinus sylvcstris)-, enfin la zone des laves,
où toute végétation tend à disparaître. C'est le désert,
( 172 )
d'un noir mat comme le velours, et faisant une profonde
impression sur le voyageur qui le traverse pour la pre-
mière fois. Dans quelques recoins où une mince couclie
d'humus a pu s'accumuler, s'élèvent encore des touffes
de verdure, mais le nombre d'espèces végétant au-dessus
de la région némorale ne dépasse guère la trentaine. Nous
avons particulièrement remarqué les plantes suivantes :
comme arbustes, plusieurs Juniperus et Berberis; comme
plante3 herbacées, les Viola gradlisy Saponaria depressa,
Astragalus siculus, Senecio aetnensis, Anthémis aetnensis,
Robertia taraxacoidcs, Tanacetum vulgaire. Les cinq der-
nières s'élèvent seules le plus haut, alors que toutes les
autres phanérogames ont depuis longtemps disparu ; le
Senecio se retrouve jusqu'au pied du cône, parmi les
rapilli où il se hâte de croître, avant qu'une bouffée de
la vapeur sulfureuse exhalée sans cesse par le volcan
vienne mettre fin à sa précaire existence. De toutes les
plantes herbacées, une seule appartient à notre flore; c'est
la Tanaisie. Nous avons trouvé ses touffes souffrantes et
rabougries; elles paraissent regretter nos terres d'alluvion,
où leur développement est si large et si rapide, et
croître avec peine dans les scories volcaniques. L'Astra-
gale, au contraire, est bien chez lui; ses grosses touffes
arrondies, presque globuleuses, ont souvent plus d'un
mètre de diamètre, mais elles ne portent de verdure et de
fleurs qu'à l'extrémité des rameaux ; le centre de la touffe
est occupé seulement par les liges nues. Les petites plan-
tes de la Robertie, avec leurs grandes et belles fleurs
jaunes, s'abritent volontiers dans le voisinage des Astra-
gales.
D'espèces alpines proprement dites, point. Les tapis
spongieux des Sphaignes font absolument défaut; les
( 173 )
Lichens sont rares et bien maigres, et 1 eau provenant de
la fonte lente de la neige disparait au fur et à mesure
dans les profondes crevasses de la lave. Combien les con-
ditions de la vie végétale sont autres sur les montagnes
élevées du continent, alors que Teau des pluies, de la rosée
ou de la fonte des neiges est retenue, d'abord par les
forêts, plus haut par la compacité du sol ^ compacité qui
permet aux Cryptogames d y élire un domicile stable, et
qui favorise ensuite le développement des végétaux
supérieurs.
Souvenir de nos excursions précédentes ou déductions
tirées de ces mêmes souvenirs, telles étaient les pensées
qui nous occupaient le 24 avril 1871, jour réservé exclu-
sivement pour une visite aux grands Châtaigniers de
TEtna. Au temps du cardinal Bembo, c'était sans doute
une grosse affaire qu'un voyage en Sicile ; aujourd'hui,
l'île se couvre peu à peu d'un réseau de chemins de fer et
l'on peut déjà la parcourir assez commodément. De Catane
ou de Messine, grâce à la voie ferrée qui relie maintenant
Messine à Syracuse, il est possible de faire en moins
d'une journée l'excursion des Châtaigniers, que nul tou-
riste, si peu botaniste qu'il fut, ne devrait négliger. En
effet, c'est une promenade agréable, peu fatigante, et qui
offre, sans compter les colosses végétaux qui en sont le
but principal, des points de vue nombreux et de splen-
dides panoramas.
Nous prenons donc à Catane le premier train qui doit
nous conduire à la gare de Giarre-Riposto; malheureu-
sement il est déjà près de huit heures du matin et le
soleil fait pressentir une chaude journée; il eut été pré-
férable de pouvoir partir à quatre heures, pour gravir les
pentes de la montagne avant la grande chaleur du jour.
(174)
Enfin! on se console en songeant qu*il fallait faire, il n'y
a pas bien longtemps, la route entière à pied ou à dos
de mulet.
Les trains ne marchent ou plutôt ne roulent guère
mieux en Sicile qu en Espagne, et ce n'est pas peu dire.
Si le voyageur pressé s'en impatiente, en revanche le
flâneur y trouvé un grand charme; les paysages de la
route et les menus détails des roches et des plantes peuvent
être vus sans peine; pour celui qu'emporte un express
anglais, au contraire, ce ne sont que des apparitions
instantanées entre deux nuages de poussière. Commodé-
ment assis dans notre compartiment, nous voyons ainsi
défiler sous nos yeux toute la flore sicilienne que nous
avons, il est vrai, appris à connaître déjà par de nom-
breuses herborisations. A en juger par les faits, la saison
végétale là-bas est en avance, sur la nôtre, d'environ
six semaines, et le 24 avril, en Sicile, correspond au
10 juin en Belgique; c'est, d'un côté comme de l'autre,
l'époque de l'année la plus riche en plantes fleuries. Les
Sureaux et les Robiniers avaient entièrement épanoui leurs
corolles, mêlant leurs acres parfums qu'aucune brise
n'emportait; le Froment était en épis, les champs d'Orge
jaunissaient et dans maints endroits on faisait déjà la
récolte du Lin.
En sortant de Catane, on traverse plusieurs grandes
coulées de lave, notamment celle de 1381 et plus loin
celle de 1329. Depuis des siècles que ces laves sont refroi-
dies, la vie a repris ses droits; de l'humus s'est accumulé
dans les crevasses et une végétation souvent luxuriante
s'y est installée ; citons au hasard quelques-unes des
espèces les plus abondantes.
Voici de grosses touffes de fleurs jaunes de deux nuan-
(175)
ces différentes : le Pastel {Isatis tinctoria), aux fleurs
du jaune d or le plus pur, et la Rue (Rula bracteosa et
R> graveolens), d'un jaune verdàtre, livide, qui, joint à
son odeur repoussante^ suffit pour la signaler comme
suspecte. Aux endroits les plus stériles, s'élèvent des
Euphorbes arborescentes, feuillées, d'un ou de deux mètres
de haut, et sur les pentes abruptes, sur les talus de roche
nue, s étalent les longues tiges des Ficoïdes; leurs fleurs
roses et jaunes, plus larges que la main, s'ouvrent par
milliers au soleil et brillent comme de la soie ou comme
un tissu de verre; dans leur riche floraison, ils constituent
sans contredit la plus belle de toutes les plantes siciliennes.
Souvent, dans nos serres, nous avons revu ces Ficoïdes,
mais pauvres, étriqués, souffrants, épanouissant à peine,
et encore d'une manière incomplète, une ou deux fleurs
amoindries : tristes exilés, ils semblaient, comme Mignon,
regretter le pays où fleurit l'Oranger.
Tout auprès, s'élève le Genêt de l'Etna, dont certains
pieds atteignent huit mètres de hauteur; sa forme ordi-
naire est globuleuse, et comme il est feuille jusqu'en bas
et très-rameux, rien n'est plus singulier que ces buissons
ou que ces arbres en forme de boule, tout couverts de
fleurs odorantes. A ses pieds, des Liserons (Convolvuhis
siculus) dont les fleurs simulent un large cornet du rose
le plus tendre, ne cherchent point à s'enrouler autour de
ses rameaux, mais se contentent modestement de
ramper sur le sol. Plus loin, ce sont des champs d'Aspho-
dèles; leurs grandes panicules commencent à perdre leur
parure et leurs pétales rosés tombent à mesure que gros-
sissent les fruits; il est étonnant que cette belle espèce,
d'une culture facile d'ailleurs, ne soit pas chez nous, à
titre de plante d'ornement, plus répandue qu'elle ne l'est,
( 176 )
Après les coulées de lave, où Ton cultive tout au plus
la Vigne dans quelques recoins privilégiés, la voie ferrée
traverse des terres fertiles, de grandes moissons de Fro-
ment, où quelques Coquelicots se mêlent à des milliers
de pieds de Glaïeuls et tranchent, par la vivacité de leur
coloris, sur le ton vineux de ces derniers; et des champs
de Lupins blancs et jaunes, excellent fourrage, au milieu
desquels des Orobanches de plus d'un mètre de haut éta-
lent leurs fleurs d'un blanc presque pur. Voici des haies
de Nopals, redoutable barrière que le lion lui-même, en
Afrique, hésite à franchir; quelques fruits, dits figues de
Barbarie, oubliés de la récolte précédente ou abandonnés
parce qu'ils étaient inabordables, surmontent encore leurs
énormes raquettes hérissées d'épines. Parfois de grands
carrés de terrain sont exclusivement occupés par ces
Cactées gigantesques; d'étroits sentiers, ménagés à coups
de hache, permettent de les parcourir; là se cultive la
Cochenille. L'Agave américain, qui dans tout le bassin de
la Méditerranée semble se trouver chez lui, prospère en
Sicile à merveille et partage avec le Nopal la faculté de
former des clôtures impénétrables; un certain nombre de
pieds ont fleuri l'an dernier, et leurs hampes gigantesques
s'élèvent desséchées, belles encore et gracieuses, comme
les candélabres antiques, auxquels leurs congénères doi-
vent avoir servi de modèle; d'autres se préparent à fleurir,
et du sein de leur rosette immense s'élance la jeune tige
toute succulente et semblable à une asperge de la grosseur
d'une cuisse d'homme. Agaves et Nopals, quels types
étranges et dont aucun analogue ne se retrouve chez nous !
Des touffes d'Asphodèles croissent aux alentours; nous
oublions que l'Etna forme le fond du tableau, et la pensée
nous reporte en Algérie, où de tels groupements se ren-
contrent à chaque pas.
( i77)
Mais il n'est pas que les plantes herbacées ou sous-
frutescentes qui attirent Tattention du botaniste placé au
milieu de cette végétation méridionale ; bien des arbres
méritent plus qu'un simple regard et sont dignes à coup
sûr dexciter son étonnement. Icî ce sont des Figuiers
comme nous n'en avons jamais vu ; leur tronc droit, haut
de plusieurs mètres, de 50 ou 60 centimètres de diamètre,
est surmonté d'une cime globuleuse toute feuillée et leur
port rappelle celui d'un arbre forestier. Plus loin, s'élèvent
d'antiques Caroubiers; des Amandiers séculaires, appar-
tenant à cette variété qui produit les plus grosses amandes
connues; des Oliviers, portant allègrement leur grand
âge et se préparant à fleurir; des Néfliers du Japon, dont
les feuilles ressemblent à celles du Châtaignier et dont les
fruits jaunes, pleins d'un suc aigrelet, sont fort agréables
dans les pays chauds. Plus loin encore, ce sont de grandes
plantations d'Orangers; les arbres, plus serrés que les
Pommiers dans les vergers d'Europe, souvent aussi gros
qu'eux, étaient chargés, au moment de notre passage, de
fleurs et de fruits ; le parfum délicieux des premières se
répandait au loin, mais ce n'est guère que le soir qu'il
atteint toute son intensité, après que les feux du jour en
ont favorisé la sécrétion. On achevait la récolte des fruits :
des hommes montés sur l'arbre cueillaient à la main ceux
qu'ils pouvaient atteindre et abattaient à coups de gaule
ceux qui étaient trop éloignés. Çà et là sur le sol, s'éle-
vaient des pyramides de pommes d'or. De loin, les Citron-
niers se reconnaissent à la forme plus irrégulière de leur
cime, à leur tournure plus débraillée, s'il est permis de
s'exprimer ainsi. Parmi ces Orangers, il en est de très-
gros, bien vieux assurément; cependant nous n'en avons
vu nulle part d'aussi beaux que dans un enclos auprès de
Cordoue.
(178 )
Mais voici à droite, au bord de la mer, le village de
Riposto; à gauche, au pied de la montagne, le bourg plus
considérable de Giarre ; le train s'arrête précisément entre
les deux ; nous somn^es arrivé ; descendons.
A peine sorti de Tenceinte protectrice de la gare, nous
nous voyons assailli par les cochers de fiacre, les porteurs
de bagages, les mendiants de toute espèce et pis encore ;
les offres de service, répétées avec une rare importunité,
ne manquent pas. Cuirassé, blindé même contre ces ten-
tatives mercantiles par notre séjour antérieur dans la
péninsule, et fort d*ailleurs de nos cartes routières, nous
traversons impassible la foule de ces braillards des deux
sexes, seul moyen de leur échapper ; si Ton a le malheur
de leur répondre, même par un refus, voilà la discussion
engagée et Ton ne s'en débarasse pas facilement. ^
Giarre est un grand village, d'une vingtaine de mille
âmes, presque une petite ville, n'était sa tournure dégin-
gandée. Deux longues rues le composent; Tune, perpen-
diculaire à la mer, conduit par une pente douce de la gare
vers la montagne; l'autre, plus importante, fait marteau
avec celle-ci. Avant d'aller plus loin, il s'agissait de
déjeûner; nous avisons la locanda qui nous parait la plus
confortable; nous entrons, et averti par l'expérience, nous
demandons des œufs. Point. Du laitage ? Impossible d'en
trouver. De guerre lasse, nous laissons à l'hôte toute son
initiative, une faiblesse hélas ! qui devait nous apprendre
une fois de plus, comme on va le voir, à nous méfier de
la cuisine sicilienne, atroce entre toutes les cuisines méri^
dionales. De la propreté, nous n'en parlerons pas ; il est
convenu que dans toutes ces auberges indigènes, décorées
des noms sonores d'albergo, traitoriay locanda, osteriay
dispaccio, etc., elle n'existe pas même à l'état de théorie ;
(179)
il est convenu qu'une femme se peigne habituellement
dans un coin de la salle à manger et que la vermine court
jusque sur la nappe. Que Ion nous pardonne ces détails
d'une couleur toule locale.
Après une demi-heure d'attente, Thôte nous apporte
un déjeuner dont voici le menu : 1° bouillon de poissons
avec macaroni, le tout assaisonné par une dose énorme
de safran; on voit bien que Ton se trouve dans le pays
où il croit; 2° les poissons bouillis, colorés en jaune
intense par le susdit safran, et un plat de macaroni;
S"" des morceaux d'une viande inconnue, frits à l'huile
quelque peu rance, et entourés de macaroni; après mûr
examen, nous reconnaissons avoir affaire aux lanières
coriaces taillées dans la cuisse d'une vieille bique. Il faut
avoir faim pour avaler ces mets par trop nationaux, et
bon estomac pour les digérer; heureusement, sous ce
double rapport, nous n'avions pas à nous plaindre.
Il est neuf heures et demie du matin; nous continuons
notre route droit vers la montagne ; il n'y a qu'un chemin ;
impossible de se tromper. Bientôt les dernières maisons
deGiarre sont derrière nous; nous traversons une grande
fiumare, et marchant toujours vers l'ouest, nous com-
mençons à gravir les premières pentes de l'Etna. Pendant
assez longtemps, la route monte entre deux murailles
construites en pierre de lave et qui bornent complète-
ment la vue; nous remarquons avec plaisir, entre les
fentes des pierres, la présence du Ceterach officinarum
en touffes magniGques. Les champs enclos par ces murs
de lave sont plantés de Vignes, et l'on voit de temps à
autre leurs pampres verts s'incliner, curieux, par dessus
les noirs blocs de la clôture. La chaleur est déjà acca-
blante : vingt-six degrés centigrades et pas un souffle de
brise.
( 180)
Un peu avant d'arriver an village de San Giovanni, la
vue s'ouvre tout à coup sur la gauche et l'on peut jouir
à l'aise d'un magnifique panorama de PEtna. Au-dessus
de la région cultivée et boisée, toute verdoyante, s'élève
la masse imposante des laves stériles ; la transition est
marquée par quelques taches d'un vert plus sombre,
qui ne sont autres que des forêts de Pins. Sur les flancs
de la grande montagne, flottent quelques nuages blancs,
en ceinture ; plus haut, brillent au soleil d'immenses
champs de neige ; plus haut encore, s'élève le cône vol-
canique, lançant dans les airs un immense panache de
fumée sulfureuse. Tout à gauche, on distingue parfaite-
ment les Monti rossi, double cône, formé pendant la
terrible éruption de 1669 5 plus près, et immédiatement
sous le cratère principal, l'immense Val del Bove ou
di Bue, cuve profonde d'une effrayante stérilité, et
dont les parois mouvantes sont formées par une couche
épaisse de scories et de cendres; enfin, plus près encore,
les cônes soulevés pendant l'éruption de 1865 ; ils exhalent
une acre fumée fauve, dont les volutes s'abattent lourde-
ment sur les pentes de la montagne. Coup d'œil imposant,
décor grandiose ! Que sont, auprès de ces tableaux de
la nature, les œuvres des hommes ?
Nous traversons le village de San Giovanni, sale et
repoussant comme tous les villages de l'Italie méridionale
et de la Sicile; sur la porte des cabanes, construites en
pierre de lave, les femmes se livrent, sur la tête de leurs
enfants, à des recherches d'une nature intime ; le porc,
animal domestique privilégié, se vautre non loin de lu
dans la fange du ruisseau. Partout la misère la plus sor-
dide, la plus repoussante, et l'on peut prévoir que la
paresse innée de ces lazzaroni la maintiendra longtemps
( «81 )
encore à 1 état de fléau chronique. Enfin, une heure et
demie après avoir quitte Giarre, nous arrivons à San Alfio,
c'est-à-dire bien près d'atteindre le but de notre excursion.
Ici nous prenons un guide qui nous sera une grande
économie de temps; nous faisons, comme à l'ordinaire,
nos conditions d'avance, mais, à notre grand étonnement,
il nous demande tout d'abord un prix fort raisonnable,
que nous acceptons sans être obligé de marchander ; de
plus, les gens du village sont polis et nullement impor-
tuns; chaque chose s'y paie sa valeur. Ce qui prouve
hélas! combien l'on visite peu les Châtaigniers; leurs
rares admirateurs n'ont point encore réussi à corrompre
la simplicité naturelle des habitants.
A partir de San Alfio, le chemin est des plus pittores-
ques; on remonte le lit desséché d'une fiumare au milieu
d'un bois de Châtaigniers, qui commençaient, au moment
de notre visite, à se couvrir de feuilles. Ce devait être
autrefois une belle foret, mais tous les vieux troncs ont été
coupés à ras de terre et une génération nouvelle d'arbres
jeunes et vigoureux leur a succédé. Souvent, un certain
nombre de ces derniers, six, huit ou même davantage,
égaux en grosseur et rejetons de l'ancêtre abattu, ont
poussé en un cercle parfait, s'écartant légèrement vers le
haut en manière d'entonnoir. On peut prévoir le temps
plus ou moins rapproché où ces diverses tiges, par l'effet
de la croissance, se souderont à commencer par le bas et
finiront par former un seul tronc, immense et creux. Nous
verrons dans un instant pourquoi il est utile d'insister sur
celte particularité.
A tout seigneur tout honneur; le guide nous mène
d'abord au fameux Castagno di CeiUoCavalli,]e Châtaignier
des Cent Chevaux. Commençons par rappeler ce que
13
( 182 )
M. Marion dit de cet arbre historique dans : Les Merveilles
de la Végétation.
« Cet arbre est connu sous le nom de Châtaignier des
« Cent Chevaux à cause de la vaste étendue de son om-
« brage. La tradition rapporte que Jeanne d'Aragon
« visita l'Etna dans son voyage d'Espagne à Naples, et que
« toute la noblesse de Catane l'accompagna dans son
« excursion. Un orage étant survenu, la reine et sa suite
« auraient trouvé un abri sous le feuillage de cet arbre
« immense.
« Cet arbre si vanté et d'un diamètre si considérable,
« dit Jean Houel, le premier voyageur qui en ait donné la
« description au siècle dernier, est entièrement creux ;
« car le Châtaignier est comme le Saule, il subsiste par
« son écorce; il perd en veillissant ses parties intérieures
« et ne s'en couronne pas moins de verdure. La cavité de
« celui-ci étant immense, des gens du pays y ont construit
■ une maison où est un four pour sécher des châtaignes,
« des noisettes, des amandes et autres fruits que l'on veut
« conserver; c'est un usage général en Sicile. Souvent,
« quand ils ont besoin de bois, ils prennent une hache et
« et ils en coupent à l'arbre même qui entoure leur mai-
u son; aussi ce Châtaignier est-il dans un grand état de
« de destruction .
« Quelques personnes ont cru que cette masse était
« formée de plusieurs Châtaigniers, qui, pressés les uns
« contre les autres et ne conservant plus que leur écorce,
« n'en paraissent qu'un seul à des yeux inattentifs. Ils se
« sont trompés, et c'est pour dissiper cette erreur que j'en
« ai tracé le plan géométral ; toutes les parties mutilées par
« les ans et par la main des hommes m'ont paru appartenir
a à un seul et même tronc.
(i83)
« On a dit, en effet, comme le rappelle Houel, que
« plusieurs arbres étaient réunis dans ce végétai gigan-
« tesque; cependant, un examen attentif paraît détruire
« cette objection. Brydone, qui le visita en 1770, rapporte
« que ses guides, interprètes des traditions du pays, assu-
a raient qu'à une époque très-ancienne une écorce con-
« tinue et très-saine couvrait encore le tronc, dont on ne
« voit plus aujourd'hui que les véritables ruines. Le cha-
« noine Recupero, naturaliste sicilien, attesta en présence
c( du voyageur anglais et de plusieurs autres témoins, que
<c la racine de cet arbre colossal était unique. La meilleure
« observation à l'appui de l'unité de ce végétal, c'est encore
a l'exemple fourni par d'autres Châtaigniers de l'Etna qui
« présentent jusqu'à 12 mètres de diamètre.
« Celui que nous décrivons a cent soixante pieds de
«circonférence; on ne saurait assigner la limite de son
« âge probable.
«Aujourd'hui une ouverture, assez large pour que
« deux voitures y passent de front, le traverse de part en
« part, ce qui n'empêche pas qu'il ne se couvre annuelle-
« ment de fleurs et de fruits.
« Nous devons cependant ajouter en terminant que
« c'était la coutume chez les horticulteurs anciens de
« rassembler autour d'une même pousse plusieurs autres
« de même espèce, de manière à former l'apparence d'un
« seul arbre, dont les années affermissaient la taille colos-
« sale. On écorçait les côtés intérieurs, et bientôt une
« seule écorce paraissait l'envelopper. Ce fait se rencontre
« surtout chez les Oliviers. »
Nous nous permettrons d'ajouter à cet article quelques
observations. D'abord, il n'est pas probable que les horti-
culteurs anciens se soient amusés à planter en rond de
( 184')
jeunes Châtaigniers; Tàge plus que légendaire des débris
que nous avons visités rend cette hypothèse inadmissible,
attendu que ces vénérables restes sont contemporains
d'une époque où Ton ne s'occupait guère d'horticulture;
la Sicile devait être alors une contrée sauvage, où les
pâtres disputaient leurs troupeaux aux bêles fauves, se
nourrissaient des châtaignes que la nature mettait à leur
disposition, mais ne songeaient nullement à planter en
rond les arbres qui les leur fournissaient si généreusement.
Il est bien probable qu'autour d'un tronc immense déjà,
détruit plus tard entièrement par l'action des siècles, des
rejetons ont poussé, comme nous le disions tout à l'heure,
et se sont rejoints; que leur racine soit unique, comme
l'aflirmait le chanoine Recupero, cela doit être en effet,
et rien n'est plus naturel. Dans la suite des siècles, de
larges solutions de continuité se sont de nouveau formées
dans la paroi de ce cylindre, creux dès son origine. Telle
est du moins l'opinion que nous nous sommes faite après
un mûr examen du colosse.
Nous devrions dire des ruines du colosse; c'est à peine
si quelques rameaux, envahis par les Mousses, le Lierre
et un Gui à fruits jaunes (Viscum laxum), développaient
péniblement leurs feuilles au moment de. notre venue;
grâce au vandalisme des propriétaires du sol, la fin de ce
monument végétal a été considérablement hâtée. La mai-
sonnette et le four à sécher les châtaignes y sont réellement
inclus et s'y appuient comme à un mur vivant; il n'est
que trop vrai hélas! que la hache le frappe quand on a
besoin de combustible ; de nombreuses entailles, toutes
fraîches encore et mettant à nu son bois d'un brun doré,
l'attestent. Mais le vieux est coriace, il tient bon, et l'on
usera bien des haches avant d'extirper sa dernière souche.
( 180)
Qui sait pourtant? 11 est possible que les paysans se hâtent
de le détruire; il se peut que nous soyons le dernier
voyageur qui le décrive après lavoir visité. Mais non ;
espérons qu'à un autre reviendra la tâche de composer
son oraison funèbre, et que ces lignes inspireront à
quelque botaniste errant le désir d'aller voir et toucher
le colosse du mont Etna.
Malgré son origine multiple, le tronc immense du
Châtaignier des Cent Chevaux, creusé, décrépit, tors et
noueux, enveloppé par ses parasites comme un vieillard
s enveloppe de fourrures, fait une profonde impression
à qui le voit pour la première fois. A ce sentiment
d'instinctive admiration, succède un profond étonnement,
lorsqu'on a exactement mesuré ses dimensions; à deux
reprises différentes, car nous avions peine à croire que
nous ne nous étions pas trompé dans notre première
estimation, nous avons trouvé cinquante-six mètres de
circonférence à la base (S6 !). Plus haut, il s'élargit en
entonnoir, ce qui confirme l'hypothèse de sa formation.
Et puis, un tronc simple de plus de 18 mètres de dia-
mètre, ce n'est guère possible, même en supposant. les
circonstances les plus favorables. A ce propos, une der-
nière observation sur l'article de M. Marion : il n'existe
nulle part sur les flancs de l'Etna de Châtaignier mesurant
12 mètres de diamètre; le plus gros de ces géants mes!ire
18 mètres de tour, soit environ 6 mètres de diamètre
seulement, ce qui est déjà bien respectable. Nous allons
immédiatement aborder la description sommaire des prin-
cipaux d'entre eux.
Peu de temps après avoir quitté les restes antiques du
Châtaignier des Cent Chevaux, nous rencontrons trois
arbres énormes, encore sains et vigoureux, malgré la
( *8G )
masse des parasites qui les recouvrent; le sol est tout
jonche des baies jaunes du Gui. Un chemin étroit et
profondément encaissé, petite fîumare pendant les pluies
d'orage, les sépare en deux groupes : du côté de FEtna,
le moins gros des trois troncs; de l'autre, les deux plus
gros, qui sont aussi les plus décrépits. Ils n'ont jamais
été réunis, car une écorce saine entoure chacun d'eux
à peu près de toutes parts. L'aîné des trois, mesuré à
un mètre du sol, pour éviter les milliers de rejetons qui
lui forment une base de broussaille, a 10"80 de circon-
férence; il est creux en grande partie et ouvert du côté
qui regarde le chemin. Son voisin, fortement penché vers
lui, est de forme plus aplatie et assez difficile à décrire;
sa cavité crée, par son inclinaison, une voûte magnifique.
Le tronc principal se continue ensuite verticalement en se
ramifiant; à mi-hatiteur du corps creux, un autre tronc
plus jeune s'en sépare; enfin, tout à la base, un rejeton
beaucoup plus jeune encore et couvert d'une écorce lisse
semble attendre la disparition des vieux pour prendre
tout son développement.
Nous nous dirigeons à droite au travers des vignes et
nous arrivons en quelques minutes auprès d'un arbre
isolé, digne d'attirer notre attention. Du tronc primitif,
la moitié seulement reste; toute la partie qui regarde la
mer a été enlevée, mais bien que la cicatrice paraisse
fraîche encore, nous n'avons pu apprendre de quelle
manière. Du côté de l'Etna, une branche, un arbre entier,
s'en détache; la cime en est régulière, bien garnie de
rameaux, et porte quelques touffes de Gui. La face du
tronc tournée vers la montagne est presque plane, de
sorte que l'on peut sans trop de difficulté mesurer directe-
ment son diamètre ; il dépasse 4"*50. Des planches sciées
(187)
dans celle énorme niasse de bois, remarquablement saine,
suffiraient donc pour lambrisser d'une seule pièce et dans
toute sa hauteur une chambre d'une grandeur ordinaire.
Au pied du géant, des touffes de Cyclamens en pleine
floraison répandaient leur délicieux parfum de vanille ; des
tiges de Daphne Laureola, chargées de baies encore vertes,
et de Rtiscîis aculeatus, avec ses cladodes piquants, for-
maient çà et là broussaille.
Nous continuons de marcher à travers champs ; nous
escaladons une mauvaise clôture de lave et nous voici
dans une moisson d'Orge auprès d'un autre Châtaignier
colossal. Celui-ci est difficile à mesurer, parce que du
côté de la fiumare qu'il surplombe il est absolument
inabordable ; du côté opposé, son tronc énorme est creux;
une dizaine de branches relativement jeunes s'en échap-
pent et lui font une vaste cime, régulière et vivace, entiè-
rement exempte de parasites. Des touffues compactes de
Cyclamens l'entourent. Prise du fond de la flumare, la
vue de ce bel arbre est réellement imposante.
Dans le même enclos, se trouve le dernier colosse qu'il
nous a été donné d'examiner. Il existe à la vérité dans
la montagne d'autres arbres célèbres encore, mais ne les
ayant point vus, nous ne pouvons les décrire; et puis,
ce qui vient d'être dit suffira pour donner une idée des
grands Châtaigniers et pour inspirer aux botanistes
voyageurs le désir de leur faire en passant une visite.
Ce dernier arbre est une véritable merveille. D'une
base ligneuse parfaitement saine, sans la moindre cavité,
bien plus, sans la moindre interruption dans l'écorce,
haute de 2 à 3 mètres, et de 18™90 (!) de tour, s'élancent
quatre troncs dont chacun est un grand arbre. Deux autres
troncs, ou plus exactement deux autres maitresses-bran-
( Ï88)
clies, ont été coupées ou cassées, de sorte qu'il reste : une
branche, simple dès son origine; une, se bifurquant un
peu au-dessus de son insertion, et deux, primitivement
bifurquées, mais aujourd'hui réduites à une seule tige. On
circule sur le tronc principal et entre ces branches abso-
lument comme sur un gros bloc de rocher. La petite foret
fournie par ce Châtaignier seul est vraiment admirable;
malgré son âge, qui doit être énorme, elle est encore
pleine de santé et de vigueur. La partie supérieure des
branches, principales parait seulement tronquée. Quelques
grosses touffes de Viscum laocum mêlent leur verdure
jaunâtre au vert gai des jeunes feuilles de leur support.
Si nous insistons sur la présence de ce parasite sur les
Châtaigniers de FElna (sur les très-vieux seulement; les
jeunes en sont généralement dépourvus), c'est que nous
ne la trouvons signalée nulle part. De Candolle, dans son
Prodrome, l'indique seulement « sur le Pin sylvestre en
Espagne. »
Nous voici de retour à San Alfio, après avoir consacré
une heure et demie à la tournée des Châtaigniers ; nous
trouvons, non sans peine, un verre de mauvais vin et une
croûte de pain noir. De certains points, dans les environs
immédiats du village, la vue s'ouvre sur un splendide
panorama. Adossé aux pentes de l'Etna , nous avions
devant nous la mer, nappe d'or liquide sous les feux d un
soleil ardent; des barques de pécheurs, avec leurs voiles
latines, paraissaient de grands alcyons immobiles à sa
surface. A gauche Taormina, l'antique Tauromcnium et
ses blanches maisons dans une éehancrure de la montagne;
à droite, les sombres coulées de lave derrière lesquelles
est Catane ; en face, la plaine fertile, les bosquets d'Oran-
gers, les villages de San Giovanni, Giarre, Riposto, La
( i89)
Macchia et bien d autres ; tout cela éclairé par une lumière
vive et sous un ciel d'un bleu violent et sombre. Il est
une heure et le thermomètre marque 30® à l'ombre; pas
un souffle de brise. Que l'on se représente le mois d'août !
Nous redescendons en une heure à Giarre, course beau-
coup plus agréable que notre ascension du matin, à cause
des belles échappées que l'on a presque continuellement
sur la mer et sur la plaine; les murs de lave du chemin
et les Vignes encadrent merveilleusement ce tableau
naturel.
Nous n'eûmes pas longtemps à attendre le train qui
devait nous ramener à Catane ; assez tôt pour confier au
papier, le soir même, nos impressions de la journée. Le
lendemain, nous partions à cheval pour la partie occidentale
de l'île, afin de visiter les gisements de gypse et de soufre
aux environs de Girgenti.
Les vieux Oliviers de Blidah.
L'Olivier, l'arbre de paix, est un des plus anciennement
reconnus et dénommés par l'homme; c'est la première
plante, croyons-nous, dont la Bible fasse mention en
l'appelant par son nom, Saïth en hébreu. Sa vitalité et sa
longévité sont énormes; les exemplaires du Jardin des
Oliviers près de Jérusalem subsistent encore, et cependant,
il y a plus de dix-huit siècles ils étaient déjà célèbres par
leur grosseur, quand le Christ se promenait sous leurs
ombrages. L'Olivier beaucoup plus vieux qui a présidé à la
fondation d'Athènes vil encore au sommet de l'Acropole,
et sa souche émet chaque année des pousses verdoyantes.
Malgré l'extrême lenteur de sa croissance, — nous
( *90 )
avons vu, en Andalousie, des troncs de cent ans ayant à
peine un pied de diamètre — on peut donc s'attendre à
rencontrer, dans les pays où il prospère, des individus
remarquables par leur grosseur et dignes de figurer dans
la liste des colosses végétaux. H faut les chercher surtout
en dehors des champs cultivés, où l'homme les mutile
pour en obtenir plus de fruits ou pour faciliter la récolte.
Le midi de la France, et surtout le midi de TEspagne
et du Portugal, — le nord de ces dernières contrées étant
trop montagneux et par suite trop froid Thiver — offrent
d'immenses plantations d'Oliviers; avec les Orangers, que
l'on réserve pour les meilleurs sols et les mieux abrités,
c'est la plus grande richesse de l'Andalousie, et les vastes
plaines qui se développent autour de Cordoue, dans la si
fertile vallée du Guadalquivir, peuvent être prises comme
exemple.
Tout d'abord la question parait assez complexe. On
rencontre, il est vrai, quelques vieux troncs massifs, cul-
tivés en têtards comme tous leurs voisins, et dont les
dimensions exceptionnelles indiquent le grand âge ; et
d'autres plus décrépits, entièrement creux, et qui offrent
une tendance marquée à se partager en plusieurs segments
rangés en cercle et pourvus d'écorce d'un côté seulement.
Mais auprès de ces arbres, visiblement uniques dans l'ori-
gine, l'on trouve des troncs fort anciens, tordus et con-
tournés de manière a laisser à peine reconnaître Fécorcc
et son orientation primitive, et disposés sur un grand
rond qui a souvent 20 et 2S mètres de tour. Faut-il croire
qu'ils dérivent d'un individu unique, dont chaque frag-
ment a continué à grossir et à s'écarter du centre primitif,
exactement comme s'il faisait encore partie d'un tronc
d'arbre ordinaire et plein; ou bien que ce sont simplement
( 191 )
des individus distincts, plantés en rond par le caprice de
Thomme ? La première supposition, outre qu'elle est en
désaccord avec le mode si tourmenté de croissance de
lespèce, aurait Tinconvénient de donner à l'ensemble un
âge vraiment fabuleux; quant à la seconde hypothèse, elle
est d'autant plus séduisante, au premier abord, que Ton
voit aujourd'hui les paysans espagnols pratiquer, sut une
grande échelle, la culture de l'Olivier par cercles. Mais un
examen attentif des faits, en Andalousie déjà, et surtout
en Algérie, nous a démontré qu'il ne faut pas s'y arrêter
plus qu'à la première.
Parvenu à un certain âge, l'Olivier jouit de la propriété
d'augmenter considérablement les dimensions de sa base,
sans que le tronc proprement dit en soit le moins du
monde influencé. Le Phytolacca dioica présente le même
phénomène, et l'on voit ordinairement les troncs de cette
espèce s'élever d'un véritable piédestal irrégulièrement
mamelonné, qui n'est autre que l'empâtement de la souche;
enfin nous venons d'expliquer, par un fait de même
nature, la grosseur, au premier abord inadmissible, du
Châtaignier des Cent Chevaux. Sur ces expansions ligneu-
ses et dans les trois espèces végétales qui viennent d'être
nommées, des bourgeons adventifs apparaissent volon-
tiers, percent la rude écorce, se développent en ramilles,
en branches, en troncs. Ces troncs se trouvent arrangés
naturellement sur un cercle, et, dans la suite des âges, le
corps central primitif disparait, comme un aïeul entouré
de sa jeune et vivace famille.
Nous venons de nommer l'Algérie. Sur cette terre où
la civilisation n'est pas encore bien acclimatée, peu ou
point de cultures d'Oliviers ; seulement çà et là de vieux
exemplaires venus en toute liberté , sauvages , point
( 192 )
greffés ; ils fleurissent vers le dix de mai ; leurs fleurs,
d'un blanc verdàtre , sont innombrables et répandent,
le soir surtout, une odeur douce et fade ; les fruits sont
noirs, petits; ils donnent relativement peu d'huile à cause
de la grosseur du noyau, mais cette huile est estimée. On
rencontre déjà de beaux Oliviers dans les environs
immédiats d'Alger : par exemple sur la colline non loin
du champ des manœuvres, entre Isly et le Jardin d'Essai
(3 kilomètres), et des deux côtés de la route de Constan-
tine, un peu avant d'arriver à l'endroit dit le Ruisseau
(6 kilom.). Mais les plus gros se trouvent à Blidah;
ceux-là n'ont point de rivaux.
Blidah, quoiqu'arabe de nom, est une petite ville toute
française, bâtie au pied de l'Atlas à l'extrémité de la
fertile plaine de la Mitidja ; on s'y rend d'Alger en deux ou
trois heures de chemin de fer. A dix minutes des portes,
car Blidah jouit(?) d'une enceinte fortifiée, s'étend un parc
public dit Jardin des Oliviers; on peut y admirer une
centaine de ces arbres, tous de première grandeur et
comparables aux plus grands Chênes de nos forêts. Les
troncs sont sains et entiers; point de ces groupes d'origine
douteuse desquels nous avons parlé. Voici les dimensions
des plus remarquables d'entre eux.
Ceux de trois mètres de tour dans la partie la plus
mince de leur tronc sont communs; non-seulement il
faut éviter, dans ces mesures,' l'empâtement de la souche,
mais encore la dilatation qui se produit sous les premières
branches ; certains arbres ont ainsi l'air d'un sablier avec
un étranglement à mi-hauteur. Nous avons noté des
circonférences de 3"20, 3"25, 3'»40, 3""bO; cette der-
nière mesure est prise à hauteur d'homme, parce que
le tronc est beaucoup plus gros au-dessus et au-dessous.
( 193 )
Certains corps ont une forme aplatie; un très-vieux, en
partie brùlé à la base, mesure i'^SO dans son plus grand
diamètre; un autre, moins avarié, l'^iO. Jl n'est pas
rare de voir plusieurs troncs secondaires sortir d'une
soucliQ commune, sans que Ton puisse affirmer que cette
souche soit une dilatation de la racine; dans plusieurs
cas même, sa hauteur et sa forme cylindrique la font
reconnaître pour un gros tronc ; il y a des transitions.
Ainsi, deux troncs sortent d'une base commune de plus
de l^oO dans son plus grand diamètre; quatre, d'un
tronc commun de S^IO de tour; trois, d'un tronc de
A^SO de circonférence; deux, d'une base commune de
5"*60 de tour. En fait d'empâtement des souches, nous
avons mesuré une fois T^SO de circonférence; plus loin,
12™60. De ce dernier piédestal, s'élevait un seul tronc
parfaitement sain , presque cylindrique dans toute sa
longueur, et de 3 mètres de tour à deux mètres au-dessus
du sol.
JVIais voici les véritables géants, les doyens parmi tous
ces vieillards; il sont une demi douzaine au plus, et pour
employer le cliché d'usage, leur âge doit se perdre dans
la nuit des temps. C'est d'abord un tronc bien sain et
bien plein de A'^SS de tour au plus étroit; un autre de
i'^yO à hauteur d'homme et de plus de 9 mètres à la
base; un troisième de 5°"60 à vingt-cinq centimètres du
sol et de 4"*40 à hauteur d'homme. Ce dernier est tout
creusé de cavités comme certains Ifs non dues à la pourri-
ture, mais à un mode particulier de la croissance et tapissées
intérieurement d'écorce vivante ; la cime en est immense
et la souche ne s'est pas développée d'une façon exagérée.
On ne peut hasarder sur leur âge aucune conjecture;
malgré leur vieillesse, ils ont conservé une vitalité puis-
( 194 )
sanle; on devine la sève courant sous leur jécoree bien
nette et généralement exemple des parasites cryptogames,
qui recouvrent, dans nos climats, la plupart des gros arbres.
II se vend à Alger diverses photographies d'arbres
colossaux; malheureusement, par ignorance ou mauvais
vouloir, les marchands refusent de préciser l'endroit où
ils croissent.
BIidah,8mai 1872.
Le Chêne de Montravail.
« Mon travail près de Saintes, » dit M. Marion dans son
livre : Les Merveilles de la Végétation. Nous nous sommes
donc arrêté à Saintes, pour visiter le Chêne merveilleux
de 26 mètres de tour. Mais voilà que personne ne peut
nous renseigner sur la direction à prendre pour arriver
au lieu dit Montravail ; quant au Chêne, à plus forte
raison, nul n'en a entendu parler. Enfin un vieux bon-
homme nous indique au delà de Surjon, à plus de25kilom.
de Saintes, un petit hameau qui se nomme Montravail.
Si tous les paysans français sont de cette force sur la géo-
graphie du canton qu'ils habitent, nous ne leur en faisons
pas notre compliment.
Vingt-cinq kilomètres, autant pour revenir, c'est rude.
Heureusement, les brouillards qui couvrent encore la
Charente à cette heure matinale (6 h.) promettent une
belle journée. En roule donc.
A Pisany (13 kilom.), halle pour déjeuner et prendre
langue. Heureuse inspiration ! Il se trouve que Montravail
est un groupe de cinq ou six maisons, situé vers la 8*" borne
kilométrique, et que nous avons par conséquent dépassé
depuis une demi heure.
( 198 )
Enfin, voici le Chêne (Quercus sessiliflora Sm.) dans
la cour d'une ferme et tout au bord d'une mare qu'il
surplombe; impossible donc de vérifier s'il a les vingt-six
mètres de tour annoncés ; quoi qu'il en soit, c'est une
énorme et belle ruine, et nous ne regrettons point la course.
Le dessin qu'en donne M. Marion est de tous points
inexact. L'arbre est mort en grande partie; seule, une
maîtresse-branche a survécu et forme une cime globuleuse
du côté opposé à la mare; d'autres branches desséchées
se tordent vers le ciel, comme les bras des damnés du
Dante. Le tronc est vraiment colossal, en diamètre, car
sa hauteur est à peine de 2'"50. Il est entièrement creux ;
son bois est mort en grande partie et labouré par des vers
de la grosseur du pouce. On pénètre à l'intérieur du vieux
Chêne par une ouverture étroite près de la mare; une
autre ouverture plus élevée simule une fenêtre. Autrefois
on avait garni ces fentes naturelles, Tune d'une porte,
l'autre d'un châssis vitré; mais aujourd'hui tout cela a
disparu. Un banc de pierre règne tout autour de la cavité
centrale; on affirme que dix-sept personnes assises y ont
diné ensemble. Certes, l'arbre est gros, mais ces dîneurs
devaient être ou bien maigres ou bien serrés. Debout,
vingt personnes de taille ordinaire tiendraient aisément
dans cette chambre végétale.
Le propriétaire de la ferme se nomme M. Fonteneau.
Bordeaux, 22 février 1872.
Les Tilleuls de Maibelle et de Oerolstein.
Les grands arbres s'en vont; les générations actuelles,
peu soucieuses des souvenirs du passé, positivistes avant
( 196 )
tout, les suppriment par la hache ou par le feu pour
aligner un chemin ou un mur, souvent pour moins
encore. Certain habitant de Cortessem, et des notables s'il
vous plait, ne nous a-t-il pas déclaré qu'il désirait voir
disparaître le vieil Arbre du Bon Dieu, parce qu'il était
tout gâté et tout décrépit !
Il est donc utile, et c'est presque un devoir, cfe les sauver
de l'oubli et, si faire se peut, de les placer sous la protec-
tion immédiate de l'autorité ; on conserve s.ouvent des
choses moins dignes d'attention que ces irrécusables
témoins des siècles passés; ici du moins, nulle contrefaçon
possible. C'est ce qui nous a engagé, après avoir décrit
ailleurs les Chênes de Liernu et de Cortessem, et en
dehors de notre pays, beaucoup d'autres géants végétaux,
à donner une note sur deux Tilleuls vraiment extraordi-
naires.
Maibelle, c'est un microscopique hs^meau de la province
de Namur, à 20 minutes de la gare de Natoye, ligne de
Bruxelles-Luxembourg. Au milieu d'un chemin, tout au
centre de ce groupe d'habitations méritant à peine le nom
de village, se trouve un magnifique Tilleul de l'espèce
Tilia platyphylla Scop. Il est entièrement creux, ouvert
par une large brèche; à 3 mètres de hauteur environ, le
tronc est rompu et les bords du cylindre creux qui a
survécu sont déchirés par des dentelures profondes et
irrégulières; deux touffes de jeunes branches attestent
seules que la sève y circule encore. Outre la grande
brèche, large exactement de 2 mètres, qui donne accès
dans la cavité, de nombreuses ouvertures existent vers la
base sur tout le pourtour. Comme ce Tilleul croît sur un
terrain vague, les voisins ont accumulé, dans son voisinage
et aussi à l'intérieur, des fagots, des perches, des échelles.
( 197 )
des instruments de culture de toute espèce, et il est abso-
lument impossible den prendre les dimensions exactes;
nous estimons sa circonférence à 9 mètres, en tenant
compte de la partie — près d'un tiers — qui a disparu.
L'ensemble de l'arbre est fort pittoresque ; il serait incon-
testablement plus beau que le Chêne de Cortessem, si Ton
parvenait à le débarasser de son affreux entourage.
Tout près de là, est un mauvais bouchon, portant pour
enseigne : « Au Tilleul » . Au moment où nous y entrions,
les paysans, ayant fini leur journée de travail, y étaient
rassemblés. Aucun ne parut se soucier beaucoup du vieil
arbre, qui a vu se succéder trente générations peut-être;
aucun ne put nous donner le moindre renseignement sur
son âge ou son origine, et l'un d'eux nous fit seulement
observer qu'on ferait aussi bien de l'abattre, puisqu'il
n'était plus bon à rien. rus!
En estimant à deux millimètres en moyenne, et c'est
évidemment beaucoup trop, l'épaisseur des couches
annuelles du bois, un arbre de 3 mètres de diamètre
serait âgé de 750 ans. Les assises ligneuses formées dans
ces derniers temps par le Tilleul de Maibelle ont à peine
un millimètre; mais quand l'arbre éfait jeune, elles pou-
vaient avoir de cinq à sept millimètres. La moyenne exacte
est donc fort difficile à trouver.
Namur, juillet 1871.
Signalons encore à l'attention des naturalistes le magni-
fique Tilleul de Gerolstein (Eifel). Le tronc, à hauteur
d'homme, mesure 5"30 de circonférence et plus du
double à la base; il est parfaitement sain et entier, çt
il supporte une splendide couronne de feuillage; chacune
de ses branches est tout un arbre, et nous estimons à
80 mètres de tour la cime du colosse. Celui-ci a encore
n
(198)
de longues années à vivre, à moins qu'un barbare ne
vienne Fabattre. Son ombre protège les tables d'un café
champêtre : Unter don Linden .
Gerolstein, 6 juillet 1872.
Étude sur la naturalisation de quelques végétaux exotiques
à la Montagne St-Pierre lez Maastricht, par André
De Vos.
La Montagne St-Pierre est une localité classique dans
les annales de la flore belge. Presque tous nos botanistes
ont visité cet heureux coin de terre, qui possède, dans un
espace très-restreint, un grand nombre de raretés végétales.
On dirait que la nature s'est plu à jeter, dans ce joli
parterre, les plus belles fleurettes de sa couronne. En effet,
les Orchidées les plus rares s'y trouvent réunies; le
Baguenaudier est semé sur les collines; le Gamérisier
croit çà et là; dans les fourrés des bois, on peut
recueillir la Gynoglosse printanière, le Thalictrum minus,
le Senecio erucaefolius : on y a même observé les Orobes
noir et printanier, le Doronic, la Pulmonaire offici-
nale; sur les pelouses et dans les pâtures, croissent les
Gentiana campestris, Eryngium campestre, Koeleria pyra-
midata, et il parait qu'autrefois s'y montraient les Sedum
Cepaea, Campanula latifolia, Coronilla varia. Géranium
sanguineum et Polygala austriaca; dans les moissons et
dans les champs, on a même prétendu avoir rencontré les
Bunias Erucago, Senecio squalidus et Papaver hybridum;
enfin on y a constaté la présence d'autres plantes plus ou
moins rares, dont nous nous dispensons de donner Ténu-
mération, parce que nous ne voulons pas faire ici la
florule du Petersberg.
( 199 )
Notre but est de rechercher si, parmi toutes les plantes
rares que nos Aoristes signalent aux environs de iMaastricht,
il n'en est pas plusieurs que nous devons exclure de la
végétation indigène, attendu que quelques-unes ne peuvent
y être que naturalisées et que d'autres n'y ont été intro-
duites que passagèrement. Parmi les espèces signalées
plus haut, nous admettons comme natives les Thalictrum
minus, Senecio erucaefolius, Koeleria pyramidala, Gentiana
campestrisy Eryngium campeslre; nous pourrions aussi
accepter comme indigène le Géranium sanguineum, bien
qu'il n'ait plus été retrouvé depuis longtemps, mais qui
semble être ici à sa dernière habitation vers le nord dans
le bassin de la Meuse. Nous soupçonnons même que nous
pourrions avoir affaire à une échappée des jardins^ puisque
la dernière habitation de cette plante, je long du fleuve,
est Wépion, près de Namur, et, sur un espace de près de
25 lieues qui séparent les deux localités, on ne nous
signale aucune habitation intermédiaire. D'ailleurs encore,
les rares habitations de l'espèce dans la province de Liège
en sont bien éloignées; au surplus, nous n'avons jamais
observé cette plante dans nos provinces méridionales que
sur le calcaire carbonifère, roche de composition chimique
toute différente de celle du tufeau de Maastricht.
Noms considérons comme indigènes toutes les Orchidées
qui croissent à la Montagne St-Pierre. Ce sont : Orchis
militarisy 0. fusca, 0. coriophoruy 0. mascula, Ophrys
api fera, Gymnadenia conopsea, G. vir^disy Platanlhera
chlorantha, Cephalanthera grandiflora, Epipaclis alroru-
bens? Spiranlhcs spiralis; plusieurs autres et des plus
rares, telles que : Loroglossum hircinum, Aceras anthro-
pophora, n'ont pas été revues depuis un demi-siècle au
moins, mais elles paraissent y avoir été troutées, ce que
( 200 )
nous aimons à croire. Il est vrai que ces jolies plantes ont
toujours attiré l'attention de ceux qui ont eu le bonheur de
les rencontrer. Aussi rcgreltons-nous avec M. L.-J.-G. Du-
moulin (0, botaniste, à Maastricht, que les amateurs de
jolies fleurs se soient permis, dans leurs promenades à la
Montagne, de détruire les riches habitations d'Orchidées,
en enlevant, à chacune de leurs pérégrinations printanières,
un bouquet de ces charmantes plantes et des bulbes, pour
les placer dans leurs jardins.
Nous croyons ne pouvoir admettre, comme indigènes à
la Montagne St-Pierre, les espèces suivantes : Colutea ar-
borescens, Omphalodes verna, Doronicum Pardalianches,
Coronilla varia, Sedum Cepaea, Ribes alpinum, Lonicera
Xylosleum, Papaver hybridum, Senecio squatidus, Bunias
Erucago, et nous doutons même de la spontanéité des
Orobus niger, 0, vernus, Pulmonaria officinalis et Cam-
pamila latifolia.
Nous appuyant sur Texamen que nous avons fait, avec
plusieurs de nos confrères, de la végétation des environs
de Maastricht, et à Taide de nombreux renseignements
que nous ont fournis les meilleures Flores anciennes et
modernes de l'Europe, nous espérons pouvoir démontrer
ce que nous avons avancé. Nous ferons remarquer, afin de
ne pas rester dans un domaine trop circonscrit, que ces
plantes ne sont pas plus indigènes à la Belgique qu'elles
ne le sont à la localité qui nous occupe.
A ceux qui nous feront observer que nous nous occu-
(1)Nous avons consulté avec fruit saNoticesur les plantes les plus remar-
quables des environs de Maastricht, présenté à la Société d'Horticulture de
cette ville, manuscrit qui se trouve actuellement dans la bibliothèque de
M. le Dr Éd. Morren, de Liège.
( 201 )
pons de la flore d'un pays voisin, nous leur répondrons
que Maastricht est à nos frontières, entre les provinces de
Limbourg et de Liège, que géographiquement, il appar-
tient autant à la Belgique qu'à la Hollande, et qu'enfin le
botaniste peut se permettre une excursion en pays voisin,
surtout lorsque le sol de celui-ci est de même constitution
géologique que le sien : une simple annexion dans un
but scientifique ne peut nuire à personne.
Gomme le Colutea arborescens et VOmphalodes verna
sont les espèces exotiques les plus abondamment répan-
dues à la Montagne St-Pierre, c'est de ces deux plantes
que nous nous occuperons spécialement et tout d'abord,
en leur réservant la plus large part des observations cri-
tiques que nous avons l'honneur de soumettre à nos
confrères.
Colatea arborencenii L.
Les anciens botanistes ne croient pas que cet arbuste
soit indigène dans nos contrées. Ils le disent tous origi-
naire du midi et de l'est de l'Europe, cultivé dans nos
jardins comme plante d'ornement et par les apothicaires
comme succédané du Séné. Leonh. Fuchs (Hist, Stirp.y
Bàle, 1542, p. 443) dit : « Satum utrumque in hortis pro-
venit » ; ce que nous trouvons confirmé dans les Commen-
taires sur VHistoire des Plantes de L. Fuchs, éd. 1549, par
ces paroles : « Se plan le es jardins et y profite à merveilles »
et éd. 1550 : « Semé es jardins et vient en abondance. »
Dodoens (Pempt., p. 784) écrit : « Horlcnsis apud Belgas
est stirps, et semine nascitur »; il considère donc cette
plante comme cultivée en Belgique, où elle serait simple-
ment semée dans les jardins. Le même auteur (in Cruydt-^
( 202 )
boeck, p. 1229) ajoute : « Dit ghewas wordt hier te lande
in de lioven van syn saedt vermenighvuldight », et dans
la traduction de son Histoire des Plantes par G. Ciusius,
p. 516, il est dit: « Cette plante ne se trouve en ce
pays, sinon en aucuns jardins ». Dalechanr)p(J7ts^ PL, I,
p« 182, éd. 1658), rapportant ce qu'en dit Théophraste,
écrit que le Baguenaudier croit en Lipari (au nord de la
Sicile), que Matthiol Ta observé en plusieurs lieux et spé-
cialement aux environs de Trente en Ananie (Gaule cisal-
pine), et que lui-même Ta vu croître en France. Enfin,
Linné (Sp., 5457) dit : « Habitat in Anglia, Gallia iNar-
bonensi, Italia : copiose ad Vesuvium. »
Les Aoristes belges du siècle dernier ne voient, dans
le Baguenaudier, qu'un arbuste cultivé seulement pour
Tornementation des jardins et des parcs. LeB^'^de Poederlé
{Man. de l'Arbor., 1788, I, p. 169) dit qu'il vient
naturellement en Autriche, en Italie et dans les provinces
méridionales de la France. Roucel (F/. Nord Fr., Il,
p. 145) écrit que cet arbre étranger est beaucoup cultivé
dans nos jardins et nos bosquets.
L'examen des Flores belges qui ont paru dans le courant
de ce siècle ne peut non plus nous faire supposer que la
plante soit indigène dans notre pays. Ainsi Lejeune (F/.
Spa, 1811, II, p. 99) assure qu'elle se trouve en quantité
dans les bois de la Montagne St-Pierre, mais qu'on l'y
aura probablement semée; dans le Comp. fl, Belg., III,
p. 58, il confirme sa première observation et ajoute que
la plante y est tellement abondante qu'on pourrait la croire
spontanée. M. Lestiboudois (Bot, Belg,, II, p. 136) parle
du Colutea comme d*un arbuste originaire de la Provence
et cultivé dans notre pays. P. Couret- Villeneuve (Hort,
Gand.j 1802, p. 232) le dit de provenance italienne.
( 203 )
M. Du Mortier (Prodr., p. 102) dit simplement : « In
fissuris rupium Petersberg » et se tait sur la spontanéité
de cette plante en ce lieu. Tinant (F/. Lux., p. 372) fait
observer que la plante est cultivée dans le Luxembourg et
est souvent sauvage autour des lieux habités. M. Michot
(F/. Hain., p. 240) l'indique dans les bois du château de
Morcourt (Nimy). Mathieu (F/. Belg., p. 139) la dit
spontanée à la Montagne St-Pierre. M. Dumoulin (Not.
man.y p. 10) a trouvé cet arbuste dans le bois prèsdu bos*
quet de Gastert, sur le penchant oriental de la Montagne;
mais, quelques lignes plus loin, il croit devoir faire ses
réserves, car il s'empresse d'ajouter qti'on le voit fréquem-
ment cultivé dans les bosquets d'agrément. Le même
auteur {Guide bot, env. Maastr., p. 46) dit qu'on observe
le Colutea le long du canal, près de la frontière; à Petit-
Lanaye et dans les bois devant le château de Gastert.
M. Fr. Grépin (Man. fl. Belg., éd. 1) ne fait nulle men^
tion de cette plante, parce qu'il n'ajoutait pas foi sans
doute aux renseignements fournis par ses devanciers;
dans la 2*^ édition de son ouvrage (p. 68), il la cite comme
douteuse pour le pays.
Ainsi qu'on vient de le voir, la généralité des auteurs
tant anciens que modernes qui ont étudié la flore de notre
pays ne reconnaît pas le Colutea comme un habitant ori-
ginaire de nos climats. En Belgique et dans les contrées
limitrophes, on le voit planté dans les parcs, les bosquets,
d'où il aime à se jeter dans les haies et hors des limites
que la culture lui a circonscrites; car, ainsi que nous le dit
Willemet (Phyt., II, p. 889), il se naturalise volontiers
dans les terrains où on le place. Lecoq (PL Fourr., éd. 2,
p. 343) dit également qu'il se développe promptement
dans les sols arides, sablonneux ou calcaires. Il n'est donc
( 204 )
pas étonnant de le voir abondamment répandu aux alen-
tours du château de Gastert, d'où, franchissant les limites
du parc, ii a étendu son domaine dans le bois voisin, pour
tomber ensuite sur les collines qui bordent la route, sur-
tout vers le Coq rouge. Aussi le botaniste est-il émerveillé,
lorsque, placé au pied des rochers, il voit au-dessus de sa
tète pendre, à travers les larges fissures du tufeau, de
beaux bouquets de Baguenaudier. Il crie ô prodige ! et
s'empresse de mettre dans son calepin la note suivante :
< Colutea arborescens, indigène à la Montagne St-Pierre » ,
puis d'en cueillir quelques beaux spécimens qui passeront,
avec l'étiquette susdite, dans les herbiers de ses correspon-
dants. Mais avant que d'accueillir cet étranger au même
titre que son voisin le Nerprun, qui lui dispute la place,
que ce botaniste refroidisse son enthousiasme et veuille
bien nous suivre au sommet de la côte, d'où le Baguenau-
dier le conduira du bois au parc du château. En chemin,
il pourra admirer la Gynoglosse Omphalode, les Orobes
noir et printanier, autres étrangers également, et plus
nouvellement arrivé qu'eux, le Robinier Faux -Acacia,
qu'on voit répandu partout.
Nous ne croyons pas qu'on puisse sérieusement soutenir
que le Colutea soit indigène à la Montagne St-Pierre. Pour
qui a vu les lieux, il n'y a pas de doute qu'on ait affaire
à une plante naturalisée, dont l'introduction parait même
assez moderne, car Lejeune est le premier auteur qui en
parle. Nous ignorons si les botanistes de la Renaissance
ont herborisé aux environs de Maastricht, mais Dodoens,
dans son Cruydt-boeck (édit. 1 55 l),dit qu'il a rencontré aux
environs de Fauquemont, à quelques lieues de là, VActaea
spicata (Christophoriana). Nous trouvons extraordinaire
que le médecin malinois, dans son voyage de Brabant en
( 205 )
Allemagne, ne cite pas quelques plantes rares observées
par lui aux environs de Maastricht^ par où il a du cepen-
dant passer.
Nous avons appris par expérience à nous défier des
plantes rares qu'on trouve aux alentours des châteaux et
des parcs : beaucoup d'entre elles nous ont toujours paru
suspectes, et si souvent elles revêtent un certain air d'in-
digénat, une étude approfondie des lieux dira leur origine.
C est ainsi que nous avons pu constater, Tan dernier, que
la belle habitation deSedum dasyphyllum var. corsicum,
trouvée autrefois par notre confrère M. Alfr. Gogniaux,
en amont de TilfT, est tout simplement artificielle, car
lespèce que Ton voit répandue sur les rochers au pied
du château de Brialmont devient de plus en plus abon-
dante au fur et à mesure qu'on s'approche des murs et
surtout de la porte d'entrée. Cette plante étant cultivée
sur les rocailles et en bordures dans les jardins, il est
probable que les gens de service ont jeté par dessus les
murs les mauvaises herbes, parmi lesquelles se trouvait
mêlé rOrpin cité, et comme toutes les Grassulacées ont
la vie dure et se propagent sans soin, il a pu ainsi couvrir
tout un grand espace en quelques années.
Le Baguenaudier a trouvé à la Montagne St-Pierre des
conditions d'existence favorables à son développement et
à sa rapide propagation. Il croit sur un sol où une végé-
tation peu fournie lui a laissé assez d'espace que pour
ne pas craindre la concurrence ; comme il se contente
de tout terrain, il n'a pas eu grand' peine d'élire domicile
sur la place qui lui était abandonnée ; enfin, une exposi-
tion sudo-orientale lui a procuré la chaleur nécessaire à
son accroissement, comme le voisinage des eaux du canal
et de la Meuse, qui baignent presque le pied des rochers,
lui a procuré la fraîcheur et la vie.
( 206 )
Il nous reste maintenant à rechercher le lieu d'origine
de celle espèce intéressante. Nous citerons ici les rensei-
gnements que nous fournissent les meilleures FI ores.
Flores d'Italie. — Bertoloni (F/or. liai., VII, p. S69)
la dit commune dans les bois d'Italie, d'où on l'a prise pour
la planter dans les massifs d'ornement.
Flores de France. — Lamarck (Dkt. Encycl.^ 1.,
p. 353). 11 croît naturellement en Italie et dans les pro-
vinces méridionales de la France.
Lamarck et De Candolle (FI. Fr., V, p. 562). Cet
arbrisseau croit dans les haies des provinces méridionales
jusqu'aux environs de Genève; il est en Bourgogne, à
Vautoux, et au Mont-Afrique, en Auvergne.
De Candolle (Prodr., II, p. 270). In Europae australis et
mediae sepibus et dumetis.
Duby (Bot. Gall.y I, p. 440). A sepes in Gallia australi.
Loiseleur-Deslongchamps (F/. GaU.,11, p. 1S3). In sylvis
et dumetis regionum australium; circa Lutetiam quasi
sponte.
Willemet (Phyt., II, p. 889). Croît spontanément en
Italie, Languedoc, Provence et autres lieux de la France.
Grenier et Godron (FI. Fr., I, p. 454). Coteaux cal-
caires de l'Alsace, de la Lorraine, de la Champagne, delà
Bourgogne, du Lyonnais, du Dauphiné, de la Provence»
des Cévennes, de la Nièvre, etc.
Grenier (FI. Juras., I, p. 179). Pied du Jura, dans la
vallée du Rhône au-dessous de Genève, çà et là aux envi-
rons de Neufchàtel, Nyon, Genève; abondant dans les
carrières du Mont Querelles à Cuse dans le Doubs, où il
parait bien spontané.
J. Thurmann (Phyt. Jura, II, p. 71). Coteaux secs,
les régions inférieures, disséminé sur quelques points des
( 207 )
Collines lorraines, sous-vosgiennes, sous- hercynien nés et
dans les basses Alpes occidentales. Dans le Jura, à Schaff-
house, Landeron, Neufchàtel, Boudry, Nyon, Genève,
Grenoble; Savoie, Valais.
Godron (FI. Lorr.y I, p. 190). Très rare: bois du cal-
caire jurassique : Nancy, etc., St-Mihiel.
Lecoq et Lamotte(6Wp/. Plat. Cen^r.,p. 138). Indiqué
dans les bois des départements de la Lozère et du Gard,
mais n'est que subspontané aux environs de Glermont.
Chevallier (FI. env. de Paris, II, p. 754). Indigène de
ritalie: il est maintenant commun dans les haies et les
jardins.
Cosson et Germain de St-Pierre (FI. env. de Paris,
éd. % p. 157). Fréquemment planté dans les bosquets,
les jardins et les promenades publiques. Quelquefois
naturalisé dans les haies et les bois.
Boreau (FI. Cenlr. Fr., II, p. 137). Bois montagneux,
rochers calcaires : dans les départements de la Nièvre et
de ITonne. On le trouve aussi dans les haies des jardins,
où il est souvent cultivé.
Flores d'Allemagne. — Hoffmann. (Deutschl. Flora, II,
p^ 85). In collibus sylvaticis : Autriche, Carniole, Saxe,
Thuringe, Ratisbonne.
Reichenbach (FI. Germ. excurs.^ II, p. 514). Auf
Waldhûgeln im ganzen sûdlichen Gebiete, in mittlern
hier und da, bei Wien, Regensburg u. a. ûbrigens hâufig
cultivirt und verwildert.
A. Garcke (FI. Deutschl. y p. 102). Als Zierstrauch in
Anlagen augepflanzt und bisweilen in Hecken verwildert.
DôU (FI. Baden, III., p. 1147). Dans la Forêt Noire
à Oberweiler et sur le Kaisersthul dans le Brisgau; mais
subspontané sur le Schlossberge près de Fribourg.
( 208 )
C. Koch (Dendrolog.,l,p, 63).Sùd-uud Mittel-Europa,
nôrdiicher Orient.
Ph, Wirlgen (F/, pr. Rheinpr., p. 123). Indiqué
comme exotique.
Flores d'Angleterre. — Curtis {Bot. Mag., 3-4, p. 81).
A native of ihe South of France and Italy.
Miller (Dict. Jard., II, p. 500). On le cultive ordi-
nairement dans les pépinières, comme un arbrisseau à
fleurs pour servir d'ornement dans les plantations; est ori-
ginaire de TAutriche, de la France méridionale et de Tlla-
lie, d'où ses semences ont été envoyées en Angleterre.
Sweet {Hort, Brit.y p. 172). Introduit dans les cultures
en Angleterre en 1568.
06s. I. — Il n'en est pas fait mention dans le British
Flora de W.-J. Hooker.
Obs. II. — Nous trouvons singulier que Linné (5p., 5457)
dise le Baguenaudier habitant l'Angleterre, alors qu'aucun
des auteurs de ce pays ne le signale.
De tous les extraits que nous venons de citer, il nous est
permis de conclure que le C. arborescens est évidemment
une espèce méridionale très-répandue dans la région médi-
terranéenne. On la voit donc en Espagne, en France, en
Italie, en Turquie et en Grèce; elle s'étend même jusqu'au
Caucase. En France, elle est commune dans le midi, devient
très-rare dans le centre, plus rare encore vers le nord,
car ses dernières habitations naturelles sont en Alsace et en
Lorraine, à St-Mihiel, par 49° de latitude. La dispersion
est à peu près la même en Allemagne : abondante dans
le midi de l'Autriche, très-rare au centre et son habitation la
plus septentrionale est Ratisbonne (Regensburg) par 49°
également. Entre Maastricht et les habitations de St-Mihiel
et de Ratisbonne, il y aurait donc un écart de dpux
( 209 )
degrés. Une distance aussi considérable donne beaucoup à
réfléchir et commande une extrême prudence surla délicate
question d'indigénat (Fr. Crépin NoL, fasc. V, p. 33).
Omphalodes ¥erati Mônch.
En 18H, Lejeune (Fl.Spa, I, p. 98) signale cette inté-
ressante espèce dans les bois du château de Gaslor(Gastert)
surla Montagne Sl-Pierre. En 1821, Nyst qui commu-
niqua à Bory de St-Vincenl (Voyage souterrain à la Mont.
St'Pierre) le catalogue des plantes que Ton rencontre aux
environs de Maastricht, mentionne VO verna entre le Coq
rouge et le château de Castert. La plante fut retrouvée
par Michel (Revue FL Spa, p. 43) et ces découvertes sont
confirmées par Lejeune et Courtois (Comp., I, p. 167),
par M. Du Mortier (Prodr,, p. 40). Dans un mémoire
manuscrit de M. Dumoulin, nous trouvons le renseigne-
ment suivant : « Si vous prenez la route de Liège jusque
près des haies du château de Castert et si vous entrez, un
peu avant d'atteindre ces haies, dans le bois qu'on voit à
gauche de la route, VO. verna s*ofl*re à vos regards. » Le
même auteur (Guide bot. env. Maastr., p. 102) indique
les bois près du château de Castert.
Nous avons visité, ces deux dernières années (1871-72),
Thabitation de cette belle petite Borraginée. Elle y couvre
un espace d'un ou deux ares, se cache dans la partie la plus
toufl'ue du bois, à un endroit où le sol se creuse profon-
dément. Non loin de là, se trouvent la ferme et le château
de Castert. La plante y est répandue avec une telle abon-
dance que les herbacées indigènes lui ont cédé la place ;
elle aime surtout à se mettre à lombre des bouquets de
Noisetier, de Charme et de Chêne, mais chose remarquable
( 210 )
elle reste dans une limite très-circonscrite : on la voit tout
d'un coup couvrir le sol pour disparaître complètement
aux alentours de son centre de dispersion, de sorte qu'au
premier aspect on pourrait croire que quelqu'un s'est fait
un plaisir de la répandre dans un espace donné. Nous
l'avons cherchée en vain dans d'autres parties de la Mon-
tagne. Nous nous sommes souvent demandé si cette plante
est bien indigène à la place où on nous l'indique depuis
près de trois quarts de siècle. Que parce qu'une plante se
trouve dans un bois, au milieu d'une végétation native,
doit-on en conclure, sans aucun examen, qu'elle appartient
à la flore du pays? A ce propos, nous rappelons avoir
trouvé dans un bois monlueux, sur le territoire de Marchin,
dans la vallée du Houyoux, plusieurs centaines de pieds
d'Euphorbia Lathyris croissant en toute liberté au milieu
des buissons de la côte. Bien que cette plante ait pris
là certains airs d'indépendance, on n'a nul droit de la
considérer comme une indigène, à l'égal d'autres, telles
que les Mercurialis perennis, Digilalis purpurea, etc., qui
lui disputaient la place; elle nous offre un de ces cas de
naturalisatio n extraordinaire dans le genre de celui qui
nous occupe.
Ici l'habitation de la plante nous semble peu naturelle.
En effet, elle se trouve à peu de distance des lieux habités :
une ferme, un château et un parc sont aux alentours. Il est
possible qu'autrefois des promenades aient été tracées dans
le boisy que, le long de ces chemins, certains végétaux
exotiques y aient été plantés, qu'à la suite des temps, ces
allées aient été négligées, puis abandonnées et qu'enfin la
nature sauvage ait repris son empire.
On ne peut expliquer autrement la présence en ces
mêmes lieux des espèces suivantes : Orobus nlger, 0. ver-
( 211 )
nus y Doronicum Pardalianches , Vinca major, toutes
plantes étrangères qu'on introduit encore de nos jours
dans les bosquets de nos pares. D'ailleurs encore, pour-
quoi VOmphalodes a-t-il un domaine si circonscrit et, s'il
était là indigène, pourquoi ne Tobserve-t-on pas dans
d'autres lieux de la Montagne, pourquoi ne l'a-t-on pas
trouvé également à Fauquemont, dont la constitution
géologique est identique à celle du Petersberg? On re-
trouve près de cette petite ville les Orchidées et plusieurs
autres plantes rares que l'on rencontre au Petersberg : on
aurait quelque droit de demander comment il se fait qu'on
n'y voit pas croître le Baguenaudier, l'Omphalode, etc.
Au surplus, l'abondance d'une plante dans un lieu
donné n'augure rien en faveur de son indigénat, surtout
si l'on sait que cette plante peut se répandre avec facilité
et rapidement. En effet, POmphalode a des branches
rampantes, qui poussent des racines de chacun de leurs
nœuds et la plante se multiplie ainsi fortement par ce
moyen. Ses fleurs sont rarement suivies de semences qui,
au reste, sont inutiles, parce que l'espèce se propage con-
sidérablement par ses branches traînantes (Miller Dict.
Jard., II, p. 748). Cette remarque est concluante et
explique suffisamment l'abondance de la plante à Gastert.
C'est parce qu'ils n'ont pas bien étudié la station et
l'habitation de la plante, qu'ils n'ont pas consulté les Flores
générales de l'Europe, que nos auteurs belges se sont
trompés sur la véritable patrie de YOmphalodes vema en
lui assignant la Montagne St-Pierre, comme habitation na-
turelle. Leur erreur a été même reproduite par quelques
grands botanistes, tels que A. -P. De Candolle (Prodr., X,
p. 162)etLoiseleur-DesIongchamps (FI. GalL, I, p. 136).
Il ne paraît pas que cette espèce ait été trouvée en
( 212 )
Belgique ailleurs que dans les lieux cultivés. M. Du Mor-
tier Ta rencontrée dans le bois du château d'Anvaing
(Michot FI. Hain,, p. 70) et Tabbé Voisin, à Tournay
(Dmrt. Prodr,, p. 40) sans indication de station; J. Kickx
(FL BruxelL, p. US) l'indique comme très-rare entre
Elegem et Bygaerde. Mathieu (F/. Belg.y p. 361) la
dit cultivée dans les jardins, se rencontrant quelquefois
en dehors, mais accidentellement.
Le D' Georges (FI. Centt\ Bclg., p. 121) Pa vue dans
les bois vers Hal. M. Fr. Crépin, qui se tient toujours
dans une prudente réserve, lorsqu'il s'agit de faire entrer
des plantes étrangères dans notre flore, dit en note (Man.
fl. Belg.y éd. 1, p. 87 et éd. 2, p. 148) qu'on cultive fré-
quemment rOmphalode dansnos jardins, qu'il se retrouve
eà et là, mais très-rarement dans le voisinage des cultures.
Enfin pour terminer, nous constatons qu'aucun botaniste
belge de la Renaissance et du dernier siècle n'en fait
mention.
L'examen des principales Flores des diverses contrées de
l'Europe nous dira la patrie de cette plante et tes pays qui
n'en sont pas dotés.
. Flores de France. — Duby {Bot. Gall.j I, p. 336).
Pedemontii nemôrosis indigena, fréquenter in hortis culta.
Loiseleur-Deslongchamps {Fl. GalL, I, p. 156). In sylvis
et dumetis Belgici, PedemontiiquC; probabiliter in Gallia
orientali aut septenlrionali.
Obs. — Cette Flore ayant paru en 1828, l'auteur s'est
emparé des renseignements fournis par Lejeune, et de ce
que la plante a été signalée en Belgique, il en conclut
qu'elle pourra être probablement trouvée dans la France
orientale et septentrionale.
Lamarck (Dict. Encycl., II, p. 239). Cette plante croît
( 213 )
naturellement dans le Portugal et la Garniole, au pied des
montagnes, dans les bois : on ia cultive au Jardin du Roi.
Lamarck et De Candolle (FI. Fr., III, p. 637). Cette
plante est cultivée dans plusieurs jardins. Elle se trouve
en Piémont, dans les bois autour du bourg de la Cà di
Prà(All.).
Willemet (Phyt., I, p. 174). Originaire de la Garniole
et du Portugal; s'est naturalisée au Jardin des Plantes de
Nancy.
Grenier et Godron (F/. Fr., Il, p. 538). Ils ne citent
que deux localités et cela encore sans désigner la station :
environs de Lyon, et Russy-Montigny, près de Villers-
Cotterets.
Boreau (FL Centr. Fr., II, p. 366). Cultivée fréquem-
ment en bordures et naturalisée dans plusieurs parcs.
Cbsson et Germain de St-Pierre (F/, env. Parisy
éd. 3, p. 333). Souvent cultivée et naturalisée dans quel-
ques parcs. Bois entre Liancourt et Mogneville (Graves
Cat. pi. de l'Oise). Petit bois de Russy-Montigny prés
Crépy, où elle croit avec YAnemone Hepatica dans un
espace restreint. Cette localité est éloignée de toute habi-
tation et pour M. Queslier^ la plante y serait réellement
spontanée; mais, d'après les notions fournies par la
géographie botanique , nous sommes plutôt portés à
admettre qu'elle y est seulement naturalisée depuis longues
années. L'O. vema, originaire du Piémont, de l'Italie, de
la Transylvanie et de la Carinthie, n a jamais été trouvé
réellement spontané en France ; aux environs de Besançon,
où Mutel l'indique dans les bois, M. Grenier (Cat. pL
Doubs) ne l'a jamais vu qu'échappé des jardins.
Obs. I. — Nous nous sommes plu à citer tout un long
extrait de l'ouvrage de ces estimables savants français, parce
J7
(214)
que leur opinion vient confirmer la nôtre et parce que les
stations des localités citées nous paraissent semblables à
celle de Maastricht. Nous profitons également de l'occasion
qui nous est offerte pour rendre hommage à la science et
à lexcellenle méthode dont MM. Cosson et Germain de
St-Pierre ont fait preuve dans leur Flore des environs de
Paris. Lés observations critiques de géographie botanique
dont ils ont émaillé leurtravail seront souvent consultées et
il serait à désirer que tous les Aoristes suivissent leur
exemple.
Obs, II. — Les auteurs suivants ne parlent pas de cette
plante : F. Chevallier (F/, env. Paris)^ Grenier (F/. Juras.),
Godron (F/. Lorr.)j J. Thurmann (P%/. Jura), Ch. Doisy
(F/, dép. Meusé)y H. Lecoq (Géogr. bot. Eur.).
Flores d'Allemagne. —A. Garcke(F/. Deutschl., p. 276).
In sûddeutschen fiergwâldern einheimisch, wird nur in
Gârten gezogen und verwildertselten.
Obs. — N'est pas renseignée dans Gmelin (F/. Badensis),
ni dans aucune Flore de l'Allemagne centrale et septen-
trionale.
Flores d'Angleterre. — Miller (Dict. Jard.^ II, p. 748).
Elle nait sans culture dans les forets de l'Espagne et du
Portugal, où elle fleurit ordinairement à la Noël.
Curtis (Bot. Mag.y 7). A native of Spain, Portugal, and
Garniola, and an habitant of woods and shady situations.
Sweel {Hort. Brit., p. 488). Introduit dans les jardins
d'Angleterre en 1633.
Obs. — N'est pas signalée dans l'excellent British Flora
de W.-J. Hooker.
Ouvrages généraux. — Linné (Sp., 1090). Habitat in
Lusitaniae, Carniolae nemorosis, ad radiées montium.
De Candolle (Prodr., X, p. 162). In sykaticis montosis
( 2i8 )
Lîguriae (Thom.), Pedemonlii (Ail.), Carniolae et prope
Salzburg (Koch Syn.)^ nec non prope Besançon (Mutel
FI. Fr., II, p. 223) et Spa (Lej. FI. Spa, I, p. 98 et
Rev., p. 43).
Obs. — Lejeune, dans sa Flore des environs de Spa,
assigne comme habitation à VO. verna les bois de Castert
et de Fraipont (prov. de Liège). Dans sa Revue, il ne
rindique plus que dans la première localité et ce sur le
témoignage de Bory de St-Vincent et de Michel. Dans
le Comp. fl. Relg., il la mentionne aux environs de
Maastricht. Pour ce qui est de l'habitation de Besançon,
nous avons vu plus haut à quoi nous en tenir. D'ailleurs,
M. Grenier passe sous silence cette localité dans sa Flore
de France.
De tous ces renseignements, il résulte donc que l'O/n-
phalodes verna a pour lieu d'origine le centre et le sud-
ouest de FEurope. On le trouve en Hongrie, en Transyl-
vanie, dans la Garinthie^ la Garniole, la Lombardie, la
Toscane, la Ligurie et le Piémont; à Touest, en Portugal
et probablement en Espagne. Partout ailleurs, il n'est
que subspontané ou naturalisé.
Doroolcam PardaliaoeheA L.
Gette plante est indiquée comme croissant dans les bois
par plusieurs Aoristes belges du commencement de ce
siècle. Lejeune {Fl. Spa, I, p. 173) l'indique à la Montagne
St-Pierre; dans s^ Revue, p. 177, il ajoute Blistain et
Soiron; dans le Comp. fl. Belg., III, p. 1S6, il mentionne
en outre Ensival et Pepinster. M. Lestiboudois {Bot. Belg.,
( 216 )
II, p. 172) la dit originaire de Suisse, et Roucel {FL
Nord Fr.y II, p. 247), des provinces méridionales de
l'Europe, en ajoutant qu'on la cultive dans nos jardins.
M. Du Mortier (Proir., p. 66), sur le témoignage de Tabbé
Voisin, l'indique comme habitant les bois humides du
Hainaut. Ce renseignement est reproduit par M. Michot
(FI. Hain.y p. 272), qui dit de plus avoir semé la graine
de cette plante dans le bois de St-Denis. Le Rév. P. A.
Bellynck (F/. Namur, p. 127) la mentionne à Dave
(F. Racot), où, malgré nos recherches, nous ne sommes
jamais parvenu à la découvrir, et à Loyers (L.Deschamps),
où elle existait le long d'un senlier conduisant à un pavil-
lon construit au sommet d'un rocher et où elle n'a pu être
que plantée.
Nous-méme, avec notre ami M. J. Chalon, nous avons
observé ce Doronic à une lieue de là, dans la vallée de
Samson, vers Goyet : il venait en compagnie du Narcissus
poeticusj dans un ancien jardin, redevenu aujourd'hui
prairie, près des ruines d'une usine de fer. M. A. Wes-
mael l'a vu à Grimberghen (Brabant), dans un parc,
associé à VAsperula taurina. M. Dumoulin (iVof. man.,
p. 5) signale cette plante à la Montagne St-Pierre,dans un
enfoncement au-dessus du bosquet où se trouve YOrobus
niger.
Nous avons revu ce dernier et son voisin VOmphalodes,
mais nous n'avons pu retrouver le Doronic, qui, sans
doute, n'a su se maintenir en cet endroit comme les deux
précédents. Remarquons en passant que Tinant(F/. Lux.)
ne signale pas cette plante dans l'Ardenne, ni dans le
Grand-duché de Luxembourg. Pour M. Fr. Crépin ( \fan.
fl. Belg.y éd. 1, p. 131 et éd. 2, p. 223) l'indigénat de
cette espèce, dans nos provinces, lui paraît très-suspect.
( 217 )
Nous sommes de Tavis de noire savant confrère. La
plupart des habitations relatées dans nos diverses Flores
n'ont pas été retrouvées dans ces derniers temps^ ce qui
prouve que la plante est restée dans un rayon très-cir-
eonscrit ou qu'elle a entièrement disparu. Nous sommes
porté à croire qu'on ne Ta jamais trouvée hors des lieux
soumis à l'influence de l'homme : on l'a vue dans des
parcs, dans des bosquets, le long des sentiers des bois
voisins des lieux habités, où elle se montre rebelle à la
naturalisation, car on ne la rencontre jamais en colonies
.nombreuses; quelquefois même on n'en a trouvé qu'une
simple touffe et souvent si peu fournie qu'on pourrait
croire qu'elle est restée telle qu'on l'y avait plantée. A ce
propos, nous nous rappelons avoir vu l'habitation classique
d'Andrimont vers Blistain. La plante était dans une
prairie au coin d'une hai^? 6n pieds peu nombreux, vivant
peu à son aise au milieu de la population indigène, qu'elle
avait l'air de regarder d'un œil étonné, végétant médio-
crement comme si elle était venue là de la veille.
Il paraît que le Doronic existe en Hollande (Prodr. fl.
Batav,, p. 122), dans les bois, mais là, comme chez nous,
il est probable qu'il n'y est qu'introduit. MM. Babington et
Watson le regardent comme d'origine étrangère dans la
Grande-Bretagne. Miller (Dict.Jard., III, p. 84) le signale
comme cultivé dans les jardins d'Angleterre, et ajoute
qu'on le trouve en Hongrie et dans les montagnes de la
Suisse. M. Fries ne l'admet pas non plus dans la péninsule
Scandinave et le dit adventif en Danemark. Linné (Sp.,
6406) lui assigne pour patrie la Suisse, le Valais et la
Pannonie, où Clusius l'indiquait déjà (Hist. PL, II, XIX).
Dodoens {Hist. des PL, trad. de C. Clusius, p. 584) assure
l'avoir trouvé au penchant d'une montagne en lieux om-
( 218 )
bragés es Alpes de Savoie : il s'en trouve, eonlinue-l-il,
aucune fois de planté es jardins de quelques apothicaires
de France. Matthiole (Comm. sur Diosc, p. 883) dit qu'il
l'a rencontré aux montagnes d'Ananie (Gaule cisalpine) en
la terre de Trente, dans des lieux presque inaccessibles et
malaisés. Si nous citons ces anciens auteurs, c'est surtout
pour montrer combien leurs indications sont précises,
exemple que devraient plus souvent suivre nos Aoristes
modernes : si leurs renseignements étaient mieux détermi-
nés, ils rendraient grand service aux botanistes qui s'occu-
pent de géographie botanique. Lamarck {Dict. Encyc.y II,
p. 312) dit qu'on trouve cette Composée en France, en
Suisse, en Allemagne, aux lieux ombragés des montagnes.
Il la dit commune dans les bois de l'Auvergne, obser-
vation confirmée par Lecoq et M. Lamolte (Cat. pi. Plat.
Centr.), Dans sa Flore Française, IV, p. 173, publiée en
collaboration avec De Gandolle, il ajoute qu'elle croit dans
les bois des montagnes, dans les Alpes, les Gévennes, les
Pyrénées, les Monts-d'Or, le Forez, le Lyonnais, à Auray
en Bretagne, etc. M. Boreau (F/. Centr., II, p. 28S) dit
cette plante très-rare dans les départements du Loiret, de
l'Yonne, de Saône-et-Loire, de la Creuse; elle ne devient
abondante que dans le midi. M. Godron (FI. Lorr., I,
p. 390) l'indique dans les forêts du versant oriental des
hautes Vosges, dans les vallées de Guebwiller, de Stein-
bach, de Munster, à Souitzbach et au Champ-du-Feu.
D'après J. Thurmann (Phyt. Jura, II, p. 131), elle est
disséminée dans les Vosges, les Basses Alpes, sur quelques
points du bassin Suisse occidental et dans le Jura. Elle est
très-rare aux environs de Paris, puisque MM. Cosson et
Germain de St-Pierre (FI. env. Paris, éd. 2, p. 515) ne lui
assignent que les bois de Malesherbes et comme cette
( 219 )
plante est spéciale à la région montagnetise, ils ajoutent
qu'elle a pu être introduite à la localité citée. Dans le
rayon de cette Flore, elle est remplacée par sa congénère
le D.plantagineum, qui est assez répandu. Enfin, Lecoq
(Géogr, bot. Eur., VII, p. 104) assigne comme limites à
cette espèce, au sud : les Pyrénées, l'Espagne ; au nord,
l'Europe centrale, où elle est assez répandue; à Test,
la Suisse, Tltalie, TAulriche, la Hongrie, la Turquie, la
Grèce et le Caucase.
Coronflla varia L.
Signalée à la Montagne St-Pierre, la première fois par
Lejeune (F/. Spa, 1, p. 99 ', cette plante y a été retrouvée
par M. Dumoulin (iVo/. man.y p. 8) au-dessus de la ferme,
derrière le château de Castert. 11 fait observer qu'il ne
s'en trouve que peu de pieds et il est probable, ajoule-t-il,
qu'elle y a été plantée : néanmoins elle s'y est conservée
pendant plus de vingt ans et on peut la regarder comme
entièrement naturalisée.
Remarquons en passant que parmi toutes les espèces
qu'il cfle dans son mémoire, c*est la seule sur laquelle il
émette des doutes quant à la spontanéité.
Plusieurs Aoristes belges parlent des stations de la
plante, sans noter ses habitations, sans indiquer aucune
localité où on la trouve, comme s'il s'agissait d'une espèce
vulgaire. C'est ainsi que Roucel {FL Nord Fr., II, p. U6)
dit qu'on la trouve aux bords des champs, que M. l'abbé
Michot (F/. Bain., p. 241) la renseigne aux bords des
fossés, que M. Du Mortier (Prodr., p. 10:2) l'indique dans
les pâturages et C. Mathieu (F/. Belg., p. 140), dans les
prés secs et aux bords des chemins, dans les provinces
( 220 )
de Liège, de Luxemboiir|ç el de Namur. Ce sont là des
données trop vagues, dont on ne pourrait faire aucun
usage si Ton voulait dresser le catalogue exact des plantes
indigènes du pays. Quelques botanistes ont cependant
trouvé cette Goronille dans certaines localités déterminées
de la Belgique. Lejeune (Comp., III, p. 59) Ta observée
aux bords de la Vesdre, d'où elle a disparu; Stoffels (ex
Van Haesend. Prodr. fl. Ànv.)y aux environs de Malines,
où rhabitation est détruite; M. Gh. Baguet, à Louvain et à
Aerschot(F/. centr. Belg.^ p. 60) et M. Arm. Thielens, à
Tirlemont (ibid.); enfin, nous-méme, nous l'avons signalée
sur les pelouses du rempart de TArsenal à Namur, où elle
n'existe plus, par suite du démantèlement des fortifications.
D'ailleurs nous n'avons jamais cru à l'indigénat de la
plante en ce lieu : .elle croissait au pied du mur d'un jar-
din et a du y être amenée avec les mauvaises herbes que
le propriétaire jetait hors de son terrain. Nous nous rap-
pelons même avoir vu pousser, en 1866, au milieu de ces
détritus végétaux V Adonis hortemis et le Cachlearia Armo-
racia, autres espèces exotiques.
M. Fr. Crépin, qui ne croit pas non plus que la plante
soit indigène en Belgique, cite, dans la l'*' édition de son
Manuely p. 42, la plupart des localités que nous avons
signalées plus haut, mais, dans la 2* édition, il ne rappelle
plus que Namur. D'après ce que nous avons dit, il en
résulte que cette espèce a probablement disparu de notre
pays. Cette plante, étant souvent cultivée dans nos jardins,
a pu se trouver à l'état subspontané auprès des cultures;
elle pourrait aussi provenir avec des graines fourragères de
la France, où elle est très-commune et se propager ainsi
dans les prairies, sur les pelouses, aux bords des fossés
et des chemins.
( 221 )
Sednni Cepnefi L.
Cette Grassulacée, dont la dispersion en Europe est très-
capricieuse, n'est vraiment commune qu'en Italie et en
Grèce. En France, elle manque à plusieurs flores par-
ticulières : elle est assez répandue dans le centre et dans
le rayon de la flore de Paris ; en Lorraine, elle est très-
rare et indiquée seulement à Neufchàteau. En Suisse,
on la voit à Genève. Elle manque à la vallée du Rhin,
par exemple aux flores de Bonn, de Nassau, de Trêves
(Schâfer) , de la Moselle (Holandre) , du Palatinat
(F. Schuitz). On la signale sur quelques points du Grand-
duché de Luxembourg (Lôhr Tascheèibuch); en Ardenne,
sur les rochers schisteux des bords de la Vierre, entre
Grand-Voir et Martilly (Tin. FL Lux., p. 221), où
M. Crépin a fait de vaines recherches pour la retrouver.
L'espèce manque aux Iles Britanniques, ainsi que dans les
Pays-Bas, car c'est par suite d'une erreur que de Gorter
(FL ni prov., p. 121) et Miquel (De distrib. pL, p. 71)
l'y indiquent : tel est du moins l'avis des auteurs du
Prodr. fi. Balav. (1850), I, p. 91. M. Lesliboudois (Bo^
Belg.yéd.iS^ly p. 389) ne l'indique pas en Belgique et la
mentionne seulement à Douai. Roucel(F/. NordFr., I,
p. 352) écrit qu'on la trouve dans les lieux pierreux et
qu'elle est rare dans la contrée qu'il a explorée. Nous
n'admettons pas plus ces renseignements que les suivants
cités par Mathieu (FL Belg., I, p. 203) « sur les colli-
nes pierreuses des provinces de Liège et de Luxembourg » ;
par M. Du Mortier (Prodr. ^ p. 85) « in collibus lapi-
dosis » . Toutes ces indications sont trop vagues et ne
peuvent aider en aucune façon le botaniste qui désire
connaître la population végétale de son pays. M. Fr. Crépin
( 222 )
(Mail. fl. Belg., éd. i, p. 47 et éd. 2, p. 85) ne la signale
pas comme indigène. Nous voyons aussi ce Sednm ren-
seigné par Lejeune (FL Spa, l, p. 204) sur la Montagne
St-Pierre. Cette indication est mieux spécifiée par M.
Dumoulin {Not, man,, p. 8 et Guide du bot. env. Maastr.,
p. 139), qui dit Tavoir trouvée sous les haies de la
vieille tour deLichtenberg et dans un effondrement de la
prairie voisine. Malgré cette indication très-précise, les
nombreux botanistes qui ont visité ces lieux ne sont pas
encore parvenus à retrouver cette plante. Nous-méme,
nous avons parcouru, pendant Tété de cette année, la
localité désignée sans être plus heureux et nous n'y
avons vu, comme plante remarquable, que CEryngium
campestre. Il est possible que le Stdum Cvpaea ait
pu être observé pendant quelques années à Lichten-
berg, mais qu'il n'ait pu s'y maintenir par suite de
circonstances dépendantes du climat, du sol, etc. S'il se
fut trouvé dans des conditions favorables, nul doute
qu'il ne se fut propagé aussi bien que certaine autre Cras-
sulacée annuelle, le Sedum rubens, qui couvre les terrains
calcaires du midi de la province deNamur, à Yvoir, Dinant,
Anseremme, Waulsort, etc. Nous croyons donc qu'on
peut rayer cet Orpin de la liste de nos plantes indigènes,
et c'est par suite des fausses indications puisées dans les
Flores du pays, que M. Alph. De Candotte (Géogr. Bot.,
1, p. 80) cite Maastricht comme le point le plus avancé
vers le nord (S0° 3/4 lat.) pour cette plante. Nous pen-
sons qu'elle ne dépasse pas Neufchàteau-sur-Meuse, les
environs de Paris et peut-être le Grand -duché de Luxem-
bourg. Nous ne savons trop quelle confiance il faut ac-
corder au renseignement suivant fourni parDekin etPassy
(FL BruxelL, p. 27.) « In locis, petrosis Forêt», puis-
( 223 )
qu'aucun Aoriste belge ne Ta reproduit et que les botanis<
tes bruxellois n ont pas retrouvé la plante au lieu indiqué.
Rfbes alplnnni L.
Cet arbrisseau est indigène près de nos frontières.
Tinant (F/. Lux., p. 131) l'indique dans les bois et sur les
rochers du Grand-duché de Luxembourg, sans indication
de localités, attendu que la plante y est assez répandue,
observation contrôlée par les botanistes belges dans leurs
excursions à travers ce pays en 1869 (Bull. Soc. roy. Bot.,
t. VIII, n^ 3, pp. 377-403). Ce Groseillier est également
très-répandu dans les montagnes de TEifel, ainsi qu'ont pu
le constater cette année plusieurs de nos confrères, dans
l'herborisation qu'ils ont faite aux environs de Gerolstein.
Nous ne croyons pas qu'on ait jamais rencontré cette
espèce sur le territoire belge en dehors des haies et des lieux
cultivés. Lejeune (F/. 5pa, I, p. 121) prétend cependant
l'avoir trouvée dans les bois du côté de Blistain et dans
les haies près de Verviers. Dans sa Revue, p. 55, il ne
signale plus que quelques pieds épars dans les bois entre
Verviers etBIistain, mais dans leComp. fi. Belg., I, p. 197,
il l'indique dans la région montagneuse de l'Ëifel, dans les
vallées du Rhin, de la Meuse et de VOurthc. Nous avons
parcouru pendant douze ans la vallée de la Meuse, et nous
n'y avons vu le Groseillier des Alpes qu'en un seul endroit,
où il avait du être planté : c'est dans un jardin abandonné
d'une vieille usine, à Yvoir, dans la vallée du Bocq. Il se
pourrait que l'on trouvât un jour cet arbrisseau dans
l'Ardenne belge; il est d'ailleurs indiqué à rechercher par
M. Fr. Crépin, dans son ouvrage intitulé VArdenne (Bull.
Féd.Soc. Hort. Belg., 1862, p. 313); mais aucun botaniste
( 224 )
résidant ne l'y signale et le compte-rendu de 1 exploration
de la Société royale de Botanique faite, en 1866, dans le
Luxembourg belge n'en parle pas. M. Du Mortier (JProdr.^
p. 88) dit que cette plante habite « in Arduenna et Eiflia » :
l'auteur n'a voulu sans doute parler que du Luxembourg
cédé. Mathieu (F/. Belg., p. 207), qui souvent copie les
renseignements fournis par ses prédécesseurs, écrit qu'on
la trouve dans les haies et les bois des environs de Ver-
viers et dans le Luxembourg. M. Michot (F/. Hain.,
p. 90) la renseigne, sur le témoignage de son frère, à Solre-
sur-Sambre; Roucel (F/. Nord Fr.y I, p. 179) ne Ta pas
trouvée en Belgique et il assure qu'elle est souvent cultivée
dans les parterres et les bosquets. Enfin, M. Dumoulin dit
l'avoir trouvée dans un petit bois situé à droite du
chemin avant d'arriver à Slavande, entre Maastricht et
Lichtenberg. Les anciens auteurs se taisent sur la présence
de ce Groseillieren Belgique. Incidemment, qu'il nous soit
permis de dire ici que la lecture de Dodoens vient confir-
mer ce que nous avons dit, il y a quelques années, sur la
spontanéité du Ribes nigrum dans quelques localités de
notre pays (Bull, Soc. roy. Bot,, t. V, n" 1, p. 6, t. VI,
n" 3, p. 294 et Kickxia Belgica, n"* 79). Il assure (Hist.
des PI, trad. de G. Glusius, p., 478) que cet arbrisseau croit
de lui-même en lieux humides et mal cultivés, le long des
fossés et des rivières,
La dispersion du JSt&P5a/ptn?im en Europe est très-vaste.
En voici les limites d'après H. Lecoq {Géogr, bot. Eur.y
VI, p. 22S). Au sud, les Pyrénées, l'Espagne boréale et
le midi de l'Italie; au nord, une partie du centre de
l'Europe, toute la Scandinavie et l'Angleterre. A l'esf,
il s'étend très-loin vers la Suisse, l'Italie, la Hongrie, le
Caucase, la Hussie çt la Sibérie, $i on ne le trouve pas
( 22S )
spontané en Belgique, c*est que nos collines n'ont pas une
altitude assez considérable que pour pouvoir posséder cette
espèce alpine.
Lonleera Xylostenin L.
M. Alfr. Gogniaux, en 1863, dans un travail intitulé
Coup d'œil sur la végétation des environs de Visé {Bull,
Soc. roy. Bot. , t. III , n" 1 , p. 81) est le premier
botaniste qui signale ce Chèvrefeuille, dans cette partie
du pays. Il l'indique sur les collines entre Argenteau et
Cheratte, sur le calcaire de Visé et de Richelle et à la
Montagne St-Pierre. Cependant M. Dumoulin , dans
son Guide du botaniste aux environs de Maastricht,
publié en 1868, n'en parle pas. Nous avons remarqué au
Petersberg quelques buissons de cet arbuste souvent
associé au Colutea arborescens, et, comme M. Crépin, nous
le soupçonnons detre introduit en ce lieu. Nous ne
pouvons assurer qu'il est indigène aux environs de Visé.
La remarque suivante faite par Lejeune, dans sa Revue,
p. 52, nous permet d'émettre quelque doute : « il est
maintenant tellement naturalisé dans les bosquets de la
province de Liège , qu'on croirait à son indigénat. »
M. l'abbé Ch. Straii en a rencontré une seule touffe entre
Forêt et Magnée, où probablement l'habitation est artifi-
cielle. Il est une partie de la Belgique où ce Chèvrefeuille
croit naturellement : c'est à l'extrême frontière méridionale
du Luxembourg, aux environs de Lamorteaux, Torgny,
Saint-Mard, Ruette et Virton, où il est très-abondant,
mais localisé sur le calcaire jurassique. On le voit
d'ailleurs communément près de là en Lorraine (Godron
FL Lorr,, I, p. 353), dans les bois, les buissons et même
jusqu'au sommet des hautes Vosges.
( 22ft)
Parmi les Aoristes belges, M. Du Mortier est le seul qui
renseigne cet arbuste indigène près de nos frontières :
il l'indique (Prodr., p. SS) dans TEifel et le Luxembourg.
R. Dodoens paraît ne pas l'avoir trouvé dans nos contrées,
puisqu'il écrit (HUt, des PLy (r. de C. Clusius, p. 548) :
« Il croit en plusieurs endroits de la Savoie et au pays des
Suisses. En ce pays (Belgique), les herboristes le plantent
en leurs jardins. »
Cette espèce est maintenant spontanée sur quelques
points du midi de l'Angleterre, où elle a peut-être été
transportée (Bromf. Phyl.y p. 422); mais elle n'était
pas indiquée par les anciens botanistes Ray et Dillenius.
Elle manque à l'Irlande, à la Hollande, à la Normandie;
elle s'étend peu vers l'ouest et ne se trouve pas sur une
grande partie du littoral de la France et du Nord, de
Nantes à Hambourg. Au sud, elle est dans le centre et le
midi de la France, en Espagne et en Italie. Au nord,
elle existe en Allemagne et en Scandinavie, la Laponie
exceptée. A l'est, on la trouve en Suisse, en Dalmatie,
en Hongrie, dans le Caucase, la Turquie, la Russie et la
Sibérie.
Papsiver hybrldnm L.
La présence de ce Pavot vers Maastricht a été signalée
par M. Dumoulin (Guide, p. 108) dans les champs, près
du château de Castert. Presque tous nos Aoristes indi-
quent cette plante en Belgique et bien qu'ils ne la disent
pas rare, on n'est pas encore parvenu à la retrouver dans
ces derniers temps et peu d'amateurs la possèdent dans
leur herbier. Roucel (FI. Nord Fr., I, p. 425) indique
ce Pavot dans les champs, où, dit*il, il n'est pas rare.
( 227 )
Ne le eonfond-il pas peut-cire avec le P. Argemone^
qu'il ne cite pas et qu'on voit cependant répandu abon*
damment dans nos provinces : la description qu'il en
donne et la synonymie qu'il relate nous portent à le
croire. Dekin et Passy {FL BriixelL, p, 50) disent « in
arvis et cultis, » et J. Kickx (FI. Bruxell,, p. 193) dit « in
arvis Laeken, Jette, etc. ». Hocquart (F/, dép. Jpmm,,
p. 181) le renseigne dans les moissons d'Ath, de Tournay
et M. Lestiboudois (Bot. Belg., II, p. 74), vaguement dans
les champs. Lejeune (FI. Spa, I, p. 240) l'indique dans
les moissons, surtout près de Maastricht, dans les champs
sablonneux à Bruxelles, à Tournay et dans la province de
Luxembourg (Comp., II, p. 180). M. Du Mortier écrit
laconiquement « in arvis, » et M. Michot (FI. Uain.,
p. 181) et Mathieu (FI. Belg., I, p. 32), le copiant sans
doute, indiquent les blés et les champs en général : le
dernier ajoute toutefois que Tespèce est rare, mais il ne
cite aucune localité précise. F.-V. Marissal (Cat. phan.
env, de Tournay, p. 61) le renseigne sur les voies à
Vaulx. Quelques Aoristes belges se taisent sur celte plante;
ce sont :1e Rév. P. A. Bellynck, auteur de la F/ore de iVamiir,
MM. Pire et Muller, auteurs de la Flore du Centre de la
Belgique et M. Fr. Crépin, qui, dans la première édition
de son )!anuel, p. 21, la mentionne pour mémoire dans
les provinces de Hainaut, de Brabant, d'Anvers et de la
Flandre occidentale; dans la 2* édition de son ouvrage,
il ajoute (p. 41) que celte espèce, signalée dans toutes
nos Flores parait introuvable aujourd'hui ; néanmoins il
engage les herborisateurs à la rechercher.
Plusieurs contrées voisines de la Belgique paraissent
ne pas posséder cette plante. M. Godron, dans sa Flore de
Lorraine, ne l'indique que d'aprèsM.Doisy (F/, rfép. Meuse^
( 228 )
I^ p. 486), qui ditTavoir trouvée dans le département de
la Meuse; elle est également à peine signalée dans le Jura
(J. Thurm. Phyt. Jura, II, p. 24). Cependant MM. Gre-
nier et Godron (F/. Fr.y I, p. 59) la renseignent dans les
blés et les champs cultivés de presque toute la France.
H. Lecoq (Ceogr. bot. Eur.y V, p. 7) donne sa dispersion
de la manière suivante: commune dans le midi de la
France, en Espagne, en Algérie, en Grèce, en Crimée et en
Sicile; au nord, on Tobserve en Angleterre, en Irlande
et elle devient rare en Allemagne.
Seneelo squalldn» L.
Lejeune (F/, Spa, II, p. 166) prétend avoir trouvé des
pieds de cette plante annuelle, par-ci par-là, dans les
environs de Verviers. On doit admettre que cette Com-
posée exotique est venue du midi avec les laines brutes
qu'on travaille sur les bords de la Vesdre. Elle y a végété,
assure-t-il, de 1805 à 1816, mais comme 1 été de cette
dernière année fut froid et pluvieux, beaucoup de plantes
annuelles ne purent mûrir leurs graines; c'est probable-
ment la cause qui fit disparaître ce Séneçon du pays. Plus
tard, le même botaniste l'a encore rencontrée dans la
vallée de l'Amblève, aux alentours de Sougnez et d'Ay-
waille {Comp.y III, p. 168) où on ne la signale plus aujour-
d'hui, il paraîtrait que M. Dumoulin {Guide bot. env.
MacLstr.y p. 140) a également observé cette espèce dans les
bois et les endroits arides de la Montagne St-Pierre; ce
qui nous autorise à ne pas ajouter foi à cette trouvaille , ce
sont les stations peu naturelles qui sontassignéesàla plante.
L'espèce semontre très-peu vers le Nord. En Angleterre,
elle fut d'abord découverte par sir J. Banks (Smith
( 229 )
Engl. Fl.f III, p. 431) sur les vieux murs à Oxford et
ensuite dans cinq comtés du midi. Elle n'a pu venir là
quavec des graines du sud de l'Europe. Elle fait complè-
tement défaut dans le nord de la France (De Gandolle
Géogr. Bot., II, p. 669) et dans le midi, elle habite les
champs, les vignes, les murs et les bords des chemins de
la région méditerranéenne (Duby Bot. Gall., 1, p. 262).
Bertoloni {FI. Ital., IX, p. 222) la signale en Calabre
et au pied de TEtna, observation confirmée par Boccone et
Gussone. Linné (Sp., 6289) lui assigne pour patrie TEu-
rope australe.
Banfas Erncago L.
Cetïe espèce errante, maisessentiellement méridionale,
est disséminée sur quelques points du sud de l'Europe et
en Afrique. On la trouve dans la France australe, le
Dauphiné, le Valais, la Savoie, Tltalie, la Sicile, l'Au-
triche, la Grèce, la Russie (De Gandolle Prodr., II, p. 671
et Lecoq Géogr. bot. Eur., V, p. 149). En France, elle
s'avance jusque Lyon(Gren. et Godr. FI. Fr.j I, p. 135),
et se trouve çà et là dans les champs, entre le pied du
Jura et le lac de Genève (Grenier FI. Juras., I, p. 75).
A l'ouest, elle parvient dans le département de la Loire-
Inférieure jusque Chéméré et Fresnay (F/. Ouest Fr.,
p. 4t).
En Belgique, cette Crucifère a élé découverte en 1862
par M. L. Pire, dans un terrain vague à Ixelles : elle en
a disparu l'année suivante. M. Dumoulin {Not. rnan.,
p. 11) dit qu'on l'a trouvée dans un champ d'avoine,
sur les hauteurs qui dominent le bois de la Montagne
St-Pierre, mais il n'assure pas l'avoir rencontrée. M. Du
i$
( 230 )
Mortier (Prodr., p. 121), d'après Van lloorebeke, dit
qu'elle croit dans les champs des Flandres, mais comme
on ne peut avoir grande confiance dans les renseignements
fournis par Van Hoorebeke qui n'était pas, semble-t-il, un
botaniste bien sérieux, qu'il nous soit permis de ne pas ad-
mettre son indication, surtout que cet auteur ne cite le
nom d'aucune localité.
Orobuft niger I.
La Flore des environs de Spa (I, p. 101) renseigne
cette plante dans les bois, près de Verviers et de Maastricht.
M. Dumoulin (Not. man., p. 5 et Guide, p. 106) l'a
observée près du bosquet de Castert, où cette année, nos
confrères MM. A. Hardy, Ch. Minette et Ch Firket l'ont
retrouvée. Elle vient au même lieu que VOmphalodes veraa,
et non loin du Vinca major, espèce très-méridionale, qui
se montre rarement dans notre pays hors des parcs et des
lieux cultivés. Les pieds étaient peu nombreux (une dou-
raine), mais de taille gigantesque. C'est là également qu'on
a indiqué jadis les Orobus vernus et Doronicum Pardalian-
ches. Nous avons dit plus haut notre avis sur la naturalisa-
tion de ces espèces exotiques; c'est pourquoi nous nous
dispensons de revenir sur cet objet pour la plante qui nous
occupe.
S'il faut en croire nos Aoristes, cet Orobe aurait été
trouvé dans d'autres endroits du pays, et pour plusieurs
d'entre eux, l'espèce serait si répandue qu'ils se dispensent
même de citer des localités précises, se contentant de
donner des indications générales, tout comme s'il s'agissait
d'une plante commune. Roucel (F/. NordFr., II, p. 134)
prétend l'avoir souvent observée dans la forêt de Soigne
( 231 )
et du côté de Wavre; or, J. Kiekx (F/. BruxelL) et
MM. Pire et Muller {FI. Centr. Belg., n'en parlent pas.
M. Lestiboudois (Bot. Belg., II. p. |124) l'indique dans
les bois; MM. Du Mortier {Prodr., p. 104) et Michot
(F/. Hain., p. 246), dans les bois montueux; enfin Ma-
thieu (F/. Belg., p. 152) est plus explicite en indiquant
les bois montagneux des Ardennesetdu Luxembourg, où
cependant aucun de nos confrères ne Ta vue. M. Chabaut
la observée autrefois à Beaumont, au lieu dit Fontinette,
mais elle en a disparu. On peut donc considérer TO. niger
comme une .espèce très-rare en Belgique et Ton serait
même porté à la croire douteuse pour notre flore, si on
ne la trouvait pas répandue dans les contrées limitrophes et
n y était signalée comme une plante assez vulgaire. Au
reste, voici sa dispersion en Europe : au sud, ses limites
d extension sont le midi de Titalie, les Pyrénées et l'Es-
pagne; au nord, l'Europe centrale, le Danemark, la
Suède, la Norwége et l'Angleterre; à l'est, la Suisse,
l'Italie, l'Autriche, la Hongrie, le Caucase et la Russie.
II. Lecoq Géogr. bot. Eur., V, p. 603).
Oroboft Ternaft L.
S'il faut en croire Lejeune (F/. Spa, I, p. 101 et
Comp., III, p. 75), cette plante aurait été trouvée dans
les bois de la Montagne St-Pierre, mais M. Dumoulin
n'en parle dans aucun de ses travaux. Comme pour la
précédente espèce, nos Aoristes ne nous fournissent que
des renseignements incertains, qui ont besoin d'être con-
firmés par des recherches ultérieures. D'après Nyst et
Van Hoorebeke, M. Du Mortier (Prodr., p. 104) l'indique
dans les bois; M. Lestiboudois (Bot. Belg., II, p. 124) la
place dans les bosquets. Ce sont bien là les stations natu-
( 252 )
relies de la plante, mais à quel endroit^ dans quelles
localités IVt-on rencontrée? Mathieu (F/. Belg.^ I,
p. 152), copiant ses devanciers et remarquant que l'espèce
a été signalée par Nyst vers Maastricht et par Tinant aux
environs de Habay et d'Herbeumont, écrit qu'on la trouve
dans les bois des provinces de Liège et de Luxembourg,
mais qu'elle est assez rare. Sur quels documents s'est-il
fondé pour aller même jusqu'à spécifier le degré d'abon-
dance ou de rareté de la plante, alors qu'elle est douteuse
pour le pays.
C'est résoudre un peu légèrement la question et nous
faire supposer que cet amateur faisait simplement de la
botanique dans son cabinet et rédigeait sa Flore en com-
pulsant les œuvres de ses prédécesseurs. On ne doit pas
noter au hasard une plante comme indigène: un contrôle
sérieux est nécessaire avant de pouvoir procéder à cette
admission et le Aoriste doit toujours se défier de ces
étrangères, qui sont venues, pour un jour, nous demander
un coin de notre champ, un rayon de notre soleil et végé-
ter tristement comme des exilées regrettant la patrie
lointaine.
La dispersion de cette espèce en Europe est à peu près
la même que celle de l'O. niger. Au midi, elle s'arrête au
sud de l'Italie, de l'Espagne et de la Grèce. Au nord, elle
croit dans l'Europe centrale, en Scandinavie et en Laponie.
A l'ouest, elle n'atteint que la France centrale et à l'est,
on la voit dans la Garpatlies,en Turquie, dans le Caucase
et en Russie (Lecoq Géogr, bot. Eur., V, p. 599). Bien
que son aire d'extension soit considérable, il reste plusieurs
contrées de l'Europe qui n'en sont pas dotées et la Belgique
est probablement de ce nombre.
(235)
ollicliialls L.
Nous concédons volontiers que celte plante soit indi-
gène dans un grand nombre d'habitations qu'elle pos-
sède en Belgique ; on la trouve telle en Flandre, dans
la vallée du ruisseau de Maerke près d'Audenarde ,
à Etichove, Eename, Rooborst, où elle est en très-grande
abondance dans les bois montueux; on la voit également
en Brabant, dans des dépendances de Tancienne forêt de
Soigne, à Rouge-Cloître, Uccle, La Cambre et Tervueren;
enfin dans le Bas Luxembourg, dans les bois assis sur le
calcaire jurassique, à Latour, entre Ruette et Lamorteau
(Fr. Crépin Not. fasc. IV, p. 32 et fasc. V, p. 50).
Les indications fournies par les anciens botanistes pou-
vaient faire supposer que lespèce est belge. Roucel
(F/. Nord Fr,j I, p. 131) dit qu'il l'a observée dans la
forêt de Soigne, du côté de Waterloo, La Hulpe et dans
le parc de Tervueren, mais il ajoute {Traité des plantes,
etc., p. IS) qu'il ne l'a vue en Flandre que par culture.
Dekin et Passy (F/. Bruxell,, p. 17) écrivent « In siivulis
propè La Cambre » et J. Kickx (F/. BruxelL, p. 116) note
«In sylvae Soniae locishumidis, prope Rood-klooster, etc.,
noncommunis.» Si nous remontons plus haut, nous remar-
quons que R. Dodoens {Hist. des F/., trad. de C. Clusius,
p. 85) dit « croit es lieux humides et ombragés. »
Les habitations aux alentours de Verviers, signalées par
Lejeune, sont réputées suspectes par A. Donckier {Bull.
Soc. roy. Bot. Belg., I, p. 234). La plante est-elle bien
spontanée aux endroits suivants : Chercq, Enghien (Hocq.
FI. Jemm., p. 123); bois du château d'Anvaing et à
Hollain (Michot F/. Hain., p, 71); endroits couverts à
Chercq et à Calonne (Marissal Cat. phan. env. Tournay^
( 254 )
p. 19); parc de Corroy-le-Chaleau (Bellynck FI. Nam.,
p. 172); bois de Bon-Secours (Lelièvre) en compagnie
de VEranthis hyemalis^ où elle couvre un espace de 25 mè-
tres. M. Dumoulin {Not. man.^ p. 4) dit qu'il Ta rencon-
trée sous les buissons à la Montagne St-Pierre, avant de
descendre dans le jardin de la maison connue sous le nom
de Poule rouge. Enfin nous-méme, avec notre ami M. J.
Glialon^ nous Tavons vue le long du ruisseau de Marche-
les-Dames (Namur). Il est possible que plusieurs de ces
fiabitations semblent être naturelles, mais si Ton considère
que cette Borraginée est cultivée dans presque tous les
jardins de la campagne, qu'elle est éminemment rustique
et très-envahissante, on doit admettre, hormis les loca-
lités citées en premier lieu, qu'elle n'est le plus souvent
qu'une plante naturalisée.
Campanola lattfolla L.
La dispersion de cette espèce en Europe est très-vaste.
Au nord, elle s'étend dans toute l'Europe, y compris la
Scandinavie, la Laponie, l'Angleterre et l'Irlande. A
l'est, elle est en Suisse, en Italie, en Autriche, en Tur-
quie et en Russie (Lecoq Géogr, bot. Eur., VII, p. 314).
En Belgique, cette plante est considérée comme une des
plus rares de la flore: notre pays semble en quelque sorte
en dehors de sa distribution et l'altitude de nos collines est
peut-être trop peu élevée que pour être favorable
à cette espèce essentiellement montagnarde. Lejeune est
le seul botaniste qui dise l'avoir trouvée dans les bois de
la vallée de l'Amblève, à Coo. Il prétend aussi l'avoir ren-
contrée aux environs du village de Cannes-lez-Maastrichl
(F/. Spa, I, p. 107). Mais M. Crépin nous assiwe qu'il est
( 235 )
diiTicile de croire qu'elle soit indigène en ce lieu (M an.
fl. Bclg.f cd. % p. 187). Cette plante devient douteuse
pour notre flore, car il y a très-longtemps qu'on ne l'ait
revue. Dans le Grand duché de Luxembourg, cette plante
est également très-rare, car ïinant ne l'indique (F/. Lux.^
p. 122^ que dans les bois de Fischbach.
BIBLIOGRAPHIE.
Traité de Paléontologie végétale ou Flore du monde pri-
mitif dans ses rapports avec les formations géologiques
et la Flore du monde actuel, par W.-Ph. Schimper. —
Tome II (0.
Déjà dans le tome VIII, p. 160 du Bulletin, nous avons
donné une analyse du premier tome de Timportant travail de
M. Schimper. La première partie du tome JI, accompagnée
d'un atlas de 25 planches, a paru en 1870. La deuxième
partie devait paraître à la fin de la même année, mais la
guerre franco-allemande, dont Strasbourg a eu tant à souffrir,
n'a pas permis à Fauteur de réaliser sa promesse. C*cst cette
année seulement que la 2^ partie, accompagnée d'un atlas de
d5 planches, a été mise en vente. Un 5*"" tome, comprenant
la fin de la partie descriptive, le tableau synoptique des
(i) Un Tol. in-8°, de 966 pages, accompagne d*un atlas in-folio de
40 planches; Paris, 1870-7^.
( 236 )
diverses flores, et le supplément de Findex bibliographique de
la paléontologie végétale, paraîtra à la Gn de Tannée 1872,
accompagné des dernières planches de Tatlas.
Le tome II de ce grand ouvrage comprend la description
des végétaux fossiles depuis les Lycopodinées jusqu*aux Dios-
py ri nées.
Comme nous avons exprimé notre opinion sur la haute
valeur du livre de M. Schimper, il devient donc superflu à
propos de la publication de cette nouvelle partie que nous
refassions Téloge du travail de Tillustre savant.
Grâce au Traité du professeur de Strasbourg, Tétude de la
paléontologie végétale est rendue véritablement accessible.
Avant sa publication, il était extrêmement difficile de s'initier
à la connaissance des flores anciennes, à cause de Tabsence
d*un ouvrage méthodique général. Les éléments d'une flore
paléontologique étaient disséminés dans une foule de mémoires
très-coûteux et qu'on ne trouve réunis que dans les grandes
bibliothèques.
MELANGES.
Perforation des Pommes de ierre par le
Chiendent, — Pendant la récolte des pommes de terre, en
i869, un fermier de M. le chevalier Charles de Ilarlcz, de
Deulin, près Barvaux, sur TOurthe, fit voir à son proprié-
taire un grand nombre de tubercules percés d'outre en outre
par les rhizomes (soboles) du Chiendent (Triiicum repens),
M. de Harlez remit quelques-unes de ces pommes de terre h
son médecin, M. le Dr Heusch, notre collègue de l'Université
de Liège, lequel voulut bien nous les communiquer.
Cette perforation, quelque extraordinaire qu'elle paraisse.
( 237 )
est parfaitement naturelle : elle a été fort commune cette
année dans la localité. Les soboles du Chiendent traversent un
tubercule en ligne droite, entrant d'un côté et sortant de l'autre,
sans éprouver de modifications et sans paraître influencer
autrement le tubercule : la pénétration n'est précédée d'aucune
dépression. Le canal de perforation est droit, légèrement irré-
gulier dans ses contours et simplement limité par une couche
brunâtre d'un millimètre à peu près d'épaisseur. Souvent la
même sobole transperce successivement plusieurs tubercules à
la file l'un de l'autre.
Ce fait est un des phis beaux exemples qu'on puisse citer
de la pénétration des tiges. Il est, en outre, une curieuse
manifestation de cette lutte pour la vie, qui se livre entre les
êtres vivants aussi bien sous le sol qu'à la surface de la terre.
Il a déjà été, à notre connaissance, signalé en i855, par
Ch. Morren, à l'Académie royale des sciences (Bull, de l'Acad.,
4835, p. 350); en i839, à l'Académie de Bologne, par M. Ant.
Santagata(l), et, en 1870, à la Société royale de Botanique
de Belgique, par M. Fr. Crépin {BulL, VIII, p. 487).
Éd. Morren.
Genlsta prastrata Lmk. — Tinant, dans sa Flore
Luxembourgeoise^ pages 558-339, décrit le Genista prostrata,
qu'il signale comme étant commun dans le Luxembourg :
c Les collines arides, le long des bois. » Malgré de nombreuses
recherches faites pendant un grand nombre d'années dans
toutes les parties du Luxembourg belge, jamais nous n'avons pu
découvrir cette espèce ; nos confrères du Luxembourg allemand
ne l'ont point non plus découvert dans le Grand-Duché. A la
suite de ces recherches infructueuses, on pouvait suspecter
(1) Ant. Santagata De nonnuUis plantarum fructibus abnormibus, (la
Nov, Comment. Acad. scient, inatit. Bononiensis, t. III, p. 87, tab. X.)
19
( 238 )
avec quelques raisons Tindication de Tinant. Le doule est
maintenant changé en certitude par l'examen qu*a fait M. Kolz,
de Luxembourg, de la plante que Tinant a déterminée sous le
nom de Genista prostrata^ plante qui n'est rien autre que le
vulgaire G. pilosa L. — M. Kolz a eu la bonté de nous com-
muniquer un petit fragment d'un échantillon conservé dans
l'herbier de Tinant.
NOUVELLES.
— Une Société de Botanique s^est constituée à Luxembourg sous le titre
de Société de Botanique du Grand^duché de Luxembourg. Cette Société a
pour but d^étudier les matériaux de la flore de cette province et d'en
composer Therbier. Ses statuts ont été arrêtés à la date du 17 février 1872.
Son bureau se compose de : MM. Rrombacb, ^ère, président; Eug. Fischer,
vétérinaire, vice-président; Ch. Siegen, vétérinaire, secrétaire; Jos. Faut-
becker, réviseur à la Chambre des comptes, conservateur des collections,
et Aug. Weber, étudiant, trésorier. A cette date, vingt-cinq personnes
avaient déjà adhéré aux statuts de la nouvelle Société. Celle-ci, nous n'en
doutons' aucunement, va imprimer une grande impulsion aux recherches
botaniques dan» celte belle province, que notre Société a visitée en 1869.
Ses herborisations, qui, pendant la belle saison, seront au nombre de deux
par mois, lui donneront, en peu d'années, une connaissance approfondie de
la végétation si curieuse et si riche du Luxembourg allemand. Elle a mis
à sa tète le vétéran des botanistes luxembourgeois, le respecUble M. Krom-
bach, l'ancien compagnon de Tinant, Marchand et Bové.
— MM. Fischer et Kolz, membres de la Société de Botanique du Grand-
duché de Luxembourg, sont occupés à la rédaction d'un catalogue général
de la flore du Grand-duché de Luxembourg.
— Notre confrère M. Van Heurck a enrichi son Musée botanique d'une
collection de produits végétaux employés en médecine et dans les arts. Ces
produits, au nombre de plus de trois mille, font l'objet d'un catalogue
systématique qui paraîtra prochainement.
( 239 )
— Notre confrère M. Van VoUem a récemment écrit à M. Weyers, pour
lui donner un -aperçu de ses recherches au Brésil. Il faut savoir que
M. Van Volxem s'est associé avec MM. Van Beneden fils et de Sélys-Long-
champs fils, pour explorer une partie du Brésil. Ces naturalistes sont
partis Pété dernier pour Rio-Janeiro ; ils resteront au Brésil jusque vers
le mois de juin prochain. Leurs recherches sont surtout zoologiques; mais
la botanique ne sera pas négligée par ces savants.
— La collection des Fougères vivantes du Jardin botanique de Bruxelles
s'enrichit de jour en jour d'espèces rares et précieuses, grâce à l'initiative
et aux connaissances spéciales de notre confrère M. Bommer, chargé de la
direction de cet établissement scientifique.
— On annonce la publication d'une nouvelle Flore du Portugal, par
le Senor Baroo de Castello de Paira.
— Notre confrère associé M. le Dr Eichler, actuellement professeur h
Gratz, est appelé à occuper l'une des chaires de botanique à l'Université
de Kiel et à prendre la direction du Jardin botanique de cette ville. Il
quittera Gratz aux vacances de Pâques.
— Le savant botaniste -voyageur Friedrich Welwitsch est mort, à
Londres, le 20 octobre dernier, à l'âge de 65 ans. ,
— La veuve du célèbre botaniste W.-J. Hooker est morte le 16 octobre
dernier, à l'âge de 75 ans. Cette dame, qui était très-instruite, était la
fille de Dawson Turncr, botaniste et archéologue bien connu.
— Les élèves de l'École d'Horticulture de Vilvorde, dans leurs herbori-
sations de cette année, ont fait plusieurs découvertes fort intéressantes,
parmi lesquelles, nous citerons :
Géranium phaeum L. — Bois près de Grimberghen {Boulanger),
Ophrys muicifera Huds. — Bois à Melsbroeck (Deprez).
Lycopodium Chamaecypar issus Al. Br.— ^Sapinière près d'Ëlewyt (Abon-
dant. — Boulanger). — Celte habitation est la plus occidentale que
l'on connaisse en Belgique pour cette plante.
BULLETIN
DE LA
*• »
SOCIETE ROYALE DE BOTANIQUE
• ^
DE BELGIQUE.
1872. — N°3.
Séance extraordinaire du 13 octobre 1872, dans la gi*ande
salle du Jardin botanique de Bruxelles.
Sont présents : MM. G. Baguet, L. Bauwens, L. Bodson,
J.-E. Bommer, G. Carron, A. Cogniaux, L. Coomans,
0. Cranincx, P. Daron, 0. de Dieudonné, C. Delogne,
A. de Prins, A. Devos, H. Doucet, Ch. Firket, C. Fon-
taine, Gh. Gilbert, Gillekens, J^GilIon, A. Joly/J.Lecoyer,
G. Lenars, H. Louveigné, L. Lubbers, £.^ Marchai,
Ed. Morren, F. Muller, Noefnet, L. Pire, Putzeys, Robie,
w
Em. Rodigas, P. Sehamberger, Arm. Thielens, Vander
Maesen, E. Van Meerbeek, H. Verheggen, A. Willems.
A doux heures, une députation composée de MM. Put-
zeys et Muller, vice-présidents et Doucet, administrateur
délégué du Jardin botanique de Bruxelles, introduisent
M. Du Mortier, président, qui est reçu aux acclamations
de rassemblée.
20
( 2" )
La salle est ornée, pour la circonstance, de drapeaux
en trophée et de plantes rares. M. Doucet, qui a dirigé
cette décoration, a fait disposer, au fond de la salle, un
groupe de plantes choisies, parmi celles qui ont reçu le
nom de M. Du Mortier.
M. de Gannart d'Hamale, membre de la Commission,
fait exprimer ses vifs regrets de né pouvoir assister à la
séance.
M. Du Mortier prend place sur un fauteuil qui est
situé en face du bureau.
M. Ed. Morren remet à M. Du Mortier un magnifique
album(0 que les botanistes belges ont résolu de lui
(i) L'Album a été confectionné sur les plans de M. Éd. Morren. C*est
un volume grand in-folio, richement relié. Sur les deux plats de la reliure
sont encastrées deux plaques d*argent, formant, Tune frontispice, et
Pautre le revers en épilogue. La première représente un joli paysage coupé
par les méandres d*un ruisseau et offrant par groupes et massifs les fleurs
et les plantes qui ont fait Tobjet des études et des travaux de M. Du Mortier.
Au second plan, à droite, la Flore belge, figurine entière, dont les traits
sont gracieux et le mouvement aisé, élève d*une main une couronne de
fleurs au-dessus de Tinscription suivante :
A B.-C. Do MotTIIB,
LIS BOTANISTES BIL6BS,
et tient de Tautre un bouquet d^HemerocaltM Dumoriieri. L*effet général
de ce tableau, travaillé au repoussé, est des mieux réussis et tous les
détails de fleurs et de feuilles sont exécutés avec une grande vérité de
dessin et un goût exquis d'arrangement ; les contours se détachent d'une
manière très^fine. L'auteur de cette œuvre remarquable est M. Henri
Missair, artiste ciseleur à Liège, auquel a été confiée Texécution de toute
la partie métallique du travail.
Sur le haut de la plaque du revers est cette inscription :
Ad pbbpbtuam Do Mobtikbi ukhobiam.
Au-dessous, sont sculptés les titres des ouvrages du savant botaniste ou
( 243 )
offrir et, prenant la parole en leur nom, il s'exprime dans
les termes suivants :
le rappel de faits qai se rattachent' à s«s -efforts en faveur de la Société
royale de Botaniqne. Voici cette liste :
Observalioru botaniqties • . 1822
Agrostographie 1823
Florula Belgiea .... 1827
Structure comparée . . • 1829
Motilité des végétaux . . . 1829
Familles des plantes . • • 1829
Sylloge Jungermannidearum. 1 83 1
Essai carpograpkique, . • 1833
Polypiers composés • • . 1836
Embryogénie des mollusques, 1837
Sociétébelge de Botanique, . 1862
Classification des plantes . . 1 862
Rubuset Batrachium, • ' . 1863
Monographie des Roses • . f 8^
Études sur le MiûhelaHa, . 1868
Monographie des Pulmonaria 1868
Pomone toumaisienne • . 1869
Bouquet du littoral ... 1869
Fondation de Vherbier national 1871
Jardin Botanique de Bruxelles 1871
OPTUIUS IN MULTOS VITAM TIBl PROROGBT ANNOS.
VALE ET NOS AMA.
De beaux fermoirs cmaillés, en style Lous XIV, reproduisent les armoi-
ries de la famille Du Mortier.
En ouvrant le volume, on voit, sur la première page, les initiales calli-
graphiées du donataire.
Sur la page formant frontispice, est un beau travail du même style,
représentant, parmi des fleurs et des plantes, les armes de Belgique et le
sceau de la ville de Tournay. Ce travail d*enluminure a été exécuté par
MM. Ch. Florenville et Ed. de Guaita, artistes de Liège, qui ont aussi
calligraphié TAdresse rédigée par M. Morren et signée de tous les bota-
nistes donateurs.
Sur une des pages, on lit Pinscription suivante :
BARTHOLOMBO-GAROLO DD MORTIER
TORNACI NATO 3 APRILIS 1797
HOC ADMIRATION» ET GRATITOOINIS DOGITMBNTDM
OBTDLERUNT BOTANIGI BBLGICI
MDCGGLXXII.
Sur les autres pages, se trouvent 120 portraits photographiés des
botanistes.
( 244 )
Monsieur Du Mortier,
« Votre premier ouvrage, les Commentationes botanicacy
publié en 1822, est déjà Tœuvre d'une science solide unie
au patriotisme le plus ardent. A partir de cette époque,
vous vous êtes intéressé de plus en plus à 1 étude de la
végétation de notre chère patrie. Il semble que vous ayez
voulu PalTranchir dès entraves de Tignorance pour les
temps, qui étaient proches alors, où la Belgique elle-
même allait s élever libre et radieuse. Vous avez fondé la
Flore nationale en 1827, et, à la même époque, étendant
votre activité aux questions générales, vous avez embrassé
d'un même regard l'ensemble du règne végétal. Vous avez
parcouru les frontières vaguement définies qui le séparent
du règne animal ; vous avez scruté les mystères de la
motilité des plantes, et, pénétrant dans leur structure la
plus intime, vous avez découvert le principe jusqu'alors
inconnu de la division des cellulles. Dans le domaine de
la cryptogamie, vous avez jeté les bases sur lesquelles
sont établies nos connaissances actuelles des Jungerman-
nidées. Vous avez ainsi fondé, sur des faits que la science
universelle a consolidés, votre réputation, que nous
revendiquons comme une gloire nationale Puis, pendant
une longue, heureuse et féconde carrière, vous n'avez pas
cessé un seul instant de consacrer toutes les énergies de
votre âme au service de la science et de la patrie. Partout
où vous avez passé, vous avez laissé l'empreinte indélébile
de votre passage : c Religionis et patriae propugnalor
strenuus, scientiarutn artiumque fautor munificus opéra
scripjsM insignia merito posteris tradenda. » Plus que
tout autre, vous avez contribué, par votre volonté inébran-
lable et par votre infatigable activité, à établir la Société
( 245 )
royale de Botanique, à créer l'Herbier national et à
constituer le Jardin Botanique de TEtat.
« Ce sont là des actes virils dont la patrie est appelée à
recueillir les bienfaits et dont tous ceux qui honorent la
science savent apprécier Timportance. Nous n*avons pas
voulu que des événements aussi considérables s'accom-
plissent sans que vous receviez le témoignage de notre
vive reconnaissance.
« Nous avons voulu, pour célébrer votre jubilé semi-
séculaire et pour vous montrer notre sympathie, à vous le
plus digne représentant de la botanique belge, vous offrir
un gage de notre admiration.
« Nos images héliographiées sont rassemblées dans cet
album, comme nos cœurs sont unis dans la communion
du vôtre. Puissiez-vous, pendant de nombreuses années
de bonheur et de santé, feuilleter souvent ces pages, qui
vous remémoreront les sentiments de sympathie et de
gratitude de vos confrères et disciples. »
Cette lecture est suivie d^applaudis^ements prolongés.
' M. Du Mortier, d*une voix q«e dominait d'abord une
vive émotion, a remercié ses confrères dans les termes
suivants.
« Messieurs, et chers confrères, ou pour mieux
dire, mes chers et dignes amis,
< Le témoignage de satisfaction dont vous voulez bien
m'honorer en souvenir des travaux scientifiques com-
mencés, il y a un demi-siècle, me pénètre de la plus
vive reconnaissance. Dans le cours de ma vie politique,
j'ai souvent eu l'occasion d'être l'objet de flatteuses dis-
tinctions, mais il n^en est pas qui touchent plus profon-
dément mon cœur que celle que vous voulez bien m'ac-
( 246 )
corder aujourd'hui, parce qu'elle -émane de mes pairs
dans la science. Gomme vous venez de le dire par la
bouche de mon savant ami, M. Morren^ toute ma vie
a eu un double mobile, servir la science et servir la
patrie. Et, en effet, si vous voulez bien jeter les yeux
sur les premières pages de fouvrage que j*ai publié, il
y a cinquante ans, vous verrez qu'il débute par une
pensée patriotique, celle de créer des genres de plantes
pour rappeler les services des anciens botanistes du
royaume des Pays-Bas.
« Il faut avoir vécu sous TEmpire pour comprendre
toutes les persécutions indignes dont notre pays était
Tobjet. C'est alors qu'assis au foyer domestique, tous les
Belges entendaient leur père et leur mère rappeler à
leurs enfants les douceurs de l'ancien régime, mises en
parallèle avec la tyrannie impériale. C'est ainsi qu'élevé
par un père et une mère qui tous deux portaient très-
haut les sentiments d'affection à nos anciennes instiiu*
tions et l'antipathie pour l'étranger qui avait subjugé
notre territoire, j'ai sucé, je puis le dire, avec le lait,
l'amour de la patrie, et c'est cet amour de la patrie qui
a guidé ma plume dans mes travaux d'histoire naturelle.
Aussi, quand la chute de l'Empire arriva, ce fut pour
toute la Belgique Un soulagement universel; on vit avec
bonheur la réunion des anciennes dix-sept provinces des
Pays-Bas et la formation de ce beau royaume que l'entéte-
ment et le despotisme d'un roi sont seuls parvenus à
briser.
« Veuillez le remarquer, mes chers amis, jusqu'en
1825, entièrement étranger à la politique et adonné à mes
seules études, jamais je n'avais même lu un journal et je
professais un véritable dédain pour ceux qui s'occupaient
( 2*7 )
de politique. Mais en 1825, tandis que j'herborisais dans
les dunes de la Hollande pour enrichir notre flore, paru-
rent ces arrêtés révoltants qui frappaient les Belges dans
leurs plus vives affections et nous traitaient en pays
conquis. Je ne saurais vous dire, mes chers collègues,
Teffet que ces arrêtés firent sur ma jeune intelligence ;
le roi Guillaume, du botaniste avait fait un homme poli-
tique, consacrant dorénavant tout son temps à la science
et à la défense du pays. Survint la révolution, consé-
quence légitime des fautes que le gouvernement avait
commises; et bientôt après, je fus appelé au parlement,
employant la moitié de mon temps à la science et Tautre
moitié aux affaires publiques, jusqu'à Tépoque où Torga-
nisation du pays dut m'absorber tout entier.
« Ces événements m'avaient momentanément écarté
des études qui ont toutes mes affections. C'est vous.
Messieurs, qui m'y avez fait rentrer en constituant la
Société de Botanique et en me faisant l'honneur de me
mettre à votre tèie. Gomment pouvait-il en être autre-
ment, entouré de tant de jeunes savants, de cœurs d'élite,
pleins de l'amour de la science et dévoués à son avance-
ment? Grâce à vous, la Société royale de Botanique a pris
un développement auquel on ne pouvait s'attendre, et,
par vos travaux, sa notoriété s'est étendue à tout le monde
savant.
« Vous me rappelez la création du magnifique établis-
sement qui nous rassemble. Sans doute il a fallu bien des
peines, résister à bien des tracasseries et montrer une
bien grande ténacité pour réaliser en faveur de la botani-
que un grand centre scientifique comme il en existe chez
toutes les grandes nations de l'Europe. Secondé par mes
excellents et dignes amis, les membres du Conseil du
( 248 )
Jardin Botanique, j'ai eu le bonheur de pouvoir eoqpérer
à cet important travail et de doter le pays d'un établisse-
ment que la Qelgique pourra montrer avec orgueil à
rétranger et qui réunit à de magnifiques séries de plantes
vivantes, un des plus riches herbiers de TEurope^ puisque
par des accroissements que l'administration lui a fait
subir, il contient aujourd'hui environ cent mille espèces
de plantes. Au magnifique herbier de von Martius , nous
ayons adjoint les herbiers de Galeotti, de Nyst, de Lejeune
et de M""* Libert, la riche collection cryptogamique réunie
par le comte Alfred de Limminghe, celle de notre regretté
collègue Ëug. Coemans et bien d'autres qu'il est inutile
d'énumérer. Si, en aussi peu de temps, nous sommes
arrivés à ce résultat, vous pouvez juger du développement
que prendront par la suite, avec l'aide et la bienveillance
d'un gouvernement éclairé, les riches collections qui nous
sont confiées.
« Je vous remercie de nouveau, mes chers collègues et
amis, de la marque de satisfaction que vous voulez bien
m'accorder en ce jubilé semi-séculaire.
« Je vous remercie tous de la bonne pensée que vous
avez eue de vouloir bien me donner chacun un portrait,
qui me rappelleront mes bons ^niis. J'adresse mes remer-
ciments particuliers à MM. les membres de la Commission
et surtout à mon savant confrère, M. Morren, qui s'est
.donné tant de peines pour réaliser votre pensée et m'accor-
der ce témoignage^ qui sera toujours un des.piqs chers que
Yme obtenus de^ ma vie. Je remercie encore MM. les
artistes qui ont coopéré avec un si rare talent à l'exécution
de cet album et en particulier M* Missair, dont l'œuvre
indique un artiste de premier ordre dans l'art de la ciselure
qu'il cultive avec un si remarquable succès. Merci donc,
( 249 )
mes chers amis^ merci pour ce souvenir que je n'oublierai
jamais. »
De vifs applaudissements succèdent à ces paroles et,
après la cérémonie, les membres de la Société, entourant
leur Président, lui ont adressé individuellement leurs
félicitations et renouvelé leurs témoignages de respect, de
reconnaissance et de cordiale amitié.
M. Pire, membre du Conseil, donne communication^ à
rassemblée^ d*une lettre qui lui est adressée par M. Eug.
Fournier, secrétaire de la Société botanique de France,
lettre par laquelle il propose de nous associer aux mem-
bres de cette Société pour faire une excursion botanique
en Belgique en 1873.
L'assemblée accueille cette proposition à Funanimité.
Elle charge M. Pire de vouloir informer M. Fournier
que le projet d'herborisation en commun avec la Société
botanique de France, admis en principe, sera discuté
dans notre séance du 1°' décembre prochain.
La séance est levée à 3 heures.
Séance du 1" Décembre 1872.
(EXTRAIT DU PROCÈS-VERBAL) .
M. B.-C. Du Mortier, président.
M. J.-E. BoMMER, secrétaire général.
Sont présents : MM. C. Baguet, C. Bamps, G. Barlet,
L. Bauwens, C. Bernard, Bertrand, L. Bodson, Broquet,
Ch. Buis, F. Campion, G. Carron, J. Chalon, Arm.
Coenen, A- Gogniaux, L. Coomans, V. Coomans, L.
Couturier, Ose. Cranincx, F. Crépin, P. Daron, E. de
( 250 )
Bulleinont, Ose. de Dieudonné, Edg. de Keyser, G. De-
logne, Gh. de Pitteurs, A. de Prîns, H. Doucet, A.-G.
Ducoffre, Gh. Firket, A. Fontaine, Gh. Gilberl, N. Gille;
Gillekens, J. Gillon, K. Grùn, Hartman, Hannon, Ose.
Hecking, G. Jacquemin, A. Joly, J.-J. Kickx, Ern.
Lagasse, J. Leeoyer, K. Ledeganck, J. Linden, H. Lou-
veigné, L. Lubbers, G. Malaise, E. Marchai, Ed. Mar-
tcns, H. Miller, F. Muller, Monteiro da Silva, Pâques,
L. Pire, Ed. Pynaert, Robie, Em. Rodigas, Alph. Ros-
signol, P. Sehamberger, Arm. Thielens, J. Thys, Tilman.
Van Bambeke, L. Vanderkindere, Vander Meersch,
Vanhassel, F. Van Horen, H. Van Horen, E. Van
Meerbeek, L. Vanneek, Edm. Van Segvell, Alb. Van
Zuyien, H. Verheggen, J.-L. Weyers.
Le Secrétaire général donne lecture du procès-verbal
de la séance du 7 juillet 1872. Ge procés-verbal est
adopté sauf modification demandée par Tun des membres
présents.
Il fait ensuite Panalyse de la correspondance.
Plusieurs membres de la Société annoncent qu'ils ne
peuvent assister à la séance.
M. Th. Le Gomte, par lettre du 2 juillet, propose
réchange de nos publications avec celles de la Société
des sciences naturelles de Graz.
Gette proposition est adoptée.
M. le D' J.-Dalton Hooker, directeur du Jardin royal
de Kew, et M. E. Boissier, de Genève, font parvenir à
la Société leurs remerciments pour leur nomination de
membres associés.
Mf de Borre, Secrétaire de la Société Entomologique
( 251 )
de Belgique, adresse, au nom de eeUe Société, des remer-
ciments, pour TinvitatioD qu'elle a reçue de la Société
royale de Botanique à loccasion de son excursion dans
TEifel. Il annonce en même temps Penvoi d'une collec-
tion complète des Annales de la Société Entomologique
en échange de nos publications.
M. le Président accorde la parole à M. Pire, qui donne
communication d'une lettre de M. Eug. Fournier, Secré*
taire de la Société Botanique de France, concernant une
excursion projetée entre les membres de la Société royale
de Botanique de Belgique et ceux de la Société Botanique
de France.
M. le Président fait part à l'assemblée des propositions
du Conseil relatives aux mesures à prendre lors de la
\isite des botanistes français en Belgique. MM. Pire et
Muller sont désignés comme commissaires pour faciliter
la visite de nos confrères de la Société Botanique de
France à Bruxelles. Sont nommés au même titre,
MM. Kickx, pour Gand, Morren, pour Liège et Gilbert,
pour Anvers. — Il propose d'admettre en principe que
l'herborisation annuelle, dont la date sera ultérieurement
fixée, aura lieu en commun avec la Société Botanique
de France.
L'assemblée accueillant la proposition due à l'initiative
de M. Fournier, décide que l'herborisation de 1875 se fera
en commum avec les membres de cette compagnie savante
et elle laisse, au Conseil, le soin de s'entendre sur les
détails avec la Société française et d'en rendre compte à la
séance du mois de mai.
M. Pire informera M. Eug. Fournier de la décision
qui vient d'être prise.
( 252 )
L*ordre du jour appelle le renouvellement partiel des
membres du Conseil d*adnMnislralion (art. 12).
M. le Président demande si Ton procédera à Télection
par scrutin de liste ou sur un seul bulletin.
L'assemblée décide que le scrutin se fera sur un seul
bulletin.
■
Le Secrétaire général procède à Tappel nominal:
77 membres sont présents, la majorité absolue est de 39.
Le scrutin donne le résultat suivant : M. F. Muller
est réélu comme Vice-Président et M. F. Crépin, comme
Secrétaire des publications; M. le professeur Martens, de
Louvain, et M. le docteur Van Haesendonck^ de Tonger-
loO| sont nommés membres du Conseil.
M. le Président invite les membres qui ont des travaux
à présenter d'en donner lecture.
Les travaux suivants sont déposés :
Note sur le Rreus suberectus Andcrs., par M. F. Crépin.
(Commissaires : MM. Carron, L. Coomans et Hartman.)
Contributions à la flore cryptogamique de la Belgique,
par M. C.-H. Delogne. (Commissaires : MM. Pire,
Marchai et Lecoyer.)
Notice sur la Flore de Wavre et des environs, par
M. C.-J. Lecoyer. (Commissaires : MM. Muller, Baguet
et Robie.)
Les Orchidées de Belgique et du grand-duché de Luocem-
bourg, par M. A. Thielens. (Commissaires : MM. Morren,
Kickx et Martens.)
Examen critique des Êlatinées, par M. B.-C. Du Mortier.
(Commissaires : MM Hardy, Delogne et Marchai.)
Note sur un nouvel hybride entre deux espèces de genres
( 2Î55 )
différents, j[iBr M. A. Gogniaux. (Commissaires : MiM. Gha-
lon, Gilbert et Crépin.)
Ê(ude sur l'herbier national de Belgique, l*' fascicule,
par M. A. Gogniaux. (Commissaires : MM. Crépin, de
Prins et Coomans.)
M. le Président accorde la parole à M. A. Thielens
qui donne lecture du compte-rendu de Tlierborisation
dans TEifel. — L'assemblée vote des remerciments à
M. Thielens et décide que ce compte-rendu, après certai-
nes modifications, sera imprimé dans le Bulletin de la
Société.
M. Kickx, nonimé rapporteur par le Conseil, pour
Texamen des comptes, fait son rapport à rassemblée sur
letat financier de la Société.
Les comptes sont approuvés.
Des remerciments sont adressés à M. L. Coomans, pour
sa bonne gestion financière.
Les membres suivants ont été reçus par le Conseil :
MM. Alport (Morton), membre des Sociétés Zoologique
et Linnéenne de Londres, à Hobart-Town
(Tasmanie).
Monteiro da Silva (R.)^ étudiant en sciences, 83^
Chaussée de Wavre, à Ixelles.
Hartman (Louis), 32, rue Keyenveld, à Ixelles.
Durand (Emile), élève en pharmacie, 12, rue
Lambert Lebègue, à Liège.
Van der Wee, candidat en pharmacie, à Lierre.
Vanneck (Louis), Grand'Place, à Bruxelles.
Vanhassel, étudiant en médecine, 19, rue de
Bavière, à Bruxelles.
( 554 )
Donckier (Henri), étudiant, 81 rue du Paradis, à
Liège.
Dekierek, horticulteur, à St-Josse-ten-Noode.
De Beile, rentier, 36, rue Sl-Alphonse, à Sl-Josse-
ten-Noode.
Ross (Alex. Nilton) , docteur en médecine , à
Toronto (Canada).
Bloex (fabbé), professeur au collège de St-Rom-
baut, à Matines.
Eocamen critique dés Êlatinées, par B.-C. Du Mortier,
président de la Société.
I.
Qu^il nous soit d'abord permis de revendiquer nos
droits de priorité.
Dans tous les ouvrages de botanique, on attribue la
création de la famille des Ëlatinées à Cambessedes ; c'est
là une erreur que nous devons d'abord rectifier. Nous
avons, le premier, séparé les genres Elatine et Bergia des
Garyophyllées, pour en créer une famille distincte sous le
nom d'Elatineae. Cette création remonte à 1827 ; elle a eu
lieu dans notre Prodrome de la Flore Belge, p. 111.
Non-seulement nous y avons le premier créé la famille
des Élatinées, mais, le premier, nous avons divisé le genre
en sous-genres, et, le premier, nous avons employé les
caractères tirés des graines pour en définir les espèces, et
distingué deux espèces nouvelles, jusqu'alors confondues.
Ce n'est que deux ans plus tard, en 1829, que Cambes-
sedes, dans le XVIII" volume des Mémoires du Muséum
de Paris, p. 225, érigea, à son tour, les Élatinées en
( 255 )
famille distincte, en adoptant le nom que nous lui avions
imposé deux ans auparavant. C'est donc bien à tort qu'on
attribue à Gambessedes la création de la famille des
Elatinées, puisque nous Tavions établie deux ans avant lui.
En 1829, dans notre Analyse des familles des plantes,
p. 49, nous avons modifié cette désinense et indiqué la
nouvelle famille sous le nom d'Elatinideae, pour ne pas
confondre le genre avec la famille par une trop grande
analogie de nom. La désignation primitive que nous
avions donnée à celle-ci, dans notre Prodrome, ayant
prévalu, nous croyons bien faire de la maintenir. Mais la
question de priorité de la création de la famille des
Elatinées ne fait pas de doute; elle appartient à notre
Prodrome, comme on peut s'en assurer par le rapproche-
ment des dates.
II.
Les Elatinées sont restées inconnues aux anciens ; ni
Fuchs, ni Dodoens, ni Glusius, ni Lobel, ni Dalechamps,
ni même les Bauhin, n'en font aucune mention. Le genre
qui nousoccupe a été créé par Tournefort, dans ses Inslitu-
tiones rei herbariae, p. 244, sous le nom A^Alsinastrum.
Tournefort ne lui rapporte que deux formes : YAlsinastrum
gratiolaefolio et YAlsinastrum galiifolio, qui sont l'E. Alsi"
nastrum de Linné. Ce genre fut adopté par Vaillant, qui,
dans son Botanicon Parisiense, y ajouta deux espèces,
les Akinastrum serpillifolium flore tetrapetalo et tripetato.
Bientôt après Buxbaum, dans sa deuxième centurie des
plantes d'Orient, publiée en 1729, décrivit, p. 36, et
figura, t. 37, f. 3, sous le nom d'Hydropiper, une Élatine
tétramèreà fleurs sessiles trouvée par lui près d'Astrakan.
Cette plante, dit-il, est la même que Ray, dans sa méthode,
a nommée Graminifolia palustris vasculis granum Piperis
( 556 )
aemulanttbus, figurée dans Plukenet, et comme Ray
compare ses fruits à des grains de poivre, Buxbaum lui
donne le nom d'Hydropiper. Nous verrons tout à Theure
quelle incroyable balourdise a donné naissance à ce nom.
Les choses en étaient là, lorsque Linné entreprit la
réforme de la botanique. A cette époque^ qui est celle de
la formation des genres^ les botanistes, pour trouver des
noms génériques, avaient pris l'habitude de les former
d'un nom de plante analogue en lui donnant une désinense
en oides, en astrum, en ella, etc. On comptait alors
105 genres de plantes terminés en oides, 21 en astrum, 17
en ella, ce qui rendait la nomenclature de la botanique
réellement ridicule. J'ai souvent, dit Linné, dans sa Critica
bolanica, p. 34, entendu des philosophes et des médecins,
en ouvrant un ouvrage de botanique, nous objecter ces
oideSf en disant que nous n'étions plus des botanistes,
mais des botanicoïdes. C'est ce que le grand réformateur
entreprit de corriger, en supprimant tous les noms géné-
riques terminés en oides, en astram, en ella, etc.,» pour
les remplacer par des noms pris dans les anciens auteurs,
ou trouvés dans les ouvrages des naturalistes grecs et
romains. C'est ainsi qu'il changea le nom A' Al$ina$trum
en celui d'Elatine, puisé dans Dioscoride, et qui était
sans emploi. Linné explique cette désignation dans sa
Flora Lapponica, p. 118, en ces termes : Hydropiper,
Buxb. et Potamopithys, Bùxb., ejvsdem generis sunt,
nomen utrumque dimitto {Fund. Bol., n** 225) et vacuum
ELATINES vocabulum recipio. Mais il faut reconnaître
que le choix de ce nom, soit qu'il dérive d'eXarj?, sapin en
grec, soit qu'il provienne du radical s^uvo), pousser avec
mouvement, ne s'applique en rien aux plantes auxquelles
Linné le rapporte.
( 287 )
IH.
Linné n'a décrit que deux espèces d'Élatinés^ V£, Àlsi-
nastrum et VE. Hydropiper, La première, avec ses feuil-
les verticilléesy est parfaitement connue, mais qu'est-ce
que son £. Hydropiper? La solution de cette question est
difficile, parce que Linné n'a donné, à cette espèce, pour
toute diagnose, que ces deux mots seulement : foliis
oppositis, sans aucune autre indication ; aussi le nom
diHydropiper a-t-il été appliqué à presque toutes les
espèces modernes à feuilles opposées, ce qui établit une
étrange confusion, YHydropiper de l'un n'étant pas celui
des autres. La première mention faite par Linné de cette
espèce, est dans sa Flora Lapponica, publiée en 1737. On
y lit à la page 1 18 ce qui suit :
156. EiKTim foliis oppositis,
Hydropiper, Buxb., cent. 3, p. 3S, t. 37, f. 3.
Alsinastrum serpillifoliumy flore albo tetrapetalo,\d\\\.
Bot. Paris, 5, t. 2, f. 2.
Ad margines fluvii vastissimi Luiensis non raro sese
obtulit.
Et voilà tout. — La première édition de la Flora Sue-
cica de Linné offre le même texte, sans changer un seul
mot, et sans en dire davantage, seulement elle fait con-
naître que la plante n'est pas rare en Suède.
Remarquons que dans cette première indication de son
E, Hydropiper, Linné confond déjà deux espèces entière-
ment distinctes, celle de Buxbaum, qui a les fleurs sessiles
et celle de Vaillant, qui les a pédonculées. On ne peut donc
tirer aucune conséquence spécifique ni de h Flora Lappo-
nica, ni de la Flora Suecica, puisqu'elles confondent deux
21
( 258 )
espèces distinctes. Les considérations présentées par
M. Fries pour déterminer lespèce archétype de Linné,
sont donc de nulle valeur, en présence de ce texte répété,
qui constate la confusion des espèces. Peu importe quelle
est celle la plus répandue en Suède, lorsque Linné lui-
même, dans ses propres écrits, établit la confusion des
espèces.
C*est en 1753, dans la première édition de ses Species
Plantarumy que Linné, en créant ses noms spécifiques,
donneà sa plante celui d*£. Hydroptper^ nom évidemment
emprunté à Buxbaum. Il y ajoute, comme variété j3, YAlsi-
nastrum serpillifolium flore roseo Iripetalo de Vaillant, qui
est VE. hexandra, mais sans aucun autre éclaircissement.
La seconde édition des Species et tous les ouvrages posté-
rieurs de Linné gardent le même silence. Il suit de là, que
tout cequ'on sait relativement à VE, Hydropiper de Linné,
c'est qu*il appartient à Toctandrie tétragynie, que ses fleurs
sont tétramères et ses feuilles opposées, mais que sous
ce nom Linné a confondu deux espèces distinctes et
même trois espèces avec sa variété |3; que, par conséquent,
lespèce linnéenne désignée sous ce nom est collective, et
que, dans son propre texte, elle comprend trois espèces
distinctes. Au delà^ on ne sait rien, en sorte qu'il est
impossible de rapporter ce nom spécifique à aucune des
espèces modernes.
Il reste à examiner si le nom de Tespèce ne peut sub-
venir au défautdes caractères, pour déterminer la plante de
Linné. Hydropiper signifie Poivre d'eau; il semble donc
que ce nom spécifique doive indiquer une saveur pipéracée,
comme dans le Polygonum Hydropiper, don t la saveur
est acre et brûlante. Le même nom spécifique semblerait
indiquer les mêmes qualités; or, il n'en est rien, car dans
( 259 )
tous les Elatinés nous avons toujours remarqué une
saveur insipide, et Wahlenberg a fait la même observa-
tion pour les Élaiinés de la Suède; là encore rien de
poivré. Quelle peut donc élre Torigine d'un nom aussi
caractéristique? Gomment se fait-il qu'une plante qui n'a
rien de poivré, porte le nom de Poivre d'eau ? Wahlen-
berg, dans sa Flora Suecica, p. 245, dit que ce nom lui a
été donné à cause de ses capsules qui sont de la grosseur
et de la flgure d'un grain de poivre : capsulas magniiudine
et figura fere grani Piperis^ unde nomen. C'est là une bien
mauvaise raison, car les capsules de VE. Hydropiper n'ont
aucune ressemblance, ni pour la grosseur, ni pour la
nature, ni pour la forme, avec un grain de poivre. Voilà
pourtant comment ce nom, si opposé à la vérité, a été
donné à cette plante. Nous allons voir que c*est le fait
d'une incroyable balourdise commise par Buxbaum,
balourdise à laquelle on est loin de s'attendre, et que l'exa-
men des sources nous a fait découvrir. L'intérêt de la
science exige de mettre en lumière celte incroyable
bêtise.
IV.
VElaline Hydropiper n'ayant rien qui ressemble au
poivre, ni pour la forme, ni pour le goût, nous avons été
curieux de remonter aux sources, pour connaître l'origine
et la cause de ce nom, et voici le fruit de nos recherches.
D'où vient le nom à' Hydropiper donné aux Elatinés à
feuilles opposées? L'auteur de ce nom est Buxbaum, à qui
Linné l'a emprunté, pour en faire une dénomination spé-
cifique, dans la première édition de ses Species Plantarum.
Ayant trouvé, dans les étangs des environs d'Astrakan, une
espèce du genre qui nous occupe à feuilles opposées et à
( 260 )
fleurs sessiles télramères, Buxbaum la publia en 1728,
dans la deuxième centurie de ses plantes rares d'Orient,
p. 36, sous ce nom unique : Hydropiper, et il en donna
la figure, planche 37, fig. 3. Il lui donne pour synonyme
le Graminifolia palustris repens, vasciilis granorum
Piperis aemulis de Ray, Meth, Plant,, en renvoyant pour la
figure à ÏAlmagestum de Plukenet. Il nous apprend lui-
même que c'est sur celte désignation de Ray, assimilant
les fruits à des grains de poivre, qu'il a attribué à sa plante
le nom d'Hydropiper. Donnons le texte de Buxbaum, il
en vaut bien la peine; son ouvrage d'ailleurs, publié à
St-Péiersbourg, est très-rare. Après sa description de
l'espèce, il ajoute : Similis est planta Raii Meth. quam
vocat Graminifoliam palustrem vasculis granum Piperis
aemulantibus, eu jus fig. vide ap. Plukenet. Ob vascula
illa quae Raiuis Piperi comparât, Hydropiper salutavimus.
Ainsi. voilà l'Ëlatiné désigné sous le nom à la fois géné-
rique et spécifique (ï Hydropiper, à cause de l'analogie de
ses capsules avec des grains de poivre. M. Seuberl va plus
loin; il diterronément que c'est Ray qui lui a donné le nom
d' Hydropiper: huicce speciei Hydropiperis nomen dédit cel.
Rajus,ob vascula granorum Piperis aemula (Seub. Monogr.
Elatin., p. 48). Pour nous, ne pouvant voir aucune analo-
gic entre un grain de poivre et une capsule d'Elatiné,
nous conçûmes des doutes, et nous résolûmes, pour les
éclaircir, de recourir aux ouvrages de Ray et de Plukenet,
cités par Buxbaum.
D'abord, en ouvrant les Methodus Plantarum de Ray,
p. 14, notre surprise fut grande de trouver son Gra-
minifolia palustris repens, vasculis granorum Piperis
aemulis, classé parmi les plantes dépourvues de fleurs
{flore carentes), c'est-à-dire, dans les cryptogames, à
( 261 )
la suite des Fougères. L'EIaliné devenue un crypto-
game! comment Buxbaum a-t-il pu faire une telle bévue?
Remarquons d'ailleurs que la plante de Ray a les feuilles
capillaires {folia capillacea), ce qui Téloignc entièrement
des Elatinés. Plukenet, de son côté, dans son Almagestum
Bolanicum, p. 246* place le Graminifolia de Ray parmi
les mousses, sous le nom de Muscus aureus capillaris
palustris inter folia folliculis rotundis (ex sententia
D. Doody) quadripartiiisy et il en donne le dessin plan-
che 48 fig. 1. Tout cela n'a rien de commun avec la plante
phanérogamique décrite et figurée par Buxbaum. Il
fallait donc rechercher ce que c'est que Graminifolia
vasculis granorum Piperis aemulis de Ray? Vous allez
rire de la balourdise de Buxbaum, c'est tout bonnement la
Pilulaire, Pilularia globulifera, qui a réellement les fruits
semblables à des grains de poivre. Ouvrez les Species Plan-
tarum de Linné, p. 1563, et VEnglish Flora de Smith,
IV, p. 342, vous en aurez la preuve. Ainsi Buxbaum a
commis l'étrange bévue de donner la Pilulaire comme
synonyme à son Elatiné, et puis il a commis celte seconde
bévue de donner à un Elatiné un nom emprunté à la Pilu-
laire. Prendre la Pilulaire pour un Elatiné et donner à
cet Elatiné le nom de la Pilulaire, c'est par trop fort.
Riez-en tant que vous voudrez, mais c'est ainsi. Et voilà
pourtant comment le nom d'Hijdropiper est devenu
spécifique chez les Elatinés, C'est incroyable, mais tenez
pour certain que la grosse balourdise de Buxbaum occu-
pera un rang distingué dans le grand bêtisier scientifique.
De tout ce qui précède, nous concluons : 1** Que VE.
Bydropiper de Linné est une espèce collective, compre-
nant toutes celles à feuilles opposées, et sans caractères
applicables à aucunes d'elles en particulier. 2° Que les
^ I
( 262 )
considérations données par M. Pries, dans sa Stimma^
p. 161, pour déterminer l'espèce archétype de Linné,
considérations tirées de la plus ou moins grande abon-
dance de telle ou telle forme en Suède et en Lapponie,
ne sont d'aucune valeur, en présence du texte formel de la
Flora Lapponica, de la Flora Suecica et des Species Plan-
tarum, où Linné réunit l'espèce à fleurs sessiles à celle à
fleurs pédonculées et même celle à fleurs trimères, ce qui
constitue, au plus haut degré, une espèce collective. S"" Que
le nom d'^j/cfroptper est le fait d'une incroyable balourdise
de Buxbaum, confondant l'Elatiné avec la Pilulaire et
donnant au premier le nom caractéristique du second, en
sorte que VElatine Hydropiper doit son nom à la Pilularia
globulifera. 4® Que ce nom, ne s'appliquant à aucune
espèce en particulier, a été attribué à toutes les espèces
tétramères nouvelles, et a jeté ainsi la confusion parmi ces
espèces. En sorte que, dans cette situation, ce nom col-
lectif, qui ne s'applique à aucune espèce en particulier,
doit être rejeté comme nom spécifique, ainsi qu'on l'a fait
pour le Valeriana Locusla, le Medicago polymorpha,
YOphrysinsectiferay etc., sauf à le réserver pour indiquer
la série entière des espèces à feuilles opposées.
V.
Nous avons dit que VE. Hydropiper de Linné est une
espèce collective et comprenant un grand nombre d'es-
pèces distinctes parfaitement caractérisées. M. Hardy,
dans sa Monographie des Elatine de la flore Belge^ en a
donné l'historique et nous ne pouvons qu'y renvoyer, en
nous bornant à donner le tableau chronologique des
espèces formées aux dépens de VE. Hydropiper de Linné.
Ce tableau prouvera que cette espèce est collective.
( 263 )
179t. Elatine triandra Schk. Handb,, i, p. 3i5, t. 109b.
1808. Elatine hexandra DG. le, rar., p. U, t. i3, f. 1.
18. .. Elatine major Al. Braun in Syll.pl. nov., I, p. 83.
182i. Elatine tripetala Sm. Engl. FI., H, p. 243.
1827. Elatine siphosperma Dmrt. Prodr, Fl. Belg., p. 111.
1827. Elatine roajuscula Dmit. Prodr. Fl. Belg., p. 111.
1827. Elatine macropoda Guss. Prodr. Sicul., p. 475.
1832. Elatine Schkuhriana Hayne in Rchb. Fl. exe, p. 639.
1837. Elatine Hydropiper-pedunculata Moris Fl. Sard., \, p. 287,
. 20, f. 2.
1839. Elatine orthosperma Diiben ex Pries Summ., p. 161.
1839. Elatine Fabri Grenier Mém. Soc. ic. Besanç., 1839.
18... Elatine nodosa W. Arnott. in Edimb. Joum. nat, se, I, p. 431.
18... Elatine spathulata Gorski in Eichwald yaturhitt, Skizze v.
Lithauen.
1842. Elatine paludosa Seub. Elalinarum monographia, p. 52.
1842. Elatine caropylosperma Seub. ibid., p. 49.
Voilà donc quinze espèces d'Europe créées aux dépens
de rjE". Hydropiper de Linné. Il faut y ajouter trois
espèces étrangères à TEurope, les £. minima, ambigua et
gratioloides. Sans doute parmi ces espèces il y a des dou-
bles emplois, comme c'est toujours en pareil cas, avant
qu'elles soient bien définies, mais parmi elles il s'en
trouve beaucoup qui sont parfaitement caractérisées.
Examinons donc les caractères qui les distinguent entre
elles et débrouillons ces quinze espèces.
VI.
r
Les Elatinés à feuilles opposées ont tous un port sem-
blable ; ce sont de très-petites plantes rampantes sur le
limon, qu'un œil inattentif confondrait entre elles. Mais en
examinant leurs caractères et en les étudiant de près, on
^
( 264)
y voitdes différences considérables. La plupart ont la fleur
à quatre divisions, d'autres à trots divisions; les unes ont
huit étamines, d'autres six, d'autres seulement trois; le
calice, ordinairement à quatre divisions, en présente trois
dans d'autres, quelquefois deux seulement; les fleurs ordi-
nairement sessiles, sont parfois longuement pcdonculées.
Tout cela oITre des caractères entièrement diffcrenls,
mais les graines présentent des dissimilitudes non moins
grandes. Parfois elles sont à peu près droites, souvent on
les trouve légèrement arquées, d'autres fois elles pré-
sentent la forme d'un hameçon, enfin on trouve d'autres
espèces où elles sont recoquillées sur cUes-mèmes en une
spire unique. Ces caractères des graines sont de la plus
haute importance pour la distinction des espèces.
La première espèce qui ail été détachée de l'E. Hydro-
piper de Linné, est VE. triandra de Schkuhr, si bien
carnclérisée par ses trois étamines, mais surtout par son
calice à deux sépales, qui ne se retrouve que dans cette
seule forme. Srhkubr et après lui Drèves et Hayne con-
servent le nom d'£. Hydropiper pour l'espèce tétramère
à graines recourbées en siphon, qui est notre E. aiphot-
perma.
Peu après, De Candolle dans ses Icônes planlarum
rariorum Galliae, p. 14, fait, à son tour, de la variété
^ des Speciea àe Linné, son E. hexandra, conservant le
nom spécifique d'Hydropiper pour l'espèce lélramère à
graines droites, qui est celle de Vaillant, citée par Linné.
VE. hexandra a été désignée plus tard par Sir James
Smith, dans son English Flora, sous le nom d'£. tripetala
qui en est synonyme. En créant son E. hexandra, De
Candolle déclare que jamais il ne se transforme dans
l'autre. J'ai vu, dil-il, plus de six cent plantes de cette
( 265 )
espèce dans les environs de Nantes, sans jamais y avoir
observé la moindre modification : Sexcenta specimina vidi
circa Nannetes et nullam aberrationem discernere potui.
Il ajoute que Vaillant et Desportes ont constaté la même
constance spécifique. Gela n'a pas empêché M. Seubert
de réunir plus tard ces deux espèces sous le nom d'E. pa-
ludosa, en quoi il a été suivi par MM. Grenier et Godron,
dans leur Flore de France. Cette réunion n'est nullement
foiidée, et les deux espèces de De G'indoIIe sont parfaite-
ment distinctes. En voici la preuve. VE. hexandra est
très-répandue en Belgique, dans le pays de Beaumont et
de Ghimay, dans la Gampine et en Flandre, or jamais on
n'y a rencontré un seul pied de VE. Hydropiper de
De Gandolle, qui est notre E. majusctda. Voilà bien la
preuve que ces deux plantes ne sont pas des variétés,
mais des espèces bien distinctes.
En 1827, reconnaissant que, sous le nom d'£. Hydro-
piper ^ on confondait des espèces essentiellement différentes,
et ayant observé que leurs graines, entièrement dissem-
blables, caractérisaient ces espèces en les distinguant
facilement l'une de l'autre, nous avons créé, dans notre
Prodrome de la Flore Belge, p. 111, \esE,siphospermati
majuscula. La première, remarquable par ses graines
courbées en siphon, représente l'espèce d'Allemagne
figurée par Schkuhr; la seconde, dont les graines sont à
peine courbées et presque droites, est l'espèce française
décrite et figurée par De Gandolle. L'f. siphosperma a
été plus tard, en 1833, désignée par Hayne, dans la
Flora excursoria de M. Reichenbach, sous le nom d'i?.
Schkuhriana, qui en est synonyme. Quant à notre
E. majvsculay plusieurs lui donnent pour synonyme
!'£. major de M. Alex. Braun, mais toutes nos recherches
( 266 )
ne nous ont pas fait découvrir Touvrage où il Fa décrite,
qui n'est pas même cité par M. Pritzel. Tout ce que nous
en savons est par le Compendium de Bluff et Fingerhutt,
vol. 1, p. 5H, où se trouve rapportée la phrase spécifique
de M. Alex. Braun, ainsi conçue : E. major^ foliis oppo-
sitiSf floribus alternis pedunculatis, i-petaliSy S-andris,
i gynis, calyce tetraphytlo. Cette diagnose, ne donnant pas
la forme des graines, peut s'appliquer à la plupart
des espèces téiramères, en sorte qu'on ne peut rien pré-
ciser à son égard.
La même année 1837, Gussone, dans son Prodromus
Florae Siculae, p. 475, décrivait son E. macropoda. Une
forme de cette espèce a été publiée en 1839 par M. Grenier
sous le nom d'E. Fabri, dans les Mémoires de la Société
des Sciences de Besançon.En\8Z9,D\iben dans leBotaniska
Notiser de Lindblom, publia son E, orthospermaj très-
voisin de VE. siphosperma^ dont il ne diffère que par ses
graines droites et que M. Frics, dans sa Summa, pp. 39 et
161, regarde comme en étant une variété. VE. spathulata
de Gorski parait lui appartenir, comme YE. nodosa de
W. Arnolt appartient à rJE". sfphosperma. Enfin, en 1837,
Moris, dans sa Flora Sardoa, publia une plante voisine de
VE, macropoda de Gussone, sous le nom d'i?. Hydropiper-
pedunculata, plante dont M. Seubert a fait son E.cam-
pylosperma. C'est peut-être la plante de M. Alex. Braun.
Après toutes ces découvertes, il manquait une mono-
graphie des Elatinées; c'est ce qu'entreprirent M. Seubert
et M- Hardy. VElatinarvm Monographia de M. Seubert,
publiée dans les mémoires de l'Académie des curieux de la
nature, et dont Walpers a reproduit les diagnoses dans son
Repertoriumy 1. 1, p. 283, contient dix espèces d'Elatinés,
dont trois sont exotiques, les £. minirnuy ambigua^ et
( 267 )
gratioloides. Parmi les sept espèces d'Europe, deux lui
sont propres : les E, campylosperma, dont nous venons de
parler^ et paludosa. Nous avons dit que cette dernière est
mal établie et réunit deux espèces distinctes qui ne con-
fondent jamais, lesf. majiisculaei hexandra, La monogra-
phie des Elatinés de M. A. Hardy, publiée dans le
Bulletin de la Société royale de Botanique de Belgique^
séance de décembre 1871, est très-intéressante, parles
soins qu'il a misa recueillir tout ce qui concerne riiistori-
que de ces petites plantes. Il en décrit huit espèces, toutes
propres à l'Europe; aucune d'elles n'est nouvelle. Les
localités y sont indiquées avec le plus grand soin.
VIL
Après avoir fait Texamen critique des espèces d'Elatinés
publiées jusqu'à ce jour, il nous reste à parler d^une
espèce nouvelle qui fait l'objet essentiel de cette notice ;
Notre jeune confrère M. Hardy est doué d'une incroyable
puissance attractive pour les Elatinés ; partout où il va, il
en trouve ; ces rares petites plantes semblent naître sous
ses pas. A l'automne dernier, en visitant les étangs situés
à Sautin entre Sivry, Rance et Montbiiart, dans le pays de
Chimay, il mit la main sur un petit Elatiné tétramère
qui y croit en abondance sur la vase des schistes. M. Hardy
voulut la soumettre à notre examen, et nous y reconnûmes
une espèce inédite, bien caractérisée, que nous crûmes
devoir dédier à l'auteur de celte découverte et de la mono-
graphie des Elatinés, en la nommant £/aa'ne Hardyana.
VE.Hardyana est une petite espèce rampante, croissant
en abondance sur le limon asséché des étangs en
Hamaut, à Sivry, Rance et Montbiiart. Ses tiges, qui n'ont
que quelques pouces de longueur, sont nombreuses, très-
( 268 )
rameuses, couchées, radicantes, et munies de feuilles
opposées. Feuilles lancéolées, obiuses, atténuées en pétiole
plus court que le limbe. Fleurs axillaires, sessiles, tétra-
mères, alternes, calice à qxiatre divisions; quatre pétales,
huit étamines et quatre styles. Capsule déprimée, s'ou-
vrant en trois valves. Graines recourbées sur elles-mêmes,
involutes et comme coquillées, celles du bas recourbées
en siphon.
Celte espèce, qui se distingue au premier coup d'œil,
diffère de toutes les autres par la forme de ses graines.
Ses rapports sont avec YE, siphosperma et surtout avec la
forma lerrestris de Seubert, mais jamais nous n'avons
observé, dans cette plante, la disposition des graines que
nous trouvons ici. VE, siphosperma a les graines en
fer à cheval ou en forme d'un hameçon, avec une de ses
extrémités plus longues que Tautre. C'est ainsi qu'elles ont
été figurées par Schkuhr, par Drèves et Hayne, par Seu-
bert et que nous même les avons toujours observées.
L'£. Hardyanaj au contraire, a les graines enroulées, ce
qui est tout différent. Il nous parait impossible de réduire
à une seule espèce des plantes douées de graines si dis-
semblables.
M. Hardy nous annonce encore qu'il a observé en Hai-
naut une espèce d'Ëlatiné triandre à calice composé de trois
sépales. A cette forme, appartient, sans aucun doute,
VE. triandra de M. Grenier {Flore de la chaîne Jurassique^
p. 1^9), qui reproduit ces caractères et surtout celui du
calice à trois sépales sous une fleur triandre. Elle est
répandue dans la Bresse parmi tous^ les étangs du canton
de Chaussin , où elle parait avoir été découverte par
Michalet. Mais M. Grenier fait erreur en disant qu'il a pu
constater avec Michalet, et sans contestation possible^ que
( 269 )
YE. triandra a toujours le calice à trois sépales et « que
le calice diphylle, indiqué pour celte espèce par Schkuhr,
Koch, Drèves et Hayne, etc., est une anomalie, un état
exceptionnel, si ce n'est point une erreur. » Il est évident
que iM. Grenier n'a jamais observé le véritable E, triandra^
dont le calice est toujours à deux sépales. S'il l'avait étudié,
il aurait vu que cette prétendue anomalie y oiïre un carac-
tère constant et spécifique, invariable dans tous les exem-
plaires de Tespèce. M. Hardy a déjà critiqué avec raison
cette opinion de iM. Grenier, dans sa monographie des
Elatinés, p. 16, en faisant remarquer que le calice à deux
sépales est Tétat normal de YE. triandra, comme le disent
tous les auteurs. Il y a donc ici très-probablement une
espèce confondue, que nous nommerions volontiers E. ter-
nata, mais nous attendrons de Tavoir étudiée vivante pour
nous prononcer définitivement à son égard.
VIII.
Il suffit d'avoir étudié ces petites plantes, pour voir
qu'à travers une similitude apparente, elles offrent des
caractères distinctifs de premier ordre. Si on les range
suivant le nombre desétamines, on aura les divisions sui-
vantes :
*HdI4 éiamliies.
1. Elatine Alsinastrum L.
2. — sîphosperma Dmrt.
3. ~ campylosperma Seub.
4. — majuscula Dmrt.
5. — roacropoda Guss.
6. — orthosperma Dûben.
7. — Hardyana Dmrt.
**Slx étamliies.
8. Ëlatine hexandra DC.
( 270 )
f**
Trolii éiantlnes.
9. Elatine triandra Schk.
10. — minima Fischer et Meyer.
11. — ambigua Wight.
12. — gratioloides Cuoningham.
Si^ au contraire, on les range diaprés la forage des grai-
nes, on aura les divisions suivantes :
^GRAINES PRESQUE DROITES, LÉGÈREMENT COURBÉES.
a) Esjpèeea téiramèrea.
1. Elatine Âlsinastrum L.
â. — majuscula Dmrt.
3, — orthosperma Dûben.
i. — macropoda Guss .
b) Espèces trlnaères.
tf. Elatine hexandra DC.
6. — triaudra Schk.
7. — ambigua Wight.
8. — minima Fischer et Meyer.
9. — gratioloides Gunningham.
*♦,
GRAINES RECOURBÉES SUR ELLES-MÊMES.
a) Eapèeea tétranières.
10. Elatine siphosperma Dmrt.
11. — campylosperma Seub.
12. — HardyanaNob.
( 271 )
On voit par là les différences sensibles que présentent
les diverses espèces d'Elatinés à feuilles opposées, car
pour ce qui est de VE. Alsinastrum^ sont port et ses
feuilles verticillées en font un être à part. Toutes les
espèces ont d'ailleurs les feuilles stipulées, que leurs
feuilles soient opposées ou quaternées. Mais VE. Alsinas-
trum diffère des autres par un caractère particulier : son
placentaire est globuleux, tandis qu'il est étroit et lan-
céolé dans les espèces à feuilles opposées. Ce caractère
déterminera la section des espèces à feuilles verticillées.
IX.
Parmi les espèces d'Elatinés que nous venons d*énu-
mérer, il s'en trouve trois étrangères à l'Europe, les
£*. minimaj arnbigua et gratioloides. VE, minima de
Fischer et Meyer, qui est le Crypta minima de Nuttall, est
une plante de l'Amérique septentrionale, habitant depuis
New- York jusqu'au Missouri; VE. ambiguade R. Wight
est une plante des Indes orientales croissant près de Tan-
jore; enfin VE. gratioloides de Gunningham appartient à
la Nouvelle-Zélande; toutes celles-ci ont le calice trifide
et sont à trois étamines. Pour ce qui est des neuf autres
espèces, elles appartiennent à l'Europe. Parmi elles, il
s'en trouve deux caractérisées par leurs pédoncules plus
longs que les feuilles, les E. macropoda et campylosperma^
qui habitent les régions méridionales de l'Europe. Ces
espèces à longs pédoncules se trouvent depuis la Sicile
jusqu'à la Loire, et n'ont pas encore été observées au nord
de cette ligne, qui semble être l'extrémité septentrionale
de leur aire de dispersion, et où M. Lloyd les a recueillies
(JFl.de l'Ouestj éd. 2, pp. 98 et 99). VE. campylosperma^
( 272 )
qui est VE. Hydropiper de Perneau el VE. Hydropiper-
pedunculata de Moris, y est abondante et s'avance jusque
dans le Morbihan, ce qui fait croire qu'on pourra peut
être la trouver un jour en Belgique.
Nous ne donnerons pas ici la description des diverses
espèces d'Elatinés; on les trouve, tant dans la monographie
de M. Seubert, que dans celle de M. Hardy, ainsi que dans
le Repertorium boianices systematicae de Walpers. Nous
renvoyons à ces ouvrages. Mais nous ne pouvons nous
empêcher de parler des espèces de notre flore ; ce sera
une occassion de montrer combien celle-ci a été appauvrie
dans ces derniers temps. Dans notre Prodrome, publié
en 1827, c'est-à-dire, il y a 46 ans, nous avions déjà indi-
quée cinq espèces belges d'Elatinés : les E. triandra,
hexandra, siphosperma, majuscula et Atsinastrum. Le-
jeune et Courtois, dans leur Compendium, avaient repro-
duit ces cinq espèces : Hannon, dans sa F/ore Belge, en
énumère quatre espèces : les E. hexandra, siphosperma,
majuscula et Alsinastrum, L'auteur du Manuel de la Flore
de Belgique, au contraire, qui a adopté pour système
d'effacer tous les travaux de ses devanciers, en est arrivé
à réduire, dans son ouvrage, le nombre des Elatinés indi-
gènes à une seule espèce, VE, hexandra. Afin de montrer
combien ce système, tout personnel, est préjudiciable à
l'étude des plantes indigènes, nous allons donner l'indica-
tion, les caractères, et les localités de nos espèces indigènes,
que nous extrayons de notre Flore Belge, jusqu'ici inédite.
.Celte comparaison pourra être utile pour montrer la
richesse réelle de notre flore, si malheureusement appau-
vrie par la prétention d'effacer les travaux des anciens.
( 273 )
ÉL4TINÉS DE LA FLORE BELGE.
ELATINEAE Dnirt. (i827); Camb. (1829).
Elalineae Dmrt.. Prodr. FL Belg,, p. iH, (1827); Cambessè-
des in Mém. Mus., XVII, p. 225 (1829).
ELATINE L.
§ i. Potamopitys Dmrt.,1. c. (1827); Seub. Elatin, Monogr.,
p. 56(1842).
Placentariam globulare. Folia verticiliata.
1. E. AUinaêtrum L. foliis floribasque verticillatis.
Alsinastrum galiifolio Vaill. Bot. Paris,, p. 6, t. 1, fig. 6.
E. Alsinastrum L. 5p. PL, 527; Seob. EUitin. Monogr,, p. 66, t. V;
Dmrt. Prodr,, p. 111 ; Hardy Monogr., p. 19.
Habite aux bords des étangs et des fossés dans le Luxembourg (Tinant !
Linden!), dans le Limbourgaux lieux marécageux du Ravclbosch (Nyst !),
en Flandre près de Gand (Desmazières ! Hocquart), de Condé (Hécart),
dans la vallée de la Moselle près de Trêves (Scbafer, Wirtgen), près -de
Cologne (Sehimeyer !).
§ 2. Elaf inotypus Dmrt. 1. c. (1827); Elalinella Seub. 1. c,
p. 46 (1842).
Placentarium lanceolatum. Flores tetramerî) octandri. Folia opposita.
2. E, iiphosperma Dmrt. floribus subsessilibus tetrameris octandris,
semioibus hamato-recurvatis.
E. Hydropiper L. pro parte; Schkubr Handb., T, p. ZiH, t. 106 f. 1;
DrèvesetHayneP/.d^^iir., III, p. 3i, t. 71, fig. A; Seub. Elatin. Monogr.,
p. 46, t. 3, f. 1-8.
E. siphosperma Dmrt. Prodr,, p. 111 (1827); Hann. FI. Belg,, I, p. 80;
Hardy Monogr., p. 23.
E. Sehkuhriana Hayne in Rchb. Ft. exeurs., p. 639 (1832).
Habite les fossés sablonneux près d^Utrecht au Bildt ! près Dortrechl,
Papendrecbt, Stiedrecht, Krimpen, etc. (van der Sande Lacoste), dans la
campine hollandaise vers Bois le Duc (Hoven).
3. E, Hardyana Dmrt. floribus sessilibus tetrameris octandris, semini-
bus involutis.
â2
( 274 )
Habite en abondance les étangs asséchés entre San tin, Rance et Mont-
bliart en Hainaut (À. Hardy !).
i. E. majuscula Dmrt. floribus pedunculatis tctrameris octandris,
seminibus rectiusculis subarcuatis.
Alsinastrumserpyllifolium flore aibo tetrapetalo. Vaill. Bot. Paris., p. 5,
t. 2, f. 2.
E. Hydropiper L. pro parte; DC. /c. GalL, p, 13, t. -(3, f. 2; Schkubr
Handb., t. i09«î Lmk Fl. Fr., p* OS, t. 320, f. 2.
E. majuscula Dmrt. Prodr., p. 11 Ij Hann. Fl. Belg , T, p. 80; Hardy
Monogr., p. 22.
An E. major Al. Braun. Syll. pi. nov., p. 8^, ex BluflF et Fingerh. Comp.jlj
p. 513? (dubia species).
E. paludosa ^ Seub. Elatin. Monogr, y p. Si.
Habite des étangs marécageux près Mons (Desmazières !).
§ 3. Birolia Dmrt. I. c. (i827); Birolia Bell. Mém.Acad. Tur.,
1809, p. 403.
Placcntai'ium lanceolatum. Flores trimeri 3-6<andri. Folia opposita.
5. E. lœxandra DG. floribus pedunculatis trimeris hexandris, seminibus
rectiusculis.
Alsinastrum serpyllifolium flore roseo tripetalo. Vaill. Bot. Paris., p. 5,
t. 2,fig. 1.
E. Hydropiper /3 L. Sp. PL, p. 527.
E. Hydropiper Sm. Engl. Bot», t. 93S.
E. hexandra DG. te. Gali., p. 14, t. 43, fig. 1; Dmrt. Prodr., p. 111;
Hann. Fl. Belg., I, p. 80; Hardy Monogr., p. 20.
Birolia paludosa Bell. Mém. Àcad. Turin, 1809, p. 403.
£. tripetalaSm. Engl. Fl., Il, p. 243.
£. paludosa a Seub. Elatin. Monogr., p. 52, t. 4.
Habite les étangs en Gampine ! en Flandre ! dans le pays de Gbimay, à
Aance, Sivry et Gouvin (Hardy!), en Eifel (Wirlgen!).
6. E. triandra Schk. calycc disepalo, floribus trimeris triandris^ semi-
nibus rectiusculis.
E. triandra Schkubr Handb., I, p. 345, t. \Ù9b, f. 2; Drèves et Hayne
PI. d'Eur., m, p. 36, t. 71, fig. B ; Seub. Elatin. Monogr., p, 42, t. 2,
fig. 1-8 ; Dmrt. Prodr., p. 111; Hardy Monogr., p. 24.
Habite les fossés limonneux, à Frahan près Bouillon (Delogne !), Rance
(Hardy), Durtrecht, Sliedrecht et Rrimpen (van der Sande Lacoste), dans
rEifel(Wirtgenî).
( 275 )
Notice sur la flore de Wavre et de ses environs, par
C.-J. Lecoyer.
Le territoire de Wavre et des localités voisines, arrosé
par la Dyle et quelques petits affluents, est généralement
accidenté; de vastes prairies, parfois fangeuses, comme
celles du Manil, de Rosières, Tombeek et Pecrot, occu-
pent les parties basses, mais ces fanges, souvent intéres-
santes au point de vue botanique, tendent à disparaître
rapidement par Texhaussement continuel du sol, les
travaux d'assèchement et les progrès de la culture. Les
collines voisines, couronnées la plupart de pins sylvestres,
et dont les points culminants atteignent environ 1 30 mètres
d'altitude, offrent divers sables plus ou moins ferrugineux^
mélangés, çà et là, d'argile, de marne ou de grès. La
culture s'est emparée des moindres replis du terrain et
l'on n'y rencontre plus guère que de loin en loin d'in-
signifiants espaces arides et absolument vierges, où la
physionomie végétale s'est conservée à peu près intacte;
là encore, est-il difficile de saisir le véritable caractère de
la flore, si l'on n'a pas la chance de devancer la faucille
ou les premières chaleurs desséchantes de l'été.
Plusieurs botanistes distingués ont, à diverses reprises,
parcouru cette région, exploré chaque localité et fait
connaître amplement la florule de Wavre, sauf pour
quelques espèces rares échappées à leurs recherches, et
que je me propose de renseigner ici, tout en confirmant
les indications relatives aux plantes intéressantes connues,
déjà signalées, et que la culture n'a pas encore fait
totalement disparaître.
Parmi les espèces rares que je signale ci-dessous,
( 276 )
j*aUire particulièrement Tattention de mes confrères sur
deux dVntre elles, qui sont nouvelles pour la florule de la
zone argilo-sablonneuse. Ces espèces sont les Orchis
Simia et Liparis Loeselii.
OleauUlfi ¥lialba L. — Assez abondant par places surtout dans le
bois de Laurensart (Gastuche).
Hyoaaras mlBlmaa L. — A. R.
Bananealiia bederaeens L. — Biergcs, dans le ruisseau deChampIes;
près de la Lasne à Tombeek (Isque). R.
— dlvarlcalDs Schrk. — A. C.
— panclaiaiiilBeas Tausch. — Ruisseau du pré de Querelles
à Wavre. R. R.
Obt. — J*ai comparé cette plante à celle provenant de Haeren, et toutes
deux m*ont paru identiques.
— lilngiiaL. — Dans les fanges du Manil, Limai et celles dePecrot. B.
— peljantbemaa L. var. iienaoroaaa DG. — Bois de Beumont
à Wavre. R.
— seeleratus L. — G.
lilseila damaseena L. — Espèce subspontanée sur les rives de la
Dyle à Bierges. R.
— arvenaia L. — Limai (Dandois), Je ne suis pas encore parvenu
à retrouver cette espèce.
Dlantbua Armerla L. — Wavre, Bierges et Limai. R.
Sapanarla attelnalla L. — Assez répandu par places à Wavre, Limai
et Gastuche.
— ¥aecarla L. — Quelques pieds dans un champ de seigle, en 1871,
vis-à-vis de la maison Gaule à Wavre.
Silène veneMi Gil. — Wavre. R.
Spergttlarla megeimUm FenzI. — Abondant çà et là dans les moissons
à Limai, Wavre et Bierges.
«laf Ina elllata Pries. — Assez commun dans les moissons à Limai,
Bierges et Wavre. ,
• ( 277 )
Saslna nodoMi L. — Prairies à Rosières et dans les fanges de Pecrot. R.
■olosleam nmbellatnni L. — A. C.
StellarlA nemoram L. — Wavre. A. R.
— stoncA With. — Fanges de Pecrot. R.
Ceraatloni pamllam Curt. — A. C.
— «4 a Aliénai L. — Bords de la Dyle à Bierges et Limai. A. R.
Radlola malllllora Lmk. — Dans le ravin d*Angottssart à Bierges.
GerABlam pralense L. — Dans une saussaie, derrière le moulin de
Bierges où il est assez abondant; pelouses du château de Bonlez.
Brodlnm plmptnellAerollani Sibth. — G.
■Al TA erlsiyi L. — Çà et là derrière la Bawette à Wavre. Espèce
subspontanée.
■onolroiyi Hypopltys L. — Au centre du bois de Beumont à Wavre R.
AndroflAcmam ofleluAle L. — Un buisson dans la station de la
Hulpe. Espèce introduite.
Byperleain moiilAnani L. — Sur la berge gauche du chemin allant
d^Ottenbourg à Terlaenen (Isque). R.
DroserA roInadirollA L. — Lieux humides à Rixeusart, Archennes,
Pecrot et Tombeek (Isque).
PArnAMilA lyilnslrls L. — Répandu çà et là dans la vallée de la
Lasne à Rosières, etc.
PyrAlA rAlnodirollA L. — Dans le bosquet du Chénoità Bonlez. R.
— mlnor L. — Les Saussaies à Bierges. R. R.
KesedA LnleolA L. — Bierges et Gastuche. R.
OorydAllls sAlldA Sm. — Haies à Wavre, Ottenbourg et Terlaenen
(Isque). A. G.
FamArlA CApreolalA L. — Un pied sur le bord de lu Dyle à Bierges.
— dcBflUiorA DG. — Assez abondant par plaees vers le Godru à
Wavre.
BArbAreA lyrAlA Gil. var. slrlcUi. — Bord d*un fossé près de la
Dyle à Limai.
DIplolAxIs leoniroilA DC. — Talus du chemin de fer entre Gastuche
et Archennes A. G.
. ( ^278 )
Lepldlnm campeatre R. Br. — Bierges, Wavre et entre Gastuche
et Arcbennes. R. et A. R.
QeDlfllA ABsllca. L. — C.
— pllosa L. — Rare dans le ravin Gaule à Wavre et assez com-
mun sur les collines de Gistoux.
•oobU repens L. — A. C.
■elllotofl •flicliMillfl Desr. — Très-rare à Wavre et moins rare entre
Gasluche et Arcbennes.
vida lAlhyroldea L. — Moissons derrière la Bawctte à Wavre. R.
liAthyriis «ylveslrlfl L. — Bords de la route de Limai ; lisière infé-
rieure du bois de Beumont à Wavre. A. R.
— Aphaea L. ~ Entre Bylande et Terlaenen.
PeplU Porinla L. — Le Plaigneau à Limai. R.
Bemlarla hlrsnla L. — Assez répandu çà et là à Wavre et Bierges.
Sednoi elesans Lej. — Sur les murs d*une vieille chapelle près de la
ferme Demolder à Wavre. R.
SeoiperTlviini teelomoi L. — A. G.
€oni«riini pAlnstre L. — Fange du Plaigneau à Limai R. R.
Alcheoillla valsarls L. — Près du chemin de fera Bierges. R.
Myrlophyllam TerItcltiAtiiiii L. var. plnnatlAdam et peellna-
Inm Wallr. - A. C.
Hydrocalyle TolirarU L. — Tombeek et Terlaenen. A. R.
•enanthe aqaailea Lmk. var. latlfolla. — Bierges, Wavre et
Gastuche. A. G.
RIbea VTa-crlapa L. — Le Manil (Limai). A. R.
Chryaaaplealnni oppaallirollnm L. ~ Le Manil, Bierges, et pro-
bablement ailleurs. A. R.
Cenlnneulna mlnlnana L. — Près de la fange du Plaigneau à
Limai. A. R.
PlanlaKO naedla L. — Vers Bonlcz. A. G.
Coaeiila majar DG. — Sur le houblon aux Quatre-Ghemins à Wavre,
et à Limai.
( 279 )
Cuflcnla Epllhymniii Murr. — C. C.
Lycopalfl arvensls L. — A. C.
Cynoftlosaaiii oflicliiale L. — Berge vis-à-vis de la ferme de
WoelmoDt à Gastuche. R.
Wtcandra physaloldes L. — Répandu dans plusieurs jardins à
Wavre. Espèce introduite.
I^yelnni harbaram L. — C C.
Verbaseum nlsrnm L. — Cimetières de Grez et Bonlez. R.
Veronlea manlmaa L. — Bois de Rixensart et de Laurensart (Gas-
tuche). A. R.
DlSlIalU parporea L. — Wavre. R. R.
Vlrlenlarla neslecla Lehm. — Abonde dans la fange du Plaigneau
à Limai; assez rare au Manil et à Pecrot.
Culamlnlha Actnaa Glairv. — Abondant vis-à-vis de la maison Caule
à Wavre.
Nepela Calarla L. — Wavre et Bierges. A. C.
Galeopala vlllaaa Huds. — Abonde à Angoussart (Bierges).
Marrahtam volgare L. - Çà et là à Limai, Bierges, Wavre et
Ottenbourg.
liconarua Cardiaea L — Répandu par places à Rixensart vers le
Bourgeois.
Phyleonia •plcalnm L. — C.
var. nlffram. — fionicz et Gistoux. A. R.
Vlhurnam Lantana L. — Bois de Laurensart (Gastuche). R. R.
Dlpaacaa ptloaua L. — Abondant dans un endroit du bois de Lau-
rensart (Gastuche).
•napordon Acanthlani L. — Wavre, Florival (Archennes). R. R.
Clralam oleraceam Scop. — Abondant dans la vallée de la Lasue à
Rosières, etc.
Anlennarla dioeca Gartn. — Wavre et Gistoux. A. R.
Fllaso apleulata G.-E. Smith. — Wavre. C.
— arvenala L. — Vis-à-vis de la maison Caule à Wavre! R. R.
( 280 )
akDBeelo Foehsll Gmcl. — Bois et haies sur la rive droite de la Lasne
à fiicrges, Rosières, Ottenbourg et Tombeek (Isque). A. R.
■ypochoeris iplAbra L. — Ottenbourg. A. R.
LeonlodoB hkipidns L. — C. C.
liAeloea ma rails Less. — Chemin encaissé descendant d*Ottenbourg
à Terlaenen. R. R.
CrepU pa Indosa Honch. — Vallée de la Lasne. A. G.
Eoxolaa Ylrldls Moq.-Tand. ^ Infeste le jardin de PEcole moyenne
à Wavrc.
Cheaopodlani morale L. — Rixensart, vers le Bourgeois et
Pecrot. A. R.
Blltnm Bonaa-Bearleua Rchb. — Limai et Ottenbourg. R.
Polyironani Blalorla L. — Assez répandu par places dans la vallée
de la Lasne et vers Gistoux.
CeraCaphylInm demerflom L. — Le Plaigneau à Limai et Wavre.
BaCanaas ambellaina L. — Rixensart. R. R.
Alltnni aralnam L. — Abonde dans le bois de Bylande à Wavre et
celui de Laurensart (Gastuche).
Tanaaa eommoalfl L. — Bois de Laurensart (Gastuche). R. R.
Or«htfl pnrparea Huds. — Bois de Laurensart, vis-à-vis du canal.
Obê. — Cette intéressante espèce a déjà été signalée par M. Baguet.
— ainila Lmk. — Sur la lisière au bois des Templiers à Wavre
(2 pieds).
— taearnata L. — Entre Florival et Pecrot. A. R.
Gymnadeala. eonopaea R. Br. — Tombeek (Isque) et dans les fanges
de Pecrot. A. C.
— Tirldifl Rich. — Limai, Rosières, Gistoux et Pecrot. A. C.
Plataathera blfalla Rchb. — Pecrot. R. R.
— moBiaoa Rchb. — Bois de Laurensart (Gastuche). A. R.
BpIpactU painsirifl Crantz. — Tombeek et Pecrot. A. C.
IVeotlIa ividafl-avlfl Rich. — Derrière le Chalet au bois de Laurensart
(Gastuche). R.
I^lparls l^acaelll Rich. — Assez abondant dans les fanges de Pecrot.
( 281 )
Bydrocharis Morsao-ranae L. — Je ne l*ai encore rencontré
qu'à Wecrt-S»- Georges.
Trlglochln palostrU L. — Le Plaigneau à Limai et Pecrot. A. R.
Polaoiogetoii alptnas fialb. - Abondant dans les fossés du Manil
à Limai.
— pecllnalns L. — Dans la Lasne à Terlacnen (Isque). A. C.
ZaBBlehellU palosIrU L. — Abonde dans un étang à Rixensart.
Jnneaseapi talus Weig. — Assez abondant dans un champ sous le
Ri de Fétry à Rosières.
— obtafllllorna Ehrh. — Dans la vallée de la Lasne au Plaigneau,
Rosières, etc. C. C.
Losula fljrlTallea Huds. — Rois de Rixensart, à la source du
missel et. R.
Carex pnIlearU L. — Tombeek et Pecrot. A. R.
~ paatenlala L. — Le Plaigneau à Limai. A. C.
var. flimpllelor. — Le Plaigneau. C.
— Paeoda*€ypern« L. — Pecrot. R.
— spadloea Roth. — A. C.
— riparla Gurt. — Le Manil et Rierges. R.
•ctrpofl paoelllorna Lightf. — Rare au Plaigneau et assez commun
à Pecrot.
— aetaeena L. — Limai et Rosières. A. R.
Corynephorns emnemeemm P. B. — C.
Danlhoata deennibenfl DC. — fiicrges et Rosières. A. R.
■cilea naMora Retz. — Bois de Laurensart (Gastuche). C. C.
CatabroMi a^uallea P. B. — Abondant par places à Limai ; assez
commun à Wavre, Biergcs, Gastuche et Pecrot.
Feslaea laltaeea Curt. — Sous le moulin de Bierges sur rive droite
de la Dyle. A. C.
— irigantea Vill. ~ Les Saussaies à Bierges. A C.
Braehypodiom flylYalteam P. B. — A. C.
Asrapyraoi eanlnam R. et S. — Bois de Boulez, Laurensart et vers
Isque. R.
1
( 282 )
A««lopeBdrliini vulgAre Symons. — Environs d'Isquc. R.
Asplenlnm Adlanthnm-Dtgrnm L. — Près de Vieux-Sart. R. R.
Cynlopterla fragllls Rernh. — G.
Polyatlcham Thetyplerls Roth. — Le Plaigneau et Pecrot. R.
Aspldlain lobalmn Huds. — Près de Vieux-Sart, à Terlaenen
(Isque). R.
Botryehlam liOnarla Sw. — Au Chénoit à Bonlez, près du bosquet. R.
BquIflelunisylTalleiiiii L. — Assez abondant à la lisière du bois de
Rixensart.
Relation d'un voyage au Laacher-see en juin i 872, par
Armand Thielens.
Nous sommes partis en compagnie de nos amis et
collègues MM. C. Vanvoixem et Haye^ pour nous rendre
directement à Mayence, d'où nous avons descendu le
Rhin jusqu'à Andernach, après nous être arrêtés à Co-
blence et à Ems.
A 2 lieues environ d'Andernach, nous fumes visitera
Bleidt, d'immenses carrières de trass el à Niedermendig
(une lieue plus loin) les exploitations de lave dont Ton
extrait les pierres meulières; les galeries sont à iOO m.
environ sous terre et les carrières abandonnées sont louées
aux fabricants de bière de IVeuwied, Mùlheim, etc., qui
en font leurs entrepôts; seulement il est prudent, quand
on y pénètre, de se prémunir contre le froid qui y est
très-vif et la bière qu'on y boit est tellement glacée qu'on
est obligé de la chauffer avant de la prendre.
De ce village, pour se rendre au Laacher-see, (but
principal de notre voyage dans cette contrée), on passe
au-delà d'Obermendig, près de Bell, où s'exploite une
carrière de pierres à four qui résistent au feu.
( 283 )
Après avoir gravi une forte cote, on découvre tout à
coup l'immense lac, aux bords duquel est bâtie la belle et
riche abbaye de Maria-Laar.
Rien d'imposant comme cette grande masse d'eau de
deux lieues environ de circonférence, de 2900 mètres de
longueur sur 2633 mètres de largeur, avec une profon-
deur de 71 mètres, et située à 222 mètres au dessus du
niveau du Rhin; ses eaux, d'un beau bleu et d'une
admirable clarté, sont extrêmement froides et nourrissent
d'excellents poissons.
Au nord et à l'est, les collines sont abruptes et entière-
ment boisées,- à l'ouest leur pente est douce et des
prairies s'étendent du bord de l'eau jusqu'à la lisière de la
forêt, qui couronne leurs croupes ; au sud, se dressent des
hauteurs nues et incultes, dont l'aridité contraste avec la
riche végétation de celles qui leur font face.
On ne peut douter que ce lac ne soit le cratère d'un
ancien volcan ; ses bords sont couverts de scories, de laves
et de cendres.
Après un excellent dîner composé de poissons du lac
et arrosé d'un bon vin du pays, nous allâmes sonner à la
porte de l'abbaye. Bâtie en 1093, elle devint bientôt la
résidence des moines Bénédictins; sécularisée pendant la
domination française, elle fut détruite, sauf l'église, par
un violent incendie ^ui éclata pendant l'hiver de 1855:
rebâtie quelque temps après par ordre du Gouvernement,
elle fut louée à l'ordre des Jésuites, qui, après l'avoir
habitée jusqu'à ce jour, viennent, par le récent décret de
Monsieur de Bismark, de s'en voir expulsés.
Un Belge, le père Renard, naturaliste distingué, nous
fit, avec beaucoup de complaisance, les honneurs du
couvent: il nous fit voir notamment la bibliothèque, une
( 284 )
des plus riches de l'Allemagne, et les collections scientifi-
ques dont il est le conservateur.
Disons en passant que le savant religieux nous fit
cadeau d*une belle collection de produits volcaniques et
d*un exemplaire de sa Florule du Laacher-see; celle-ci
comprend une liste de 1 174 phanérogames.
Après avoir visité leglise^ dont Tarchitecture nous offre
un des échantillons les plus parfaits et les plus complets
qui existent du style roman et où Ton entend un écho
multiple unique dans le monde entier, nous primes congé
du père Renard^ puis nous traversâmes le lac en barquette,
afin d*aller visiter sur la rive septentrionale une MoffetUy
espèce dVntonnoir d'un mètre environ de profondeur,
d*où se dégage parfois un air méphitique qui tue les
oiseaux et les petits mammifères qui s'aventurent sur les
bords.
Bien que nous allions visiter le Laacher-See en simples
amateurs, nous n'oubliâmes point la botanique et nous
pûmes observer les plantes suivantes :
Actaea spicata L. Bromiis asper Hurr.
Agrimonia Eupatoria L. — mollis L.
Agrostis alba L. Calepina Gorvini Desv. (2 pieds).
— canÎDa L. Caltha palustris L.
Alchemilla vulgaris L. Campanula glomerata L.
Alopecuras fulvas Sm. — persicifolia L.
— geniculatus L. — 'A'achelium L.
Anthyllis Vnlneraria L. Cardamine impatieos L.
Asperugo procumbeDS L. — sylvatica Link.
Asperula odorata L. Garex acuta L.
Asplenium Filix-fœmina Bernh. — ampullacea Good.
— Trichomanes L. — canescens Good.
Avena flavescens L. — Oederi Ehrh.
Barbarea vulgaris R. fir. — elongata L.
BetODica officinalis L. — flava L.
Borrago officinalis L. — hlrta L.
( 288 )
Garex leporina L.
— muricala L.
— paludosa Gond.
— paniculataL.
— pilulifera L.
— pseudo-Cyperas L.
— pulicaris L.
— remota L.
— ripariaL.
— stellulata Good.
— teretiu9cala Good.
— vesicaria L.
— vulpina L.
CenUurea Cyanus L.
— Jacea L.
Chelidonium majus L.
ChenopodiuiD vu I varia L.
Choudrilla juncea L.
Girsium palustre Scop.
— sp. ?
Gorynephorus canesccns P. fi.
Delphinium Consolida L.
Ëchium vulgare L.
Eleocharis palustris R. fir.
Epilobium hirsutum L.
— palustre L.
— roseum L.
Epipaetis latifolia Âll.
— palustris. Grantz.
Equisetum hyemale L.
— sylvaticum L.
Eupatorium cannabinum L.
Euphorbia Gyparisias L.
— EsuIaL.
— helioscopia L.
— stricta L.
Euphrasia officinalis L.
^estuca arundinacea Schrcb.
— giganteaVill.
Fiiago spathalata Presl.
Fragaria coilina Ehrh.
— vesca L.
Fumaria offiniealis L.
— Vaillantit Lois.
Géranium molle L.
Geum rivale L.
Glyceria aquatica Presl.
— fluitans R. Br.
— spectabjlis M. et K.
Gymnadenia conopsea R. Br.
Helleborus viridis L.
Herniaria glabra L.
Uieracium muroram L.
— Peleterianum Mcrat.
— PiloselIaL.
Uolosteum umbellatum L.
Juneus bufonius L.
— effusus L.
— glaucus Ehrh.
— lamprocarpus Ehrh.
— squarrosus L.
— supinus L.
Rnautia arvensis Coult.
Lactucamuralis Fries.
Lathyrus Aphaca L.
Lemna trisulca L.
— minor L.
Leontodon hastile L.
LoliuDi multiflorum Lmk.
Luzula maxima DC.
Lychnis diarna Sibth.
— Flos-cuculi L.
Lycopsis arvensis L.
Lycopus Europœus L.
Lysimachia nemorum L.
— vulgaris L,
Lythrum Salicaria L.
Maianthemum bifolium DG.
( 286 )
Melica nutans L.
— uniflora Retz.
Melilotus ofTicinalis Willd.
Mentha aquatica L.
Menyanthes trifoliata L.
Milium effusam L.
Montia rivularis Gmel.
Myosotis caespitosa Schultz.
— palustris Wilh.
— versicolor Pers.
Nasturtium amphibium R. Br.
— anceps Rchb.
— officinale R. Br.
Neottia ovata Bluff et Fing.
— Nidus-avis Rch.
Nuphar luteiiin SibthctSm.
Nymphsa alba L.
Orchis fusca Jacq.
— latifolla L.
— maculata L.
— Morio L.
— ustulata L.
Orobus tuberosus L.
Oxalis Acetosella L.
Paris quadrifolia L.
Petasites ofiicinalis Mœnch.
Phragmites communis Trin.
Phyteuma nigrum Scbmidt.
Platanthera chlorantha Cust.
— bifolia Rchb.
Poa Sudetica Hânke.
Polygala depressa Wend.
— vuIgarisL.
Polygonum amphibium L.
— fiistorta L.
Polypodium Dryopteris L.
— vulgare L.
Polystichum Filix-mas Roth.
— spinulosum DC.
Potamogcton crispus L.
— iucens L.
— natans L.
— pectinatus L.
— perfoliatus L.
Potentilla argenteaL.
— Tormentilla Nestl.
Pteris aquilina L.
Pyrola minor L.
Ranunculus aquatilis L.
— arvensis L.
— Flammula L.
— fluitans Lmk.
— hederaceus L.
— sceleratus L.
Rhinanlhus Alectorolopbus Gmd.
— minor Ehrh.
Rosa ; sp. ? (diverses espèces).
Rubusjsp. ? (id.)<
Rumex crispus L.
— sanguineus L.
Salix; sp. ? (diverses espèces).
Sanicula europaea L.
Saxifraga rotundifolia L.
Scirpus lacustris L.
— maritimus L.
— svivaticus L.
Scolopendrium officinale Sm.
Senecio aquaticus Huds.
— Jacobaea L.
— sylvaticus L.
— vulgaris L.
Silène inflata Sm.
Sonchus asper Vill.
Sparganium ramosum Huds.
— simplex Huds.
Var. ^ natans Wilh.
Specularia spéculum DG.
Spiraea Ulmaria L.
( 287 )
Stachys arvensis L. Valeriana dioica L.
— palustris L. — officinalis L.
Stellaria glauca With. Valerianella dentata Koch.
— ulig'nosa Murr. Veronica Beccabunga L.
Symphitum officinale L. — hederaefolia L.
Tcesdalia nudicaulisR. fir. — officinalis L.
Tragopogoii minor Gries. — triphyllos. L.
— pratensis L. Vicia cracca.
Trifolium fragiferum L. — hirsuta Koch.
— pratense L. — tenuifolia Roth.
— repens L. Viola odorata L.
Triglochiu palustre L. — sylvestris Lnik.
Tussilago Fai'fara L. — tricolor L.
Typha angustifolia L. Vulpia sciuroides Gmel.
— latifoiia L.
Nous avons noté ces plantes aux environs immédiats du
làe et sur la route qui y conduit en venant d'Andernach
par Niedermending et enfin du lac à Andernach, en passant
par le BrohlhaL
Nous traversâmes ensuite Tœnistein, célèbre par ses
eaux minérales sulfureuses, semblables aux eaux de Seitz,
puis nous nous engageâmes dans le Brohthal, vallée
pittoresque, devenue célèbre dans les annales de la science
par les travaux de Gollini, de Deluc^ de Poster, de
de Humboldtet de Nôgerath.
On y remarque avec beaucoup d'intérêt des carrières
de tuf et des moulins à trass, (matières volcaniques sem-
blables, employées comme ciment et ressemblant à la
Pouzzolane de Naples), qu'on exporte en quantités consi-
dérables en Hollande pour la construction des digues.
De retour à Andernach, nous prîmes le chemin de fer
pour Bonn et Cologne et enfin pour Dûren, où une autre
voie ferrée devait nous transporter à Gérolstein, but
principal de notre voyage.
i
( 288 )
Nous explorâmes pendant plusieurs jours les environs
de cette localité, afin d'y étudier la végétation qu'un mois
après nos confrères devaient venir visiter à leur tour.
Nous retrouvâmes en juillet la majeure partie des
plantes que nous avions observées en juin; toutefois les
espèces suivantes, disparues à cause de la coupe des
foins, de Tétat plus avancé de la saison ou pour d'autres
motifs, n'ont pas été rencontrées lors de l'herborisation de
la société.
Géranium pratense L. Orchis militaris L.
Lychnis viscaria L. — ustulata L.
Orchis fusca Jacq. Ncslia paniculata Desv,
Compte-rendu de la onzième herborisation générale de la
Société royale de Botanique de Belgique (1872), par
Armand Thielens.
Lorsqu'un botaniste habite une contrée aux limites
politiques restreintes, comme est la Belgique, il est néces-
saire qu'il étende le domaine de ses explorations dans les
pays voisins, surtout si ceux-ci offrent un sol, des altitudes
et un climat semblables au sien. Le naturah'ste pour
parler en connaissance de cause de la flore de sa patrie
doit avoir non seulement étudié la végétation des provinces
qu'il habite, mais encore celle des pays limitrophes; il
peut ainsi juger par comparaisqj^de la richesse ou de la
pauvreté du sol de son pavs ; il éiSbIit mieux la statistique
générale de son domaine&peui voir plus facilement les
végétaux qui lui sont réellSnent acquis, ceux qu'il espère
encore y découvrir, enfin il^ourra se faire une idée plus
nette de la rareté ou de l'abondance de telle espèce donnée,
et identifier plus facilement les formes critiques de sa flore
par leur comparaison avec celles des contrées voisines.
Tels sont les résultats que le botaniste obtient en pous-
I
( 289 )
sant ses recherches au-delà de ses frontières. Eo concen-
trant ses recherches sur un espace trop restreint, le Aoriste
peut verser dans Terreur; s*il n'étudie que les plantes de
son pays, il est à craindre qu'il se trompe dans ses appré-
ciations sur le type, qu'il reconnaisse comnne espèce ce
qui n est qu'un jeu ou un caprice de la nature, erreur
d'où naît souvent cette multiplicité de formes qu*on voit
décrites comme types spécifiques dans beaucoup de Flores.
A notre avis, on ne devrait plus s'occuper de la flore de
tel ou tel pays, de telle ou telle province ; les bouleverse-
ments politiques qu'on voit se produire depuis trois quarts
de siècle en Europe, nous prouvent suffisamment que les
limites conventionnelles tracées par les traités, n'étant pas
respectées par les conquérants, le botaniste peut à' son
tour et avec plus de raison, se permettre des annexions;
du moins celles-ci ne porteront ombrage à personne, puis-
qu'elles sont faites au nom de la science, et la science,
toujours libre, toujours indépendante, n'atlend pas un
congrès de souverains pour fixer les limites de son domaine.
Comme preuve que nous ne voulons plus de Flores trai-
tant exclusivement de la végétation d'un pays donné, nous
citerons un exemple choisi entre cent autres.
La France, vaste empire sous le premier Napoléon^
réduite sous les Bourbons et les d'Orléans à ses limites
anciennes, se voit, sous le second empire, ravir deux belles
provinces, mais s'agrandit au midi par l'annexion de Nice
et de la Savoie.
Lorsque de tels changements s'opèrent dans une con-
trée, les Flores doivent nécessairement se modifier. Celles
de de Lamarck et de De Gandolle s'appliquent à la grande
France d'autrefois : celle de MxM. Grenier et Godron à un
empire moins vaste, enfin il est réservé aux botanistes
33
f 290 )
français de Tavenir, de la voir diminuer encore, puisqu'ils
ne pourront plus mentionner dans leurs ouvrages, les
excellents travaux de Kirschleger sur la flore de FAIsace
et de M. Godron sur la Lorraine, dont ils devront
distraire la partie orientale.
Si les botanistes devaient suivre les fluctuations que la
politique fait subir aux Etats, nos Flores seraient comme
ces ouvrages de géographie, que les auteurs se voient
obligés de modifier chaque fois que des événements de
guerre viennent remanier la carte de l'Europe, et Ton
verrait s'étaler à la première page de nos ouvrées des
titres singuliers dans le genre de celui-ci « Flore de tel
pays, mise en concordance avec les derniers traités » ou
c modifiée d'après les événements qui se sont produits
dans les années.... » etc.
, On ne peut donc raisonnablement admettre que I on
édite la Flore d'un pays donné, que pour autant que les
limites politiques de la contrée correspondent avec ses
limites géographiques.
Pour les pays qui, comme la Belgique, sont renfermés
dans des limites conventionnelles, les Flores régionales
sont seules admissibles. Les auteurs belges devraient donc
publier la Flore des bassins des deux grandes fleuves qui
traversent notre pays, ou s'occuper de la Florule de telle
espèce de terrain, dont certains d'entr'eux, le terrain
crétacé, le terrain dévonien, sont parfaitement bien repré-
sentés chez nous.
Les ouvrages de ce genre aideraient puissamment à élu-
cider la qiiestion si intéressante de la végétation dans ses
rapports avec le sol; ils mettraient de l'ordre et de la
méthode dans les recherches et feraient cesser ce chaos
inextricable que l'on voit régner dans les Flores qui ont
paru jusqu'à ce jour.
( 291 )
Que le lecteur nous pardonne la longueur de noire
introduction, mais elle nous était commandée par le sujet
même que nous allons traiter.
La Société royale de Botanique avait décidé que Tlier-
borisation de cette année, aurait lieu dans les montagnes
de r£ifel, aux environs de Gérolstein.
Nous ne pouvions qu'applaudir à cette heureuse idée
de faire une exploration dans TArdenne Prussienne, qui
offre plus d'une analogie avec les Ardennes belges et
françaises; en effet une grande partie du sol appartient
au terrain dévonien; les altitudes, la configuration du
sol, le climat, la flore^ la faune, tout semble être de
la même formation que dans notre pays ; seulement la
grande chaîne de montagnes volcaniques qui traverse
l*Eifel, se trouve couverte, sur de larges espaces, de ballons,
de lacs, de laves, et offre aux regards étonnés du voyageur
un sol tourmenté dont Taspecl est imposant et grandiose;
les montagnes se sont élevées et ont donné un refuge
plus assuré aux plantes alpestres, que les modestes
collines de nos Ardennes; par suite de ces élévations
d'altitude, le climat y est généralement plus froid que
dans notre pays, et la végétation parait avoir un retard de
quinze jours au moins sur la nôtre.
Quant à la flore, pour qui a parcouru nos Ardennes, il
a pu remarquer que TEifel à une flore identique, avec cet
avantage qu'il possède plusieurs espèces qui n'ont pas
encore été signalées dans la. Belgique orientale: il nous
suffira de citer Aconitum eminens^ Campanula patula,
Phyteuma orbicularc, Ribes alpinum et Sediim villosum ,
les vraies patriciennes de l'Eifel, qu'on ne trouve pas sur
notre territoire ou qu*on n'y renseigne qu'avec doute.
L'époque choisie pour faire notre exploration avait été
( 292 )
fixée aux premiers jours de juillet. Nous avons le regret
de dire que le moment avait été mal choisi et la triste
expérience que nous avons faite nous a appris que
quiconque désirerait faire une excursion botanique dans
cette contrée, devra choisir une saison plus propice.
Les plantes printannières avaient fini leur évolution,
et les Orchidées surtout, ces admirables fleurs qui
font frémir d^une vraie émotion le plus insensible des
botanistes, avaient disparu. Une seule, le Cypripedium
calceolus, fut trouvée par iM. le Président, dont nous
admirons toujours le flair du véritable chasseur de plantes,
mais malheureusement, il n'en observa qu'un pied' et en-
core n'était-il plus en fleurs. Les plantes estivales n'avaient
pas encore paru, de sorte que nous étions arrivés à une
époque où il était bien difficile de juger de la végétation de
la contrée. Ensuite, arrivés dans un pays que la plupart
d'entre nous n'avaient pas encore vu, être sans guide,
sans renseignements exacts, est un inconvénient très-grave :
on perd bien du temps à s'orienter, à chercher sa roule,
à songer au giie et aux repas, à gravir des montagnes,
traverser des bois, longer des prairies, surtout lorsqu'on
erre à l'aventure, à la recherche de l'inconnu qui souvent
ne se présente pas, alors que quantité de plantes rares se
trouvent sur les montagnes, dans les prés et les bois voi-
sins, mais que l'on n'a pas visités, parce que le hasard a
voulu qu'on s'en écartât. Lorsqu'une Société se propose
de faire une exploration en pays voisins et inconnus, il
faut de toute nécessité qu'un botaniste régnicole soit son
guide ; il peut ainsi abréger les courses, rendre les her-
borisations plus attrayantes et plus fructueuses en indi-
quant d'une façon certaine, les endroits que l'on doit
visiter et ceux qu'il faut écarter du programme. Tous
( 293 )
nous savons par expérience que la première herborisation
que Ton fait dans une contrée inconnue, donne de bien
médiocres résultats^ et que ce n'est qu'après des visites
réitérées que l'on parvient à rencontrer des plantes que
Ton était loin de soupçonner de trouver dès Tabord.
Nous avions bien avec nous notre vénérable Président
qui avait exploré FEifel autrefois, mais après 50 années,
on ne se rappelle plus que vaguement ce que Ton a
observé, car après un demi siècle de distance, la topo-
graphie, les stations des bonnes plantes, peuvent bien
glisser de la mémoire.
Afln de combler cette lacune, et dans le but de faire une
reconnaissance de la contrée, nous avions été dépêchés
par mandat de la Société pour préparer la grande her-
borisation projetée.
Qu'il nous soit permis, avant d'aborder le compte rendu
de noire herborisation, de donner un aperçu sur la consti-
tution géologique, Torographie et l'hydrographie de l'Eifel,
aGn d'en instruire ceux de nos confrères qui n'ont pas
encore visité cette intéressante contrée.
L'Eifel est une chaîne de montagnes des provinces
rhénanes qui s'étend entre les hautes fagnes et la rive
gauche du Rhin : il appartient aux bassins du Rhin, de la
Moselle et de la Meuse. Les points culminants sont :
tErmlberg (700 mètres), le Schneeeifel (690 m.), le Kel-
berg (630 m.), le M eyenber g (600 m.); de nombreuses
rivières : rAhr, l'Elz, lErft, la Kyll, la Lieser, la Nette.
la Roer, l'Uhr, y prennent leurs sources et l'arrosent.
Elevée et froide, couverte de neige pendant plusieurs
n.ois de l'hiver, celte région ne semble peuplée que dans
ses vallées étroites, où le climat est plus doux et le sol
plus fertile. Les forêts y sont encore vastes et peuplées
( 294 )
de sangliers et de loups: son caractère sauvage ne manque
ni de grandeur, ni d'originalité, mais ce qui la rend sur-
tout intéressante, c'est la constitution géologique.
Toutes ses éminences coniques sont d'origine volcani-
que, et quelques uns de leurs cratères éteints ont été
transformés en lacs, appelés Maare.
Ce pays est intéressant à plus d*un titre : les minéralo-
gistes, les géologues, les botanistes et les artistes peuvent
y trouver de nombreux sujets d'étude, et le touriste flâneur
ne regrettera pas d'avoir consacré quelques jours de ses
vacances à parcourir cette région sauvage et 'pittoresque.
Le départ de Bruxelles avait été fixé dans la matinée du
samedi 9 juillet; aux stations de Louvain et de Liège,
plusieurs de nos confrères vinrent renforcer notre petite
troupe. A Aix-la-Chapelle, nous nous comptâmes : nous
étions au nombre de 17. Etaient présents : MM. Dumor-
tier, Muller, Morren, Orban, Weyers, Bommer, Chalon,
de Looz , Bodson , Léon Coomans , Firket , Burgers ,
Plateau, Pàque, Petit, Schambcrger et Thielens.
A la station d'Aix, les botanistes allemands MM. Kalten-
bach et Monheim et M. Forster, le célèbre entomologiste,
étaient venus saluer leurs confrères de Belgique.
Pendant que notre Président et M. Georges de Looz
s'entretenaient avec ces savants étrangers, le train pour
Dûren, dans lequel nous étions placés, fila à toute vapeur
et ces Messieurs qui n'avaient pu avoir leurs bagages, en-
fermés dans le wagon de Cologne, durent se résigner à
prendre la correspondance suivante, pour arrivera Gérol-
stein vers onze heures du soir.
Gérolstein est un petit village de 1000 habitants, pittores-
quement situé aux bords de la Kyll, dans une vallée
formée par des collines de calcaire et de dolomie qui
( 295 )
présentent des escarpements abrupts : les rochers dolo-
niitiques offrent un aspect triste et sombre , la végétation
y est bien rare, et leurs flancs sont tapissés de larges
plaques de lichens et de mousses; ils sont percés de
neuf grottes, appelées dans le pays Buchenloch : au nord
est un cratère nommé Papenkaule, livré aujourd'hui à la
culture.
On peut encore citer comme curiosités des environs, la
glacière de Roth, la source minérale de Brudeidreis, d'où
s'échappe un jet d'acide carbonique, et le château de
Casselbourg (488 mètres d'altitude), qui a appartenu
successivement aux seigneurs de Gasselberg, aux comtes
de Wanderscheid et aux ducs d'Arenberg.
Le village de Gérolstein forme une seule rue dominée
par une haute montagne, sur laquelle on aperçoit les ruines
d'un vieux château ; il possède une modeste église et un
hôtel confortable, Hôtel de la Poste, dont le propriétaire,
Hernn Von Landenberg, fait les honneurs avec une poli-
tesse et une obligeance dont nous lui savons gré; cet
homme connaît les touristes et leurs besoins, et la modes-
tie de ses notes est un des plus beaux apanages de son
caractère.
La journée du dimanche, 7 juillet, fut consacrée à her-
boriser dans les environs immédiats de Gérolstein : nous
nous dirigeâmes d'abord vers le Hohenberg, grande mon-
tagne isolée, de forme bizarre et dont le sommet simule
la ruine d'une tour d'un vieux castel.
En sortant du village, nous remarquâmes tout d'abord
un vieux tilleul d'une circonférence de S mètres 30 centi-
mètres à hauteur d'homme, et dont les rameaux puissants
ombragent un petit jardin public bien frais et tout coquet.
Dans les broussailles qui bordent la route, MM. Du Mor-
( 296 )
lier et Muller trouvent chacun un pied de Campanula
patula (1).
Une aussi belle trouvaille était de bon augure. Nous
arrivons bienlôlan pied du Hohenberg (où Auberg comme
quelques-uns récrivent), un des plus riches gites à fossiles
dévoniens de TEifel. /
Pendant que quelques-uns de nos confrère remplissent
leur sacs de Cyathophyllum, de Calceola, de Terebratula,
etc., d'autres herborisent et récoltent :
Anagalis cocrulea Lmk. Gymnadenia conopsea R. Br.
Anthyllis vulneraria L. Heliantbemum vulgare GSrtn.
Asperula cynanchica L. Linum catharlicum L.
Brunella grandiflora Môacli. Litbospermum officinale L.
Campanula glomerata L. Myosotis coronaria Dmrt.
Carex ornilbopoda? Willd. Orobancbe Epithymum DG.
— panicea L. Polygala calcarea Schuitz.
Carum Bulbocastanum Koch. Poterium muricatum Spach.
Gentaurea Scabiosa L. Sedum acre L.
Ceterach officinarum Willd. — album L.
Girsium acaule AIL Teucrium Botrys L.
Guscuta major DC. Thymus citratus Dmrt.
Ëuphorbia Cyparissias L. Trifolium filiforme L.
Eupbrasia officinalis L. — montanum. L.
Geum rivale L.
Dans les prairies humides, au pied de la montagne,
croissent :
Betonica officinalis L. Garex vulpina L.
Garex Hornscbucbiana Hoppe. Garum Garvi L.
-^ Oederi Ehrh. Golchicum autumnale L
— panicea L.
(1) Observée pour la première fois dans PEifel; elle manque dans le
« Ueber die Végétation der hohen und vulfcanischen Eifel n de Pb. Wirtgen.
( 297 )
Eriophorum angustifolium Roth. Polygonum Bistorta L.
— latifolium Hoppe. Salix Hélix L.
Gymnadenia conopsea R. Br. Silaus pratensis Bess.
Orchis latifolia L. Valeriana dioFca L.
Dans les moissons, nous rencontrons :
Carum Bulbocastanum Koch. Tussilago Farfara L.
Echium vulgare L. Vicia angustifolia Ail.
Melilotus oQicinalis Willd. — Cracca L.
Rhinanthus Alectorolophus Pall. — gracilis Lois.
— angustifolius Gmel. (I) — hirsuta Koch.
Trifolium montanum L. — tetrasperma Schreb.
Dans les baies des prairies, nous recollons en abondance
un Acotiitum dans lequel M. Du Mortier crut reconnaître
VAconititm eminens Koch; malheureusement aucun
spécimen n^était en fleurs; cette plante n'a donc pu être
déterminée avec certitude : disons toutefois que la plante
publiée sous ce nom dans VHerbarium de Wirtgen, avait
élé récoltée aux environs de Gérolstein.
Ici la caravane se partagea en deux bandes; les plus
intrépides gravirent les rochers du Buchenloch : les autres
crurent plus prudent de contourner la montagne.
En grimpant aux rochers du Buchenloch, la montagne
est parsemée de gros blocs de pierre aux vives arêtes, que
la pluie et la gelée ont probablement détachés de ces
rochers, et qui forment des amas qui nous rappellent les
moraines des glaciers, n'était Therbe rase qui croit tout
à Tentour.
Dans les fissures des rochers, on aperçoit de nombreux
lichens crustacés rongeant la pierre, et quelques fougères
(f) Indiqué par Wirtgen dans son dernier ouvrage sur l'Eifel ; c^est
lui sans doute qui, dans sa Flora der Preussischen RheinprovinZj cet
auteur avait décrit sous le nom de R. alpinus.
C 298 )
d'un aspect rachi tique : Ceterach officinarum Wild.,
Cystopteris fragilis Bernh., Polypodium vidgare L.
La chaleur est extrême; aussi est-ce avec bonheur que
nous atteignons le sommet du Buchenloch, d'où Ton jouit
d'un panorama sans pareil.
La seconde bande nous rejoignit bientôt^ elle rapportait
la moisson suivante:
Antennaria dioîca Gartn. Medicago minima Lmk.
Anthyliis Vuhieraria L. Ooobrycbys saliva L.
Asplenium Tricbomanes L. Polygala oxyptera Rchb.
Campanuia persicifolia L. Polygonatum multiflorum AU.
Cratœgiis monogyna Jacq. Rosa rubiginosa L.
— Oxyacantba L. Sanguisorba officinal is L.
Dianlbus deltoïdes L. Sedum aureum Wirtg.
Galium anisophyllum Vill. Trifolium aureum Pâli.
Au bord des champs, M. Du Mortier nous fait récoller
une Valerianella de la section de VOlitoria et qu'il consi-
dère comme un type distinct sous le nom de F. decipiens.
Nous voilà de nouveau réunis ; en nous rapprochant
des rochers, nous observons, dans les broussailles, les
Ribes Uva crispa L., et £. alpinum L., chétifs^ rabougris et
dont plusieurs lichens ont envahi l'écorce ; plus loin,
nous retrouvons, mais cette fois en grande abondance,
le Campanuia patula L., enfin tout en causant et en mar-
chant le long d'une route construite avec des laves, nous
arrivons au Papenkaule.
Impossible de nier ici l'existence d'un ancien volcan :
le sol entier est couvert d'énormes blocs de pierre, espèces
de scories, gisant là comme un éternel témoignage des
éruptions terribles qui ont soulevé l'Ëîfel ; c'est au milieu
de ces débris de laves, que nous cueillons :
Alyssum calycinum L. Arenaria leptoclados Guss.
Amelancbier vulgaris Mônch. Asperula cynancbica L.
Arabis arenosa Scop. Campanuia glomerata L.
( 299 )
Carduus nutans L. Genîsta sagittalis L.
Cirsium eriophorum Scop. Herniaria glabra L.
Cota tinctoria Gay. Orobancbe Epithymum DC.
Dianthus deltoïdes L. Sorbus Aria Crantz.
— proiifer L. Trifolium aureum Poli.
Filago arvensis L. Verbascum Lycbnitis L.
— germauica L.
Dix minutes de marche nous amènent sur le plateau du
Judenkirchhofj ancien camp romain, où Ton rencontre
fréquemment des monnaies et d'autres objets indiquant
le séjour d'une station en ces lieux.
Dans un petit massif, nous trouvons plusieurs beaux
buissons de Cotoneaster vu/^amLindl.et, à quelques pas,
un pied unique de Gentiana germanica Willd. le seul
d'ailleurs que nous ayons rencontré dans toute notre
herborisation.
Nous traversons de grands champs couverts d'abon-
dantes moissons et dans lesquelles pullulent :
Anagallis coerulea Lmk. Melampyrum arvense L,
Antirrbinum Orontium L. Rbinanthus Alectorolophus Poil.
Cota tinctoria Gay.
et nous nous engageons ensuite dans un grand bois, d'un
site accidenté, qui fait l'admiration de tous nos confrères.
Nous y récoltons tant à l'intérieur que sur la lisière :
Aconitun eminens? Roch. Campanula persicifolia L.
Actœa spicata L. Cardamine impatiens L.
Artcmisia Absinthum L. Cuscuta minor DC.
— pontica L. Epilobium montanuin L.
Arum maculatum L. Galium sylvaticum L.
Asperula odorata L. Géranium sylvaticum L.
Asplenium Ruta-muraria L. Geum rivale L.
— Trichomanes L. Gnaphalium sylvaticum L.
Campanula patula L. Lactuca muralis Fres.
( 300 )
Luzula albida DC. Pulmonaria obscura Dmrt.
— maxîma DC. Pyrola minor L.
Mercurialis perennis L. Ribes alpinum L.
Moehriagia trinervia Clairv. Salvia pratensis L.
Millum effusum L. Thymus Acinos L.
Neottia Nidus-avis Rich. Trifolium Alpestre L.
— ovala Bulflf et Fing. — médium L.
Orobus tuberosus L. Uimus effusa Willd.
Paris quadrifolia L. Viola hirta L.
Pbyteuma nigrum Schmidt. — mirabilis L.
Platanthera cblorantha Cust. — sylvatica Pries.
Polypodiumvulgare L.
Ah mois de juin, nous avions trouvé dans ce bois le
Phyteuma orbicutare L. en fi;rande abondance, ainsi
qu'un pied presque fleuri de Cypripedium Calceolus L.
Au sortir du bois, les ruines du Château de Cassetbourg
apparurent subitement à nos yeux ébahis.
C'est une remarque curieuse à faire que de voir presque
toutes les localités de FEifel posséder de vieux castels,
donjons ou abbayes. Comme dans le Luxembourg, on y
rencontre à chaque pas des débris du moyen-âge; mais
aussi le pays, avec des éminences présentant des points de
défense inexpugnables, offrait des demeures assurées aux
chevaliers belliqueux de l'autre âge, et procurait un asile
tranquille au moine, qui réclame, pour prier et travailler,
la solitude et le silence et son éloignement des hommes et
du bruit des grandes cités. De tous les débris de celte
époque, le château de Casselbourg est celui qui en impose
le plus au voyageur, par sa remarquable situation et son
bel état de conservation.
Ainsi que nous en avions donné l'ordre le matin, avant
notre départ de Gérolstein, un excellent déjeuner froid
nous attendait sur des tables rustiques placées dans l'an-
cienne cour d'honneur du château.
\
1 h
(30i )
Pendant la première heure, le plus grand rôle fut laissé
à la fourchette, car l'appétit du botaniste en course fait
envie à celui du chasseur; puis quand Teslomac fut lesté
d*excellen(es tranches de veau et de jambon, arrosées
d'un petit vin rafraîchissant de la Moselle, le Président
déclara la séance extraordinaire ouverte. Le procès-
verbal, le dépouillement de la correspondance, la présen-r
tation des mémoires, enfin tout ce qui est du ressort de
Tadministration, fut lestement expédié; puis, comme Ton
se trouvait si bien assis et heureux de la chasse de la
matinée, on se prit à disserter sur quelques objets rela-
tifs à Texploralion que nous avions organisée si loin de
notre pays. Naturellement on devait parler de géographie
botanique, cette science, si belle et si vaste, que nous ont
appris à étudier et à connaître, les travaux mémorables de
de Humbold, de De Candolle, de Lecoq et de tant d'autres
savants.
Ce fut pendant une heure un échange vif et animé
d'observations, de critiques, d'idées neuves ou plus ou
moins originales, dont il ne nous appartient pas de repro*
duire ici les débats, cette partie rentrant dans les attribu*-
tions du secrétaire.
Ces intéressantes discussions que nous désirerions se
voir reproduire plus souvent, ont été d'un grand profit
pour la plupart d'entre nous; en effet il y a dix ans que
nous ne faisons qu'étiquettcr et collectionner des plantes;
pour plusieurs, il n'a pas encore été permis de pénétrer
les Arcanes de la science et leur bagage de connaissances
botaniques est bien mince et peu lourd.
De Gasselbourg, on descend vers Pelm, petit village
situé sur les bords de la Kyll. Chemin faisant, nous récol-
tons quelques beaux pieds de Phelipaea coerulea Mey.^
( 302 )
que nous retrouverons plus tard en grande abondance,
puis :
Alyssam calyciiium L. Fragaria magna Thuill.
BrachypodiuiD pinnatum P. B. Impatiens noii-langere L.
Carduus nutans L. Senecio erucaefolius L.
Cirsium acaule AU. Senecio Fuchsii Gmel.
— eriophorum Scop. Stachys recta L.
A Pelm, nous traversons la rivière sur un beau pont de
pierres et nous repassons sur la rive gauche que nous
avions quittée depuis Gérolslein. Nous achetons de fos-
siles au maître d école et aux enfants du village, lesquels
trouvent plus avantageux de les vendre aux Franzosen
qu'au magister qui ne les paye guère, mais qui les vend,
lui, fort chers.
La bourse lestée de quelques Silbergroschen et le
havre-sac bien rempli, nous gravissons une côte assez
forte pour remonter vers Giess, Nous parcourons leste-
ment un vaste champ bien connu dans le pays comme
Tun des gites à Trilobites les plus abondants dé TEifel ;
quelques-uns de nos confrères en font une ample provi-
sion, car certains d'entre eux poursuivaient un double
but dans leur voyage, et lorsque la botanique chômait, on
faisait de la paléontologie.
Bientôt nous nous engageons dans un bois, en suivant
le cours d'un petit ruisseau où nous trouvons en
abondance YAconitum eminens Koch et la Pulmonaria
obscvra Dmrt. ; on grimpe toujours, car ce n'est que
plateaux sur plateaux où Ton rencontre des prairies
humides, des marécages et des tourbières.
Nous récoltons en chemin :
( 303 )
1"* A la lisière^ dans le bois et les pelouses qu'il
renferme :
Aconitum eminens ? Koch.
Actaea spicata L.
iEgopodium Podagraria L.
Ântennaria dioîca Gârta.
Aquilegia vulgaris L.
Betonica officinalis L.
Bromus asper L.
Gallha palustris L.
Carex distans L.
— Oedcri Ehrh.
— panicea L.
Gircœa iiitermedia Ehrh.
Crépis paludosa Môncb.
Daphne Mezereum L.
Elymus arenarius L.
Galium sylYaUcum L.
Genista sagittalis L.
Géranium syhaticum L.
Glyceria aquatica Whibg.
Hordeum secalinum Schreb.
Juncus lamprocarpus Ehrh.
Lonicera Xylosteam L.
2^ Dans les marécages et
Aira caryophyilea. L.
Alchamilla vulgaris L.
Arnica montana L.
Avena Sp?
Cardamine pratensis L.
Carex diandra Rotb.
— ecbinata Murr.
— flacca Schreb.
— Goudenoughii J. Gay.
— glauca Scop.
— Oederi Ehrh.
Lonicera Gaprifoliam L.
Lycopus Europaeus L.
Lysimachia nemorum L.
Melica nutans L.
Ncottia Nidus-avis Rich.
Orchis niaculata L.
Platanthcra chlorantha Gust.
Polygonatum verticillatum Ail.
Pfimula elatior Jacq.
Prunus insititia L.
Pyrola minor L.
— rotundifolia L.
Ranunculus lanuginosus L.
— Lingua L.
Ribes alpinum L.
Rubus Saxatilis L.
Scirpus fluitans L.
— selaceus. L.
Stacbys sylvatica L.
Valeriana dioîca L.
Veronica officinalis L.
les tourbières :
Garex panicea L.
— paniculata L.
— pulicaris L.
— spadicea Roth.
— vesicaria L.
Drosera rotundifolia L.
Equiselum sylvaticum L.
Erigeron acre L.
Eriophorum angustifolium Rotb.
— latifolium Hoppe.
— vaginatum L.
( 304 )
Galium uliginosum L. Orcbis macalata L.
Geum rivale L. Oxycoccos palastris Pers.
Heleocharis palustris R. Br. Pedicularis palustris L.
Hypericum c}ujdranguluin Pries. — sylvatica L.
Juncus liimprocarpus Ehrb. Plathanthera bifolia Rchb.
— obtusiflorus Ëbrb. Ranunculus flammuia L.
— squarrosus L. — sceleratus L.
— supinus L. Scirpas caespitosus L.
— sylvaticus Moncb. — comprcssus Pers.
— Tenageia L. — fluitans L.
Luzula conjesta Lej. — pauciflorus Lightf.
Lycopodium clavatam L. Sedum villosum L.
Myosotis caespitosa Scbultz. Rhyuchospora alba VabI
— strigulosa Rchb. — fusca R. et S.
Orcbis incarnata L.
Le Sedum viltosunif que la plupart d'entre nous n'avaient
jamais vu vivant, était fort abondant et chacun a pu en
faire une ample provision.
Toujours courant, nous arpentons une bruyère où Ion
trouve le Genisla germanica L. et la majeure partie des
plantes de nos hautes Fagnes, sauf cependant r£rica Tetra-
Hx L. que Ton ne rencontre guère que sur le Schneeeifel
et qui est très-rare dans tout le reste de la contrée.
Vamos. comme disent les Portugais , de bruyère en
bruyère, et de tourbière en tourbière, nous redescendons
vers Gérolstein.
Sur la lisière d'un bois, nous récoltons : Géranium pa-
lustre L., G, sylvaticum L., Polygonatum verticillatum AIL
Dans une prairie, nous admirons de magnifiques pieds
de Gtjmnadenia conopsea R Br. mêlés avec des Hélianthe-
mum, remarquables par les grandes dimensions de leurs
fleurs, et enfin un Scleranthus d'un aspect tout particulier.
Ce Sderanthus qu'on avait d'abord appelé 5. inter médius
Kitt., a, depuis notre visite dans TEifel, été soumis à Tappré-
( 305 )
ciation de M. Reichenbach^ qui y a reconnu une espèce
inédite qu'il appelle 5. ramulosus.
Wirlgen, dans sa Reise Flora, page 100, désigne la
plante que nous avons recueillie sous le nom de Scleran-
thus intermedius Kitlel (et non Kitaibel); dans son livre
intitulé Ueber die Végétation der hohen und vulkanischen
Eifel, page 219 ; il l'indique à Ormont, à Dreis et à Daun,
où nous la trouverons à notre tour.
D'après M. Reichenbach, le Scleranthus intermedius
de Wirtgen n'est donc pas celui de Kittel, espèce toujours
herbacée et très-répandue, tandis que celui de Wirlgen
a la base ligneuse et est beaucoup moins commun.
Dix minutes de marche nous conduisent au milieu des
ruines du vieux château qui domine Gérolstein ; on y
récolle :
Achillea sctacea Ritaib. Malva Alcea L.
Alchemilla vulgaris L. Onobrychis saliva L.
Brachypodium pinnatum P. B. Ribes alpinum L.
Campanula elliptica Kit. Rosa cinerasccns Dmrt.
— glomerata L. Sileue inflata Sm.
— persicifolia L. — nulans L.
— rapunculoides L. Sorbus Aria Crantz.
Gentaurea Scabiosa L. Tragopogon pralense L.
Gonium maculalum L. Trifolium alpestre L.
Gotoneaster vulgaris Lindl. — hybridum L.
Lamium mutabile Dmrt. — médium L.
Il est huit heures du soir Nous reprenons donc le
chemin de l'hôtel. M. von Landenberg avait servi un diner
succulent, mais comme on peut attendre un diner et
qu'un diner ne doit jamais attendre, nous nous mimes
immédiatement à table. Donc, en avant les fourchettes,
et vive le petit vin blanc, la botanique, les histoires et les
calembourgs.
u
( 306 )
Après le repas, on organisn une soirée musicale. II y a
des pianos dans les hôtels de TEifel, et notre propriétaire
avait mis gracieusement à noire disposition celui de sa
demoiselle. Nous profilâmes largement du permis qu'il
nous avait octroyé. On est si heureux de se délasser par
un peu de musique, quand on a le corps endolori par les
fatigues d'une longue course!
Et puis quelle musique peuvent faire des botanistes en
vacances surtout quand ils sont à Gérolstein : ce nom ne
peut éveiller que d'agréables souvenirs et rappeler Fori-
ginal compositeur allemand Oiïenbach, qui, dans ces
derniers temps, est venu se poser comme une note discor-
dante au milieu de ses compatriotes, dont les œuvres,
toujours sérieuses, contrastent si singulièrement avec
celle du iMaëstro quia su acquérir Part de captiver tout le
monde. La cour et le peuple, Thomme grave et Pamateur
de théâtres, la jeunesse et la vieillesse; tous à Tenvi Tun
de Tautre, ont assisté à Faudition des opérettes de ce
musicien excentrique.
En souvenir de cet illustre compositeur, qui a su si
souvent exciter nos rires et provoquer nos applaudisse-
ments, nous nous mimes joyeusement au clavecin pour
exécuter l'ouverture de la Grande Duchesse de Gérolstein,
et, en chœur, nous chantâmes la partition de Popérette.
Comme la soirée était chaude, nous avions ouvert les
fenêtres de la salle du concert improvisé ; aussitôt toute
la population vint nous écouter et témoigner par des
bravos la joie qu'elle éprouvait d'entendre une musique
bouiïe, à laquelle leurs oreilles n'étaient pas habituées. Le
lendemain, les aiilochtonesqui avaient entendu nos chants,
mais qui n'avaient rien compris du sujet de l'opérette,
furent bien étonnés d'apprendre que nous avions chanté
( 307 )
la gloire et les caprices de la noble Dame de Gérolstein.
Ces naïves gens ignoraient qu'autrefois, au château de
leur souveraine, il avait existé un sergent du nom de Fritz,
un général du nom de Boum, etc., et ils n'en purent
croire leurs oreilles, lorsque nous leur dîmes que le nom
de leur modeste village était connu aux quatre coins de
FEurope et même par delà les mers.
Heureux montagnards! Et que cette douce ignorance
nous montre qu'il y a encore, par ci par là, un petit coin
de terre où Ton rencontre ces vertus patriarchales, dont
nous chercherions en vain la trace dans nos villes !
Le soleil du 8 juillet était brillant comme celui d'Auster-
litz et brûlant comme celui d'Egypte : il nous promettait
une journée chaude pour faire la visite des grands lacs
de Daun.
A 8 heures, trois extra-post nous attendaient à la porte
de rhôlel. Bien que nous fusions à 528 mètres d'altitude,
il nous en restait encore presque autant à gravir pour
atteindre le but de notre course: aussi, omnium consensu,
il avait été décidé que la montée^ longue d'ailleurs de
i lieues, se ferait en voiture. On se case tant bien que
mal dans les trois véhicules, et le claquement du fouet
des postillons fit marcher rondement les chevaux.
La route était bonne, le paysage ravissant, le temps nous
favorisait, enfin tout s'annonçait bien. On traverse Pelm,
en suivant la Kyll et le chemin de fer; tout à coup, un peu
au delà de ce village, les trois voitures s'arrêtent avec un
touchant accord et de chacune s'élance un botaniste: nous
longions un champ de trèfle, sur les bords duquel croissait,
parasite sur l'Achillée, le Phelipœa cœrulea Mey., dont
nous avions trouvé quelques rares pieds la veille. Ici la
planté est abondante et chacun en fait une ample provi-
( 308 )
sion, puis l'on regagne sa place, les postillons sonnent
une fanfare, et les chevaux prennent le grand trot.
Après un nombre incalculable de montées et de des-
centes^ après avoir traversé les villages dcEssingen, Ilolien-
felz, Petteldorf et Dockweiler, nous faisons une halte au
milieu des bois, à une lieue environ de Daun,et nous com-
mençons rherborisation. laissant les postillons continuer
leur chemin à leur aise jusqu'au village, où ils devaient
nous attendre. Ici chacun de nous put constater que nous
étions à une altitude très-élevée, car Tair était vif et la
chaleur bien moins forte qu'à notre départ.
Dans les bois, nous notons :
Asperula odorata L. Junîperus commanis L.
Asplenium Filix-fœmina Bernh. Lactaca muralis Pries.
(Exemplaires énormes.) Luzula albida DG.
Epilobium spicatum L. — maxima DC.
Equisetum sylvaticum L. Lysimachia nemorum L.
Hieracium boréale Pries. Vaccinium Myrtillus L.
— murorumL. Veronica officinalis L.
Hypericum pulchrum L.
Sur la bruyère :
Antennaria dioîca Gartn. Platanthera bifolia Rich.
Arnica montana L. Trifolium médium L.
Genista sagittalis L.
Dans les fonds macérageux :
Carex cancscens L. Garex ta rf osa Pries (t)
— flava L. Galium saxatile L.
— Goudenoughii J. Gay. Gymnadenia conopsea R. Br.
— Oederi Ehrh. — viridis Rich.
— panicea L. Juncus lamprocarpus Ehrh.
— stellulata Good.
(1) Le Carex turfosa Pries n*a jamais été signalé en Belgique ; Wirtgen
ne rindique pas non plus dans I^Eifel. C^est une excellente espèce qui a
été trouvé en Hollande à Roosmalen et à Bambrugge et qu^on pourrait par
conséquent fort bien rencontrer dans notre pays.
( 309 )
Juncus squarrosu» L. Pedicularis palustris L.
— sylvaticus Reich. — sylvalica L.
Orchis maculata L. Ranuculus hedcraceus. L.
En quittant les hauteurs pour descendre vers Daun, nous
longeons un talus aux bord duquel nous retrouvons le
Géranium sylvaticiim L., puis nous traversons une grande
prairie, où nous cueillons un Phyteuma qui occasionne
des discussions et qu'on reconnaît, après mure délibéra-
tion, être le vulgatissime P. spicqtum L.
A l'entrée du village, on observe les Coronilla varia L.
et Genista tinctoria L.
En somme, nous n'avions pas gagné notre déjeuner
quand nous nous mimes à table à Daun, ce qui n'em-
pêcha néanmoins pas les convives de fonctionner des
mâchoires, comme s'ils eussent fait la campagne de Russie.
Grâce à deux énormes buissons d'écrévisses dont il ne
resta que les pinces, et aux nombreux flacons de Pisporter
très-jeune (trop jeune hélas ! car bientôt chacun s'en
ressentit), dont l'hôtelier nous abreuva, nous fûmes recon-
fortés; seulement il nous réclama la modique somme de
sept francs par tète : mais nous avions mangé des brochets
péchés dans le Schalkenmaar, et on ne mange pas tous les
jours des poissons d'origine volcanique : ensuite la pre-
mière règle d'un bon hôtelier qui rédige sa note, c'est
qu'il faut faire payer l'étiquette. Oui, ainsi que le disait
un de nos spirituels confrères, grand amateur de calem-
bourgs et doué du vis comica qui éclate à chaque instant,
Karl Gandner notre hôtelier, venait de donner à notre
bourse une bonne chiquenaude (chique note), que nous
redirons à ceux de nos amis à qui il prendrait fantaisie de
visiter ces parages dé TEifel.
Daun est un petit village de 800 habitants, situé sur la
( 310 )
Lieser; son vieux château, encore habité, vit naître le
Feld-maréchal Daun qui commanda les armées autri-
chiennes pendant la guerre de sept ans, et qui battit
Fréderic-le-Grand à Rolin. Celte localité ressemble à nos
petites villes d'Ardenne; elle possède une source d'eau
minérale que nous reconnûmes très-agréable et chacun
s'en fut à tour de rôle, faire sa cour à la naiade du lieu^
représentée par un de nos compagnons à longue barbe,
qui, pour le moment, était le seul possesseur d'un gobelet
en cuir bouilli.
Puis l'on se mit décidément en route pour les lacs.
Quelques-uns de nos confrères, chez qui le Pisporter des-
cendait particulièrement dans les muscles cruraux, se
remirent par prudence en voiture; MM Bodson et Pàque
les deux âmes joyeuses de la bande, s'instituèrent gardes
du corps des fatigués, et se postèrent debout derrière la
voiture, dans la tenue classique des laquais de bonne
maison ; il ne leur manquait que les bas de soie et quel-
ques autres accessoires de faible importance.
Le chemin était malaisé : aussitôt que nous quittâmes
la grande route, le soleil dardait d'aplomb sur la nuque,
et l'acide carbonique du maudit Pisporter bouillonnait
dans notre cerveau ; malgré cela nous gravissions une
route à pente raide, taillée dans une roche grisâtre et
d'aspect schisteux. Heureusement que nous n'avions pas
à jeter les yeux de côté, car la végétation est bien pauvre
dans cette solitude, où nous ne notons que pour mémoire
YEuphrobia Cyparissias L. et le Gnaphalium sylvalicnm L.
Tout à coup un brusque changement s'opère dans le
tableau : nous voici arrivés au sommet de la montagne,
haute de 570 mètres. Thalassa! Thalassa!... noU'S avions
devant' nous le Gemûndermaar^ un grand lac, presque une
( 311 )
pelite nier, occupant le vaste entonnoir d'un ancien cratère,
dont les laves bouillonnantes ont été remplacées par des
eaux tranquilles, que vient caresser une brise légère. Tout
est silencieux sur les bords de cette eau : les oiseaux se
taisent, la bète fauve vient rarement s'y désaltérer, et
rhomme n'y parait que sous la forme du touriste à la
recherche du beau et du sublime dans la nature. Les
pentes de ce lac-cratère sont tapissées de bois dont la
fraîche verdure contraste étrangement avec la côte escar-
pée» aride et brûlante que nous venions de quitter; c'est
ainsi que, par un geste de fée, la nature nous fait passer
d'une transition à l'autre.
Nous restâmes longtemps à contempler ce spectacle et
involontairement nous avions cessé de parler en présence
de ce majestueux silence : enfin il fallut partir et tout
en nous baissant pour cueillir quelques plantes en souvenir
du Gemûndermaar nous vîmes en abondance: Alyssum
calycimim L., Filago canescens Jord.^ Herniaria glabra L.
et le curieux Scleranthus ramulosus Rchb. que nous avions
déjà trouvé la veille à Gérolslein.
Au bord du lac, les paysans ont défriché péniblement
quelques arpents de terre où ils cultivent l'avoine, le
seigle et le trèfle. Le pays est beau à coup sur, mais il est
bien pauvre; la terre est difficile à labourer, le chmaty
est trop froid pour la culture du froment : cependant les
indigènes n'ont pas l'air trop. misérable.
C'était l'époque de la fenaison et l'on voyait quelques
chariots de foin trainés par des bœufs rouges (tous les
bœufs sont rouges dans TEifel), et conduits par de forts
gaillards fumant paisiblement leur grande pipe de faïence.
Tous semblaient contents de leur sort, mais n'importe
nous ne croyons pas que si feu Virgile avait v^cu dans
(312)
rËifel comme garçon de ferme, il eût jamais écrit sa
célèbre phrase : fortunatos nimiwn !
Décidément notre bavardage ne ressemble guère à un
compte-rendu, mais comme il faut être vrai, nous croyons
que notre herborisation n'a guère été, à Daun du moins,
qu'un prétexte à joyeuse vie, car si jamais on vit pauvre
végétation, c'est à coup sur de ce côté.
Donc puisqu'il faut herboriser à tout prix, notons que
nous avons recueilli, au bord du chemin que nous sui-
vions, plusieurs pieds de Dianthus pro/t/er L., dans un
champ de trèfle, le Cuscuta Mulleri Strail, qui embrasse
de ses étreintes mortelles sa pauvre victime et couvre la
terre de plaques d'un rouge jaunâtre, et dans les moissons,
les Euphrasia OdontUes L. et Viola arvensis Murr.
Depuis quelque temps nous cherchions notre hôte de
Daun qui avait bien voulu nous servir de guide, mais il
avait disparu.
Avait-il eu raison, le pauvre homme, de nous quitter!
\]ïï attentat sur sa personne avait été commis en chemin,
non pas qu'on eut voulu le jeter à l'eau (les noyades ne
sont plus de notre temps), mais l'un des nôtres, par
mégarde, avait communiqué, avec sa pipe, l'incendie
dans les vêtements de Karl Gandner, et le malheureux
craignant que les Franzosen ne fissent un auto-dafé de
son individualité teutonique, avait pris la poudre d'es-
campelte.
D'aucuns prétendent, fama volât ! et Dieu sait s'il y a
de méchantes langues parmi les botanistes, que l'incen-
diaire se livra à cet acte barbare pour se venger de son
hôte qui lui avait fait payer deux thalers un simple
déjeuner.
Que Flore veuille que cette accusation soit fausse et
( 313 )
pour la sécurité du prétendu coupable et pour Thonneur
de notre corps !
Enfin nous atteignons une petite église abandonnée et
le cimelière de Weinfeld^ un trop beau nom pour Fasile
des morts; les chauves-souris et les hiboux habitent seuls
le bâtiment à demi ruiné.
La croupe de la montagne est nue et rocailleuse; le
vent y souffle avec force et malgré Pardeur d'un s^eil de
juillet, on trouve la brise glacée. Tandis que plusieurs
s'étendent sur le sol dans les positions les plus variées,
d'autres, sous prétexte d'un grand zèle pour la botanique,
mais en réalité craignant un refroidissement, herborisent
dans le cimetière et dans les environs. Cet endroit sert
encore de sépulture aux habitants des villages voisins
car de nombreuses croix toutes neuves y sont dressées, au
milieu d'un fouillis d'herbes sauvages.
La vieille chapelle est ouverte à tous, et ses fenêtres,
veuves de leurs vitraux, laissent une facile entrée à tous
les vents : quelques bouquets de fleurs fraîchement
cueillies sont placés sur la table chancelante de l'autel,
dans des vases de lous genres, excepté du genre religieux;
tout dans ces lieux porte un cachet de désolaiion et
d'abandon. Du point où nous sommes, sur le seuil de la
chapelle, on ne voit que des montages dénudées dont les
rochers grisâtres fatiguent l'œil parleur monotonie : autour
de nous, les croix du cimetière et à nos pieds le Weinfelder
Maavy vaste lac aux eaux silencieuses, occupant comme le
précédent le cratère d'un volcan éteint. Ici les parois de
l'entonnoir sont plus évasées, mais on n'y voit pas de
verdure ; rien que de laves et des roches de schiste
ardôisier.
La tristesse menace décidément de nous envahir et nous
( 314 )
quittons notre funèbre observatoire pour aller explorer
les bords du lac.
Mentionnons d'abord le Sedum aureum Wirtg., en très
beaux pieds recueillis sur la montagne, et au milieu du
cimetière les Artemisia pontica L., Hyoscyamus agrestris
Kit et Turritis glabra L.
Les flancs de l'ancien cratère sont peuplés d'Echium
vulgare L. et sa variété albiflorùy de Sderantlius ramiilosus
Rchb., (ÏOnonis repens L. et de Verbascum Lychnitis L.
Sur les bords du lac, nous récoltons.
Arundo Phragmiles L. Polygonum amphibium L.
Carex inflata Uucls. Scirpus lacustris L.
Ueleocharis multicaulis Koch.
Les casse-cailloux se chargent de morceaux de laves et
de débris volcaniques. Le gros de la bande est déjà
descendu du côté du troisième lac, qui doit son nom de
Schalkenmaar, au village bâti sur ses bords et qui ressemble
plutôt à un marais qu'à une eau profonde.
Nous nous contentons d'y jeter de loin un regard et
nous nous empressons de gravir la plus élevée des collines
(le Mœsberg) qui environnent le Weinfeldermaar. I^es
Arrêtes-bœuf y foissonnent, comme nous le constatons
douloureusement en cherchant à nous asseoir, mais nous
nous consolons en récoltant les Ajuga Genevensis L.,
Coronilla varia L., Trifolium Alpestre L., Viola Riviniana
Rechb.
Pendant que nous étions là devisant de diverses choses
pleines d'intérêt, et tachant notamment de nous rendre
compte d'un singulier eflet d'acoustique que nous venions
d'observer, un orage fondit sur la vallée. Heureusement le
ciel, qui voulait sans doute récompenser notre dévouement
à la science, suspendit bientôt pour nous le cours de ses
(315)
cataractes, et aspergés seulement de quelques gouttelettes
rafraîchissantes, nous nous mîmes à contempler à Taise
le beau tableau qui s'oiïrait à nos yeux.
On entendait et Ton voyait la pluie fouetter les eaux du
lac, le tonnerre grondait dans le lointain et les nuages
noirs, qui s'amoncelaient dans la vallée, dérobaient à nos
regards tout le pays d'alentour. Daun, avec ses petites
maisons blanches, ne nous apparaissait plus qu'à travers
un brouillard; l'horizon était devenu couleur d'encre et
les innombrables cimes de l'Eifel se confondaient avec les
sombres nuages que lèvent emportait vers l'ouest. Derrière
nous, le ciel était pur et le soleil jetait sur le paysage des
torrents de lumière ; c'était un contraste magnifique, et
placés sur la lisière, entre la pluie et le beau temps, nous
jouissions en sécurité de ce beau spectacle et nous mar-
mottions quelques souvenirs de rhétorique:
Dulce mari magno, turbantibus acquore sentis.
K ripa magnam alterius spectare laborem.
AUerius, c'étaient les paysans occupés à faner le foin
dans la vallée et qui certes ne riaient guère.
Enfîn l'orage cesse et nous redescendons la montagne au
pied de laquelle nous attendaient nos compagnons, qui
avaient été explorer le Schalkenmaar. Leurs récoltes, peu
nombreuses, consistaient en :
Bryonia dioica L. Trifolium alpestre L.
Coronilia varia L. — médium L.
Ranunculus Lingua L. Utricularia negiecta Lehm.
Senccio viscosus L. Veronica opaca Pries.
Sorbus Aria Crantz. Vicia Sp.
Avant de quitter le Weinfeldermaar, MM. Bodson et
Pâque, nos deux pharmaciens, in naturalibus, prennent
un bain, et font fuir les poissons du lac, qui n'ont jamais
vu pareils canards.
(316)
Enfin nous redescendons vers Daun, où la bière de
Bavière et d'excellents cordiaux couronnent Texcursion.
La nuit approchait et juchés sur le siège de la malle-
poste, nous eûmes grande peine à nous réchauffer, car la
température de TEifel, le soir, n est pas du tout semblable
à celle que donne le soleil de midi. Plus d'un d'entre
nous se mirent à battre le briquet et à allumer une vieille
pipe, afin d'oublier le froid qui commençait à nous saisir
et la faim qui tiraillait nos estomacs.
La nuit était close quand nous nous mimes à table à
Gérolstein. Le repas fut joyeux comme celui de la veille :
on l'arrosa d'une grande quantité de bouteilles de Bock-
steiner, auquel on associa de l'eau minérale de la source
de Gérolstein, et comme notre musique avait si bien amusé
les habitants de la localité, nous la reprimes avec un nou-
veau cœur,
A 10 heures, les plus intrépides s'aventurèrent aux
ruines du vieux château, et sans crainte de réveiller les
mânes de la Grande Duchesse et de son illustre entou-
rage, ils se mirent à lancer un feu d'artifice, sous l'habile
direction de l'artificier en litre de la Société, M. Lucien
Bodson.
Cette petite fête de nuit plût aux indigènes, qui parta-
gèrent notre joie, et la nature elle-même prit part à nos
divertissements, puisqu'elle nous gratifia d'une superbe
aurore boréale; c'était donc fête partout, dans le ciel et
sur la terre, surtout pour Gérolstein.
A la même heure, l'un de nos confrères, l'auteur du
triste méfait relatif à notre hôte de Daun, bourrelé sans
doute par les remords, avait fui ses compagnons de plai-
sir, et triste et solitaire, il s'était acheminé vers le Hohe-
berg pour en faire l'ascension : il fut trois heures absent!
(317)
Bien des commentaires circulèrent, dans nos rangs,
sur celte étrange disparition. Aujourd'hui encore, la
cause de la fugue de notre confrère est un mystère pour
nous tous!
La quatrième journée, celle du 9 juillet, fut, au point
de vue de la botanique, la meilleure de notre exploration;
elle fut consacrée à parcourir le pays, de Gérolstein à
Buscheid.
Au sortir du village, outre les Salvia pratensis L. et
Trifolium monianum L., nous récoltons, au bord d'un
champ, le Veronica opaca Pries et bientôt nous arrivons
à une vaste prairie, où croit en abondance le Phyteuma
orbiculare L.
Cette fois tout le monde est d'accord; c'est bien la
curieuse espèce que nous nous attendions de découvrir et
que nous avait renseignée la Flore de Wirtgen. Le capitule
de couleur d'indigo était tout à fait globuleux sur les
plantes en fleurs, et un peu allongé sur certains pieds
défleuris.
Cette magnifique découverte faite, on discuta sur le
chemin à suivre : on décida bientôt de se rendre d'abord
à Buschappelle dans le Geroldsteiner-Wald, où Wirtgen
signalait Viola arenaria D. C.
Nous obliquons en conséquence vers la droite, récoltant
le long d'un chemin le Géranium sylvaticum L. ; puis nous
nous engageons dans des terrains humides, tout couverts
de joncs.
Là devait se faire la plus belle trouvaille de toute
l'herborisation.
M. le Président nous fit récolter un Juncus dont
le faciès tout particulier fixa immédiatement son attention;
il avait cru reconnaître le Juncus diffusus Hoppe. C'était
(318)
lui en eiïet. Cette belle espèce a déjà été indiquée dans le
Compendium^ puis biffée de notre flore par M. Crépin.
Elle n'est pas indiquée par WirJgen ; on ne Ta trouvée
jusqu'ici en Allemagne que dans la Thuringe et la région
de la Baltique.
Son port ressemble à celui du Juncus glaucusEhrh.,
dont il se dislingue par sa ténuité, sa panicule lâche,
étalée, et par sa capsule obtuse et mucronée.
Il est à regretter que peu de membres aient récollé
cette rarissime espèce. Nous traversons ensuite une petite
plaine couverte d'une herbe rase et du plus beau vert sur
laquelle tranche vivement le pourpre foncé des capitules
du Sanguisorba officinalis L. et les charmantes hampes
rosées du Gymnadenia conopsea R. Br. Cette jolie Orchi-
dée atteint ici des proportions extraordinaires, et Tair vif
des montagnes nous arrivait tout chargé de son suave
parfum.
A la lisière d'un bois, dans un endroit légèrement
humide et que des coupes récentes avaient mis à décou-
vert, nous récoltons: Egnisetum sylvalicum L., Galium
sylvestre Poil. clTfiesium pratense Ehrh.,* un peu plus avant
nous trouvons une station abondante de Pyrola rotundi-
folia L., puis nous pénétrons dans le bois qui n'est d'abord
qu'un taillis en coupe où le Mdampyrum pratense L.
brille comme chez nous par son excessive abondance.
Le sol sablonneux se trahit par la présence du Teesdalia
nudicaulis R. Br. Aux taillis, succèdeni les bois de sapin
où la flore est bien pauvre ; nous y notons seulement
l'Antennaria dioica Gârtn. Ënfln nous arrivons à
Buschapelle, petite chapelle perdue au milieu des bois,
où, dans une niche, est placée la statue d'une madone
que les rares passants ornent de fleurs.
(319)
A quelques pas, un de nos amis, amateur distingué
d'areliéologie, nous fit remarquer une colonne rongée
par le temps et sur les faces de laquelle on pouvait encore
observer deux écussons armoriés; c'était probablement
une borne de démarcation entre les possessions de deux
anciens seigneurs du pays.
Le tribut payé aux souvenirs du passé, nous songeons au
présent, représenté par la recherche du Viola arenaria DC.
Pendant une demi heure, nous nous écarquillons les yeux
pour la découvrir, mais elle échappe à nos regards. Nous
enfilons ensuite un sentier ombreux qui a Tair de nous
annoncer d'excellentes plantes, et qui, chose rare, a tenu
ses promesses.
Le terrain sablonneux a disparu, les grands arbres ont
succédé aux taillis et aux sapinières, et le petit sentier
s'engage solitaire dans le grand bois, sous un dôme épais
de verdure qui annonce Tombre et la fraîcheur.
C est là que nous récoltons successivement :
Aconitum eniinens Roch. Neottia Nidus-avis Rich.
Daphne Hczercum L. Polygonatum multiflnrum AIL
Dentaria bulbifera L. Polypodium Dryopteris L.
Digilalis purpurea L. Pulmonaria obscura Dmrt.
Genista gcrmanica WiUd. Ribes alpinus L.
Géranium sylvaticum L. Rubus saxatilîs L.
Lonicera Xylosteum L. Sorbus Aria Crantz.
HaiaQthemum bifolium D. C. Stellaria nemorum L.
Myosotis sylvatica Hoffm. Trifolium médium L.
et enfin le rarissime Cypripedium Calceolus L., dont un
seul exemplaire, malheureusement défleuri, fut découvert
par notre honorable Président.
Après avoir admiré les belles dimensions de quelques
vieux chênes, nous emboîtons le pas, pour rejoindre le
( 320 )
guide qui nous accompagnait, et qui, lui, n'herborisant
pas, tient toujours la tète de la colonne.
Tout en continuant à suivre le sentier, nous cueillons :
Cardamine Impatiens L. Sanicula Europsa L.
Lactuca muralis Fres. Rjbes AlpÎDum L.
Poa Sudetica Hâake.
Cette fois nous avions bien gagné un instant de repos ;
nous nous étions assis si souvent les jours précédents sans
y avoir nul droit ! On se met donc en rang d'oignons sur
un petit talus au bord de la route, car le sentier est devenu
voie charretière, et Ton savoure silencieusement de larges
rondelles empruntées à un excellent saucisson de Gourtrai
qu'un de nos confrères avait eu la précaution d'apporter
dans sa gibecière. Ce semblant de réfection nous rappelle
que nous boirions volontiers quelque chose pourvu que
ce ne soit pas de Feau. On interroge sur ce chapitre inté-
ressant notre guide, qui nous répond que vingt minutes
environ nous séparent d'un petit vin blanc très-potable.
Cette nouvelle nous rendit tout aises et bieatôt nous nous
empressâmes de nous remettre en marche : nous descen-
dîmes à travers bois, récoltant chemin faisant de magni-
fiques pieds A'Orobanche Rapum Thuill.
Enfin nous débouchons sur la grand'route, propre et
unie comme le sont toutes les routes d'Allemagne, et nous
arrivons bientôt à Buscheid, où nous retrouvons sur les
talus le Dianthus deltoïdes L., que nous avions déjà vu le
dimanche au Papenkaule.
Nous entrons dans un cabaret, où un bon verre de vin
nous est servi ; quelques affamés se jettent sur des tranches
de pain noir dont la vue seule, en des temps meilleurs,
aurait suffi pour apaiser la faim, et les voilà qui jouent des
mâchoires à qui mieux mieux ^ mais un sybarite, pris
( 321 )
tout à coup d'une idée lumineuse s'avisa de demander si«
par hasard, il n'y avait pas de fraises dans la localité; la
fraise, le solaiiolum herborisantium par excellence^ qui
guérit de la goutte Linné et bien d'autres encore.
En quelques instants, une quinzaine de gamins du
village étaient à notre porte, avec de gros cabas remplis
de la petite fraise des bois si parfumée et si savoureuse.
Notre bonne étoile nous à procuré du sucre, d'immenses
assiettes de faience et des cuillers à soupe, et en prévision
de la goutte à venir, nous avalons force fraises nageant
dans du vin sucré.
C'était très-bon et nous nous amusions comme des
collégiens en goguette!
Cette fois, notre nationalité ne demeura pas inconnue;
nous avions trouvé là un marchand de moutons, que ses
affaires avaient souvent conduit en Belgique, et qui nous
pria de chanter la Brabançonne, ce que nous fîmes de
bon cœur.
11 nous témoigna sa reconnaissance en donnant l'acco-
lade à notre vénérable Président, et nous nous amusâmes
beaucoup de la familiarité grande de cet étranger, qui,
inter pocula, pressait dans ses bras un Ministre d'Etat du
Royaume de Belgique! Si le bonhomme avait su qu'il
traitait sur le pied de Pégalité une de nos grandes illustra-
tions scientifiques et politiques, il en aurait perdu l'équi-
libre, en se confondant en excuses, mais.... à la table d'un
cabaret, c'est comme au champ de repos, tous les rangs
sont confondus.
Cependant notre joie prenait des proportions homéri-
ques; le nombre incalculable de raies que notre confrère
M. Jean Chalon avait tracées sur la table de la pointe de
son poignard; expliquait suffisamment notre enthousiasme;
35
( 322 )
mais est modus in rebus^ l'on jugea prudent de lever la
séance et Ton se remit en marciie.
Dne pointe poussée dans la vallée dans la direction du
Salmerwald nous 6t récolter, outre une foule d espèces
déjà signalées, les Malca mosch^ita L., Melilotus alba Lmk.
et M. arvensis Wallr.,ce dernier en excessive abondance.
Mais la forêt était encore loin, notre temps était compté;
nous revînmes donc au logis, en suivant la grand' route
qui traverse le Gerolsteiner-Wald.
Nous nous mimes à table à 4 heures, puis nous fîmes
nos adieux à Géroisrein, en partant avec Theureux souvenir
d^avoir passé quelques jours de bonheur dans ce coin
perdu de TEifel. Notons ici, afin d'être complet, que
pendant cette dernière journée M. Georges de Looz alla
seul à Murlerbach pour chercher des fossiles,- il herborisa
quelque peu et voici les principales espèces qu'il observa:
Aconitum Lycoctonum L. Malva moschata L.
Aquilegia yulgaris L. Neottia ovata Bluff et Fing.
Betonica 3tricta Ait. Orobus tuberosus L.
Campanula persicifolia L. Phyteuma nigrum Schmidt.
var. albiflora. Salvia pratensis L.
— Trachelioides L. Sanguisorba officinalis L.
Centaurea montana L. Senecio viscosus L.
Chenopodium glaucum L. Ti ifolium Alpestre L.
Digitalisgrandiflora Ail. — aureum Poil.
— purpurea L. Verbascum nigrum L.
Presque tous les excursionnistes se dirigèrent vers
Trêves pour aller visiter les monuments romains que
renferme cette ville : la Porta nigra, les Thermes, l'Am-
phithéâtre, la vieille et si remarquable Basilique, etc., etc.
Dans les ruines des bains, nous observâmes 5t7ene
inflata Sm. et Reseda lulea L., à l'amphithéâtre, Anthyllis
Vulneraria L., Cota tinctoria J. Gay., Stachys recta L.,
( 523 )
Trifolium aureum Poil, et sur les hauteurs qui dominent
la rive gauche de la Moselle^ au pied de la statue de la
Vierge, le Bromus tectorum L. — Nous remarquâmes aussi
que toutes les hauteurs sont plantées de Châtaigniers.
Le 10 juillet, à 1 heure après diner, nous primes le
train pour Luxembourg et la Belgique et la nuit chacun
de nous rentrait dans ses foyers.
A. Trêves, MM. Chalon et Firket nous quittèrent pour
se rendre à Coblence et à la forteresse d'Ehrenbreitstein ;
en face de cette ville, ils nous signalèrent dans les brous-
sailles qui bordent la rampe militaire taillée dans le cal-
caire^ les espèces suivantes:
Artemisia Âbsinlhum L. Isatis tinctoria L.
— campestris L. Lactuca pcrennis L.
Asperula cynanehica L. Melica ciliata L.
Bupleurum falcatum L. Sisymbrium Sophia L.
Géranium rotundiToIium L.
Tandis que nous voyagions vers Trêves, le Luxembourg
et la Belgique. iMM. Du Mortier et F. Muller restaient
dans TEifel, pour se diriger sur Mào9ter-Etf«l, oo une
riche moisson les attendait.
Mûnster-Eifel est une petite ville, jadis siège d'une ab-
baye célèbre, et aujourd'hui d'un, collège renommé dans le
pays^ elle est située sur la rivière TErft, à quelques lieues
de sa source.
Pour y arriver, il faut descendre du convoi à la station
d'Euskirken, où , un service de malle-poste mène les
voyageurs à Mûnster-Eifel.
Cette contrée, située au nord-est delà région volcanique,
forme l'extrémité de l'Eifel. Sa végétation diffère entière-
ment de celle de ce pays, dont elle constitue le versant
oriental et terminal ; là, plus de plantes des terrains
( 324 )
volcaniques : elles y sont remplacées par celles des coteaux
de la Moselle^ ce qui est un fait trés-digne d^observation.
Arrivés à Mûnster-Eifel, nos confrères, après s'être
installés à Thôtel Hildebrand, Grent visite à M. Stephinsky^
zélé botaniste, qui leur donna des renseignements précieux
sur la flore de cette contrée.
Il leur indiqua, comme croissant aux environs de Mùn-
ster-Eifel, les Orchidées en abondance, puis les rares espè-
ces suivantes : Afuga pyramidalii L., Anémone praten-
sis L., A. Pulsatilla L., Corydalis cava Schweig., Denta-
ria bulbifera L., Globularia vulgaris L., Leucoium
vernum L., Lonicera Caprifolium L.,et surtout le Pingui-
cula vulgaris L., très-abondant à Galcar dans une prairie
marécageuse en compagnie du Menyanthes trifoliata L.
C'était une plante bien tentante, mais, par malheur,
Tèpoque de sa floraison était passée; il fallut donc prendre
une autre direction et guidés par M. Stephinsky, ils se
rendirent dans la vallée d'Eschweiler, à une lieue de
Mûnster-Eifel, et leur pèlerinage fut bien récompensé par
les raretés qu'ils trouvèrent!^ ).
(i) Notre rapport était terminé lorsque M. Du Mortier nous a fait parve-
nir la liste suivante des Orchidées croissant dans la vallée d*Eschweiler.
Cette liste lui a été adressée tout récemment par M. Stephynsky.
Cephalanthera pallens Rich. Ophrys apifera Huds.
Epipactis latifolia Ail. — muscifcra Huds.
— palustris Rich. Orchis latifolia L.
63rmnadenia conopsea R. Br. — macuiata L.
— viridis Rich. — Morio L.
Liparis Loeselii Rich. — purpurea. Huds.
Listera ovata R. Br. Platanthera bifolia Rchb.
Neottia nidus avis Rich.
( 325 )
En sortant de la ville, la première plante qui frappa
leurs yeux fut le Phitadelphus coronarius L.y croissant à
une grande hauteur dans les fentes des vieux murs de
Tancienne forteresse. Le Matricaria Parlhemium L.> croit
en abondance dans les murs de revêtement de TErft^ et il
est répandu partout dans les broussailles aux environ des
la ville, où il constitue une espèce vulgaire.
En gravissant le coteau, on trouve :
Bromus tectonim L. Rosa dumalis Bechst.
Gimpanula rapunculoidesL. — glaucescens Desv.
Dianthus deltoïdes L. — micrantha Sm.
Lathyrus sylvestris L. — mollissima Willd.
Potentilla argentea L. — rubiginosa L.
Reseda lutea L. Trifolium aureum Poil.
Ribes Uva-cripa. L. Verbascum Lychnitis L. .
La vallée d'Eschweiler, vers laquelle nos confrères diri»
geaient nos pas, prend ce nom d'un petit village qu'il ne
faut pas confondre avec la ville du même nom, située dans
le pays de Juliers. Cette délicieuse vallée est traversée par
un ruisseau bordé de prairies : elle est épaulée par deux
larges coteaux, Fun sur la rive gauche, regardant le sud-
est, Tautre sur la rive droite, faisant face au nord-ouest.
Le coteau de la rive gauche présente une végétation
remarquable, qui rappelle celle des rives de la Moselle;
là croit partout et en abondance le Géranium sangui-
neum L., et avec lui le Melampyrum cristatum L., et le
LUhospermum pHrpure(hcœruleum L., espèces caractéri-
stiques des coteaux de la Moselle.
C'est vraiment chose curieuse que de retrouver, au
revers des montagnes de TEif^I et à leur extrémité septen-
trionale, la végétation si remarquable des bords du fleuve
qui coule entre Trêves et Coblence.
( 326 )
Les espèces les plus remarquables récoltées par nos con-
frères dans cette riche vallée sont :
Aquilegîa yulgaris L.
Asclepias Vincetoxicum L.
Bei'beris vulgaris L.
Bromus asper L.
Campanuia Trachelium L.
Géranium sanguineum L.
Galium ercctum. Huds.
— sylvaticum L.
Hypericum montanum L.
Lithospermum purpureo-cœru-
leum L.
Malas accrba Hérat .
Medicago falcata L.
Helica uniflora Retz.
Melampyrum cristatom L.
Mercurialis perenuis L.
Pulmonaria obscura var. Dmrt.
Rosa alba L.
Scabiosa Columbaria L .
Sorbus Aria Crantz.
— torminalis Crantz.
Viburnum Lantana L.
Vinca minor L.
Viola hirta L.
Dans les prairies :
Campanuia glomerata L.
Carum Car?i L.
Hentha geotilis L.
Sur le coteau de la rive droite
Phytenma orbiculare L.
Scrophularia umbrosa Dmrt
Anthyllis Vulneraria L.
Daphne Mezereum ti.
Crépis Nicœensis Balb.
Genista tinctoria L.
Géranium sylvaticum L.
Hypericum hirsutum L.
Trifolium montanum L.
Viola sylvestris Roch.
Les champs de trèfle, au retour vers Mûnster-Eifel,
offrent çà et là d*énormes plaques orbiculaires de Cuscula
Mulleri Strail, qui y ravagent toute la végétation et res-
semblent de loin à des endroits consumés par le feu. Cette
remarquable Cuscute n'est pas du tout une variété de
VEpithymuniy mais une espèce parfaitement distincte et
que Ton reconnaît au premier coup-d*œil.
Le jeudi 1 1 juillet nos confrères regagnaient la Belgique,
chargés d'une riche moisson qui leur laissera de TEifel
un attachant souvenir.
( 327 )
En terminant ce rapport, qu'il nous soit permis de
remercier nos conTrères, notamment MM. Du Mortier,
Muller, Ghalon et Firket, qui ont bien voulu nous com-
muniquer leurs noies et leurs listes de plantes; c'est en
grande partie grâce à leur obligeance que nous avons pu
mener à bonne fin notre travail.
Note sur le caractère botanique de CEifely par B.-G. Du
Mortier.
Ce qui caractérise TEifel, au point de vue de la botani-
que, et qui distingue ce pays de TArdenne, dont il est la
partie orientale, c'est une végétation plus alpestre qui est
signalée par les plantes suivantes :
Ribet alpinum L. — Bois et haies, partout.
Trifolium alpeiire L. — Lieux rocailleux, partout.
AeonUum eminens Koch. — Lieux marécageux, partout.
Phyleuma orbiculare L. — Prairies, partout.
Géranium $ytoaticum L. — Broussailles, partout.
Prunel^a grandiflora Jacq. — Pelouses, partout.
Sedum villosum L. — Marécages, abondant.
Campanula rapunculoide$ L. — Berges, partout.
Petaêitei albus GSrtn. — Bords des ruisseaux dans le Schneeifel.
Ces plantes des régions élevées, qui ne s'observent pas
dans l'Ardenne, donnent à la végétation de l'Eifel un
remarquable caractère des vallées alpestres qu'il çst
curieux de signaler.
( 328 )
BIBLIOGRAPHIE
Flore cryptogamique de FEst. — Muscinées (Mousses,
Sphaignesy Hépatiques)^ par FAbbé Boulay (*).
Cet ouvrage s'adresse à tous les botanistes qui aiment à
enrichir leurs collections, mais plus encore à se rendre un
compte exact des faits.
Jusqu'ici les études bryologiques étaient fort difficiles en
France ; on manquait d'un ouvrage à la fois élémentaire et
sérieux qui pût guider les commençants et intéresser en outre
les savants.
Ce premier volume de la Flore cryptogamique que nous
avons le plaisir d'annoncer, satisfait dans une large mesure à
ce double but.
Des considérations préliminaires sur l'organographie, la
distribution géographique, le rôle des Mousses, des Sphaignes
et des Hépatiques dans la nature, et les divers procédés à
suivre dans leur étude mettent à même d'entreprendre avec
succès l'étude de ces intéressants végétaux. Ces notions ne
sont pas une simple compilation d'articles empruntés ça et là;
elles constituent un travail entièrement original et d'ailleurs
étendu : elles n'occupent pas moins de 200 pages de Touvrage.
L'article consacré à la distribution géographique des Mousses
dans l'Est mérite particulièrement d'attirer l'attention des
botanistes.
La seconde partie est consacrée à la description des espèces.
(I) UnvoI.in-8»; Paris, 1873.
( 329 )
Elle s^ouvre par un tableau synoptique des familles et des
genres. L'auteur s'est appliqué à décrire avec le plus grand
soin les espèces comprises dans sa circonscription florale,
c^est-à-dire, dans les montagnes des Vosges et du Jura et
dans les plaines voisines de l'Alsace, de la Lorraine et de la
Franche-Comté. Il a cherché, d'une part, à mettre en relief
les caractères extérieurs saisissables à Tœil nu ou à Taide
d'une simple loupe, afin de vulgariser autant que possible la
connaissance des Muscinées ; de l'autre, il a signalé les carac-
tères microscopiques dont l'observation est indispensable pour
acquérir la science proprement dite.
Le cadre primitif accusé par le titre de l'ouvrage s*est élargi
de fait par l'admission, à leur place méthodique, et la descrip-
tion de toutes les espèces de France et d'un grand nombre
d'autres appartenant à l'Europe moyenne. En réalité, c'est
une description des Muscinées de France.
Jusqu'ici cet ouvrage est le plus propre à familiariser les
commençants avec l'étude des Muscinées; il est, de plus, un
terme de comparaison sérieux pour aider à une révision
approfondie des espèces européennes en général.
La Flore cryptogamique de l'Est forme un fort volume in-8°
de 880 pages d'un texte serré. Il est écrit en français et le
prix en est très-modique (15 francs).
Ajoutons, pour terminer, que cet ouvrage est indispensable
à tous ceux de nos confrères qui s'occupent d'études bryolo-
giqucs.
Frédéric Gravet.
( 330 )
A Synopsis ofthe British Masses^ by Ghas.-P. Hobkirk(*).
Ce petit ouvrage nous parait recommandable sous tous les
rapports. Ce o*cst point une Flore bryologique complète des
Iles Britanniques; c*est, comme Tindique le titre, une sorte
de vade-mecum pour le bryologue en excursion ou bien un
guide pour le commençant. Toutes les Mousses qui ont été
recueillies dans la Grande Bretagne et en Irlande, s'y trouvent
mentionnées dans un ordre systématique. Les descriptions
sont concises et claires et les habitations indiquées avec soin.
Le livre se termine par un petit glossaire, qui comprend
Texplication des termes employés dans le volume. Nous ne
pouvons que féliciter Tauteur de cette publication qui, nous
n*en doutons point, contribuera puissamment à \ulgariscr en
Angleterre Tune des branches les plus intéressantes de la
Cryptogamie. Louis Pire.
Les Mousses de VArdennej recueillies et publiées par
C. Delogne et F. Gravel. Fascicule S.
Ce bel exsiccata dont nous avons déjà, à plusieurs reprises,
fait réloge, en est arrivé à son cinquième fascicule non moins
intéressant que ses prédécesseurs. Les amateurs de bryologie
peuvent en juger d*après la liste suivante :
Amblystegîum fluviatile Sw., Archidium alternifolium
Dicks., Aulacomnium palustre L. var. polycephalum Sch.,
Barbula convoluta Fldw., Muelleri Brch, Bryum atropurpu-
reum W. et M., caespiticium L., capillare L., gemmiparum
DeNot., Campylopus fragilis Dicks., Cynodontium Bruntoni
( I) Un vol. in-12«, de ¥11196 pages, cartonné ; London, 1873.
( 33i )
Sm., Dicranella ru fescens Tutti, ^ subulata Hdw., Entostho--
don ericetorum De Not., Eurhynchium crassinervium Tayl.,
Fissidens decipiens De Not., Grimmia leucophaea Grev., Gym-
nostomum microstomum Hdw., Hedwigia ciliata Dicks. var. S.
viridis Sch., Homalia trichomanoides Schreb., Hylocomium
brevirostre Ehrh., Hypnum cuspidatum L., Sommerfeltii
Myr., uncinatum Hdw., Leptotrichum homomallum Hdw.,
Orthotrichum pulchellum Sm., Phascum cuspidatum Schreb.,
Philonotis fontana L., Plagiothecium Gravetii Pire, late-
bricola Wils., silesiacum Sclig., Pterignandrum filiforme
Zimm., Racomitrium heterostichum Hdw., Rynchostegium
rotundifolium Scop., Schistostega osmundacea Dicks.jSphag-
num cymbifolium var. purpurascens Russ., Girgensohnii var.
stnctum Russ., mbsecundum N. ab E. var. squarrosulum
Gravet, Ulota Ludwigii Eriâ.y Zieria julacea Sch.
Louis PiRë.
Les Champignons du Jura et des Fos^ex, par L.Quelet (i).
Sous ce titre, l'auteur décrit les Hyménomycètes qu*il a
observé dans ta région qui s*étend du Chasserai au ballon
d'Alsace et qui comprend donc une partie du Jura septen-
trional et des Vosges méridionales. Une assez longue intro-
duction initie le lecteur à Torganograpbie de ces curieux
végétaux. La description des espèces est précédée d'un tableau
synoptique présentant les caractères des familles de la classe
des Champignons et d'un conspcctus systématique des genres
décrits dans l'ouvrage. La classification et la synonymie sont
celles de M. Pries, avec cette différence cependant que plusieurs
(I) ln-8<*, avec planches. (In Mémoires de la Société d'Émulation de
Montbétiard.)
( 332 )
sous-genres de cet auteur sont élevés au rang des genres. Sur
le nombre d'environ 700 espèces décrites, il y en 18 nouvelles.
Dix ont été créées par M. Pries sur des échantillons que lui
avait envoyés Fauteur; les autres sont signées de Fauteur lui-
même.
C. Delogne.
9
Prodromus Bryologiae Mexicanae, ou Enumération des
Mousses du Mexique avec description des espèces nou-
velles, par Em. Bescherelle (1).
Cet important travail peut être considéré comme le synopsis
des Mousses du Mexique, car il comprend toutes les espèces qui
ont été découvertes jusque maintenant dans cette région.
Mais le territoire du Mexique est loin d*avoir été exploré en
entier : les végétaux supérieurs ayant surtout attiré Fattention
des botanistes-voyageurs. Le plus grand nombre des récoltes
ont eu lieu le long de la route de la Vera Cruz à Mexico.
Liebmann, Galeotti, MM. F. MûUer et Sartorius ont visité plus
particulièrement les environs du Pic d*Orizaba ; les environs
de Mexico paraissent avoir été le centre des recherches de
M. Bourgeau, tandis que M. Andrieux visitait Oajaca, M. Salle,
Cordova et M. Hahn, Jalapa. En dehors de ces localités, on ne
connaît presque rien. Malgré le peu d'étendue de la zone
explorée, M. Bescherelle constate Fexistcnce de 99 genres com-
prenant 54â espèces, dont un grand nombre n'avaient pas
encore été décrites. Les espèces nouvelles sont très-bien
décrites.
(1) In-8'. (In Mémoires de ta Sodélé naiionale de$ Sciencee ntUurelles
de Cherbourg, t. XVI, <871-1872.)
( 333 )
L*auteur établit les 2 genres nouveaux : Campylochaetium et
Rozea.
On rencontre dans ce travail plusieurs des espèces de la flore
de l'Europe :
Dicranum flagetlare Hedw., Eustichum norvegicum Br. et
Sch., Trichostomum crispulum Bruch, Barbula caespitosa
Schwgr., Funaria calvescens Schwgr., — qui remplace au Mexi-
que le Funaria hygrometrica — Leptohryum pyri forme Sch.,
Bryum argenteum L., Mnium rostratum Schrad., Neckera pen-
nata Hedw., Daltonia splachmoides Hook. et Tayl. et. Thui-
dium minutulum Br. et Sch.
Mais on n*y signale aucune espèce appartenant aux genres
Cynodontium, Dicranodontium^ Tetraphis et Dislichium. Les
familles ou tribus des Phascacées, Seligëriées, Blindiées, Splach-
nacées, Meesiacccs^ Aulacom niées, Timmiées et Buxbaumiacées
n'ont aucun représentant connu au Mexique. Certains genres
de la flore européenne sont remplacés par des genres voisins
qui en tiennent lieu. Ainsi les genres Leucobryum, Ortho-
trichum et Utota sont remplacés par les genres Octobtepharuniy
Macromitrium et Schtotheimia,
Les genres exotiques propres au Mexique sont les suivants :
MicroduSy Campylochaetium, Micromitrium, Acrocryphaea,
DendropogoUy Haplohymenium et Rozea.
C. Delogne.
Flora OrientaliSf auctore Edmond Boissier. — Volumen
seeundum(i).
Dans le tome sixième de notre Bulletin, pages 254-243,
nous avons déjà fait ressortir l'importance scientifique de
(1) Un volame grand in-8«, de il 89 pages; Genève et Bâie, 1872.
( 334 )
Tœuvre colossale entreprise par notre savant confrère
M. Boîssier. 11 est parfaitement inutile de répéter les éloges
que nous avons faits de cette magnifique publication, qui doit
trouver place dans la bibliothèque de tous les amateurs de
phytographie et de géographie botanique.
Le volume 11 de la Flore Orientale comprend la description
de toutes les Calyciflores.
Diaphragmes vasculifères des Monocolylédones aquatiques,
par J. Duval-Jouve(0.
Ainsi que nous Tavons déjà fait pour plusieurs autres
mémoires de notre infatigable confrère M. Duval-Jouve, nous
allons reproduire textuellement les conclusions de ce nouveau
travail, qui vient enrichir Thistotaxie de faits inédits.
i» L*organisation de feuilles cloisonnées par des diaphragmes n*est
pas réduite aux Juncus, comme on I*avait cru d^abord ; elle n*y est
qu*un cas particulier d^une loi commune aux Monocotylédones
aquatiques et à quelques Dicotylédones aquatiques.
2* Dans ces plantes, les diaphragmes des tiges, des pétioles e( des
feuilles, sont disposés de diverses manières :
. a. Ils ne s*étendent que sur une seule lacune ayant à son pouitour
au moins autant de faisceaux longitudinaux que de faces; ex. : Lvzula
maxima DC, Scirpuê lacuttrU L., Cyperus fuscus L., serotinut
Rottb.,etc.
6. Ils s'étendent sur plusieurs lacunes qui n*ont pas un faisceau
longitudinal à chacun de leurs angles, et ils relient entre eux les
faisceaux disséminés; ex. : Cyperus Papyrus L.. SagiUaria lancifoUtt
L., sagittifoHa L., Acorus Calamus L., etc.
e. Un seul diaphragme relie tous les faisceaux longitudinaux épars
(1) In-i», de 21 pages, avec i planche; Paris, 1875. (Extrait des
Mémoires de l'Académie des Sciences et Lettres de Montpellier,)
( 338 )
au pourtour d^une seule lacune centrale; ex. : Juncus lampacarpot
Ehrh., etc.
3* Les réseaux vasculaîres qui accompagnent les diaphragmes
occupent diverses positions :
a. Ils sont accolés au-dessous; ex. : Scirpus lacuêtn't L., etc.
b. Ils s'interculent dans Tunique assise du diaphragme qu*ils
interrompent ; ex. : Sagitlaria^ etc.
c. Ils rampent dans ^épaisseur du diaphragme composé de plusieurs
assises de cellules; ex. : Cyperui Pnpyrut L., etc.
d. Ils courent contre les bords des grands diaphragmes; ex. : les
pétioles des StrelUzia^
i» La forme des cellules d*un diaphragme diffère toujours de celle
du reste du parenchyme ; cette forme, assez rigoureusement déter-
minée sur une même espèce, varie à i*exeès d*une espèce à Pautre.
5® Cependant cette forme est toujours telle qu^elle présente de
grands méats pour permettre le passage des gaz, fonction qui, avec la
consolidation de la tige ou des feuilles, était la seule qu*on attribuât
précédemment aux diaphragmes.
G** Comme ces diaphragmes sont accompagnés de faisceaux trans-
versaux, leur fonction parait être aussi de fournir des points d^appui
à ces faisceaux qui mettent en communication les faisceaux longitu-
dinaux. Ces derniers, sur les Monocot3'lédones aquatiques, ne sont
donc ni aussi isolés, ni aussi indépendants qu*on Tavait cru d^abord,
en n*attribuant un réseau vasculaire, avec anastomoses, qu*à quelques
groupes d*Aracées, d^Asparagées et autres.
T** Dans un même genre, les espèces aquatiques ou des lieux très-
humides ont des diaphragmes avec des faisceaux transversaux, tandis
que les espèces congénères tout à fait terrestres en sont privées ; ce qui
montre que l*influence du milieu se fait sentir non-seulement à
Textérieur, mais jusque dans Torganisation la plus intime. « Les
changements de circonstances font naître et développent certaines
parties, tandis qu*clles atténuent et font disparaître plusieurs autres. »
Lamarck Phil. ZooL, 1, p. 218.
( 336 )
Algetneene beschrijvende Cafalogus der Boulsoorten van
Nederlandsch Oost-Indië, aanwezig in het Koloniaal
MusELM, ophet Paviljoen te Uaaiieniy door F.-W. Van
Eeden (i).
Ce catalogue contient rënumëration de 890 espèces de bois
provenant des Indes néerlandaises et conservées dans le nou-
veau Musée colonial de Haarlem, dont M. Van Eeden est le
directeur. Chaque espèce énumérée est accompagnée de ren-
seignements technologiques et de notes synonymiques.
La première partie consacrée aux espèces qui ont pu être
déterminées spécifiquement ou génériqùement , est suivie
d'une liste de près de 500 espèces qui n*ont pas encore été
déterminées et qui sont seulement connues par leurs noms
vernaculaires.
Ce catalogue est non-seulement un guide précieux pour
Tamateur qui visite le Musée colonial de Haarlem, mais il
rendra des services à tous les établissements scientifiques qui
possèdent des collections de bois.
The Fossil Flora of Great Britainy by John Lindley et
William Hulton.
Cet ouvrage, depuis longtemps épuisé, atteignait dans les
ventes des prix extrêmement élevés. M. l'éditeur Quaritch a
eu rheureuse idée de le faire réimprimer en employant les
cuivres qui avaient servi à l'édition originale. Ces cuivres
ont donné des planches excellentes et qu'on ne peut dis-
tinguer de celles qui ont été imprimées il y a près de 40 ans.
(1) In-8«, de IV-146 pages ; Haarlem, 1872.
( 357 )
La pnrtie typographique de la nouvelle édition est en quelque
sorte le fac-similé de la première.
La réimpression de cet ouvrage célèbre est une bonne for-
tune pour les amateurs de paléontologie, qui maintenant
peuvent enrichir leur bibh'othèque de Tœuvre de Lindiey et
de Hutton. Cette nouvelle édition se vend sur le continent
150 francs.
Le même éditeur s*est entendu avec M. Carruthers pour
publier un volume supplémentaire, qui renfermera les nouvelles
acquisitions qu*a faites la paléontologie végétale des lies Britan-
niques depuis 1857. Ce volume supplémentaire ne contiendra
pas moins de 40 planches gravées sur bois.
Cette publication est attendue avec une vive impatience par
tous les phytopaléontologues.
Die Rose. — Geschichte und Symbolik in ethnographischer
und kullurhistorischer Bezieiiung. — Ëin Versuch,von
M.-J. Schleiden(l).
L'histoire littéraire des Roses a été maintes fois traitée,
mais jamais elle ne Ta été aussi complètement que dans le
nouvel ouvrage de M. Schleiden. Celui-ci a certes mis à profit
les recherches de ses devanciers, mais son livre contient le
résultat de nombreuses lectures faites h un point de vue spé-
cial. On peut dire qu'il a épuisé le sujet.
L'histoire de la Rose est suivie, dans la littérature des divers
peuples^ depuis les temps historiques les plus reculés jusqu'à
nos jours.
(i) Un vol. in-8*, de X-322 pages, avec une planche chromolilhogra-
phiée et 7 figures sur bois intercalées dans le texte ; Leipzig, 1873.
96
( 338 )
Quand on parcoure la liste des nombreuses sources consul-
tées pour retracer riiistoîre de la reine des fleurs, on doit
reconnaître que Fauteur a fait preuve d'une vaste érudition.
Parmi les détails purement littéraires, il y a des renseigne-
ments scientifiques fort intéressants et qui méritent de fixer
Fattention des botanistes.
Les Roses. (Histoire, culture, description)^ par H. Jamain
et E. ForneyC*).
Comme on le voit, les Roses ne cessent d'occuper Fattention
des savants et des horticulteurs. C'est comme jardiniers que
MM. Jamain et Forney ont principalement traité leurs Roses.
Dans une suite de paragraphes préliminaires, les auteurs
exposent, avec leur longue expérience de rosiéristcs, les meil-
leurs procédés de culture, de multiplication, de greffage, de
taille, appliqués au Rosier.
La description de 60 variétés remarquables occupe la plus
grande partie de l'ouvrage : chaque variété étant décrite sur
une page faisant face à une planche chromolithographiéc.
11 est regrettable que ce livre estimable sous le rapport
horticole n'ait pas été illustré par un artiste comprenant bien
la peinture des fleurs. Les planches sont extrêmement mé-
diocres, pour ne pas dire mauvaises, tant sous le rapport du
dessin que sous le rapport de la couleur. Elles ne peuvent
même être comparées avec les petits chefs-d'œuvre qui sortent
journellement des presses des Van Houtte, des Severeyns,
des De Pannemaeker et des Stroobandt.
Ajoutons que les auteurs ont puisé h des sources bien peu
(1) Un Tol. grand in-8<>, de IV-267 pages, a?ec 60 chromolithographies
et 60 gravures sur bois intercalées dans le texte ; Paris, 1873.
( 339 )
scientifiques pour rédiger leur chapitre consacré aux considé-
rations générales sur les espèces du genre Rosa et sur leur
distribution géographique. Ce chapitre est rempli d'erreurs
et d'inexactitudes presque inexplicables.
Mission scientifique au Mexique et dans V Amérique cen-
trale. — Ouvrajse publié par ordre du iVlinislre de
rinstruction publique. — Recherches botaniques pu-
bliées sous la direction de M. J. Decaisne, membre de
rinstitut. — Première partie. — Cryptogamie, par
M. Eug. Fournier, avec la collaboration de MM. W.
Nylander et Ein. Beseherelle (0.
Le beau mémoire dont M. Fournier a enrichi la bibliothèque
de notre Société contient la catalogue raisonné des Lichens, des
IMuscînécs et des Cryptogames vasculaires découverts jusqu'à
ce jour tant au Mexique que dans TAmérique centrale. Les
Lichens ont été traités par M. le docteur Nylander; les Musci-
nées, Tout été par M. Beseherelle; et M. Fournier a élabore
tout ce qui concerne les Fougères, Ëquisétacées, Rhizocarpées
et Lycopodiacées.
Les auteurs n'ont pas seulement étudié et catalogué les maté-
riaux recueillis par les botanistes qui ont accompagné l'expédi-
tion française au Mexique, mais ils ont consulté les herbiers
et les collections qui renferment des matériaux récoltés
antérieurement dans la circonscription américaine qu'ils ont
embrassée dans leur travail. Dans celui-ci, nous voyons fré-
quemment cités les herbiers de nos compatriotes MM. Linden
et Van Heurck.
(1) Un vol. grand in i», de 166 pages, avec six planches; Paris, 1872.
(340)
Les espèces déjà décrites sont seulement énumérées avec des
détails synonymîques et géographiques; quant aux espèces
nouvelles, elles sont accompagnées de descriptions et plusieurs
sont figurées.
Ce mémoire, imprimé avec un grand luxe, constitue une
importante addition pour la flore de l'Amérique centrale.
Botanique Japonaise. — Livres Kwa-Wi, traduits du japo-
nais, avec Taide de M. Saba, par le D' L. Savatier (^).
Le nom de M. Savatier n'est pas inconnu h nos confrères;
ils savent que ce naturaliste, depuis qu'il habite le Japon, a
envoyé en Europe des collections extrêmement importantes de
plantes, d'insectes, de coquilles, etc.
La connaissance que ce savant possède de la langue japonaise
lui a permis de traduire un livre japonais des plus curieux et
formant une sorte de Flore du Japon.
Les livres Kwa-Wi ont été écrits vers le milieu du siècle
dernier par Yonan-den-Téroufsa. Le premier livre est consacré
aux plantes herbacées et les 2" et 5" livres, aux plantes ligneu-
ses. Dans Touvrage original, les espèces sont représentées par
des figures empruntées & des publications antérieures ou ont
été faites d*après des dessins de Fauteur.
(1) Un vol. in-8«, de 1S{6 pages ; Paris, 1875.
(34f )
MELANGES.
Concours quinquennal des sciences naturelles. — Période de
1867-1871. --Rapport du Jury à M. le Ministre de l' Inté-
rieure.
Bruxelles, le 12 novembre 1872.
Monsieur le Ministre,
Le jury nommé par arrêté royal du 6 décembre 1871, à
Teffet de décerner le prix des sciences naturelles au meilleur
ouvrage publié pendant la dernière période quinquennale, a
rhonncur de vous présenter le résultat de ses travaux.
C'est pour la cinquième fois que le concours en question est
ouvert, et jamais, depuis son institution, les concurrents de
mérite n*ont fait défaut. 11 est même à remarquer que le prix
de la première période a été partagé entre trois compétiteurs (2),
et celui de la deuxième a été scindé en quatre parts (3). —
Depuis cette époque, un arrêté ministériel a déclaré les pri<x
quinquennaux désormais indivisibles(^). Par suite de ce décret,
la mission du jury est devenue plus difficile et plus pénible;
dans ce dernier concours, qu'il était appelé à juger, un bon
nombre de travaux remarquables, sur les sujets les plus divers
et par conséquent les plus difficiles à comparer entre eux, se
trouvaient en présence ; aussi le vote du jury a-t-il été loin
d*étre unanime. — Il est de toute justice de rappeler au moins
(1) Le Conseil de la Société, dans une récente réunion^ a décidé ({ne ce
rapport sérail reproduit dans le Bulletin.
(2) Bull, de l'Académie, t. 19, p. 604, 1852.
(5) Id., 2« série, t. 3, p. »06, 1857.
(i) Id , 2« série, t. 14, p. 522, 1862.
( 342 )
les plus importants de ces travaux, avec le regret de devoir
nous borner à une mention toutefois très-honorable.
La Géologie, la Zoologie et la Botanique ont fourni leur
contingent pendant celte période de cinq années.
1.
Les TRAVAUX Gi^OLOGiQUES out cu unc large part dans les inves-
tigations de nos savants. — La magnifique carte géologique
d*André Dumont,qui fait tant d'honneur à la Belgique, deman-
dait un interprète; le Prodrome de M. G. Dewalque(l) répon-
dit à cet appel ; cet excellent guide n*est pourtant que le prélude
d'un ouvrage beaucoup plus étendu qu*on attend avec impa-
tience. On connaît les travaux importants de M. £. Dupont,
les fouilles qu*il a dirigées avec tant dlntclligence et dont il a
consigné les résultats et coordonné les faits dans un travail
remarquable : L^ Homme pendant les âges de ta pierre. — Nous
mentionnerons aussi en passant les intéressantes Observations
de MM. G. Malaise et J. Gossclct sur le terrain silurien de
l'Ardennei^). — Enfin, nous rappellerons les travaux géologi-
ques de MM. A. Briart et F.-L. Gornet, sur lesquels notre
Illustre Président a particulièrement insisté : ils ont surtout
pour objet Yétage inférieur du terrain crétacé (^) et la craie
blanche du HainautW^ la description de la meule de Brac-
quegnies(^)y et les fossiles du calcaire grossier de Mons (6).
(1) Prodrome d'une deicription géologique de la Belgique; ia-8«,
Bruxelles, 1868.
(2) Bull, de l'Académie, 2« série, t. 26.
(3) Mém. det savants étrangers, t. 53.
(^)Id.,t.35.
(5) Id., t. 34.
(6) Id., t. 36.
( 345 )
IJ.
La Zoologie qui, dans les deux premiers concours, avait
obtenu sa part de récompense, et qui, dans les deux derniers,
a remporté le prix sans partage, n'a pas cessé de produire des
auvres importantes. L'Académie royale a reçu dans ses recueils
des travaux remarquables; les rapports des commissaires
chargés de; les apprécier en ont fait ressortir le mérite et la
publicité de ces comptes-rendus nous dispense d'y insister
longuement. — Nous signalerons en particulier les Recherches
de M. le D' Van fiambeke sur te développement du Pélobate
brunW; — les Recherches de M. F. Plateau sur les Crustacés
d^eau douce de la Belgique (^), sur les articulés aquatiquesi^) etc.,
— M. Van Beneden père, qui a fourni déjà tant de beaux
travaux, n*est pas resté oisif pendant cette période de cinq
années, et les annales de la science ont enregistré avec bonheur
son curieux travail sur les Poissons des côtes de Belgique y leurs
parasites et leurs commensaux {^) y ainsi que son Mémoire sur
une Balénoptère capturée dans l'Escaut en \S6d(^).
' Il appartenait surtout à M. Edouard Van Beneden d'entrer
en lice pour disputer le prix; ses Recherches sur la compo-
sition et la signification de l'œuf y etc. (6), avaient été couron-
nées en 1868; néanmoins, le jury n'a point regardé cette
récompense académique comme un obstacle au concours. Les
savants rapports de MM. Gluge et Schwann (7) ont fait ressortir
ce qu'il y a de neuf dans ce beau travail, et ils en ont montré
(i) Mém. dei savante étrangef*$, t. 34.
(2) Id., t. Zi et 35.
(3) Id., t. 36.
(i) Id., t. 38.
(5) Id.,t.39.
(6) Mém, couronnés, t. 34.
(7) Bail, de l'Académie, 2« sér., t. 26, pp. 507, 517.
( 344 )
toute la portée scientifique. La lutte du concours a été vive,
et ce n*est que par une voix de majorité que la balance a fiai
par s'incliner vers la botanique.
III.
La Botanique a toujours été une étude de prédilection en
Belgique; cette étude a pris un nouvel essor par la création
de la Société royale de Botantquey et par le zèle infatigable
de son illustre Président. On accourt h Tenvi pour mettre en
commun le fruit de ses recherches, et chacun demande au
Bulletin sa petite part de publicité. Toutes ces productions,
sans avoir une égale importance, présentent néanmoins un
ensemble imposant.
Parmi les nombreux travaux publiés par des botanistes
belges pendant les cinq dernières années, nous rappellerons
ceux qui ont surtout attiré l'attention du jury.
Jean Kickx, que l'Université de Gand comptait au nombre
de ses professeurs les plus distingués, avait été l'un des propa*
gateurs les plus ardents des études cryptogamiques dans le
pays. En i857, les cinq Centuries de cryptogames, qu'il avait
décrites dans les Mémoires de rAcadémie (1), avaient eu leur
part du prix quinquennal. Depuis cette époque, Fauteur a
refondu et complété son travail; il en a fait un ouvrage nou-
veau, bien coordonné, et où chaque famille est précédée d'une
introduction résumant les progrès récents de la science. Il
n'eut pas la consolation de publier lui-même son œuvre, mais
son fils et successeur ne voulut pas laisser inédite la Flore
cryptogamique des Flandres. Ce travail est le plus complet
que possède jusqu'ici la Belgique, et quoiqu'il n'embrasse
qu'une partie de son territoire, il est d'une grande utilité pour
(I) Mêm. derAcadémie, 1. 13, 17, 20, 23et 29«
( 345 )
toutes localités du pays; aussi le jury Ta-t-il accueilli avec
faveur pour le concours, et s'il a cédé la palme à un travail
beaucoup moins volumineux, c'est que ce dernier renferme
des idées plus neuves et plus originales. Cette victoire rem^
portée sur le travail de J. Kickx n'ôte pourtant rien à son
mérite réel, et la Flore cryptoyamiqtie des Flandres est tou-
jours encore le manuel indispensable des cryptogamistes
belges (1).
Avant de passer au travail qui doit spécialement nous occuper,
nous devons mentionner une autre publication qui fait égale-
ment saillie parmi les nombreux écrits qui ont pour objet la
science des végétaux : nous voulons parler de La Vie d'une
planiCy par M. J. Chalon, docteur en sciences naturelles.
Ce livre, qui sort de la vieille ornière, est du petit nombre
de ceux qui font véritablement progresser la science (2).
IV.
Enfin, nous arrivons au travail qui fait surtout l'objet de
ce rapport, étant celui auquel le grand prix a été décerné. —
Ce mémoire a pour litre : Recherches anatomiques et physio-
logiques sur les Champignons ; son auteur, M. Jean-Baptiste
Carnoy, docteur en sciences naturelles, Ta publié en 1870,
dans le Bulletin de la Société royale de Botanique de Bel-
gique(^), sur les rapports très-favorables de M. le professeur
Martens, de Louvain, et du regretté professeur Spring, de
Liège.
Les champignons ont de tout temps attiré Tattention ; la
singularité de leurs formes et la variété de leurs couleurs, la
(1) Flore cryptogamique dei Flandres ; 2 vol. in-8®, Gand, 1867.
(2) La Vie d'une plante ; in-8«, Naruur, 1871.
(3) Tome IX, pp. 1 87-321, avec IX -planches doubles.
,*
( 346 )
rapidité proverbiale de leur croissance, les propriétés alimen-
taires d*un grand nombre d'entre eux et les qualités toxiques
de beaucoup d'autres, les avaient signalés au vulgaire long-
temps avant que la science s'en emparât. — Les anciens n'ont
guère parlé des champignons au point de vue de la botanique;
leurs investigations n'avaient pour but que de reproduire les
espèces recherchées pour la table; quant à leur nature, ils
n'en avaient aucune idée. 11 ne faut pas même remonter
jusqu'au siècle dernier pour rencontrer encore les opinions
les plus discordantes et les plus singulières au sujet des
champignons ; beaucoup de botanistes n'en voulaient pas
dans le règne végétal; les zoologistes ne les acceptaient que
sous caution, enfin, des conciliateurs prétendaient les caser
dans un règne intermédiaire; bref, on en était aux conjectures
par rapport à ces êtres singuliers qu'on croyait engendi'és
spontanément, et on se contentait de décrire leur forme exté-
rieure. — Nous aimons à rappeler ici qu'un des livres les
plus importants de ce genre parut en Belgique il y a deux
siècles; François Van Sterbeeck, son auteur, publia en
flamand, en i675, son Theatrum Fungorum accompagné
de nombreuses figures (1). Depuis ce temps, la science a fait
bien du chemin , et nous ne savons où elle s'arrêtera.
A partir surtout du commencement de ce siècle, le domaine
mycologique s'est fort étendu ; aux gros champignons connus
du vulgaire, sont venues s'adjoindre une foule de produc-
tions minimes que le microscope nous a dévoilées. Ici^ des
moisissures envahissent toutes les matières qui se corrompent,
pour les faire disparaître; là, elles dévastent nos champs de
pommes de terre et nos vignes; la rouille, le charbon, Yergot,
(I) Theatrum Fungorum, oft het Tooneel der Campemoelien; in-i»,
Antwerpen, J675.
#
( 347 )
s attaquent à nos céréales ; les fermentSy à leur tour, jouent
un rôle des plus importants. Nous passons sous silence des
milliers d'autres parasites dont on ignore la mission. Tous ces
êtres mystérieux ont fait invasion dans cette grande classe des
champignons, et les labeurs de la science ont assigné leur place
aux plus infimes d'entre eux et enregistré leur signalement,
afin de ne les plus méconnaître; on leur a reconnu des organes
reproducteurs comme aux plantes les plus élevées, et la géné-
ration spontanée s'est de nouveau retirée confuse.
La science semblait progresser et les catalogues s'enrichis-
saient chaque jour d'espèces nouvelles. Cependant , depuis
quelques années, on s'aperçoit qu'on a fait fausse route. Ces
êtres, tout petits qu'ils sont, ou plutôt à cause de leur petitesse
même, ont mystifié les savants. Les mêmes espèces sont venues
se faire inscrire plusieurs fois sous des formes diverses; mais
la police scientifique, toujours aux aguets, en a surpris un
certain nombre, elle a suivi pas à pas toutes leurs démarches
et dévoilé leurs ruses. A partir de ce moment, les botanistes
de tous les pays sont en éveil, et toute découverte en ce genre
est une bonne fortune.
Le mémoire de M. Carnoy, qui nous occupe en ce moment,
répond à cet appel général et, comme nous le verrons, aucun
travail en ce genre n'a apparu aussi complet et n^a été conduit
avec plus de prudence et de sagacité.
V.
Historique. — Il importe avant tout de reconnaître les pre-
miers pas que la science avait faits dans la voie des transfor-
mations au moment ou parut le travail de M. Carnoy. Ici, nous
sommes obligés d'entrer dans des détails purement scientifiques
et de recourir à des termes qui ne seront bien compris que
des initiés.
( 548 )
A.-i. CoBDA, de Prague, a le premier trouvé plusieurs espèces
de fructifications ou spores sur un même champignon (sur le
Pénicillium glaucum, en 1837, et sur VAscophora elegans,
en 1839), mais sans y attacher d'importance : il regardait la
chose comme purement fortuite (1).
En 1852 (2), le docteur Spring avait rencontré une Mucédinée
dans un œuf de poule frais; il ne put la déterminer, parce que
les organes de fructification y faisaient défaut. Il fit entrer
une partie de ce champignon dans un tnhe en verre contenant
quelques gouttes d*eau distillée, et il obtint un Periconia; une
autre partie, introduite dans un tube avec du bbnc d'œuf, lui
donna un Periconia et un Aspergillus. L'intérieur de la coque
de Tœuf donna naissance à un Aspergillus et à un Sporotri-
chum. Il inocula aussi diverses fractions de la Mucédinée
primitive à des œufs frais, dans lesquels il récolta ensuite des
Hemiscyphey des AspergilluSy des Periconia, des Mucor.., Il
est k remarquer que la portion inoculée était restée intacte,
et se trouvait placée à Topposite des nouvelles productions.
Des fragments détachés des différentes formes obtenues du
protée en question furent enfermés dans des tubes, et d'autres
productions apparurent. — Spring comptait poursuivre ses
recherches (p. 570), et il promit de les faire connaître dès
qu'il aurait entrevu une règle là où, comme il le disait,
tout semblait être caprice. Il se contenta de conclure à la
mutabilité des formes c non-seulement dans les limites du
genre, mais dans celles de la famille et même de Tordre »
(p. 571). Deux ans plus tard, il revint sur cette conclusion
qu'il maintient contre ses adversaires (3). — Comme on le voit.
(1) Icônes Fung,^ I,p. 2J ; III, p. U.
(2) Bull, de l'Académie, t. 19, I; pp. S33-573: Des champignons qui se
développent dans les œufs de poule.
(3) Ib., t. 21, I, p. 213 : Rapport sur une dissertation relative à Cespèoe
et aux variétéê.
( 349 )
ces expériences, faites sans précautions suffisantes, ne don-
nèrent que des résultats douteux, ce qui explique pourquoi la
science n*a pu en tenir compte.
Il faut arriver à M. L. Tulasne (i86i) pour voir comnaencer
les recherches sérieuses sur le pléomorphisme des champi-
gnons, c'est-à-dire, sur la faculté qu'ils ont de se reproduire
par plusieurs sortes de semences (0. Il a surtout étudié les
Ascomycètes. Il a découvert à côté des thèques d'autres appa-
reils fructifères de nature mucédinécnne et connus sous le
nom de conidies, mais il n*ose assurer Tidentité de ces appareils
avec ceux des vraies Mucédinécs; il les considère seulement
comme un mode accessoire de reproduction, et non comme des
Mucédinécs véritables (p. 75).
M. DE Bary (2) ne va pas même aussi loin que M. Tulasne, et
il recommande beaucoup de prudence dans les conclusions
à tirer sur ce point.
Eugène Coehans refusait aussi d'admettre la métamorphose
des Mucédinétis véritables en Ascomycètes et Hyménomycètes.
c La chose est impossible, > disait-il, et c'est pour ce motif qu'il
n'a jamais consenti à présenter le travail de M. Carnoy à
l'Académie.
Pour arriver à une conclusion aussi extraordinaire, M. Car-
noy a d'abord étudié le développement des Ascomycètes et des
Hyménomycètes; ensuite, il a semé ses Mucédinées, et suivi
leur développement heure par heure jusqu'à l'enroulement des
tubes mycéliens et leur transformation en corps polycellu-
laires : ces corps sont la première étape des Ascomycètes et des
Hyménomycètes. Pour n^étre pas victime d'une illusion^ il a
renouvelé son expérience plus de cent fois.
Déjà les Mucorinées avaient présenté plusieurs fructifications
(1) Selecta Fung. Carp., t. l,Proleg., c. VI, p. iô,...
(2) Morph. undPhyiiol, der PiUe, p. 174.
( 3o0 )
iDucédinéennes : — M. db Bary avait trouvé ÏAspergillus
maximys avec le SyzyjUes megaiorarpusW; M. Wopo.nin a
rencontré le Chaelocladium sur le Mucor Mucedo (2) ; E. Coe-
MANS a découvert, à sou tour, une forme inucédinéenne (3).
Enfin M. Bail^^j prétend avoir trouvé de la levure de bière
(llormiscium Cerevisîae) provenant du Mucor Mucedo, M. de
Bary proteste contre celte production de levure, malgré les
assertions positives de M. Hoffmann, de Giessen et de M. Hal
LIER, d'Iéna(5). — M. Hallier(<>) a montré que le Rhizopus
nigricansy semé sur des tranches de pommes de terre, donne
la levure connue sous le nom de Micrococcus (p. 298). Il fait
voir aussi (p. 296) qu'un Pénicillium donne un Botrytis,
que VOidium de la vigne donne un Botrytis et un Pénicil-
lium (p. 298), et que le Stysanus a également deux formes
(p. ^56); enfin il a trouvé que le Pénicillium crustaceum
donne des macroconidies d*où sort le Mucor racemosus
(p. 265). Dans tout ce que M. Hallier a publié, il n'y a qu'un
seul point qui touche à la transformation des Mucédinées
en Mucorinées, k savoir les macroconidies du Pénicillium
crustaceum qui y en germant, donnent un Mucor; tout le reste
n'a trait qu'à des transformations de Mucédinées en Mucédi-
nées ou d'Ustilaginées en Mucédinées, ce qui revient au même,
attendu que les Ustilaginées ne sont, par leurs spores externes
et en chapelet, que de vraies Mucédinées.
Ce n'est pas tout : la manière de procéder de M. Hallier,
dans ses expériences, n'est pas à l'abri de l'erreur : il sème en
(i) Beitrag e Zur MorphoL , I. . .
(2) Ibid, n,p. 18.
(3) Mon. du genre Pilobolus,
{i) Novaacta Acad, Naturae Cur., t. 28, p. 175.
(5) Choiera Contngium.
(6) Phylopaloiogie.
( 381 )
vase clos des semences qu'il croit pures, puis il examine le
résultat final ; ce mode d'opérer a donné prise aux critiques de
MM. de fiary et Hoffmann et de M. Carnoy lui-même (0. On sait
qu'il est presque impossible d'avoir des semences à l'état de
pureté; en outre, des corps reproducteurs de toutes les sortes
sont en suspension dans l'air, et peuvent se mêler aux semis
au moment où l'on y prend des préparations. — Une seule
méthode est véritablement scientifique et irréprochable, c'est
de voir de ses yeux le tissu s'accroUre et se transformer.
Cette méthode n'était pourtant pas ignorée et plusieurs fois on
l'avait mise en usage, mais dans des limites fort restreintes;
M. Carnoy seul a eu le courage et la patience de l'employer
pendant deux années consécutives, enchaîné en quelque sorte
à son microscope, consacrant quatorze heures chaque jour à
ses recherches, et menant de front jusqu'à cent cultures k la
fois dont il suivait pas k pas le dévcloppement4
Le docteur Léveillé avait dit (2) « qu'on aurait résolu le plus
difficile problème de la mycologie, si on était parvenu à faire
lever, croître et fructifier une seule spore ; > or, ce sont des
milliers de spores que l'auteur est parvenu à faire lever,
croître et fructifier dans tous les milieux possibles.
VI.
Mais il est temps de faire connaître plus en détail l'impor-
tant mémoire de M. Carnoy. « Les recherches de l'auteur, dit
le D*" Spring dans son rapport inédit, ont porté principale-
ment sur une nouvelle et remarquable espèce de Mucor, qu'il
a rencontrée lors de son séjour k Rome, et que, a cause de
cela, il appelle Mucor romanus. Il en a étudié la structure au
(1) Introd. à son mémoire, p. 6,...
(2) Ann. des Se, nat,, 2« série, t. 8, p. 321
( 552 )
moyen des meilleurs procédés en usage dans Phistologie
végétale moderne; il en a suivi les diverses phases de dévelop-
pement, et, h Taide de patients essais de culture, il a non-
seulement élucidé tout ce qui concerne la maturation et la
germination des spores, mais encore démontré le polymor-
phisme de Tespèce, en le rattachant à Tinfluence des milieux
où les individus se développent. » — Telles sont les paroles
de Spring, que nous aimons h reproduire, parce qu'il était
nommé pour faire partie du jury lorsque la mort est venue
nous Tenlever.
Écoutons maintenant Fauteur lui-même : — < Tour à tour
simples cellules sous forme de levure, humbles Mucédinées
sous les dehors les plus variés, gracieux Mucor, Ascomy cèles
ou Hyménomycètes des plus parfaits, ces petites plantes se
jouent de la patience la plus héroïque. > — Nous avons dit
que Fauteur ne connaît ici qu'un seul critérium de certitude :
il faut voir de ses yeux la transformation s'opérer. Les pré-
cautions de M. Pasteur auraient été complètement inutiles;
elles auraient, en outre, mis la plante dans un état violent
et contraire à la nature. : la continuation de tissu peut seule
donner la certitude en cette matière.
Les modernes ont divisé les Champignons en cinq classes :
les Mucédinées, les Mucorinées, les Ascomy cèles, les GaslérO'
my cèles et les Hyménomycètes. — Le travail de M. Carnoy
regarde plus spécialement les Mucorinées, qu'il étudie surtout
dans leur plus illustre représentant, le Mutor romanus, et les
pages qu'il lui a consacrées renferment un petit traité d'ana-
tomie et de physiologie comparées des Mucorinées.
VU.
i'« Partie. — Anatomte, — Dans cette partie, nous signa-
lerons particulièrement comme propres à Fauteur :
( 35S )
i** La découverte d'une cuhci//e chez les Mucorinées (pp. 16
et 17);
2<* La découverte des couches (tépaississement qui s'effeuil-
lent sous riiifluencc des réactifs (pp. 18 et 19) : ceci est fonda-
mental pour rhîstologie des iVIucorinées ;
5*> On prétendait que Tiode et Tacide sulfurique ne colo-
raient pas en bleu la membrane des Champignons ; Coemans
n'a cédé qu'à l'évidence d'une préparation faite sous ses yeux
par l'auteur ;
4*> On ignorait la constitution d'un sporange chez les Muco-
rinées ; l'auteur l'a dévoilée, grâce à l'exfoliation des mem-
branes tubuiaires et sporangiales (pp. 29, 30, 1 14 et 115); il a
montré que la membrane sporangiale demeure ce qu'elle était
lorsque la columelle s'est formée ;
5*> Il a fait connaître également la structure de la columelle,
sa formation par une cloison analogue k celles du mycélium,
et son développement par couches d'épaississement déposées
seulement à sa face inférieure (pp. 5:2, 112 et 115). A propos de
cette découverte, M. le D^ firefeld, de Halle, écrivait à l'auteur
qu'il avait, contre toute attente, tranché le nœud gordien des
Mucorinées; qu'on sentait, enlisant les pages 112 et 115,.
que c'était bien la vérité (0.
Vin.
2« Partie. — Physiologie. — Voici la thèse de l'auteur :
< Une espèce quelconque de champignons doit, pour par-
courir le cycle entier de son développement, passer par diffé-
rents milieux, et revêtir successivement quatre ou cinq formes
(1) Lorsque Pauteur parle de la membrane primitive et des couches
tTépaisiittemenl, i\ n'a nullement Pintention de se prononcer en faveur de
raccroissement par juxlapotilion; comme M. le professeur Nageli, de
Munich, il admet des couches superposées, formées primitivement, les-
quelles se nourrissent ensuite par iniusstuception,
27
( 354 )
générales, dont on avait fait jusqu'ici autant de classes».
— Il range toutes ces formes en deux groupes : i" formes
mucoréennes, 2* formes mucçdînéennes : cette division est
propre k l'auteur. — 11 regarde la forme mucédinéenne
ordinaire (Mucédinées), la forme ascomycélienne {Ascomy-
cètes, PyrénomycèieSj etc.) et la forme hyménomycélienne,
comme des fructifications mucédinéennes se développant sur
un seul et même mycélium mucédinéen : celui-ci , après
avoir donné une Mucédînée ordinaire, donne Tune ou
l'autre des deux autres formes (pp. 164 et 165). — La forme
mucoréenne, k son tour, comprend différentes formes prove-
nant d'un mycélium mucoréen, — On peut passer de diverses
manières d'une de ces formes à l'autre. — Une espèce mycolo-
gique a donc deux vies, l'une mucoréenne et l'autre mucédi-
néenne, qui correspondent aux deux mycéliums que l'auteur
définit et caractérise nettement (pp. 142-150). La transforma-
tion de ces deux mycéliums donne la raison, inconnue jus-
qu'ici, des faits isolés de transformation observes par d'autres.
!. Vie mucoréenne. — Tout ce qui concerne le déveljppc-
ment des tubes sporangifèrcs est entièrement neuf (pp. 45-81):
c'est le résultat d'un travail incessant et pénible, tant de nuit
que de jour ; fatigant surtout pour la vue, h cause des mesures
sans nombre qu'il a fallu prendre, et des grossissements con-
sidérables auxquels il a fallu avoir recours.
Le développement des tubes sporangifèrcs est divisé en trois
périodes bien distinctes (p. 48). On ne peut lire sans le plus
vif intérêt les lois de ces différentes périodes, ainsi que les
détails sur les effets du grand allonf;emcnt qui sVffectue dans
la troisième période (p. 71), et sur la cause qui le produit, de
même sur la part de la t^te dans ce pbénoniène. •— A ce
propos, nous rappellerons encore quelques mots de Spring :
« M. Carnoy, dit-il, a surtout bien compris ce point ; il s'est
élevé, k propos des limites qui séparent les unes des autres
( 3S5 )
les forces physiques et la force vitale, à des considérations
philosophiques que j*osc particulièrement recommander k
rotlf'ntion du lecteur. > (Rapport inédit,)
La formation des spores (pp. 90-95, 97-105), ainsi que leur
nutrition et leur mnturntion n*avaicnt pas été traitées sérieuse-
ment jusqu'alors. — Coemans avait fait connaître la déhisccnce
chez le Pilobolus; on n'avait rien de fixe pour les autres
genres avant que Tauteur eût démontré le grand allongement
et la diminution des spores pendant leur maturation, etc.
Un autre point très-important résulte de la distinction entre
les formes mucoréennes principales et les formes secondaires
(p. 128). La forme principale se reproduit directement; il n'en
est pas de même des formes secondaires; elles ne sont donc
pas autonomes, mais destinées a reproduire directement la
forme principale. M. Carnoy divise ces formes secondaires en
deux groupes: 1" formes sporangiules (le Thamnidium et les
Hydrophora, parmi lesquels il range le Mortierella polycephala
de Coemans) ; 2" formes non sporangiales ou acrogènes (macro-
conidies). A propos des formes secondaires du Mucor romanus.
Fauteur étudie à fond la formation si curieuse des macroco-
nidies et leur segmentation ; il les divise en plusieurs groupes :
1» Macroconidies tiibulaires ou chlamydospores (p. 129), qui
se développent sur place, en un rameau latéral portant un
sporange ;
2** Macroconidies mycéliennes, qui se produisent sur le
mycélium (p. 150);
5** Macroconidies sans mycélium (p. 155).
Jusqu'ici on n'avait sur ce point que des idées très-confuses
et tout à fait erronées.
IL ViEMUCÉDiNÉENNE — Ici Pautcur abordc les véritables nte/a-
morphoses. Les formes mucoréennes primaires et secondaires
ne sont pas les seules que revêt le Mucor romanus; dans bien
( 356 )
des circonstances, sa mélninorpliose est complète, et il faut
avoir assisté à son travestissement pour y ajouter foi. — Les
transformations signalées jusqu^ici par quelques mycologues
n'étaient que des faits isolés que rien n'expliquait, que rien ne
reliait entre eux, et puis, la plupart ne donnaient que des
résultats incertains par défaut de bonnes méthodes. L*auteur a
cherché le pourquoi^ le comment^ en un mot, les lois qui pré-
sident aux métamorphoses, et il parait avoir atteint ce but.
Cest l'influence du milieu où Von cultive les champignons qui
détermine l'apparition de telle ou telle forme (p. 150); c'est
ainsi qu'un Mucor donnera une Mucédinée, puis un Ascomy-
cète ou un Hyménomycète, etc. En général, les formes muco-
réennes exigent un sol riche; si la nourriture vient à manquer,
la forme mucor revêtira la forme pénicillienne^ ou une autre
forme mucédinéenne inférieure.
Pour chaque transformalion, l'auteur détermine nettement
les conditions requises; il montre comment on peut passer
d'une forme à l'autre et revenir à la première, et il est amené
par une foule d'expériences à ériger en loi générale cette
transformation des Mucor. Jamais pareil travail n'avait été
fait, et lorsqu'on a avancé que plusieurs formes donnaient le
Pénicillium, on n'a jamais décrit cette transformation, ni
étudié ses circonstances, ni formulé ses lois.
Qui ne voit ici l'analogie frappante qui existe entre les trans-
formations des champignons dévoilées par M. Carnoy, et celles
qu'a si bien démontrées M. P. Van fieneden chez les vers
intestinaux? C'est dans les rangs inférieurs des deux règnes
que ces métamorphoses ont lieu, et c'est le changement de
milieu qui les détermine.
Quant k la forme Botrylis, aucun mycologue n'avait trouvé
une Mucédinée qui, en germant, donnât directement un
Mucor; l'auteur en a découvert trois formes. Cette transfor-
( 357 )
mation est fondamentale, puisqu'elle nous fait voir une Mucé-
dinée \éri(ablc, et en mc^mc temps une des plus caractéristiques
du groupe, qui, au Heu de se reproduire, donne toujours la
forme Mucor dans un milieu convenable. C'est aussi sur cette
forme Dotrytis que l'un rencontre le plus facilement les tubes
enroulés par ou débutent les Ascomycètcs et les Hyménomy-
cètes. L'auteur trouve donc ici réunies sur un même mycélium
les trois grandes classes de Champignons, connues sous les
noms de Mucédinées, MucorinéeSy Thécasporées. » Récemment
encore, dit M. le professeur Murtens, de Louvain, nous avons
vu M. de Bary nier rexistence d'une parenté entre le Mucor,
le Pénicillium et le Bolrytis : M. Carnoy me semble établir
cette parenté d'une manière péremptoire (Rapport inédit). »
Nous nous résumons : les formes fondamentales des Mucédi-
nées dérivent directement des Mucor, Tout champignon a un
mycélium mucoréen et un mycélium mucédinéen, qui passent
l'un à l'autre suivant le milieu où ils se trouvent. Tout cham-
pignon a une forme levure. La forme levure, la forme mucédi-
néenne véritable, et les formes oscomycétienne et hyménomy^
cétienne dérivent toutes du mycélium mucédinéen, qui, après
avoir donné des Mucédinées, enroule ses tubes et forme ces
amas cellulaires, qui ne sont que le commencement d'un Asco^
mycète ou d'un ffyménomycète.
Enfin, le travail de M. Carnoy est accompagné d'un grand
nombre d'excellentes figures, toutes dessinées au microscope
au moyen de la chambre claire, avec la plus scrupuleuse exac-
titude, et k un grossissement très-exactement mesuré : ce qui,
aux yeux de Schacht {Das Mikroscop)^ est absolument néces-
saire pour donner aux dessins microscopiques une yaleur réelle
et sérieuse.
( 358 )
IX.
L*eiposë que nous venons de faire nous montre un travail
entièrement origfnal, bien conçu, bien coordonné cl menant
à des résultats très-importants et tout à fait inattendus. Telle
est aussi Topinion des deux commissaires nommés par la
Société royale de Botanique. — C'est, aux yeux de M. le pro-
fesseur iMartens, c une monographie fuite avec une habileté
et un savoir auxquels il se plaît à rendre hommage, et pleine
de faits, les uns entièrement nouveaux pour la science, les
autres rais dans une lumière nouvelle par d'habiles recher-
ches (Rapport inédit), » — Le D^ Spring, à son tour, apprécie
c la solidité et la valeur exceptionnelle de ce mémoire. >
< Letude anatomique et physiologique des Hyphomycètes,
ajoute-t-il, mérite d'être encouragée, tant au point de vue des
doctrines générales qu*à celui des applications extrêmement
importantes qu'en attend la pathologie générale ou philoso-
phique. En effet, par la simplicité de leur structure et la
rapidité de leur développement, ces végétaux inférieurs
dévoilent, mieux que les autres, les lois de la cellule et les
conditions essentielles de la vie, tandis que^ giâce au rôle
pseudo-parasitaire qu'ils jouent évidemment dans le plan de
la création, ils nous font pour ainsi dire assister aux phéno-
mènes de la déchéance organique qu'on appelle la maladie...»
c Je crois avoir été des premiers (c'est toujours Spring qui
parle) k signaler le polymorphisme des Mucédinées, fait que
M. Haljier a élevé depuis au rang de doctrine, sans s'arrêter aux
objections d'autres mycologues, pas même k celles de M. de
Bary. D'accord avec le premier commissaire, je pense que le
mémoire de M. Carnoy servira k établir cette doctrine d'une
manière péremptoire.... » — Enfin, Spring termine en disant :
< Il n'est pas besoin d'insister sur la portée très-grande
qu'auront nécessairement les résultats qu^il a obtenus. •»
( 3S9 )
Telles sont, M. le Ministre, les considérations qui ont motivé
' le jugement du jury. — Les connaissances de Tauteup, son
habileté consommée dans le maniement du microscope, le
temps et les soins qu'il a prodigués à son œuvre, sont un sûr
garant de la portée scientifique de son travail. En 4849, M. £1.
Pries faisait ressortir l'importance de Tétude d*une seule espèce
dans toutes les phases de son développement (0; M. Garnoy
n*apas craint d'aborder une pareille tâche, et nous avons vu
avec quel succès. Sans doute la science n'a pas dit son dernier
mot sur cette question; mais la manière claire et méthodique
dont le sujet est traité en rend le contrôle facile à quiconque
aurait le temps et la patience de répéter les expériences de
Pauteur. Aussi, les mycologues de profession, qui, depuis deux
ans, ont entre les mains le travail de M. Garnoy, n'ont-ils
jusqu'ici contesté aucune de ses assertions (2). — On peut
considérer le mémoire en question comme le travail d'ana-
tomie et de physiologie végétale le plus remarquable qui
ait paru jusqu'ici en Belgique, et si une œuvre aussi difficile
et aussi rebutante n'avait pas été encouragée, aucun auteur
n'aurait pu se résoudre à aborder désormais de pareilles
questions, et leur mise au concours n'aurait plus rien de
sérieux.
Agréez, Monsieur le Ministre, l'assurance de nos sentiments
respectueux^
MM. J.-fi.-J. d'Omalius, président; £. Candèze;
fi. DU fius; fi. Du Mortier; T. Gluge, membres ;
J.PuTZEYS, secrétaire; A. BellVnck, rapporteur.
(i) Summa Veg. Scand,, p. 427.
(2) M. Hoffmann, de Giessen, dans sa Revue Mycologique, vient de consa-
crer tout récemment un long article au travail de M. Carnoy ; il en donne
une analyse complète et s'étend avec complaisance sur les plus petits
détails. (Mykologfsche Berichte, von Herm. Hoffmann, IÎI, 1871, pp. 6-15,
n» 9, 1872.)
( 360 )
Notes de wojfkge recaelllles par T. Caroel mur
quelques Jardins el llla«ées bolanlqoes. — Dans
un voyage que j*ai fait cet automne en Angleterre, en
passant par rAilomagne et revenant par la France, j ai eu
Toccasion de recueillir quelques notes sur des Jardins et des
Musées botaniques qui ne sont pas généralement connus en
Italie; je les transcris ici, convaincu que les botanistes Italiens
seront heureux de les connaître; ces notes, à raison de la ma-
nière dont elles ont été recueillies, ne peuvent être ni aussi
complètes, ni aussi précises que celles que pourraient fournir
les directeurs des Jardins et Musées s'ils s'imposaient la tâche
de s'assurer de la véritable situation des établissements qui
leur sont confiés et d'en donner connaissance au public.
I. Belgique.
Dans ce pays, si remarquable pour la science horticole, j'ai
visité tous les principaux Jardins tant scientifiques que de
commerce. Le nouveau Jardin botanique de Bruxelles prime
tous les autres. Il y a peu de temps encore, il appartenait à une
Société d'horticulture, mais au commencement de 4870, il fut
acquis par le Gouvernement pour la somme d'un million de
francs, dans le but d'y créer un établissement scientifique de
premier ordre. Il a une étendue de plus de 5 hectares et est
placé dans une situation remarquable, le long d'une des ave-
nues qui entourent la ville, sur le penchant d'une colline, qui,
par tles terrasses régulières, descend du point le plus élevé, où
sont les serres, jusque dans le bas, où se trouve un petit lac
entouré de pelouses et de bosquets naturels. Il sert de prome-
nade publique et ainsi que je l'ai dit, il était il y a peu de temps
un Jardin d'horticulture ; c'est ce qui explique la prédominance
que l'on y remarque de la partie ornementale dans les cultures
et la présence de beaucoup de plantes de vente, tandis que
( 361 )
rÉcole de botanique est assez restreinte; mais nous croyons
*
que le Directeur du Jardin, M. le professeur Boni mer, a l'in-
tention d'y porter un prompt remède en plantant une nouvelle
Ecole botanique plus étendue et plus complète; cependant
qurint à ce qui regarde la partie décorative, il ne lui sera
probablement pas facile de se soustraire à cette influence
prépondérante de rhorticulturc sur la botanique , qui est
très-sensible dans ce pays ainsi qu*en Hollande. Tel qu'il
est, le Jardin a un fort bel aspect auquel contribue beaucoup la
grande serre. qui est vraiment monumentale ; c'est un palais de
cristal, s*étcndant sur une longue ligne, d'une hauteur bien
proportionnée et dans le milieu duquel se trouve une grande
coupole. Cette serre ainsi que les autres plus petites qui sont
nombreuses, sont toutes de bonne et moderne construction,
c'est-à-dire, de fer et verre, avec une lumière également répar-
tie et de bons systèmes de chauffage. On y voit réunies de
remarquables collections de plantes dont la belle végétation
provoque Tadmiration. Là se trouvent les grands Palmiers et
les Cicadécs qui ne font défaut dans aucun Jardin du Nord,
des plantes rares de tous genres et surtout d'innombrables
Fougères; en somme, pour les plantes de serre chaude, c'est
une des premières collections de l'Europe.
Derrière une partie de la grande serre, se trouve une galerie
spacieuse et bien ornée que l'on dispose en ce moment pour y
réunir les herbiers déjà importants possédés par le Jardin. Ce
sont d'abord l'herbier général du célèbre von Martius, acquis
récemment parle Gouvernement Belge pour la somme de 52
mille francs; ensuite ceux de Lejeune, de Galeotti, de Clausen,
de MademQiselle Libert et du comte de Limminghe, très-riches
en cryptogames, d'autres où se trouvent les plantes de Bové, de
Thuillier, etc. Tous ces herbiers vont être réunis en un seul ;
c'est là une mesure très-avantageuse certainement pour l'étude
( 362 )
et qui devrait être prise pour tous les herbiers à Texception de
ceux qui auraient servi à la rédaction de quelque travail spécial.
Dans rherbier de firuxelles, un timbre particulier apposé
sur rétiquctte indique duquel des herbiers ci-dessus cités
provient chaque exemplaire. Les étiquettes sont collées sur le
papier sur lequel les plantes se trouvent fixées au moyen de
bandelettes de papier gommé; c*est le système généralement
suivi pour les herbiers dans ce pays, en Allemagne, en
Hollande, etc.
Des collections déjà considérables de produits végétaux, de
fruits, etc., devront prendre place dans le même local.
Le Jardin dispose d'un budget annuel d*environ 50 mille
francs, dojit trois cinquièmes pour le personnel et le reste
pour le matériel. Le personnel comprend : un conservateur
ou directeur, trois aides-naturalistes, un préparateur, un chef
des cultures, un portier, deux gardiens et 19 jardiniers de
divers grades. Les dépenses pour le Jardin se montent à
environ 10 mille francs; sept mille francs sont consacrés à des
acquisitions pour les collections; le reste est appliqué aux
réparations intérieures et aux dépenses imprévues.
Pour les dépenses considérables de restauration, d*autres
allocations sont accordées. Ainsi, en ce moment, on renouvelle
l'appareil de chauffage des grandes serres dont les frais
s'élèveront k 100 mille francs (I). Le produit de la vente des
plantes est alloué k l'établissement pour augmenter ses
ressources (2).
(1) Les dépenses de cet appareil sont évaluées trop haut. Le travail
n*étant pas encore terminé, il n*est pas possible d*en fixer le prix
exactement, mais il restera certainement beaucoup au-dessous de cette
évaluation. {^ole du traducteur.)
(2) Autrefois, il en était de même dans les Jardins botaniques d*ItaIiCf
qui avaient recours à la vente des plantes pour augmenter un peu leur
( 363 )
Avec de telles ressources, il n'est pas douteux qu'avec
une direction intelligente et active le Jardin de Bruxelles ne
devienne en peu damnées un des premiers centres des études
botaniques en Europe. Là, comme à Kew, se rendront les
botanistes qui voudront entreprendre ces travaux qui néces-
sitent de grandes collections de plantes vivantes, de plantes
sèches et do livres. La seiense conservera un souvenir recon-
naissant de rintelligentc libéralité du Gouvernement Belge,
qui a eu la bonne fortune d*avoir été éclairé, en cette occasion,
des conseils d'un botaniste bien connu^ IVI. Du Mortier, prési-
dent de la Société de Botanique de Belgique, qui est en même
temps un homme politique influent dans son pays
H. D*"**.
Aperçn mnr la flore bryologiqae da Ben-Lawers.
— Le BenLawcrs est la montagne la plus remarquable des Iles
Britanniques par la richesse de sa flore. Grâce aux facilités
des communications, il est aujourd'hui fréquemment visité
par les botanistes anglais. Comme il peut arriver qu'un jour
la Société royale de Botanique fasse une excursion dans les
montagnes de TÉcosse, je crois que mes honorables confrères
accueilleront avec faveur le résultat de quelques recherches
bryologiques que j*ai faites sur le Ben-Lawers.
Le Ben-Lawers est d'une ascension facile. Du côté méridio-
nal, ses pentes gazonnées ou couvertes de bruyères sont peu
rapides ; des autres côtés, se trouvent des rochers peu escarpés
et qu'il est facile d'escalader.
budget toujours restreint et souvent misérable; ju«:qu*au jour où la sagesse
fiscale de notre Gouvernement ordonna que le produit de ces ventes ne
profiterait plus aux Jardins, mais serait versé dans la caisse de TÉtat. A
partir de ce moment, la vente des plantes cessa naturellement en. peu de
temps et partout (si je ne me trompe) TÉtat n*y gagne rien et les Jardins
y perdent.
( 364 )
C'est probablement à la nature minéralogique de ses roches,
qui sont formées de mîeascbiste, que eclte montagne doit, en
grande partie, ses rîrhesscs bryologiques. Sous le rapport
phanërognmique, le Ben-Lawers est également remarquable,
mais les espèces rares, autrefois abondantes, sont devenues
clair-semées à cause des (ré(|uentes herborisations dos bota-
nistes et surtout par suite des récoltes qu*y viennent faire
certains marchands de plantes alpines.
Le massif du Ben-Lawers présente trois sommets, dont le
plus élevé, placé k Touest, est le Ben-Lawers proprement dit:
les deux autres portent les noms de Craig-na-Lochan et Craig-
na-Gour. Au pied de ce massif, se trouve le petit lac nommé
Loch-na-Gat.
Le plus élevé de ces sommets est le plus riche sous le rapport
floral et c*est principalement du côté de Touest, où il domine
un profond ravin, qu*on trouve les Mousses les plus rares.
En remontant le ravin, à partir de la grande route qui le
traverse, à une demi lieue il Touest de Tauberge du Lawers,
on observe le Bryum cirrhatum. Mais c'est surtout en arrivant
à la naissance du ravin, au pied du sommet du Ben-Lawers,
qu'on commence k observer de rares espèces. Tout au fond de
la vallée supérieure, sur les rochers à droite, on découvre les
Timmia norvegica, Ifypnum cirrhosum, Grimmia funalîs et
Bryum demissum. Dans les pelouses et les fentes des rochers,
on remarque les espèces suivantes :
Spbagnum Girgensobnii,
Dicranum longifolium,
— fuscescens,
Toitula fragilis,
Heterocladium dimorpbum,
Leskea nervosa,
— atrovirens,
Hypnum imponens,
— glareosani,
Myu relia julacea,
— apiculata,
Hylocomium umbratum,
— Oakesii.
Bracbythecium reflezum,
Mnium spinosum, | Campylopus deosos.
Hypnum plicatum, j
( 365 )
Le sommet du Ben-Lawers peut être facilement atteint. Sa
mousse la plus remarquable est VEncalypta rhabdocarpa. Si
Ton redescend du côté du nord-ouest, on doit suivre un petit
ravin appelé Ordnance Ravine 0), qui est très-riche en
mousses. Entre autres espèces, on y trouve le Zygodon lappo-
nicus et le très-rare Slylostegium raespititium, qu'il ne faut
pas confondre avec les petites formes du Blindia acuta,
espèce très-abondante dans cette localité. '
Les bords du Loch-na-Gat peuvent faire Tobjet d*une seconde
excursion. On parvient facilement à ce lac en suivant un sen-
tier qui traverse la vallée à Test de Tauberge du Lawers.
Dans les tourbières le long du sentier, on observe les
Bryum turbinalumy Splachnum sphaerkum et Polytrichum
septentrionale •
Si du lac, on fait Tascension du Graig-na-Gour, on trouvera
à la base de celui-ci les Plagiotheciuui Muehlenbeckii, P. puU
ehellum^ P, syhaticum et Grimmia païens; vers le sommet,
les Weisia crispula, Racomitrium sudeticum et Conostomum
boréale.
Si Ton remonte le ruisseau qui descend du Ben-Lawers dans
le lac, on rencontrera, dans sa partie supérieure, les Hypnum
arcticum et Cinclidium stygium.
Sur les rochers qui dominent les bords du lac, on observe
les Hypnum trifarium, Orthothecium rufescens et Cynodon-
tium virens,
A un quart de lieue au-dessus de Tauberge du Lawers, sur
les flancs du Ben-Lawers, se trouve un petit bois de sapins, le
seul qui existe sur cette montagne. Dans ce bois, sur les
rochers, on observe les Beterocladium heteropterum et Cam-
{[) Ce nom a ëté donné à ce ravin, parce que des ingénieurs chargés de
travaux géodéaiques y avaient fait élever des cabanes.
( 366 )
pyloptts densus; dans les tourbières qui sont situées à la
lisière, végètent les Sphaynum Girgensohnii et 5. teres.
Au-dessus du hoîs, sur les flânes de la montagne, on rencontre
les espèces suivantes : Mnium cinclidioides^ Dissodon splach-
noides, Catoscopium nigritum , Plerogonium filiforme et
Webera Ludwigii,
Le versant vers le Glen-Lyon a été jusqu'ici peu exploré,
et cependant il parait fort intéressant. J'y ai découvert le
Bryum Duvalii et un grand nombre de Jungermanniées.
L'exploration de ce versant exige une journée entière.
Les environs de Killin, non loin du Ben-Lawers, sont riches
en Mousses. Sur un Érable Faux-Platane, vis-à-vis de rauber|;e
Macpherson, j'ai récolté YHabrodon Noiarisii. Sur les murs,
j'ai constaté la présence de : Racomiirium polyphyllvm ,
R, helerostichum, Diphysci'um foliosum, Orthotrkhum ru-
pestre, Grimmia trichophylla et Tetraplodon mnioides. Enfin
sur les rochers de la rive méridionale du Loeh-Tay, j'ai vu
les Grimmia Hartmamiii et G, subsquarrosa.
La flore bryologique du Ben-Lawers est beaucoup plus nom-
breuse que celle des montagnes voisines, qui sont cependant
de même formation géologique, mais d'une altitude moins
considérable, et cependant les espèces qui manquent à celles-ci
croissent sur le Ben-Lawers à des niveaux que ces dernières
atteignent. Peut-être faut-il attribuer cette plus grande richesse
du Ben-Lawers à une humidité plus grande due à une altitude
plus considérable.
Le Ben-Lawers est non moins remarquable par sa flore
lichénographique, qui a fourni de nombreuses espèces rares
aux publications de notre savant lichénologue M. Leighton.
Je crois en avoir assez dit pour donner à mes honorables
confrères belges l'envie de visiter le Ben-Lawers.
P. HowsE.
( 367 )
L^Oerbier de Beiçiqne an Jardin botaniqne
à Braxelles. — Ainsi qu'on le sait, on est occupe, au
Jardin botanique de Bruxelles, à former un herbier national.
Déjà on a réuni en une seule collection toutes les plantes'
belges qui faisaient partie des herbiers de Lejeune, Coemans,
M"" Libert, Nyst et autres botanistes. Mais ces herbiers quelque
précieux^ quelque riches qu'ils soient, sont loin d'avoir pu
fournir les matériaux suffisants pour composer un herbier
national tel qu'on puisse le désirer pour faire une étude
complète de notre flore. Au point où en est arrivée la
photographie, on peut même dire que les matériaux réunis
actuellement dans Therbier national ne forment eu quelque
sorte qu'un noyau, noyau autour duquel doivent venir s'accu-
muler une foule de formes que les recherches modernes ont
fait découvrir et qui avaient été méconnues ou négligées par
les ancieus botanistes. Pour que l'herbier national belge
devienne une collection importante, et dans laquelle on puisse
trouver tous les éléments nécessaires à une étude approfondie
de notre flore, il faut que tous les butanistes belges se mettent
activement à l'œuvre pour l'enrichir. Il ne s'agit pas seulement
de l'augmenter de plantes rares qui souvent sont mieux repré-
sentées que les espèces vulgaires; il faut l'enrichir de plantes
communes, de formes litigieuses, de variétés, de variations et
même de simples formes individuelles. Dans l'intérêt de la
science, il est à désirer que tous les membres de notre Société
fournissent, au Jardin botanique, une collection complète des
espèces qui existent dans les diverses localités du pays. Outre
l'avantage qu'on retirerait, pour l'étude phytographique, de la
comparaison d'un grand nombre d'échantillons d'une même
espèce ou d'une même forme, on trouverait ainsi, dans l'her-
bier national, les matériaux de la distribution géographique
des plantes en Belgique. Il importerait aussi que tous nos con-
( 368 )
frères qui publient des notices phytograpbiques, des mono-
graphies et des catalogues, se fissent une règle de déposer,
dans cet herbier, une collection complète d(.'S espèces et
variëlcs qu'ils ont décrites ou cnumérées dans leurs travaux.
De cette façon, l'herbier national deviendrait une collection
extrêmement importante et précieuse. Tous nous devons faire
tous nos efforts et n'épargner aucune peine pour que l'herbier
national devienne le dépôt général, où chacun pourra, à tout
moment, trouver les éléments d'un travail quelconque sur les
plantes belges.
Le Stratiotbs ALoiDBS femelle exiftte-t-ll en Belg^lqne?
— Tout récemment, notre confrère M. Oudcmans nous deman-
dait si la plante femelle du StratioteSy existait en Belgique. Cette
question nous prit au dépourvu et cependant nous avons, pen-
dant dix ans, vu des milliers et des milliers de pieds de cette
Hvdrocharidée dans les Flandres et surtout aux alentours de
Gand, où elle est extrêmement abondante par places. Rappelant
nos souvenirs, nous en sommes venu à croire que nous n'avions
jamais récolté ou fait récolter par nos élèves que des échan-
tillons mâles. A l'exception de la Flore du Nord de la France,
par Roussel, où celui-ci dit qu'il n'a jamais pu découvrir
de plantes femelles, tous nos ouvrages sur la flore de Bel-
gique ne nous apportent aucune lumière sur l'existence ou
la non-existence de la plante femelle dans notre pays. Dans
l'herbier belge du Jardin botanique de Bruxelles, il se trouve
des exemplaires femelles recueillis par Nyst, mais sans indica-
tion des localités. Ces échantillons proviennent-ils de Belgique
ou bien de la Hollande? Afin de pouvoir donner quelques ren-
seignements positifs à notre correspondant, nous nous adres-
sâmes à nos amis de Gand, mais notre question les surprit
autant que nous avait surpris celle que nous faisait M. Oude-
man. Comme nous, ils n'ont jamais récolté que la plante mâle
( 569 )
et ne peuvent nous assurer si la plante femelle existe ou
n*existe pas dans les environs de Gand. Il paraîtrait que feu le
professeur Kickx Vy avait autrefois découverte.
L'ignorance dans laquelle nous nous trouvons à propos de
la plante femelle est assez étrange et il n*est pas moins étrange
que tous nos Aoristes, à Texcoprion de Roussel, n'aient fait
aucune mention de Tabsence ou de Texlréme rareté du Stra-
tioies femelle. Nous attirons l'attention de nos confrères $ur ce
point intéressant et nous les engageons à faire des recherches
spéciales, afin de résoudre le petit problème posé par M. le
professeur Oudemans.
La synoDymle de TAtriplex laciniatum L. — Lors de
son retour d'Angleterre en 1870, M. le professeur Ascberson
nous fit connaître que les recherches qu'il avait faites dans
l'herbier de Linné, lui permettaient de rapporter, à Y A triplex
laciniatum de Linné, l'Arroche des rivages occidentaux de
l'Europe décrite sous les noms d' A triplex arenariuy A. craêêi^
foliaeiA, maritimum. Ce savant botaniste, dans VAppendix
observationnm botanicarum ad indicem seminum in horto
Berolinensi anno 1872 collectorum, rétablit la synonymie de
l'espèce linnécnne de la façon suivante :
Atriplbx laciniatum L.
Atriplex taciniata L. Spcc. Plant., éd. I, p. 1055, n^ 5 (cxcl. syn. FI.
Sacc.) et herb. ! PI. Dan., tab. 1284 ! non L. Ft. Suec., H, nec Roch
Syn. nec Mocq.-Tand. in DC. Prodr., XIII, II, p. 93.
A. arenaria Woods in Babingt. Man. of Brit. Bot, éd. HI, p. 271 ; Lange
Haandb. i. d. danske Flora, III. Udg., p. 710.
A. emtêifoiia Gren. et Godr. FI. Fr., III, p. 10 (excl. pi. medilmrrime» ?)
non C.-A. Mey. nec Pries.
il. mariUmum Haliier Bot. Zeit. v. Mobl. n. ^. Âobleeliid., 1865,
Bcil.,p. 10.
Obione laeiniata Noite in litt. ad Cl. Al. Braun.
C'est cette même espèce que M. Du Mortier a désignée sous
le nom d'il, farinosa,
â8
( 370 )
NOUVELLES.
— Nos confrères apprendront avec plaisir que deux membres de notre
Société Tiennent d^étre chargés de la rédaction de deux articles importants
pour le Flora Bragiliemii. M. le docteur Eichler, le directeur de celte
vaste etsptendide publication, a confié la monographie des Cucurbitacées
brésiliennes à M. Cogniaux et celle des Araliacées, à M. le professeur
Marchai.
— Notre confrère M. le professeur Louis Pire vient d*étre chargé par
LL. MM. de donner renseignement des sciences naturelles à S. A. B. la
Princesse Louise. Cette nomination est un grand honneur pour notre
confrère et sera accueillie avec une vive satisfaction par les membres de
notre Société.
— La dernière livraison du Bulletin de la Société royale Lirméenne de
Bruxelles renferme une intéressante biographie de Linné due à la plume
de M. L. Pire. Celte biographie est accompagnée d'un beau portrait du
célèbre botaniste suédois reproduit par la phototypie et sorti des presses
de M. Toovey.
— M. Lange nous écrivait le mois dernier de Copenhague que M. le
professeur Willkomm se disposait à partir pour les îles Baléares et le midi
de TEspagne. Cette exploration botanique, qui fournira à M. le docteur
Willkomm de nouveaux matériaux pour le Prodromus Florae Hiëpanicae,
durera jusqu*à Pautomnc prochain.
— Le British Muséum vient d*acquérir Therbier de Mousses délaissé par
Wilson, Pauteur du Bryofogia Britannica, C*est probablement la collec-
tion de Mousses la plus précieuse qui existe.
— Notre confrère M. Verbeggen nous signale quelques heureuses
découvertes qu^il a faites aux environs de Maeseyck, parmi lesquelles nous
citerons i
Carum verticillatum Roch. — Très-abondant dans plusieurs prairies
à Op-Oeteren.
Erica cinerea L. — Commun dans les landes à Neer-Oeteren.
Malaseiê paludota Sw. — Marais à Op-Oeteren.
Carex dioeca L. — Op-Oeteren.
(371 )
— M. Bommer nous a rapporté qu^un jeune amateur de botanique
bruxellois, un des Gis de M. le professeur Tiberghien, a récemment décou-
vert à Berchcm-Stc-Agathe le Lfucotuni vernum L. Celte plante rare, nou-
velle pour la Qore des environs de Bruxelles, est assez abondante dans
un verger.
— M. Roitz ne tardera pas à faire paraître un Catalogue raisonné de la
flore du Grand-Duché de Luxembourg. Cette publication est attendue avec
impatience par les botanistes beiges.
— Notre confrère M. F. Van Horen vient d*étre nommé conservateur au
Musée royal d^histoire naturelle de Belgique.
BIBLIOTHEQUE.
Dons ffalls à la Société.
Annales de la Société des Sciences naturelles du Grand-
Duché de Luxembourg ; tomes 1, 2, 5 et 4. (Don de M. Koltz.)
A Sjnopsis of the British Mosses, by Chas. -P. Hobkirk ;
London, 1873, i vol. in-IS*». (De la part de rauteur.)
Biographie de P.-J, Redouté, psiV A. Devos; Gand, 1873.
(De la part de rauteur.)
Revision of the Gênera and Specieji of Scilleae and Chloro-
galeae, by J.-G. fiaker. (Delà part de Fauteur.)
Diaphragmes vasculifères des Monocotylédones aquatiques,
par J. Duval-Jouve; Paris, 1873, in-4*», avec 1 pi. (De la part
de Fauteur.)
Observations sur les bulbes des Lis; in-8^, avec 3 pi. —
Note sur une monstruosité de la fleur du Violier (Cheiranthus
Cheiri L.); in-8**, avec 1 pi. — Réflexions sur les expériences
du général américain Pleasonton relatives à l'influence de la
lumière bleue ou violette sur la végétation ; in-8". — Qu'est'Ce
qu'un Poireau qui oig nonne? Réponse à cette question; in-8*».
— Observations sur la structure et la multiplication par caïeux
deVoignon c^t^ Liliuh Thomsonia.num (LindL); in-S". (Delà part
de l'auteur M. P. Duchartre.)
(372)
Mission scientifique au Mexique et dans V Amérique cen-
trale. — Recherches botaniques publiées sous la direction de
M. J. Dccaisne. — Première partie. — Cryptogamie, par
M. Eug. Fournier, avec la collaboration de MM.W. Nylander et
£m. Bcsclierelle; Paris, 1872, i vol. grand in-i"", avec 6 pi.
(De la part de M. Fournier.)
Supplément au Catalogue raisonné des plantes vasculaires
du département de la Somme, par Éloy de Vicq et Blondin de
Brutelette; Abbeville, 1873, in-S**. (De la part des auteurs.)
Vreemde planten in Nederland inheemsch geworden, door
H.-C. Van Hall; în-8». (Delà part de Fauteur.)
Ueber Kalk- und Salzpflanzen, von H. Hoffmann ; in-8».
(t)e la part de Fauteur.)
De quelques principes d'organographie végétale ; in-S*' , —
De la disposition adoptée en 1869-i870 dans la replantation
de l'École de botanique du Jardin des plantes de Toulouse;
in-S"*. (De la part de Vauteur, M. D. Clos.)
Kàrpéti képek; Pesl, 1870, in-8". — As Erjedés es az ûj
Gomba-Elmélet; Pcst, 1870, in-8*». — Éluztôképzôdés vonat-
kozâssal a ragàlykérdésre; Pest, 1870, in-8'*. — Milliô-Èves
Élet; Pest, 1872, in-8o. (De la part de l'auteur M. le D' Szon-
taghMiklostôl.)
Les anomalies dans le règne végétal, par A. Bellynck;
Bruxelles, 1871, in-12<*. (De la part de l'auteur.)
Bidrag til kundskaben om Vegetationen i den lidt sjjdfor
og under Polarkreds^n Ifggende Del af Norge, af A. Blytt;
in-8". — Christiania omegns phanerogamer og bregner med
angivelse afderes udbredelse samt en indledning om végéta-
tionens afhaengighed af undnlaget^ af A. Blytt; Christiania,
1870, in-8"». — Spiselige Lavarter, ved A. Blytt; Christiania,
1870, in-18*», avec 1 pi. (Don de l'Université royale de
Christiania.)
( 373 )
TABLE DES MATIERES
CONTENUES DANS LE TOME XI.
Composition du Conseil d*iidininistralion de la Société pour Paqnée
1872 V
Liste des membres effectifs et associes de la Société vu
Liste des publications périodiques que la Société reçoit en échanjge
de sou Bulletin xviti
Procè^verbaux des séances 1» 16ï(, 2^1, 249
Beliquiae Libcrtianae, par É, Marchai 3
PsiMiTiAE MoKOGRAPHiAB RosARUM. — MatcHaux pour servir à PHistoire
des Roses, par François Crépin. ~ Deuxième fascicule. ... 15
Notes d'un touriste, par Jean Chalon 168
Etude sur la naturalisation de quelques végétaux exotiques à la
Montagne St Pierre lez Maastricht, par André Devos .... 198
Examen critique des Elatinées, par B.-C. Du Mortier • . . . 255
Notice sur la flore de Wavre et de ses environs, par C.-J. Lecoyer . 275
Relation d'un voyage au Laacber-See en juin 1872, par Armand.
Thirlens 282
Compte-rendu de la onzième herborisation générale de la Société
royule de Botanique de Belgique (1872), par Armand Thiclens . 288
Note sur le caractère botanique de l*£ifel, par B.-G. Du Mortier . 327
Bibliographie :
GreoiUea, — A monthly Record of Cryptogamic Ootany audits
Literature, edited by M.-C. Cooke 150
Monographie dcr GaUung Saxiprasa L, mit beionderer Berûchieh-
ligung der geographiathen VerfiâUnisse, von Dr. A. Engler . 156
Hepatigab Galligab. — Herbier des Hépatiquet de France, publié
par Th. Ilusnot. Fascicule II 110
(374)
Caialogue de la flore de Belgique, par F. Crépin, F. Gravet et
C. Delognc Ut
Introduction to the Sludy of Palœontologieal Botany, by John-
Hutton Balfour U2
De quelques Jciicrs à feuillee cloiâonnéee et en particulier des
J. LAGE?iABius et FoNTANisii Gaj/ et du â. Stbiatvs Schtb., par
J. DuvaUJouve i^d
Le Javdin d'Essai d'Algfr, par J. Cbalon 1^
Sur une espèce spéciale de tubes erislant dans le tronc du Sureau
(SAMircDS HiGaA L.) et pris JusquUci pour un Champignon
(RmzoMoaPHA PAaALLBLA Ilo6ery0), par C.-A.-J.-A. Oudemans. i49
Beitrâge zur Flora der Pfalz, von Dr. F.-W. SchuIU. . . . il9
Ahhandlungenherausgegeben voir naturwissensehafiliehen Vereine
zu Bremen 150
Bulletinde la Société d'études scientifiques d'Angers . . . . ISl
AÊitt/teilungen aus dem Gtsammtijebiele der Botanik, herausgege-
ben von Prof. Dr. A. Schenk und Dr. Ghr. Luerssen . . . 151
Statistica botanica delta Toscana ossia saggio di studi sulla distri-
buzione geographiea délie plante toscane, per Teodoro Caruel . i52
Nuovo giornale botanico ita/iano 15i
Bulletin de la Société royale Linnéenne de Bruxelles .... 155
Die Salieormen der deutsehen NordseekHste, von Prof. Fr. Bacbe-
uau und Dr W.-O. Focke 156
Trailé de Paléontologie végétale, par W.-Ph. Schimper ... 235
Flore eryptogamique de l'Est, pirVAbhéBonhy 528
A Synofisis of I/m Bntish Uosses, by Chas.- P. Hobkirk ... 330
Lfs Mousses de VArdenne, par C. Delogne et F. Gravet . . . 330
Les Champignons du Jura et des Vosg^, par L. Quelet. .331
Prodromus Bryologiae âfesHcanae, par Em. Bcscherelte. . 33:2
Fiora Orientalis, auclore Edmond Boissier. • 333
Diaphragmes vasculiftm des Monocotylédones aquatiques, par
J. Duval-JoQve 33i
Atgemeene besehrijtiende CaUtlogus der Houtsoorten'van Neder-
landseh Oo^t-IndiS, aanwezig in het Roloniaal Muséum, op /let
PavVjom te Baarlem, door F.-W. Van Eeden 336
The Fossil Flora of Great Britain, by John Lindley et William
Hutton 336
Die Base, von M.-J. Schlciden 337
( 375 )
Le* Rosei, par U, âamsiin et E. Forney 338
Mission scientifique au Mexique, etc. ^ Cryptogamie, par Eug.
Fournier 339
Livres Kwa-Wi, traduits par le Dr. L. Savatier 3^
»IÉLA»CES 157,236,3^1
Nouvelles 158, 238, 370
BlBLIOTHBQlTB 16i, 371
BULLETIN
DE L\
ROYALE DE BOTANIQUE
DE BELGIQUE
i*'ONU.ÉE LE i" JUIN 18()2
TOME XI. — II'"' ANNEE,
W I
BRUXELLES
_^ '
AU SIEGE DE LA SOCIETE
JARDIN BOTANIQUE DE l'ÉTAT
A paru le 7 novembre i872.
Changement d'adresses :
M BOMMER, secrétaire général, rue de la Chancellerie, 18.
M
CHÉPIN, secrétaire des publications, rue du Commerce, 16-
s,
-I
Ti
[■
Table de» matièpea contenae» daDS ce nam^ro.
Pages.
Composition du Conseil d'administration de la Société pour
i/année 1872 1, . . . V
Liste des membres effectifs et associés de la Soc i été , . vu
Procès-verbal de la séance du 5 mai 1872 . . , . 1
Reliquiae Libertianae, par É. Marchai 3 -,
3Ialcriaux pour servir à Thistoirc des Roses (2" fase.), par
François Ciépin ' lo
Bibliographie « 130
GrevilUa, — A montfify Record of Cryplogamie Botany and ils
niera lu rCj cdiicd by M.-C. Cooke. — Monographie der Guttung
Saxipraga L. mit besonderei* Beriisichtigung der geographischefi
Verhâllnissef von Dr A. Engler. — Catalogue de la flore de
Belgique, par Fr. Crcpin, Fréd. Gravet et C. Delognc. —
De quelques Jukccs à feuilles cloisonnées et en parliculier des
J. LAGEXARius el Fo>'TANESii Goy et (/m J. STRiATus Scftsh.y par
J. Duvtil- Jouve. — Le Jardin d'Essai d'Alger, par J. Chai on.
— Sur une espèce spéciale de tube existant dans te tronc du
Sureau (SxMBvcvs mgra L,) el pris Jusqu'ici pour un Cham-
pignon (RnizoMORPiiA PARALLELA Robcrge) , par C.-A.-J.-A. Oudc-
maiis. — Beitrâge zur Flora der Pfalz, von D' F.-\V. Schultz.
Abhandlungen herausgegeben vom naturwissenschaftlichen Ve-
reine zu Bremen. — Bulletin de la Société d'études scieultfiqties
d'Angers. — Mittheilungen aus dem Gesammtgebiele der Bota-
nik. — Statistica botanica délia Toscana ossia saggio di sludi
sulla distribu ztone geographica délie piante toscana ^ pcr
Teotloro Caïuel. — Nuovo giornule botanivo italiano. — Bulle-
tin de la Société royale Linnéemie de Bruxelles. — Die Salico?"-
nien der deuischen Nordscekiisle, von Prof. Franz Buchcnau
iind Dr W^-O. Focke.
Mélanges ^ ^y
Nouvelles ^ ^g
Bibliothèque ^ iQA.
BULLETIN
DE LA.
SOCIÉTÉ ROYALE DE BOTANIQUE
DE BELGIQUE
FONDEE LE 1" JUIN 1862
TOME XI — ir° ANNEE
r 2
BRUXELLES
AU SIÈGE DE LÀ SOCIÉTÉ
JARDIN BOTANIQUE DE l'ÉTAT
A paru le 21 novembre 1872
Changement d'adresses :
M. BGMMER, secrétaire général, rue de la Chancellerie, 18
M. CRÉPIN, secrétaire des publications, rue du Commerce, 16
x">
*!'
Table de» matièpes cooteonea dana ce nnmépo
Pages.
Procès-verbal de la séance publique du 7 juillet 1872 . 165
Notes d'un touriste, par Jean Chalon 168
Étude sur la naturalisation de quelques végétaux exoti-
ques à la Montagne St-Pierre lez-Maastricht, par
André De Vos 198
Bibliographie • 255
Traité de Paléontologie végétale, par W.-P. Scbimper.
mélanges 256
Nouvelles 258
BULLETIN
DE LA
SOCIÉTÉ ROYALE DE BOTANIQUE
DE BELGIQUK
fondef: le 1" JUIN 1862
TOME XI — 11"" ANNEE
r 3
BRUXELLES
AU SIÈGE DE LA SOCIÉTÉ
JARDIN BOTANIQUE DE l/ÉTAT
A paru le 30 avril 1875
Les publications destinées à la bibliothèque de la Société doi-
vent être adressées : Au Secrétariat de la Société royale de Bota-
nique de Belgique. — Jardin botanique de PÊtat à Broxelles.
Table de. matU^re» «oi.*en«e« rfa-» ««
Pages.
PrOCÈS-VEBBAL DE LA SÉANCE EXTRAORDINAIRE DU 15 OCTO -
241
BREi872
_ DU l"' DÉCEMBRE 1872 . * ^*^
Examen critique des Élatinées, par B.-C. Du Mortier . 253
Notice sur la flore de Wiivrr et de ses environs, par
27-i
C.-J. Lccoyer
Relation d'un voyage au Laacher-See en juin 1872,
par Armand Thielens • ^^^
Compte-rendu de la onzième herborisation générale de
la Sociélé royale de Botanique de Belgique (1872;,
par Armr.nd ïhielens 288
Note sur le caractère botanique de l'Eifel, par B.-C-
I)u Mortier. '>27
BlBLIOGHAPHIE 328
Flore cryplogamique dt t'Est, par PAbbê Boulay. — A Synopsis of Ihe
B ritis h Musses j hy Chas. -P. Ilobkirk. — Les Moussas de TArdenne,
par C. Delogne et F. Grave t. — Les chafnpignons du Jurant des Vosges^
par L. Quelet. — Prodromus Bryologine Mexicanae, par Eni. Besche-
relle.- Flora Orientalis, auct. EdmoniJ Boissier. — Diapht'agmesvus-
culffèrts des Monocofylédones aqualiqites, par J. Duval-Jouve. — Alge-
iiu^cne incvhrijvende Catalogus der HoiUsoorten van yrderiandsch Oost-
Ihdtë, (tanwezig in het Koloniaal MrsEUM, op hft Pavil/opfi le Uaarieniy
door F -W. Van Ecden. — The Fossil Flora of Gveat Brilain, by
John Lindley et William Uutton. — Die Rose, von M.-J. Schleideii.
— Lfs lioses, par II. Jamaiii et E. Foi ney. — Mission scientifique au
Mexique, elc. - Crypfoyamic, par Eug. Foui nier. — Livres Kwa-Wi,
traduits par le D*^ L. Savaiier.
MÉLANGES i . . . . 34i
Nouvelles -«^
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Bibliothèque ~^m
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